Cuisine Nature
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Cuisine Nature
Belgique - Belgïe P.P. - P.B. 1400 Nivelles 1 BC 5883 Cuisine Nature nr 8 @ juin-juillet 2004 Lettre personnelle de Taty. Impact de la cuisine sur la santé: un autre éclairage. Bienvenue dans un numéro Spécial Jules de Cuisine Nature . Célibattante débordée, élevée aux raviolis en boîte, je n’avais jusqu’il y a dix ans pas idée que la cuisine pouvait être si facile à faire. Ce n’est qu’après avoir surmonté l’épreuve d’un cancer que je me suis mise à manger des nourritures vraies. Observant les effets collatéraux positifs sur ma santé globale, j’ai été plus motivée que le mangeur lambda à chambouler mes habitudes. Habitudes qui avaient été biaisées par des perceptions erronées. Nos mères et les gastronomes tout autant que les professeurs de cuisine ménagère incitent en effet les non-initiés à pratiquer la cuisine d’astronaute. A force de compliquer les choses, des débutants de la douzième heure – comme moi… – finissent par nourrir de coupables pensées : il faut connaître tant de petits détails techniques, de coups de main, d’astuces, de trucs ésotériques que la tête explose. Alors bonjour l’hypersupérette, avec vous avec vous c’est tout facile, préemballé, pesé, et en plus vous me voulez tant de bien ! Et « zzzz, dors mon petit, je m’occupe de tout ». Non, non, non… en fait, la santé c’est aussi simple que la malbouffe. Ce dont on a l’habitude est facile ; il faut juste changer quelques habitudes… Ce n’est pas qu’une question de santé qui me pousse à reprendre en main la cuisine. C’est presque une question de dignité! N’est-elle pas est un des domaines de choix pour se réapproprier sa verticalité d’adulte ? Alors en route pour des recettes et des pistes d’alimentation ressourçante avec zéro technique avancée pour des recettes inratables, zéro investissement en matériel chérot et zéro additif ... Et mais non, illustration de Gilles Mazard [email protected] Jeanine, pas « zéro temps en cuisine »... il faudra tout de même quelques minutes pour la préparation des plats. Mais si peu ! A titre d’exemple, les cuissons au four doux que j’ai déjà illustrées relèvent de gestes de non-cuisine. Toutes ces recettes ont été pensées en mode commando : efficace, rapide, clair et net. Les Jules apprennent vite, il me restait à les en convaincre. Page 7, je transmets une recette un peu plus complexe qu’un simple pavé de saumon au four doux, histoire de se la jouer grand genre: des Bonbons de Saumon Saumon. On pourra les accompagner d’une nouvelle sauce qui se fait toute seule: page 8 un Confit de Jus de Légumes à la mode Gagnaire (mais oui, le grand chef étoilé lui-même, Pierre Gagnaire, je ne recule devant personne...). Bientôt la saison des fruits mûrs et juteux, aux parfums qui font rêver. Pour qui adore les sorbets, ceux du commerce, Bimestriel. Ag P304055. Bureau de dépôt: Nivelles distribution. 06.06.04 Cuisine Nature donnent parfois l’impression de déguster de la barbe à papa glacée. On ne détecte même plus le fruit derrière les arômes et les additifs divers. Nous voilà à nouveau en route pour le faire nous-même? Je propose page 2 une recette de Sorbetminute aux fruits de saison pour lequel il n’est pas besoin de sorbetière ni de techniques culinaires sophistiquées. Au pôle opposé, mais tout aussi spécial Jules, une recette de fruits en contraste chaudfroid, sucré-acide et tendre-croustillant, baroudeur mais soft : un Crumble de Rhubarbe, au gingembre et cannelle et à la noix de coco (p. 10). Déjà les héroïques Grecs sous les murs de Troie s’en inquiétaient: les matières grasses dans les desserts sont une question récurrente chez les personnes en quête d’alimentation juste. Allons-y donc pour un petit résumé d’un Suite de l’édito et Sommaire en page 14 nr 8 juin 2004 - 1 Sorbet-minute spécial Jules En route pour un sorbet maison qui vous permettra de transmuter de délicieux fruits de saison. Ce sorbet a déjà fait bien des adeptes par sa facilité de réussite: deux minutes pour surgeler les fruits en dés; deux minutes pour les dégeler le lendemain et les mouliner juste avant le repas dans un peu de jus de pommes fraîchement centrifugé. Avec cette technique, pas besoin de sorbetière, de fouettage intermittent comme pour les vrais sorbets, pas de sucre ajouté. Zoup! C’est le sorbet du jules pressé... n Choisissez les fruits lorsqu’ils sont mûrs et parfumés. Lavez, parez, taillez les fruits en dés. Surgelez dans un sachet de cellophane ad hoc. NB «Parer» signifie simplement ôter ce qui est inmangeable, comme les queues des fraises ou les peaux de bananes... NB Si la banane n’est pas assez mûre, accélérez le processus en la malaxant, la veille, un instant dans sa peau. Un Jules dans sa cuisine, ça fait plus peur que rêver… Les femmes aiment frissonner. Faitesleur un sorbet, histoire de multiplier le détour fatal au sortir de table. Un sorbet, un sorbet de mec ! Voilà l’idée-choc pour les conversations en ville : « est-ce que le sorbet est genderneutral ? Est-ce que l’institution de la famille ne va pas encore voler par terre ? La banane est si sucrée que personne ne m’a encore demandé d’édulcorant en sus. Lorsque je dois sucrer, j’ajoute au point 3 du miel ou du sucanat. Le classique sorbet est une purée de fruits édulcorée et détendue d’un liquide parfumé (jus d'agrumes, vin, sirop, vermouth, vodka...). Dans le prochain numéro de Cuisine Nature, vous essaierez la vraie de vraie recette de sorbet, mais réalisée sans matériel ad hoc. On fouettera simplement le sorbet à intervalles réguliers pour éviter qu’il ne cristallise au congélateur. Cette recette nous offrira la joie des fruits glacés, sans les carragénanes, colles 2 - nr 8 juin 2004 o Le lendemain, dégelez le sachet 500g de fraises mûres et parfumées, ou tout autre fruit de saison 1 banane bien mûre ou 100g de sucanat ou miel de qualité jus d’1 citron jus de pomme fraîchement centrifugé (ou allez, bon, en bouteillesl) une heure avant le dessert. p Moulinez avec du jus de citron et du jus de pomme (ou du yaourt). On utilise à cet effet un mixeur à soupe, un shaker, un robot mélangeur ou un extracteur de jusmoulin doux. Ce dernier appareil produit ce sorbet avec une texture et une saveur incomparables par rapport à ce que donnent les autres outils présentés (voir p. 4). et autres additifs qui sont devenus monnaie courante et dont l’innocuité doit encore être démontrée. Je me ris des adultes gâtés qui prétendent qu’ils sont inoffensifs. Ils sont tout sauf inoffensifs, si j’en crois mon expérience du terrain (ou de ce qu’il en reste). Sorbet aux mangues J’adapte ce sorbet aux mangues lorsque j’ai la chance d’en trouver qui semblent bien mûres ... ou qui tout au moins font mine de bien vouloir mûrir dans les règles. Dans le commerce ordinaire, elles sont presque toujours trop vertes pour ensuite mûrir trop vite .... et fermenter en alcool dans le compotier avant même qu’on n’ait le temps de les attraper pour leur faire un sort — même en bio, hélas... Voilà qui est payé bien cher pour nourrir la poubelle! Ancienne d’Afrique, j’aime cette recette car lors de la préparation, je peux me régaler à rogner le noyau fibreux du fruit en cachette de toute autre personne. Pourquoi? Parce qu’il est difficile de rester digne lors de cette manoeuvre: on fait penser à un pithécanthrope ... et non à un sapiens très sapiens. Cuisine Nature matériel: du plus simple au plus ... cher mixeur robot mélangeur shaker extracteur de jus (“moulin doux”) Fruits bio: y a de quoi pester ! Dans le temps (jusqu’en 2000, mettons), on pouvait répondre aux débutants déconcertés par l’achat d’aliments frais: « Choisis-les donc bio, il ne faut pas de connaissance gastronomique pour les choisir, ils sont toujours savoureux. » Cette belle époque semble hélas révolue. Je soupçonne les distributeurs bio de s’être laissés tromper par de mauvais conseillers: n’utilisent-ils pas les techniques perverses de la grande distribution, comme la conservation en chambre froide sans oxygène? Comment s’expliquer que la plupart des fruits bio ne valent plus, de goût, la différence de prix qu’on les paye, alors que, sur le lieu de production on se régale encore ? Pistes balisées pour un jules *1 qui se rebranche nature Les Jules n’ont plus besoin de dilapider leur patrimoine santé pour montrer qu’ils en ont. Je parle de la santé, bien entendu… Aujourd’hui, la pollution et le stress dévastent hommes et femmes, jeunes et moins jeunes. Vous êtes convaincu que votre patrimoine santé mérite autre chose que le mépris : manger mieux, et, par conséquent, prendre les choses en main, reprendre possession de la cuisine. On est finalement ce qu’on mange et surtout qu’on finit par lui ressembler : d’où votre prédilection, que dis-je votre ferveur aussi intense que nouvelle, pour beaucoup de légumes frais et des matières grasses de toute première qualité, crues et originelles... Vous avez compris de mes précédentes bafouilles que pour vous prémunir de la rouille par pollution interposée, il convient de consommer beaucoup de légumes frais et des matières grasses de toute première qualité, crues et originelles... Cela semble facile résumé en une phrase... Mais mais mais .... Vous ne cuisinez pas et n’avez même pas vu votre mère en cuisine... Comment reproduire des gestes si lointains? Or, il est hélas un peu difficile de trouver ces atouts de santé dans les aliments de confort de la grande distribution ou dans les repas des restaurants. Ou vous ne cuisinez pas car vous pensez que de toute façon ce sera raté. Ou vous êtes trop épuisé pour cuisiner. C’est le cas des victimes de syndrôme d’épuisement chronique, dont j’ai été victime pendant treize ans. Or, ce sont surtout ces personnes-là qui doivent revenir à une alimentation non industrielle si elles veulent un sursaut de bienêtre. Ou vous n’avez pas le temps de cuisiner, entre vos mille et une activités passionnantes Ou vous vivez seul. Rien de plus difficile que de préparer un petit frichti en solo. Zoup, un plat surgelé vite fait, c’est tellement plus commode. Et pourtant vous voulez sortir de cet engrenage de « non-bouffe » (pire encore que la malbouffe, non? ). Ce cercle vicieux entretient fatigue et découragement puisque ces aliments équivalent à du carton pour votre organisme. Et la fatigue vous mène tout droit au microondes. Et la boucle est bouclée. Et zut alors. *1 “ Jules ” est ici une façon de parler. J’anime chaque mois un atelier pratique: Manger Bien, c’est si simple, destiné aux guerilleros urbains et aussi intitulé Cuisine Nature... spécial jules: nous sommes 14 femmes pour 1 homme ! En contexte Depuis le premier numéro de ce bimestriel, j’ai rédigé et conçu les recettes afin qu’elles soient inratables — même par un saboteur qui croit qu’il laisserait brûler de l’eau... Voyons comment les intégrer en contexte pour un jules actif. Suivons Jeanne. C’est un jules bien, Jeanne. Consultante en entreprise, débordée, elle vit seule une semaine sur deux car elle s’occupe de son fils de huit ans en garde alternée. Un petit cœur, son gamin. Elle l’adore. Il grandit gentiment. Faudrait pas qu’il bouffe n’importe quoi, justement… Voici quelques petits trucs qui permettent à Jeanne d’éviter de tomber tête la première dans le piège des aliments de confort. Ces idées dérivent de ma propre expérience de célibattante qui doit bien trouver une technique pour manger des nourritures vraies malgré des horaires surchargés. C’est en effet grâce à elles que je suis en rémission de ces maladies graves et incurables qui jalonnent mon parcours d’humain. Le week end, Jeanne fait une heure de courses, puis prend le temps de se préparer ses petits frichtis de la semaine, avec mes recettes fameusement inratables: un Bouillon de Volaille maison * 2: 2 minutes pour remplir une casserole d’eau et y mettre tous les ingrédients; la cuisson de cinq heures se fera pendant sa balade, un Coulis de tomates: 10 minutes d’attention pour 2 heures de cuisson à tout petit feu sans surveillance; une Pâte à crêpe qu’elle surgèlera liquide ou sous forme de crêpes déjà cuites; une grande Compote de fruits frais à la vapeur douce à la cannelle qui sera aussi surgelée en petites doses. Pendant ce même temps, elle cuit aussi dans deux casseroles un bon peu de riz et de quinoa dans du bouillon maison. Ces deux céréales cuites conserveront jusqu’à cinq jours au réfrigérateur, dans un plat hermétique. Elle lave et pare les légumes frais, puis les emballe dans un plastique à peine humide. Avec cette technique, même les salades conservent mieux. Cela lui permettra d’avoir sous la main, retour du bureau, des légumes prêts à l’emploi, l’équivalent des légumes de quatrième gamme vendus au rayon frais de grandes surfaces. Jeanne transforme le lait cru en Fromage Frais*3: faut-il minuter le temps de verser une goutte de présure directement dans la bouteille et la secouer? Elle cuit quelques Rochers de Coco*4 qu’elle conserve dans un sachet à pain, pour des petits quatre-heure de longues journées: deux minutes pour tout fouetter et modeler à la cuiller, 20 minutes de cuisson au four. Comme son fils a le malheur d’être intolérante au blé et à l’épeautre, elle cuit des Biscottes d’avoine *5 : un coup de mixeur dans les flocons d’avoine qui ont *2 *4 *3 *5 Recette du Bouillon dans le numéro 2, page 4. Grâce à la version de Fromage sans présure dans le nr 2, p. 11; ou à la présure dans ce numéro-ci. Cuisine Nature suite page 4 Recette des Rochers de Coco dans le nr 5, p. 7. Recette du Pain Azyme d’Avoine: nr 5, p. 6. nr 8 juin 2004 - 3 suite de la page 3 - Pistes balisées pour un Jules qui se branche nature idéalement trempé une nuit (amis puristes: ce n’est de tout de même pas grave de consommer ces flocons intrempés), on étale cette pâte sur du papier sulfurisé et on cuit au four en même temps que les rochers de coco. Tout le reste lui prendra vingt minutes par jour, sans intégrer dans le calcul le temps que prennent les longues cuissons au four doux*6 de viandes. Celles-ci réaliseront leur destin pendant que Jeanne flâne ou hamacque. Des jus de légumes frais Après en avoir ressenti, lors d’une cure antifatigue, les formidables bienfaits, Jeanne se prépare matin et soir un Jus de légumes frais*7. Cela lui coûte l’énergie de laver les légumes et de les planter dans la machine. La centrifugeuse ordinaire a été remplacée chez elle par un extracteur de jus professionnel (voir ci-dessous). Un peu trop accro au café Jeanne se prépare aussi pour le bureau un thermos d’Hydromel, version adulte de la Limonade d’Alexandre (numéro 1 p. 6), chaude en hiver, froide en été. Quelle merveille que le bouillon à l’ancienne Ma copine Christine: « Oh, je sais que tu m’as conseillé ce bouillon comme merveilleux dépannage de célibataire. J’ai jeté un coup d’oeil à la recette, cela me semble si compliqué ». Elle a bien lu dans les anciens numéros les vertus thérapeutiques et esthétiques du Bouillon de volaille à l’ancienne : pansement de l’intestin ET apport de minéraux, de Echanges lecteurs Avis par courriel de Cathy D. « Si je peux me permettre une petite remarque ou suggestion: c’est un peu frustrant pour ceux qui n’ont pas le fabuleux appareil (à centrifuger les jus et mouliner), de ne pouvoir réaliser les recettes publiées dans les feuilles Cuisine nature. » Ma réponse Je n’ai chanté les vertus des extracteurs de jus que dans la recette du Caviar de Tournesol du numéro 4 ainsi que dans Le Blé en Herbe du numéro 6. Dans chaque recette, d’ailleurs, je mettais un 4 - nr 8 juin 2004 collagène à la pelle, de protéines « calmantes » pour compenser nos excès actuels de protéines trop stimulantes ! — Allons, Christine, lorsqu’au cours de l’atelier pratique je fais la démonstration de cette recette, la même remarque fuse de tous les participants : « Quoi! C’est tout? ». Dans les faits : je prends une casserole d’eau, j’y dépose tous les ingrédients, sans même couper les légumes. Ils sont juste lavés. Je laisse même les peaux des oignons et de l’ail ainsi que les racines des poireaux, puisqu’elles ont des vertus de santé. J’y mets aussi les trognons de légumes trop durs pour être consommés (fenouil, etc.). Je laisse cuire à tout petit feu pendant cinq heures, sans aucune attention. Je filtre et je conserve cette infusion de minéraux et de collagène au réfrigérateur. Ça n’est pas de la cuisine, mes chers amis! Je cherche encore le nom pour cette art de contourner les aliments de confort. Le bouillon de volaille en contexte Comme il est cuit avec du vin qui, acide, favorise la conservation, on pourra garder le bouillon de volaille une semaine au réfrigérateur. Il viendra bien à point pour les situations en solo. Je réchauffe du bouillon en y râpant avec une courgette, qui y cuira en quelques instants. J’ajoute dans l’assiette un peu de jus de citron, un jaune d’oeuf et un peu de parmesan Reggiano râpé. Cinq minutes pour un repas délicieux et nourrissant. J’ajoute une petite louche de bouillon en fin de cuisson de mes plats au wok, comme le Poulet coco et curry (nr 6 page 5), le Chou-fleur parfumé (numéro7 page 4) ou le Masala de saumon en couleurs (numéro 7 p. 4) Je cuis le riz et le quinoa dans ce bouillon maison, ce qui facilite leur digestion et les rend plus nutritifs. Je transforme une partie du bouillon en Confit de jus de légumes (page 7) J’ai besoin de ce bon bouillon pour cuire mon petit Risotto à l’ancienne*8. J’utilise le bouillon en fond pour tous mes potages aux légumes. Pendant que je chauffe le bouillon, je cuis les légumes à la vapeur douce. Je mouline et assaisonne le tout. Dix minutes, montre en main et je me régale ! La cuisson vapeur douce Pas de cuit-vapeur en cuisine ? Mais c’est de l’auto-sabotage ! La cuisson vapeur douce est essentielle dans l’arsenal des jules mais j’ai peu repris de recettes de cuisson à la vapeur douce dans ce bimestriel car j’y ai consacré plein de recettes dans mes livres, dont le guide culinaire des débutants en mode Kousmine: Cuisine Nature... A Toute Vapeur. Une illustration ? Jeanne dépose dans le cuit vapeur quelques légumes frais lavés et parés, coupés finement comme pour le wok, deux oeufs dans leur coquille et un bol de riz déjà cuit. En huit minutes, c’est prêt. *6 Voir Farce pour pitta au four doux dans le numéro 1, page 12; ainsi que les recettes suggérées dans Le Cru Bien Tempéré et tous les brouillons publiés sur le site sous l’intitulé Four doux. *7 Recette du Jus de légumes Breuss dans le numéro 2, page 5. Voir aussi toutes les recettes de jus de légumes dans Le Cru Bien Tempéré. *8 Recette dans le numéro 4, page 4. L’extracteur de jus professionnel ou la centrifugeuse ? point d’honneur de libertaire à proposer d’autres versions, parfois même sans robot ménager de base ou sans mixeur. Pour un jules pressé-peu doué, l’extracteur de jus que l’on peut aussi appeler moulin doux (par opposition aux centrifugeuses ordinaires) vaut l’investissement. Cet appareil produit des jus d’une saveur incomparable. Il est si facile à démonter et nettoyer, il éjecte si gentiment la pulpe qu’on peut réaliser des litres de jus sans souci et qu’on n’a plus d’excuse pour ne pas s’offrir une bombinette d’énergie matin et soir. Il faut bien jouer avec les mêmes armes que les grands de l’agro-alimen- Cuisine Nature taire, qui nous ont habitués au F.R.I.C. (Facilité Rapidité Immédiateté Confort...). J’expliquerai dans le prochain numéro pourquoi, en cuisine petitbudget, les extracteurs de jus apportent tous les atouts de santé en mode facile, rapide, immédiate et confortable ! Scoop Choquée par les prix excessifs pratiqués sur le marché des extracteurs (de 440 à plus de 600 euros!), j’ai enfin trouvé un distributeur low-cost... Tractations en cours pour une machine solide et performante aux alentours de 380 euros TTC (électrique) et... 60 euros (manuel)... mes racines en cuisine Fromage frais en faisselle (à la présure) Nous avions vu dans le numéro 1 comment confectionner du fromage frais le plus naturellement du monde, à l’indienne: laisser cailler le lait cru pendant deux jours, à température ambiante. Je respecte la frilosité bactérophobe*1 de certains lecteurs face à cette technique, tout en continuant à insister sur la bien meilleure saveur de cette première version. Ici, nous allons réaliser le fromage frais à l’aide de présure. Cette recette pour budget démocratique ne demande aucun appareillage coûteux comme une fromagère (matériel électrique pour produire vos fromages frais maison). Pour 250-300g de fromage . 1 litre de lait fermier cru entier (vache, chèvre, brebis...) 1 goutte de présure liquide à 1/10.000ème (achat en pharmacie et magasins bio) à conserver au réfrigérateur n Dès que le lait est acheté, versez une goutte de présure par litre directement dans la bouteille. Secouez bien. o PRISE EN CAILLÉ. Recouvrez le goulot d’un linge ou déposez seulement le couvercle. À l'inverse du cas du yaourt, ces bactéries sont aérobies. Laissez reposer dans un endroit plutôt chaud jusqu’à ce que le lait caille, c’est-à-dire qu’il soit passé de l’état liquide à l’état (semi-)solide : de 18 heures à 24 heures. Le lait est caillé dès lors que, touchant du doigt la surface supérieure du fromage vous constatez qu’elle est lisse, prise en masse et qu’aucune particule du caillé, cette masse molle, n’adhère au doigt. p ÉGOUTTAGE. Recouvrez une passoire d’une étamine (linge fin en coton non teinté) ou préparez une faisselle (photo ci-dessous). Versez dessus le contenu de la bouteille. Laissez égoutter plusieurs heures. Le caillé se retrouvera dans l’étamine et le petit lait (ou lactosérum) égouttera au travers du tissu ou de la faisselle. On peut aussi égoutter en nouant une étamine à une baguette que l’on pose en travers d’une casserole haute. Ou le prendre à un crochet à la mode grand mère. C’est juste plus casse-pied de laver le linge après... Faisselle à ricotta récupèrée chez un charmant marchand italien. NB Version étamine. Je dépose un poids sur le linge pour être sûre d’obtenir un fromage bien sec (question de goût). NB2 Si vous voulez une consistance plus crémeuse, moulinez le caillé à l’aide d’un mixeur ou robot. S’il est trop sec, ajoutez un peu de petit lait et fouettez. On peut voir le caillé en couche supérieure, le petit lait en couche inférieure. NB3 J’achète cinq litres de lait de chèvre à la fois. Je surgèle une partie, que je dégele au fur et à mesure de mes envies et besoins. *1 En matière de santé, nous semblons aujourd’hui plus victimes de l’ambiance d’hygiénisme stérilisant que de d’éventuelles contaminations bactériennes. Dès que les journées compteront vingt-cinq heures, je publierai le résumé d’un article décoiffant du dernier numéro du magazine What Doctors Do Not Tell You: “ Worms and dirt: medecine’s news weapons” (wddty.co.uk) Cuisine Nature Affiner le fromage On se la joue MarieAntoinette : on va produire des petits chèvres frais. Transférez le caillé de chèvre dans des moules. Rajoutez du caillé dès que le niveau baisse. Laissez égoutter une journée. Renversez les moules. Salez. Après une autre journée d'attente, renversez à nouveau sur un lit de paille ou sur un linge. Salez encore. Le tout aura atteint 2% de sel. Laissez affiner encore quelques jours sur une grille à température ambiante, dans un léger courant d'air. suite page 6 nr 8 juin 2004 - 5 suite de la page 5 - Fromage frais maison Le lait cru s’achète chez le fermier ou sur le marché, parfois en magasins bio ou sur commande en crèmerie. Il peut aussi être livré par un excellent service de livraison bio/terroir à domicile comme la Fourmi Verte (Bruxelles et Wallonie 081-717.508). La technique de fromage sans présure décrite dans le nr 1 n’est possible qu’avec du lait cru. Le lait frais bio (qui n’est plus cru mais pasteurisé, parfois homogénéisé ou non selon les marques) s’achète dans les mêmes circuits, mais aussi en grande distribution. Le lait frais permet les deux techniques: avec ou sans présure. On peut boire le petit-lait ou lactosérum, résultat de l’égouttage, c’est un fameux apport en une précieuse substance, précurseur du glutathion. Le glutathion est considéré comme un oxygénateur cellulaire, très utile pour les cas de victimes de sous-oxygénation ou stress oxydatif permanent, j'ai nommé: les victimes d’épuisement chronique. Vous pouvez aussi garder le petit lait pour remplacer l’eau dans la confection du pain MiMi ou des Biscottes d’avoine, de préférence le jour même. Mon ami fermier le donne aux cochons et aux poules ! Bienheureuses bêtes ... J'apprends par ailleurs (mais je n'ai pas vérifié) que le petit lait fait merveille dans le compost... Fromage fade Si le fromage est amer ou fade, c’est que vous avez utilisé trop de présure (une goutte par litre, disions-nous donc...), que vous n’avez pas laissé cailler assez longtemps ou que vous avez utilisé un lait de médiocre qualité. Par exemple du lait UHT... Vous aviez donc oublié que ce dernier n'est PAS du lait ? Avant de présurer, certains amateurs préfèrent d'abord ensemencer le lait en ajoutant un peu de fromage frais ou même des ferments lactiques de yaourt. Cette dernière opération permetrait que le fromage ne tourne pas trop vite à l’acide lors de la conservation. Vous observerez en effet que vos fromages maison en faisselle sont un peu plus capricieux que la mousse à raser du commerce. Arès cinq jours au réfrigérateur, le goût devient plus acide au fur et à 6 - nr 8 juin 2004 mesure que les petits organismes qui ne vous veulent que du bien continuent à travailler. Préchauffer le lait ? Les recettes classiques pour l’opération de la page précédente précisent: « Versez la présure dans le lait tiède; idéalement à 30-35°C car à 20°C, la présure n’agirait que trop lentement et à 50°C, elle serait inactivée ». Tiédir le lait est une option de sécurité, qui vous coûte du temps et une casserole à laver! Faire bouillir le lait ? Vous lirez aussi dans la plupart des recettes : « Faites bouillir le lait rapidement, puis laissez le refroidir jusqu’à environ 30°C. » Ce sont probablement des souvenirs des temps où l’on craignait les maladies convoyées par des laits fermiers de piètre hygiène. Par parenthèses, si vous faites bouillir rapidement, autant ne rien faire puisqu’il semble qu’il faut au moins laisser bouil- lir dix minutes pour obtenir un résultat vraiment aseptique. Je pouffe face à ces craintes quand j'observe les connaissances de la nouvelle génération en matière d’hygiène alimentaire de base. Les meilleurs amis des étudiants 2000: les salmonelles... Mayonnaise trop peu acide, viande hachée conservée à température ambiante, restes de repas réchauf- Cuisine Nature fés trois fois leur sont offerts sur un plateau. Dans cette perspective, les terreurs du lait cru font sourire... D’autant plus que le pays le plus atteint par les intoxications alimentaires s’appelle Amérika, là où pullulent les bactérophobes. Même les crudivores y lavent leurs légumes à l'eau de javel... Mais j’achète du fromage bio! Le lait bio est bien sûr souvent exempt de résidus de traitements des bêtes autant que de leur fourrage. Voilà qui en fait le maître-achat en général. Mis les laitages bio peuvent être pasteurisés et homogénéisés, ce qui est toujours le cas s’ils sont en vente en grandes surfaces. C’est tellement plus pratique pour le distributeur! Lors de l’homogénéisation les particules grasses sont atomisées pour éviter la remontée de la crème. Selon une hypothèse, leur taille réduite permettrait ainsi qu’elles passent dans le sang, où elles n’ont que faire à part chatouiller le système immunitaire. Je serais bien incohérente de tomber à bras raccourcis sur le bio, alors que je le promeus à longueur de lignes. Mais ce label est hélas devenu un fourre-tout. Il est passé le temps où les aliments bio étaient la garantie de manger comme mère-grand et d’acheter la dignité des producteurs. Ce marché semble être récupéré par les grands groupes alimentaires qui y ont vu de jolies parts de marché. Aux Etats-Unis en 2002, la bataille a même fait rage pour faire intégrer les OGMs dans le bio... Ouf, ce fut refusé. Pour cette fois-ci au moins. En outre, j’entends que les carraghénanes (additifs dont l’utilisation s’est généralisée depuis vingt ans) sont même autorisées en bio ? Mais le dossier de ces petites algues micronisées utilisées pour faire joli est bien lourd... À choisir, il est plus important de se procurer du lait cru de source saine que du lait bio pasteurisé ou stérilisé. Si vous produisez votre yaourt maison, recette dans laquelle le lait doit de toute façon être bouilli (recette sans yaourtière dans un prochain numéro de Cuisine Nature), préférez alors le lait juste pasteurisé, mais non homogénéisé. En bio, je ne connais en distribution large que la marque Demeter qui n’homogénéise pas (biodynamie, en vente en magasins bio). Spécial Jules Bonbons en teriyaki de saumon (four doux) En version « la vie en soliste », le saumon est déjà un bonheur inratable et sans labeur s’il est tout simplement cuit au four doux*. Je propose ici une version pour les jours où on a envie de se faire encore plus plaisir: le saumon, taillé en lanières, est d’abord mariné une nuit dans une sauce teriyaki (huile, sauce soja, gingembre, ail et miel). Cuites ensuite au four à 65°C, un peu plus doux que doux, ces lanières de poisson en deviennent... de tendres bonbons. n Faites macérer le saumon taillé en o Epongez l’excès de sauce et placez lanières dans la sauce teriyaki: la gousse d’ail écrasée, le shoyu, l’huile, le gingembre frais râpé ou en poudre, le miel (ou sucre), la coriandre. Durée: une heure à une nuit (le meilleur résultat). NB J’utilise le saumon bio de Bonneterre, miam! Même mes amis qui ne croient pas à la bio croient à ce saumon-là... Il n’y a pas de mer bio, mais les poissons bio sont nourris d’une autre façon... En contexte pratique Ces délicieux bonbons conservent plusieurs jours au frais. Quand j’arrive à en garder quelques uns sans que ma tribu de fourmis rouges ne leur fasse un sort, elles viennent bien à point pour une petite faim au retour du bureau. Je dispose aussi d’un stock permanent de riz cuit, d’une vinaigrette maison pour la semaine, de légumes vapeur de la veille. Si j’ajoute mes bonbons de saumon et une petite carotte râpée, j’ai un pique-nique délicieux et complet, à base d’aliments frais et sans surprises. Bouchées de volaille en teriyaki La même recette convient très bien à des blancs de poulet en lanières. Les chairs provenant des cuisses de poulet demandent une cuisson un peu plus longue: 4 heures... Le poulet supporte 85°C alors que la différence de texture et de saveur de ces petits vingt degrés avec le saumon est étonnante. sur une grille. On peut aussi ne pas éponger la marinade et déposer sur du papier sulfurisé. Cela vous fera un début de sauce. Cuisez au four branché à 65°C: 2 heures et demi environ (aux 85°C habituels, ce serait une heure) NB Pour obtenir cette température dans un four mal gradué, si vous ne disposez pas d’un thermomètre ad hoc, branchez sur la température la plus faible et laissez la porte entr’ouverte. Autres recettes au four doux Vous connaissez déjà les textures et saveurs incomparables des cuissons à basse température pour les produits animaux*1. Vous savez aussi que cette technique permet de se régaler d’aliments quasi-crus en profitant d’une cuisson de type sec. Certains mangeurs sont en effet lassés à la longue par le côté humide de la cuisson à la vapeur douce, ou carrément rebutés par l’idée de se nourrir de tartares, ceviches ou autres crudissimes délices. ET on mange moins en quantités, on dirait que la qualité de quasi-cru rassasie mieux. Un autre avantage: ces cuissons au four doux sont inratables pour un débutant, même s’il oublie d’arrêter le four à voir La farce de pitta au four doux dans le numéro 1, page 12 ou la recette de Pavé de saumon sous son lit de petits légumes dans Le Cru Bien Tempéré, page 26. D’autres recettes en brouillon sur le site www.taty.be. J’attends vos essais et suggestions... 400 g de saumon frais 1/2 cm de gingembre ou 1 cuill.c. de gingembre en poudre une gousse d’ail pressée 1 cuill. s. de sauce soja 4 cuill. s. d’huile d’olive 5 feuilles de coriandre 1/4 cuill. c. de miel liquide ou de sucre * Les cuissons au four doux. Je rentre du bureau d’une journée en apnée, je place un pavé de saumon sur la grille sans autre assaisonnement, j’allume le four à 85°C et je pars me promener en forêt pour me ressourcer. Je rentre une heure après: c’est cuit, tendre, parfumé, parfait Si vous avez oublié le poisson plus longtemps dans le four, pas de souci, ils sera toujours aussi bon. Servez ces lanières avec une palette de légumes crus et vapeur douce ou encore du riz basmati. Composez une jolie assiette en étoile. Accompagnez d’un Confit de Jus de Légumes à-laGagnaire (recette ci-après), ou d’un filet d’huile d’olive et d’un peu de jus de citron (version plus julesque). J’ai adapté la sauce teriyaki originale car elle est très sucrée. temps... Essayez un magret de canard et vous comprendrez votre bonheur. Mon fils de douze ans ne pourrait pas le rater: ce magret sera tendre à rêver, pas fibreux pour un sou. Il n’aura nul besoin de sel ou poivre ou de sauce... Je publierai petit à petit dans ce bimestriel d’autres recettes au four doux, simplissimes pour débutants. Les plus initiés aux fourneaux parmi vous se tourneront vers les recettes plus gastronomiques que le chef coq Pol Grégoire publie dans le magazine gratuit BioInfo (en magasins bio en Belgique). Pour équilibrer la palette d’offres de recettes, je me concentre sur la cuisine ménagère, la presque non-cuisine des jules... *1 Cuisine Nature Jerky Aux Amériques, on appelle cette préparation au déshydrateur du jerky. Voici ce que me répond Martine, suite page 14 nr 8 juin 2004 - 7 Confit de jus de légumes Du bouillon maison (volaille, boeuf, agneau, poisson, selon vos goûts et votre profil) est réduit à tout petit feu pendant deux heures en compagnie de jus de légumes frais. Je transforme ce coulis en sauce en y fouettant un peu de beurre de ferme... Nul besoin de sel ou de poivre. Cela provient, je suppose, du fait que cette sauce est un condensé de sels minéraux, provenant tant du bouillon que du jus de légumes frais. Je m’inspire ici de la recette d’un étoilé de la table : Pierre Gagnaire. A la place de la gélatine de sa recette originale (voir l’encadré de la page 9), j’utilise du bouillon de volaille maison pour profiter des merveilleuses vertus déjà chantées de cet aliment-remède. L’âme de la cuisine, dit-on, ce bouillon devrait trôner auprès de chaque fourneau qui mérite ce nom. n Dans une casserole non couverte, faites réduire sur feu le plus doux possible le bouillon, le jus fraîchement centrifugé et la courgette moulinée très finement au moulilégumes. Je ne peux traduire en mots la passion amoureuse que m’inspire cette sauce de légumes sur fond de bouillon. Comme elle conserve plusieurs jours et que, tout embeurrée, elle se solidifie au frais, je la tartine même froide sur mon pain grillé... Elle accompagne les Lanières de Saumon en Teriyaki de la page ci-contre. Je l’utilise aussi pour varier les goûts de mon risotto hebdomadaire (la recette détaillée pour les Jules dans le numéro 4): à la place du beurre, j’ajoute dans l’assiette ce confit confortable. o Après deux heures de réduction sans surveillance particulière, ce coulis sera épaissi. Emulsionnez avec la matière grasse de votre choix. Chez moi, c’est le bon beurre de ferme au lait cru. Itinéraire en cuisine Adepte du bouillon à toutes les sauces, j’avais pris l’habitude depuis quelques mois de cuire le coulis de tomates avec une louche de bouillon maison « juste pour voir ». Après quatre heures de mijotage sur un coin de feu, cette sauce tomate prenait une dimension en bouche jamais rencontrée. Quelle surprise de découvrir sur le site du grand chef Pierre Gagnaire, sa sauce Demi glace de jus de carotte, légumes et fruits frais qui est basée sur le même principe. Cette demi-glace est née de ses échanges gastrono-moléculaires avec un professeur de chimie de haut niveau que vous connaissez peut-être par ses heureuses apparitions médiatiques : Hervé This. À lire leurs commentaires, j’ai mieux compris la nouvelle dimension de ce mien coulis (voir page 9). 1/4 blanc de poireau 2 tiges de fenouil quatre branches de céleri blanc sans les feuilles une petite carotte 1 petite courgette double dose de bouillon de volaille maison que de jus obtenu La recette du bouillon maison est détaillée dans Cuisine Nature numéro 2. Pas de cubes de bouillon, bien sûr... P.S. pour les débutants: « émulsionner » signifie que vous fouetterez la matière grasse dans le coulis petit dé par petit dé jusqu’à ce que la masse tienne ensemble, tout simplement. Demi-glace de la mer On pourrait accompagner les Bonbons de Saumon de la même sauce, réalisée à base de fumet de poisson. Elle conserverait bien moins longtemps. Même au frais, je ne la garderais pas plus d’un jour. Variantes de jus Le mélange que je propose ici (poireau, céleri, fenouil, carotte) auquel j’ajoute parfois des têtes de jeunes orties quand je nettoie le jardin, penche vers l’amer. C’est mon goût favori mais aussi la même sauce à base de jus de carottes ou tomates serait trop sucrée pour accompagner les lanières de saumon dont la marinade est si tant miellée ... Pour des goûts moins amers, je peux proposer de vous inspirer de tous les Echanges lecteurs et appel à contributions Q. Mon bouillon de gélifie pas, je ne profiterai pas du collagène? Je fais appel à tous les bouillonneurs invétérés. Mais je doute qu’il faille « voir » la gelée pour que le collagène vous cajeole de l’intérieur. Les nombreux praticants heureux du Régime des Glucides Simples (dont je suis) se sont guéri de leur douloureuse colopathie sans tant de perfectionnisme. 8 - nr 8 juin 2004 Pourquoi écumer le bouillon ? Je me suis aussi posé la question, mais je n’ai reçu que des réponses gastronomiques (clarté du bouillon) à mes demandes. Pour ma part, quand je n’ai pas le temps, je n’écume pas. Cette précaution doit dater du temps où nos mammies n’avaient pas de réfrigérateur. Non écumé, le bouillon conservait moins bien, disent les vieux livres. Cuisine Nature suite de la page 8 Confit de jus de légumes mélanges de jus de légumes que j’ai repris dans Le Cru Bien Tempéré. Comme : du jus de carotte et céleri; ou du jus de céleri branche et un coulis de petits pois; ou du jus de tomates mûres et un coulis d’un demi poivron rouge et d’une gousse d’ail moulinés très finement. Je n’ai pas encore testé plus avant. À vous d’entamer le grand cycle des confits de bonheur et de me faire connaître vos résultats ? Pierre Gagnaire et Hervé This Cette sauce est née des échanges gastrono-moléculaires entre Hervé This et Pierre Gagnaire. Mes lecteurs connaissent déjà Hervé This. Brillant physicochimiste français, passionné de cuisine, il applique sa curiosité de scientifique à la cuisine. Il est sans le savoir mon initiateur dans le monde des cuissons basses températures. C’est en essayant la recette de Saumon à l’Unilatérale au four doux (100°C) trouvée dans un de ses livres que je me suis lancée dans des essais similaires avec d’autres produits. Ce saumon me semblait transmuté en autre chose... J’ai d’ailleurs adapté cette recette dans Le Cru Bien Tempéré. J’ai aussi appris par mon amie Christiane Smeets que ces cuissons douces étaient utilisées en thérapeutique médicale par le docteur Jacques Fradin dans les années ‘80. Je publierai un dossier sur ce sujet « L e point sur les cuissons » dans un prochain numéro. Ah, si plus de nos professeurs de science étaient des Hervé This... Adolescente passionnée de chimie, je passais mes fins de semaine aux ateliers des Jeunesses Scientifiques au lieu de draguer à la patinoire comme mes copines. Mais à 18 ans, déçue par des « scientifiques » qui utilisaient plus le présent affirmatif que le conditionnel, qui me paraissaient vouloir tout réduire, fermer et contrôler plutôt qu’ouvrir et grandir, je me suis tournée vers l’interprétation de conférences. C’est malin! Maintenant je dois traduire les textes de biologistes plutôt que les pondre moi-même... Bon, bref, revenons au sujet. Les discusions entre ces deux grands bonshommes sont publiées sur le site de Pierre Gagnaire sous le chapitre “Science et cuisine”. Fin de l’introduction par Hervé This à l’article sur la demi-glace de légumes: « Pierre, essaye un peu de cuire des légumes centrifugés avec du jus de viande ou de la viande hachée, pendant très longtemps, à découvert, comme tu cuis déjà tes carottes, et tu verras apparaître des goûts inconnus. Selon les légumes, les résultats seront bien différents, d’où la question que je te pose: quels légumes choisiras-tu,et quelle viande y ajouteras-tu ? » J’attends les bonnes idées des vrais gastronomes parmi les lecteurs — « vrais » puisque pour ma part je m’en tiens à la cuisine brute. Nouveau terme que j’extrapole à partir de l’art brut d’un douanier Rousseau, auquel je m’identifie dans la mesure où je n’ai aucune référence ni maître en art culinaire non plus. Je viens des raviolis en boîte, moi, madame ! Un chef chez les jules? Cela vous semble curieux que je propose une sauce inspirée d’un artiste culinaire dans une rubrique « Cuisine Nature Spécial Jules »? Cette recette correspond pourtant bien à mes critères en la matière: 1. nous sommes ici en véritable cuisine, puisqu’il y a transmutation; 2. nous restons dans la gamme nature puisque tous les ingrédients sont frais, non chimiqués, non manipulés; 3. comme cette recette n’exige aucun tournemain, aucune connaissance basique et aucun matériel*, on peut considérer que nous sommes dans la catégorie spécial Jules,, la gamme des recettes sans complexe-réussite assurée. RECETTE ORIGINALE DE PIERRE GAGNAIRE* « Demi-glace de jus de carotte, légumes et fruits frais » Jus de carotte 1/2 l de jus de carotte obtenu à la centrifugeuse - 2 feuilles de gélatine (correspond à la viande pour Hervé) - Huile d’olive de qualité Légumes et fruits 1 branche de céleris -1/2 navet blanc -150 g de pois gourmands -1 chou pak-choi ( chou chinois) - 4 grosses fraises - 1 /2 melon de cavaillon - 2 abricots bien mûrs - Quelques feuilles de verveine fraîche. Méthode 1) Faire réduire de moitié le jus de carotte dans lequel on aura incorporé la gélatine. Attention le jus doit réduire par évaporation, donc ne doit pas bouillir. 2) Incorporer 5 cl d’huile d’olive douce dans ce jus, le mettre au frais.On émulsionnera encore une fois avant utilisation. 3) Tailler le céleri en fins bâtonnets. Eplucher le navet, le couper et le tailler en petites olives; les cuire à l’eau * bouillante salée, les égoutter, les rafraîchir. Cuire croquant les pois gourmands. Tailler en fines lamelles le pak-choi et le cuire rapidement avec un peu d’huile d’olive. Couper en deux les fraises. Tailler le melon en petits dés. Rôtir les abricots coupés en deux. Dressage Verser le jus dans quatre assiettes creuses, répartir de façon élégante les ingrédients sans oublier les feuilles de verveine http://www.pierre-gagnaire.com/francais/ humeur/recette-glace-carotte.htm Cuisine Nature nr 8 juin 2004 - 9 Crumble de rhubarbe spécial Jules Pour se réapproprier la cuisine, une autre recette de tout débutant: des fruits de saison acides coupés en petits dés sont couverts d’un mélange grossier de farineux (ici: flocons d’avoine), sucre (ici: sucre complet) et beurre (ici: de ferme). On cuit au four. Et voilà un délice de contraste croquant -tendre, acide-sucré. Comme les matières grasses ne vous sont utiles que si elles restent incuites, j’ai remplacé le beurre de la recette originale par votre fromage frais maison, mais vous servirez ce dessert avec une belle louchette de crème épaisse (de lait cru, bien sûr...). n Disposez dans le fond d’un plat à gratin à peine beurré les dés de rhubarbe. Les fruits sont coupés en petits dés pour cuire plus vite à coeur. Vous aurez pelé les tiges de rhubarbe à l’aide d’un économe car les fibres seraient désagréables en bouche. Saupoudrez-les du gingembre, de la cannelle et de la moitié du sucre complet. VERSION SANS MATÉRIEL. Dans un bol, mélangez du bout des doigts le sel, le sucre restant, la farine et les flocons d’avoine. Continuez en ajoutant le beurre bien froid, coupé en petits dés, jusqu’à ce que vous obteniez un sable grossier. On peut frotter le mélange entre la paume des deux mains. Durée: 20 secondes. Pour un plat de 15 cm sur 15 cm : 500 g de rhubarbe 1/2 cuill.c. de gingembre moulu 1/2 cuill.c. de cannelle moulue CRUMBLE: 200 g de flocons d’avoine 2 cuill.s. de farine d’épeautre 2 cuill.s. de noix de coco râpée (facultatif: 2 cuill.s. de beurre de ferme) 120 g de sucre complet (7 cuills. bombées) 2 cuill. s. bombée d’amandes entières ou effilées 120 g de fromage frais au lait cru (l’équivalent de deux petit suisse) OU VERSION AU ROBOT. Versez les amandes: faites tourner 5 secondes pour les concasser. Ajoutez le sel, le reste du sucre, la farine, les flocons d’avoine et le beurre en petits dés. Faites tourner 2 secondes. Stop, on s’arrête, sinon ça ne crumblera plus... o Vous allez passer à la réalisation du crumble, qui exige d’être maladroit! Il ne faut en effet surtout pas malaxer avec compulsion, sinon vous obtiendrez une pâte à tarte... p Ajoutez au mélange, à l’aide d’une fourchette, le fromage frais bien égoutté, les amandes concassées et la noix de coco râpée. q Recouvrez les fruits sur toute la largeur du plat de cet “émiettage”. r Cuisez dans le four moyen préchauffé à 180 °C pendant 25 minutes. En version solo, je prépare un crumble aux doses ci-dessus, pourtant prévues pour 4 à 6 personnes. Je le conserve au frais jusqu’à trois jours. Le matin ou à 16 heures, je réchauffe une portion dix minutes au four préchauffé à 200°C. Non ! PAS au micro-ondes. Vous voudriez aplatir et vieillir en accéléré votre belle oeuvre? 10 - nr 8 juin 2004 Servez tiède ou froid, avec une belle louchette de crème épaisse. On peut fouetter cette crème en chantilly mais alors on sort du cercle des jules pressés. Elle doit en tout cas être de lait cru, sinon vous loupez le critère de graisse crue indispensable à votre verticalité ! L’avantage de la crème fraîche de lait cru par rapport au lait cru: elle conserve au moins dix jours au frais. Elle épaissit de jour en jour et c’est tant mieux car le lactose est décomposé, donc moins « agressif » pour des tubes digestifs fragilisés. Les arômes se développent par la même occasion. Cuisine Nature Comme la rhubarbe est bien plus acide que d’autres fruits, on ne peut contourner le sucrage intensif. Lorsque vous adapterez cette recette aux pommes, poires et autres bonheurs, vous diminuerez bien sûr les doses. J’ai aussi ajouté à la recette classique de la noix de coco pour voir si vous avez bien suivi (voir vertus de coco dans le numéro 5). Et bien sûr des amandes parce qu’elles ne vous veulent que du bien. Rares sont les intolérants à cet oléagineux. Il y en a, mais souvent ils le savent avant moi ! Enquête sur les laitages François Pommier n’a pas écrit “Tout est perdu, fors l’honneur”. L’autruche ne met pas sa tête dans le sable. Travailler ses abdos n’a jamais prémuni personne contre les tours de rein. Mais c’est si confortable de dormir sur des coussins d’idées reçues... Autre idée reçue, ou plutôt construite depuis la surproduction laitière d’après-guerre : “Consommez des laitages tous les jours”. Si vous aimez les dérivés laitiers et que vous avez la chance de les supporter en l’état, tant mieux pour vous. Le Crumble peut aussi servir de petit déjeuner,, vous souffle la nutritionniste avisée. Tout y est pour un bel envol de la journée. Comme le coeur y est aussi, les petites cellules jubileront... Tous les mangeurs n’ont pas les mêmes goûts. Est-ce un scoop? Et bien, tous n’ont pas le même profil biologique, non plus... Certains ne sont pas bien nourris par une belle Crème Budwig ou par des fruits crus le matin. Plus adaptés au cuit, ils se régaleront peut-être de ce Croustillant aux Fruits Frais, synonyme français de crumble ? « C’est un dessert » rétorquez-vous... Ah bon ? Et ce n’est pas un dessert quand vous versez sur une assiettée de corn flakes sursucrés et chocolatés, aux graisses rances, du lait qui n’en est plus ? Ce nouveau type de petit déjeuner, qui n’est qu’une superbe victoire de marketing, va simplement fouetter l’organisme, tandis que l’on démontre quà l’analyse matérialiste des nutriments, notre bon crumble maison vous apportera tout ce qui nourrit vraiment le corps au sortir d’une nuit de jeûne... Faites le jeu de passer en D’autre part, Les tenants de l’alternutrition ont tendance aujourd’hui à déconseiller les produits laitiers pour tous. Ah bon? Ça existe des valeurs universelles ? En complément de précédents articles sur le beurre et les fromages, nous ferons un petit tour de la question dans un prochain numéro: « Le Point sur les Laitages ». Vous ferez ainsi vos choix en conscience et connaissance, et non dans l’hallucination d’un hypothétique Axe du Mal. revue tous les ingrédients à l’aulne de leurs apports d’aliments-remèdes. Gardez aussi à l’esprit qu’est considéré complet comme repas celui qui contient: végétal frais, matière grasse originelle, protéine animale conjointe à une protéine végétale, céréale complète (sans blé/épeautre/seigle parce que c’est devenu quasi la norme aujourd’hui). « Mais on ne peut pas cuire les fruits », rétorque Paulette. « Mais le surgélateur dégrade les vitamines » s’écrie Paulo à lire la recette de sorbet. « Mais le sucre est du poison » ajoute avec tout autant d’assurance le dernier interlocteur. Autant je respecte tous les points de vue y compris les plus poétiques, quand Cuisine Nature ils restent dans la sphère de leur auteur, autant j’ai un gros souci quand j’entends asséner de telles fausses vérités à des personnes rendues naïves par le fait que, malades, elles ont peur et souvent mal. Fausses vérités que ces injonctions d’écoles diverses , qui sous des dehors scientifiques ne peuvent être corroborées ni par des études cliniques rigoureuses ni même par l’analyse sur le terrain ou l’historique alimentaire — même si elles s’avèrent exactes pour l’une ou l’autre personne en particulier ou pour de courtes périodes de drainage. La secte du café salé.. Un jour je créerai avec les amateurs le Congrès Anti-Impérialiste Diététique. Illustration: on peut ajouter très peu de sel au café pour en relever les arômes. A cette idée, j’imagine déjà bien des grimaces, quelques sourires entendus et d’autres sourcils levés en interrogation. Le premier lecteur va le plus simplement du monde retenir l’idée pour l’essayer dès demain. L’autre va l’oublier car sa mère ne l’a jamais fait. Et le troisième, ah le troisième nous y sommes: « Tiens, tiens, super, je vais lancer la mode du café salé, ou même tiens la secte des saleurs de café ». Les êtres de pouvoir sont nécessaires à l’humanité, c’est une question d’équilibre. Mais pourquoi en trouve-t-on tant et plus dans les cercles amateurs de cuisine saine ? La cuisine classique n’est pas épargnée, je vous rassure. Mais dans le domaine de la santé, par leur incohérence, ces gourous sont responsables d’une telle confusion dans les esprits en faim (fin?) de certitudes qu’ils obtiennent un résultat contre-productif : à nouveau le jules lambda se retourne vers les plats tout préparés qui évitent de penser. Y m’énervent les gourous ! Mais, tiens, à bien réfléchir, ne pourrait-on aussi dire un mot aux rationalistes parfois un peu coincés aux entournures qui, refusant de même écouter les observations de thérapeutes sur le terrain ou d’entendre que les aliments sont plus qu’un amas de nutriments chiffrés, poussent les naïfs dans les bras de ces mêmes prometteurs de beaux jours ? nr 8 juin 2004 - 11 !!! PUB !!! Les graines germées sont des condensés de vie, des complexes vitaminés naturels aussi efficaces que les formules en gélules. Elles sont un concentré de nutriments essentiels: vitamines, minéraux, acides gras et protéines sous forme plus assimilable que les versions non germées. Ce sont des compléments alimentaires essentiels, surtout en plein hiver et en particulier pour les personnes fragilisées qui souhaiteraient, par principe, éviter les produits animaux. Inscrits dans ma collection Cuisine Nature, les deux derniers tomes parus : Graines de Curieux et Graines de Gourmand apportent un éclairage nouveau et structuré et des pistes pragmatiques pour intégrer les graines germées dans une assiette traditionnelle. Le tome des bases Graines de Curieux décrit les gestes fondamentaux de la germination, version urbaine du potager en appartement. Pour produire vos propres graines germées, vous improviserez à partir du matériel classique de votre cuisine, sans achat spécifique. On répondra aussi avec nuance aux questions de base que les maîtres à germer ont tendance à radicaliser: crues ou cuites? gluten ou pas? limites quotidiennes? Graines de curieux Graines germées en famille: les bases Tome 7 75 pages, 8,5 euros Tome 6 Le tome pratique: Graines de Gourmand se concentre sur les aspects pragmatiques de recettes testées et approuvées par un public non acquis à la cause. 14 euros pour l’achat groupé des deux volumes Graines de gourmand Graines germées en pratique: les recettes 98 pages, 8,5 euros Achat en support électronique 1. via www.greenshop.be 2. ou par correspondance chez Aladdin. 1. Greenshop.be: après validation de votre paiement par carte bancaire sur ce portail hypersécurisé, le livre vous est envoyé par courriel. Vous l’imprimez chez vous. Vous n’avez pas d’adresse courriel? Faites-le envoyer à un ami ou votre nièce... 2. Aladdin. Payez au compte 000-1407731-67 de la société Aladdin (11 allée du Mont Cheval à B-1400 Nivelles). Mentionnez le tome souhaité et l’adresse courriel. Virements étranger: mentionnez aussi le code IBAN “BE93”. Ces 2 livres seront publiés en format classique dès le mois de novembre 2004 et distribués, comme d’habitude, dans les librairies et magasins bio. 12 - nr 8 juin 2004 Cuisine Nature Question. «Comme corps gras dans mes gâteaux et galettes, j’emploie de l’huile de tournesol : est-ce la meilleure conseillée pour supporter les hautes températures et pour le cholestérol ?» Quelles graisses en pâtisserie ménagère ? Crues, les huiles végétales polyinsaturées vierges première pression à froid comme l’huile de tournesol (et ses consoeurs: carthame, colza, lin, etc.) sont un apport thérapeutique incomparable. MAIS elles ne supportent pas la cuisson, même douce. Elles sont d’ailleurs tellement sensibles à l’oxydation qu’on les conserve au réfrigérateur. Imaginez ce qu’elles subissent comme rotations moléculaires quand vous les cuisez. On les consomme donc crues en vinaigrettes, mayonnaises ou en simple filet sur le plat. L’utilisation de ces huiles en cuisson est une mode naturopathique dans laquelle j’ai donné moi-même lorsque, adeptissime de la cuisine à la mode Kousmine, je cherchais des graisses saines pour les desserts. Période butyrophobe irraisonnée... En effet, d’un point de vue technique, on peut affirmer que ne résistent à la cuisson à haute température que le saindoux, la graisse de palme non hydrogénée (ou huile de coco, voir Cuisine Nature n r 5), le beurre clarifié, le blanc de boeuf et l’huile d’olive (la moins résistante de la série). Le beurre frais supporte les cuissons douces des pâtisseries, mais pas la cuisson dure à la poêle comme pour des crêpes. Pourquoi ne pas profiter de ce merveilleux beurre frais dans les desserts? Si vraiment vous n’en voulez pas pour des raisons de goût, choisissez la graisse de palme non hydrogénée: outre sa précieuse capacité de résister à la cuisson, elle est riche en acide laurique, un puissant antimicrobien qui est aussi présent en haute teneur dans ... le lait maternel. La graisse de palme est d’autre part la seule graisse qui ne demande pas la production de suc pancréatique lors de la digestion, ce qui la rend plus facile à assimiler que les autres matières grasses. On pourrait même dire qu’elle “repose” l’organisme. On l’utilise par exemple avec succès dans l’alimentation des enfants victimes de mucoviscidose qui souffrent de déficience pancréatique congénitale. Beurre et cholestérol: le faux problème. La mauvaise réputation des graisses saturées (c’est-à-dire les graisses citées ci-avant, sauf l’olive) est due à une erreur d’interprétation des statistiques. On a vu dans le numéro 2 que cette erreur est dorénavant reconnue par les autorités nutritionnelles américaines. Les éventuels dégâts coronariens seraient provoqués par les acides gras TRANS, ou graisses ARTIFICIELLEMENT saturées comme les margarines ou les graisses cuites sous pression à haute température pour la production industrielle des corn flakes, chips, biscuits, viennoiseries, etc . En aucun cas la consommation de graisses NATURELLEMENT saturées (beurre, viande, palme, etc.) ne peut être corrélée à des problèmes cardiaques ni au taux de cholestérol. Je publierai ici plus régulièrement des infos latérales sur le “nutritionnellement correct” à l’heure actuelle alors que les faits scientifiques en infirment parfois la certitude. Rubrique www.Moi.com Alimentation saine à ma mesure cours théoriques, à Daverdisse* samedi 10 juillet 9h30-17h30 ou dimanche 8 août 9h30-17h30 (58 euros par journée). Graines de gourmands atelier pratique de recettes familiales à base de graines germées à Daverdisse le vendredi 6 août de 14h30 à 17h00 (26 euros). Manger bien, c’est si simple ! atelier pratique pour ceux qui ne cuisinent pas, à Daverdisse, dimanche 11 juillet 9h30-17h00 (65 euros). Cuisine nature pour les parents pressés atelier pratique à Daverdisse samedi 7 août 9h30-17h (65 euros). Tél : 067-84 11 22 ou télécopie 067-22 10 01 ou [email protected] Daverdisse se trouve en Ardennes, à côté de Redu, Village du Livre. Tous ces ateliers et cours se dérouleront aussi en automne à Rixensart ou à Nivelles ou à Sauvenière (Gembloux). Bientôt New York et Tokyo. * Cuisine Nature nr 8 juin 2004 - 13 suite de la page 1 Edito sujet très long, aux ramifications complexes: Quelles graisses en pâtisserie ménagère ? (page 12) Et le lait, Simone ? Comme tous les gros matous, paisiblement dangereux mais rassurants, les jules peuvent à l’occasion considérer le lait d’un tout autre œil. Le seul lait qui peut vous faire du bien est le lait cru de ferme transformé en yaourt, beurre, fromage frais par vos propres soins ou par ceux d’un artisan de confiance — garantie de ne pas ingérer d’enzymes issus des biotechnologies ni de carraghénanes ou autres additifs au dossier sulfureux. Le lait cru ne conserve que trois jours au réfrigérateur. D’autre part, je sais que dans les sociétés ancestrales le lait n’était jamais consommé tel quel par les adultes, mais bien sous sous ses formes fermentées. Et enfin, il devient de plus en plus difficile de se procurer du vrai fromage frais qui soit au lait cru, qui ne soit pas du «fromage frais au bifidus L+» (acheté en magasin bio, ce fromage frais avait tout du yaourt...) Je transforme donc mes rais achats de lait cru en Fromage F Frais Maison à la Présure Présure. À nouveau une recette qui ne demande qu’une minute et aucun tournemain. On verse une goutte de présure directement dans la bouteille d'un litre de lait cru. On secoue activement. On attend un jour à température ambiante. C'est fait! On égoutte et on déguste. Jusqu’ici, fidèle à mon idéologie personnelle de ne pas imposer mais plutôt proposer, je saupoudrais mes textes de quelques informations latérales sur les choix de qualité de mes petits camarades. Il semble que cet impressionisme en écriture n’aide pas le lecteur à trouver des pistes où il aurait le pied ferme. J’enfreins donc mes critères au risque de laisser croire qu’on peut résumer de si complexes matières en une seule page ou qu’une certitude existerait dans un domaine où le coeur est souvent le plus fort. Sont prévus au programme: « Le point sur les graisses », « les cuissons » , « les sucres », « le soja », « les céréales complètes et le gluten » sans compter « le lait et dérivés ». Après cela, advienne que pourra. Je me suis engagée à tenir ces chroniques au moins jusqu’à la fin de cet abonnement-ci en mars 2005. On verra bien alors si j’ai encore quelque chose à dire, une nouvelle couleur à peindre ou un nouveau refrain à chan tonner. suite de la page 7 - Bonbons de saumon créatrice du site Banlieusardises*1 qui publie une recette similaire: « Le jerky est un terme d’origine anglophone qui désigne une viande séchée, parfois marinée préalablement. Comme le mot jerky signifie aussi “précipité”, je présume qu’on peut faire un lien: pour certains, le “jerky” est certainement une manière d’engouffrer des protéines s’ils n’ont pas le temps de faire un vrai repas! ». Sally Fallon publie d’autres recettes de jerky dans son ouvrage Nourishing Traditions*2. *1 www.banlieusardises.com: des plans jardinage, des crèmes de beauté faites maison, d’exquises recettes de cuisine (où vous remplacerez simplement les aliments de confort un peu ubiquistes au Québec par des nourritures vraies...). Merci Martine pour un site d’humain à humain... Le déshydrateur ou le four? Le déshydrateur est un appareil chéri par les crudivores. Ces derniers se sont donné comme limites de cuisson « avant de dénaturer les aliments » la température de 50°C, parfois 65°C pour les plus aventureux. Cette fourchette est peut-être juste,s mais mon esprit rationnel n’a pas encore trouvé de confirmation scientifique à ce dogme. Ma jubilation cellulaire n’est pas non plus touchée par des aliments qui ont connu des cuissons un peu plus élevées. Je trouve fort cher le prix de 300 euros pour produire des tomates ou des pommes séchées, que je fais aussi très bien sur un radiateur. Comme je me contente du crochet plus consensuel de 100°C, le four convient. Cet ouvrage a déjà été mentionné dans les autres numéros de Cuisine Nature. Mais je ne me lasse pas de vous pousser à acheter ce gros livre passionnant: Nourishing Traditions, de Sally Fallon et Mary Enig chez New Trends Publishing (12.68 £ et 3 jours de délai de livraison via Amazon.co.uk). *2 Cuisine Nature Rédaction et éditeur responsable: Taty Lauwers, 11 allée du Mont Cheval, B-1400 Nivelles.Textes et recettes © Taty Lauwers. Se vend uniquement par correspondance. Abonnement pour 6 numéros Belgique: 16.50 euros ; étranger: 20.50 euros. Paiements en Belgique: virement bancaire au compte de la Poste 0001407731-67 (adresse ci-contre). Paiements étranger: via le portail sécurisé www.greenshop.be (Visa, Eurocard ou Mastercard internationales) ou écrire à [email protected]. Les anciens numéros de 2003 (six) sont envoyés contre paiement de 14 euros en Belgique, 18 euros pour l’étranger. 14 - nr 8 juin 2004 Sommaire ÉDITO ................................................ 1 PISTES BALISÉES POUR UN JULES QUI SE BRANCHE NATURE .............. 3-4 LA SECTE DU CAFÉ SALÉ ........................ 11 DATES DES PROCHAINES ACTIVITÉS ............ 13 QUESTION LECTEURS: GRAISSE DE CUISSON EN PÂTISSERIE .... 13 11 allée du Mont Cheval B-1400 Nivelles tél: +32-(0)67-84 11 22 Cuisine Nature RECETTES: SORBET-MINUTE SPÉCIAL JULES .......... P. 2 FROMAGE FRAIS (À LA PRÉSURE) .... P. 5-6 LES BONBONS DE SAUMON .............. P. 7 LE CONFIT DE JUS DE LÉGUMES À-LA-GAGNAIRE ...................... P. 8-9 LE CRUMBLE À LA RHUBARBE SPÉCIAL JULES ..................... P. 10-11 Annexes sur www.taty.be/Doc [email protected] fax: +32-(0)67-22 10 01