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4 - CONVERGENCE
Et si Jean-Marie Messier avait eu raison ?
Michel Berne, Joanna Truffaut
Eclosion, expansion, disparition, telle fut l’évolution de la convergence lors de la
dernière décennie et Jean-Marie Messier, dit « J2M », l’ancien PDG de Vivend i Universal,
en était le symbole.
Souvenons- nous, J2M, emporté par les premières vagues de médiatisation des TIC,
voulait faire de Vivendi un « groupe global de l’ère numérique », un symbole de la
convergence des télécommunications, de l’Internet et des médias, multipliant ainsi les
rachats ou prises de participation dans des entreprises en Europe et aux Etats-Unis : Havas,
Canal Plus, Universal, Houghton Mifflin, Echostar et USA Networks…
Le livre vert de la Commission européenne 1 définit la convergence comme : « la
capacité de différentes plates-formes à transporter des services essentiellement similaires ».
Nous pouvons citer à titre d’exemple la téléphonie sur IP, la télévision sur ordinateur et sur
téléphones mobiles…
Mais elle peut être inversement définie comme : « la capacité de certaines platesformes à transporter des services différents » comme l’Internet, la télévision et la
téléphonie sur le câble, ou encore l’Internet, la télévision et la téléphonie sur les ondes
hertziennes !
Signalons qu’il existe aussi, depuis longtemps, des convergences limitées à un
secteur : les médias où la presse et l’audiovisuel entretiennent des liens, ou encore les
télécommunications où on explore la convergence fixe- mobile, ou voix-données.
La convergence s’illustre, dans l’univers des affaires, par la réunion, au sein d’un
groupe entrepreneurial, des activités liées à la voix, à la vidéo et aux données. Ainsi
entend-on fréquemment l’expression de « services convergents » autour des réseaux,
technologies et services fixes, mobile, Internet et des médias.
1
Livre vert sur la convergence des secteurs des télécommunications, des médias et des technologies de
l’informatique, et les implications pour la réglementation – Vers une approche pour la société de
l’information, COM(97), Commission européenne, 1997
L’année des TIC 2005
convergences
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Free, eBay, entreprises convergentes
Dans les années 1990, pour tenter de former des entreprises bien armées pour la
convergence, on juxtaposait des activités traditionnelles, comme chez Vivendi, qui
réunissait un opérateur téléphonique (Cegetel), une télévision (Canal+) et bien d’autres
médias.
En 2005, on pense plutôt que la convergence peut profiter à des entreprises
jeunes, mais en très forte croissance et surtout « génétiquement » créées pour cela.
Comme elles ne sont pas pénalisées par leur passé, et qu’elles sont encore petites, elles
peuvent combiner des visions nouvelles avec une grande flexibilité dans la mise en
œuvre. Google est est le prototype, mais il existe beaucoup d’autres.
Ainsi en France, Free est certainement l’entreprise la mieux placée dans cette
optique. Structure légère (1000 employés), au cœur des problématiques de l’Internet,
Free a régulièrement lancé des innovations majeures comme l’ADSL en haut débit, la
télévision sur ADSL ou encore le téléphone gratuit illimité, le tout à des coûts
acceptables puisque l’entreprise a beaucoup investi dans son réseau.
Un autre exemple est fourni par eBay. Place de marché de biens d’occasion,
l’entreprise a un rôle de leader dont il bénéficie à plein avec un assortiment
incomparable et l’hébergement de petits vendeurs. Mais l’entreprise a montré sa
capacité à voir loin en rachetant Skype en
septembre 2005. Skype, fournisseur de
services téléphoniques P2P, est en effet un complément logique de l’activité de place
de marché.
On peut donc définir trois niveaux de la convergence :
• Les technologies ;
• Les services et marchés (il existe des liens entre les services, et les marchés
s’interpénétrent) ;
• Les entreprises (une entreprise a intérêt à fournir tous les services convergents).
La convergence au niveau des technologies est déjà là : elle est la résultante logique
de la numérisation de tous les flux d’informations, qu’il s’agisse de voix, d’images ou de
données. Un exemple typique est celui des machines universelles qui servent de copieur,
d’imprimante, de télécopieur et de scanner. De même, l’ordinateur accueille aussi bien
l’image de télévision et de cinéma, les jeux vidéo, etc.
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La convergence au niveau des services et marchés et au niveau des entreprises est
plus problématique. Quelles sont les entreprises les plus « légitimes » pour en tirer parti ?
Les opérateurs de télécommunications, les entreprises des médias, les spécialistes du
logiciel ? L’expérience accumulée dans les dix dernières années ne permet guère de
trancher. Ainsi, la fusion AOL-Time Warner en 2000, qui avait été saluée comme l’acte de
naissance des entreprises convergentes, n’a pas réussi. Son grand promoteur, l’ancien
patron d’AOL, Steve Case, déclarait en décembre 2005 qu’il valait mieux séparer à
nouveau les deux entités du groupe. Mais presque au même moment, Pascal Nègre, le
président d’Universal Music France prédisait au contraire un avenir convergent en
déclarant : « l’opérateur mobile, futur leader de la musique en ligne »2 . Selon le cabinet
Bearing Point, l’échec momentané de la convergence émanerait de trois grands
phénomènes :
• L’immaturité des technologies et du marché, de par la faible pénétration du haut
débit, des balbutiements de la compression vidéo, la lenteur de la normalisation
dans le domaine de l’IP ;
• La bulle Internet : les nouveaux services Internet n’ont pas été assimilés et acceptés
aussi rapidement que prévu ; les entreprises de la convergence en ont fait les frais ;
• Les contraintes réglementaires qui se sont traduites par un retard dans
l’introduction de la concurrence et donc de l’innovation dans la boucle locale.
On peut aussi rajouter à cette liste le gouffre qui existe en matière de culture
d’entreprise et de savoir- faire entre les médias et les sociétés technologiques. A
Montpellier, lors des Journées internationales de l’Idate de novembre 2005, le PDG de
France Télécom Didier Lombard déclarait : « on se fournit en contenus auprès de ceux qui
savent les faire », témoignant de l’avis pruudent généralement partagé actuellement sur ce
sujet par les entreprises des télécoms et de l’informatique. 3
Aussi, les évolutions actuelles en termes de maturité, d’assimilation des services et
de levée progressive des contraintes réglementaires, sont désormais favorables au retour
des mouvements de convergence.
Quels sont les principaux enjeux de la convergence ? Il s’agit bien sûr de
développer de nouveaux marchés et de nouvelles applications utiles, tout en limitant les
effets pervers. A titre d’exemple, la musique sur Internet est un nouveau marché
(prometteur), mais on cherche encore un modèle économique vraiment viable sans
piratage…
2
Interview parue dans Le Figaro, 16-1-06
Guillaume de Calignon, Des opérateurs télécoms prudents sur leurs ambitions dans les médias, Les Echos,
25-11-05.
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Petite histoire de la convergence
La télématique
On peut faire remonter très loin le concept : pour prendre deux exemples
contrastés, c’est en 1934 que les Etats-Unis créent la FCC (Federal Communications
Commission), qui réglemente à la fois les télé-communications et les médias ; et dans
l’ancienne URSS existait un ministère des Communications qui assurait aussi une sorte
de conver-gence…
Toutefois, en France, la convergence est née avec le rapport Nora-Minc de 1978,
commandé par le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing. Il décrit le
concept de télématique pour désigner le mariage des télécommunications et de
l’informatique4. La technique de l’époque n’a pu offrir que le vidéotexte comme
support à cette idée. Sa version française, Télétel, et son terminal le Minitel, déployés
avec le succès que l’on sait à partir de 1984, mettaient à la disposition des usagers une
multitude de services de télécommunications et d’information en format texte.
Le déploiement d’Internet
La génération suivante est celle de l’Internet et plus précisément du web. Les
images fixes, les sons, puis les images animées sont devenus disponibles en grande
quantité à partir de la deuxième moitié des années 1990 réalisant une convergence de
plus en plus satisfaisante technique-ment. Rappelons, par exemple, que le site web du
Monde (lemonde.fr) a été ouvert en 1995.
Le livre vert et le paquet réglementaire
Il est apparu rapidement que la convergence se heurtait à l’hétérogé-néité des
règlementations et la Commission européenne a rédigé en 1997 un « livre vert », sur le
sujet, c’est-à-dire un recueil de propositions, qui ont débouché ensuite sur le « paquet
télécom » de 2002. Ce nouveau cadre règlementaire tente de favoriser la convergence,
en particulier grâce au principe de la « neutralité vis-à-vis de la technologie ».
4
Simon Nora, Alain Minc, L’informatisation de la société, La documentation française, 1978.
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Voici une liste non exhaustive des principaux défis de la convergence en 2005 :
• La course au débit fixe et mobile (technologie) ;
• La diminution des coûts (technologie) ;
• La course à la killer application (services) ;
• La facture unique (services) ;
• L’émergence de nouveaux concurrents (entreprises) ;
• Les structures entrepreneuriales : organisation interne, externalisation, partenariats,
fusions-acquisitions (entrepri-ses) ;
• La gestion des cultures différentes à l’intérieur des entreprises.
Ainsi, les articles de ce chapitre décrivent les faits marquants liés à la convergence
en France et à l’étranger, durant 2005 : fusions et acquisitions, nouveaux produits, etc.
La convergence dans les télécommunications
Joanna Truffaut
Vers le téléphone unique
L’année 2005 a vu la multiplication des projets de développement de téléphones
pouvant émettre en mode mobile ou fixe en fonction de la localisation de l’utilisateur et
sans coupure de communication.
En effet, grâce à la technologie UMA (Unlicensed Mobile Access), le combiné
bimode accède aux mêmes types de services cellulaires voix/données, que la connexion se
fasse via le réseau mobile (lorsque l’abonné est à l’extérieur) ou qu’elle se fasse par le biais
d’un réseau local radio (lorsque ce même abonné se trouve chez lui, dans une entreprise ou
dans la zone de couverture d’un réseau local Wifi ou Bluetooth). C’est au-delà de 25
mètres environ de la station de base que les communications seront basculées sur le réseau
mobile et ce, sans coupure de communications d’un réseau à l’autre 5 . BT Fusion, lancé par
BT en Grande-Bretagne en juin 2005 est un exemple de cette convergence fixe- mobile.
La facture unique : le souhait de tout consommateur !
C’est le cas en Allemagne où l’opérateur mobile O2 commercia- lise depuis quelque temps
le service Genion, qui est une convergence de type home-zone, c’est-à-dire en fait une
convergence tarifaire. Aux Etats-Unis avec SBC, en Asie avec NTT Docomo, et en Europe
avec Swisscom, des services de convergence, aux formules différentes, sont déjà lancés ou
en préparation. Bien qu’en France les opérateurs soient discrets sur le sujet, SFR, Tele2,
Neuf Telecom, France Télécom et quelques MVNO, lanceraient prochainement un service
de convergence fixe- mobile. Le fort taux de pénétration des téléphones mobiles en Europe,
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Il s’agit d’une idée ancienne, puisqu’on pouvait disposer d’une fonctionnalité similaire avec le système
mobile BiBop déployé par France Télécom au début des années 1990.
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plus de 80 %, la chute du prix des communications fixes, le développement de la TOIP et
la maturation des technologies wireless Wifi et Bluetooth permettent le développement de
la convergence fixe- mobile.
En outre, selon la société d’étude Ovum France : « Pour les opérateurs fixes,
l’intérêt est de limiter les pertes de revenus face à la substitution de trafic des
communications fixes vers le mobile. Pour les opérateurs mobiles, il s’agit d’une formule
innovante permettant de séduire de nouveaux clients ».
Nous sommes donc en route vers le quadruple play ! Le quadruple play est du
triple play auquel on ajoute la téléphonie mobile. Le triple play est aujourd’hui défini par
la fourniture d’accès Internet haut débit, de la téléphonie fixe et de la télévision, par un
même fournisseur qui regroupe le tout sous une même offre, dans un même package.
Notons toutefois que 2,5 millions de Français n’ont plus de téléphone fixe…
Les opérateurs de communications fixes et Internet s’intéressent au wirelesss et vice
versa
Free achète Altitude Telecom
Un certain nombre d’opérations ont eu lieu en 2005 qui démontrent le regain
d’intérêt pour la notion de convergence dans le secteur des télécommunications. Ainsi,
Iliad, maison- mère du fournisseur d’accès Internet Free, a décidé de parier sur la
technologie Wimax en rachetant l’opérateur Altitude Telecom, détenteur d’une licence
nationale Wimax. Le groupe Iliad deviendra ainsi le seul opérateur français de
télécommunications grand public actif dans la technologie Wimax et étend ainsi sa
clientèle aux professionnels et collectivités territoriales.
Il faut rappeler qu’Altitude Telecom est l’unique rescapé de l’aventure des licences
de « la boucle locale radio » (BLR), attribuées en 2000. Altitude Telecom affichait un
bénéfice net de 1,5 M€ pour un chiffre d’affaires de de 35 M€ en 2004. L’opérateur
revendique l’installation d’une cinquantaine d’émetteurs Wimax, avec l’objectif
d’atteindre les 600 avant 2007 et compte un millier de clients, dont environ 800
entreprises.
Mouvement intéressant lorsque l’on sait que le Wimax pourrait à terme
concurrencer les réseaux 3G dont les licences avaient été vendues pour la modique somme
de 619 M€ en France…
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Ericsson se paie Marconi
Au nom de la convergence fixe-mobile, Ericsson, équipementier de téléphones
mobiles, a racheté pour 1,2 milliard de livres sterling l’essentiel des activités de Marconi,
équipementier télécom britannique de réseaux broadband, concurrent de Corning, Alcatel,
Lucent… après une longue descente aux enfers.
France Télécom sort du gouffre et lance le projet NExT
Après des temps difficiles dûs entre autres à l’érosion des revenus issus de la
téléphonie fixe et à l’ouverture de son réseau à la concurrence, France Télécom a dévoilé
en 2005 le lancement du projet NExT (Nouvelle Expérience des Télécommunications) et
ambitionne de deve nir l’opérateur de référence des nouveaux services de télécoms en
Europe d’ici 2008.
Le succès repose fondamentalement sur l’innovation par la convergence de ses
réseaux et technologies fixes mobiles et Internet, dans laquelle le groupe souhaite se
montrer pionnier.
Il y a urgence, France Télécom aurait perdu 10 000 abonnés par semaine à la fin de
l’année 2005, victime de l’intensification de la concurrence par le dégroupage (2,82
millions de lignes, dont 0,59 millions en dégroupage total fin 2005) et de la hausse de
l’abonnement téléphonique.
Des investissements seront donc programmés, comme par exemple une
augmentation des crédits affectés à la R&D qui passeraient de 1,5 % du chiffre d’affaires
en 2005 à 2 % en 2008 et un accroissement de la formation du personnel de 25 %.
France Télécom dispose de nombreux atouts de convergence de par ses activités.
En effet, il est le premier opérateur de télécommunications français pour les lignes fixes. Il
est également le premier opérateur mobile français et le numéro deux européen, via
Orange. Avec Wanadoo, le groupe est le deuxième fournisseur d’accès à Internet européen.
Enfin, France Télécom intervient dans les services aux entreprises, à travers l’offre Equant.
Signe de la convergence des marques, France Télécom a annoncé en juin 2005 qu’il
généraliserait la marque Orange, mouvement déjà débuté en Grande-Bretagne. Ainsi, les
marques Equant et Wanadoo disparaîtraient d’ici la fin 2006. Au-delà des effets attendus
en matière de gestion marketing et de notoriété, on voit bien l’intention d’afficher la
convergence.
En Espagne, le rachat d’Amena par France Télécom, pour plus de 6 milliards
d’euros, sera un des autres grands chantiers de la mise en place de la convergence. En
effet, Amena est le troisième opérateur de téléphonie mobile en Espagne (après
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Convergence et consommation simultanée des médias
Deux études intéressantes, menées de manière indépendante par l’universitaire
Jean-Paul Lafrance6 et l’agence KR Media7 portent sur la consommation simultanée des
médias. Ce phénomène, qui conforte l’idée d’une convergence entre médias, est
surtout sensible chez les jeunes. Déjà Médiamétrie avait montré que plus de 70 % des
16-20 ans consommaient plusieurs médias en même temps. L’étude de KR Media met en
évidence la fluidité et la complexité des comportements en distinguant quatre types :
•
Les « médias compagnons », un média principal accompagné par un autre,
comme travailler sur son ordinateur en regardant la télévision (phénomène
specifiquement étudié par Jean-Paul Lafrance au Québec) ;
•
Le « prolongement thématique », où on consomme simultanément
plusieurs médias sur un même thème, comme le sport ;
•
La « média addiction », zapping généralisé ;
•
Et bien sûr, l’absence de consommation simultanée (minoritaire).
Une des raisons mises en avant pour cette étonnante capacité de faire plusieurs
choses en même temps tiendrait à la « légèreté des contenus », qui nécessitent peu
d’attention pour être suivis… Les médias doivent tirer parti de l’émergence de tels
comportements au niveau éditorial et des stratégies des annonceurs.
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Télécommunications ~ Électronique ~ Informatique ~ Médias ~ Internet ~ Applications
Ce document est sous licence creative commons
6
Jean-Paul Lafrance, Le phénomène télénaute ou la convergence télévision/ordinateur
chez les jeunes, Réseaux, N° 129-130, 2005.
7
Philippe Larroque, La consommation simultanée des différents médias explose, Le
Figaro, 20-1-06.
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Tele- fonica et Vodafone), et comptait fin juin 2005, 9,7 millions d’abonnés, soit une part
de marché de 24 %. France Télécom España revendiquait, dans le même temps, une part de
marché de 16 % sur le secteur de l’ADSL, avec 526 000 abonnés, et deux millions de
clients fixes et Internet au total.
La convergence va nécessiter une profonde réorganisation interne au groupe et dans
chaque pays, qui passe par :
• Une gestion unifiée des réseaux de chaque pays ;
• Une adaptation des systèmes d’information ;
• Un marketing stratégique groupe s’appuyant sur un nouveau centre d’innovation et
un centre commun de développement de produits pour accélérer la mise sur le
marché des nouveaux produits et services autour de la LiveBox, modem dit
multiplay et qui sont entre autres : Family talk, Livecom, Live phone, Live music,
Live zoom…
Enfin, France Télécom installe Microsoft au cœur de sa stratégie de convergence en
choisissant les solutions logicielles de l’éditeur américain afin de gérer ses futurs services
convergents.
La convergence entre médias
Michel Berne
Le dernier exemple de convergence que nous proposons est celui de la convergence
entre médias. Aujourd’hui, on ne sort plus un film en salle, mais un ensemble structuré
autour du film : une bande-annonce téléchargeable sur mobile, un DVD avec des bonus, un
jeu vidéo, un disque avec la bande originale, un livre… Dans l’année 2005, on peut citer
une grande sortie selon ce modèle avec le film King Kong, sans parler des « industries »
Star Wars et Harry Potter !
De même, la promotion d’un nouveau disque passe par des émissions de télévision
et de radio, le téléchargement de sonneries pour les mobiles, un clip vidéo, des extraits de
concerts, la présence sur des forums Internet, etc. Citons pour 2005 l’album de Madonna
(Confession on a dance floor) qui a été promu par Orange et Wanadoo en France, et qui a
fâché l’opérateur avec les disquaires traditionnels et certains producteurs phonographiques
au sujet de la gestion de l’exclusivité avant la sortie du disque.
La fabrication des films se diversifie elle- même grâce aux moyens numériques
nouveaux dont on dispose. Ainsi, on sait fabriquer des films (modestes) avec la caméra des
téléphones portables : un festival du « film sur portable », Pocket Films, a même eu lieu à
Paris en octobre 2005. Les organisateurs ont prêté des téléphones mobiles à 100 artistes qui
ont apprécié la maniabilité de la caméra et ont intégré la piètre qualité des images à leur
parti-pris narratif. Le festival était soutenu par Nokia et SFR.
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De même, les médias sont de plus en plus friands de photos amateur prises sur des
mobiles lors des grands événements. Une agence de presse, Scoopt, s’est spécialisée dans
la vente de ces photos.
Il faut aussi parler du rapprochement étonnant du cinéma et des jeux vidéo au
travers des films dits Machinima. Il est en effet possible de faire un film (à nouveau,
modeste) à l’aide de jeux comme The Movies. L’exemple le plus célèbre de 2005 est celui
de The French Democracy, film de 8 minutes réalisé en une semaine par Alex Cha n sur le
sujet des violences urbaines en France à l’automne. Ce film a fait le tour du monde après sa
mise en ligne sur le site de l’éditeur Lionhead 8 . Autre rapprochement, cette fois-ci entre la
musique et les jeux vidéo : Bulletproof est un jeu basé sur la vie, passablement agitée, du
rappeur 50 Cent. Avant sa sortie en France début 2006, ce jeu a connu un grand succès
dans les pays anglo-saxons.
Enfin, les rapprochements se multiplient autour de ce qu’on appelait « la radio ».
Ainsi, le podcast est un blog sonore. Egalement, le baladeur numérique, à la capacité
gigantesque, permet de se recréer en quelque sorte un programme musical sur mesure.
Dans de telles évolutions, l’activité éditoriale des stations de radio disparaît : les auditeurs
téléchargent des programmes ou des musiques, ils composent leur propre programmation.
De là à dire que les chaînes de télévision et les stations de radio vont disparaître, il y a un
pas que nous ne franchirons pas !
La fibre optique progresse
En 2004, nous avions décrit l’arrivée de la fibre optique jusque chez les
particuliers. En novembre 2005, France Télécom estime à 30 milliards d’euros le coût
d’un tel réseau pour la France et réclame qu’il ne soit pas soumis au dégroupage. Par
ailleurs, plusieurs de ses concurrents se lancent comme Cité Fibre dans le 15ème
arrondissement de Paris avec un débit de 20 à 30 Mbits/s ou encore Erenis, toujours à
Paris (Max VDSL, 60 Mbits/s, fibre jusqu’à l’immeuble).
En Italie, Fastweb avait déjà 700 000 clients FTTH fin 2005.
8
Voir aussi la section consacrée au blogs au chapitre 11.
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