4Rs 2002 - AfricaRice

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4Rs 2002 - AfricaRice
ADRAO-Le centre du riz pour l’Afrique
Réseau Ouest et Centre Africain du Riz
(ROCARIZ)
Compte rendu de la seconde revue régionale de la recherche rizicole
(4Rs 2002)
Editeur : A. B. Bal
Actes du R4s 2002
ADRAO – Le centre du riz pour l’Afrique
L’ADRAO – Le centre du riz pour l’Afrique est l’un des 16 centres internationaux de recherche
agricole soutenus par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI).
L’ADRAO est aussi une association de recherche inter-gouvernementale autonome composée
d’états africains.
La mission de l’ADRAO est de contribuer à la sécurité alimentaire et à la réduction de la
pauvreté en Afrique sub-saharienne à travers la recherche, le partenariat, le renforcement des
capacités et une politique de soutien aux systèmes de culture à base riz dans le cadre du
développement durable basé sur une gestion des ressources naturelles respectueuse de
l’environnement.
Le modus operandi de l’ADRAO est le partenariat à tous les niveaux. La recherche et les
activités de développement de l’ADRAO sont conduites en collaboration avec de nombreux
acteurs, en particulier les systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA), les institutions
académiques, les institutions de recherche avancée, les organisations paysannes, les organisations
non-gouvernementales et les bailleurs de fonds pour le bénéfice des agriculteurs africains – dont
la plupart sont de petits producteurs – ainsi que pour les millions de familles africaines pour qui
le riz représente la nourriture de base.
Le « Nouveau riz pour l’Afrique » (NERICA), qui apporte un espoir aux millions de pauvres en
Afrique, a été développé par l’ADRAO et ses partenaires. Le succès du NERICA a aidé à définir
les futures orientations du Centre, élargissant son horizon au-delà de l’Afrique de l’Ouest et du
Centre, vers l’Afrique orientale et australe. La création du NERICA est en accord avec l’esprit du
Sommet mondial sur le développement durable, de la Conférence internationale de Tokyo sur le
développement de l’Afrique (TICAD), des Objectifs du millénaire pour le développement
(OMD) et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) pour un
développement durable. L’Initiative africaine pour le riz (ARI) a été lancée en 2002 pour
promouvoir la diffusion du NERICA et ses technologies complémentaires à travers l’Afrique
sub-saharienne.
L’ADRAO abrite l’ARI, le Réseau ouest et centre africain du riz (ROCARIZ) et le Consortium
bas-fond (CBF).
L’ADRAO a son siège en Côte d’Ivoire et des stations de recherche régionales près de SaintLouis au Sénégal, à l’Institut international pour l’agriculture tropicale (IITA) à Ibadan au Nigeria
et à la station de recherche de l’Institut international de recherche sur les cultures des zones
tropicales semi-arides (ICRISAT) à Samanko près de Bamako au Mali.
Pour de plus amples informations, visiter www.warda.org
Actes du 4Rs 2002
ADRAO–Le centre du riz pour l’Afrique
Réseau Ouest et Centre Africain du Riz
(ROCARIZ)
Compte rendu de la seconde
revue régionale de la recherche rizicole
(4Rs 2002)
Réunion organisée au siège de l’ADRAO
M’bé, Bouaké, Côte d’Ivoire
9–12 avril 2002
Editeur : A. B. Bal
2004
Collection de comptes rendus de l’ADRAO no. 2 Vol 1.
Actes du 4Rs 2002
© Copyright WARDA/ADRAO 2003
L’ADRAO encourage une bonne utilisation de cet ouvrage. Une citation correcte est requise.
ADRAO, 2003. Compte rendu de la seconde revue régionale de la recherche rizicole
(4Rs 2002). Bouaké, Côte d’Ivoire, ii + 161 pp.
ISBN 92 9113 246 2
Couverture : Participants à la réunion de la seconde revue régionale de la recherche rizicole
(4Rs 2002)
ADRAO
01 B.P. 2551
Bouaké 01
Côte d’Ivoire
Tel.: (225) 31659300
Fax: (225) 31659311
(225) 22411807
Courrier électronique : [email protected]
Site web : http://www.warda.org/
Impression et reliure : Imprim Color
Actes du 4Rs 2002
SOMMAIRE
Préface......................................................................................................................................... i
Remerciements ........................................................................................................................... ii
INTRODUCTION
Renforcement des Systèmes Nationaux de Recherche Agricole à travers les réseaux de
recherche coopérative. Sanyang, S. ........................................................................................... 1
SELECTION ET AGRONOMIE DU RIZ
Mise au point de variétés performantes de riz pour une riziculture durable dans les bas-fonds
du sud et du centre au Bénin. Assigbé, P. et Aly, D. .................................................................. 4
Elongation des feuilles, transpiration, utilisation efficiente de l’eau et rendement grain du riz
en condition de stress hydrique. Héma, D., Zombré, G., Sié, M. et Kaboré, B. ....................... 7
Criblage de variétés de riz irrigué de cycle court pour la tolérance au froid.
Sido, Y. A., Moustapha, A., Hassane, I. et Miko, I. ............................................................... 14
Sélection des variétés et des lignées de riz issues de croisements O. sativa x O. glaberrima
pour la tolérance à la sécheresse et la qualité de grains. Dogbé, S. Y. et Aboa, K................... 25
Evaluation des hybrides inter et intra spécifiques pour la compétitivité avec les adventices en
riziculture de bas-fond. Dogbé, S. Y. et Aboa, K. .................................................................... 30
Etude de l’effet de la gestion des cultures sur le rendement et la qualité des grains.
Doumbia, Y., Guindo, D. et N’diaye, M. K............................................................................. 34
Etude de la nuisibilité des mauvaises herbes sur le riz irrigué au Niger. Halidou, A.............. 46
Evaluation des systèmes de culture à base de riz pour une exploitation durable et rentable du
bas-fond peri-urbain d'Adéta. Aboa, K., Dogbé, S. Y. et Gati, K. M. ..................................... 55
GESTION DE LA FERTILITE DES SOLS ET DE L'EAU
Développement participatif de technologies pour la gestion intégrée de la fertilité des sols
rizicoles du centre Bénin. Assigbé, P....................................................................................... 65
Le sulfate de zinc : une solution au problème des poches de faible production dans les
périmètres irrigués de Niassan/Sourou. Barro, S. E., Vanasten, P. J. A.,
Bado, V., Wopereis, M. C. S., Dakouo, D., Sié, M., Haëfele, S. et Miézan, K. M................. 70
Etude de l'effet des phosphates naturels du Burkina Faso et du Mali sur Mucuna rajada et
effets résiduels sur le riz pluvial. Segda, Z. ............................................................................. 79
Effet de la fertilisation sur le rendement des variétés de riz en fonction de la gestion des
cultures. Doumbia, Y., Guindo, D., Kamissoko, N. et N’diaye, M. K .................................... 90
La gestion de la valorisation de l'eau sur le périmètre rizicole de Toula au Niger.
Illiassou, M. M......................................................................................................................... 98
Principaux acquis de la recherche sur les sols utilisés en riziculture irriguée en Afrique de
l’Ouest sahélienne (Vallées alluviales des fleuves le Sénégal, le Niger & du Lac Tchad).
Dièye, M. ................................................................................................................................ 122
Actes du 4Rs 2002
Sommaire
ECONOMIE DU RIZ
Etude de la compétitivité de la riziculture béninoise. Adegbola, P. Y., Sodjinou, E.
et Singbo, A............................................................................................................................ 150
Evaluation de l'impact de la recherche sur les variétés améliorées de riz dans les systèmes
irrigués du delta du fleuve Sénégal et les effets induits en pays frontalier (Mauritanie).
Fall, A. ................................................................................................................................... 170
Contribution de la vulgarisation à la promotion de la filière rizicole dans les départements du
Zou et des Collines. Kodjo, S................................................................................................. 180
RAVAGEURS ET MALADIES
Inventaire et évalution de l’impact du virus de la marbrure jaune du riz (RYMV) au Bénin :
situation actuelle et perspectives. Yéhouénou, A. et Assigbé, P. .......................................... 186
Etude de l'effet de l'enfouissement de la paille de riz virosée sur l'épidemiologie du RYMV
N’Guessan, P. et Gabehonry, K. ........................................................................................... 190
Etude nématologique de la dégradation des sols dans la vallée du Sourou.
Thio, B., Sawadogo, A. et Kiemdé, S. .................................................................................. 195
Mise au point de méthodes de lutte contre les nématodes parasites du riz.
Thio, B., Sawadogo, A. et Kiemdé, S. ................................................................................... 207
Dynamique des populations de Hirschmanniella oryzae dans le périmètre irrigué de kollo.
Haougui, A. et Basso, A. ....................................................................................................... 215
Cycle annuel de développement de la cécidomyie africaine du riz, Orseolia oryzivora en
relation avec ses plantes hôtes et ses parasitoïdes dans le Sud-ouest du Burkina Faso.
Dakouo, D., Ba, N. M. et Nacro, S. ...................................................................................... 217
Résistance variétale à la cécidomyie africaine du riz. Hamadoun, A. .................................. 229
Criblage de variétés de riz pluvial et de riz de bas-fond pour leur résistance à la pyriculariose
(Magnaporthe grisea) au Burkina Faso. Kaboré, K. B. et Sié, M. ....................................... 236
Etude de la gamme différentielle pour la pyriculariose du riz.
Nékouam, N., Sougnabé, S. P. et Kemtolna, M. .................................................................. 244
Actes du 4Rs 2002
Sommaire
Préface
Le Réseau Ouest et Centre Africain du Riz (ROCARIZ) a été créé en avril 2000 suite à la
décision prise en 1998 par le Comité des experts nationaux de l’agriculture, le CORAF et
l’ADRAO de fusionner les groupes d’action de l’ADRAO et le Réseau riz du CORAF en un
seul réseau pour la recherche et le développement rizicoles en Afrique de l’Ouest et du
Centre. La revue biennale régionale de la recherche rizicole (4Rs), établie après la création du
ROCARIZ est un important forum du nouveau réseau. Lors des réunions des 4R, tous les
acteurs de la filière riz (décideurs, chercheurs, universitaires, agents de vulgarisation, ONG
ainsi que les représentants du secteur privé et des organisations paysannes) se réunissent pour
présenter et partager les résultats de recherche et autres informations pertinentes sur la filière
riz. La seconde réunion des 4R s’est tenue en avril 2002 au siège de l’ADRAO à M’bé
(Bouaké) en Côte d’Ivoire.
Les informations communiquées pendant les réunions ont été regroupées dans ce compte
rendu que le ROCARIZ a le plaisir de mettre à disposition de nos nombreux partenaires qui
s’intéressent, directement ou indirectement, à la recherche et au développement rizicoles en
Afrique. La pertinence et la diversité des sujets abordés, de même que les présentations et les
débats, ont fait de ce compte rendu un document riche en enseignements et utile.
Ce document, le premier du genre sur la recherche et le développement rizicoles dans la sousrégion, matérialise l’existence de notre réseau. Cependant, loin d’être une fin en soit, c’est le
début du processus de renforcement de la pertinence et de l’efficacité de la recherche et du
développement rizicoles dans la région.
Nous espérons que ce compte rendu sera le premier d’une série de documents de référence de
haute qualité pour appuyer la recherche et le développement rizicoles en Afrique. A cet effet,
je lance un appel à tous ceux qui oeuvrent pour le développement de la production rizicole en
Afrique de perpétuer, par leurs contributions, la publication du compte rendu des 4R tous les
deux ans.
Au départ, il était prévu que ce compte rendu soit publié en un volume contenant les
communications faites en français et en anglais. Malheureusement, la crise qui a éclaté en
Côte d’Ivoire en septembre 2002 n’a pas permis de récupérer toutes les présentations et les
documents avant l’évacuation du personnel de l’ADRAO de Bouaké. Il a donc été décidé de
publier le compte rendu exceptionnellement en deux volumes distincts (Volume 1 et Volume
2), contenant respectivement les présentations faites en anglais et en français. J’espère que le
laps de temps entre la publication des deux volumes sera aussi court que possible.
Au nom du ROCARIZ, j’aimerais conclure en dédiant ce document à la mémoire de notre
regretté collègue, Dr Placide N’GUESSAN (virologue et membre actif du Réseau), qui nous a
quitté de manière tragique au cours des tristes événements qui ont eu lieu dans son pays
Dr Sélome Yawovi DOGBE
Président du Comité directeur du ROCARIZ
Actes 4Rs 2002
Préface
i
Remerciements
Le Réseau Ouest et Centre Africain du Riz (ROCARIZ) est reconnaissant de l’appui financier
conséquent du Département de l’Agriculture, Bureau de la recherche et du développement de
l’Agence américaine pour le développement international (USAID) tout comme l’appui
financier récent apporté par l’Union Européenne. Notre reconnaissance va aussi à l’endroit de
l’ADRAO pour avoir abrité la Coordination du ROCARIZ et fourni une aide administrative et
technique conséquente, et au CORAF/WECARD pour l’appui institutionnel continu. Un
remerciement spécial à tous les directeurs généraux des SNRA du ROCARIZ pour leur
importante contribution et l’appui logistique. Cette publication n’aurait pas été possible sans
l’engagement fort, le sacrifice personnel ainsi que l’appui scientifique et local des chercheurs
des SNRA, des agents de développement, des paysans et autres utilisateurs finaux des
résultats de la recherche. Nous entrevoyons le futur avec espoir et détermination pour réaliser
le but qui nous est si cher : une plus grande sécurité alimentaire en riz et une génération
prospère pour les pauvres en milieu rural et urbain.
Actes R4s 2002
Remerciements
ii
INTRODUCTION
Actes 4Rs 2002
Introduction
Renforcement des SNRA à travers les réseaux – SANYANG, S.
RENFORCEMENT DES SYSTEMES NATIONAUX DE
RECHERCHE AGRICOLE A TRAVERS LES RESEAUX DE
RECHERCHE COOPERATIVE
SANYANG, S.
ADRAO – Le centre du riz pour l’Afrique, 01 B.P. 2551, Bouaké 01, Côte d’Ivoire
Résumé :
L’année 2001 a été marquée par le recrutement, par l’ADRAO, d’un coordinateur à plein temps
pour le Réseau Ouest et Centre Africain du RIZ (ROCARIZ) et la tenue, du 24 au 26 avril, de la
réunion du comité directeur. Au cours de cette réunion, le plan et le budget 2001 ont été finalisés
et de petites subventions de recherche ont été décaissées pour les chercheurs des SNRA. Au total,
59 chercheurs des SNRA de 14 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont achevé des projets
de deux ans du ROCARIZ (2000 & 2001), à travers son mécanisme des groupes d’action –
Groupe d’action (GA) économie, GA riz de mangrove, GA gestion intégrée des déprédateurs
(GID), GA sélection, GA gestion intégrée des ressources naturelles (GIRN) et GA gestion
intégrée des ressources naturelles au Sahel (GIRNS). En 2001, il y a eu 14,1% de projets de
moins qu’en 2000. La station de recherche de Rokupr (RRS) en Sierra Léone a été entièrement
financée pour développer/tester les technologies du riz de mangrove. L’ADRAO/ROCARIZ a
publié deux documents sous les titres ‘Résumé des activités des groupes d’action ADRAO/SNRA
1991-1997’ et ‘Fusion des groupes d’action de l’ADRAO et du Réseau riz du CORAF 2001’. Du
3 septembre au 20 octobre 2001, une équipe conjointe du ROCARIZ, du Réseau international
pour l’évaluation génétique du riz (INGER-Afrique) et de l’amélioration variétale du riz et
l’analyse des genres avec la participation des paysans – Sélection variétale participative (PRIGAPVS) a entrepris une tournée d’évaluation dans les écologies du riz de plateau du Ghana, du Togo
et du Bénin, et dans les écologies rizicoles irriguées du Sénégal et de la Mauritanie. L’équipe
d’évaluation multidisciplinaire ADRAO/SNRA a trouvé 1) que l’accès des paysans aux semences
de variétés améliorées de riz demeure une contrainte à la recherche-développement rizicole dans
la sous-région ; 2) qu’il existe des opportunités de commerce inter-états de semences de variétés
améliorées de riz entre le Sénégal, la Mauritanie et la Gambie, tout comme entre le Togo, le
Bénin et le Ghana ; 3) que l’outil analytique utilisé pour déterminer le phosphore dans les études
de fertilité du sol à long terme convient aux sols de plateau mais pas aux systèmes irrigués ; 4)
que la coordination nationale des programmes élargis de l’ADRAO est faible à cause du manque
de financement pour cette activité et 5) que le riz est en train de devenir une importante denrée de
sécurité alimentaire dans la sous-région.
Mots clés : Groupes d’action, coordination, partenariat, subventions de recherche, suivi,
semence de variétés améliorées de riz, technologies à base riz.
INTRODUCTION
Depuis sa mise en place, l’ADRAO a activement collaboré avec les Systèmes Nationaux de
Recherche Agricole et de Vulgarisation (SNRAV) à la génération et au transfert de
technologies à base riz. Croyant fermement en la recherche-développement (R&D) rizicole en
collaboration avec les SNRA, l’ADRAO a établi neuf groupes d’action (GA) entre 1991 et
1999 avec une participation active de plus de 80 chercheurs nationaux de 17 pays d’Afrique
de l’Ouest et du Centre (AOC). Conscient du fait que deux "réseaux" riz (le Réseau riz du
CORAF et les groupes d’action riz de l’ADRAO) existaient en AOC et travaillaient à peu près
Actes 4Rs 2002
Introduction
1
Renforcement des SNRA à travers les réseaux – SANYANG, S.
avec les mêmes partenaires, le Comité des experts nationaux de l’ADRAO (Comité des
Directeurs des Instituts Nationaux de Recherche Agricole) a recommandé en 1998 la fusion
des GA de l’ADRAO et du Réseau riz du CORAF/WECARD en vue de mettre fin à la
duplication des efforts et d’améliorer leur efficacité. Cette fusion a abouti, en avril 2000, au
lancement d’un seul réseau de recherche-développement rizicole (Réseau ouest et centre
africain du riz – ROCARIZ) au siège de l’ADRAO à M’bé, près de Bouaké en Côte d’Ivoire.
La fusion des deux réseaux a mis fin à la duplication des activités du réseau riz tout en
maintenant le mécanisme de GA. A ce jour, le ROCARIZ compte sept groupes d’action qui
sont : la sélection riz, le riz de mangrove, la gestion intégrée des ressources naturelles, la
gestion intégrée des ressources naturelles au Sahel, la gestion intégrée des déprédateurs
(GID), le transfert de technologies et l’économie du riz. Après une série de réunions
organisées en mars 1999 et impliquant les acteurs du riz, un plan stratégique de cinq ans
(2000-2004) du ROCARIZ a été développé. Les activités de recherche du ROCARIZ sont
gérées par un comité directeur composé essentiellement des chercheurs des SNRA, des
agences de développement (ONG et gouvernement) et des représentants des paysans ou du
secteur privé. L’ADRAO abrite la coordination du ROCARIZ et avec le CORAF/WECARD,
elle continue de fournir l’appui institutionnel et de coordonner l’action des donateurs. Une
revue régionale de la recherche rizicole organisée tous les deux ans et dénommée 4R, a été
institutionnalisée en vue de planifier, de partager et d’échanger les informations et les
expériences et de diffuser les résultats de la recherche aux utilisateurs finaux. La réunion des
4R constitue aussi un mécanisme de suivi de la qualité et de la pertinence des activités
scientifiques sur le riz en AOC. La participation à la réunion des 4R est ouverte à tous les
acteurs riz à l’intérieur tout comme à l’extérieur de la région. Dans le cadre de notre
mécanisme de contrôle interne, des visites de suivi sont organisées avec les collaborateurs des
SNRA et les paysans en vue d’identifier les contraintes et les opportunités à la recherchedéveloppement rizicole et à l’accès aux technologies en cours de développement et de
promotion.
Conformément au plan stratégique de cinq ans qui est en cours d’exécution depuis 2000, le
comité directeur, composé des chercheurs des SNRA et de deux représentants de l’ADRAO, a
approuvé le plan de travail et le budget du coordinateur. Ainsi, les petites subventions de
recherche pour 2001 ont été décaissées pour les chercheurs des SNRA à travers tous les GA à
l’exception du GA transfert de technologies. Dans le cadre du processus de gestion des
activités de recherche, le coordinateur du ROCARIZ, les chercheurs des SNRA et les
représentants des autres programmes élargis de l’ADRAO, le Réseau international pour
l’évaluation génétique du riz (INGER-Afrique) et l’amélioration variétale du riz et l’analyse
du genre avec la participation des paysans – Sélection variétale participative (PRIGA-PVS),
ont rendu visite aux riziculteurs des écologies de plateau du Ghana, du Togo et du Bénin ainsi
qu’à ceux des écologies rizicoles irriguées du Sahel, au Sénégal et en Mauritanie, en vue
d’évaluer les activités de recherche coopérative ADRAO/SNRA.
Le présent rapport résume les progrès réalisés dans l’appui aux activités coopératives
SNRA/ROCARIZ/ADRAO en matière de développement, de test et de transfert de
technologies rizicoles pertinentes aux utilisateurs finaux des résultats de la recherche en
Afrique de l’Ouest et du Centre.
Actes 4Rs 2002
Introduction
2
Renforcement des SNRA à travers les réseaux – SANYANG, S.
ACQUIS
En février 2001, un coordinateur à plein temps, Dr Sidi Sanyang, a pris fonction au siège de
l’ADRAO, M’bé, Côte d’Ivoire. Au cours des années 2000 et 2001, 59 chercheurs des SNRA
de 14 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont achevé des projets de recherche
coopérative qui avaient été financés par le ROCARIZ à travers le mécanisme de groupes
d’action (GA) (GA économie, GA riz de mangrove, GA GID, GA sélection, GA GRN et GA
GRNS). Aucune activité n’a été menée dans le GA transfert de technologies parce que,
jusqu’à une date récente, il n’y avait pas d’agronome chargé du transfert de technologies à
l’ADRAO. La station de recherche de Rokupr (RRS) en Sierra Léone a été entièrement
financée pour développer/tester les technologies de riz de mangrove (Figure 1). Le nombre
total de projets financés en 2000 était de 78, mais seuls 67 étaient exécutés en 2001, ce qui
montre une baisse de 14,1%. C’est le GA transfert de technologies qui a enregistré la plus
forte baisse (36,8%). Le nombre de nouveaux chercheurs initiant une collaboration avec
ROCARIZ est passé de 68 en 2000 à 59 en 2001, soit une baisse de 13,2% (Figure 2). La
baisse des activités des projets financés se justifie en grande partie par le mouvement fréquent
des chercheurs des SNRA. En plus, certains chercheurs des SNRA qui ont reçu un
financement pour au moins deux projets n’en ont exécuté qu’un seul.
Le ROCARIZ a produit et distribué aux SNRA, aux donateurs et au CORAF/WECARD 200
copies de la publication ‘Résumé des activités des groupes d’action ADRAO/SNRA 19911997’ (Yobouet et Fakorédé, 2001) et 100 copies de ‘Fusion des groupes d’action de
l’ADRAO et du Réseau riz du CORAF 2001’ (ADRAO, 2001)
La 2ème Revue biennale régionale de la recherche rizicole du ROCARIZ (connue sous le nom
de 4R) s’est tenue du 9 au 12 avril 2002 au siège de l’ADRAO à M’bé, Côte d’Ivoire, avec le
but de passer en revue les activités de recherche-développement sur les systèmes à base de riz
au cours des années 2000 et 2001. Près de 150 participants venus d’Afrique, d’Europe et des
Etats-Unis d’Amérique ont pris part à cette réunion et 75,5% de ces participants étaient des
chercheurs des SNRA et des agents de développement venant des universités, des institutions
de vulgarisation y compris les ONG et les groupements paysans de CORAF/WECARD, de
ASARECA et des pays membres de SADAC-FANR. Sur les 73 documents présentés et revus,
8 ont été recommandés pour acceptation immédiate et publication dans les Actes de la
réunion, 26 nécessitaient des corrections mineures et 39 nécessitaient une révision
approfondie. Aucun document n’a été rejeté au motif qu’il n’est pas publiable dans les Actes
de la réunion. Cela confirme que le ROCARIZ est en train d’acquérir la compétence dans la
recherche scientifique. Les différents prix d’excellence suivants ont été décernés au cours de
cette réunion : ‘Meilleur article’ à Dona Dakouo et al. (INERA, Burkina Faso) ;
‘Contribution la plus remarquable à la recherche-développement rizicoles’ à M’baré
Coulibaly (IER, Mali) et ‘Meilleure présentation des résultats de recherche’ à Babou Jobe
(NARI, Gambie). Le premier bulletin ROCARIZ a été lancé lors de la réunion de revue dont
les actes seront publiés en 2003.
Actes 4Rs 2002
Introduction
3
Renforcement des SNRA à travers les réseaux – SANYANG, S.
300000
250000
US$
200000
150000
100000
50000
Total
Station de recherche de Rokupr
Groupe d’action GRN au Sahel
Groupe d’action GRN
Groupe d’action Sélection
Groupe d’action IPM
Groupe d’action Mangrove
Groupe d’action Economie
0
Fig. 1 : Répartition des subventions de recherche à travers les groupes d’action du ROCARIZ
et la station de recherche de Rokupr en 2000 et 2001
80
120
100
Niveau de mise en
œuvre
60
80
50
40
60
30
40
20
Niveau de mise en œuvre
Nombre de projets financés
70
Nombre de projets en 2000
Nombre de projets en 2001
20
10
Nombre de chercheurs
Total des projets
Groupe d’action GRN au Sahel
Groupe d’action GRN
Groupe d’action Sélection
Groupe d’action IPM
Groupe d’action Mangrove
0
Groupe d’action Economie
0
Fig. 2 : Niveau de mise en œuvre des projets financés par ROCARIZ dans le cadre des
groupes d’action.
Actes 4Rs 2002
Introduction
4
Renforcement des SNRA à travers les réseaux – SANYANG, S.
Le ROCARIZ donne aussi aux chercheurs des SNRA une formation ‘pratique’ dans le
domaine du transfert des compétences sur les outils et techniques de culture d’anthères et de
biologie moléculaire à l’ADRAO pour une période de six semaines sur une base de rotation.
Certaines technologies clés sur le riz testées actuellement incluent l’évaluation des
croisements entre Oryza glaberrima et O. sativa en vue d’identifier les lignées
interspécifiques potentielles (NERICA) pour l’écologie pluviale et l’amélioration des variétés
de riz ROK 22 et WARI pour l’écologie rizicole de mangrove frappée par la salinité. Le
phosphate naturel, les cultures de couverture des espèces Mucuna, et Canavalia et des
légumineuses comestibles (niébé et arachide), la gestion de l’eau et des nutriments ainsi que
l’utilisation de la fumure organique d’origine végétale et animale pour le maintien de la
fertilité du sol, ont été aussi testés. De même, les technologies limitant les contraintes
biotiques ont été testés : criblage des variétés améliorées de riz contre la cécidomyie africaine
du riz et le virus de la panachure jaune, utilisation du régulateur de croissance de la plante
(Chlorméquat) contre la pyriculariose du riz et compétitivité des variétés interspécifiques de
riz avec les adventices. L’impact de la recherche-développement rizicole a permis d’obtenir
jusqu’à 78% de gain dans la vallée du fleuve Sénégal, en particulier là où la double culture est
pratiquée, tandis que la gestion intégrée des cultures au Sénégal et en Mauritanie a donné des
profits nets de 64 à 72% par rapports aux pratiques paysannes.
Une visite conjointe ROCARIZ/INGER-Afrique/PRIGA-PVS dans les écologies rizicoles de
plateaux du Ghana, du Togo et du Bénin et dans les écologies rizicoles irriguées du Sahel au
Sénégal et en Mauritanie a eu lieu du 3 au 20 octobre 2001. L’objectif de cette visite était
d’évaluer les essais coopératifs ADRAO/SNRA et d’avoir des échanges avec les paysans.
L’équipe de visiteurs était composée des facilitateurs des groupes d’action de l’ADRAO, des
membres du Comité directeur du ROCARIZ, des chercheurs des SNRA, du coordinateur de
INGER-Afrique, du responsable du transfert de technologies, du coordinateur du ROCARIZ
et d’un représentant de l’USAID. Cette équipe multidisciplinaire comprenait des
sélectionneurs riz, des pédologues, des agronomes, des économistes, des entomologistes, des
pathologistes et des agents de développement. Les problèmes suivants étaient communs à la
plupart des pays :
•
L’accès des paysans aux semences de variétés améliorées de riz reste une contrainte à
la recherche-développement rizicole dans la sous-région ;
•
Des opportunités de commerce inter-états de semences de variétés améliorées de riz
existent entre le Sénégal et la Mauritanie (et probablement la Gambie) et entre le Togo
et le Bénin (et éventuellement le Ghana).
•
L’outil analytique utilisé pour déterminer le phosphore dans les études de fertilité du
sol à long terme en système irrigué convient aux sols de plateaux mais pas aux
systèmes irrigués ;
•
La coordination nationale des programmes élargis de l’ADRAO est généralement
faible à cause du manque de financement de cette activité ;
•
Le riz joue un rôle de plus en plus croissant comme denrée de sécurité alimentaire
dans la sous-région.
Actes 4Rs 2002
Introduction
1
Renforcement des SNRA à travers les réseaux – SANYANG, S.
DEFIS
Bien que le ROCARIZ ait connu 85,9% de réussite dans la mise en œuvre de ses projets en
2001, il était évident que chaque chercheur des SNRA ne pouvait réaliser efficacement qu’un
seul projet à la fois. Ainsi, pour la période de financement 2002 et 2003, chaque chercheur des
SNRA ou agent de développement n’est financé que pour un seul projet. Le manque de
financement pour la coordination nationale des activités de recherche-développement rizicole
au sein et entre les institutions constitue une autre contrainte majeure au fonctionnement du
ROCARIZ. L’éternel problème de la mauvaise communication au sein des SNRA et entre eux
et le coordinateur demeure un obstacle majeur à la circulation de l’information, une
composante essentielle du travail en réseau. Dans certains cas, les services de courrier
électronique et Internet font défaut, car souvent victimes d’une mauvaise alimentation
électrique ou, alors, les SNRA ne sont pas à mesure de s’acquitter des factures de téléphone
élevées. L’accès aux semences de variétés améliorées de riz nous pose toujours problème
malgré la disponibilité de technologies pour satisfaire la demande. Le défi reste la mise à
disposition de mécanismes et appuis organisationnels durables dans les zones rurales où le
besoin en semences de variétés améliorées de riz est le plus élevé.
CONCLUSIONS
Au cours des années 2000 et 2001, le ROCARIZ a mis en œuvre 67 petits projets de
recherche avec la collaboration active de 59 chercheurs des SNRA de 14 pays d’Afrique de
l’Ouest et du Centre, en utilisant son mécanisme des groupes d’action pour la génération, le
test et la promotion des technologies. Le réseau a aussi produit deux publications et s’apprête
à produire en 2003 ses premiers actes de recherche-développement sur les systèmes à base riz.
PUBLICATIONS
Yobouet, N. Y. et Fakorédé, M. A. B. (Eds.). 2001. Résumé des activités des groupes
d’action ADRAO/SNRA 1991-1997. ADRAO, Bouaké, Côte d’Ivoire. 204 pp.
ADRAO (Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest) 2001.
Fusion des groupes d’action de l’ADRAO et du Réseau riz du CORAF. ADRAO,
Bouaké, Côte d’Ivoire. 23 pp.
REMERCIEMENTS
Le ROCARIZ exprime sa reconnaissance au Département de l’agriculture, Bureau de la
recherche et du développement et de l’Agence des Etats-Unis pour le développement
international (USAID) pour l’appui financier continu et à l’Union européenne pour son appui
financier récent. Nous sommes aussi reconnaissants à l’ADRAO qui accueille le coordinateur du
ROCARIZ et fournit un appui administratif et technique précieux et au CORAF/WECARD pour
son appui institutionnel continu. Nous remercions spécialement tous les Directeurs généraux et
tous les chercheurs des SNRA du ROCARIZ, en particulier ceux qui ont pu terminer le cycle du
projet de deux ans.
Actes 4Rs 2002
Introduction
2
SELECTION ET AGRONOMIE DU RIZ
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
Variétés et riziculture de bas-fons au Bénin – ASSIGBE, P et ALY, D.
MISE AU POINT DE VARIETES PERFORMANTES DE RIZ
POUR UNE RIZICULTURE DURABLE DANS LES BASFONDS DU SUD ET DU CENTRE AU BENIN
ASSIGBE, P. et ALY, D.
INRAB, CRA-Sud Bénin
Résumé :
La culture du riz est récente au Bénin. Mais son développement a été très rapide, faisant de
cette spéculation une denrée de grande consommation dont les besoins de plus en plus élevés
sont loin d’être satisfaits par la production nationale. La demande des producteurs en
semences améliorées est également très élevée, entraînant l’utilisation répétée des semences et
la dégénérescence rapide des variétés.
La collaboration permanente de la Recherche rizicole béninoise avec l’ADRAO lui offre de
très bonnes opportunités de mise à la disposition des producteurs nationaux, de variétés
améliorées performantes, pour l’augmentation de la production du riz. Les tests conduits en
2000 et 2001 dans le domaine de l’amélioration variétale ont permis d’identifier de nouvelles
variétés de riziculture de bas-fond, très productives, de cycle adapté et résistantes aux
principaux ennemis. Les variétés de la série de WITA possèdent un cycle végétatif
généralement inférieur à 105 jours. Du point de vue rendement, on a retenu en 2001 certaines
variétés telles que Mashuri (5,67 t.ha-1), TOX 3098-4-5-4-2-2 (5,87 t.ha-1), WITA 4 (5,87
t.ha-1) et SPT 7106-2-3-3-1 (5,33 t.ha-1). Certaines variétés comme WITA 10, WITA 11 et IR
43450-SKN-506-2-2-1-1 présentent même une certaine stabilité de rendement vis-à-vis du
régime pluviométrique. Elles présentent apparemment un caractère plastique vis-à-vis du
régime hydrique, une hypothèse qui mérite d’être vérifiée.
Mots clés : Riz de bas-fonds, performance, rendement stable, production.
INTRODUCTION
Le riz constitue pour le Bénin la seconde céréale importée de grande consommation après le
blé. La consommation par tête d’habitant est de 15 à 20 kg par an. La production nationale a
été multipliée par 5 entre 1990 et 2000 passant de 10.940 tonnes de paddy en 1990 à 52.441
tonnes en 2000 (MDR/DPP, 2000), soit un équivalent de 31.400 tonnes de riz blanc contre
71.200 tonnes de riz importé en 1999 alors que les potentialités en ressources foncières sont
importantes : 180.000 ha de bas-fonds et de plaines alluviales inondables.
Lorsque des variétés sont utilisées sans renouvellement de semences, elles dégénèrent très
rapidement entraînant du coup une baisse de rendement. C’est entre autres la raison de
l’identification de nouvelles variétés plus performantes en vue du renouvellement des
semences et l’augmentation de la production nationale.
METHODOLOGIE
La méthodologie utilisée consiste à :
-
Introduire de nouvelles variétés de riz en collaboration avec les Groupes d’Action de
l’ADRAO. Quinze (15) variétés de riz ont été ainsi testées ;
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
4
Variétés et riziculture de bas-fons au Bénin – ASSIGBE, P et ALY, D.
-
Identifier parmi ces variétés celles qui présentent les caractéristiques souhaitées par
les producteurs à savoir la précocité, la tolérance aux maladies, aux insectes et aux
adventices, un tallage élevé, un rendement élevé et stable ;
-
Tester en milieu réel un nombre réduit de nouvelles variétés identifiées auprès des
producteurs désireux de le faire de façon participative.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Les tests ont porté sur le riz de bas-fond prenant en compte comme caractéristiques
recherchées le cycle de culture. Ce type de culture est le plus pratiqué au Bénin et occupe plus
de 70% des superficies rizicultivées.
Tallage
Toutes les variétés testées ont une bonne capacité de tallage. Le nombre de talles au mètre
carré est partout supérieur à 400 pour cette écologie de bas-fond. Toutefois, certaines talles
n’ont pas été productives.
Cycle de culture
Certaines variétés notamment celles de la série des WITA ont un cycle assez précoce. Elles
ont une durée de végétation inférieure à 105 jours ce qui est une caractéristique très appréciée
par les producteurs. Malheureusement, ces variétés n’ont pas été toujours les plus productives.
Comportement vis-à-vis des maladies et des insectes
Aucun cas sévère de maladie n’a été observé, à l’exception de quelques symptômes
d’helminthosporiose sur des variétés comme DEPRIMURI, ITA 406, WITA 10, WITA 11 et
WITA 12 lorsqu’il y a eu des poches de sécheresse. En effet, pendant la période de culture,
des poches de sécheresse ont été observées. Ces phénomènes n’ont toutefois pas affecté les
rendements de ces variétés.
Rendement paddy
Les rendements en paddy en 2000 et 2001 sont présentés à la figure 1. Les meilleurs
rendements ont été obtenus en 2000 avec des variétés comme MASHURI (2,33 t.ha-1), WITA
10 (2,35 t.ha-1), IR 43450-SKN (2,31 t.ha-1) et en 2001 avec TOX 3098 (5,87 t.ha-1),
MASHURI (5,67 t.ha-1), WITA 4 (5,87 t.ha-1) et SPT 7100 (5,33 t.ha-1). Les rendements de
2001 ont été meilleurs à ceux de 2000 en raison de la pluviométrie plus élevée cette dernière
année.
Certaines variétés telles que l’illustre la figure 1 ont eu des rendements assez stables par
rapport au régime pluviométrique durant les deux campagnes. C’est le cas de WITA 10,
WITA 11 et IR 43450-SKN, par exemple où l’écart de rendement entre les deux campagnes
n’est pas très élevé. Ce sont donc des variétés qui présentent un caractère apparemment
beaucoup plus plastique vis-à-vis du régime pluviométrique, mais ceci n’est qu’une hypothèse
qui mérite d’être confirmée.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
5
Variétés et riziculture de bas-fons au Bénin – ASSIGBE, P et ALY, D.
6
5,67
5,67
5,67
5,33
5
5
4,67
4
t/ha
4
4
3,67
3
3
3
3
2,67
2,64
2,33
2,31
2,67
2,35
2,07
2
1,65
1,55
1,65
1,63
1,41
1,62
1,4
1,36
1,23
1,07
1,13
1
9
IT
A
5
W
IT
A
4
W
IT
A
2
W
12
IT
A
W
IT
A
11
W
IT
A
10
W
IT
A
W
34
40
TO
X
30
98
TO
X
71
00
U
RI
SP
T
SH
40
6
M
A
A
IT
Variétés de riz
D
E
CH
U
PI
PR
IM
U
RI
IR
43
45
0SK
N
0
2000
2001
Fig. 1 : Rendement en paddy en 2000 et 2001
CONCLUSION
Les variétés testées possèdent de très bonnes caractéristiques agronomiques qui pourraient
intéresser les producteurs. Les rendements élevés obtenus avec certaines variétés pourront
contribuer à l’augmentation de la production, ce qui constituerait une solution au problème
de l’autosuffisance alimentaire. Un nombre réduit de ces variétés pourra être recommandé
pour des tests de pré-vulgarisation à partir de la campagne 2002.
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
MDR/DPP 2000 Annuaire statistique, MDR, Cotonou, Bénin
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
6
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
ELONGATION DES FEUILLES, TRANSPIRATION,
UTILISATION EFFICIENTE DE L’EAU ET RENDEMENT
GRAIN DU RIZ EN CONDITION DE STRESS HYDRIQUE
HEMA, D., ZOMBRE, G., SIE, M. et KABORE, B.
INERA, BP 910 Bobo-Dioulasso, Burkina Faso. E-mail : [email protected]
Université de Ouagadougou, BP 7021 Ouagadougou, Burkina Faso
Résumé :
L'élongation des feuilles est un paramètre informatif dans une stratégie de sélection pour la
tolérance à la sécheresse ; elle constitue un index de criblage rapide des variétés. A partir de
10 variétés de riz semées en pots et au champ, nous avons étudié l'élongation totale des
feuilles (ETF), en relation avec d'autres paramètres liés à la sécheresse. Sur la base des
résultats obtenus sur 2 ans, la variété WAB 96-3 présente une bonne tolérance à la sécheresse
; elle a une bonne valeur d'élongation des feuilles (78,5 cm), une transpiration moyenne 1,2
t/ha ), un rendement en grains de 2,70 t/ha et une utilisation efficiente de l'eau de l'ordre de
2,6. EFT est corrélée avec la transpiration (r = 0.61*) alors que l'élongation relative des
feuilles (ERF ) est négativement corrélée avec le rendement grain (r = - 0.56*) et le poids de
1000 grains (r = - 0.59*) ; ERF est positivement corrélée avec la teneur en eau spécifique (r =
+0.49*). A partir de cette étude, nous avons identifié des variétés tolérantes et des variétés
sensibles à la sécheresse. L'analyse biochimique des caryopses a mis en évidence de plus forte
teneurd en matières grasses et en protéines des variétés tolérantes que celles sensibles.
Mots clés : Riz, sécheresse, élongation des feuilles, transpiration, protéine, matière grasse
INTRODUCTION
La sécheresse dans les pays sahéliens peut arriver à n'importe quelle phase de développement
des plantes entraînant des conséquences néfastes sur la production en grains du riz pluvial.
Pour faire face à cette contrainte, on assiste de plus en plus à la recherche de variétés mieux
adaptées à un environnement sec. Pour cela, de nombreuses approches agronomiques,
physiologiques et morphologiques ont été utilisées lors du criblage de matériel végétal pour la
tolérance à la sécheresse. Des travaux de recherche sur la méthode d'approche sont restés
basés sur le rendement, le dégré de fanaison (Sobrado, 1986), l'élongation des feuilles, etc..
L'objectif principal de l’étude est l'utilisation de l’élongation des feuilles comme un critère
simple, fiable, rapide et reproductible lors du criblage de variétés de riz au champ pour une
étude de la tolérance à la sécheresse.
MATERIEL ET METHODES
Matériel végétal
Dix (10) variétés de riz dont les caractéristiques agronomiques sont décrites au tableau I ont
été étudiées à Farako-Bâ en 2000 et 2001.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
7
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
Tableau I : Caractéristiques des variétés de riz utilisées dans l'étude de la résistance à la
sécheresse pendant 2 ans.
Variétés
1. WAB 96 3
2. WAB 375 B9
3. WAB 506 125
4. FKR 41
5. FKR 33
6. WAB 375 B12
7. FKR 19
8. FKR 43
9. WAB 450-5-1-bl
10. WAB 450-BP 20
CSE
(jours)
76
78
80
77
76
80
80
79
77
79
CSM
(jours)
114
115
118
113
111
116
119
114
114
116
Potentiel de
rendement (t/ha)
4,7
3,9
4,6
5,3
3,8
3,6
3,7
3,1
4,7
3,4
CSE = cycle semis épiaison, CSM = cycle semis maturité
Site d' étude
L’étude a été réalisée à la station de recherche agronomique de Farako-Bâ (long. : 04°20' W;
lat. : 11°6'N ; alt. : 504 m), située à 10 km de Bobo Dioulasso. Les sols sont de type
ferralitique faiblement dessaturés ; la texture est à dominante sableuse ; les données physiques
sont indiquées au tableau II.
Les poches de sécheresse en cours de campagne sont fréquentes avec des intervalles variant
entre 5 et 10 jours et parfois plus. Les quantités d'eau reçues à Farako-Bâ sont de 890 mm en
2000, pour 70 jours de pluie et de 776 mm en 2001, pour 65 jours de pluie.
Les essais ont reçu pendant les 2 années, 200 kg/ha de NPK au moment du labour et 100
kg/ha d'urée fractionnés en 2 parties égales et appliquée les 35ème et 65ème jours après
semis (jas).
Tableau II : Données physiques du sol de Farako-Bâ (Dembélé et al., 1999 )
Profondeur (cm)
Granulométrie
DA (g/cm
HP%
RU
A
L
S
PF 2,5
PF 4,2
0 – 20
6,6
11,5
24,6
1,6
8,5
2,8
8,3
20 - 40
22,0
13,9
64,1
1,5
13,1
7,8
4,1
A = argile ; L = limons ; S = sable ; DA = densité apparente ; HP = humidité pondérale ; RU = réserve utile
Méthodologie
Le dispositif expérimental est un bloc de Fischer avec 3 répétitions (écartement entre les
lignes et les poquets : 0,2 m ). Les 10 variétés sont évaluées au champ sans stress hydrique
(SHN) et sous stress hydrique moyen (SHM).
Pour le suivi de l'élongation des feuilles, on coupe le bout de la feuille dans le coeur de
chacune des 5 plantes, deux semaines après la levée et on mesure au 40ème jas la distance
entre le bout de la feuille coupée et le niveau du sol. La mesure est répétée 96 jas et la
différence entre les valeurs obtenues au 40ème et au 96ème jas donne l'élongation totale des
feuilles (ETF).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
8
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
L'efficacité du rendement (ER) est le produit du poids moyen de 1000 grains par le nombre
de grain au m2 sur la surface foliaire multiplié par 100.
L'utilisation efficiente de l'eau (UEE) correspond à la différence entre le rendement en grains
et la transpiration par pesée sur l'indice de récolte multiplié par 100. L'indice de récolte (IR)
est le rapport entre le rendement en grains et la matière sèche totale.
Une analyse biochimique des caryopses de variétés de riz a été effectuée au laboratoire du
département de technologie alimentaire (DTA) de l'IRSAT.
Les données physiologiques que sont la transpiration (TRANS), la teneur en eau spécifique
(TES) et la translocation des asssimilats (TA), sont collectées à partir des pots de 25 cm3 de
volume dans lesquels on a semé 5 plantes/variété/pot ; des pots remplis et non semés servent
de témoins.
Les pots sont pesés toutes les 3 heures à partir de 6 h jusqu'à 18 h afin de déterminer la
transpiration qui correspond à la différence entre les pots avec plants et les pots témoins.
Deux (2) traitements hydriques sont appliqués au champ comme dans les pots :
(1) : du pluvial strict correspondant à la saison hivernale pendant laquelle les plantes sont
dans les conditions optimales de croissance et de développement.
(2) : en décalant la date de semis, nous raccourcissons volontairement le cycle pluviométrique
et les quantités d'eau reçues de sorte que la floraison des plantes se situe en dehors de la
saison des pluies; les conditions climatiques alors deviennent moins favorables.
Nous apportons de l'eau de robinet aux plantes à l'aide d'un arrosoir à raison de 1,5 mm/m2
(tableau III)
Tableau III : Application des traitements hydriques par décalage des dates de semis
au champ en 2000 et 2001.
Traitements
hydriques
Pluvial
Strict
Dates de
semis
(1) 20/7/00
(2) 27/6/01
(3) 11/7/01
Quantités d'eau Irrigation de
reçue (mm)
complément (mm)
828,2 (83j)
0 (0j)
625,6 (44j)
60 (10j)
532,4 (39j)
3 (16j)
Sans
Stress
Hydrique
Pluvial +
Complément
d'Irrigation
(1) 28/8/00
(2) 30/7/01
(3) 7/8/01
467,3 (73j)
419,0 (30j)
359,0 (27j)
Stress
Hydrique
Moyen
(1) = traitement hydrique au champ en 2000,
2001 et (3) = traitement hydrique dans les pots en 2001
Actes du 4Rs 2002
60 (16j)
51,2 (16j)
12 12 j)
(2)
=
Sélection et agronomie du riz
traitement
Remarques
hydrique
au
champ
en
9
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
Analyses
statistiques
Les analyses de variance (blocs, variétés ) sont faites à partirt des moyennes obtenues pendant
2 années d'après le modèle mathématique défini comme suit :
Pi = µ + gi + ei + ( ge)i + ϕ
avec µ = moyenne des variétés, gi = effets génétiques, ei = effets du milieu,
(ge)i = interaction nulle en condition de milieu homogène
RESULTATS
Les différentes analyses de variance font ressortir des différences significatives entre les
variétés étudiées pour les paramètres élongation à 40 jas (EF40 ), élongation à 96 jas (EF96 )
et pour le rendement, comme il apparaît sur le tableau IV.
Il n’a pas été mis en évidence de différences significatives entre les répétitions pour EF96.
Au niveau du stress des différences hautement significatives existent à l'exception du cas de
EF40. D'une année à l'autre, les quantités d'eau reçues sont très différentes à l'exception de
EF96.
Tableau IV : Analyse de variance de paramètres agro-morphologiques de variétés
de riz en condition de sécheresse pendant 2 ans
Source de variation
ddl
Blocs
Variétés (V)
Stress (S)
Interaction (VxS)
Résiduelle (a)
Années (A)
Interaction (VxA)
Interaction (SxA)
Interaction (VxAxS)
Résiduelle (b)
CV %
2
9
1
9
38
1
9
1
9
40
Fcalculé
Elong. 1
Elong. 2
Rdt (t/ha)
3,18
5,20**
1,08
1,49ns
19,09**
0,46
3,91*
0,86
1,15
6,05**
59,63**
1,41ns
0,01ns
0,33
0,89
0,55
3,80*
2,70*
199,30**
1,96ns
44,45**
0,36
11,22**
1,65
16,90
14,50
49,70
F0,05
3,23
2,12
4,08
2,12
3,84
1,88
3,84
1,88
ddl = dégré de liberté, élong = élongation des feuilles en cm, **, * = significatif à 1% et à 5 % respectivement,
ns = non significatif.
Les interactions (VxA) et (VxSxA) ne sont pas significatives pour tous les cas étudiés. La
matrice de corrélation phénotypique montre des types d'association entre les paramètres
étudiés en condition de sécheresse.
Certaines associations sont positives et hautement significatives d'après le test t. C'est le cas
entre R et ER (r = + 0,80**) d'une part et P1000 (r = + 0,80**) d'autre part (tableau V).
Il existe une corrélation négative entre TES et R (r = - 0,73**), entre TES et ER
(r = -0,80**) et entre TES et P1000 (r = -0,61*). On trouve d'autre part que l'élongation
relative des feuilles (RLE) est négativement corrélée avec P1000 (r = -0,59*) et avec R (r = 0,56*) par contre RLE est positivement corrélée avec TES (r = +0,49*). TRANS est
positivement correlée avec EFT (r = 0,61*) comme il apparaît sur le tableau V.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
10
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
Le test de Newman et Keuls fait ressortir 3 groupes de variétés pour les phénomènes EFT,
TRANS, et Rdt.
Tableau V : Matrice de corrélation phénotypique entre certains paramètres liés à la secheresse
du riz (ddl = 10)
1. RLE
2. Trans
3. TES
4. TA
5. P1000
6. ER
7. EFT
8. RDT
0,14
0,49*
0,16
-0,59*
-0,41
-0,24
-0,56*
1
0,09
0,22
0,30
0,03
0,61*
011
2
-0,15
-0,69*
-0,80**
-0,40
-0,73**
3
0,24
0,00
-0,17
0,12
4
0,50*
0,05
0,81**
5
0,22
0,80**
6
0,09
7
8
1 = élongation relative des feuilles, 2 = transpiration, 3 = teneur en eau spécifique, 4 = translocation des
assimilats, 5 = poids de 1000 grains, 6 = efficacité de rendement, 7 = elongation totale des feuilles à 96 jours, 8 =
rendement en t/ha, *, ** = significatif à 5 et 1% respectivement.
Ainsi pour EFT, les meilleures variétés sont : WAB 96- 3 (78,5 cm) WAB 375 B12 (78,1 cm)
et WAB 375 B 9 (77,8 cm) ; la plus faible valeur se retrouve chez la variété FKR 19 (56,1
cm) ; Le rendement, le plus élevé est obtenu avec la variété WAB 96 -3 (2,7 t/ha) suivi par
WAB 450-5-1 et FKR (2,6 t/ha ) ; le rendement le plus faible est obtenu avec la variété FKR
43 (1,5 t/ha) et FKR 19 (1,6 t/ha).
La meilleure transpiration est obtenue avec la variété WAB 375 B 9 (1,34 t/ha) comme il
ressort du tableau VI
L'analyse biochimique des caryopses de quatre (4) variétés de riz établit une tendance entre la
production de protéines et la sécheresse ainsi qu'entre la production de matières grasses et la
sécheresse. En valeur absolue, les variétésWAB 96-3, WAB 375 B 9, FKR 43 ont une
moyenne supérieure à celle de FKR 19 qui est supposée être sensible à la sécheresse. Enfin
FKR 19 a moins de matières grasses que les variétés tolérantes.
Enfin pour l'utilisation efficiente de l'eau en condition de sécheresse, les variétés WAB 96–3
(2,60), FKR 41 (2,27), ont les meileures valeurs (tableau VI).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
11
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
Tableau VI : Valeurs moyennes de certains paramètres étudiés sur différentes variéts de riz en
condition de sécheresse et après une analyse biochimique des caryopses.
Variétés
WAB 96 3
WAB 375 B 9
WAB 506 125
FKR 41
FKR 33
WAB 375 B 12
FKR 19
FKR 43
WAB 450 5 1
WAB 450 1 BP 20
Moyenne
CV%
Elongation
cm
78,5a
77,8a
72,2ab
66,9bc
62,2bc
78,1a
56,1c
61,2bc
73,4ab
71,7ab
69,8
14,5
Trans
1,20ab
1,34a
1,09b
0,95bc
0,99bc
0,91bc
1,21ab
1,08b
0,77c
1,25ab
1,08
40,2
Rendement
t/ha
2,7a
2,0b
1,7c
2,5ab
2,6a
2,3ab
1,6c
1,5c
2,6a
2,3ab
2,2
49,7
UEE
Protéines
2,60
0,82
-28,6
2,27
-0,12
-12,11
-8,37
-15,9
-0,36
-9,31
7,9
9,7
8,0
7,8
-
Matière
grasse
3,93
3,26
2,99
3,21
-
Dans une même colonne, les moyennes de la même lettre ne sont pas statistiquement différentes
DISCUSSION
ETF est un bon indicateur de sensibilité à la sécheresse et reste lié à la valeur génétique du
matériel végétal montrant une variabilité au niveau des variétés. Les variétés testées sont
classées soit par rapport à l'élongation des feuilles soit par rapport au rendement en grains à
cause de l'utilisation efficiente des assimilats dans les organes réproducteurs, et enfin de la
transpiration. La meilleure variété ici est WAB 96 3 qui a une élongation de 78,5 cm pour
une transpiration de 1,2 t/ha. Ainsi une bonne valeur d'élongation des feuilles donne une
valeur moyenne de transpiration (r = - 0.61*) et c'est ce que nous constatons avec les variétés
WAB 96 3, WAB 375 B 12 et WAB 375 B 9 qui ont des valeurs d'élongation de 77,8 à 78,5
cm pour une transpiration comprise entre 0,91 et 1,34 t/ha respectivement.
La valeur moyenne à faible de la transpiration traduit une forte valeur de résistance
stomatique et inversement. Ainsi tout au long de la journée, les variétés WAB 450-5-1 (0,77
t/ha ),WAB375 B 12 (0,91 t/ha), FKR 41 (0,95 ), FKR 33 (0,99 ) ont une faible valeur de
transpiration à cause d'une fermeture partielle des stomates.
En condition de sécheresse, les feuilles chez certaines variétés continuent de croître
rapidement. C’est le cas de WAB 96-3, WAB 450- 5-1, WAB 506-125 et WAB 375 B12
alors que chez FKR 33, FKR 19 et WAB 375 B 20 elles ont une croissance ralentie. Cette
croissance de l'élongation des feuilles est liée à un bon rendement en grains par hectare chez
les variétés WAB 96-3, et WAB 375 B 9. Par contre FKR 33 bien qu'ayant une croissance
lente a un bon rendement en grains à cause du poids de 1000 grains élévé par rapport à la
moyenne de l'essai et une transpiration moyenne.
La variété WAB 96-3 qui a les meilleures caractéristiques physiologiques et morphologiques,
présente cependant une valeur moyenne pour la transpiration (1,2 t/ha). A partir de ce constat,
nous pouvons avancer comme hypothèse que la résistance variétale à la sécheresse est liée à la
structure des cellules.
La variété WAB 96-3 avec une valeur UEE de 2,60 en condition de stress hydrique, utilise
l'eau de manière efficiente. Elle est suivie par FKR 41 (2,27) et WAB 375 B 9 (0,82). Cette
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
12
Sélection pour la tolérance à la sécheresse – HEMA, D. et AL.
efficience semble liée à la présence de forte teneur en protéines et surtout en matières
grasses.
Nous constatons donc que les variétés tolérantes à la sécheresse contiennent plus de matières
grasses et de protéines en valeur absolue que la variété sensible FKR 19
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Au terme de notre étude, on peut considérer que l'adaptation des plantes à un milieu aride ou
semi-aride consiste à économiser l'eau quand elle devient rare et à en tirer profit au maximum
en donnant un rendement acceptable.
La variété WAB 96-3 en condition de stress hydrique est la meilleure du point de vue du
rendement (2,7 t/ha ), élongation des feuilles (78,5 cm) et utilisation efficiente de l'eau (2,60).
Elle est suivie par WAB 375 B 9 (2,6 t/ha ) et FKR 41 (2,5 t/ha ) .
Après l'analyse biochimique des caryopses, il ressort que WAB 96-3 contient plus de matières
grasses (3,93) que les autres et de façon générale les variétés classées tolérantes à la
sécheresse ont tendance à contenir plus de protéines que les sensibles ; ainsi on peut retenir
qu'en condition de stress hydrique, la variété WAB 96-3 semble avoir des gènes codant pour
certaines protéines afin de mieux se porter vis à vis de la sécheresse ; cette nouvelle piste
mérite d'être approfondie.
Durant la campagne humide 2002, nous avons l'intention de repéter l'expérimentation et en
même temps de faire une série de croisements et de retrocroisements entre FKR 19 et WAB
96-3 pour avoir des F1 et des F2 (autofécondations de F1) puis ensuite grâce aux outils de la
biologie moléculaire nous allons retenir les génotypes intéresssants présentant des gènes de
tolérance à la sécheresse.
Nous pourrons aussi mener des études en rapport avec le système racinaire qui pourrait
présenter des aspects intéressants lors d'un travail sur la tolérance à la sécheresse.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Dembélé, Y., Somé, L., Zomboudré, G. et Diabri, S. 1999 Irrigation de complément du riz
pluvial sur des sols sableux conditionnés avec de la matière organique au Sud - Ouest
du Burkina Faso. Sécheresse 2 (10) : 143 - 149.
Sobrado, M. P. 1986 Leaf rolling : A visual indicator of water deficit in corn (Zea mays L.)
Maydica 32 : 9 - 18
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
CRIBLAGE DE VARIETES DE RIZ IRRIGUE DE CYCLE
COURT POUR LA TOLERANCE AU FROID
SIDO, Y. A., MOUSTAPHA, A., HASSANE, I. et MIKO, I.
INRAN, BP, 429, Niamey, Niger
Résumé :
Le criblage de 18 variétés de riz irrigué de cycle court pour la tolérance au froid à N’dounga
a mis en exergue 5 variétés qui sont : IR31851-96-2-3-2-1, IR39357-133-3-2-2-2, IR 394186-2-2-1, IR13240-108-2-2-3 et IR28128-45-2. Ces variétés ont présenté des caractéristiques
agronomiques intéressantes qui sont notamment, le rendement, le cycle, l'exertion
paniculaire, la stérilité, le poids de 1000 grains, et enfin la vigueur des plantules. Leur haut
potentiel productif et leur précocité en contre saison, font d’elles des candidats potentiels à la
substitution de l’IR1529-680-3, qui est le témoin local, très sensible au froid. Ce criblage a
permis de montrer la possibilité de résoudre la contrainte "froid" à la double riziculture au
Niger, par l'utilisation des variétés tolérantes.
INTRODUCTION
L'utilisation des variétés de cycle moyen au cours des deux campagnes rizicoles, constitue
une particularité de la riziculture continue au Niger. En effet, il est d’usage à travers les
continents, d’utiliser des variétés spécifiques à une saison, pour la riziculture continue
pratiquée sur la même parcelle. L'utilisation de la BG 90-2, de la IR 1529-680-3, de la D5237, de la WIITA-8 et de la WITA-9 se traduit par une légère supériorité en rendement paddy
pour les deux dernières variétés et requiert le strict respect du calendrier cultural établi
(Marlet, 1992). La conduite d’une double campagne rizicole, nécessite un strict respect des
opérations techniques ainsi que le calendrier cultural sur les deux campagnes. Sur certains
aménagements où le calendrier cultural n’est pas observé, le repiquage tardif au cours de la
campagne d’hivernage, donne lieu à un taux élevé de stérilité. En effet dans un tel cas,
l'épiaison et la maturation des grains coïncident avec le froid. Le comportement des plants en
présence de basse température peut se traduire par un retard dans l'épiaison, une exertion
paniculaire incomplète, un échec de la fertilisation, une production d’épillets stériles, et un
remplissage partiel des grains (Chang and Oka, 1976).
Les variétés vulgarisées au Niger sont de cycle moyen (autour de 120 JAR) et elles sont
sensibles au froid. Ce qui constitue avec le non respect du calendrier cultural en campagne
d'hivernage, des raisons aux faibles rendements enregistrés sur les Aménagements HydroAgricoles (AHA) (Sido, 1998). Des études ont été conduites pour identifier seulement des
variétés de cycle court parmi le matériel génétique mis à la disposition de l'INRAN par
l’ADRAO. Cependant aucune étude n’a été faite pour sélectionner des variétés à la fois de
cycle court et tolérantes au froid.
L'objectif de cette étude est de tester les meilleurs génotypes identifiés par les programmes
nationaux et l ‘ADRAO pour leur tolérance au froid.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
Description du site
L 'essai a été implanté sur l'AHA de N’Dounga, situé à environ 40 km au sud-est de Niamey.
Il couvre 285 ha et compte 1.085 exploitants. Les coordonnées géographiques du site sont :
13°17’ 49’’N et 2°20’40’’E.
Sols
Les sols sont gris hydromorphes et riches en éléments nutritifs. Le taux de matière organique
varie de moyen à bon. La texture des sols est argileuse sur une profondeur de plus de 1 m et
leur pH est moyennement à très faiblement acide (Guéro, 1995).
Climat
La vallée du fleuve Niger comprise dans le territoire nigérien, s’étale sur une longueur de 550
km entre 15°10’ et 12°40’ de latitude Nord. Cela conduit à de fortes variations des paramètres
climatiques, notamment la pluviométrie qui passe de l'isohyète 400 mm vers AYOROU
(frontière du Mali) à 900 mm dans la région de GAYA (frontière avec le Bénin) (Marlet,
1992).
L'année est divisée en trois grandes saisons :
La saison des pluies ou l'hivernage : Même si quelques pluies sont enregistrées à partir de
mai, la saison pluvieuse ne débute qu’avec la stabilité du régime pluviométrique qui intervient
entre la seconde décade de juin et la première décade de juillet. Elle s’interrompt vers la
deuxième décade de septembre ; les pluies de mois d’octobre sont devenues exceptionnelles.
Après une courte période de transition, les températures et l'humidité relative s’abaissent,
c’est la saison sèche froide.
La saison sèche chaude débute vers la fin du mois de février et se poursuit, avec le relèvement
de l’humidité, jusqu’au début de la saison des pluies (Marlet, 1992).
Températures
Les températures minimales descendent en dessous de 20°C pendant la période
d'expérimentation (novembre - décembre - janvier) (fig. 1). Sous cette condition, la croissance
des cultures d’origine tropicale se trouve ralentie. En revanche, elle est favorable aux cultures
des climats plus tempérés (blé, pomme de terre, cultures maraîchères).
Pendant l'expérimentation, la température moyenne minimale qui était de 17,15°C, a été
enregistrée en décembre. Quant à la température moyenne maximale, elle était de 47,5°C en
Avril (fig. 1).
De mi-mars jusqu'au début de la saison de pluies, les températures maximales prennent des
valeurs supérieures à 40°C, ce qui affecte la performance des cultures de climat tempéré.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
5 0 ,0
T a m ax
T a m in
4 5 ,0
Ta (°C) min, max
4 0 ,0
3 5 ,0
3 0 ,0
2 5 ,0
2 0 ,0
1 5 ,0
JA N V .
FEV .
M AR S
AV R .
M AI
J U IN
J U IL .
AO U T
SEPT
O C T.
N O V .
D EC .
M o is
Fig. 1 : Variation des température minimales et maximales à N’dounga en 2000
(Source : INRAN, 2000)
Humidité relative
Elle est liée aux variations du FIT (Front Inter Tropical)et atteint ses valeurs minimales
pendant les mois de janvier, février et mars tandis que ses valeurs maximales sont enregistrées
pendant la saison de pluies (juillet août et septembre) (fig. 2).
Au cours de la période de mi-février au début avril, la très faible humidité relative (inférieure
à 20% pendant la journée), associée à des vents forts et des températures élevées imposent des
conditions d’aridité très sévère. Celles-ci présentent des incidences importantes sur des
nombreuses cultures (échaudage du blé, stérilité sur le maïs, fléchissement temporaire). La
recherche d’un optimum technique impose une mise en place (semis ou repiquage) précoce
des cultures, avant le début du mois de décembre.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
1 0 0 ,0
R g ( M J /M 2 /J )
9 0 ,0
H r m ax (% )
H r m in ( % )
8 0 ,0
Rg, Hr min, Hr max
7 0 ,0
6 0 ,0
5 0 ,0
4 0 ,0
3 0 ,0
2 0 ,0
1 0 ,0
0 ,0
JA N V .
FEV .
M ARS
AVR.
M AI
J U IN
J U IL .
AOUT
SEPT
O C T.
NOV.
DEC.
M o is
Fig. 2 : Variation des moyennes mensuelles de l’humidité relative (Hr) et du rayonnement
global (Rg) à N’dounga en 2000 (Source : INRAN, 2000)
Durée d’insolation
Elle connaît de faibles variations (fig. 2) sous l'influence de la longueur du jour, de la
présence de poussière dans l'atmosphère à la fin de la saison sèche (à partir de fin Mars-début
Avril) et de la nébulosité pendant la saison humide. Le ciel est généralement très clair au
début de la saison sèche à partir de novembre jusqu'en février,
Vent
Le régime des vents connaît d’importantes variations dans le courant de l'année. Pendant la
saison sèche, le vent dominant est l'harmattan, vent sec de secteur Nord à Nord-Est soufflant
des mois de novembre à mars. De mai jusqu’à la fin de la saison des pluies, les vents de
mousson de secteur sud font remonter l'humidité des régions équatoriales vers le Nord en
fonction de la position du FIT (Front InterTropical) qui atteint sa position extrême au début du
mois d’Août. Les vitesses moyennes (cf. Annexe) marquent un contrast important entre la
saison sèche et celle de pluies. Les vents sont faibles pendant la saison des pluies. Par contre,
entre novembre et juillet, 75% et 25% des vents ont des vitesses moyennes en milieu de
journée supérieures à 3 m/s et à 5 m/s respectivement.
Pluie
On observe depuis 1968, et de façon encore plus marquée depuis le début des années 80, une
importante dégradation de la pluviométrie (Marlet, 1992).
On constate que, pour une année normale, seule la pluviométrie médiane de la troisième
décade de juillet à la seconde décade d’août est du même ordre de grandeur que l’ETP. Lors
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
de périodes anormalement sèches, dont l’occurrence a fortement augmenté avec la
dégradation de la pluviométrie, le déficit hydrique est important, quelque soit la période. Le
recours à l'irrigation dans la vallée du fleuve Niger risque de s’avérer de plus en plus vital
pour la sécurisation des populations rurales.
Les hauteurs pluviométriques annuelles enregistrées sont de 498 mm en 2000 et 405 mm en
2001 (SAA/Kollo).
Evapotranspiration
Sous l’effet des températures et des vents diurnes élevés, et des humidités relatives faibles, la
demande évaporative (de la station climatologique de N’dounga) prend des valeurs
importantes pendant toute la saison sèche (cf. annexe). De novembre à mai,
l'évapotranspiration potentielle calculée selon la formule de Penman prend des valeurs de 7 à
plus de 9 mm/j. Pendant les mois les plus secs, en milieu de journée avec un fort vent
d’harmattan, la demande évaporative doit atteindre des valeurs instantanées considérables.
Pendant la saison pluvieuse, l’ETP est beaucoup plus faible et est de l'ordre de 6 mm/j.
MATERIELS ET METHODES
Le matériel végétal est composé de 18 variétés qui sont :
ITA123 (FKR28) (TOM1-3),
TOX 3049-13-1-2-3-1,
TOX 3058-41-1-1,
TOX 3090 -135-1-3-2-2,
TOX 3100-32-2-1-3-5 (WITA 3),
TOX 3100-44-1-2-3-3 (WITA 4),
TOX 3872-15-1-3-3,
TOX 728-1 (FKR 19),
IR 1529-680-3 (témoin)
32 XAN 5C,
BR 153-2B-37-1-3,
DJ 684-D,
IR 13240-108-2-2-3,
IR 28128-45-2,
IR 31785-58-1-2-3-31,
IR 31851-96-2-3-2-1,
IR 39357-133-3-2-2-2,
IR 3941-86-2-2-1,
Le dispositif expérimental utilisé est un bloc de Fischer à trois répétitions. Le repiquage a été
effectué à raison de trois brins par poquet aux écartements de 0,20 m x 0,20 m. La parcelle
élémentaire est de 15 m² (3 m x 5 m). En ce qui concerne la fertilisation, 200 kg/ha d’engrais
composé NPK (15-15-15) ont été apportés une semaine après le repiquage tandis que
400kg/ha d’urée ont été apportés en deux épandages : 200 kg/ha au début du tallage et 200
kg/ha à l’initiation paniculaire. Deux désherbages manuels ont été réalisés. Au moment de la
récolte, une ligne de chaque bordure a été éliminée pour estimer le rendement parcellaire.
Les observations et les données recueillies sont :
• Les dates des opérations culturales (de la pépinière à la récolte) ;
• La température de l’eau et de l’air de la pépinière à la maturité ;
• 50% floraison (SES/IRRI) ;
• Hauteur des plants (SES/IRRI) ;
• Nombre de panicules /m² ;
• Acceptabilité phénotypique (SES/IRRI) ;
• Rendement grain à 14% d’humidité ;
• Exertion paniculaire (SES/IRRI) ;
• Stérilité (SES/IRRI) ;
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• Poids de 1000 grains ;
• Vigueur des plantules (SES/IRRI) ;
• Germination sous condition froide ;
• Pyriculariose (SES/IRRI) ;
• RYMV (SES/IRRI) à 21, 42 et 63 JAR ;
• Données climatiques (vitesse du vent, radiation solaire, humidité relative, température de
l'air, Evapotranspiration potentiel).
Le logiciel SAS a été utilisé pour le traitement statistique des données ; l’analyse de variance
et le test de Duncan au seuil α = 5% ont été choisis.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Sur le plan agronomique, les rendements grains obtenus ont été relativement faibles par
rapport au potentiel des variétés testées (tableau I et fig. 3).
L’analyse de variance des caractéristiques agronomiques a révélé des différences
significatives entre les variétés testées (tableau I). A N’Dounga, les rendements moyens ont
varié de 3.624 kg/ha (BR153-2B-37-1-3) à 5.966 kg/ha (IR31851-96-2-3-2-1) avec un CV de
7 %( tableau I). Le test de Duncan a permis de distinguer trois groupes de variétés.
Un premier groupe qui est constitué des variétés les plus productives avec des rendements
supérieurs à 5.000 kg/ha. Il s’agit de IR31851-96-2-3-2-1, IR39357-133-3-2-2-2, IR 3941-862-2-1, IR13240-108-2-2-3, IR28128-45-2, IR1529-680-3, TOX728-1 (FKR19) et TOX 305841-1-1.
Le deuxième groupe est constitué des variétés ayant des rendements compris entre 4.000 et
5.000 kg/ha, Il s’agit de DJ 684-D, ITA 123 (FKR 28) (TOM 1-3) , TOX 3049-13-1-2-3-1,
TOX 3090-135-1-3-2-2, TOX 3100-32-2-1-3-5 (WITA 3), TOX 3100-44-1-2-3-3 (WITA
4) et IR 31785-58-1-2-3-3.
Le troisième groupe est représenté par les variétés dont les rendements sont inférieurs à 4.000
kg/ha. Il s’agit 32XAN5C, TOX 3872 15-1-3-3 et BR 153-2B-37-1-3.
En ce qui concerne le nombre de panicules/m², le test de Duncan relève l'existence d'une
différence significative entre les variétés. Ce nombre varie de 339 à 518. Pour le cycle à 50%
floraison, il apparaît une différence significative entre les variétés, ce qui permet de reclasser
les variétés en deux groupes (cycle court et cycle moyen). Toutefois, le cycle à 50% floraison
le plus court, est de 91 jours et celui le plus long est de 110 jours. Ils s’observent
respectivement pour la IR31785-58-1-2-3-3 et la IR1529. Le test de Duncan fait apparaître
également des différences significatives entre les variétés testées, en ce concerne la hauteur,
le poids de 1.000 grains et le taux de stérilité.
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19
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Tableau I : Caractéristiques agronomiques des variétés testées (N’Dounga, SS2000-2001)
50 %
Hauteur
Nbr de
RendeStérilité
Poids de 1000
florais (cm)
panicule/ ment
(%)
grains (g)
on
m²
(kg/ha)
(Jours)
IR 31851-96-2-3-2-1
95de
100 abcd
469 bc
5.966 a
15,95 def
22,29 cdefg
IR 39357-133-3-2-2-2
94def 92,66 ef
386 gh
5.951 a
16,0 def
21,99 defg
IR 3941-86-2-2-1
93f
96,66 bcde 507 a
5.723 ab
19,35 bcd 22,33 cdefg
IR 13240-108-2-2-3
95de
96 bcde
450cd
5.460 abc
13 fg
23,14 bcde
IR 28128-45-2
94def 89,66 fg
429def
5.449 abc
9,66 g
23,91 abc
IR1529-680-3*
110a
96 bcde
518 a
5.382 abcd 17,5 cde
21 gh
TOX 728-1 (FKR 19)
96cd
103,6 a
406 fg
5.230 bcde 16,7 cdef
21,14 gh
TOX 3058-41-1-1
95de
101 ab
388 gh
5.037 bcde 17,4 cde
23,58 bcd
ITA 123 (FKR 28) (TOM 1-3)
96cd
97 bcde
364 hi
4.945 cde
27,47 a
18,91 i
TOX 3049-13-1-2-3-1
97bc
86,66g
339 i
4.824 cde
17,9 cde
24,29 ab
TOX 3090-135-1-3-2-2
96cd
95,33 cde
363 hi
4.795 cde
13,8 ef
21,35 gh
TOX 3100-32-2-1-3-5 (WITA 3) 97bc
94,66 def
410 efg 4.704 def
21 bc
22,63 bcdefg
DJ 684-D
97bc
93 ef
460 cd
4.654 ef
18 cde
21,42 fgh
TOX 3100-44-1-2-3-3 (WITA 4) 95de
98 bcd
429 def 4.535 efg
18,7 bcd
23 bcdef
IR 31785-58-1-2-3-3
91g
97,33 bcde 340i
4.089 fgh
15 def
25,48 a
32XAN5C
96cd
78,66 h
446 cde 3.906 hg
18,6 bcd
20,29 hi
TOX 3872 15-1-3-3
94ef
100,66 abc 381 gh
3.760 h
22,6 b
21,7 efgh
BR 153-2B-37-1-3
98b
86,66 g
502 ab
3.624 h
15,54 def
21,31 gh
CV %
2
3
5
7,5
12
4,48
LSD
1,75
4,73
34,42
617,4
3,7
1,68
NB : Toutes les moyennes suivies de mêmes lettres ne sont pas significativement différentes au seuil de 5 %
* témoin
5000
4000
3000
IR1529
TOX 728-1 (FKR 19)
TOX 3872 15-1-3-3
TOX 3100-44-1-2-3-3 (WITA 4)
TOX 3100-32-2-1-3-5 (WITA 3)
TOX 3090-135-1-3-2-2
TOX 3058-41-1-1
TOX 3049-13-1-2-3-1
ITA 123 (FKR 28) (TOM 1-3)
IR 3941-86-2-2-1
IR 39357-133-3-2-2-2
IR 31851-96-2-3-2-1
IR 31785-58-1-2-3-3
IR 28128-45-2
IR 13240-108-2-2-3
DJ 684-D
BR 153-2B-37-1-3
32XAN5C
0
1000
2000
Rendements(kg/ha)
6000
7000
Variétés
V a r ié té s
Fig. 3 : Variation des rendements des variétés testées
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
20
Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
Enfin, la note d’acceptabilité phénotypique (note 1 selon l’échelle de notation SES de l ’IRRI)
(tableau II) montre une bonne adaptation des variétés à l’écosystème malgré les basses
températures enregistrées en décembre 2000 et janvier 2001.
Sur le plan phytosanitaire, aucune variété n’a présenté des signes de sensibilité au virus de la
panachure jaune (RYMV), à la pyriculariose ni à la cécidomyie du riz (tableau II).
Les données du tableau II montrent que les plantules ont été en général vigoureuses (note de
1 à 5) bien qu’on note une excellente vigueur pour les variétés suivantes : R 31785-58-1-2-33, IR 31851-96-2-3-2-1, IR 39357-133-3-2-2-2 et IR 3941-86-2-2-1. En revanche des
plantules moins vigoureuses ont été observés avec la BR 153-2B-37-1-3, TOX 3872 15-1-3-3
et ITA 123 (FKR 28) (TOM 1-3). Les notes enregistrées par variétés testées pour les
paramètres d'exertion paniculaire, varient de 1 à 3 avec une grande dominance de la note 1.
Cela signifie que les variétés ont une bonne exertion paniculaire malgré les basses
températures enregistrées.
Tableau II : Caractères agronomiques des variétés testées (N’Dounga 2000/2001)
Variétés
32XAN5C
BR 153-2B-37-1-3
DJ 684-D
IR 13240-108-2-2-3
IR 28128-45-2
IR 31785-58-1-2-3-3
IR 31851-96-2-3-2-1
IR 39357-133-3-2-2-2
IR 3941-86-2-2-1
ITA 123 (FKR 28) (TOM 1-3)
TOX 3049-13-1-2-3-1
TOX 3058-41-1-1
TOX 3090-135-1-3-2-2
TOX 3100-32-2-1-3-5(WITA 3)
TOX 3100-44-1-2-3-3(WITA 4)
TOX 3872 15-1-3-3
TOX 728-1 (FKR 19)
IR1529-680-3
Vigueur
des
plantules
3
5
3
1
1
5
1
1
1
5
3
3
3
3
3
5
3
3
Exertion Acceptabipanicu- lité phénolaire
typique
1
3
1
1
1
1
1
1
1
3
1
1
1
1
1
5
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Maladies
Cecidomyie
RYMV PYRI
-
-
2
Le coefficient de détermination R = 0,04 et l'équation : Y = 11,683 x + 3.768,5 (fig. 4)
montrent qu'il existe une relation positive faible entre les rendements des variétés testées et
leurs cycles.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
21
Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
7000
6000
Rendement(kg/ha)
5000
4000
3000
2000
1000
0
90
95
100
105
110
115
C ycle à 5 0 % flo raiso n (jo urs)
Fig. 4 : Relation entre le cycle et le rendement des variétés testées
CONCLUSION - PERSPECTIVES
Cinq (5) variétés sont susceptibles de fournir un rendement élevé avec une bonne tolérance
au froid. Il s’agit de IR31851-96-2-3-2-1, IR39357-133-3-2-2-2, IR3941-86-2-2-1, IR13240108-2-2-3 et IR28128-45-2. Les rendements observés avec ces variétés sont nettement
supérieurs à ceux des variétés vulgarisées. Ces cinq variétés sont de cycle court et répondent
favorablement à la préoccupation du riziculteur nigérien confronté à un calendrier cultural
rendu exigu avec la pratique de la double campagne rizicole. Les basses températures n’ont
pas freiné le développement végétatif de ces variétés sélectionnées qui présentaient des
plantules vigoureuses, une excellente exertion paniculaire et un bon remplissage des
panicules. Les variétés retenues peuvent passer en essais multilocaux sur 5 sites déjà
identifiés qui sont confrontés à la contrainte froid.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Chang, T. T. and Oka, M. H. I. 1976 Genetic variousness in hte climatic adaptation of rice
cultivars, Pages 89-111 in International Rice Research Institute, Climate and Rice, Los
Banos, Philippines.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
22
Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
Guéro, Y. 1995 Utilisation des engrais en milieu paysan, Module 6 du Volet Pédologie sur la
formation des Directeurs de Périmètres, Institut International du Management de
l'Irrigation (IIMI).
INRAN, 2000 Données climatiques à la station de Ndounga (Kollo), Bioclimatologie
DRE/CERRA- Niamey.
INRAN, 2001 Données climatiques à la station de Ndounga (Kollo), Bioclimatologie
DRE/CERRA- Niamey.
Marlet, S. 1992 Mise en valeur des terrasses du fleuve Niger sous irrigation, Synthèse du
programme recherche-développement des périmètres de LOSSA et SONA (Niger),
Institut National de Recherches Agronomique du Niger (INRAN), Institut de
Recherche Agronomique Tropicales (CIRAD).
Sido, A. 1998 Rapport sur la production de riz au Niger, INRAN, Kollo, 21p.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
23
Criblage pour la résistance au froid – SIDO, Y. A. et AL.
ANNEXE
Moyennes mensuelles des données climatiques sur le site de recherche INRAN de
N'DOUNGA (Kollo) BIOCLIMATOLOGIE DRE/CERRA- Niamey/INRAN, An 2000.
Mois
JANV.
FEV.
MARS
AVR.
MAI
JUIN
JUIL.
AOUT
SEPT.
OCT.
NOV.
DEC.
Rg
(MJ/m
2/j)
18,7
20,7
23,0
23,6
23,2
22,0
20,5
20,0
21,4
21,0
19,0
18,1
Ta(°C)
Maxi Mini
moy
Hr(%)
Vit(m/s)
ETP
Maxi Mini Moy. Max. Min. Moy (mm/j)
36,1
44,6
43,8
49,2
45,6
42,9
38,8
37,7
39,1
43,3
45,5
35,9
27,1
36,7
33,4
37,0
38,2
35,6
31,7
30,6
31,6
32,9
31,0
26,3
28
29
32
32
54
76
89
93
90
75
55
37
18,8
25,5
23,9
26,6
30,2
29,0
25,7
24,8
25,6
24,7
20,5
18,0
10
7
6
8
15
32
44
51
43
24
9
11
17
15
15
17
34
53
67
74
68
48
28
22
6,0
5,2
5,4
5,2
5,4
5,3
5,1
4,0
3,3
2,9
2,9
4,3
1,2
0,6
0,7
0,6
0,8
1,1
1,3
0,8
0,6
0,5
0,4
0,5
3,2
2,6
2,5
2,4
2,8
3,0
2,8
2,1
1,8
1,5
1,3
2,1
8,7
9,2
11,2
11,4
10,2
8,9
7,3
6,4
7,0
7,8
8,1
8,1
Moyennes mensuelles des données climatiques sur le site de recherche INRAN de
N'DOUNGA (Kollo) BIOCLIMATOLOGIE DRE/CERRA-Niamey/INRAN, An 2001.
Mois
JANV.
FEV.
MARS
AVR.
MAI
JUIN
JUIL.
AOUT
SEPT.
OCT.
NOV.
DEC.
Rg
(MJ/m
2/j)
18,3
21,3
22,0
22,0
21,9
21,2
19,8
18,2
20,0
19,4
20,6
19,1
Actes du 4Rs 2002
Ta(,c)
Max.
35,0
45,9
44,7
40,6
36,9
35,5
36,6
38,4
38,4
34,0
Hr(%)
Min.
17,2
28,7
29,3
27,3
25,8
25,1
23,8
25,7
18,7
16,3
Moy.
25,2
36,7
36,2
33,7
30,9
29,7
29,8
31,8
28,1
24,7
Max.
35
30
41
60
73
85
97
91
86
57
36
Min.
11
7
10
19
32
46
64
49
38
13
12
Vit(m/s)
Moy.
21
15
23
38
52
66
82
72
62
31
22
Sélection et agronomie du riz
Max.
4,4
4,7
4,6
4,8
4,9
6,1
5,6
4,4
3,5
3,5
4,2
5,5
Min.
0,8
0,7
0,6
0,6
0,9
1,4
1,4
0,7
0,6
0,4
0,4
0,6
ETP
(mm)
Moy.
2,3
2,3
2,1
2,3
2,7
3,3
3,1
2,2
1,8
1,6
1,8
2,6
8,1
9,6
8,7
7,2
5,2
5,9
6,7
8,3
8,7
24
Sélection pour la tolérance à la sécheresse et la qualité des grains – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
SELECTION DES VARIETES ET DES LIGNEES DE RIZ
ISSUES DE CROISEMENTS O. SATIVA X O. GLABERRIMA
POUR LA TOLERANCE A LA SECHERESSE ET LA
QUALITE DE GRAINS
DOGBE. S. Y. et ABOA. K.
Institut Togolais de Recherche Agronomique. B.P 1163 Lomé Togo
Résumé :
Les rendements de la culture du riz pluvial ont été très souvent péjorés par des périodes de
sécheresse qui peuvent survenir à tout moment du cycle de la plante durant la saison normale
de culture. Ainsi, beaucoup de paysans qui se situent dans ces conditions de culture sont
demandeurs de variétés tolérantes à ce stress. Cette contrainte identifiée comme l’une des plus
importantes au niveau de l’ADRAO et des Groupes d’Action Amélioration variétale a fait
l’objet de plusieurs travaux de sélection. Plusieurs méthodologies de criblage ont été utilisées.
Ce qui a permis d’identifier une gamme de variétés qui ont fait montre de divers degrés de
tolérance à la sécheresse. Compte tenu de l’urgence de la situation au Togo, notre étude s’est
inspirée de certains travaux déjà réalisés en apportant une amélioration à la technique de
criblage afin d’identifier rapidement des variétés intéressantes utilisables par les paysans.
C’est ainsi qu’il a été expérimenté la méthode de semis échelonnés associée à la sélection
variétale participative pour cribler des hybrides interspécifiques tolérantes à la sécheresse,
ayant une bonne productivité et possédant des grains de qualité. L’analyse des données
recueillies a permis de sélectionner 4 variétés intéressantes qui ont obtenu les meilleures notes
de préférence des paysans producteurs de riz.
INTRODUCTION
La culture du riz en condition pluviale est souvent soumise à divers degrés et durées de
sécheresse durant le cycle de la plante. Cette situation pénalise fortement la production et est
parfois à l’origine de la perte totale de la culture. Les études en vue d’évaluer le germplasme
pour la résistance à la sécheresse et d’élucider les différences variétales sur la base des
mécanismes physiologiques ont permis de mettre en évidence quelques caractéristiques de la
plante qui sont :
-
la capacité de continuer à croître et à se développer sous des conditions de déficit en
eau des tissus (tolérance) ;
la capacité de compléter le cycle pendant des périodes où l'apport en eau est
satisfaisant (esquive) ;
la capacité de survivre à une sécheresse en limitant la consommation en eau pour
éviter un déficit des tissus (préservation de l'eau) ;
la capacité à maximiser l'usage de l'eau disponible dans l'environnement (captage) ;
la capacité à reprendre la croissance après une sécheresse.
Dans les conditions du Togo, la sécheresse est caractérisée par ses apparitions spontanées au
cours de la saison de culture. Cette situation d'aléas hydriques et la déforestation des zones
propices à la culture du riz pluvial ont des répercussions néfastes sur la production nationale
du riz surtout quand la période de sécheresse intervient en phase de floraison de la plante.
Depuis 1991, le programme d'amélioration variétale de l'ADRAO a entrepris une série de
croisements interspécifiques. Dans ce programme, la sélection pour la résistance à la
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
25
Sélection pour la tolérance à la sécheresse et la qualité des grains – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
sécheresse est un des objectifs prioritaires. La méthodologie utilisée est le criblage au champ
en contre saison et les évaluations en serre en saison normale de culture, en soumettant les
plantes à une gamme étendue de stress hydriques. Cette approche a permis d’identifier
plusieurs lignées qui ont été classées en différentes séries suivant leur degré de tolérance à la
sécheresse. Ces différentes lignées ont été évaluées au niveau des systèmes nationaux de
recherche agricole (SNRA).
Les méthodologies de criblage adoptées diffèrent suivant les pays. Ainsi au Bénin, c’est la
technique de criblage à travers une topo-séquence qui a été utilisée. Cette technique est
focalisée sur le mécanisme d’ajustement stomacal de la plante pour tolérer le stresse hydrique.
Au Burkina Faso, les chercheurs ont tablé sur la surface des feuilles fanées et ont examiné le
nombre de racines, la longueur et la densité racinaire avant et après les périodes de sécheresse.
Au niveau du Réseau riz du Coraf, il a été utilisé la méthode de suivi du développement
racinaire en relation avec la résistance à la sécheresse par injection d’herbicide systémique à
différents niveaux de profondeur du sol. D’autres pays ont adopté la méthode de criblage au
champ durant la saison de culture en installant les essais sur des sites à problème (hot spots).
Tous ces travaux ont permis d’identifier plusieurs lignées prometteuses tolérantes à la
sécheresse dans les différents pays. La présente étude a pour but d’exploiter les résultats qui
avaient été obtenus en se focalisant sur les hybrides interspécifiques qui d’une part, ont la
capacité de concurrencer les adventices et d’autre part, possèdent des grains de qualité. Son
originalité réside dans l’utilisation de la méthode de semis échelonnés au champ associée au
processus de sélection variétale participative.
MATERIEL ET METHODES
Les évaluations ont été réalisées en 2000 et en 2001.
En 2000 (année 1), l'expérimentation a été faite à la station de recherche de l’Adeta en zone
de savane arborée. Trente (30) lignées ou variétés issues de croisements O. sativa x O.
glaberrima ont été mises en place selon la méthode de semis à deux dates. La première date
de semis a été le 11 juillet 2000 et la seconde le 26 juillet 2000. Chaque lignée a été semée sur
5 rangées de 5 m à la densité de 25 cm x 20 cm avec démariage à 1 plant. Deux témoins de
référence pour la sensibilité à la sécheresse. IR 28 ( cycle court) et IR 841, ont été placés
après chaque groupe de cinq (5) lignées. La fertilisation apportée est de 200 kg/ha de 15-1515 à 21 jours après le semis et 100 kg/ha d’urée à la montaison. Durant le cycle de la plante,
les notations effectuées ont porté sur la vigueur à la levée, la résistance à la sécheresse en
phase végétative et en phase reproductive, la capacité de reprise, l’aptitude au remplissage des
grains, le cycle et les caractéristiques agronomiques générales.
En 2001 (année 2), onze (11) variétés sélectionnées sur la base de leur performance et de la
qualité de grains, ont été mises en essai comparatif dans un dispositif en blocs randomisés à 4
répétitions en milieu réel. A ce stade, les observations ont été focalisées essentiellement sur le
rendement, les principales caractéristiques agronomiques et la prise en compte des
appréciations de 65 paysans qui ont effectué deux passages dans l’essai (stade épiaisonfloraison et stade maturité.
RESULTATS ET DISCUSSION
En première année, les séries de creux de sécheresse intervenues durant les cycles des plantes
ont permis d'apprécier les comportements des lignées. A la première date de semis du 11
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
26
Sélection pour la tolérance à la sécheresse et la qualité des grains – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
juillet, il s'est dégagé onze (11) lignées qui ont pu atteindre plus de 1.200 kg/ha de rendement
(tableau I). Parmi elles, sept (7) ont fait montre d'une bonne capacité de remplissage de grains
(plus de 60% de grains bien remplis). Ce sont : WAB 488-226-2, WAB 638-5-A56, WAB
668-B-5A1-1, WAB 706-3-K2-KB, WAB 706-3-K3-K1, TGR 94 et TGR 68. Au sein de ces
lignées, on a dénombré une seule aromatique (WAB 668-B-5A1-1).
Tableau I : Comportement des lignées au semis du 11 juillet 2000 à la station d’Adéta
NOS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Variétés
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P50-HB
WAB 450 - 1-B-P-135-HB
WAB 450 - 1-B-P-138-HB
WAB 470 - B-A13
WAB 488 - 121-4
WAB 488 - 158-1
WAB 488 - 226-2
WAB 492 - 135 -3
WAB 619 - B -27 A1 -5
WAB 638 - 5 - A56
WAB 668 -B - 5 A1 -1
WAB 668 -B - 5 A2 -2
WAB 706 - 3 - K2 -KB
WAB 706 - 3 - K 3 -K1
WAB 915 - 2A1 -1
WAB 95 - 2 - HB
WAB 706 - 9 - 3 - B -B
WAB 707 - 15-2-B-B
WAB 711 - 78 -5 -B -B
WAB 711 - 79 -5 -B -B
WAB 722 - 8 -2 -B -B
WAB 723 -9 -3 -B -B
WAB 249 - B-B-B-6-H3-1
WAB 450 - 1-B-P-157-2-1
WAB 570 - 35-53
WAB 96- 5-1
WAB 963 -3A1-1
TGR 94
TGR 68
Vig RSPV
(1-9) (1-9)
1
3
3
3
1
1
1
3
1
3
3
3
3
1
3
3
3
1
1
1
3
3
1
3
3
3
3
3
3
3
1
3
3
3
1
3
3
3
1
1
3
1
1
1
3
1
1
1
3
3
3
3
1
1
1
3
1
1
1
1
RSPR Cap.
(1-9) Rep
(1-9)
6
1
6
3
3
3
6
1
3
3
6
6
6
3
3
3
6
3
6
6
3
3
6
6
3
6
3
3
6
3
3
6
3
3
6
3
6
3
6
6
6
3
3
3
3
3
6
6
6
8
3
1
6
3
6
3
3
3
3
1
APRG Cycle Talles/ pan/
(1-9) (j)
poqt
poqt
9
6
6
6
9
3
3
3
3
6
1
1
6
1
1
6
9
3
6
9
6
6
6
6
6
6
6
9
1
1
127
124
124
129
133
130
128
130
137
129
128
134
126
118
115
129
126
133
129
124
136
137
129
134
128
133
128
126
107
110
5,2
4,7
4,63
4,86
5,17
6,1
4,87
4,24
4,67
6,17
5,43
6,25
5,48
6,03
5,17
7,02
6,34
7,12
6,84
5,94
4,36
4,54
4,21
5,17
6,04
5,27
4,48
5,27
4,37
6,18
3,8
4,17
3,33
3,27
4
4,21
3,46
3,12
3,2
4,15
4,4
4,8
3,2
4,4
4
5
4,8
5
4,8
4,4
3,2
3
3
3,2
4,4
3
3,2
3,2
2,4
5
Haut
(cm)
%
grains
pleins
58,2 29,32
62,4 34,5
64
43,6
64,4 34,5
65,2 28,63
83,4 76,78
76,6 60,17
86,2 72,31
75
69,56
7660 37,73
78,2 84,93
85,4 76,69
74,6 51,97
76,6 96,69
84,2 82,6
78,4 58,91
67,35 29,38
65
65,9
74,2 36,43
70,4 20,6
71,8 41,37
62,6 36,25
65,1 61,14
67,2 47,17
49
32,3
85,4 53,34
85
45,5
63,2 16,67
85,8 76,86
88,2 89,32
Qual. Rdt
grain kg/ha
L.A.
L.A.
A.
N.A.
N.A.
L.A.
N.A.
N.A.
N.A.
N.A.
N.A.
A.
N.A.
N.A.
N.A.
L.A.
N.A.
N.A.
L.A.
L.A.
N.A.
N.A.
L.A.
L.A.
N.A.
L.A.
L.A.
L.A.
L.A.
L.A.
Au second semis du 26 juillet, il n'est resté que quatre lignées qui ont maintenu leur niveau de
production. Sept (7) lignées ont complètement disparu sous l'effet des sécheresses successives
(tableau II).
Globalement, les comportements des lignées testées ont montré que certaines parmi elles, sans
être exactement les idéotypes recherchés, possèdent des caractéristiques intéressantes, qui
pourront être exploitées dans des programmes de création variétale. Notre méthodologie qui
combine la prise en compte de "points chauds" (hot spots) et le semis échelonné s’apparente à
peu près à celle qui avait été développée par l’ADRAO, à la différence que nous nous sommes
plus focalisés sur les variétés qui associent la tolérance à la sécheresse et la productivité
élevée afin d’avoir du matériel directement utilisable par les paysans. Les caractéristiques
que nous avons prises en compte sont presque semblables à celles qui l’avaient été par les
chercheurs de l’ADRAO à la différence qu’ils avaient également considéré la capacité
d’enroulement des feuilles, leur teneur en chlorophylle, la densité stomacale et le taux de
photosynthèse comme des caractères d’adaptation à la sécheresse (WARDA. 1999).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
27
100
100
100
100
100
150
400
1.200
550
1.200
1.600
1.300
1.000
1.450
1.800
300
300
400
400
400
200
50
500
700
50
1.300
900
600
1.200
1.400
Sélection pour la tolérance à la sécheresse et la qualité des grains – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
Tableau II : Comportement des lignées au semis du 27 juillet 2000 Station d’Adéta
NOS
Variétés
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
25
26
27
28
29
30
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P50-HB
WAB 450 - 1-B-P-135-HB
WAB 450 - 1-B-P-138-HB
WAB 470 - B-A13
WAB 488 - 121-4
WAB 488 - 158-1
WAB 488 - 226-2
WAB 492 - 135 -3
WAB 619 - B -27 A1 -5
WAB 638 - 5 - A56
WAB 668 -B - 5 A1 -1
WAB 668 -B - 5 A2 -2
WAB 706 - 3 - K2 -KB
WAB 706 - 3 - K 3 -K1
WAB 915 - 2A1 -1
WAB 95 - 2 - HB
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
WAB 450 - 11-1-1-P40-HB
Vig. RSPV RSPR Cap. APRG
(1-9) (1-9) (1-9) Rep (1-9)
(1-9)
1
1
6
1
9
1
1
3
3
9
3
3
3
3
6
3
1
6
1
6
1
1
3
6
9
1
1
3
3
9
1
1
3
3
9
1
1
3
6
9
1
1
6
6
9
1
1
3
3
9
1
1
3
6
6
1
1
6
6
6
1
1
6
3
3
1
3
3
3
3
1
1
6
6
3
3
3
3
6
9
3
1
3
3
6
1
3
3
3
6
1
1
6
6
9
1
3
3
6
6
1
1
3
3
6
3
1
3
3
9
1
1
3
3
6
Cycle Talles/ pan./
Haut
(j)
poquet poquet (cm)
129
126
126
131
134
135
127
129
131
134
128
132
126
119
113
124
130
129
131
130
128
127
129
6,12
4,74
5,1
4,84
5,06
6,17
7,24
7,03
4,94
5,94
4,97
637
5,82
6,13
7,44
6,54
5,87
5,24
6,27
5,54
6,17
4,97
6,24
4,4
2,8
3,2
2,8
3,2
4,4
2,8
3,2
2,8
4,4
3,2
4,4
3,2
3,2
4,4
4,8
3,2
3,2
4,4
2,8
4,4
2,8
4,4
63,80
65,20
66,80
70,25
61,40
73,00
76,50
79,10
74,10
70,80
81,30
80,50
64,70
71,30
59,90
64,70
59,85
63,7
70,1
74,2
69,3
70,2
59,6
%
grains
pleins
21,24
24,37
52,34
36,17
28,58
15,52
30,04
27,12
19,74
50,06
61,37
76,39
86,87
90,77
64,68
24,35
93,42
54,17
34,44
80,9
43,55
32,25
75,29
Qlté
grains
prés A
L.A.
L.A.
A.
N.A.
N.A.
L.A.
N.A.
N.A.
N.A.
N.A.
N.A.
A.
N.A.
N.A.
N.A.
L.A.
N.A.
N.A.
L.A.
L.A.
L.A.
L.A.
L.A.
L’analyse des résultats de la deuxième année a montré une différence significative entre les
lignées. Les critères pris en compte en priorité par les paysans ont été : la taille, le tallage,
l’homogénéité, la densité des panicules, la longueur, le format, et l’arôme des grains. En
croisant la note d’acceptabilité des paysans avec le rendement des lignées, il est apparu que
les lignées qui sont en tête des préférences sont celles qui ont également les meilleurs
rendements (tableau III). Deux lignées. WAB 668-B-5A1-1 et WAB 570-35-53 ont été
préférées par les 65 paysans sélectionneurs. Bien que la sélection des lignées pour la
résistance à la sécheresse soit assez complexe, la méthodologie que nous avons expérimentée
avec la participation des paysans a permis d’identifier quatre nouvelles lignées intéressantes
(note de préférence 1 à 3).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
28
Rendt.
kg/ha
100
100
350
150
100
50
100
100
50
200
800
1.400
1.500
1.300
1.100
100
1.000
500
100
700
300
100
600
Sélection pour la tolérance à la sécheresse et la qualité des grains – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
Tableau III : Performance des lignées sélectionnées et appréciations des paysans
Lignées
WAB 450-1-B-P-135 HB
Rendement
(kg/ha)
2370
WAB 450-1-B-P-138 HB
2160
WAB 488-226-2
2585
WAB 638-5-A56
WAB 619-B-27-A1-5
WAB 668-B-5A1-1
2295
2225
3400
WAB 668-B-5A2-2
WAB 706-3-K2-KB
WAB 706-3-K3-K1
WAB 570-35-53
3575
2545
2865
3500
TGR 94
TGR 68
3135
2950
Moyenne
Ppds 5%
Ppds 1%
Cv
365
496
12%
Appréciations des paysans (n=65)
Taille moyenne, tallage faible, panicules
moyennement chargées, grains moyens barbus,
aromatiques.
Taille moyenne, tallage modéré, population
hétérogène.
Taille moyenne à haute, panicules chargées,
grains longs.
Population hétérogène, cycle long.
Population hétérogène, cycle long.
Taille moyenne, panicules chargées, grains
longs et minces.
Taille moyenne, grains hétérogène.
Taille moyenne, grains longs.
Taille moyenne, grains longs.
Taille haute, tallage modéré, panicules très
chargées, grains longs.
Taille moyenne, grains longs, précoce.
Taille moyenne, tallage modéré, panicules
chargées.
Note
Préférence
5
5
3
5
5
1
3
5
5
1
3
3
2800
Note : 1 = très bien ; 2 = bien ; 5 = passable
CONCLUSION
La sécheresse constitue l’une des contraintes majeures à la production du riz en condition
pluviale de plateau dans les zones de forêt et de savane humide. La sélection des plantes
pouvant tamponner cet aléa climatique fait appel à des mécanismes physiologiques.
phénologiques et morphologiques assez complexes. Notre étude constitue un apport pratique à
l’identification des nouveaux hybrides interspécifiques intéressants qui peuvent être
directement utilisées par les paysans. Elle a consisté à identifier les variétés intéressantes
parmi le nouveau matériel mis au point par l’ADRAO. La recherche de variétés de riz
résistantes à la sécheresse s’avère donc une opération continue qui demande des actions
complémentaires venant de plusieurs disciplines et beaucoup d’investissements. Le criblage et
l’évaluation quantitative pour la tolérance à la sécheresse par la méthode des QTL
(Quantitative Trait Locus analysis) amorcée par l’ ADRAO constitue un espoir pour une
identification des gènes responsables de la tolérance à la sécheresse. Elle permettra
d’accélérer le processus d’identification des variétés tolérantes.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WARDA, 1999 Annual Report. West Africa Rice Research Association 01 BP. 2551 Bouaké.
Côte d’Ivoire, Page 13.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
29
Compétitivité des hybrides avec les adventices en riziculture de bas-fonds – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
EVALUATION DES HYBRIDES INTER ET INTRA
SPECIFIQUES POUR LA COMPETITIVITE AVEC LES
ADVENTICES EN RIZICULTURE DE BAS-FOND
DOGBE, S. Y. et ABOA, A.
Institut Togolais de Recherche Agronomique, B P. 1163 Lomé. Togo
Résumé :
Les mauvaises herbes constituent un problème important qui freine l’intensification de la
riziculture de bas-fond. La baisse de rendement du riz due à l’enherbement est à l’origine de
la culture itinérante dans les bas-fonds. Le Programme de sélection de l’ADRAO a orienté
ses travaux vers la création de variétés capables d’inhiber la croissance des adventices.
Certaines de ces variétés ont été évaluées pendant deux ans en vue de dégager celles qui sont
capables de réduire la pression des adventices. L’étude a été focalisée sur l’évaluation de la
biomasse des adventices après les sarclages des parcelles de riz au 21ème et 42ème jours après
le semis. L’analyse des différents paramètres a montré que seules deux variétés se sont
révélées intéressantes du point de vue de la capacité de contrôle des adventices et de la
productivité.
INTRODUCTION
Les potentialités de production de riz dans les bas-fonds sont de plus en plus menacées par la
pression des adventices. On estime que les pertes de rendement dues aux mauvaises herbes
vont au-delà de 40% en condition hydromorphe. Les méthodes de contrôle dont disposent les
paysans sont demeurées rudimentaires. La main d’œuvre pour réaliser ce travail en temps
opportun devient de plus en plus rare à cause de la pénibilité de l’opération. L’emploi des
herbicides est peu répandu pour des raisons financières. Cette situation est à la base des
pertes importantes de rendement du riz voire même de l’abandon de la riziculture dans
certains bas-fonds. Depuis 1992, l’ADRAO (Association pour le Développement de la
Riziculture en Afrique de l’Ouest) a initié un programme de création des variétés qui ont la
capacité d’inhiber la croissance rapide des adventices.
La présente étude réalisée pendant deux ans (2000 et 2001) a pour but d’exploiter le matériel
génétique disponible à l’ADRAO afin d’identifier par une méthodologie simple les variétés
qui possèdent la capacité de réduire la pression des adventices.
MATERIEL ET METHODES
L’expérimentation a été réalisée en 2000 et en 2001 à la station de l’Itra à Adeta, située en
Région de Plateaux Ouest. En 2000, elle a concerné onze (11) variétés (ITA 234, SIK 131,
SIK 49-313-2, SIK 9-164-5-1-3, SIK 9 -184-4-5-4, TOX 3049-13-1-2-3-1, TOX 3241-22-3-31, TOX 3519-2-1-3-3, TOX 4003-40-31-2, WAT 135-B et WAT 1401-13) plus un témoin
(TCA-80). Ces variétés ont été semées dans un dispositif de bloc simple à raison de huit
rangées de 5 m par variété à la densité de 25 cm x 20 cm avec démariage à 2 plants. Les
évaluations effectuées ont trait à la vigueur des plantules 15 jours après semis, aux
dimensions des feuilles 50 jours après semis, au tallage à 90 jours après semis et à la biomasse
des adventices issues de sarclages 21 et 42 jours après semis.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
30
Compétitivité des hybrides avec les adventices en riziculture de bas-fonds – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
Sur la base des résultats obtenus en 2000, l’étude a été conduite en 2001 dans un dispositif en
blocs randomisés à 4 répétitions. Neuf (9) variétés ont été retenues. Les évaluations ont été
centrées essentiellement sur la biomasse sèche des adventices et le rendement.
RESULTATS ET DISCUSSION
L'inventaire des adventices présentes au premier sarclage intervenu 21 jours après le semis, a
permis de dénombrer les espèces suivantes par ordre d'importance : Cynodon dactylon,
Kyllinga erecta, Cyperus sp., Imperata cylindrica. Au deuxième sarclage, à 42 jours après le
semis, il a été identifié, outre les espèces déjà signalées, l'espèce Argeratum conizoïdes. Ces
espèces font partie de celles répertoriées par Smith (1983) dans son étude sur la flore
adventice dans les écosystèmes de riziculture aquatique et portant sur quelques 350 espèces
réparties dans plus de 150 genres. Bien que cette diversité floristique indique un potentiel
considérable d’infestation, seuls les Cyperus
posent un problème d’enherbement
économiquement important.
Les conditions pluviométriques, caractérisées par des séries de creux de sécheresse n'ont pas
été favorables à l'expression des potentialités en rendement des variétés. Celles-ci ont
présenté des cycles plus longs (140 jours). Néanmoins les paramètres mesurés ont permis de
donner des indications utiles pour orienter la sélection.
Au niveau du tallage, les variétés qui se sont révélées les plus prolifiques sont : SIK9-184-45-4 (297 talles/m2), SIK9-164-5-1-3 (282 talles/m2) et TOX 3049-13-1-2-3-1 (253 talles/m2).
En considérant le poids de la biomasse sèche des adventives prélevées sous chaque variété au
premier et au second sarclage, on a noté que les variétés qui ont fait montre d'une meilleure
capacité que le témoin TCA-80 à contrôler la prolifération des adventices sont : SIK9-184-45-4, SIK 131 et TOX 3049-13-1-2-3-1 (tableau I). Globalement, il est apparu qu'il n'y a pas de
variation importante entre la biomasse sèche du premier sarclage et celle du second sarclage.
Tableau I : Caractéristiques des variétés utilisées saison 2000
Variétés
ITA 234
SIK 131
SIK 49-313-2
SIK 9-164-5-1-3
SIK 9-184-4-5-4
TOX 3049-13-1-2-3-1
TOX 3241-22-3-3-1
TOX 3519-2-1-3-3
TOX 4003-40-31-2
WAT 1395-13
WAT 1401-13
TCA-80 (témoin)
JAS : Jours Après Semis
Vigueur 15 JAS
1
3
3
1
1
1
3
3
3
3
3
1
Biomasse des adventices
(kg/parcelle)
21 JAS
42 JAS
0,100
0,150
0,075
0,100
0,100
0,100
0,125
0,100
0,075
0,075
0,900
0,100
0,100
0,100
0,100
0,100
0,150
0,100
0,125
0,175
0,100
0,100
0,175
0,150
Talles/ m2
à 90 JAS
247
241
200
282
297
253
203
197
167
174
162
165
La première année d'expérimentation n'a pas permis de recueillir des données fiables qui
puissent faciliter la sélection des variétés qui répondent aux objectifs de l'étude.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
31
Compétitivité des hybrides avec les adventices en riziculture de bas-fonds – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
Biomasse des adventices
Au premier sarclage, quatre (4) variétés ont présenté une capacité de contrôle des adventices
supérieures ou égale au témoin. Ce sont : ITA 234, TOX 3566-6-1-2-3-1-12, SIK 9-164-5-1-3
et TOX 3241-22-3-3-1. Au second désherbage, seule la variété TOX 3241-22-3-3-1 s’est
située au même niveau que le témoin. En analysant les données des deux entretiens, il est
apparu qu’à part le témoin TCA 80, les variétés qui ont été capables de réduire la pression des
adventices sont : SIK 131, SIK 49-313-2 et T0X 4251-WAT 102-3 (tableau II).
La comparaison de la moyenne du rythme de croissance jusqu’au 30ème jour n’a pas donné
d’indication formelle sur l’influence qu’il peut y avoir sur la concurrence des variétés avec les
adventices (tableau II). Néanmoins. il a été noté que les variétés ITA 234 et SIK 9-164-5-1-3
qui ont présenté une bonne capacité de contrôle des mauvaises herbes, ont eu un rythme de
croissance supérieur à 1 cm. Il a été noté qu’en général, ce sont les dicotylédones qui ont été
les mieux maîtrisées par les variétés entre le21ème et le 42ème jour après semis.
Tableau II :
Influence du rythme de croissance des variétés jusqu’au 30è jour après semis
sur la pression des adventices.
Variétés
ITA 234
SIK 131
SIK 49-313-2
TOX 3566-6-1-2-3-1-12
SIK 9-164-5-1-3
TOX 304-13-1-2-3-1
TOX 3241-22-3-3-1
T0X 4251-WAT 102-3
WAT 1401-13
TCA 80 (Témoin)
Biomasse sèche des
adventices (g/m2)
28,1
46,5
41,5
26
32
46,8
42,5
44,9
49,3
29,3
Rythme au 30e J.
(cm)
1,32
1,3
0,95
0,88
1,36
0,84
0,79
0,85
0,93
0,8
Rendement
L’analyse des rendements a montré une différence significative entre les variétés (tableau III).
Celles qui viennent en tête sont : TOX 304-13-1-2-3-1, SIK 9-164-5-1-3, T0X 4251-WAT
102-3, TOX 3241-22-3-3-1 et ITA 234. En prenant en compte les rendements et les capacités
de concurrence avec les adventices, les variétés qui sont apparues les plus intéressantes sont :
SIK 9-164-5-1-3 et ITA 234 (tableau III).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
32
Compétitivité des hybrides avec les adventices en riziculture de bas-fonds – DOGBE, S. Y. et ABOA, K.
Tableau III : Performance des variétés et autres caractéristiques agronomiques
Variétés
ITA 234
SIK 131
SIK 49-313-2
TOX 3566-6-1-2-3-1-12
SIK 9-164-5-1-3
TOX 304-13-1-2-3-1
TOX 3241-22-3-3-1
T0X 4251-WAT 102-3
WAT 1401-13
TCA 80 (Témoin)
Moyenne
Ppds (5%)
Cv :
Ppds 5%
Rendement
(kg/ha)
2.600
2.233
2.558
1.542
3.220
3.275
2.610
3.020
1.825
2.510
2.538
830
19%
Tallage (Nbre pl/poquet à
90 j)
14
17
15
17
13
14
14
14
15
12
Hauteur (cm)
90
105
96
82
115
82
86
87
116
105
CONCLUSION
Les baisses de rendement consécutives à l’enherbement et l’augmentation des charges de
production due aux opérations de désherbage constituent les aspects importants de l’effet des
adventices sur la productivité du riz dans les conditions hydromorphes. Certaines solutions
telles que l’utilisation des herbicides et les méthodes agronomiques appropriées existent. Mais
la voie de la sélection variétale est aussi importante, car le revenu du paysan limite parfois ses
possibilités d’intervention. La méthodologie utilisée pour évaluer la capacité de certaines
variétés à concurrencer les adventices, bien qu’incomplète a permis d’avoir des résultats
pratiques. Les deux variétés sélectionnées combinent aussi bien un potentiel de rendement
élevée et une bonne capacité de réduire la pression des adventices. Pour l’instant, le contrôle
variétal des adventices n’a fait de réel progrès qu’en riziculture pluviale avec le
développement des hybrides interspécifiques O. sativa x O. glaberrima. Ce type de matériel
n’étant pas disponible pour les conditions de bas-fond, il n’a pas été inclus dans l’étude. Des
efforts restent à faire par les sélectionneurs pour orienter leurs travaux vers les variétés
capables d’inhiber la croissance des mauvaises herbes dans le cas de la riziculture de basfond.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Smith, R. J. 1983 Weeds of major economic importance in rice and yield losses due to weed
competition. Pp. 19-36 In : Conference Proceedings on Weed Control in Rice 31
August - 4 September 1981. International Rice Research Institute and International
Weed Science Society. Manila. Philippines.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
33
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
ETUDE DE L’EFFET DE LA GESTION DES CULTURES SUR
LE RENDEMENT ET LA QUALITE DES GRAINS
DOUMBIA, Y., GUINDO, D. et N’DIAYE, M. K.
Institut d’Economie Rurale – Centre Régional de Recherche Agronomique – Niono, Mali
Résumé :
Le rendement moyen du riz irrigué avoisine 5.500 kg ha-1 . Actuellement une des principales
contraintes de la filière rizicole est la qualité des produits. Cette qualité est affectée par les
techniques de production, de conservation et de traitement du riz. C’est dans ce cadre que
nous avons mené une expérimentation à la station de recherche agronomique de Niono
pendant deux campagnes (2000 et 2001). Cette expérimentation comportait 3 facteurs à
savoir la durée de végétation, la période de drainage et les niveaux de désherbage. A la
récolte, les traitements ont été soumis à trois types de décortiqueuse. A l’issue de ces
expérimentations, les résultats agronomiques sont variables d’une année à l’autre. En
première année, il n’ y a pas eu un effet des traitements sur le rendement du riz. En deuxième
année par contre, le riz récolté 135 jours après semis, désherbé et drainé 15 jours avant
maturité est meilleur que celui récolté après 145 jours non désherbé et drainé à maturité.
Les résultats technologiques montrent que la qualité des grains est influencée aussi bien par la
gestion des cultures que par les décortiqueuses. Cette influence sur le taux d’usinage, la
proportion de grains long et le degré de blanchiment est variable suivant les techniques de
production et les types de décortiqueuse utilisés.
L’obtention des produits de meilleure qualité nécessite la prise en compte de la gestion
technique des cultures et l’utilisation de décortiqueuse adaptée.
Mots clés : qualité, riz, gestion des cultures, grains
INTRODUCTION
L’intensification de la riziculture à l’Office du Niger a permis une amélioration notable de la
production rizicole avec des rendements moyens qui avoisinent 5.500kg ha-1 (Office du Niger,
2000). Cependant la filière rizicole est confrontée à d’autres contraintes liées surtout à
l’écoulement des produits. Les produits obtenus sont souvent de moindre qualité eu égard à la
gestion de la culture et aux caractéristiques de certaines variétés telle que la Kogoni 91-1.
Face aux nouvelles exigences du marché, les paysannes et paysans perdent une partie de leur
revenu à cause de la qualité des grains. La gestion des cultures et les opérations post- récolte
(séchage, stockage, usinage) influent considérablement sur le rendement et la qualité
technologique du grain (Guy et al., 1993 ; Huitink et Siebenmorgen, 1993 ; WARDA, 1994)
Les pertes sont souvent considérables tant au niveau du traitement (post-récolte) que sur le
marché où les prix sont minorés à cause de la dépréciation du grain. Par ailleurs, la
libéralisation de la commercialisation et de la transformation du riz a entraîné une
prolifération de décortiqueuses de tout genre. Cette grande diversité des moyens de
décorticage a entraîné la mise sur le marché des grains de riz de qualité très variable. En effet,
il n’existe aucune norme technique permettant aux acteurs intervenant dans la production
rizicole d’assurer une bonne qualité des grains.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
34
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Actuellement des actions sont entreprises au niveau des structures de développement, des
O.N.G et de la recherche pour prendre en compte les aspects liés à la qualité des grains. C’est
dans ce cadre que se situe la présente étude dont l’objectif global est d’élaborer un mode de
gestion des techniques de production du riz permettant l’obtention de grains de meilleure
qualité.
MATERIEL ET METHODE
Les essais ont été conduits en hivernage 2000 et 2001 sur un sol ferrugineux tropical (Danga)
à la station de Recherche Agronomique de Niono. Le matériel végétal utilisé a été la Kogoni
91-1.
Les traitements étaient constitués par la combinaison des niveaux de trois facteurs dont la
durée du cycle semis-récolte (125 jours, 135 jours et 145 jours), les périodes de drainage (15
jours avant maturité et à maturité) et le niveau de désherbage (parcelles désherbées et non
désherbées). Ainsi, douze traitements ont été comparés.
Le dispositif expérimental utilisé est un bloc de Fisher à 4 répétitions. Les parcelles
élémentaires ont une superficie de 30 m². Les blocs sont séparés par des allées de 1m.
Le Diammonium phosphate (DAP) et le Chlorure de potassium ont été apportés à raison de
100 kg ha-1 au repiquage. L’urée a été apporté à raison de 120 kg ha-1 en deux fractions (60 kg
ha-1 au tallage (18 JAR) et 60 kg ha-1 à l’initiation paniculaire (53 JAR)).
Après le battage, les différents traitements ont été soumis au décorticage par 3 types de
décortiqueuse (décortiqueuse ambulante, à poste fixe et la rizerie expérimentale). Le
rendement au décorticage, le taux de brisure, la blancheur des grains ont été évalués.
Les décortiqueuses à poste fixe sont installées dans des endroits bien déterminés. Les
producteurs acheminent leur riz pour le décorticage. Elles sont équipées d’accessoires
permettant un niveau d’usinage plus poussée.
Par contre les décortiqueuses ambulantes, assez simples, faciles à manipuler vont à la
recherche du riz à décortiquer. Elles sont assez nombreuses et la qualité d’usinage est assez
variable.
La rizerie expérimentale est un appareil de laboratoire qui permet le décorticage du riz. Elle
est de très faible capacité et permet d’obtenir du riz cargo.
L’analyse de variance et de la comparaison des moyennes suivant le test de Newman et Keuls
ont été utilisées.
RESULTATS
Effets des traitements sur le rendements
En première année (2000), les résultats montrent l’effet de la gestion de la culture sur
certaines variables telles que le nombre de talles et la hauteur moyenne (tableaux I et II).
Les variables analysées sont le nombre de talles au m², le nombre de panicules au m², la
hauteur moyenne (cm), le poids paille (kg ha-1) et le rendement en paddy (kg ha-1). Les
coefficients de variation varient de 5,6% pour la hauteur à 16,6 % pour le poids paille (tableau
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
35
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
I). Il n’ a pas été mis en évidence d’interaction entre les facteurs étudiés. Il n’a pas été non
plus mis en évidence d’effet traitement sur les variables panicules au m², poids paille en kg
ha-1 et rendement en paddy en kg ha-1. Le rendement moyen est de 6.504 kg ha-1
Par contre, il y a un effet du facteur désherbage sur les variables talles au m² et la hauteur
moyenne. L’effet niveau de désherbage apparaît sur le nombre de talles au m² et sur la hauteur
moyenne. Avec ces variables, les traitements désherbés ont donné plus de talles et se sont
mieux développés que ceux non désherbés. Au niveau du nombre de panicules au m², du
poids paille et du poids grains, l’effet niveau de désherbage s’estompe. Ce qui pourrait être lié
à la réaction de la variété et au cycle précoce des adventices qui généralement arrivent à
maturité et meurent avant que le riz n’entre dans sa phase de maturation.
Sur la variable talles, il existe un effet significatif de la durée du cycle. Cet effet est peu
indicatif dans la mesure où à ce stade du tallage, toutes les parcelles ont reçu les mêmes
traitements.
En deuxième année (2001), il n’ a pas été mis en évidence d’effet des différents facteurs
étudiés isolément (tableau III). Toutefois, l’interaction entre la durée du cycle, la période de
drainage et le niveau de désherbage est significative pour la variable rendement. Cette
interaction se traduit par le fait qu’avec une durée de cycle de 135 jours, le riz désherbé et
drainé 15 jours avant maturité donne un rendement supérieur au riz non désherbé récolté à
maturité avec une durée du cycle de 145 jours (tableau IV). Les résultats du drainage 15 jours
avant maturité restent conformes aux indications données par l’ADRAO par rapport au
logiciel RIDEV (Dinghun et al.,1995)
Tableau I : Valeurs moyennes des paramètres étudiés à Niono en 2000
Traitements
Facteur1 : Durée de végétation
R1 = 125 jours
R2 = 135 jours
R3 = 145 jours
Facteur 2 : Désherbage
Désherbage
Sans désherbage
Facteur 3 : Gestion eau
G1 : drainé 15 jours avant maturité
G2 :drainé à maturité physiologique
Moyenne
Signification
Facteur 1: : Durée de végétation
Facteur 2 : Désherbage
Facteur 3 : Gestion eau
Interaction F1 x F 2
Interaction F1 x F 3
Interaction F2 x F 3
Interaction F1 x F 2 x F3
CV %
Talles
au m²
Panicules
au m²
Hauteur
(cm)
Poids paille
kg ha-1
Rendement kg
ha-1
272b
291ab
310a
248
250
258
83
83
84
5.191
5.612
5.125
6.309
6.723
6.482
304a
278b
262
242
85a
82b
5.434
5.185
6.728
6.281
296
286
291
258
245
252
84
83
84
5.180
5.439
5.309
6.554
6.455
6.504
S
S
NS
NS
NS
NS
NS
13,7
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
14,2
NS
S
NS
NS
NS
NS
NS
5,6
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
16,6
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
14
Les chiffres affectés par les mêmes lettres sont statistiquement équivalents selon le test de Newman et Keuls.
S : significatif au seuil de 5% ; NS : non significatif
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
36
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Tableau II : Rendements moyens (kg ha-1) sur l’essai gestion des cultures, Niono,
campagne 2000
Durées de
cycle
125 jours
135 jours
145 jours
Traitements désherbés
15 j avant maturité maturité
6.906
6.368
6.943
7.173
6.328
6.649
Moyennes
6.726
Traitements non désherbées
15 j avant maturité maturité
5.906
6.055
6.591
6.186
6.651
6.299
6.730
6.383
6.180
Moyennes
6.309
6.723
6.482
6.504
Tableau III : Valeurs moyennes des paramètres étudiés à Nion en 2001
Traitements
Facteur1 :Durée de végétation
R1 = 125 jours
R2 = 135 jours
R3 = 145 jours
Facteur 2 : Désherbage
Désherbage
Sans désherbage
Facteur 3 : Gestion eau
G1 : drainé 15 jours avant maturité
G2 :drainé à maturité physiologique
Moyenne
Signification
Facteur 1: : Durée de végétation
Facteur 2 : Désherbage
Facteur 3 : Gestion eau
Interaction F1 x F 2
Interaction F1 x F 3
Interaction F2 x F 3
Interaction F1 x F 2 x F3
CV %
Talles
au m²
Panicules au
m²
Hauteur
(cm)
Rend.
kg ha-1
328
312
319
266
255
270
97
96
96
6.407
6.489
6.415
323
316
267
261
96
96
6.542
6.332
314
325
320
258
269
264
96
96
96
6.511
6.363
6.437
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
10, 4
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
8,8
NS
NS
NS
NS
S
NS
NS
2,9
NS
NS
NS
NS
NS
NS
S
8,0
Les chiffres affectés par les mêmes lettres sont statistiquement équivalents selon le test de Newman et Keuls.
S : significatif au seuil de 5% ; NS : non significatif
Tableau IV :
Rendements moyens (kg ha-1 ) des différentes combinaisons à Niono
Durées de végétation
125 jours
135 jours
145 jours
Moyennes
Actes du 4Rs 2002
Traitements Désherbés
15 jours av. mat
maturité
6.592ab
6.240ab
6.895a
6.226ab
6.657ab
6.454ab
6.715
6.307
Sélection et agronomie du riz
Traitements non désherbés
15 jours av mat
maturité
6.239ab
6.555ab
6.166ab
6.658ab
6.702ab
5.848 b
6.369
6.357
37
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Effet des traitements sur la qualité des grains
Les commentaires sont faits sur la seule base des figures 1-9. Une analyse statistique n’a pas
été faite ici.
Effet de la durée du cycle sur le taux d’usinage en fonction des types de décortiqueuse.
L’analyse de la figure 1 montre que le taux d’usinage obtenu après une durée du cycle de 135
jours est relativement plus élevé que les autres quelque soit le type de décortiqueuse. Avec la
décortiqueuse mobile, les durées du cycle de 135 jours et de 145 jours permettent d’avoir un
taux d’usinage d’environ 66% contre 63,5% pour une durée de cycle de 125 jours. Avec la
décortiqueuse à poste fixe, les taux d’usinage pour des durées de végétation de 125 jours et de
145 jours sont d’environ de 60%. Ce taux est de 63% pour une durée du cycle de 135 jours.
Par rapport aux autres décortiqueuses, la rizerie expérimentale donne les taux d’usinage les
plus élevés. Ces taux varient de 71% pour une durée de 145 jours à 74% pour une durée de
135 jours. Ces taux élevés s’expliquent par le fait qu’avec la rizerie expérimentale, le riz
obtenu est le riz cargo alors qu’avec les autres décortiqueuses, on obtient du riz blanchi.
80,0
125 jours
135 jours
145 jours
taux d'usinage (%)
74,0
68,0
62,0
56,0
50,0
Décortiqueuse mobile
décortqueuse à poste fixe
Types de décortiqueuse
Rizerie expérimentale
Fig. 1 : Effet de la durée du cycle sur le taux d'usinage
en fonction des types de décortiqueuse
Effet de la période de drainage sur le taux d’usinage en fonction des types de
décortiqueuse.
L’analyse de la figure 2 montre qu’avec la décortiqueuse mobile et la rizerie expérimentale, le
rendement au décorticage est plus élevé quand le drainage est fait à maturité complète. Par
contre, avec la décortiqueuse à poste fixe, le taux d’usinage est d’environ 62% quelque soit la
période de drainage.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
38
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
80,0
Drainage 15 jours
Drainage à maturité
Taux d'usinage (%)
74,0
68,0
62,0
56,0
50,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 2: Effet de la période de drainage sur le taux d'usinage en
fonction des types de décortiqueuse
Effet des niveaux de désherbage sur le taux d’usinage en fonction des types de
décortiqueuse.
Le niveau d’enherbement semble avoir peu d’effet sur le rendement au décorticage (fig. 3).
Ces valeurs plus faibles avec les décortiqueuses ambulantes et à poste fixe (61 et 64%
respectivement), sont relativement plus élevées avec la rizerie expérimentale (environ 70%).
Effet de la durée du cycle sur le pourcentage de grains longs en fonction des types de
décortiqueuse
Le pourcentage de grains entiers obtenu au décorticage est affecté par la durée du cycle (fig.
4). Ce pourcentage diminue avec l’augmentation de la durée de végétation et cela quelque soit
le type de décortiqueuse utilisée. Sur les décortiqueuses ambulantes et à poste fixe, le
pourcentage varie de 65% pour une durée de 125 jours à environ 45% pour une durée de 145
jours. L’utilisation de la rizerie expérimentale améliore sensiblement le pourcentage de grains
longs pour la durée de 125 jours.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
39
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
80,0
Désherbées
Non désherbées
Taux d'usinage (%)
74,0
68,0
62,0
56,0
50,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 3 : Effet des niveaux de désherbage sur le taux
d'usinage en fonction des types de décortiqueuses
80,0
125 jours
Pourcentage de grains longs
70,0
135 jours
145 jours
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 4 : Effet de la durée de végétation sur le pourcentage de
grains longs en fonction des types de décortiqueuses
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
40
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Effet de la période de drainage sur le pourcentage de grains longs en fonction des types de
décortiqueuse.
La figure 5 montre qu’avec le drainage 15 jours avant maturité, le pourcentage de grains longs
est relativement plus élevé qu’avec le drainage à maturité ; cela avec les décortiqueuses
ambulantes et à poste fixe. Par contre avec la rizerie expérimentale, le pourcentage de grains
longs est plus élevé quand le drainage est fait à maturité complète.
75,0
Pourcentage de grains longs
Drainage 15 jours
Drainage à maturité
65,0
55,0
45,0
35,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 5 : Effet de la période de drainage sur le pourcentage de grains longs
en fonction des types de décortiqueuses
Effet des niveaux de désherbage sur le pourcentage de grains longs en fonction des types de
décortiqueuse.
Le niveau d’enherbement semble avoir un effet sur le pourcentage de grains longs. Cet effet
est variable en fonction des types de décortiqueuse (fig. 6). Avec la décortiqueuse ambulante,
les parcelles désherbées donnent un pourcentage plus élevé (56,5%) de grains longs contre
52,5% sur les parcelles non désherbées.
L’utilisation de la décortiqueuse à poste fixe permet d’obtenir environ 59% de grains longs
sur les parcelles désherbées contre 56,5% sur les parcelles non désherbées. Par contre, avec la
rizerie expérimentale, le pourcentage de grains longs est plus élevé sur les parcelles enherbées
(58%) que sur les parcelles désherbées (environ 56,5%).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
41
Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Pourcentage de grains longs %
60,0
59,0
Désherbées
58,0
Non désherbées
57,0
56,0
55,0
54,0
53,0
52,0
51,0
50,0
49,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 6 : Effet des niveaux de désherbage sur le pourcentage de
grains longs en fonction des types de décortiqueuses
Effet de la durée du cycle sur le degré de blanchiment en fonction des types de
décortiqueuse.
Les durées du cycle de 125 et 145 jours ont le degré de blanchiment le plus élevé : environ
46% pour la décortiqueuse à poste fixe, contre 45 % pour la décortiqueuse ambulante et
seulement 40-43% pour la rizerie expérimentale (fig. 7).
Effet de la période de drainage sur le degré de blanchiment en fonction des types de
décortiqueuse
Le drainage 15 jours avant la maturité donne un degré de blanchiment qui varie de 42 à 46
pour l’ensemble des décortiqueuses testées contre 40 à 45,7 pour le drainage à maturité
complète (fig. 8). Ce degré de blanchiment est relativement plus élevé sur les décortiqueuses à
poste fixe (environ 46) que pour les décortiqueuses ambulantes (45 environ).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Dégré de blanchiment
47,0
46,0
125 jours
45,0
135 jours
44,0
145 jours
43,0
42,0
41,0
40,0
39,0
38,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 7 : Effet de la durée du cycle sur le dégré de blanchiment
en fonction des types de décortiqueuses
Dégré de blanchiment
47,0
46,0
Drainage 15 jours
45,0
Drainage à maturité
44,0
43,0
42,0
41,0
40,0
39,0
38,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 8 : Effet de la période de drainage sur le dégré de blanchiment
en fonction des types de décortiqueuses
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
Effet des niveaux de désherbage sur le degré de blanchiment en fonction des types de
décortiqueuse.
Le degré de blanchiment varie faiblement avec le niveau d’enherbement et cela quelque soit
le type de décortiqueuse (fig. 9). Avec l’utilisation des décortiqueuses ambulantes et à poste
fixe les parcelles non désherbées ont un degré de blanchiment d’environ 45 degrés contre 44,2
degrés pour les parcelles désherbées. Ces valeurs plus faibles avec la rizerie expérimentale
varient de 42 pour les parcelles non désherbées à 41 pour les parcelles désherbées.
D’une façon générale, le degré de blanchiment est plus faible avec la rizerie expérimentale qui
donne du riz cargo.
Dégré de blanchiment
47,0
46,0
Désherbées
45,0
Non désherbées
44,0
43,0
42,0
41,0
40,0
39,0
Décortiqueuse ambulante
Décortiqueuse à poste fixe
Rizerie expérimentale
Types de décortiqueuses
Fig. 9: Effet des niveaux de désherbage sur le dégré de
blanchiment en fonction des types de décortiqueuses
CONCLUSION
L’effet de la gestion des cultures sur le rendement est variable d’une année à l’autre. Cet effet
perçu seulement en deuxième année montre que le riz désherbé, drainé 15 jours avant maturité
avec une durée du cycle de 135 jours donne un rendement meilleur que celui du riz non
désherbé, sans drainage ayant une durée du cycle de 145 jours.
La qualité des grains est influencée aussi bien par la gestion des cultures que par les
décortiqueuses.
Une durée de végétation de 135 jours permet d’obtenir les taux d’usinage les plus élevés (63 à
74%) en fonction des décortiqueuses. Le pourcentage de grains long diminue avec
l’allongement de la durée du cycle. Cette durée affecte peu le degré de blanchiment.
L’effet du drainage avant ou à maturité sur le taux d’usinage est peu sensible pour une même
décortiqueuse. Ces taux sont différents d’une décortiqueuse à l’autre. Le pourcentage de
grains longs varie faiblement avec les niveaux de drainage pour les décortiqueuses mobile et
fixe. Pour la rizerie expérimentale, ce pourcentage est plus élevé avec un drainage à maturité
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Gestion des cultures et rendement du riz et qualité des grains – DOUMBIA, Y. et AL.
complète. Les degrés de blanchiment qui varient peu avec les niveaux de drainage sont plus
élevés sur les décortiqueuses mobiles et à poste fixe que sur la rizerie expérimentale.
Le niveau de désherbage a peu d’effet sur les rendements au décorticage qui sont plus faibles
sur les décortiqueuses mobiles et à poste fixe que sur la rizerie expérimentale. L’effet des
niveaux de désherbage sur la proportion de grains longs est variable en fonction du type de
décortiqueuse. Les proportions les plus élevées ( 56 à 59%) sont obtenues avec des parcelles
désherbées sur des décortiqueuses mobiles ou à poste fixe. Par contre sur la rizerie
expérimentale, les parcelles non désherbées donnent les plus fortes proportions. Le degré de
blanchiment varie faiblement avec le niveau de désherbage quelque soit le type de
décortiqueuse.
A l’issue de ces expérimentations, l’obtention des produits de qualité doit tenir compte de la
gestion technique des cultures et des types de décortiqueuse. Une durée du cycle de 135 jours
d’une culture de riz désherbée combinée à un drainage 15 jours avant maturité constitue une
bonne gestion pour les décortiqueuses actuellement disponibles.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Dinghun, M., Le Gal, P.Y. et Poussin, J.C. 1995 RIDEV : Un model de développement du riz
pour le choix des variétés et des calendriers.
Huitink, G. and Siebenmorgen T. 1993 Maintainig yield and grain quality. Rice production
handbook. Pp. 79 - 85 In : Cooperation extension service, University of Arkansas,
United States Departement of Agriculture, and County Governments Cooperating.
Guy, C., Jr., Baldwin, F. and Helms, R. 1993 Rice weed control, Rice production handbook.
Pp. 28-41 In : Cooperation extension service, University of Arkansas, United States
Departement of Agriculture, and County Governments Cooperating.
Office du Niger, 2000 Rapport de campagne
WARDA, 1994 Training in Mangrove Rice Production. Pp.175 – 182 In : Instructor’s
Manual. Module 8. Harvesting & Operations.WARDA, Bouaké, Côte d’Ivoire.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
45
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A.
ETUDE DE LA NUISIBILITE DES MAUVAISES HERBES SUR
LE RIZ IRRIGUE AU NIGER
HALIDOU, A.
INRAN, B.P. 429, Niamey. NIGER, E-mail : [email protected]
Résumé :
Une étude sur la nuisibilité des mauvaises herbes a été menée sur le riz irrigué dans le
périmètre rizicole de Sébéri, au Niger, pendant la campagne 2000-2001. Pour ce faire, deux
témoins (un témoin propre et un témoin enherbé) et dix parcelles tests dont cinq dans
lesquelles le riz est maintenu en compétition avec les mauvaises herbes pendant
respectivement 15, 30, 45, 60 et 75 jours après repiquage (JAR) et cinq maintenues propres
pendant les mêmes durées ont été testés dans un dispositif en blocs aléatoires complets avec
quatre répétitions. Cinq (05) paramètres ont été évalués. Ceux-ci sont : la hauteur de
végétation (HV) mesurée sur pied, sur cinq plants choisis au hasard, au tallage, à l’initiation
paniculaire et à la maturité, la biomasse sèche aérienne (BSA) obtenue en coupant au ras du
sol, en séchant à l’étuve (80°C) et en pesant les échantillons ayant servi aux différentes
mesures de la HV, les nombres de talles et de panicules par poquet estimés à la maturité sur
cinq poquets choisis au hasard et le rendement en grains évalué par la méthode des carrés de
rendement. Le riz a été repiqué manuellement avec des écartements de 20 cm x 30 cm. Il est
ressorti de cette étude que tous les cinq paramètres ont été, à des degrés divers, affectés par la
compétition. Tous paramètres confondus, les effets les plus marqués ont été relevés dans la
parcelle enherbée (témoin absolu), suivie de près par la parcelle maintenue propre seulement
15 JAR, puis des parcelles de compétition de 60, 45 et 30 JAR, respectivement. Toutes
parcelles confondues, la hauteur de végétation et la biomasse sèche aérienne ont été plus
affectées à la maturité avec respectivement 23% et 106% de réduction par rapport au témoin
propre. Les nombres de talles et de panicules par poquet ont été les moins affectés avec 15%
et 17% de réduction respectivement. Quant au rendement en grains, la perte maximale est de
59,4 %, notée sur le témoin absolu. De plus, la période critique de compétition entre le riz et
les mauvaises herbes a été déterminée ; elle se situe entre le 30ème et le 60ème jour après
repiquage. Enfin, des relevés floristiques effectués sur différents périmètres, il est ressorti que
les Poacées sont les adventices dominants (29%), suivis des Onagraceae (13%) et des
Cyperaceae (11%).
Mots clés : Rriz, mauvaises herbes, compétition, croissance, développement, rendement.
INTRODUCTION
Le riz est l’une des principales cultures vivrières au Niger. Produit en double culture (saison
sèche et hivernale ) dans les aménagements hydro–agricoles le long du fleuve, cette céréale
constitue néanmoins l’un des premiers produits d’importation du pays. Cette situation est en
partie due à la baisse chronique des rendements, surtout dans les anciens périmètres. Plusieurs
facteurs concourent à la faible productivité du riz au Niger : si les maladies et ravageurs
occasionnent des pertes de rendement pouvant aller jusqu’à 100% (cas de la marbrure jaune
due à RYMV), le non respect des dates de semis et la maîtrise quasi - nulle des pratiques
agronomiques (labour, densité, fertilisation, désherbage, etc.) sont les causes les plus
probables de cet état de fait.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
46
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A.
Parmi les contraintes abiotiques, les mauvaises herbes constituent certainement l’un des
facteurs les plus limitants de la culture du riz, du fait qu’elles rentrent directement en
compétition avec cette dernière pour l’eau, les éléments nutritifs, la lumière et l’espace entre
autres. Ces plantes indésirables peuvent également servir d’hôtes alternatifs aux agents
pathogènes et aux ravageurs de la culture entre deux saisons. Les problèmes causés par les
mauvaises herbes et les moyens d’améliorer la lutte ne sont cependant généralement pas bien
compris et le sarclage manuel est considéré comme allant de soi, au lieu d’être érigé au rang
de nécessité économique.
C’est dans le but de combler cette lacune au Niger que ce projet a été soumis à l’ADRAO qui
a bien voulu le financer à travers le Groupe d’Action IPM. Les objectifs de l’étude sont :
-
étudier l’effet de la compétition des mauvaises herbes sur la croissance, le
développement et le rendement du riz et ses composantes ;
-
déterminer la période critique de désherbage du riz, définie comme étant la période
pendant laquelle la présence des mauvaises herbes dans la culture occasionne des
pertes importantes ;
-
faire l’inventaire des principales espèces adventices impliquées dans cette
compétition.
MATERIEL ET METHODES
Protocole expérimental
L’essai a été conduit en 2000-2001 dans le périmètre rizicole irrigué de Sébéri couvert par le
Centre Régional de Recherches Agronomiques (CERRA) de Kollo, situé à 30 Km au Sud-Est
de Niamey.
La variété de riz utilisée est la BG-90-2, très largement répandue dans les périmètres rizicoles
du pays.
Le dispositif expérimental est un bloc aléatoire complet avec 4 répétitions ; la parcelle
élémentaire, d’une superficie de 12 m² (3 m x 4 m). Les douze (12) traitemens suivants ont été
mis en expérimentation
- Tp :
- T0 :
- T1 :
parcelle témoin ( maintenue propre jusqu’à la récolte)
parcelle enherbé (n’ayant reçu aucun désherbage)
parcelle désherbée manuellement à partir du 15ème jour après repiquage (JAR)
jusqu’à la récolte
- T2 : parcelle désherbée manuellement à partir du 30ème JAR jusqu’à la récolte
- T3 : parcelle désherbée manuellement à partir du 45ème JAR jusqu’à la récolte
- T4 : parcelle désherbée manuellement à partir du 60ème JAR jusqu’à la récolte
- T5 : parcelle désherbée manuellement à partir du 75ème JAR jusqu’à la récolte
- T6 : parcelle maintenue propre pendant 15 jours à partir du repiquage
- T7 : parcelle maintenue propre pendant 30 jours à partir du repiquage
- T8 : parcelle maintenue propre pendant 45 jours à partir du repiquage
- T9 : parcelle maintenue propre pendant 60 jours à partir du repiquage
- T10 : parcelle maintenue propre pendant 75 jours à partir du repiquage
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
47
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A.
La distance entre les parcelles élémentaires est de 50 cm ; celle entre les répétitions est de 2
m ; la superficie totale de l’essai est de 680 m ², soit 17 m x 40 m.
Le sol a été préalablement labouré avec la charrue à bœufs, plané manuellement avant de
subir un hersage Le repiquage manuel a été effectué avec des plants de riz issus d’une
pépinière installée une trentaine de jours au paravant ; les écartements étaient de 20 cm sur la
ligne et 30 cm entre les lignes.
Deux types d’engrais ont été utilisés : le 15-15-15 à raison de 200 kg/ha une semaine après
repiquage et l’urée à raison de 400 kg/ha en deux apports (début tallage et initiation
paniculaire).
L’irrigation est hebdomadaire dans tout le périmètre.
Observations et mesures
La mesure du rendement est nécessaire mais insuffisante pour l’appréciation de l’incidence
globale des mauvaises herbes sur une culture donnée. Aussi, nous nous sommes proposés de
mesurer certains paramètres à nos yeux complémentaires, tels que la croissance, le
développement ainsi que certaines composantes du rendement.
Croissance et développement de la culture
Deux paramètres ont été étudiés à cet effet : la hauteur de végétation et la biomasse sèche
aérienne. Trois mesures ont été effectuées pour chacun des paramètres : au tallage, à
l’initiation paniculaire et à la maturité physiologique du riz.
Hauteur de végétation (HV)
Les mesures ont été effectuées sur pied et sur un échantillon de cinq poquets choisis au hasard
dans chaque parcelle élémentaire ; la valeur de ce paramètre correspond à la moyenne des
hauteurs des cinq poquets.
Biomasse sèche aérienne (BSA)
Après chaque mesure de la HV, les cinq plants concernés sont coupés au ras du sol puis
ramenés au laboratoire pour être séchés à l’étuve (80°C pendant 48h) et pesés ; la valeur de la
BSA correspond au poids sec de l’échantillon.
Le rendement et ses composantes
Les mesures ont été effectuées une seule fois, à la maturité du riz. Le nombre de talles. et le
nombre de panicules par poquets ont été mesurés sur un échantillon de cinq poquets choisis
au hasard.
Le rendement en grains a été déterminé par la méthode des carrés de rendement.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A.
Effets des mauvaises herbes
Les effets des adventices sur les différents paramètres étudiés ont été évalués à l’aide de la
formule suivante :
EF ( X ) =
EF(X) = effet des adventices sur le
paramètre X ;
P(T) = valeur du paramètre du témoin
propre
P(X) = valeur du paramètre du traitement
considéré.
P(T ) − P( X )
× 100
P(T )
Analyses statistiques
Les données de l’essai ont subi une analyse de la variance à deux critères de classification
avec le logiciel « SAS » ; une comparaison des moyennes a été effectuée grâce au test de
Duncan au seuil α = 5%. Une régression linéaire multiple a été effectuée pourr mettre en
évidence les éventuelles corrélations entre les effets de la compétition sur le rendement et ses
composantes.
RESULTATS ET DISCUSSION
Les différents résultats sont consignés dans les tableaux I, II et III.
Effet de la compétition sur la croissance et le développement du riz
Aussi bien la hauteur de végétation que la biomasse sèche aérienne du riz ont été affectées par
la compétition avec les mauvaises herbes. En effet, l’analyse statistique a montré des
différences significatives entre les traitements à tous les stades de développement de la culture
(tableau I).
Tabeau I : Effet de la compétition adventices-riz sur la croissance et le développement du riz
(% de réduction par rapport au témoin )
Traitements
Tp
T0
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
T10
C.V.
PPDS
Hauteur de végétation ( cm ) = HV
Tallage
Initiation
Maturité
paniculaire
60,0
107,0
120,0
23,0
16,0
16,0
14,0
4,0
6,0
14,0
6,0
5,0
15,0
6,0
11,0
18,0
8,0
13,0
22,0
8,0
19,0
21,0
11,0
19,0
14,0
5,0
12 ,0
16,0
3,0
9,0
12,0
3,0
8,0
10,0
1,0
7,0
5,18
4,0
4,87
7,75
7,09
13,0
Biomasse sèche aérienne (g) = BSA
Tallage
Initiation
Maturité
paniculaire
34,2
54,16
166,0
106,0
31,4
22,9
48,0
6,5
7,5
68,0
9,3
11,3
64,0
13,1
14,0
81,0
23,2
15,9
91,0
27,7
16,9
104,0
29,2
18,5
71,0
18,8
13,2
59,0
11,9
11,3
41,0
9,4
10,5
41,0
5,1
7,1
7,33
2,95
15,27
10,1
14,77
22,5
Tp = témoin propre; T0-T10 = parcelles de compétition (%ge par rapport au témoin)
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
49
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A..
Effet de la compétition sur la hauteur de végétation (HV) du riz
L’analyse statistique effectuée à partir des mesures a montré une différence significative entre
les traitements aussi bien au tallage, à l’initiation paniculaire qu’à la maturité (tableau I) . Les
taux de réductions maxima de la hauteur de végétation sont 19%, 16% et 23%, respectivement
au tallage, à l’initiation paniculaire et à la maturité. Les taux de réduction les plus élevés de ce
paramètre se situent dans la parcelle enherbée (T0) et les parcelles de compétition allant de T3
à T6 correspondant aux durées de compétition supérieures ou égales à 45 JAR (T3, T4 et T5) et
au temps de maintenance en propre de 15 JAR (T6). L’effet très prononcé de la compétition
précoce qui correspond au tallage du riz s’explique par le fait qu’à ce stade, la culture a besoin
de beaucoup plus d’oligo-éléments et d’espace pour développer le maximum de talles ; les
mauvaises herbes, qui croissent plus rapidement que le riz, détournent une bonne partie des
nutriments en plus de leur effet d’encombrement, limitant ainsi le développement végétatif,
donc la croissance de la culture. La même explication est valable quant à l’effet de la
compétition tardive intervenant pendant le développement de la panicule; à ce stade, la
principale cause est plutôt le détournement par les mauvaises herbes des nutriments destinés
au riz, l’espace n’étant plus un facteur limitant.
Effet de la compétition sur la biomasse sèche aérienne (BSA) du riz
L’analyse statistique effectuée à partir des résultats obtenus sur ce paramètre a révélé des
différences significatives entre les traitements au tallage, à l’initiation paniculaire et à la
maturité (tableau I). Les taux de réduction maxima de ce paramètre sont 22,9%, 31,4% et
106,0%, respectivement au tallage, à l’initiation paniculaire et à la maturité. Il apparaît
également, comme dans le cas de la hauteur de végétation, que les taux de réduction de la
biomasse sèche aérienne du riz les plus élevés, tous stades confondus, sont trouvés sur les
parcelles enherbées (T0) et les parcelles de compétition allant de T3 à T6 correspondant aux
durées de compétition supérieures ou égales à 45 JAR (T3, T4 et T5) et au temps de
maintenance en propre de 15 JAR (T6). Le partage, avec les mauvaises herbes, des nutriments
et de l’espace destinés au riz, expliquent également les réductions de la biomasse sèche
aérienne du riz. Les effets très prononcés des compétitions précoce (tallage) et tardive
(développement de la panicule) sont dus au fait qu’à ces 2 stades, la culture a besoin de
beaucoup plus d’oligo-éléments pour synthétiser sa matière sèche. s
Effet de la compétition sur le rendement et ses composantes
Les composantes du rendement considérées dans notre étude sont, le nombre de talles par
poquet (NTP) et le nombre de panicules par poquet (NPP). Les différents résultats obtenus
sont consignés dans le Tableau II. D’autre part, la régression linéaire multiple n’a pas mis en
évidence de corrélation significative entre le rendement et ses composantes.
Effet de la compétition sur le nombre de talles par plant
L’analyse statistique effectuée à partir des résultats obtenus sur ce paramètre a révélé une
différence significative entre les traitements (tableau II). Le taux de réduction maximum de ce
paramètre est de 15% et il a été obtenu dans les parcelles enherbées. Les taux de réduction du
tallage du riz les plus élevés, tous stades confondus, sont trouvés dans la parcelle enherbée
(To) et les parcelles de compétition allant de T3 à T6 correspondant aux durées de compétition
supérieures ou égales à 45 JAR (T3, T4 et T5) et au temps de maintenance en propre de 15
JAR (T6). Comme le tallage est lié à la synthèse de matière sèche, les explications données au
niveau de la biomasse sèche aérienne sont valables ici.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
50
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A..
Tableau II : Effet de la compétition adventices-riz sur sur le rendement du riz et ses
composantes ( % de réduction par rapport au témoin )
Traitements
Tp
T0
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
T10
C.V.
PPDS
Rendement (t/ha)
4,1
59,4
0,0
13,3
24,9
29,7
49,8
54,6
16,6
6,6
2,7
0,0
16,66
0,15
Talles/plant (NTP)
38,0
15,0
4,0
5,0
7,0
8,0
10,0
11,0
9,0
5,0
4,0
4,0
16,50
9,50
Panicules/plant (NPP)
34,0
17,0
2,0
4,0
9,0
11,0
16,0
17,0
4,0
4,0
3,0
2,0
17,57
8,5
Tp = témoin propre ( t/ha, talles/plant et panicules/plant )
T0-T10 = parcelles de compétition ( %ge de réduction par rapport au témoin)
Effet de la compétition sur le nombre de panicules par poquet
L’analyse statistique effectuée à partir des résultats obtenus a montré une différence
significative entre les traitements quant à ce paramètre (tableau II). Le taux de réduction
maximal de ce paramètre est de 17% et il a été obtenu dans la parcelle enherbée. Les mêmes
tendances que l’effet de la compétition sur le nombre de talles par poquet apparaissent. En
effet, les traitements T0, T3, T4, T5 et T6 ont dégagé les plus forts taux de réduction du nombre
d’épis par plant.
Effet de la compétition sur le rendement
L’analyse statistique des résultats relatifs à ce paramètre a révélé une différence significative
entre les traitements (tableau II). Si les nombres de talles et d’épis par poquet ont été affectés
dans une moindre mesure, le rendement a été sévèrement déprécié par cette compétition. En
effet, le taux de réduction maximal de ce paramètre a atteint 59,4% sur la parcelle enherbée.
D’autre part, on constate que jusqu’à 30 jours de compétition, le rendement du riz n’a diminué
que de 13,3% et qu’en ne maintenant propre la culture que pendant 45 JAR, le taux de
réduction n’est plus que de 6,6% par rapport au témoin. A l’instar de toutes les variables
étudiées précédemment, les plus forts taux de réduction du rendement du riz sont obtenus
dans la parcelle enherbée (T0) et les parcelles de compétition allant de T3 à T6 correspondant
aux durées de compétition supérieures ou égales à 45 JAR (T3, T4 et T5) et au temps de
maintenance en propre de 15 JAR (T6). L’effet sur le rendement dans ces parcelles de grande
compétition s’explique par leurs nombres d’épis par poquet très faibles. Cette faiblesse de
l’épiaison est elle même due au moindre tallage, les adventices ayant détourné une partie des
nutriments nécessaires à la synthèse de la matière sèche.
Période critique de compétition entre le riz et les mauvaises herbes
Du riz laissé sans désherbage pendant les 30 premiers jours après repiquage perd seulement
13% de son rendement (pas de différence significative avec le témoin), alors que non
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
51
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A..
désherbé jusqu’à 45 JAR, cette perte s’élève à 25% et la différence avec le témoin est
significative (fig. 1). D’autre part, on constate qu’après 60 jours de maintenance en propre de
la culture après le repiquage, il n’y a presque pas de perte de rendement par rapport au témoin
(2,7% seulement). Il ressort par aillaurs qu’après une période de compétition de 75 JAR,
mieux vaut ne plus perdre son énergie ou son argent à désherber puisqu’on ne gagnerait
presque rien par rapport à la parcelle n’ayant reçu aucun désherbage (49,8% contre 54,4%).
Réduction par rapport au témoin (%)
Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons affirmer que la période critique de désherbage du
riz en irrigué, dans nos conditions, se situe entre le 30ème et le 60ème jour après repiquage. Ce
résultat est conforme à celui obtenu par CORAF (1990) qui a situé cette période au 30ième jour
pour le riz repiqué et au 45ième jour pour le riz de bas-fonds.
59,4
59,4
54,6
49,8
29,
24,9
7
16,6
6,6
13,3
0
2,7
0
0
0
0
10
20
Durée de compétition
30
40
50
60
70
80
90
100
Nombre de jours après semis
Temps de maintenance en propre
Fig.1 : Rendement relatif du riz en fonction des durées de compétition et de
maintenance en propore
Flore adventice associée à la culture du riz irrigué
La liste des adventices relevées au cours de nos prospections dans les différents périmètres
irrigués est consignée dans le tableau III. Deux informations essentielles peuvent être tirées de
ce tableau. La première est la plus grande diversité biologique des Dicotylédones avec 16
familles (26 espèces) par rapport aux Monocotylédones représentées par seulement 3 familles
(19 espèces). La deuxième est que 3 familles renferment à elles seules plus de la moitié des
espèces recensées : ce sont les Poaceae (29%), les Onagraceae (13%) et les Cyperaceae
(11%). Soulignons aussi que pour l’essentiel, cette flore a déjà été décrite par Johnson (1997).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
52
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A..
Tableau III. Liste ( non exhaustive) des adventices associées au riz irrigué au Niger.
MONOCOTYLEDONAE
POACEAE
ASCLEPIADACEAE Acroceras amplectens
Digitaria horizontalis
Leptadenia hastata
Eleusine indica
Echinochloa colona
Echinochloa
pyramidalis
CYPERACEAE
Echinochloa stagnina
Eragrostis atrovirens
Cyperus difformis
Leersia hexandra
Leptochloa
Cyperus iria
caerulecens
Oryza barthii
Cyperus rotondus
Oryza longistaminata
Pycreus
Rottboellia exaltata
macrostachyos
Sacciolepis africana
Schoenoplectus
senegalensis
DICOTYLEDONAE
MALVACEAE
ALISMATACEAE
Urena lobata
Sagittaria guayanens
AMARANTHACEAE
Althernanthera sessilis
COMPOSITEAE
Aspilia bursei
Eclipta prostata
COMMELINACEAE
Commelina diffusa
Commelina
macropaltha
CONVOLVULACEAE
Ipomoea aquatica
ELATINACEAE
Bergia capensis
Bergia erecta
MARSILEACEAE
Marsilea microcarpa
Marsilea polycarpa
ONAGRACEAE
Jussiaea abyssinaca
Jussiaea hyssopifolia
Jussiaea repens
Jussiaea suffruticosa
Ludwigia adscendens
Ludwigia abyssinaca
PONTEDERIACEAE
Heteranthera
callifolia
PORTULACACEAE
Portulaca foliosa
HYDROPHYLLACEAE SPHENOCLEACEAE
Sphenoclea zeilanica
Hydrolea glabra
LYTHRACEAE
Ammania auriculata
Ammania prienseana
STERCULIACEAE
Melochia
corcholifolia
TYPHACEAE
Typha sp.
CONCLUSION -PERSPECTIVES
Cette étude a clairement fait ressortir l’effet des mauvaises herbes sur le rendement du riz.En
effet, elle indique qu’une parcelle non désherbée perd jusqu'à 59,4% de son potentiel de
production alors qu’en ne la maintenant propre que pendant les 45 premiers jours après
repiquage, cette perte serait insignifiante (6,6%). D’autre part, elle fait ressortir que la période
critique de compétition entre le riz et les mauvaises herbes se situe entre le 30ème et le 60ème
jours après repiquage. Quand à la flore adventice, elle est dominée par les Poaceae, les
Onagraceae et les Cyperaceae.
Quand on sait qu’en plus des effets néfastes de la compétition, certaines Poaceae notamment
Oryza spp. et Echinochloa spp. ont été identifiées par Basso (2000) et Halidou (2001) comme
étant des hôtes alternatifs du RYMV au Niger, la mise au point d’une stratégie de gestion
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
53
Mauvaises herbes et riz irrigué – HALIDOU, A..
intégrée des adventices doit être sérieusement prise en compte dans tout programme de
développement de la riziculture.
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Actes du 4Rs 2002
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Systèmes de riziculture de bas-fond à Adéta – ABOA, K. et AL.
EVALUATION DES SYSTEMES DE CULTURE A BASE DE
RIZ POUR UNE EXPLOITATION DURABLE ET RENTABLE
DU BAS-FOND PERI-URBAIN D'ADETA
ABOA, K., DOGBE, S. Y. et GATI, K. M.
Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA), Centre de Recherche Agronomique de la zone Forestière
(CRAF), BP. 90, Kpalimé, Togo.
Résumé :
La baisse de la fertilité des sols, la pression de plus en plus forte des adventices et la non
maîtrise de l'eau ont été signalés par les exploitants du bas-fond périurbain d'Adéta comme
les principales contraintes à la riziculture. Situé à 150 km de Lomé dans une zone à régime
pluviométrique bimodal, ce bas-fond offre des potentialités pour une diversification de
cultures dans l'année. Des systèmes de culture à base de riz comparant deux cultures
successives de riz et faisant intervenir entre elles soit le mucuna, soit le gombo, le maïs ou
l'arachide, ont été expérimentés auprès de 15 femmes rizicultrices de ce bas-fond en 2000 et
en 2001 et des enquêtes socio-économiques ont été conduites. Il est ressorti de cette étude que
plus de 90 % des exploitants du bas-fond sont des femmes, avec une moyenne d'âge de 49
ans. Parmi celles-ci, 80 % sont propriétaires terriens et 20 % locataires. Sur quinze (15)
femmes enquêtées, 67 % ont bénéficié de crédit de campagne. Ces femmes consacrent 0 à
60% de leur production en riz à la vente, 20 à 90 % à l'autoconsommation et 10 à 30 % aux
dons et échanges. L'insuffisance et la mauvaise répartition des pluies ainsi que le niveau de
technicité de chaque exploitante et la position géographique des parcelles dans le bas-fond ont
influencé le développement des plants et les rendements. Cependant les résultats obtenus
montrent que le système Riz-Mucuna-Mucuna-Riz (T1) a donné le rendement le plus élevé
(4.245 kg/ha). Concernant la rentabilité financière, l'analyse faite à partir du budget partiel
attribue une valeur résiduelle plus élevée au système T1 (126.065 f cfa/ha) et un taux marginal
de revenu de 234,7 %, supérieur au taux minimum de revenu acceptable (160 %).
Mots clés : riz. bas-fond. mucuna. arachide. fertilité. rentabilité. durabilité. système de culture.
INTRODUCTION
Deuxième rang après le maïs parmi les céréales. le riz occupe une place importante dans
l'alimentation de la population togolaise. La consommation ne cesse d'augmenter d'année en
année. Par ailleurs. la modification intervenue dans la parité du francs CFA et le contexte
économique actuel ont rendu la culture du riz financièrement plus attrayante (SEDZRO,
1996).
Une pression sur l'exploitation des bas-fonds qui fournissent plus de 60 % de la production
nationale de riz paddy devint par conséquent inévitable. Ce qui pourrait accélérer la
dégradation de cet environnement.
Des travaux de recherche conduits en station sur l'amélioration des systèmes de cultures dans
les bas-fonds ont par ailleurs montré que la diversification à travers l'intégration de
légumineuses dans les systèmes de culture augmente le coût de production tout en améliorant
considérablement la fertilité du sol. Ceci réduit la pression des adventices et augmente la
rentabilité (Dogbé. 1996).
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
55
Systèmes de riziculture de bas-fond à Adéta – ABOA, K. et AL.
L'étude a pour objectifs :
•
évaluer en milieu paysan des technologies d'amélioration de la fertilité des sols afin
d'accroître les rendements dans les systèmes de culture à base riz ;
•
appréhender la perception paysanne sur les technologies de diversification en vue
d'une exploitation rentable et durable des bas-fonds ;
•
déterminer le niveau de revenu suivant chaque technologie proposée et identifier les
plus rentables.
MATERIEL ET METHODES
Le site d'étude
L'étude a été réalisée dans le bas-fond péri-urbain d'Adéta. localité située dans la zone
forestière. Elle est caractérisée par un régime pluviométrique de type bimodal. Ce bas-fond
offre une opportunité aux cultures de contre et d'avant la saison principale. La période de
culture de riz s'étend sur 6 mois sur le bas-fond (juin à novembre). La pluviométrie annuelle
du milieu varie de 1.300 à 1.400 mm. mais la culture du riz ne bénéficie en général que de
600 à 800 mm de pluie. Les sols de la zone sont de type ferralitique et ferrugineux formés sur
des roches acides.
Les traitements et le dispositif expérimental
L'essai comprend quatre (4) traitements (systèmes) qui figurent au tableau I.
Tableau I : Les systèmes de culture testés
Traitements
T0
T1
T2
T3
Année 1
Saison principale Contre saison
(Juin-nov.)
(Déc.-Fév.)
Jachère naturelle
Riz
Mucuna
Riz
Gombo
Riz
Jachère naturelle
Riz
Année 2
Avant saison
Saison principale
(Fév. -Mai)
(Juin-Nov.)
Jachère naturelle Riz
Riz
Mucuna
Riz
Maïs
Riz
Arachide
La superficie de la parcelle élémentaire est de 150 m². soit une superficie totale de 600 m²
pour chaque paysanne.
Choix des paysannes
L'aide des services de développement agricole et des responsables des stations de recherche
nous a conduit à retenir certains membres du groupement féminin "MOKPOKPO" qui
exploitent le bas-fonds.
Quinze (15) femmes ont été retenues. mais pour des raisons de santé. 13 ont conduit à terme
les essais.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Systèmes de riziculture de bas-fond à Adéta – ABOA, K. et AL.
Déroulement de l'étude
Les paysannes ont utilisé leurs propres moyens pour la préparation du sol en tenant compte du
calendrier cultural. L’ITRA/CRA-F a fourni à crédit les semences et l’engrais puis a assuré le
suivi technique. La variété de riz utilisée est TGR 203.
Des échantillons de sol ont été prélevés et analysés avant la mise en place du riz. Diverses
méthodes ont été utilisées. Il s'agit de la méthode Kjeldahl pour l'azote total. la méthode
d'absorption atomique pour les bases échangables. la méthode Duval pour le phosphore total.
la méthode Truog pour le phosphore assimilable et la méthode de Anne pour le carbone
organique.
Les rendements des différentes cultures ont été recueillies.
Pour la collecte des données socio-économiques, des fiches d’enquête ont été élaborées et un
enquêteur a été formé à cet effet pour recueillir les informations sur l’utilisation des terres, les
facteurs et les coûts de production. L'analyse de la rentabilité financière a été faite à partir du
budget partiel. L'analyse du budget partiel a abouti au choix de la technologie qui est
économiquement rentable et socialement acceptable par le paysan. Le budget partiel utilise
comme base de calcul les coûts variables et revenu brut à partir desquels le bénéfice net est
dégagé pour chaque technologie proposée. Le calcul de la valeur résiduelle et du taux
marginal de revenu permet de connaître le niveau de rentabilité de chaque technologie
proposée. En effet, la technologie pour laquelle la valeur résiduelle est la plus élevée et le
taux marginal de revenu supérieur au taux minimum de revenu acceptable devrait être
recommandée aux paysans (Alimi et Manyong. 2000).
Une identification des adventices prédominantes à l'aide du guide pratique de Johnson (1997)
a été effectuée avant la mise en place de l’essai.
RESULTATS ET DISCUSSION
Utilisation des terres et contraintes de production
Il ressort des résultats des enquêtes que 90% des exploitants du bas-fond sont des femmes
dont 80 % de propriétaires et 20 % de locataires avec une moyenne d'âge de 49 ans et 5 ans
d'expérience au moins en riziculture. Les frais de location des terres s'élèvent à 2.000 f cfa par
an et par "Aboka" (1 aboka mesure environ 22 m x 22 m) ; soit 40.000 f cfa par hectare et par
an. Le locataire peut payer avant la mise en place de la culture ou après la récolte (en nature
ou en espèce). Il n’est permis que des cultures annuelles sur les terres louées.
D’une manière générale, l'accès aux terres ne semble pas constituer un obstacle à
l'exploitation du bas-fonds. Le coupe-coupe, la daba, la houe, la faucille constituent les
principaux outils utilisés pour l'exploitation.
Les principales contraintes évoquées par les rizicultrices sont :
•
le manque d'équipements agricoles. ce qui rend plus pénibles les opérations culturales
•
la rareté de la main d'œuvre ;
•
la pression des adventices ;
•
la non maîtrise de l'eau ;
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
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Systèmes de riziculture de bas-fond à Adéta – ABOA, K. et AL.
•
la baisse de la fertilité des sols.
A ces contraintes s'ajoutent le manque et/ou le difficile accès au crédit. Le prix de vente du riz
paddy jugé trop bas à la récolte (175 à 250 F le bol de 2 kg environ), ne permettant pas de
rentabiliser les productions sans utilisation de la main d'œuvre familiale.
Les agricultrices qui arrivent à obtenir des crédits pour la riziculture auprès des usuriers au
début de la campagne remboursent à la récolte avec un taux d’intérêt de 14% environ.
Ces femmes qui exploitent le bas-fond consacrent jusqu'à 60% de leur production de riz
paddy à la vente. Cependant de 20 à 90% de la production selon les exploitantes sont
destinées à l’autoconsommation alors que de 10 à 30% vont aux dons, échanges, etc.
En contre saison, le mucuna et le gombo ont été semés. Mais à cause de l'arrêt précoce des
pluies, seul le mucuna à pu difficilement germer chez 60% des paysannes.
Principales adventices identifiées avant la mise en place
L’identification des adventices avant la préparation du sol a révélé 75 espèces appartenant à
15 familles différentes. Parmi elles, les Poacées (38 %) et les Cypéracées (23 %) sont
prépondérantes. Les adventices les plus fréquentes sont : Cynodon dactylon, Panicum
maximum, Eleusine indica, Digitaria horizontalis, Pennisetum sp., Cyperus esculentus,
Cyperus difformis, Kyllinga erecta, Commelina africana, Ageratum conyzoïdes,
Stachytarpheta indica et Euphorbia heterophylla. Cette prédominance des Poacéss et des
Cypéracées représente un frein pour l'obtention d'un rendement élevé car ces espèces
d'adventices causent plus de pertes de rendement en riz paddy (Deuse et Lavabre. 1979 ;
Johnson. 1997).
Analyse de sol
Les résultats de l'analyse de sol avant la mise en place en première année révèlent que le sol
est moyennement riche en azote (0,1 %). Mais le rapport C/N étant compris entre 10 et 16 %.
nous pouvons déduire qu'il s'agit de l'azote inactif non disponible aux plants. La teneur en
potassium (> 142 kg/ ha) montre que les réserves sont suffisantes. Par contre le sol est pauvre
en phosphore total avec une teneur inférieure à 200 ppm. Les résultats de deuxième année ne
sont pas encore disponibles.
Rendements
L'insuffisance de la pluviométrie (401,9 mm en 2000 et 433,8 mm en 2001) et surtout sa
mauvaise répartition au cours de la période des cultures ont fortement influencé le
développement et le rendement au cours des deux années d'expérimentation. A cela s'ajoutent
le niveau de technicité de chaque paysanne et la situation géographique des parcelles dans le
bas-fond. Les parcelles situées sur les flancs ont été plus défavorisées que celles qui sont plus
rapprochées du lit du bas-fond. Les rendements en riz paddy en deuxième année ont été plus
faibles (3.476 - 4.245 kg / ha) par rapport aux rendements à la première année (4.057 - 4.407
kg/ha) à cause des conditions climatiques (tableau II).
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Tableau II : Identité des paysannes et rendements obtenus en 2000 et 2001 (kg/ha)
Noms des paysannes
1 AGBOYI
Abra
2 BADI
Kossiwa
3 AMEGATSE Dora
4 AGBOYI
Monique
5 NYANONENE Massa
6 AGBOYI
Amavi
7 AMEGATSE Afua
8 EGBEME
Bebli
9 DAKEY
Kossiwa
10 DAKEY
Amavi
11 APEDZI
Rose
12 APEDZI
Kossiwa
13 AMETEPE Atsupé
14 ABOTSI
Abra
15 ZIGAN
Aku
Moyenne
Actes du 4Rs 2002
T0
Année 2000
6.250
5.110
2.517
4.930
2.050
3.620
917
6.660
4.541
1.250
5.777
5.397
4.357
5.450
2.030
4.057
T1
Année 2001 Année 2000
1.750
5.438
4.250
4.091
2.500
1.991
2.750
5.159
427
3.520
3.107
4.250
8.107
4.000
4.103
4.353
4.333
2.857
3.750
7.860
5.750
7.397
4.000
6.588
3.705
943
3.716
4.407
Sélection et agronomie du riz
T2
Année 2001 Année 2000
1.500
5.553
4.367
2.323
2.847
2.443
2.500
6.767
1.113
3.250
4.638
4.450
5.021
7.500
6.390
4.527
5.803
2.715
4.250
6.620
7.250
6.499
4.250
6.117
3.687
1.361
4.245
4.470
59
T3
Année 2001 Année 2000
2.250
6.263
3.541
2.887
1.500
3.160
1.750
4.747
1.500
2.500
2.747
3.250
5.697
5.250
5.050
4.693
4.253
961
3.000
4.943
5.000
7.840
5.500
5.773
3.720
1.490
3.476
4.069
Année 2001
2.000
4.207
2.000
3.000
2.000
3.520
6.750
4.250
3.850
4.750
3.250
3.598
Systèmes de riziculture de bas-fond à Adéta – ABOA, K. et AL.
Le rendement le plus élevé en deuxième année après les cultures de contre et d'avant la saison
principale a été obtenu sur le traitement T1 (riz - mucuna - mucuna - riz) et il est de 4.245
kg/ha), suivi du traitement T0 (riz - jachère - jachère - riz) avec un rendement de 3.716 kg/ha).
Le traitement T2 (riz - gombo -maïs - riz) vient en dernière position avec 3.476 kg/ha, après
T3 (riz -jachère -arachide -riz) avec 3.598 kg / ha).
Effet des précédents culturaux sur les rendements du riz et la biomasse des adventices
Le faible rendement obtenu sur le traitement T2 où le maïs a précédé le riz explique que le
maïs n'est pas un bon précédent cultural pour le riz. Par contre, la culture d’une légumineuse
comme le mucuna ou l'arachide avant le riz, permet d'augmenter le rendement par
l'amélioration de la fertilité du sol. Cela a été rapporté par Becker et al. (1994) et par Assigbé
(2000). En plus de l'amélioration de la fertilité, le mucuna a un effet dépressif sur le
adventices, ce qui est démontré par la faible biomasse des adventices sur T1 (164 g/parcelle)
contre 239 pour T0, 212 pour T2 et 206 pour T3 (tableau III). Sur les parcelles T3 la culture de
l'arachide avant le riz a favorisé la présence des rongeurs qui ont causé des dégâts importants
sur le riz entraînant ainsi la baisse du rendement.
Tableau III : Biomasse des adventices obtenus sur les différents systèmes
Noms des paysannes
1 AGBOYI Abra
2 BADI Kossiwa
3 AMEGATSE Dora
4 AGBOYI Monique
5 NYANONENE Massa
6 AGBOYI Amavi
7 AMEGATSE Afua
8 EGBEME Bebli
9 DAKEY Kossiwa
10 DAKEY Amavi
11 APEDZI Rose
12 APEDZI Kossiwa
13 AMETEPE Atsupé
Moyenne
T0
275
200
250
200
200
200
250
325
300
175
200
275
250
239
Biomasse des adventices (g/parcelle)
T1
T2
125
150
150
200
175
200
225
200
150
300
225
150
275
250
150
250
175
350
125
125
125
200
100
200
125
175
164
212
T3
125
225
225
225
200
175
250
300
300
150
150
150
200
206
Préférence des paysannes
Trois pourcent (3%) des paysannes interviewées à la récolte se sont prononcées pour le
système riz- jachère-jachère- riz. La raison évoquée est le manque de moyens pour mettre en
place les cultures intermédiaires. Quarante neuf pour cent (49%) se sont prononcées en
faveur du système riz-mucuna-mucuna-riz du faite que ce système améliore la fertilité et
réduit la pression des adventices. Ce taux élevé montre que les paysannes sont favorables à
l'introduction du mucuna dans leurs systèmes d'exploitation afin d'améliorer la fertilité du sol
et de réduire la pression des adventices. Vingt et un pour cent (21% ) sont pour le système
riz- gombo- maïs- riz car ce système leur permet d’avoir des produits de récolte en période de
soudure avant le riz.
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Vingt sept pour cent (27%) des paysans, dans le souci d'utiliser non seulement des plantes
améliorantes de fertilité du sol mais aussi consommables, ont préféré le système riz- jachèrearachide-riz.ce qui leur permettrait aussi d’avoir des produits de récolte avant le riz.
Rentabilité financière des systèmes
Le bénéfice net suivant chaque système de culture a été calculé à partir du coût de production
et de la valeur de production (tableau IV ). Le coût de production prend en compte le coût des
intrants et celui de la main d'œuvre salariale pour les différents travaux du labour jusqu'à la
récolte. La main d'œuvre familiale n'a pas été prise en compte. Les prix unitaires sont ceux
observés sur le marché le plus important de la localité (Adéta) au moment de la récolte : 125 F
CFA/kg pour le maïs, 100 F CFA/kg pour l'arachide et 125 F CFA/kg pour le riz.
Les résultats montrent que sur l'ensemble des quatre systèmes testés, le système T1 où le
mucuna précède le riz présente un bénéfice net plus élevé (248.774 F CFA/ha) suivi des
systèmes T3 (172.657 F CFA/ha), T2 (113.974 F CFA /ha) et T0 (101.828 F CFA/ha). En
définitive. tous les systèmes présentent un revenu net positif en considérant toutes les cultures
pratiquées.
L'analyse du budget partiel en tenant compte uniquement du riz révèle que le système T1 a
une valeur résiduelle plus élevée (126.065 F CFA/ha) contre (-45.402 F CFA/ha) pour le
système T0, 60.620 F CFA/ha pour le système T2 et 53.783FCFA/ha pour le système T3.
L'analyse marginale confirme les résultats de l'analyse résiduelle car le taux marginal de
revenu (TMR) du système T1 est de 234,7 % largement supérieur au Taux minimum de
Revenu Acceptable (TmRA) de 160 %. En d'autres termes 1F CFA investi dans le système T1
rapporte 23,47 F CFA. Cette valeur comparée à celle des autres systèmes montrent que le
système T1 est recommandable.
CONCLUSIONS ET PROSPECTIVES
D'une manière générale. les rendements n'ont pas été satisfaisants à cause de l'insuffisance et
de la mauvaise répartition des pluies. Cependant. il ressort de notre étude que :
•
les légumineuses ont un effet positif dans les systèmes de culture notamment sur
l'amélioration des rendements ;
•
le mucuna, utilisé comme précédent cultural, améliore la fertilité du sol et diminue la
pression des adventices ;
•
la plupart des paysannes ont manifesté l'intérêt d'intégrer le mucuna dans leurs
systèmes d'exploitation, d'où la nécessité de semences ;
•
l’arachide améliore aussi la fertilité du sol, mais attire les rongeurs qui peuvent causer
des dégâts importants sur le riz ; il faudrait alors envisager des mesures de protection ;
•
le système riz - mucuna - mucuna - riz (T1) a été le plus rentable.
Toutefois. la durée de l'étude étant trop courte, il est souhaitable que celle-ci soit reconduite et
que d’autres charges de production soient prises en compte afin de confirmer les résultats.
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Tableau IV : Revenus par hectare. par paysanne et par système de culture ( x 1000 FCFA/ha)
Noms des paysannes
1 AGBOYI
Abra
2 BADI
Kossiwa
3 AMEGATSE Dora
4 AGBOYI
Monique
5 NYANONENE Massa
6 AGBOYI
Amavi
7 AMEGATSE Afua
8 EGBEME
Bebli
9 DAKEY
Kossiwa
10 DAKEY
Amavi
11 APEDZI
Rose
12 APEDZI
Kossiwa
13 AMETEPE Atsupé
Moyenne
CP = Coût de Production
Actes du 4Rs 2002
CP
232,333
130
198,333
190
140
210
130
214,333
183,333
113,333
140
209,333
150
T0
RB
105
433,333
105,866
294,2
440
430,4
420
544,2
294,2
692,4
274,2
BN
-127,333
303,333
-304,119
104,2
-140
230
300,4
205,667
360,861
-113,333
154,2
483,067
124,2
CP
259
17,667
273,334
228
170
217,334
203,334
178,667
193,334
146,667
180
273,334
190
172,385
324,07
101,8
190,051
RB= Revenu Brut
BN = Bénéfice Net
Sélection et agronomie du riz
T1
RB
105
369,2
355,6
312,533
406,267
556,267
545,867
565,867
346,667
906,267
357,533
BN
-154
351,533
142,266
84,533
-170
188,933
352,933
367,2
372,533
-146,665
166,667
632,933
167,5
CP
424
255
425
399
248
340,2
255
281,3
371,7
225
415
421,7
343
T2
RB
247,5
542,7
247,5
409
333,3
442,5
506,3
442,7
519,3
200
615,9
925
354,2
BN
-116,5
287,7
177,4
10
185
102,3
251,3
161,3
147,6
-25
200,9
503,3
11,2
CP
312,3
163,3
200
228,7
156,7
285,3
260,7
201,3
289,3
133,3
276,7
273,3
260
T3
RB
235
525,9
286,3
481,7
133,3
450
480
530
563,7
66,7
339,6
660,4
472,9
BN
-177,3
362,5
86,3
253
-223,3
164,7
219,3
328,7
274,4
-66,7
122,9
387,1
212,9
438,825
248,7
339,8
452,8
113,9
233,9
406,6
172,7
62
Systèmes de riziculture de bas-fond à Adéta – ABOA, K. et AL.
REFFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Alimi, T. et Manyong. V. M. 2000 Partial budget analysis for on farm research : IITA
Research Guide n° 65.
Assigbé, P. 2000 Diversification et durabilité des systèmes rizicoles de bas-fond au Bénin :
Place des légumineuses et des cultures de rotation. Communication à la Première
Revue de la Recherche Rizicole Régionale. Bouaké. 10-13 avril 2000. 12 p.
Becker, M. et al. 1994 Green Mature Technology : Potential. Usage And Limitation. A case
study for lowland rice. Paper presented at the 15th International congress of Soil
Science. Acapulco. Mexico. 10-16 july 1994.
Deuse, J. et Lavabre, E. M. 1979 Le désherbage des cultures sous les tropiques ; 310 P.
Dogbé, S. Y. 1996 Comparaison d'option de gestion de la matière organique pour une
productivité durable du riz de bas-fond au Togo. rapport technique. Institut Togolais
de Recherche Agronomique.
Jonhson, D. E. 1997 Les adventices en riziculture en Afrique de l'Ouest ; 312 p.
SEDZRO, 1996 Rapport d'activité. Institut Togolais de Recherche Agronomique. 14 P.
Actes du 4Rs 2002
Sélection et agronomie du riz
63
GESTION DE LA FERTILITE DES SOLS
ET DE L’EAU
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
Technologies participatives et gestion de la fertilité de sols – ASSIGBE, P.
DEVELOPPEMENT PARTICIPATIF DE TECHNOLOGIES POUR
LA GESTION INTEGREE DE LA FERTILITE DES SOLS
RIZICOLES DU CENTRE BENIN
ASSIGBE, P.
INRAB. B.P. 226 Bohicon. BENIN. E-mail: [email protected]
Résumé :
Les systèmes actuels de production de riz au Bénin sont essentiellement basés sur l’utilisation ou
non des engrais minéraux. Des études en station ont montré qu’il y a des possibilités d’utiliser des
précédents culturaux qui permettent d’améliorer la fertilité des sols de riziculture et d’augmenter le
rendement en paddy. Des tests d’adaptation ont été conduits en milieu paysan en 2000 et 2001. Les
résultats obtenus ont montré que l’utilisation du niébé (Vigna unguiculata) ou du pois sabre
(Canavalia ensiformis), permet d’augmenter de façon sensible le rendement en paddy. En effet. ces
rendements sont passés de 2,24 t.ha-1 lorsque le riz constitue son propre précédent cultural à 4,35
t.ha-1 lorsque du niébé est cultivé avant le riz ou à 4,18 t.ha-1 lorsque le précédent cultural est
constitué de pois sabre et de niébé.
Mots clés : Rriz, engrais minéraux, légumineuses, rotation, rendement.
INTRODUCTION
Les besoins en consommation du riz sont très élevés au Bénin : la consommation par tête est de 15 à
20 kg/hab./an. Cependant. la production nationale est très faible et n’arrive même pas à couvrir la
moitié de ces besoins qui étaient de 76.300 tonnes en l’an 2000, pour une production nationale de
31.465 tonnes. Cette production est basée généralement sur l’augmentation des superficies. C’est
ainsi que la croissance démographique accélérée entraîne la dégradation de la fertilité des sols, les
systèmes de production actuels n’étant pas basés sur l’utilisation par les producteurs des engrais
minéraux. Il y a cependant des possibilités d’intensification et de diversification de la production par
les systèmes de rotation du riz avec le niébé (Vigna unguiculata) ou d’autres légumineuses tels que
le pois sabre (Canavalia ensiformis) qui entretiendraient la fertilité des sols.
Ainsi, les objectifs visés dans la présente étude sont :
•
relever le niveau de fertilité des sols par des moyens biologiques assez simples et
reproductibles par les paysans ;
•
assurer le maintien de cette fertilité à un niveau raisonnable par le recyclage de la matière
organique issue des résidus de légumineuses ;
•
combiner au besoin ces pratiques culturales avec une utilisation modérée d’engrais
minéraux ;
•
garantir la durabilité des systèmes.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
65
Technologies participatives et gestion de la fertilité de sols – ASSIGBE, P.
METHODOLOGIE
Quatre (4) types de systèmes ont été mis en place en milieu paysan et un essai comparatif a été
installé en station pour la confirmation des résultats. Les différents systèmes sont :
1. S1 : Jachère naturelle - Riz (monoculture du riz)
2. S2 : Niébé-Riz-Jachère-Niébé-Riz (Système semi-intensif)
3. S3 : Riz-Pois sabre-Riz (Jachère améliorée)
4. S4 : Niébé-Riz-Pois sabre-Niébé-Riz (Système intensif)
Douze (12) paysans volontaires ont été choisis, pour conduire l’essai en milieu réel, chaque paysan
constituant une répétition.
Des échantillons de sol et de végétaux ont été prélevés pour analyses. Ainsi, l’azote total a été
obtenu par la méthode Kjeldahl. Le distillat de l’échantillon de sol a été titré à l’acide sulfurique de
normalité 0,1N en présence d’un indicateur d’azote.
La méthode de Duval a été utilisée avec l’acide nitrique pour l’obtention du phosphore total tandis
que le principe d’extraction par déplacement des cations Ca2+, Mg2+ et K+ à l’aide de solution
d’acétate d’ammonium de normalité 1N tamponnée à pH = 7, a été utilisé pour l’analyse des bases.
Le carbone organique a été déterminé par la méthode de Anne en utilisant la solution de Morh pour
le titrage. Le rapport C/N a été calculé.
L’analyse statistique des paramètres de rendement et du rendement a été réalisée au moyen du
logiciel Stat-ITCF. Le test d’analyse de variance a été utilisé pour la comparaison des moyennes.
RESULTATS ET DISCUSSION
Analyse des Sols
Les analyses de sol ont donné les résultats portés au tableau I.
Le pHKCl pour la plupart des échantillons est compris entre 4,26 et 4,60 sauf pour les échantillons
nos 10, 11 et 12 pour lesquels il est compris entre 5,00 et 5,37. Les sols sont par conséquent très
fortement acides. Si rien n’est fait, il est à craindre une toxicité en aluminium qui pourrait être à
l’origine d’une faible assimilation des éléments nutritifs par les plantes de riz.
La teneur en matière organique des sols est partout inférieure à 1%. Ils sont donc pauvres en matière
organique comme la plupart des sols tropicaux cultivés.
Le rapport C/N est partout inférieur à 10, ce qui indique une minéralisation rapide de la matière
organique et expliquerait la faible teneur en carbone observée.
La teneur en phosphore assimilable est partout inférieure à 30 ppm. Les sols sont donc très pauvres
en cet élément. Au contraire, leurs réserves en phosphore total sont très élevées, parce que
supérieurs partout à 150 ppm, sauf pour les échantillons nos 10 et 12, où ces réserves sont moyennes.
Il importe donc de mettre en œuvre des techniques culturales visant à améliorer l’assimilation du
phosphore en vue de mieux le faire profiter aux plantes.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
66
Technologies participatives et gestion de la fertilité de sols – ASSIGBE, P.
Le taux de saturation en bases est en moyenne autour de 25%. Les sols sont donc fortement lessivés,
sauf l’échantillon n° 12 où le taux de saturation est compris entre 50 et 70% et dont le sol est
légèrement lessivé. L’apport de la matière organique à ces sols améliorera à coup sûr la capacité
d’échange cationique.
L’analyse granulométrique dont les résultats figurent au tableau I, fait ressortir trois types de
texture à savoir des sols limoneux (nos 1, 2, 3 et 5), des sols limono-sableux (nos 4, 11 et 12) et des
sols à texture sablo-limoneuse (nos 6, 7, 8, 9 et 10).
Paramètres agronomiques
Tallage
Les systèmes 1 et 3 ont produit le plus grand nombre de talles soit 697 et 692 talles.m-2, contre 658
et 662 talles pour les systèmes 2 et 4 respectivement. La différence n’a toutefois pas été
statistiquement significative et toutes ces talles n’ont pas été productives.
Nombre de panicules au mètre carré
Les systèmes 1 et 3 ont produit 490 et 520 panicules.m-2 respectivement, contre 596 et 580 panicules
pour les systèmes 3 et 4 respectivement. Il n’a pas été mis en évidence de différence significative
entre les nombres de panicules.m-2 des différents systèmes.
Rendement paddy
800
5000
700
4500
4000
2
600
3500
500
3000
400
2500
300
2000
Rend. (kg/ha)
Talles et panicules (Nbre/m )
Les meilleurs rendements ont été obtenus pour les traitements 2 et 4, soit respectivement 4,35 t.ha-1
et 4,18 t.ha-1 contre 2,24 t.ha-1 pour le système n° 1 et 2,62 t.ha-1 pour le système n° 3 comme
l’illustre la figure 1. De nombreuses panicules étaient en effet vides dans les systèmes 1 et 3.
Talles/m²
Panicules/m²
Rendement (kg/ha
1500
200
1000
100
500
0
0
1.Monoculture 2.Niébé-Riz- 3.Riz-Canav.- 4.Niébé-RizNiébé
Riz
Canav.-N
Fig. 1 : Paramètres de rendement en fonction des systèmes de culture
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
67
Technologies participatives et gestion de la fertilité de sols – ASSIGBE, P.
Tableau I : Résultats des analyses de sol
N°s
Echantillons
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
PH
H%
0,81
0,76
0,60
0,51
0,68
0,39
0,47
0,32
0,36
0,32
0,42
1,32
Eau
KCl
5,32
5,18
5,34
5,23
5,22
5,25
5,24
5,14
5,18
5,62
5,89
6,22
4,26
4,31
4,41
4,58
4,40
4,62
4,59
4,55
4,57
5,00
5,33
5,37
%Corg.
%
Ntotal
C/N
0,123
0,369
0,246
0,123
0,246
0,123
0,185
0,246
0,185
0,123
0,062
0,185
0,571
0,483
0,483
0,628
0,466
0,513
0,454
0,454
0,483
0,454
0,513
0,699
0,215
0,763
0,509
0,195
0,527
0,239
0,407
0,541
0,383
0,270
0,120
0,264
P
ass..en
ppm.
1,66
2,15
2,24
3,81
2,69
7,58
5,38
11,31
4,85
2,74
4,58
0,94
Granulométrie
P total en
ppm.
A%
LF%
LG%
S%
Type de CEC.méq
sol
/100g
157,67
181,60
180,19
202,72
190,05
211,16
202,72
237,91
166,1é
140,78
159,08
125,29
22,50
20,25
23,00
13,25
19,00
08,25
08,50
07,25
07,00
04,00
06,50
08,50
41,28
48,25
44,67
68,92
49,74
77,55
77,67
80,25
80,78
83,62
76,89
58,82
L(éq.)
L(éq.)
L(éq.)
Ls(éq.)
L(éq.)
Sl(éq.)
Sl(éq.)
Sl(éq.)
Sl(éq.)
Sl(éq.)
Ls(éq.)
Ls(éq.)
13,25
12,00
12,75
08,50
11,75
07,50
07,25
07,25
07,50
08,00
10,25
18,50
L : limoneux
S : sableux
Ls : limono-sableux
Sl : sablo-limoneux
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
68
21,25
17,75
20,75
07,00
16,75
04,00
04,75
02,75
03,50
02,75
04,75
12,00
13,6
13,8
13,8
14,0
13,6
13,0
13,6
13,4
13,8
15,6
15,0
16,4
Technologies participatives et gestion de la fertilité de sols – ASSIGBE, P.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
La monoculture du riz appauvrit le sol et ne permet pas aux variétés d’exprimer pleinement
leurs potentialités agronomiques. On note une minéralisation très rapide de toute matière
organique apportée aux sols de notre zone d’étude, ce qui s’explique par la faible teneur en
carbone observée. L’effet positif de la matière organique. surtout celui du niébé sur
l’amélioration de la fertilité des sols, a été mis en évidence à travers l’augmentation du
rendement du paddy.
Comme perspectives, il faudra :
•
appliquer les systèmes ainsi mis au point à la riziculture de plateau ;
•
identifier d’autres légumineuses adaptées au système de riziculture pluviale ;
•
tester de façon participative avec les producteurs les systèmes pluviaux ;
•
saisir cette opportunité pour promouvoir la pré-vulgarisation du nouveau riz africain
"NERICA".
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Assigbé, P. 1999 Contribution des légumineuses et des cultures de rotation à l’amélioration de
la fertilité des sols de riziculture de bas-fonds : cas du bas-fond de Lema (Centre
Bénin). Mémoire de D.E.A. à l’Université de Cocody. Abidjan . novembre 1999.
Assigbé, P. 1998 Rôle des légumineuses et des cultures de rotation dans la durabilité des
systèmes rizicoles de bas-fonds. Revue Annuelle du Groupe d’Action Systèmes des
Cultures de l’ADRAO. Bouaké 23 – 24 mars 1998. Rapport d’Activités.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
69
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
LE SULFATE DE ZINC : UNE SOLUTION AU PROBLEME
DES POCHES DE FAIBLE PRODUCTION DANS LES
PERIMETRES IRRIGUES DE NIASSAN/SOUROU,
BURKINA FASO
BARRO. S .E 1 , VANASTEN. P. J. A2 , BADO B. V.1 , WOPEREIS. M. C. S2,
DAKOUO, D.1, SIE M. 1, HAËFELE, S.2 et MIEZAN, K M.2
1-INERA, Programme Riz, Station de Farako-ba, BP. 910, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso.
2- ADRAO. Programme Riz Irrigué Sahel, BP. 96, Saint-Louis, Sénégal. Tél. (221) 9 62 64 93
Résumé :
Des «essais Zinc» ont été conduits en milieu paysan en saison sèche 2001 sur le périmètre
irrigué de la vallée du Sourou, au nord ouest du Burkina, chez 29 paysans. Ce travail en
milieu réel a permis aux producteurs d’observer sur leurs propres parcelles les effets
bénéfiques des apports de zinc et de paille décomposée, en comparaison avec leurs pratiques
habituelles.
L'apport de 10 kg de zinc donne les plus hauts rendements en riz paddy. Par rapport à la
parcelle paysanne, il augmente les rendements de 82%. Ces résultats prouvent que la
déficience du zinc est effectivement une contrainte importante pour la production dans les
parcelles à « Poches de Faible Production (PFP) » et que les rendements peuvent être
considérablement augmentés avec des apports de zinc à doses faibles (10 kg/ha). Les doses
relativement plus fortes (20 kg/ha), ne procurent pas de surplus de rendement. Comparés aux
pratiques paysannes habituelles, les apports de paille de riz décomposée donnent un gain de 2
t/ha.
Il apparaît donc que le zinc en application de fond est une solution au problème des PFP dans
les rizières irriguées de NIASSAN/SOUROU et qu’à défaut la paille de riz décomposée, il
peut être employée. De ce point de vue la pratique paysanne qui consiste à laisser la paille se
décomposer en tas dans la rizière, pendant une saison avant emploi, doit être encouragée en
attendant les résultats des travaux complémentaires de recherche en vue de proposer une
formule pour les sols de riziculture irriguée au SOUROU.
Mots clés : Riz irrigué, poches de faible production, sols, pH, alcalinité, zinc, rendement
INTRODUCTION
Des poches de faible production (PFP) apparaissent dans les parcelles rizicoles depuis 1994.
Les paysans et l’AMVS ont constaté une intensification de ces poches surtout dans les
périmètres des 50 et 140 ha, les premiers à être aménagés respectivement en 1986 et 1988.
Les résultats d’enquêtes menées auprès des paysans du périmètre des parcelles de 50 ha ont
fait ressortir de 25 à 50 % des superficies affectées et une baisse de rendement de 10 à 50 %.
Différentes hypothèses ont été émises et soumises à la vérification (cf. fig. 1. Tout en ne
perdant pas de vue que les pratiques culturales ne sont pas optimales au Sourou, l’accent a été
mis sur les aspects sols et phytosanitaires.
Afin de vérifier les hypothèses des travaux d’études. exécutés sur le terrain et au laboratoire,
un certain nombre d’hypothèses non vérifiées ont été rejetées, et l’attention focalisée sur la
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
70
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
question de déficience en zinc (diagnostic des causes et effets, stratégie de correction du
manque).
Vue l’importance des taches pour la productivité, la production au niveau des parcelles à
NIASSAN, et le coût des redevances (100.000 FCFA/ha), ce problème de zinc mérite
beaucoup d’attention.
problème:
POCHES DE FAIBLE
PRODUCTION
PRATIQUES
CULTURALES
NON-OPTIMALES
hypothèse 1:
hypothèse 2:
MAUVAISE QUALITÉ
DU SOL
PROBLÈMES
PHYTOSANITAIRS
hypothèse 1.1:
hypothèse 1.2:
hypothèse 2.1:
hypothèse 2.2:
SALINITÉ
FERTILITÉ
MALADIES
NEMATODES
:
?
:
hypothèse
1.2.1:
hypothèse
1.2.2:
QUANTITÉ
DISPONIBILITÉ
Zn ;
P :
ADRAO - INERA
hypothèse 1.2.2.1:
hypothèse 1.2.2.2:
ALKALINITÉ
Æ Zn / P
MANQUE DE
DRAINAGE ÆZn
Zn ?
P :
?
: REJETÉ
; ACCEPTÉ
? À VERIFIER
Fig. 1 : Diagnostic des causes et effets des poches de faible production
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
71
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
MATERIELS ET METHODES
Site d’étude
Situation et climat
La vallée du Sourou (VDS) est située au nord ouest du Burkina Faso à la frontière avec le
Mali, à environ 270 km de Ouagadougou. Elle se trouve entre les latitudes 12o41’33’’ et
13o11’51’’ nord et les longitudes 3o33’06’’ et 3o33’40’’ ouest. Du point de vue climatique,
elle est caractérisée entre autres par sept (7) mois de sécheresse sévère, une pluviométrie
moyenne annuelle de 635 mm, des températures minimales de 20oC de décembre à janvier à
risques importants pour le développement végétatif des cultures irriguées, et des températures
maximales de 34oC de mars à avril, à risques d’échaudage importants pour les cultures en
période de fortes demandes climatiques.
Caractéristiques agro-pédologiques et biologiques
Sols.
Les sols sont. selon la taxonomie française des sols (CPCS), des sols bruns vertiques à
inclusion de vertisols. Ils sont :
•
riches en argiles gonflantes, à faible Réserve Utile en eau
capacités de rétention en eau ;
•
à fentes de retraits très développées, dues à l'importance des teneurs en argiles
gonflantes qui provoquent les pertes d'eau d'irrigation dans les périmètres ou parties de
périmètres ;
•
pauvres en matière organique totale et en azote, en phosphore assimilable, en zinc et
en sodium ;
•
riches en calcaire (nodules, mycélium et traînées de poudre), en potassium et en bases
échangeables ;
•
de capacité d'échange cationique très élevé et très fortement saturés ;
•
non salins (CEC 1 :5 de 0,21 à 0,22dS/m) ;
•
peu à légèrement alcalins (pH1:2,5 de 6,9 à 8,3).
malgré leurs fortes
Plantes
Elles contiennent très peu de zinc ; une carence est possible. La variété de riz cultivée, est la
FKR 28 (ITA 123), en principe moyennement sensible à la carence de zinc.
Eaux
Il apparaît avec les résultats portés au tableau I que les eaux ne sont pas salées mais présentent
un risque potentiel d’alcalinisation avec toutefois, des facteurs de concentration assez faibles ;
il n’y a donc aucun signe d’alcalinisation actuelle.
L’eau d’irrigation vient de la rivière Débé, ravitaillée par les eaux du barrage pont sur le
Sourou. L’exhaure est fait par pompage ; l’eau revient chère.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
72
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
Tableau I : Paramètres de qualité des eaux utilisées
Qualité mesurée (unité utilisée)
CEC (dS/m)
pH
ARcalcite (meq/l)
Eaux d’irrigation
Eaux des drains et parcelles rizicoles
Eaux des nappes et rivière DEBE
0,14
<0,35
<0,80
7,6 0,8
<8,2 <1,5
<8,5 <4,0
Caractéristiques biotiques
De l’examen des résultats des travaux disponibles sur ces caractéristiques, il ressort
que l’'helminthosporiose commence à prendre de l'ampleur et qu'il serait nécessaire de
conduire des essais pour la mise au point de méthodes de lutte appropriées (Ouédraogo, 1996,
1997).
Conduite des essais
Dès lors que la problématique a été suffisamment orientée sur une déficience en zinc, deux (2)
essais ont été conduits en milieu semi-contrôlé et en milieu paysan.
1) « Essai soustractif » : pour la confirmation de la déficience
2) « Essai zinc » chez une trentaine de producteurs pour corriger la déficience.
« Essais soustractifs »
Ils ont été conduits en campagne sèche 2001 sur le périmètre des 140 ha. On y compare les
effets de différents types d'apports d'engrais. Les traitements (cf. tableau II) sont des
combinaisons N-P-K-Zn suivant une méthode soustractive avec 9 traitements.
La parcelle élémentaire est de 24 m2 (6 m x 4 m), et le dispositif adopté est un bloc de
Fischer à 4 répétitions. Après piquetage les parcelles ont été labourées et planées. TSP, KCL,
Zn et DAP ont été apportés en engrais de fond au repiquage du riz, réalisé à 15 cm x 15 cm.
L'urée a été apportée en début tallage et à l’initiation paniculaire, à raison de 75 kg/ha à
chaque fois.
Le désherbage a été fait à la demande, les observations agronomiques à différents stades
phénologiques et la récolte à temps (à la maturité). Des échantillons de sols avant le
démarrage de chaque campagne, et de plantes (paille, grains à maturité) ont été prélevés pour
des analyses au laboratoire.
Les rendements et les composantes de rendement ont été déterminés. Les analyses statistiques
ont été faites avec le logiciel Six Stat.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
73
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
Tableau II : Composition des traitements dans les essais soustractifs
Traitements
N
(Urée)
P2O5
(TSP)
K2O
(KCL)
Zn
DAP
Furadan
(Nématicide)
0
150
0
150
150
150
0
150
85
0
60
60
0
60
60
0
60
0
0
60
60
60
0
60
0
60
60
0
10
10
10
10
0
0
10
10
0
0
0
0
0
0
0
0
130.5
0
0
0
0
0
0
0,192
0,192
0
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
« Essai zinc » chez une trentaine de producteurs
Cet essai a été conduit en milieu paysan en saison sèche 2001, chez une trentaine de
producteurs dont les rizières ont des poches de faible production (PFP).
Les parcelles paysannes retenues sont situées pour la plupart sur le périmètre des 140 ha et
quelques-unes sur celui des 50 ha. Elles ont été divisées en quatre casiers pour une application
du zinc en fumure de fond avec deux doses différentes de zinc. T1 (10 kg/ha) et T2 (20 kg/ha).
comparés à un traitement T0 (sans zinc, pratique paysanne habituelle) et un traitement Tp
(amendement avec de la paille de riz décomposée, sans zinc). Les parcelles T1, T2 et Tp ont
chacune une superficie de 100 m2 (20 m x 5 m) ; le reste de la rizière constitue la parcelle T0.
Après piquetage, les parcelles ont été labourées et planées.
La gestion des parcelles (préparation du sol, repiquage du riz, application des engrais, etc.), a
été laissée à l’initiative de chaque producteur.
Des échantillonnages de sols ont été faits avant le démarrage de la campagne. Des
prélèvements d'échantillons de plantes (paille, grains à maturité) ont été également faits pour
des analyses au laboratoire.
Les rendements et composantes de rendement ont été déterminés. Les analyses statistiques ont
été faites aussi avec le logiciel Six Stat.
RESULTATS ET DISCUSSION
« Essais soustractifs »
L’histogramme de la figure 2 obtenu avec les moyennes des rendements permet de faire les
commentaires suivants :
•
L’application des engrais N, P et K (T6) permet d’avoir de bons rendements (5 à 5,8
t/ha) mais l'application de ces engrais plus le zinc (T2, T8, et T9) et même sans K (T5)
permet d’avoir des rendements plus élevés (6 à 7 t/ha) ;
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
74
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
•
Les rendements sans apports d’azote (T1, T7) sont faibles (2,5 à 4 t/ha) ; l’apport de
zinc, dans ce cas, a du reste un effet limité (T3). L’azote paraît être l’élément le plus
important pour l’élaboration des rendements ;
•
En l’absence de phosphore même avec correction de zinc (T4), il y a baisse de
rendement de 1 à 1,5 t/ ha. Le phosphore paraît donc un nutriment déterminant pour
le rendement ;
•
L'omission de potasse (T5) ne semble pas avoir un effet sensible sur le rendement ;
•
L’utilisation de nématicide (T7 et T8) a très peu ou pas d'effet sur le rendement. Les
nématodes ne semblent pas être la cause des poches de faible production ;
•
L’application du DAP (T9) donne les mêmes rendements que le TSP en tant que
source de phosphore (T8).
8
7
Rendements en t/ha
6
5
4
3
2
1
0
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
T8
T9
Traitements
Fig. 2 : Rendements sur les différents traitements des essais soustractifs
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
75
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
« Essai zinc » chez une trentaine de producteurs
Il apparaît sur la figure 3 que l’application du zinc améliore nettement les rendements. Les
rendements moyens ont été respectivement les suivants : T0 : 3,3 t/ha ; T1 : 6 t/ha ; T2 : 5,8
t/ha ; et Tp : 5,3 t/ha. Ces résultats prouvent aussi que la déficience du zinc est effectivement
une contrainte importante pour la production dans les parcelles à poches de faible production
et que les rendements peuvent être considérablement augmentés avec des apports de zinc à
doses faibles (10 kg/ha). Les doses relativement plus fortes (20 kg/ha) ne donnent pas des
surplus de rendement. D’ailleurs la dose de 20 kg/ha de zinc semble entraîner un léger effet
dépressif sur les rendements et les composantes de rendement du riz. Comparés aux pratiques
paysannes habituelles (T0), les apports de paille de riz décomposée (Tp) donnent un gain de 2
t/ha.
7
Rendements en t/ ha
6
5
4
3
2
1
0
T0
10kg Zn
20kg Zn
T p a ille
T r a ite m e n ts
Fig. 3 : Rendements du riz de l'essai Zinc
Il apparaît donc que le ZnSO4.H2O en application de fond constitue une solution au problème
de PFP dans les rizières irriguées de NIASSAN au Sourou et qu’à défaut, la paille de riz
décomposée peut être employée. De ce point de vue, la pratique paysanne qui consiste à
laisser la paille se décomposer en tas dans la rizière, pendant une saison avant emploi, doit
être encouragée en attendant les résultats des travaux complémentaires de recherche en vue de
proposer une formule pour les sols de riziculture irriguée au Sourou.
DISCUSSION
D’après Dobermann et Fairhurst (2000), le zinc est essentiel pour plusieurs réactions
chimiques dans la plante du riz. Il s’accumule dans les racines surtout, mais il peut être
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
76
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
transporté des racines vers les parties de la plante en croissance. Ces auteurs soulignent que
les symptômes de déficience du zinc se caractérisent par :
•
des taches brun-sales sur les feuilles supérieures de plantes rabougries, 2 à 4 semaines
après repiquage ;
•
une réduction de la croissance de la plante et une réduction du tallage en cas de
déficience sévère ;
•
un allongement du cycle de la plante ;
•
une augmentation de la stérilité des épillets de riz.
L’examen des résultats des essais soustractifs et essais chez deux producteurs renforce la
conviction selon laquelle, les parcelles traitées avec le zinc sont sans PFP et présentent une
production uniforme.
De plus, les résultats d’analyses de plantes indiquent qu’en général la teneur en zinc est
inférieure à 10 mg/kg, niveau critique de déficience pour une analyse de plante à la phase
végétative (Dobermann & Fairhurst, 2000 op. cit.). D’après les résultats d’analyses, les sols
donnent des teneurs en Zn inférieures au seuil critique de 0,6 mg/kg de sol. Le mauvais
drainage observé dans les parcelles du Sourou peut entraîner aussi la déficience du zinc. En
effet, les fortes concentrations en ions HCO3-, suite à des conditions de réduction dans les sols
calcaires sont causes de déficience en zinc.
Du point de vue du mécanisme, on peut penser que le zinc se lie fortement aux CaCO3, aux
MgCO3 et aux oxydes de Zn(ZnO), et de Mn. Après l’inondation des parcelles qui déclenche
une activité microbienne intense, les ions HCO3 sont les anions prédominants, avec
principalement une baisse de transport de zinc des racines vers les tiges et dans une moindre
mesure, des prélèvements du zinc par les racines. Celui-ci est réduit par une augmentation de
la concentration en acides organiques qui survient dans les conditions de submersion créées
immédiatement après irrigation.
Des analyses de plantes sont nécessaires pour faire la part des choses en ce qui concerne les
effets d’une augmentation de la disponibilité du zinc et de l’azote. En effet. les effets de la
matière organique pourraient être aussi attribués à une augmentation des fractions
assimilables de certains éléments tels que le phosphore et le zinc, suite à une certaine
« acidification» du milieu. L’apport de matière organique entraînerait une plus grande
absorption d’ions calcium. Ca++, au niveau du complexe argilo–humique, ce qui aurait pour
résultat un relâchement d’ions H+ par la rhizosphère des racines des plantes de riz en vue de
l’équilibre ionique. Il y aurait alors une baisse de pH et une acidification du milieu propice à
la solubilisation de complexes à phosphore, Zn(PO4)2 ou à zinc, CuAc-Zn, Acide–Zn, etc.. et
à la mise à disponibilité du phosphore et/ou du zinc pour les plantes. Ces effets de la matière
organique pourraient également être dus à des changements dans l’écologie du sol entraînant
une baisse de la population des prédateurs des nématodes. En l’absence d’une certitude sur les
mécanismes et effets de la matière organique sur les PFP et même de l’origine de la
déficience, il convient d’envisager la poursuite du travail de diagnostic.
Selon Dobermann et Fairhurst (2000), le sulfate de zinc, ZnSO4.H2O ou le ZnSO4.7H2O, est
le plus utilisé dans la correction de la défiscience en zinc et les applications de surface
paraissent les plus efficientes en sols à pH élevé que les incorporations au sol. A cause de sa
grande solubilité dans l’eau, le sulfate de zinc est la source de Zn la plus courante. Le ZnO est
cependant le moins cher. Les doses vont de 10 à 25 kg/ha, mélangés à 25% de sable pour
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
77
Sulfate de zinc et poches de faibles production – BARRO, S. E. et AL.
l’homogénéisation, en application de fond, et de 0,5 à 1,5 kg de Zn/ha (0,5% de solution
sulfate pour 200 l d’eau) en application foliaire.
D’après ces auteurs, les effets de l’application du zinc peuvent persister pendant 5 ans en
fonction des sols et de la gestion des cultures : en sols alcalins, avec une déficience sévère en
zinc, l’effet résiduel de l’application de ZnSO4 ne dure pas ; c’est pourquoi il faut un apport à
chaque culture. Sur la plupart des sols, l’application de ZnSO4 recommandée est de chaque 2 à
8 cultures.
Il convient de noter qu’au Sourou, les effets de l’application de ZnSO4 semblent persister
pendant trois cultures au maximum : des PFP apparaissent dès la quatrième culture. Cette
durée des effets est bien entendu supérieure à celle des matières organiques qui. d’après des
enquêtes auprès des producteurs du périmètre des 50 ha, ne dure qu’à peine deux cultures.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES.
Il apparaît qu’il n’y a pas de signes de dégradation des sols par les processus
d’alcalisation/salinisation à la vallée du Sourou. Les Poches de Faible Production (PFP) sont
dues à une déficience en zinc. L’apport du sulfate de zinc et de matières organiques (pailles de
riz décomposée) augmente les rendements et diminuent les poches de faible production.
Il convient :
•
de poursuivre le travail de diagnostic pour connaître l’origine de la déficience ;
•
de tester de nouvelles formules d’engrais Zn (doses. types) pour déterminer le besoin
minimal, les effets résiduels et le ratio coûts sur valeurs ;
•
de suivre le développement des poches de faible production dans les autres périmètres
du Sourou ;
•
de suivre l’évolution de l’ARcalcite des eaux de surface.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Dobermann, A. and Fairhurst, T. 2000 Rice Nutrient Disorders & Nutrient Management.p.8589. IRRI. Makati Cyti.
Ouédrago, I. 1996 Rapport de mission au Sourou dans le cadre du PSSA - INERA/ 3 pages
Ouédrago, I. 1997 Rapport de mission effectué au Sourou sur le périmètre des 925 ha du 15
au 22 octobre 1997, 4p.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
78
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
ETUDE DE L'EFFET DES PHOSPHATES NATURELS DU
BURKINA FASO ET DU MALI SUR MUCUNA RAJADA ET
EFFETS RESIDUELS SUR LE RIZ PLUVIAL
SEGDA, Z.
Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), Station de recherches agricoles de Kouaré
BP 208 Fada N’Gourma, Burkina Faso ; Email: [email protected]
Résumé :
Les questions primordiales qui se posent aujourd'hui à la production agricole du Burkina Faso
sont principalement le maintien de la fertilité du sol en condition de culture permanente et
l’application de mesures pour remplacer les pratiques de jachère, certes importantes mais en
cours de disparition.
Une expérimentation conduite dans la zone Nord soudanienne du Burkina sur lixisols, visait à
déterminer d’une part les effets du phosphore sur la production de biomasse d’une jachère
courte de Mucuna rajada et d’autre part, l’impact du précédent légumineuse sur le rendement
en paddy du riz pluvial en rotation.
L’application de phosphore, quelque soit la source et la dose, améliore la production de la
biomasse aérienne (rendement en matière sèche) et le poids des grains (rendement en grains)
du Mucuna, par rapport au témoin sans P.
L'application de 60 P2O5 de BP ou de PNT ou 30 P2O5 de TSP en première année sur le
Mucuna, suivie de 60 N sur le riz pluvial en rotation améliore sensiblement les rendements en
paddy.
Mots clés : Mucuna rajada, phosphore, fertilité du sol, Burkina Faso.
INTRODUCTION
Le phosphore (P) est considéré comme l’un des éléments les plus limitants pour la croissance
des plantes en Afrique subsaharienne (Mokwunye, 1995). L’utilisation des engrais dans cette
région est en général faible et considérée comme non lucrative sur les cultures vivrières telles
que le millet et le sorgho. La dévaluation du franc CFA intervenue en 1994 a également rendu
les engrais phosphatés importés (P) moins accessibles aux agriculteurs, d’où l’intérêt
croissant pour la fertilisation au phosphate naturel (PN).
Des gisements importants de phosphates naturels existent dans certains pays comme le
Burkina Faso et le Mali, relativement moins chers que d’autres formes de phosphore utilisable
pour la fertilisation. Leur teneur en phosphore est variable et celui-ci n’est que lentement
assimilable. Osunde et al. (1994) signalent que l’application directe de la roche phosphatée à
des sols tropicaux acides produit (selon la réactivité inhérente de la roche ou de l’espèce de
plante), les mêmes résultats que ceux obtenus avec les sources commerciales de phosphore
soluble. A ce propos, des auteurs ont montré que certaines légumineuses ont la capacité
d’assimiler du phosphate naturel (Reijntjes et al., 1995). Ces constatations font ressortir
l’importance d'utiliser les phosphates pour améliorer la capacité de fixation biologique de
l’azote des légumineuses d'une part et apporter du phosphore dans le cycle d'autre part.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
79
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
L’objectif principal de cette étude est de développer et de promouvoir l’utilisation des
jachères améliorées de légumineuses (Mucuna rajada) combinées avec les phosphates
naturels du Burkina ou du Mali dans les systèmes de culture pluviaux en vue d'améliorer la
fertilité des sols (amélioration de la disponibilité en N et P, augmentation de la matière
organique et élévation du pH). Cela contribuerait à la promotion d’une agriculture
performante et durable dans la zone Est du Burkina Faso, intégrant le riz pluvial en plein essor
dans le système de culture. L’attteinte d’un tel objectif passe par les réponses aux questions
suivantes :
L’application des phosphates naturels (PN) permet-elle d’améliorer la production de biomasse
aérienne du Mucuna ?
Quel est le devenir de la litière du Mucuna au cours de la saison sèche ? Peut-on en améliorer la
disponibilité aux fins d’enfouissement en début de saison humide ?
L’application de P sur Mucuna et l’enfouissement de sa litière ont-ils un impact sur le
rendement du riz pluvial en rotation ?
MATERIEL ET METHODES
L’étude est conduite dans la zone Nord soudanienne sous une pluviométrie mono modale
moyenne annuelle de 900 mm.
L'espèce de légumineuse utilisée est Mucuna rajada. C'est une plante sarmenteuse à
croissance vigoureuse, rampante, à tiges souples légèrement côtelées, de plus de 6 m de long.
Elle est cultivée surtout comme engrais verts ou prairies temporaires. Elle s'accommode de
sols très divers, des sables aux argiles et supporte une assez forte acidité. Elle est non
spécifique quant au rhizobium (Sanginga et al., 1996).
Trois sources de phosphore (à solubilités différentes) ont été utilisées : il s’agit du BurkinaPhosphate (BP), du Phosphate Naturel de Tilemsi (PNT) du Mali, et du Triple Super
phosphate (TSP). Sur le tableau I sont présentées les caractéristiques chimiques de ces
engrais. Le triple super phosphate (TSP), engrais phosphaté fabriqué industriellement, sert de
témoin engrais phosphorique soluble de référence.
Tableau I : Caractéristiques chimiques des engrais phosphatés utilisés.
Nature de
l’engrais
BP
PNT
TSP
P2O5
25
29
46
Composition en éléments minéraux (en %)
CaO
SiO2
Fe2O3
34,5
26
3,4
34,5
6,3
6,3
-
Al2O3
3,1
2,3
-
L'étude, conduite en parcelles de cultures de la station de recherches agricoles de Kouaré sur
sols ferrugineux tropicaux lessivés acides (ou Lixisols féeriques, selon la FAO) s'est déroulée
en deux parties :
-
Première partie : 2000 : Détermination de l'influence de 3 sources de phosphore sur la
croissance de Mucuna rajada en saison humide et suivi au cours de la saison sèche
2000 – 2001 de l'évolution de la litière du Mucuna.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
80
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
-
Deuxième partie : 2001 : Evaluation en saison humide de l'influence du Mucuna
fertilisé au phosphore sur le rendement du riz pluvial en rotation.
En première année (saison humide 2000), le dispositif expérimental utilisé a été de type blocs
complèts randomisés comprenant 10 traitements et 4 répétitions. Les traitements sont
constitués par 3 sources de phosphore (BP, PNT et TSP) à 3 doses croissantes de phosphore
(30, 60 et 120 kg de P2O5 ha -1), plus le témoin sans P.
Le labour a été effectué aux bœufs, l'égalisation à la daba. Le piquetage et le traçage ont
immédiatement suivi. Ensuite on a appliqué les sources de phosphore. Le semis a été fait dix
jours après l’application de phosphore, en poquets séparés de 40 cm à raison de 2 graines par
poquet. Les parcelles élémentaires mesuraient 12 m x 6 m (72 m²).
Des prélèvements de sols ont été effectués (horizon 0 – 20 cm) avant le semis du Mucuna pour
une caractérisation complète du site. Les résultats ne sont pas encore disponibles.
Pour l’évaluation du Mucuna, les observations ont porté principalement sur le pourcentage de
levée, la couverture du sol et l’évaluation de la biomasse aérienne dans des carrés de rendement
d’un demi mètre de côté. Le temps de collecte des données est reporté en jours après semis
(JAS). Les mesures et les prélèvements ont été opérés tous les 28 JAS Un séchage à l’air puis
à l’étuve 70 °C pendant 48 heures a été effectué. Le suivi de la litière a été effectué au cours de
la saison sèche, de décembre 2000 à mars 2001.
En seconde année (saison humide 2001), on associe au dispositif expérimental antérieur deux
doses d'azote (60 et 120 kg ha –1) plus le témoin sans azote, afin de mieux faire ressortir
l'influence du Mucuna fertilisé au phosphate sur le rendement du riz pluvial venant en
rotation. Les parcelles élémentaires sont de 4 m x 6 m (24 m²). Un apport de potassium est fait
de façon uniforme à raison de 28 kg de K2O ha –1, soit 46,7 kg ha –1 de KCl (0-0-60) au semis
du riz sur toutes les parcelles. L'azote est apporté sous forme d'urée en 2 applications (à 15
JAS et à l'initiation paniculaire).
L’analyse des données a été effectuée avec le logiciel Stat-ITCF. La séparation des moyennes
a été faite par le test de Newman Keuls lorsque le test de l’analyse de variance était
significatif à 5%.
RESULTATS ET DISCUSSION
La pluviométrie totale enregistrée au cours des deux campagnes est de 710,1 mm en 53 j de
pluie en 2000 et 832,2 mm en 49 j de pluie en 2001. Il faut noter que la mauvaise répartition
de la pluviométrie en 2001 a influencé négativement la production des céréales dans toute la
zone Est. Les données analysées concernent le pourcentage de levée, le taux de couverture,
l'évolution de la matière sèche aérienne et de la litière, l'arrière effet du Mucuna sur le
rendement du riz pluvial venant en rotation.
Effet des doses croissantes de P2O5 sur le pourcentage de levée de M. rajada à Kouaré, 15
JAS, saison humide 2000
On constate que le pourcentage de levée a varié de 89,5 à 94,4 (tableau II) avec une moyenne de
92,4 %. Il n’ ya pas de différence nette en fonction de la source comme de la dose de
phosphore. Ce résultat semble indiquer que la levée n’est pas influencée par la source ou la dose
de P2O5.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
81
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
Tableau II : Effet des doses croissantes de P2O5 sur le pourcentage de levée
de M. rajada à Kouaré, saison humide 2000
Source de P
Témoin absolu
B.P
PNT
TSP
Doses de P2O5
(kg ha –1)
0
30
60
120
30
60
120
30
60
120
Levée (%)
15 JAS
90,3
89,5
91,9
94,1
91,6
93,8
93,4
92,0
92,7
94,4
Effet des doses croissantes de P2O5 sur le taux de couverture de Mucuna rajada à
Kouaré, saison humide 2000
Le taux de couverture est un paramètre très important pour les cultures de couverture. La
rapidité de la couverture du sol le protège principalement contre l’érosion en cas de fortes pluies
et contre la dessiccation en cas de sécheresse. Sur le tableau III figurent les taux de couverture
du sol par le Mucuna, qui varient entre 37,5% et 56,3% à 28 JAS. Deux mois après le semis, le
sol était couvert à 100% sauf pour le témoin sans P2O5 et le TSP à la dose de 30 kg ha –1. Les
critères source ou dose de P2O5 ne semblent pas influer sur la couverture du sol.
Tableau III : Effet des doses croissantes de P2O5 sur le taux de couverture de Mucuna rajada à
Kouaré, saison humide 2000
Source de P
Témoin absolu
B.P
PNT
TSP
Doses de
P2O5
(kg ha –1)
0
30
60
120
30
60
120
30
60
120
28 JAS
43,8
37,5
50,0
43,8
37,5
50,0
56,3
43,8
43,8
56,3
Taux de couverture (%)
56 JAS
84 JAS
93,4
100
100
100
100
100
100
93,4
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
112 JAS
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Effet des doses croissantes de P2O5 sur l’évolution de la matière sèche aérienne de M.
rajada à Kouaré, saison humide 2000
L’étude de la relation entre les rendements en matière sèche aérienne du Mucuna et les doses
croissantes de P2O5 est faite à partir des courbes de réponse et des fonctions de production.
Les effets des doses croissantes de P2O5 sur les rendements en m.s. aérienne de M. rajada 84
JAS (période de plus forte production de biomasse) obéissent à des équations de régression de
type quadratique qui sont représentées aux figures 1, 2 et 3.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
82
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
Selon les différentes sources de phosphore, les équations de régression spécifiées sont :
Pour le BP : Y = 3671,9 + 36,048x – 0,206 x² avec r² = 0,859
PNT : Y = 3725,3 + 37,531x – 0,231 x² avec r² = 0,940
TSP : Y = 3772,8 + 23,014x – 0,145 x² avec r² = 0,973
Ces équations expliquent les effets des différentes sources et doses de P2O5 sur les rendements
en m.s aérienne de M. rajada. Les coefficients de détermination de ces 3 équations sont très
élevés avec une meilleure réponse du PNT (b= 37,5) suivi du BP (b= 36) et du TSP (b= 23).
M.S de M. cochinchinensis (kg/ha)
6000
5500
5000
4500
4000
y = -0,206x2 + 36,048x + 3671,9
R2 = 0,859
3500
3000
2500
2000
0
30
60
90
120
150
Doses de P2O5
M.S de M. cochinchinensis (kg/ha)
Fig. 1. : Effet du BP sur la biomasse aérienne de M.
cochinchinensis (84 JAS) à Kouaré, saison humide 2000
5500
5000
4500
4000
y = -0,231x2 + 37,531x + 3725,3
R2 = 0,940
3500
3000
2500
2000
0
30
60
90
120
150
Doses de P2O5
Fig. 2 : Effet du PNT sur la biomasse aérienne de M.
cochinchinensis (84 JAS) à Kouaré, saison humide 2000
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
83
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
M.S. de M. cochinchinensis (kg/ha)
5000
4500
4000
y = -0,145x2 + 23,014x + 3772,8
R2 = 0,973
3500
3000
2500
2000
0
30
60
90
120
150
Doses de P2O5
Fig. 3 : Effet du TSP sur la biomasse aérienne de M.
cochinchinensis (84 JAS) à Kouaré, saison humide 2000
Selon les coefficients de détermination, 86 à 97 % des variations de rendement en matière
sèche aérienne observées sont expliquées par les variations des doses de P2O5. Autrement dit,
86 à 97% des causes d’augmentation des rendements en matière sèche aérienne proviennent
des augmentations des doses de P2O5 appliquées. Seulement 3 à 14 % des variations sont dues
à des facteurs autres que le phosphore.
L’augmentation de poids en m.s aérienne de M. rajada par unité de P2O5 est plus élevée pour
le PNT (37,5 kg ha–1) mais les différences d’augmentation sont faibles entre les 2 sources
naturelles de P. Les doses optimales de P2O5 calculées pour obtenir une production optimale
sont de 87,7 kg ha–1 pour le BP, 81,2 et 79,4 kg ha–1 respectivement pour le PNT et le TSP.
Les résultats obtenus montrent que l’application du phosphore (quelque soit la source et la
dose) améliore la production de biomasse aérienne de M. rajada.
Cependant, il faut être prudent avec l'interprétation et l'interpolation possible des résultats
obtenus car très peu de facteurs ont été mesurés. Cependant, des résultats similaires ont été
obtenus par Segda et Hien (2000) dans la zone sub-soudanienne du Burkina Faso (Station de
Farako-Bâ) avec le maïs cultivé en rotation. Vanlauwe et al. (2000) montrent que l'apport de
90 kg ha –1 de phosphate naturel du Togo dans la zone de savane nord guinéenne du Nigéria
améliore non seulement la biomasse de la légumineuse mais également agit positivement sur
le rendement du maïs en rotation après Mucuna pruriens et Lablab purpureus. Ces auteurs
lient ces effets à l'amélioration du statut azoté et phosphorique du sol.
Effet des doses croissantes de P2O5 sur rendement grains de M. rajada à Kouaré, saison
humide 2000
Le rendement grains est représenté au tableau IV. On constate que la production de grains est
influencée par les doses de phosphore. Les doses fortes de P2O5 (120 kg ha–1) apportent les
meilleurs rendements : TSP (1.205 kg ha–1), PNT (1.032 kg ha–1) et BP (1.030 kg ha–1).
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
84
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
Tableau IV : Effet des doses croissantes de P2O5 sur le rendement grains de
M. rajada à Kouaré, saison humide 2000.
Doses de P2O5
(kg ha –1)
Source de P
Témoin absolu
B.P
PNT
TSP
0
30
60
120
30
60
120
30
60
120
Rendement
grains
(kg ha –1)
501,5
626,6
840,8
1030,2
750,6
925,6
1032,8
765,4
915,3
1205,4
Evolution de la litière de M. rajada pendant la saison sèche
La figure 4 présente l'évolution de la matière sèche du Mucuna. Le pic d'accumulation de
matière sèche se situe à 84 JAS pour toutes les sources et les doses de phosphore. Après la
récolte des graines, la matière sèche de Mucuna a baissé à un taux moyen d'environ 0, 6 t ha -1
mois –1, avec un minimum de 0,3 t ha -1 mois –1 et un maximum de 1,0 t ha –1 mois –1.
160,00
Mucuna sans P
Mucuna + 30 BP
matière sèche (en g/0,25 m²)
140,00
Mucuna + 60 BP
120,00
Mucuna +120 BP
Mucuna + 30 PNT
100,00
Mucuna + 60 PNT
80,00
Mucuna +120 PNT
Mucuna + 30 TSP
60,00
Mucuna + 60 TSP
Mucuna +120TSP
40,00
20,00
0,00
56 JAS
84 JAS 112 JAS 140 JAS 164 JAS 196 JAS 224 JAS
Dates de prélèvement
Fig. 4 : Evolution de la m.s aérienne de M. rajada , Kouaré, 2000 - 2001
Carsky et al. (1998) montrent que la persistance de Mucuna durant la saison sèche dépend de
la biomasse accumulée, des feux de brousse et du pâturage. Dans notre site d'étude, un
troisième paramètre le plus important (dans la mesure où les feux et le pâturage sont interdits)
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
85
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
a été déterminé. Il s'agit du vent, principalement les tourbillons qui emportent souvent très
loin les litières sèches à partir du mois de février.
Nous pensons que le moyen le plus sûr d'éviter les pertes importantes de litière pendant la
saison sèche est de couper au moment opportun (qui restera à définir) les fanes afin d'apporter
un complément alimentaire aux animaux. En ce moment, le retour du fumier dans le champ
constituera un bon plan de fumure.
Arrière effet du Mucuna fertilisé aux phosphates naturels sur le rendement en paddy du
riz en rotation, campagne humide 2001.
D'une manière générale, les rendements paddy sont faibles. La mauvaise répartition
temporelle de la pluie dans la zone peut en être la cause principale. Cependant, le riz répond
aux doses croissantes d'azote.
On note une différence significative (p < 0,0004) entre les doses d'azote pour le rendement en
paddy. Les rendements sans azote sont beaucoup plus faibles que ceux avec 60 N, eux mêmes
plus faibles que ceux avec 120 N. Il n' y a pratiquement pas de réactions aux faibles doses de
BP (30 P2O5). Les doses fortes de N (120 N) semblent avoir un effet dépressif sur le riz
pluvial, plus marqué avec l'engrais soluble TSP.
L'évaluation de la source et de la dose de phosphore peut être établie de la façon suivante:
Pour le BP et le PNT : les rendements en paddy les plus élevés sont obtenus en appliquant 60
P2O5 au Mucuna en première année et 60 N sur le riz en seconde année.
Pour le TSP, les rendements en paddy les plus élevés sont obtenus en appliquant 30 P2O5 au
Mucuna en première année et 60 N sur le riz.
60 N semble être la dose optimale pour améliorer le rendement du riz pluvial. Tapsoba
(1997), Bado et Hien (1998) ont obtenu des résultats similaires dans la zone ouest du Burkina
Faso.
L'application de 60 P2O5 de BP ou de PNT, de 30 P2O5 de TSP en première année sur le
Mucuna, suivie de 60 N sur le riz pluvial en rotation améliore sensiblement les rendements en
paddy.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
86
Rendement paddy (kg/ha)
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
0N
60N
120N
M
a
un
uc
-P
M
a
un
uc
+
30
BP
P_
a+
un
uc
M
60
P_
BP
M
a
un
uc
+
0
12
P_
BP
Mucuna + BP (kg P2O5/ha)
Rendement paddy (kg/ha)
Fig. 5 : Effet résiduel de Mucuna et du Phosphore sur le
rendement en paddy à Kouaré, saison humide 2001
800
700
600
500
400
300
200
100
0
0N
60N
120N
M
u
na
cu
-P
a+
un
c
u
30
P
P_
NT
a+
un
c
u
60
P
P_
NT
u
uc
M
M
M
Mucuna + PNT (kg P2O5/ha)
+
na
12
0
P
P_
NT
Rendement paddy (kg/ha)
Fig. 6 : Effet résiduel du Mucuna et du Phosphore sur le
rendement en paddy à Kouaré, saison humide 2001 PNT
700
600
0N
500
60N
400
120N
300
200
100
0
un
uc
M
a-
P
u
uc
M
+
na
30
P_
P
TS
u
uc
M
+
na
60
P_
P
TS
un
uc
M
a+
12
0
TS
P_
P
Mucuna + TSP (kg P2O5/ha)
Fig. 7 : Effet résiduel du Mucuna et du Phosphore sur le
rendement en paddy à Kouaré, saison humide 2001
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
87
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
CONCLUSION
L’application de phosphore (quelque soit la source et la dose) améliore la production de
biomasse aérienne et le rendement en grains du Mucuna, par rapport au témoin sans
phosphore. Les doses optimales de P2O5 calculées pour obtenir une production maximale de
matières sèches aériennes sont de 88 kg ha–1 pour le BP (soit 350 kg ha–1 de BP), 81 kg ha–1
pour le PNT (soit 280 kg ha–1 de PNT) et 79 kg ha–1 le TSP (soit 172 kg ha–1 de TSP). La
production de biomasse est fonction de la source et de la dose de phosphore.
La matière sèche du Mucuna évolue jusqu'à atteindre un pic situé autour de 84 JAS pour
toutes les sources et les doses de phosphore. Ensuite, la matière sèche subit une baisse à un
taux moyen mensuel d'environ 0,6 t ha -1. La disparition de la litière intervient à partir de
début avril, emportée par le vent et les tourbillons. Il est très difficile dans ces conditions
d'utiliser les biomasses des jachères améliorées en vue d'améliorer la fertilité des sols dans la
zone de savane nord soudanienne du Burkina Faso. La fauche et la conservation du fourrage
pourront apparaître comme une alternative favorable, à condition que les déjections des
animaux alimentés à partir de ces résidus soient transférées des étables au champ.
L'application de 60 kg ha –1 d'azote sous forme d'urée constitue une dose optimale permettant
d'améliorer le rendement du riz pluvial venant en rotation après une jachère courte de Mucuna
rajada fertilisée au phosphate naturel du Burkina Faso ou du Mali.
REFERENCES BINLIOGRAPHIQUES
Bado, B.V. et Hien, V., 1998 Efficacité agronomique des phosphates naturels du Burkina
Faso sur le riz pluvial en sol ferrallitique. Cahiers Agricultures, Vol. 7 (3), 236 – 238.
Carsky, R.J., Tarawali, S.A., Becker, M., Chikoye, D., Tian, G. and Sanginga N., 1998
Mucuna - herbaceous cover legume with potential for multiple use. IITA Ressource
and Crop Management Research Monograph N° 25, 52 p.
Mokwunye, A.U. 1995 Réactions du phosphate naturel dans les sols. Pp 90-98 In : L’
utilisation des phosphates naturels pour une agriculture durable en Afrique de l’
Ouest. Herny Gerner et A. Uzo Mokwunye (eds). IFDC-Africa, Nov 21-23.
Osunde, A.O., Sanginga, N. and Zapata, F. 1994 Greenhouse evaluation of phosphorus
availability from a rock phosphate to Gliricidia sepium grown on an Ultisol. Pp.326334 In : Recent Development in Biological Nitrogen Fixation Research in Africa.. Ed.
by M. Sadiki and A Hilali (eds), IAV Hassan II., 1994.
Reijntjes, C., Haverkort, B., et Waters-Bayer A.1995 Introduction d’une Agriculture durable
avec peu d'intrants externes. Une Agriculture pour demain. Ed. CTA - KARTHALA,
Pays - Bas.
Sanginga, N., Ibewiro, B., Houngnadan, P., Vanlauwe, B. and Okogun, J.A. 1996 Evaluation
of symbiotic properties and nitrogen contribution of Mucuna to maize grown in the
derived savanna of West Africa. Pland Soil : 179:119-129.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
88
Effets des phosphates naturels sur M. rajada et le riz pluvial – SEGDA, Z.
Segda, Z. et Hien, V. 2000 Intégration des plantes de couverture dans les systèmes de culture
pluviaux de l’Est et de l’Ouest du Burkina Faso : acquis de recherche et perspectives.
In Actes de l’Atelier « Plantes de couverture et gestion des ressources naturelles en
Afrique occidentale » R.J. Carsky, A.C. Eteka, J.D.H. Keatingue et V.M. Manyong
(Ed.) : IITA.
Tapsoba, M. 1997 Contribution à l'étude des besoins nutritifs du riz pluvial dans la zone ouest
du Burkina Faso. Mémoire de fin d'études, Ingénieur du développement rural, Institut
du Développement Rural, Centre Universitaire Polytechnique de Bobo Dioulasso, 72 p
+ annexes.
Vanlauwe, B., Nwoke, O. C., Diels, J., Sanginga, N., Carsky, R. J., Deckers, J. et Merckx, R.
2000 Utilization of rock phosphate by crops on a representative toposéquence in the
northern Guinea savanna zone of Nigeria: response by Mucuna pruriens, Lablab
purpureus and maize. Soil Biology & Biochemistry 32, 2063 – 2077.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
89
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
EFFET DE LA FERTILISATION SUR LE RENDEMENT DES
VARIETES DE RIZ EN FONCTION DE LA GESTION DES
CULTURES
DOUMBIA, Y., GUINDO, D., KAMISSOKO, N. et N’DIAYE, M. K.
Institut d’Economie Rurale – Centre Régional de RechercheAgronomique – Niono, Mali
Résumé :
L’intensification de la riziculture a entraîné l’utilisation d’importantes quantités d’engrais
minéraux. Ces engrais qui constituent environ 22% du coût de production du riz en zone
Office du Niger ne sont pas judicieusement utilisés. Ainsi, leurs utilisations ne se traduisent
pas par une augmentation conséquente du rendement. C’est dans ce contexte que nous avons
initié une étude pour évaluer l’effet de la fertilisation sur le rendement en fonction de la
gestion de la culture. Ces essais ont été conduits pendant deux ans dont une première année
en station et la seconde année en milieu paysan. En station, les essais conduits sur deux types
de sol comportaient 3 facteurs dont les variétés, la période d’application de l’engrais de fond,
les niveaux de désherbage combinés au maintien de la lame d’eau ou à l’assec périodique.
Les tests ont été initiés en milieu paysan à la suite des résultats de la première année. Ils
comportaient quatre traitements en blocs dispersés. Les traitements sans phosphore ou sans
potassium sur parcelles désherbées étaient comparés à la fumure complète appliquée sur
parcelles désherbées ou non. A l’issue de ces expérimentations, l’application de l’engrais de
fond avant repiquage ainsi que le maintien de la lame d’eau donnent les meilleurs rendements
sur les deux types de sol. Au niveau des tests menés en milieu paysan, les meilleurs
rendements ont été obtenus avec la fumure complète quelque soit le niveau de désherbage.
Mots clés : paquets techniques, phosphore, potassium, riz, sol
INTRODUCTION
La riziculture à l’Office du Niger est pratiquée sur divers types de sols sur environ 80 000 ha.
L’intensification de la riziculture a entraîné l’utilisation d’importantes quantités de fertilisants
minéraux. Ces fertilisants minéraux constituent environ 22% du coût de production du riz en
zone Office du Niger (ESPGRN, 1999). Cependant, l’apport des éléments nutritifs N, P, K ne
se traduit pas toujours par une augmentation conséquente du rendement. L’absence d’effet
notable sur le rendement s’explique par la gestion de la culture et des ressources, par
l’utilisation de variétés inappropriées et par diverses contraintes socioéconomiques (ADRAO,
1995). Selon De Datta (1978), plusieurs facteurs déterminent l’efficacité des fertilisants en
milieu paysan parmi lesquels, le sol, la variété, la gestion de l’eau, la période d’application
des engrais. Su (1976), a montré l’effet de l’application fractionnée du potassium. Les études
menées par le Programme Riz Irrigué (PRI) en 1997 sur l’azote ont montré que plusieurs
causes étaient à l’origine du faible taux de recouvrement de cet élément par les plants (PRI,
1997). Les principales raisons sont entres autres la gestion de l’eau au moment des apports,
l’enherbement, la période d’application, le type de sol, etc.
Cette étude vise l’identification de(s) paquet(s) technique(s) permettant d’obtenir les meilleurs
rendements et l’évaluation à partir de ces paquets de l’importance du phosphore et du
potassium en milieu paysan en fonction des pratiques paysannes.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
90
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
MATERIEL ET METHODES
Les essais ont été conduits en 2000 et 2001 à l’Office du Niger dans les zones de production
de Niono, N’Débougou et Molodo. Ces zones sont situées au Centre sud du Mali.
En première année, deux variétés ont été utilisées : la variété Kogoni BG 90-2, à paille courte
et tallage abondant largement cultivée dans les périmètres et la variété Sébérang MR 77 à
paille moyenne et tallage moyen, peu cultivée et moyennement tolérante à la virose.
Le dispositif utilisé est un factoriel en blocs avec deux variétés de riz (BG 90-2 et Sébérang
MR 77) combinées à quatre niveaux de gestions (parcelles désherbées ou non, combinées à
une lame d’eau permanente ou une lame d’eau avec assec de 10 jours) et deux périodes
d’application de la fumure de fond (avant et après repiquage). Les parcelles élémentaires
avaient une surface de 30 m² (10 m x 3 m) avec une allée de 0,50 m entre parcelles. Les
traitements ont été répétés 5 fois et les blocs étaient séparés par des allées de 1 m.
La fumure de fond constituée de phosphate d’ammoniaque (DAP) et de chlorure de potassium
(KCl) a été apportée à raison de 100 kg ha-1. L’azote a été apporté essentiellement sous forme
d’urée en complément minéral (CM) sur tous les traitements au tallage (18 jours après
repiquage) et à l’initiation paniculaire (52 jours après repiquage) à raison de 120 N ha-1.
En deuxième année, les meilleurs traitements retenus à l’issue de la première année ont
permis d’évaluer l’effet des éléments P et K en milieu paysan.
La variété Kogoni a été utilisée dans un dispositif en blocs dispersés où chaque paysan
constitue une répétition.
Les traitements comparés sont :
•
120 N- 20 P – 50 K sur parcelle désherbée
•
120 N- 20 P – 50 K sur parcelle non désherbée
•
120 N- 0 P – 50 K sur parcelle désherbée
•
120 N- 20 P – 0 K sur parcelle désherbée
La fumure de fond constituée de phosphate d’ammoniaque (DAP) et de chlorure de potassium
(KCl) a été apportée de façon variable suivant les traitements. L’azote a été apporté
essentiellement sous forme d’urée en complément minéral (CM) sur tous les traitements au
tallage (18 jours après repiquage) et à l’initiation paniculaire (52 jours après repiquage) à
raison de 120 N ha-1. La récolte a été effectuée sur la parcelle utile en éliminant 2 m de
chaque coté.
Les essais ont été implantés sur des vertisols et des sols ferrugineux tropicaux à la station de
Niono et en milieu paysan. Les caractéristiques physico-chimiques de ces sols figurent dans le
tableau I. Ces sols se différencient par le pH, la granulométrie et la teneur en bases
échangeables.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
91
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
Tableau I : Caractéristiques physico-chimiques des sols utilisés dans
le Macina en zone Office du Niger (Mali)
Caractéristiques
pH eau
pH KCl
Argile (g kg-1)
Sable (g kg-1)
Limon (g kg-1)
C. organique %
P total (mg kg-1)
P. assimilable (mg kg-1)
Bases échangeables méq/100 g
Ca
Mg
K
Na
CEC
Sol
ferrugineux
6 ,46
4 ,36
30,3
49,5
20,13
0,046
45,33
2
Vertisol
7,49
1,62
0,08
0,76
9,53
8,53
3,23
0,14
0,31
21
7,4
5,6
61,2
15,5
23
0,7
173
3
RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats sont présentés par année et par type de sol.
Année 2000 :
Les résultats d’analyse de variance et de comparaison de moyennes suivant le test de Newman
et Keuls figurent dans les tableaux II et III respectivement pour sols Danga et Moursi. Les
variables analysées sont le nombre de talles et de panicules au m², la hauteur moyenne en cm,
le poids paille en kg ha-1et le rendement paddy en kg ha-1
Sur sol Danga, les coefficients de variation varient de 8,5% pour la hauteur moyenne à 16%
pour le nombre de panicules (tableau II). Il existe un effet de la période d’application, de la
gestion de l’eau et du désherbage sur les variables analysées (tableau II et III). L’effet variétal
sur la variable hauteur, se traduit par la grande taille de la variété Sébérang par rapport à
BG90-2.
L’effet période d’application de la fumure de fond est perceptible sur les variables analysées
sauf la hauteur moyenne. L’application de la fumure de fond avant le repiquage a donné le
meilleur rendement (6.176 kg ha-1) contre 4.951 kg ha-1après repiquage soit une différence de
rendement en paddy de 1.225 kg ha-1. Selon De Datta (1978), l’application précoce est
essentielle pour l’élongation des racines.
Il existe un effet de la gestion de l’eau et du désherbage sur la hauteur moyenne et le
rendement en paddy. Le meilleur rendement est obtenu avec le traitement lame d’eau
permanente et le désherbage (G1D1) qui est statistiquement équivalent à la lame d’eau
permanente mais non désherbé (G1D2). Les traitements, G1D1 et G1D2, traduisent l’intérêt du
désherbage et la permanence de l’eau pour l’obtention d’un bon rendement (tableau II). La
moyenne de rendement est de 5.564 kg ha-1.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
92
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
Tableau II : Effet de la fertilisation sur le rendement des variétés de riz en fonction de la
gestion des cultures sur sol Danga, Office du Niger, SH 2000
Traitements
Talles au Panicules
m²
au m²
Facteur 1 : variétés
BG 90-2
Sébérang Mr 77
Facteur 2 : fumure de fond
Avant repiquage
Après repiquage
Facteur 3 : gestion eau/désherbage
Lame d’eau et désherbage
Lame d’eau sans désherbage
Assec périodique et désherbage
Assec périodique sans désherbage
Moyenne
Signification
Variétés (F1)
Apport engrais de fond (F2)
Gestion eau/désherbage (F3)
Interaction F1XF2
Interaction F1F3
Interaction F2XF3
Interaction F1XF2XF3
CV (%)
Hauteur
(cm)
Poids paille
kg ha-1
Rend.
kg ha-1
237
233
202
205
110b
121a
6998
7118
5587
5540
253a
218b
219a
189b
116
114
7300a
6816a
6176a
4951b
232
246
233
229
235
208
214
202
192
204
12b
112b
117ab
121a
115
7070
6803
7400
6959
7058
6376a
5955a
5025b
4898b
5564
NS
HS
NS
NS
NS
NS
NS
14 ,0
NS
HS
NS
NS
NS
NS
NS
16 ,0
HS
NS
HS
NS
NS
NS
NS
8,5
NS
S
NS
NS
NS
NS
NS
15,5
NS
HS
HS
NS
NS
NS
NS
14 ,9
Les valeurs affectées par les mêmes lettres sont statistiquement équivalentes selon le test de Newman et Keuls.
HS : significatif au seuil de 1% ; S : significatif au seuil de 5% ; NS : non significatif
Tableau III : Comparaison de moyennes des rendements sur sol Danga, en zone Office du
Niger, hivernage 2000
Fertilisation avant
repiquage
Gestion eau /enherbement
Lame d’eau et désherbage
Lame d’eau sans désherbage
Assec périodique et désherbage
Assec périodique sans désherbage
Moyennes
Moyennes
Fertilisation après
repiquage
BG 90-2
Sébérang
MR77
BG 90-2
Sébérang
MR77
6902
6818
6060
5471
6313
6902
6818
5051
5388
6040
5640
5135
4461
4209
4861
6061
5051
4526
4525
5041
6176a
4951b
Moyenne
6376a
5955a
5025b
4898b
5564
Dans une même colonne, les chiffres suivis de la même lettre sont statistiquement équivalentes selon le test de
Newman et Keuls
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
93
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
Sur sol Moursi, les coefficients de variation varient de 5,6% pour la hauteur moyenne à 20,3%
pour le nombre de panicules au m². Comme sur sol Danga, il n’y a pas d’interaction entre les
facteurs étudiés mais il existe des effets simples. L’effet variétal sur la hauteur moyenne
traduit la grande taille de Sébérang par rapport à BG 90-2.
L’effet période d’application de la fumure de fond est visible sur les variables talles au m²,
nombre de panicules au m² et rendement paddy en kg ha-1 (tableaux IV et V). L’application de
la fumure de fond avant le repiquage entraîne une augmentation de 1.500kg ha-1 de paddy par
rapport à l’application de la fumure après repiquage. Il existe un effet gestion de l’eau
/désherbage sur le rendement. Cet effet se traduit par l’obtention de meilleurs rendements sur
les traitements ayant bénéficié d’une lame d’eau permanente (désherbés ou non désherbés).
Ces traitements sont statistiquement équivalents et restent supérieurs aux autres. Le
rendement moyen de l’essai est de 5.958 kg/ha.
Tableau IV : Effet de la fertilisation sur le rendement des variétés de riz en fonction de la
gestion des cultures sur sol Moursi en zone Office du Niger, hivernage 2000
Traitements
Facteur 1 : variétés
BG 90-2
Sébérang Mr 77
Facteur 2 : fumure de fond
Avant repiquage
Après repiquage
Facteur 3 : gestion eau/désherbage
Lame d’eau et désherbage
Lame d’eau sans désherbage
Assec périodique et désherbage
Assec périodique sans désherbage
Moyenne
Signification
Variétés (F1)
Apport engrais de fond (F2)
Gestion eau/désherbage (F3)
Interaction F1XF2
Interaction F1F3
Interaction F2XF3
Interaction F1XF2XF3
CV (%)
Talles
au m²
Panicules
au m²
Hauteur
(cm)
Poids paille
kg ha-1
Rend.
Kg ha-1
209
209
192
184
108 b
120 a
7234
6695
6050
5866
229a
189b
206a
170b
113
115
7287
6642
6708a
5208b
214
214
198
210
209
188
195
183
189
188
112
113
116
115
114
6944
6629
7050
7234
6964
6655a
6524a
5208b
5445b
5958
NS
HS
NS
NS
NS
NS
NS
17 ,0
NS
HS
NS
NS
NS
NS
NS
20 ,3
HS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
5,6
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
19,7
NS
HS
HS
NS
NS
NS
NS
11 ,4
Dans une même colonne, les chiffressuivis de la même lettre sont statistiquement équivalentes selon le test de
Newman et Keuls HS : significatif au seuil de 1% ; NS : non significatif
Pour cette première année, sur sol Danga, le meilleur rendement est obtenu avec le traitement
lame d’eau permanente et le désherbage qui est statistiquement équivalent au traitement avec
lame d’eau permanente mais non désherbé. Sur sol Moursi, l’application de la fumure de
fond avant le repiquage entraîne une augmentation de 1.500kg ha-1 de paddy par rapport à
l’application de la fumure après repiquage. Il existe un effet gestion de l’eau/désherbage sur le
rendement. Cet effet se traduit par l’obtention de meilleurs rendements sur les traitements
ayant bénéficié d’une lame d’eau permanente (désherbés ou non désherbés). Les traitements
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
94
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
consistant à appliquer la fumure de fond, au maintien de la lame d’eau permanente et les
niveaux de désherbage seront retenus pour déterminer le taux de recouvrement en milieu
paysan.
Tableau V :
Comparaison de moyennes des rendements sur sol Moursi en zone Office du
Niger , hivernage 2000
Fertilisation avant
repiquage
BG 90-2 Sébérang
MR77
7.260
7.576
Lame d’eau et désherbage
7.155
7.366
Lame d’eau sans désherbage
5.576
6.524
Assec périodique et désherbage
6.208
Assec périodique sans désherbage 5.997
Moyennes
6.866
6.550
Moyennes
6.708 a
Fertilisation après
repiquage
BG 90-2 Sébérang
MR77
6.208
5.577
5.998
5.577
4.314
4.419
4.209
5.366
5.235
5.182
5.208 b
Moyenne
6.655a
6.524a
5.208b
5.445b
5.958
Dans une même colonne, les chiffressuivis de la même lettre sont statistiquement équivalentes selon le test de
Newman et Keuls.
Année 2001 :
Sur sol Danga , le rendement moyen du riz est de 5.137 kg ha-1. Les coefficients de variation
varient de 2,5% pour le nombre de panicules au m² et la hauteur moyenne des plants à 5%
pour le rendement paddy (tableau VI). Pour toutes les variables analysées, l’effet des
traitements est hautement significatif et se traduit par la supériorité de la fumure complète
(120 N-20P-50 K) qu’elle soit sur parcelles désherbée ou non par rapport aux autres
traitements. L’effet des adventices est perceptible sur la variable hauteur moyenne des
plants. Par rapport à la fumure complète désherbée (120 N-20 P-50 K), l’absence de
phosphore affecte le rendement de 13,25%, celle du potassium de 11% environ.
Tableau VI :
2001
Taux de recouvrement sur sol Danga en zone Office du Niger, hivernage
Traitements
120 N-20 P-50 K
120 N-20 P-50 K
120 N-00 P-50 K
120 N-20 P-00 K
Moyenne
Signification
CV%
Talles Panicules Hauteur
au m²
Au m²
(cm)
(désherbé)
(non désherbé)
(désherbé)
(désherbé)
285a
279a
269b
270b
276
HS
2,4
281a
276a
266b
267b
273
HS
2,5
78a
75b
74b
75b
76
HS
2,5
Poids
paddy
kg ha-1
7.107a
6.961a
6.429b
6.509b
6.751
HS
4,6
Rendement
paddy kg ha-1
5.528a
5.305a
4.795b
4.921b
5.137
HS
5,0
Dans une même colonne, les chiffressuivis de la même lettre sont statistiquement équivalentes selon le test de
Newman et Keuls HS : hautement significatif
Sur vertisol (Moursi), le rendement moyen du riz est de 5.684 kg ha-1. Les coefficients de
variation varient de 5,2% pour la hauteur moyenne des plants à 12% pour le rendement en
paddy (tableau VII). Pour l’ensemble des variables analysées, l’effet des traitements est
significatif seulement pour le rendement en paddy . La fumure complète sur parcelle non
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
95
Fertilisation et rendement du riz – DOUMBIA, Y. et AL.
désherbée, tout en restant égale à celle sur parcelle désherbé, est supérieure aux traitements
sans phosphore ou sans potassium.
Tableau VII : Taux de recouvrement sur sol Moursi, en zone Office du Niger,
hivernage 2001
Traitements
120 N-20 P-50 K
120 N-20 P-50 K
120 N-00 P-50 K
120 N-20 P-00 K
Moyenne
Signification
CV%
(désherbé)
(non désherbé)
(désherbé)
(désherbé)
Talles
au m²
359
357
342
346
351
NS
8,4
Panicules
au m²
356
353
338
342
347
NS
8,7
Hauteur
(cm)
85
85
82
81
83
NS
5,2
Rendement
paddy kg ha-1
5.853ab
6.245a
5.278b
5.359b
5.684
S
12,0
Dans une même colonne, les chiffressuivis de la même lettre sont statistiquement équivalentes selon le test de
Newman et Keuls ; S : significatif ; NS : non significatif
CONCLUSION
Les résultats obtenus en première année ont permis de mieux apprécier l’effet de l’apport de
la fumure de fond avant le repiquage sur les deux types de sol. Par ailleurs, l’obtention d’un
rendement élevé nécessite le maintien d’une lame d’eau permanente quelque soit le niveau de
désherbage. L’absence de l’effet du désherbage pourrait être liée à la maîtrise de la technique
de préparation du sol. Pour la 2ème année, la variété BG 90-2 , la fumure complète, les deux
niveaux de désherbage ainsi que la lame d’eau permanente ont été retenus pour constituer les
traitements.
En deuxième année, les sols présentent des réactions différentes. Les rendements sont plus
élevés sur vertisol que sur sol ferrugineux. Le rendement moyen est de 5.684 kg ha-1 sur
vertisol contre 5.137 kg ha-1 sur sol ferrugineux. Sur les deux types de sol, la fumure complète
est meilleure aux autres combinaisons quelque soit le niveau de désherbage. Sur ces sols, il
existe un problème de phosphore et de potassium.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ADRAO, 1995. Recherche : Programme Riz Irrigué dans le Sahel. Pp : 97-111. Dans :
Rapport annuel ADRAO, 1995, Bouaké, Côte d’Ivoire.
De Datta, S. K. 1978 Fertilizer management for efficient use in wetland rice soils. Pp. 672701 In : Soils & Rice. International Rice Research Institut. Los Banos Laguna,
Philippines, P.O. Box 933, Manila, Philippines.
ESPGRN, 1999 Rapport de recherche. Equipe Système et gestion des ressources naturelles
(ESPGRN) Centre Régional de Recherche agronomique de Niono, Institut d’économie
Rurale, Mali.
PRI, 1997 Rapport de recherche. Equipe Système et gestion des ressources naturelles. Centre
Régional de Recherche agronomique de Niono, Institut d’économie Rurale, Mali.
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Su, N. R. 1978 Potassium fertilization of rice. Pp. 685-687. In : Soils & Rice, De Datta S.K.
(ed). International Rice Research Institute. Los Banos Laguna, Philippines, P.O. Box
933, Manila, Philippines.
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Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
97
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
LA GESTION DE LA VALORISATION DE L'EAU SUR LE
PERIMETRE RIZICOLE DE TOULA AU NIGER
ILLIASSOU, M. M.
INRAN, B.P. 429, Niamey, NIGER E-mail : [email protected]
Résumé :
La gestion et la valorisation de l'eau constituent une priorité sur les aménagements hydroagricoles au Niger. Les activités de recherche menées au Niger montrent que les besoins en
eau sont satisfaits en hivernage où on note d'ailleurs du gaspillage, alors qu’en saison sèche,
les plantes souffrent d’une sous-alimentation en eau estimée à 32% par rapport aux besoins
théoriques. Par ailleurs, l'eau utilisée sur les périmètres est mal valorisée. Par rapport à la
valeur de référence de la productivité brute par unité d'eau d'irrigation qui est de 0,6 kg/m3, on
obtient une valeur de 0,42 kg/m3 en saison d'hivernage et 0,35 kg/m3 en saison sèche. En plus,
la distribution de l'eau entre les usagers est inéquitable. Les débits notés par arroseur diffèrent
considérablement de l'amont vers l'aval mais aussi entre parcelle d'un même arroseur. Aussi,
des efforts considérables doivent être menés au niveau hydraulique, agronomique et socioorganisationnel afin de pouvoir assurer une mise en valeur durable.
Mots clés : gestion, eau, valorisation, débit, rizicole, arroseur, durable.
INTRODUCTION
Au Niger, la création et la promotion des organisations chargées de la gestion des périmètres
irrigués ont été assurées non pas par les membres eux-mêmes mais par le gouvernement ou
par le biais de mesures prises conjointement par le gouvernement et les bailleurs de fonds qui
y ont défini leur structure ainsi que les nombreux aspects de procédure. La gestion des
aménagements était caractérisée par l’omniprésence du secteur public dans l’organisation et
l’encadrement du monde rural et qui a conduit à la création d’un environnement institutionnel
stéréotypé et rigide où les formes d’organisations paysannes étaient imposées et obligatoires.
Mais, la mise en œuvre des plans d’ajustement structurel (PAS) et la libéralisation des
marchés ont modifié l’environnement socio-économique. Aussi, le désengagement de l’Etat
est imposé comme un préalable avec pour corollaire un «rapide» transfert de ses activités et
de ses fonctions au profit du secteur privé et des groupements autonomes de producteurs.
C’est ainsi qu’à partir de 1984, a été lancé le processus d’autogestion paysanne au Niger,
processus qui confie désormais la gestion des périmètres aux organisations paysannes dans un
contrat cadre ONAHA-coopérative qui donne à cette dernière les attributions suivantes :
•
gestion hydraulique (tour d’eau) et entretien des réseaux ;
•
gestion agricole : calendriers culturaux ;
•
approvisionnement en matériels et intrants ;
•
collecte de redevances ;
•
gestion comptable et financière.
Mais, malheureusement, ce transfert de responsabilités a été fait au profit d’associations
paysannes qui étaient peu ou pas préparées ; ce qui a conduit de fait à l’échec économique de la
plupart des aménagements.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
98
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
En effet, les périmètres irrigués constituent un ensemble complexe à savoir
•
des processus biophysiques liés à l’utilisation de l’eau et du sol dans une perspective
de mise en valeur culturale sous l’action du climat,
•
des équipements hydrauliques et agricoles chargés, pour les uns, de la captation et de
la distribution de l’eau, pour les autres de la mise en œuvre d’opérations culturales,
•
d’acteurs individuels et collectifs situés au sein d’un périmètre ou dans son
environnement, selon des configurations variables fonction de la structure hydraulique
de l’aménagement et des modes de répartition des tâches entre les acteurs.
Les fonctions à assurer sont nombreuses. Elles concernent directement la gestion de l’eau
(exploitation et maintenance), la mise en valeur proprement dite (choix des assolements,
conduite des cultures, organisation du travail) ou les relations avec l’environnement du
périmètre (approvisionnement en intrants, crédit et commercialisation des productions. La
pérennité des aménagements est directement liée aux problèmes de la gestion et de l’entretien
des infrastructures collectives et donc de la responsabilité reconnue et acceptée des différents
acteurs qui, dans un contexte socio-économique donné, interviennent dans cette gestion. Gérer
un tel système demande un certain professionnalisme, un appui qui fait actuellement défaut
ainsi que des règles de fonctionnement adaptées. En effet, pour fonctionner, un système a
besoin, d’un grand nombre de règles et d’institutions/organisations pour les mettre en place et
les faire respecter. Mais généralement, le nœud du problème se situe toujours dans la
définition des règles du jeu qui gouvernent la distribution de l’eau et le fonctionnement du
réseau, et dans la structure des organisations chargées de les mettre en œuvre.
Cette étude se déroule dans une situation nouvelle qui est celle de la professionnalisation de
certaines activités de la coopérative telle que la gestion de l'eau avec la mise à la disposition de
celle-là d’un périmètre réhabilité et des indicateurs de références déjà établis pour juger de la
performance de la gestion dudit périmètre. Elle concerne la gestion de l’eau allant de sa
mobilisation à la source jusqu’à son admission à la parcelle avec toutes les conséquences sur
les rendements, la valorisation des intrants utilisés, etc.
En effet, au Niger, la gestion de l'eau conditionne toute la réussite d'un périmètre irrigué. Elle
mérite donc une attention particulière. Réprésentant 55% de la redevance, l'eau constitue le
plus gros poste de celle-ci. Aussi est il important qu'elle soit bien utlisée et bien répartie entre
les usagers.
Généralités sur les périmètres irrigués rizicoles
Au Niger, toute la gestion des activités des périmètres irrigués rizicoles est concentrée entre
les mains des comités de gestion des périmètres qui sont pour la plupart constitués de paysans
illettrés. Ces derniers s’occupent non seulement de la gestion de l’eau mais aussi de
l’approvisionnement en intrants, de l’organisation des labours, de la mise en place des
pépinières, de la collecte des redevances mais aussi de la commercialisation, avec pour seul
appui-conseil la présence d’un directeur de périmètre qui n’a aucune influence sur les
décisions qui sont prises. A l’heure actuelle, toues les coopératives rizicoles ont des
problèmes financiers dus notamment à :
•
un retard dans le versement des redevances ;
•
l’accumulation des arriérés de redevances ;
•
une grande variabilité des performances individuelles des membres des coopératives ;
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
99
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
•
l’effet de l’inflation ayant entraîné une baisse du prix réel du paddy ;
•
l’endettement permanent des coopératives d’où leur incapacité à constituer des
réserves et par conséquent à couvrir les opérations majeures d’entretien et de
renouvellement, etc..
Face à tous ces problèmes, l'Etat, avec l'aide des bailleurs de fonds, a financé plusieurs projets
avec pour principal objectif d'assurer une mise en valeur durable des périmètres irrigués.
Parmi ces projets, on note le projet management de l'irrigation au Niger (PMI-IIMI-Niger et le
pôle de recherches sur les systèmes irrigués (PSI-Niger) qui ont étudié les questions
techniques, sociales, économiques et agronomiques relatives à la gestion des périmètres
irrigués situés dans la vallée du fleuve Niger (Illiassou et al., 1997 ; PMI-IIMI-Niger, 1997).
Si spécifiquement, le PMI-IIMI-Niger s’est attelé à l’identification des indicateurs de
performance devant permettre d’évaluer la gestion d’un périmètre, le PSI-Niger s’est lui
occupé de la gestion technique et l’organisation sociale de l’irrigation avec pour finalité la
mise au point d’outils d’aide à la gestion des aménagements hydro-agricoles.
Le périmètre irrigué de Toula créé en 1975. Il est situé à 144 km de Niamey. Il couvre une
superficie nette de 244 ha et est subdivisé en 6 groupements mutualistes de production (GMP)
comme le montre la figure 1.
Aménagement hydroagricole de Toula
GMP1
GMP5
GMP4
GMP3
GMP6
GMP2
Fig. 1 : Répartition des groupements mutualistes de production sur le périmètre de Toula
Le périmètre est exploité par 720 producteurs originaires de 12 villages, répartis sur 3 cantons.
Il est alimenté en eau par une station de pompage qui comporte 4 pompes1 pour un débit
nominal à la station de 860 l/s. Le réseau d'irrigation comprend 3 canaux principaux qui
desservent 8 canaux secondaires. Notre étude s'est déroulée sur le canal principal 3 (P3). Le
réseau d'irrigation est montré par la figure 2
1
4 pompes dont 2 de 140l/s et les 2 autres de 190l/s. de marque flygt.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
100
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Station
de
Canal
principal
P3
Arroseur
Fig. 2 : Réseau d'irrigation : périmètre de Toula
Les sols
La proportion de parcelles sableuses est relativement peu importante. Cependant, certains
groupements mutualistes de production (GMP) sont particulièrement défavorisés de ce point
de vue comme c'est le cas du GMP 1 où 1/3 des parcelles sont sableuses et le GMP 5 où les
20% sont sableuses. Les problèmes de salinité des sols semblent peu importants mais existent
tout de même au GMP5. La fertilité des sols est faible et beaucoup d'exploitants se plaignent
du "vieillissement" de la terre.
Le climat
Le périmètre de Toula se situe dans la zone sahélienne du Niger caractérisée par une
pluviométrie située entre 300 et 400 mm/an et où les productions céréalières sont aléatoires
(PASA, 1997). La température moyenne maximale est de 37°C avec un maxima de 41,5°C en
mai, la température moyenne minimale est de 22,9°C avec un minima de 17°C en janvier.
L'évapotranspiration potentielle moyenne est de 7,7 mm/jour avec un maximum en avril de 9,3
mm/jour.
Encadrement technique
Il est assuré par
•
un Directeur de périmètre, qui est un agent de l'Office National des Aménagements HydroAgricoles (ONAHA). Il est le conseiller technique en matière de production agricole, de
gestion de l'eau, de comptabilité et d'organisation coopérative.
•
Un responsible de la gestion de , l’eau, (RGE), qui appuie la coopérative en matière de
gestion de l'eau et d’entretien des infrastructures. Il a été mis à la disposition de la
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
101
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
coopérative après la réhabilitation du périmètre en 1999. Son intervention constitue un
test pour une gestion durable de la mise en valeur.
Exploitants
Ils sont de trois (3) types différents :
•
Exploitants fonctionnaires ou exerçant une autre activité, qui prennent financièrement en
charge toutes les activités agricoles.
•
Agriculteurs à temps plein . Ils sont tantôt dans les rizières et tantôt dans les champs
dunaires. La mise en valeur agricole est entièrement assurée par la main d'œuvre
familiale.
•
Intervenants extérieurs : Ce sont généralement les commerçants. Ils constituent un
maillon important de la filière.
Calendriers et techniques culturaux
Sur les périmètres rizicoles de la vallée du fleuve, se pratique la double riziculture, c’est à
dire 2 campagnes de riz dans l’année. On distingue ainsi une campagne dite sèche qui va du
1er novembre au 10 Avril et une campagne dite d’hivernage qui va du 15 mai au 20
septembre. En début de chaque campagne, l’encadrement établit un plan de culture qu’il
soumet à la coopérative. Ce plan définit dans le temps toutes les activités à mener pour le bon
déroulement de la campagne.
Le calendrier cultural est calé à celui établi par l'encadrement. Cependant, compte tenu de
certaines contraintes d'ordre organisationnel ou financier, il existe un décalage par rapport à
celui proposé par l'ONAHA.
En riziculture inondée, le travail du sol a des objectifs multiples tels qu'enfouir les chaumes
afin d'éviter les repousses du riz précédent, enfouir l'engrais de fond, contrôler les mauvaises
herbes, préparer le lit de semis, et créer une semelle compactée limitant la percolation. La
pratique sur le périmètre de Toula consiste en l'utilisation de charrues tirées par 2 bœufs sur
une profondeur moyenne de 15 cm sur une parcelle prélablement imbibée d'eau. Les
conséquences agronomiques de ce labour n'ont pas fait l'objet d'études spécifiques mais on
observe d'importants mouvements de terre pendant ce labour. En effet, selon que le labour est
en refendant, en adossant ou à plat, des amoncellements de terre se forment sur la parcelle
caractérisant ainsi les niveaux d'eau dans les différents endroits de la parcelle.
Alimentation en eau du périmètre
L'alimentation en eau du périmètre est basée sur un tour d'eau de 6 jours sur 7. Le tour d'eau a
été mis en place par le projet de réhabilitation. Il est basé sur des plaques colorées et dont
chaque couleur indique un jour d'irrigation.
Problématique
Plusieurs indicateurs permettent de juger de la réussite de la double culture sur un aménagement
donné. On peut citer : l'intensité culturale, les rendements moyens, la productivité brute par unité
d'eau d'irrigation, l'approvisionnement relatif en eau, etc. Si pour les 2 premiers indicateurs nous
disposons d'informations, par contre pour les autres aucune analyse n'a été menée.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
102
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Aussi, certaines questions méritent d'être posées :
•
Y a t-il adéquation entre les volumes d'eau pompés à la source et les volumes théoriques ?
•
L'eau est elle équitablement distribuée entre les exploitants d'un même canal principal?
•
Y a t-il une différence dans la distribution entre les arroseurs ?
•
Sur le même arroseur, l'eau est-elle bien répartie entre les parcelles ?
•
L'eau est elle bien valorisée sur l'ensemble du périmètre ? l'est elle au niveau individuel ?
•
Etc.
MATERIEL ET METHODES
La présente étude a été consuite dans le périmètre irrigué de Toula, ci-dessus décrit.
Matériel
Equipements spécialisés utilisés
•
Echelle lymnimétrique : elle a été utilisée pour la mesure du niveau d'eau à l'amont de
la station de pompage.
•
Flow-mate : il a été utilisé pour mesurer la vitesse moyenne de l'eau dans les canaux
de 1er et 2ème ordre.
•
Double anneau de Muntz : il a été utilisé pour les mesures d’infiltration d’eau à la
parcelle.
•
Flotteurs : ils ont été utilisés à titre expérimental pour comparer les vitesses moyennes
de l'eau dans les canaux de 1er et de 2ème ordre.
•
Chronomètre : pour la mesure du temps mis par les flotteurs pour parcourir une
distance donnée.
•
Micro-ordinateurs : pour les analyses et les traitements de textes.
Infrastructures spécialisées utilisées pour l’activité de collaboration
•
Aménagement hydro-agricole : l'étude s'est déroulée sur le périmètre rizicole de Toula
dans l'arrondissement de Tillabéry. Le canal principal 3 (P3) a constitué la maille
hydraulique sur laquelle les mesures ont été faites. Il a une longueur totale de 1965 m
et dessert 15 canaux tertiaires sur les groupements mutualistes 4 et 6.
•
Stations de pompage : les mesures à la source ont été faites au niveau de la station de
pompage qui comporte 4 pompes avec un débit nominal de 860 l/s.
Méthodologie
La méthodologie est basée sur une analyse-diagnostic comparative réalisée afin d'évaluer les
résultats de la gestion de l'eau sur le périmètre. Les données quantitatives vont permettre de
calculer les indicateurs de performance pour deux niveaux d'analyse : à la source c'est à dire à
l'échelle du périmètre et à la parcelle.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
103
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Collecte des données à la source
Il a été recueilli au niveau de la station de pompage les données suivantes :
•
la côte du niveau de l’eau à l’amont de la station de pompage (cette lecture a été faite sur
l’échelle lymnimétrique qui se trouve à l’amont immédiat de la station) ;
•
le nombre de pompes en fonctionnement ;
•
les temps de pompage.
Ces données vont servir à calculer les volumes d’eau réellement envoyés sur le périmètre qui
seront comparés aux volumes théoriques calculés à partir des ETP, de la pluviométrie et des
coefficients culturaux.
La méthode de calcul des quantités d’eau envoyées sur le périmètre est la suivante : en se
servant de la relation entre le débit de la pompe et la côte de l’eau à l’amont de la station, on
détermine le débit de la pompe. Ensuite, connaissant le nombre d’heures de fonctionnement
de chaque pompe, on déduit le volume pompé par la relation :
( s ) × Durée de fonctionnement (s )
Volume pompé (l ) = débit l
Collecte des données à la parcelle
La collecte des données à la parcelle a été faite sur 2 campagnes sèches. Ceci non seulement à
cause de la complexité de la collecte des données à la parcelle mais aussi dans le souci d'avoir
des données précises. Les données concernées étaient tout simplement les quantités totales
d'eau entrant dans les parcelles. Mais ces données nécessitent la connaissance des débits
moyens par parcelle, le temps d'irrigation au cours de la campagne, les tours d'eau et les débits
par arroseur. Les mesures ont commencé au cours d'une campagne d'hivernage mais à cause
des pluies, il a été diffcile de continuer. Par ailleurs, les problèmes d'irrigation au niveau des
parcelles ne s'observent en général qu'au cours des saisons sèches.
Le temps d'irrigation a été mesuré par les aiguadiers avec l'appui du directeur de périmètre. Il
s'agissait de noter l'heure en début et en fin d'irrigation.
Pour ce qui est du débit moyen à la parcelle, la répartition du débit arroseur entre les parcelles
pendant le tour d'eau est la méthode que nous avons utilisée. Cette méthode a nécessité
l'observation judicieuse du tour d'eau sur plusieurs semaines pour juger de son application. Il
est à noter que cette méthode n'est pas très fiable contrairement aux RBC comme instrument
de mesure dont nous n'avons pas eu les gabarits qui correspondent à nos arroseurs. Mais ceci
ne remet nullement en cause la validité des données collectées.
Choix des parcelles
Les parcelles au niveau desquelles les mesures ont été effectuées ont étés choisies sur une
maille hydraulique qui est le canal principal 3 (P3). Deux principes ont conduit au choix des
parcelles :
(1) le choix des arroseurs desservant les parcelles,
(2) le choix des parcelles sur les arroseurs.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
104
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Le choix des arroseurs a été fait au début, au centre et en bout du P3 en supposant que la
qualité de l'alimentation en eau des arroseurs est décroissante du début à la fin du P3.
Après le choix des arroseurs, celui des parcelles a été fait selon la même logique. C'est à dire
en début, au milieu et en fin d'arroseur avec quelques petites modifications en cours de
campagne.
La répartition des parcelles de collecte sur la maille hydraulique est représentée sur la figure 3
SP
A3.0.1
Parcelles de
collecte des données
A3.0.3
A3.0.5
A3.0
.6
.8
A3.0
10
0.
1
.1
.0
A3
5
3
A3
.
.1
.0
A3
0.
1
.
A3
Fig. 3 : Emplacement des parcelles choisies sur la maille hydraulique
Vérification des débits entrant dans les arroseurs
Le débit entrant dans chaque arroseur conditionnnant le débit à la parcelle, nous avons jugé
utile de procéder à leur vérification. Le flow-mate2 a été utilisé pour mesurer la vitesse de
l'eau à l'amont et à l'aval de l'arroseur. Son utilisation présente l'avantage d'être très précise.
Le débit entrant dans l'arroseur est ensuite calculé en faisant la différence entre le débit amont à
l'arroseur et le débit aval. Il est à noter que les débits sont calculés en multipliant la section
mouillée du canal à l'emplacement de la mesure par la vitesse moyenne de l'eau.
RESULTATS ET DISCUSSION
Gestion de l'eau à la source
L'évaluation de la gestion de l'eau à la source a pour principal objectif de déterminer s’il y a
adéquation entre les volumes d'eau pompés et envoyés sur le périmètre et les besoins en eau
d'irrigation du périmètre. Deux paramètres permettent de procéder à cette vérification : il
s'agit des quantités d'eau apportées sur le périmètre et les besoins en eau d'irrigation.
2
Le flow-mate est un instrument qui mesure la vitesse du courant en un point donné par mesure de champ
electrique. Sur une section donnée, on mesure les vitesses sur plusieurs verticales à des profondeurs variées. La
vitesse moyenne est ensuite déterminée sur toute la profondeur
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
105
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Quantités d’eau apportées sur le périmètre
Les mesures ont été effectuées sur plusieurs campagnes. Il s'agit des campagnes de saison
d'hivernage 1999, saison sèche 2000, saison d'hivernage 2000 et saison sèche 2001. L'efficience
du réseau a été considérée à 60%. Le tableau I fait le point sur les volumes envoyés dans les
parcelles au cours de ces différentes saisons. Sur le tableau II sont présentés les volumes d’eau
par hectare sur la base des superficies mises en valeur au cours de ces différentes campagnes.
Tableau I : Volumes d’eau apportés sur le périmètre de Toula sh 31999, ss42000, sh 2000,
ss2001 (Source : PSI, Cellule Riz, 2000 et 2001).
saison sèche
saison de pluie
juin
juillet
Août
septembre
octobre
novembre
Total
décembre
janvier
février
mars
avril
mai
Total
V.SH 99
84867,6
454287,6
325950
376887
388831,8
8035,2
1638859,2
V.SS 2000
V.SH 2000
212194,2
175113,6
364323
463614
475935,6
223275
1914455,4
141923,4
393040,2
386643,6
409378,8
461928
517660,8
2310574,8
V.SS 2001
271701,12
508736,4
403281,6
472480,2
532887
342761,4
2531847,72
V = volume ; SH = saison d'hivernage ; SS = saison sèche.
Tableau II : Volume d'eau enregistré par hectare sur le périmètre de Toula
Superficie (ha)
Volumes d'eau reçu (m3)
Volume par hectare (m3/ha)
SH 1999
242,05
1638859
6771
SS 2000
245
2310575
9431
SH 2000
243,06
1914455
7876
SS 2001
243,47
2531848
10399
Besoins en eau d’irrigation
Les besoins en eau d’une culture sont déterminés sur la base de l’évapotranspiration
potentielle (ETP) mesurée ou estimée et du coefficient cultural de la culture. Les besoins en
eau pour le périmètre de Toula ont été calculés par le logiciel cropwat5 (Martin, 1992). Les
données climatiques utilisées sont celles collectées à Tillabéry où se trouve le périmètre de
3
SS : saison sèche. Cette saison s’étend sur la période décembre - mai
SH : saison d’hivernage. Cette saison s’étend sur la période juin – Novembre.
5 Le logiciel cropwat est un logiciel de calcul des besoins en eau des cultures et des besoins d’irrigation à partir
des données concernant le climat et les cultures. Il a été mise au point par la division la mise en valeur des terres
et de eaux de la FAO.
4
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
106
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Toula6. Il s'agit des données pluviométriques et des données sur l'évapotranspiration
potentielle.
Données pluviométriques mensuelles
Le casier rizicole peut être assimilé à une cuvette. Aussi nous allons admettre que toute la
pluie tombée dans la rizière est "piégée" et peut donc être considérée comme totalement utile.
La pluie tombée sera donc considérée comme pluie efficace.
Tableau III : Données pluviométriques mensuelles
Données pluviométriques mensuelles
Station climatique : TILLABERY
Pluviométrie
(mm/mois)
Janvier
0,0
Fevrier
1,0
Mars
2,0
April
1,0
Mai
18,0
Juin
55,0
Juillet
132,0
Aout
203,0
Septembre
86,0
Octobre
11,0
Novembre
0,0
Decembre
0,0
Total
509,0
Peff = 100 % de Ptot
pluviométrie efficace
(mm/mois)
0,0
1,0
2,0
1,0
18,0
55,0
132,0
203,0
86,0
11,0
0,0
0,0
509,0
Tableau IV : Données climatiques moyenne mensuelle de Tillabéry
EVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE MENSUELLE PENMAN MONTEITH
Station météorologique: TILLABERY
Pays: Niger
Altitude: 210 m.
Coordonnées: 14.12 Nord
1.27 Est
Mois
MinTemp MaxTemp Humid.
Vent insolation Radiation EtoPenMon
øC
øC
%
km/day
Heures
MJ/mý/day
m/day
Janvier
17,0
32,8
24
285
9,3
19,8
7,3
Fevrier
19,7
36,5
21
285
9,2
21,4
8,3
Mars
22,8
39,7
24
285
9,1
22,8
9,1
Avril
26,2
41,3
28
276
8,1
22,1
9,3
Mai
27,7
41,5
41
276
9,4
23,8
9,1
Juin
26,5
39,0
53
285
8,7
22,5
8,0
juillet
25,0
35,8
64
285
8,4
22,1
6,9
Aout
24,0
33,7
73
276
7,7
21,3
5,8
Septembre
24,2
35,2
63
276
8,0
21,2
6,4
Octobre
24,0
38,5
53
276
9,0
21,5
7,4
Novembre
20,2
36,3
37
285
9,3
20,1
7,6
Decembre
17,7
33,8
27
294
9,3
19,2
7,4
Année
6
22,9
37,0
42
282
8,8
21,5
7,7
Le périmètre de Toula se trouve à environ 500 m de la station météorologique de Tillabéry.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
107
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Evapotranspiration potentielle
Ce sont les données collectées à la station météorologique de Tillabéry. Elles sont
mentionnées dans le tableau IV. Les besoins en eau d'irrigation sont calculés en utilisant
l’ETP, la pluie et les caractéristiques de la plante (riz) et du sol (percolation) (Doorenbos et
Pruitt, 1986). Les données sur la plante et sur le sol sont mentionnées dans le tableau V.
Tableau V :Caractéristique du riz et du sol
RICE DATA
Growth stage
Length
[days]
Crop coefficient [-]
Crop name: Rice
Nursery LandPrep
30
20
0,90
->
Init
20
1,00
Devel Mid
30
40
-> 1,20
Late
30
1,00
Total
150
Nursery area
10 %
Land cultivation
100 mm
Percolation rate
1,0 mm/day
Growth stage = stade cultural, length days =durée, crop coefficient =coefficient cultural, nursery area =surface
des pépinière, land cultivation =lame d'eau pour la mise en boue, percolation rate: la percolation
3,6
3,4
3,2
3
2,8
2,6
2,4
2,2
2
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
y = 21,12x-0,8893
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
130
135
140
145
150
infiltration (cm)
La percolation sur le périmètre de Toula a été mesurée au double anneau de Muntz. Les
données recueillies ont permis de dresser la figure 4.
temps (mn)
Fig, 4 : Evolution de l'infiltration en fonction du temps sur le périmètre de Toula
Après la stabilisation de l'infiltration, la percolation a été calculée à partir de l’équation de la
courbe Y = 21,12 × X 0,8893 . Ceci nous donne une valeur de 1,1 mm par jour. Cette valeur se
comprend aisément, la rizière ayant tendance à se colmater par les dépôts d'argile après
quelques années de mise en valeur. Des mesures similaires effectuées sur le périmètre de Saga
au Niger par le projet management de l'irrigation en 1992 donnent une valeur de 0,5 mm/jour.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
108
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Besoins en eau d'irrigation en fonction des saisons culturales
Les résultats des besoins en eau d'irrigation pour la saison d'hivernage sont mentionnés dans
le tableau VI. Les besoins totaux pour la saison d’hivernage s’élèvent à 7.226 m3/ha se
répartissant par phase de croissance comme indiqué au tableau VII.
Les besoins en eau d'irrigation portés au tableau VII tiennent compte des apports
pluviométriques pour les mois pluvieux. Aussi, on notera que les besoins sont faibles les mois
de juillet et août, Pour le mois de juin les beoins sont élevés parce qu'ils comprennent
également les quantités d'eau nécessaires à la mise en boue pour le périmètre.
Tableau VI : Besoins en eau d'irrigation du riz sur le périmètre de Toula à Tillabéry en saison
d'hivernage
RICE EVAPOTRANSPIRATION AND IRRIGATION REQUIREMENTS
Rain climate station: TILLABERY
Crop: Rice
ETo climate station: TILLABERY
Transplanting date: 1 July
Month Dec Stage Area Coef ETcrop Perc LPrep RiceRq EffR IrReq IrReq
%
Kc
mm/day
mm/day
mm/dec mm/day mm/dec
Jun
1 Nurs
10
0,90
0,75
0,1
1,0
1,9
1,3
1,72
17,2
Jun
2 Land
33
0,93
2,41
0,3
4,5
7,2
5,4
6,69
66,9
Jun
3 Land
78
0,98
5,77
0,8
4,5
11,0
20,0
9,05
90,5
Jul
1 Init
100
1,00
7,27
1,0
8,3
35,6
4,71
47,1
Jul
2 Init
100
1,00
6,90
1,0
7,9
44,2
3,48
34,8
Jul
3 Deve
100
1,04
6,77
1,0
7,8
57,3
3,04
33,4
Aug
1 Deve
100
1,11
6,68
1,0
7,7
65,7
1,11
11,1
Aug
2 De/Mi 100
1,17
6,55
1,0
7,6
76,6
0,00
0,0
Aug
3 Mid
100
1,20
7,04
1,0
8,0
66,7
2,53
27,8
Sep
1 Mid
100
1,20
7,44
1,0
8,4
40,4
4,40
44,0
Sep
2 Mid
100
1,20
7,68
1,0
8,7
26,7
6,01
60,1
Sep
3 Mi/Lt 100
1,19
8,04
1,0
9,0
19,0
7,10
71,0
Oct
1 Late
100
1,15
8,15
0,8
8,9
10,0
7,93
79,3
Oct
2 Late
100
1,09
8,04
0,5
8,6
0,7
8,50
85,0
Oct
3 Late
100
1,02
7,59
0,2
7,8
0,3
7,76
54,3
Total
962
118
100
1180
470
722,6
NB : month =mois ; Dec= décade ; stage= stade de la culture ; area= superficie occupée par la culture ; coef.kc=
coefficient cultural7 ; Etcrop= évapotranspiration de la culture ; prec= percolation8 ; Lprep= apport pour la
préparation du sol ; RiceRq= besoins du riz ; EffR= pluie efficace ; IrReq= besoins d’irrigation par jour et par
décade
Besoins en eau d'irrigation pour la saison sèche
Les résultats sont mentionnés dans le tableau VIII. Les besoins totaux pour la saison sèche
s’élèvent à 14384 m3/ha et se répartissant comme indiqué dans le tableau IX.
7
Le coefficient cultural représente l’action combinée de la transpiration de la culture et de l’évaporation de l’eau
libre.
8 Les champs de riz inondés auront une percolation continue de l’eau vers les couches profondes. La valeur de 2
mm/j qui a été considérée ici est théorique. Cependant des mesures ont été faites sur le terrain et seront dés leurs
analyses considérées
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
109
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Tableau VII : Phase de croissance et besoins en eau d'irrigation (mm) en saison d'hivernage
Phae de croissance
Juin
174,6
Pépinière et préparation du sol
Initiale
Dévellopement
Mi-saison
Maturation
Total
Juillet
Juillet-août Août-septembre Octobre
81,9
44,5
202,9
218,6
722,6
Tableau VIII : Besoins et eau d'irrigation du riz sur le périmètre de Toula à Tillabéry en saison
sèche
RICE EVAPOTRANSPIRATION AND IRRIGATION REQUIREMENTS
Rain climate station: TILLABERY
Crop: Rice
ETo climate station: TILLABERY
Month Dec Stage
Area
%
Dec
Dec
Dec
Jan
Jan
Jan
Feb
Feb
Feb
Mar
Mar
Mar
Apr
Apr
Apr
Total
1
2
3
1
2
3
1
2
3
1
2
3
1
2
3
Nurs
Nu/La
Land
Init
Init
Deve
Deve
De/Mi
De/Mi
Mid
Mid
Mi/Lt
Late
Late
Late
Total
10
30
75
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Transplanting date: 1 January
Coef ETcrop
Kc
Perc
LPrep
mm/day
0,90
0,92
0,97
1,00
1,00
1,04
1,11
1,17
1,20
1,20
1,20
1,20
1,17
1,10
1,03
1224 119 99 1443
0,64
2,03
5,38
7,24
7,16
7,82
8,80
9,71
10,28
10,60
10,92
11,00
10,77
10,23
9,54
1224
4
RiceRq
mm/day
0,1
0,3
0,8
1,0
1,0
1,0
1,0
1,0
1,0
1,0
1,0
1,0
0,8
0,6
0,3
119
0,9
4,2
4,5
99
EffR
IrReq
IrReq
mm/dec mm/day mm/dec
1,6
6,5
10,6
8,2
8,2
8,8
9,8
10,7
11,3
11,6
11,9
12,0
11,6
10,8
9,8
1443
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,6
0,7
0,6
0,1
0,0
1,0
4
1,63
6,48
10,63
8,24
8,16
8,81
9,78
10,68
11,22
11,54
11,85
11,95
11,59
10,81
9,73
14,7
64,8
117,0
82,4
81,6
96,9
97,8
106,8
89,8
115,4
118,5
131,4
115,9
108,1
97,3
1438,4
1438,4
Month =mois ; Dec= décade ; Stage= stade de la culture ; Area= superficie occupée par la culture ; Coef,kc=
coefficient cultural ; Etcrop= évapotranspiration de la culture ; Perc= percolation ; Lprep= apport pour la
préparation du sol ; RiceRq= besoins du riz ; EffR= pluie efficace ; IrReq= besoins d’irrigation,
Tableau IX : phase de croissance et besoins en eau d'irrigation (mm) en saison sèche
Phae de croissance
Décembre
Pépinière et préparation du sol
196
Initiale
Janvier
Janvierfévrier
Février-mars Avril
164
Dévellopement
391
Mi-saison
365,3
Maturation
327,3
Total
1438,4
On notera que les pépinières ont des besoins très élevés en raison de la mise en boue. Sur le
tableau X sont portés les volumes théoriques devant être apportés par mois sur le périmètre en
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
110
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
tenant compte des superficies mises en valeur au cours de deux saisons soit 242,05 ha pour la
saison d'hivernage 1999 et 243 ha pour la saison sèche.
Saison sèche
Saison d'hivernage
Tableau X : Volumes théoriques mensuels pour l’irrigation sur le périmètre de Toula
Mois
Volume théorique (m3)
Juin
424278
Juillet
280179
Août
94527
Septembre
425493
Octobre
531198
Novembre
Total
1755675
Décembre
481425
Janvier
639205
Février
721280
Mars
894985
Avril
787185
Mai
Total
3524080
Volumes d'eau apportés et besoins en eau d'irrigation
Le tableau XI fait le point des volumes d'eau apportés et devant être apportés sur le périmètre
de Toula.
En se référant à la valeur de référence du taux de satisfaction des besoins (TSB)9 établis par le
Projet Management de l'Irrigation au Niger (TSBo = 1 pour le riz), on notera par rapport aux
valeurs du tableau XI qu'il y a pénurie d'eau sur le périmètre de Toula pour les saisons sèches
et satisfaction des besoins en saison d'hivernage. En effet le TSB moyen est de 1,01 pour les
saisons d'hivernage et de 0,68 pour les saisons sèches. Aussi, nous pouvons dire, pour cette
analyse de la gestion de l'eau à la source, que sur le périmètre de Toula, les besoins en eau
sont couverts pendant la saison d’hivernage et non pendant la saison sèche. Le rapport entre le
volume total apporté et le volume théorique montre qu’il y a en moyenne un dépassement de
l’ordre de 18% par rapport à ce qu’il faut théoriquement pendant la saison d'hivernage et en
moyenne un déficit d'eau de l'ordre de 20% pendant la saison sèche.
9
le TSB ou taux de satisfaction des besoins est un indicateur de performance qui permet de mesurer les quantités
d'eau apportées aux cultures et les quantités d'eau réellement nécessaires. La référence établie au Niger est de 1.
Il tient compte de la gestion simultanée de l'offre de la pluie et de l'irrigation. Une valeur de TSB ≈ 1 est une
bonne indication quant à la gestion de l'eau. Une valeur >>à 1 ou << à 1 traduit respectivement soit un gaspillage
d'eau soit une pénurie d'eau.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
111
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Saison de pluie
Juin
Juillet
Aout
Septembre
Octobre
Novembre
Total
TSB
saison sèche
Tableau XI : Volume théorique à apporter et volumes apportés sur le périmètre de Toula
Décembre
Janvier
février
mars
avril
mai
Total
TSB
V,Théorique
V,SH 1999
424278
280179
94527
425493
531198
84867,6
454287,6
325950
376887
388831,8
8035,2
1638859,2
0,93
1755675
V,SS 2000
V,SH 2000
V,SS 2001
212194,2
175113,6
364323
463614
475935,6
223275
1914455,4
1,09
481425
639205
721280
894985
787185
141923,4
393040,2
386643,6
409378,8
461928
517660,8
2310574,8
0,65
3524080
271701,12
508736,4
403281,6
472480,2
532887
342761,4
2531847,72
0,71
V,Théorique= volume théorique ; V,SH 1999= volume saison d'hivernage ; V,SS= volume saison sèche ;
TSB= taux de satisfaction des besoins
La figure 5 montre comment évoluent les volumes d'eau dans le temps ainsi que les mois
spécifiques au cours desquels il y a dépassement ou déficit.
V.Théoriqu
e
V.SH 1999
1000000
900000
V.SS 2000
volumes d'eau (m3)
800000
V.SH 2000
700000
600000
500000
400000
300000
200000
100000
mai
avril
mars
février
janvier
décembre
novembre
octobre
septembre
Aout
juillet
juin
0
mois
Fig. 5 : Evolution des volumes d’eau calculés et apportés sur le périmètre de Toula,
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
112
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Au cours des saisons sèches, on constate le déficit sur toute la période. Cependant, l'allure des
courbes montre une certaine modulation qui dénote une logique dans l'alimentation en eau du
périmètre. Cette modulation se traduit par des volumes d'eau élevés et faibles selon qu'on se situe
en début de campagne, en milieu de campagne ou en fin de campagne.
Pendant les saisons d'hivernage, l'eau est apportée excessivement. Le périmètre ne profite donc
pas des pluies enregistrées pendant les mois de juillet et d'août. En effet les pluies enregistrées au
cours de ces mois se traduisent par une chute de la courbe théorique SS sur ces mois qui devrait
s'expliquer par une diminution de pompage.
Volumes d'eau apportés et efficience de l'utilisation de l'eau
Au vu des volumes d'eau utilisés sur le périmètre, il est indispensable d'apprécier l'utilisation de
l'eau par les plantes. Cette appréciation va se faire par un indicateur de performance qui exprime
la production brute obtenue par unité d'eau d'irrigation (PbIr)10. Deux paramètres permettent de
calculer cet indicateur : il s'agit de la production totale du périmètre qui est obtenue en multipliant
le rendement moyen du périmètre par la superficie mise en valeur et du volume d'eau prélevé
pour l'irrigation.
Superficies mises en valeur et rendements
Le tableau XII fait ressortir les rendements obtenus et les superficies exploitées sur le périmètre
de Toula depuis 1988.
Tableau XII : Rendements et superficies mises en valeur sur le périmètre de Toula
Année
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
Moyenne
Saison hivernage
Superficie (ha)
Rendement
kg/ha
243,2
3190
241,8
3736
243
3596
243
4999
242
4255
240
2627
232,75
3899
240,25
3779
239,65
4066
240,1
3993
214,5
3814
242,05
6296
243,06
4573
244,01
4548
239,24
4097,93
Saison sèche
Superficie (ha)
Rendement
kg/ha
243,45
4050
242,55
4762
243,15
4241
243
6586
243
4253
241
3143
240
2506
92,5
3749
243,1
4137
242,75
4937
235,75
5030
243
5288
243,47
5174
230,52
4450,46
10
le PbIr qui est le rapport entre la production totale du périmètre et le volume d'eau prélevé est un indicateur
qui permet d'apprécier l'efficience d'utilisation de l'eau prélevée pour l'irrigation. La valeur de référence proposée
par le Projet Management de l'Irrigation au Burkina Faso est de 0,6 Kg/m3. Une valeur de PbIr≥0,6 Kg/m3 est le
signe d'une bonne valorisation de l'eau d'irrigation sur le périmètre. Par contre une valeur de PbIr≤0,6 kg/m3
indique une mauvaise production ou des volumes d'eau trop importants.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
113
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Nous allons considérer pour cette évaluation les saisons à partir de 1999 dont nous disposons des
volumes d'eau pour le calcul de l'efficience de l'utilisation de l'eau.
Les études menées au Burkina Faso par le projet management de l'irrigation donne une valeur de
référence de 0,6 kg/m3. D'autres études font ressortir des valeurs de 0,7 à 1,1 kg/m3 (PMI-IIMIBF, 1996. Le périmètre de Toula a une valeur moyenne de 0,42 kg/m3 pour la saison d'hivernage
et une valeur moyenne de 0,35 kg/m3 pour la saison sèche. Dans tous les cas, ces valeurs restent
inférieures à toutes les valeurs de référence. Deux hypothèses peuvent être avancées pour
espliquer la faiblesse de telles valeurs :
(1) la production sur le périmètre est faible,
(2) les volumes d'eau pompés sont trop importants,
Production brute par unité d'eau d'irrigation
Les résultats sont mentionnés dans le tableau XIII
Tableau XIII : Efficience d'utilisation de l'eau d'irrigation
Année
1999
2000
2001
Saison hivernage
VPSH
Sup
Rdt
242,05
6296
2731432
243,06
4573
3850958
244,01
4548
Moyenne
PTSH
PbIr
1523946,8
1111513,4
0,56
0,29
Saison sèche
Sup
rdt
243
5288
243,47 5174
0,42
VPSS
PTSS
PbIr
3190759
4219746,2
Moyenne
1284984
1259713,8
0,40
0,30
0,35
VPSH= volume pompé pendant la saison d'hivernage ; VPSS= volume pompé pendant la saison sèche ;
sup= superficie ; rdt = rendement ; PbIr = production brute par unité d'eau d'irrigation
Le rendement moyen sur le périmètre est de 4.097,9 kg/ha en saison d'hivernage et de 4.450,4
kg/ha en saison sèche. En comparaison à la valeur de référence moyenne établie par le projet
management de l'irrigation au Niger qui est de 5.000 kg/ha (PMI-IIMI-Niger, 1997), on peut dire
que le rendement est faible sur le périmètre de Toula. Pour atteindre la valeur établie par le PMIBF avec ces niveaux de pompage, il faudrait des rendements moyens de 7.000 kg/ha.
Concernant les volumes d'eau pompés, elles sont insuffisantes en saison sèche et légèrement
élevés en saison d'hivernage. Aussi en saison d'hivernage, nous devrions normalement atteindre
la valeur de 0,6 kg/m3 si les autres conditions étaient réunies. La gestion de l'eau ne devra donc
pas être la cause principale de cette sous performance.
De façon générale, nous pensons que des réflexions doivent être menées à tous les niveaux : au
niveau agronomique, au niveau de la gestion de l'eau et au niveau organisationnel. Un diagnostic
agronomique sur la maîtrise des itinéraires techniques, un diagnostic hydraulique qui devra
considérer l'eau à la source, le tour effectif et la satisfaction en eau et un diagnostic
organisationnel qui devra renseigner sur la capacité des acteurs à gérer la mise en valeur devront
être menés afin de faire des propositions d'amélioration.
Gestion de l'eau à la parcelle
La parcelle est le niveau individuel dont la réussite conditionne la mise en valeur durable d'un
périmètre irrigué. Il est par conséquent nécessaire de voir comment les exploitants
individuels sont alimentés en eau et comment cette eau est valorisée. Pour cela, nous
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
114
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
vérifierons d'abord les débits des arroseurs sur le canal principal 3 (P3) que nous avons choisi.
Ensuite, nous procéderons au calcul des volumes apportés par parcelle. Ces données nous
permettront de juger de l'adéquation entre les volumes d'eau apportés par parcelle et les
volumes théoriques devant être apportés, Nous ferons l'analyse à deux niveaux :
-
(1) nous comparerons les données obtenues aux références TSB (TSB = 1) pour juger de
l'adéquation entre les volumes apportés et les volumes nécessaires et PbIr (PbIr = 0,6 kg/m3)
pour juger de la valorisation de l'eau apportée ;
-
(2) nous verrons ensuite le comportement de ces données au niveau du P3, au niveau des
parties du P3 (arroseurs amont, arroseurs du milieu et arroseurs aval) et au niveau des
arroseurs.
Débits dans les canaux arroseurs
Au droit de chaque arroseur est noté le débit qui est distribué entre les paysans selon un tour
d'eau établi. Mais la méthode que nous avons adoptée pour la mesure des débits à la parcelle
nous impose la vérification des débits des canaux arroseurs. En effet, le débit (main d'eau)
attribué à un arroseur est fonction de la surface à irriguer par cet arroseur. Aussi, de ce débit
va dépendre la bonne alimentation des parcelles en eau.
Les mesures ont été faites par le flow-mate et a consisté à mesurer le débit amont à l'arroseur
et le débit aval. La différence entre ces deux débits est le débit qui rentre dans l'arroseur. Les
résultats obtenus suite aux mesures sont mentionnés dans le tableau XIV.
De ce tableau, il ressort que dans la pratique, il y a des différences entre les débits théoriques des
arroseurs et les débits qui y rentrent effectivement. De l'amont à l'aval, les arroseurs amont sont
alimentés à 98% avec un écart type de 37%, ceux du milieu sont alimentés à 74% avec un écart
type de 35% et ceux de l'aval sont alimentés à 65% avec un écart type de 25%. Entre les
arroseurs des différentes zones, on note de très importantes disparités comme le montre le
tableau XIV. Les premiers arroseurs prennent plus d'eau que les autres.
Débits moyens par parcelle
La mesure des débits à la parcelle s'est déroulée sur 2 campagnes sèches. Ces débits ont été
collectés dans une situation où la distribution de l'eau suit une logique de tour d'eau. Si le tour
change, les débits à la parcelle vont aussi changer. C'est la raison pour laquelle les
observations et les mesures ont été faites avec l'appui des aiguadiers qui sont chargés de la
distribution de l'eau entre les arroseurs et entre les parcelles. Les débits moyens de l'eau
entrant dans les parcelles choisies sont mentionnés dans le tableau XV.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
115
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Tableau XIV : Débit théorique et débit réel des arroseurs sur le P3 du Périmètre de Toula
N° ar
arroseurs amont
A301
A303
A305
arroseurs milieu
A306
A308
A3010
Arrseurs avals
A3011
A3013
N°parcelle
Sup,p Supda
91
92
93
105
108
111
125
126
127
128
143
134
135
136
137
138
153
154
162
174
172
169
182
0,14
0,31
0,19
0,27
0,19
0,27
0,24
0,25
0,21
0,22
0,2
0,23
0,19
0,2
0,18
0,24
0,33
0,28
0,21
0,25
0,32
0,34
0,32
183
0,17
QAI
QMAM
QMAM/QAI
0,9
15
20
133%
2,65
15
9
60%
1,2
20
20
100%
3,2
20
23
115%
0,65
15
8
53%
3,55
20
11
55%
2,1
20
19
95%
0,5
20
10
50%
191
0,22
1,2
20
10
50%
188
0,25
187
0,25
Ar= arroseur, sup,p= superficie parcelle, supda= superficie désservie par l'arroseur,
QAI= débit indiqué au droit de l'arroseur, QMAM= débit moyen de l'arroseur mesuré,
A3015
Dans certains cas, on constate que le débit à la parcelle correspond à celui de l'arroseur. Ce
sont des parcelles généralement situées en début de l'arroseur et les seules à être irriguées
pendant le tour d'eau.
Les temps d'irrigation et les volumes d'eau à la parcelle
Les temps d'irrigation ont été mesurés sur toute la campagne sèche 2000. L'opération consiste
à mesurer l'heure en début et en fin d'irrigation, la différence constitue le temps d'irrigation.
Les volumes d'eau ont été calculés en multipliant les durées d'irrigation par le débit moyen à
la parcelle selon la formule V= Qmp (l/s) x t (s). Le tableau XVI fait ressortir les volumes
d'eau consommés par parcelle au cours de la campagne sèche 2000.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
116
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Tableau XVI : Volumes d'eau apportés par parcelle au cours de la campagne sèche 2000 sur le
P3 à Toula
n° ar
arroseurs A301
amont
A303
A305
arroseurs A306
milieu
n°p
91
sup,p
0,14
V, février
80640
V, mars
540150
V, avril
252600
V, mai
288300
VTA/P(l)
1161690
VTA/ha (m3)
8298
92
93
105
108
111
125
126
127
128
143
0,31
0,19
0,27
0,19
0,27
0,24
0,25
0,21
0,22
0,2
189813
130017
40873
26710
56935
112464
126150
121069
158499
80768
432750
504600
183660
183690
275535
648300
756600
540300
648000
576240
1803000
1080000
162000
162000
292208
1440000
1443000
1803000
1803000
1152000
288600
288600
0
97290
129735
144000
288300
324300
324300
230880
2714163
2003217
386533
469690
754412
2344764
2614050
2788669
2933799
2039888
8755
10543
1432
2472
2794
9770
10456
13279
13335
10199
134 0,23
99498
547440 1152000 259440 2058378
135 0,19
252105
1408060 7633470 828000 10121635
A308 136 0,2
92256
316800 923520 230640 1563216
137 0,18
93398
403440 923520 230400 1650758
138 0,24
89914
86424
1153920 259440 1589698
A3010 153 0,33
57103
245040 288000 129600 719743
154 0,28
64562
302520 288000 129600 784682
162 0,21
36389
259200 288000 115440 699029
arroseurs A3011 174 0,25
188456
1164510 5209230 548340 7110536
aval
172 0,32
263294
1164510 5198400 547770 7173974
169 0,34
395546
1231200 5198400 273695 7098841
A3013 182 0,32
92208
234200 360750 144150 831308
183 0,17
39831
324000 360750 144150 868731
A3015 191 0,22
59466
324000 450000 162000 995466
188 0,25
72038
288300 450000 72150
882488
187 0,25
72075
306150 450000 162000 990225
N° ar= numéro de l'arroseur, n°p = numéro de la parcelle, V,=volume,
VTA/P= volume total par parcelle en litre, VTA/ha= volume totale par hectare,
8949
53272
7816
9171
6624
2181
2802
3329
28442
22419
20879
2598
5110
4525
3530
3961
La moyenne des volumes d'eau apportés à la parcelle sur le canal principal P3 est de 10,257
m3/ha. Les moyennes sont de de 8,113 m3/ha, 11,593 m3/ha et 11,433 m3/ha respectivement
pour les zones amont, milieu et aval avec des écart-types de 4,388 m3/ha, 15,919 m3/ha et
10,578 m3/ha démontrant ainsi d'importantes pertes d'eau au niveau de certaines parcelles au
milieu et en fin du canal P3.
Volumes d'eau à la parcelle et besoins en eau à la parcelle,
La moyenne des valeurs des volumes apportés à la parcelle (10,257 m3/ha) est inférieure au
besoin théorique qui est de 14,384 m3/ha avec une différence significative à 0,059 (tableau
XVII). Ceci montre que les besoins en eau à l'échelle du P3 ne sont pas satisfaits à l'exception
de certaines parcelles. Ceci est confirmé par la valeur du TSB qui est en moyenne de 0,71
alors que la valeur de référence est de 1. L'analyse au niveau des zones donne des valeurs
également inférieures à la valeur de référence. On a respectivement par zone amont, milieu et
aval, les valeurs suivantes : 0,56, 0,80 et 0,79.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
117
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Tableau XVII : Volumes d'eau apportés par parcelle sur le P3 du Périmètre de Toula
arroseurs
amont
N° ar
A301
A303
A305
arroseurs
milieu
A306
A308
A3010
arroseurs
aval
A3011
n°p
91
VTA/ha (m3)
8 298
VTT/ha (m3)
14384
TSB
0,6
92
93
105
108
111
125
126
127
128
143
8 755
10 543
1 432
2 472
2 794
9 770
10 456
13 279
13 335
10 199
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
0,6
0,7
0,1
0,2
0,2
0,7
0,7
0,9
0,9
0,7
134
135
136
137
138
153
154
162
174
8 949
53 272
7 816
9 171
6 624
2 181
2 802
3 329
28 442
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
14384
0,6
3,7
0,5
0,6
0,5
0,2
0,2
0,2
2,0
172
22 419
14384
1,6
169
20 879
14384
1,5
A3013 182
2 598
14384
0,2
183
5 110
14384
0,4
A3015 191
4 525
14384
0,3
188
3 530
14384
0,2
187
3 961
14384
0,3
N° ar = numéro de l'arroseur, n°p = numéro de la parcelle, V,=volume, VTA/P = volume total par
parcelle en litres, VTA/ha = volume totale par hectare, TSB = taux de satisfaction des besoins,
Volumes d'eau à la parcelle et efficience de l'utilisation de l'eau
L'analyse du produit brut par unité d'eau d'irrigation donne une valeur moyenne de 0,74 kg/m3
ce qui, comparée à la valeur de référence de 0,6 kg/m3, démontrerait une bonne valorisation
de l'eau (tableau XVIII). L'analyse par zone montre également une bonne valorisation de l'eau
et donne des valeurs moyennes de 0,85 kg/m3, 0,70 kg/m3 et 0,61 kg/m3 pour l'amont, le
milieu et l'aval respectivement. Cependant, au niveau des arroseurs, on note une certaine
différence. En effet, l'analyse par arroseur donne des moyennes de 0,33, 1,12 et 0,78
respectivement pour les arroseurs 1, 2 et 3. La faiblesse de la valeur au niveau des arroseurs 1
provient d'une utilisation excessive d'eau avec en moyenne 19,084 m3/ha.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
118
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
Tableau XVIII : Volumes d'eau à la parcelle et production brute par unité d'eau d'irrigation sur
le P3 du Périmètre de Toula
n°p
sup,p
VTA/P (m3)
prd (kg)
PbIr(Kg/m3 )
91
0,14
1162
640
0,55
92
0,31
2714
1200
0,44
93
0,19
2003
560
0,28
A303
105
0,27
387
1200
3,10
arroseurs
108
0,19
470
880
1,87
amont
111
0,27
754
640
0,85
A305
125
0,24
2345
1360
0,58
126
0,25
2614
1040
0,40
127
0,21
2789
640
0,23
128
0,22
2934
720
0,25
A306
143
0,2
2040
1200
0,59
134
0,23
2058
1120
0,54
135
0,19
10122
960
0,09
A308
136
0,2
1563
640
0,41
arroseurs
137
0,18
1651
800
0,48
milieu
138
0,24
1590
960
0,60
A3010
153
0,33
720
720
1,00
154
0,28
785
1360
1,73
162
0,21
699
640
0,92
A3011
174
0,25
7111
560
0,08
172
0,32
7174
2160
0,30
169
0,34
7099
880
0,12
A3013
182
0,32
831
880
1,06
arroseurs aval
183
0,17
869
560
0,64
A3015
191
0,22
995
0,00
188
0,25
882
1600
1,81
187
0,25
990
880
0,89
NB : N° ar = numéro de l'arroseur, n°p = numéro de la parcelle, V= volume, VTA/P = volume total
par parcelle en litres, VTA/ha = volume totale par hectare, PbIr = production brute par unité d'eau
d'irrigation,
n° ar
A301
CONCLUSION ET IMPLICATIONS
La bonne gestion de l'eau sur un périmètre irrigué suppose une alimentation en eau adéquate
et une distribution équitable de celle-ci entre les usagers. Mais, cette distribution doit
s'accompagner d'une bonne valorisation de l'eau qui conditionne les rendements afin de
garantir la pérennité de la mise en valeur.
Les observations à la source montrent que les durées de pompage doivent être revues à la
hausse en saison sèche et à la baisse en saison d'hivernage. En saison sèche, il y a une
modulation à faire. Les quantités d'eau pompées pour la mise en place des pépinières sont trop
élevées et dépassent de loin les quantités qui correpondraient à 12 ha de pépinière.
En saison d'hivernage, on irrigue même quant il pleut ce qui se traduit par d'importantes
quantités d'eau pendant cette période. Il faut cependant noter une certaine modulation des
quantités d'eau à la source. Elles varient dans le temps en fonction des stades végétatif, et des
mois.
Sur la valorisation de l'eau apportée sur le périmètre, il faut noter qu'il y a des insuffisances.
En effet, les rendements moyens sont faibles et restent inférieurs à la valeur de référence de
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
119
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
5.000 kg/ha définie par le PMI-Niger. Sur le périmètre de Toula, les quantités d'eau pompées
ne seraient mieux valorisées qu'à 7.000 kg/ha soit une production brute par unité d'eau
d'irrigation (PbIr) de 0,6 kg/m3. Au Niger, les variétés cultivées ont un potentiel de 6,000 à
8.000 kg/ha en maîtrise totale de l'eau. Or en saison d'hivernage où on note un excédent d'eau,
les rendements moyens restent néanmoins inférieurs à 5.000 kg/ha. Ceci montre que la
faiblesse des rendements n'est pas exclusivement liée à l'eau. Aussi nous pensons que le
service d'appui aux producteurs doit être renforcé tant au niveau de la maîtrise des thèmes
techniques mais aussi au niveau de l'approvisionnement en intrants. Toutefois, nous pensons à
une analyse diagnostic qui doit concerner la gestion de la mise en valeur à plusieurs niveaux :
agronomique, hydraulique et organisationnel.
A la parcelle, il y a une inégalité dans la distribution de l'eau. Il faut nécessairement procéder
à la réactualisation des tours d'eau qui doit prendre en considération les débits réels qui
rentrent dans les arroseurs.
L'analyse des résultats à la parcelle sur le périmètre de Toula donne des résultats trompeurs au
niveau du PbIr. En effet ces résultats montrent que l'eau est bien valorisée au niveau des
arroseurs 2 et 3 des différentes parties du P3. Or, la supériorité des valeurs du PbIr à ces
différents niveaux n'est due qu'à de faibles quantités d'eau apportées sur ces parcelles comme
d'ailleurs le confirme la valeur du TSB qui est en moyenne de 0,71 pour une valeur de
référence de 1. Le rendement moyen sur les parcelles étudiées est de 3.858 kg/ha ; celui du
périmètre est de 4.095 kg/ha en saison d'hivernage et de 4.450 kg/ha en saison sèche. Ces
valeurs sont toutes inférieures à la valeur de référence établie par le Projet Management de
l'Irrigation au Niger (PMI-Niger) et qui est de 5.000 kg/ha.
Le périmètre de Toula est confronté à deux problèmes qui influent systématiquement sur les
performances du périmètres : (1) la sous alimentation en eau du périmètre en saison sèche et
(2) l’ application insuffisante et inefficace des techniques culturales qui se traduisent par des
rendements à l'hectare faibles, même en saison d'hivernage où les quantités d'eau apportées
dépassent les volumes théoriques.
Le fonctionnement d'un périmètre irrigué est structuré autour des fonctions exercées par les
différents acteurs assurant l'exploitation du périmètre, des flux de ressources transitant d'une
fonction ou d'un acteur à l'autre et des processus de décision pour assurer le pilotage de ces
fonction et de ces flux. Sur le périmètre de Toula, nous pensons que les processus de prise de
décision ne seraient qu’autour de l'alimentation en eau du périmètre et doivent être stimulés
par la demande aval : qui a besoin d'eau et quel est le nombre de pompes à mettre en marche
et pendant combien de temps pour satisfaire la demande ?
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
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120
Valorisation de l’eau à Toula – Illiassou, M. M.
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irrigués.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
121
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
PRINCIPAUX ACQUIS DE LA RECHERCHE SUR LES SOLS
UTILISES EN RIZICULTURE IRRIGUEE EN AFRIQUE DE
L’OUEST SAHELIENNE
(Vallées alluviales des fleuves le Sénégal. le Niger & du lac Tchad)
DIÈYE, M.
ISRA. Sénégal
Résumé :
Pour le riz irrigué, ce sont les Vertisols, les Fluvisols et Gleysols qui sont les plus importants
du fait de leur localisation dans les zones basses, les dépressions, et les vallées alluviales des
fleuves. Pour la zone alluviale du fleuve Sénégal ou Walo les séquences de sols les plus
représentatives correspondent à des sols des levées argilo-limoneux, limoneux à limonosableux avec comme générique principal Fonde (Eutric Fluvisols) et des sols des cuvettes
basses, argileux à argilo-limoneux avec comme générique principal Hollalde (Thionic
Fluvisols et Salics Fluvisols). Les liens très étroits entre le bassin sédimentaire sénégalomauritanien et l’océan Atlantique, ont fait que dans le Delta, les dépôts alluviaux du bassin
alluvial du fleuve Sénégal au Quaternaire, sont très sensibles aux phénomènes de salinisation.
Le delta intérieur du fleuve Niger (bassin sédimentaire de Taoudenni) est occupé par des
Fluvisols, des vertisols et des Gleysols dans les zones faiblement drainées. Un fait important
du point de vue de la pédogenèse, est que le delta intérieur du Niger est drainé extérieurement,
et qu’il ne peut y avoir d’accumulation majeure de sel. De hautes levées plus ou moins
sableuses (sables fins et limons) associées à des deltas de rupture sont situées de part et
d’autre d’anciens défluents du fleuve Niger. Ces derniers correspondent à des sols sableux
grossiers désignés sous le nom de Seno, et compartimentent les dépressions entre levées en
cuvettes élémentaires. Les sols Senos sont généralement les plus sableux, suivis des sols
Danga (au niveau des levées) puis des sols Dian et Moursi (dans les cuvettes) qui
apparaissent les plus argileux. Le caractère endoréique du régime du bassin du Tchad, ainsi
que les conditions d’aridité du climat, font que la pédogenèse y est très affectée par la
salinité ; les processus d’accumulation de silice, de Mg et de Ca y ont favorisé le
développement d’argile du type smectite. Le paysage édaphique évolue des Fluvisols
eutriques, aux Cambisols vertiques et Vertisols eutriques. La salinité qui peut affecter ces sols
fait que l’on ait des Solonchaks et des Solonetz. L’alcalinisation est également une menace
pour ces types de sols.
A l’Office du Niger au Mali, les pH des sols étaient à l’origine globalement acide à neutre, et
il semble que l’acidité était telle que cela nécessitait des essais de chaulage de certaines
parcelles (Bertrand et al., 1995. Cinquante ans après la mise en valeur des terres à l’Office du
Niger, 30 à 50% des horizons sub-superficiels ont acquis des caractères sodiques. Au Niger,
sur le périmètre irrigué de Sona, il a été observé d’importantes taches d’infertilité en auréoles
concentriques lesquelles tâches sont localisées sur des sols limoneux battants à structure
compacte, pH moyen du sol entre 8,5 et 9,5 unités, un ESP globalement supérieur à 20%, et
une CE moyenne de l’ordre de 3 à 9 mS/cm sur extraits pâtes saturées. Dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, il semble qu’une salinisation neutre soit la menace la plus
imminente pour les sols rizicultivés, alors que les risques d’une alcalinisation de ces sols, au
vu de leurs teneurs importantes en calcium (plus de 50 % du complexe d’échange est occupé
par le Ca) ont été trouvés faibles.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
122
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Des tentatives de récupération de sols sous irrigation dégradés par la salinisation,
l’alcalinisation ou l’alcalisation ont été conduites à l’Office du Niger, dans les vallées
alluviales des fleuves le Sénégal et le Niger. L’existence d’un effet immédiat des
amendements à base de gypse sur une diminution de l’ESP des sols a été observée au Niger.
A l’Office du Niger (Mali), des tentatives de récupération des sols alcalisés ont été entreprises
avec l’utilisation d’amendements organique (du fumier), minéraux (gypse et phosphate
naturel) ainsi que des engrais acidifiants. Des amendements à base de gypse (5 t/ha) de chaux
(6 t/ha) et de coquillages broyés utilisés dans la cuvette de Boundoum-ouest, afin de corriger
la salinité des sols ont montré qu'après trois saisons d'irrigation, un dessalement du profil a été
obtenu dans les parcelles traitées au gypse. En dehors d'un relèvement du pH de la solution du
sol, les amendements à base de chaux n'ont cependant pas paru être adaptés pour les sols
lourds et argileux du Delta. Un dessalement par des apports successifs d’eaux d’irrigation, sur
des sols salés du Delta a provoqué avec succès une diminution de la salinité des sols, avec
cependant un relèvement du pH des sols noté sur tous les profils étudiés, au moins les deux
premières années, suivi d'une légère diminution du pH après la troisième année. La mise en
boue de sols lourds salés dans le Delta avec l’utilisation d’un hydro tiller, suivi d’un drainage
du sol, a permis d’évacuer 4,3 t/ha de sel, alors qu’un simple offsettage suivi d’une mise en
eau et d’un drainage, n’aurait évacué que près de 1 t/ha de sel ; il semble que cette méthode ne
soit pas appropriée pour les sols du Delta, du fait que le sel évacué soit plutôt remanié à partir
des horizons profonds.
Pour la fertilisation du riz, plusieurs résultats ont été également produits avec des ajouts de
matière organique sous forme de fumier, de compost, de culture d’Azolla ou de Sesbania ainsi
que des apports de fumure minérale. A l’Office du Niger, le fumier de bovins associé à une
dose d’azote de 50 kg/ha à l’initiation paniculaire permet d’obtenir un niveau de rendement
comparable à celui obtenu avec la fertilisation minérale forte avec 100 kg/ha de N + 30 kg/ha
de P2O5. L’utilisation de l’Azolla comme engrais vert permet également d’avoir des résultats
intéressants sur le rendement en paddy du riz, en ce sens qu’une biomasse d’Azolla de 27 t/ha
permet d’avoir un rendement en paddy équivalent à un apport de fumure minérale de 30 kg/ha
de N. L’apport d’un complément de fumure minérale de 30 kg/ha de N, permet d’obtenir un
rendement en paddy équivalent à ce qu’aurait procuré un apport de fumure minéral de l’ordre
de 90 kg/ha de N. L’enfouissement du Sesbania tout seul a été à la base d’une augmentation
du rendement en grain et en paille de l’ordre de 2 à 3 t/ha par rapport au témoin sans apports
de fertilisants. L’apport de 60 kg/ha d’azote précédé d’un enfouissement du Sesbania a donné
un niveau de rendement similaire à ceux obtenus pour des apports de l’ordre de 120 kg/ha.
En dépit de la relative pauvreté des sols en phosphore, la réponse du riz aux apports d’engrais
phosphaté est moins évidente. Le DAP est le type d’engrais phosphaté le plus utilisé à raison
de 100 kg/ha. Le phosphate naturel de Tilemsi (PNT) est également utilisé comme source de
phosphore, à des doses gravitant autour de 300 kg/ha en fumure de fond, surtout sur les sols
acides. Sur le bassin du Fleuve Sénégal, des expérimentations menées à NDiol (dans le Delta)
et à Fanaye (dans la Moyenne vallée aval) ont montré une réponse positive à l’apport d’azote
jusqu’à 300 kg/ha, pour toute une gamme de variétés testées, dont I Kong Pao, Jaya, IR 64 et
IR 1529. Une application des recommandations de la recherche, en termes de meilleure
gestion de la fertilisation et de l’enherbement a permis de capitaliser un surplus de rendement
de l’ordre de 1,8 t/ha.
L’utilisation de phosphates naturels a fait l’objet de plusieurs expérimentations au Sénégal.
Ainsi sur un sol argilo-limoneux à Fanaye, un essai a porté sur la comparaison de plusieurs
niveaux d’apports de phosphate de Matam (28 % de P2O5 et 36% de Ca) : la dose de 2.400
kg/ha de phosphate de Matam est celle qui donne, le plus haut rendement significatif sur la
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
123
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Jaya (5.170 kg/ha de paddy et 3.224 kg/ha de paille) par rapport au témoin (4.557 kg/ha de
paddy et 2.666 kg/ha de paille). Dans la même localité, sur un sol argileux lourd, un essai de
comparaison de l’efficacité de plusieurs sources de phosphore, a montré que le mélange
phosphogypse/ phosphate tricalcique, à une dose de 400 kg/ha donnait en moyenne pour la
variété Sahel 108 durant l’hivernage, 6.168 kg/ha de paddy et 4.793 kg/ha de paille, versus les
5.205 kg/ha de paddy et 4.269 kg/ha de paille sur le témoin sans apport d’amendement.
AFFLEUREMENTS GEOLOGIQUES ET UNITES GEOMORPHOLOGIQUES
Les fleuves, le Sénégal et le Niger, sont les deux plus grands fleuves ouest africains. Ces
fleuves traversent plusieurs états de la sous région, dont le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le
Burkina Fasso et le Niger. A côté de ces deux grands fleuves, le lac Tchad constitue une
importante source d’eau pour l’irrigation. Les deux vallées alluviales, ainsi que celle du lac
Tchad, reposent respectivement sur les bassins sédimentaires anciens du Sénégalomauritanien, du Taoudenni et celui du Tchad (carte 1).
Carte 1: Principales régions géomorphologiques de la zone du Sahel en Afrique de l’ouest
Le bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien
La vallée alluviale du fleuve Sénégal est établie dans sa partie sénégalo-mauritanienne, sur les
formations du grand bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien. Ce dernier d’une largeur
moyenne de 560 km, se prolonge au Nord en Mauritanie et au Sud Ouest, sur une partie de la
Guinée Bissau (BRGM, 1967). Il est limité à l’Ouest par le substratum constitué de séries
métamorphiques datant du Précambrien, mais dont le plissement en chaînes de montagnes
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
124
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
remonte au Primaire. Ces affleurements sont composés de schistes et de dolérites en
Mauritanie dans les régions du Gorgol noir/blanc et limitent le bassin à l’Est depuis la
Mauritanie (bande comprise entre l’Océan Atlantique et les secteurs actuels de Akjout,
Moudjéra et Mbout) jusqu’au territoire actuellement occupé par la Guinée Bissau.
Au Jurassique, une transgression marine favorisa des dépôts calcaires sur le secteur Ouest du
bassin sédimentaire, dépôts qui deviennent de plus en plus argileux et argilo-gréseux vers l’est
du bassin sédimentaire. A la fin du Crétacé, d’importants dépôts de sables (le Maestrichtien)
sont mis en place, vers l’Est directement sur le socle métamorphisé plissé du Précambrien Primaire et sur les formations du Jurassique en direction de l’ouest.
Au Tertiaire, sur les dépôts du Maestrichtien se succèdent des dépôts de calcaires au
Paléocène, de marnes et des argiles de l'Yprésien et du Lutétien (Éocène). Des affleurements
de l'Yprésien sont visibles en quelques endroits sur la périphérie du lac de Guiers (BRGM,
1967). La mise en place du plissement anticlinal dans le secteur du lac de Guiers avec l'axe
de cette structure sensiblement parallèle à la bordure orientale du lac, favorisa la remontée du
toit des dépôts sédimentaires anciens de l'Éocène inférieur Ypresien et moyen Lutétien avec
des affleurements calcaires, argileux et phosphatés (BRGM, 1967). Au début de l’Eocène
supérieur, la mer se retire mais persiste dans deux golfes l’un, situé au Nord de la Presqu’Île
du Cap-Vert et l’autre dans le secteur de la Basse Casamance, laissant le reste du pays
complètement émergé. Les massifs anciens à l’Est du géosynclinal sont alors soumis à
d’intenses cycles d’érosion, et les produits de leur démantèlement, constitués de grès argileux,
recouvrirent tout le géosynclinal pour donner les formations gréseuses du Continental
Terminal, qui constituent essentiellement le plateau du Ferlo (carte 2). Les formations de grés
argileux du Continental Terminal furent recouvertes d'une épaisse cuirasse ferrugineuse au
cours d'une longue période humide que l'on situe au Pliocène supérieur (Michel, 1973).
Carte 2 : Formations géologiques de la vallée du fleuve Sénégal
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
125
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Au Quaternaire récent, le fleuve Sénégal entailla son lit dans le substratum rocheux constitué
des grès du Continental Terminal, ou des calcaires, argiles et grès de l'Éocène avec
démantèlement de la cuirasse ferrugineuse coiffant le Continental Terminal. Les différents
fragments furent probablement déplacés et recimentés en des cuirasses secondaires de texture
conglomératique ou gravillonnaire (BRGM, 1967). Ces cuirasses secondaires sont très
étendues dans tout le Ferlo. Le réseau hydrographique du Ferlo dont témoignent les vallées
mortes était alors fonctionnel. La jonction de ses diverses branches creusait la vallée du
Bounoum et le sillon du lac de Guiers pour rattraper le cours inférieur du Sénégal
Au cours de la régression marine de l'Ogolien (21.000 à 15.000 BP) le climat évolua vers une
aridité et on assista à la formation des ergs anciens de dunes jaune-orangées du Quaternaire,
rubéfiées en surface, dites 'dunes rouges' longitudinales. Ces formations barrèrent la vallée du
fleuve Sénégal avec un premier remblai et le fleuve connut un régime endoréique. Quand le
climat redevint à nouveau humide, le fleuve entailla le premier remblai en terrasse et franchit
progressivement les cordons de dunes rouges pour rejoindre l'océan. Le Gorgol se jeta à
nouveau dans le fleuve Sénégal et le réseau hydrographique du Ferlo, redevenu fonctionnel
nettoyait le sillon du lac de Guiers et atteignait l'océan (BRGM, 1967).
La transgression marine du Nouakchottien (5.500 ans BP) envahit les espaces interdunaires de
toute la vallée du fleuve Sénégal et les dunes sableuses de l'Ogolien au niveau du Delta, furent
en partie arasées pour faire place à un énorme golfe marin qui communiquait au sud avec le
lac de Guiers et au nord avec le lac Rhiz (carte 3). Une période très humide s’installa et eu
comme résultat une importante activité de pédogenèse. C'est alors que les sables des dunes
ogoliennes dans la partie sud-ouest de la zone du lac de Guiers ont été rubéfiés par migration
des oxydes de fer, donnant naissance à des sols brun-rouges ou à des sols ferrugineux
tropicaux (Dièye, 1999). Les remaniements locaux des dunes rouges qu'on peut observer en
bordure de la basse vallée du fleuve Sénégal et sur la rive occidentale du lac de Guiers, en des
séries de petites dunes très serrées, de direction N NE - S SW coupant obliquement les grands
cordons NE - SW (BRGM, 1967), se seraient produits suite à un assèchement du climat
consécutif à ces fluctuations climatiques. Les dépôts post Nouakchottiens, subactuels et
actuels (-2.000 ans BP) correspondent à de hautes levées dans la moyenne vallée et à des
formations fluviodeltaïques dans le delta.
Les bassins sédimentaires du Taoudeni et du Tchad
Le delta intérieur du fleuve Niger
Le delta intérieur du fleuve Niger est installé sur un bassin de sédimentation ancien, le
Taoudenni vieux de plus de 300 millions d’années. Ce bassin s’étendait vers l’Est jusqu’aux
limites de ce qui sera par la suite, le futur bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien du
Tertiaire au Quaternaire. Le substratum géologique de ce bassin est constitué de séries du
Précambrien et du Primaire avec des formations gréso-argileuses au Mali et au Sénégal
Oriental (Guiraud, 1982). Ce socle ancien est surplombé par des formations sédimentaires
sableuses du Jurassique, d’argile et de sédiments calcaires du Crétacé (Deckers et al., 1995).
Le Continental Terminal est constitué de formations argileuses à argilo-sableuses et de sables
fins et il forme la base des formations sableuses remaniées en dunes longitudinales (direction
W-SW et E-NE) au cours des périodes arides inférieures. Au cours des périodes humides, les
eaux se sont étalées à l’est et à l’ouest du Fala de Molodo et ont construit dans ces régions
d’immenses deltas inférieurs. L’extension importante des cuvettes argileuses résulte
probablement d’une tendance soutenue à l’affaissement de cette région, sur une période du
quaternaire inférieur (Marlet et Ndiaye, 1998).
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
126
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Carte 3 : Transgression marine du Nouakchottien dans la vallée du fleuve Sénégal
La formation du delta intérieur du Niger est survenue suite à un changement de régime du
fleuve Niger au Pléistocène (Quaternaire). Il existait deux fleuves séparés durant les périodes
humides du Pléistocène: le Bas Niger qui coulait indépendamment vers le SE ; et le Haut
Niger qui prenait source dans les hauts plateaux du Fouta-Djalon et qui coulait vers l’Est en
direction de l’Atlantique (Deckers et al., 1995). Au cours d’une période sèche 10.000 à
15.000 années, cette embouchure fut bloquée par un amoncellement de dunes sablonneuses
qui dévièrent la trajectoire orientale du fleuve vers le bassin de sédimentation, pour former à
l’époque un gigantesque lac préhistorique baptisé ‘Lac Arouane’ par les paléogéomorphologues (Deckers et al., 1995). Les crues de cet ancien lac ont eu à joindre le Bas
Niger et à servir de nouveau tracé pour le Haut Niger. Le delta interne actuel du Mali qui
couvre une superficie de 17.000 km², tient de ce qui reste de l’emplacement de cet ancien lac
Arouane.
Les formations géologiques hétéroclites du Niger et celles du lac Tchad
Des affleurements très variés, issus des séries métamorphiques du Précambrien et des dépôts
plus actuels constitués de sables, de conglomérats, de calcaire et de dolomite, fournissent un
paysage géomorphologique très érodé constitué de collines tabulaires (Deckers et al., 1995).
Ainsi, au Niger nous avons la terrasse de Lossa-Sona qui constitue une vaste pénéplaine de
200 à 300 m d’altitude, dominée par des collines tabulaires à recouvrement latéritique, avec
un substratum géologique constitué de matériaux datant du Précambrien moyen. Le tertiaire
est représenté par les séries du Continental terminal, constituées de formations détritiques
gréso-argileuses à hauteur du Moyen Niger, qui ont comblé le vaste bassin dit des
Iullemmeden (Barbiero & Valles, 1992).
Le quaternaire n’est représenté que par les alluvionnements du fleuve et par des formations
dunaires éoliennes datant de 40.000 ans BP pour l’Erg ancien et de 12.000 à 18.000 ans BP
pour l’Erg récent (Amadou, 1996).
La formation de ce bassin sédimentaire du Tchad remonte entre 8.000 et 12.000 ans BP et le
substratum géologique est constitué par des dépôts du Pléistocène de plus de 1.000 m de
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127
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
puissance. Un lac se trouve dans un régime endoréique à l’emplacement même de ce bassin,
sans aucune connexion avec l’océan et une accumulation in situ à l’intérieur des sédiments du
bassin, des produits solubles libérés lors des processus pédogénétiques.
TYPOLOGIE DES SOLS EN IRRIGUE
Les sols les plus représentatifs en terme de superficies dans la zone sahélienne correspondent
aux Arenosols, associés aux Regosols et aux Leptosols. Plus au sud dans la zone sahélienne,
nous avons une dominance des lixisols en association avec les Plinthosols et les Leptosols.
Pour le riz irrigué, ce sont les Vertisols, les Fluvisols et Gleysols qui sont les plus importants
du fait de leur localisation dans les zones basses et les vallées alluviales (Deckers et al.,
1995).
Les sols de la vallée alluviale du fleuve Sénégal
Les liens très étroits entre le bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien et l’océan Atlantique,
ont fait que les dépôts alluviaux du bassin alluvial du fleuve Sénégal au Quaternaire, sont très
sensibles au niveau du Delta, aux phénomènes de salinisation. Pour la zone non inondable par
les crues du fleuve, ou Dieri, on distingue d’une part sur modelés dunaires les sols du Dieri
(Cambic Arenosols) ; et d’autre part, en position topographique déprimée, dans des zones à
drainage déficient, ou bien au contact d'une roche calcaire, les sols bruns subarides
généralement (Michel, 1973). Pour la zone alluviale du fleuve Sénégal ou Walo les séquences
de sols les plus représentatives correspondent à des sols des levées argilo-limoneux, limoneux
à limono-sableux avec comme générique principal Fonde (Eutric Fluvisols) ; et des sols des
cuvettes basses, argileux à argilo-limoneux avec comme générique principal Hollalde)
(Thionic Fluvisols et Salics Fluvisols) (fig. 1).
Fig. 1 : Toposéquence dans la vallée alluviale du fleuve Sénégal
Au niveau du Delta, les sols sur matériaux fluviodeltaïques présentent tous un caractère de
salinité et d'engorgement et des manifestations acides associées à la présence de composés
sulfatés issus de la mangrove fossile, se surimposent fréquemment à la salure (Loyer, 1989).
Au niveau des sols dits halomorphes. Maymard (1960) différenciait les solontchaks vifs avec
efflorescences salines en surface, des crypto-solontchaks qui ne présentent pas
d'efflorescences salines en surface. Les solontchaks s'arrêtent à l'est de Richard-Toll et
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Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
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Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Dagana ; de cette limite jusque dans le secteur de Podor, s'étend une zone de transition où les
crypto-solontchaks alternent avec les sols hydromorphes (Michel, 1973). La présence de sels
de chlorure de sodium et de sulfate de calcium dans les sols de la basse vallée, témoigne de
dépôts marins ou lagunaires anciens, en amont de Dagana jusqu'à hauteur de Podor.
Dans la moyenne vallée, la salinité se localise surtout en profondeur sous des bourrelets de
berge anciens, en bordure de cuvettes de décantation et dans des dépôts lagunaires anciens du
golfe 'digité' du Nouakchottien (Sonko, 1973). Les horizons de surface des sols Faux Hollalde
localisés en bordure de cuvette, ont une salinité généralement plus élevée que celle des sols
Hollalde ballere (Sonko, 1973) et cette salinité croit très rapidement avec la profondeur, du
fait de la présence de la nappe phréatique salée.
Ces sols qui sont en bordure de cuvette présentent généralement une structure micro-agrégée
avec la formation d'une croûte de battance en surface (Mougenot, 1983). Il semble qu'au
niveau de l'horizon de surface, les Hollalde ballere du delta soient plus acides que ceux de la
Moyenne vallée. Les horizons de surface des Hollalde ballere au niveau du delta sont plus
alcalisés que ceux de la moyenne vallée, avec une teneur en Na échangeable tournant
respectivement autour de 1,2 à 1,8 meq/100g et 0,3 meq/100g. Dans toute la vallée, cette
alcalisation augmente avec la profondeur. Ainsi à -1,2 m nous avons globalement la teneur en
Na échangeable qui est de l'ordre de 5,8 à 6 meq/100g dans le Delta (Loyer & Diallo, 1979 ;
Mougenot, 1982) 0,5 à 2,2 meq/100g dans la moyenne vallée (Sonko, 1973 ; Bado, 1975) et
1,3 meq/100g dans la haute vallée (Mougenot, 1983), ce qui semble être en rapport avec la
nature alcalisante de la nappe phréatique sous-jacente. L'horizon de surface du 'Faux Hollade'
est parallèlement plus sodique que celui du Hollade ballere, avec une teneur en Na variant
entre 1 à 6 meq/100 g de sol. Les teneurs en Mg échangeable au niveau du Faux Hollalde sont
en outre nettement plus importantes au niveau de la moyenne vallée que dans le delta.
Dans la moyenne vallée amont, à hauteur de Bakel, la salinité des sols (quand elle existe) est
d'origine pétrographique et elle est le résultat d’une altération des minéraux feldspaths alcalins
et calco-sodiques contenus dans les roches métamorphiques (les schistes sériciteux riches en
sodium de la Falémé) et les roches granitiques, qui, en s'hydrolysant libèrent des ions alcalins
sodium, magnésium et calcium. Des sols sodiques à structure dégradée ou 'solonetz', se
développent et leur extension dans la partie Est du Sénégal est de l'ordre de 500.000 ha,
répartis en bordure de la Falémé, entre le Wassandra vers l'amont et Mouderi à l'aval de Bakel
(Michel, 1973). Le pH des horizons de surface est généralement neutre à faiblement alcalin,
alors que celui des horizons inférieurs est franchement alcalin (pH > 9) (Loyer, 1989).
Dans la vallée alluviale du Gorgol Noir, un affluent du fleuve le Sénégal, on note deux unités
majeures dans le secteur du périmètre de Foum Gleita : les glacis de dénudation et les
formations alluviales. Les Glacis de dénudation présentent 2 sous unités de sols d’épaisseurs
différentes qui se succèdent ainsi en une toposéquence (Mar & Sarr, 1998) :
1) des sols squelettiques peu profonds (20 à 40 cm), sensibles au ruissellement et à
l’érosion halomorphes à structure dégradée. Le pH de ces sols dépasse les 8 unités et
leurs caractères sodico-alcalins constituent une contrainte majeure à leur mise en
valeur ; près de 90% des parcelles abandonnées sont localisées sur ce type de sol ;
2) 2) des sols moyennement profonds (40 à 80 cm), bruns ou rougeâtres soit
uniformément verdâtre qui correspondent à des sols bruns eutrophes plus ou moins
sodiques, plus limoneux (40 à 60%) et leur pH sont élevés (souvent supérieurs à 8
unités).
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
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Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Les sols dans les vallées alluviales du fleuve Niger et du lac Tchad
Le delta intérieur du fleuve au Mali et la terrasse Sona au Niger
La typologie des sols dominants au sein du bassin de Taoudenni est décrite par des Gleysols,
des Fluvisols et des Vertisols. Le delta intérieur du fleuve Niger est occupé par des Gleysols
dans les zones faiblement drainées et par des Fluvisols dans les zones susceptibles à des
inondations. Par ailleurs dans le delta intérieur, les conditions pédo-climatiques ont favorisé la
formation de Vertisols. Un fait important du point de vue de l’environnement pédogénétique,
est que le delta intérieur du fleuve Niger est drainé extérieurement et qu’il ne peut y avoir
d’accumulation majeure de sel, ce qui y exclut du même coup des sols du type Solonetz et
Solonchaks (Deckers et al., 1995).
De hautes levées plus ou moins sableuses (sables fins et limons) sont situées de part et d’autre
d’anciens défluents du Niger et ces hautes levées sont associées à des deltas de rupture. Ces
derniers correspondent à des sols sableux souvent grossiers désignés sous le nom de Seno et
compartimentent les dépressions entre levées en cuvettes élémentaires (Marlet & Ndiaye,
1998). Les sols Senos sont généralement les plus sableux, suivis des sols Danga (au niveau
des levées) puis des sols Dian et Moursi (dans les cuvettes) qui apparaissent les plus argileux.
A l’intérieur des dépressions situées entre levées, on trouve deux unités morphopédologiques
essentielles : des cuvettes de décantation dans les parties les plus basses et des systèmes de
petites levées.
Les systèmes de petites levées correspondent à une reprise de l’écoulement après l’épisode
aride qui a suivi la période pluviale post ogolienne. Le matériau est généralement limoneux à
limono-argileux et repose le plus souvent sur des matériaux plus argileux à faible ou moyenne
profondeur. Ces sols alluviaux peu évolués montrent les traces d’une hydromorphie ancienne
sous forme de taches et des nodules ferrugineux, avec localement des nodules calcaires
(Marlet & Ndiaye, 1998). Ils sont généralement désignés sous le nom de Danga : Danga
wouleng lorsqu’ils sont de couleur rougeâtre et que les nodules ferrugineux sont nombreux ;
Danga fing lorsqu’ils sont beiges grisâtres plus humifères en position plus basse. Selon la
texture il est possible de distinguer différents types de sols Danga, avec une texture variant du
sablonneux, au sablo argileux (Marlet & Ndiaye, 1998).
Lorsque le delta mort était encore fonctionnel, les cuvettes de décantation ont été jadis,
soumises à de longues périodes d’inondation, avec le dépôt de matériaux très fins, tels que des
argiles et des limons sur des formations anciennes sableuses. Les argiles contiennent de gros
nodules de calcaires que l’on peut ramasser en surface. Ces dépôts d’une puissance de 1 à 3
mètres présentent en saison sèche de larges et profondes fentes de dessiccation et on note
comme formations, les Dians à structure prismatique grossière et les Moursis à structure de
surface grenue ou polyédrique fine très stable (vertisols topomorphes grumusoliques). Les
Moursis sont plus riches en nodules calcaires, plus argileux et semblent occuper le centre des
anciennes cuvettes de décantation (Marlet & Ndiaye, 1998). Dans le secteur du delta vif (zone
du Macina), on trouve des sols plus limoneux hydromorphes désignés sous le nom de Boo :
Boo wouling en présence de tâches ocres et ferrugineuses ; Boo fing de couleur noir riche en
humus et non crevassé. Les sols du delta mort (secteurs de Kala et de Kourouma) sont
relativement pauvres en limons, alors que ceux du delta vif (secteur du Macina) sont de
texture plus limoneuse. On observe cependant un enrichissement en argiles en profondeur
pour les sols du delta mort.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
130
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Au Niger, sur la terrasse Sona, les sols ont une origine polygénique et la présence de
matériaux d’origine calcaro-magnésienne, favorise la formation de sols sodiques. La
géomorphologie actuelle est dominée par un relief tabulaire du continental terminal, coiffé
d’une cuirasse ferrugineuse culminante à 270 m d’altitude ; le glacis de colluvionnement à
pente faible avec 200 m d’altitude (fig. 2).
Sur les parties basses, les alluvions successivement déposées par les divagations du fleuve,
composent un milieu très hétérogène, disposé en une série de bourrelets sableux séparant des
cuvettes (anciens bras morts) comblées par des matériaux de texture très fine, sur les parties
hautes, l’érosion domine et les matériaux originels remaniés sont fréquemment recouverts de
formations d’origine éolienne (Amadou, 1996).
Fig. 2 : Toposéquence de la vallée alluviale du fleuve Niger
Le bassin du lac Tchad
Le caractère endoréique du régime du lac Tchad, ainsi que les conditions d’aridité du climat,
font que la pédogenèse y est très affectée par la salinité ; les processus d’accumulation de la
silice, des produits à base de calcium et de magnésium ont favorisé le développement d’argile
du type smectites. La typologie des sols évolue des Fluvisols eutriques, aux Cambisols
vertiques et Vertisols eutriques. La salinité qui peut affecter ces sols fait que l’on ait des
Solonchaks et des Solonetz. L’alcalinisation des sols est également une menace pour ces types
de sols (Deckers et al., 1995).
La salinité de ces sols est la résultante de 12.000 années d’accumulation de produits de
l’altération au sein des sédiments qui tapissent le bassin géologique, ainsi que des différentes
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
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Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
sécheresses passées qui ont entraîné une baisse de 40 m du niveau du lac. Conséquemment,
toutes les terres en position basses par rapport au niveau du lac sont potentiellement
assujetties à une salinisation par remontée capillaire de la nappe phréatique salée. Le régime
endoréique du bassin a fortement marqué la pédogenèse des sols en place. Au sein des dépôts
fluviaux, se sont formés des smectites, ce qui a aboutit à la formation de Vertisols et de
Planosols. Des Solonchaks ainsi que des Solonetz se sont formés aux endroits où la nappe
phréatique est subaffleurante (Deckers et al., 1995).
QUALITE ET GESTION DES SOLS EN IRRIGUE
Acquis sur la typologie de la dégradation et sur la restauration des sols dégradés
Salinisation, alcalisation (sodisation) et alcalinisation des sols en irrigué
La salinisation des sols est généralement associée aux apports de sels dissous, issus de
l'hydrolyse des minéraux du substrat édaphique constitué de roches endogènes et/ou exogènes
(salinisation primaire) ou des activités éoliennes et hydriques (embruns marins, eaux
d'irrigation et nappe phréatique subaffleurante et salée) (salinisation secondaire). Parmi les
ions les plus communément rencontrés en solution dans les sols dégradés par la salinisation,
on a les anions Cl-, S04--, B(OH)4-, NO3-, CO3-- et HCO3- et les cations échangeables Na+, K+,
Ca++ et Mg++ (Sposito, 1989).
Dans les sols 'salés' littoraux ou deltaïques, la composition ionique de la solution du sol est
dans une proportion comparable à celle de l'eau de mer, avec une prédominance des ions Clet Na+ (80% du total ionique) suivis des ions S04--, Mg++ et K+. Les sols 'salés' continentaux
renferment des ions dissous dans des proportions souvent très différentes, avec une
dominance des anions S04--, CO3-- et HCO3-. On admet conventionnellement, selon le rapport
(Cl/SO4) en solution, que la salinisation est de type chloruré pour (Cl/S04) > 5 ; chloro-sulfaté
pour 1 < (Cl/S04) < 5 ; sulfato-chloruré pour 0,2 < (Cl/S04) < 1 ; sulfaté pour (Cl/S04) <0,2.
La terminologie proposée par Richards (1954) définit les sols 'salés' par rapport à la
productivité du sol sur le plan agronomique. Le sol salin « Saline soil » est défini comme un
sol qui renferme assez de sels en solution, pour voir sa productivité diminuer. Le sol à alcali
« Alkali Soil » est défini similairement, mais par rapport à sa teneur en Na+ échangeable
généralement très élevée. Les sols qui présentent conjointement ces deux caractères sont dits
sols salins à alcali « Saline-Alkali-Soils ».
La terminologie adoptée par Aubert (1983) définit les sols salés sur le plan pétrographique,
par rapport à la conservation ou la perte de la structure originelle du sol. Le concept de sol
salsodique qu'il utilise décrit les sols qui ont leur pédogenèse dominée par la présence de
fortes quantités de sels solubles ou bien par la richesse de leur complexe adsorbant en ions
provenant de ces sels et susceptibles de dégrader la structure du sol. Les sols salins sont
définis comme des sols salsodiques riches en sels solubles NaCl, CaCl2 et MgCl2, avec une
conservation de leur structure (Aubert, 1983). Ces sels s'expriment à la surface du sol, sous
forme de salants blancs chlorurés pouvant évoluer périodiquement vers des horizons poudreux
bruns (Loyer, 1991) avec une structure 'poudreuse' ou micro-agrégée très sensible à l'érosion
éolienne. Cette structure micro-agrégée est associée à la présence de micro-agrégats
millimétriques séparés par des efflorescences salines en aiguilles ou en amas sur une épaisseur
de 1 à 10 cm à partir de la surface (Mougenot, 1983). A côté des sols salins on distingue les
sols à alcali, les sols à bicarbonate de sodium, les sols salés à alcali et les sols sulfato-acides
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
132
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
compte tenu de l'évolution de la structure originelle et du contenu en alcali échangeables du
sol (Aubert, 1983).
Deux types de sols à alcali se distinguent de par leur teneur en sels (Aubert, 1983) :
1) les sols à 'alcali peu ou non salés' appelés solonetz, qui sont caractérisés par un pH
alcalin autour de 9 et par un horizon à alcali avec parfois une accumulation d'argile à
structure en colonnette grossière ou massive et diffuse ;
2) les sols à 'alcali moyennement salés', riches en NaCl et en Na2S04, qui présentent
généralement en surface une structure grumeleuse plus ou moins émoussée en saison
sèche, structure qui se dégrade et devient diffuse dès que ces sols sont humidifiés,
avec l'horizon à alcali superficiel qui devient massif et peu perméable.
Les sols salés à alcali ont une salinité très élevée et sans pour autant présenter de croûte saline
en surface, ils ont une structure dégradée et très diffuse dans certains horizons (Aubert, 1983).
En surface, lors de la dessiccation du sol, la structure est soit lamellaire, squameuse,
boursouflée ou bien elle se présente en une pellicule argilo-saline se débitant en fins
morceaux ou en pseudo sable lorsqu'elle est déchiquetée par la genèse et l'intrusion de fins
cristaux de sels (Mougenot, 1983).
Les sols à efflorescences de sels de Na2C03 sous forme de salant pulvérulent, peuvent être de
peu salés à très salés et présentent sur les premiers centimètres de surface, des pellicules
humiques imprégnant le sol et qui recouvrent parfois les efflorescences de Na2C03. Ces sols
présentent une structure dégradée très diffuse, une perméabilité faible et un pH élevé (Aubert,
1983). Les pellicules humiques au niveau de ces sols alcalins sont associées à une dispersion
de la matière organique du sol (Guero & Bozza, 1992) qui se manifeste en surface par des
tâches sombres (Photo 1).
Photo 1 : Dégradation des sols par alcalinisation avec dispersion de la matière
organique
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
133
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Les sols salés à sulfures acidifiants ou sols salés thioniques ou sols sulfato-acides des
« tannes » (aires herbeuses, puis nues à efflorescences salines), existent au niveau des zones
de mangrove littorale riches en sulfures de fer, et dans les périmètres de sols irrigués avec une
eau riche en SH2 (Aubert, 1983). Les sulfures de fer, en l'occurrence la pyrite (FeS2), en
l'absence de substances neutralisantes comme le CaCO3 entraînent après oxydation, une forte
acidification du sol par la production de H2SO4. La réaction d'oxydation de la pyrite peut être
ainsi décrite (Van Breemen, 1988) :
FeS2 +
7/2 O2
+
H2O Í=====Î
Fe2+ +
2 SO42-
+ 2 H+
L'oxydation et l'hydrolyse du Fe en FeOOH produit 2 H+ supplémentaires, ce qui a pour
résultante la formation de 4 H+ par molécule de FeS2. Tant que le pH du sol est inférieur à 3,5
unités, les cations Fe++ peuvent également s'hydrolyser pour donner une forme stable qu'est la
gœthite. Des bactéries sulfo-oxydants, de la famille des Thiobactériacées et des
Beggiatoacées, en utilisant l'énergie libérée au cours de cette réaction, catalysent l'oxydation
de la pyrite (Camiré, 1991). Les sesquioxydes de fer qui sont libérés au cours de ces réactions
peuvent éventuellement dans ces conditions d'acidité, en présence de S04-- et de K+ (ou Na+ en
milieu salé) précipiter pour donner de la jarosite KFe3(S04)2(OH)6 (Lyndsay, 1979), minéral
de couleur jaune pâle, qui n'est stable qu'à des pH du sol inférieurs à 4 unités et qui tend à
s'accumuler en une zone distincte au dessus de l'horizon de matériaux pyritiques (Van
Breemen, 1988).
L'indice de sodicité SAR (Sodium-Adsorption-Ratio) traduit l'activité relative de l'ion Na+
dans les réactions d'échanges cationiques avec le complexe adsorbant du sol. La formulation
de cet indice est ainsi donnée, avec les entités Na, Ca et Mg symbolisant les concentrations
Na
ioniques de Na+, Ca++ et de Mg++ en méq.l -1 (Richards, 1954) : SAR =
0,5
 Ca + Mg 


2


La force ionique critique de la solution du sol, nécessaire pour une bonne floculation du
système colloïdal du sol, augmente avec l'augmentation de l'indice de sodicité, SAR et du pH
de la solution du sol, la salinité du sol tendant à inverser les effets néfastes du Na+
échangeable sur la structure du sol (Sposito, 1989). Les pH alcalins induisent au niveau des
surfaces des matériaux à charge variable et sur les bordures des minéraux argileux, une
augmentation de la densité des charges négatives, d'où une dispersion des colloïdes de la
phase solide du sol (Gupta et al., 1984) résultant de l'augmentation des forces de répulsion
entre les particules argileuses du sol. Les phénomènes de dispersion de la phase colloïdale du
sol sont essentiellement responsables de la rupture des agrégats du sol (Photo 2). La
dispersion est généralement plus importante dans les sols renfermant des minéraux argileux
de type 2:1 gonflants (smectite et vermiculite) que dans les sols kaolinitiques avec minéraux
argileux de type 1:1 (kaolinite).
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
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Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Photo 2 : Dégradation des sols par alcalinisation avec dispersion de l’argile
Une diminution de la force ionique de la solution du sol et une augmentation du SAR,
entraîne une augmentation de la dispersion des argiles et par voie de conséquence, une
diminution de la conductivité hydraulique du sol (Yousaf et al., 1987). L'augmentation de la
concentration électrolytique de la solution du sol induit conséquemment une diminution de la
dispersion des argiles (Gupta et al., 1984).
L'indice de sodicité ESP (Exchangeable-Sodium-Percentage), traduit le degré de saturation du
complexe adsorbant du sol par l'ion Na+. L'indice ESP a été déterminé à partir des paramètres
calculés sur le modèle linéaire Y= ax + b avec la variable y représentant les valeurs des
rapports {Na échangeable : (CEC -Na échangeable)} en fonction des valeurs calculées du
SAR, (x) sur 59 échantillons de sol collectés dans l'ouest des Etats-Unis (Richards, 1954). Les
valeurs calculées des paramètres du modèle empirique précédent ont été: a = 0,01475 et
b = -0,0126.
Conventionnellement il est admis selon Richards (1954) que :
•
les sols qui ont un indice de sodicité ESP < 15% et un EC > 4 dS m-l sont dits 'sols
salins', ces sols ont le pH de leur extrait aqueux de pâte saturée généralement < 8,5
unités;
•
les sols qui ont un indice de sodicité ESP > 15% et un EC < 4 dS m-l sont dits 'sols à
alcali' ou 'sodiques'; ces sols ont généralement le pH de leur extrait aqueux de pâte
saturée compris entre 8,5 et 10 unités;
•
les sols qui ont un indice de sodicité ESP > 15% et un EC > 4 dS m-1 sont dits 'sols
salins à alcali'; ces sols ont généralement le pH de leur extrait aqueux de pâte saturée
> 8,5 unités.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
135
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Le choix de la référence de 15% concernant l'ESP, bien que précis n'a pas pour autant une
base physico-chimique particulière, ce qui rend très utile les observations sur la structure
même du sol (Aubert, 1983).
Par 'alcalinité du sol' nous faisons référence au pH de la solution du sol qui est une mesure
logarithmique de sa concentration (activité plus précisément) en ions H3O+ relativement faible
< 10-7M). L'alcalinité de la solution du sol d’un sol salé peut être définie comme la différence
de concentration entre le potentiel de l'acidité totale dans la solution du sol, et la somme totale
des entités ioniques (anions identifiés et non identifiés ‘L-‘) potentiellement capables de
neutraliser cette acidité.
Alc = [HCO3-] + 2[CO32-] + [H2PO4-] + 2[HPO42-] + 3[PO43-] + [B(OH)4-] + [L-] + [OH-] -[H+]
Comme processus chimiques naturels pouvant influencer le pH de la solution du sol on a,
selon Sposito, (1989) :
1) la dissociation de H2CO3 ;
2) les réactions acido-basiques de l'humus et des hydroxydes d'aluminium polymérique ;
3) l'altération des minéraux du sol.
Dans le cas des sols submergés, les phénomènes d'oxydo-réduction influencent également
d'une manière significative le pH du sol. Dans le cas des sols salés et régulièrement
submergés, avec une pression partielle de CO2 de l'ordre de 0,01 à 0,3 atm, l'alcalinité de la
solution du sol est essentiellement carbonatée et elle est due à la dissociation de H2CO3 qui
libère des ions HCO3- (Lyndsay, 1979) :
CO2 +
H2O Í======Î
H2CO3
H2CO3
Í======Î
HCO3-
+
H+
log K0 = -6,36
CO2 +
H2O Í======Î
HCO3-
+
H+
log K0 = -7,82
log K0 = -1,46
La valeur du pH de la solution du sol est généralement ainsi donnée :
pH = 7,82 +
log (HCO3- ) – log p↓CO2
Impacts de la dégradation des sols sur la biologie et la production rizicole
En conditions arides, il suffit que la conductivité électrique de la lame d’eau soit supérieure à
1,3 mS/cm pour que le rendement du riz soit affecté (Dingkuhn et al., 1992). Parmi les
facteurs déterminant la tolérance à la salinité, figurent l’assimilation du K+ et du Na+ ainsi que
leur transport au sein du végétal, facteurs qui sont modulés par l’importance de
l’évapotranspiration et la capacité de la plante à éliminer les sels en excès (Dingkuhn et al.,
1992). La sensibilité du riz par rapport à la salinité du sol dépend de la phase où l’on se situe
sur le cycle de la plante, les phases germination et maturation étant moins affectées que les
phases de formation des organes reproducteurs de la plante. La salinité affecte globalement le
développement des épillets des panicules (Photo 3), avec une diminution significative jusqu’à
50% du nombre d’épillets par panicule (Asch et al., 1999) ainsi qu’une atrophie des grains de
paddy et une diminution de la biomasse foliaire.
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
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Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Photo 3: Effets de la salinité du sol sur la culture du riz
Une enquête menée en milieu paysan, à Ndiaye (dans le Delta central) a mis en évidence des
réductions significatives du rendement de la variété Jaya, en raison de la salinité de la lame
d’eau au stade de l’épiaison. Cette réduction pouvait être de l’ordre de 1,4 t/ha par unité de
CE mesurée (Dingkuhn et al., 1992). La confirmation a été donnée sur des parcelles
expérimentales, qui ont permis à ces auteurs de noter que sur la variété IKP, les rendements
en grains (4,6 à 9,7 t/ha) étaient en corrélation négative avec la CE de la lame d’eau, lorsque
le riz est en phase reproductive. Une augmentation de la CE de 1 mS/cm entraînait une
réduction de rendement de 1,5 t/ha ; une CE d’environ 3,5 mS/cm réduisait les rendements de
50%. Il a été également montré que les effets de la salinité sur le riz, même sur les variétés
dites tolérantes. étaient accentués par les conditions climatiques et la saison de culture (la
contre saison chaude, étant la plus sensible du fait des taux d’humidité de l’air très faibles)
(Asch et al., 1995).
Dégradation des sols et production rizicole sur le bassin du fleuve Niger
Les pH des sols de l’Office du Niger étaient à l’origine globalement acide à neutre, et il
semble que l’acidité des sols était telle que cela nécessitait des essais de chaulage de certaines
parcelles (Bertrand et al., 1995). Cinquante ans après la mise en valeur des terres à l’Office
du Niger, 30 à 50% des horizons sub-superficiels ont acquis des caractères sodiques (fig. 3).
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
137
9,0
8,0
7,0
6,0
5,0
4,0
3,0
1951
1980
Delta vif
(Macina)
Delta mort _ Delta mort levée
cuvettes
Na échangeable meq/100 g
pH
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
2,50
2,00
1,50
1951
1980
1,00
0,50
0,00
Delta vif
(Macina)
Delta mort _ Delta mort levée
cuvettes
Fig. 3 : Evolution de l’alcalinité et de la sodicité des sols de l’Office du Niger
entre 1951 et 1980
Ainsi, les valeurs de pH ont augmenté d’une unité pH en moyenne, aussi bien dans le delta
vif, que dans le delta mort (levées et cuvettes), lorsqu’on compare deux années de
prélèvement que sont 1951 et 1980. Il a été globalement constaté par contre une augmentation
des rendements (fig. 4) et de la production rizicole qui a plafonné à Niono à 65.979 tonnes sur
les périmètres auxquels des améliorations ont été apportées sur l’itinéraire technique du riz
(repiquage du riz), alors que sur les périmètres où le semis a été direct, il est noté en 1989 une
baisse de la production rizicole (Bertrand et al., 1995).
Fig. 4 : Evolution des rendements à l’Office du Niger
Les conséquences de l’alcalinisation sur l’évolution des propriétés du sol et leur impact sur la
productivité des systèmes de culture ont été étudiées sur le périmètre polycole de Lossa situé
sur les terrasses du fleuve Niger (Marlet, 1999a). Les potentialités de ces sols apparaissent
limitées à cause de leur alcalinité. Le pH sur extraits de pâte saturée dépasse couramment 8,5
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
138
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
unités. ce faciès alcalin des sols étant en partie associée aux produits d’altération du
substratum. Sur ce périmètre de Lossa, les rendements les plus élevés ont été enregistrés sur
des parcelles à pH du sol compris entre 6,5 et 7 unités (fig. 5) (Marlet, 1999b).
Toujours au Niger, sur le périmètre irrigué de Sona, il a été observé d’importantes taches
d’infertilité en auréoles concentriques, localisées sur des sols limoneux battants à structure
compacte, de pH moyen du sol compris entre 8,5 et 9,5 unités, avec un ESP globalement
supérieur à 20% et une CE moyenne de l’ordre de 3 à 9 mS/cm sur extraits pâtes saturées
(Guero & Bozza, 1992). Ces taches d’infertilité ont été attribuées à une dégradation des sols
par alcalinisation.
Dégradation des sols et production rizicole sur le bassin du fleuve Sénégal
Dans la moyenne vallée, il semble qu’une salinisation neutre soit la menace la plus imminente
pour les sols rizicultivés, alors que les risques d’alcalinisation de ces sols, au vu des teneurs
importantes en calcium de ces derniers (plus de 50 % du complexe d’échange est occupé par
le Ca) ont été trouvés faibles (Barbiero, 1998). Sur des sols lourds argileux et salés du Delta,
l’augmentation de l’intensité culturale du riz contribue à une baisse significative de la salinité
du sol (utilisation de l’EM38 pour les mesures), même en l’absence de drainage (fig. 6)
(Ceuppens & Wopereis, 1999).
Fig. 5 : Effet du pH in situ sur les rendements rizicoles à l’Office du Niger
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
139
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
5
dS/m
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
Intensité culturale
Parcelle
abandonnée
Une culture
sans
drainage
Une culture
avec
drainage
Double
culture avec
drainage
0
Fig. 6 : Relation Salinité de la parcelle versus pratique culturale
Ce fait a été attribué à un effet piston de l’eau d’irrigation sur la nappe phréatique salée, ce qui
limiterait les phénomènes de remontée capillaire (Ceuppens et al., 1997). A Fanaye (Moyenne
Vallée) il a été enregistré une relation nette entre le pH des sols et le niveau des rendements
en paddy obtenu (fig. 7). C’est dans les parcelles où les valeurs de pH dépassaient 6,8 unités
qu’on avait les plus faibles rendements en paddy (Dièye, 2000). Les teneurs du sol en P
assimilable les plus élevées avec 3 à 5 ppm, avaient été enregistrées dans les parcelles ayant
leur pH du sol compris entre 6,5 et 6,8 unités.
Fig. 7 : Effet du pH sur les rendements rizicoles dans la vallée du fleuve Sénégal
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
140
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
Tentatives d’amélioration foncière des sols dégradés sous irrigué
Sur le bassin du fleuve Niger
Au Niger, sur le périmètre de Sona deux voies d’amélioration foncière des sols ont été testées
sur des taches d’infertilité dues à la dégradation des sols par alcalinisation (Guero & Bozza,
1992) :
•
Une voie dite ‘physico-chimique’ avec un sous-solage à une profondeur de 0,7 m,
suivi ou non d’un apport de gypse à une dose de 10 t/ha ;
•
Une voie dite ‘biologique’ qui consiste à cultiver en submersion Echinochloa
stagmina appelé localement bourgou suivi d’un enfouissement des souches. ;
Les résultats sont présentés dans la figure 8 (Guero & Bozza, 1992).
ESP % avant culture de bourgou
ESP % après 2 ans de bourgou
40
40
30
30
ESP %
ESP %
ESP % avant apport de gypse
ESP % après apport de 10t/ha de gypse
20
10
20
10
0
0
13 cm 29 cm 46 cm
Profondeur du sol
6 cm
26 cm
48 cm
Profondeur du sol
Fig. 8: Amélioration foncière des sols dégradés au Niger
Il existe un effet immédiat de l’apport de gypse sur les valeurs de l’ESP, mais l’amélioration
de la qualité du sol reste limitée dans les horizons de surface (0-40 cm). Pour l’utilisation du
bourgou, l’amélioration foncière du sol est également importante dans l’horizon de surface 020 cm, probablement du fait de l’enrichissement en matière organique de cet horizon (Guero
& Bozza, 1992).
Au Mali, à l’Office du Niger, des tentatives de récupération des sols alcalisés ont été
entreprises à travers des essais avec l’utilisation d’amendements organique (du fumier),
d’amendements minéraux (gypse et phosphate naturel PNT) ainsi qu’un engrais acidifiant (du
sulfate d’ammonium). L’essai a été mené sur un sol Danga avec un pH gravitant autour de 8,9
unités. Bien que des différences significatives n’aient été notées entre les traitements
proposés, il est ressorti que le pH des sols a chuté de 1,5 unités pH, du fait même de la mise
en place de la culture (Ndiaye, 1998).
Sur le bassin du fleuve Sénégal
Des amendements à base de gypse (5 t/ha) de chaux (6 t/ha) et de coquillages broyés utilisés
dans la cuvette de Boundoum-ouest, afin de corriger la salinité des sols ont montré qu'après
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
141
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
trois saisons d'irrigation, un dessalement du profil a été obtenu dans les parcelles traitées au
gypse et qu'en dehors d'un relèvement du pH de la solution du sol, les amendements à base de
chaux n'ont cependant pas paru être adaptés pour les sols lourds et argileux du Delta ; enfin,
les coquillages broyés ont eu surtout une action physique en améliorant de deux à trois fois la
vitesse d'infiltration de l'eau (Mutsaars et Velden, 1973). L'utilisation de chaux lors
d'expériences de lessivage dans des colonnes d'échantillons de sols des fonds de cuvette, a
cependant permis une amélioration de la perméabilité des sols et l'élimination des sels (Loyer,
1989).
La mise en boue de sols lourds salés dans le Delta avec l’utilisation d’un hydro tiller, suivi
d’un drainage du sol, a permis d’évacuer 4,3 t/ha de sel, alors qu’un simple offsettage suivi
d’une mise en eau et d’un drainage, n’aurait évacué que près de 1 t/ha de sel (Häfele et al. ,
(1999). Il semble que cette méthode ne soit pas appropriée pour les sols du Delta, du fait que
le sel évacué soit plutôt remanié à partir des horizons profonds au contact avec la nappe salée
et qu’en outre il a été constaté un effet dépressif sur la levée, sur les parcelles ayant été
traitées avec cette méthode.
Acquis sur la fertilisation des sols pour la culture du riz en irrigué
Utilisation de la matière organique
Sur le bassin du Fleuve Niger
Rdt paddy (kg/ha)
A l’Office du Niger, une expérimentation portant sur l’utilisation conjointe d’engrais
minéraux et de matière organique apportée sous forme de fumier ou, de paille de riz, a permis
d’obtenir des résultats intéressants quant à l’importance de l’intégration de la matière
organique dans un schéma de fertilisation (fig. 9).
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
Sans apport de matière organique
Enfouissement de la paille
Apports de Fumier de bovin
Sans apport
d'engrais minéral
50 kg/ha de N
100 kg/ha de N et 30
kg/ha de P2O5
Adapté de Ndiaye et al. (1995)
Fig. 9 : Effets des apports combinés de matière organique/engrais minéral sur le riz à
l’Office du Niger
Le fumier de bovins associé à une dose d’azote de 50 kg/ha à l’initiation paniculaire permet
d’obtenir un niveau de rendement comparable à la fertilisation minérale forte avec 100 kg/ha
de N + 30 kg/ha de P2O5 (Ndiaye et al., 1995). Selon ces auteurs l’utilisation de l’Azolla
comme engrais vert permet également d’avoir des résultats intéressants sur le rendement en
paddy du riz, en ce sens qu’une biomasse d’Azolla de 27 t/ha permet d’avoir un rendement en
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
142
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
paddy équivalent à un apport de fumure minérale de 30 kg/ha de N ; et que l’apport d’un
complément de fumure minérale de 30 kg/ha de N, permet d’obtenir un rendement en paddy
équivalent à ce qu’aurait procuré un apport de fumure minéral de l’ordre de 90 kg/ha de N.
Sur le bassin du Fleuve Sénégal
Rendements (kg/ha)
L’efficacité du Sesbania rostrata comme source d’azote pour la fertilisation du riz irrigué, a
été testée à Fanaye (Camara, 1984a) et les résultats les plus importants sont présentés à la
figure 10.
10000
8000
6000
4000
2000
0
Rdt en paddy
Rdt en paille
Témoin
Témoin + sesbania 60 kg/ha d'azote 60 kg/ha d'azote + 120 kg/ha d'azote 120 kg/ha d'azote
Données tirées de Camara (1984)
sesbania
+ sesbania
Fig. 10 : Effets des apports combinés de Sesbania et d’engrais de synthèse sur le riz dans la
vallée du fleuve Sénégal
L’enfouissement du Sesbania tout seul a été à la base d’une augmentation du rendement en
grain et en paille de l’ordre de 2 à 3 t/ha par rapport au témoin sans apports de fertilisants.
L’apport de 60 kg/ha d’azote précédé d’un enfouissement du Sesbania a donné un niveau de
rendement similaire à ceux obtenus pour des apports de l’ordre de 120 kg/ha (même précédé
des mêmes apports de Sesbania). Dans le même dispositif, des niveaux élevés (jusqu’à 300
kg/ha) d’azote ont été testés et il a été obtenu les mêmes ordres de grandeurs qu’avec l’apport
de 60 kg/ha d’azote précédé d’un enfouissement de Sesbania (Camara, 1984a).
L’efficacité de l’Azolla a été également testée à Fanaye (Camara, 1984b) comme pouvant être
un complément de fertilisation pour le riz irrigué et les résultats ont été ceux présentés à la
figure 11.
Rendement (kg/ha)
Données tirées de Camara (1984b)
8000
6000
Rdt en paddy
Rdt en paille
4000
2000
0
Témoin
30 kg/ha d'azote
(1 application)
30 kg/ha d'azote
+ Azolla
60 kg/ha d'azote 120 kg/ha d'azote
(3 applications) (3 applications)
Fig. 11 : Effets des azpports compbinés d’Azolla et d’azote sur le riz dans la vallée du fleuve
Sénégal
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
143
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
La culture de l’Azolla apportée avec 30 kg/ha d’azote permet des niveaux de rendement
supérieurs comparés aux traitements apportant moins de 60 kg/ha d’Azote. Mais le traitement
avec apport de 120 kg/ha d’azote (en 3 applications) demeurait toujours le meilleur.
Utilisation des engrais minéraux
Sur le bassin du Fleuve Niger
A l’Office du Niger, l’urée est la principale source d’azote utilisée pour la culture du riz, ceci
à des doses très variables de 50 à 400 kg/ha. Cependant d’autres sources d’azote peuvent être
également utilisées telles que le DAP et surtout le sulfate d’ammonium. Pour les apports de
phosphore, en dépit de la relative pauvreté des sols en phosphore, la réponse du riz aux
apports d’engrais phosphaté est moins évidente. Le DAP est le type d’engrais phosphaté le
plus utilisé à raison de 100 kg/ha. Le phosphate naturel de Tilemsi (PNT) est également utilisé
comme source de phosphore, à des doses gravitant autour de 300 kg/ha en fumure de fond,
surtout sur les sols acides (Ndiaye et al., 1995). Une réponse linéaire à des apports croissants
d’azote, jusqu’à un apport de 180 kg/ha de N a été enregistrée au Niger sur un essai
fertilisation (Gaube et Pandley, non daté) qui par ailleurs, a permis de noter l’intérêt notoire
de l’intégration du potassium dans un plan de fertilisation pour un système de double culture
concernant le riz (fig. 12).
Adapté de Gaube & Pandey, non daté
6,5
Rdt en paddy (t/ha)
6
5,5
5
4,5
4
3,5
3
Unités de N
2,5
0
45
Sans P ni K
Sans P avec K
90
135
180
Avec P sans K
Avec P et K
Fig.12 : Effets des apports d’azote minéral sur le rendement du riz en présence ou
non de 65 kg/ha de P et 65 kg/ha de K)
Sur le bassin du Fleuve Sénégal
Des expérimentations menées à NDiol (dans le Delta) et à Fanaye (dans la Moyenne vallée
aval) ont montré une réponse très positive à l’apport d’azote jusqu’à 300 kg/ha, pour toute une
gamme de variétés testées, dont I Kong Pao, Jaya, IR 64 et IR 1529 (Ndiaye, 1995). Cet
auteur a noté par ailleurs une réponse variable des variétés en question, pour différents apports
de phosphore et de potassium. L’analyse économique a permis d’identifier dans le cadre de
cette étude, des combinaisons optimales de NPK (fig. 13).
Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
144
kg/ha
Acquis de la recherche sur les sols de riziculture – DIEYE, M.
N
300
250
200
150
100
50
0
P2O5
K2O
IR 64
IR 1529
I Kong Pao
Jaya
I Kong Pao
Jaya
Hollalde salé
Hollalde salé
Hollalde non salé
Hollalde non salé
Faux Hollalde
Faux Hollade
Delta
Delta
Fanaye
Fanaye
Fanaye
Fanaye
Variétés/sols/sites
Fig.13 : Formules optimales pour différents sols, variétés et sites de la vallée du fleuve
Sénégal (D’après Ndiaye, 1995).
Une application des recommandations de la recherche, en termes de meilleure gestion de la
fertilisation et de l’enherbement a permis de capitaliser un surplus de rendement de l’ordre de
1,8 t/ha (Häfele et al., 2000).
L’utilisation de phosphates naturels a fait l’objet de plusieurs expérimentations. Ainsi sur un
sol argilo-limoneux à Fanaye, un essai a porté sur la comparaison de plusieurs niveaux
d’apports de phosphate de Matam qui contient 28 % de P2O5 et 36% de Ca. La dose de 2.400
kg/ha de phosphate de Matam est celle qui donne le plus haut rendement significatif sur la
Jaya (5.170 kg/ha de paddy et 3.224 kg/ha de paille) par rapport au témoin (4.557 kg/ha de
paddy et 2.666 kg/ha de paille) en contre saison chaude (Cissé, 1983). En hivernage, les
rendements obtenus en paddy étaient sensiblement les mêmes. Sur le même site de Fanaye,
sur un sol argileux lourd, un essai de comparaison de l’efficacité de plusieurs sources de
phosphore, a montré que le mélange phosphogypse/phosphate tricalcique, à une dose de 400
kg/ha donnait en moyenne pour la variété Sahel 108 durant l’hivernage, 6.168 kg/ha de paddy
et 4.793 kg/ha de paille, versus les 5.205 kg/ha de paddy et 4.269 kg/ha de paille pour le
témoin (Dièye, 2000).
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Actes du 4Rs 2002
Gestion de la fertilité des sols et de l’eau
148
ECONOMIE DU RIZ
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
ETUDE DE LA COMPETITIVITE DE LA RIZICULTURE
BENINOISE
ADEGBOLA, P. Y.(1), SODJINOU, E.(2) et SINGBO, A.(3)
(1)
: Ingénieur Agro-économiste, Msc. en économie rurale, B.P. 128 Porto-Novo, Bénin, Email: [email protected]
: Ingénieur Agro-économiste, DEA en Biométrie, B.P. 128 Porto-Novo, Bénin, Email: [email protected]
(3) : Ingénieur Agro-économiste, B.P. 128 Porto-Novo, Bénin, Email: [email protected]
(2)
Résumé :
L’objectif de cette étude est d’identifier les systèmes de riziculture ayant un avantage
comparatif pour concurrencer les importations de riz au Bénin et les actions politiques
nécessaires à l’amélioration des avantages comparatifs. Au total, 530 producteurs de riz, 248
transformateurs, 10 meuniers, 247 commerçants et 05 importateurs de riz ont été interviewés.
Des données aussi bien secondaires que primaires ont été collectées. Les données primaires ont
été collectées par questionnaires structurés, à raison d’un questionnaire par catégorie d’acteurs.
Pour faciliter les analyses, le Bénin a été subdivisé en quatre (04) grandes régions à savoir le
Sud, le Centre, le Nord-est et le Nord-ouest. Dans chaque région, des systèmes (ou
combinaisons) ont été constitués en tenant compte du système de riziculture, de la variété
cultivée de l’utilisation ou non d’engrais minéral et/ou de pesticides et du type de matériel de
travail utilisé pour la production. Seuls les systèmes les plus représentatifs ont été retenus dans
chaque région, soit trois systèmes pour le Sud, cinq pour le Centre, cinq pour le Nord-Est et six
pour le Nord-ouest. Les analyses ont été effectuées en utilisant la méthode de la Matrice
d’Analyse des Politiques.
Des résultats obtenus, il se dégage que tous les systèmes à base de riziculture irriguée ainsi que
les bas-fonds aménagés ont un avantage comparatif dans la production de riz pour concurrencer
les importations de riz dans la zone de production. Pour les systèmes de bas-fonds non
aménagés, la situation se présente différemment suivant les régions. Ainsi, ils sont compétitifs
au Centre et non au Sud. Dans les deux régions du Nord (Est et Ouest), seuls les systèmes de
bas-fonds non aménagé utilisant l’engrais chimique et/ou la traction animale sont compétitifs.
Le seul système de riziculture pluviale stricte, analysé au Centre, n’a pas d’avantage comparatif
dans la production pour y concurrencer les importations de riz. Il en est de même pour les
systèmes du Nord utilisant des variétés locales de riz.
Les études de sensibilité ont montré que pour améliorer la compétitivité de la riziculture
béninoise, des actions doivent être concentrées autour de l’amélioration du rendement à la ferme
et des conditions de transformation du paddy. On devra aussi encourager l’aménagement des
voies de déserte rurale et l’organisation des producteurs afin de faciliter l’approvisionnement en
intrant et l’accès au crédit à faible taux d’intérêt.
Mots clés : Filière riz, compétitivité, rentabilité financière, rentabilité sociale, subvention,
taxation, Bénin.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
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Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
INTRODUCTION
Au Bénin, comparativement aux autres céréales, le riz a conquis sa place au sein des ménages et
dans la restauration collective, en raison de la facilité et de la rapidité de sa préparation et de sa
cuisson. Selon ONASA (1999), la consommation de riz est un phénomène urbain qui enregistre
une ampleur beaucoup plus considérable au sud comparativement aux autres régions du pays.
La consommation moyenne de riz par tête et par an est de 6 à 20 kg en zones rurales et de 10 et
30 kg en zones urbaines (FAO, 1997). Pour satisfaire les besoins en riz de la population, le
Bénin importe chaque année d’importantes quantités de riz, alors qu’il dispose d’un potentiel
non négligeable pour la production de cette céréale.
Dès lors, il se pose la question de savoir si le déficit en consommation du riz peut être comblé
par la production locale afin de sauver des devises. En effet, malgré la mise en œuvre d’une
politique d’aménagement rizicole durant les années 70, la production de riz n’a jamais dépassé
la barre des 20.000 tonnes par an jusqu’en 1995 (ONASA, 1999). Depuis 1996, on note une
progression dans la production nationale de riz, passant de 22.259 tonnes en 1996, à 52.441
tonnes en 2000 (DPP, 2000). Cette performance s’expliquerait essentiellement par la nouvelle
stratégie de relance de la production rizicole qui consiste à réaliser de micro-aménagements peu
coûteux, dont la gestion reste au niveau des producteurs. Cette production reste toutefois en
dessous des besoins du pays qui sont estimés à 74.000 tonnes en 1997 (Vautier et Bio Goura,
2000).
Les récentes études réalisées sur le riz au Bénin ont révélé des contraintes au développement de
cette culture (FAO, 1997 ; Munyemana et Kanouté, 2000 ; Adégbola et Sodjinou, 2003). Du
point de vue économique, les études les plus récentes sont celles effectuées par Ahoyo (1996) et
Houndékon (1996). Ces deux études couvrent essentiellement la période d’avant la dévaluation
du franc CFA. Le travail de Houndékon (1996) a mis en exergue l’efficience de la production
de riz dans les zones situées au Nord du pays. Selon cet auteur, l’avantage comparatif se perd
dès que le riz est transporté dans les centres de consommation du sud.
La présente étude se propose d’analyser la compétitivité de la riziculture béninoise à l’aide de la
Matrice d’Analyse des Politiques, en prenant en considération tous les agents économiques
intervenant dans la filière (producteurs, transformateurs, commerçants). Elle permet par ailleurs
d’apprécier la compétitivité de la riziculture béninoise huit ans après la dévaluation du franc
CFA. Du point de vue spécifique, l’étude vise à identifier les systèmes de riziculture ayant un
avantage comparatif dans la production de riz et à évaluer par une analyse de sensibilité les
actions politiques nécessaires à l’amélioration des avantages comparatifs.
METHODOLOGIE
Echantillonnage et constitution des systèmes
Afin de faciliter la constitution des systèmes, le Bénin a été subdivisé en 4 grandes régions. Il
s’agit des régions Sud, Centre, Nord-est et Nord-ouest. La région Sud est constituée des six
départements du Sud-Bénin à savoir, le Plateau, l’Ouémé, l’Atlantique, le Littoral, le Mono et le
Couffo. La région Centre rassemble les départements du Zou et des Collines. Le Nord-est
regroupe les départements de l’Alibori et du Borgou, le Nord-ouest les départements de
l’Atacora et de la Donga.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
151
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Echantillonnage
L’étude a été réalisée dans 24 villages répartis entre neuf (09) départements (Borgou, Atacora,
Alibori, Donga, Zou, Collines, Mono, Couffo et Ouémé) sur les douze (12) que compte le
Bénin. Le principal critère de sélection des villages est leur accessibilité pendant l’enquête. La
sélection des enquêtés a été effectuée en fonction des différents maillons de la filière :
production, transformation et commercialisation.
Producteurs : Dans chaque village, un total de 30 riziculteurs a été interviewé. Le critère de
choix des enquêtés est leur présence dans le village lors du passage des enquêteurs et aussi leur
disponibilité. Il est à noter que dans certains villages, l’effectif de 30 enquêtés n’a pas pu être
atteint.
Transformateurs : Au stade transformation (la transformation correspond à l’ensemble des
processus ou opérations permettant de passer du riz paddy au riz décortiqué ou riz blanc), les
critères de choix sont identiques à ceux utilisés au niveau des producteurs.
Commerçants : Au niveau de la commercialisation, la sélection des commerçants a été effectuée
en plusieurs étapes. D’abord, un certain nombre de marchés a été sélectionné en faisant la
distinction entre les marchés ruraux et les marchés urbains ou régionaux. Pour les marchés
ruraux, le premier critère de sélection est leur position par rapport aux principales zones de
production de riz. Pour les marchés urbains ou régionaux, le principal critère a été la position
par rapport à l’un des marchés ruraux de commercialisation de riz local. Ensuite, 15
commerçants ont été interviewés dans chaque marché, à chaque fois que le nombre de
commerçants disponible le permettait. Dix (10) meuniers et 5 importateurs ont été également
interviewés.
Au total, 530 producteurs de riz, 248 transformateurs, 10 meuniers, 252 commerçants et 05
importateurs de riz ont été interviewés dans le cadre de cette étude, soit un total de 1.040 acteurs
enquêtés.
Constitution des systèmes de production de riz
A l’intérieur des différentes régions (Sud, Centre, Nord-est et Nord-ouest), des combinaisons
(ou systèmes) ont été constituées. La constitution de ces combinaisons est basée sur cinq grands
critères : le système de riziculture (riziculture de bas-fond non aménagé, riziculture de bas-fond
aménagé, riziculture pluviale stricte, riziculture irriguée avec maîtrise totale de l’eau, riziculture
irriguée avec maîtrise partielle de l’eau) ; la variété cultivée (améliorée ou locale) ; l’utilisation
ou non d’engrais minéral ; le type de matériel de travail utilisé pour la production (travail
entièrement manuel, traction animale, traction motorisée) ; et l’utilisation ou non de pesticides.
Les systèmes ou combinaisons ayant moins de 10 individus n’ont pas été analysés.
Méthode de collecte et type de données collectées
Les données ont été collectées par entretien semi-structuré (avec guide d’entretien) et par
entretien structuré. Pour l’entretien structuré, un questionnaire structuré a été conçu et
administré aux différentes catégories d’acteurs de la filière à raison d’un questionnaire par
catégorie d’acteurs. Les enquêtes par questionnaire ont été conduites sous la supervision des
chercheurs. Des enquêteurs ont été recrutés et formés à cet effet.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
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Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Plusieurs types d’informations ont été collectés auprès des différentes catégories d’acteurs.
Ainsi, au niveau de la production, les données collectées sont relatives au rendement, la quantité
et le coût des intrants (engrais, pesticides, semences), la main-d’œuvre, le prix de vente du
paddy, la quantité, le coût et la durée de vie du petit outillage (houe, coupe-coupe, hache,
panier, etc.), le coût d’aménagement, le coût d’irrigation et d’entretien des ouvrages
d’irrigation, la traction, etc.
Au stade transformation, les données collectées portent sur le rendement au décorticage, le prix
d’achat et de vente du riz (paddy et cargo), le coût de décorticage, les équipements (moulin,
tonneau, bassine, etc.), les intrants dans le cas de la méthode traditionnelle de transformation
(bois, eau), la main-d’œuvre, le coût de transport.
Sur le plan commercial les informations sont collectées sur les taxes et droits de marchés, les
frais de stockage, de transport et de manutention, les prix, les équipements, etc. Les données ont
aussi été collectées sur les droits et taxes d’entrée pour les importations (riz, engrais, pesticides),
les taux d’intérêt (rémunération du capital, taux d’intérêt nominal du marché interbancaire), les
taux de change (taux de change nominal, taux de change du marché parallèle, taux de change
réel), le taux d’inflation, des taxes communes sur importation…
Méthode d’analyse des données
Pour l'étude de l'avantage comparatif et de l'efficience économique de la production de riz, la
méthode de la Matrice d'Analyse des Politiques (MAP) a été utilisée. Selon Lançon (2000a) la
MAP est un outil de représentation d'un système de production simple ou complexe reposant sur
la construction de comptes de production des agents représentatifs du système dans deux
systèmes de prix à savoir les prix de marché et les prix de référence. Les prix de marché ou prix
financiers sont les prix auxquels le paysan achète ou vend. Les prix de références (ou prix
économiques) sont des prix qui prévaudraient en l’absence de distorsions sur les marchés des
facteurs et des produits.
Estimation de la rentabilité privée, la rentabilité sociale et le transferts nets
La structure de la MAP est présentée au tableau I. Ce tableau comporte deux types d’identité
dont la première est A = B + C + D où A est le prix du marché du produit et la seconde est
E = F + G + H et où E est le de préférence du produit.
La différence entre le profit privé (D) et le profit collectif (H) mesure le transfert net qui s’opère
(L = D - H). Il s’agit de l’impact net des politiques économiques menées et des imperfections du
marché.
Tableau I : Matrice d’Analyse des Politiques
Facteurs
Intrants
Produits
Intérieur
Echangeables
nationaux)
Prix du marché
A
B
C
Prix de référence E
F
G
Divergence
I
J
K
Source : Monke et Pearson (1989)
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Economie du riz
(ou Profits
D
H
L
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Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Mesure de l’avantage comparatif
L’avantage comparatif est apprécié par le biais du ratio du coût en ressource intérieure (CRI).
Le ratio du coût en ressource intérieure : (CRI=G / (E-F)) mesure l’efficacité du système au prix
de référence. C’est l’indicateur le plus utilisé pour évaluer si un système productif a un avantage
comparatif. Ainsi, si le CRI<1, le système étudié a un avantage comparatif dans la mesure où il
utilise moins de facteurs de production qu’il ne génère de valeur ajoutée. Un tel système permet
d’économiser des devises. Un CRI>1 indique au contraire que le système étudié utilise plus de
ressources intérieures (travail, capital) qu’il ne génère de valeur ajoutée. Si le CRI=1, la balance
économique ne réalise pas de gain ou ne protège pas les échanges extérieurs à travers la
production domestique.
Mesure des incitations à la production
Les différents indicateurs estimés pour la mesure des incitations à la production sont présentés
au tableau II.
Tableau II : Indicateurs de la mesure d’incitation
Indicateurs
Dénomination
Ratio coût-bénéfice financier
CBF
Ratio coût-bénéfice économique CBE
Coefficient protection nominal
CPN
Coefficient protection effective
CPE
Coefficient de rentabilité
CR
Taux subvention producteur
TS
Equivalent subvention à la ESP
production
Formule
C/(A-B)
(F + G)/E ]
A/E
(A-B)/(E-F)]
D/H
L/E
L/A
Le ratio du coût des facteurs ou ratio Coût-Bénéfice financier: (CBF)) est une mesure directe de
la motivation des producteurs à produire une spéculation. Ce ratio reflète la compétitivité ou
l’efficacité du système de production au prix du marché. Calculé aux prix effectivement en
vigueur pour les agents, ce ratio indique un profit privé s’il est inférieur à 1 (Fabre, 1994).
Le coefficient de protection nominale, (CPNp = A / E) pour les produits et (CPNIE= B / F) pour
les intrants échangeables, mesure le rapport de la valeur entre les produits ou intrants au prix du
marché et au prix de référence. Un CPN>1 indique que les produits (ou les intrants
échangeables) sont subventionnés. Si le CPN<1, les produits (ou les intrants échangeables) sont
taxés.
Le coefficient de protection effective (CPE) est une mesure agrégée du taux de protection du
système productif prenant en compte simultanément les effets des distorsions sur le marché des
produits et sur celui des intrants échangeables.
Le ratio des profits ou coefficient de rentabilité (CR) mesure la proportion dans laquelle le
profit privé excède le profit pour la collectivité du fait des transferts engendrés par les
distorsions du marché et les politiques économiques. On peut donc dire que ce ratio mesure
l’incitation globale que les producteurs ont à participer à la filière.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
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Le taux de subvention : (TS) correspond à la somme des transferts rapportée à la valeur de la
protection au prix de référence. Il permet de mesurer l’ampleur du degré de subvention ou de
taxation dont bénéficie ou pâti le système productif considéré.
L’équivalent de la subvention à la production (ESP) est le transfert net (en pourcentage du
revenu social) induit par l’effet combiné des distorsions, des imperfections de marché et de
l’existence d’externalité au profit du producteur. C’est le tarif équivalent d’une subvention (ou
taxe) qu’il faut appliquer pour permettre au producteur de maintenir son profit au même niveau
si on venait à éliminer les distorsions, les imperfections du marché et les externalités.
Analyse de sensibilité
Outre les différents indicateurs estimés, une analyse de sensibilité du CRI a été effectuée.
L’objectif poursuivi est d’analyser l’effet du changement dans certains paramètres utilisés dans
les calculs sur le coût en ressources intérieures (CRI). Cela permettra d’apprécier le
comportement des différents systèmes étudiés lorsque ces paramètres viendraient à se modifier
pour une raison quelconque. Les paramètres considérés sont les rendements (à la ferme et à
l’usinage/décorticage), le coût de la main-d’œuvre et le prix CAF du riz importé. L’effet de
chacun de ces paramètres est analysé suivant la condition ‘toutes choses égales par ailleurs’.
Classification des biens et détermination des prix financiers et de parité
Pour la réalisation de la MAP, les différents facteurs et ressources ont été regroupés en trois
grandes catégories à savoir les biens échangeables, les facteurs de production et produits locaux
non-échangeables et les inputs intermédiaires.
Biens échangeables
Parmi les biens échangeables on retrouve le riz et les intrants (engrais et pesticides). Les prix
financiers de tous ces biens sont déterminés sur la base des données du marché national. Pour la
détermination des prix de parité, les biens échangeables importés ont été évalués aux prix CAF
ajustés par les droits de douanes, les coûts de stockage et de transport jusqu’à la zone de
consommation.
Pour ce qui est particulièrement du riz produit localement, son équivalent sur le plan
international a été déterminé. Selon Houndékon (1996), le riz importé dont la qualité se
rapproche plus de celle du riz local étuvé est le riz pakistanais 25% de brisure. A défaut de
disposer de données précises par rapport à la situation actuelle, ce riz a été prix comme
l’équivalent du riz local.
Facteurs de production
La terre
Selon Adégbola et Sodjinou (2003), dans la production de riz dans les différents systèmes de
production de riz la terre est obtenue soit par héritage soit par don. Cela dénote d’une relative
abondance de la terre dans ces zones de production. Les terres rizicoles ont pour la plupart un
coût d’opportunité plus faible, surtout lorsqu’elles ne sont pas aménagées (Ahoyo, 1996). Ainsi,
dans le cadre de cette étude, le coût économique de la terre a été considéré comme nul.
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Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
La main-d’œuvre
Trois types de main-d’œuvre sont identifiés à savoir la main-d’œuvre familiale, la maind’œuvre salariée et l’entraide. Mais la main-d’œuvre familiale est la force de travail la plus
utilisée dans les systèmes de riziculture étudiés.
Les mains-d’œuvre ont été évaluées en nombre d’homme-jours par hectare. Cette évaluation
inclue les activités de préparation du sol, de semis, de labour, d’épandage d’engrais et de
pesticides, de sarclage, de récolte, de transport, de battage, etc. Le temps mis pour chaque
activité est estimé en homme-jour par hectare. Pour la main-d’œuvre familiale et l’entraide, le
coût qui leur a été affecté est un coût d’opportunité. L’effectif total (ET) des travailleurs en
Equivalent-Homme est donné par la formule suivante :
ET = (nombre d’hommes) + 0,75 * (nombre de femmes) + 0,50 * (nombre d’enfant de 6 à 14
ans)
Pour la conversion en homme-jour (hj), nous avons multiplié ET par la durée totale (Td) de
l’opération (en heures) divisée par 8. Nous avons considéré comme une unité de travail,
équivalente à un homme-jour, le travail qu’aurait accompli pendant une journée (de 08 heures)
Td
un manœuvre normal, payé à la tâche. La formule peut s’écrire : EThj = ET ( )
8
Inputs intermédiaires
Les inputs intermédiaires regroupent les biens qui contiennent aussi bien des facteurs
échangeables que des facteurs non échangeables. On retrouve dans cette catégorie les ouvrages
d’irrigation, le matériel de travail manuel et le matériel de culture attelée.
Le petit outillage agricole
Le petit outillage agricole regroupe, entre autres, la houe, le coupe-coupe, la hache, le couteau,
etc. Ces outils ont été considérés comme produits en majeur partie localement à partir des
métaux de récupération ou importés. Les coefficients de décomposition pour ces coûts fixes
sont identiques à ceux de Lançon (2000b) à savoir 0,40 pour le travail non qualifié, 0,10 pour le
coût en capital et 0,50 pour les consommations intermédiaires.
Coût d’aménagement, d’irrigation et d’entretien des ouvrages d’irrigation
Les coûts d’aménagement ont été pris en compte au niveau des systèmes de bas-fond aménagé.
De même, au niveau des systèmes irrigués, les coûts d’irrigation et d’entretien des ouvrages
d’irrigation ont été pris en compte. Pour la prise en compte de ces différents coûts, les
coefficients utilisés correspondent à ceux adoptés par Houndékon (1996) à savoir : 34,4% de
facteurs importés et 65,6% de facteurs domestiques (capital et main-d’œuvre).
Amortissement
Dans cette étude, trois types d’investissements ont été considérés. Il s’agit du matériel de travail
manuel, du matériel de culture attelée et des investissements d’irrigation. La détermination de
l’annuité de ces investissements varie suivant leur nature, leur durée de vie, le mode
d’acquisition, leur valeur résiduelle et le taux d’amortissement.
Actes du 4Rs 2002
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Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Dans les systèmes analysés, le matériel de travail manuel (houe, coupe-coupe, etc.) sont
généralement acquis sur fonds propres. Pour ce matériel, l’annuité est obtenue par la méthode
du coefficient de récupération du capital. Ce coefficient permet d’obtenir le montant du
versement annuel (V) avec intérêt composé sur solde non remboursé. Si on désigne par i le taux
d’intérêt, n la durée de vie du matériel considéré et A la valeur du matériel, on a :
i(i +1)n 
i(i +1)n 
, avec 
le coefficient de récupération du capital.
V = A

i
n
+
−
(
(
1
)
1


 1+i)n −1
La méthode de calcul adoptée pour le matériel de culture attelée est identique à celle utilisée
pour le matériel de travail manuel. Enfin, précisons que le taux d’intérêt interbancaire en
vigueur au moment de l’étude est de 4,95%. Le taux d’inflation étant de 4,2%, le taux de
référence est estimé à 0,75%. Par ailleurs, nous avons supposé que les biens échangeables
provenant des pays limitrophes (par exemple la bassine, le coupe-coupe) et ne sont pas
entièrement taxés. Ainsi, les prix de référence de ces biens ont été estimés en appliquant une
taxe égale à la moitié du taux de base qui est de 18%. Pour les ouvrages d’irrigation, un taux de
18% a été adopté.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Description des systèmes de riziculture étudiés
Les tableaux III présente quelques caractéristiques des différents systèmes (ou chaînes de
production) étudiés. L’observation de ce tableau permet de constater que les quantités de
semences utilisées dans les systèmes du Sud sont relativement plus faibles que dans les
systèmes des autres régions. La variété locale est celle dénommée Gambiaka. Dans les autres
systèmes (ceux utilisant des variétés améliorées), plusieurs types de variétés sont utilisés. Ainsi,
au Sud, les variétés améliorées utilisées sont ‘11365’, Congo et ‘DJ-3-11’. Au Centre, ‘11365’,
‘Adny11’, ‘ITA 304’, ‘45 CAN 6650’, Dj et Inaris, sont les variétés améliorées utilisées. Dans
la région du Nord-est, ce sont les variétés Banikoara, Adny11, ‘IRAT 145’ qui sont produites
tandis qu’au Nord-ouest deux variétés améliorées sont utilisées dans les systèmes étudiés à
savoir Tox et Inaris. Le riz est produit en monoculture dans tous les systèmes étudiés. Au Sud,
le rendement du système de riziculture irriguée est près du double de celui des autres systèmes.
Au Centre, la riziculture pluviale stricte (C4) a le rendement le plus faible.
Sur le plan de la gestion, le mode diffère selon le système considéré. En effet, dans les systèmes
de riziculture irriguée (système S1, C2 et E2), la gestion se fait soit, au niveau groupement soit
au niveau individuel. Au niveau du groupement un Conseil d’Administration se charge de la
gestion du matériel agricole, notamment pour le labour, le semis, l’épandage d’engrais, le
décorticage du paddy. En dehors de la gestion du matériel, la coopérative attribue des parcelles
à chaque riziculteur, s’occupe de la collecte des redevances et assure avec les coopérants
l’entretien du périmètre. Des parcelles unitaires de 25 ares sont distribuées aux exploitants. Le
nombre de parcelles que peut avoir chaque ménage varie suivant sa taille. L’assistance
technique chinoise intervient surtout dans la réparation des machines agricoles,
l’approvisionnement en pièces de rechange et aussi dans la maîtrise de l’irrigation. L’irrigation
et l’entretien des canaux principaux sont des travaux collectifs. Les travaux sur le périmètre et
les parcelles se pratiquent tout au long de l’année.
Au niveau individuel, chaque riziculteur s’occupe de l’organisation du travail au niveau de sa
parcelle. Il s’occupe du nettoyage des digues et diguettes se trouvant autour de sa parcelle. A la
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Economie du riz
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Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
fin de chaque récolte, il est responsable de sa récolte, mais doit payer obligatoirement sa
redevance. La commercialisation du riz incombe à chaque riziculteur.
Pour les autres systèmes, la gestion des surfaces rizicoles n’est pas aussi organisée comme sur
les périmètres irrigués. Dans ces systèmes les riziculteurs ne font pratiquement aucun travail en
commun. Chaque producteur s’occupe des différentes opérations depuis le défrichement jusqu’à
la récolte voire la transformation et la commercialisation. Toutefois, sur certains périmètres, il
existe une coopérative jouant un rôle de service.
Les femmes sont plus présentes au niveau des systèmes du Centre comparativement au autres
régions (Adégbola et Sodjinou, 2003). Le financement des activités de production est fait sur
fond propre dans la majorité des cas (plus 70%), mais certains producteurs ont recours aux
crédits (sous forme de préfinancement) octroyés par des commerçants. Le recours aux
institutions formelles de crédit est relativement faible (moins de 5% des producteurs de la
plupart des systèmes étudiés).
On distingue deux types de transformation à savoir le décorticage après étuvage et le
décorticage direct sans étuvage préalable. Le décorticage sans étuvage préalable est pratiqué au
Sud (systèmes S1 à S3) et sur les périmètres irrigués de Koussin-Lélé (système C2) et de
Malanville (système E2). Le décorticage après étuvage est pratiqué dans tous les autres
systèmes étudiés. On rencontre actuellement deux types de décortiqueuses de riz au Bénin, à
savoir la décortiqueuse à rouleau et la décortiqueuse Engelberg. Le premier est destiné au
décorticage de riz non étuvé et donne un rendement oscillant entre 60 et 65%. Le second est
surtout utilisé pour le riz étuvé et fournit un rendement pouvant atteindre 70%.
La commercialisation est animée par plusieurs agents notamment les collecteurstransformateurs, les grossistes-transformateurs, les collecteurs, les grossistes et les détaillants.
Les cinq catégories sont rencontrées dans le Nord-ouest alors qu’au Sud, seules les trois
dernières sont présentes.
Rentabilité privée, rentabilité sociale et transferts nets
La rentabilité financière (ou profit privé) et la rentabilité sociale des différents systèmes étudiés
sont présentées au tableau IV. L'observation des résultats de ce tableau permet de constater que
le profit privé est positif pour tous les systèmes du Sud. On en déduit donc que ces systèmes
sont rentables pour le paysan qui peut donc utiliser efficacement ses ressources. Au Centre,
seuls les systèmes de riziculture irriguée (C2) et de bas-fond non aménagé avec utilisation de
variété améliorée et d’engrais (C5) sont rentables sur le plan financier. Au Nord-est tous les
systèmes sont rentables sur le plan financier sauf les systèmes de bas-fond non aménagé
n’utilisant pas d’engrais (E4 et E5). Au Nord-ouest, seuls les systèmes O3 (bas-fond non
aménagé avec utilisation de variété améliorée et la traction animale, sans engrais ni pesticide) et
O6 (bas-fond non aménagé avec utilisation de variété locale sans engrais ni pesticide) ne sont
pas rentables sur le plan financier.
Sur le plan social, seuls le système de riziculture irriguée (S1) est rentable au Sud-Bénin. Au
Centre, tous les systèmes ont un profit collectif positif sauf la riziculture pluviale stricte (C4).
Dans les deux régions du Nord, la plupart des systèmes étudiés sont socialement rentables sauf
O5, O6 (au Nord-Ouest) et E5 (au Nord-Est).
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
158
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Tableau III : Caractéristiques des différents systèmes étudiés
Région
Dénomi Système de
nation riziculture
S1
Sud
S2
S3
C1
C2
Centre
C3
C4
C5
E1
E2
NordEst
E3
E4
E5
O1
O2
NordOuest
O3
O4
O5
O6
Matériel Mode de
RendeEngrais Pesticide travail transforma- ments
(kg/ha) des
du sol
tion
(kg/ha)
3.126
Améliorée 228
Non Tracteur DSE
Variétés
Irrigué avec
maîtrise totale
de l’eau
Bas-fond non
Améliorée 0
aménagé
Bas-fond non
Améliorée 161
aménagé
Bas-fond
Améliorée 159
aménagé
Irrigué avec
maîtrise partielle Améliorée 308
de l'eau
Bas-fonds non
Locale
170
aménagé
Pluviale stricte Améliorée 341
Bas-fond non
Améliorée 136
aménagé
Bas-fond
Améliorée 264
aménagé
Irrigué avec
maîtrise totale Améliorée 479
de l’eau
Bas-fond non
Améliorée 172
aménagé
Bas-fond non
Améliorée 0
aménagé
Bas-fond non
Locale
0
aménagé
Bas-fond
Améliorée 0
aménagé
Bas-fond
Améliorée 293
aménagé
Bas-fond non
Améliorée 0
aménagé
Bas-fond non
Améliorée 215
aménagé
Bas-fond non
Améliorée 0
aménagé
Bas-fond non
Locale
0
aménagé
Non
Manuel
DES
Non
Manuel
DSE
Non
Manuel
DAE
1.668
1.712
2.346
3.318
Oui
Tracteur
DES
Non
Manuel
DAE
Non
Manuel
DAE
Non
Manuel
DAE
Oui
Traction
animale
DAE
Non
Traction
animale
Non
Non
Traction
animale
Traction
animale
2.131
1.202
3.331
4.120
4.442
DES
DAE
DAE
Non
Manuel
DAE
Non
Traction
animale
DAE
Non
Manuel
DAE
Non
Traction
animale
DAE
Non
Manuel
DAE
Non
Manuel
DAE
Non
Manuel
DAE
2.796
2.556
1.520
2.586
2.741
2.369
2.366
1.923
1.573
DSE : Décorticage sans étuvage préalable ; DAE : Décorticage après étuvage
Source : Enquête, 2001-2002
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
159
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Le tableau IV montre que le profit privé est supérieur au profit social pour tous les systèmes du
Sud et le système O5 du Nord-ouest. Dans tous les autres systèmes, le profit financier est
inférieur au profit social. La divergence ainsi observée, au niveau de ces derniers systèmes,
provient beaucoup plus du mauvais fonctionnement des marchés de collecte primaire où les
commerçants profitent de la sous-information des producteurs pour leur payer un prix faible
(Adégbola et Sodjinou, 2003). Au Sud-Bénin, par contre, les producteurs sont plus en contact
avec les consommateurs ce qui permet de réduire les imperfections dues à la multiplication du
nombre d’intermédiaire entre le producteur et le consommateur. De même, au Sud, le réseau
routier est plus dense et en bon état comparativement au autres régions.
Les résultats obtenus sur le plan financier confirment ceux de Houndékon (1996), Ahoyo
(1996), Adégbola et Sodjinou (op. cit.). Selon ces auteurs, la riziculture est une culture rentable
du point de vue des paysans. Cette rentabilité dépend des techniques culturales, du type
d’aménagements effectués, du type de transformation et surtout des intrants utilisés.
On peut retenir que les systèmes de riziculture irriguée (S1, C2 et E2) sont rentables sur le plan
financier et sur le plan social. Les deux autres systèmes du Sud sont rentables sur le plan
financier. Il en est de même du système C5 au Centre et des systèmes des deux régions du Nord
sauf E4, E5, O3 et O6. Sur le plan social la plupart des systèmes sont rentables sauf S2, S3, C4,
E5, O5 et O6.
Tableau IV : Rentabilité privée, rentabilité sociale et transferts (en Fcfa)
Région Système RentabiRentabilité Transferts
lité
économ. nets
financière
Nord-Est E1
39
103
-64
E2
5
70
-65
E3
4
69
-64
E4
-58
6
-65
E5
-171
-104
-67
Nord- O1
21
69
-48
Ouest
O2
29
75
-46
O3
-3
44
-47
O4
36
77
-41
O5
4
-3
7
O6
-12
-3
-9
Région Système
Rentabilité Rentabilité Transferts
financière économ. nets
Sud
S1
S2
S3
32
71
26
12
-101
-11
19
172
37
Centre
C1
C2
C3
C4
C5
-27
68
-16
-152
48
12
101
20
-115
83
-38
-33
-35
-38
-35
Source : Enquête 2001-2002
Avantage comparatif des différents systèmes
Le tableau V montre que tous les systèmes de riziculture irriguée (S1, C2 et E2) et les systèmes
de bas-fond aménagé (C1, E1, O1 et O2) ont un ratio de Coût en Ressources Intérieures (CRI)
inférieur à 1. Il en est de même des bas-fonds non aménagés du Centre (C3 et C5), des basfonds non aménagés du Nord-est utilisant la variété améliorée et/ou l’engrais (E3 et E4) et des
bas-fonds non aménagés du Nord-ouest utilisant la variété améliorée et l’engrais (O4) ou la
traction animale (O3). Ces résultats indiquent que ces systèmes de production de riz permettent
de produire une valeur ajoutée d’un dollar en utilisant des ressources locales dont la valeur est
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
160
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
inférieure à un dollar. Autrement dit, ces systèmes ont un avantage comparatif par rapport aux
importations de riz (dans la zone de production) et permettent donc d’économiser des devises.
Par contre, le ratio de CRI est supérieur à 1 pour les systèmes de bas-fonds non aménagés du
Sud (S2 et S3), celui du Nord-est (E5) et du Nord-ouest (O6) produisant la variété locale
Gambiaka et celui du Nord-ouest cultivant des variétés améliorées mais avec un travail
entièrement manuel (O5). Il en est de même du système de riziculture pluviale stricte. Il s’ensuit
donc que le coût des ressources domestiques nécessaires à la production de riz dans ces
systèmes est supérieur à leur valeur ajoutée sociale. Autrement dit, pour produire 1 $US de
valeur ajoutée dans ces différents systèmes, on utilise des ressources dont la valeur est
supérieure à 1 $US. Il y a donc perte de richesse pour la collectivité, c’est-à-dire que ces
systèmes ne permettent pas d’économiser des devises. Ils ne possèdent donc pas un avantage
comparatif dans la production de riz pour concurrencer le riz importé dans les zones de
production.
Les résultats obtenus pour les systèmes de riziculture irriguée confirment ceux obtenus par
Houndékon (1996) pour le Nord-Bénin. Ils sont cependant, contraire à ceux obtenus par Ahoyo
(1996) pour le Sud et le Centre du Bénin. En effet, selon cet auteur, le Bénin perdait des devises
en produisant du riz par le système irrigué dans les conditions de 1993-1994. Mais, ces résultats
confirment ceux obtenus par simulation par ces deux auteurs. Ces auteurs avaient, en effet,
montré par simulation que la dévaluation du franc CFA de 50 % en janvier 1994 aurait
contribué à l’amélioration de la compétitivité des systèmes irrigués. Les nouveaux prix et coûts
induits par cette dévaluation auraient permis de constater que la rentabilité du riz, que ce soit
pour les exploitations ou pour l’économie nationale se serait améliorée.
Par ailleurs, les résultats des systèmes de bas-fonds non aménagés sont aussi similaires à ceux
de Houndékon (op. cit.). En ce qui concerne les systèmes de bas-fonds aménagés, les résultats
obtenus dans cette étude sont contraires à ceux de Houndékon (1996) pour qui aucun système
de bas-fond aménagé n’avait d’avantage comparatif dans la production du riz même dans leurs
zones de production. Cette divergence peut s’expliquer par le fait que l’investissement dans ces
bas-fonds n’était pas suivi d’adoption de technologie (engrais et variétés améliorée) et
l’emplacement des diguettes ne favorise pas une rétention efficace de l’eau dans les casiers. Ce
qui n’est pas le cas pour les systèmes de bas-fonds aménagés étudiés ici. En effet, dans les
systèmes de bas-fond aménagé étudiés (C1, E1, O1 et O2) les producteurs utilisent des variétés
améliorées et l’engrais chimique sauf dans O1 où l’engrais chimique n’est guère utilisé. De
même, cette performance pourrait aussi s’expliquer par la nouvelle stratégie de relance de la
production rizicole qui consiste à réaliser de micro-aménagements peu coûteux et dont la
maîtrise de la gestion reste au niveau des producteurs.
En somme, on peut retenir que les systèmes de riziculture irriguée (S1, C2 et E2), les systèmes
de bas-fond aménagé (C1, E1, O1 et O2), les bas-fonds non aménagés du Centre (C3 et C5), les
bas-fonds non aménagés du Nord-est utilisant la variété améliorée et/ou d’engrais (E3 et E4) et
les bas-fonds non aménagés du Nord-ouest utilisant la variété améliorée et l’engrais (O4) ou la
traction animale (O3), ont un avantage comparatif par rapport aux importations de riz (dans la
zone de production) et permettent donc d’économiser des devises. Il serait donc intéressant
d’investir dans la production de riz au niveau de ces systèmes.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
161
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Tableau V : Coûts en Ressources Intérieures des différents systèmes
Région
Nord-Est
Système
CRI
E1
0,62
E2
0,72
E3
0,76
E4
0,98
E5
1,34
Nord-Ouest O1
0,74
O2
0,70
O3
0,83
O4
0,70
O5
1,01
O6
1,01
Source : Enquête 2001-2002
Région
Sud
Système CRI
S1
0,94
S2
1,73
S3
1,05
Centre
C1
C2
C3
C4
C5
0,96
0,61
0,93
1,52
0,72
Mesure des incitations à la production
L’analyse des résultats du tableau VI permet de constater que le coefficient de protection
effectif (CPE) est supérieur à 1 pour tous les systèmes du Sud. Il s’ensuit donc que les
producteurs du Sud bénéficient d’une incitation à produire le riz. On peut donc dire que pour les
systèmes du Sud, la filière fonctionne comme si l’Etat accordait une subvention (de 6%, 53% et
11% du revenu social, respectivement pour S1, S2 et S3) à la production de riz dans ces
systèmes. Il en est de même du système O5 au Nord-ouest où l’équivalent de la subvention à la
production est de 2%.
Par contre, le CPE est inférieur à 1 pour tous les systèmes des autres régions. Il en découle que
l’effet des distorsions est une désincitation à la production de riz dans ces systèmes. Ces
distorsions agissent comme si le revenu des producteurs est taxé de 11% à 13% au Centre, de
23% au Nord-est, de 14 à 17% pour les systèmes O1 à O4 et 3% pour le système O6 du Nordouest. On peut supposer que le transfert de revenu s’est fait plus au profit des commerçants. Ces
derniers, en effet, profitent de la sous-information des producteurs pour leur imposer le prix. De
plus dans les régions du Centre, Nord-est et Nord-ouest les paysans sont confrontés aux
difficultés d’évacuation de leur produit. Ce problème trouve sa cause principale dans l’état des
voies et l’enclavement ; ce qui se traduit par une augmentation des frais de transports auxquels
les producteurs ne peuvent faire face faute de moyens financiers. Ils sont donc obligés de vendre
le riz aux commerçants qui eux sont en mesure de se déplacer et de se rendre dans la plupart des
villages même les plus reculés.
Par ailleurs, le coefficient de protection nominale sur les produits (CPN) est supérieur à 1 pour
les systèmes étudiés au Sud. Il en découle donc que le producteur bénéficie d’un revenu
supérieur à ce qu’il obtiendrait sans la politique (ici fiscale) et les distorsions de marché. Le
résultat des politiques est ici, le transfert du revenu social au profit du producteur dans les
systèmes du Sud. En d’autres termes, les politiques fiscale et commerciale favorisent les
producteurs du Sud.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
162
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Tableau VI : Indicateurs mesure des incitations à la production du riz
Région
Sud
Système CBF
S1
0,87
S2
0,75
S3
0,90
Centre
C1
1,11
C2
0,71
C3
1,06
C4
1,79
C5
0,82
Nord-Est
E1
0,82
E2
0,97
E3
0,98
E4
1,24
E5
1,69
Nord-Ouest O1
0,91
O2
0,86
O3
1,01
O4
0,83
O5
0,98
O6
1,06
Source : Enquête 2001-2002
CBE
0,96
1,36
1,04
0,96
0,69
0,94
1,35
0,75
0,70
0,79
0,80
0,98
1,30
0,80
0,78
0,87
0,78
1,01
1,01
CPN
1,09
1,15
1,15
0,91
0,91
0,91
0,91
0,91
0,84
0,84
0,83
0,83
0,83
0,84
0,84
0,84
0,84
0,84
0,84
CPE
1,16
2,09
1,21
0,89
0,89
0,89
0,87
0,90
0,80
0,79
0,79
0,81
0,81
0,84
0,83
0,83
0,84
1,00
0,95
CR
2,55
-0,70
-2,29
-2,32
0,67
-0,80
1,33
0,58
0,38
0,08
0,06
-9,29
1,64
0,30
0,38
-0,06
0,47
-1,49
3,98
TS
0,06
0,61
0,13
-0,12
-0,10
-0,11
-0,11
-0,11
-0,19
-0,19
-0,19
-0,19
-0,19
-0,14
-0,13
-0,14
-0,12
0,02
-0,03
ESP
0,06
0,53
0,11
-0,13
-0,11
-0,12
-0,13
-0,12
-0,23
-0,23
-0,23
-0,23
-0,23
-0,17
-0,16
-0,16
-0,14
0,02
-0,03
Pour les systèmes étudiés dans les trois autres régions, le coefficient de protection nominale est
inférieur à 1. On en déduit que le prix domestique est inférieur au prix international. Les
différents systèmes engendrent donc des revenus inférieurs à ce qu’ils pourraient être dans une
économie appliquant les prix internationaux de parité. En d’autres termes, le producteur voit
une partie de son revenu transférée au budget national ou au profit des intermédiaires et/ou des
consommateurs.
Analyse de sensibilité
Sur toutes les figures de ce paragraphe, la ligne horizontale correspond au seuil de
rentabilité/compétitivité (CRI = 1). La zone située en dessous de cette ligne correspond à celle
où les systèmes ont un avantage comparatif dans la production de riz. Par contre, dans la zone
située au-dessus de cette ligne les systèmes ne sont pas compétitifs.
Sensibilité de l’avantage comparatif au rendement à la ferme
La figure1 illustre l’évolution du coût en ressources intérieures (CRI) en fonction du rendement
à la ferme. L’analyse de la figure 1 (A) permet de constater qu’à partir d’un rendement
d’environ 1.800 kg/ha le système S3 devient déjà compétitif. Les systèmes S1 et S2 sont
compétitifs à partir 3.000 et 3.200 kg/ha respectivement. En d’autres termes les rendements
seuils sont respectivement de 3.000 kg/ha, 3.200 kg/ha et 1.800 kg/ha pour les systèmes S1, S2
et S3. On en déduit qu’il suffit que le rendement actuel s’accroisse de 5% environ pour que la
production de riz dans le système S3 devienne compétitive par rapport aux importations de riz
dans la zone de production. Pour le système S2, il faudrait que le rendement augmente
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
163
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
d’environ 92%. Au niveau du système S1, une réduction du rendement de 4% environ, rendrait
le système non compétitif.
La figure 1 (B) montre que les systèmes C3 et C4 deviennent compétitifs avant les autres
systèmes du Centre. En effet, les systèmes C4 et C3 possèdent un avantage comparatif dans la
production de riz à partir d’un rendement de 1.700 kg/ha et 2.000 kg/ha respectivement. Les
systèmes C1 et C2 deviennent compétitifs à partir de 2.300 kg/ha alors qu’au niveau du système
C5, il faut un rendement de 2.400 kg/ha pour que la production de riz y soit compétitive pour
concurrencer le riz importé. Il en résulte donc qu’une réduction du rendement à la ferme de 2%
pour C1, de 31% pour C2, de 6% pour C3 et de 28% pour C5, conduirait ces systèmes à devenir
non compétitifs. Par contre une augmentation du rendement à la ferme de 41% dans le système
C4 amènerait ce dernier à avoir un avantage comparatif par rapport aux importions de riz.
Pour les systèmes du Nord-est, la figure 1 (C) indique que tous les systèmes deviennent
compétitifs avant E2. De manière concrète, un rendement de 2.600 kg/ha, 3.300 kg/ha, 2.100
kg/ha, 2.500 kg/ha et 2.100 kg/ha respectivement pour E1, E2, E3, E4 et E5, leur permet déjà
d’être compétitifs. On voit donc qu’une réduction du rendement actuel de 37% dans E1, 26%
dans E2, 25% dans E3 et 2% dans E4 amènerait ces quatre systèmes à ne plus être compétitifs.
Pour le système E5, il suffit que le rendement actuel augmente de 38% pour que la production
de riz dans ce système ait un avantage comparatif.
Enfin, pour le Nord-ouest (figure 1 (D)), on remarque qu’il suffit d’un rendement de 1.700
kg/ha pour que les systèmes O4 et O6 aient un avantage comparatif dans la production de riz
pour concurrencer les importations de riz dans la zone de production. Pour le système O1 un
rendement de 1.900 kg/ha suffit pour qu’il soit compétitif alors que pour les systèmes O2, O3 et
O5, le rendement seuil est de 2.000 kg/ha. En terme de pourcentage, il suffit d’une réduction du
rendement à la ferme de 27% dans O1, 27% dans O2, 16% dans O3 et 28% dans O4 pour que la
production de riz dans ces systèmes soit non compétitive pour concurrencer les importations de
riz. Par contre, une augmentation du rendement à la ferme de 4% et 8% respectivement pour les
systèmes O5 et O6 les rendrait compétitifs.
Il se dégage de ces résultats que des actions concrètes doivent être entreprises afin de favoriser
l’accroissement des rendements au niveau des systèmes de bas-fonds non aménagés (S2, S3, E5,
O5 et O6) et celui de la riziculture pluviale stricte (C4). D’un autre côté l’absence d’intervention
dans les autres systèmes pourrait les conduire à devenir non compétitifs. Les actions à mener
doivent être axées sur l’accès aux crédits et aux intrants (engrais et pesticides notamment), la
formation et l’organisation des producteurs. On pourrait aussi poursuivre la réalisation des
micro-aménagements peu coûteux et dont la maîtrise de la gestion reste au niveau des
producteurs, à l’image de ce qui est fait au niveau de certains bas-fonds. La combinaison de
toutes ces actions pourrait contribuer à l’amélioration du rendement.
Au Sud-Bénin particulièrement, les producteurs sont surtout confrontés à l’attaque du riz par les
oiseaux et les rongeurs. Une recherche de solution à ce problème pourrait permettre
l’amélioration de la compétitivité des différents systèmes du Sud.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
164
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
3,00
2,50
C1
S1
(A)
2,00
C2
S2
2,50
CRI = 1
C3
(B)
S3
C4
C5
2,00
CRI = 1
CRI
CRI
1,50
1,50
1,00
1,00
0,50
0,50
4800
Rendements (kg/ha)
Rendement (kg/ha)
3,00
2,50
E1
O1
O2
E2
(C)
2,50
E3
(D)
2,00
E4
O3
O4
E5
2,00
O5
CRI = 1
O6
1,50
CRI = 1
CRI
CRI
4800
4400
4400
4000
4000
3600
3600
3200
3200
2800
2800
2400
2400
2000
2000
1600
1200
1200
1600
0,00
0,00
1,50
1,00
1,00
0,50
0,50
4800
Rndement (kg/ha)
4800
4400
4400
4000
4000
3600
3600
3200
3200
2800
2800
2400
2400
2000
2000
1600
1600
1200
1200
0,00
0,00
Rendement (kg/ha)
Fig. 1 : Variation du CRI en fonction du rendement à la ferme pour les systèmes du Sud (A), du
Centre (B), du Nord-est (C) et du Nord-ouest (D)
Sensibilité de l’avantage comparatif au rendement au décorticage
La figure 2 (A) montre que, quel que soit le niveau du rendement au décorticage, le système S2
n’a pas d’avantage comparatif dans la production de riz. Avec un niveau de rendement de 60%,
le système S1 a d’avantage comparatif dans la production de riz. Pour S3, il faut un rendement
au décorticage d’environ 65% pour qu’il devienne compétitif.
L’analyse de la figure 2 (B) permet de constater que le système C4 ne sera compétitif que si le
rendement au décorticage passe à 90%, ce qui est impossible en pratique. Les systèmes C2 et
C5 sont compétitifs même avec un rendement au décorticage de 45%. Pour les systèmes C1 et
C3, un rendement de 57% au décorticage permet déjà à ces systèmes d’être compétitifs.
La figure 2 (C) indique que les systèmes du Nord-est (E1, E2 et E3) sont compétitifs même avec
un rendement au décorticage de 45%. Pour le système E4 il faut un rendement au décorticage
d’au moins 60% pour qu’il ait un avantage comparatif dans la production de riz. Le système E5
ne sera compétitif que si le rendement au décorticage atteint 85%, ce qui est pratiquement
impossible.
La figure 2 (D) permet de constater que les systèmes O2 et O4 sont compétitifs quel que soit le
rendement au décorticage à partir de 40%. Les systèmes O1 et O3 ont un avantage comparatif
dans la production de riz à partir d’un rendement au décorticage de 45%. Un rendement
d’environ 60% est nécessaire pour que le système O5 soit compétitif. Pour que O6 soit
compétitif, il faut que le rendement au décorticage soit d’environ 67%.
Des actions doivent être entreprises pour améliorer les méthodes actuelles de transformation
particulièrement dans le Centre et le Nord du pays et rendre compétitifs les différents systèmes.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
165
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
Pour le décorticage, par exemple, les actions devront permettre de libérer les femmes
(notamment les femmes du Nord-ouest) de la pénibilité du travail manuel notamment le
décorticage au pilon. Dans ce domaine, des actions incitatives peuvent être entreprises afin de
favoriser la création de coopérative (composées majoritairement de femmes). Cette coopérative
travaillera en collaboration avec les Organisations des producteurs de riz. Dans toutes les zones
production, on pourrait réaliser des aires de séchage afin de réduire de taux de brisures dus à un
mauvais séchage du riz.
3,00
3,50
C1
S1
2,50
S2
(A)
(B)
S3
CRI = 1
2,00
C3
C4
2,50
C5
CRI = 1
2,00
CRI
CRI
C2
3,00
1,50
1,50
1,00
1,00
0,50
0,50
0,00
0,00
45
50
55
60
65
70
75
80
85
40
90
45
50
55
60
65
70
75
80
85
Rendement au décorticage (%)
Rendement au décorticage (%)
O1
E1
2,50
(C)
1,60
E2
E3
2,00
E4
O2
(D)
1,40
O3
O4
O5
E5
1,20
O6
CRI = 1
1,50
CRI = 1
CRI
CRI
1,00
0,80
1,00
0,60
0,40
0,50
0,20
85
80
75
70
65
60
55
50
45
40
0,00
0,00
Rendement au décorticage (%)
40
45
50
55
60
65
70
75
Rendement au déc ortic age (% )
80
85
90
Fig. 2 : Variation du CRI en fonction du rendement au décorticage pour les systèmes du Sud
(A), du Centre (B), du Nord-est (C) et du Nord-ouest (D)
Sensibilité de l’avantage comparatif aux variations du prix CAF
L’analyse de la figure 3 (A) indique que les systèmes S2 et S3 n’ont pas d’avantage comparatif
dans la production de riz quelle que soit la valeur prise par le prix CAF. Par contre, le système
S1 est compétitif même avec un prix CAF de 71 Fcfa/kg.
Au Centre, le système C4 (figure 3 (B)) n’a pas d’avantage comparatif dans la production de riz
quelle que soit la valeur du prix CAF. Aussi la variation du prix CAF n’a-t-elle pas d’influence
sur la compétitivité des systèmes C2 et C5. Enfin, les systèmes C1 et C3 sont compétitifs même
avec un prix CAF de 100 Fcfa/kg. Ce qui signifie qu’en dessous de ce prix, ces deux systèmes
ne seront plus compétitifs.
Au Nord-est (figure 3 (C)), le système E5 n’est pas compétitif pour concurrencer les
importations quelle que soit la valeur du prix CAF. Par ailleurs, la variation du prix CAF n’a
pas d’influence sur la compétitivité des systèmes E1 à E3. Le système E4 a un avantage
comparatif dans la production de riz à partir d’un prix CAF de 110 Fcfa/kg.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
166
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
La figure 3 (D) indique que le système O5 et O6 deviennent compétitifs à partir d’un prix CAF
d’environ 400 Fcfa/kg. Tous les autres systèmes sont compétitifs quelle que soit la valeur du
prix CAF.
1,80
2,00
S1
1,80
C2
1,40
C3
S2
1,60
S3
1,40
CRI = 1
1,20
0,80
CRI = 1
0,80
0,60
0,60
0,40
0,40
0,20
(B)
0,20
(A)
926
783
Prix CAF (Fcfa/kg)
641
534
427
320
Prix CAF (Fcfa/kg)
214
0,00
107
997
926
854
712
641
570
498
427
356
285
214
71
142
0,00
(B)
E1
1,60
O1
1,20
E2
O2
E3
1,40
O3
E4
1,20
1,00
O4
E5
O5
CRI = 1
1,00
O6
0,80
CRI = 1
0,80
CRI
CRI
C5
1,00
(A)
1,00
C4
1,20
CRI
CRI
C1
1,60
0,60
0,60
0,40
0,40
0,20
926
783
641
534
427
320
0,00
Prix CAF (Fcfa/kg)
214
926
783
641
534
427
320
214
107
0,00
107
0,20
Prix CAF (Fcfa/kg)
(C)
(D)
Fig. 3 : Variation du CRI en fonction du prix CAF pour les systèmes du Sud (A), du Centre (B),
du Nord-est (C) et Nord-ouest (D)
Sensibilité de l’avantage comparatif aux variations du coût de la main d’oeuvre
La figure 4 présente la variation du CRI en fonction du coût de la main-d’œuvre. La figure 4
(A) montre que le système S1 est le système le moins sensible à une augmentation du coût de la
main-d’œuvre. En effet, avant qu’il ne perde sa compétitivité, il faut que le coût de la maind’œuvre atteigne 1.400 Fcfa/hj. Par contre, un coût de la main-d’œuvre de 500 Fcfa/hj pour S2
et 900 Fcfa/hj pour S3 rend déjà ces deux systèmes non-compétitifs.
Au niveau du Centre (figure 4 (B), c’est le système C5 qui se présente comme le moins sensible
à une variation du coût de la main-d’œuvre. Il est suivi du système C2. Le système le plus
sensible à une augmentation du prix de la main-d’œuvre est C4. De manière quantitative, le prix
seuil de la main-d’œuvre est respectivement de 1.800, 2.500, 1.900, 800 et 2.700 Fcfa/hj pour
les systèmes C1 à C5.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
167
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
L’analyse des résultats de la figure 4 (C) permet de constater que le système E5 est le plus
sensible à une variation du coût de la main-d’œuvre. La valeur seuil du coût de la main-d’œuvre
est de 3.250, 2.800, 2.400, 2.200 et 1.300 Fcfa/kg respectivement pour les systèmes E1 à E5.
La figure 4 (D) montre que les systèmes O6 et O5 sont compétitifs lorsque le coût de la maind’œuvre est 900 et 1.000 Fcfa/hj respectivement. Les systèmes O1 et O2 perdent leurs
avantages comparatifs lorsque le coût de la main-d’œuvre est supérieur à 1.500 Fcfa/hj. Enfin,
les systèmes O3 et O4 perdent leurs avantages comparatifs quand le coût de la main-d’œuvre est
supérieur 1.200 et 1.400 Fcfa/hj respectivement.
3,00
3,50
2,50
C1
C2
S1
3,00
S2
C3
C4
S3
2,50
C5
CRI = 1
2,00
CRI = 1
CRI
CRI
2,00
1,50
1,50
1,00
1,00
0,50
0,50
400
600
800
1000
1200
1400
2900
2600
2300
2000
1700
1400
1100
800
500
0,00
0,00
Coût de la main-d'oeuvre (Fcf a/hj)
Coût de la main-d'oeuvre (Fcf a/hj)
(A)
(B)
E1
2,50
2,00
O1
2,00
E2
O2
E3
1,80
O3
E4
1,60
O4
E5
O5
1,40
CRI = 1
1,50
O6
CRI
CRI
1,20
CRI = 1
1,00
0,80
1,00
0,60
0,50
0,40
0,20
1400
1100
500
2900
2600
2300
2000
1700
1400
1100
800
500
Coût de la main-d'oeuv re (Fc f a/hj)
800
0,00
0,00
Coût de la main-d'oeuv re (Fc f a/hj)
(C)
(D)
Fig. 4 : Variation du CRI en fonction du coût de la main-d’œuvre pour les systèmes du Sud (A),
du Centre (B), du Nord-est (C) et du Nord-ouest (D)
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Au terme de cette étude, on peut retenir que les systèmes de riziculture irriguée et de bas-fonds
aménagés ont un avantage comparatif dans la production de riz pour concurrencer les
importations de cette denrée dans la zone de production. Il en est de même des bas-fonds non
aménagés du Centre, des bas-fonds non aménagés du Nord-est utilisant la variété améliorée
et/ou l’engrais, et des bas-fonds non aménagés du Nord-ouest utilisant la variété améliorée et
l’engrais (ou la traction animale). Par contre, les systèmes de bas-fonds non aménagés du Sud,
celui du Nord-est et du Nord-ouest produisant la variété locale Gambiaka et celui du Nord-ouest
cultivant des variétés améliorées mais avec un travail entièrement manuel, n’ont pas d’avantage
comparatif dans la production de riz.
Au total, le Bénin dispose globalement d’avantage comparatif à la production locale du riz.
Cependant certaines actions sont à renforcer pour améliorer cette compétitivité. L’Etat devra
promouvoir dans toutes les zones potentielles, des micro-aménagements et vulgariser le paquet
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
168
Compétitivité de la riziculture béninoise – ADEGBOLA, P. Y. et AL.
technologique qui les accompagnent. Le système amélioré d’étuvage du riz doit être promu et
soutenu au centre et au Nord du Bénin et des aires de séchage du paddy doivent réalisés afin de
réduire le taux de brisure au décorticage. Des stratégies de sensibilisation à la consommation du
riz local au Sud-Bénin doivent être mises en œuvre. Aussi, les pistes de déserte rurales doiventils être aménagées pour désenclaver les zones de production et faciliter leur accès. La formation
et l’organisation des paysans en groupement serait un préalable à une amélioration durable de
l’accès aux intrants et par ricoché à une meilleure organisation de la filière riz.
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filière pour l’analyse économique des politiques. Document de formation pour la
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Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
169
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
EVALUATION DE L'IMPACT DE LA RECHERCHE SUR LES
VARIETES AMELIOREES DE RIZ DANS LES SYSTEMES
IRRIGUES DU DELTA DU FLEUVE SENEGAL ET LES
EFFETS INDUITS EN PAYS FRONTALIER (MAURITANIE)
FALL, A. A.
ISRA-Fleuve, Sénégal
JUSTIFICATIF ET PROBLEMATIQUE
Aujourd'hui, le développement de la région du fleuve, à climat sahélien sub-aride, repose
essentiellement sur l'agriculture irriguée, L'un des objectifs de la construction, dans le cadre de
l'OMVS, des grands barrages de Diama (1986) et de Manantali (1988) est, entre autres, pour le
Sénégal et la Mauritanie, d'assurer le développement de cette agriculture irriguée grâce à
l'aménagement et l'exploitation des terres irrigables de la rive gauche pour le Sénégal, dont le
potentiel est estimé à 240 000. Malgré un rythme relativement faible de progression des
surfaces exploitées, l'agriculture irriguée concerne déjà plus de la moitié de la population
régionale (67 %). Cependant, les performances sont encore inférieures aux prévisions initiales et
il se pose de plus en plus la question centrale de la rentabilité des systèmes mis en place.
Bien que produit à faible échelle par rapport aux autres céréales sur le plan national, le riz
constitue une denrée stratégique majeure dans les options de politique macro-économique de
l'Etat. Il représente 34 % du volume de la consommation céréalière nationale et compte pour 54
% des céréales consommées en milieu urbain et 24 % en milieu rural (Kite, 1993). Le riz joue
un rôle prépondérant dans la satisfaction des besoins alimentaires d'une population qui
augmente d'environ 3 % l'an. Cependant, la production nationale qui est estimée à 200.000
tonnes au maximum est loin de couvrir les besoins de la demande intérieure qui est satisfaite au
prix d'une importation de l'ordre de 450.000 tonnes par an. Cette situation a conduit l'Etat à
promouvoir la culture du riz dont l'intensification et l'accroissement des productions devraient
contribuer à améliorer la couverture des besoins céréaliers. Ainsi des investissements en
infrastructures hydro-agricoles ont été consentis par l'Etat pour le développement des cultures
irriguées et notamment la riziculture. Mais l'intensification de celle-ci reste confrontée à
plusieurs contraintes en amont comme en aval de la production. Les raisons les plus évoquées
pour justifier la faiblesse de l'intensité culturale dans cette partie du pays sont, entre autres, la
difficulté d'accéder au crédit, le manque de main d'œuvre saisonnière, la mauvaise gestion de
l'eau et des terres et la non disponibilité de nouvelles variétés permettant la double culture.
L'ADRAO et l'ISRA en partenariat avec la structure d'encadrement de la riziculture irriguée au
Sénégal, la SAED, ont proposé l'introduction de nouvelles variétés en recherche participative
avec les producteurs dans le delta, mais ceci profite également les producteurs des pays
frontaliers. Ces variétés testées et validées en milieu paysan directement ont entres autres
comme objectif d'améliorer les rendements en riz irrigué et de réduire le cycle de production.
Cependant, ces efforts de recherche associés à la vulgarisation nécessitent des investissements
élevés d'où souvent le questionnement des décideurs quant à leur opportunité. En effet, devant
la rareté grandissante des ressources financières, l'utilisation efficace des fonds publics mérite
une réflexion approfondie. On avance souvent que la recherche agricole est très payante.
Cependant on ne dispose pas d'informations quantifiables des retombées sociales de celle-ci
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
170
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
dans la gestion globale des activités économiques du pays. La complexité et la diversité des
systèmes de production rendent difficiles la lisibilité et l'efficacité de l'évaluation des politiques
économiques. Ceci pose en filigrane le questionnement sur l'opportunité d'investir dans la
recherche en mesurant son apport à l'économie nationale et ses effets induits en pays frontaliers
(ex. Mauritanie).
OBJECTIFS DE L’ETUDE
L'objectif global de l'étude est d'évaluer l'impact économique de l'adoption des variétés
améliorées de riz dans la vallée du fleuve Sénégal. Il s'agit aussi d'identifier les effets induits
dans la sous-région (Mauritanie).
Les objectifs spécifiques sont :
- mesurer les gains sociaux induits par cette innovation technologique ;
- estimer le taux interne de rentabilité de la recherche et de la vulgarisation de ces variétés
améliorées ;
- apprécier les effets induits de l'utilisation de ces variétés dans la sous-région (Mauritanie et
Gambie) ;
- identifier les facteurs d'incitation à l'adoption des variétés améliorées et les interactions qui
résultent de leur utilisation.
METHODOLOGIE
Zone, Sites de Recherche et Echantillonnage
L'identification des zones et villages d'étude est faite avec un choix raisonné sur la base des
acquis de la recherche (études de typologies & autres de caractérisation). Ainsi deux zones
agro-écologiques de la vallée ont été retenues : le Delta qui regroupe plus de 60 % des terres de
riziculture de la vallée dont plus de 70 % de la production est destinée à la commercialisation ;
et la Moyenne Vallée aval qui constitue l'autre poumon de la riziculture de cette vallée avec du
potentiel de terres mieux adaptées à la diversification. L'enquête diagnostic participative de
l'ISRA/PSI en août 1996 a été un grand support pour la sélection de ces sites d’étude.
Dans ces zones, des villages jugés représentatifs ont été choisis sur la base de critères tels que le
type d'aménagement (GA/AI, PIP, PIV), la superficie exploitée en riziculture par exploitation,
le type de spéculation par campagne, le type de groupement, le type de gestion hydraulique, etc.
Il s'agit de Bouudoum, Diawar, Dagana et Bokhol pour le Delta et de Guédé dans la moyenne
vallée. Ces sites correspondent à l'ensemble des types d'aménagements publics et privés de la
zone d’étude et recouvrent les divers systèmes de production rizicole. Ensuite, un choix
aléatoire de 90 producteurs dont 60 dans le Delta (30 à Boundoum-Diawar et 30 à DaganaBokhol) et 30 à Guédé pour la Moyenne vallée aval a été fait. Ainsi, l’étude couvre de façon
homogène l'ensemble des systèmes de production rizicole sur la base de critères représentatifs et
englobe les différentes pratiques culturales des divers producteurs de la zone.
Méthodes
La méthode employée pour mesurer les gains sociaux associés à la recherche et à la
vulgarisation est basée sur des outils de quantification du bien être économique. Les concepts de
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
171
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
surplus des producteurs et des consommateurs sont utilisés pour mesurer l'effet des innovations
technologiques sur l'ampleur de l'augmentation de l'offre de riz. Le taux interne de rentabilité
est utilisé comme l'indice d'appréciation de l'impact social de la recherche et de la vulgarisation.
La méthode du surplus économique permet de chiffrer la contribution de la recherche au bien
être économique du pays, dans le sens du rapport entre les coûts de l'investissement (recherche
et vulgarisation) et le bénéfice obtenu (augmentation de la productivité des ressources
nationales, ici sur le riz). Ce rapport coût-bénéfice est indiqué par le taux de rentabilité de
l'investissement. Le modèle du surplus économique estime l'effet net des gains et des pertes
survenues sur le surplus des producteurs et des consommateurs et qui sont induits par les
innovations technologiques avec une modification de la fonction de l'offre.
La détermination du surplus économique en ex-post (signe négatif) ou en ex-ante (signe positif)
exprime le déplacement de la courbe d'offre constaté après recherche ou estimé avec recherche.
Le Gain Social brut (GS) est exprimé par la formule suivante :
GS = KQ ±
1
KdQ
2
Avec K = kP (déplacement proportionnel de la courbe d'offre en valeur)
P = prix au producteur (Prix réels déflatés par l'indice de prix à la consommation)
K = déplacement de la fonction de production en valeur
j
k=
−C
Eo
où k = déplacement de la fonction de production
où j = augmentation proportionnelle du rendement à l'hectare induit par la nouvelle
technologie ;
Eo = élasticité de l'offre ;
C = augmentation proportionnelle des coûts
Démarche
Dans l'analyse ex-post, on s'intéresse à l'évaluation de l'impact des investissements déjà réalisés,
donc après la recherche et la diffusion de la technologie. Comme illustré à la figure 1, le progrès
technologique engendré par l'utilisation des variétés Sahel, entraîne une augmentation de la
production de riz en déplaçant la courbe d'offre vers la droite (de So à So'). En admettant que le
marché soit équilibré et la demande inchangée, l'offre de riz augmente de Qo à Qo' et le prix
baisse de Po à Po'. En raison de la baisse du prix, un transfert des bénéfices s'opère du
producteur au consommateur. Le gain social mesuré est la surface AOC moins la surface ABC.
Le triangle AOC représente le gain social dû à la réduction des coûts de production au niveau de
production observé (Qo'), alors que la surface ABC représente un ajustement résultant de
l'augmentation de différence dans la quantité produite provenant de la recherche.
L'évaluation de l'impact économique de la recherche est basée sur l'estimation de l'ampleur des
réductions des coûts de production, étant donné le niveau observé de production (surface AOC),
suivi d'un ajustement pour la différence de quantité associée à une différence de prix (surface
ABC). La hauteur du triangle AOC est mesurée en termes monétaires par unité produite. On
peut noter aussi que l'augmentation en rendement pour cette technologie n'entraîne pas un coût
additionnel en intrants. Les nouvelles variétés sont utilisées dans les mêmes prédispositions que
les variétés traditionnelles prises comme témoin.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
172
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
Les nouvelles variétés Sahel (108, 201 et 202) sont en gestation de recherche depuis 1985 entre
l'ADRAO et l'ISRA. Elles ont fait l'objet de validation, d'homologation et de diffusion en milieu
réel à partir de novembre 1994.
S0 (estimée, sans recherche)
S0’ (observée)
Prix
P0
o
P0
P0
’
0
C
A
B
D
Quantité
Q0o Q0’o
’
Fig. 1 : Modèle de surplus économique (ex-post)
Nature des données
Les données primaires seront basées sur des enquêtes auprès des producteurs au niveau de cinq
villages représentatifs de la zone du Delta et de la moyenne Vallée aval pour une durée de deux
ans repartis en hivernage et en contre saison chaude. Les enquêtes s'étendent sur un échantillon
dans le pays frontalier (la Mauritanie dans le nord). Elles portent sur les paramètres principaux
suivants : quantité de la production et superficies emblavées sur les nouvelles et anciennes
variétés, coûts additionnels d'adoption, différentiel de rendement, niveau de crédit disponible,
coûts de production, contraintes des ressources (terre, capital, main d'œuvre, consommation,
etc.), jours de travail par période, nombre de travailleurs, taux et facteurs d'adoption de la
technologie, coefficient de transformation du paddy, etc.
Les données secondaires portent notamment sur les prix au producteur, l'index des prix, les prix
économiques, la production et les superficies nationales en riz (durant les deux campagnes par
an), les coûts de recherche et de vulgarisation etc., du début de l'introduction de la technologie
jusqu'à présentement. Les travaux de recherche de l'ADRAO sur la Mauritanie sont aussi d'un
appui considérable.
Le tout est complété par des investigations informelles au niveau des différents acteurs dont les
organisations paysannes et les diverses structures d'intervention qui opèrent dans la zone. Ce
dispositif d'enquêtes vient compléter les opérations déjà engagées par nos partenaires potentiels.
Des données qualitatives et quantitatives sont collectées au niveau des parcelles. Il s'agit
d'obtenir des informations quantitatives assez fines pour des analyses économiques. Les
enquêtes sont menées suivant le déroulement des opérations culturales. Le tout est complété par
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
173
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
des investigations informelles au niveau des différents acteurs, dont les organisations paysannes
et les diverses structures d'intervention qui opèrent dans la zone.
Les informations collectées portent essentiellement sur les coûts et quantités des intrants, sur les
itinéraires techniques et pratiques culturales, et sur le niveau d'équipement, de production et de
prix. Par ailleurs, les recommandations de la recherche ont été considérées comme la situation
de référence.
Des analyses de cette étude portent sur des statistiques descriptives (fréquence, variance, écart
type, coefficient de variation, etc.) et sont aussi analytiques (tests non paramétriques, si
nécessaires) avec le logiciel SPSS/PC. L'analyse économique est réalisée à partir d'une approche
par budget de culture.
RESULTATS
Présentation de la zone d’étude
La zone agro-écologique de la Vallée du Fleuve Sénégal est composée de quatre grandes souszones. La haute vallée correspond à la sous-zone de Bakel, dans la région administrative de
Tambacounda. La moyenne vallée amont et celle en aval sont localisées dans la région de SaintLouis respectivement, dans les départements de Matam et de Podor. Le quatrième grand
ensemble constitue le Delta dans le département administratif de Dagana dans la région de
Saint-Louis.
Contrairement à la Casamance, le système de production du riz dans la Vallée est intensif,
faisant appel à une technologie avancée. En 1993, avant la libéralisation de la filière locale, 67
% de la production totale du riz dans cette zone étaient commercialisés. De même, la majorité
de la population rurale active est impliquée dans la production du riz irrigué qui est central dans
l'économie de cette zone.
La part de la région dans le revenu national agricole tiré du riz est estimée à 89 %, tandis qu'elle
représente 41 % pour l'ensemble des autres cultures de rente du pays (ISRA, 1996). Mais
l'essentiel de la production du riz de la Vallée provient du Delta qui représente environ 62 % des
terres de cultures irriguées et 71 % de la production de paddy. Les producteurs de cette localité
ont des superficies plus grandes et utilisent des systèmes de production plus mécanisés. De
manière générale, la production du Delta est essentiellement commercialisée tandis que celle
des autres sous-zones est principalement destinée à l'autoconsommation.
Caractérisation de l'échantillon
L'analyse des données d'enquête est résumée dans le tableau I. On peut noter que les
producteurs de l'échantillon ont en moyenne entre 10 et 20 ans d'expérience en riziculture et
entre l5 et 30 années d'expérience agricole. Ce sont des producteurs expérimentés et donc
réceptifs à toute innovation technologique qui répond à leurs besoins spécifiques. Leur
expérience est un atout en terme de clarification ou de justification de tout processus d'adoption
ou de refus de technologie. Dans le système irrigué, les producteurs sont pour la plupart lettrés.
Le taux d'éducation est de 25 % dans le delta et 15 % en moyenne vallée. Seulement la majorité
d'entre eux est éduquée en niveau primaire (entre 70 et 80 %) et le reste en niveau secondaire.
Ces producteurs sont aussi de sexe masculin et âgés en moyenne de 45 et 47ans, respectivement
pour le delta et la moyenne vallée. L'attribution des parcelles aménagées par la puissance
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
174
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
publique et transférées aux producteurs est faite sur la base de chefs d'exploitation qui sont
généralement des hommes.
Les producteurs suivis sont de riziculteurs pour la plupart. En hivernage, ils sont tous impliqués
dans la production de riz. En contre saison, seul un petit nombre pratique la riziculture. Les
problèmes majeurs posés comme contrainte sont le retard dans la récolte et la commercialisation
de la production hivernale, le retard dans la mise en place du crédit de campagne et aussi le
besoin de diversification des cultures. La taille de l'échantillon a baissé de 90 à 39 producteurs
pendant la campagne de contre-saison. La majeure partie des producteurs qui n'ont pas
reconduit le riz en contre saison ont fait du maraîchage (67 %). Le reste n'a pratiqué aucune
culture pour plusieurs raisons dont notamment le crédit (45 %), les problèmes liés à la gestion
de l'eau (19 %), le retard dans la récolte d'hivernage (16 %) et autres (besoins en main d'œuvre,
débouchés, etc.).
Résultats économiques
Adoption des variétés
Avant la diffusion de ces nouvelles variétés Sahel en 1994, la plupart des riziculteurs de la
Vallée n'utilisaient que deux variétés de riz : la Jaya, à cycle moyen et la IKP, à cycle court. Les
autres variétés introduites jusqu'à récemment n'égalaient pas ces dernières en terme de
rendement, de stabilité ou de qualité du grain. Les études de Bragantini (1990) sur la répartition
des variétés utilisées par département ont montré la prédominance de ces deux variétés dans la
zone. La Jaya représentait 67 % et la IKP 27 % des terres cultivées dans la région en 1990. Le
département de Matam était à 99 % d'utilisation de la Jaya sur les superficies cultivées. De
même, une enquête de la SAED en 1994 dans le Dagana sur 8 producteurs a révélé que 71 %
utilisaient la Jaya et 15 % la IKP et les autres variétés occupaient le reste (SAED, 1994a).
Tableau I : Caractérisation de l'exploitant
Paramètres
Moyenne
45
12
25
20
80
Delta
CV%
Min.
0,41
16
0,55
4
0,62
0,53
-
Maxi.
62
15
-
Moyenne
47
15
15
30
70
Moyenne Vallée
CV% Mini.
0,45
16
7
0,65
0,67
-
Age (an)
Taille ménage
Niveau éducation :
- % niv. Primaire
- % niv. Secondaire
Nbre d’années d’
expérience :
- en agriculture
25
0,45
10
50
30
0,35
15
- en riziculture
20
0,48
10
35
20
0,38
10
Importance riziculture
- Hiv. (% superficie)
100
0,10
100
0,44
- CSC (% superficie)*
20
0,33
10
0,38
L'importance du riz par saison est exprimée en termes de superficie emblavée en riz versus d'autres types
culture.
*Le pourcentage exprime ici, la superficie exploitée en riz en CSC par rapport au total de superficie emblavée
hivernage.
Maxi.
70
20
60
30
de
en
La Jaya et la IKP ont en général des caractéristiques agronomiques très favorables. La Jaya
introduite des Indes en 1970 est d'un très haut rendement avec un potentiel de 9 t/ha. Elle
possède un grain d'excellente qualité, ce qui la rend attrayante à la consommation. Cependant,
elle n'est pas tolérante à la salinité et la longueur de son cycle est inadéquate pour la double
culture. La IKP fut introduite de la Thaïlande quelques années avant la Jaya. Elle a le même
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
175
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
potentiel de rendement que la Jaya (9 t/ha) et peut être cultivée dans toutes les saisons. Du fait
de son cycle de maturité court, elle permet la double culture. Toutefois, la qualité de son grain
n'est pas hautement appréciée. Par contre, la variété qui apparaît en troisième position est la IR1529 introduite vers la fin des années 1980. Cette variété est à cycle moyen avec un rendement
potentiel d'environ 8 t/ha. Son utilisation par les producteurs durant l'hivernage peut égaler celle
de la IKP en rendement et ses qualités culinaires sont comparables à celles de la Jaya.
A partir de 1994, la répartition des variétés en superficie emblavée laisse apparaître les variétés
Sahel et la disparition progressive des variétés Jaya et IKP (tableau II). On note cependant, une
progression faible des taux d'adoption des Sahel (1 à 35 % des superficies emblavées) durant les
deux premières années d'introduction. De 1998 à 2000, les taux d'adoption des variétés Sahel
évoluent fortement et montent jusqu'à 95 % des superficies sous riz en hivernage. Pour les
différentes campagnes depuis leur introduction, les Sahel 108 et 201 sont les plus utilisées. Le
cycle très court et le goût très apprécié en consommation sont les deux facteurs clefs de leur
montée. Pour la campagne rizicole de la contre saison chaude, les producteurs préfèrent les
Sahel 108 leur permettant de récolter vite et préparer la campagne hivernale. Elles sont
emblavées jusqu'à 98 % des superficies rizicoles.
Tableau II : Distribution des variétés emblavées en hivernage 2000/01 de la zone d’étude
Variétés
Superficie
(ha)
Taux de
diffusion calculé
Production
(t)
Rendement
(ha)
calculé
Différentiel
Rendement avec
variétés
traditionnelles*
0,3
0
0
1,1
0,8
0,3
1,2
-0,5
IR 1529
35
25 %
157,5
4,3
Jaya
7
5
28
4
IKP
2,8
2
10,36
3,7
Sahel 108
50,4
36 %
252
5
Sahel 201
11,2
8%
53,76
4,8
Sahel 202
12,6
9%
54,18
4,3
TCS 10
19,6
14 %
96,04
4,9
Autres
1,4
1%
4,9
3,5
TOTAL
140
100 %
* On compare ici les variétés de même cycle. La variété traditionnelle de cycle moyen, la Jaya est comparée avec
IR15-29, Sahel 201, Sahel 202 et autres ; par contre l'IKP, variété traditionnelle de cycle court est le témoin des
variétés Sahel 108 et TCS10.
Les variétés Sahel ont des rendements supérieurs à ceux des variétés traditionnelles (potentiel
de 9 à 10 t/ha). Le cycle de Sahel 108 est plus court que celui du témoin, IKP. Ceci peut
accroître la probabilité de la double culture de riz. La qualité de la graine des nouvelles variétés
est très élevée. De plus, la position de la feuille paniculaire de Sahel 108 fait que les oiseaux
atteignent difficilement la graine. Cependant, les Sahel 201 et 202 ont, dans des conditions de
salinité, montré des baisses de rendements très faibles pendant les expérimentations en cours.
La répartition des variétés en superficie emblavée pour la campagne hivernale 2000/01 montre
que Sahel 108 et IR 15-29 sont les plus utilisées. Elles sont emblavées respectivement sur 50,4
et 35 ha. Ce qui donne pour cette campagne des taux de diffusion ou d'adoption de 36 et 25 %
du total des superficies cultivées en riziculture. Pour la campagne rizicole de la contre saison
chaude (CSC), peu de producteurs ont participé (20% dans le delta et 10 % en moyenne vallée).
La contrainte principale exprimée se situe au niveau du retard dans la commercialisation de la
récolte d'hivernage. Ceci induit au non-paiement intégral des crédits de campagne. Les données
collectées en CSC sont en voie de finalisation.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
176
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
La production hivernale dans l'ensemble des périmètres a cependant, baissé par rapport à son
niveau moyen de 5 t/ha de 1991/92 (SAED, 1994b). Cette baisse est attribuée en partie aux
difficultés de mobilisation de trésorerie nécessaire pour le démarrage à temps de la campagne
(problème d'épargne, disponibilité de crédit, etc.). La majorité des riziculteurs suivis (58 %) ont
fait leur semis dans la deuxième semaine du mois d'août. De même, l'itinéraire semi-extensif
dominant dans ces périmètres pourrait être un facteur influent dans la baisse des rendements. On
note par ailleurs, que la mauvaise qualité des aménagements (PIP et PIV) et le défaut d'entretien
aussi bien des PIV que des GA, faute de moyens adéquats pourraient avoir des conséquences
négatives sur l'évolution des rendements dans ces périmètres.
En contre-saison, les rendements et les niveaux de production sont les moins élevés dans tous
les types de périmètres. Ils sont de 3,2 à 4,5 tonnes à l'hectare. Les producteurs s'en sortent
difficilement. Cette baisse substantielle des rendements de contre-saison est due entre autres au
retard constaté des semis en fin mars début avril (pour plus de 74 % de notre échantillon) etaux
attaques aviaires constatées dans le Delta.
La pratique de la double culture en riz est faible dans le Delta. Avec la disponibilité de l'eau
toute année, cette option a toujours été le fonds de commerce des autorités. Cependant, les
réalités du terrain sont telles que peu de producteurs le font. L'intensité culturale est un élément
déterminant dans la performance de la filière rizicole (Martin, 1988). Actuellement, ce taux
d'intensité est très faible. Il se situe à 30 % à l'échelle de l'étude avec une forte variation par
zone et par type de périmètre.
Elasticités-prix à l'offre et à la demande
Le riz constitue une denrée stratégique pour le bien être social aussi bien chez les ménages
urbains que ruraux. Ainsi, la fixation des prix a toujours été un paramètre de forte sensibilité
politique. Pour les syndicats attachés à la préservation du pouvoir d'achat des travailleurs, tout
renchérissement du prix du riz qui absorbe une bonne partie du budget des ménages est de
nature à déclencher des revendications salariales. Des études empiriques et bibliographiques
nous ont permis d'estimer les élasticités-prix par rapport à l'offre et par rapport à la demande.
Toutes les études économétriques disponibles montrent que la consommation des céréales de
base et plus particulièrement du riz est relativement inélastique par rapport au prix (Kite, 1993).
Autrement, la demande des céréales de base, notamment le riz n'est pas entièrement régulée par
les prix. Sur le plan de la substitution du riz par les céréales traditionnelles, peu d’études ont été
effectuées. Kite (1993) note que les élasticités-prix croisés du riz et des céréales traditionnelles
sont soit très faibles voire même insignifiantes, soit significativement négatives. En règle
générale, le riz est plus associé aux couches sociales moins pauvres bien qu'il y ait des
exceptions notables selon les zones et les années.
A moins que la production du riz local augmente très rapidement, la demande croissante du riz
ne fera que renforcer la dépendance du Sénégal vis-à-vis des importations et ceci est contraire
aux objectifs de l'Etat qui visent à restaurer l'équilibre de la balance commerciale. Ainsi,
I'introduction de variétés à rendements élevés et à cycle court deviendra de plus en plus une
priorité dans le futur.
Compte tenu de la possibilité de réaction rapide des producteurs de riz irrigué aux changements
de prix, nous avons estimé l'élasticité-prix de l'offre à 0,7.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
177
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
Taux de rentabilité interne
Avec les taux de diffusion réels des nouvelles variétés, le Taux de Rentabilité Interne (TRI)
pour la simple culture annuelle est de 75 %. En double culture annuelle de riz, le TRI se situe à
78 %. Ces taux confirment la rentabilité de l'effort de recherche et de vulgarisation de ces
nouvelles variétés par rapport aux coûts engagés. Le résultat devient plus intéressant avec la
pratique de la double culture. Ceci reflète l'avantage induit par ces variétés à cycle court pour
une augmentation de l'intensité culturale avec la pratique de la double culture annuelle en riz.
La valeur actualisée nette des investissements de la recherche et de la vulgarisation à un taux
d'intérêt de 10 % est de plus de 7,35 milliards pour la simple culture et de 8,25 milliards pour
l'option de la double culture rizicole annuelle. Il ressort de ces résultats que les investissements
consentis dans la recherche et la vulgarisation sont des investissements alternatifs viables pour
l'utilisation des fonds publics. La rentabilité ainsi exprimée demeure de loin supérieure aux taux
cibles de 40 à 45 % qui sont généralement préconisés dans les instances de décision pour la
viabilité des projets économiques de développement ou des investissements publics ou privés.
Effets induits en Mauritanie
L'introduction de variétés au Sénégal transite forcément en pays frontalier. Ce transfert passe
par deux mécanismes. Le premier est la voie formelle à travers d'une part la coopération avec
l'ADRAO Sahel basé au Sénégal et d'autre part par les structures de multiplication de semences
privées du Sénégal. Le deuxième circuit est informel et il passe de paysan à paysan à travers les
deux rives. L'ADRAO travaille et appuie la structure de recherche agricole (CNRADA) et la
structure de développement (SONADER). En 1995, après les bonnes performances des variétés
Sahel, le programme national de recherche de la Mauritanie effectue des recherches
d'adaptabilité et parallèlement, les premiers producteurs les cultivent. Les résultats d'analyse de
la partie mauritanienne montrent un TRI de 68 % avec une seule culture d'hivernage. En faisant
la moyenne arithmétique, le TRI des deux pays se situe à 71,5 %. L'analyse globale produit par
contre un TRI des deux pays de 74 % en simple culture et de 77 % pour la double culture
seulement effective au Sénégal. La valeur actualisée nette passe de 5,8 à 8,2 et de 8,2 à 9
milliards respectivement pour la simple et double culture en moyenne arithmétique et analyse
globale. Ceci montre que par le fait d'un transfert d'innovations technologies, les deux
populations riveraines en bénéficient. Les résultats confirment la rentabilité des investissements
de la recherche.
CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS
Il ressort globalement de ces résultats que l'investissement dans la recherche et la vulgarisation
est une alternative intéressante pour l'utilisation des fonds publics. L'option de la double culture
produit une rentabilité plus élevée (78 %). Ceci montre que la rentabilisation de tels
investissements passe aussi par une intensification de la production. Ces résultats affirment la
réussite des recherches menées en relation avec un système efficace de transfert de
technologies. Les performances de la recherche seraient beaucoup plus en vue si l'ensemble des
leviers d'innovations technologiques ont été intégrés en plus de la création variétale.
La production de riz irrigué est très coûteuse. Par conséquent, il importe de trouver entre autres,
des variétés de riz à rendements élevés, non seulement pour satisfaire la demande sans cesse
croissante des producteurs, mais également pour justifier et rentabiliser l'utilisation efficiente
des aménagements hydro-agricoles de la Vallée dont les coûts sont relativement élevés. Les
nouvelles variétés cultivées devraient également être à maturité rapide pour permettre la double
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
178
Variétés améliorées dans les systèmes de riziculture irrigué du Delta du fleuve Sénégal – FALL, A. A..
culture du riz. Par ailleurs, la libéralisation en cours de la filière riz devrait inciter les
riziculteurs à la recherche de variétés de riz donnant une bonne qualité de graine à l'usinage.
Cette nouvelle ère de concurrence augmente la demande des producteurs en variétés adaptées
aux conditions physiques, biologiques et socio-économiques de la Vallée.
Pour la région, les possibilités d'accroissement de la production dans des conditions de
production sécurisées résident essentiellement dans l'exploitation judicieuse des marges de
progrès potentielles qui existent tout au long de la filière. La production de riz a en effet
augmenté depuis l'indépendance. Il existe encore des marges de progrès importantes au regard
des niveaux de rendements obtenus et en matière de gestion de la culture sans incidence
proportionnelle en consommation d'intrants. Mais la réalisation de ces progrès suppose au-delà
des facteurs agronomiques, l'amélioration de la qualité des aménagements, des mesures
institutionnelles amont (disponibilité d'intrants et de semences de qualité, crédit adapté,
formation, etc.) et en aval (commercialisation, transport, transformation, politique de prix à la
qualité, etc.) de la production.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Bragantini, C. 1990 "Etude Sur la Qualité des Semences de Riz au Niveau des Paysans de la
Région de Saint-Louis", M.D.R.H., Projet A.P.S., Dakar, 1990.
ISRA, 1996 Plan Stratégique de la zone agrobiologique du Fleuve
Kite, R., 1993 "Senegal: Implications for the Rice Policy Dialogue", USAID/Dakar, Revised
September 1993.
Martin, F. 1988 "Food Security and Comparative Advantage in Senegal: AMicro-Macro
Approach", unpublished dissertation submitted to Michigan State University, 1988.
SAED, 1994a "Estimation de la Production de Paddy dans la Délégation de Dagana : Hivernage
93/94", Saint-Louis, Avril 1994.
SAED, 1994b "Estimation des Productions en Riz-Mais-Sorgho : Hivernage 1993/94", Saint
Louis, Avril 1994.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
179
Promotion de la filière rizicole dans les départements du Zou et des Collines – KODJO, S.
CONTRIBUTION DE LA VULGARISATION A LA
PROMOTION DE LA FILIERE RIZICOLE DANS LES
DEPARTEMENTS DU ZOU ET DES COLLINES
KODJO, S.
RDR Dassa-Zoumé, Tél : (229) 53- 00- 78 / 05- 27 – 31; Fax : (229) 51-00-05/30-07-36
E-mail Siskodfr @ yahoo,fr
Résumé :
Dans un passé assez récent, la culture du riz constituait une activité très peu développée dans les
départements du Zou et des Collines. Le riz pluvial, plus répandu dans cette région du Bénin,
était cultivé surtout par les migrants venus du Nord-Est du pays en association dans les champs
d’igname. Les efforts menés au cours des dernières années par les institutions de recherche, les
services de vulgarisation, les ONG, les Projets et programmes intervenant dans la riziculture ont
permis d’atteindre un niveau fort appréciable dans la promotion rizicole. L’étude a permis
d’établir un répertoire des principaux acteurs de la promotion rizicole dans les deux
départements, les types d’interventions mises en œuvre par chacun, les approches utilisées et
leurs impacts perceptibles sur le développement de la culture. Ainsi, il a été établi au terme de
l’étude, que plusieurs partenaires interviennent dans la vulgarisation pour la promotion de la
riziculture et que les actions menées et les modes d’interventions varient d’un partenaire à l’autre.
OBJETIFS DE L’ETUDE
-
Identifier les intervenants dans la promotion rizicole des départements du Zou et des
collines ;
-
Inventorier les types d’intervention et les approches utilisées et ;
-
Analyser l’impact des divers interventions sur la promotion rizicole.
MATERIELS ET METHODES
Collecte de données et d’informations relatives aux actions menées par les institutions de
vulgarisation, de recherche et les ONG intervenant dans la promotion rizicole par :
-
Une étude documentaire (CARDER-ZOU, 1991-2001 ; CARDER-ZOU, 1995,
PICARDIE-CIDR, 2000 ; PICARDIE-CIDR, 2001 ; CDV, 2000 ; CDV, 2001 ;
CAC/PCD Z-C, 1998).
-
Des entretiens avec les responsables et cadres des institutions (CARDERZOU/Collines, Secteur agricoles, ONG, Recherche rizicole).
-
Des interviews semi -structurées avec les organisations de Riziculteurs.
-
Des visites des réalisations d’infrastructures, de matériels et d’équipements des
organisations de riziculteurs.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
180
Promotion de la filière rizicole dans les départements du Zou et des Collines – KODJO, S.
RESULTATS
Partenaires identifiés
-
Institutions d’Etat : CARDER- ONS.
-
Les ONG : CIDR, Atelier GREF, SASAKAWA Global 2000
-
Organisations de Riziculteurs : UNIRIZ.
-
Projet et Programmes : Projet BEN- 91/2002 et PISEA
-
Recherche : Unité de Recherche Rizicole- ADRAO
Le CARDER-ZOU a été le principal acteur de la promotion rizicole ces dernières années par
la mise en œuvre du Projet de Restructuration des Services Agricoles (PRSA) et du Système
National de Vulgarisation Agricole (SNVA) renforcés par l’Approche Participative Niveau
Village (APNV).
Les actions menées par cette institution ont porté sur :
-
La formation des agents d’appui - conseils et producteurs sur les techniques de
production et d’aménagement sommaire de bas-fonds
-
La conduite des tests variétaux
-
Les inventaires, étude et aménagements des bas-fonds
-
Les appuis divers (techniques, financiers et matériels) aux semenciers et riziculteurs et
organisations de riziculteurs
-
La vulgarisation de semences adaptées et de produits phytosanitaires de tous genres et
de filets japonais pour la lutte anti-aviaire.
Les programmes et projets interviennent par les actions d’appuis financiers à la production
(PISEA) et la conduite d’essais variétaux sur le riz pluvial.
Les ONG, notamment le CIDR, l’Atelier GREF et SASAKAWA-Global 2000 ont mené des
actions assez importantes dans le sens des aménagements sommaires des bas-fonds, la formation
des producteurs à l’exploitation des sites rizicoles et l’octroi de crédit intrants et d’équipements
en matériel de transformation (décortiqueuses et vanneuses) aux organisations paysannes.
L’Union des Producteurs du Riz (UNIRIZ) quant à elle a mené des opérations de formation
des élus, du personnel et des membres de groupements de base, de visites d’échanges
d’expériences, d’aménagements, d’acquisition d’équipements et d’intrants, de mise en place
de crédit, de prestations de services en machinisme agricole pour la riziculture et de
commercialisation des produits (riz).
Types d’intervention répertoriés
-
Formation et appui conseil sur les techniques de riziculture ;
-
Aménagement des bas-fonds ;
-
Tests variétaux selon la topo-séquence : 1RAT 136, DJ 11- 307 et DJ 11-365 et autres
tests sur le riz pluvial ;
-
Suivi des semenciers ;
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
181
Promotion de la filière rizicole dans les départements du Zou et des Collines – KODJO, S.
-
Vulgarisation des produits de lutte contre les déprédateurs de semis, de filets japonais
pour le lutte anti-aviaire ;
-
Formation des riziculteurs aux techniques d’étuvage de riz ;
-
Octroi de crédits pour la riziculture (intrants, labour, etc.) ;
-
Equipement en matériel agricole et de transformation ;
-
Vulgarisation d’herbicides pour le contrôle des adventices ;
-
Constructions de puits maraîchers, aires de séchage et arbres ;
-
Contribution à la PVS- Recherche et préparation PVS-Vulgarisation ;
-
Prestations des services en machinisme agricole ;
-
Visites d’échanges d’expériences.
Approches utilisées
-
Formation- visite avec paquet technologique (approche verticale)
-
Diagnostic d’exploitation et recherche de solution par la méthode ZOP ;
-
Diagnostic participatif global dans les villages de riziculteurs ;
-
Vente promotionnelle des produits phytosanitaires, des filets japonais, etc. ;
-
Mise en œuvre de l’approche genre dans les diagnostics ;
-
Préparation, conduite et évaluation de différents tests et essais ;
-
Appui- conseil aux micro- projets rizicoles ;
-
Formation des riziculteurs sur site : Techniques d’aménagement et de production.
Impact des diverses interventions sur la promotion rizicole
-
Accroissement rapide et très significatif des superficies 413,6% de taux
d’accroissement en 6 ans (de 1996 à 2001) : regain d’intérêt pour la production ;
-
Evolution des rendements et de la production en valeurs absolues, mais des variations
en dents de scie du fait des irrégularités pluviométriques et de la faible maîtrise de
l’eau ;
-
Les zones à fortes potentialités pour la culture (sols limoneux et riche) et en condition
de bonne maîtrise de l’eau ont atteint des maxima de rendement de 4,500 kg/ha ;
-
Amélioration de savoir-faire des riziculteurs en techniques de riziculture ;
-
Accroissement des effectifs de riziculteurs et des organisations rizicoles ;
-
Adoption de nouvelles variétés plus productives et de nouvelles technologies mais les
résultats restent assez moyens ;
-
Création d’emplois pour les jeunes ;
-
Contribution à l’autosuffisance et la sécurité alimentaires ;
-
Augmentation des revenus des riziculteurs.
A titre illustratif il a été noté une évolution très rapide des superficies mises en valeur pour la
riziculture dans les départements du Zou et des Collines passant de 1.650 ha en 1996 à 8.475
ha en 2001 soit un taux d’accroissement de 413,6 % en six (6) ans. De plus les rendements
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
182
Promotion de la filière rizicole dans les départements du Zou et des Collines – KODJO, S.
obtenus dans les rizières sont passés d’une moyenne de 2.100 kg / ha à 3.750 kg /ha de riz
paddy avec des maxima qui ont atteint 4.500 kg /ha par exemple dans les Sous-Préfectures de
Covè et de Zagnanado en condition de maîtrise de l’eau.
Limites des actions de vulgarisation :
Les limites des actions de vulgarisation ont été identifiées. On peut citer entre autres :
-
le faible taux d’encadrement des producteurs ;
-
l’insuffisance des moyens pour financer les aménagements et le matériel agricole /
transformation ;
-
la faible maîtrise de l’eau ;
-
l’inexistence de structures d’approvisionnement en intrants spécifiques pour le riz ;
-
l’inexistence de circuit de commercialisation ;
-
les problèmes posés par l’apparition de nouvelles adventices comme Ramphicarpa
fistulosa ;
-
la concurrence du riz local par le déversement du riz issu d’un don Japonais.
PERSPECTIVES
Les actions de vulgarisation ont été menées dans les départements du Zou et des Collines par
une multitude d’acteurs dont la synergie d’action devra être renforcée de manière permanente.
Ces structures pourraient servir efficacement de relais à toutes sortes d’interventions
extérieures, eu égard aux nombreux défis de la filière rizicole. Mais l’insuffisance des
résultats obtenus impose surtout une implication beaucoup plus active et décisive des
décideurs dans le sens de la résolution des problèmes d’allocation des ressources pour les
aménagements de bas-fonds, les équipements en infrastructures, intrants et matériels, les
facilités d’accès aux crédits et la protection du marché des productions locales.
La présente étude pourrait être poursuivie par une étude complémentaire sur les facteurs
d’accélération de l’adoption des nouvelles variétés de riz pluvial plus éprouvées dans les
Départements du ZOU et des Collines. Les conclusions de ce travail pourrait constituer un
bon ferment pour l’ancrage rapide des NERICA dans la zone d’étude.
Pour améliorer l’impact de la vulgarisation sur la promotion rizicole, il a été recommandé la
poursuite et le renforcement des synergies d’interventions entre les intervenants, le soutien
plus accru de nos décideurs à la promotion de la filière, la recherche beaucoup plus
responsable de solutions aux problèmes d’intrants spécifiques pour le riz, la promotion de la
mécanisation, les facilités d’accès aux crédits et la mise en place de mécanismes de
commercialisation plus favorables aux productions locales.
Le taux d’adoption et le nombre de variétés nouvelles adoptées également restent faibles. Ces
indicateurs pourraient être améliorés assez rapidement avec des activités de marketing social
ou d’IEC sur les nouvelles variétés sur les radios de proximité par exemple.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
183
Promotion de la filière rizicole dans les départements du Zou et des Collines – KODJO, S.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CARDER-ZOU, Rapport annuels et plans de campagne agricoles de 1990- 91 à 2000 – 2001
CARDER–ZOU, 1995 Bilan et perspectives des actions de développement rural dans le
Département du ZOU : Bohicon 1995.
PICARDIE-CIDR, 2000 : Programme de Promotion du Développement Local : composante
modernisation de l’agriculture, rapport d’activités 2000.
PICARDIE-CIDR, 2001 : Programme de Promotion du Développement Local : composante
modernisation de l’agriculture, rapport d’activités 2001.
CDV (Comité Départementale de Vulgarisation), 2000 Planification et rapport d’activités
1999- 2000.
CDV (Comité Départementale de Vulgarisation), 2001 Planification et rapport d’activités
2001.
CAC PCD Z-C, 1998 Guide pour la production de riz dans le Zou –nord, Mai 1998.
Actes du 4Rs 2002
Economie du riz
184
RAVAGEURS ET MALADIES DU RIZ
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
Le virus de la marbrure du riz au Bénin – YEHOUENOU, A. et ASSIGBE, P.
INVENTAIRE ET EVALUTION DE L’IMPACT DU VIRUS DE
LA MARBRURE JAUNE DU RIZ (RYMV) AU BENIN :
SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES
YEHOUENOU, A. et ASSIGBE, P.
Centre de Recherche Agricole – Sud Bénin,BP 03, Attogon, Rép. Bénin.
Résumé :
Le riz est produit au Bénin dans trois types d’écosystème qui sont les bas-fonds, les périmètres
irrigués et les plateaux en terre exondée. Cette diversité agroécologique soumet le riz à l’attaque
d’une multitude de maladies dont la marbrure jaune du riz. Une enquête exploratoire a été
organisée pour cerner l’ampleur de la maladie. De nombreux bas-fonds et plateaux dans les
différentes zones agro-écologiques ont été prospectés. Cette prospection a révélé que des
maladies comme la cercosporiose et l’helminthosporiose sévissent à plus de 80% dans la plupart
des bas-fonds. La toxicité ferreuse sévit dans la plus part des bas-fonds du département de la
Donga, au nord-ouest du Bénin. La marbrure jaune a été observée dans le périmètre aménagé de
Malanville (département de l’Alibori), à Gamboré (département de l’Atakora) et à Owodora
(département du Borgou). Dans la liste fournie des agents vecteurs citée par la littérature, seul
Nephotettix a été collecté, Echinochloa sp. attaquée par la maladie peut être perçue comme un
hôte alternatif.
INTRODUCTION
Le riz est l’une des principales cultures vivrières dans le monde. Sa consommation est en forte
progression ces dernières années en Afrique de l’Ouest où il est cultivé à divers degrés dans
presque tous les pays de la sous-région. Au Bénin, il est produit dans trois types d’écosystèmes :
les bas-fonds, les périmètres irrigués avec maîtrise de l’eau et sur les plateaux en terre exondée.
L’agroécologie du riz lui confère une prédisposition pour toutes sortes de déprédateurs, plantes,
pathogènes, insectes et vertébrés (Diarra, 1990). Les maladies traditionnelles (pyriculariose,
helminthosporiose) et les adventices ont constitué jusque là les contraintes majeures à la
production du riz au Bénin.
Mais ces dernières années, les manifestations de la marbrure jaune du riz (Rice Yellow Motle
Virus ou RYMV) retiennent de plus en plus l’attention des paysans riziculteurs. Découverte en
1966 au Kenya autour du lac Victoria par Bakker, cette maladie s’est répandue de façon
prodigieuse dans presque tous les pays africains où se pratique la culture du riz. La visite de
certains périmètres avait permis de constater que de sérieux dégâts sont causés aux cultures par
ce fléau.
Une enquête exploratoire a été alors organisée. Elle vise avant tout l’accumulation de données
scientifiques nécessaires à l’élaboration d’une stratégie de lutte contre cette maladie.
Les objectifs de cette enquête ont été de :
-
cerner l’ampleur de la manifestation de cette maladie sur le territoire national ;
Actes du R4S 2002
Ravageurs et maladies
186
Le virus de la marbrure du riz au Bénin – YEHOUENOU, A. et ASSIGBE, P.E
-
avoir une appréciation de la perception du phénomène par les paysans ;
apprécier les dégâts de la maladie ;
réaliser la carte sémiologique de la maladie ;
définir des méthodes de lutte.
METHODOLOGIE
Dans les zones rizicoles, des causeries ont été organisées avec les paysans soit collectivement soit
individuellement. Des parcours ont été déterminés pour des prospections au cours desquelles,
l’équipe de prospection s’arrête tous les 5 km et inspecte les bas-fonds rizicultivés ou non. Les
bas-fonds situés entre 2 points d’arrêt sont aussi fouillés. Des insectes sont collectés et identifiés.
La première phase de cette prospection a été réalisée en septembre 2000. Les plants de riz étant
un peu trop jeunes, une deuxième tournée a été réalisée en octobre 2000. Cette dernière a permis
de parcourir pratiquement les mêmes itinéraires. La troisième tournée réalisée en octobre 2001 a
permis de cerner de près les départements de l’Atacora et de la Donga. Une quatrième visite a été
organisée sur les sites du Sud-Bénin en octobre/novembre 2001. Les cinq (5) zones
agroécologiques que compte le Bénin ont été parcourues.
Les itinéraires suivis ont été :
-
Niaouli-Bohicon-Dassa-Savè-Tchaourou-Parakou-Kandi-Malanville
Kandi-Banikoara-Kérou
Parakou-Bétérou-Djougou-Natitingou
Natitingou-Tanguiéta-Cobly-Boukoumbé-Natitingou
Djougou-Ouaké-Djougou-N’Dali –Parakou.
Des investigations ont été menées dans les bas-fonds ci-après :
-
les bas-fonds et le périmètre aménagé de Malanville
le bas-fonds de Owodora (5 km au sud d’Ina)
les bas-fonds de Gamboré à 12 km à l’est de Kérou
le bas-fonds de Gorobani à 46 km à l’est de Djougou
la retenue d’eau de Tchakalakou à côté de Toukoutouna
les basses terres de Tchibari-Pahoun (village de Tiébé à 14 km de Tanguiéta)
le bas-fond de Tokibi (à 20 km de Cobly)
le bas-fond de Tatouta (à 28 km à l’ouest de Boukoumbé)
le bas-fond de Founga (à 8 km à l’ouest de Djougou)
le bas-fond de Barei (à 12 km à l’ouest de Djougou)
le bas-fond de Anoum (à 20 km à l’ouest de Djougou)
le bas-fond Akèkèrou à l’est de Djougou
le bas-fond de Ouédémè et de Mgoumi (dans Glazoué)
le bas-fond de Lèma (dans Dassa ),
Le périmètre de Koussin-Lélé (Covè)
Le périmètre de Dévé (Mono)
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
187
Le virus de la marbrure du riz au Bénin – YEHOUENOU, A. et ASSIGBE, P.E
RESULTATS ET DISCUSSION
Suite à ces prospections, on a constaté surtout dans les départements de l’Atacora et de la Donga
ce qui suit :
-
la grande majorité des bas fonds est abandonnée ; de ceux qui sont encore en exploitation,
très peu sont aménagés ;
-
l’autoensemencement fait qu’il y a beaucoup de mélange au niveau des semences ;
-
les maladies comme la cercosporiose et l’helminthosporiose sévissent à plus de 80% dans
la plupart des bas-fonds. La variété de riz R 66 paraît tolérer ces maladies ;
-
la toxicité ferreuse sévit dans la plupart des bas-fonds du département de la Donga ;
-
la marbrure jaune est absente des départements de l’Atacora (sauf à Kérou), de la Donga ;
de même que les départements des Collines, du Zou et ceux du Sud Bénin.
Par contre la maladie a été observée de manière impressionnante dans le périmètre aménagé de
Malanville dans l’Alibori (ex département du Borgou), à Gamboré à peu près à 12 km à l’est de
Kérou (département de l’Atacora) et à Owodora à 5 km au sud d’Ina dans le département du
Borgou. De nos causeries, les paysans avouent ne détenir aucune méthode de lutte contre ce mal.
Ils assistent impuissants à ses dégâts.
La présence de la maladie à Malanville peut s’expliquer par le fait que le périmètre irrigué de
Malanville est situé dans la vallée du fleuve Niger. Les eaux d’irrigation proviennent de ce fleuve
qui arrose parmi tant d’autres pays, la République du Niger où, selon la littérature, il a été
observé près de 70% d’infestation (Assigbé, 1999), la République du Mali, où la maladie a été
également signalée (Diarra, 1990 ; Hamadoun et Traoré, 1997) et la République du Nigeria où les
périmètres rizicoles ont été sérieusement menacés par la maladie en 1985. Il y a alors une
indication claire que la maladie peut sévir fortement dans la région de Malanville à cause de la
proximité du Niger et du Nigéria. De nombreuses études en conditions contrôlées ont établi que
l’eau d’irrigation en tant que telle ne jouait aucun rôle dans la transmission de la maladie. Le
périmètre de Malanville qui est un périmètre aménagé où la culture du riz peut se faire tout au
long de l’année, répond parfaitement à des conditions propices à la manifestation de la maladie.
Mieux ce périmètre est situé au bord du fleuve Niger qui durant les périodes d’inondation, charrie
des débris végétaux et transporte des végétaux de toutes sortes pouvant abriter des insectes
vecteurs d’une région infestée située en amont vers les régions situées en aval. Il a été observé la
présence de Nephotettix sp. agent vecteur responsable de la transmission de la marbrure jaune du
riz (Hamadoun et Traoré, 1997). Echinochloa sp., une mauvaise herbe attaquée par la maladie,
peut être perçue comme un hôte alternatif. Le bas-fond de Gamboré est situé dans le lit d’un
cours d’eau fugace qui s’assèche périodiquement durant la grande saison sèche. On ne sait pas
encore si ce cours d’eau a un lien avec le Mékrou qui est un affluent du fleuve Niger. Le bas fond
de Owodora près de Ina communique également avec un cours d’eau fugace dont on ignore
encore le parcours naturel. Sur ce bas fond il a été observé la maladie et l’agent vecteur. En ces 2
endroits rizicoles, il n’existe pas de système d’irrigation ; donc le riz ne se cultive pas de façon
intensive. Mais il se cultive tous les ans aux mêmes endroits et aux mêmes moments
pratiquement. Ces conditions sont peut être suffisantes pour l’expression de la maladie et comme
l’ont rapporté Fomba et al. (1995), l’inoculum de la marbrure est presque toujours présent dans
les agroécosystèmes rizicoles.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
188
Le virus de la marbrure du riz au Bénin – YEHOUENOU, A. et ASSIGBE, P.E
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Suite à ces prospections, on peut dire que la mosaïque jaune du riz existe au Bénin, dans les
régions septentrionales du pays (les départements du Borgou et de l’Alibori et la partie nord est
du département de l’Atacora). La présence de la maladie à Gamboré et à Ina constitue une zone
d’ombre qui soulève bien des questions qu’il convient d’élucider les années à venir. Les
perspectives d’avenir nous obligent à :
-
suivre l’évolution de la maladie, sa progression vers les régions sud du pays ;
-
surveiller sa présence à Gamboré et à Ina de manière à mieux cerner ses manifestations
dans ces zones et les causes de sa présence ;
-
pousser les investigations en vue d’identifier tous les vecteurs possibles de la maladie,
d’étudier la dynamique des populations de ces vecteurs ;
-
quantifier les dégâts et évaluer l’incidence et la sévérité de la maladie sur les périmètres
où elle est rencontrée ;
-
procéder à des criblages pour la résistance variétale contre la maladie.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Assigbé, P. 1999 Rapport de mini-prospection sur la marbrure jaune du riz. Programme rizicole,
Bohicon/Bénin.
Diarra, A. 1990 Les ennemis du riz dans le Sahel. Pp. 159-169 In : Lutte intégrée contre les
ennemis des cultures vivrières dans le Sahel (eds. INSAH et John Libbey) 1992, Bamako.
Deuxième séminaire sur la lutte intégrée contre les ennemis des cultures vivrières dans le
Sahel-Bamako, Mali, 4-9 janvier 1990.
Fomba, S. N., Monde, S. S., Mansaray, B. R., Taylor, M. S., Jusu, M. S. and Jalloh, A. B. 1995
Occurrence of rice Yellow Mottle Virus and breeding for resistance in Sierra Leone. In :
Proceedings of the international symposium on rice Yellow Mottle Virus held at the
hedquarters of the West Africa Rice Development Association (WARDA), Mbé, Bouaké,
Côte d’Ivoire, 18-22 September 1995.
Hamadoun, A. et Traoré, M. 1997 Dynamique de population des insectes vecteurs de la
panachure jaune du riz (RYMV) au Mali : cas du Périmètre intégré de Sélingué – Réunion
annuelle du Groupe d’Action Système de protection intégrée du riz, ADRAO, Bouaké 3-5
mars 1997.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
189
Enfouillissement de paille virosée et RYMV – N’GUESSAN, P. et GABEHORY, K.
ETUDE DE L'EFFET DE L'ENFOUISSEMENT DE LA PAILLE
DE RIZ VIROSEE SUR L'EPIDEMIOLOGIE DU RYMV
N’GUESSAN, P. et GABEHONRY, K.
CNRA, Programme Riz, BP. 440 Man, Côte d’Ivoire
Résumé :
L’étude de l’effet de l’enfouissement des résidus de récolte virosé sur le développement des
épidémies du RYMV a été effectuée en utilisant la variété Bouaké189, sensible à la maladie. Les
résultats montrent que cette pratique pourrait contribuer à l’apparition de la maladie dans les
hamps mais n’est certainement pas le facteur principal.
INTRODUCTION
Le RYMV est la maladie virale la plus importante du riz connue aujourd’hui en Afrique. Il
entraîne des pertes de production de l’ordre de 20 à 100% en fonction de la variété, de la date
d’infection et de l’environnement (Awoderu, 1991; Hamadoun, 1994). En Côte d’Ivoire, elle est
présente dans toutes les zones productrices de riz, notamment de bas-fond, avec une incidence
économique variable. Cependant, peu de travaux ont été consacrés à l’épidémiologie et aux
méthodes de lutte. Des observations empiriques réalisées par certains auteurs rapportent que l’eau
de ruissellement des parcelles infectées, le frottement d’une feuille malade sur une feuille saine
dû à l’action du vent, l’enfouissement des résidus de récolte tel que pratiqué par beaucoup de
paysans lors de la mise en place de nouvelles parcelles de riz irrigué, etc… sont déterminants
dans le développement des épidémies de la panachure jaune du riz (Reckhaus, 1994 ; Maran,
1997 ; Sarra, 1998). Ce travail a pour objectif de préciser le rôle de la pratique de l’enfouissement
des résidus de récolte virosés sur l’apparition de la maladie dans le champ.
MATERIEL ET METHODES
Le travail a été effectué à la station expérimentale du CNRA-Man. Le matériel végétal est
constitué par la variété Bouaké189, sensible au RYMV et qui est largement cultivée en Côte
d'Ivoire.
Le travail a été conduit dans un environnement protégé (en cage) à l'abri des insectes vecteurs
potentiels du RYMV. Les dimensions de la cage sont de 12 m x 7 m sur 2 m de haut. Elle est
recouverte d'un filet moustiquaire à mailles fines. Il comporte une phase préliminaire qui a
consisté à produire la paille de riz virosée et non virosée à enfouir et l’essai proprement dit.
Production de la paille virosée et non virosée
Elle a été effectué dans un dispositif en blocs de Fisher comportant deux (2) traitements (T0 :
parcelle non inoculée et T1 : Parcelle inoculée) avec trois (3) répétitions.
La parcelle élémentaire mesure 2 m x 2 m et elle comporte 10 lignes de 10 poquets avec des
écartements de 20 cm x 20 cm. La distance entre les répétitions voisines et entre les parcelles est
de 1 m.
Actes du R4S 2002
Ravageurs et maladies
190
Enfouillissement de paille virosée et RYMV – N’GUESSAN, P. et GABEHORY, K.
Les semences de la variété Bouaké 189, ont été mises en pépinière avant la préparation du terrain.
Celle-ci a consisté en un nettoyage suivi d'un labour et d'un planage, une semaine avant le
repiquage. Un apport d'engrais NPK (10.18.18) a été effectué après le planage à raison de 150
kg/ha. Le repiquage a eu lieu au bout de 21 jours de pépinière, à raison de 1 plant/poquet. Un
apport d'urée a été effectué au stade tallage à raison de 50 kg/ha (soit 20 g/parcelle). Le
désherbage a été effectué au besoin.
L'inoculation a eu lieu 14 jours après le repiquage. L'inoculum est constitué par 60 g de feuilles
de riz virosées prélevées dans des champs de riz situés dans un rayon de 3 km autour de la station
de recherche et broyées dans 1 litre d'eau distillée, immédiatement avant l'inoculation. A ce
broyat, a été ajouté du sable fin stérilisé. L'inoculation a consisté à frotter 2 ou 3 fois de la base
vers le haut le plant de riz avec les doigts trempés dans l'inoculum. Dans chaque répétition, une
parcelle sur deux a été inoculée. Les parcelles non inoculées ont été entourées avec du film
plastic enterré jusqu'à une profondeur de 30 cm pour éviter une éventuelle contamination due au
passage de l’eau des parcelles inoculées vers les non inoculées.
Mise en place de l’essai
Toutes les opérations ont commencé par les parcelles non inoculées (T0). Au bout de 28 jours
après l'inoculation, il a été procédé à la coupe des plants non inoculés, puis des plants inoculés.
Par la suite, la paille récoltée et les souches ont été enfouies dans le sol.
Le repiquage a été fait immédiatement après l'enfouissement de la paille et des souches à partir de
plants d’une deuxième pépinière de Bouaké 189. Les plantules de 21 jours ont été repiquées, à
raison d'un plant/poquet. L'écartement entre les lignes et sur la ligne est le même que
précédemment, ainsi que le nombre de lignes et de poquets par ligne.
L'entretien a consisté en un désherbage manuel à partir de deux semaines après le repiquage. Un
apport de fertilisants (NPK 10.18.18 et urée) a été effectué comme précédemment décrit pour
assurer un bon développement des plantes.
Paramètres mesurés
Pouvoir infectieux des particules virales après l’enfouissement
Après la préparation du sol et avant le repiquage des parcelles de l’essai, nous avons prélevé par
répétition et par parcelle des échantillons de sol. Ces échantillons ont été inoculés à des jeunes
plants de 21 jours, de la variété Bouaké189. L'objectif est de savoir s'il existe des particules
virales dans le sol et si elles conservent leur pouvoir infectieux. Afin de s'assurer que les
symptômes qui seront éventuellement développés ne sont pas le fait de la boue ou tout autre
chose, des témoins constitués par des plants inoculés avec la boue prélevée dans les parcelles non
inoculées et par des plants inoculés avec des échantillons de feuilles de riz virosées ont été
prévus.
Contamination des plants
Les plants de riz présentant des symptômes de jaunissement caractéristiques du RYMV ont été
recensés à 14 et 56 jours après la transplantation.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
191
Enfouillissement de paille virosée et RYMV – N’GUESSAN, P. et GABEHORY, K.
Composantes du rendement
Afin d'évaluer l'impact de la maladie sur les composantes du rendement de la variété Bouaké189,
les mesures suivantes ont été effectuées, à la maturité : hauteur, nombre de talles fructifères,
poids des grains à un taux d’humidité d’environ 14%.
Les résultats ont été analysés avec le logiciel statistique STAT-ITCF. En cas de différence
significative, le classement des moyennes a été fait par le test de Newman et Keulhs au seuil de
5%.
RESULTATS
Etat sanitaire de la paille de riz avant la coupe et l’enfouissement
Tous les plants des parcelles inoculées (T1) ont exprimé les symptômes de jaunissement
caractéristiques de la panachure jaune du riz, après l’inoculation, alors que dans les parcelles non
inoculées (T0), aucun plant n’a développé de symptômes semblables à ceux de la panachure jaune
du riz. Ces résultats démontrent que les symptômes observés sur les plants inoculés sont bien le
fait de l’inoculation et que la paille provenant de ces plants contient effectivement des particules
virales.
Pouvoir infectieux des particules virales après l’enfouissement de la paille
Les résultats de l’inoculation à partir deboue figuresur le tableau I. On note que tous les plants
inoculés avec les échantillons prélevés dans les parcelles inoculées (T1) et les témoins positifs
inoculés avec des feuilles de riz virosées ont développé des symptômes de la panachure jaune du
riz (tableau I). Ces résultats indiquent que les particules virales enfouies dans les parcelles ont
conservé leur pouvoir infectieux.
Tableau I : Nombre de plants virosés recensés après l’inoculation avec la boue prélevée dans les
parcelles après l’enfouissement de la paille de riz.
Boue virosée
Boue non virosée
Feuilles de riz virosées
Témoins non inoculés
Nb plants inoculés
12
12
12
12
Nb plants virosés
12
0
12
0
Contamination des plants après l’enfouissement de la paille de riz
Dans les 3 parcelles témoins (T0), aucun plant n’a présenté les symptômes de la panachure jaune
du riz (tableau II). Ces symptômes ne sont apparus que dans les parcelles T1. Dans l’ensemble, la
proportion de plants ayant développé les symptômes est très faible (3%).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
192
Enfouillissement de paille virosée et RYMV – N’GUESSAN, P. et GABEHORY, K.
Tableau II : Pourcentage de plants virosés recensés après l’enfouissement de la paille de riz.
Plants virosés (%)
3
0
Parcelle T1
Parcelle T0
Impact de la maladie sur quelques caractéristiques agronomiques
L’analyse de la variance indique que l’enfouissement de la paille de riz n’a aucun effet sur le
développement des plants (tableau III). La hauteur, le tallage utile et le rendement des plants
provenant des parcelles T1 ne diffèrent pas significativement de ceux des plants provenant des
parcelles T0.
Tableau III : Impact de la maladie sur la hauteur, le tallage utile et le rendement après
l’enfouissement de la paille de riz.
Traitements
Parcelle T0
Parcelle T1
CV(%)
Moyenne générale
Hauteur (cm)
99,58a
97,83a
1,2
98,43
Tallage utile
4,00a
4,33a
9,8
4,15
Rendement (kg/ha)
3.108,75a
3.137,25a
1,7
3.123,00
Les chiffres suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents ( TNK) au seuil de 5%.
DISCUSSION
La boue prélevée dans les parcelles avec enfouissement de la paille virosée a permis de
transmettre la maladie. Ce résultat démontre que les particules virales contenues dans la paille
virosée enfouie dans le sol ont conservé leur pouvoir infectieux. La présence dans la boue de
particules ayant un pouvoir infectieux intact et l’utilisation de la variété Bouaké189 sensible à
cette maladie indiquent que les conditions pour une transmission du RYMV aux jeunes plants par
la paille virosée enfouie sont réunies. Cependant, le taux de plants virosés enregistré dans les
parcelles avec enfouissement de la paille virosée est très faible. Par ailleurs aucun effet de la
maladie sur le développement des plants n’a été observé. Ces résultats démontrent que
l’enfouissement de la paille virosée pourrait participer au développement des épidémies de la
panachure jaune du riz mais n’est certainement pas le facteur principal. Selon Maran (1997), on
peut citer entre autres facteurs susceptibles d’expliquer ce faible taux de plants infectés, la faible
concentration des particules virales dans les casiers engorgés d’eau et la dégradation possible du
pouvoir infectieux de celles-là au contact de la boue. De plus selon le même auteur, le seuil de
sensibilité des racines est inférieur à celui des feuilles et est trop faible pour qu’une infection
puisse avoir lieu. Ainsi, l’inoculation de la boue virosée à des feuilles de riz peut entraîner
l’infection, alors qu’il n’en est rien au niveau des racines. En considérant ce dernier cas, les plants
virosés observés pourraient être le résultat d’une erreur de manipulation. En effet, le RYMV est
un virus qui se transmet facilement par voie mécanique. Ainsi, des mains ayant touché la paille
virosée lors de l’enfouissement peuvent transmettre le virus aux plantules au moment du
repiquage, surtout que la main-d’œuvre utilisée n’est pas spécialisée.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
193
Enfouillissement de paille virosée et RYMV – N’GUESSAN, P. et GABEHORY, K.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Même si l’enfouissement de la paille virosée pourrait participer au développement des épidémies
de la panachure jaune du riz celui-ci ne doit pas y jouer un rôle prépondérant.
Ainsi, des études plus fines en pots ou en bac sont nécessaires pour déterminer le rôle exact d’un
tel enfouissement dans le développement des épidémies du RYMV. De même, il serait
intéressant de tester le pouvoir infectieux de la paille virosée enfouie et sa capacité à transmettre
le virus dans le temps. Cela nous indiquera, au cas où cette pratique contribuerait à transmettre le
RYMV, quelle serait la période critique
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Awoderu, V. A. 1991 The rice mottle virus situation in West Africa. Journal of Basic
Microbiology 31: 91-99.
Hamadoun, A. 1994 Initiation technique à la virologie. Rapport de mission Montpellier (France),
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Maran, J. 1997 Transmission abiotique par le sol du rice yellow virus (RYMV). Rapport de stage,
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Reckhaus, P. M. 1994 Panachure jaune du riz (RYMV) à Madagascar: Résultats des travaux,
Service de la défense des cultures-protection des végétaux, Ministère d’Etat à
l’Agriculture et au Développement Rural, 21p.
Sarra, S. 1998 Quelques aspects écologiques du virus de la panachure jaune du riz (RYMV) en
zone Soudano-sahélienne. DEA Sciences Biologiques (Biologie Ecologie Végétale) de
l’Université de Ouagadougou, Burkina Faso, 59p.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
194
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. et AL.
ETUDE NEMATOLOGIQUE DE LA DEGRADATION DES SOLS
DANS LA VALLEE DU SOUROU
THIO, B. ; SAWADOGO, A. et KIEMDE, S.
INERA/Station de Farako-Bâ, B.P. 910 Bobo-Dioulasso – Burkina Faso
Email : [email protected]
Résumé :
L'étude nématologique des poches de faible productivité conduite au niveau de 2 champs
paysans de la Vallée du Sourou a montré la prédominance des nématodes des racines du riz
Hirschmanniella spinicaudata et H. oryzae. L'espèce H. oryzae est plus inféodée aux poches de
faible productivité principalement au stade maturité du riz avec des niveaux de populations
racinaires élevés. Ces poches sont caractérisées par un faible développement des plants de riz du
stade début tallage à la maturité et des corrélations significatives négatives sont observées entre
les niveaux de populations des nématodes du genre Hirschmanniella et les composantes de
rendement. Au début tallage, les plants de riz sont plus affectés par les nématodes présents dans
le sol alors qu'à la maturité du riz, le rendement paddy et la hauteur sont affectés par les
populations de nématodes présentes dans les racines.
Mots-clés : Riz, poches de faible productivité, nématodes, Hirschmanniella, Burkina Faso.
INTRODUCTION
L’étude nématologique de la dégradation des sols dans la vallée du Sourou fait suite à une baisse
de productivité observée au niveau du premier périmètre aménagé en 1984 communément appelé
périmètre des 50 ha. Le phénomène se manifeste par des poches où les plants de riz sont peu
développés. On constate depuis ces dernières années une extension des poches de faible
productivité (PFP) au niveau des autres périmètres. Des études préliminaires avaient été
conduites en 1999 et elles laissaient apparaître une forte infestation des nématodes racinaires H.
spinicaudata et H. oryzae dans les poches de faible productivité.
La présente activité de recherche conduite au niveau de 2 parcelles paysannes vise à confirmer
ou infirmer les résultats obtenus au cours de la campagne humide de 1999. Elle vise 2 objectifs
principaux :
-
étudier la dynamique des populations de nématodes dans les poches de faible productivité
et hors des poches
-
étudier les corrélations entre les niveaux de populations des nématodes et les paramètres
agronomiques (hauteur, tallage, poids matière sèche et rendement /poquet)
MATERIEL ET METHODES
L’essai est conduit dans des parcelles paysannes au niveau du périmètre des 50 ha où le
problème de poches de faible productivité se pose avec acuité dans deux parcelles paysannes
(parcelles 0511 et 0516). Toutes les opérations agricoles (labour, repiquage, entretien de la
parcelle, application des intrants) sont faites par le paysan.
Les observations nématologiques ont été faites à trois (3) stades de développement du riz à
savoir, 15 jours après repiquage, floraison et maturité du riz. Dans chaque champ paysan, 16
Actes du R4S 2002
Ravageurs et maladies
195
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. et AL.
échantillons sont prélevés, soit 8 dans les poches de faible productivité et 8 en dehors des
poches. Chaque échantillon est composé de 4 poquets de riz. Les nématodes sont extraits du sol
et des racines selon les méthodes de Seinhorst (1962, 1950) et estimés en nombre/dm3 de sol et
en nombre/g de racine.
Les observations agronomiques ont porté sur la mesure de la hauteur, le tallage, le poids de la
matière verte et de la matière sèche et le poids de paddy/poquet à la maturité du riz.
Les données ont été analysées avec le logiciel statistique StatView (SAS, 1992). La séparation des
moyennes a été faite par le test de Student-Newman-Keuls en comparant pour chaque paramètre les
données recueillies dans les PFP et les zones situées en dehors de ces poches.
RESULTATS
Peuplements de nématodes observés au niveau des parcelles
Les nématodes observés appartiennent au genre Hirschmanniella dont 2 espèces sont inféodées
au riz irrigué et de bas-fond au Burkina Faso (Sawadogo et al., 1994) ; il s'agit des espèces H.
spinicaudata et H. oryzae. En fonction des dates d'observation les deux espèces présentent des
fréquences d'abondance différentes selon les parcelles (figure 1).
Pendant la période de tallage (figure 1A), l'espèce H. oryzae est surtout présente au niveau des
poches de faible productivité (PFP) dans la parcelle 1 alors qu'elle apparaît surtout dans les zones
hors poches (HP) dans la parcelle 2. La seconde espèce H. spinicaudata apparaît fréquente dans
les PFP dans la parcelle 2 et dans les zones hors poches dans la parcelle 1.
Les observations faites à l'épiaison (figure 1B) montrent une forte fréquence du nématode H.
spinicaudata dans les PFP au niveau des deux parcelles paysannes alors que l'espèce H. oryzae
est plus observée dans les zones hors poches.
A la maturité du riz (figure 1C) le phénomène inverse est observé c'est-à-dire une prévalence de
H. oryzae dans les PFP alors que l'espèce H. spinicaudata apparaissait plus dans les zones hors
poches.
Dynamique des populations des nématodes des racines du riz du genre Hirschmanniella
Les résultats des observations faites au cours du développement du riz dans les parcelles paysannes
sont données dans le tableau I.
Au stade tallage
Les premières observations faites au tallage du riz (au 15ème jour après repiquage) montre des
infestations similaires (P > 0,05) pour les nématodes H. spinicaudata et H. oryzae observés dans
le sol et les racines au niveau de la parcelle 1. Les niveaux de populations exophytes c'est-à-dire
celles présentes dans le sol au niveau de la parcelle 1 dépassaient 1000 nématodes/dm3 de sol
pour l'espèce H. oryzae plus abondante contre moins de 800 nématodes/dm3 de sol pour H.
spinicaudata. Les populations racinaires sont restées faibles pour les deux espèces avec moins de
3 nématodes /g de racine.
Au niveau de la parcelle 2, l'espèce H. oryzae avait des populations moyennes de 1.100
nématodes/dm3 de sol dans les PFP contre moins de 600 dans les zones hors poches (P > 0,05).
Les populations de H. spinicaudata étaient similaires dans les PFP et dans les zones hors poches
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
196
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. et AL.
avec en moyenne 500 nématodes/dm3 de sol dans les PFP contre moins de 400 dans les zones
hors poches (P > 0,05). Les populations racinaires sont restées faibles pour les deux espèces avec
moins de 2 nématodes /g de racines.
A : Tallage
Parcelle 1
Parcelle 2
100%
100%
80%
Fréquence (%)
Fréquence (%)
80%
60%
40%
20%
0%
60%
40%
20%
0%
HP
PFP
Zones de prélèvement
HP
PFP
Zones de prélèvement
B : Epiaison
Parcelle 2
100%
Parcelle 1
80%
Fréquence (%)
Fréquence (%)
100%
80%
60%
40%
60%
40%
20%
20%
0%
HP
0%
HP
PFP
Zones de prélèvement
PFP
Zones de prélèvement
C : Maturité
Parcelle 2
100%
100%
80%
80%
Fréquence (%)
Fréquence (%)
Parcelle 1
60%
40%
20%
60%
40%
20%
0%
0%
HP
HP
PFP
PFP
Zones de prélèvement
Zones de prélèvement
Fig. 1: Evolution qualitative des nématodes des racines du riz Hirschmanniella en fonction des
zones de prélèvement des échantillons de sol à trois stades de développement du riz
Légende:
H. oryzae
H. spinicaudata
PFP : Poches de faible productivité
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
HP: Hors poches
197
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. et AL.
Au stade épiaison
Dans la parcelle 1, l'espèce H. oryzae présentait les niveaux de populations les plus élevés avec
près de 4.000 nématodes/dm3 de sol dans les zones hors poches contre en moyenne 700
nématodes/dm3 de sol dans les PFP (P < 0,001). Les niveaux de populations de H. spinicaudata
étaient similaires dans les PFP et dans les zones hors poches avec en moyenne 600
nématodes/dm3 de sol (P > 0,05). Les populations extraites des racines étaient plus importantes
pour l'espèce H. oryzae dans les zones hors poches que dans les PFP avec respectivement 45 et
17 nématodes /g de racine (P < 0,05). La même tendance est observée pour H. spinicaudata avec
en moyenne 14 nématodes/g de racine dans les zones hors poches et 6 dans les PFP (P < 0,05).
Dans la parcelle 2, les niveaux de populations des deux nématodes sont plus faibles. Les niveaux
de populations de H. oryzae étaient de l'ordre de 1.400 nématodes/dm3 de sol dans les zones hors
poches contre 350 dans les PFP (P < 0,01). Les populations de H. spinicaudata étaient similaires
avec en moyenne 400 nématodes/dm3 de sol dans les 2 zones de prélèvement (P > 0,05). Les
populations endophytes (observées dans les racines) étaient plus importantes dans les zones hors
poches pour H. oryzae avec en moyenne 30 nématodes /g de racine contre 5 dans les PFP (P <
0,05). Elles sont similaires pour l'espèce H. spinicaudata avec en moyenne 10 nématodes /g de
racine dans les 2 zones de prélèvement (P > 0,05).
Au stade maturité du riz
Au niveau de la parcelle 1, l'espèce H. oryzae avait des niveaux de populations de 5.505
nématodes/dm3 de sol dans les zones hors poches contre 3.900 nématodes/dm3 de sol dans les
PFP (P > 0,05). Les populations endophytes de ce nématode sont plus importantes dans les PFP
avec près de 177 nématodes /g de racine contre 110 dans les zones hors poches (P < 0,05). Les
zones hors poches étaient plus infestées que les PFP pour l'espèce H. spinicaudata avec
respectivement 6.260 et 2.250 nématodes/dm3 de sol (P < 0,01). Les populations extraites étaient
en moyenne de 166 nématodes /g de racine dans les zones hors poches contre 124 nématodes /g
de racine dans les PFP (P > 0,05).
Dans la parcelle 2, l'espèce H. oryzae était observée à des densités de populations similaires au
niveau du sol dans les PFP et dans les zones hors poches avec respectivement 2.425 et 1.120
nématodes/dm3 de sol (P > 0,05). Les populations extraites des racines étaient plus importantes
dans les PFP avec 143 nématodes /g de racines contre 49 nématodes/g de racine dans les zones
hors poches (P < 0,01).
L'espèce H. spinicaudata était observée à des niveaux semblables dans les zones hors poches
avec 4.125 nématodes/dm3 de sol et 1.820 nématodes/dm3 de sol dans les PFP (P > 0,05). Les
populations endophytes étaient par contre plus importantes dans les zones hors poches avec 136
nématodes/g de racine contre 61 nématodes/g de racine dans les PFP (P < 0,05).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
198
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
Tableau I:
Epiaison
H. oryzae
H. spinicaudata
N/dm3
N/g
N/dm3
N/g
sol
racine
sol
racine
Maturité
H. oryzae
H. spinicaudata
N/dm3
N/g
N/dm3
N/g
sol
racine
sol
racine
PARCELLE 1
Tallage
H. oryzae
H. spinicaudata
N/dm3 N/g
N/dm3
N/g
sol
racine
sol
racine
Hors
1.113
poches
1.180
Poches
0,66
Test F
ns
Probabilité
2
1
0,53
ns
715
410
4,18
ns
2
2
0,06
ns
3.890a
763b
26,85
***
45a
17b
7,38
*
573
622
0,45
ns
14a
6b
6,31
*
5.505
3.900
1,59
ns
110
177
1,81
ns
6.260a
2.250b
9,56
**
166
124
1,83
ns
PARCELLE 2
Date
d'observation
Traitements
Densités des populations de nématodes Hirschmanniella observés dans le sol et les racines en fonction des zones de
prélèvement dans 2 parcelles paysannes de la Vallée du Sourou.
Hors
1.115
poches
763
Poches
2,62
Test F
ns
Probabilité
0b
2a
5,96
*
350
535
3,41
ns
1
2
0,73
ns
1.468a
345b
9,80
**
32a
6b
9,29
*
478
373
1,37
ns
10
9
0,67
ns
1.120
2.425
3,28
ns
49b
143a
12,22
**
4.125
1.820
0,88
ns
136 a
61 b
7,71
*
Les moyennes suivies d'une même lettre dans une colonne ne diffèrent pas de façon significative selon le test de Student-Newman-Keuls
au seuil de : * : 5% ;
** : 1% ; ***: 0,1% ; ns: non significatif
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
199
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
Données agronomiques
Les observations agronomiques faites sur chaque poquet prélevé portent sur le poids du système
racinaire (la plante est entièrement retirée du sol), la hauteur moyenne, le tallage moyen, le poids
de la matière sèche et le poids paddy/poquet à la maturité du riz ; ils sont données dans le tableau
II.
Le mauvais développement des plants de riz est observable dès les premiers stades de
développement de la plante notamment sur la hauteur de la plante et surtout sur le poids de la
matière sèche. Des différences très hautement significatives sont observées entre les PFP et les
zones hors poches pour le poids de la matière sèche avec des poids variant du simple au double
au niveau des deux parcelles paysannes. Le poids du système racinaire n'a pas été beaucoup
affecté à ce stade de développement (P > 0,05).
Au stade épiaison, le mauvais développement du riz s'est accentué dans les PFP avec une
réduction de la croissance dans ces zones par rapport aux zones hors poches. Des différences
hautement significatives (P < 0,001) sont observées pour tous les paramètres étudiés.
A la maturité du riz, le mauvais développement des plants de riz a persisté dans les PFP
principalement sur la taille des plants de riz (P < 0,01) et le poids de la matière sèche (P < 0,001).
Les PFP ont affecté également le poids paddy par poquet (P < 0,01).
Tableau II: Données agronomiques mesurées à trois (3) stades de développement du riz sur
les parcelles 1 et 2 dans les poches de faible productivité (PFP) et hors des poches.
Poches
Début tallage
Poids des racines
Hauteur
Nombre de talles
Poids matière sèche
Epiaison
Poids des racines
Hauteur
Nombre de talles
Poids matière sèche
Maturité
Poids des racines
Hauteur
Nombre de talles
Poids matière sèche
Poids paddy
Parcelle 1
Hors
Test F
poches
Probabilité Poches
Parcelle 2
Hors
Test
Poches
F
Probabilité
3,97
32,76b
6,50b
1,82b
3,23a
37,31a
7,90a
3,12a
1,24
7,11
3,45
27,04
Ns
*
ns
***
3,75
31,85b
5,00b
1,70b
4,58a
40,36a
7,10a
3,52a
0,92
37,56
34,66
44,34
ns
***
***
***
5,51b
53,34b
9,00b
9,95b
14,25a
89,34a
14,40a
58,63a
94,11
109,45
30,32
77,80
***
***
***
***
5,160b
57,55b
10,80b
12,11b
14,59a
84,14a
17,70a
45,66a
89,36
36,37
16,22
75,77
***
***
**
***
12,41
81,00b
12,50
38,65b
0,00b
12,73
114,81a
11,20
75,53a
18,15a
0,07
64,12
2,58
96,18
27,92
Ns
***
ns
**
**
8,26
85,38b
13,60b
40,09b
5,35b
9,88
104,81a
12,80a
79,45a
32,79a
23,10
19,26
34,80
98,78
45,63
ns
***
**
**
**
Les moyennes suivies d'une même lettre sur la ligne ne diffèrent passignificativement selon le test de Student-NewmanKeuls aux seuils respectifs de : *: 5% ; **: 1% ; ***: 0,1% ; ns: non significatif;
Interaction entre les niveaux de populations des nématodes et les données agronomiques
L'interaction entre les niveaux de populations des nématodes des racines du riz du genre
Hirschmanniella et les facteurs mesurés (hauteur, tallage, poids des racines, poids de la matière
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
200
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
sèche et le poids de paddy /poquet) montre des régressions négatives significatives à différents
stades de développement du riz.
Nombre moyen de talles/poquet
Au premier stade de développement du riz soit au 15ème jour après repiquage (JAR), une
régression significative (P < 0,05) est observée au niveau de la parcelle 1 entre le nombre moyen
de talles par poquet et les populations de H. oryzae présentes dans le sol (figure 2). Au niveau de
la parcelle 2, le poids de la matière est plus affecté par les populations de H. spinicaudata
observées dans le sol (P < 0,05) (figure 3). Par contre les régressions entre les paramètres
mesurés et les niveaux de populations des nématodes Hirschmanniella extraits des racines ne
sont pas significatives (P > 0,05).
Y = 8,66 - 0,001 * X
R = -0,51
P < 0,05
11
10
9
8
7
6
5
4
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3
H. oryzae/dm de sol
Fig. 2 : Régression entre le nombre moyen de talles par poquet et les niveaux de
populations de H. oryzae présents dans le sol au 15ème JAR sur la parcelle 1.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
201
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
Y = 3,79 - 0,002 * X
R = -0,50
P < 0,05
Poids matière sèche/poquet
4,5
4,0
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0
200
400
600
800
3
H. spinicaudata/dm
Fig. 3 : Régression entre le poids de la matière sèche par poquet et les niveaux de
populations de H. spinicaudata présents dans le sol au 15ème JAR sur la parcelle 2.
A la maturité du riz, l'action des populations endophytes des nématodes Hirschmanniella a
influencé le développement du riz au niveau de la parcelle 1 fortement infestée par H. oryzae.
Une régression négative significative est observée entre la hauteur des plants de riz et le poids
paddy /poquet corrélés avec les niveaux de populations endophytes de H. oryzae (figures 4 et 5).
Hauteur moyenne/poquet
120
Y = 105,82 - 0,11 * X
R = -0,66
P < 0,01
110
100
90
80
70
0
50
100
150
200
250
300
H. oryzae/g de racine
Fig. 4 : Régression entre la hauteur des poquets et les populations racinaires de H. oryzae au
stade maturité au niveau de la parcelle 1
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
202
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
Poids de paddy (g) /poquet
60
50
Y = 31,70 - 0,13X
R = -0,65
P < 0,007
40
30
20
10
0
0
50
100
150
200
250
300
H. oryzae/g de racine
Fig. 5 : Régression entre le poids de paddy/poquet et les populations racinaires de
H. oryzae au stade maturité au niveau de la parcelle 1.
DISCUSSION
Les peuplements de nématodes observés
Les peuplements de nématodes observés au niveau des parcelles rizicoles de la Vallée du Sourou
indiquent que H. spinicaudata et H. oryzae sont les nématodes les plus importants inféodés au riz
irrigué au Burkina Faso et à l'Office du Niger au Mali. Ces résultats rejoignent ceux de
Sawadogo et al. (1994).
Hollis et Koeboonrueng (1984) notaient que les espèces du genre Hirschmanniella infestent 58%
des champs rizicoles à travers le monde. Cependant, en terme d'abondance, l'espèce H. oryzae
apparaît généralement à des niveaux de populations plus élevés que l'espèce H. spinicaudata.
Cela rejoint les résultats de l'inventaire conduit au Burkina Faso et au Mali par Sawadogo et al.
(1994). En effet ces auteurs avaient montré une forte prévalence de H. oryzae dans les zones
sahélienne semi-désertique et soudanienne centre-Nord du Burkina. L'espèce H. spinicaudata
était surtout inféodée au riz irrigué dans la zone soudanienne méridionale beaucoup plus humide.
L'espèce H. oryzae est presque absente de cette zone. Au Mali, l'espèce H. oryzae était observée
dans toutes les zones de l'Office du Niger alors que H. spinicaudata n'était observée que dans les
zones longeant le fleuve Niger. Au Sénégal, les deux espèces de nématodes se repartissent selon
un gradient Nord-Sud avec une prévalence de H. oryzae dans le Nord du pays à climat sahélien,
l'espèce H. spinicaudata étant surtout observée dans le Sud du pays bénéficiant d'un climat de
type soudanien (Fortuner et Merny, 1979).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
203
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
Interaction entre les nématodes et les poches de faible productivité (PFP)
L'évolution qualitative et quantitative des peuplements des nématodes Hirschmanniella pendant
le développement du riz dans les poches de faible productivité (PFP) et dans les zones hors
poches varient fortement d'un stade de développement à l'autre. L'effet des PFP sur la croissance
des plantes est fonction également du stade de développement de la plante.
Les peuplements de nématodes observés tout au long de la culture du riz montrent une variabilité
dans la fréquence et l'abondance de chaque espèce aux trois dates d'échantillonnage. Au premier
stade de développement (stade tallage), les nématodes Hirschmanniella sont observés
essentiellement dans le sol et ils commencent à pénétrer dans les racines de riz. Cela explique
que les niveaux de populations observés dans les racines soient très faibles. Les poches de faible
productivité sont généralement infestées par les nématodes principalement au stade tallage et à la
maturité du riz pour ce qui concerne les populations endophytes. L'espèce H. oryzae est plus
abondante dans le sol et les racines au niveau des deux parcelles. Cela explique en partie son
adaptation aux conditions pédo-climatiques des zones sahéliennes. Les études conduites sur
l'effet de la texture des sols sur les nématodes Hirschmanniella ont montré que l'espèce H.
oryzae se développait mieux dans les sols argileux lourds alors que H. spinicaudata avait une
préférence pour les sols de type sablo-argileux. Les PFP sont localisées généralement dans les
zones les plus basses de la parcelle résultat d'un mauvais planage et drainage des parcelles. Les
études ont montré également une plus grande adaptabilité de l'espèce H. oryzae aux conditions
d'inondation prolongée et cela peut expliquer sa prévalence dans les zones plus basses des
parcelles où se développent généralement des plantes aquatiques comme les nénuphars.
L'effet des PFP sur la croissance du riz est visible quelques jours après le repiquage du riz. Au
premier stade de développement, on note un développement hétérogène des plants de riz au
niveau de la parcelle avec une localisation (déjà visible) des PFP dans certaines zones de la
parcelle généralement situées dans les parties les plus basses où le travail de labour et de planage
a été mal effectué. A ce stade le système racinaire du riz n'est pas fortement endommagé mais on
observe déjà une réduction de la taille des plantules et surtout une réduction de la biomasse
produite. Les dégâts occasionnés sur les plantules de riz résulteraient surtout de l'effet des
populations présentes dans le sol.
A l'épiaison du riz, on note surtout un rabougrissement des plants de riz et le poids du système
racinaire y est très réduit. L'alimentation minérale de la plante est affectée et cela se manifeste
par une réduction de la biomasse produite par la plante. Les densités de populations observées
dans les racines peuvent expliquer en partie la réduction du volume racinaire des plants de riz.
Par contre les observations faites à la récolte montrent un volume racinaire comparable pour les
plants prélevés dans les PFP et les zones hors poches et également pour le tallage moyen par
poquet. La biomasse sèche produite par poquet au niveau des PFP représente la moitié de celle
produite dans les zones hors poches alors qu'elle représentait en moyenne le 1/3 aux stades
tallage et épiaison. Cela pourrait s'expliquer par le pouvoir compensateur du riz car il est reconnu
chez cette plante, une production supplémentaire de biomasse afin de compenser les dégâts
occasionnés par un ravageur ou une maladie. Cependant on note une baisse de la production de
paddy dans les PFP. A ce stade, les plants de riz sont plus affectés par les populations
endophytes principalement dans la parcelle 1 où la pression parasitaire est plus importante.
De façon générale, l'effet des nématodes du genre Hirschmanniella se manifeste sur le riz par un
retard de croissance, une réduction du tallage et de la vigueur de la plante. Les symptômes sur le
terrain se présentent sous forme de développement hétérogène des plants avec des plages
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
204
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
facilement localisables. Les dégâts occasionnés sont souvent complexes et font intervenir
fréquemment d'autres facteurs externes en relation avec la fertilité du sol. Une faible
performance de la variété BG90-2 a été observée dans des champs de riz au Mali, en raison de
stress combinés d'alcalinité, de salinité et d'infestation de nématodes du genre Hirschmanniella
(ADRAO, 1993). Des études pédologiques effectuées au niveau des PFP ont montré une carence
en zinc (Barro, communication personnelle). L'effet du zinc se manifeste principalement par un
retard de croissance et un tallage réduit. Cet oligo-élément intervient surtout dans la production
de la chlorophylle et les fonctions de métabolisme. La carence en zinc fragilise la plantule
principalement aux premiers stades de développement et celle-ci devient plus sensible aux
nuisibles. Les symptômes de carence en zinc sont comparables à ceux généralement causés par
les nématodes du genre Hirschmanniella qui sont principalement une réduction de la hauteur et
du tallage, une destruction du système racinaire et une diminution de la teneur en chlorophylle
des feuilles (Thio, 1998).
CONCLUSION
Les poches de faible productivité sont caractérisées par une forte infestation par les nématodes
du genre Hirschmanniella. L'impact des PFP sur la croissance du riz se traduit par une réduction
du système racinaire, du tallage et de la taille des plants. On note également une réduction de la
biomasse sèche produite et une baisse importante des rendements. Les analyses pédologiques
effectuées au niveau des PFP montrent une carence de ces zones en zinc et des tests de correction
ont permis de réduire les effets des PFP et d'améliorer le développement du riz. La lutte contre
les dégâts liés au PFP doit s'intégrer dans une gestion durable de la fertilité des sols notamment
par l'utilisation adéquate de la matière organique (qui s'est révélée efficace) et par l'application
des bonnes pratiques culturales. Cela permettrait de lutter efficacement contre les nématodes
parasites du riz en particulier les espèces du genre Hirschmanniella qui sont observés à des
niveaux de populations très importants dans les parcelles de la Vallée du Sourou. En effet la lutte
contre les nématodes parasites des cultures s'intègre de plus en plus dans l'amélioration de la
fertilité des sols. Les nématodes, organismes faisant partie de la microfaune du sol sont
directement influencés par leur habitat naturel. Les sols riches en matière organique sont
généralement caractérisés par un peuplement nématologique diversifié, riche en nématodes non
parasites alors que dans les sols pauvres se multiplie(nt) une ou quelques espèces de nématodes
parasites à des densités souvent très importantes.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ADRAO, 1993 Rapport annuel de l'Association pour le Développement de la Riziculture en
Afrique de l'Ouest, Bouaké, Côte d’Ivoire, 118p.
Fortuner, R. and Merny, G. 1979 Root parasitic nematodes of rice.
Revue de Nématologie, 2 : 79-102.
Hollis, J. P. and Keoboonrueng, S. 1984 Nematodes parasites of rice. Pp. 95-146 In : Plant and
Insect Nematodes, Nickle, W. R. (Ed.), Marcel Dekker, New-York & Basel.
SAS, 1992 StatView pour Windows, SAS Institute Inc, Copyright 1992-1998, Version 5,0.
Sawadogo, A., Thio, B., Konaté, Y. A. and Abdoulaye, A. 1994 Inventaire des nématodes
associés au riz irrigué au Sahel du Burkina et à l'Office du Niger au Mali. NuisiblesPests-Pragas Vol 2 (2) 130-148.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
205
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. ET AL.
Seinhorst, J. W. 1950 De betekensis van de grond voor het optreden van aanstasting door het
stengelaaltje (Ditylenchus dipsaci (Kühn) Filipjev), Tijdschr. Plantenziekten, 56 : 289348.
Seinhorst, J. W. 1962 Modifications of the elutriation method for extracting nematodes from
soils. Nematologica, 8 : 117- 28.
Thio, B. 1998 Etude des effets de Hirschmanniella oryzae (Pratylenchidae, Nématode) sur le
développement du riz et essais de résistance variétale. Mémoire de DEA, Université de
Ouagadougou, 78p.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
206
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. et AL.
MISE AU POINT DE METHODES DE LUTTE CONTRE LES
NEMATODES PARASITES DU RIZ
THIO, B. ; SAWADOGO, A. ; KIEMDE, S.
INERA/Station de Farako-Bâ, B.P. 910 Bobo-Dioulasso – Burkina Faso
Résumé :
Plusieurs méthodes de lutte ont été évaluées contre les nématodes parasites du riz du genre
Hirschmanniella au niveau de 2 champs paysans de la Vallée du Sourou. L'utilisation de la matière
organique à la dose de 5 t/ha (fumier de parc décomposé et compost de paille de riz) n'a pas permis
de lutter efficacement contre les nématodes parasites ni d'améliorer le rendement du riz paddy. Le
paillage de feuilles de neem séchées appliquées à la dose de 5 t/ha contrairement aux broyats
d'amande de neem apportés à la dose de 200 kg/ha, a permis une réduction des niveaux de
populations des nématodes Hirschmanniella principalement au premier stade de développement du
riz. Des gains de rendement moyen de 11% ont été obtenus avec ce nématicide naturel. Parmi les
nématicides chimiques (Furadan 5G et Vydate 5G à la dose de 80kg/ha), seul le premier a réduit les
populations des nématodes Hirschmanniella et amélioré les rendements de riz paddy de 19%.
Mots-clés : Riz, nématodes, Hirschmanniella, matière organique, neem, nématicides,
Burkina Faso.
INTRODUCTION
Les nématodes parasites du riz irrigué peuvent entraîner des pertes de rendement importantes
pouvant atteindre 25% (Hollis & Keoboonrueng, 1984). L'utilisation des nématicides a permis des
gains de rendement importants mais leur coût très élevé rend leur acquisition difficile. Au cours des
saisons humides 1999 et 2000, des tests conduits au niveau des plaines rizicoles de Karfiguéla et de
Banzon ont permis de montrer l'efficacité des feuilles de neem sèches utilisées comme nématicide
naturel (Thio, 1999 ; 2000). L'effet du neem est évalué au niveau de la vallée du Sourou à travers
une incorporation des feuilles et des amandes de neem dans le sol au repiquage. L'action de la
matière organique (fumier de parc décomposé et compost) est également évaluée ainsi que celle de
deux nématicides chimiques.
MATERIEL ET METHODES
L'essai a été conduit dans deux parcelles paysannes de la plaine rizicole de la Vallée du Sourou au
cours de la saison humide 2001.
La variété de riz FKR 28 (ITA 123) a été semée en pépinière et repiquée 21 jours après, à raison de
3 brins/poquet à des écartements de 0,20 m x 0,20 m.
La fertilisation comprend une fumure minérale et une fumure organique. La fumure organique est
représentée par le fumier de parc bien décomposé et le compost de paille de riz.
-
La fumure organique a été apportée au repiquage à la dose de 5 t/ha dans les traitements T2
et T3
-
La fumure minérale se compose du NPK (12-24-12) apportée à la dose de 300kg/ha au
repiquage et de l'urée appliquée en deux fractions de 75kg/ha au 15ème jour après repiquage
(JAR) et à l'initiation paniculaire. La fumure minérale a été apportée à tous les traitements.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
207
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. et AL.
Le dispositif expérimental est un bloc de Fisher comprenant 7 traitements avec quatre (4)
répétitions:
- T1 : Témoin non traité
- T2 : Fumier de parc apporté à la dose de 5 t/ha au labour
- T3 : Compost de balles de riz apporté à la dose de 5 t/ha au labour
- T4 : Paillage de feuilles de neem séchées appliquées à la dose de 5 t/ha au repiquage
- T5 : Poudre d'amande de neem appliquée à la dose de 200 kg/ha
- T6 : Furadan 5G appliqué à la dose de 80 kg/ha au repiquage
- T7 : Vydate 5G appliqué à la dose de 80 kg/ha
La dimension des parcelles est de 6 m x 5 m soit 30 m2.
Collecte et analyse des données
- Nématologie : Les échantillonnages nématologiques ont été faits au repiquage, au stade fin
tallage (45 JAR) et à la récolte. L'échantillon composite, représenté par 6 prélèvements de sol
et de racines par parcelle élémentaire, est mis dans un sachet plastique étiqueté. Les
nématodes ont été extraits du sol et des racines selon les méthodes de Seinhorst (1950, 1962)
et comptés sous loupe binoculaire.
- Caractéristiques agronomiques : Elles ont porté sur la hauteur et le nombre de talles/poquet
sur 5 poquets identifiés à partir du 15ème JAR jusqu'à l'épiaison (70ème JAR) et sur le
rendement évaluée à partir de la parcelle utile (10 m2) dans la parcelle 2 et sur toute la
parcelle au niveau de la parcelle 1.
Les données ont été analysées avec le logiciel statistique StatView (SAS, 1992). La séparation des
moyennes a été faite par le test de Student-Newman-Keuls.
RESULTATS
Les nématodes observés appartiennent au genre Hirschmanniella dont deux espèces sont présentes
dans les parcelles. Il s'agit de H. oryzae et H. spinicaudata dont les niveaux de populations
observées dans le sol et les racines sont données dans le tableau I.
Effets des traitements sur les densités de populations des nématodes Hirschmanniella
Les densités de populations des deux nématodes sont importantes dans le sol au repiquage du riz
avec, au niveau de la parcelle 1, des niveaux variant entre 1.500 et 4.000 nématodes/dm3 de sol pour
l'espèce H. oryzae et entre 600 et 4.300 nématodes/dm3 de sol pour H. spinicaudata. Au niveau de
la parcelle 2 les densités de nématodes dans le sol au repiquage sont importantes pour H.
spinicaudata avec des niveaux variant entre 3.000 et 6.840 nématodes/dm3. Les densités de H.
oryzae sont plus faibles et varient entre 1.700 et 2.800 nématodes/dm3.
Les observations faites au stade fin tallage (45ème jour après repiquage) ont montré une baisse des
niveaux de populations des nématodes dans le sol et une présence de populations racinaires. Le
nématicide chimique Furadan a permis une réduction des populations de nématodes dans le sol et
dans les racines, principalement pour l'espèce H. oryzae au niveau des deux parcelles (P < 0,05). De
faibles populations des nématodes du genre Hirschmanniella ont été également observées dans le
traitement T4 (feuilles de neem incorporées au sol au repiquage).
A la maturité du riz, les faibles populations des nématodes au niveau des deux parcelles ont été
observées dans le traitement au Furadan (P < 0,05) pour les deux espèces de nématodes. L'effet du
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
208
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. et AL.
neem s'est manifesté par une réduction des densités de populations racinaires de H. oryzae dans la
parcelle 1. Le témoin apparaît également moins infesté par l'espèce H. spinicaudata dans la
parcelle 2.
La matière organique (fumier de parc et compost), la poudre d'amande de neem et le Vydate n'ont
pas eu d'effet significatif dans la réduction des niveaux de populations des nématodes
Hirschmanniella dans les deux parcelles.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
209
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. et AL.
Tableau I: Densités des populations de nématodes Hirschmanniella observés dans le sol et les racines en fonction des traitements dans deux
parcelles paysannes de la Vallée du Sourou.
Date d'observation
Avant repiquage
PARCELLE 2
PARCELLE 1
Traitements
T1 : Témoin non traité
T2 : 5 t/ha de fumier
T3 : 5 t/ha de compost
T4 : 5 t/ha de feuilles de Neem
T5 : 200 kg de poudre d’amade de Neem
T6 : 80 kg/ha de Furadan 5G
T7 : 80 kg/ha de Vydate 5G
Test F
Probabilité
T1 : Témoin non traité
T2 : 5 t/ha de fumier
T3 : 5 t/ha de compost
T4 : 5 t/ha de feuilles de Neem
T5 : 200 kg de poudre d’amade de Neem
T6 : 80 kg/ha de Furadan 5G
T7 : 80 kg/ha de Vydate 5G
Test de F
Probabilité
H.
oryzae
N/dm3
sol
H.
spinicaudata
N/dm3 de sol
3.540
1.560
3.480
3.040
2.120
3.360
4.160
2.880
1.880
2.440
2.040
1.760
2.000
1.800
-
600
680
3.960
2.360
4.320
2.480
1.520
4.840
3.240
3.040
6.840
5.800
4.520
3.320
-
45ème jour après repiquage
H. oryzae
H. spinicaudata
Maturité
H. oryzae
H. spinicaudata
N/dm3
sol
N/g
racine
N/dm3
sol
N/g
racine
N/dm3
sol
N/g
racine
N/dm3
sol
N/g
racine
575a
535a
370a
200b
655a
110b
720a
2,58
*
645a
945a
695a
540a
430a
40b
630a
4,34
**
21a
12ab
27a
7ab
21a
3b
22a
2,67
*
29
16
61
13
36
3
30
1,95
ns
195
100
325
155
205
85
195
0,63
ns
250
95
55
275
150
15
250
1,20
ns
16
10
24
4
14
8
19
1,33
ns
11
8
3
9
10
7
14
0,78
ns
645a
1.435a
1.095a
995a
1.315a
30b
1.455a
3,88
***
270a
725a
400a
140a
293a
15b
220a
8,38
**
76a
73a
22ab
11b
28ab
6b
49ab
1,27
*
41
72
95
53
69
34
73
0,27
ns
760a
1.225a
335a
620a
500a
30b
1.095a
2,62
***
365
730
610
135
233
135
150
0,66
ns
13ab
44a
31a
34a
29b
1b
38a
0,74
*
46a
31a
18a
39a
17a
3b
38a
3,20
**
Les moyennes suivies d'une même lettre dans une colonne ne diffèrent pas de façon significative selon le test de Student-Newman-Keuls au seuil de : * : 5% ; ** : 1% ;
***: 0,1% ; ns : non significatif
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
210
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. ET AL.
Effets des traitements sur la hauteur et le tallage du riz
La hauteur des plants et le tallage des plants mesurés à partir du 14ème jour après repiquage
(JAR) jusqu'à l'épiaison sont illustrés par les figures 1 et 2.
La taille des plants a été peu affectée par les traitements (P > 0,05) à toutes les dates
d'observation. Le traitement T6 (Furadan) présente cependant des hauteurs de plants supérieurs
aux autres traitements dans la parcelle 2. Les meilleures hauteurs sont obtenues avec
l'utilisation des feuilles de neem dans la parcelle 1.
Le tallage des plants a été affecté par les traitements à partir du 28ème JAR principalement dans
la parcelle 1. Les forts tallages étaient observés pour le traitement T4 (feuilles de neem) dans les
deux parcelles (P < 0,05). Les meilleurs tallages ont été observés pour T4 et T5 (amandes de
neem) pour les traitements recevant le neem à partir du 42ème JAR. Les autres traitements n'ont
pas eu d'effet significatif sur la production de talles.
Effets des traitements sur le rendement du riz
Les rendements du riz en fonction des traitements sont donnés dans le tableau II. Les rendements
paddy les plus élevés ont été observés dans la parcelle 1 avec des moyennes variant entre 4.291
kg/ha pour T7 et 5.875 kg/ha pour T6. A la parcelle 2, les rendements ont varié entre 2.591 kg/ha
pour T5 et 3.556 kg/ha pour T6. Le traitement T4 (paillage de feuilles de neem séchées
incorporées dans le sol au repiquage) et T6 (Furadan) ont eu un effet significatif sur le rendement
du riz, les meilleurs rendements étant observés au niveau du traitement T6 dans les 2 parcelles (P
< 0,05). Des gains de rendements de 13,5% et 18,49% ont été obtenus à la parcelle 1
respectivement pour les traitements T4 et T6. La même tendance a été observée à la parcelle 2
avec des gains de 8,7% et 19,53% pour les mêmes traitements. La fumure organique n'a pas eu
d'effet significatif sur le rendement du riz, tout comme le nématicide chimique Vydate.
Tableau II : Effet des traitements sur le rendement et les gains de rendements obtenus
dans les deux parcelles.
PARCELLE 1
PARCELLE 2
Traitements
Rendement
kg/ha
Gain en %
par
rapport au
témoin
Rendement
kg/ha
Gain en %
par rapport
au témoin
T1 : Témoin non traité
T2 : 5 t/ha de fumier
T3 : 5 t/ha de compost
T4 : 5 t/ha de feuilles de Neem
T5 : 200 kg de poudre d’amade de Neem
T6 : 80 kg/ha de Furadan 5G
T7 : 80 kg/ha de Vydate 5G
Test de F
Probabilité
4.958ab
4.833a
5.000ab
5.625b
5.083ab
5.875b
4.291a
3,29
*
- 2,67
1
13,5
2,5
18,49
- 13,5
2.975ab
2.834ab
2.659a
3.234b
2.591a
3.556b
3.047ab
2,53
*
- 5,0
- 0,6
8,7
- 13,0
19,53
2,4
Les moyennes suivies d'une même lettre dans une colonne ne diffèrent pas de façon significative selon le test de
Student-Newman-Keuls au seuil de 5%.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
211
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. ET AL.
100
110
Parcelle 1
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
A
90
80
70
60
50
LSD 0.05
40
30
20
14
28
42
56
100
Hauteur moyenne (cm)/poquet
Hauteur moyenne (cm)/poquet
110
Parcelle 2
80
70
60
50
LSD 0.05
40
30
20
14
70
28
42
56
70
Jours après repiquage
Jours après repiquage
25
25
Parcelle 2
Parcelle 1
20
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
B
15
10
LSD 0.05
5
B
20
Nombre de talles/poquet
Nombre de talles/poquet
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
A
90
T1
T2
T3
T4
T5
T6
T7
15
10
5
LSD0.05
0
0
14
28
42
56
70
Jours après repiquage
Fig.1: Effets des nématodes sur la hauteur (A) et le tallage (B)
des plants de riz en fonction des traitements dans la parcelle 1.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
14
28
42
56
70
Jours après repiquage
Fig. 2: Effets des nématodes sur la hauteur (A) et le tallage (B) des
plants de riz en fonction des traitements dans la parcelle 2.
212
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. ET AL.
DISCUSSION
Les nématodes du genre Hirschmanniella constituent la nématofaune parasite essentielle,
observée dans la Vallée du Sourou. Les résultats obtenus rejoignent le travail d'inventaire qui a
été conduit au Burkina (Sawadogo et al., 1994). On note une efficacité de certains traitements
dans la baisse des niveaux de populations des nématodes du genre Hirschmanniella.
Le traitement T4 (feuilles de neem) et le Furadan ont permis de réduire les niveaux de
populations des nématodes observés dans le sol et les racines à certains stades de
développement de la culture. L'effet s'est manifesté notamment par un meilleur tallage et une
augmentation du rendement en paddy des ces traitements comparés au témoin. Ces résultats
rejoignent ceux obtenus antérieurement sur les périmètres rizicoles de Karfiguéla et Banzon sur
l'effet des feuilles de neem incorporées dans le sol au repiquage (Thio, 1999 ; 2000). En effet,
des gains de rendement moyens de 9% ont été atteints à la première campagne et 18% à la
seconde campagne. Ces traitements ont comporté en plus de l'utilisation des feuilles de neem
appliquées au repiquage à la dose de 2,5 t/ha, d'autres produits comme les cendres de balles de
riz, la matière organique et des extraits d'amande de neem appliqués en pulvérisation contre les
insectes. L'action du neem dans la lutte contre les ravageurs du riz en général et les nématodes
en particulier est connue à travers le monde. En plus son action nématicide, les feuilles de neem
constituent une source importante de matière organique.
L'utilisation des nématicides permettent généralement des gains de rendement importants.
L'utilisation du nématicide Basamid (DAZOMET) à la dose de 100 kg/ha a permis des gains de
rendement variant entre 18 et 33% sur les sites de Banzon et Karfiguéla (Thio, 2000). Cadet &
Quénéhervé (1982) ont obtenu des gains de rendement de 20 à 53% dans la lutte contre H.
spinicaudata avec le Furadan utilisé à la dose de 3,9 kg m.a./ha.
La fumure organique (fumier de parc et compost) n'a pas eu d'effet significatif sur les niveaux
de populations des nématodes parasites. La matière organique est généralement reconnue
comme un moyen de lutte contre les nématodes parasites (Fortuner & Merny, 1979) mais son
action n'est pas immédiate. Des essais de longues durées permettraient de mieux comprendre
l'action de la matière organique sur l'évolution qualitative et quantitative des peuplements de
nématodes. En effet la matière organique entraîne une modification du peuplement de la
nématofaune du sol notamment par la prolifération de nématodes non parasites et d'agents
antagonistes des nématodes parasites des cultures. Cela suppose également la détermination des
doses susceptibles d'avoir un impact significatif sur les nématodes parasites dans des essais
étalés sur plusieurs années.
Le nématicide chimique Vydate (OXAMYL) n'a pas eu d'effet sur les niveaux de populations
des nématodes, tout comme la poudre d'amandes de neem. Pour ce qui concerne le Vydate, les
travaux de Cadet et Quénéhervé (1982) ont montré également son inefficacité sur les nématodes
H. spinicaudata. L'incorporation de la poudre d'amandes de neem au repiquage ne semble pas
efficace ; il serait cependant important de revoir le mode d'application (par exemple
incorporation au labour) ou alors d'utiliser les tourteaux de neem qui sont plus faciles à
incorporer.
CONCLUSION
Il ressort de ces études que l'utilisation de paillage de feuilles de neem dans les parcelles
paysannes peut constituer un moyen de lutte efficace contre les nématodes parasites du riz.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
213
Lutte contre les nématodes parasites du riz – THIO, B. ET AL.
L'efficacité du neem dans la lutte contre les ravageurs n'est plus à démontrer et cette technologie
est facilement applicable par les producteurs. Les recherches futures seront plus orientées vers
le test de tourteaux de neem plus faciles à obtenir et demandant moins de quantité à appliquer
au champ. Des formulations de tourteaux de neem sont également disponibles.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Cadet, P. et Quénéhervé, P. 1982 Action des nématicides en rizière inondée contre
Hirschmanniella spinicaudata, Revue Nématol. 5 (1): 93-102.
Fortuner, R. and Merny, G., 1979 Root parasitic nematodes of rice, Revue de Nématologie,
2: 79-102.
Hollis, J. P. and Keoboonrueng, S. 1984 Nematodes parasites of rice. Pp. 95-146 In: Plant and
Insect Nematodes, Nickle, W. R. (Ed.), Marcel Dekker, New-York & Basel.
SAS 1992 StatView pour Windows. SAS Institute Unc, Copyright 1992-1998, Version 5,0.
Sawadogo, A., Thio, B., Konaté, Y. A. et Abdoulaye, A. 1994 Inventaire des nématodes
associés au riz irrigué au Sahel du Burkina et à l'Office du Niger au Mali. NuisiblesPests-Pragas, Vol. 2 (2) 130-148.
Seinhorst, J. W. 1950 De betekensis van de grond voor het optreden van aanstasting door het
stengelaaltje (Ditylenchus dipsaci (Kühn) Filipjev), Tijdschr, Plantenziekten, 56 : 289348.
Seinhorst, J. W. 1962 Modifications of the elutriation method for extracting nematodes from
soils. Nematologica, 8 : 117- 28.
Thio, B. 1999 Rapport annuel – INERA, 27p.
Thio, B. 2000 Rapport annuel – INERA, 34p.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
214
H. oryzae à Kollo – HAOUGUI, A. ET BASSO, A..
DYNAMIQUE DES POPULATIONS DE HIRSCHMANNIELLA
ORYZAE DANS LE PERIMETRE IRRIGUE DE KOLLO
HAOUGUI, A. et BASSO, A.
Institut National de la Recherche Agronomique du Niger (INRAN), NIAMEY, NIGER.
Résumé :
L’évolution d’Hirschmanniella oryzae a été étudiée. Les populations qui étaient faibles au début
de la campagne, augmentent et atteignent leur maximum 90 jours après repiquage avant de
décroître avec le changement de la physiologie des racines.
INTRODUCTION
Le programme de nématologie du riz a commencé ses travaux en 1999 par une étude
prospective sur différents sites rizicoles du Niger. Ces études ont montré que Hirschmanniella
oryzae est l’espèce la plus potentiellement dangereuse sur le riz irrigué de l’Ouest nigérien.
Actuellement nous ne connaissons presque rien de la biologie des nématodes parasites du riz en
général, H. oryzae en particulier, dans les systèmes irrigués du Niger.
L’objectif de cette étude est de connaître l’évolution des populations dans la zone de Kollo.
MATERIEL ET METHODES
Des prélèvements d’échantillons de sol et de racines de riz ont été faits, avant le repiquage pour
déterminer la population initiale, puis une fois par quinzaine jusqu’à la maturité du riz. Chaque
échantillon (2 kg de sol), est constitué de dix (10) sous échantillons pris au hasard sur une
parcelle de 0,5 ha. Les prélèvements ont été faits au niveau de la rhizosphère sur une profondeur
de 5-20 cm à l’aide d’un déplantoir. Pour chaque échantillon, 500 ml de sol ont étés prélevés et
mis dans deux litres d’eau.
Des analyses nématologiques ont été effectuées au laboratoire pour déterminer la densité de
nématodes à chaque prélèvement. Les nématodes du sol et des racines ont été dénombré.
Les extractions des nématodes du sol et des racines ont été faites par la méthode d’Oostenbrink
(1960) et par la méthode de Seinhorst (1950) respectivement.
RESULTATS
L’évolution des populations de Hirschmanniella oryzae est présentée dans la figure 1. Cette
figure montre que dans le sol, les populations du nématode sont faibles en début de campagne
du fait de l’effet dépressif de l’intersaison très chaude et sèche dans le Sahel. Les populations
ont diminué du 15ème au 45ème jour après repiquage (JAR). Tandis que dans le même temps on
note un léger accroissement de la densité de H. oryzae dans les racines du riz. Donc pendant ce
temps le nématode quitte le sol pour pénétrer dans les racines. A partir du 60ème jour, les
populations telluriques et racinaires augmentent rapidement et atteignent leur maximum le 90ème
JAR. Puis la population endophyte décroît rapidement alors que cette décroissance est un peu
atténuée pour la population du sol. Cette évolution est le schéma classique qu’on observe sur le
riz. Les nématodes qui ont pénétré dans les racines pondent des œufs qui éclosent pour libérer
des juvéniles dans les racines et qui peuvent quitter pour le sol, d’où l’augmentation
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
215
H. oryzae à Kollo – HAOUGUI, A. ET BASSO, A..
H.oryzae/100ml sol et gramme racine
exponentielle enregistrée à partir du 60ème jour. Ce processus se poursuit jusqu’au 90ème JAR,
période de début de maturation. C’est à ce moment que les racines commencent à changer de
physiologie et perdent leur aptitude à attirer les nématodes.
350
300
sol
250
racine
200
150
100
50
0
0
15
30
45
60
75
90
105 120 135
JAR
Fig. 1 : Evoltion des populations de Hirschmanniella oryzae
dans le périmètre rizicole de Kollo en saison humide
CONCLUSION
L’évolution des populations de l’espèce Hirschmanniella oryzae, respecte le schéma classique
généralement observé sur le riz. Cette espèce reste potentiellement dangereuse pour la
riziculture au Niger. Dès lors, des stratégies de lutte doivent être envisagées.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Oostenbrink, M., 1960 Estimating nematode population by some selected methods.
Nematology, 3 : 85-102.
Seinhort, J.W., 1950 De beteckenis van de toestand van de grond voor het optreden van aan
stasing door het Stengelaaltje Ditylenchus dipsaci (Kuhn Filipjev). Tijidschr. Plziekt.,
56 : 291-349.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
216
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
CYCLE ANNUEL DE DEVELOPPEMENT DE LA
CECIDOMYIE AFRICAINE DU RIZ, ORSEOLIA ORYZIVORA
EN RELATION AVEC SES PLANTES HOTES ET SES
PARASITOÏDES DANS LE SUD-OUEST DU BURKINA FASO.
DAKOUO, D., BA, N. M. et NACRO, S.
INERA, Station de Farako-ba, Programme Riz, BP 910 Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
Email: [email protected]
Résumé :
Durant quatre saisons consécutives de culture du riz, de juillet 1999 à juillet 2001, une étude a
été réalisée sur trois périmètres rizicoles du Sud-Ouest du Burkina Faso, sur le cycle annuel de
développement de la cécidomyie africaine du riz, Orseolia oryzivora, en relation avec ses
plantes hôtes et ses parasitoïdes. Elle a consisté en des observations mensuelles des dégâts de la
cécidomyie et de son parasitisme sur le riz cultivé dans les champs paysans et sur les repousses
de riz après la récolte. Les populations pré-imaginales du ravageur et leur parasitisme ont été
suivis sur l’espèce de riz sauvage, Oryza longistaminata. Des observations ont également porté
sur le parasitisme affectant la cécidomyie de Paspalum, Orseolia bonzii. Plus de 7% de dégâts
et de larves ont été observés sur les repousses de riz. L'espèce de riz sauvage O. longistaminata
abrite continuellement des larves de cécidomyie même en l’absence de toute culture de riz à des
taux atteignant 5%. Cette dernière demeure en effet la plante hôte de prédilection de la
cécidomyie avec plus de 15% de taux d'attaques en saison humide de culture. Plus de 70% de
parasitisme dû à la fois au parasitoïde pupal, Aprostocetus procerae et au parasitoïde larvaire,
Platygaster diplosisae a été observé sur le riz cultivé en saison humide de culture. Sur O.
longistaminata les mêmes espèces de parasitoïdes ont été rarement observées. Le parasitisme
sur la cécidomyie de Paspalum a été observé plus tôt que celui sur le riz et il est dû aux mêmes
espèces de parasitoïdes. Les repousses de riz et l'espèce de riz sauvage. O. longistaminata,
permettent la survie de la cécidomyie et de ses parasitoïdes en l'absence de toute culture de riz.
Les parasitoïdes de la cécidomyie du riz parasitent également la cécidomyie de Paspalum. Ces
résultats constituent des éléments importants dans l’étude bio-écologique de la cécidomyie
africaine du riz; ils pourraient servir dans l’élaboration d'une stratégie de lutte contre cet
important ravageur.
Mots Clés : Orseolia oryzivora, riz cultivé, O. longistaminata, repousses de riz, Aprostocetus
procerae, Platygaster diplosisae, Orseolia bonzii, Paspalum.
INTRODUCTION
La cécidomyie africaine du riz, Orseolia oryzivora Harris et Gagné (Diptera: Cecidomyiidae)
est un important ravageur du riz dans au moins vingt pays d'Afrique sub-saharienne (Anonyme,
1984 ; Dakouo et al., 1988 ; Singh, 1995).
Au Burkina Faso, la cécidomyie africaine du riz est endémique dans la région Sud-Ouest du
pays où elle occasionne plus de 60% de dégâts (Bonzi, 1979 ; Dakouo et al., 1988). Les travaux
de recherche conduits sur la cécidomyie ont permis de disposer d'informations sur sa bioécologie notamment sur les pratiques culturales et les facteurs climatiques impliqués dans sa
prolifération. Ils ont également permis de mettre en évidence l'action des ennemis naturels
constitués de Platygaster diplosisae, un parasitoïde ovo-larvaire et Aprostocetus procerae, un
parasitoïde des pupes. Plus de 70% de mortalité‚ de la cécidomyie du fait de ces deux
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
217
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
parasitoïdes ont été régulièrement observés sur le périmètre rizicole de Karfiguéla au Sud-Ouest
du Burkina Faso (Dakouo et al., 1988 ; Nacro et al., 1995).
Cependant, le rôle joué par les plantes hôtes alternatives dans le cycle de développement annuel
de la cécidomyie est peu connu. Des travaux conduits au Nigéria ont établi que la cécidomyie
du riz ne se développe que sur les plantes du genre Oryza (Williams et al., 1999). De plus il a
été établi que la cécidomyie qui se développe sur le genre Paspalum constitue bel et bien une
nouvelle espèce, décrite comme Orseolia bonzii (Harris et al., 1999) ; cette espèce ne peut pas
se développer sur les plants de riz.
La présente étude a pour objectif de déterminer le rôle joué par les plantes hôtes sauvages et les
repousses de riz dans le cycle de développement annuel de la cécidomyie africaine du riz au
Burkina Faso, ainsi que celui joué par cécidomyie de Paspalum sur la survie des parasitoïdes.
MATERIELS ET METHODES
Sites d'études
Ces sites sont constitués de trois périmètres rizicoles situés dans le Sud-Ouest du Burkina Faso :
Karfiguéla (332 ha), Banzon (457 ha) et Vallée du Kou (1100 ha). Ces sites appartiennent à la
zone climatique de la savane humide avec une hauteur moyenne annuelle de pluie de 1000 mm.
Echantillonnage et observations
L'étude a été conduite durant quatre saisons consécutives de culture du riz (deux saisons
humides et deux saisons sèches) de juillet 1999 à juin 2001. Les observations ont été réalisées
mensuellement et ont porté sur les dégâts et le parasitisme de la cécidomyie sur le riz cultivé
dans les champs, sur le riz sauvage aux alentours des champs et sur le parasitisme de la
cécidomyie de Paspalum. Les observations sur le riz cultivé ont été réalisées suivant des
transects parallèles dans 100 champs de riz choisis au hasard dans des quadrats de 1m² par
champ et ont consisté au comptage du nombre de talles et de galles par quadrat. Le parasitisme
de la cécidomyie du riz sur le riz cultivé a été estimé à partir de la dissection de 100 galles
échantillonnées au hasard. Sur le riz sauvage, les observations ont mensuelles ont porté sur des
plants dans les canaux d'irrigation, les diguettes et champs en jachère à partir desquelles 500
talles ont été disséquées. Le nombre de galles, de larves et de pupes saines et parasitées a permis
de calculer les taux d'infestation de la cécidomyie et son taux de parasitisme.
Enfin les observations sur Paspalum scrobiculatum ont porté sur des touffes de cette plante
desquelles 500 talles ont été disséquées ; le nombre de larves de la cécidomyie et le parasitisme
ont été enregistrés.
RESULTATS
Dégâts de la cécidomyie africaine du riz sur le riz cultivé
Durant la saison humide 1999, les dégâts de la cécidomyie ont été observés sur tous les sites
dès le mois d'août (figure 1). Une différence significative (P< 0,001) a été observée entre les
dégâts mensuels sur chacun des trois sites. A Karfiguéla et à la Vallée du Kou, il a été observé
un accroissement régulier des dégâts d'août à la maturation du riz en novembre. Les premiers
dégâts ont été inférieurs à 1% en août mais ont atteint 7% en novembre à Karfiguéla et plus de
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
218
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
13% à la Vallée du Kou. A l’inverse, à Banzon, les dégâts ont été inférieurs à 2% durant toute
la saison.
En saison humide 2000, les dégâts ont été enregistrés à partir de septembre et ont connu une
croissance régulière jusqu'en décembre sur les trois sites (figure 1). Sur chacun des trois sites, il
existe une différence significative entre les dégâts enregistrés mensuellement (P< 0,001). A
Karfiguéla, le pic des attaques (14%) a été observé en novembre. Cependant à Banzon et à la
Vallée du Kou, ces pics (2% et 5%) ont été enregistrés à la maturité du riz en décembre.
En saison sèche 2000, la mise en place de la culture est intervenue en fin février. Les dégâts ont
été enregistrés en avril et en mai avec une différence significative entre les moyennes de ces
deux mois sur chacun des sites (P< 0,001). Les taux les plus importants ont été observés à
Karfiguéla (figure 2) en avril ( 0,5% ) et en fin de saison ( 1,2%).
Au cours de la saison sèche 2001, les dégâts ont été faibles du début de la culture en février à la
fin de la saison en mai, avec une différence significative entre les moyennes mensuelles à
Karfiguéla et à Banzon (P< 0,001). Le taux le plus important a été enregistré à Karfiguéla en
mai ( 0,6%).
25
Banzon
Karfiguéla
Vallée du Kou
20
% de galles
15
10
5
0
A
S
Saison
O
humide
1999
N
S
O
Saison
humide
N
D
2000
Fig. 1 : Pourcentages moyens de galles sur le riz pendant les saisons humides 1999 et 2000 à
Banzon, Karfiguéla et la vallée du Kou. (Les barres représentent les déviations standards
de la moyenne)
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
219
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
3,5
Banzon
3
Karfiguéla
Vallée du Kou
% de galles
2,5
2
1,5
1
0,5
0
F
M
A
M
F
Saison sèche 2000
M
Saison
A
M
sèhe 2001
Fig. 2 : Pourcentages moyens de galles sur le riz pendant les saisons sèches 2000 et 2001 à
Banzon, Karfiguéla et la vallée du Kou. (Les barres représentent les déviations standards
de la moyenne).
Evolution des populations pré-imaginales et des dégâts de la cécidomyie africaine du riz sur
les repousses de riz.
Les populations pré-imaginales de la cécidomyie du riz et les dégâts sur les repousses de riz ont
été observés dans chaque site après la récolte de la culture de riz (tableau I). En juillet 1999
(après la récolte de la saison sèche 1999), des galles ont été observées seulement à Banzon
(0,2%). A l’inverse, des larves ont été observées dans chacun des trois sites à des taux compris
entre 0,2 et 0,3%. En décembre 1999 (après la récolte de la saison humide 1999), les taux de
galles les plus importants ont été de 8% et ceux des larves de 6% à Karfiguéla. En juillet 2000
(après la récolte de la saison sèche 2000), aucune galle n’a été observée sur les repousses de riz,
cependant la dissection des tiges a révélé des taux de larves variant entre 0,2 et 0,6%. En janvier
2001 (après la récolte de la saison humide 2000), les taux les plus importants de galles (4%) et
de larves (5,6%) ont été enregistrés sur les repousses de riz à Karfiguéla. En juin 2001 (après la
récolte de la saison sèche 2001), des galles et des larves ont été observés sur les trois sites sur
les repousses de riz à des taux inférieurs à 5% et 2% respectivement (tableau I).
Tableau I : Evolution des taux de galles et de larves de cécidomyie enregistrés sur les
repousses de riz après les récoltes des cultures en fonction des sites.
Sites
Mois
Juillet 1999
Décembre 1999
Juillet 2000
Janvier 2001
Juin 2001
Actes du 4Rs 2002
Karfiguéla
Galles
Larves
0,0
0,3
8,0
6,1
0,0
0,6
4,0
5,6
2,9
1,6
Banzon
Galles
Larves
0,2
0,2
6,0
2,0
0,0
0,3
0,1
0,5
1,5
0,2
Ravageurs et maladies
Vallée du Kou
Galles
Larves
0,0
0,2
7,2
3,0
0,0
0,2
0,1
1,0
4,6
0,5
220
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
Evolution des attaques de la cécidomyie africaine du riz
longistaminata
sur le riz sauvage, Oryza
Au cours des quatre saisons de l'étude, une seule espèce de riz sauvage, Oryza longistaminata a
été rencontrée. A Karfiguéla, O. longistaminata a été observée sur les diguettes de séparation
des champs et dans les petits canaux d'irrigation. Par contre à la vallée du Kou, cette espèce de
riz sauvage a été surtout localisée dans les bas-fonds voisins du périmètre rizicole.
La comparaison entre les taux de galles enregistrés par saison révèle une différence significative
(tableau II) à Karfiguéla (P = 0,0007) mais pas à Banzon (P = 0,61) et à la vallée du Kou
(P = 0,35).
Au cours de la saison humide 1999, la différence des taux de galles enregistrés entre les trois
sites n'est pas significative (P = 0,26). Des galles ont été enregistrées à Karfiguéla d'octobre à
décembre, à Banzon seulement en novembre tandis qu'à la Vallée du Kou aucune galle n’a été
observée pendant toute la saison humide 1999 (tableau II).
En saison sèche 2000, aucune galle n'a été observée de janvier à juin quelque soit le site
(tableau II). Au cours de la saison humide 2000, le taux de galles le plus important a été
enregistré à Karfiguéla (2,55). Sur ce site, les galles ont été observées d'août à décembre tandis
que sur les deux autres sites, elles ont été enregistrées seulement en décembre et en octobre. En
saison sèche 2001, les galles ont été enregistrées une seule fois à Karfiguéla et à Banzon mais
pas à la Vallée du Kou (tableau II).
Tableau II :
Evolution des taux de galles saisonniers enregistrés sur O. longistaminata dans
les différents sites.
Saisons
Humide 1999
Sèche 2000
Humide 2000
Sèche 2001
Probabilités
Karfiguéla
0,90 (0,36)b
0,71 (0,00)b
1,65 (2,55)a
0,76 (0,00)b
0,0007
Banzon
0,81 (0,22)a
0,71 (0,00)a
0,73 (0,04)a
0,73 (0,03)a
0,61
Vallée du Kou
0,71 (0,00)a
0,71 (0,00)a
0,73 (0,00)a
0,71(0,00)a
0,35
Les moyennes suivies de la même lettre à l’intérieur d’une colonne ne sont pas significativement différentes au
seuil de probabilité de 5%. Les moyennes entre parenthèses ont été transformées par la formule (X + 0,5)1/2.
Evolution des populations pré-imaginales de la cécidomyie africaine du riz sur le riz
sauvage, Oryza longistaminata
Au cours de la saison humide 1999, les populations pré-imaginales de cécidomyie ont été
enregistrées d'août à novembre sans aucune différence significative entre les sites (P = 0,28)
(tableau III). A Karfiguéla, les populations pré-imaginales ont été observées de septembre à
décembre tandis qu’à Banzon, elles ont été enregistrées en août et d'octobre à décembre et à la
Vallée du Kou, cette présence n’a été observée qu’une seule fois.
Aucune différence significative n'a été décelée entre les taux moyens de population préimaginale enregistrés en saison sèche 2000 sur les trois sites (P = 0,09). Cependant une
variation dans la fréquence de présence de la cécidomyie a été observée selon les sites,
principalement à Karfiguéla (janvier à avril) et à Banzon (en janvier uniquement). A l’inverse
des deux premiers sites, à la vallée du Kou, la cécidomyie n'a jamais été observée sur O.
longistaminata pendant toute la saison sèche 2000 (tableau III).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
221
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
Tableau III : Evolution des taux de larves saisonniers enregistrées sur O. longistaminata en
fonction des sites.
Saisons
Humide 1999
Sèche 2000
Humide 2000
Sèche 2001
Probabilités
Karfiguéla
1,04 (0,68)b
0,82 (0,79)b
1,62 (2,46)a
0,86 (0,27)b
0,01
Banzon
1,04 (0,66)a
0,76 (0,08)b
0,76 (0,08)b
0,75 (0,07)b
0,03
Vallée du Kou
0,79 (0,17)a
0,71 (0,00)a
0,85 (0,26)a
0,71 (0,00)a
0,33
Les moyennes suivies de la même lettre à l’intérieur d’une colonne ne sont pas significativement différentes au
seuil de probabilité de 5%. Les moyennes entre parenthèses ont été transformées par la formule (X + 0,5)1/2.
Au cours de la saison humide 2000, les populations pré-imaginales de la cécidomyie ont été
observées de septembre à décembre mais pas en août. La différence entre les taux moyens
enregistrés est significative entre les trois sites (P = 0,01). Le taux le plus important a été
observé à Karfiguéla (2,46%). La fréquence de présence des populations pré-imaginales de
l’insecte a varié entre les sites au cours de la saison. Ainsi à Karfiguéla, des larves ont été
observées de septembre à décembre. A l’inverse à la Vallée du Kou, elles ont été observées
seulement en novembre et en décembre et à Banzon, en septembre et en décembre (tableau III).
Pendant la saison sèche 2001, aucune différence significative n'a été décelée entre les sites
(P = 0,11) (tableau III).
Evolution du parasitisme affectant la cécidomyie du riz sur le riz cultivé
Le parasitisme affectant la cécidomyie africaine du riz a été observé sur le riz cultivé au cours
des saisons humides 1999 et 2000 (figure 3), alors qu’il était absent en saisons sèches 2000 et
2001.
Au cours de la saison humide 1999, le parasitisme de la cécidomyie a été observé sur l'ensemble
des sites à partir de septembre, un mois après la mise en place de la culture. Le parasitisme
pupal dû à Aprostocetus procerae a été plus important en septembre et en octobre que celui
affectant les larves et dû à Platygaster diplosisae. Mais en novembre, au moment de la
maturation du riz, le parasitisme larvaire était plus important. Le plus important taux de
parasitisme pupal a été enregistré à Karfiguéla avec 45% en septembre alors que le plus
important taux de parasitisme larvaire a été enregistré à Banzon en novembre avec 46%. Le pic
du cumul de parasitisme dû aux deux hyménoptères a été observé à Karfiguéla en septembre en
phase de tallage du riz avec un taux de 64% alors que sur les deux autres sites, ce pic a été
observé en fin de cycle du riz en novembre avec des taux de 50% et 60% respectivement à
Banzon et à la Vallée du Kou,
Durant la saison humide 2000, le parasitisme de la cécidomyie du riz a été observé dès la mise
en place des cultures en septembre. à Karfiguéla et à la Vallée du Kou et seulement en
novembre à Banzon. A Karfiguéla et à Banzon, comme en 1999, le parasitisme pupal a été plus
important durant les premiers mois de la saison, avant de baisser en intensité par rapport au
parasitisme larvaire en fin de cycle du riz, alors qu'à la Vallée du Kou, la situation inverse a été
observée. Le plus important taux de parasitisme pupal (45%) a été observé en octobre à
Karfiguéla; et le plus important taux de parasitisme larvaire (30%) a été observé en décembre
sur le même site. Le parasitisme affectant les populations larvaires a été plus constant à la
Vallée du Kou par rapport aux deux autres sites. A Banzon. les taux des deux types de
parasitisme ont été faibles (< 7%).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
222
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
Le cumul de parasitisme dû aux deux parasitoïdes a été toujours plus important à Karfiguéla,
que sur les deux autres sites. Sur ce site, deux pics ont été enregistrés en octobre et en décembre
avec des taux respectifs de 70% et 52%. A la Vallée du Kou et à Banzon, le pic du cumul de
parasitisme a été observé en phase de maturation du riz en décembre avec des taux respectifs de
30% et 11%.
Evolution du parasitisme affectant la cécidomyie du riz sur l'espèce de riz sauvage, Oryza
longistaminata
Le parasitisme affectant la cécidomyie africaine du riz, sur l'espèce de riz sauvage Oryza
longistaminata a été observé au cours des saisons humides 1999 et 2000 et de la saison sèche
2001. Ce parasitisme a été rare et a seulement été observé sur le site de Karfiguéla.
Au cours de la saison humide 1999, le parasitisme larvaire dû à Platygaster diplosisae a été
enregistré aux taux de 20% et 80% respectivement en octobre et en novembre. En saison
humide 2000, le parasitisme larvaire a été observé d'octobre à décembre à des taux atteignant
35%. Il a été également observé pendant la saison sèche 2001 en février et mars 2001 aux taux
respectifs de 100% et 25%.
Contrairement au parasitisme affectant les populations larvaires, celui affectant les pupes de la
cécidomyie et dû à Aprostocetus procerae, a été rarement observé dans les tiges de O.
longistaminata. Il a été enregistré deux fois en novembre 1999 et en décembre 2000 aux taux
respectifs de 50% et 25%.
Evolution du parasitisme affectant la cécidomyie de Paspalum, Orseolia bonzii
Durant la saison humide 1999, la cécidomyie de Paspalum, O. bonzii n'a pas été observée sur
les sites de Banzon et de la Vallée du Kou alors que sur le périmètre rizicole de Karfiguéla, elle
a été observée d'août à décembre à des taux pouvant atteindre 7% (figure 4). Le parasitisme
affectant la cécidomyie de Paspalum a été essentiellement pupal et dû à un ectoparasitoïde
solitaire du genre Aprostocetus. Ce parasitisme a été enregistré au taux de 6% en septembre,
50% en octobre et 68% en décembre. Un parasitisme a également été observé sur les larves de
O. bonzii et dû à un endoparasitoïde grégaire du genre Platygaster. Ce parasitisme a été observé
une fois en octobre, au taux de 50% (figure 4).
Pendant la saison sèche 2000, la cécidomyie de Paspalum n'a pas été observée dans les tiges
disséquées de janvier à mars. C’est en mai et en juin que cette cécidomyie a été observée à des
taux atteignant 5% à la Vallée du Kou, 3% à Karfiguéla et moins de 1% à Banzon. Mais aucun
parasitisme n'a été enregistré‚ durant la saison sèche 2000.
Au cours de la saison humide 2000, le même genre de parasitisme qu’en 1999 a été enregistré à
nouveau sur O. bonzii. Ce parasitisme a été pour l'essentiel observé à Karfiguéla. Comme en
1999, le parasitisme pupal a été plus fréquent que le parasitisme larvaire. A Karfiguéla, le
parasitisme affectant les larves a été observé en novembre au taux de 0,30% alors que le
parasitisme pupal a été enregistré en août et novembre à des taux pouvant atteindre 46%. A la
Vallée du Kou, le parasitisme de la cécidomyie de Paspalum a été observé en décembre aussi
bien sur les larves que sur les pupes au taux de 100%. Cependant le taux de présence de O.
bonzii sur sa plante hôte a été inférieur à 4% pour les larves et a atteint 13% pour les pupes à
Karfiguéla contre moins de 1% pour les larves et pupes à la Vallée du Kou (figure 4).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
223
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
larves
pupes
cumul
80
A
% de parasitisme
60
40
20
0
Août
Sept
Oct
Nov
Sept
Saison humide 1999
Oct
Nov
Déc
Saison humide 2000
larves
pupes
cumul
50
B
% de parasitisme
40
30
20
10
0
Août
Sept
Oct
Nov
Sept
Saison humide 1999
Oct
Nov
Déc
Saison humide 2000
larves
pupes
cumul
60
% de parasitisme
50
C
40
30
20
10
0
Août
Sept
Oct
Saison humide 1999
Nov
Sept
Oct
Nov
Déc
Saison humide 2000
Fig. 3 : Taux de parasitisme affectant les populations larvaires et pupales de la
cécidomyie africaine du riz à Karfiguéla (A), Banzon (B) et à la vallée du Kou (C).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
224
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
En saison sèche 2001 et avant la mise en place des nouvelles cultures de riz, le parasitisme a été
observé sur les pupes de la cécidomyie de Paspalum en juin et juillet sur le site de la vallée du
Kou uniquement aux taux respectifs de 20% et 44,4%.
80
8
% de pupes parasitées
% de larves parasitées
70
7
6
50
5
40
4
30
3
20
2
10
1
0
% populàtions pré-imaginales
% parasitisme
% populations pré-imaginales
60
0
Juil
Août
Sept
Oct
Nov
saison humide 1999
Déc
Mai
Juin
Août
Saison sèhe 2000
Sept
Oct
Nov
Déc
saison humide 2001
Fig. 4 : Populations pré-imaginales de la cécidomyie de Paspalum et leur parasitisme
Karfiguéla de 1999 à 2001
DISCUSSION-CONCLUSION
Les dégâts de la cécidomyie dans les champs de riz ont connu une augmentation du début à la
fin des saisons humides 1999 et 2000 et une quasi absence au cours des saisons sèches 2000 et
2001. Les conditions climatiques, très différentes entre ces deux types de saisons peuvent
expliquer en partie cette situation. En effet, la cécidomyie africaine du riz se développe dans des
conditions de pluviométrie abondante et de forte humidité relative de l'air (Bonzi, 1979 ;
Dakouo et al., 1988 ; Nacro et al., 1995). La quasi absence de dégâts de cécidomyie en saison
sèche peut s'expliquer donc pour l'essentiel par des conditions climatiques particulièrement
défavorables au développement de l'insecte (faible humidité relative de l'air et absence de
pluie), faisant ainsi de la cécidomyie du riz, un ravageur de saison humide.
Comme plante hôte alternative, seule l'espèce de riz sauvage, O. longistaminata a été rencontrée
sur les trois périmètres rizicoles de l’étude. Cette plante a été observée dans divers habitats
(canaux d'irrigation et diguettes, et bas-fonds proches des périmètres rizicoles). O.
longistaminata a abrité des larves de cécidomyie pendant les quatre saisons de l’étude allant de
juillet 1999 à juin 2001. Les populations pré-imaginales de la cécidomyie africaine du riz ont
été observées à des taux dépassant parfois 5% sur cette plante hôte sauvage. Les taux de galles
les plus importants sur cette plante hôte sauvage ont été relevés à Karfiguéla en saison humide
1999 (moins de 1%) et en saison humide 2000 (plus de 5%). Ces résultats sont comparables à
ceux rapportés par Bonzi (1980) à la Vallée du Kou et par Kamara (1998) en Sierra Léone sur la
même plante hôte.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
225
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
La présence quasi continue de la cécidomyie sur O. longistaminata permet d’établir que cette
plante hôte joue un important rôle dans la survie des populations de l'insecte entre deux saisons
de culture de riz. Ainsi à Karfiguéla la présence de larves de cécidomyie sur O. longistaminata a
été décelée en janvier 2000 et 2001 en l’absence de toute culture de riz. En mars 2000, une
observation similaire a été réalisée sur le même site à une période où les dégâts de la
cécidomyie n'étaient pas encore signalés dans les champs de riz nouvellement repiqués. Ce rôle
peut être partagé momentanément avec les repousses de riz cultivé pouvant présenter jusqu'à
8% de galles après la récolte du riz. Cependant ces repousses de riz se dessèchent rapidement en
l’absence d’eau dans les parcelles pour laisser la place exclusivement à O. longistaminata.
Le parasitisme affectant la cécidomyie africaine du riz a été observé aussi bien sur le riz cultivé
Oryza sativa que sur l'espèce sauvage Oryza longistaminata durant les saisons humides 1999 et
2000. Sur O. longistaminata ce parasitisme a été en plus enregistré en saison sèche 2001.
Le parasitisme affectant la cécidomyie sur le riz cultivé était essentiellement du fait du
parasitoïde pupal, Aprostocetus procerae en début de saison humide avant de devenir en fin de
saison, larvaire du fait de Platygaster diplosisae. Cette prédominance du parasitisme pupal sur
le parasitisme larvaire est contraire aux observations des années précédentes car sur le site de
Karfiguéla le parasitisme larvaire a toujours été le plus important (Nacro et al., 1995). Cette
situation est similaire à celle rapportée par Feijen et Schulten (1983) au Malawi à la nuance près
que dans notre cas, le parasitisme larvaire prend le dessus en fin de saison. Sur les sites de
Banzon et de la Vallée du Kou, le cumul du parasitisme larvaire et pupal évolue de façon
croissante au cours de la saison avec des taux plus élevés enregistrés en fin de saison de culture.
Cette dynamique du parasitisme est similaire à celle des populations de la cécidomyie. Ce qui
signifie donc que le parasitisme est de type densité dépendant conformément aux observations
de Nacro et al. (1995). A l’inverse, sur le site de Karfiguéla, le cumul de parasitisme larvaire et
pupal évolue en dent de scie. Il a été assez important en début de saison avec un taux de l'ordre
de 70% en saison humide 1999 et 2000.
Alors que le parasitisme affectant la cécidomyie sur le riz cultivé a été très important, le
parasitisme sur O. longistaminata a été rare et très faible. Ce parasitisme est dû essentiellement
au parasitoïde larvaire, Platygaster diplosisae comme rapporté au Nigéria par Williams et al.
(1999). Il est observé le plus souvent en même temps que le parasitisme de la cécidomyie sur le
riz cultivé. Cependant au cours de la saison sèche 2001, entre février et mars, il a été observé
sur cette plante hôte sauvage alors qu'il était absent sur le riz cultivé. Cette observation permet
de penser que O. longistaminata abrite la cécidomyie du riz et son cortège parasitaire en
l'absence du riz cultivé.
Le parasitisme observé sur la cécidomyie de Paspalum, O. bonzii est identique à celui associé à
la cécidomyie du riz. Il est constitué des parasitoïdes des larves du genre Platygaster et des
pupes du genre Aprostocetus. Le cumul du parasitisme dû à ces deux hyménoptères peut
affecter plus de 70% des larves et pupes de la cécidomyie de Paspalum. Ces deux espèces de
parasitoïdes en plus de quatre autres ont été observées au Nigeria par Harris et al. (1999). Mais
contrairement à ces auteurs, le parasitisme affectant les pupes dû à A. procerae a été plus
important et plus fréquent que celui affectant les larves dû à P. diplosisae. L'importance de O.
bonzii dans la survie des deux parasitoïdes pour lesquels la cécidomyie du riz est l'hôte préféré
est illustrée à Karfiguéla aux mois de décembre 1999 et d’août 2000 et à la Vallée du Kou en
juin et juillet 2001 où le parasitisme est observé sur Paspalum en l'absence de parasitisme sur le
riz cultivé. Cette situation permet donc de dire que O. bonzii pourrait jouer un rôle important
dans la survie des parasitoïdes de la cécidomyie du riz.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
226
O. oryzivora, ses parasitoïdes et ses plantes hôtes – DAKOUO, D. et AL.
Le cycle annuel de la cécidomyie africaine du riz pourrait être donc résumé de la manière suivante:
-
Au début de la saison humide, la cécidomyie migre de O. longistaminata vers la culture de
riz nouvellement mise en place. Ses populations se maintiennent sur O. longistaminata à un
taux faible durant toute la saison humide.
-
Parallèlement sur le riz cultivé, à la faveur des conditions climatiques et biotiques
particulièrement favorables, ses populations connaissent un développement croissant jusqu'à
la maturation du riz.
-
En fin de saison humide, le développement de l'insecte est réduit du fait du parasitisme
provenant probablement de O. bonzii, des conditions climatiques défavorables et de
l'absence de jeunes talles de riz susceptibles d'être attaquées.
-
Après la récolte du riz, quelques larves de cécidomyie ayant échappé au parasitisme vont
survivre sur les repousses de riz et sur O. longistaminata.
-
La mise en place d'une nouvelle culture de riz en saison sèche après une période
relativement courte sans riz ne permettra pas pour autant une reprise de la prolifération de la
cécidomyie du fait de conditions climatiques défavorables. Une faible population se
maintiendra cependant sur O. longistaminata.
-
Il faudra alors attendre une nouvelle saison humide pour observer une reprise spectaculaire
dans le développement des populations de la cécidomyie.
Comme on le voit le riz sauvage et la cécidomyie de Paspalum jouent un rôle essentiel dans
l’écosystème de la cécidomyie du riz. Le riz sauvage permet la survie des populations de la
cécidomyie du riz. La cécidomyie de Paspalum elle, sert d’hôte relais aux parasitoïdes de la
cécidomyie du riz.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Bonzi, S. M.1979 Résultats des premières investigations sur les insectes ravageurs du riz en
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lutte contre les maladies et les insectes du riz tenu à Bobo Dioulasso du 17 au 22
septembre 1979, 9p.
Bonzi, S. M.1980 Wild host plants of the rice gall midge Orseolia oryzae W.-M. (Diptera,
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Ravageurs et maladies
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Kamara, S. I. 1998 Rôle of alternate hosts and crop residue management for the African rice
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presented at a group discussion and planning meeting on “Bio-ecology and management
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Nacro, S., Dakouo, D. and Heinrichs, E. A. 1995 Population dynamics, host plant damage and
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Singh, B. N. 1995 Breeding for resistance to insect in lowland rice. Pp. 77-79 In : WARDA
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Williams, C. T., Okhidievbie, O., Harris, K. M. and Ukwungwu, M. N. 1999 The host range,
annual cycle and parasitoids of the African rice gall midge Orseolia oryzivora (Diptera:
Cecidomyiidae) in central and southeast Nigeria. Bull. of Ent. Res., 89 : 589-597.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
228
Résistance variétale à O. Oryzivora – HAMADOUN, A.
RESISTANCE VARIETALE A LA CECIDOMYIE AFRICAINE
DU RIZ
HAMADOUN, A.
IER/CRRA Sikasso, Programme Riz de Bas-fond. BP. 16 Sikasso - Mali
Résumé :
La cécidomyie africaine du riz, Orseolia oryzivora Harris et Gagné, constitue l’une des
principales contraintes biotiques du riz dans les zones centre et sud du Mali. Les rizicultures de
bas-fond et irriguée demeurent les plus concernées avec des niveaux d’infestation variant de 30
à 80 %. Les travaux de recherche menés au cours de cette étude ont regroupé d’une part le
criblage préliminaire de 27 entrées et d’autre part l’évaluation du comportement de 10 variétés
prometteuses vis à vis de la cécidomyie africaine. Les observations de talles saines et infestées
par le ravageur ont porté sur un échantillon de 20 poquets par parcelle élementaire.
Il ressort des résultats obtenus à l’issue de deux années d’expérimentation dans le site-clé de
Baguineda des réactions de tolérance et parfois de résistance de certaines variétés. La variété
BW 348-1, avec sa bonne performane en période de forte pression du ravageur, pourrait alors se
substituer aux variétés sensibles (BG 90-2 et Kog 91-1) actuellement cultivées par les paysans.
Le criblage préliminaire des nouvelles entrées a revelé que les variétés TOG 6216, Velutachera,
ARC 6605, Kaupm 703 et Natha 8 sont prometteuses pour la constitution de sources de
résistance vis à vis de la cécidomyie.
Mots-clés : Cécidomyie du riz, Orseolia oryzivora, variétés,
INTRODUCTION
Le riz occupe une place importante parmi les céréales cultivées au Mali. La demande en riz est de
plus en plus croissante sous l’effet conjugué de la croissance démographique et de l’accroissement
de la consommation per capita (32,2 kg). Le pays aura à recourrir à des importations estimées à
110.000 tonnes à l’an 2010 pour résorber le déficit (FAO, 1995)
Les principales contraintes biotiques de la production rizicole au Mali demeurent la panachure
jaune du riz (RYMV), la cécidomyie africaine et les adventices ( Hamadoun et al., 1998).
La cécidomyie est l’un des ravageurs du riz les plus cités à travers l’Afrique (Agen Sampong.
1982 ; Alam et al., 1985). Signalée pour la première fois au Soudan par Joyce (1954), l’espèce
africaine Orseolia oryzivora a été longtemps confondue avec l’espèce asiatique Orseolia
oryzae. Ce n’est qu’à partir de 1982 que Harris et Gagné (1982) ont montré que l’espèce
africaine était morphologiquement différente et qu’elle est indigène à l’Afrique sub-saharienne.
Des dégâts spectaculaires ont été enregistrés en zone de savanne du Nigéria (Ukwungu et al.,
1989). Au Mali, les infestations ont atteint 80% sur la variété BG 90-2, largement cultivée par
les paysans, dans le périmètre irrigué de Baguineda au cours de l’hivernage 1994 (Hamadoun,
1996). Par endroit, il a été noté une destruction totale de pépinières rendant impossible le
repiquage des jeunes plants par certains paysans.
Récemment encore, les périmètres de San et Baguineda ont connu une recrudescence du
ravageur et les pertes de rendement sont estimées à 55 % (Hamadoun et al., 2000).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
229
Résistance variétale à O. Oryzivora – HAMADOUN, A.
La présente étude vise à minimiser les pertes de rendement causées par la cécidomyie africaine du
riz, en mettant à la disposition du paysan des variétés tolérantes ou résistantes; une méthode de
lutte, certes économique mais aussi respectueuse de l'environnement. En conséquence, on aboutit à
une augmentation sensible de la production du riz et une amélioration des revenus des agriculteurs.
MATERIEL ET METHODES
L'activité de recherche a porté d’une part sur le criblage préliminaire de nouvelles entrées et
d’autre part l'évaluation de matériel végétal prometteur (pour sa productivité et son adaptabilité)
vis à vis de la cécidomyie africaine du riz, en conditions naturelles d'infestation. Ce matériel est
composé de plusieurs variétés/lignées de riz irrigué et de bas-fond.
Les essais ont été conduits dans le site de Baguineda, situé à 30 km en aval de Bamako sur la
rive droite du fleuve Niger et qui relève de l’Office du périmètre irrigué de Baguineda. Le
dispositif expérimental est en blocs de Fisher dans les deux cas. Les semis en pépinière sont
réalisés le 30 juin 2001. Les repiquages sont intervenus 21 jours après semis. Les plants sont
repiqués à 20 cm x 20 cm, en 2 brins par poquet.
Pépinière de criblage
Elle est composé de 27 entrées issues de l’ADRAO, Il s’agit de :
ABHAYA
SHAKTI
AGANNI
ITA 306
ARC 5987
VELUTACHERA
ARC 6605
BW 348-1
CISADANE
KAUPM 703
NAHTA 8
PHALGUNA
PTB 12
TOG 6489
Tox 3118-6-E2-3-2 (WITA 1)
Tox 3093-35-2-3-3 (WITA 2)
Tox 3100-32-2-1-3-5 (WITA 3)
Tox 3100-44-1-2-3-3 (WITA 4)
Tox 3255-82-1-3-2 (WITA 5)
Tox 3399-64-2-2-1 (WITA 6)
Tox 3566-6-1-1-2
Tox 3580-15-3-3-3-2-2
Tox 3894-13-3-1-1-1-2-3
RP 1545-25-2-1
SAMALEI
TOG 6216
SAMRIDHI
Les variétés NAHTA 8 et ITA 306 sont utilisées comme témoins, pour leur résistance et leur
sensibilité à la cécidomyie, respectivement. Le nombre de répétition est de 3.
Essai de comportement des variétés prometteuses :
Lesvariétés/lignées sont au nombre de 10 en provenance de l’ADRAO et du programme
national malien de recherche sur le riz. Ce sont :
IR 28-118-138-2-3
BW 348- 1
TOX 3118-6-E2-1-4
SEBERANG MR 77
TOX 3098-12-1-1-1
Niono 1
Actes du 4Rs 2002
Niono 2
ITA 398
ITA 344
ITA 306
SUAKOKO 8
Ravageurs et maladies
230
Nématodes et dégradation des sols – THIO, B. et AL.
Le témoin est représenté par la variété ITA 306. Le nombre de répétition est de 4. Les parcelles
élémentaires sont de 20 m2.
Il a été d’abord procédé au labour, au hersage et la mise en boue de la parcelle avant d’effectuer le
repiquage. Le phosphate d'ammoniaque est appliqué à 100 kg/ha en fumure de fonds et 250 kg
d'urée en couverture (tallage et montaison-épiaison). L’entretien a consisté essentiellement au
désherbage manuel à la demande.
Observations
Le comptage du nombre de talles et de tubes d'oignons a été réalisé sur un échantillon de 20
poquets par parcelle élementaire. Aussi, le nombre total de poquets (sains et attaqués) au niveau de
chaque parcelle élementaire a été noté, de même que le rendement des variétés.
Analyse
L’analyse de variance a été réalisée avec le logiciel Stat-ITCF et le test de séparation des
moyennes utilisé a été celui Newman et Keuls. L’évaluation de la réaction des variétés est basée
sur l'échelle de l'IRRI.
RESULTATS ET DISCUSSION
A Baguinéda, les observations relatives aux infestations se sont déroulées en plusieurs périodes
au cours du cycle de développement du riz. La période de fortes infestations retenues demeure
60 jours après repiquage. Les tableaux I et II récapitulent les différents paramètres observés au
cours de l’expérimentation.
Pépinière de criblage
Sur le tableau I sont portées les infestations des plants de riz par la cécidomyie. L’examen des
différentes réactions des talles attaquées a conduit à l’identification d’une variété hautement
sensible (ABHAYA), 7 variétés sensibles, 10 variétés modérément sensibles et 9 variétés
modérément résistantes. En ce qui concerne les infestations des poquets, les réactions sont en
général hautement sensibles. Les variétés TOG 6216 et kaupm 703 demeurent cependant les
moins sensibles.
Actes du R4S 2002
Ravageurs et maladies
231
Résistance variétale à O. oryzivora – HAMADOUN, A.
Tableau I : Réactions du matériel de la pépinièrede criblage vis à vis de la cécidomyie du riz
(Baguineda , hivernage 2001)
Entrées
Poquets
Infestations(%)
ABHAYA
AGANNI
ARC 5987
ARC 6605
BW 348-1
CISADANE
VELUTACHERA
KAUPM 703
NAHTA 8
PHALGUNA
PTB 12
RP 1545-25-2-1
SAMALEI
SAMRIDHI
SHAKTI
ITA 306
Tox 3093-35-2-3-3
Tox 3100-32-2-1-3-5
Tox 3100-44-1-2-3-3
Tox 3118-6-E2-3-2
Tox 3255-82-1-3-2
Tox 3399-64-2-2-1
Tox 3566-6-1-1-2
Tox 3580-15-3-3-3-2-2
Tox 3894-13-3-1-1-1-2-3
TOG 6489
TOG 6216
Talles
Réactions
60
38
38
42
47
47
35
10
30
47
32
27
40
52
37
52
33
45
50
40
38
67
33
52
58
42
12
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
MS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
HS
S
Infestations (%)
15
8
8
4
8
5
2
1
4
12
4
4
7
11
6
16
7
7
12
11
4
15
6
8
14
7
1
Réactions
HS
MS
MS
MR
MS
MR
MR
MR
MR
S
MR
MR
MS
S
MS
HS
MS
MS
S
S
MR
S
MS
MS
S
MS
MR
Comportement de variétés prometteuses de riz
Le tableau II récapitule les réactions des variétés sur la base des infestations de talles et de
poquets et des talles ainsi que les rendements. Les comportements des variétés vont de la haute
sensibilité à des réactions intermédiaires. Ainsi, toutes les variétés se sont montrées très
sensibles sur la base des infestations des poquets. Au niveau des talles par contre, les réactions
vont de la sensibilité moyenne à la haute sensibilité des variétés. On distingue ainsi 7 variétés
modérement sensibles, 3 variétés sensibles et 1 variété hautement sensible à l’attaque de la
cécidomyie.
L’analyse du rendement ne revèle aucune différence significative entre les variétés. Toutefois,
les variétés ITA 398, BW 348-1 et Niono 2 ont fourni les rendements les plus élevés à la
différence de Niono 1, Souakoko 8 et ITA 306 avec les plus faibles rendements.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
232
Résistance variétale à O. oryzivora – HAMADOUN, A.
Tableau II : Comportement des variétés et lignées prometteuses vis à vis de la cécidomyie
africaine du riz (Périmètre irrigué de Baguineda, Hivernage 2001)
Lignées / Variétés
Poquets (%)
IR 28-118-138-2-3
TOX 3118-6-E2-1-4
TOX 3098-12-1-1-1
ITA 398
ITA 344
SUAKOKO 8
BW 348-1
SEBERANG MR 77
NIONO 1
NIONO 2
ITA 306
70
45
45
67
45
43
35
28
60
47
43
Infestation cecidomyie
Réactions
Talles
(%)
HS
13
HS
10
HS
8
HS
12
HS
11
HS
9
HS
6
HS
4
HS
10
HS
8
HS
17
Réactions
S
MS
MS
S
S
MS
MS
MS
MS
MS
HS
Rendements
(kg/ha)
4.533
4.917
4.683
5.533
4.866
4.050
5.367
4.517
3.800
5.033
3.400
DISCUSSION
L’évaluation du comportement des variétés et lignées a revelé plusieurs réactions de la plante-hôte
vis à vis de la cécidomyie. La plupart des variétés/lignées testées ont atteint leur maxima
d’infestation au cours de la période allant de 60 jours à 80 jours. Cette variation des infestations au
cours du cycle de développement de la culture varie d’un groupe de variété à un autre. Elle semble
suivre pour plusieurs variétés l’évolution du tallage. Le tallage abondant peut ainsi créer un
microclimat favorable à la ponte, au déplacement des larves et au développement de 0. oryzivora.
Selon Dakouo et al. (1988), les taux d’infestation élevés correspondent à la période du nombre
maximum de talles formées et la baisse des infestations est révélatrice de l’arrêt de formation des
nouvelles talles.
Au sein de la pépinière de criblage, TOG 6216 est la seule variété qui a manifesté la plus faible
sensibilité vis à vis de la cécidomyie au cours de ces deux années d’expérimentation dans le
périmètre irrigué de Baguineda. D’autres variétés telles que Velutachera, ARC 6605, KAUPM
703, PTB 12 se sont relativement bien comportées comme Natha 8, vis à vis de la cécidomyie.
En revanche, Wita 1, Wita 4, Wita5, Wita 6, TOX 3894-13-3-1-1-1-2-3 et Abaya ont été les
plus sensibles.
En ce qui concerne le comportement des variétés prometteuses, BW 348-1 a montré les plus faibles
infestations des talles à la différence de Niono 1, Niono 2, ITA 398, ITA 344 et SUAKOKO 8.
Lorsqu’on considére, à la fois les paramètres d’infestation et le rendement, il se dégage deux
variétés intéressantes pour la zone irriguée. Il s’agit de BW 348-1 et Niono 2.
Les faibles réactions de certaines variétés vis à vis des insectes nuisibles peuvent s’expliquer en
partie par des organes végétatifs (tiges peu feuillues, feuilles très peu larges ne gardant pas
longtemps les gouttelettes d’eau) non favorables au developpement du ravageur. Selon Norris et
Kogan, cités par Kumar (1991), l’épaisseur de la paroi cellulaire des feuilles perturbe les
mécanismes d’alimentation et de ponte des insectes. Aussi, les faibles réactions des variétés
peuvent s’expliquer par leur composition en substances chimiques qui agissent défavorablement
sur les processus métaboliques du ravageur. Selon Munatkata et Okamota, cités par Kumar
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
233
Résistance variétale à O. oryzivora – HAMADOUN, A.
(1991), certaines variétés de riz contiennent de l’oryzanone (P-metalacétophénone) qui n’est pas
favorable au développement des foreurs de tige.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Le criblage préliminaire des 27 entrées a revelé que la variété TOG 6216, Velutachera, ARC
6605, Kaupm 703 et Natha 8 semblent prometteuses pour la constitution de sources de
résistance vis à vis de la cécidomyie. Par contre, les variétés WITA 5, WITA 6, RP 1045-25-21, WITA 1 ont manifesté une sensibilité marquée à la cécidomyie.
L'étude du comportement des 10 variétés et lignées prometteuses de riz vis à vis de la
cécidomyie a révélé diverses réactions des variétés de riz. Elles se caractérisent par une
sensibilité générale du matériel végétal. Toutefois, la variété BW 348-1 pourrait constituer un
bon candidat de substitution aux variétés sensibles Kogoni 91.1 et BG 90-2, actuellement
cultivées dans le périmètre irrigué de Baguineda.
La recherche sur la résistance variétale gagnerait davantage avec l’étude des aspects
biochimiques et morphologiques, lesquels pourraient aider à une meilleure compréhension des
mécanismes de résistance de la plante-hôte.
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pluvial et mangrove dans les zones climatiques des régions tropicales humides, de la
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Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
235
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
CRIBLAGE DE VARIETES DE RIZ PLUVIAL ET DE RIZ DE
BAS-FOND POUR LEUR RESISTANCE A LA
PYRICULARIOSE (MAGNAPORTHE GRISEA) AU BURKINA
FASO
KABORE, K. B. et SIE, M.
INERA, Station de Farako-ba, BP 910 Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
Tél. :226 98 23 29 - Fax: 226 97 01 59 Email : [email protected]
Résumé :
Quinze (15) variétés de riz sélectionnées pour la riziculture pluviale et 15 autres pour la
riziculture de bas-fond ont été criblées contre la pyriculariose (Magnaporthe grisea), dans les
conditions de contamination naturelle respectivement à Farako-Bâ et à Banfora au cours des
deux saisons humides consécutives 2000 et 2001. Les témoins sensibles utilisés sont IR
31851-96-2-3-2 en pluvial et TOX 3055-10-1-1-1-1 en bas-fond. Les variétés ont été semées
en juin pour le pluvial et en juillet pour le bas-fond dans un dispositif en blocs de Fisher à
quatre répétitions en présence d'une bande infestante de type DITER, composée de trois
variétés sensibles semées une semaine avant les variétés à tester. Dans chaque site les
parcelles élémentaires sont constituées de cinq lignes de 2,5 m de long avec un écartement de
0,25 m entre les poquets et entre les lignes. La sévérité de la pyriculariose foliaire a été
évaluée à partir de 35 jours après semis à l'aide de l'échelle visuelle de 0 à 9 de l'IRRI et
l'incidence de la pyriculariose du cou a été évaluée à 15 jours et 30 jours après épiaison. Les
données recueillies montrent que la pression de pyriculariose foliaire et l'incidence de la
pyriculariose du cou 15 jours après épiaison ont été plus fortes en 2001 dans les deux sites
qu’en 2000. Par contre c'est en 2000 qu'on a enregistré plus d'attaque tardive de pyriculariose
du cou (30 jours après épiaison). Indépendamment des années, c'est en bas-fond que la
pression parasitaire a été la plus forte au cours des deux années. Les pics de sévérité de
pyriculariose foliaire ont atteint 8 en bas-fond contre 3,4 en pluvial sur une échelle de 0 à 9,
pendant que l'incidence de la pyriculariose du cou a atteint 18,20 en bas-fond contre 13,94 en
pluvial. Bien que la pression parasitaire ait été faible dans les deux sites, les variétés témoins
sensibles ont été grillées avec des notes de sévérité de 8 et plus de 86 % de cous paniculaires
attaqués.
L'analyse de variances des données quantitatives, la comparaison des moyennes par le test de
SNK et le calcul des pertes réellement dues à la pyriculariose ont permis d'identifier en
riziculture pluviale trois variétés résistantes (FKR 39, WAB 375-B-12-h5-1 et WAB 375-B-4H2-HB), quatre variétés moyennement résistantes (FKR 41, FKR 33, WAB 96-3 et WAB
368-B-2-H1-HB) trois variétés sensibles (FKR 29, WAB 96-31, et WAB 96-24) et cinq
variétés très sensibles (FKR 35, FKR 21, FKR 1, FKR 37, et WAB 450-1-BP20-HB). En
riziculture de bas-fond, nous avons pu identifier une variété résistante (IR32307-107-3-2-2),
douze variétés moyennement résistantes (FKR 2, FKR 14, FKR 48, FKR 32, WABIR 12979,
FKR 19, BW 293-2, MRC 2663, Basmati 217, MRC 2663, IR 2042, CICA 8, et TOX 309335-2-3-3-1) et deux variétés sensibles (ITA 306 et IR 31851-96-2-3-2).
INTRODUCTION
Au Burkina Faso, le riz occupe la quatrième place après le sorgho, le mil et le maïs (Sié et al.,
1998). Sa production se heurte à de nombreuses contraintes biotiques dont les maladies parmi
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
236
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
lesquelles la pyriculariose demeure la plus importante (Pande, 1997). En Afrique de l'ouest et
plus particulièrement au Burkina Faso elle est la première affection présentant une grande
incidence économique sur le riz (Sy et Séré, 1996). L'ADRAO (1995) a estimé à plus de 10
millions de dollars US le coût de la production perdue chaque année du fait de cette maladie.
Parmi les méthodes de lutte envisagées contre la pyriculariose, la résistance variétale demeure
la meilleure. Elle est en effet, la plus économiquement rentable, elle a le moins d’effets
négatifs sur l'environnement et elle est la plus facilement adoptée par les paysans (Bonman,
1992) à travers l'approche PVS. Les variétés sélectionnées et vulgarisées n'ont pas toujours été
caractérisées pour leur résistance aux différents nuisibles. C'est ce qui justifie leur criblage
sous forte pression d'inoculum naturel pour compléter les informations sur leurs niveaux de
résistance à la pyriculariose.
MATERIEL ET METHODES
Quinze (15) variétés de riz sélectionnées pour la riziculture pluviale et 15 autres pour la
riziculture de bas-fond (tableau I) ont été semées respectivement en juin et en juillet 2000 et
2001 à la Station de Farako-Bâ pour le pluvial et à Banfora pour le bas-fond dans un dispositif
en blocs de Fisher à quatre répétitions avec une bordure infestante de type DITER. Le
développement de la pyriculariose foliaire a été suivi à 35, 49 et 63 jours après semis en
utilisant une échelle visuelle de 0 à 9 et le comptage de la pyriculariose du cou paniculaire a
été fait à 15 et 30 jours après épiaison. Les composantes de rendement ont été mesurées.
L'analyse statistique des données a été faite à l'aide du logiciel SAS (Statistical Analysis
System) selon la procédure GLM. La comparaison des moyennes a été faite par le test de
SNK. Notre échelle de classification finale des variétés en fonction du niveau de résistance
aux deux faciès de la maladie et de la perte réellement due à cette maladie permet d'avoir
quatre catégories : de 0 à 3 % de perte due à la pyriculariose = variétés résistantes ; de 3 à 5 %
de perte due à la pyriculariose = variétés moyennement résistantes ; de 5 à 7 % de perte due à
la pyriculariose = variétés sensibles ; plus de 7 % de perte due à la pyriculariose = variétés
très sensibles
Tableau I : Variétés testées par type de riziculture et leurs origines
Riziculture pluviale
Origines
Riziculture de Bas-fond
Origines
FKR 41
FKR 39
FKR 35
FKR 33
FKR 29
FKR 21
FKR 1
FKR 37
WAB 96-31
WAB 450-1-BP20-HB
WAB 96-3
WAB 375-B-12-H5-1
WAB 375-B-4-H2-HB
WAB 96-24
WAB 368-B-2-H1-HB
Témoin sens. = IR 31851-962-3-2
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
ADRAO
ADRAO
ADRAO
ADRAO
ADRAO
ADRAO
ADRAO
IRRI
FKR 19
FKR 14
FKR 48
FKR 32
FKR2
IR32307-107-3-2-2
CICA 8
TOX 3093-35-2-3-3-1
ITA 306
MRC 2663-2483
BW 293-2
WABIR 12979
BASMATI 217
IR 2042-178-1
IR 31851-96-2-3-2
Témoin sens. = TOX
3055-10-1-1-1-1
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
FK-B
IRRI
Colombi
IITA
IITA
IRRI
Sri
ADRAO
ADRAO
IRRI
IRRI
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
IRRI
237
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
RESULTATS ET DISCUSSION
Développement de la pyriculariose sur le riz pluvial
Seule la variété témoin sensible (IR 31851-96-2-3-2) a présenté des sévérités moyennes de 8 à
la montaison, pendant que la bande infestante a été grillée chaque année par la maladie.
D'une façon générale, la pression de la pyriculariose foliaire a été faible au cours des deux
saisons de criblage. L’incidence de la pyriculariose du cou sur les variétés est présentée au
tableau II. L'attaque a démarré avec des incidences variant de 0 à 9,8 % en 2000 et de 0 à 4,8
% en 2001 sur les variétés testées. A 30 jours après épiaison, nous avons enregistré 1,6 à
34,8% de cous malades en 2000 et 1 à 14 % de cous malades en 2001. La variété témoin
sensible a présenté jusqu'à 86% de cous attaqués. En considérant l'échelle de classification de
l'IRRI., nous avons retenu huit variétés présentant un bon niveau de résistance à la
pyriculariose du cou et sept moyennement résistantes (tableau II).
Le comportement des variétés criblées est conforme aux résultats de Mabinuorio (1988) selon
qui, il y a des analogies entre les résistances des variétés génétiquement liées. On peut le
constater avec les deux variétés WAB 96-31 et WAB 96-24 et également avec les deux
variétés WAB 375-B-12-H5-1 et WAB 375-B-4-H2-HB.
L'analyse des rendements et des pertes a révélé des différences hautement significatives entre
les variétés. Des pertes globales de rendement (tous facteurs confondus) variant de 13 à 33,7
% en 2000 et de 5,8 à 48 % en 2001 ont été enregistrées (tableau III). Les calculs de
régression du rendement sur l'incidence de la pyriculariose du cou révèlent en définitive que
la perte réellement due à la maladie correspond à 25 % des pertes globales (tableau IV). En
prenant en compte les niveaux de résistance selon les échelles de notation et les pertes
réellement dues à la maladie, nous avons retenu trois variétés résistantes (FKR 39, WAB 375B-12-h5-1 et WAB 375-B-4-H2-HB ), quatre variétés moyennement résistantes (FKR 41,
FKR 33, WAB 96-3 et WAB 368-B-2-H1-HB), trois variétés sensibles (FKR 29, WAB 96-31
et WAB 96-24) et cinq variétés très sensibles ( FKR 35, FKR 21, FKR 1, FKR 37 et WAB
450-1-BP20-HB).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
238
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
Tableau II : Incidence de la pyriculariose du cou sur le riz de bas-fond à Farako-Bâ au cours
des saisons humides 2000 et 2001
Variétés
FKR 41
FKR 39
FKR 35
FKR 33
FKR 29
FKR 21
FKR 1
FKR 37
WAB 96-31
WAB 450-1-BP20-HB
WAB 96-3
WAB375-B-12-H5-1
WAB375-B-4-H2-HB
WAB 96-24
WAB368-B-2-H1-HB
IR31851-96-2-3-2
Signif. au seuil 0,05
CV%
Incidence de pyriculariose du cou (%)
Niveau de
résistance
2000
2001
15 JAE
30 JAE
15 JAE
30 JAE
M
2,9fgh
0,3d
15,2ab
0,3b
B
2,1gh
0,3d
18,3ab
0b
B
1h
0d
1,6b
0b
M
7def
1,1cd
9,8ab
0,17b
B
5,4efg
2,9 bcd
8,9ab
0,07b
B
5,8efg
1,2cd
22ab
0b
M
9,9cd
3,1 bcd
18ab
0,25b
B
2,9fgh
0d
15,2ab
0,1b
M
10,6cd
2,5 bcd
17,1ab
0b
M
14,1b
4,8b
19,9ab
9,8a
M
8,9cde
1,4cd
13,7ab
0,1b
B
0,5h
0d
2,3b
0b
B
2,1gh
0,3d
5,5b
0b
M
11,4bc
4,2bc
34,8a
0,75b
B
3,3fgh
0d
6,6b
0b
S
86,3a
17,4a
THS
HS
THS
THS
149
77,5
63
18
JAE = jour après épiaison. B = Bonne résistance ; M = moyennement résistant ; S = sensible
Dans une même colonne, les chiffres suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au risque
α = 0,05.
Tableau III : Rendements parcellaires du riz et pertes globales en conditions pluviales à
Farako-Bâ au cours des saisons humides 2000 et 2001.
Rendement parcellaire (g)
Variétés
FKR 41
FKR 39
FKR 35
FKR 33
FKR 29
FKR 21
FKR 1
FKR 37
WAB 96-31
WAB 450-1BP20-HB
WAB 96-3
WAB 375-B-12-H5-1
WAB 375-B-4-H2-HB
WAB 96-24
WAB 368-B-2-H1-HB
IR 31851-96-2-3-2
Signification au seuil 0,05
CV
2000
717,2a
842,6a
701,5a
969,7a
949,0a
687,0a
475,1a
1072,0a
831,4a
440,6a
1063,0a
941,7a
799,6a
1011,1a
920,5a
NS
30,12
2001
603,5a
820,6a
489,9a
565,3a
833,3a
527,6a
631,1a
551,7a
411,7a
429,7a
658,6a
904,4a
905,3a
560,0a
862,9a
31,1 b
HS
37,02
Perte globale en
Rendement (%)
2000
20,2a
22,1a
20,6a
14,3a
17,3a
22,3a
33,7a
13,1a
13,8a
27,4a
13,1a
14,7a
16,7a
13,8a
18,4a
NS
S
51,3
37,02
2001
19,0b
10,5b
49,9b
23,4b
24,4b
39,2b
32,6b
48,1b
40,4b
41,8b
13,5b
5,4b
5,8b
39,4b
14,7b
79,5 a
Dans une même colonne, les chiffres suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au risque
α = 0,05
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
239
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
Tableau IV : Classification des variétés de riz pluvial en fonction de leur niveau de résistance
au champ et des pertes en rendement.
Variétés
FKR 41
FKR 39
FKR 35
FKR 33
FKR 29
FKR 21
FKR 1
FKR 37
WAB 96-31
WAB 450-1-BP20-HB
WAB 96-3
WAB375-B-12-H5-1
WAB375-B-4-H2-HB
WAB 96-24
WAB 368-B-2-H1-HB
IR31851-96-2-3-2
Résistance Résistance
à la PF
à la PC
B
B
B
B
B
B
B
B
B
M
B
B
B
B
B
S
M
B
B
B
M
B
M
B
M
M
M
B
B
M
B
S
Perte moyenne
en rendement
(%)
19,62
11,31
35,25
18,85
20,82
30,76
33,11
30,62
27,08
34,61
13,29
10,04
11,25
26,63
16,55
79,5
Perte due à la
pyriculariose
du cou (%)
4,90
2,85
8,81
4,71
5,20
7,52
8,27
7,65
6,77
8,65
3,32
2,51
2,81
6,65
4,16
19,87
Statut des
Variétés
MR
R
TS
MR
S
TS
TS
TS
S
TS
MR
R
R
S
MR
TS
B = Bonne résistance ; M = Résistance moyenne ; MR = Moyennement résistant. S = sensible. R = Résistant ;
TS = Très sensible. Le calcul de la perte a été fait en tenant compte du coefficient de détermination de la
régression de la Perte sur la pyriculariose du cou dont R²= 0,25
Développement de la pyriculariose sur le riz de bas-fond
Au stade tallage (35 JAS) la sévérité moyenne de la pyriculariose a varié de 0 à 3,75 en 2000
et de 0,25 à 3,62 en 2001. A 49 JAS en fin tallage de fortes notes ont pu être enregistrées avec
la variété FKR 2 (6,5 en 2000 et 8,25 en 2001). La plupart des autres variétés ont pu freiner la
progression de l'épidémie en présentant des notes comprises entre 1 et 3,5 en 2000 et entre 1
et 4,5 en 2001.
D'une façon générale, la pression de la pyriculariose foliaire a été faible au cours des deux
saisons sur toutes les variétés à l'exception de la FKR 2 et du témoin sensible (Tox 3055-10-11-1-1) qui ont enregistré des notes maximales de 8 sur l'échelle de 0 à 9 utilisée.
Au cours des deux saisons humides 2000 et 2001, la pyriculariose du cou paniculaire a
démarré faiblement avec des incidences variant de 0 à 15 %. (tableau V). Ce sont de nouveau
les variétés FKR 2 et IR 31851-96-2-3-2 qui sont les plus sensibles, avec des incidences de
7,9 % et 15% respectivement à 15 jours après épiaison.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
240
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
Tableau V : Incidence de la pyriculariose du cou sur le riz de bas-fond à Banfora au cours des
saisons humides 2000 et 2001
Variétés
FKR 19
FKR 14
FKR 48
FKR 32
WABIR 12979
IR 32307-107-3-2-2
CICA 8
TOX 3093-35-2-3-3-1
ITA 308
MRC 2663-2483
BW 293-2
FKR 2
BASMATI 217
IR 2042-178-1
IR 31851-962-3-2
TOX 3055-10-1-1-1-1
Signif. au seuil 0,05
CV(%)
Incidence de la Pyriculariose du cou (%)
2000
2001
15 JAS
30 JAS
15 JAS
30 JAS
3,1c
0,9c
16,8c
0,70c
1,3c
0,2c
11,2c
0,17c
4,0c
0,1c
5,7c
0,10c
3,8c
0,1c
6,7c
0,0c
0,7c
0,2c
6,4c
0,3c
7,1c
0,1c
22,9c
0,6c
4,0c
0,1c
10,3c
0,5c
6,0c
0,1c
8,0c
0,0c
3,0c
0,1c
4,9c
0,0c
25,0b
1,7c
45,9ab
2,1c
41,9a
1,3c
3,8c
0,3c
27,3b
1,2c
38,3b
7,9b
28,3b
6,0c
16,5c
0,8c
13,4c
1,9c
18,5ab
0,4c
34,1ab
11,5b
56,8a
15,2a
37,2ab
15,6a
THS
THS
THS
THS
116
56,3
100,8
45,7
Niveau de
résistance des
variétés
M
B
B
B
B
M
B
B
B
S
S
S
M
M
S
S
B = bonne résistance ; M = Moyennement résistant. S = sensible;
Dans une même colonne, les chiffres suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au risque α =
0,05
L'analyse des rendements en grains et des pertes (tableau VI) révèle des différences
significatives à hautement significatives entre les variétés en 2001. Les rendements en 2000
ne diffèrent pas significativement entre eux. Les pertes sont globalement plus élevées en 2000
et varient de 17 % à 32 % , alors qu'en 2001 on a enregistré des pertes de 2 % à 28 % sur les
variétés testées. La variété témoin a enregistré jusqu'à 46 % de perte.
Ces pertes élevées ne sont pas toutes imputables à la maladie. Les calculs de régression du
rendement sur la pyriculariose du cou donnent des coefficients de détermination de 25 %,
correspondant à la part de perte expliquée par la maladie. Cela nous a permis de calculer les
pertes réellement dues à la pyriculariose avant de procéder à la classification des variétés
(tableau VII). Les pertes dues à la pyriculariose varient de 2,85 % à 6,18 %. La variété témoin
a enregistré 11,61 % de pertes dues à la maladie. En fonction des critères que nous avons
retenus, une seule variété s’est révélée résistante (IR 32307-107-3-2-2) et deux sensibles (ITA
306 et IR 31851-96-2-3-2). Les douze autres variétés peuvent être retenues comme
moyennement résistantes.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
241
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
Tableau VI : Rendement parcellaire du riz et pertes globales en conditions de bas-fond au
cours des saisons humides 2000 et 2001
Rendement (g)
Variétés
FKR 19
FKR 14
FKR 48
FKR 32
WABIR 12979
IR 32307-107-3-2-2
CICA 8
TOX 3093-35-2-3-3-1
ITA 308
MRC 2663-2483
BW 293-2
FKR 2
BASMATI 217
IR 2042-178-1
IR 31851-962-3-2
TOX 3055-10-1-1-1-1
Signif. au seuil 0,05
CV (%)
2000
713,5a
872,6a
737,9a
860,2a
828,5a
802,2a
760,5a
839,1a
805,8a
748,6a
727,6a
542,2a
602,7a
667,7a
692,8a
NS
20,6
2001
758,6ab
795,4ab
705,3ab
794,8ab
752,2ab
736,8ab
629,8ab
821,3a
673,0ab
663,9ab
733,5ab
559,7b
705,3ab
739,2ab
635,5ab
400,8c
HS
14,5
Pertes globales en
rendement (%)
2000
2001
9,2de
26,1a
12,9cd
22,2a
6,5d
22,6a
10,3cd
18,4a
11,2cd
24,5a
5,4de
17,4a
17,9c
20,0a
9,3de
18,6a
28,1b
21,5a
8,1de
26,2a
7,1cde
20,7a
8,8de
19,3a
2,2e
24,5a
10,0cd
29,7a
11,83cd
32,3a
46,4a
NS
HS
31,3
52,3
Les chiffres suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au risque α = 0,05
Tableau VII : Classification des variétés de bas-fond en fonction de leur niveau de résistance
au champ et des pertes en rendement.
Variétés
FKR 19
FKR 14
FKR 48
FKR 32
WABIR 12979
IR 32307-107-3-2-2
CICA 8
TOX 3093-35-2-3-3-1
ITA 306
MRC 2663-2483
BW 293-2
FKR 2
BASMATI 217
IR 2042-178-1
IR 31851-962-3-2
TOX 3055-10-1-1-1-1
Résistance
à la PF
Résistance
à la PC
Pertes moyenne
en rendement
(%)
Perte due
à la PC
(%)*
Statut
des
Variétés
B
B
B
B
B
B
B
B
B
M
M
S
M
M
M
S
M
B
B
B
B
M
B
B
B
S
S
S
M
M
S
S
17,76
17,56
14,55
14,35
17,35
11,42
13,94
14,01
24,74
17,11
13,90
14,02
13,49
19,83
22,05
46,44
4,44
4,39
3,63
3,76
4,37
2,85
4,74
3,50
6,18
4,28
3,48
3,50
3,37
4,96
5,51
11,61
MR
MR
MR
MR
MR
R
MR
MR
S
MR
MR
MR
MR
MR
S
TS
NB : B = Bonne résistance ; M = Résistance moyenne ; MR = Moyennement résistant ; S = sensible ;
R = Résistant ; TS = Très sensible.
* : Le calcul de la perte a été fait en tenant compte du coefficient de détermination de la régression de la Perte
sur la pyriculariose du cou dont R²= 0,25
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
242
Criblage pour la résistance à la pyriculariose – KABORE, K. B. et SIE, M.
CONCLUSION
Le criblage du riz pluvial en présence de la bande de type DITER a permis de connaître la
résistance au champ de quinze variétés en voie d'être vulgarisées. Trois (3) variétés sur les 15
utilisées, présentent une bonne résistance à la pyriculariose et 4 variétés sont moyennement
résistantes avec des niveaux de perte acceptables.
Dans les conditions de bas-fond, même en année de faible pression de la pyriculariose, on
peut enregistrer des pertes sensibles de rendement pouvant atteindre 6 %. Le criblage a permis
d'identifier deux variétés sensibles en plus du témoin et une résistante. En définitive 80 % des
variétés criblées au bas-fond sont moyennement résistantes à la pyriculariose voire tolérantes
pour certaines comme la FKR 2.
Le fait que la variété témoin sensible ait été grillée par la maladie avec des notes de sévérité
de 8 et une incidence de pyriculariose paniculaire atteignant 86% en bas-fond et 34,8% en
pluvial signifie que la faible pression parasitaire observée sur les variétés testées est un
indicateur de leur bon niveau de résistance.
Les variétés identifiées sensibles ou résistantes serviront dans les schémas de sélection futurs.
La caractérisation complète des variétés criblées au champ pourra se faire à l'aide des outils
de biologie moléculaire.
Par ailleurs, une dizaine de souches de Pyricularia oryzae a pu être isolée pour compléter la
mycothèque du riz.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Royaume-Uni. 305p.
Bonman, J. M., 1992 Blast . Pp. 14-17 In : Compendium of rice diseases. The American
Phytopathological Society. USA.
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Barr) de variétés de riz tropical. Mémoire d'Ingénieur des Techniciens Agricoles du
CNEARC. Montpellier, France, 59 p.
Pande, H. K., 1997 Systèmes améliorés de riziculture pluviale. FAO. Rome. 111p.
Sie, M., Zongo, J. D. et Dakouo, D., 1998 Prospection des cultivars traditionnels de riz du
Burkina Faso. Revue CAMES. Volume : N°00. pp. 21-27.
Sy, A. A. et Séré, Y., 1996 Manuel de formation en pathologie du riz. ADRAO. Imprint
Design. Royaume-Uni. 76p.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
243
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
ETUDE DE LA GAMME DIFFERENTIELLE POUR LA
PYRICULARIOSE DU RIZ
NEKOUAM, N., SOUGNABE, S.P. et KEMTOLNA, M.
Institut Tchadien de Recherche Agronomique pour le Développement (ITRAD)
B.P. 5400, N’Djaména, TCHAD.
Résumé :
Un essai gamme différentielle de la pyriculariose du riz a été conduit durant la campagne
agricole 2001-2002 à la ferme de Mala, dans la zone soudanienne du Tchad. Les objectifs du
travail consistent à contribuer à la mise au point d’une gamme différentielle Ouest-africaine
pour la pyriculariose du riz et à étudier la variabilité de Magnaporthe grisea au Tchad, en vue
d’une meilleure gestion de la résistance du riz à ce champignon pathogène. Trente deux (32)
variétés de riz dont vingt (20) de la gamme différentielle Ouest-africaine et douze (12) du
Tchad, ont été testées. A l’issue de cette étude les données phénologiques (levée, semis-début
épiaison, semis-début maturation) diffèrent significativement (P ≤ 0,05). En ce qui concerne les
données pathologiques, les symptômes de la pyriculariose foliaire n’ont pas été observés à la
3ème semaine après semis (SAS). Par contre, ils l’ont été à la 5ème et à la 7ème SAS mais pas avec
une différence significative (P ≤ 0,05). La pyriculariose du cou a été observée pour la première
fois sur huit (8) variétés à la 5ème SAS et en plus sur la variété IRAT 13 à la 7ème SAS.
Mot clés : Gamme différentielle, Magnaporthe grisea, pyriculariose, riz, symptômes, variétés.
INTRODUCTION
La présente étude a été menée, en vue de compléter les travaux antérieurs réalisés dans le
domaine de l’établissement d’une gamme différentielle sur la pyriculariose du riz au Tchad.
En effet, le principe de ce travail consiste à évaluer la sévérité de cette maladie avant d’en
proposer les mesures de lutte appropriées telles que les variétés résistantes.
Les objectifs de l’étude consistent en la mise au point d’une gamme différentielle Ouestafricaine pour la pyriculariose du riz et en l’étude de la variabilité de Magnaporthe grisea au
Tchad en vue d’une meilleure gestion de la résistance du riz à ce pathogène.
MATERIEL ET METHODES
Trente deux (32) variétés de riz ont été testées dont 20 de la gamme différentielle Ouestafricaine (entrée de 01 à 20) et 12 du Tchad (entrée 21 à 32) (tableau I). Le sol a été fortement
fertilisé avant le semis pour favoriser l’apparition de la maladie.
Le dispositif expérimental est en blocs de Fisher avec 4 répétitions : parcelle élémentaire 4
lignes de 1 m ; écartements de semis : 10 cm entre les lignes, 40 cm entre les variétés et 2 m
entre les répétitions ; semis en lignes continues à raison de 2 g de semences m-1. Les
opérations suivantes ont été effectuées : labour à la charrue, hersage et planage avant semis en
juin, application de l’urée (46% N) en fumure de fond à 400 kg ha-1 avant semis ; aucun
traitement particulier n’a été fait. L’essai a été implanté à Mala en zone soudanienne (isohyète
1.200 mm). Ce site a été choisi parce que la culture du riz y est très développée.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
244
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
Tableau I : Variétés de riz utilisées pour l’établissement de la gamme différentielle
Entrées
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
14
15
16
Variétés
Entrées
ISHIKARI SHIROKE
SHA TIAO TSAO
K 60
USEN
CALORO
DURADO PRECOCE
TSUYUAKE
DULAR
PI n°4
IRAT 13
ZENITH
ST 1
MOROBEREKAN
AICHI ASAHI
FARO 20
BL 1
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
Variétés
TETEP
CT 6240-12-2-2-3-6P
PEKIN
KANTO 51
FARO 43
IDSA 6
IDSA 85
IITA 150
IITA 323
WAB 56-125
BW 348-1
WABC 165
WAB 99-100
WAB 99-H-14-HB
TOX 728-1
IR 46
Les données recueillies ont porté sur la date de semis, la levée (nombre de plants/parcelle), le
démariage (40 à 50 plants ligne-1) trois semaines après semis, date de début épiaison (nombre
de jours du semis au début d'épiaison) et date de début maturation (nombre de jours du semis
au début de maturation), le nombre d'épis m-2. L'évaluation de la sévérité de la pyriculariose
foliaire à 3 semaines après semis (juste après démariage), à 5 semaines et à 7 semaines après
semis. Les températures moyennes mensuelles et les données pluviométriques sont consignées
aux tableau II.
Les données sur le nombre de lésions foliaires ont été analysées après avoir été transformées
en log( x + 1) ). Le logiciel Stat-ITCF (version-1987-1988) a été utilisé. Les moyennes ont été
séparées par le test de Newman-Keuls (P ≤ 0,05). Les variétés sensibles ont été d’abord
identifiées à 5 puis à 7 semaines après le semis.
Tableau II : Températures moyennes mensuelles et pluviométrie (mm) pendant la campagne
2001-2002.
Décades
Mai
33,0
1
2
3
Total/Nbre de jours
de pluie
15,0
5,5
18,0
38,5/3 j
Juin
Juillet
Août
Températures moyennes (°C)
30,7
27,3
26,9
Pluvioétrie (mm)
3,0
14,0
35,5
8,0
74,0
90,0
75,0
229,0
147,5
86,0/3 j
317,0/14 j 272/15 j
Septembre
Octobre
25,7
26,8
81,0
78,5
18,5
178,0/13 j
42,5
3,5
0,0
46/5 j
RESULTATS
Le tableau III présente les données phénologiques des 32 variétés de riz testées à la ferme de
Mala. L’examen de ce tableau montre que :
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
245
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
- La levée la plus élevée est enregistrée sur la variété BW348-1 (79 plants m-2) et la plus
faible sur la variété AICHI ASAHI (42 plants m-2). Les variétés DULAR, TETEP, CT 624012-2-2-3-6P, KANTO 51, FARO 43, IITA150, WAB 56-125, WABC165, WAB99-100,
WAB99-h-14-HB et TOX 728-1 ne diffèrent pas significativement (P≤ 0,05) de BW348-1 en
nombre de plants par parcelle.
- Le cycle semis-début épiaison le plus long est enregistré sur la variété TETEP (82 j après
semis) et le plus court est enregistré sur la variété SHA TIAO TSAO (58 j, après semis). Les
variétés diffèrent significativement (P ≤ 0,05) en nombre de jours du semis à début épiaison.
Les variétés PI N°4, ST1, MOROBEREKAN, FARO 20, BW 348-1, IR46 ne diffèrent pas
significativement (P ≤ 0,05) de la variété TETEP.
- Le cycle semis-début maturation le plus long est enregistré sur la variété MOROBEREKAN
(101 jours après semis) et le cycle le plus court sur la variété PEKIN (73 j après semis). Les
variétés diffèrent aussi significativement (P ≤ 0,05) en nombre de jours du semis au début de
maturation. Les variétés USEN, IRAT 13, ST1, FARO 20, TETEP, BW 348-1, IR46 ne
diffèrent pas significativement (P ≤ 0,05) de la variété MOROBEREKAN.
- Le nombre de panicules m-2 le plus élèvé a été enregistré sur la variété PEKIN
(591 panicules.m-2) et le plus faible sur la variété KANTO 51 (115 épis m-2). La variété
PEKIN diffère significativement (P ≤ 0,05) des autres variétés testées.
Le tableau IV présente les données pathologiques. L’examen de ce tableau montre qu’il n’y a
pas de différence intervariétale pour les niveaux d’attaque de la pyriculariose foliaire à la 5ème
et 7ème semaines après semis (SAS). Le nombre de lésions foliaires ne diffèrent pas
significativement (P ≤ 0,05) sur toutes les variétés. Par ailleurs, il faut noter que nous n’avons
pas pu observer les symptômes sur feuilles à 3 semaines après le semis sur toutes les variétés.
La pyriculariose paniculaire a été observée sur les variétés K60, TSUYUAKE, DULAR,
ZENITH, FARO 20, PEKIN, WABC 165 et WAB 99-H-14-H-B à la 5ème semaine après le
semis, et en plus sur IRAT 13 à la 7ème semaine après semis mais ne diffèrent pas
significativement (P ≤ 0,05).
DISCUSSION
La variabilité dans la levée des plants de riz pourrait s’expliquer par les lits de semis, mais
surtout par les qualités intrinsèques de chaque variété. Les bonnes levées obtenues avec les
variétés TETEP, CT6240-12-2-3-6P, FARO 43, WAB56-125, WABC 165 et WAB 99-H14HB confortent bien les résultats obtenus pendant la campagne 2000-2001 (Sougnabé,
2001). Cependant elles sont toutes différentes des variétés obtenues par Nekouam (1998) à
l’exception de la variété TETEP.
La durée de cycle de semis à début épiaison des variétés diffère significativement (P ≤ 0,05).
Cela signifie que les variétés n’épient pas au même moment. Ces résultats sont différents des
résultats obtenus par Sougnabé (2001). Cette différence serait due à la bonne pluviométrie
qu’a enregistrée la zone pendant la campagne 2000-2001. Ces résultats ne sont pas en
contradiction avec ceux rapportés par Nekouam (1998).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
246
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
Tableau III : Données phénologiques moyennes des variétés de l’essai gamme différentielle
de la pyriculariose du riz à Mala.
Entrées
Variétés
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
Moyenne
CV%
PPDS5%
ISHIKARI SHIROKE
SHA TIAO TSAO
K 60
USEN
CALORO
DURADO PRECOCE
TSUYUAKE
DULAR
PI n°4
IRAT 13
ZENITH
ST 1
MOROBEREKAN
AICHI ASAHI
FARO 20
BL 1
TETEP
CT 6240-12-2-2-3-6P
PEKIN
KANTO 51
FARO 43
IDSA 6
IDSA 85
IITA 150
IITA 323
WAB 56-125
BW 348-1
WABC 165
WAB 99-100
WAB 99-H-14-HB
TOX 728-1
IR 46
Levée
(nbre
plt/par.)
43e
45e-f
46d-f
51c-f
56b-f
53b-f
51c-f
59a-f
55b-f
47d-f
49c-f
46d-f
43f
42f
44e-f
48d-f
74ab
68a-d
45ef
59a-f
61a-f
50c-f
54b-f
70a-c
48c-f
73ab
79a
64a-f
66a-e
64a-f
65a-f
44e-f
55
15,6
3,4
Début
épiaison
Début
maturation
Nombre
épis/m2
74b-e
58h
72cd
75b-e
62f-h
63f-h
64f-g
62f-h
80ab
76b-e
62f-h
81ab
78a-d
71e
79ab
71e
82a
74b-e
59gh
64fg
65f
73c-e
76b-e
76b-e
72cd
60f-h
78a-c
65f
61f-h
59f-h
72cd
78a-d
70
3,8
1,1
96cd
76l-m
90gh
100ab
81j-h
78k-m
81j-h
76lm
97b-e
98a-d
76lm
100ab
101a
88hi
99e-h
92e-h
98a-c
92e-g
73m
81jk
83j
88g-i
94d-f
92e-g
86i
78k-l
100a-c
78k-m
76lm
74m
90f-g
98a-c
88
2,2
0,8
254d-i
158ij
162ij
374b-e
289c-i
187gh
188g-i
356b-f
329b-f
337b-f
388b-d
299c-h
220fg
332b-f
397bc
447b
268c-i
361bc
591a
115j
250e-i
266c-i
314c-g
251e-i
245e-i
249e -i
296c-h
218fg
167hj
244e-i
310c-g
302c-h
286
18,8
21,6
Les moyennes suivies d’une même lettre sur la colonne ne diffèrent pas significativement selon le test de NewmanKeuls (P ≤ 0,05).
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
247
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
Tableau IV : Données pathologiques de l’essai gamme différentielle de la pyriculariose du
riz à Mala.
Pyriculariose foliaire*
5 SAS
Entrée
Variétés
bs
Pyriculariose paniculaire
7 SAS
s
bs
5 SAS
s
Nbre
panicules
7 SAS
Nbre
panicu- Nbre
les atta- panicule
quées
Nbre
panicules
attaquées
1
ISHIKARI SHIROKE
0,48ab
0,23
0,69ab 0,52 58c-h
0
71b-d
0
2
SHA TIAO TSAO
0,47ab
0,32
0,69ab 0,57
31i
0
34fg
0
3
K 60
0,59a
0,12
0,67ab 0,27
32i
0,5
35fg
0,5
4
USEN
0,63a
0,15
0,70ab 0,36 69b-g
0
70b-d
0
5
CALORO
0,37ab
0,20
0,66ab 0,37 57c-h
0
58c-e
0
6
DOURADO PRECOCE 0,34ab
0,32
0,64ab 0,55 37h-i
0
40e-g
0
7
TSUYUAKE
0,15ab
0,42
0,49ab 0,64 53e-i
0,25
60b-e
0,25
8
DULAR
0,52ab
0,49
0,76a
0,75 75b-f
0,5
79bc
0,5
9
PI n°4
0,60a
0,15
0,69ab 0,49 65b-g
0
66b-d
0
10
IRAT 13
0,31ab
0,10
0,62ab 0,60 66b-g
0
68b-d
0,25
11
ZENITH
0,50ab
0,27
0,76ab 0,61 77b-e
0,25
80bc
0
12
ST 1
0,27ab
0,15
0,42ab 0,67 59c-h
0
60b-e
0
13
MORO BEREKAN
0,08ab
0,39
0,51ab 0,57 48g-i
0
49d-g
0
14
AICHI ASAHI
0,62a
0,23
0,68ab 0,39 69b-g
0
70b-d
0
15
FARO 20
0,31ab
0,42
0,69ab 0,64 66b-g
0,25
82bc
0,25
16
BL 1
0,27ab
0,20
0,54ab 0,54
86b
0
85b
0
17
TETEP
0,00b
0,00
0,30b
0,20 55d-h
0
63b-e
0
18
CT 6240-12-2-2-3-6P
0,15ab
0,12
0,66ab 0,25 79b-d
0
80b-c
0
19
PEKIN
0,51ab
0,48
0,64ab 0,64 119a
0,25
120a
0,25
20
KANTO 51
0,19ab
0,12
0,51ab 0,25 54e-i
0
61b-c
0
21
FARO 43
0,32ab
0,42
0,44ab 0,62 59c-h
0
70b-d
0
22
IDSA 6
0,38ab
0,35
0,72ab 0,49 59c-h
0
61b-e
0
23
IDSA 85
0,34ab
0,20
0,59ab 0,37 65b-g
0
70b-d
0
24
IITA 150
0,00b
0,08
0,30b
0,17 57c-h
0
66b-d
0
25
IITA 323
0,42ab
0,42
0,59ab 0,62 51f-i
0
52d-g
0
26
WAB 56-125
0,34ab
0,27
0,56ab 0,47 53e-i
0
56c-f
0
27
BW 348-1
0,38ab
0,20
0,50ab 0,48 65b-g
0
65b-d
0
28
WABC 165
0,39ab
0,15
0,58ab 0,47 50f-i
0,5
51d-g
0,5
29
WAB 99-100
0,50ab
0,30
0,57ab 0,47
31i
0,25
32g
0,25
30
WAB 99-H-14-HB
0,57ab
0,39
0,75a
0,63 56d-h
0
57c-f
0
31
TOX 728-1
0,34ab
0,25
0,62ab 0,60 81b-g
0
82bc
0
32
IR 46
0,57ab
0,33
0,72ab 0,69 67b-g
0
68b-d
0
Moyenne
0,37
0,25
0,60
0,56 61,34
0,09
64,75
0,08
CV%
58,1
94,4
26,4
49,1 15,9
387,0
16,1
412,5
PPDS5%
89,4
0
3,9
4,2
Les moyennes suivies d’une même lettre dans la colonne ne diffèrent pas significativement selon le test de
Newman-Keuls (P ≤ 0,05).
Les données sur les nombres de lésions foliaires ont été transformées en log( x + 1)
Date de semis : 27 juillet 2001
*bs = lésions d’hypersensibilité (type bs) brunes de taille d’une épingle ; s = lésions de sensibilité ovalaires à centre
gris bien différencié (type S= nombre total des lésions bg+Bg+PG) ;
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
248
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
Le cycle de semis à début maturation différent significativement (P ≤ 0,05) ; cela signifie que
les variétés n’arrivent pas à la maturité au même moment. Ces résultats sont différents de
ceux obtenus par Sougnabé (2001). Cette différence pourrait s’expliquer par les qualités
intrinsèques de chaque variété.
Les variétés diffèrent significativement (P ≤ 0,05) en nombre d’épis. Les résultats obtenus
pendant la campagne 2000-2001 par Sougnabé (2001) ne présentent pas de différence
significative (P≤ 0,05).
Les variétés de riz testées ne diffèrent pas significativement (P ≤ 0,05) en nombre de lésions
foliaires à 5 et 7 SAS et ces lésions sont en nombre réduit. Les variétés n’ont pas connu une
forte pression parasitaire. C’est ce qui explique le nombre réduit et constant de lésions sur les
feuilles des différentes variétés. Ces résultats sont en contradiction avec ceux obtenus par
Nekouam (1998) et Sougnabé (2001) en ce qui concerne la sensibilité à 5 SAS.
La pyriculariose paniculaire est présente, contrairement à ce qu’ont signalé Nekouam (1998)
et Sougnabé (2001). La pyriculariose paniculaire a été signalée sur quelques variétés de riz :
les lésions sont petites et ne sont pas généralisées. Cela fait penser à une réaction de
l’hypersensibilité. Selon Muller, cité par Vanderplank (1984) la réaction d’hypersensibilité
englobe les changements histologiques et morphologiques qui, lorsqu’ils sont produits par un
agent infectieux, aboutissent à la mort prématurée du tissu infecté, comme à la localisation de
l’agent infectieux. Tomiyama et al. (1967) ajoutent que la résistance aux maladies requiert
non seulement la réaction d’hypersensibilité mais aussi un processus de réparation du tissu
adjacent aux cellules mortes et d’emprisonnement du parasite. Selon Mbodj (1992), il n’existe
pas toujours de liens étroits entre les niveaux de résistance aux deux phases principales de la
maladie (sur feuilles et sur panicules) et les pertes de rendement peuvent être selon les cas
plus influencées par l’une ou l’autre des deux phases.
CONCLUSION
L’étude de la gamme différentielle pour la pyriculariose du riz a été implantée à la station de
Mala. Les variétés de riz diffèrent significativement par leurs caractéristiques phénologiques.
En ce qui concerne les caractéristiques pathologiques les variétés n’ont présenté aucune
différence significative en nombre de lésions foliaires et paniculaires à la 5ème et à la 7ème
semaines après le semis. La pression du parasite a été faible pendant la campagne 2001-2002
et de ce fait, ne permet pas un classement des variétés. Nous recommandons que l’étude sur la
gamme différentielle de la pyriculariose soit reconduite pour la campagne 2002-2003.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Mbodj, Y. 1992 Les maladies du riz en Casamance, au Sénégal : lutte intégrée Pp. 208-236
In : Lutte intégrée contre les ennemis des cultures vivrières dans le Sahel (eds. INSAH
et John Libbey) 1992, Bamako.
Nekouam, N. 1998 Etude préliminaire en vue de la mise au point d’une gamme différentielle
ouest–africaine pour la pyriculariose du riz au Tchad. ITRAD/Ministère de
l’Agriculture, N’Djaména, 10 p.
Sougnabé, S. P. 2001 Mise au point d’une gamme différentielle de la pyriculariose du riz au
Tchad. ITRAD/Ministère de l’Agriculture, N’Djaména, 10p
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
249
Gamme différentielle pour la pyriculariose du riz – NEKOUAM, S. P. et AL.
Tomiyama, K., Sakai, R., Sakuma, T. and Ishizaka, N. 1967. The role of polyphenols in the
defense reaction in plant induced by infection. Pp. 165-182 In : The Dynamic Role of
Molecular Constituents in Plant-Parasite Interaction.C.J. Mirocha, & Uritari, I (eds.).
American Phytopathological Society, St. Paul, Minnesota.
Vanderplank, J. E. 1984. Disease resistance in plants. 2nd ed. Acad. Press, Orlando, Fl. 194p.
Actes du 4Rs 2002
Ravageurs et maladies
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