3 Inde du Nord 2 cin.ma

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3 Inde du Nord 2 cin.ma
Cité de la musique
L’Inde du Nord
Le raga dans le cinéma indien
Mercredi 16 avril 2003
Vous avez la possibilité de consulter
les notes de programme en ligne,
2 jours avant chaque concert :
www.cite-musique.fr
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Le raga dans le cinéma indien
Depuis des millénaires, l’Inde possède une tradition musicale majeure
d’une grande richesse qui traduit peut-être l’expression
la plus achevée du génie pan-indien. Ici, art dramatique,
chant, musique et danse ont une importance égale dans
les arts du spectacle. Ces éléments, omniprésents dans
la vie indienne, expriment d’abord le sentiment religieux :
psalmodies et danses de réjouissance à des divinités
bienveillantes ou extatiques.
La tradition musicale classique indienne se divise
schématiquement en deux modes primordiaux :
« hindoustani » au nord, « karnatique » dans les états
dravidiens du sud. Mais la musique traditionnelle a,
comme partout, évolué en formes populaire, folklorique
et classique. Cette dernière s’est particulièrement développée
grâce au mécénat des cours princières et de riches
propriétaires terriens, appelés zamindars. Ainsi, le héros
du Salon de musique de Satyajit Ray (Jalsagar, 1958),
en dilapidant ses biens par amour de la musique, illustre
bien cette pratique.
À l’apparition du cinéma parlant (1937), le théâtre musical
était depuis longtemps un divertissement populaire
et bourgeois dans l’Inde du Nord. Le cinéma s’est inscrit
dans cette mouvance. Alma Ara (1941), premier film parlant
indien, a constitué un prélude au raz-de-marée du cinéma
parlant, qui est devenu presque aussitôt musical grâce
aux techniques de sonorisation modernes. Chansons, danse
et musique ne sont pas uniquement un embellissement
d’appoint, mais font partie intégrante de la narration.
C’est d’ailleurs la fonction essentielle de ces arts qui caractérise
Yves Thoraval
Yves Thoraval est l’auteur de :
Regards sur le cinéma égyptien, L’Harmattan, Paris, 1996
Cinémas de l’Inde, L’Harmattan, Paris, 1998
The Cinemas of India : 1896-2000, MacMillan, New Delhi, 2000
Les Cinémas du Moyen-Orient : Iran, Egypte, Turquie, Séguier, Paris, 2000
Ecrans du Croissant Fertile : Irak, Liban, Palestine, Syrie, Séguier, Paris, 2003
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les films dits « hindoustani » de Bombay (en hindi-ourdou),
et, un temps, de Calcutta.
L’ « âge d’or » des compositeurs-directeurs musicaux
dans les années quarante explique cette omniprésence
de la musique et de la danse au cinéma. Puis, en axant leur
art sur la chanson de film en tant qu’expression nouvelle
et évolutive de scène, les chorégraphes ont conforté
une tradition toujours vivante au XXIe siècle, comme
le montrent les somptueuses super-productions hindies
du « Bollywood » actuel (Hum Dil De Sanam, Devdas, Lagaan…).
Mercredi 16 avril - 20h
Amphithéâtre
Le raga dans le cinéma indien
20h
Projection
What’s Behind the Song
montage de Nasreen Munni Kabir,
Royaume-Uni, 2001, 10’
programme
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20h15
présentation par Nasreen Munni Kabir, productrice chez
Hyphen Films Production, Londres
20h30
Projection
Le raga dans le cinéma indien
montage de Nasreen Munni Kabir,
Royaume-Uni, 2003, 28’ (textes des chansons p. 10 à 14)
Shree 420 (1955)
chanson : « Méra joota hai japani »
réalisateur : Raj Kapoor, compositeurs : Shanker-Jaikishen,
parolier : Shailendra,
chanteur : Mukesh, Mohammed Rafi
Baiju Bawra (1952)
chanson : « Tu Ganga ki mauj »
réalisateur : Vijay Bhatt, compositeur : Naushad,
parolier : Shakeel Badayuni, chanteur : Mohammed Rafi
Sangam (1964)
chanson : « Méré man ki Ganga »
réalisateur : Raj Kapoor, compositeurs : Shanker-Jaikishen,
parolier : Shailendra, chanteur : Mukesh
Amar (1954)
chanson : « Insaf ka mandir hai yeh, Bhagawaan ka ghar hai »
réalisateur : Mehboob Khan, compositeur : Naushad,
parolier : Shakeel Badayuni,
chanteur : Mohammed Rafi
Dil hi to hai (1963)
chanson : « Laga, chunari mé daag »
réalisateurs : P. L. Santoshi et C. L. Rawal,
compositeur : Roshan, parolier : Sahir Ludhianvi,
chanteur : Manna Dey
One 2 ka 4 (2001)
chanson : « Khamoshiyaan gungunané lagir »
réalisateur : K. Shashilal Nair,
compositeur : A. R. Rahman,
paroliers : Majrooh Sultanpuri et Mehboob, chanteurs :
Lata Mangeshkar et Sonu Nigam
21h
Table ronde
Le raga Bhairavi dans le cinéma indien
avec Nasreen Munni Kabir et Yves Thoraval, écrivain,
spécialiste du cinéma indien
Durée de la soirée : 2h
Remerciements à Nayan V. Chandan et l’équipe de Hindustani Music
chez saregama-HMV, India.
programme
mercredi 16 avril - 20h
chanson : « Tuté na dil dil tuté na »
réalisateur : Mehboob Khan, compositeur : Naushad,
parolier : Majrooh Sultanpuri, chanteur : Mukesh
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Andaaz (1949)
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Le raga dans le cinéma indien
Par une nuit pluvieuse En 2000, un de mes vieux amis, Philippe Bruguière,
à Londres...
conservateur au Musée de la musique de Paris, est venu
dîner chez moi à Londres. Il m’a parlé avec beaucoup
d’enthousiasme d’une superbe et exceptionnelle exposition
d’instruments de musique indiens qu’il allait organiser
pour 2003. Philippe m’a dit que cette exposition ne serait
pas complète sans une programmation de films, notamment
du fait de l’énorme impact culturel qu’a le cinéma indien sur
un public d’un milliard de spectateurs et, surtout, du rôle
crucial que joue la musique dans cette cinématographie.
Puisque j’ai organisé plusieurs festivals de films indiens
dans diverses villes d’Europe et que, depuis de longues
années, je compose des programmations de cinéma indien
pour Channel 4 au Royaume-Uni, Philippe s’est dit que
je pourrais imaginer une programmation d’un soir autour
de la musique de film indienne susceptible d’intéresser
le public parisien. Il est aujourd’hui évident pour moi
que la très riche tradition de la musique de film indienne
ne peut être expliquée en quelques heures. Philippe et moi
nous sommes alors demandés comment présenter un tel
sujet, comment évoquer soixante-quinze ans d’histoire
de la musique de film en une seule soirée. Fallait-il parler
des traditions classiques et populaires qui ont influencé
les films indiens depuis 1931, année de la production
du premier film parlant indien (Alam Ara, qui est
une adaptation des formes théâtrales existantes ne faisant
aucune distinction entre art dramatique, chanson
et danse) ? Ou bien souligner le travail des premiers
compositeurs, comme Timir Baran ou Anil Biswas,
dont les compositions permirent de distinguer les styles
de films produits dans les grands studios de Bombay,
Poona ou Calcutta dans les années quarante ? Était-il
plus intéressant pour les Parisiens d’en savoir plus sur
les vedettes de la chanson des années trente qui chantaient
elles-mêmes à l’écran ou de découvrir les talents
extraordinaires des « chanteurs de play-back » (artistes qui,
depuis les années quarante, prêtent leur voix aux héros
Pour le célèbre cinéaste Mani Kaul, grand connaisseur
de la musique qui a consacré plusieurs films à la musique
classique indienne, « le Bhairavi est peut-être le raga
le plus sentimental du répertoire de l’Inde du Nord.
Cet aspect sentimental émane des possibilités offertes
par les douze tons, moins rigides que dans les gammes
de ragas. La gamme Bhairavi fondamentale à sept tons
est la suivante : Sa-Re (Komal, bémol) Ga (Komal) Ma (Shuddha)
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commentaires
et héroïnes de l’écran mimant les paroles et dansant
sur la musique) ? À moins que les spectateurs français –
ces amoureux du cinéma – ne préfèrent savoir comment
une chanson est conçue, composée, chorégraphiée, filmée puis
montée pour renforcer l’émotion ? Et comment la grammaire
cinématographique des séquences musicales a évolué
depuis les lents numéros des années trente jusqu’aux
chansons d’aujourd’hui au tempo frénétique ? À l’opposé
des premières musiques qui dépendaient beaucoup de l’attrait
des vedettes de l’écran, les grands succès d’aujourd’hui sont
mis en scène de manière spectaculaire dans des extérieurs
de rêve où le héros dit un vers sur fond de vallée suisse
et le vers suivant avec, pour décor, un lac scintillant
du Ladakh, entouré d’une centaine de danseurs et danseuses
se déplaçant à l’unisson. Valait-il mieux se demander
si la vérité d’une chanson de film indien ne tenait pas
plutôt dans les paroles que dans la musique ? De très
nombreuses chansons, en particulier celles des années
cinquante, possèdent d’admirables paroles écrites
par des poètes s’exprimant en hindi et en ourdou, paroles
qui définissent pour des millions de gens ce que c’est
qu’être amoureux, être une mère ou un fils, ou encore
éprouver de la compassion. Autant de vastes questions
pour un vaste sujet. Au lieu de proposer une myriade
d’approches, j’ai décidé de montrer comment un petit
nombre de compositeurs ont adapté dans leurs chansons
un seul et unique raga, le Raga Bhairavi. J’espère ainsi
proposer une introduction simple mais efficace à un sujet
fort riche.
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Le raga dans le cinéma indien
Pa Dha (Komal) et Ni (Komal). Elle peut être complétée
par d’autres tons de manière à en faire une gamme
chromatique. Les membres de la famille de mon professeur
de musique, Ustad Zia Mohiuddin Dagar, chantent
et jouent le Bhairavi avec deux rishabs : komal et tivra re.
Mais, naturellement, comme tous les autres ragas,
le Bhairavi possède sa propre « figure » ou forme.
Si, au cinéma, ce raga a l’air sentimental, c’est en raison
de l’interprétation que lui donnent les compositeurs.
Si l’on juxtapose des notes altérées et augmentées
d’un demi-ton, cela produit une sorte d’effet de
« ruissellement ». L’autre raison pour laquelle le Raga
Bhairavi est très populaire réside peut-être dans le fait que,
comme d’autres ragas du matin, il évoque un sentiment
naturel d’espoir. Si un concert s’achève avant minuit,
le musicien le termine par le Bhairavi, qui suggère l’arrivée
de l’aube. Je connais plusieurs marches de la lutte pour
l’Indépendance également composées selon le Raga
Bhairavi. La métaphore visuelle de l’aube est récurrente
dans les films hindis ; on peut donc considérer que
le Bhairavi est, au cinéma, une métaphore auditive
complémentaire. »
La popularité du Raga Bhairavi en Inde et dans le cinéma
indien est aussi due au fait qu’il peut être joué à tout
moment et en toute saison, contrairement à la plupart
des autres ragas qui sont associés à un certain moment de
la journée ou de l’année. Le Bhairavi est souvent interprété
selon les styles plus légers du thumri et du dadra, plus
rarement dans le style khayal. Les chansons choisies pour
ce programme, inspirées du Raga Bhairavi, démontrent
la variété des interprétations à travers lesquelles
les compositeurs choisissent d’exprimer leurs préférences
pour rendre les chansons tantôt évocatrices, tantôt
mélancoliques, tantôt enjouées. Extrêmement populaires,
ces chansons ont été composées par les grands du cinéma
indien, parmi lesquels Naushad Ali, le duo Shanker-Jaikishen
et la coqueluche du moment, A. R. Rahman.
Nasreen Munni Kabir
traduit de l’anglais par Jean-François Cornu
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commentaires
Un exemple : la chanson « Mera Joota hai Japani »
(« Mes chaussures sont japonaises »), interprétée par
le chanteur de play-back Mukesh dans Shree 420 (1955),
est peut-être l’une des plus célèbres de toute l’histoire
du cinéma indien, au point d’être devenue une sorte d’hymne
national populaire. Les paroles, signées Shailendra – célèbre
poète marxiste qui écrivait en hindi-ourdou et dont l’œuvre
a contribué à la splendeur du cinéma des années cinquante –,
font allusion à la puissance de l’Inde démocratique où
« les gens sont aussi imprévisibles que des maharajahs
et des princes s’emparant du trône sur un caprice. »
Cette chanson, qui a presque cinquante ans, continue
d’exercer une influence considérable. Sa popularité n’est
pas seulement due au fait que le héros du film, l’acteur
et réalisateur Raj Kapoor (dont le raga préféré était le Raga
Bhairavi) était l’une des très grandes stars du cinéma
indien, mais elle vient aussi de sa description poétique
de ce que signifie posséder une personnalité composite
tout en ayant le cœur profondément indien.
Ces sentiments puissants et ces émotions amplifiées
constituent précisément le fondement du cinéma indien.
Chaque film appartient à un genre cinématographique
différent – le film mythologique, le drame social, le thriller,
le film de gangsters, le drame familial –, mais la narration
du cinéma indien repose avant tout sur les rapports entre
les personnages : romantiques, familiaux, inter-religieux,
inter-castes, bons contre méchants, ou encore dans le rapport
d’une femme dévote au dieu Krishna ou d’un martyr
et de son amour pour son pays. Ce flux des sentiments
entre les gens est au cœur du cinéma indien et le Raga
Bhairavi, par son atmosphère sentimentale et parfois
mélancolique, convient parfaitement à la mise en valeur
des émotions par la chanson. « Mera Joota hai Japani »,
« Tu Ganga ki Mauj Mein » et les autres chansons retenues
pour ce programme ne nous disent peut-être pas tout de
la musique de film indienne, mais elles nous permettent
sans aucun doute de nous familiariser avec cet étonnant
univers musical.
Le raga dans le cinéma indien
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« Méra joota hai japani » (Shree 420)
Méra juta hai Japani,
Yé patlun Inglistani
Sar pé lal topi Rusi,
Phir bhi dil hai Hindustani
J’ai des chaussures japonaises,
Un pantalon anglais,
Chapeau rouge de Russie sur la tête,
Et pourtant mon cœur est indien.
Nikal padé hain khuli sadak par
Apna sina tané
Manzil kahan ? Kahan rukna hai ?
Upar vala jané !
Badhté jaén ham sailani,
Jaisé ik dariya tufani
Sar pe lal topi Rusi
Phir bhi dil hai Hindustani
Lancé sur les grands chemins,
Torse bombé, je reste insouciant.
Où vais-je ? Où dois-je m’arrêter ?
Dieu seul le sait !
J’avance léger comme la vague,
Je suis le fleuve agité.
Chapeau rouge de Russie sur la tête,
Et pourtant mon cœur est indien.
Upar niché niché upar
Lahar chalé jivan ki
Nadan hain jo baith kinaré
Puchhén rah vatan ki
Chalna jivan ki kahani,
Rukna maut ki nishani
Sar pé lal topi Rusi,
Phir bhi dil hai Hindustani
Ça monte et ça descend,
Ainsi va la vague de la vie.
Il n’y a que les sots qui, assis sur la rive,
Se demandent où va le monde.
Bouger c’est vivre,
S’arrêter c’est mourir.
Chapeau rouge de Russie sur ma tête,
Et pourtant mon cœur est indien.
Hongé rajé rajkunvar
Ham bigadé dil shahzadé
Ham sinhasan par ja baithé
Jab jab karein iradé
Rois et princes sans nombre ont défilé,
Mais maintenant c’est moi l’héritier,
Je mets ma couronne
Selon mon désir.
Surat hai jani pahchani,
Duniya valon ko hairani
Sar pé lal topi Rusi
Phir bhi dil hai Hindustani
Mais c’est une tête connue, disent-ils.
Les gens du monde n’y comprennent rien.
Chapeau rouge de Russie sur la tête,
Et pourtant son cœur est indien !
« Tu Ganga ki mauj » (Baiju Bawra)
Akéli mat jaiyo, Radhé, jamuna ké tir
N’y va pas seule, ô Radha, au bord de la Jamuna.
Tu Ganga ki mauj mai Jamuna ka dhara
Ho rahéga milan yé hamara tumhara
Tu es l’onde du Gange, je suis le flot de la Jamuna,
Nous ne pouvons que nous fondre ensemble un jour.
Agar tu hai sagar to majdhar mai hun
Téré dil ki kashti ka patvar mai hun
Chalégi akélé na tum sé yé nayya
Milégi na manzil tumhé bin khévayya
Chalé ao ji, chalé ao ji
Chalé ao maujon ka lekar sahara
Si tu es l’eau, je suis le tourbillon,
Ton cœur est la barque, je suis son rameur.
Comment pourras-tu conduire seule la barque,
Comment atteindras-tu la rive sans passeur !
Viens alors à moi, viens à moi,
Laisse-toi porter par les vagues.
Bhala kaisé tutengé bandhan yé dil ké ?
Bichhadti nahin mauj sé mauj mil ké
Chhupogé bhanwar mé to chhupné na dengé
Dubo dengé nayya, tumhé dhundh lengé
Banaéngé ham, banaéngé ham
Banaéngé tufan ko ik din kinara
Qui donc arracherait le fil qui lie nos cœurs ?
Car on ne sépare plus les eaux une fois mélangées.
Si tu te caches dans le tourbillon, je te retrouverai,
Je coulerai ton bateau pour te repêcher,
Dans la tempête je te ramènerai à bon port,
Je te ramènerai sur la rive un jour.
Le Gange de mon cœur, et la Jamuna de ton âme,
Dis, Radha, dis ! Pourrons-nous comme ces fleuves
[nous fondre un jour ?
Eh, dis Radha, dis ! Irons-nous un jour jusqu’à
[la confluence ?
Nahin...Kabhi nahin !
Jamais ! Au grand jamais !
Kitni sadiyan bit gayi hain haay tujhé samjhané mé !
Méré jaisa dhiraj vala hai koi aur zamané mé ?
Dil ka badhta bojh kabhi kam hoga ké nahin ?
Bol Radha bol, sangam hoga ké nahin ?
Les siècles passent et je ne t’ai pas convaincue !
Qui au monde aurait eu ma patience infinie ?
J’ai le cœur lourd, viendras-tu l’alléger un jour ?
Dis Radha, dis ! Irons-nous un jour jusqu’à la
[confluence ?
Ja, ja !
Coquin, va !
Do nadiyon ka mél agar itna paavan kehlata hai
Kyon na jahan do dil milté hain, svarg vahin
[ban jata hai ?
Har mausam hai pyar ka mausam, hoga ké
[nahin ?
Bol Radha bol, sangam hoga ké nahin ?
S’il est dit que peu de choses sont plus sacrées
[que la rencontre de deux fleuves
Alors pourquoi la confluence de deux cœurs ne
[ferait-elle pas le paradis ?
Toute saison est saison d’amour, mais cela sera-t-il
[vrai pour nous ?
Dis Radha, dis ! Irons-nous un jour jusqu’à la
[confluence ?
Jao na! Kyon sataté ho ?
Hoga ...hoga... hoga !
Allez ! Arrête de me harceler !
Mais oui ! Mais oui ! Mais oui !
On ira jusqu’à la confluence !
« Insaaf ka mandir hai yeh, Bhagawaan ka ghar hai »
(Amar)
Insaaf ka mandir hai yeh, Bhagwaan ka ghar hai
Kehna hai jo kehdé, tujhé kis baat ka dar hai ?
C’est le temple de la justice, c’est la maison de Dieu
C’est le moment de vérité, de quoi as-tu peur ?
[Dialogue] :
[Dialogue] :
- Chalo ! Aao na !
-Tum jao, Anju... Mai yahaan theherta hun.
- Kyon ? Tumné koi chori ki hai, jo samné jané
sé darté ho ?
- Akhir main insaan hun.
- Allez ! Viens !
- Vas-y seule, Anju... J’attends dehors.
- Pourquoi ? Es-tu un voleur, pour te cacher
ainsi... ?
- Enfin, j’ai les faiblesses d’un homme...
livret
Méré man ki Ganga, aur téré man ki Jamuna ka
Bol Radha bol, sangam hoga ké nahin ?
Aré bol Radha bol, sangam hoga ké nahin ?
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« Méré man ki Ganga » (Sangam)
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Le raga dans le cinéma indien
- Accha ? To chalo, main tumhari khata muaf
kara dun !
Hai khot téré man mé, jo Bhagvaan sé hai dur
Hain paanv téré phir bhi tu ané sé hai majbur
Himmat hai to aa ja, yeh bhalaaii ki dagar hai
Insaaf ka mandir hai yeh, Bhagwaan ka ghar hai
- C’est ça ? Alors, viens te faire pardonner ton
péché !
Eloigné du Seigneur tu n’as pas le cœur net,
Il t’a donné les moyens et tu te retiens sans raison.
Avance, si tu as du cœur, c’est le chemin du Bien,
C’est le temple de la justice, c’est la maison de Dieu.
Dukh déké jo dukhiya sé na insaaf karéga
Bhagwaan bhi usko na kabhi muaf karéga
Yé soch lé, yé soch lé
Har baat ki data ko khabar hai
Qui ne sait pas réparer le tort fait au faible,
En obtenant le pardon de sa victime
Ne sera point pardonné non plus par le Seigneur.
N’oublie pas, n’oublie pas,
Le Seigneur est témoin de tout.
Himmat hai to aa ja yé bhalaaii ki dagar hai
Insaaf ka mandir hai yeh, Bhagwaan ka ghar hai
Avance, si tu as du cœur, c’est le chemin du Bien,
C’est le temple de la justice, c’est la maison de Dieu.
« Laga, chunari mé daag » (Dil hi to hai)
Laga chunri mé daag, chhupaaun kaisé ?
Laga chunri mé daag
La fine étoffe est tachée, comment le cacher ?
La pure étoffe est tachée...
Chunri mé daag chhupaaun kaisé, ghar jaaun
[kaisé ?
Laga chunri mé daag...
Comment cacher la souillure,
Comment retracer mon chemin, comment rentrer ?
Ho gai maili mori chunariya
Koré badan si kori chunariya
Aah... jaké Baabul sé nazarén milaaun kaisé,
[ghar jaaun kaisé ?
Laga chunri me daag, chhupaaun kaisé ?
Mon habit est sale,
L’étoffe pure, tel un corps vierge,
Ah ! Comment te regarder dans les yeux, mon
[Seigneur ?
Comment regagner mon foyer d’antan ?
L’étoffe est tachée, comment le cacher ?
Bhul gayi sab bachan bida ké
Kho gayi mai sasural mé aaké
Aah... jaké Baabul sé nazarén milaaun kaisé,
[ghar jaaun kaisé ?
Laga chunri mé daag, chhupaaun kaisé ?
Oubliées toutes les promesses du départ,
Mariée au monde ici-bas, je me suis égarée,
Ah ! Comment te regarder dans les yeux, mon
[Seigneur ?
Et comment regagner mon foyer ?
L’étoffe est tachée.
Kori chunariya atma mori
Mail hai maya jaal
Vo duniya moré baabul ka ghar
Ye duniya sasuraal
Haan jaké Baabul sé nazarén milaaun kaisé,
[ghar jaaun kaisé ?
Laaga chunari mé daag, chhupaaun kaisé ?
Mon âme est l’étoffe blanche,
Le monde n’est que tissu d’illusion,
Par-là, le séjour de mon Seigneur,
Par-ici la prison de l’âme,
Ah ! Comment te regarder dans les yeux, mon
[Seigneur ?
Et comment remonter simplement à mon foyer ?
L’étoffe est tachée, comment le cacher ?
Nigahein bhi mila karti hain, dil bhi dil sé milta hai
Magar ek chahné vala badi mushkil sé milta hai
Les regards se croisent, les cœurs s’unissent,
Mais trouver l’âme sœur n’est pas chose aisée.
Tuté na dil tuté na, tuté na
Saath hamara chhuté na, chhuté na
Tuté na dil tuté na, tuté na
Qu’on ne brise pas un cœur,
Qu’on soit unis jusqu’à la fin des temps,
Qu’on ne brise pas un cœur...
Téri tamanna karta hun mai
Dil ka khazana bharta hun mai
Raah akéli, raah akéli, darta hun mai
Koyi lutéra luté na, dil tuté na
Tuté na dil tuté na, tuté na
Saath hamara chhuté na, chhuté na
Je ne désire que toi,
Et je comble mon cœur de trésors.
Mais le chemin est solitaire, et je crains
Qu’un brigand ne ravisse mon trésor.
Qu’on ne brise pas un cœur,
Qu’on soit unis jusqu’à la fin des temps...
Gham hai kahin tu saath na chhodé
Dil na dukhayé, muh na modé
Aas dilakar aas na todé
Bannké nasiba phuté na, dil tuté na
J’ai peur que tu me lâches la main,
Que tu me fasses souffrir, que tu ne détournes
[ton regard,
Que tu me retires l’espoir que tu m’as donné.
Je crains de voir le bonheur promis faire naufrage,
Je crains qu’on ne brise un cœur.
Dil tuté na, dil tuté na
Saath hamara chhuté na, chhuté na
Qu’on ne brise pas un cœur,
Qu’on soit unis jusqu’à la fin des temps...
Dil ko téré behla sakta hun
Chaand sitaré la sakta hun
Ro sakta hun, ga sakta hun
Mujhsé agar tu ruthé na, dil tuté na
Je peux enchanter ton cœur,
Je peux aller te cueillir la lune et les étoiles,
Pour toi je peux pleurer, pour toi je peux chanter,
Si tu ne me délaisses pas un jour,
Si tu ne me brises pas le cœur...
Tuté na dil tuté na, tuté na
Saath hamara chhuté na, chhuté na
Tuté na dil tuté na, tuté na
Qu’on ne brise pas un cœur,
Qu’on soit unis jusqu’à la fin des temps,
Qu’on ne brise pas un cœur...
« Khamoshiyaan gungunané lagi » (One 2 ka 4)
Khamoshiyaan gungunané lagin
Tanhaiyaan muskurané lagin
Sargoshi karé hawa, chupké sé mujhé kaha
Dil ka haal bata, dilbar sé na chhupa
Sun ké baat yé sharm sé méri aankhein jhuk
[jaané lagin
Le silence chante à mes oreilles,
La solitude cède la place au plaisir,
La brise me chuchote, me dit tout bas :
Raconte les secrets de ton cœur, on ne cache
[rien en amour.
En entendant ces mots, je rougis et je baisse les
[yeux.
Jaag utha hai sapna kiska méri in aankhon mé ?
Ek nayi zindagi shaamil ho rahi saanson mé
Kisi ki ati hai sada hawaon mé
D’où vient le rêve qui danse devant mes yeux ?
Une nouvelle vie anime mon souffle,
Une voix m’appelle à travers le vent,
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(Andaaz)
livret
« Tuté na dil dil tuté na »
Kisi ki batein hain dabi si honthon mé
Raat din méri ankhon mé koyi parchhaain
[lahrané lagi
La parole hésite et frémit sur ses lèvres.
Nuit et jour cette ombre se balance devant mes
[yeux.
Khamoshiyaan gungunané lagin
Tanhaaiyaan muskurané lagin
Dil ka yé karwaan yun hi tha rawaan rawaan
Manzil na hamsafar lékin ai meharbaan
Téri vo ek nazar kar gayi asar duniya sanvar jané lagi
Le silence chante à mes oreilles,
La solitude cède la place au plaisir,
Le caravane de mon cœur sillonnait le désert
Sans but ni compagnon, mais je reçois ta grâce :
Tu m’as regardée, et voilà que le monde est beau.
Sharm-o-haya sé keh do khuda haafiz o méri jana
Hai ghadi milan ki khud’ara laut ké na ana
Raat ka parda hamari hi khatir
Sajé hain ham bhi to tumhari hi khatir
Jaisé jaisé tum paas até ho saansein ruk jaané lagin
Bannis la honte, dis-lui adieu mon amour,
Saisis l’instant de l’union ma fière, il ne reviendra pas.
La nuit nous cache sous son manteau d’étoiles,
Et moi je me suis paré rien que pour toi,
Tu me coupes le souffle à ta seule approche.
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Le raga dans le cinéma indien
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traductions Akshay Bakaya