Les acteurs se préparent à rendre le coton plus « blanc
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Les acteurs se préparent à rendre le coton plus « blanc
Programme 2007-2015 de la filière cotonnière : Les acteurs se préparent à rendre le coton plus « blanc » La main-d'œuvre bissau-guinéenne qui est bon marché et disponible, est devenue rare depuis que les cotonculteurs de Bissau ont voulu relancer la filière dans leur pays. Ce qui pose partout, dans le département de Vélingara, la problématique de la récolte. KOLDA - Le coton pourrait être plus blanc d’ici 2015. Ainsi pourrait-on traduire la volonté affichée par les acteurs de la filière cotonnière dans le département de Kolda. Parce que l’or blanc n’est pas si immaculé pour les producteurs qu’on pourrait le croire. Ceux qui s’activent autour du coton déplorent la rareté de la main-d'œuvre bissau-guinéenne, bon marché et disponible. Il y a, en effet, une nouvelle donne en Guinée-Bissau, devenue un pays de la zone Cfa, où les cotonculteurs veulent relancer la filière, eux qui ont mis sur pied l'Association des cotonculteurs de Guinée-Bissau (Aga). Sitôt portée sur les fonts baptismaux, l’Aga s’est tournée du côté de la Sodefitex de Kolda et de Tambacounda dans l’espoir de trouver auprès de cette société les moyens de relancer la filière en Guinée-Bissau. Et selon Mamadou Aliou Diallo, membre de la délégation de l’Aga, le voyage avait été fructueux. ‘Car la Sodefitex s’est engagée à nous fournir un appui en intrants et en semences’, avait-il précisé. ‘En vérité, cette association est née de la pression des producteurs se trouvant pour l’essentiel à Bafata et à Gabou. Depuis 2003, les paysans ne produisent pas de coton, faute de financements et de partenariat’, avait lancé Mamadou Aliou Diallo, membre de la direction de la Société guinéenne de coton. Les saisonniers bissau-guinéens sont eux-mêmes devenus de l’or, posant ainsi partout la problématique de la récolte. Kaba Diao, producteur résidant à Kolda, déplorait que ‘la commercialisation est trop lente’, lors de la réunion destinée à la préparation du Plan stratégique de la Sodefitex 2007-2015. ‘Cette situation est liée soit à l’insuffisance des caisses, soit à l’inachèvement des récoltes’, a expliqué Abdoulaye Dia, chargé de la cellule suivi-évaluation et prospective de la direction de la Sodefitex. Il représentait cette société à la réunion des acteurs de la filière. La question du sous-équipement et des intrants fait partie des obstacles qui pourraient maculer le coton à Kolda. Des solutions existent. D’autant que pour faire face à l’absence des saisonniers de Guinée-Bissau, ‘il a été envisagé l’organisation de groupes de récolteurs, rémunéré à 10 000 F Cfa le quart d’hectare récolté’, rassure M. Dia. ‘Cette structure n’existe malheureusement pas encore, en dépit du financement de l’Ue déjà disponible et le matériel de récolte’, déplore-t-il. Pour hâter la commercialisation, la Sodefitex n’écarte pas l’idée de retourner au silo pour qu’à la date du 31 mars, la commercialisation soit achevée. Evoquant le sous-équipement en matériel agricole, Abdoulaye Dia annonce ’la disponibilité d’une ligne de crédit de l’Ue de 1,2 milliard de francs Cfa qui permettra d’injecter dans la campagne 400 millions de francs Cfa par an pendant trois ans à partir de cette année’. Cela va soulager la Sodefitex qui subventionnait le semoir vendu à 150 000 F Cfa et payable en trois mensualités. ‘C’est le même système qui sera reconduit avec le financement de l’Ue’, précise M. Dia. Pour ce qui concerne les intrants, la vente a été dénoncée par certains producteurs. ’Il faut aller au-delà de la dénonciation en refusant à toute personne voulant prendre à crédit une quantité d’intrants dépassant ses capacités de remboursement’, conseille le chargé du suivi et de l’évaluation à la Sodefitex. Pour redresser la filière du maïs, les acteurs souhaitent le retour à la case départ, celle qui permettait d’accéder aux intrants par le système du remboursement. Car l’Etat a décidé de vendre comptant ses intrants, ce qui n’est pas à la portée du premier paysan. La Sodefitex veut, cependant, trouver vite une solution à la question, ‘sans quoi, les producteurs vont utiliser les intrants du coton pour le maïs’, alerte Abdoulaye Dia. Le lait, l’autre mamelle de la filière du coton, souffre du problème du transport vers les laiteries. ‘Des sortes de frigos sont envisagés dans les coins les plus reculés pour la conservation du lait. Une usine est aussi prévue à Kolda où la production hebdomadaire est estimée à 4 000 litres, pour vendre le lait dans des bidons d’un litre ou des pots’, ajoute-t-il. Autant d’ambitions qui seront validées au cours d’un atelier prévu tout prochainement. Mais d’ores et déjà, les producteurs de Kolda qui frisent les 10 000 t par an veulent taquiner la production de 15 000 à 20 000 t, alors que Vélingara veut produire 25 000 t. Hamidou SAGNA