textes anciens autour du Suwen 5
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textes anciens autour du Suwen 5
Textes autour de Suwen 5 1 CHOIX DE TEXTES ANCIENS AUTOUR DU SUWEN CH.5 SHUJING Ch.hongfan Jadis Gun s’est opposé aux eaux débordantes en les bloquant. Il a ainsi mis le désordre dans l’organisation bien réglée des Cinq éléments. Le Souverain (d’en haut, di 帝) s’en irrita et ne lui donna pas les Neuf rubriques de la Grande Norme (jiu chou 九疇). C’est ainsi que les règles immuables (yi lun 彝倫) disparurent. Gun fut condamné et exécuté. Yu lui succéda et prospéra. Alors le Ciel lui Git don de la Grande Norme en Neuf rubriques et ainsi les grands règles des conduites purent être établies. [………] Premièrement les cinq éléments: Un, l’eau. Deux, le feu. Trois, le bois. Quatre, le métal. Cinq, la terre. L’eau mouille et descend (run xia 潤下). Le feu Glambe et s’éleve (yan shang 炎上). Le bois se courbe et se redresse (qu zhi 曲直). Le métal laisse sa forme changer (cong ge 從革). La terre reçoit les semences et donne les récoltes (jia se 稼穡). Ce qui mouille et descend produit salé (zuo xian 作鹹). Ce qui Glambe et s’élève produit l’amèer (ku 苦). Ce qui se courbe et se redresse produit l’acide (suan 酸). Ce qui aisse sa forme changerproduit l’âcre (xin 辛). Ce qui reçoit les semences et donne les récoltesproduit le doux (gan 甘). Chunqiu Zuozhuan, 1ère année du Duc Zhao “Le Ciel possède Six soufGles (liu qi 六氣) qui, descendant (sur Terre) génèrent les Cinq saveurs (wu wei 五味); leur déploiement est les Cinq couleurs (wu si 五色), leur manifestation les Cinq sons (wu sheng 五聲); en excès (yin 淫), ils génèrent les Six sortes de maux (liu ji 六疾). Les Six soufGles sont le froid (qui règne à l’ombre, yin 陰) et la chaleur (qui règne au soleil, yang陽), le vent et la pluie (feng yu 風雨), l’obscurité et la lumière (hui ming晦明). Leur division (fen 分) donne les Quatre saisons et leur succession les Cinq rythmes (wu jie五節), mais leurs débordements (yin 淫) sont les calamités. Un yin déréglé (yin yin 陰淫) donne des maladies de froid et un yang déréglé des maladies de chaleur; un vent déréglé donne des maladies des extrémités et des pluies déréglées des maladies de l’abdomen; une obscurité déréglée donne des maladies de désarroi et une lumière dérégle des maladies du cœur.” Zuozhuan 20e année du Duc Zhao Un exemple d’harmonie (he 和), c’est le bouillon … Le chef de cuisine combine les différents ingrédients, les met dans la proportion voulue d’après leur saveur, ajoute ce qui manque aux uns en les mêlant avec d’autres, fait disparaître ce que ceux-‐ci ont de trop en les tempérant avec ceux-‐là. Un prince sage, en mangeant ce bouillon, met ses passions en équilibre (équilibre son Cœur, ping qi xin 平其心) […] Les anciens souverains faisaient combiner les Cinq sortes de saveurs (wu wei 五味) et accorder les Cinq sons (wu sheng 五聲), aGin d’établir l’équilibre des passions (ping qi xin 平其 心) et de rendre l’administration parfaite (cheng qi zheng 成其政). (Trad. S. Couvreur) Textes autour de Suwen 5 2 Zuozhuan, Zhao gong 25ème année Les grandes règles de conduite (li 禮) sont conformes aux règles suivies par le ciel (tian zhi jing 天之經), aux qualités naturelles de la terre (di zhi yi 地之義), aux mouvements de l'homme (min zhi xing 民之行). Le ciel et la terre suivent des règles Gixes (jing 經), et l'homme les imite (ce 則). Il imite la clarté des corps célestes (tian zhi ming 天之明) et se conforme aux qualités naturelles de la terre (di zhi xing 地之性). (Le ciel et la terre) engendrent (sheng 生) les six soufGles (liu qi 六氣 ); ils emploient (yong 用) les cinq éléments (wu xing五行) . (sheng qi liu qi yong qi wu xing 生其六氣 用其五行) Les (Six) soufGles produisent les Cinq saveurs (qi wei wu wei 氣為五味). Ils éclatent (à nos yeux) en Cinq couleurs (fa wei wu se 發為五色). Ils s'arrangent (à nos oreilles) en Cinq sons principaux de la musique (zhang wei wu sheng 章為五聲). Quand les saveurs, les couleurs, les sons dépassent la juste mesure, il y a confusion et trouble (yin ze hun luan 淫則昏亂); l'homme perd ses bonnes qualités naturelles (min shi qi xing 民失其性). C’est pourquoi les grandes règles de conduire ont été tracée pour conserver les bonnes qualités naturelles de l’homme. [………………………] En l’homme, amour et haine (attraits et averdions, hao wu 好惡), allégresse et colère (xi nu 喜 怒), afGliction et joie (ai le 哀樂), sont produits par les Six soufGles (liu qi 六氣). C’est pourquoi les connaître à fond permet de régler convenablement les Six vouloirs ( tendances, liu zhi 六 志) par analogie (lei 類). GUOYU - zhouyu - 1-10 La deuxième année du roi You, les trois rivières aux alentours de la capitale des Zhou tremblèrent (zhen 震). Bo Yangfu dit : ‘les Zhou vont disparaître (wang 亡). Les soufGles du ciel et de la terre (tian di zhi qi 天地之氣) ne se départissent pas de leur ordre de succession (bu zhi qi xu 不失其序). S’il y a transgression (guo 過) de cet ordre (qi xu 其序), c’est un désordre dû aux hommes (min luan 民亂). Quand le yang demeure enfoui (yang fu 陽伏) sans pouvoir surgir (bu neng chu 不能出) car, sous la pression du yin (yin po 陰迫), il est impuissant à s’élever (bu neng zheng 不能出烝), cela donne un tremblement de terre (di zhen 地震). Les trois rivières ayant effectivement tremblé, (on en déduit que) le yang a perdu sa place (yang shi qi suo 陽失其所) sous la contrainte du yin (zhen yin 鎮陰). Le yang ayant perdu sa place et se trouvant dans le yin (en bas, yang shi er zai yin 陽失而在陰), les sources des rivières sont inévitablement bloquées (chuan yuan bi se 川源必塞); et quand les sources sont bloquées, le pays inévitablement disparaît (wang 亡). Quand l’eau a imprégné la terre (shui tu yan 水土演), les hommes en font usage (min yong 民用). Quand l’eau ne plus plus imprégner la terre, les hommes manquent des matériaux dont ils font usage (fa cai yong 乏財用); comment s’attendre à autre chose que la disparition (wang 亡) ? GUOYU Zhouyu 3-6 (p.312) La bouche absorbe les saveurs (wei 味) et l’oreille les sons (sheng 聲) : les sons et les saveurs produisent du soufGle (qi 氣). Pour la bouche le soufGle devient parole (yan 言); pour l’œil, il devient clairvoyance (ming 明). Textes autour de Suwen 5 3 MENCIUS VI, B, 11 Bai Gui dit : "J'ai fait écouler les eaux (zhi shui 治水) mieux que Yu". “Vous vous trompez, répondit Mencius. Yu a fait s’écouler l'eau (zhi shui 治水) selon son cours naturel (shui zhi dao 水之道 ); il lui a donné les quatre mers (si hai 四海) pour déversoirs. Vous vous l'avez fait déverser dans les principautés voisines (à leur grand détriment). L'eau qui va à contre-‐courant (shui ni xing 水逆行 ) est une eau qui déborde (jiang shui 洚水); l'eau qui déborde produit l'inondation (hong shui 洪水); l'inondation est un Gléau qui excite l'horreur de tout homme vraiment humain (ren ren 仁人). Je le répète, vous vous trompez.” (Trad. Couvreur révisée) DAODEJING 1 La voie qu’on peut énoncer n’est déjà plus la Voie (dao 道) Et les noms qu’on peut nommer ne sont déjà plus le Nom (ming 名). Sans Nom commence (shi 始) le Ciel Terre Les noms donnent leur Mère aux Dix mille êtres. Ainsi le toujours sans attrait invite à contempler le mystère (miao 妙) Et le toujours plein d’attraits à considérer ses aspects manifestes (jiao 徼). Ces deux-‐là nés ensemble (tong 同) sous des noms différents (yi ming 異名) sont en fait ensemble l’Origine (xuan 玄) Et d’origines en Origine la porte du mystère merveilleux. ZHUANGZI 4 L’échec expose aux châtiments humains, le succès aux troubles naturels (yin yang 陰陽). Seuls les grands sages sont en mesure d’échapper au malheur dans un cas comme dans l’autre; Or ayant reçu mon ordre de mission ce matin, je me suis vu obligé de boire glacé au dîner en raison d’une colique carabinée (nei re 內熱), laquelle ne peut être due qu’à l’angoisse, puisque ma nourriture est des plus simples et que je n’ai pas de maître queux aux fourneaux. Voici donc qu’avant même d’entreprendre ma mission je souffre d’un dérèglement organique. (yin yang 陰陽) Pour peu que j’échoue dans ma tâche, il me faudra en sus subir les foudres de la loi. (Trad. Jean Lévi) ZHUANGZI 6 Les soufGles du yin et du yang (yin yang zhi qi 陰陽之氣) sont en conGlit (you li 有沴). ZHUANGZI 11 L’homme éprouve-‐t-‐il une joie excessive (da xi 大喜), il abime en lui le yang. Eprouve-‐t-‐il une violente colère (da nu 大怒), il abime en lui le yin. Quand yin et yang sont tous deux abimés, les Quatre saisons (si shi 四時) ne viennent plus (en leur temps), l’harmonieuse composition du froid et de la chaleur (han shu 寒暑) ne s’accomplit plus, ce qui en retour va porter ateinte (shang 傷) au corps (xing 形) de l’homme. Cela fait que la joie et la colère, en l’homme, perdent leur place; qu’il est constament ballotté d’un endroit à un autre, que ses pensées et projets (si lü 思慮) n’arrivent à rien . [……] Textes autour de Suwen 5 4 Aussi le véritable sage se garde bien de disperser aux quatre vents les humeurs de ses entrailles (jie qi wu zang 解其五藏), il ne force pas ses capacités sensorielles (cong ming 聰明). Immobile comme le représentant du mort, il est changeant comme le dragon; silencieux comme le gouffre d’eau, il est pourtant bruyant comme le tonnerre; il se meut comme un esprit (shen dong 神動) et suit la norme céleste (tian sui 天隨). Agissant à sa guise sans rien faire, il soulève tous les êtres comme une Gine poussière tournoyant dans un rai de lumière.…… Ils se rongèrent les entrailles (chou qi wu zang 愁其五藏) à leur inculquer le sens de la bienfaisance et de la justice; ils épuisèrent leur substance vitale (jin qi xue qi 矜其血氣) à leur imposer des institutions. ZHUANGZI 13 Le Ciel est vénérable et la Terre de condition inférieure; telles sont les positions respectives des intelligences spirituelles (shen ming 神明). Le printemps et l'été d'abord, l'automne et l'hiver ensuite; telle est la succession des Quatre saisons. L'apparition des Dix mille êtres, leur germination sélective et leur formation, le déclin après l'éclat de la Gloraison et le cours incessant des changements et transformations (bian hua 變化). Les Esprits suprêmes (zhi shen 至神) du Ciel et de la Terre ont assurément honorabilité et infériorité, préséance et secondarité dans l'ordre; que dire de la Voie qui préside à l'humanité. ZHUANG ZI 17 Le cours des ans ne peut être hâté, pas plus que la fuite du temps arrêtée. Les choses croissent et décroissent, connaissent le vide et la plénitude, elles s’achèvent pour recommencer à nouveau : voilà comment j’exposerais en gros le sens général du monde (da yi 大義) et la raison (li 理) des choses. La vie passe rapidement comme un cheval au galop, il n’est rien qui ne bouge (wu dong 無動) et ne se transforme (bu bian 不變); tout change à chaque instant (wu shi er bu yi 無時而不移). Alors que faire (wu 為) ou ne pas faire (bu wei 不為). Et bien ! laissez-‐ vous aller aux transformations spontanées (zi hua 自化). Trad. Jean Lévi. [………] Qui connaît le Tao (zhi dao 知道) pénètre la raison des choses (li 理), qui a pénétré la raison des choses comprend la balance des forces (quan 權), qui mesure la balance des forces ne peut être atteint par l’environnement extérieur (bu yi wu hai ji 不以物害己). Trad. Jean Lévi. ZHUANG ZI 22 L’homme doit la vie à une condensation (ju 聚) de qi. Tant qu’il se condense, c’est la vie; mais dès qu’il se dissipe (san 散), c’est la mort. (Trad. Anne Cheng). [………] Le Ciel-‐Terre, qui possède la suprême beauté, n’en parle pas; les Quatre saisons, qui procèdent selon des lois claires (ming fa 明法), n’en discutent pas; les Dix mille êtres, s’accomplissent selon des principes constitutifs (li 理), mais ils ne les exposent pas. Le Saint est celui qui remonte à la source (yuan 原) de la beauté du Ciel-‐Terre et qui pénètre les principes constitutifs (li 理) des Dix mille êtres. Ainsi l’homme parfait (zhi ren 至人) est sans agir (wu wei 無為), le grand saint ne s’active pas (bu zuo 不作); c’est qu’ils observent (guan 觀) le Ciel-‐Terre. Cela (la Voie du Ciel-‐Terre qu’ils observent), c’est les intelligences spirituelles (shen ming 神明) et les essences suprêmes (zhi jing 至精), associé aux Cent transformations (bai hua 百化). Textes autour de Suwen 5 5 GUAN ZI ch.39 L’Eau, c’est le sang-‐et-‐soufGle (xue qi 血氣) de la Terre; elle est comparable à tout ce qui s’écoule (dans le corps, tong liu 通流) pour les mouvements musculaires et les circulations (du sang) (jin mai 筋脈). [………] L’homme est eau (ren shui ye 人水也). Quand il y a conjonction (he 合) des essences-‐et-‐soufGles (jing qi 精氣) d’un homme et d’une femme, l’eau en s’écoulant prend une forme (shui liu xing 水流形). A trois mois, il mâche (ju 咀). Que mâche-‐t-‐il ? Les Cinq saveurs. Que sont les Cinq saveurs ? Ce sont les Cinq zang (wu zang 五藏). L’acide maîtrise (zhu 主) la Rate; le salé, le Poumon; l’âcre, les Reins; l’amer, le Foie; le doux, le Cœur. Les Cinq zang une fois achevés (ju 具), il y a production (sheng 生) des[Cinq] internes (nei 內) : la Rate produit le diaphragme (ge 膈); le Poumon, les os (gu 骨); les Reins, le cerveau (nao 腦); le Foie, la peau (ge 革); le Cœur, les chairs (rou 肉). Une fois les Cinq (constituants) internes achevés, une ouverture fait (fa wei 發為) les neuf oriGices (jiu qiao 九竅) : la Rate s’ouvre au nez; le Foie, à l’œil; les Reins, aux oreilles; le Poumon aux oriGices (qiao 竅). XICI, 1,5 Un yin, un yang, voilà comment la vie procède (dao 道). Leur continuité est le bien (shan 善) et leur réalisation est la nature propre (xing 性). [………] Donner vie aux vivants (sheng sheng 生生) est appelé Mutation (yi 易). [………] Ce que le yin yang ne peut sonder est appelé esprit (shen 神). 陰陽不測之謂神. XICI, 1,9 (Celui) qui connaît la Voie des changements et transformations (bian hua zhi dao 變化之道), (celui-‐là) connaît l’agir (wei 為) des esprits (shen 神). XICI, II, 5 Quand le froid (han 寒) s’en va, la chaleur (shu 暑) arrive et quand la chaleur s’en va, le froid arrive; froid chaleur se poussent l’un l’autre et l’année est accomplie. S’en aller (le passé) se replie sur soi; arriver (le futur) se déploie. Se replier et se déployer s’excitent l’un l’autre et l’avantage (li 利) en provient. Le repliement de la chenille arpenteuse lui permet de se déployer. Dragons et serpents hibernent pour conserver leur vie. Le sens le plus subtil (jing yi 精義) pénètre ce qui est du ressort de l’esprit pour arriver à l’usage (yong 用). L’avantage et l’usage apportent la tranquillité à la personne pour exalter la vertu. Dépasser cela pour procéder est quelle chose d’encore inconnu. Scruter jusqu’au fond ce qui ressort des esprits (qiong shen 窮神) et connaître les transformations (zhi hua 知化), c’est la plénitude de la Vertu (puissance vitale, de 德). XICI, II, 5 Ciel et Terre sont en état de non différenciation; les Dix mille êtres sont parfaitement transformés (hua 化); mâle et femelle mêlent leurs essences (jing 精); les Dix mille êtres viennent à la vie par transformations (hua sheng 化生). Textes autour de Suwen 5 6 XUNZIi 17 (Tian Lun 天論) Les constellations suivent leur mouvement tournant, soleil et lune brillent tour à tour, les Quatre saisons alternent leur domination, le yin et le yang accomplissent la grande transformation (da hua 大化), le vent et la pluie tournent partout. Chacun des Dix mille êtres reçoit l’harmonie particulière (qi he 其和) qui le fait vivre (yi sheng 以生), chacun reçoit de quoi pourvoir à ses besoins vitaux pour s’achever (cheng 成); on ne voit pas le travail se faire, mais on en constate le résultat; c’est ce qu’on appelle “esprits” (shen 神). HAN FEI ZI 20 Lorsqu’un mal est à la surface de la peau (cou li 腠理), de simples fumigations ou des compresses chaudes sufGisent à le soigner; dans l’épiderme (ji fu 肌膚), l’acupuncture (zhen shi 鍼石) fait parfaitement l’affaire; même au moment où l’affection entre dans l’appareil digestif (chang wei 腸胃), une décoction pour apaiser l’échauffement des intestins est efGicace. Mais sitôt qu’elle pénètre dans la moelle des os (gu sui 骨髓), le cas ne relève plus de la médecine, mais du Directeur du Destin (si ming 司命). (Trad. Jean Lévi) LÜSHI CHUNQIU II,3 Si l’on dépasse les capacités de l’oreille, de l’œil ou de la bouche, le corps tout entier a les viscères gonGlés (fu zhong 府腫), les muscles et les os (jin gu 筋骨) sont engorgés et ralentis (chen zhi 沈滯), les vaisseaux sanguins (xue mai 血脈) sont encombrés et obstrués (yong sai 壅 塞), les neuf oriGices sont vacants, le moindre recoin du corps perd son usage. LÜSHI CHUNQIU III,2 Que la bouche trouve les saveurs douces (gan wei 甘味), que les essences (la vitalité) soient harmonisées et le maintien correct, que les soufGles spirituels (shen qi 神氣) dirigent. Les cent articulations (bai jie 百節) seront alors pleines d’aisance, toutes recevant les soufGles. LÜSHI CHUNQIU V, 2 L’origine de la musique remonte fort loin. Née de la mesure et de la quantité (du liang 度量), elle s’enracine dans le Grand Un (tai yi 太一). Du Grand Un sont issus les deux pôles (modèles, liang yi 兩儀), d’où proviennent le yin et le yang, lesquels se transforment et évoluent (bian hua 變化), une fois vers le haut, une fois vers le bas, puis s’unissent (he 合) pour former un tout. Survient le Glot de l’agitation. Ils se séparent (li 離) alors puis à nouveau s’unissent, et une fois unis, ils se scindent derechef. C’est là ce qu’on appelle l’ordre de la Nature (tian chang 天 常). Le ciel et la terre parcourent un cycle à la Gin duquel tout recommence. Chaque acmé (ji 極) est suivie d’un retour et il n’est rien qui ne fasse partie de cet ensemble. Le soleil, la lune, les étoiles et les astres vont vite pour certains, lentement pour d’autres. Le soleil et la lune n’accomplissent pas leur course dans le même temps. Les quatre saisons se succèdent apportant tantôt le chaud, tantôt le froid, tantôt l’abondance, tantôt la rareté, tantôt le doux et tantôt le rude. Ce dont les Dix mille êtres sont issus et ce dont ils sont faits est le grand Un et ils évoluent (hua 化) grâce au yin et au yang. (Trad.I. Kamenarovics) Textes autour de Suwen 5 7 LÜSHI CHUNQIU VI, 1 La terre (tu 土) occupe la position centrale (zhong yang 中央). Les jours [qui lui correspondent sont ceux dont le nom comprend les caractères] wu et ji (戊己), son Souverain est l’Empereur Jaune, son Génie tutélaire est Houtu, l’animal qui lui correspondond est l’animal à peau nue. La note qui correspond à la terre est gong (宮) et le tube musical est le huangzhong (黃鐘), qui donne la note gong. Son chiffre est le cinq, sa saveur, le doux (gan 甘), son odeur, parfumée (xiang 香). On lui rend un culte au centre de la maison et c’est le cœur des victimes qui lui est consacré en premier. Le Fils du Ciel occupe à ce moment le lieur médian de la partie centrale du Palais de Lumière. Il se déplace dans le Char impérial auquel sont attelé des cheveux jaunes à queue noire et qui est orné de l’étendard jaune (huang 黃). Il est vêtu de jaune et porte sur lui des pierreries jaunes. Il mange du millet (ji 稷) et du bœuf (niu 牛), les objets rituels qu’Il utilise sont ronds et grands. (Trad.I. Kamenarovics) LÜSHI CHUNQIU XIII, 1 Le ciel et la terre, et toutes choses, [ressemblent] au corps d’un seul homme. C’est ce qu’on appelle la grande communauté (da tong 大同). Tous les nez, les oreilles, les yeux, les bouches, et aussi bien les cinq céréales, le chaud et le froid, forment ce qu’on appelle la multiple diversité (yi 異). C’est cela qui permet aux dix mille êtres de se préparer. La Nature (tian 天) emplit toutes choses et le Sage les observe chacune selon son espèce (lei 類). Il découvre l’explication des formes (xing 形) que leur ont données le ciel et la terre, comment naissent le tonnerre et la foudre, les qualités intrinsèques du yin et du yang, et ce qui rend paisible et harmonieuse (an ping 安平) la vie des hommes et des bêtes. (Trad. I. Kamenarovics) LÜSHI CHUNQIU XX, 3 Toutes les affaires humaines dépendent de l’évolution (hua 化) du yin et du yang. Le yin et le yang sont créés (zao 造) par la Nature (tian 天) puis se développent (cheng 成). Sont donc naturels aussi bien la décadence, le manque, la chute, le renversement que l’épanouissement, l’abondance, l’accroissement et la multiplication. De même, l’homme connaît les difGicultés, la misère, la contrainte, l’épuisement et aussi bien la plénitude, la richesse, le succès et la réussite. Ce sont là des phénomènes naturels (tian 天) qui constituent le sens profond des choses (wu li 物理). Ce sont des règles (shu 數) incontournables. Les Sages d’autrefois ne lésaient pas leur vie spirituelle (shang shen 傷神) pour satisfaire de faux intérêts égoïstes, ils se contentaient de ce qui se présentait. (Trad. I. Kamenarovics) LÜSHI CHUNQIU XX, 5 Les humains ont trois cent soixante articulations et neuf oriGices, ils ont cinq viscères (zang 藏) et six réceptacles (fu 府). La chair et la peau doivent être serrés, le sang et les vaisseaux sanguins (xue mai 血脈) doivent être [propres à] l’écoulement (tong 通), les muscles et les os (jin gu 筋骨) doivent être fermes, le cœur et la pensée (xin zhi 心志) doivent être harmonieux, les humeurs et les soufGles vitaux (jing qi 精氣) doivent être Gluides (xing 行). Lorsqu’il en est ainsi, la maladie n’a pas d’endroit où s’installer et les maux n’ont point de raison d’être. La naissance des maux, l’installation de la maladie sont une oppression (yu 鬱) des humeurs et des soufGles vitaux (jing qi 精氣). Ainsi, lorsque les eaux sont gâtées (yu 鬱), elles deviennent croupissantes; lorsque ce sont des arbres, ils deviennent la proie des insectes; et quand il s’agit de plantes, elles pourrissent. Un État peut lui aussi se détériorer. Quand les vertus du Souverain ne circulent plus (bu tong 不通) et que les désirs du peuple ne sont pas compris, l’État se détériore (yu 鬱) en effet. Si cette situation perdure, cent maux se déclarent ensemble, dix mille désastres surviennent de concert et il en ressort que les relations entre le haut et le bas se durcissent. (Trad. I.Kamenarovics) Textes autour de Suwen 5 8 LIJI, Yueji Gong est le prince; shang, le ministre; jue, le peuple; zhi, les travaux; yu, les ressources. Quand ces cinq-‐là évitent de sonner faux, aucune discordance. Mais si la note gong sonne faux, alors résonne l’égarement, car le prince est arrogant. Si la note shang sonne faux, résonne l’injustice, car le service public se dégrade. Si la note jue sonne faux, résonne la peine, car le peuple est mécontent. Si la note zhi sonne faux, résonne l’afGliction, car les travauxl sont trop pénibles. Si la note yu sonne faux, résonne le péril, car les ressources sont épuisées. Quand les cinq sonnent toutes faux, leur succession n’est qu’empiètement; ce qu’on appelle : mépris (insolence). C’est une situation où l’État court à sa ruine (est au seuil de l’anéantissement, sa perte est imminente). [………] Les soufGles (qi 氣) de la Terre montent et les soufGles du Ciel descendent. Yin et Yang entrent en contact (xiang mo 相摩), et le Ciel et la Terre exercent leur action réciproque. La naissance des différents êtres est provoquée par le murmure et le fracas soudain du tonnerre, et accelérée par le vent et la pluie. Ils croissent sous l’inGluence des quatre saisons, et reçoivent la chaleur du soleil et de la lune. Ainsi s’opèrent toutes les transformations. La musique imite cette harmonie qui existe entre le Ciel et la Terre. (trad. Couvreur révisée) LIJI, Liyun L'être humain est la vertu (de 德) (combinée) du Ciel-‐Terre (tian di 天地), par l'entrelacement (jiao 交) du yin/yang (陰陽), par l'assemblage des esprits de la Terre et du Ciel (gui shen 鬼 神), par le meilleur des soufGles (xiu qi 秀氣) des Cinq éléments (wu xing 五行). MANUSCRITS DE MAWANGDUI - jing fa Quand (le souverain) suit la règle des Quatre saisons … le peuple ne souffre d’aucun mal; s’il décide avec justesse sur les positions d’extérieur et d’intérieur (wai nei 外內), et répond aux transformations du mouvement et de la tranquillité (dong jing 動靜), les affaires se réalisent bien à l’intérieur et les initiatives à l’extérieur. Quand les Huit régulateurs (ba zheng 八正) ne sont pas perdus, il est en union avec le Ciel Terre. MANUSCRITS DE MAWANGDUI - jing En haut, il connaît les saisons du Ciel (tian shi 天時); en bas, il connaît les avantages de la Terre (di li 地利); au centre, il connaît les affaires humaines (ren shi 人事); il excelle dans le yin yang. MANUSCRITS DE MAWANGDUI - cheng La Voie du Ciel Terre possède la gauche (zuo 左) et la droite (you 右), le féminin (pin 牝) et le masculin (mu 牡). Textes autour de Suwen 5 9 TIANXIA ZHIDAO TAN 天下⾄至道談 Le soufGle a Huit accroissements (ba yi 八益) et aussi Sept diminutions (qi sun 七損). SI vous êtes incapable d’utiliser les Huit accroissements et de chasser les Sept diminutions, quand vous atteindrez les 40 ans, le soufGle du yin (yin qi 陰氣) sera réduit de moitié; à 50 ans, votre mobilité et vos activités déclineront (shuai 衰); à 60 ans, votre audition et votre ouïe (er mu 耳 目) ne seront plus claires et Gines (cong ming 聰明); à 70 ans la partie basse (de votre corps) se Glétrira (ku 枯) alors que la partie haute s’épuisera (tuo 脫) , le soufGle du yin est hors d’usage, mucus et larmes coulent et sortent. IL y a un moyen de procéder (dao 道) pour restaurer la vigueur (fu zhuang 復壯) : chassez les Sept diminutions pour repousser leurs maladies et utiliser les Huit accroissements pour soutenir leurs soufGles. C’est ainsi que même celui qui est dans sa vieillesse (lao 老) aura un retour de sa vigueur (zhuang 壯) et celui qui est dans la vigueur de son âge ne connaîtra pas de déclin. HUAINANZI 1 Le monde sous le Ciel nous apparaît comme un enclos où noms et réalités vivent en commun. On n'y compte que Cinq notes, pas davantage, mais leurs variations déGient l'audition. On n'y combine que Cinq saveurs, pas davantage, mais leurs préparations déGient le goût. On n'y compte que Cinq couleurs, pas davantage, mais leurs variations déGient la vision. Bien plus, pour les notes : une fois gong (1ère note) établie les Cinq notes sont formées. Pour les saveurs : une fois le Doux établi, les Cinq saveurs sont composées. Pour les couleurs : une fois le Blanc établi, les Cinq couleurs sont constituées. Et pour le Tao : une fois l'Un établi, ce sont les Dix mille êtres qui sont produits. HUAINANZI 3 Ciel et Terre (tian di 天地) n'étaient pas encore formés (wei xing 未形). Ce n'était qu'effervescence immense et dilligence intense, déferlements dans la profondeur obscure. On appelle cela : grande brillance (da zhao 大昭 ou grand commencement). La Voie (dao 道) commença (shi 始) par les immensités vides (xu kuo 虛霩). Ces immensités vides générèrent (sheng 生) les espaces et les temps (yu zhou 宇宙). Les espaces et les temps générèrent (sheng 生) le soufGle (qi 氣). Le soufGle prit contours et limites (ya yin 涯垠). Le yang clair (qing yang 清陽) : se diffuse et se prodigue (bo mi 薄靡) pour constituer le Ciel (wei tian 為天). Le yin lourd et trouble (zhong zhuo yin 重濁陰) se condense et s'immobilise (ning zhi 凝滯) pour constituer la Terre (wei di 為地). La concentration (he zhuan 合專) du clair et subtil (qing miao 清妙) fut aisée (yi 易). La condensation (ning jie 凝竭) du lourd et trouble (zhong zhuo 重濁) fut difGicile (nan 難). Ainsi le Ciel fut achevé (cheng 成) d'abord (xian 先) et la Terre fut stabilisée (ding 定) ensuite (hou 後). Les essences accumulées (xi jing 襲精) du Ciel/Terre constituèrent le yin yang. Les essences concentrées (zhuan jing 專精) du yin/yang constituèrent les Quatre saisons (四時). Les essences diffusées (réparties, 散精) des Quatre saisons constituèrent les Dix mille êtres. Les soufGles chauds (re qi 熱氣), résultat de l'accumulation du yang (ji yang 積陽), générèrent (sheng 生) le feu (huo 火). Les essences des soufGles du feu constituèrent le soleil (ri 日). Textes autour de Suwen 5 10 Les soufGles froids (han qi 寒氣), résultat de l'accumulation du yin (ji yin 積陰), générèrent (sheng 生) l'eau (shui 水). Les essences des soufGles de l'eau constituèrent la lune (yue 月). Le surplus (débordement, yin 淫) du soleil et de la lune donnèrent des essences (wei jing 為 精), qui constituèrent planètes et constellations (xing chen 星辰). Les soufGles projetés par le Ciel, par leur violence (nu 怒) sont le vent (feng 風). Les soufGles contenus (han qi 含氣) par la Terre, par leur douceur (he 和) sont la pluie (yu 雨). Quand yin et yang se pressent l'un l'autre (xiang bo 相薄), leur stimulation (gan 感) donne le tonnerre (lei 雷), leur excitation (ji 激) donne la foudre, leur perturbation (luan 亂) donne le brouillard (wu 霧). Quand les soufGles yang l'emportent (sheng 勝), c'est une diffusion (san 散) qui donne pluie et rosée (yu lu 雨露). Quand les soufGles yin l'emportent, c'est une condensation (ning 凝) qui donne givre et neige (shuang xue 霜雪). [………] L’eau engendre (sheng 生) le bois; le bois engendre le feu; le feu engendre la terre; la terre engendre le métal; le métal engendre l’eau. Quand le Gils engendre (sheng 生) la mère, cela s’appelle justice (yi 義). Quand la mère engendre le Gils, cela s’appelle protection (bao 保). Lorsque le Gils et la mère se consacrent l’un à l’autre (xiang de 相得), cela s’appelle exclusivité (zhuan 專). Lorsque la mère l’emporte sur (sheng 勝) le Gils, cela s’appelle emprise (zhi 制). Lorsque le Gils l’emporte sur la mère, cela s’appelle accablement (yin 因). (Trad. R.Mathieu) […………] Le bois l’emporte (sheng 勝) sur la terre; la terre l’emporte sur l’eau; l’eau l’emporte sur le feu; le feu l’emporte sur le métal; le métal l’emporte sur le bois. C’est pourquoi les céréales naissent au printemps et meurent à l’automne; les fèves naissent en été et meurent en hiver; le blé naît à l’automne et meurt en été; la bourse-‐à-‐pasteur naît en hiver et meurt au milieu de l’été. Lorsque le bois est robuste (zhuang 壯), l’eau est vieillissante (lao 老), le feu naissant (sheng 生), le métal emprisonné (qiu 囚), la terre mourante (si 死). Lorsque le feu est robuste, le bois est vieillissant, la terre naissante, l’eau emprisonée, le métal mourant. Lorsque la terre est robuste, le feu est vieillissant, le métal naissant, le bois emprisoné, l’eau mourante. Lorsque le métal est robuste, la terre est vieillissante, l’eau naissante, le feu emprisoné, le bois mourant. Lorsque l’eau est robuste, le métal est vieillissant, le bois naissant, la terre emprisonée, le feu mourant. (Trad. R.Mathieu) HUAINANZI 7 Pour cette raison, les poumons commandent aux yeux, les reins au nez, la vésicule biliaire à la bouche, le foie aux oreilles. On voit que l'extérieur (wai 外) est pour la manifestation (biao 表), l'interne (nei 內), pour la structure intime (li 裡); ouverture et fermeture (kai he 開閉), extension et contraction (zhang xi 張歙), tous et chacun fonctionnent selon un système régulier (jing ji 經紀). La tête, qui est ronde, Gigure le Ciel. Le pied, qui est carré, conGigure la Terre. Au Ciel, il y a Quatre saisons, Cinq phases (wu xing 五行), Neuf échappées (jie 解), Trois cent soixante-‐six jours. En l'homme, semblablement, Quatre membres, Cinq viscères (zang 藏), Neuf oriGices, Trois cent soixante-‐six articulatuins (jie 節). Au Ciel, il y a Vent et Pluie, Froidure et Chaleur. En l'homme, semblablement, le Prendre et le Donner, l'Allégresse et la Colère. […………] Textes autour de Suwen 5 11 Par la correspondance de la vésicule aux Nuées (yun 雲), du poumon aux SoufGles, du foie au Vent, des reins à la Pluie et de la rate au Tonnerre, l'homme est en symbiose intime (can 參) avec le Ciel Terre. Mais c'est au cœur que tout est soumis comme à un souverain. [………] Sang et soufGles (xue qi 血氣) sont la Gleur de l'homme Mais les Cinq viscères en sont l'essence. HUAINANZI 8 De tout cela, on peut inférer que le ciel, la terre, l’espace-‐temps sont comme le corps d’un seul homme, et l’intérieur des six conjonctions (liu he 六合) comme le système régissant (zhi 制) un seul homme. C’est la raison pour laquelle ceux qui sont éclairés (ming 明) sur la nature des êtres (xing 性) ne peuvent, ni par le ciel ni par la terre, se laisser impressionner. Ceux qui discernent le sens des signes ne peuvent être troublés par les choses étranges. C’est aussi pourquoi les saints hommes (sheng ren 聖人) connaissent ce qui est lointain à partir de ce qui est proche et ramènent à l’Un les dix mille différences (sheng ren 聖人). (Trad. R.Mathieu) […………] Le ciel aime ses essences (jing 精); la terre, ses équilibres (ping 平); l’homme, ses dispositions foncières (qing 情). Les essences du ciel sont le soleil, la lune, les astres, les repères sidéraux, le tonnerre, l’éclair, le vent, la pluie. Les équilibres de la terre sont constitués par l’eau, le feu, le métal, le bois, la terre. Les dispositions foncières de l’homme sont constituées par la pensée et la cogitation (si lü 思慮), l’intelligence et la clairvoyance (cong ming 聰明), le contentement et la colère (xi nu 喜怒). (Trad. R.Mathieu) […………] Les catégories de richesses (cai 財) produites par le ciel et la terre n’étaient pas, à l’origine du moins, plus de cinq. Par conséquent, lorsqu’il articule son action (jie 節) sur les cinq éléments, l’homme saint peut gouverner sans confusion. (Trad. R.Mathieu) HUAINANZI 11 Un pays en proie au désordre (luan 亂) est comme une pléthore (sheng 盛) tandis qu’un pays bien gouverné (zhi 治) est comme un vide (xu 虛); un pays en perdition est comme un manque (bu zu 不足) et un pays qui se maintient, comme une profusion (you yu 有餘). Le "vide", ce n'est pas l’absence d'hommes, mais que tous remplissent leurs fonctions. La "pléthore" n'est pas abondance d'hommes, mais qu’ils ne se précipitent pas sur l’accessoire. La "profusion" n’est pas la multiplicité des richesses, mais des désirs modérés et peu d'affaires. Le "manque" n’est pas une absence de biens, mais un peuple agité et de trop nombreuses dépenses. HUAINANZI 19 (Trad. Pléiade A.Cheng) Or donc, ce que le ciel couvre, ce que la terre porte, se trouve embrassé par les six conjonctions (liu he 六合) et contenu à l’intérieur de l’espace-‐temps (yu zhou 宇宙). Ce que le yin et le yang engendrent, c’est l’essence du sang et des soufGles (xue qi zhi jing 血氣之精). (Trad. Anne Cheng) Textes autour de Suwen 5 12 CHUNQIU FANLU 42 Le Ciel a Cinq agents (wu xing 五行) : Un, l’eau. Deux, le feu. Trois, le bois. Quatre, le métal. Cinq, la terre. Le bois est le commencement (du cycle, shi 始) des Cinq agents, l’eau en est la Gin (zhong 終) et la terre le centre (zhong 中). Tel est leur ordre de succession. Le bois engendre (sheng 生) le feu, le feu engendre la terre, la terre engendre le métal, le métal engendre l’eau et l’eau engendre le bois. Tel est leur relation père Gils (fu zi 父子). En ce qui concerne leur déroulement, chacun des CInq agents a son ordre de succession. En ce qui concerne leur fonction (guan 官), chacun des Cinq agents a la capacité de la remplir parfaitement. Ainsi donc le bois se situe à l’Est et commande les soufGles du printemps; le feu est au Sud et commande les soufGles de l’été; le métal est à l’Ouest et commande les soufGles de l’automne; l’eau est au Nord et commande les soufGles de l’hiver. C’est pourquoi le bois commande la venue au jour (sheng 生) et le métal la mise à mort (sha 殺); le feu commande la chaleur estivale (shu 暑) et l’eau le froid (han 寒). Quand on emploie les hommes (shi ren 使 人), on doit suivre cet ordre; quand on met en charge les hommes (guan ren 官人), on doit tenir compte de leurs capacités; c’est la loi naturelle (tian zhi shu 天之數). CHUNQIU FANLU 56 La puissance (vertu, de 德) du Ciel se manifeste dans l’expansion (shi 施); la puissance de la Terre se manifeste dans les transformations (hua 化); et la puissance de l’homme, dans le sens moral (yi 義). Les soufGles du Ciel s’élèvent et les soufGles de la Terre descendent, alors que les soufGles de l’homme se tiennent entre eux. . [………] L’homme possède 366 articulations (jie 節), ce qui l’apparie aux nombres du Ciel (tian zhi shu 天之數). Son corps est constitué d’os et de chair, ce qui l’apparie à l’épaisseur de la Terre. En haut, l’intelligence et l’acuité (cong ming 聰明) de ses oreilles et de ses yeux sont à l’image du soleil et de la lune; son corps possède ouvertures et oriGices (kong qiao 空竅) ainsi que des circulations bien ordonnées (li mai 理脈), à l’image des Gleuves et vallées; son cœur connaît l’afGliction et la joie, l’allégresse et la colère, qui sont de même sorte que (analogues à, lei 類) les soufGles spirituels (shen qi 神气). Si l’on considère le corps de l’homme, on voit combien il est supérieur aux (autres) êtres et de la même sorte que (lei 類) le Ciel. [………] Ainsi donc, dans le corps de l’homme la tête est élevée et ronde, à l’image (xiang 象) de la forme du Ciel; ses cheveux sont à l’image des planètes et constellations; ses oreilles et ses yeux avec leur vivacité sont à l’image du soleil et de la lune; son nez et sa bouche, ainsi que sa respiration sont à l’image des soufGles du vent; la connaissance qui émane du milieu de sa poitrine est à l’image des esprits radieux (intelligences spirituelles, shen ming 神明); son ventre et son bas ventre, tour à tour vide et plein, sont à l’image des Cent êtres. [………] Le yang c’est les soufGles du Ciel et le yin, les soufGles de la Terre; c’est pourquoi quand le yin yang se met en mouvement (dong 動) et cause (shi 使) en l’homme des maladies aux pieds ou des blocages à la gorge (hou bi 喉痹), c’est que les soufGles de la Terre s’élèvent pour former nuages et pluies et (ces maladies) en sont l’image selon les corrélations (ying 應). La concordance (accord parfait) du Ciel et de la Terre, la correspondance du yin et du yang, sont toujours bien établis dans un corps humain. Ce corps ressemble au Ciel et leurs nombres (lois, shu 數) sont étroitement associés (can 參). C’est pourquoi leurs destinées (ming 命) sont liées. Textes autour de Suwen 5 13 CHUNQIU FANLU 57 Le Ciel a le yin yang; l’homme aussi a le yin yang. Quand le yin yang du Ciel Terre entre en action (qi 起), le yin yang de l’homme entre aussi en action par corrélation (ying 應). Quand le yin yang de l’homme entre en action, le yin yang du Ciel Terre entr aussi en action par corrélation. Il n’y a qu’une façon de procéder (qi dao yi 其道一). Celui qui comprend cela, s’il désire attirer la pluie, met en mouvement (dong 動) le yin pour faire entre le yin en action, et s’il désire arrêter la pluie, il met en mouvement le yang pour faire entre le yang en action; il fait ainsi arriver la pluie; ce n’est pas l’œuvre d’esprits (shen 神); on s’interroge sur le merveilleux (shen 神) de cela, mais il s’agit simplement de la subtile merveille (wei miao 微妙) des principes organisateurs (li 理). Il est faux de croire que les soufGles du yin yang peuvent avancer et reculer uniquement en fonction des catégories (lei 類); même les bonheurs et les malheurs arrivent selon le même principe. À chaque fois que l’on initie une action (qi 起), il y a une corrélation avec des êtres, selon les catégories, et ils se mettent en mouvement (dong 動). CHUNQIU FANLU 58 La réunion (he 合) des soufGles du Ciel et de la Terre constitue une unité; elle se sépare pour constituer le yin et le yang; elle se divise pour constituer les Quatre saisons; elle s’organise pour constituer les Cinq mouvements (Cinq éléments, wu xing 五行). Le caractère xing 行 (élément) veut dire xing 行 (progresser, se mouvoir, activité, conduite,…). Ces mouvements sont différents, c’est pourquoi on parle des Cinq mouvements (wu xing 五行). Les Cinq mouvements sont Cinq charges (wu guan 五官); chacun à son tour donne naissance à un autre (xiang sheng 相生) et en domine un autre (xiang sheng 相勝). C’est ainsi que tout est dans l’ordre (zhi 治); aller contre (ni 逆) produit le désordre (luan 亂) mais les suivre (shun 順) c’est le bon ordre (zhi 治). SHIJI ch.24 Les enseignements corrects ont tous leur principe dans les sons musicaux (yin 音); quand les sons musicaux sont corrects, la conduite (des hommes) est correcte. Les sons et la musique sont ce qui agite et ébranle les artères et les veines (xue mai 血脈 ); ce qui traverse et parcourt les esprits vitaux (jing shen 精神) et ce qui donne au cœur l’harmonie et la correction (he zheng 和正); ainsi la note gong émeut la rate et (met l’homme) en harmonie avec la sainteté parfaite (zheng sheng 正聖); la note shang émeut le poumon et (met l’homme) en harmonie avec la justice parfaite (zheng yi 正義); la note jue émeut le foie et (met l’homme) en harmonie avec la bonté parfaite (zheng ren 正仁); la note zhi émeut le cœur et (met l’homme) en harmonie avec les rites parfaits (zheng li 正禮); la note yu émeut les reins et (met l’homme) en harmonie avec la sagesse parfaite (zheng zhi 正智). La musique est donc ce qui, à l’intérieur, soutient le cœur devenu parfait, et ce qui, à l’extérieur, établit les distinctions entre le noble et le vil. En haut, on s’en sert pour les sacriGices dans le temple ancestral; en bas, on s’en sert pour transformer (bian hua 變化) la multitude du peuple. (Trad. Chavannes) Shiji 27 “Quand ce jour est clair, on écoute le son rendu par la population de la capitale. Si ce son est (la note) gong, alors la récolte sera bonne et c’est de bonne augure; (si c’est la note) shang, il y aura la guerre; (si c’est la note) zhi, il y aura sécheresse; (si c’est la note) yu, il y aura humidité; (si c’est la note) jue, la récolte sera mauvaise.” (Trad. Chavannes)