dissertation - SES Massena
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DISSERTATION Il est demandé au candidat : 1. de répondre à la question posée explicitement ou implicitement dans le sujet ; 2. de construire une argumentation à partir d’une problématique qu’il devra élaborer ; 3. de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier ; 4. de rédiger en utilisant un vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en organisant le développement sous la forme d’un plan cohérent qui ménage l’équilibre des parties. Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation. Sujet = Quel bilan économique peut on tirer de la construction de l'Union économique et monétaire européenne ? DOCUMENT 1 – Les étapes de la construction européenne DOCUMENT 2 – Les avantages attendus de la création de l'union économique Libéralisation et augmentation de la taille du marché Hausse de la concurrence Innovation et spécialisation Compétitivité structurelle Economies d’échelle Baisse des prix Hausse du pouvoir d’achat Gains de compétitivité Hausse de la demande Création d’emplois Croissance du PIB Investissement DOCUMENT 3 – La monnaie unique affiche une série de résultats satisfaisants. Elle a d'emblée mis un terme aux dévaluations compétitives si préjudiciables à la croissance et à l'emploi. L’euro a acquis son statut international : devenue une monnaie de réserve (27% des réserves mondiales de change en 2009), l’euro est la seconde monnaie la plus échangée dans le monde et la monnaie privilégiée avec le dollar pour l’émission de dette. L'euro a favorisé une période d'inflation modérée (compris en moyenne entre 8 et 10% dans les années 1970 et 1980, le taux d’inflation s’est établi à 3% dans les années 1990 et à 2% en moyenne entre 1998 et 2008) et une meilleure intégration économique, grâce à la suppression des risques de change et la réduction des coûts de transaction. Si l'euro se porte bien, la zone euro traverse elle une crise profonde, marquée par l'atonie de l'activité économique et de profonds déséquilibres internes. La croissance de la productivité s’est ralentie dans la zone euro depuis l’introduction de la monnaie unique (de 1,5% dans les années 1990, la croissance de la productivité est passée à 1% entre 1998 et 2008). Les écarts significatifs qui demeurent au sein de la zone (coûts de main d'œuvre, taux de chômage, taux d'emploi) et les divergences de compétitivité entre pays de la zone euro limitent les capacités d'ajustement de l'Union économique et monétaire. Sur le front des échanges, certes, l'Union européenne reste le premier exportateur mondial et la balance courante agrégée de la zone euro est globalement proche de l'équilibre, mais cette situation masque des écarts très conséquents. La principale explication de la crise a été l'indistinction des risques souverains : la zone euro a été perçue, dans son ensemble, comme représentant un risque homogène. Avec la promesse de l'euro, la baisse des taux d'intérêt dans certains Etats a été ample. Cette période de taux d'intérêt bas a produit sur nos politiques économiques l'effet d'un puissant sédatif. Les Etats n'en ont pas profité pour assainir leurs finances publiques et préparer l'avenir. La crise financière puis la crise des dettes souveraines ont fait sortir les acteurs de marché d'un consensus aveugle : les écarts de taux d'intérêt (« spreads ») sont redevenus l'indicateur des écarts de compétitivité entre nos pays et les incertitudes sur les finances publiques sont revenues au cœur de l'attention des investisseurs. Cela s'est traduit par un assèchement de l'accès à la liquidité sur les marchés financiers entre l'automne 2009 et le printemps 2010, en Grèce, puis au Portugal et en Irlande. (Source : Jean Arthuis, Avenir de la zone euro : l’intégration politique ou le chaos, Rapport au 1er mars 2012) DOCUMENT 5 – Taux de chômage 1999 2011 Allemagne 8,2 5,6 France 11,0 10,0 Royaume-Uni 5,9 8,4 Espagne 12,5 24,1 Italie 11,0 9,8 Irlande 5,7 14,5 Zone Euro 9,3 10,6 UE 8,5 10,0 Etats-Unis 4,2 8,2 Japon 4,7 4,8 (Source : Eurostat 2012) DOCUMENT 5 – Taux d'inflation 1999 0,6 0,6 1,3 2,2 1,7 2,5 1,1 1,2 2,2 - 0,3 2011 2,5 2,3 4,5 3,1 2,9 1,2 2,7 3,1 2,9 - 0,2 PIB par tête 100 = EU 1999 2011 112,6 117,6 104,1 108,0 110,3 114,0 66,7 100,2 90,9 100,2 98,4 127,3 94,7 107,9 100 100 142,0 148,0 148,7 106,0 Balance courante En % du PIB 1999 2011 - 1,2 4,9 1,0 - 2,3 - 2,4 - 0,6 - 2,7 - 4,0 1,0 - 3,6 0,3 0,5 0,4 0,1 0,1 - 0,2 - 3,0 - 3,0 2,6 2,2 Dette publique En % du PIB 1999 2011 60,9 81,4 58,2 97,0 43,7 88,5 40,9 78,8 113,7 132,7 48,1 112,7 71,6 88,7 67,0 81,6 61,4 98,5 128,3 204,1 er DOCUMENT 6 – Le cours de l'euro en dollar du 1 janvier 1999 au mois d’avril 2012 LE BILAN DE L'UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE Introduction : Amorce = La méfiance des marchés financiers envers la capacité de l'Etat Grec à rembourser sa dette et dans la capacité des Etats à adopter des stratégies coopérative, s'est traduite, dès 2010, par une baisse sensible de la valeur de l'euro vis-à-vis du dollar. La construction de l’Union européenne qui repose sur la coexistence d’institutions supranationales (la Commission européenne, la monnaie unique, la BCE…) et de politiques nationales est-elle vouée à l’échec ? Problématique = Les objectifs du rapprochement économique et politique des Etats de l’Union ont-ils été atteints ? Quels étaient les objectifs de l'intégration économique et institutionnelle des économies européennes faisant partie de l'Union européenne ? Comment cette intégration a-t-elle été menée ? Cette intégration a-t-elle eu les effets positifs escomptés par sa construction ? Les effets positifs constatés l'ont-ils emporté sur les effets négatifs ? Doit-on continuer dans cette voie ? Annonce du plan = Après avoir présenté les objectifs économiques de la construction européenne et les moyens utilisés pour y parvenir, nous tirerons un bilan mitigé de cette intégration économique et institutionnelle. 1 – LA MISE EN PLACE D'UNE ZONE ECONOMIQUE INTEGREE DEVAIT PROFITER A TOUS... A – UNE INTEGRATION PAR LES MARCHES Phrase introductive = On parle d’intégration économique lorsque des accords commerciaux entre nations aboutissent à la constitution d’un espace économique unique. L’intégration économique concerne un ensemble de pays proches d'un point de vue géographique et économique qui vont unifier leurs marchés. Cela s’accompagne de la création d’institutions communes chargées de gérer les intérêts communs des pays. Comment cette intégration a-t-elle été menée ? Pour quels objectifs ? La création d'un marché unique s'est faite en plusieurs étapes (Doc 1) : L'union douanière est la première étape du marché commun. Elle consiste à créer une zone de libre échange au sein des pays de la communauté économique européenne (CEE), c'est-à-dire d'abolir les droits de douane et les obstacles non-tarifaires au sein de la zone, tout en adoptant un tarif douanier commun dont les recettes alimenteront le budget de la communauté. Cette étape sera menée à son terme en 1968 (Doc 1). Le marché unique est la deuxième étape de la création d'une union européenne. Il s'agit de libéraliser la circulation des hommes et des capitaux au sein de la zone tout en harmonisant les normes techniques sur les biens et services afin d'intégrer davantage les économies. Ceci sera réalisé en 1992 (Doc 1). L'union économique va plus loin car elle suppose une coordination des politiques nationales en vue d'une zone économique intégrée. Elle se traduit ainsi par des politiques de démantèlement des monopoles publics et la surveillance des entreprises privées pour éviter les atteintes à la concurrence sur le marché unique. Mais, la coordination des politiques économiques se heurte à la nécessité d’une coordination des politiques monétaires afin de limiter les risques de change et de concurrence déloyale (une dévaluation compétitive, par exemple). La création du marché unique devait avoir plusieurs avantages pour économies intégrées dans l'Union (Doc 2) : L'intégration économique devrait permettre la baisse des prix et donc l'augmentation du pouvoir d'achat des consommateurs. En effet, la suppression des barrières douanières fait baisser les prix directement en supprimant les droits de douane, mais surtout indirectement en renforçant la concurrence entre les producteurs européens (extension des marchés). Par ailleurs, l'élargissement des débouchés renforce la spécialisation et permet la réalisation d'économies d'échelles (réduction des coûts liés à la taille), ce qui va là encore dans le sens d'une réduction des prix (Doc 2). L'intégration économique devrait augmenter la compétitivité des entreprises européennes au niveau mondial. La baisse des prix accroît la compétitivité des producteurs européens par rapport au reste du monde: les exportations sont stimulées et les importations découragées. Mais l'amélioration de la compétitivité ne repose pas que sur les prix : l'intensification de la concurrence à l'intérieur de l'Europe pousse les entreprises européennes à innover, en même que l'élargissement rend l'innovation rentable. La compétitivité structurelle devrait en bénéficier (Doc 2). Cette hausse de la croissance dans les pays de l’Union européenne devait être favorable à la baisse du chômage et à un rétablissement des finances publiques. En effet, une forte croissance permet la création d’emplois, ce qui diminuent les dépenses sociales (moins de chômeurs à indemniser), et fournit des recettes fiscales (TVA, impôts sur les revenus) et sociales (hausse des rentrées des cotisations sociales). Les déficits budgétaires et sociaux sont donc appelés à disparaître (Doc 2). B – UNE INTEGRATION PAR LES INSTITUTIONS Phrase introductive = La mise en place de politiques communes et d'une monnaie unique a nécessité des institutions communautaires qui ont hérité d'une partie des pouvoirs des Etats-Nationaux. Quels sont les effets attendus de cette intégration par les institutions ? Les politiques communes doivent préfigurer la construction d'un Etat fédéral et l'union politique (Doc 1). Il s’agit de transférer une partie des compétences des Etats aux institutions communautaires (Commission, BCE) en fonction du principe de subsidiarité selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d'autorité publique compétent pour résoudre le problème. En d’autres termes, le pouvoir communautaire n’intervient que lorsque son action est plus efficace que celles des niveaux inférieurs (Etats, Régions, Municipalités). Il s’agit aussi de coopérer dans les politiques mises en œuvre (Doc 1) : Le budget européen finance deux grandes politiques communautaires : la politique agricole commune et les fonds structurels européens. L'objectif de la première est d'inciter les agriculteurs européens à améliorer leur productivité afin de rendre l'UE autosuffisante en matière alimentaire. La seconde établit une solidarité entre pays riches et pays pauvres de la zone afin de permettre aux derniers de rattraper leur retard économique en matière d'infrastructures économique (Doc 1). C'est la Commission européenne qui coordonne ces politiques. Les politiques économiques des Etats doivent être coordonnées. Les pays qui voulaient adopter l’Euro devaient mener des politiques visant à limiter l’inflation, stabiliser leur taux de change, à limiter leur déficit budgétaires à 3% du PIB et leur endettement public à 60% du PIB. Le pacte se stabilité et de croissance (PSC), signé en 1997, était censé encadrer les politiques budgétaires des Etats (pas avoir des déficits publics supérieurs à 3% du PIB et pas de dette publique dépassant les 60% du PIB) afin de stabiliser la valeur interne et externe de l'euro. La mise en place d'une monnaie unique parachève le marché unique et devrait préfigurer l'union politique puisqu'il suppose un abandon de la souveraineté. Sa gestion est confiée à une institution indépendante : la BCE. 17 pays de l'UE en font partie (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, rejoints par la Grèce en 2001, par la Slovénie en 2007, par Chypre et Malte en 2008, par la Slovaquie en 2009 et l’Estonie en 2011). L'euro devait présenter de nombreux avantages : Tous les acteurs vont réaliser des économies sur les coûts de transaction puisqu'ils n'ont plus à payer les commissions de change (5% de l'opération de change) à l'intérieur de la zone (Doc 3). L'autre avantage, c'est aussi qu'il n'y a plus d'incertitude, toujours pour les échanges entre pays de la zone euro, sur le prix relatif des monnaies entre elles, puisqu'il n'y a plus qu'une seule monnaie. Avant, comme les taux de change pouvaient fluctuer, les acteurs économiques qui signaient des contrats avec paiement différé couraient toujours un risque de change. En effet, une trop grande volatilité des taux empêchent les firmes de connaître le prix futur, exprimé en monnaie nationale, des produits qu’elles échangent. Ce risque est supprimé, évidemment, entre pays de la zone euro. Désormais, le commerce se fera « à armes égales » (Doc 3). Cela facilite donc la réalisation d'une réelle concurrence entre les entreprises des pays membres de la zone euro. Or, on sait que la concurrence exerce une pression à la baisse sur les prix. La transparence augmente sur les marchés : il n'y aura plus de problèmes pour comparer les prix en France et en Italie par exemple, puisqu'ils seront libellés tous en euros. (Doc 3). La stabilité monétaire devrait attirer les capitaux internationaux (plus d’offre de capitaux) et la baisse des déficits publics devrait diminuer la demande de capitaux. D’où une baisse des taux d’intérêt à long terme favorable à l’investissement, à la croissance et à l'emploi (Doc 3). Conclusion partielle = La création d’une Union économique européenne s’est donc réalisée à partir de l’intégration par le marché, dans lequel les conditions de libre concurrence devaient être respectées, et par l’intégration dans des institutions communautaires. L’idée des pères fondateurs de l’Europe était, après la guerre, de rapprocher les peuples européens en les rendant interdépendants du point de vue économique. Cela a-t-il dynamisé l’économie des pays de l’union ? Cela a-t-il conduit les pays vers le fédéralisme ? 2 – MAIS LES RESULTATS DE L'INTEGRATION NE SONT PAS A LA HAUTEUR DES ATTENTES A – DES AVANCEES ECONOMIQUES... Phrase introductive = L'intégration économique et l'élargissement de l'UE à un nombre croissant de pays (de 6 à 27) ont eu des effets positifs pour l'ensemble des pays de la zone. L'Union européenne est la première puissance économique du monde. Le PIB de l'UE Il est supérieur de 2% à celui des États-Unis mais pour une population bien plus importante (prés de 507 millions d’habitants au 1er janvier 2012 contre 320 millions pour les Etats-Unis). L’Union européenne est la première puissance commerciale du monde, avec près de 37% du commerce mondial. Sans compter les échanges intracommunautaires (la France réalise 66% des ses échanges internationaux avec les partenaires de l’Union). Les firmes européennes se sont renforcées. Les flux croisés d’IDE, qui ont pris souvent la forme de fusions-acquisitions, ont donné naissance à des firmes européennes de taille mondiale. On peut observer une certaine convergence des niveaux de vie au sein de l’UE. Les pays en retard de développement par rapport à la moyenne, ont connu une croissance plus élevée en moyenne que ceux qui étaient en avance. Les cas de l’Espagne et de l’Irlande sont les plus spectaculaires. Le niveau de vie des espagnols était inférieur d’un tiers au niveau de vie moyen de l’UE. En 2011, il a rejoint la moyenne. L’Irlande a un niveau de vie supérieur de 27% à la moyenne (Doc 4). Ces pays ont bénéficié des transferts de capitaux et de technologie des FTN européennes qui ont voulu profiter de leur avantage comparatif en termes de coûts salariaux. Enfin, ils ont bénéficié des fonds structurels européens pour moderniser leurs infrastructures économiques. Mais, l'élargissement aux pays de l'Est, plus pauvres, a retardé cette marche vers la convergence. La hausse des prix s’est ralentie. Le taux d’inflation était, en moyenne, à peine supérieur à 2 % durant les dix premières années de l’UEM, contre 3 % dans les années 1990 et 8 % à 10 % dans les années 1970 et 1980 (Doc 3 et 4). D’autre part, l’écart entre le taux d’inflation des pays les plus inflationnistes et celui des pays les moins inflationnistes s’est réduit. D’où une convergence dans la hausse des prix qui peut s’expliquer : Par une politique rigoureuse de la BCE dont l’objectif est la lutte contre l’inflation. Elle a bénéficié à tous les pays de la zone euro. Par l’accroissement de la concurrence à l’intérieur du marché unique qui a obligé les firmes à être plus compétitives, à réduire leurs coûts et leurs prix. Par la diminution du prix des importations en provenance des pays émergents mais aussi des pays de l’UE qui avaient les prix les plus faibles. Après des débuts difficiles, l'euro est devenu jusqu'en 2010, une monnaie forte. Elle s'est appréciée vis-à-vis du dollar en passant de 0,9 dollar pour 1 euro en 2002 à 1,59 dollars pour 1 euro en 2009 (Doc 6). Cela a diminué le prix des importations et a amorti les hausses du prix du pétrole. Il fallait, en effet, donner moins d’euros pour obtenir un dollar. Or, la plupart des marchandises (en particulier le pétrole) sont libellées en dollars. La fin de la volatilité des changes à l'intérieur de la zone a su attirer les capitaux étrangers ce qui a fait baisser les taux d'intérêts à long terme et les a harmonisés. En conséquence, les entreprises et les Etats ont pu emprunter moins cher des capitaux pour leurs investissements ou pour les dépenses publiques (Doc 3). B – QUI BUTENT SUR UNE INSUFFISANTE COORDINATION DES POLITIQUES ECONOMIQUES Phrase introductive = L'intégration économique et monétaire n'a pas su empêcher le déclin relatif de l'Europe et une crise de confiance vis-à-vis de l'euro. Comment ce déclin relatif se manifeste-t-il et quelles en sont les conséquences ? Le rattrapage de l’UE vis-à-vis des Etats-Unis s’est arrêté à partir des années 1990. L'UE a eu une croissance en moyenne inférieure à celle des Etats-Unis et à celle des pays émergents. D’autre part, la croissance de l’UE s’est ralentie dans les années 2000 par rapport aux années antérieures. Enfin, la crise de 2008-2009 a touché davantage l'UE que les autres zones économiques. En conséquence, le chômage est resté à un niveau élevé, supérieur à celui des autres pays. 8,5% des actifs étaient au chômage en moyenne dans l’UE en 1999. On en est à 11% des actifs en 2011. De plus, les taux de chômage divergent entre les pays : le taux de chômage de l’Espagne est 4 fois plus élevé que celui de l’Allemagne (Doc 3 et 4). De plus, d’importantes différences subsistent entre les pays. D’une part, les taux de croissance ne sont pas les mêmes au sein de l’UE et les cycles sont souvent déconnectés ce qui montre que l’intégration n’est pas totale (la crise de 2009 faisant exception parce qu’elle est avant tout mondiale). D’autre part, les moteurs de la croissance ne sont pas les mêmes d’un pays de l’union à l’autre. La demande intérieure a soutenu la croissance espagnole ou la croissance française alors que les exportations ont dopé la croissance allemande (Doc 3 et 4). En effet, les politiques économiques ont été différentes d'un pays à l'autre et n'ont pas été coordonnées avec celle de la BCE : L'Allemagne, les Pays-Bas et les pays nordiques ont privilégié leur compétitivité. En flexibilisant le marché du travail et en menant une politique rigoureuse en matière budgétaire, ils ont pu freiner la hausse de leurs coûts unitaires et dégager des excédents de leur balance courante au détriment des autres pays de la zone euro qui ont une balance courante déficitaire. Les coûts unitaires allemands n’ont progressé que de 2% entre 1999 et 2011, ce qui a amélioré sa compétitivité-prix, alors que les coûts unitaires français progressaient de prés de 30% dans le même temps. En conséquence, la balance courante allemande dégage un excédent équivalent à 4,9% de son PIB alors que la France a un déficit égal à 2,3% de son PIB (Doc 4 et 5). Les autres pays ont préféré vivre au dessus de leurs moyens. La faiblesse des taux d'intérêt réels a incité les ménages, les entreprises et les Etats à s'endetter. La hausse de l'euro a rendu les exportations de ces pays moins compétitives. Leur balance courante est devenue fortement déficitaire alors que les Etats, pour soutenir la croissance après la crise, s'endettaient davantage. au risque de perdre la confiance des marchés financiers et de déclencher une crise de liquidité et de solvabilité faisant baisser l'euro (Doc 4, 5 et 6). En conséquence, l’union européenne subit une crise de confiance. Elle n’est plus perçue par les marchés financiers comme une zone dynamique et cohérente. L’élargissement de l’union à d’autres pays moins développés (Bulgarie, Roumanie,…) a accentué cette perception de divergence. Les marchés refusent de financer les pays les plus fragiles (Grèce, Espagne, Italie…) ou alors à des taux prohibitifs ce qui accentue leurs difficultés. Ils se réfugient dans les pays les plus sûrs (Allemagne, Pays-Bas, France…) qui bénéficient de taux d’intérêt très bas ce qui ne peut qu’accentuer les divergences. L’euro perd de la valeur (son cours a diminué de prés de 20% entre 2009 et 2012) ce qui a l’avantage de redonner une compétitivité-prix aux produits européens mais ce qui renchérit fortement ses importations (Doc 6). Conclusion : Rappel de la démonstration = L'intégration économique des principaux pays européens devait déboucher peu à peu sur une intégration politique. Mais l'UE n'est pas allée jusqu'au bout de sa démarché en confiant à une institution supranationale la coordination des politiques budgétaires alors que la BCE avait le monopole de la politique monétaire. D'où des politiques divergentes qui ont freiné le dynamisme de l'UE. Ouverture = L'UE s'est souvent construite à la suite de crises institutionnelles. Les réponses récentes apportées à la crise de l'euro (Règle d’or, création d’un mécanisme européen de solidarité,…) iront-t-elle dans le sens d'une plus grande cohérence des politiques économiques ?