NOTE D`INFORMATION n° 86 - OCTOBRE 2006

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NOTE D`INFORMATION n° 86 - OCTOBRE 2006
SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE NATIONAL
DE LA RENAISSANCE AU CHÂTEAU D’ÉCOUEN
ASSOCIATION SOUS LE RÉGIME DE LA LOI DU 1 er JUILLET 1901 DÉCLARÉE SOUS LE NUMÉRO 03947
Siège Social : Musée national de la Renaissance, Château d’Écouen, 95440 ÉCOUEN
Président : François-Charles JAMES
[email protected]
Note d’information n° 191 –juillet 2014
SALLE DES TISSUS AU MUSEE NATIONAL DE LA RENAISSANCE A ECOUEN
Le 19 JUIN 2014
Nous sommes accueillis par Thierry Crépin-Leblond pour cette visite qui fait suite à la
réouverture de la salle, fermée depuis 2004. Il tient à souligner l’importance des tissus à l’époque de la
Renaissance. Dans ce contexte le Musée a entrepris l’approfondissement de ses connaissances autour du
thème « les étoffes de lit ». Ainsi il existe un projet de réaménagement du lit dit « François 1er » que
possède le Musée ainsi qu’une charte en vue d’une publication. En outre un comité scientifique qu’il
préside avec le Directeur du château de Chambord étudie une nouvelle installation de la chambre dite
« François 1er » à Chambord avec le remplacement des tentures murales, la création d’une garniture de lit,
la dépose et le remploi de broderies.
La visite va s’effectuer sous la conduite de Muriel Barbier, Conservateur de patrimoine, chargée
des collections textiles et du mobilier au musée national de la Renaissance à Ecouen.
Cette salle qui se situe au second étage de l’aile nord, a été installée en 1990 et est restée en
fonction jusqu’en 2004, date de sa fermeture. Après modernisation, elle a été ré ouverte le 18 juin 2014,
avec un accrochage par roulement, compte tenu de la fragilité des tissus exposés (pendant six mois au plus
à 50 lux maximum, puis conservés en réserve dans l’obscurité pendant 3 ans). Ces broderies et tissus sont
présentés dans des vitrines, par thèmes que complètent un meuble pédagogique et un écran.
L’exposition que nous parcourrons, proposée du 18 juin 2014 au 26 janvier 2015, et intitulée «
L’étoffe des rêves » est consacrée au tissu d’ameublement.
1ère vitrine d’angle : Les chefs d’œuvre
On y trouve « un corporalier », sorte de boite, d’étui, dans lequel est placé le corporal, linge que le prêtre
étend sur l’autel pour y placer le calice Dû à un atelier parisien, cette broderie de fils de soie (selon la
technique du passé plat et du passé empiétant) et de fils métalliques, qui reflètent la lumière, a été réalisée
d’après un dessin de Jean Cousin père. Il représente « la déploration du Christ » sur le dessus et « deux
anges tenant un écusson » sur la tranche. Etait-il destiné à une chapelle privée, à une église ? Un
médaillon de broderie ovale représente « l’adoration du veau d’or par les Hébreux » avec au deuxième
plan Moïse brisant les Tables de la loi. D’abord attribué à Raphaël, le dessin semble plutôt d’esprit
bellifontain et pourrait avoir été réalisé au milieu de XVIᵉ siècle. C’est une broderie de fils de soie et de
filés métalliques sur toile de lin.
2ème vitrine d’angle : La thématique du lit
Il reste très peu de lit véritablement d’époque Renaissance. On peut cependant citer celui d’Antoine de
Lorraine, des années 1516, conservés à Nancy et qui est une rare exception. La plupart ont été modifiés ou
sont d’époque du XVIIᵉ ou XVIIIᵉ siècles mais s’en rapprochent toutefois et montrent deux types de lit :
« le lit à la duchesse » et « le lit .à la française ».Le musée d’Ecouen possède une maquette de « lit à la
duchesse, souvent appelé « lit de poupée ». Présenté ici, ce lit d’apparat se caractérise par un dais fixé à la
tête de lit et occupant toute la longueur du lit. Ce dais et le rideau qui ferme le lit sont en taffetas de soie
moiré avec des broderies de filés d’argent doré sur toile de lin. Il semble daté de la fin du XVIIᵉ siècle
voire des années 1700. La musée d’Ecouen possède également un « lit à la française » que nous verrons
tout à l’heure dont le dais repose sur quatre colonnes. Dans les deux cas le dais est garni aux quatre coins
de structures en forme de vase appelées « pommes de ciel de lit » ou de plumes d’autruches. Deux
« pommes » provenant du château d’Effiat (Puy de Dôme) sont présentées. Elles sont réalisées avec
différents matériaux : bois, carton, taffetas de soie, passementerie de fils d’argent.
Vitrine en longueur : La parure de lit.
Cette « pente de lit » provient d’une parure de lit aux armes de Pierre de Gondi, Evêque de Paris puis
cardinal en 1587. Elle est peuplée d’indiens vêtus de pagne végétal. Certains portent des objets liturgiques
(encensoir, mitre, crosse, cape) tandis que d’autres semblent imiter des rituels de prière chrétienne. Le
personnage central se prosterne en tenant un chapeau cardinalice, en référence au commanditaire. C’est
une broderie de fils de soie sur taffetas avec des broderies d’application. Provenant sans doute d’un décor
de lit, un panneau en taffetas brodé, au passé plat et au passé empiétant, avec des fils de soie et des filés
métalliques. Il présente des rinceaux à l’italienne, composés de feuillages, de créatures imaginaires, de putti,
mettant en valeur un médaillon central où est représentée une scène qui s’apparente au Parnasse. A noter
toutefois qu’Apollon joue de la viole et non de la lyre et qu’il n’y a que sept muses au lieu de neuf. Une
autre « pente de lit » réalisée par un atelier français ou flamand, représente « le triomphe de Joseph ». Il
est alors conseiller de Pharaon après avoir été jeté en prison à cause de sa femme Putiphar qui l’accusait, à
tort, de viol. C’est une broderie de fils de laine sur canevas de lin, au petit point, de la fin du XVIᵉsiècle.
Une autre « pente de lit » sans doute d’un atelier anglais ou parisien est en fils de laine et filés métalliques
sur canevas de lin et a été réalisée au petit et gros point. Elle se présente en six compartiments ornés de
motifs naïfs et stylisés de fleurs et d’arbres.
Vitrine centrale : Les tapis de table
Un tapis de table d’apparat, vraisemblablement d’origine espagnole, est daté de 1568. C’est une broderie
au petit point en laine sur canevas de lin, présentant des motifs de rinceaux végétaux avec, en son centre,
un écu portant les armes d’Espagne, surmonté d’une couronne fermée et entouré du collier de la Toison
d’or. Un tapis de table de toilette, peut-être d’un atelier italien et des années 1640. Réalisé en toile de lin
et brodé aux fils de soie et de dentelle au fuseau Il est brodé au passé plat et au passé d’épine et orné de
rameaux, de feuillages, de fleurs, de rubans et de palmettes. Ces tapis protégeaient le bois tout en
enrichissant le décor.
3ème vitrine d’angle Les décors muraux.
Au cours du XVIᵉ siècle il est constaté une évolution dans les coloris ainsi des années 1500 à 1547, date
de la mort de François 1er, les tissus sont de teintes rouge et or puis apparait le vert suivi d’une
diversification avec le vert et l’orange, le vert et le violet avec, à la fin du siècle, des teintes de plus en plus
foncées. Les motifs récurrents sont la grenade plus ou moins stylisée, (symbolise le sacrifice du Christ par
sa couleur rouge et la multiplicité des chrétiens par ses nombreuses graines) utilisée en décor de chasuble,
puis qui s’intègre dans le décor civil et la mandorle. Sont présentées dans cette vitrine des fragments
d’étoffes du XVIᵉ siècle : brocard de fils de soie et de fils d’argent, brocard de serge de soie, laine et fils
d’argent, satin de soie brodé de fils d’or, brocard de satin de soie brodé de fils de soie, deux lampas de
soie, lin et filés métalliques, sans doute d’origine italienne (don des Amis du Musée), une brocatelle lamée
de fils d’argent d’origine italienne ou espagnole. Trois grand panneaux d’un décor mural de type
brocatelle, sans doute du XIXᵉ siècle mais à décors Renaissance, permettent de mieux se représenter
l’aspect à cette époque. Il est aussi intéressant de s’attarder devant le tableau représentant la mort du
Roi Henri II : gravure sur bois de Jean Perrissin et de Jacques Tortorel (don des Amis du Musée) Outre
la représentation du Roi face aux médecins impuissants parmi lesquels on remarque Ambroise Paré, on
peut noter, dans le cadre de cette visite, le lit « à la française » avec son ciel orné de pentes formant des
lambrequins agrémentés de mascarons, le tapis de table brodé de l’écu royal, ainsi que les tentures murales
à motifs végétaux.
Le meuble pédagogique.
Il permet de voir les différents matériaux utilisés à l’époque de la Renaissance : soie (d’abord importée
avant la culture, en France du ver à soie dans la région lyonnaise), laine, coton, lin.
Des tiroirs devraient être mis en place très prochainement: ils contiendront des échantillons de tissus qu’il
sera possible non seulement de regarder mais surtout de toucher.
Parcours thématique au 1er étage de cette aile
Le lit « dit de François 1er » : daté des années 1600, ce lit « à la française » comporte des
éléments anciens et modernes ; déposé au château de Chaumont jusqu’en 2002, il est
depuis cette date à Ecouen. Le velours vert est inadapté et devrait bénéficier dans les
prochaines années d’un nouveau décor. Par contre, son emplacement, à droite de la
cheminée, est bon. Une broderie faisant partie d’un ensemble de quatre pièces (trois sont
dans les réserves) date de 1594, représente Henri IV en Apollon. Elle était destinée au duc
de Sully pour l’Arsenal.
Ce fut un moment bien agréable et nous adressons, à nouveau, un chaleureux
merci à Muriel Barbier.
Roselyne Bulan