Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI
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Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI
DÉ CHE T S SCIENCES & TECHNIQUES REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE Trimestriel - Avril-Mai-Juin 2009 - N° 54 - Prix au numéro : 23 € - Abonnement France : 90 €/an - Étranger : 95 € SOMMAIRE Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI Gilles A.Tremblay and Charlene M. Hogan 3 10 Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis Catherine Reid, Pascal Lesagel, Manuele Margni, Michel Aubertin,Valérie Bécaert, Louise Deschênes 19 Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte Thomas Deschamps, Mostafa Benzaazoua1, Bruno Bussière, Michel Aubertin, Hassan Bouzahzah,Vincent Martin 31 Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon Isabelle Demers, Mostafa Benzaazoua, Bruno Bussière, Mamert Mbonimpa, Eliane Fried, Annie Blier 41 Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière Yves Couillard, Stéphane Masson, Alice Hontela, Bernadette Pinel-Alloul, Caroline Olsen, Louis Martel, Lise Parent et Peter G.C. Campbell 49 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Bruno Bussière, Robin Potvin, Anne-Marie Dagenais, Michel Aubertin, Abdelkabir Maqsoud, Johanne Cyr Édité par la Société alpine de publications - SAP - 9, rue de l’arbre sec 69291 lyon cedex 01 Directeur de la publication : Frédéric Chateauvieux - Directeur de la rédaction : Frédéric Chateauvieux Rédaction en chef : • Mostafa BENZAAZOUA - Professeur Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Titulaire de la chaire de recherche du Canada en Gestion des rejets miniers • Bruno BUSSIERE - Professeur Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Restauration des sites miniers abandonnés Coordination de la rédaction : Olivier Guichardaz Mèles : [email protected] - bruno.bussiè[email protected] - [email protected] - [email protected] Site Internet : www.pro-environnement.com Comité éditorial : Johanne Cyr (Directrice Ministère des Ressources naturelles, Québec, Canada), Rachid Hakkou (Professeur Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc), Bernard Vigneault (Gestionnaire de programme, Ressources Naturelles Canada, Ottawa, Canada), Carmen Mihaela Neculita (Professeur Département CEE Kaist, Daejeon, Corée du Sud), Anne Lamontagne (Chargée de projets Golder Associés, Québec, Canada), Vincent Cloutier (Professeur Université du Québec en AT, Rouyn-Noranda, Canada), Suzie Bélanger (Surintendante Environnement Xstrata Ni, Katinniq, Canada), Raphael Mermillod-Blondin (Chercheur R&D Agnico-Eagle, Preissac, Canada), Anne-Marie Dagenais (Chargée de projets, Golder Associés, Montréal, Canada), Josée Duchesne (Professeur Université Laval, Québec, Canada), Isabelle Demers (Assistante de recherche Université du Québec en AT, Rouyn-Noranda, Canada), Pierre Moszkowicz (Professeur INSA Lyon France). Editorial Une industrie apprenante Bien que nous vivions une crise financière mondiale sans précédent, qui a des effets majeurs sur la consommation et sur le prix des métaux, nous sommes en droit de penser que la mise en œuvre des programmes de relance annoncés par les grandes économies de la planète permettra au secteur des matières premières de rebondir. Cette reprise devrait être soutenue à moyen et à plus long terme par les pays en émergence tels la Chine et l’Inde, qui vont irrésistiblement tirer sur l’économie mondiale afin d’accroître leur niveau de vie. Hormis les produits de substitution et le recyclage, la seule alternative pour satisfaire cette demande sera donc de produire davantage de métaux, mais comment ? Certains pays exercent un attrait incontestable pour la découverte de nouveaux gisements. C’est le cas du Canda qui, au premier rang, attirait près de 20 % des 9,9 milliards de dollars US investis en exploration minérale dans le monde en 2007, suivi de l’Australie, avec près de 12 %, et des États-Unis, avec près de 8 %. Le Québec, avec ses 1,7 millions de km2 n’est pas en reste non plus. En effet, le Québec s’appuie sur une riche culture minière et, de l’avis des industriels miniers, dispose à l’échelle mondiale d’un des meilleurs climats d’investissement dans ce secteur. Ceci s’est traduit par des investissements en exploration de l’ordre de 380 M$ en 2007, plaçant le Québec au 7e rang mondial pour les dépenses d’exploration. En 2008, les mines du Québec ont produit pour une valeur au marché de plus de 3,5 milliards de dollars de fer, d’or, de nickel, de zinc, de cuivre, d’argent et autres métaux; elles apportent des retombées économiques importantes, particulièrement pour certaines régions, dites « régions ressources », qui en dépendent parfois presque exclusivement. En dépit de ces retombées économiques très appréciables, et comme toute médaille a son revers, l’industrie minière génère des quantités importantes de rejets solides et liquides qui peuvent, à des degrés divers, avoir des impacts sur l’environnement. L’éveil des consciences sur les questions de l’environnement a amené les gouvernements à légiférer plus sévèrement.Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté, au Canada, au Québec et ailleurs dans le monde, à un resserrement des normes environnementales entourant l’industrie minière. Bien que très préoccupés par la productivité des opérations, les dirigeants des mines adoptent, en général, au Canada et au Québec, une attitude responsable vis-à-vis la préservation du patrimoine écologique. Une mine en opération génère différents types de rejets solides, dont les principaux sont les rejets de concentrateur et les stériles miniers. En général, ces rejets sont entreposés dans des aires de stockage conçus spécialement à cet effet. Lorsque les rejets contiennent des minéraux sulfureux, leur conférant un potentiel de génération d'acidité et de lixiviation de métaux toxiques, les modes d’entreposage sont adaptés en conséquence. Il reste néanmoins des vestiges des mauvaises pratiques du passé, dont la principale manifestation est représentée par les sites miniers abandonnés. À titre d’exemple, on estime que 50 sites miniers (parc à résidus miniers et haldes à stériles) abandonnés occupent une superficie de près de 2 000 hectares au Québec seulement. Ces sites, au Québec comme ailleurs dans le monde, sont des nuisances ; ils sont lentement mais progressivement restaurés par les États et l’industrie elle-même. Dans la perspective de la croissance de la demande en métaux, dans un monde obsédé par la productivité et sous les pressions toujours plus grandes de la société envers la protection de l’environnement, il nous faut aborder les activités minières selon toutes les facettes du développement durable, car il devient évident que c’est à cette condition que la société permettra l’exploitation des mines dans l’avenir. L’industrie minière doit donc pouvoir compter sur des méthodes innovatrices, efficaces et économiques, pour bien gérer les rejets qu’elle produit. Des efforts importants de recherche sont consentis au développement de ces méthodes, au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde. Encore faut-il que ces développements soient connus du plus grand nombre. Ainsi, afin de favoriser les transferts de connaissances entre les milieux académiques et industriels, l’Université du Québec en AbitibiTémiscamingue et l‘Institut canadien des mines et de la métallurgie, avec l’appui de nombreux partenaires gouvernementaux, institutionnels et industriels, perpétuent la tenue de symposiums, sous le thème Environnement et Mines. Ces symposiums sont de véritables forums d’échange sur des façons de concilier l’exploitation minière et la protection de l’environnement. De nombreux domaines d’intérêts y sont abordés, tels les rejets de concentrateur, le remblayage souterrain, les roches stériles, la qualité des eaux, la restauration des sites, les nouvelles tendances, les politiques et la réglementation ainsi que les mines dans la société. On y expose l’avancement de la recherche, tout en donnant une place tout aussi importante à la pratique de pointe. Afin de vous faire partager cette approche, on retrouvera dans la présente édition spéciale une sélection d’articles issus de la programmation du dernier Symposium sur l’Environnement et les Mines, tenu à Rouyn-Noranda, Québec, Canada, en novembre 2008. Bonne lecture ! Denis BOIS, Président du comité organisateur du Symposium 2008 sur l’Environnement et les Mines Unité de recherche et de service en technologie minérale (URSTM) Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) Note de la Rédaction Le numéro de la revue Déchets, Sciences et Techniques publié ici est consacré aux travaux présentés lors du Symposium sur l’Environnement et les Mines, tenu au Québec en novembre 2008.Après une précédente édition consacrée à l’ « International Symposium on Sediment Management », qui s’était déroulé à Lille, en juillet 2008, la revue se fait l’écho de manifestations qui ont réuni des scientifiques francophones autour de thématiques environnementales actuelles. La responsabilité éditoriale de ce numéro a tout naturellement été confiée au Comité Scientifique du Symposium, sous la direction des Professeurs Mostafa Benzaazoua et Bruno Bessière. Pierre Moszkowicz 2 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI Gilles A. TREMBLAY1 and Charlene M. HOGAN1 1. NOAMI and MEND Secretariat Natural Resources Canada, Ottawa, Ontario Abstract The National Orphaned/Abandoned Mines Initiative (NOAMI) was established in 2002. The multistakeholder nature of NOAMI has provided a uniquely Canadian opportunity for governments, non-governmental organisations, Aboriginal Canadians and the mining industry to discuss issues and barriers associated with the clean-up and remediation of orphaned and abandoned mine sites. This convergence of interests and mutual commitment to progress has fostered the success of this internationally recognized approach to influencing public policy and addressing issues of common concern. Over the past 5 years, NOAMI has been working diligently to influence policy and build capacity in Canada to address these issues. Various workshops, conferences and publications have provided the background information, analysis and network building that have driven the agenda forward. During this time, there has also been a substantial increase in remedial activities carried out by the jurisdictions across Canada. This paper provides a five-year summary of NOAMI’s efforts and an overview of the remedial activities in the Canadian jurisdictions. The jurisdictional highlights feature many of the different approaches and partnerships employed across Canada. The paper also includes several international case studies of novel regeneration projects completed on legacy sites. The issue Canada’s long history in mining has resulted in more than 10,000 orphaned or abandoned mine sites, with different levels of risk and requiring varying degrees of rehabilitation. This legacy of orphaned/abandoned mines (OAMs), with the associated environmental liabilities, human health and safety concerns and the financial costs of clean-up, continues to be a serious issue facing Canada. Mining is generally regulated at the provincial level, although the federal Government maintains most of the liability for mines in northern Canada (north of the 60th parallel). The most serious environmental issues for abandoned mines are acidic drainage and metal leaching. Sources include, underground workings, open pit mine faces and workings, waste rock dumps, and tailing deposits. Public health and safety hazards result from mine openings, mine wastes, abandoned infrastructure and subsidence. Policy implications concern standards, fiscal responsibility and funding models, jurisdictional liabilities and possible re-use of the land (future mining, recreational activities, etc). Response to the problem The National Orphaned/Abandoned Mines Initiative (NOAMI) was launched in 2002, with advisory committee members from the federal, provincial and territorial governments (F/P/T), the Canadian mining industry, First Nations, and environmental non-governmental organizations. NOAMI adopted the MEND framework of multistakeholder co-operation to develop a multi-year policybased program for remediation of orphaned and abandoned mine sites in Canada (Tremblay and Hogan, 2007). The Advisory Committee takes direction from the Mines Ministers, and reports back annually at the Mines Minister Conference. An annual workplan is developed by the committee and presented for approval at the Mines Ministers Conference. Activities are jointly funded by the F/P/T governments and the mining organizations, and the program is administrated by the Secretariat at CANMETMMSL. Funding for NOAMI was about $100 K/year in the first few years, but increased to $330 K/per year when the program was expanded in 2005. NOAMI task groups Once the workplan was approved, task groups were formed to address the priority areas. These groups focussed on: information gathering towards building a national inventory; community involvement; funding options and approaches; legislative and institutional barriers to collaboration; and most recently, a jurisdictional legislative review. In the past six years NOAMI has made good progress in seeking solutions to the legacy of orphaned/ abandoned mines in Canada. Summaries of these task groups are provided below. Information Gathering Towards a National Inventory A key objective of NOAMI was to develop capacity for a national inventory of orphaned and abandoned mine sites based on compatible inventories from each province and territory. All Canadian provinces and territories with a history of mining, and several federal agencies, maintain their own inventory of mining and exploration sites that pose a DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 3 Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI risk to human health, safety, and the environment.There is a large discrepancy in the level of detail and completeness of these inventories from jurisdiction to jurisdiction. The concept of a national database must allow for these gaps in coverage, detail and standardization, but permit the future inclusion of additional information. The first step towards building the national inventory was to reach consensus on the definitions and terminology to be applied to orphaned/abandoned mine sites.The definition of “orphaned” and “abandoned” mines or sites varies among jurisdictions in Canada. The NOAMI definition does not differentiate between the two terms, and loosely defines orphaned/abandoned mines as those mines for which the owner cannot be found, or for which the owner is financially unable to carry out clean-up. A primary criterion for the inventory was to develop a set of definitions under which information from all jurisdictions could be defined and compiled, and to avoid many of the existing inventory definitions, which could be in conflict. A comprehensive review of Canadian and international efforts to inventory OAMs, along with high level definitions were documented in “Capacity Building for a National Inventory of Orphaned/Abandoned Mines in Canada” (Cal Data, 2005).The proposed definitions were designed to be independent of most existing definitions and would provide a framework in which the existing definitions could be linked. The Cal Data report recommended a high-level inventory that included all inactive mineral sites, was web-based and had a map interface. Such a system acts as a portal to the existing inventories maintained within the provinces, territories and federal agencies. Internet links are utilized to make the investigative experience of the user virtually seamless between the national database and the component databases. Various options were explored to determine the most suitable host for the NOAMI Internet map site. Natural Resources Canada (NRCan) was selected to host the portal based on several criteria. NRCan maintains several sites using MapGuide-based technology, which deal with mineral producers and related areas, such as Aboriginal commu- 4 nities at http://mmsd.mms.nrcan.gc.ca/stat-stat/map-car/ index-eng.aspx. An important element of the inventory was to obtain federal, provincial and territorial participation, which was facilitated through existing data sharing agreements with NRCan. Some additional requirements included; that NRCan would be provided access and use of the jurisdictional OAM site data, consent for the data to be publicly accessible, and that access and use of the data would be provided on a long-term basis to ensure maintenance. A key consideration to obtain jurisdiction consent was to establish a system or link that would not impact their current operational status. Population of the national inventory with jurisdictional datasets is now well-underway and most jurisdictions have finalized agreements to integrate their datasets (Figure 1). NOAMI has developed an interactive map displaying the OAMs across Canada. The map also includes satellite imagery and details displaying infrastructure at the regional and national level. Initially, a set of national definitions based on legal status was developed and used to provide a uniform framework for the comparison of sites across Canada. While this classification illustrates the location of mineral sites that are considered orphaned/abandoned, it does not describe the type and magnitude of the physical risks presented by these sites. After a review of the developed portal, the NOAMI Advisory Committee requested that the framework be based on a ranking of the mineral sites according to their physical features and risk to human health, safety and the environment. A mandate will be awarded to Cal Data to review the existing databases and determine if and how the present information can be realigned to be feature based. NOAMI in collaboration with NRCan as well as the provinces and territories are working together to accomplish this important task. Community Involvement Approaches are needed that will foster community involvement in decision-making on closure and rehabilitation, and ensure that targeted end-use and rehabilitation standards are acceptable to local communities. In 2002, case studies related to community involvement were completed for three abandoned Canadian mine sites (Giant Mine – NT, Deloro Mine – ON, Mount Washington Mine –BC), along with experiences in community involvement at abandoned mines in the United States (NOAMI, 2003a). Report finding were based on personal interviews with key contacts in the community to reflect a diversity of perspectives. These case studies contain more complicated issues than many abandoned properties and they illustrate the importance of effective community involvement in decision-making from the onset for OAMs. The “lessons learned” from these studies were developed into a series of guidelines and published in the pamphlet “Best Practices in Community Involvement”.The final report and DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI the pamphlet are available on the NOAMI web site (www.abandoned-mines.org). After completion of this project, the NOAMI Advisory Committee continued to examine ways to foster community involvement and engagement in abandoned mine remediation through other projects and workshops, in par ticular the 2006 multistakeholder workshop “Orphaned/Abandoned Mines: A Workshop to Explore Best Practices”. One recommendation from this workshop was for NOAMI to support a community based pilot project on “Building the Capacity of Local Communities to Understand Abandoned Mines”. The objective is to build capacity, via a modular tool-kit, in areas such as community engagement, environmental concerns, legal and corporate matters, funding and partnerships, decision-making and aboriginal issues. Three diverse communities;Ymir-BC (near Yankee Girl Mine), Chibougamau-QC (a number of abandoned mines are in the Chibougamau mining district) and Virginiatown-ON (near Kerr-Addison Mine) will be visited and engaged in workshops and focal groups to assess, build upon, and adapt the ability of the developed toolkit to increase capacity of local people to understand and deal with these issues. This mandate was awarded to the Centre for Indigenous Environmental Resources (CIER) in Winnipeg. Legislative Barriers to Collaboration A background study “Barriers to Collaboration: Orphaned/Abandoned Mines in Canada” was undertaken to examine existing legislative requirements in Canada, and selected international jurisdictions, on regulatory or institutional barriers, liability disincentives, and collaborative opportunities regarding voluntary abatement, remediation, and rehabilitation of OAMs (Castrilli, 2002). Particular emphasis was placed on four approaches: “Good Samaritan” legislation; permit blocking; allocative versus joint and several responsibility; and non-compliance registries. The report findings provided background for a multistakeholder workshop “Legal and Institutional Barriers to Collaboration” in Ottawa, 2003 that assessed key barriers and developed approaches to overcome them. These recommendations were further integrated into a report on the Jurisdictional Legislative Review (Castrilli, 2007). The reports and the Workshop Proceedings are posted on the NOAMI web site. Guidelines for Jurisdictional Legislative Reviews In 2003, the Mines Ministers asked NOAMI to complete guidelines for jurisdictional legislative reviews with respect to collaboration, liability and funding to ensure that approaches across jurisdictions are consistent, certain, transparent, coordinated and efficient. A series of guidelines (NOAMI, 2004) was developed to facilitate a focused review of legislative/regulatory/policy frameworks as they apply to OAMs across Canada. A report on all legislation relevant to the remediation of orphaned/abandoned mine sites “Report on the Legislative, Regulatory, and Policy Framework Respecting Collaboration, Liability, and Funding Measures in relation to Orphaned/Abandoned, Contaminated and Operating Mines in Canada” was released on CD-ROM in 2007. It contains a synthesis of the jurisdictional analyses, including an assessment of gaps, limitations, barriers and opportunities to remediation, along with a summary of observations. Legislative/policy/ program matrixes are presented that allows a comparison by jurisdiction with respect to mining and environmental regulations and policies. A toolkit of policy/legislative approaches outlining a number of options to assist jurisdictions towards implementation of legislative change is part of the workplan for 2009. Funding Approaches This task group was to identify funding approaches and preferred options for the remediation of OAMs across Canada that could be adapted to meet the needs of each jurisdiction. The repor t titled “Potential Funding Approaches for Orphaned/Abandoned Mines in Canada” (Castrilli, 2003) outlined a variety of funding approaches to be considered for the clean-up or management of liabilities related to OAMs. It was concluded that no single funding approach would constitute a complete solution; a combination of a number of approaches would likely be required. A multistakeholder workshop on “Assessing Liabilities and Funding Options” was held in Ottawa in 2005 that further developed funding approaches and related issues for OAMs. A roll-up discussion identified gaps and future priorities for NOAMI. One recommendation was for a “toolkit”, outlining a series of funding options and illustrated with case studies. This would be a resource document for use by jurisdictions across Canada to help guide the establishment of potential funding options for the remediation of OAMs. The report “Rehabilitating Abandoned Mines in Canada: A Toolkit of Funding Options” (Cowan Minerals, 2006) was completed and is posted on the website, along with the above stated Proceedings and report. Technology transfer Orphaned and abandoned mines are a “hot issue” in Canada and the public wants to be kept well informed. Efficient and timely sharing of information to the mining community and the public is an important function of NOAMI and other multistakeholder initiatives. NOAMI uses a number of routes to transfer information. The Secretariat distributes documents, such as the NOAMI Newsletter, and other bulletins, to a huge mailing list. The NOAMI web site (www.abandoned-mines.org) was recently redesigned and streamlined to improve visibility DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 5 Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI and access to the program’s activities and publications.The site is regularly updated with information, such as NOAMI reports, workshop proceedings, pamphlets, announcements and newsletters. The priority issues identified by NOAMI, and the multiyear action plan and activities to address these areas, has generated much interest both domestically and internationally. NOAMI has collaborated with other initiatives to share this information, and has presented findings at many international forums. Earlier this year, members of the NOAMI Advisory Committee were invited to the International Roundtable on the Restoration on Mining Legacy Sites (jointly run by the World Conservation Union, the International Council on Mining and Metals, and the Post-Mining Alliance) to discuss challenges in OAMs and present Canada’s work. Information of these discussions is available at www.postmining.org. Workshops are the preferred vehicle to share information and obtain feedback from the mining community. Several NOAMI workshops were held and were previously discussed (i.e. Legal and Institutional Barriers to Collaboration, Assessing Liabilities and Funding Options, Best Practices). An upcoming workshop planned for November 2008 will explore different perspectives related to the risk assessment process at OAMs, with presentations and discussions clustered around the themes of risk assessment planning, human health risk assessment, ecological risk assessment and geotechnical risk assessment. In addition, a case study session will allow for more focused discussion of specific risk assessment studies from the perspectives of the community, government, industry and practitioners. The Proceedings and Presentations for all the NOAMI workshops are posted on the website www.abandoned-mines.org. At present, the NOAMI Advisory Committee is developing a communication strategy to heighten awareness of the issues of OAMs, the work completed by NOAMI, and the initiatives undertaken by F/P/T jurisdictions in addressing this issue. One component of this strategy is the production of the NOAMI Five-Year Performance Report (2002-2007), which is currently underway.The report outlines the impacts and benefits of NOAMI, the accomplishments of the jurisdictional partners, and the remaining challenges.The document is aimed for a general audience, and will be published in both official languages, as a brochure and on CD-ROM. Jurisdictional partnerships Provinces, territories and Indian and Northern Affairs Canada (for sites north of 60) in Canada have made significant progress in remediation of abandoned mines in 6 their jurisdictions. Various partnership and collaborative approaches have been used, and this information is invaluable for the development of toolkits that can be applied on a national basis. Although a number of partnerships have been formed to remediate OAMs in Canada, this paper will refer to several that are relevant to NOAMI’s mandate for the development of collaborative partnerships in the implementation of remedial programs. Additional information on jurisdictional activities and partnerships will be provided in the Five-Year Performance Report. Québec The Québec Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) developed several partnership approaches to address contaminated sites. Although application of these partnerships may be limited in scope, the key messages are that they provide an opportunity wherein both parties benefit, and that both parties were willing to consider some innovative approaches. Five different types of partnerships were used for rehabilitation of closed sites: Partnerships between Ministries. MRNF and MDDEP (Ministère de du Développement durable, de l’Environnement et Parcs) signed a cooperative agreement to assist the rehabilitation for the Sullivan and Wood Cadillac mine sites. • Partnerships with Mining Industry. — In 1996, Les Terrains Aurifères site (Barrick Gold) utilized neutral tailings from the government-owned Malartic Goldfield Mine as a component in the multi-layer dry cover placed over their acid-generating tailings.The arrangement saved the government $500 K (MEND 2.22.4, 1999). — More recently, alkaline tailings from the Agnico-Eagle Mines Goldex mine are used to rehabilitate the acid-generating tailings on the Manitou abandoned mine site. The tailings are deposited on the old Manitou tailings, and will raise the water level, which will result in an elevated water table, thus saturating the acid generating tailings. Over the 12 year life of the mine, the estimated savings are $8 million for the Québec government. • Partnerships with Forest Industry.The rehabilitation plan for the East Sullivan mine site included the placement of a cover over the acid-generating tailings. Coincidently, the forest industry needed a place to store its wood waste products. Wood waste proved to be an adequate cover, and 2-metre of wood waste was placed over the tailings. This win-win partnership cost the government $9.5 million instead of the original estimate of $30 million • Partnerships with Local Organizations.. The Eustis mine complex near Capelton in the Eastern Township is owned by a non-profit organization that wanted to develop the site as a historic and recreational area.The owners do not have the necessary funds to complete the rehabilitation of many of the acid-generating sites located on their land, which included the Albert Mine, Eustis 1, Eustis 2 and DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI Eustis 3. A partnership was formed among the organization, the government and the local paper industry, which needed a place to store their wastes. De-inking sludge produced from the paper industry was used as a cover for the 4.5 ha Albert Mine site and Eustis 1. This material in combination with a compost layer was found to be an excellent growth media. This partnership saved the government approximately $1 million in remedial costs. Partnerships with Aboriginal Peoples. In the summer of 2007, an agreement was signed to rehabilitate abandoned mining exploration sites in Northern Québec (Nunavik Region). The four partners in the agreement include the Kativik Regional Government, the Makivik Society, le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec and the Fonds Restor-Action Nunavik, a group of exploration companies that are willing to help with the rehabilitation of old abandoned properties. The agreement will ensure that by March 31, 2012, the 18 exploration sites considered top priority will be rehabilitated. Total cost for the 18 sites was estimated to be about $4 million dollars in November 2007. As of October 2008, the partners are confident that the work can be completed on time and on budget. With the agreement, the government has estimated a saving of more than $1.5 million. Ontario Ontario Ministry of Northern Development and Mines (MNDM) has been active in remediation of their abandoned mines since 1999. The Abandoned Mines Rehabilitation Program was created to allow MNDM to conduct rehabilitation work on Crown-held abandoned mine sites throughout Ontario. Funding for this program is as follows: 1999 – 2003: $27 million 2003 – 2007: $41 million 2006 – 2012: $60 million Ontario has been working on a formalized abandoned mines prioritization system. Prioritization of Ontario’s abandoned mine sites was undertaken during the 1990s, but it required upgrading. Over the last 18 months MNDM has implemented a multi-staged approach to prioritization as follows: — Every abandoned mine record now reflects all available information (i.e. from site assessment reports, tailings assessment reports, etc.) — Sites that did not require ranking were determined and set aside, including: - sites that are subject to a federal license; - sites that are covered by a closure or rehabilitation plan; - sites not under the jurisdiction the Mining Act (e.g. sites under the Aggregate Resources Act, etc.); or - sites with only shallow surface exploratory workings. A ranking of the remaining sites was completed by MNDM. The sites were classified into three categories, which were based on the size of the site and its estimat- ed cost of rehabilitation. A second round of ranking is now underway using a more objective system than that used during the 1990s. Between 2002 and 2007, $51 million has been spent on the rehabilitating the highest priority crown-held mine sites in Ontario. Industry has long signaled interest in assisting the Crown in the remediation of abandoned mine sites to demonstrate its commitment to the environment and a sense of responsibility to the community. While a MOU between the Ontario Mining Association and MNDM was a good start for leveraging funds and addressing abandoned mine hazards in the province, the Industry has indicated that more could be done to address the legacy of abandoned mine sites at no cost to tax payers if regulatory liability risk could be reduced for “Good Samaritans” in the industry that volunteer to take on the required rehabilitation. To achieve this, amendments to the Mining Act were passed in 2007 and MNDM has drafted related regulation, which was recently posted for public comment on the Environmental Registry. Once the Voluntary Reclamation (Good Samaritan) provisions are in place, persons (volunteer(s)) working on Crown-held abandoned mine sites will be able to conduct their MNDM-approved rehabilitation work without being subject to the Environmental Protection Act and the Ontario Water Resources Act regarding other pre-existing mine features and hazards on the site. However, the volunteer(s) will still be liable under that legislation if it either causes or permits a spill on, or from, the site. Reducing regulatory barriers to conduct the rehabilitation of abandoned mine hazards will benefit all Ontarians by reducing public health and safety risks, environmental impacts, and the amount of future public spending. Industry may have the expertise, technology and equipment to allow the remediation to be conducted more efficiently and cost-effectively than if Ontario was to contract the work at public expense. Several partnership agreements are in place for mine rehabilitation projects and are outlined below. MNDM and Porcupine Joint Venture have a cost sharing agreement to address mine subsidence related issues in and around the former Hollinger and McIntyre Mine sites in Timmins, Ontario. Subsidence has become more serious since dewatering of the mines ceased, and it is believed that the sand backfill has flowed and left voids in the upper workings.A major part of the problem is that the surface rights for the mine were severed and sold to private individuals, so that many of these events occur right in the community.This partnership, along with several others, is detailed in the NOAMI report “Rehabilitating Abandoned Mines in Canada: A Toolkit of Funding Options” (Cowan Minerals Ltd, 2006). MNDM and Ontario Mining Association (OMA) have cost sharing agreements in place in which funds acquired by DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 7 Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI OMA are matched by MNDM to work on OAMs of mutual interest. Since 2002, two remedial projects have been undertaken at the Kam Kotia Mine site under this agreement. British Columbia The BC Crown Contaminated Sites Branch (recently renamed the Crown Land Restoration Branch (CLRB)) was formed in response to the 2002/2003 Report from the Office of the Auditor General that was critical of management of contaminated sites in BC. Since 2001, B.C. has committed over $190 million for the management of the province’s contaminated sites, and from 2002 to 2007 CLRB spent $35 million on activities related to OAMs. While there are currently no partnership funding programs in B.C. with the mining industry, and no “Good Samaritan” programs, the work of NOAMI provides a starting point for advancing these key policy areas. CLRB manages contaminated sites for BC, assists in policy development and identification of priority sites (risk based approach). There is a contaminated sites database for crown land that is continually updated. Under the program, 21 historic mine sites were investigated, and 48 sites are under investigation. Four mine sites have been completed. A risk ranking methodology that looked at human health and environmental risk was used to prioritize the sites. Exposure pathways were examined. This method gives ranking of sites with respect to priority. For the second phase, expert practitioners are convened to confirm that those sites are high risk. For the 2008/2009, fiscal year the program has been allocated $27 million. 8 inspections and preliminary engineering work, a total of 31 sites were considered to be high hazard sites. In response, a risk-based matrix was created and a schedule was developed that will see these sites remediated by 2012. $110 million has been committed to address the issues. National and international post-mining regeneration projects The International Roundtable on the Restoration on Mining Legacy Sites (Toronto, March 2008) plans to release the results of, and a discussion paper for, an international survey on the challenges surrounding mining legacies along with the discussions at the roundtable (www.postmining.org). Regeneration was an important topic and survey results suggested a long list of examples and models of good practice in regeneration from around the world. Many of these were good examples of technical environmental solutions, few dealt with the negative social impacts. It is important to focus on the positive examples, to explore what works and why, and to determine how the lessons learned can be applied elsewhere. Local community involvement was the most important lesson learned in the cited examples, followed by partnership/stakeholder approaches and government involvement. The Roundtable report contains many examples of regeneration projects, but several high profile examples are given below. Manitoba Manitoba’s Orphaned/Abandoned Mine Site Rehabilitation Program was established in 2000 in response to the Mine Closure Regulation that Manitoba adopted in 1999. The Regulations required that environmental liabilities incurred during mining operations be financially secured to cover future remediation costs. In addition, mine closure plans and financial security must be filed and approved prior to a permit being granted for a new mine operation. The Mine Closure Regulation is currently undergoing a formal review to ensure that its requirements remain relevant and consistent with the government policies and programs. Butchart Gardens, Victoria, BC In 1904, the concept of The Butchart Gardens began with an effort to beautify a worked-out quarry site on the 130-acre estate of Mr. and Mrs. R.P. Butchart, pioneers in the manufacture of Portland Cement in Canada. Tons of top soil were brought in from nearby to line the floor of the abandoned quarry. Little by little this abandoned quarry blossomed into a spectacular garden with over 1,000,000 bedding plants in some 700 varieties used throughout the Gardens to ensure uninterrupted bloom from March through October. Close to a million people visit each year, and the gardens have grown to a world class scale and have been designated a National Historic Site. The program’s mandate is to address public safety and environmental health concerns associated with OAM sites. The program received initial funding of $2 million in order to address safety issues and identify environmental concerns at five high priority sites: Lynn Lake, Sherridon, Gods Lake, Snow Lake and Baker Patton. Environmental and risk assessments were completed at these sites by consultants retained by the Province. Inspections and identification of hazards were also completed at an additional 144 orphaned and abandoned sites. Based on these The Eden Project, Cornwall, UK The Eden Project is located in a 170-year old china clay pit near St. Austell in Cornwall, England. It is regarded as the biggest social and economic event to impact on the county for decades. Eden is an impressive example of a post-mining regeneration project with a strong socio-economic focus (www.edenproject.com). As a successful botanical visitor destination, the project is successfully growing all the world’s major crops in artificial soils and in semi-controlled greenhouse environments. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Approaches for the Remediation of Abandoned Mines and NOAMI Eden opened in March 2001 and attracted their 10 millionth visitor during the summer of 2008, generating over £839 million in the local economy in this time, and employing 450 people. Following a highly successful “social enterprise” model, the economic and social impact of Eden has been maximized by aggressively following policies of local employment and local sourcing (£10 million a year). Eden is an environmental education charity which was funded by public-private partnership (initial construction: £86 million) and other public sources (subsequent investment: £30 million) for a total of about Can $275 million. Medieval Salt Mine, Bochnia, Poland The salt mine in Bochnia in southern Poland, was built in 1248 and is still accessible today.This mine thrived for eight centuries providing significant wealth to the kings of state. Mining ceased about 17 years ago due to economic changes and depletion of resources. At that time, the mine was designated as a museum. Many benefits from the mine emerged after closure. The fascinating historical mine museum, with numerous underground tourist trails (which passes through chapels, a banquet hall, horse stables, recreational facilities and hotel-quality sleeping quarters), a sanatorium and spa has become known internationally, and attracts tens of thousands of visitors per year. Economically, the salt mine is an important sustainable income source for the city and surrounding region. Dalhalla Outdoor Concert Hall, Dalhalla, Sweden Dalhalla (www.dalhalla.se) is considered to be one of the world’s most beautiful and exotic outdoor arenas. It was rebuilt from an abandoned limestone quarry (Draggangama) to a musical stage with superb acoustics and impressive lighting effects. Mining created a natural amphitheatre, with dimensions of 400 m long, 175 m wide and 60 m deep. The first concert was held in 1993, and now people come in thousands to get the unique, magic experience from music and drama, combined with breathtaking nature. Braga Municipal Stadium – Braga, Portugal The stadium was carved off a quarry (Monte Castro) that overlooks the city of Braga. It was built in 2003 at a cost of 83.1 million Euros and seats over 30,000 people. The stadium is considered one of the most original stadiums in the world. Hypoxic Mine Track Yanahara, Japan An abandoned mine in the town of Yanahara has been converted in a running track to simulate high-altitude training. The characteristics of the mineshaft such as air tightness and the ability to maintain constant temperature and humidity levels throughout the year make this is an unique training facility. It also makes effective use of the industrial assets left behind in an abandoned mine. Conclusions The legacy of orphaned/abandoned mines, with their associated environmental liabilities, human health and safety concerns and the financial costs of clean up, is a serious issue facing Canada. Since its creation in 2002, NOAMI has addressed the problem across a number of fronts. Although much progress has been made, many challenges and opportunities exist for rehabilitation of orphaned/ abandoned mines. NOAMI members are committed to working together to seek solutions to these issues. References Cal Data Ltd. 2005. Capacity Building for a National Inventory of Orphaned/Abandoned Mines in Canada. Final report submitted to NOAMI. Posted at: www.abandoned-mines.org Castrilli, J.F. 2002. Barriers to Collaboration: Orphaned/ Abandoned Mines in Canada. Final report submitted to NOAMI. Posted at: www.abandoned-mines.org Castrilli, J.F. and C.N. Watson and Associates, 2003. Potential Funding Approaches for Orphaned/Abandoned Mines in Canada. Final report submitted to NOAMI. Posted at: www.abandoned-mines.org Castrilli, J.F. 2007. Report on the Legislative, Regulatory, and Policy Framework Respecting Collaboration, Liability and Funding Measures in relation to Orphaned/Abandoned, Contaminated, and Operating Mines in Canada. 2007. Final report submitted to NOAMI. Posted at: www.abandoned-mines.org Cowan Minerals Ltd., 2006. Rehabilitating Abandoned Mines in Canada: A Toolkit of Funding Options. Final report submitted to NOAMI. Posted at: www.abandoned-mines.org MEND 2.22.4a. 1999. Construction and Instrumentation of a Multi-layer Cover, Les Terrains Aurifères. NOAMI. 2003a. Lessons Learned on Community Involvement in the Remediation of Orphaned and Abandoned Mines – Case Studies and Analysis. Posted at: www.abandoned-mines.org NOAMI. 2003b. Best Practices in Community Involvement Pamphlet. Posted at: www.abandoned-mines.org NOAMI. 2004. Guidelines for Legislative Review. Posted at: www.abandoned-mines.org NOAMI. 2008. NOAMI Five-Year Performance Report 20022007. In progress. Popielak, R.S. and Zieba, K. 2007. Medieval Salt Mine – A Modern Tourist Attraction with an Ancient History. In: Proceedings of the Second Internation Seminar on Mine Closure. Edited by: A. Fourie, M.Tibbet and J.Wiertz. Santiago, Chile. October 16-19. pp 869-877. Tremblay, G. and C. Hogan. 2007. Experience of Canadian Partnership Programs – MEND and NOAMI. In: Proceedings of the Second International Seminar on Mine Closure. Edited by: A. Fourie, M. Tibbet and J. Wiertz. Santiago, Chile. October 16-19. pp. 43-52. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 9 Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis Catherine REID1, Pascal LESAGEL2, Manuele MARGNI1, Michel AUBERTIN3, Valérie BÉCAERT1, Louise DESCHÊNES1 1. CIRAIG, École Polytechnique de Montréal, Québec 2. Sylvatica, Québec, Canada 3. Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT, Environnement et gestion des rejets miniers - École Polytechnique de Montréal, Québec, Canada Résumé L’analyse du cycle de vie (ACV) est un outil d’analyse environnementale holistique qui permet la compilation et l’évaluation des entrants, sortants et impacts environnementaux potentiels d’un produit ou service durant tout son cycle de vie, du berceau au tombeau (c’est-à-dire de l’extraction et transformation première des ressources jusqu’à l’élimination en fin de vie, incluant les étapes de production et d’utilisation). La pertinence de l’ACV pour l’industrie minière se présente sous deux aspects. Premièrement, l’industrie minière a un rôle à jouer au niveau du développement des données d’inventaires qui permettront à la communauté ACV d’évaluer, pour des usages particuliers, les impacts environnementaux des matériaux primaires (tels les métaux) et de comparer ceux-ci avec les impacts des matériaux leur faisant compétition. Deuxièmement, l’industrie minière peut directement utiliser l’ACV pour évaluer les impacts environnementaux de ses propres activités, identifier les « points chauds » et évaluer les impacts de différentes technologies disponibles. Par exemple, les impacts environnementaux de différentes technologies employées dans l’extraction et la transformation de minéraux peuvent être comparés. Cette deuxième utilisation de l’ACV par l’industrie minière n’est toutefois pas très fréquente. Le présent article présente une telle application de l’ACV, en comparant des options de gestion de résidus miniers durant la vie de la mine et à sa fermeture. Quelques défis devant être relevés afin d’améliorer la pertinence des résultats de l’ACV dans le contexte des activités minières sont aussi présentés et discutés. Introduction Bien que les premiers travaux portant sur l’analyse du cycle de vie (ACV) aient été effectués à la fin des années 60, le développement de la méthodologie n’a réellement débuté qu’au cours des années 90. En 2002, l’ACV a été identifiée par le World Summit on Sustainable Development comme une approche scientifique utile pour établir des politiques visant l’amélioration des produits et services tout en réduisant leurs impacts sur l’environnement et sur la santé humaine. 10 L’ACV est un outil environnemental qui permet d’évaluer les impacts potentiels d’un produit ou d’un service tout au long de son cycle de vie, soit du « berceau au tombeau ». L’ACV constitue une méthode très complète, notamment parce qu’elle inclut tous les processus pertinents rattachés à la fonction fournie par le produit ou le service. Elle permet aussi de tenir compte d’une large gamme d’impacts environnementaux potentiels liés aux entrants provenant de l’environnement (p.ex. extraction des ressources) et aux sortants émis dans l’environnement (p.ex. émissions dans l’air, l’eau et le sol). L’ACV est fréquemment utilisée pour identifier les opportunités d’amélioration du profil environnemental d’un produit (par une identification des points chauds) et pour la comparaison de produits entre eux. Elle peut aussi être utilisée dans le cadre du développement des produits, de leur mise en marché et des politiques de développement (ISO 2006). Le cadre méthodologique de l’ACV a été standardisé par l’Organisation internationale de normalisation (voir la série de normes ISO 14040). Ce cadre comporte 4 étapes itératives : — Objectifs et champ de l’étude : cette étape consiste à définir le but de l’étude, les choix méthodologiques, la fonction étudiée et l’unité fonctionnelle qui en découle. Cette unité fonctionnelle est primordiale car elle permet de comparer des options alternatives sur une même base. C’est aussi à cette étape que le système de produits est précisé et que les frontières du système sont établies afin de déterminer les processus inclus dans l’étude. — Inventaire du cycle de vie (ICV) : cette étape de l’ACV comporte deux éléments très importants, soit la collecte de données et le calcul de l’inventaire. Tout d’abord, pour chacun des processus inclus dans l’étude, les informations disponibles sur les entrants et les sortants spécifiques au cas à l’étude doivent être recueillies. Les données issues des banques de données spécialisées peuvent constituer une composante essentielle de cette collecte. Ensuite, les différents entrants et sortants doivent être liés à l’unité fonctionnelle et additionnés afin d’obtenir l’inventaire du cycle de vie (ICV).Typiquement, un ICV contient des centaines de substances dont l’effet peut se faire sentir à des milliers d’endroits. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis — Évaluation de l’impact du cycle de vie (ACVI) : Afin de rendre les résultats de la phase ICV utilisables, les centaines de flux sont réduits à quelques indicateurs d’impact. Typiquement, une ACV évaluera la contribution à environ 10 à 15 catégories d’impact telles que l’extraction des ressources abiotiques, l’utilisation des terres, les changements climatiques, l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’oxydation photochimique, la toxicité humaine, l’écotoxicité et l’acidification (e.g. Udo de Haes et al., 2002). Les résultats pour chaque catégorie d’impact peuvent être combinés en un nombre plus restreint de catégories de dommages, qui incluent généralement la santé humaine, la qualité des écosystèmes et la disponibilité des ressources. Les résultats peuvent ensuite être normalisés en divisant les pointages liés aux dommages du scénario analysé par une valeur de référence, correspondant par exemple aux impacts globaux générés sur un continent particulier (qui est souvent l’Europe) ou à la contribution annuelle par habitant pour une région donnée. Plusieurs méthodes d’évaluation d’impacts ont été développées par des centres de recherche universitaires et des firmes de consultants (Udo de Haes et al., 2002). dans les bâtiments ; Petersen and Solberg, 2002). L’augmentation rapide des demandes d’information pour l’ACV oblige l’industrie minière à fournir des données récentes et de bonne qualité afin qu’elle puisse satisfaire les besoins de ses clients, tout en demeurant compétitive. — Interprétation : Cette dernière étape de l’ACV consiste à analyser les résultats, tirer des conclusions propres aux limites de l’étude, et fournir des recommandations. Dans les banques de données les plus complètes, les données minières incluent les activités suivantes : utilisation d’énergie par les opérations minières (électricité, carburant diesel, etc.); abatage par forage et sautage; production des équipements et des infrastructures (p.ex. convoyeurs, machineries et bâtiments); utilisation de produits chimiques pour les procédés d’extraction; et, de façon moins complète, la gestion et le traitement des rejets. Ces banques de données considèrent aussi les entrants provenant de l’environnement (p.ex. minerai, eau) ainsi que les émissions à l’air, à l’eau et vers le sol. Dans les banques de données moins complètes, les infrastructures minières, l’abatage, la conversion des terres, les produits chimiques et le traitement des rejets ne sont que partiellement inclus (ou exclus entièrement dans certains cas). Mais même dans les banques de données les plus complètes, certains aspects importants sont souvent absents ; mentionnons par exemple les travaux d’exploration et de développement, les pertes de minerai, ainsi que les méthodes d’extraction et de traitement. Ces composantes ont pourtant un effet important sur la nature des émissions à l’environnement (Durucan et al., 2006). L’industrie minière doit jouer un rôle de premier plan afin de fournir des données plus complètes sur ses activités, de façon à améliorer la qualité des résultats de l’ACV dans ce secteur industriel. Deux voies pour lesquelles l’ACV est pertinente pour l’industrie minière sont abordées ici. Suite à une brève mise en contexte de l’ACV pour le secteur minier, certains résultats découlant d’une étude de cas où différentes options de gestion de résidus miniers sulfureux sont comparées en utilisant l’ACV. Puis, afin de rendre l’étape d’évaluation de l’impact du cycle de vie plus pertinente pour l’industrie minière, trois éléments sont identifiés selon les besoins et défis de recherche qui y sont associés. Rôle de l’industrie minière dans le développement de données d’inventaire en ACV Les activités minières constituent une part essentielle de l’économie de plusieurs régions du globe, et les produits primaires qui en sont issus font partis de plusieurs produits d’utilisation courante dans la société. Comme l’ACV est utilisée afin d’évaluer les impacts environnementaux de ces différents produits, il est essentiel que l’industrie minière puisse produire des données associées à ses activités (i.e. extraction du minerai du sous-sol, son traitement minéralurgique et le raffinage ultérieur). Ces données permettent par exemple la comparaison des impacts potentiels de l’utilisation de deux métaux pour la fabrication d’un produit (p.ex. acier vs aluminium dans la production de véhicules ; Das, 2000) ou de l’utilisation d’autres matériaux en compétition avec des métaux (p.ex. bois vs acier pour les structures L’industrie minière n’a, à ce jour, que partiellement répondu à cette demande. Plusieurs données sur les métaux de base et le charbon sont disponibles depuis quelques années, via des associations industrielles (p.ex. International Iron and Steel Institute, European Copper Institute) ou à travers des banques de données assemblées par des groupes académiques ou gouvernementaux et des consultants (p.ex. ecoinvent, GaBi, IDEMAT et ELCD databases). En ce qui concerne les données liées aux métaux précieux, dont l’utilisation industrielle est moins répandue (tels que l’or, l’argent et le platine), elles se retrouvent aussi dans les deux banques de données les plus utilisées (ecoinvent et GaBi), mais la qualité des informations est parfois faible car elles sont basées sur des extrapolations plutôt que sur des mesures réelles. L’ACV comme outil d’aide à la décision dans le cadre des activités minières Au-delà du rôle de l’industrie minière dans l’acquisition de données d’inventaire, les exploitants miniers peuvent DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 11 Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis directement utiliser l’ACV comme instrument pour aider à la prise de décision, afin de soutenir des choix visant à minimiser les impacts environnementaux de leurs activités. Bon nombre d’initiatives ont été lancées au cours des dernières années afin d’évaluer l’utilisation de l’ACV dans le contexte de la production minière et métallifère. Parmi celles-ci, le Mining, Minerals and Sustainable Development (MMSD) Project a permis de conclure que l’ACV constitue un outil utile pour l’industrie minière, et qu’elle peut être utilisée pour mieux tenir compte des considérations environnementales lors d’une prise de décision (Stewart, 2001). Une telle utilisation de l’ACV est toutefois peu fréquente à ce jour. Seules quelques grandes compagnies minières auraient utilisé l’ACV pour la sélection de projets ou de procédés (Stewar t, 2001; Stewar t et al., 2004). Relativement peu d’études comportant une évaluation comparative des impacts environnementaux de différentes méthodes de production ont été publiées (p.ex. Giurco et al., 2000 ; Norgate and Rankin, 2000; Tan and Khoo, 2005). Bien que des initiatives aient été lancées afin d’évaluer le potentiel d’utilisation de l’ACV dans le contexte de la production de minéraux et métaux, peu de cas pratiques ont été documentés jusqu’à présent. De plus, la plupart des études ACV publiées démontrent que les efforts se concentrent essentiellement sur l’évaluation des opérations à la mine ; très peu d’emphase a été mise sur la phase d’extraction du minerai et sur la gestion des rejets (Van Zyl, 2002; Durucan et al., 2006). Par exemple, dans la banque de données ecoinvent, une des banques de données les plus complètes, la gestion des résidus miniers sulfureux comprend seulement les items qui touchent l’occupation des terres, négligeant ainsi la demande en énergie et en matériaux liée à leur gestion (pour la construction des digues par exemple) ainsi que les émissions prolongées issues des résidus (à l’effluent du parc à résidus pour le même exemple). D éve lo pp em ent 1 2* O p ération Préparation du parc à résidus 100 % des résidus dirigés au parc à résidus (ennoiement) Préparation du parc à résidus 48 % des résidus dirigés au parc à résidus (ennoiement) Construction de 52 % des résidus dirigés l’usine de remblai à l’usine de remblai * Scénario original correspondant au cas à l’étude Étude de cas : ACV de diverses options de gestion de résidus miniers sulfureux Cette section présente un exemple d’ACV réalisée afin de comparer les impacts environnementaux potentiels de différentes alternatives pour disposer de résidus miniers selon des technologies disponibles. Cette ACV, réalisée par le CIRAIG et la Chaire industrielle CRSNG PolytechniqueUQAT en environnement et gestion des rejets miniers, a permis de comparer différentes options de gestion de résidus miniers sulfureux (Reid, 2006; Reid et al., 2009), ce qui constitue une première dans cette industrie. Lorsqu’envisagée selon une perspective environnementale, la gestion des résidus miniers sulfureux vise principalement à prévenir la génération de Drainage Minier Acide (DMA) produit lorsque des minéraux réactifs sont exposés à l’air et à l’oxygène. L’oxydation des minéraux sulfureux, tels que la pyrite (FeS2), l’arsénopyrite (FeAsS) et la pyrrhotite (Fe(1-x)S), libère des ions H+ qui acidifient l’eau, favorisant ainsi la solubilisation de divers éléments potentiellement toxiques (p.ex. Aubertin et al., 2002). Les méthodes utilisées pour disposer des résidus miniers générateurs de DMA visent à limiter la disponibilité d’un ou plusieurs composants contribuant à ce phénomène, soit l’eau, l’oxygène et les sulfures de fer. L’étude de cas présentée ici porte sur la mine Louvicourt, située près Val d’Or, Québec (Canada). Il s’agit d’une opération minière souterraine qui extrayait le cuivre et le zinc. Durant l’opération de la mine, entre 1994 et 2005, 15,5 M tonnes de minerais ont été extraits, produisant 2,2M de tonnes de concentré, 13,3M de tonnes de résidus et 25M m3 d’eau de procédé. Les résidus possèdent une haute teneur en pyrite, ce qui engendre un potentiel de génération d’acide élevé. Environ la moitié des résidus ont été envoyés dans un parc à résidus de surface sous une cou- O p tions de fe rm eture du parc à ré sidus A Ennoiement B Désulfuration partielle Couverture avec effets de C barrière capillaire (CEBC) A* Ennoiement B Désulfuration partielle Couverture avec effets de C barrière capillaire (CEBC) A, B Démantèlement de l’usine de remblai et C Tableau I. Scénarios de gestion des résidus miniers évalués par l’ACV. 12 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis verture aqueuse. L’autre portion des résidus a été dirigée à l’usine de remblai où l’on retire l’excédant d’eau (par filtration) et où des liants (ciment et scories) sont ajoutés pour produire un remblai cimenté en pâte qui est envoyé dans les chantiers souterrains afin d’assurer un support aux épontes du massif rocheux. Les impacts environnementaux potentiels de cette stratégie de gestion ont été comparés à ceux d’un scénario où tous les résidus auraient été envoyés dans le parc à résidus miniers (i.e. pas de remblayage avec les résidus).Trois options de fermeture du parc à résidus ont aussi été considérées pour la fin des opérations de la mine: a) l’ennoiement perpétuel, b) la désulfuration partielle combinée à la technique de la nappe surélevée avec un recouvrement de matériaux granulaires et c) un recouvrement multicouche de type couverture avec effets de barrière capillaire (CEBC) fait de matériaux naturels suivi d’une revégétation (Aubertin et al. 2002). Les 6 scénarios sont résumés au tableau 1. Plus de détails sur cette étude sont présentés par Reid (2006). Les objectifs de l’étude étaient de dresser l’inventaire de ces différents scénarios de gestion (applicables à partir de l’étape du développement de la mine jusqu’à l’étape de post-fermeture), d’évaluer et de comparer leurs impacts environnementaux. Il s’agissait aussi de déterminer l’importance de la catégorie d’impact « utilisation des terres » souvent négligée lors de telles analyses. L’unité fonctionnelle a été définie selon l’ensemble des étapes de gestion de la production totale (pour toute la durée de vie de la mine, soit de 1994 à 2005) de résidus miniers issus de la concentration des minerais de cuivre et de zinc à la mine Louvicourt. Durant cette période, environ 15 500 000 tonnes de minerai ont été extraits et traités. Notons ici que les étapes d’extraction du minerai à la mine et de traitement minéralurgique du minerai ne font pas partie de l’étude, qui se concentre exclusivement sur la gestion des résidus miniers. Le système de produits a d’abord été divisé selon les étapes du cycle de vie de la mine, soit le développement (D), l’opération (O) et la fermeture (F) de la mine. Chacune de ces étapes est composée de plusieurs processus, incluant la production des matériaux et leur transport, le transport des équipements et de la machinerie lourde ainsi que leur opération, et la consommation d’électricité et de carburant (diesel). Pour le parc à résidus miniers, l’étape D inclus la construction des digues, et l’étape O inclus un traitement à la chaux requis pour aider à neutraliser en aval les effets dus à la présence de thiosels (qui peuvent engendrer l’acidification des eaux). Le surplus d’eau, une fois neutralisé, est dirigé par gravité vers le bassin de polissage qui agit comme bassin de rétention. En ce qui concerne l’usine de remblai, l’étape D inclus la construction de l’usine et l’étape O comprend son opération, incluant l’enlèvement de l’eau de procédé par filtration et l’addition de liants (ciment et scories) et d’une eau de mélange. L’étape de fermeture F débute à la fin des opérations de la mine et, dans les principaux résultats présentés ici, se termine 2 ans après la fin des opérations. L’option « A » consiste à garder les résidus ennoyés de manière à limiter leur contact avec l’oxygène, ce qui limite la production de DMA (p.ex., Aubertin et al., 2002). Dans l’option « B », une quantité suffisante de résidus doit être désulfurée pour construire une couverture d’une épaisseur de 1 mètre sur la surface du parc à résidus (Bois et al., 2005; Demers et al. 2008). Par la suite, la technique de la nappe surélevée est appliquée. Dans ce cas, les résidus demeurent saturés en maintenant le niveau de la nappe d’eau à une profondeur compatible avec la remontée capillaire dans les rejets; cette profondeur est d’environ 1 mètre pour les résidus de la mine Louvicourt (Ouangrawa et al., 2006). La surface du site est ensuite stabilisée par l’ajout d’une couche de matériaux granulaires de 0,3 mètre d’épaisseur. L’option « C » consiste à contrôler le niveau d’eau sous la surface du parc à résidus (comme dans l’option B) et à ajouter un recouvrement de type couverture à effets de barrière capillaire (CEBC) composé de trois couches de matériaux (du bas vers le haut) : une couche de support composée de roche stérile, une couche de faible conductivité hydraulique composée de silt et une couche de sable et gravier qui assure une protection de surface. Ce type de couverture permet de restreindre la quantité d’oxygène pouvant atteindre les résidus en raison du degré de saturation élevé de la couche de silt (Aubertin et al., 2002). La dernière étape est une réhabilitation par ensemencement avec l’ajout d’une couche de sol organique et de fertilisant, ce qui permet de limiter l’érosion et d’améliorer l’esthétique des lieux. La modélisation de l’inventaire du cycle de vie (ICV) a été réalisée à l’aide du logiciel Simapro 6.0 de Pré Consultants. Les matériaux, l’énergie et les équipements utilisés ont été définis pour chacun des scénarios. Des données spécifiques ont été collectées pour l’année 2002, considérée comme une année représentative des conditions usuelles d’opération de la mine. Ces données ont été répertoriées à l’aide de questionnaires, de visites sur le site, d’articles et d’entrevues, ce qui a permis d’identifier les différentes quantités de matériaux et d’énergie utilisés. Les données pour les étapes de développement et de fermeture ont été obtenues par des entrevues et des rapports de consultants, ainsi qu’avec l’aide d’experts du domaine minier. La banque de données ecoinvent (Frischknecht et al., 2005) a été utilisée comme source de données secondaires afin de compléter l’inventaire. Les différentes hypothèses posées durant l’élaboration de l’inventaire sont présentées par Reid (2006). Les impacts potentiels pour chacun des scénarios ont été calculés avec la méthode d’évaluation des impacts IMPACT 2002+ (Jolliet et al., 2003). Cette méthode est composée de 14 catégories d’impact : toxicité humaine (cancérigène et non cancérigène), effets respiratoires causés DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 13 Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis par les substances inorganiques, rayonnement ionisant, appauvrissement de l’ozone stratosphérique, oxydation photochimique, écotoxicité terrestre et aquatique, acidification et nitrification aquatique, eutrophisation aquatique, occupation des terres, réchauffement global, énergies non renouvelables et appauvrissement des ressources abiotiques. À l’exception de l’acidification aquatique et de l’eutrophisation aquatique, ces catégories d’impact ont été combinées en 4 catégories de dommages, soit : la santé humaine, la qualité des écosystèmes, les changements climatiques et les ressources. Les résultats présentés ici portent essentiellement sur les dommages. Les résultats d’inventaire (émissions et extractions) et les résultats pour chacune des catégories d’impact sont présentés dans Reid (2006) et Reid et al. (2009). La figure 1 présente les impacts environnementaux potentiels normalisés des six scénarios selon les catégories de dommages. La référence utilisée pour la normalisation se base sur les impacts générés par une personne pendant une année. Pour des raisons de cohérence la référence de la méthode IMPACT 2002+, qui adopte celle d’un Européen, a été retenue. Les différentes intensités de gris sur la figure 1 indiquent la contribution des diverses étapes du cycle de vie (développement, opération et fermeture du site). Globalement, les résultats des dommages pour ces trois étapes du cycle de vie indiquent qu’il serait préférable, d’un point de vue environnemental à court terme, d’envoyer tous les résidus au parc à rejets avec couverture aqueuse (scénario 1) comparativement à l’option qui consiste à retourner une partie des résidus sous terre (scénario 2). La différence entre les options n’a toutefois pas la même ampleur pour chacune des catégories de dommages. Pour les scénarios analysés ici, cette tendance est causée par les impacts associés à l’étape d’opération de la mine qui domine la réponse du système à court terme (i.e. pour une période allant jusqu’à 2 ans après la fermeture). Dans le cas des scénarios 2, les impacts de cette étape sont plus importants en raison des besoins accrus en énergie et matériaux (ciment et scories) dus à l’ajout de l’usine de remblai. Les impacts qui ne suivent pas cette tendance sont : la toxicité humaine, plutôt associée à l’effluent du bassin de polissage ; l’acidification aquatique, principalement associée aux exfiltrations du parc à résidus, et l’occupation des terres, principalement due à la surface occupée par le parc à résidus. Cette dernière catégorie domine la catégorie de dommages « qualité des écosystèmes » pour les scénarios 1, ce qui explique pourquoi la différence entre les scénarios 1 et 2 est plus faible pour ce dommage. Il faut toutefois noter ici que les solutions de remplacement pour les options sans remblayage n’ont pas été prises en compte dans cette analyse ; l’utilisation de boulons et de câbles de soutènement, par exemple, aurait aussi engendré certains impacts qui n’ont pas été considérés. Figure 1 : Impacts environnementaux normalisés cumulatifs des étapes de développement, opération et fermeture (2 ans) Les barres indiquent les impacts des scénarios 1A, 1B, 1C, 2A, 2B et 2C respectivement L’unité pers*an indique que les résultats ont été divisés par la contribution annuelle par habitant pour une région donnée, soit l’Europe de l’Ouest pour le cas échéant. 14 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis Comme il sera plus présenté plus loin, ceci ne changera toutefois pas les conclusions à long terme, qui indiquent que la réduction de la quantité de rejets entreposés en surface a un effet bénéfique sur les impacts anticipés pour une période plus longue. Les impacts de l’étape de fermeture F sont supérieurs dans le cas des scénarios 1 comparativement aux scénarios 2 pour une même option de fermeture. Ces résultats étaient prévisibles étant donné que les impacts causés par cette étape du cycle de vie sont fonction de la surface affectée et de l’effluent final ; ils sont donc réduits pour les scénarios 2. La comparaison des options de fermeture B et C montre que les émissions sont toujours supérieures pour l’option C. Ces résultats s’expliquent par le fait que l’option C comporte un recouvrement de trois couches (CEBC) alors que l’option B comprend plutôt un recouvrement d’une seule couche produit par une désulfuration partielle des résidus. L’option C requiert donc plus de matériaux et de machineries. Comparativement aux options B et C, les émissions reliées à l’option A sont beaucoup plus faibles étant donné la plus faible intensité des interventions. Après l’étape de fermeture d’une durée de 2 ans, le parc à résidus continue de générer des impacts. Il a été considéré que le parc demeure alors dans un état empêchant une renaturalisation complète du site, ce qui a pour effet de générer des impacts dans la catégorie « occupation des terres ». De plus, l’effluent final ainsi que les exfiltrations contiennent des contaminants qui sont émis dans l’environnement. Afin de prendre en compte ces impacts, les frontières temporelles ont été étendues à 100 ans après la fermeture de la mine. La figure 2 présente l’influence de l’expansion des frontières temporelles sur la qualité des écosystèmes. Tel que présenté à la figure 1, les impacts sur la qualité des écosystèmes sont légèrement supérieurs pour les scénarios 2 pour la période de fermeture de 2 ans. Toutefois, cette tendance est inversée lorsque les frontières temporelles sont repoussées au-delà de la période de 2 ans. Ce résultat indique que les activités plus intenses (d’un point de vue environnemental) découlant du remblayage souterrain peuvent être vues comme un investissement qui devient rentable après environ 10 ans pour cette catégorie de dommages (n.b. cette période pourrait être plus courte si l’on prenait en compte les impacts d’un soutènement alternatif des chantiers, comme mentionné plus haut). L’inversion de la tendance observée à plus long terme est principalement causée par les impacts de l’occupation des terres, qui contribuent grandement à la qualité des écosystèmes, et qui sont plus élevés pour les scénarios 1 selon la période couverte par l’analyse (i.e. plus le temps d’occupation augmente, plus les impacts augmentent). Les résultats montrent aussi que l’importance de la catégorie d’impact « occupation des terres » augmente à un point tel qu’elle favorise non seulement le remblayage souterrain mais aussi la technique de la CEBC (option C) pour laquelle les terres peuvent être mieux restaurées (selon les hypothèses adoptées ici). Des résultats additionnels sont disponibles dans Reid (2006) et Reid et al. (2009). Figure 2 : Impacts sur la qualité des écosystèmes cumulés et normalisés pour les étapes de développement, opération et fermeture pour une période de 100 ans. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 15 Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis Défis et besoins de recherche Amélioration de l’indicateur d’impact de l’utilisation des terres Il est reconnu que l’utilisation de terres par les activités industrielles engendre des impacts substantiels, particulièrement sur la biodiversité et la qualité des sols en tant que source et support de fonctions vitales. Plusieurs indicateurs potentiels ont été suggérés afin d’inclure les effets de l’utilisation des terres sur la biodiversité, les fonctions vitales et la production de biomasse, sans toutefois que l’application de tels indicateurs ne puisse être vérifiée dans un cadre rationnel objectif. Aucun modèle présenté à ce jour n’a permis de modéliser adéquatement les principales chaines de causes à effets et/ou d’inclure tous les impacts au niveau des dommages. Par conséquent, aucun modèle ne fait consensus pour l’évaluation des impacts de l’utilisation des terres (Mila i Canals et al., 2007). À noter que le modèle de caractérisation de l’utilisation des terres inclus dans la méthode IMPACT 2002+, et utilisé dans le cadre de l’étude de cas présentée précédemment, tient compte des impacts de l’occupation des terres sur la biodiversité seulement. La recherche dans ce domaine comporte encore plusieurs défis (pas seulement pour les applications minières). À cet égard, deux aspects doivent être considérés : i) Caractérisation des impacts de l’utilisation des terres. La définition de la consommation en relation avec l’utilisation des terres n’est pas intuitive. Contrairement aux autres types de ressources, l’utilisation des terres fait appel à la notion de qualité. Pour une activité industrielle, comme l’opération d’une mine par exemple, la qualité des terres utilisées peut être dégradée ou restaurée (à divers niveaux), dépendamment du type d’utilisation. Les effets de l’utilisation des terres sont très complexes et diversifiés. Ils peuvent affecter le potentiel de séquestration du carbone, l’évapotranspiration, la régulation de l’érosion des sols et le potentiel de régulation de l’eau, les pertes de biodiversité, etc. La plupart des initiatives à l’échelle internationale conviennent de la nécessité d’inclure la biodiversité (valeur d’existence), le potentiel de production biotique (incluant la fertilité des sols et la valeur d’usage de la biodiversité) et la qualité écologique des sols (incluant le maintien des fonctions vitales) (Mila i Canals et al., 2007). Toutefois, l’incertitude demeure quant à la façon d’identifier et de définir des indicateurs mesurables qui soient appropriés pour quantifier l’apport des terres à la qualité des écosystèmes et pour les incorporer dans une méthode opérationnelle. La communauté scientifique s’interroge aussi sur la sélection d’une situation de référence pour mesurer les impacts de l’utilisation des terres (état naturel historique ou état potentiel après relaxation, incluant l’aspect de dynamique des terres). ii) Évaluer la variabilité spatiale. Contrairement à d’autres méthodes d’évaluation des impacts, telle que l’analyse de risques environnementaux, 16 l’ACV a été développée comme une méthode d’évaluation indépendante du temps et de l’espace. Ceci ne pose aucun problème pour les catégories d’impact global, tels que le réchauffement climatique, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, etc., mais cela engendre certains problèmes pour les catégories d’impact régional comme l’utilisation des terres. Les interventions environnementales sont très variables et peuvent dépendre de facteurs tels que la qualité locale des sols, les précipitations ou d’autres éléments climatiques, et même de facteurs socioculturels comme les pratiques de gestion. Les incertitudes soulevées lorsque les cas sont comparés à des situations génériques de référence peuvent être si élevées qu’elles compromettent les résultats. Amélioration des facteurs de caractérisation de toxicité et d’écotoxicité des métaux Les ACV réalisées dans le domaine minier (p.ex. Seppälä et al., 2002; Giurco et al., 2000) ont montré que même si les résultats peuvent être utiles, la caractérisation des impacts écotoxiques potentiels pour les métaux présents dans les dépôts de rejets est un point critique qui requiert un meilleur traitement. Cette catégorie d’impact est importante dans le contexte minier, mais son utilisation demeure controversée en raison de la disparité des résultats obtenus selon les modèles disponibles et, surtout, de l’hypothèse adoptée en ACV voulant que tous les métaux présents soient mobilisés (Giurco et al., 2000). Effectivement, l’ACV évalue les impacts potentiels en supposant que la totalité des émissions contribue à l’impact environnemental et ce, sans tenir compte de la biodisponibilité de ces émissions. Par exemple, les résultats d’une ACV sur le traitement du minerai ont montré une diminution substantielle (par un facteur de plus de 5) des impacts écotoxiques potentiels par le cuivre en intégrant des données plus appropriées sur la mobilité du métal et des anions dans les résidus miniers (Giurco et al., 2000). De plus, il n’existe aucun consensus quant à la méthode de calcul des impacts écotoxiques potentiels. À cet égard, les modèles de caractérisation actuels doivent être améliorés à trois niveaux : i) La modélisation du facteur de devenir est adaptée aux substances organiques, et elle est basée sur des paramètres tels que le Kow (coefficient de partition d’une substance entre l’eau et l’octanol, utilisé pour aider à prédire le comportement d’une substance dans un milieu hétérogène comme le sol) et la biodégradation de la substance. Ces paramètres sont généralement moins pertinents pour les métaux où les transferts entre compartiments (eau, sol, air), incluant les processus de spéciation, oxydation et fixation deviennent prépondérants. ii) Les modèles d’exposition sont généralement négligés pour les écosystèmes. Cependant, dans le cas des métaux, il est important d’identifier la fraction produisant des effets DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Utilisation de l’ACV par l’industrie minière : Exemple d’application et principaux défis indésirables. En ce sens, les impacts associés aux émissions de métaux ont tendance à dominer l’analyse pour les méthodes où la totalité des métaux est considérée comme étant biodisponible. Quelques méthodes d’évaluation des impacts ont tenté de résoudre ce problème en estimant la fraction soluble des métaux dans les sols, en utilisant une valeur moyenne des coefficients de partition entre le sol et l’eau (Kd) retrouvés dans la littérature. Toutefois, la variabilité des coefficients Kd en fonction des conditions environnementales, qui est un phénomène bien connu (Sauvé et al., 2000), n’est alors pas prise en compte. Par exemple, des données provenant de 70 études ont menées à des valeurs de Kd pour le zinc couvrant une plage d’environ 5 ordres de grandeur, en raison principalement des différentes valeurs de pH. Le fait de prendre une valeur moyenne peut alors contribuer à augmenter l’incertitude sur le résultat d’impact obtenu. Dans le cadre d’analyses sur la gestion des résidus miniers, il est souhaitable d’ajuster le modèle d’exposition afin qu’il prenne en compte la fraction des métaux qui est réellement disponible et qui contribue à la production d’un effet toxique. Cette problématique fait l’objet des développements de recherche actuels en ACVI. iii) Les modèles d’effet devraient être fonction de la spéciation des métaux, bien que ça ne soit pas toujours le cas. L’utilisation de tels facteurs d’effet pourrait permettre une meilleure évaluation des impacts toxiques des métaux dans l’ACV. L’hypothèse voulant que tous les métaux se mobilisent a été appliquée lors de la réalisation de l’étude de cas sur les options de gestion des résidus miniers sulfureux ; ceci a pour effet de surestimer les impacts liés à la toxicité et l’écotoxicité. Cependant, dans ce cas précis, cette surestimation affecte relativement peu les conclusions obtenues, compte tenu du caractère comparatif de l’étude et de l’ampleur des impacts de l’utilisation des terres. L’amélioration de la représentativité des facteurs de caractérisation permettrait néanmoins d’obtenir des résultats plus précis. Meilleure intégration des aspects temporels dans l’ACV Tel qu’observé dans cette étude de cas, l’horizon temporel pour lequel les impacts sont considérés peut être déterminant. Cet aspect a été largement discuté dans la littérature sur les sites d’enfouissement, pour lesquels la lixiviation de substances (spécialement les métaux) des déchets peut survenir pendant des milliers d’années (e.g. Finnveden and Nielsen 1999). Ceci pose plusieurs défis, notamment : (1) la difficulté à prédire, avec précision, l’évolution des situations futures (p.ex. taux de lixiviation pour les émissions, durabilité et performance à long terme d’ouvrages d’ingénierie tels que les digues et les recouvrements, taux de récupération pour l’utilisation des terres), (2) l’incertitude face aux impacts des charges environne- mentales futures (p.ex. émissions, occupation des terres) qui pourraient différer des impacts produits par les charges actuelles, dans un contexte qui pourrait radicalement changer et (3) la décision subjective qui doit être prise relativement aux impacts survenant dans un futur éloigné par rapport aux impacts survenant présentement. Ces défis ne sont pas seulement techniques, mais aussi liés à l’interprétation des résultats. Conclusion Le rôle que peut jouer l’industrie minière dans l’ACV des produits dans un objectif de développement durable ne fait aucun doute. L’ACV peut être utilisée comme outil d’aide à la décision afin de minimiser les impacts d’un produit ou service. Dans ce cas, l’implication de l’industrie est essentielle afin d’obtenir des données représentatives. L’industrie minière peut aussi retirer des bénéfices directs par une utilisation de l’ACV, tel que montré dans l’étude de cas présentée ici, qui compare diverses options de gestion de rejets miniers réactifs.Trois objectifs de recherche ont de plus été identifiés pour que l’ACV soit encore mieux adaptée aux besoins de l’industrie minière, afin de générer des résultats plus significatifs. Des travaux sont actuellement en cours pour atteindre ces objectifs, et ce grâce à la participation de l’industrie minière et à la collaboration des universités. Cependant, les lacunes qui existent actuellement ne devraient pas constituer une barrière à l’utilisation de l’ACV. Dans sont état présent, la méthode ACV demeure suffisamment représentative pour fournir des informations pertinentes sur les conséquences environnementales des décisions prises par les différents intervenants de cette industrie. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier le personnel de la mine Louvicourt (Aur Ressources) pour leur aide apportée lors de la collecte des données. L’aide reçue de la part de Michel Julien (Golder Associés), Philippe Poirier (SNC) et Bruno Bussière (UQAT) a aussi été grandement appréciée. Le financement de ce projet a été fourni par les partenaires du CIRAIG (www. ciraig.org) et de la Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT (www.polymtl.ca/enviro-geremi). 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Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT en environnement et gestion des rejets miniers Résumé Les rejets de concentrateur qui ne sont pas retournés sous terre sous forme de remblais pendant l’exploitation d’une mine sont entreposés en surface dans des parcs à résidus. Ces derniers, souvent ceinturés de digues, peuvent être complexes à gérer et coûteux à restaurer. Pour leur part, les résidus entreposés sous terre peuvent être utilisés pour former des remblais miniers en pâte cimentés. Dans ce cas, les résidus sont mélangés avec un liant, et ils peuvent servir au remblayage de chantiers souterrains. Une technique analogue constitue maintenant l’une des alternatives à l’entreposage conventionnel en surface des rejets de concentrateur; on parle alors de « dépôt en pâte de surface » (DPS), ou de résidus en pâte. Les DPS sont obtenus en épaississant les rejets de concentrateur jusqu’à une consistance permettant leur transport de l’usine de fabrication jusqu’au lieu de l’entreposage. La technique des DPS offre de nombreux bénéfices potentiels, découlant entre autres du fait qu’il n’y a pas (ou peu) d’eau libre. Il n’est donc pas nécessaire de construire d’importantes digues de confinement. Un autre avantage de l’épaississement des résidus est d’augmenter la recirculation de l’eau au concentrateur. De plus, les propriétés mécaniques supérieures des résidus en pâte peuvent faciliter la gestion et la restauration du site. Les DPS pourraient aussi constituer une méthode efficace pour réduire la production de DMA, en aidant à maintenir un degré de saturation élevé dans les résidus, ce qui limite l’accessibilité de l’oxygène et, par conséquent, la génération d’eau acide. Rappelons que le DMA se produit lorsque des minéraux sulfureux sont exposés à l’eau et à l’air (oxygène). Les résidus en pâte sont habituellement déposés sans ajout cimentaire. Toutefois, des études récentes montrent que l’ajout de ciment ou d’autres amendements alcalins, peut réduire la génération de DMA par l’amélioration du comportement hydrogéochimique et géotechnique des rejets. Cet article présente, dans un premier temps, une revue sur les effets d’amendements alcalins dans les résidus miniers générateurs de DMA. Ensuite, on fera un rapprochement avec les DPS, en particulier lorsque des ajouts cimentaires sont utilisés. L’accent sera mis sur le comportement hydrogéochimique de la pâte, suite à des essais menés au laboratoire à différentes échelles. Ces différentes études issues de la littérature démontrent principalement que l’effet de l’ajout cimentaire peut être bénéfique dans certaines conditions, mais qu’il doit se faire sous certaines conditions. Des suggestions et recommandations sont proposées comme suite à cette étude sur l’utilisation de ciment dans les DPS. Abstract Tailings that cannot be returned underground as backfill during the mining operation are deposited at the surface, generally in tailings ponds. These structures, often surrounded by large embankments, can be difficult to manage and costly to restore.When tailings are used as cemented paste backfill destined to backfilling underground stopes, they are mixed with a binder. One of the alternatives to conventional surface storage of tailings is the disposal of these materials in a paste-like consistency, known as surface paste tailings (SPT). SPTs are obtained by thickening the tailings to a pulp density that still allows transportation to the storage location. SPTs are typically deposited without any amendments. However, cement or other alkaline amendments can be a solution to prevent generation of acid mine drainage (AMD), and to improve the hydrogeochemical and geotechnical performance of the tailings. Surface disposal of paste tailings has many advantages, as there is little or no free water, which, for instance, may limit the need to build large containment embankments. Another advantage of thickening tailings is increasing water recirculation to the process plant. The mechanical properties of the paste tailings can also simplify site restoration. In certain conditions, SPTs could constitute an efficient way of reducing AMD due to their capacity to maintain a high saturation level, thus limiting oxygen ingress and consequently the generation of acidic water. Let us recall that AMD occurs when sulphide minerals are exposed to water and air (oxygen).This presentation first reviews the effects of alkaline amendments in AMD-generating mine tailings. It then compares them to SPTs, with a focus on binder addition to these materials. The hydrogeochemical performance of the surface paste tailings is presented at two laboratory scales: column and physical DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 19 Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte intermediate model. The results of these studies found in the literature show that adding cement can be beneficial under certain conditions but that it must be carried out according to certain specifications. Suggestions pertaining to the use of cement in SPTs are also discussed. 1 - Introduction L’industrie minière, importante pour les économies de nombreux pays (comme le Canada), génère une importante quantité de rejets minéraux solides. On peut les classer en deux principales catégories : — les roches stériles : fragments de roches de granulométrie étalée (de grossière à fine) représentant la partie sans valeur de la roche extraite ; elles sont généralement stockées dans des haldes à stériles ; — les rejets de concentrateur : minerai finement broyé, dont on a extrait les substances à intérêt économique. Une partie des rejets miniers peut être renvoyée sous terre, sous forme de remblais cimentés, rocheux, hydrauliques ou en pâte, pour remblayer des chantiers souterrains et servir de support de terrain (e.g. Hassani et Archibald, 1998; Benzaazoua et al., 1999; Benzaazoua et al., 2002). Le reste doit être entreposé en surface. Le principal problème environnemental lié au stockage de surface des rejets de concentrateur et des roches stériles issus des exploitations métallifères (métaux de base et métaux précieux) est la contamination du drainage minier. Il peut alors s’agir d’un drainage neutre contaminé (DNC) ou d’un drainage minier acide (DMA), comme illustré par l’exemple de la Figure 1. Le DMA se forme lorsque des minéraux sulfureux acidogènes (pyrite, pyrrhotite, chalcopyrite, etc.) sont exposés à l’eau et à l’air. L’oxydation libère alors de l’acidité dans le milieu, favorisant ainsi la mise en solution des métaux lourds solubles à bas pH. La production de DMA peut être atténuée par les carbonates (et autres minéraux acidivores), qui se dissolvent pour neutraliser l’acidité produite. Une fois le potentiel de neutralisation épuisé, le DMA prend place et le milieu s’acidifie (Aubertin et al., 2002a). La pyrite est le sulfure le plus commun dans les résidus miniers. Les équations ci-dessous présentent les réactions d’oxydation de ce minéral (Kleinman et al., 1981). La pyrite peut s’oxyder en présence d’eau et d’oxygène (eq.1). Le Fe2+ produit peut ensuite s’oxyder en Fe3+ (eq.2). Pour un pH supérieur à environ 4,5, le Fe3+ précipite sous forme d’hydroxyde (eq.3). À bas pH, le Fe3+, qui demeure en solution, peut oxyder la pyrite sans dioxygène (eq.4). 2 Fe 2+ + 4SO42 + 4 H + [ eq. 1] 2 FeS 2 + 7O2 + 2 H 2 O 2 Fe 2+ + 12 O2 + 2 H + 3+ Fe + 3H 2 O FeS 2 + 14 Fe 3+ + 8H 2 O 2 Fe 3+ + H 2 O [ eq. 2] Fe(OH ) 3 + 3H + [ eq. 3] 15Fe 2+ + 2SO42 + 16 H + [ eq. 4] À la lumière de ces équations, on constate que l’on peut contrôler la production initiale de DMA (éq. 1) en limitant la disponibilité de l’oxygène et/ou de l’eau, de façon à empêcher l’oxydation directe des sulfures contenus dans les rejets miniers. On peut aussi utiliser des matériaux alcalins (principalement les carbonates) pour neutraliser, au moins temporairement, l’acidité intrinsèque associée au DMA (e.g. Aubertin et al., 2002a). Figure 1 : Photographies d’un parc à résidu abandonné affecté par la production de drainage minier acide et de ses environs (Abitibi-Temiscamingue, Québec) 20 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte On distingue cinq approches principales pour aider à prévenir ou à contrôler la formation de drainage minier acide (SRK, 1989; Aubertin et al., 2002a) : — Élimination de l’action des bactéries : certaines bactéries, comme les Thiobacilles, peuvent augmenter très fortement le taux de production du drainage minier acide (e.g. Nordstrom, 2000). L’utilisation de bactéricides peut permettre de réduire temporairement la vitesse de formation de DMA, sans pour autant arrêter définitivement le processus; — Conditionnement des résidus miniers : il est, par exemple, possible de retirer les sulfures des résidus de concentrateurs par des techniques de concentration. La flottation a été utilisée avec succès, permettant une désulfuration environnementale efficace et économique (Bussière et al., 1995; Benzaazoua et al., 2000; Benzaazoua et al., 2008). On obtient alors un résidu non générateur d’acide et un concentré de sulfure que l’on peut retourner sous terre sous forme de remblais. Cette technique est par exemple utilisée à la mine Kemess en ColombieBritannique, où les résidus ainsi désulfurés peuvent alors être utilisés comme matériaux de construction pour les digues de parc à résidus (Strogan et al., 2004). Une autre technique consiste à passiver la surface des grains de sulfures en incorporant une substance (comme par exemple des phosphates, des silicates ou des molécules organiques), qui réagit avec les sulfures et forme ainsi une couche protectrice (complexe métallique stable) qui empêche l’oxydation (e.g. Evangelou, 2001; Sorrenti, 2007); — Exclusion de l’eau : une barrière étanche (géomembrane, géocomposite bentonitique, couche d’argile compactée, etc.) peut permettre d’empêcher les infiltrations d’eau et, donc, la formation de DMA ainsi que le transport d’éventuels contaminants (e.g. Gulec et al., 2005; Lupo et Morrison, 2007). Cependant, une telle infrastructure ne peut être mise en place qu’à la fermeture du parc à résidus et peut être difficile à gérer à long terme. L’exclusion de l’eau est une approche plus intéressante sous des climats arides où l’utilisation des effets de barrière capillaire peut permettre d’empêcher l’infiltration d’eau à court et long termes (Zhan et al., 2001; Aubertin et al., 2006); — Exclusion de l’oxygène : une méthode couramment utilisée pour gérer les résidus miniers est de les stocker dans un parc à résidus, sous une couverture aqueuse, afin de les priver d’oxygène (e.g. Romano et al., 2001; e.g. Vigneault et al., 2001; Peacey et al., 2002). L’efficacité de cette technique repose sur le fait que la solubilité de l’oxygène dans l’eau est relativement faible, et que son coefficient de diffusion effectif dans l’eau est environ 10 000 fois plus faible que celui dans l’air. Il est possible de déposer les résidus frais directement dans l’eau (dépôt subaquatique) ou bien d’ennoyer les résidus après la vie de la mine (ce qui peut demander un ajout de matériaux neutralisants au préalable). Une autre méthode d’exclusion de l’oxygène consiste à construire, suite à la fermeture du parc à résidus (ou d’une de ses sections), un recouvrement multicouche fait de matériaux naturels, dont une couche demeure saturée en eau (grâce aux effets de barrière capillaire), afin d’empêcher l’oxygène d’atteindre les résidus (e.g. Bussière et al., 2003). Enfin, il est également possible de combiner le contrôle de la position de la nappe phréatique avec un recouvrement monocouche pour limiter la migration de l’oxygène; ce concept est appelé méthode de la nappe perchée (ou surélevée). La saturation des rejets limite alors la diffusion de l’oxygène et, par le fait même, la génération de DMA (e.g. Ouangrawa, 2007 ; Demers, 2008). Le stockage subaquatique, la méthode de la nappe perchée et les recouvrements multicouches s’utilisent surtout en climats humides; — Neutralisation : il est possible de maintenir le pH de l’eau interstitielle des résidus au dessus (ou près) de la neutralité, en y ajoutant des matériaux alcalins comme de la chaux ou de la pierre calcaire. En général, il s’agit d’une méthode de contrôle temporaire, qui doit être répétée périodiquement. Dans la plupart des cas, les rejets de concentrateur sont stockés dans des parcs à résidus « conventionnels ». L’utilisation de parcs à résidus nécessite souvent la construction d’importantes digues. Les résidus y sont déposés sous forme de pulpe (avec un pourcentage solide entre 25 et 45 % ; (Aubertin et al., 2002a; Bussière, 2007). Une fois drainés, les résidus réactifs sont exposés à l’air et peuvent alors générer du DMA. Les digues de retenue sont des ouvrages assez complexes et coûteux à construire et à entretenir, surtout si la topographie n’est pas favorable (Bois et al., 2005). De plus, les propriétés hydrogéotechniques des rejets de concentrateurs (ex. : teneur en eau très élevée) peuvent, dans certains cas, favoriser l’apparition de problèmes de stabilité à long terme. De nombreux incidents majeurs relatifs aux digues de parcs à résidus miniers ont d’ailleurs été recensés au fil des ans (Aubertin et al., 2002b ; W.I.S.E., 2006). Il est possible d’ajouter des amendements aux rejets pour réduire l’impact environnemental du dépôt. On peut aussi ajouter des amendements comme traitement préliminaire, avant de restaurer un parc à résidus qui a été exposé pendant une longue durée. En effet, le DMA présent dans les résidus peut, s’il n’est pas neutralisé, entretenir la réactivité des rejets même après la mise en place d’une barrière à l’oxygène. La présence de fer ferrique (éq. 4) et la catalyse bactérienne peuvent, dans ce cas, entretenir le phénomène pendant de nombreuses années (Bussière et al., 2005; Gleisner et al., 2006). La neutralisation avant la restauration vise à réduire l’activité bactérienne et à faire précipiter le fer ferrique. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 21 Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte Dans ce papier, qui se veut une synthèse de la littérature, nous allons approfondir la notion de l’utilisation d’amendements alcalins pour lutter contre le DMA dans les parcs à résidus, avant d’aborder plus spécifiquement la technique de déposition en surface des résidus miniers en pâte (DPS). Enfin, l’utilisation possible d’amendements alcalins, principalement des ajouts cimentaires, combinée avec la méthode DPS, sera discutée. 2 - Stockage en surface amendements alcalins Une des techniques couramment utilisées pour lutter contre la formation du DMA dans les résidus miniers est l’utilisation d’amendements alcalins (e.g. Lapakko et al., 1997; Mehling et al., 1997; Skousen et al., 1998; Lapakko et al., 2000; Barrie et Hallberg, 2005). Cette technique, qui consiste à mélanger les résidus générateurs de DMA avec des matériaux alcalins, ne vise pas à arrêter l’oxydation des sulfures, mais à l’atténuer et à neutraliser les eaux de drainage. Les carbonates de calcium (et de magnésium, dans une moindre mesure) sont les matériaux les plus communément utilisés comme amendement alcalin (e.g. Lapakko et al., 1997 ; Mylona et al., 2000). Cependant, le calcaire est une ressource coûteuse, et son efficacité peut être limitée dans le temps par sa faible solubilité et le développement d’une couche d’hydroxydes sur les surfaces, suite aux réactions de neutralisation (Skousen, 2001; Pérez-López et al., 2007). D’une manière générale, les matériaux cimentaires, qu’ils soient des sous-produits industriels ou non, peuvent être utilisés pour leurs effets alcalins pour lutter contre le DMA (pour plus de détails, voir Nehdi et Tariq, 2007). Comme les matériaux utilisés pour l’amendement devraient être efficaces et économiques, des sous-produits industriels peuvent s’avérer une alternative intéressante. Parmi ces sous-produits, on retrouve les cendres volantes produites par la combustion du charbon dans les centrales électriques (Doye, 2005; Pérez-López et al., 2005; Bertocchi et al., 2006; Pérez-López et al., 2007;Yeheyis et al., 2008). Les cendres volantes augmentent le pH, réduisent la teneur en sulfates et immobilisent les métaux lourds in situ (e.g. Pérez-López et al., 2007). L’addition des cendres volantes aux résidus miniers réduit, voire même arrête, l’oxydation de la pyrite en l’encapsulant par la précipitation du fer sous forme de ferryhydrite sur sa surface (Pérez-López et al., 2005). Cependant, Pérez-López et al. (2007) constatent que la capacité des cendres volantes à retenir les métaux diminue quand le pH est plus faible, ce qui peut causer un relargage. Les poussières de four de cimenterie (CKD Cement Kiln Dusts) produites lors de la fabrication du ciment portland peuvent aussi être utilisées comme amendement pour lutter contre le DMA (Mehling et al., 1997; Lapakko et al., 2000; Doye, 2005). Elles réduisent plus efficacement 22 l’acidité que la pierre calcaire broyée, vraisemblablement en raison de (1) la finesse des grains, (2) de la dissolution de l’arcanite couplée à la précipitation de l’ettringite générant de l’alcalinité et (3) de la grande réactivité de la chaux (CaO) qui, après sa dissolution, permet l’obtention d’un pH de 12,4 (Mehling et al., 1997, Duchesne et Reardon, 1998). Bellaloui et al. (1996) ont utilisé les CKD comme produit d’amendement (mélangés à la couche supérieure des résidus) et de recouvrement des résidus miniers. Ils ont constaté, au laboratoire et sur le terrain, que l’hydratation des CKD en couver ture conduit à la formation d’une couche peu perméable qui empêche la diffusion de l’oxygène aux résidus amendés sous-jacents. L’efficacité de cette couche à long terme n’a pas été validée. Le caractère alcalin des CKD mélangés aux résidus générateurs du DMA induit une augmentation du pH, aboutissant à une réduction de la lixiviation des métaux. Les boues rouges sont des sous-produits alcalins de l’industrie de l’aluminium. Leur ajout aux rejets de concentrateur potentiellement générateurs de DMA peut engendrer une neutralisation de l’acidité à court terme, mais leur efficacité à plus long terme est incertaine (Doye et Duchesne, 2003). Paradis et al. (2007) ont démontré que l’ajout de saumures (salinité de 33 %) aux boues rouges permet une neutralisation de l’acidité à plus long terme. En plus de leur capacité de neutralisation, les boues rouges possèdent une grande capacité de rétention des métaux par adsorption, ce qui est vraisemblablement lié aux quantités importantes d’oxydes et d’hydroxydes de fer et d’aluminium qu’elles contiennent (e.g. Bertocchi et al., 2006). Cependant, il n’est pas fait mention de la stabilité à long terme des métaux contenus originellement dans les boues elles-mêmes. L’utilisation de barrières réactives perméables en BauxsolTM (produit commercial à bases de boues rouges) semble être efficace pour lutter contre le DMA, et retenir efficacement plusieurs métaux (Munro et al., 2004). L’addition de boues alcalines de l’industrie papetière aux résidus miniers peut aussi être une alternative envisageable. Cela permet d’augmenter l’alcalinité et le pH, de réduire l’activité bactérienne et la lixiviation des métaux lourds ainsi que d’immobiliser ces derniers (Chtaini et al., 1996a; Chtaini et al., 1997). Une étude sur le terrain, au moyen de cellules expérimentales (Chtaini et al., 1996b), a démontré que l’incorporation de boues alcalines aux résidus et leur mise en place sous forme de couverture pourrait permettre de contrôler le DMA. Les phosphates peuvent aussi être utilisés comme amendement pour la stabilisation in situ des métaux lourds dans les sols contaminés. Ils permettent la précipitation (par complexation) de minéraux phosphato-métalliques ayant une faible solubilité. Même s’ils ne sont pas typiquement utilisés pour leurs effets neutralisants, ils peuvent être uti- DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte lisés pour la stabilisation des métaux lourds dans les résidus miniers, souvent en complément d’un amendement alcalin. Une étude menée par Eusden et al. (2002) avait pour but d’évaluer l’utilisation de phosphate et de chaux pour stabiliser des résidus produits par une mine du Colorado. Cette étude a démontré qu’il se forme diverses phases phosphato-métalliques, ce qui tend à réduire fortement la concentration des métaux lourds dans l’eau interstitielle (principalement Pb2+, Zn2+, Cd2+, et Cu2+). Les phosphates précipitent aussi le fer ferrique (Fe3+) sous forme de phosphates de fer, ce qui mène à la réduction de l’oxydation indirecte de la pyrite par le Fe3+ (Evangelou, 1995; Skousen et al., 1998; Barrie et Hallberg, 2005). La neutralisation de l’acidité par la dissolution des minéraux alcalins conduit généralement à la formation de phases minérales secondaires (sulfates, carbonates, hydroxydes), qui immobilisent les métaux dissous par co-précipitation ou adsorption (Lapakko et al., 1997; Bertocchi et al., 2006 ; Pérez-López et al., 2007). Ces minéraux secondaires, essentiellement des hydroxydes, précipitent souvent à la surface des sulfures générateurs de DMA, ce qui peut aboutir à leur passivation (Lapakko et al., 1997). Avec certains amendements, comme les cendres volantes et les poussières de cimenterie, la précipitation de minéraux secondaires (comme le gypse, l’aragonite, la jarosite et les hydroxydes de fer) favorise la formation d’une couche dure (hard pan). Cette couche joue le rôle d’une barrière contre l’infiltration de l’eau et la diffusion de l’oxygène, qui sont les deux principaux agents d’oxydation des sulfures (Blowes et al., 1991; Schippers et al., 1998; Pérez-López et al., 2007 ;Yeheyis et al., 2008). Pour que la barrière soit efficace, il faut qu’elle soit continue sur toute la surface des résidus sous-jacents. Pour qu’un amendement soit efficace, il faut qu’il soit mélangé aux résidus miniers dans des proportions optimales pour assurer une neutralisation de l’acidité à long terme. Il faut également que les phases secondaires soient chimiquement stables pour assurer une immobilisation in situ des métaux à long terme (Mehling et al., 1997; Doye, 2005). De façon pratique, l’amendement peut être réalisé sur le terrain à l’aide de machinerie d’épandage et de retournement (scarification) des sols, ou d’un engin de mélange en chantier, pour assurer des bons mélanges à la surface des tas de résidus. La technique d’incorporation des matériaux alcalins aux résidus et la machinerie doivent être choisis pour assurer un amendement optimal et efficace. d’années comme une alternative aux remblais hydrauliques ou rocheux pour le remplissage des chantiers miniers souterrains (e.g. Hassani et Archibald, 1998). Cette méthode consiste à épaissir, puis à filtrer les rejets de concentrateur, dont la densité de pulpe massique initiale varie typiquement entre 15 et 35 %, jusqu’à une densité d’environ 80-85 %. On obtient alors un gâteau de filtration. L’eau récupérée pendant l’épaississement et la filtration peut être réutilisée par la mine comme eau de procédé. Le gâteau de filtration est alors mélangé avec du liant et une eau de mélange, pour obtenir un matériau ayant la consistance d’une pâte, avec une densité de pulpe d’environ 75 % (proportion de solide sur la masse totale). Ce pourcentage solide peut varier selon les propriétés du résidu (granulométrie, densité des grains, minéralogie…) La pâte ainsi obtenue est envoyée sous terre. La quantité de ciment ajoutée varie usuellement entre 2 et 7 %, selon le type d’utilisation que l’on désire en faire (i.e. chantier secondaire, chantier primaire ou bouchon). Le transport de la pâte se fait par pompage ou par gravité jusqu’aux chantiers souterrains. Les chantiers remblayés peuvent alors servir comme support de terrain et permettre d’optimiser l’extraction du minerai. La très grande majorité des études menées sur les RMPC s’orientent donc vers les problèmes liés à la résistance mécanique (e.g. Benzaazoua et al., 2004a; Benzaazoua et al., 2004b; Revell, 2004; Fall et al., 2005; Belem et al., 2007) et sur les pressions exercées par le remblai sur les parois des chantiers et sur les barricades (e.g. Aubertin et al., 2005; Li et al., 2005). Depuis une décennie, alors que les exigences et les normes environnementales continuent à se resserrer, certaines entreprises minières ont proposé d’utiliser ce processus d’épaississement et de filtration des résidus pour entreposer les résidus en surface sous forme de pâte (dépôt de pâte en surface - DPS). Le but principal est de créer un dépôt homogène et autoportant de résidus en pâte permettant le recyclage d’une grande partie de l’eau en eau de procédé. 3 - Dépôt de pâte en surface Robinsky (1975) a été le premier à proposer de diminuer la teneur en eau des résidus de concentrateur, afin d’augmenter la densité de pulpe en vue d’une déposition en surface. Cela permet de réduire la ségrégation des particules, de mieux contrôler les tassements et de limiter les risques d’instabilités. On parle alors de « résidus densifiés ». Les RMP appartiennent à cette catégorie. Il existe une terminologie généralement admise pour décrire les résidus miniers selon leur teneur en eau (Jewell et al., 2002; Crowder, 2004; Martin et al., 2006) : Présentation de la méthode La technique des remblais miniers en pâte cimentée (RMPC) a fait son apparition il y a plus d’une vingtaine — Résidus en suspension : Quand les résidus n’ont pas été densifiés (ce qui est le cas avec la méthode conventionnelle de déposition), leur teneur en eau est élevée. La densité de la pulpe (P) est généralement inférieure à 45 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 23 Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte %. Pour les rejets en suspension, il existe une vitesse d’écoulement critique en dessous de laquelle on observe une ségrégation avec sédimentation des particules solides. Les résidus en suspension (slurry) sont déposés dans des parcs à résidus « conventionnels » ; — Résidus épaissis : ils ont une densité de pulpe P généralement entre 45 et 70 %. Ils présentent toujours une vitesse d’écoulement critique, mais la sédimentation se fait sans ségrégation des particules. Les résidus épaissis (thickened tailings) peuvent être utilisés pour l’entreposage en surface. — Résidus en pâte (paste tailings) : pour ces rejets, la valeur de P est entre 70 et 85 %. Ils ne montrent théoriquement plus de vitesse critique d’écoulement. On ne constate donc aucune ségrégation ni sédimentation pendant le transport. On n’observe pas non plus, théoriquement, d’eau de suintement après le dépôt. Ce matériau peut être utilisé pour le dépôt en surface (DPS) ou pour le remblayage souterrain (RMPC). — Résidus filtrés : dans ce cas, la valeur de P est supérieure à 85 %. On parle aussi de « gâteau de filtration ». Cette technique est parfois utilisée pour l’entreposage des résidus en région aride ou nordique. Les résidus filtrés sont Figure 2. Schéma synthétique illustrant le procédé de fabrication de résidus en pâte pour une mine utilisant le dépôt de résidus en pâte en surface et le remblai minier en pâte cimenté. 24 alors transportés par camion ou par convoyeur ; on parle alors de l’empilement à sec (dry stacking), comme c’est le cas à la mine Raglan (Canada), où l’on profite du pergélisol pour réduire la réactivité des sulfures (Bussière, 2007). En ce qui concerne les différents usages des résidus en pâte, la terminologie utilisée dans la littérature est particulièrement variable. Nous proposons la terminologie suivante en langue française : — « Résidus miniers en pâte (RMP) », cimentés ou non, pour désigner le matériau, — « Remblais miniers en pâte cimentés (RMPC) » pour l’utilisation en souterrain, — « Dépôt en pâte en surface (DPS) » pour l’entreposage des résidus miniers en surface sous forme de pâte, cimenté ou non. Bien que peu d’études portent encore sur les DPS, de nombreux bénéfices lui sont associés (e.g. Newman et al., 2001; Cadden et al., 2003; Benzaazoua et al., 2004c; Landriault et al., 2005) : (i) il n’y a que peu ou pas d’eau libre et les résidus ont une meilleure résistance mécanique (que les résidus conventionnels), ce qui réduit la taille des digues de confinement des résidus et de rétention d’eau; (ii) la filtration facilite la récupération et la réutilisation de l’eau; (iii) la technique pourrait aider à réduire la production de drainage minier acide, en améliorant les propriétés hydriques des résidus , (iv) la création d’un relief positif qui facilite la gestion de l’eau (v) facilite la restauration du site et permet de faire une restauration progressive. L’ajout de liant, en faible proportion, pourrait entraîner d’autres avantages ; (vi) amélioration de la capacité de rétention d’eau; (vii) amélioration des propriétés mécaniques en ajoutant une cohésion aux résidus; (viii) réduction de la conductivité hydraulique saturée suite à une baisse de la porosité effective; (ix) augmentation du potentiel neutralisant en présence de ciment et d’autres agents liants; et (x) amélioration de la stabilisation des contaminants par fixation dans la matrice. D’un point de vue environnemental, on croit que les résidus en pâte cimentés devraient rester à un haut degré de saturation en eau (e.g. Ouellet et al., 2006) et, ainsi, ralentir la diffusion d’oxygène dans le milieu (et, donc, l’oxydation des minéraux sulfureux, car la diffusion de l’oxygène est beaucoup plus lente dans l’eau que dans l’air). La figure 2 montre un exemple synthétique de schéma de procédé pour une mine qui utilise le dépôt de résidus en pâte en surface et le remblai minier en pâte cimenté. Exemple de Bulyanhulu La mine de Bulyanhulu (Tanzanie) est une des premières opérations minières à avoir utilisé à grande échelle la technique des dépôts de pâte en surface (voir Figure 3). Dans ce cas, aucun agent liant n’est ajouté aux résidus. La pâte est déposée à partir de tours de déversement à un pourcentage solide de 73 %, ce qui correspond à un affaissement de 250 mm au cône d’Abrams (Le cône d’Abrams est un accessoire utilisé habituellement pour mesurer la DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte Figure 3 : Photographie montrant le DPS à la mine de Bulyanhulu, Tanzanie (Octobre 2004, photo Vincent Martin). consistance des bétons, ici utilisé pour mesurer la consistance de la pâte). La pente du dépôt (loin des tours de déversement) est de l’ordre de 5 degrés. De nombreuses fentes de dessiccation sont observées à la surface du dépôt à mesure que les couches sont déposées, surtout en période sèche. Au début du dépôt, il a été déterminé que le cycle de déposition idéal était d’une couche tous les 5 jours ; chaque couche ayant une épaisseur maximum de 30 cm (Theriault et al., 2003). Le cycle de déposition permet d’optimiser le drainage et la dessiccation, ce qui augmente la résistance mécanique du dépôt sans affecter indûment la désaturation en surface. La pâte offre ainsi une bonne résistance à l’oxydation et à l’érosion éolienne (Theriault et al., 2003). Les observations visuelles sur le site montrent que, lorsque la pâte est localement fissurée, elle tend à se désaturer, le taux d’oxydation augmente significativement. Cela peut amener à la formation de DMA. Sur le site, on observe aussi que la teneur en eau de la pâte ne dépend pas de la distance à partir du point de décharge, du moins à court terme, mais elle peut varier avec la profondeur : la teneur en eau au milieu d’une couche est habituellement plus grande qu’à la surface (Theron et al., 2005). Le contrôle de la géométrie de la surface du dépôt est un paramètre important pour la gestion des eaux de ruissellement. La géométrie de la surface peut être contrôlée en orientant la déposition des résidus vers des zones voulues, à partir des tours de déversement (Shuttleworth et al., 2005). 4 - Ajouts cimentaires L’ajout de liant dans les RMPC ser t principalement à améliorer les propriétés géotechniques. Pour les DPS, les liants peuvent être utilisés pour leurs effets alcalins, mais aussi pour modifier les propriétés géotechniques et hydrogéologiques de la pâte afin d’améliorer ses performances environnementales. Il n’existe pour l’instant que très peu d’études publiées (e.g. Verburg et al., 2003; Kwong, 2004; Deschamps et al., 2007; e.g. Deschamps et al., 2008) sur les DPS et leur comportement environnemental. Cependant, comme nous le verrons par la suite, certaines études sur les RMPC peuvent nous informer sur le compor tement environnemental des DPS cimentés. Par exemple, les phénomènes de cimentation qui sont à la base de l’amélioration des capacités mécaniques de la pâte peuvent aussi être responsables de la diminution de sa conductivité hydraulique et de la modification de sa porosité. Hydratation des liants dans les RMPC Il est important de préciser que l’hydratation du ciment ajouté à des résidus miniers en pâte présente plusieurs différences avec une hydratation classique, bien documentée, comme dans le cas des mortiers et bétons (Benzaazoua et al., 2004a) : (i) dans les remblais, l’hydratation se fait dans des conditions saturées ; (ii) le rapport eau/ciment y est plus important (>5 contre <0,5 dans les mortiers/bétons) ; (iii) la précipitation des phases secondaires y joue un rôle plus important dans le durcissement, au détriment de l’hydra- DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 25 Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte tation directe du clinker. En effet, dans une première étape, on observe une importante dissolution des anhydres (jusqu’à 20 %), puis il y a précipitation lorsque l’eau des pores atteint la saturation. De nombreux paramètres agissent sur la cimentation dans les RMCP, et il est très risqué de généraliser dans ce domaine. Un des paramètres les plus importants semble être la teneur en sulfate de l’eau, elle-même liée (en partie) à la teneur en sulfure du rejet. Benzaazoua et al. (2002) ont remarqué que le remblai à base de résidus très sulfureux (32 % de soufre) présentait de mauvaises performances mécaniques avec les ciments à base de laitier de haut-fourneau pour une période de cure de 180 jours ou plus. Un mélange de ciments Portland de type 10 et de type 50 permet d’atteindre de bonnes performances mécaniques avec ce même rejet. En effet, dans le cas de RMPC à base de rejets sulfureux, on peut observer une dissolution des phases calciques des hydrates de ciment et la formation de phases gonflantes (attaque sulfatique) ; tout cela a comme effet d’altérer la durabilité du remblai (Benzaazoua et al., 1999). L’eau de gâchage peut aussi avoir son influence (Benzaazoua et al., 2002; Ouellet et al., 2004). Elle peut notamment jouer comme retardateur de prise si elle est riche en sulfates, comme peut l’être, par exemple, une eau de procédé minier, mais elle peut aussi contribuer à la résistance mécanique par la précipitation de sulfates calciques dans un système poreux encore non complètement durci (Benzaazoua et al., 2004a). Influence des liants sur les propriétés hydrogéotechniques des RMPC Belem et al. (2001) ont observé la microstructure et ont quantifié la diminution de la taille des pores entre le résidu seul et la pâte cimentée, obtenue avec l’ajout de 5 % de ciment, sur des échantillons de RMP préparés en laboratoire, en utilisant la porosimétrie d’intrusion au mercure (PIM). Ces changements dans la porosité influent sur la perméabilité du matériau : lors de la cure de la pâte cimentée, la diminution de la conductivité hydraulique saturée se fait très rapidement et se stabilise après 7 jours de cure. La pression d’entrée d’air augmente graduellement sur une période plus longue et se stabilise après environ 14 jours. Cependant, l’ajout d’une faible quantité de liant (moins de 2 %) à un DPS peut aussi, paradoxalement, faire augmenter la porosité finale totale du matériau (Deschamps et al., 2008). Il semblerait en effet qu’une petite quantité de liant réduise très fortement le tassement durant la cure (par rapport au matériaux non cimenté), sans pour autant remplir la porosité de manière significative. Godbout (2005) s’est intéressée aux propriétés hydriques (conductivité hydraulique saturée ou ksat et courbe de rétention d’eau [CRE]) de remblais miniers en pâte cimentés au cours de la cure. Les essais en laboratoire ont démontré que, de manière générale, la valeur de ksat diminue et la capacité de rétention d’eau s’améliore pendant la cure; le changement dépend alors de la quantité et du 26 type de ciment ajouté au remblai. La plus forte réduction de ksat a été obtenue en ajoutant 4,5 % de liant (composé de ciment Portland type 10 à 20 % et de laitier à 80 %); cette réduction était de plus d’un ordre de grandeur (par rapport aux rejets non cimentés) après 28 jours de cure. L’ajout de liant permet aussi d’améliorer les propriétés de rétention d’eau de la pâte, notamment en augmentant sa pression d’entrée d’air et la teneur en eau résiduelle. Cette évolution peut être très différente selon le type de liant utilisé (Godbout et al., 2004). Influence des liants sur la réactivité des RMPC En modifiant la porosité, l’ajout de liant influence aussi la diffusion et la consommation de l’oxygène et, donc, la réactivité du matériau. Des tests de consommation d’oxygène en laboratoire ont été effectués sur des rejets de concentrateur avec différentes teneurs en pyrite ainsi que sur des RMP (contenant 4,5 % de différents liants) formés à partir de ces mêmes rejets (Ouellet et al., 2003). Les résultats démontrent que, dans les deux cas, leur réactivité est une fonction de la teneur en pyrite et du degré de saturation. Dans le cas des remblais en pâte cimentés, la réactivité est aussi fonction du type de liant utilisé et se stabilise alors après 28 jours de cure. En comparant les tests sur les rejets et ceux effectués sur les remblais en pâte cimentés, on remarque que les échantillons de remblais sont moins réactifs que les rejets de concentrateurs pour des degrés de saturation inférieur à 70 % (pour un même pourcentage de sulfure). Pour des degrés de saturation supérieurs, les rejets de concentrateurs ont des réactivités similaires, voire même inférieures, aux remblais en pâte. D’autres tests de consommation d’oxygène ont été effectués in situ (Ouellet et al., 2006), pendant 80 jours, sur la face exposée d’un RMPC (5 % de ciment, mélange 50 :50 de ciment portland de type 10 et de type 50) contenant 53 % de pyrite. Il a été observé que la consommation de l’oxygène est élevée au début du test, lorsque le RMPC est fraîchement exposé, puis elle baisse progressivement pour atteindre 0,2 mol O2/m2/jour après 80 jours. Une couche oxydée, au niveau des surfaces exposées du remblai, a été examinée. La couche oxydée possède une porosité plus faible (21 %) que le remblai non oxydé (39 %). Cette baisse, qui semble liée à la précipitation de minéraux secondaires, pourrait diminuer la diffusion d’oxygène dans le remblai. Un enrobage calcique autour des grains de pyrite a aussi été observé, ce qui devrait limiter l’oxydation de la pyrite. Influence d’amendements sur le comportement géochimique des RMP Un programme d’études, commencé en 2001, visait à étudier la possibilité d’utiliser la méthode des DPS à la mine de Neves Corvo au Portugal. Dans le cadre de ces travaux,Verburg et al. (2003) ont étudié en laboratoire l’effet neutralisant de différents amendements sur plusieurs types de rejets épaissis préparés à partir des résidus de DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte cette mine (pâte ou gâteau de filtration pour des teneurs en amendements de 0 à 1 %). Il est à noter que les résidus utilisés ici contiennent 29 % de soufre et sont fortement générateurs de DMA. Pour les échantillons de pâte préparés avec une quantité d’eau suffisante pour obtenir un affaissement de 250mm à l’essai au cône (valeur idéale pour le dépôt de surface), les résultats montrent que, dans tous les cas étudiés, le pH des échantillons tend à converger vers une valeur proche de 5 après six mois. L’ajout d’une faible quantité de ciment (0,5 et 1 %) semble augmenter le pH initial et, ainsi, retarder l’acidification de la pâte. Ce temps de latence pourrait permettre de commencer une restauration progressive du site. Cependant, ces travaux ne tiennent pas compte du mode de déposition (résidus ayant été déposés en continu), de la circulation des fluides, etc. Dans le même ordre d’idées, une étude menée par Kwong (2004) sur des RMPC avec 8 % de différents liants (ciment Portland et ciment Portland et laitier) a montré que le ciment Portland seul était plus efficace pour diminuer l’oxydation initiale du mélange. Cependant, dans les deux cas, on observe une importante augmentation de l’oxydation et, après 15 semaines, les taux d’oxydation sont devenus similaires pour les deux types de liants. L’ajout de liant peut aussi permettre de fixer les contaminants. Fried, 2006 et Fried et al., 2007 ont mené une étude en laboratoire à l’aide de mini-colonnes, afin d’étudier la lixiviation et la dissolution sélective de différents échantillons de RMPC contenant 5 % de liant hydraulique. L’eau de gâchage était dopée en métaux (Cu et Zn) et en sulfates dans certains échantillons. Dans cette étude, les résidus miniers étaient simulés par des poudres de quartz ou de pyrite. Après 100 jours de lixiviation, à raison d’un rinçage par jour, le pH du lixiviat était toujours au basique. Une décalcification massive a été observée, de telle façon qu’à la fin du test, il ne restait plus qu’une petite portion de la matrice cimentaire initiale. Le cuivre n’a pas été libéré pendant la lixiviation. Le relargage du zinc était associé à la dissolution des phases contenant de la silice, du calcium, du magnésium et de l’aluminium; il est donc probablement lié aux C-S-H et MSH (« calcium silicate hydrate » et « magnesium silicate hydrate », composés non stœchiométriques du ciment). Différents paliers de pH sont observables; ils correspondent à la dissolution de différentes phases cimentaires (portlandite au tout début puis ettringite et C-S-H). Ces résultats sont confirmés par des tests de dissolution sélective qui montrent aussi que les échantillons préparés avec du ciment portland de type 10 comme liant résistent mieux à l’acidification que ceux préparés avec un mélange de ciment et de laitiers. En effet, la dissolution de la portlandite (Ca(OH)2) favoriserait, dans ce cas, la précipitation de sulfates et d’hydroxydes de métaux. Les ajouts de liant semblent également être efficaces pour la stabilisation de l’arsenic. Benzaazoua et al. (2004b) ont réalisé des tests d’extraction en cellules Soxhlet sur des rejets contenant 60 % de sulfures (pyrite et arsénopyrite) stabilisés avec différents liants (ciment Portland, ciment métallurgique, ciment alumineux). On observe que les sulfures (pyrite et arsénopyrite) s’oxydent et provoquent la dissolution des hydrates les plus vulnérables, notamment la portlandite. Le calcium ainsi libéré peut alors précipiter sous forme de gypse (CaSO4 2H2O) et d’arséniate de calcium. Bien entendu, ce processus de stabilisation/solidification dépend du type de ciment utilisé. Deschamps et al. (2007; 2008) ont étudié, à l’aide de tests de lixiviation en colonnes, l’effet de l’ajout de ciment sur les propriétés environnementales des DPS. Différentes colonnes, correspondant à différentes configurations de dépôt, ont été préparées : sans ciment, avec cimentation homogène ainsi qu’avec couches cimentées alternées avec des couches non cimentées. Chaque colonne était constituée de 9 couches de 4 cm d’épaisseur et était arrosée chaque semaine pendant 30 semaines (avec 500 mL d’eau déminéralisée) ; l’eau de drainage était ensuite récoltée et analysée. Les résidus utilisés contenaient 30 % de soufre, et le ciment était un portland de type 10. Dans tous les cas, moins de 1 % de ciment a été utilisé pour la préparation de chaque colonne. Les résultats montrent que l’ajout de ciment permet, dans certains cas, de stabiliser les résidus (à l’échelle du laboratoire), mais une mauvaise utilisation du ciment peut fortement dégrader les propriétés environnementales de la pâte, et générer plus de DMA que la pâte non cimentée. Les colonnes où le ciment était concentré (2 %) dans certaines couches ont donné de bons résultats du point de vue environnemental. Les plus mauvais résultats venaient des colonnes contenant des couches à 1 % de ciment. Lors du démantèlement, il a été observé que ces dernières étaient très riches en fractures, vraisemblablement causées par une attaque sulfatique. Ces fractures constituaient, avec les interfaces entre les couches, un réseau propice à l’oxydation et à l’infiltration préférentielle. L’ajout de ciment a aussi fait perdre à la pâte ses propriétés cicatrisantes, c’està-dire qu’une fois ouvertes, les fractures ne peuvent plus se refermer totalement, de sorte qu’elles sont alors plus exposées à l’oxydation. 4 - Dernières considérations et perspectives Pour conclure, il semble important de préciser que la technique des DPS est encore relativement récente ainsi que peu utilisée. Nous n’avons donc que peu de DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 27 Les effets d’amendements alcalins sur des résidus miniers sulfureux entreposés en surface : Cas des dépôts en pâte recul. Comme nous l’avons vu, les effets de l’ajout de liant dans les DPS ne sont pas forcement bénéfiques du point de vue environnemental. Les efforts de recherche doivent se poursuivre pour comprendre les bénéfices possibles de l’ajout d’alcalins (par exemple cimentaire) dans les DPS. Il serait important, par exemple, de pouvoir déterminer la quantité et la répartition optimale de liant ou autre amendement à ajouter à la pâte selon la teneur en sulfure, la minéralogie et la granulométrie du résidu. Il pourrait aussi être intéressant d’étudier la possibilité d’utiliser, avec les DPS, d’autres amendements, pas forcément cimentaires, alcalins ou non, qui ne feront pas perdre à la pâte ses propriétés cicatrisantes. L’utilisation d’amendements alcalins pour stabiliser les résidus miniers a bien sûr, un coût, mais cet investissement peut fortement faire baisser le coût de restauration du site, s’il a permis de contenir la formation de DMA. 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Maintenant chez SNC Lavalin Résumé La gestion de résidus miniers générateurs de drainage minier acide est un aspect important dans une opération minière. Une gestion intégrée des résidus a été proposée; ce type de gestion permet, entre autres, la ré-utilisation des rejets du concentrateur. Ainsi, un circuit de flottation placé avant que le rejet du concentrateur chemine vers le parc à résidus permettrait de concentrer les minéraux sulfureux du rejet pour produire un concentré de sulfures et un rejet désulfuré. Le concentré de sulfures serait ensuite utilisé dans la préparation de remblai cimenté en pâte et retourné sous terre comme support de terrain. Les rejets désulfurés, n’étant plus générateurs d’acide, peuvent être utilisés comme matériaux de recouvrement pour les aires d’entreposage où on retrouve des résidus potentiellement générateurs de DMA. Cet article résume les travaux effectués en laboratoire visant à appliquer une gestion intégrée des résidus à la mine Doyon. Des essais en usine pilote ont permis de démontrer, en continu, la faisabilité du procédé de désulfuration par flottation. En effet, une récupération de sulfures d’environ 95 % a été obtenue en utilisant des amines comme collecteur (indifférent à la présence de cyanures), le rejet de flottation ayant approximativement 0,3%S. L’impact de l’ajout du concentré de sulfures au remblai cimenté en pâte a été évalué, et les résultats ont montré qu’il y a même une influence positive sur la résistance mécanique du remblai. Des essais de lixiviation sur le remblai en pâte ont démontré que le remblai contenant du concentré de sulfures a un comportement environnemental similaire au remblai fait avec les rejets totaux. Finalement, des travaux réalisés en laboratoire ont prouvé que le rejet désulfuré utilisé comme matériau de recouvrement permet de prévenir la production de DMA d’un parc à résidus générateur d’acide. Abstract Management of acid mine drainage generating tailings is an important issue for operating mines. An integrated tailings management scenario was proposed to reduce the costs associated with tailings management by, among others, the re-use of concentrator tailings. A sulphide flotation circuit placed before the concentrator tailings disposal in the tailings impoundment would produce a sulphide-rich concentrate and desulphurized (low sulphide) tailings. The concentrate could be used as a component of cemented paste backfill and returned underground for ground support. The low sulphide tailings, non acid generating, could be used as cover material to be placed over potentially acid-generating tailings storage areas.The article summarizes laboratory work on the application of integrated tailings management for Doyon mine. Pilot scale tests confirmed the feasibility of tailings desulphurization by flotation. A sulphide recovery of approximately 95% was achieved with amine collectors (insensitive to cyanide); the flotation tailings having approximately 0.3% S.The impact of the addition of sulphide concentrate into paste backfill was evaluated, and results confirmed that there is even a positive impact on mechanical strength. Leaching tests performed on paste backfill showed that paste made with sulphide tailings has a similar environmental behaviour as paste made with total tailings (before desulphurization). Finally, laboratory work confirmed that desulphurized tailings used as cover material over acid generating tailings can prevent the production of acid mine drainage. Introduction Les opérations minières doivent prévoir un plan de restauration du site minier bien avant l’arrêt des opérations, et même à l’étape de préfaisabilité pour des nouveaux projets. Ce plan de fermeture inclut la gestion des résidus miniers qui, dans certains cas, peuvent être générateurs d’acide. La gestion responsable de ces résidus générateurs d’acide est importante pour prévenir la contamination de l’environnement par du drainage minier acide (DMA) chargé en métaux dissous. Plusieurs méthodes de contrôle du DMA, consistant pour la plupart à placer une barrière à l’eau et/ou à l’oxygène, peuvent être appliquées à la fermeture du site (e.g. MEND 2001). Ces approches sont cependant souvent coûteuses à implanter. Une nouvelle approche intégrée a récemment été proposée; elle permet de gérer les rejets de concentrateur générateurs d’acide DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 31 Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon durant l’opération et, ainsi, de réduire les travaux à effectuer à la fermeture du site (Benzaazoua et al. 2008). La gestion intégrée des résidus en amont consiste à retirer une partie des minéraux sulfureux des rejets du concentrateur pour en faire une fraction non génératrice d’acide et un concentré de sulfures qui, lui, a un volume nettement plus faible que celui initial. Ce concentré de sulfures peut être intégré au remblai cimenté en pâte et retourné sous terre comme support de terrain (Bois et al. 2005). La fraction désulfurée, étant non génératrice d’acide, peut ainsi soit être disposée dans un parc à résidus, ou soit être utilisée comme matériau de recouvrement pour la restauration de parcs à résidus générateurs de DMA. Les avantages de cette approche sont nombreux (Bois et al. 2005) : — Volume de rejets problématiques diminué ; — Très peu ou pas d’effluent acide à traiter ; — Restauration simplifiée des parcs à résidus non générateurs d’acide ; — Possibilité de produire sur le site même le matériau de recouvrement pour une barrière sèche ; — Coûts de restauration étalés sur une grande période de temps plutôt qu’à la fermeture ; — Avantages reliés à l’utilisation du remblai cimenté en pâte. Ce système de gestion intégrée des résidus est présentement implanté dans quelques sites au Canada, par exemple au site Onaping de Xstrata (Martin and Fyfe 2007). La désulfuration des rejets renfermant de la pyrrhotite y est faite par gravimétrie (hydrocyclone), la partie fine ayant entre 0,4 et 1 % sulfures est utilisée comme couverture sur les résidus générateurs d’acide, tandis que la partie grossière ayant entre 2 et 3 % sulfures est utilisée comme remblai souterrain. L’approche de gestion intégrée des résidus a été évaluée pour le site de la mine Doyon, propriété d’IAM Gold Inc. Durant l’étude, la mine Doyon traitait environ 3 000 tonnes par jour de minerai d’or par broyage et cyanuration. Les rejets du concentrateur renfermant environ 5 % sulfures (essentiellement de la pyrite) étaient en partie déposés dans le parc à résidus (environ 40 %) et en partie retournés sous terre sous forme de remblai cimenté en pâte (environ 60 %). Le plan de fermeture de la mine Doyon prévoyait l’ennoiement des résidus, ainsi, des digues conçues à cet effet ont été installées autour des parcs #2 et #3. Cependant, la mine Doyon veut réviser son plan de fermeture et désire exclure l’ennoiement comme méthode de restauration, à cause des risques à long terme reliés principalement à la stabilité physique des digues. Deux principaux facteurs ont encouragé la mine Doyon à réviser son plan de restauration : 1) la capacité maximale des parcs à résidus est presque atteinte ; 2) les rejets de concentrateur sont générateurs de DMA. La mine Doyon a démontré de l’intérêt pour le concept de gestion intégrée des résidus qui permettrait de produire un matériau pour la construction d’un recouvrement (barrière à l’oxygène) au-dessus des parcs à résidus. Le nouveau concept augmenterait aussi significativement la quantité de résidus Figure 1 : Processus d’évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon 32 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon (désulfurés ou non) que les parcs peuvent contenir ; en effet, l’épaisseur d’eau et la revanche nécessaire dans le cas d’un recouvrement aqueux ne seront plus requis, ce qui représente un volume de 4,4 millions de m3 pour le cas de la mine Doyon. Spécifiquement, l’approche suggérée et évaluée pour le cas de la mine Doyon implique l’ajout d’un circuit de désulfuration par flottation des sulfures pour produire le matériel désulfuré en guise de matériau de recouvrement, ainsi que l’utilisation du concentré de sulfures dans la fabrication du remblai cimenté en pâte à l’usine de remblai existante. La méthode de restauration proposée pour les parcs à résidus générateurs d’acide est un recouvrement monocouche fait de rejets désulfurés avec élévation du niveau de la nappe phréatique. L’étude présentée dans cet article décrit la démarche expérimentale utilisée pour effectuer l’évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon. L’emphase est mise sur la méthodologie et les outils utilisés pour une telle évaluation. Des résultats pertinents sur le cas spécifique de la mine Doyon sont aussi présentés, suivis des recommandations pour la suite des travaux. Approche expérimentale L’objectif principal de l’étude était de vérifier, en laboratoire principalement, dans quelles conditions la gestion intégrée des résidus est applicable au cas de la mine Doyon. En premier lieu, la figure 1 présente toutes les étapes effectuées pour remplir cet objectif. Chacune des étapes est décrite plus en détails dans les paragraphes suivants. Notez que dans ce schéma, les matériaux (résidus) sont encadrés et les travaux sont encerclés. — la conductivité hydraulique saturée déterminée à l’aide d’un essai au perméamètre à parois rigides selon la norme ASTM D5084 ; — la courbe de rétention d’eau obtenue par un essai avec cellule Tempe en s’inspirant de la norme ASTM D3152. Quelques résultats des caractérisations sont présentés dans la section des résultats. L’objectif d’une caractérisation aussi exhaustive est de bien connaître le matériau en question pour pouvoir mieux adapter les procédés subséquents, ainsi que de prédire son comportement à long terme. En ce sens, les essais en cellules humides (norme ASTM D5744-96) ont été utilisés pour vérifier le potentiel de génération d’acide des rejets actuels du concentrateur et des rejets désulfurés. L’essai en cellule humide consiste à placer 1 kg de résidu dans une cellule en plexiglas et de faire subir à ce résidu des cycles de rinçage et séchage d’une durée de 7 jours. Plus de détails sur cette procédure sont disponible dans Benzaazoua et al., (2008). Désulfuration L’objectif de la désulfuration environnementale est de rendre le rejet non générateur d’acide. Ceci est considéré atteint lorsque le rejet de désulfuration a un potentiel de neutralisation PN plus élevé que le potentiel d’acidité PA (Benzaazoua et al. 1998). Pour ce faire, il faut extraire une quantité suffisante de minéraux sulfureux des rejets. Plusieurs méthodes ont été évaluées pour effectuer la désulfuration (ex. Humber 1997; Bussière et al. 1998); cependant, la flottation directe des sulfures est généralement la plus appropriée (Benzaazoua et al. 2000). Caractérisation Au départ, les résidus provenant du concentrateur ont été caractérisés. Le même type de caractérisation a été effectué sur les résidus désulfurés et le concentré de sulfures suite à l’étape de désulfuration. Cette caractérisation complète comprend : Une fois bien caractérisés, les rejets de la mine Doyon ont été désulfurés par flottation. Les premiers essais, qui ont été effectués en laboratoire, ont permis de déterminer les conditions optimales de flottation pour ce rejet. Une cellule Denver de 2,5 L a été utilisée pour traiter une pulpe d’un pourcentage solide de 35 % pendant 10 minutes, avec du MIBC comme moussant. Le dosage et le type de collecteur a été déterminé par ces essais; le KAX et l’Armac-C (amine à 12 carbones) ont été évalués à cette échelle (plus de détails sur les réactifs dans Kongolo et al. 2004). — l’analyse chimique des solides par digestion complète avec HNO3/Br2/HF/HCl suivie d’analyse ICP-AES, analyse des sulfates par extraction dans HCl dilué à 40 % ; — l’analyse minéralogique par diffraction des rayons X (DRX) avec analyse quantitative utilisant la méthode de Rietveld avec le logiciel TOPAS (Rietveld 1993) ; — le potentiel de génération d’acide évalué à l’aide de la méthode Sobek modifiée (PA calculé selon le %S et PN évalué par titration) (Lawrence and Scheske 1997) ; — la distribution granulométrique évaluée à l’aide d’un analyseur de particules au laser (Malvern Mastersizer) ; — la densité relative déterminée avec un pycnomètre à hélium ; Les essais de flottation à l’échelle pilote ont été effectués à l’aide du banc de flottation mobile de l’Unité de recherche et de service en technologie minérale (URSTM). Le banc de flottation, présenté à la figure 2, a été installé à la sortie du concentrateur, de manière à obtenir des rejets frais à un débit de 3 L/min. Six cellules mécaniques de 10 L chacune sont instrumentées pour des mesures continues de pH et Eh. Les essais avec le banc de flottation ont permis d’étudier différents paramètres, tels que le dosage de collecteur, le débit de pulpe, les points d’addition de collecteur, la présence de moussant, etc. Ces essais ont aussi permis de produire les quantités de rejet désulfuré et de concentré de sulfures pour les étapes suivantes, soit DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 33 Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon ques appropriées pour être utilisés en remplacement de matériaux naturels (Aubertin et al. 1995 ; Aubertin et al. 1997 ; Ricard et al. 1997 ; Bussière et al. 2004). Il a alors été proposé d’utiliser ces résidus comme matériau de recouvrement pour les parcs à résidus potentiellement générateurs d’acide présents sur le site de la mine Doyon. Une couverture faite de rejets préalablement désulfurés, combinée au maintien élevé du niveau de la nappe phréatique dans les rejets générateurs d’acide (les digues relativement étanches des parcs # 2 et #3 permettent de contrôler le niveau de la nappe phréatique) (ex : SENES 1996 ; Ouangrawa et al. 2005), permettrait de réduire de façon significative la diffusion de l’oxygène et, conséquemment, préviendrait l’oxydation des minéraux sulfureux. En effet, en gardant les résidus générateurs d’acide saturés ou très près de la saturation, l’oxydation de la pyrite est fortement réduite et aucune (ou très peu) acidité n’est produite. Figure 2 : Banc de flottation mobile de l’URSTM. l’étude sur l’impact de l’ajout de concentré de sulfures dans le remblai en pâte et l’étude sur l’utilisation du rejet de désulfuration comme matériau de recouvrement pour limiter la production de DMA. Recouvrement monocouche fait de rejets désulfurés Les rejets désulfurés ont été caractérisés tel que décrit dans la section « caractérisation ». Cette caractérisation a montré que ces rejets désulfurés sont non générateurs d’acide, et qu’ils possèdent les caractéristiques géotechni- Le programme expérimental réalisé à cette fin comprend l’évaluation au laboratoire de l’efficacité de systèmes de recouvrements monocouches faits de rejets désulfurés, placés sur des rejets générateurs d’acide. Ainsi, 11 colonnes instrumentées simulant un recouvrement sur des rejets générateurs d’acide ont été mises en place. Les colonnes contenaient toutes à la base 30 cm de rejet générateur d’acide de la mine Doyon ; les recouvrements sont différents selon la colonne. Les paramètres qui ont été évalués dans cette étude sont : 1) l’épaisseur du recouvrement (50 cm et 1 m) ; 2) le niveau de la nappe phréatique (à la surface des rejets générateurs d’acide et 1,3 m sous la surface de ces rejets) ; 3) la teneur en sulfures du recouvrement (0,3 et 1,2 %). Deux types de colonne témoin sans recouvrement ont été installées, soit Figure 3 : Configuration des colonnes instrumentées pour l’évaluation de la performance de recouvrements monocouches faits de résidus désulfurés de la mine Doyon 34 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon une avec la nappe phréatique à 1,3 m sous la surface des rejets, et l’autre avec la nappe phréatique au niveau de la surface des rejets (rejets saturés), voir la figure 3. De plus, deux colonnes servant de comparaison avec d’autres techniques de restauration quant à l’efficacité à prévenir le DMA ont été montées : un recouvrement d’un mètre d’eau et un recouvrement multicouche de type CEBC ayant sa couche de rétention d’eau faite de rejets désulfurés.Trois colonnes sont doublées, afin de valider les résultats obtenus. Une analyse statistique a permis de conclure que les résultats des essais en colonnes sont valables et répétables lorsque la procédure de montage et de suivi est bien effectuée (Demers et Bussière, 2008). L’essai en colonne consiste à alterner des périodes de mouillage et de séchage. Pour ce faire, un rinçage périodique (après 4 semaines de séchage) est effectué avec 2 litres d’eau déionisée. Durant ce rinçage, le drainage de la colonne est forcé pour recueillir le lixiviat au bas de la colonne. Suite au rinçage (durée d’environ 1 semaine), la colonne est laissée ouverte à l’air ambiant et le niveau phréatique est rétabli, pour une période de 4 semaines. Différentes mesures sont effectuées sur les colonnes : — Mesures hebdomadaires de succion, à l’aide de tensiomètres et de capteurs de pression positionnés en haut et au bas du recouvrement ; — Mesures hebdomadaires de la concentration d’oxygène et du dioxide de carbone dans des échantillons d’air interstitiel retiré avec une seringue à partir de ports installés à des intervalles de 10 cm sur la hauteur du recouvrement. Les gaz ont été analysés par chromatographie en phase gazeuse (Agilent MicroGC) ; — Mesures de consommation d’oxygène aux deux semaines, selon la méthode développée par Elberling et al., (1994) ; — Analyse géochimique du lixiviat des colonnes recueilli une fois par mois, suite à l’ajout de 2L d’eau déionisée audessus de chaque colonne. Cette analyse inclut le pH, le Eh, la conductivité, les métaux dissous, l’alcalinité et l’acidité. L’essai en colonnes instrumentées a duré 13 mois. À la fin de l’essai, les colonnes ont été méticuleusement démantelées, et des analyses post-démantèlement selon un profil vertical ont été effectuées. Il s’agit de l’analyse chimique des solides (incluant les sulfates), du potentiel de neutralisation, de la minéralogie et de la granulométrie. Plus de détails sur la mise en place des colonnes sont disponibles dans Demers et Bussière (2008). Suite aux essais en laboratoire, des modélisations numériques du mouvement des fluides ont été effectuées pour optimiser de façon préliminaire le scénario de restauration pour la mine Doyon. Le modèle a été établi en une dimension à l’aide du logiciel Vadose/W, qui simule le transport de l’eau, de la chaleur et des gaz dans un milieu plus ou moins saturé et réactif à l’oxygène. Les propriétés des matériaux utilisées dans le développement du modèle provenaient des caractérisations faites sur les matériaux de la mine Doyon, et les conditions climatiques utilisées étaient celles mesurées à l’aéroport de Rouyn-Noranda (23 km du site Doyon). Dans un premier temps, le modèle a été validé avec les résultats issus des essais en colonne en laboratoire. Les profils de concentration d’oxygène et de succion, ainsi que les flux d’oxygène simulés correspondaient bien aux valeurs mesurées. Les résultats détaillés de cette validation sont disponibles dans Demers et al. (2008a). Suite à cette validation, différents scénarios de recouvrement monocouche ont été établis.Trois paramètres ont été variés durant les modélisations : le niveau de la nappe phréatique (à la surface des rejets générateurs d’acide, 75 cm sous l’interface rejetsrecouvrement, 1,5 m sous l’interface rejets-recouvrement) ; l’épaisseur du recouvrement (50 cm, 75 cm, 1 m) ; et la teneur en sulfures dans le recouvrement (0,3, 0,6, 0,8 %). Les modélisations ont été effectuées pour une période d’un an avec des conditions climatiques normales. Certaines modélisations ont aussi été faites en incluant une période de sécheresse estivale. L’étape de modélisation a permis de proposer un scénario préliminaire de recouvrement fait de rejets désulfurés pour le cas de la mine Doyon. Remblai en pâte Le remblai cimenté en pâte est un matériau composé de résidus miniers, de ciment (et/ou autres liants) et d’eau, qui est retourné sous terre pour remblayer les chantiers miniers (vides) dont l’exploitation est terminée. Le remblai en pâte agit comme support de terrain et permet de récupérer le minerai contenu dans les piliers, tout en diminuant le volume de rejets de concentrateur à entreposer en surface. Dans le cadre d’une gestion intégrée des résidus, l’utilisation du remblai est un choix approprié. Combiné avec la désulfuration environnementale, il constitue une façon intéressante d’entreposer le concentré de sulfures. En effet, environ 60 % des rejets de concentrateur sont retournés sous terre sous forme de remblai en pâte à la mine Doyon. Les essais effectués visaient à évaluer l’influence de l’ajout de concentré de sulfures dans la fabrication du remblai en pâte d’un point de vue de la résistance mécanique et du comportement environnemental. La première étape consistait à préparer le remblai en pâte. La recette actuelle de la mine Doyon a été utilisée comme référence, soit un liant composé d’un mélange 30:70 de ciment Portland et scories à une proportion de 5 % (par masse de rejets secs).Trois types de rejets ont été évalués : 1) les rejets complets (actuels) de la mine Doyon ; 2) le concentré de désulfuration; et 3) un mélange 50:50 de ces deux matériaux. Le taux d’affaissement (consistance) au cône était de 16,5 cm pour les trois types de pâte produite. Le curage a été effectué dans une chambre à température et humidité contrôlées (environ 90 % humidité à 20oC) pendant 14, 28 et 90 jours. La méthode de préparation et DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 35 Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon de curage des échantillons de remblai en pâte suivie est celle utilisée à l’URSTM-UQAT depuis plusieurs années (Benzaazoua et al. 1999). Une fois les échantillons de remblai en pâte curés, ils sont soumis à l’essai de compression uniaxiale à l’aide d’un appareil MTS (capacité de 50 kN, taux de déformation de 0,1 mm/min). Les échantillons sont ensuite soumis à un essai de lixiviation intensive dans des mini-cellules d’altération, selon la procédure développée par Cruz et al. (2001). Cet essai implique la lixiviation d’une petite quantité de solides (67 g) par 50 mL d’eau déionisée deux fois par semaine, tout en étant exposé à l’air ambiant, et ce, durant environ 25 semaines. Les mini-cellules d’altération ont permis d’évaluer la stabilité des éléments chimiques dans la matrice des remblais en pâte étudiés. Résultats sont tout de même générateurs d’acide. Cet aspect a été vérifié par les essais en cellules humides et les essais en colonnes (colonne témoin sans recouvrement). Les essais en colonne ont permis d’observer une baisse significative du pH, qui a atteint des valeurs sous 4 après environ 450 jours. L’essai en cellule humide étant d’une durée plus courte et ayant des cycles de mouillage – séchage aussi plus courts, il n’a pas pu permettre d’observer la génération d’acide par le rejet Doyon. Un autre critère utilisé pour déterminer le potentiel de génération d’acide est la courbe d’oxydation/neutralisation (Benzaazoua et al. 2004), présentée à la figure 4 pour les rejets Doyon et désulfurés, obtenue à partir des résultats des essais en colonnes. Ce graphique présente les concentrations de calcium, magnésium et manganèse présents dans le lixiviat, représentant la dissolution des minéraux neutralisants, versus les concentrations de sulfates dans le lixiviat, représentant l’oxydation des minéraux sulfureux. Les concentrations mesurées au laboratoire sont extrapolées sous la forme d’une droite. La composition initiale des matériaux est ensuite placée dans le plan de la courbe d’oxydation/ Dans cette section, quelques résultats pertinents sont présentés de façon synthétisée. Le lecteur intéressé par les résultats complets est prié de consulter les publications suivantes : Benzaazoua et al. (2008), Demers (2008), Demers et al. (2008b). Caractérisation Le tableau 1 présente une partie des résultats de la caractérisation des rejets provenant du concentrateur de la mine Doyon, des rejets désulfurés avec le banc pilote et du concentré de sulfures. Les rejets de la mine Doyon ont une teneur en sulfures plutôt faible (3,6 %), mais comme ils contiennent très peu de minéraux neutralisants (PN = 19,8 kg CaCO3/t), ils Fe (%poids) Zn (%poids) Cu (%poids) S (%poids) Ca (%poids) Minéralogie (%poids) D50 (μm) Particules < 2 μm (%) PA (kgCaCO3/t) PN (kgCaCO3/t) PNN (kgCaCO3/t) Rejets Doyon 4,8 0,013 0,063 3,6 1,3 Quartz (50 %) ; muscovite (25 %) ; albite (7 %) ; pyrite (6,5 %) ; chlorite (3,8 %) ; actinolite (3,8 %) ; calcite (2,5 %) ; dolomite (0,56 %) 21,29 4,6 106,8 19,8 -87,0 Figure 4 : Courbe de neutralisation obtenue à partir des résultats des essais en colonnes pour les rejets Doyon et désulfurés. Rejets désulfurés 1,59 0,004 0,017 0,25 1,1 Quartz (62 %) ; muscovite (25%) ; albite (3,6 %) ; chlorite (2,7 %) ; actinolite (2,1 %) ; calcite (2,1 %) ; dolomite (1,4 %) ; pyrite (0,54 %) 28,11 4,0 6,3 25 18,7 Concentré de sulfures 7,33 0,033 0,075 5,65 1,24 Quartz (32 %) ; muscovite (47 %) ; pyrite (11 %) ; chlorite (4,5 %) ; albite (3 %) ; actinolite (1,4 %) ; gypse (1,4 %) 12,62 7,0 176,6 n.d. n.d. Tableau 1 : Caractérisation des matériaux. 36 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon neutralisation extrapolée. Le critère stipule que, si la concentration initiale se situe dans la zone au-dessus de la courbe, les minéraux sulfureux seront épuisés avant les minéraux neutralisants, alors le rejet ne sera pas générateur d’acide. Dans le cas contraire, c’est-à-dire la concentration initiale sous la courbe, les minéraux neutralisants seront épuisés avant les minéraux sulfureux, ce qui rend le rejet potentiellement générateur d’acide. Selon la figure 4, le rejet de Doyon est potentiellement générateur d’acide, tandis que le rejet désulfuré est non générateur d’acide, ce qui confirme les résultats des essais statiques et cinétiques. Désulfuration Les essais de désulfuration en laboratoire ont été faits avec différents dosages de KAX sur de la pulpe, dont les cyanures ont été éliminés. Les meilleurs résultats ont été obtenus sur de la pulpe décyanurée par le procédé SO2air, avec 80 g/t de collecteur. Le rejet désulfuré obtenu avait 0,16 % S, et la récupération de masse au concentré était de 13 %. Des essais avec le collecteur Armac-C sur la pulpe de Doyon, peu affecté par la présence de cyanures, ont donné les meilleurs résultats à un dosage de 60 et 80 g/t, pour une teneur de 0,20 % S et une récupération de masse de 25 à 27%. La teneur en sulfures résiduels du rejet désulfuré était plus élevée qu’avec le KAX, ainsi que la masse du concentré, ce qui indique une plus grande dilution du concentré. Par contre, les teneurs en sulfures obtenues pour le rejet désulfuré sont considérées assez faibles pour garantir un rejet désulfuré non générateur d’acide. Ainsi, les essais avec le banc pilote ont été effectués avec un collecteur de type amine. rejets désulfurés et le concentré produits ont été utilisés dans les travaux subséquents. Recouvrement monocouche fait de rejets désulfurés Un des objectifs des essais en laboratoire de scénarios de recouvrement utilisant les rejets désulfurés était de vérifier la performance de ce type de recouvrement par rapport à des recouvrements déjà reconnus pour leur efficacité. Le premier aspect évalué est la qualité de l’eau d’exfiltration des colonnes instrumentées contenant les rejets recouverts.Tous les lixiviats des colonnes avec un recouvrement monocouche, multicouche ou en eau, répondaient à la directive 019 sur la qualité des effluents miniers (norme gouvernementale du Québec), pour une épaisseur de recouvrement autant de 50 cm que d’un mètre. Leur pH est resté au-dessus de 8 durant les 13 mois de l’essai, tel que présenté à la figure 5, et les concentrations de fer, zinc et cuivre sont restées sous les valeurs prescrites par la norme. Pour comparer les différents recouvrements entre eux, la notion d’efficacité a été introduite. Il s’agit de calculer l’efficacité d’un recouvrement à retenir les métaux, par rapport au cas d’une colonne témoin sans recouvrement. L’équation 1 présente la méthode de calcul utilisée : [1] Les essais à l’échelle pilote effectués à l’aide du banc de flottation mobile ont permis de confirmer les résultats obtenus en laboratoire et d’optimiser le dosage de collecteur. La concentration optimale de collecteur était de 80 g/t d’Armeen-C (forme modifiée de l’Armac-C résistante aux températures froides, équivalent à 100 g/t d’Armac-C), ce qui produit un rejet désulfuré à moins de 0,4 % S et une récupération de la masse au concentré d’environ 15 %. Les Le tableau 2 présente les résultats de l’efficacité à retenir le cuivre et le zinc. Il est intéressant de noter qu’un recouvrement monocouche d’un mètre fait de rejet désulfuré avec la nappe phréatique élevée est au moins aussi efficace qu’un recouvrement multicouche et que l’ennoiement pour le cas de la mine Doyon. Par contre, lorsque le niveau phréatique baisse, la performance du recouvrement est compromise. Tableau 2 : Efficacité des recouvrements à atténuer le relargage du cuivre et du zinc. Figure 5 : Évolution du pH des différentes configurations de colonnes. La modélisation numérique a été utilisée pour suggérer un scénario de recouvrement préliminaire applicable au site de la mine Doyon. L’objectif était de déterminer la configuration optimale pour avoir un flux d’oxygène sous 10 mol/m2/an. Selon les essais en laboratoire, ce flux permet DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 37 Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon d’avoir un effluent non contaminé. Les résultats de la modélisation ont démontré qu’un recouvrement fait de résidu désulfuré ayant entre 0,3 et 0,8% S d’un mètre d’épaisseur, avec le niveau de la nappe phréatique maintenu élevé (de la surface des résidus générateurs d’acide à environ 75 cm sous l’interface résidus-recouvrement) est un optimum préliminaire, et ce, en supposant des conditions climatiques normales, ainsi qu’en considérant un été particulièrement sec (le plus sec des derniers 20 ans). Une analyse plus poussée est recommandée avant d’implanter le recouvrement. Remblai en pâte Les résultats d’essais en compression uniaxiale sur les différents mélanges de remblai en pâte sont présentés à la figure 6. Le remblai fait avec du concentré de désulfuration est autant, sinon plus, résistant que le remblai fait avec les résidus actuels du concentrateur, avec des valeurs de résistance en compression après 90 jours de curage autour de 500 kPa, 400 kPa et 300 kPa pour le remblai fait de concentré de sulfures, du mélange concentré/résidus, et des résidus totaux, respectivement. L’ajout de sulfures est donc bénéfique pour l’acquisition de résistance mécanique du remblai, possiblement par l’implication des sulfures dans le développement de la cohésion. (À noter que le comportement est somme toute peu performant; cela s’explique principalement par la minéralogie des résidus de la mine Doyon, qui renferment beaucoup d’argile). La possibilité d’attaque sulfatique n’a pas été observée dans cette étude. De plus, les essais de lixiviation sur les échantillons de remblai en pâte ont démontré que le comportement environnemental (géochimique) n’est pas affecté par l’ajout de concentré de sulfures dans la pâte. Les résultats géochimiques complets sont présentés dans Benzaazoua et al. (2008). Le pH des deux types de remblai (fait avec du rejet Doyon [A] et concentré de sulfures [C]) est resté neutre durant toute la durée de l’essai (environ 7,5), et les concentrations en zinc dans l’effluent sont demeurées faibles, soit sous 0,15 mg/L, et similaires d’un remblai à l’autre. Le même type de résultats a été obtenu pour les autres éléments analysés. Discussion Figure 6 : Résultats des essais de compression uniaxiale sur les échantillons de remblai en pâte (Doyon A = rejets actuels, Doyon C = concentré de sulfures, Doyon A+C 50/50 = mélange à 50 % de rejets actuels et 50 % de concentré de sulfures). Les avantages de la gestion intégrée des résidus sont nombreux pour la mine Doyon. Le tableau 3 présente les caractéristiques de la gestion actuelle des résidus comparées à une éventuelle gestion intégrée, telle que celle proposée dans ce travail. Présentement, les résidus du concentrateur sont entreposés en surface de façon ennoyée, alors il n’y Gestion actuelle des résidus à la mine Doyon Gestion intégrée proposée pour la mine Doyon Résidus sulfureux potentiellement générateurs d’acide entreposés en surface Résidus désulfurés à entreposer en surface à la fin de la vie de la mine Restauration des parcs à résidus avec de l’eau (ennoiement) ou avec des sols naturels (couverture) Utilisation des résidus désulfurés comme matériau de recouvrement par-dessus les résidus générateurs d’acide Amélioration de la résistance mécanique du remblai en pâte avec l’ajout de concentré de sulfures Coûts de restauration dépensés à la fin de la vie de la mine Coûts pour installer et opérer le circuit de désulfuration; cependant coûts moins élevés à la fin de la vie de la mine Augmentation de la capacité d’entreposage des rejets dans le parc par rapport à l’espace nécessaire pour établir et entretenir le recouvrement d’eau (4,4 millions de m3) Tableau 3 : Caractéristiques de la gestion actuelle et de la gestion intégrée à la mine Doyon. 38 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Évaluation de l’application de la gestion intégrée des résidus à la mine Doyon a pas de génération d’acide. Cependant, s’il y a une désaturation, les résidus peuvent produire du DMA. En intégrant la désulfuration, les résidus à entreposer en surface deviennent non générateurs d’acide, une fois à l’air libre. Pour la restauration des parcs à résidus, la gestion conventionnelle prévoit l’utilisation d’eau ou de sol naturel, tandis que dans la gestion intégrée, le matériau de recouvrement est fabriqué sur le site même, ce qui réduit les coûts de transport reliés à l’utilisation de sol naturel et évite d’impacter un autre site pour le prélèvement de matériel naturel (banc d’emprunt). L’addition de concentré de sulfures ne nuit pas (et est même bénéfique) à l’acquisition de résistance mécanique dans le remblai en pâte. Conclusions La gestion intégrée des résidus a été évaluée pour le cas de la mine Doyon. Divers essais en laboratoire et à l’échelle pilote ont démontré la faisabilité de la désulfuration par flottation pour le résidu de la mine Doyon. Par la suite, le concentré de sulfures a été intégré au remblai en pâte, et le résidu désulfuré a été évalué comme matériau de recouvrement pour la restauration des parcs à résidus potentiellement générateurs d’acide de la mine Doyon. Des caractérisations détaillées ont été effectuées sur tous les matériaux. Les résultats ont montré que le rejet, une fois désulfuré avec 100 g/t d’Armac-C, contient moins 0,4 %S et est donc non générateur d’acide. Ce rejet désulfuré peut servir de matériau de recouvrement pour prévenir la production de DMA d’un parc à résidus acidogène en remplacement de matériel naturel. Les essais en colonnes instrumentées, ainsi que les modélisations numériques, ont permis de conclure qu’un recouvrement d’un mètre de rejet désulfuré, avec élévation de la nappe phréatique à environ la moitié de la pression d’entrée d’air (AEV), prévient l’oxydation des sulfures contenus dans les rejets recouverts. Les essais de remblai en pâte ont montré que l’ajout du concentré de sulfures à la recette actuelle de remblai en pâte n’affecte pas négativement la résistance mécanique ni le comportement environnemental, même après 80 jours de curage. La méthodologie d’évaluation a été appliquée à la mine Doyon, mais peut être adaptée à n’importe quel site intéressé par la gestion intégrée des résidus. Les avantages de cette méthode sont principalement l’entreposage en surface de résidus non générateurs d’acide et la déposition du concentré de sulfures sous terre dans le remblai en pâte. Les coûts du scénario proposé pour la mine Doyon seraient, selon une estimation sommaire, équivalents sinon plus bas que la restauration des parcs à la fin de la vie de la mine à l’aide de techniques conventionnelles. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier, pour leur soutien, les organismes ainsi que les personnes suivantes : programme RDC du CRSNG, le programme de bourses d’études supérieures à incidence industrielle du CRSNG, la mine Doyon, la Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT en environnement et gestion des résidus miniers, la Chaire de recherche du Canada sur la gestion intégrée des rejets miniers sulfureux par remblayage ainsi que les techniciens et le chimiste de l’URSTM. Références Aubertin, M., Chapuis, R.P., Aachib, M., Bussière, B., Ricard, J.-F., and Tremblay, L. 1995. Évaluation en laboratoire de barrières sèches construites à partir de résidus miniers. MEND report 2.22.2a. Aubertin, M., Bussière, B., Barbera, J.-M., Chapuis, R.P., Monzon, M., and Aachib, M. 1997. Construction and instrumentation of in situ test plots to evaluate covers built with clean tailings. In 4th International Conference on Acid Rock Drainage. Vancouver, Canada,Vol.2, pp. 715-730. 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Centre d'expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ), Ministère du Développement durable, de l'environnement et des Parcs du Québec, Québec, QC 7.Télé-Université, Université du Québec à Montréal, Montréal, QC 8. Aquarium du Québec, Québec, QC Abstract From 2001 to 2004, we conducted a research project to develop tools for the ecological assessment of aquatic environments receiving mining effluents.These tools were designed to contribute to better define environmental discharge objectives for these types of effluents. Our project focused on two rivers in the Abitibi-James Bay mining region in northwestern Quebec.The most convincing results of our research include the development of a technique for the direct measurement of the free metal ion in solution (Cd, Ni, Zn) ; the validation of three organisms as biomonitors of trace metal contamination in lotic environments: the burrowing larvae of the Ephemera Hexagenia limbata, the amphipod crustacean Hyalella azteca, the bivalve Pyganodon grandis; and the identification of a laboratory toxicity test using the microalga Pseudokirchneriella subcapitata as a metal-sensitive assay to test waters from the receiving environment. Résumé De 2001 à 2004, nous avons mené un projet de recherche visant à développer et/ou à valider des outils de diagnostic des effets écotoxicologiques des effluents miniers dans le milieu aquatique afin de mieux définir des objectifs environnementaux de rejets pour l’industrie minière. Ce projet a été réalisé sur deux rivières de la région minière de l’Abitibi-Baie-James dans le nord-ouest du Québec. Parmi les outils diagnostiques les plus importants qui ont été développés et/ou validés, notons une technique de mesure directe de l’ion métallique libre en solution (Cd, Ni, Zn) ; l’utilisation de trois organismes comme biomoniteurs de contamination métallique en milieu lotique : la larve fouisseuse de l’éphémère Hexagenia limbata, le crustacé amphipode Hyalella azteca, le bivalve Pyganodon grandis ; et le test de toxicité en laboratoire, sur l’eau du milieu récepteur, avec la micro-algue Pseudokirchneriella subcapitata. Introduction Depuis quelques années, un consensus s’est développé dans le milieu scientifique, et incidemment auprès des gestionnaires de l’environnement, à l’effet que la gestion de la toxicité des rejets miniers dans les lacs et rivières ne tienne pas suffisamment compte des caractéristiques mêmes du milieu récepteur. Les approches de gestion basées essentiellement sur la détermination de la toxicité des effluents miniers en laboratoire, de la persistance ainsi que de la bioaccumulation des métaux ne représentent pas de façon rigoureuse et élaborée ce qui survient réellement dans le milieu récepteur (Chapman 2008). Afin de mieux identifier les impacts des activités industrielles reliées aux métaux, une plus grande attention doit être portée notamment à l’influence de la qualité de l’eau du milieu récepteur sur la biodisponibilité des métaux, à l’importance de l’ion libre métallique dans la bioaccumulation et la toxicité ainsi qu’aux effets mesurés sur les organismes indigènes des milieux récepteurs (Campbell et al. 2006). Pour ce faire, nous proposons une approche multidisciplinaire qui intègre les divers aspects qui caractérisent et définissent les milieux récepteurs (hydrologie, géologie, géochimie, biologie, écologie, etc.). C’est dans cette perspective que s’inscrit le présent projet. Les outils de diagnostic écotoxicologique développés serviront à mieux circonscrire les impacts des activités minières sur l’environnement aquatique. Objectifs L’objectif général de ce projet est de développer des outils de diagnostic écotoxicologique qui tiennent compte des particularités du milieu récepteur aquatique afin de contribuer à la définition d’objectifs environnementaux de rejets pour les effluents miniers. Le développement de ces outils s’appuie sur trois types de mesures: des mesures d’expo- DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 41 Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière sition, des mesures d’effets, et des mesures de relation causale visant à établir le lien entre l’exposition et les effets. Les objectifs spécifiques sont : — l’évaluation de cinq organismes comme biomoniteurs de la présence de métaux traces dans le milieu récepteur; la validation de la métallothionéine (MT) comme biomarqueur d’exposition et d’effet, propre aux métaux, chez trois organismes sentinelles ; — l’évaluation de la toxicité des effluents miniers à partir de tests de toxicité usuels réalisés en laboratoire sur des échantillons d’eau du milieu récepteur ; _ le développement d’une mesure directe de la forme cationique du métal dans un échantillon d’eau obtenu in situ par dialyse, comme mesure d’exposition (Technique d’échange ionique – TEI). Méthodologie Région d’étude Deux rivières de la région minière de l’Abitibi-Baie-James, au nord-ouest du Québec, ont été sélectionnées pour ce projet, soit la rivière Colombière située près de Val d’Or et la rivière Allard localisée près de Matagami (figure 1). La rivière Colombière, relativement petite, ayant une largeur de 7 m et des profondeurs variant de 1 à 3.5 m dans l’aire d’étude, offre beaucoup de zones d’ombre produite par les feuillages. La vitesse du courant est normalement faible, mais peut augmenter à 0.2-0.3 m/s selon l’abondance des pluies. La rivière Allard est une rivière plus importante ayant une largeur variant de 75 à 300 m. Sa bathymétrie est complexe, mais les zones peu profondes (~ 1.5 m) dominent et représentent 80 % de la surface de cette rivière. La vitesse du courant varie de négligeable à faible dans la région d’échantillonnage. Les eaux littorales de cette rivière se mélangent facilement entre elles lors des périodes venteuses. Les sources de contamination en métaux de ces deux rivières proviennent à la fois du lessivage des mines abandonnées, des effluents des activités minières ainsi que des retombées atmosphériques provenant des émissions des cheminées des fonderies. Echantillonnage et analyses En 2001, une étude pilote fut réalisée afin de caractériser le milieu d’un point de vue physico-chimique, géochimique et biologique. Nous nous sommes également intéressés à la mesure de métaux peu fréquemment suivis dans le milieu récepteur. Les stations d’échantillonnage étaient distancées d’environ deux kilomètres pour maximiser les différences entre les caractéristiques physico-chimiques et les concentrations en métaux, ainsi que pour diminuer les risques que les organismes que nous voulions étudier fréquentent deux zones adjacentes. Les stations furent choisies sur la base de la présence d’au moins une des espè- Figure 1 : Localisation des 22 stations d’échantillonnage sur les rivières Colombière et Allard dans la région minière de l’Abitibi-Baie-James. 42 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière ces sentinelles. Neuf stations ont été positionnées dans la rivière Colombière et 13 dans la rivière Allard (figure 1). Ces stations ont été échantillonnées entre 2002 et 2004 lors de l’étude détaillée. Des sédiments de surface et des eaux superficielles furent prélevés pendant les étés 2002, 2003 et 2004 à chacune des stations. La caractérisation physico-chimique des eaux comprenait la mesure du pH, des anions et des cations majeurs (Ca, Mg, Na, K; Cl, NO3, SO4, PO ) ainsi que du carbone organique dissous (COD). Le Cd, le Cu et le Zn en phase dissoute furent mesurés de façon routinière. En 2003, 27 éléments furent suivis au niveau de plusieurs stations soient Ag, Al, As, B, Ba, Be, Bi, Cd, Co, Cr, Cu, Fe, Ga, La, Li, Mn, Mo, Ni, Pb, Rb, Sb, Se, Sr,Tl, U,V et Zn (Couillard et al. 2008). La quantification des métaux traces fit appel à une gamme de techniques analytiques comprenant la spectrométrie de masse ou d’émission couplée à un plasma inductif et la spectrométrie d’absorption atomique avec four au graphite ou à la flamme. 4 Les sédiments de surface oxiques (0.5 cm superficiels) furent soumis à une extraction partielle (hydroxylamine HCl) destinée à solubiliser les phases minérales non cristallines. Les métaux dans les digestats étaient ensuite mesurés à l’aide des techniques analytiques décrites plus haut. Les anions majeurs étaient analysés par chromatographie ionique alors que le COD l’était par spectrophotométrie UV-visible. La détermination des formes libres Cd2+, Ni2+ et Zn2+ dans l’eau impliquait l’utilisation de la dialyse in situ comportant une membrane filtrante de porosité 0.2 μ m. Ces ions étaient par la suite mesurés à l’aide de la technique d’échange ionique développée par Fortin et Campbell (1998). Il s’agit d’une méthode de chromatographie ionique miniature consistant à faire passer une solution à tra- vers une colonne de résine jusqu’à ce qu’un état stationnaire s’établisse, c’est-à-dire jusqu’à ce que la concentration des différentes espèces initialement en solution soit égale à la concentration des différentes espèces en solution à la sortie de la colonne. L’atteinte de cet état stationnaire indique qu’un équilibre est établi entre les réactifs et les produits formés (ions libres adsorbés sur la résine). Une fois l’équilibre établi entre la résine et l’échantillon, on fait expulser la solution de la résine et on la rince brièvement. Ensuite, pour déterminer la concentration de métal lié à la résine, il suffit de lixivier la résine avec un volume connu d’une solution acide (HNO3) pour déloger les ions en place. L’éluat récupéré peut ensuite être analysé par spectroscopie d’émission atomique pour déterminer la concentration en métal. Avec le poids exact de la résine, on peut calculer la concentration du métal sur la résine. Connaissant la masse de résine et le coefficient de distribution du métal entre la résine et la solution, on peut calculer la concentration d’ion métallique libre: où [Méluat] = la concentration dans l’éluat, V = le volume de l’éluat, λo,i,pH = le coefficient de distribution (valable pour un pH donné, une force ionique donnée, et une [Ca] donnée), et mr = la masse de la résine. Le CEAEQ (Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec), en collaboration avec des scientifiques du ministère des Ressources naturelles du Canada (CANMET), a réalisé l’étude de la toxicité d’échantillons d’eau provenant des rivières à l’aide de différents tests de toxicité normés. Les travaux réalisés lors de la première saison d’échantillonnage (2001) visaient à documenter les réponses obtenues à partir d’une batterie de tests de toxicité appliquée à des échantillons d’eau provenant des rivières E ssa is de toxicité MicrotoxTM, inhibition de la bioluminescence, 15 minutes R é fé ren ce BNQ, 1987 Pseudokirchneriella subcapitata, inhibition de la croissance, 96 heures CEAEQ, 2003 Daphnia magna, mortalité, 48 heures CEAEQ, 2000 Ceriodaphnia dubia, inhibition de la reproduction et de la survie, 7 jours Environnement Canada, 1992a Oncorhynchus mykiss, mortalité, 96 heures Environnement Canada, 1990 Pimephales promelas, inhibition de la croissance et de la survie, 7 jours Environnement Canada, 1992b Tableau 1 : Ensemble des tests de toxicité étudiés dans ce projet. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 43 Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière à l’étude. Ils ont aussi contribué à la sélection des stations d’échantillonnage retenues pour l’étude intensive (2002 à 2004). La batterie de tests de toxicité appliquée lors des différentes saisons d’échantillonnage était composée de : (1) test MicrotoxTM ; (2) test d’inhibition de croissance de l’algue P. subcapitata (anciennement Selenastrum capricornutum); (3) test de létalité avec le microcrustacé D. magna; (4) test de reproduction et de survie avec le microcrustacé C. dubia; (5) test de létalité avec la truite Arc-en-ciel (O. mykiss); (6) test de croissance et de survie avec le méné Tête-de-boule (P. promelas). Le tableau 1 complète la description de ces tests. Espèces sentinelles On entend par sentinelle, une espèce dont l’utilisation dans un suivi environnemental permet d’estimer le degré de contamination/dégradation d’un écosystème. Cinq espèces ont été étudiées: (1) un organisme filtreur : le mollusque bivalve Pyganodon grandis; (2) un organisme fouisseur des sédiments: la larve de l’éphémère Hexagenia limbata; (3) un organisme épibenthique: l’amphipode Hyalella azteca; (4 et 5) deux espèces de poissons, soit le grand brochet du nord Esox lucius et le doré jaune Stizostedion vitreum. La sélection de ces espèces reposait à la fois sur leur présence dans les rivières, leur relative sédentarité, la facilité à les échantillonner, leur tolérance aux métaux, leur capacité à bioaccumuler les métaux, leur capacité à synthétiser de la métallothionéine, et selon les données que nous possédions, leur physiologie et leur comportement. Les travaux sur le terrain comprenaient le prélèvement d’organismes indigènes, et pour P. grandis et H. azteca, des expériences de transplantation à un ensemble de stations formant un gradient environnemental en métaux. Les tissus mous des organismes récoltés étaient homogénéisés ; un sous-échantillon d’homogénat était destiné à la détermination des métaux tissulaires et un autre sous-échantillon faisait l’objet d’une analyse en métallothionéine à l’aide d’une méthode de saturation métallique au Hg (la MT ne fut pas analysée dans H. azteca). Les détails des méthodes d’analyse de la MT et des métaux tissulaires sont présentés dans Masson et al. (2005), ainsi que dans Couillard et al. (1993). La validation de la métallothionéine (MT) comme biomarqueur d’exposition et d’effet chez trois organismes sentinelles (moule, éphémère et brochet) impliquait l’analyse des relations entre la concentration tissulaire en MT, la concentration des métaux dans le milieu naturel (eau et sédiment), ainsi que dans les tissus des trois espèces sentinelles. 44 Résultats et interprétation Gradients de contamination Les rivières Colombière et Allard affichaient des gradients de concentration pour plusieurs solutés, entre autres le Zn, le Cd, le Cu, le Ca et le SO4. Par exemple, les concentrations en métaux dissous variaient de la façon suivante ( μ g • L-1): Colombière – Cd: 0.022-0.153; Cu: 1.6-17.2; Zn: 0.0-53.9; Allard – Cd: 0.026-0.087; Cu: < limite de détection-4.7; Zn: 2.7-59.5. Les stations de référence se démarquaient bien de celles contaminées en métaux qui étaient situées plus près des effluents miniers. Dans chacune des deux rivières, on pouvait observer les gradients de contamination en métaux tout au long de la période estivale et ce, pour toutes les années d’étude. Les concentrations en métaux étaient mesurées dans les sédiments et dans l’eau (pour de plus amples détails, voir Masson et al. 2005). Outre le Zn, le Cd et le Cu, nous nous sommes intéressés à d’autres métaux moins fréquemment mesurés dans le milieu naturel. Des gradients ont été observés dans les rivières Colombière et Allard pour 27 éléments en phase dissoute (énumérés en méthodologie) (Couillard et al. 2008). Dans la rivière Allard par exemple, les résultats obtenus ont démontré une contamination importante en sélénium issu de l’effluent minier. Dans la même rivière, les stations d’échantillonnage témoin et éloignées de l’effluent avaient des concentrations dissoutes en lanthane plus élevées que celles mesurées dans l’eau de l’effluent minier (tableau 2). Ces observations montrent l’importance d’estimer le bruit de fond biogéochimique du milieu récepteur dans le cadre d’études de suivi pour l’industrie minière (Couillard et al. 2008). Mesures des ions libres Cd2+, Ni2+ et Zn2+ Pour les rivières Allard et Colombière, on observe un gradient pour les ions libres similaire à celui observé pour les éléments dissous dans l’eau et ceux mesurés dans les sédiments. À titre d’exemple, la figure 2 illustre la variation spatiale de l’ion Cd2+ observée dans la rivière Allard lors de deux campagnes d’échantillonnage estivales en 2002. Aucun gradient en Ni2+ n’est observé pour cette rivière. 2+ Cependant, pour les deux rivières, la proportion de Cd et de Zn2+ libres par rapport au métal dissous est plus importante près des effluents miniers, et c’est le même phénomène qui se répète pour le Ni2+ dans la rivière Allard. Les proportions de tous les ions métalliques libres diminuent en aval et en amont du point de rejet des effluents miniers. En valeur absolue, ces proportions varient à travers les campagnes et les années, mais les gradients sont toujours localisés aux mêmes endroits. Les paramètres physico-chimiques les plus reliés aux variations des proportions d’ions libres près des sites miniers sont le calcium (principal) et les sulfates. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière Afin de valider la méthode développée qui consiste à mesurer directement les concentrations des cations métalliques libres à l’aide de la technique d’échange ionique (TEI) dans l’eau du milieu récepteur dialysée in situ, les résultats obtenus seront comparés aux estimations obtenues par des modèles de spéciation en solution qui tiennent compte des caractéristiques spécifiques des eaux réceptrices. Études de toxicité Lors de l’étude pilote durant laquelle une batterie de tests de toxicité a été appliquée sur les eaux du milieu récepteur, seul le test d’inhibition de la croissance de P. subcapitata (CEAEQ 2003) a donné des résultats valables. De plus, seuls les échantillons d’eau obtenus par dialyse in situ ont permis de mettre en évidence de la toxicité. C’est donc ce test qui a été retenu pour l’étude détaillée. La figure 3 présente le suivi spatio-temporel de l’inhibition de la croissance de P. subcapitata pour la rivière Allard. On y constate la présence d’une relation entre la toxicité et la position de la station dans l’axe amont-aval par rapport au point de rejet de l’effluent minier. Une prochaine analyse visera à établir des relations entre la réponse des tests de toxicité et les mesures de métaux dans le milieu récepteur et dans les espèces sentinelles. M étal Organismes sentinelles Des régressions linéaires ont été établies entre la concentration en métallothionéine (MT) et les concentrations en métaux tissulaires chez l’éphémère, la moule et le brochet. Une relation positive et significative entre la MT et le cadmium a été observée pour les trois espèces sentinelles (P£0.05; Masson et al. 2005). La MT ne fut pas mesurée dans l’amphipode H. azteca mais les concentrations de métaux mesurées dans les organismes transplantés répondaient fidèlement aux gradients de contamination de douze éléments (As, Cu, La, Mn, Ni, Sb, Se, Tl, U, V, Zn, et Cr; P£0.05; Couillard et al. 2008). Pour le bivalve P. grandis, les résultats intéressants ci-dessus sont assombris par le fait que l’espèce présentait de faibles densités d’individus et une répartition hétérogène des populations dans les rivières. Cependant, dans une étude comparative réalisée dans les lacs et rivières, on a clairement constaté que les deux espèces sentinelles H. limbata et P. grandis synthétisaient la MT en réponse à l’accumulation du cadmium (Masson et al., en préparation). Cette étude a d’ailleurs montré que la synthèse de MT semble plus importante en rivière qu’en lac et que le manganèse apparaît être un facteur important dans l’accumulation du cadmium chez l’éphémère. Quant aux poissons étudiés, la mobilité des individus dans ces écosystèmes constitue un obstacle important à leur utilisation comme biomoniteurs. A u point de rejet d e l’effluent S ite 5 S ite 9 S ite 12 S ite imm é diatem ent en a mont du point de rejet de l’effluent Se 86 13 2.8 0.78 0.23 La 0.14 0.79 0.94 0.99 0.80 Tableau 2 : Variations spatiales du Se et du La dissous (µg•L-1; filtration sur membrane 0.45 µm) dans la rivière Allard recevant l’effluent d’un parc à résidus miniers (adapté de Couillard et al. 2008). Figure 2 : Évolution spatiale du cadmium libre évalué par TEI pour la rivière Allard en 2002. C1 : campagne d’échantillonnage tenue au début de l’été; C2 : campagne d’échantillonnage tenue à la fin de l’été. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 45 Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière Figure 3 : Suivi spatio-temporel de l’inhibition de la croissance de l’algue P. subcapitata (CEAEQ 2003) exposée à des échantillons d’eau de la rivière Allard obtenus par dialyse in situ (C1 à C4: campagnes d’échantillonnage réalisées à l’été et à l’automne 2003) Outils de diagnostic des effets écotoxicologiques des effluents miniers Dans le cadre du programme canadien d’évaluation des techniques de mesure d’impacts en milieu aquatique («Aquatic Effects Technology Evaluation Program» ou AETE), coordonné par Ressources naturelles Canada (CANMET), quatre questions guident le développement d’outils pour évaluer adéquatement l’impact des effluents miniers sur le milieu récepteur : — Les métaux ont-ils atteint le milieu récepteur ? — Si oui, y sont-ils biodisponibles ? — Y a-t-il une réponse biologique dans le milieu récepteur ? — Si oui, l’effluent en est-il responsable ? Nous croyons que les différents outils développés et/ou validés dans le présent projet de recherche permettent d’apporter des réponses à ces questions. À la lumière des résultats obtenus, les outils les plus pertinents sont présentés au tableau 3. Il est à noter que certains éléments présentés dans ce tableau sont encore sous analyse et seront publiés ultérieurement tels que les études sur les communautés benthiques, celles portant sur des populations d’éphémères, et celles traitant des relations causales. Enfin, tous les outils diagnostiques d’exposition, d’effet ou de relation causale devront être analysés sous l’angle de leur contribution au développement d’une approche d’évaluation du risque écotoxicologique des rejets miniers, approche basée sur le poids des évidences. 46 Conclusions et recommandations Nos travaux suggèrent fortement à l’opérateur minier de faire le suivi de manière plus fréquente de plusieurs métaux peu mesurés dans l’effluent minier, tel que le Se. Cet oligo-élément montre une marge étroite entre les concentrations résultant en une carence et celles produisant une toxicité (Chapman 1999). Du reste, plusieurs appareils ont la capacité de faire rapidement une lecture séquentielle de nombreux métaux dans un échantillon d’eau. Des contrôles de qualité sont bien sûrs requis incluant des blancs de terrain et des témoins méthodologiques, ainsi que des optimisations de méthode. L’évaluation des métaux dans le milieu récepteur devrait être réalisée en tenant compte de leurs différentes formes (libre, dissous et particulaire) et ne devrait pas être réalisée uniquement sur la concentration totale de ces derniers. De plus, certaines caractéristiques physico-chimiques (ex: [Ca] et [Mn] dissous, etc.) doivent être évaluées parallèlement aux métaux en raison de l’influence de ces ions majeurs sur la prise en charge de certains métaux traces (Masson et al. 2005; Masson et al. en prép.). Cette recherche a démontré l’utilisation prometteuse de la larve de l’éphémère Hexagenia limbata et de l’amphipode Hyalella azteca comme biomoniteurs de contamination métallique en milieu aquatique récepteur. L’emploi du bivalve Pyganodon grandis peut être envisagé dans des DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière Q uestions Les métaux ont-ils atteint le milieu récepteur ? O utils • [Métaux]-libres, [Métaux]-dissous, [Métaux]-particulaires (Comparaison entre les différentes stations du milieu récepteur en aval d’un effluent minier et les stations de référence). Les métaux sont-ils biodisponibles ? • [Métaux]-tissulaires et [métallothionéine] chez Hexagenia limbata comme espèce sentinelle (Comparaison entre les différentes stations du milieu récepteur en aval d’un effluent minier et les stations de référence). (Masson et al. en prép.; Michaud et al. 2005). • [Métaux]-tissulaires chez Hyalella azteca comme espèce sentinelle; approche par transplantation (Comparaison entre les différentes stations du milieu récepteur en aval d’un effluent minier et les stations de référence) (Couillard et al. 2008). • Dosage des ions métalliques libres par la technique d’échange ionique (TEI). • Calcul des concentrations en ions métalliques libres (ex. : avec le logiciel WHAM – voir Tipping (1998)). Y-a-t-il une réponse biologique dans le milieu récepteur ? • Modification des communautés benthiques (Comparaison entre les différentes stations du milieu récepteur en aval d’un effluent minier et les stations de référence) • Expérience de transplantation de moules P. grandis dans différentes stations suivant un gradient de contamination. • Étude de population de l’éphémère Hexagenia limbata à différentes stations suivant un gradient de contamination. L’effluent minier est-il responsable de la réponse biologique dans le milieu récepteur ? • Test de toxicité avec l’algue Pseudokirchneriella subcapitata réalisé en laboratoire sur l’eau du milieu récepteur obtenu après dialyse in situ. • Distribution « amont – aval » de l’intensité des mesures d’effets. • Recherche du ou des agents causaux par une approche expérimentale de type TIE «Toxicity Identification Evaluation». Tableau 3 : Outils diagnostiques proposés pour évaluer l’impact écotoxicologique d’un effluent minier dans une rivière. expériences de transplantation (ex.: Perceval et al. 2006, et le déploiement du présent projet) se déroulant de la période s’étirant entre le printemps et l’automne. La comparaison entre les résultats obtenus dans le présent projet (rivières) et ceux de nos études antérieures (lacs) montre d’ailleurs l’utilité de l’éphémère et de la moule comme biomoniteurs et de la MT comme biomarqueur de contamination métallique. Les outils développés dans ce projet, sur des bases scientifiques solides, pourront contribuer à la définition de nor- mes de rejets miniers en tenant compte du milieu récepteur. De plus, ils permettront une diminution des coûts associés au suivi environnemental associé aux opérations minières, étant donné l’intégration des connaissances qu’ils fournissent. Références [BNQ] Bureau de normalisation du Québec. 1987. Eauxdétermination de la toxicité. Méthode avec la bactérie bioluminescente Photobacterium phosphoreum. NQ 3600-205. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 47 Développement d’outils d’évaluation du milieu récepteur pour l’industrie minière Gouvernement du Québec. Ministère de l’industrie et du commerce. Campbell PGC, Chapman PM, Hale BA. 2006. Risk assessment of metals in the environment. Dans: Hester RE, Harrison RM. (éds). Issues in Environmental Science and Technology, No. 22. Chemicals in the Environment: Assessing and Managing Risk. Royal Society of Chemistry, Cambridge, pp. 102–131. [CEAEQ] Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec. 2003. Détermination de la toxicité: inhibition de la croissance chez l’algue Selenastrum capricornutum. MA.500-S.cap. 2.0, Ministère de l’Environnement du Québec, 26 p. [CEAEQ] Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec. 2000. Détermination de la toxicité létale chez la daphnie, Daphnia magna. Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec. Ministère de l’Environnement, MA 500 - D.mag. 1.0 (édition 2000). Fortin C, Campbell PGC. 1998. An ion-exchange technique for free-metal ion measurements (Cd2+, Zn2+): applications to complex aqueous media. Internat. J. Environ. Anal. Chem. 72: 173-194. Masson S, Couillard Y, Campbell PGC, Olsen C, PinelAlloul B, Perceval O. Responses of two sentinel species (Hexagenia limbata - mayfly; Pyganodon grandis - bivalve) along spatial cadmium gradients in northern Québec rivers and lakes (en préparation). Masson S, Campbell PGC, Olsen C, Martel L, Pinel-Alloul B, Méthot G, Hontela A. 2005. Réponses de trois espèces sentinelles aquatiques à la contamination en métaux traces dans deux rivières de l’Abitibi, Québec. Rev. Sci. Eau. 18: 143-160. Michaud AL, Hare L, Campbell PGC. 2005. Exchange rates of cadmium between a burrowing mayfly and its surroundings in nature. Limnol. Oceanogr. 50: 1707-1717. Chapman PM. 2008. Environmental risks of inorganic metals and metalloids: a continuing, evolving scientific odyssey. Human Ecol. Risk Assess. 14: 5-40. Perceval O, Couillard Y, Pinel-Alloul B, Campbell PGC. 2006. Linking changes in subcellular cadmium distribution to growth and mortality rates in transplanted freshwater bivalves (Pyganodon grandis). Aquat.Toxicol. 79: 87-98. Chapman PM. 1999. Selenium – A potential time bomb or just another contaminant. Human Ecol. Risk Assess. 5: 1123-1138. Tipping E. 1998. Humic ion-binding Model VI: an improved description of the interactions of protons and metal ions with humic substances. Aquat. Geochem. 4: 3-48. Couillard Y, Grapentine LC, Borgmann U, Doyle P, Masson S. 2008. The amphipod Hyalella azteca as a biomonitor in field deployment studies for metal mining. Environ. Pollut. 156: 1314-1324. Couillard Y, Campbell PGC, Tessier A. 1993. Response of metallothionein concentrations in a freshwater bivalve (Anodonta grandis) along an environmental cadmium gradient. Limnol. Oceanogr. 38: 299-313. Environnement Canada. 1990. Méthode d’essai biologique: méthode de référence pour la détermination de la létalité aiguë d’effluent chez la truite arc-en-ciel. Série de la protection de l’environnement. Environnement Canada. Juillet 1990. SPE 1/RM/13. Environnement Canada. 1992a. Méthode d’essai biologique: essai de reproduction et de survie sur le cladocère Ceriodaphnia dubia. Série de la protection de l’environnement. Février 1992. SPE 1/RM/21. Environnement Canada. 1992b. Méthode d’essai biologique: essai de croissance et de survie sur des larves de tête-de-boule. Série de la protection de l’environnement. Février 1992. SPE 1/RM/22. 48 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Bruno BUSSIÈRE1,a,*, Robin POTVIN1,a, Anne-Marie DAGENAIS2, Michel AUBERTIN3, Abdelkabir MAQSOUD1, Johanne CYR4 1. Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT en environnement et gestion des rejets miniers, UQAT, Rouyn-Noranda, Québec, Canada 2. Golder Associés, Montréal, Québec 3. Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT en environnement et gestion des rejets miniers, École Polytechnique, Montréal, Québec, Canada 4. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, Canada a : Chaire de recherche du Canada sur la restauration des sites miniers abandonnés Résumé Le gisement polymétallique de la mine Lorraine (Latulipe, Québec), exploité de 1964 à 1968, a généré environ 600 000 tonnes de résidus miniers potentiellement générateurs d’acide. Ces résidus ont été entreposés dans un parc d’une superficie de 15,5 hectares. Le parc a été laissé à l’abandon pendant environ 30 ans. Durant cette période, les réactions d’oxydation des sulfures contenus dans les rejets miniers se sont enclenchées, ce qui a conduit à la génération de drainage minier acide (DMA), dont les traces sont principalement observées dans le secteur sud du parc. Afin de réduire les impacts sur l’environnement, des travaux de restauration ont été entrepris à l’été 1998. L’approche de restauration préconisée inclut la construction d’une couverture avec effets de barrière capillaire (CEBC) pour limiter la migration de l’oxygène jusqu’aux résidus réactifs. En plus de la CEBC, un système de traitement passif, constitué de drains dolomitiques (3) et calcique (1), a été mis en place pour améliorer la qualité de l’eau des exfiltrations du site. Les mesures effectuées sur le site montrent qu’après une période transitoire de deux ans, la CEBC est efficace pour limiter la migration de l’oxygène. Les flux mesurés sont inférieurs à l’objectif de design, qui était de l’ordre de 20 à 40 g d’O2/m2/an. Malgré la bonne performance de la CEBC, l’eau qui sort du site (avant traitement passif) ne respecte toujours pas les critères de rejets québécois; cependant, une amélioration notable a été observée au cours des deux dernières années. Grâce aux drains dolomitiques, on améliore significativement la qualité de l’eau de l’effluent final, sans toutefois respecter tous les critères. Introduction La restauration des sites miniers générateurs de drainage minier acide (DMA) est probablement le défi environnemental le plus important auquel doit faire face l’industrie minière québécoise, canadienne et mondiale (Ritcey, 1989; MEND, 2001; Aubertin et al., 2002; Bussière, 2007). La res- tauration de sites abandonnés ayant déjà généré du DMA, pour une période plus ou moins longue, est encore plus compliquée que celle des sites actifs en fin d’opération (Bussière et al., 2005). Un des aspects importants qui distingue les sites abandonnés par rapport aux sites existants est la qualité de l’eau interstitielle. En présence de sulfures, l’oxydation dans les rejets durant les années d’exposition peut avoir contaminé de façon significative la qualité de l’eau interstitielle; on peut alors y mesurer des pH inférieurs à 4, des teneurs élevées en sulfates et en métaux (de l’ordre du millier de ppm) tels le fer, le zinc, le cuivre, le nickel, l’arsenic, etc. (voir Aubertin et al., 2002, pour des exemples concrets). Les fortes teneurs en fer et les faibles pH peuvent alors entraîner une oxydation indirecte des minéraux sulfureux. Les réactions d’oxydation peuvent ainsi se poursuivre pendant un certain temps, même si l’on limite l’apport en oxygène par la mise en place d’une barrière constituée de sols (telle une couverture avec effets de barrière capillaire - CEBC) ou d’eau (e.g. Gleisner et al., 2006). Dans le cas des sites abandonnés, il faut non seulement empêcher une nouvelle contamination mais aussi s’occuper de la contamination antérieure. Ainsi, il est généralement nécessaire de prévoir un système de traitement afin, éventuellement, de décontaminer l’eau qui va sortir des pores des rejets. Pour ce faire, on peut avoir recours à un traitement passif plutôt qu’à un traitement chimique actif (Bussière et al., 2005; Neculita et al., 2007). Même si les spécificités associées à la restauration des sites miniers abandonnés générateurs d’acide ont été identifiées, il existe relativement peu de cas de suivi à long terme (10 ans et plus) de tels sites restaurés avec des méthodes éprouvées de réhabilitation. Dans le présent papier, on présente les résultats du suivi d’un site générateur de DMA (abandonné pendant plusieurs années) qui a été restauré par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), à la fin des années 1990, soit le site Lorraine. Après une description du site et de l’approche de restauration appliquée, on présente les principaux résultats de suivi mesurés depuis 1999. Les résultats pré- DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 49 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi sentés sont de deux ordres : le comportement hydrogéologique du recouvrement et sa capacité à limiter la migration de l’oxygène et l’évolution de la qualité des eaux, avant et après le traitement passif, à l’aide des drains dolomitiques. Enfin, des liens entre les deux types de résultats sont discutés, et on termine par une description sommaire des principaux travaux en cours et à venir sur le site. Site lorraine Localisation et historique de l’ancienne mine Lorraine L’ancienne mine Lorraine est située à mi-distance entre les villages de Belleterre et de Latulipe, dans la région du Témiscamingue au Québec, à environ 130 km de RouynNoranda (figure 1). Le gisement de la mine Lorraine a été découvert en 1961 par prospection de surface (Lulin, 1990). La mine, en opération entre 1964 et 1968, a produit un minerai contenant du cuivre, du nickel, de l’or et de l’argent (Lavergne, 1985). Les minéraux sulfureux présents dans la zone minéralisée sont principalement la chalcopyrite, la pyrite, la pyrrhotite et la pentlandite. La proportion des minéraux sulfureux dans les rejets est d’environ 10 %. On ne retrouve pratiquement pas de minéraux carbonatés dans la gangue. Le potentiel net de neutralisation (PNN) des rejets, évalué à l’aide d’essais statiques, donne une valeur de -199,7 kg d’équivalent CaCO3/t (Bernier, 1996), confirmant la pro- pension des rejets à générer du DMA (note : on considère habituellement qu’un rejet minier ayant un PNN inférieur à -20 kg d’équivalent CaCO3/t est générateur d’acide; e.g. SRK, 1989). Au cours de son exploitation, le gisement Lorraine a généré environ 600 000 tonnes de résidus miniers (ou rejets de concentrateur), qui ont été entreposés dans un bassin couvrant une superficie d’environ 15,5 hectares. L’épaisseur de résidus miniers accumulés sur le site varie de quelques centimètres, au nord, jusqu’à 6 m d’épaisseur, au sud. Une partie de ce parc à résidus est sous le niveau phréatique, mais une grande partie des résidus du parc sont non saturés (principalement près des digues perméables au sud du parc à résidus, voir la vue en plan du site de la figure 1). Les résidus de la zone non saturée ont été exposés à l’atmosphère pendant environ 30 ans, amenant l’enclenchement des réactions d’oxydation des sulfures et la génération d’un lixiviat acide au pied des digues. Plus d’informations concernant le parc à résidus du site Lorraine peuvent être trouvées dans Nastev et Aubertin (2000), Dagenais et al. (2001, 2002, 2005), Bernier (2002), Dagenais (2005) et Potvin (2009). Restauration du site Suite à une série d’études, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a entrepris, en 1998, un programme de réhabilitation du site, visant à contrôler la génération du DMA et à limiter les dégâts causés par les épanchements de rejets générateurs d’acide. Le plan de restauration comprenait plusieurs étapes, incluant princi- Figure 1 : Localisation du site minier Lorraine (tirée de Fontaine 1999) et vue en plan du site avant la restauration (tirée de Nastev et Aubertin, 2000). 50 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi palement la construction d’une couverture à effets de barrière capillaire (CEBC) ainsi que la construction de drains dolomitiques (3) et calcaire (1) situés aux effluents finaux. • La couverture à effets de barrière capillaire CEBC La CEBC mise en place au site Lorraine est formée de trois couches de matériaux meubles soit, de la base au sommet (Aubertin, 1996; voir figure 2) : un bris capillaire de 0,3 m d’épaisseur composé de sable, 0,5 m de silt agissant comme couche de rétention d’eau et une couche protectrice faite de sable avec gravier de 0,3 m d’épaisseur (Aubertin, 1996 ; Nastev et Aubertin, 2000). Selon la classification USCS (Holtz et Kovacs, 1981), le matériau fin constituant la couche de rétention d’eau est un silt inorganique non plastique (ML). Le pourcentage de particules de taille inférieure à 80 microns est typiquement supérieur à 70 %, alors que le D10 est de l’ordre de 1 à 2 μm. Les essais réalisés sur des échantillons ayant une porosité (n) similaire à celle des résidus en place (soit de l’ordre de 0,4 à 0,5) ont donné des valeurs de conductivité hydraulique saturée (ksat) comprises entre 10-5 et 10-6 cm/s. Quant à la capacité de rétention d’eau du matériau, la pression d’entrée d’air (ψa) mesurée à l’aide d’essais de succion est de plus de 2 m d’eau. Le matériau granulaire utilisé dans la couche de bris capillair de bris capillaire du bas est un sable uniforme (SP-SM) contenant un peu de particule silteuse (moins de 10 % des particules < 80 μm) ; le D10 du sable varie entre 60 et 150 μm. La valeur de ksat mesurée sur le sable est de l’ordre de 7x10-3 cm/s pour une porosité similaire à celles observées sur le terrain (n d’environ 0,35). La pression d’entrée d’air ψa mesurée au laboratoire est de 25 cm d’eau. Le matériau de la couche supérieure n’a pas été caractérisé en détails, puisque le matériau est très similaire à celui de la couche de bris capillaire du bas, à l’exception de la présence de cailloux. On considère ici que les cailloux ne devraient pas modifier de façon significative les propriétés du sable. Plus d’informations concernant le design, la construction et la caractérisation des matériaux constituant la CEBC peuvent être trouvées dans Nastev et Aubertin (2000), Dagenais et al. (2001, 2002) et Dagenais (2005). Figure 2 : Configuration de la CEBC et emplacement des stations de monitoring (tiére de Dagenais, 2005). DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 51 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi • Le traitement passif des exfiltrations Même si la couverture multicouche, qui sert de barrière à l’oxygène, empêche l’oxydation directe des résidus miniers de se poursuivre, le DMA généré avant son installation doit être traité. C’est ici que les drains dolomitiques entrent en jeu. En 1998, trois drains dolomitiques (Dol-1, 2, 3) ont été construits au sud du parc à résidus, en aval de la digue, afin de traiter les exfiltrations contaminées par le DMA collecté au pied de la digue. Un quatrième drain calcaire, rempli de marbre (98,2 % calcite; Cal-1), a été construit au bas de la digue située à l’ouest du site (Bernier et al., 2002). Étant donné la configuration du site, ce dernier drain intercepte peu (ou pas) de DMA, et il est donc difficile de le comparer aux drains dolomitiques et de juger de ses performances. Pour ces raisons, les résultats associés à ce drain ne seront pas discutés davantage dans ce document. Comme mentionné, les drains dolomiques du site Lorraine sont des tranchées remplies de pierres dolomitiques grossières (particules comprises entre 10 et 100 mm), et dont les parois sont constituées d’un matériau silteux à faible conductivité hydraulique saturée (par rapport au matériau du drain). La tranchée est isolée, sur le dessus, par un géocomposite bentonitique recouvert de sol, qui en assure l’étanchéité. L’effluent acide s’écoule dans le drain par gravité, et l’effluent neutralisé est évacué par un tuyau qui s’écoule directement dans l’environnement. Les trois drains ont une section d’environ 1,5 m? et des longueurs de 65, 69 et 55 m respectivement pour Dol-1, Dol2 et Dol-3. La position des drains et des puits d’échantillonnage sur le site est indiquée à la figure 2. Des coupes longitudinale et transversale du drain dolomitique 3 (Dol3) sont présentées à la figure 3 (schéma représentatifs des deux autres drains). Le temps de rétention hydraulique Figure 3 : Coupes longitudinales et transversales du drain dolomitique Dol-3 (d’après Fontaine, 1999). 52 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi des drains a été estimé à l’aide de tests de traceurs (Maqsoud et al., 2007a). Les résultats ont montré que, pour les drains Dol-1 et Dol-2, le temps de rétention moyen dans le drain varie entre 700 et 2 000 minutes, selon les débits à l’entrée du drain. Quant au Dol-3, des problèmes sérieux d’écoulement sont observés depuis 2002, et il n’a pas été possible de déterminer le temps de rétention hydraulique à l’aide d’essais de traceur. Instrumentation et suivi La CEBC a été instrumentée en 1999, afin de suivre sa performance. La sélection et la position des instruments ont été basées sur des études réalisées en laboratoire et en cellules expérimentales au cours des années précédentes (Aubertin et al., 1997; 1999; Bussière, 1999; Bussière et al., 2007). Les paramètres mesurés dans les différentes couches de la CEBC sont la teneur en eau volumique et la succion matricielle. La mesure de ces deux paramètres permet d’observer les effets de barrière capillaire et d’évaluer l’efficacité du recouvrement à limiter les flux d’oxygène. La teneur en eau volumique est mesurée par la méthode de réflectométrie dans le domaine du temps (TDR pour Time Domain Reflectometry), qui utilise la propagation d’ondes électromagnétique pour mesurer la constante diélectrique qui est liée à la teneur en eau volumique du milieu. La succion est mesurée par des blocs Watermark de la compagnie Irrometer. Le principe est basé sur la mesure de la résistance électrique du milieu en fonction de sa teneur en eau. Le bloc, inséré dans le sol en équilibre avec les conditions environnantes, indique une résistance qui est reliée à la succion. Ces deux types d’équipement ont été utilisés avec succès par les auteurs, au cours des années, pour évaluer le comportement hydrogéologique in situ de la CEBC (Aubertin et al., 1995; Ricard et al., 1997; Bussière et al., 2007 ; Maqsoud et al., 2007b). Après neuf années d’opération, une mise à jour de l’équipement a été nécessaire, puisqu’environ 45 % des équipements étaient inopérants. Cette mise à jour a consisté à remplacer plusieurs sondes TDR et quelques blocs Watermark aux stations de mesure existantes et à ajouter 5 stations de mesures dans la portion sud du parc, près des digues et des drains. Les nouvelles stations sont identiques aux anciennes, en termes de configuration, à l’exception du fait que des sondes Ech2O ont été utilisées pour mesurer les teneurs en eau volumique. Seuls les résultats de l’instrumentation placée en 1999 sont présentés et analysés dans le cadre de cet article. Au total, vingt stations instrumentées ont été installées en 1999, selon 3 axes et espacées de 50 m. Leur emplacement est présenté sur un schéma du site à la figure 4. Chaque station comporte quatre sondes TDR et quatre sondes Watermark. Une sonde TDR et une sonde Figure 4 : Positionnement des instruments sur le terrain dans la CEBC (Fabre, 2008). Watermark sont posées horizontalement au milieu de chaque couche de sable (Niveaux 1-1 et 3-1 de la figure 4). Deux instruments de chaque type sont également installés horizontalement dans la couche de silt à 10 cm et à 25 cm de l’interface supérieure sable-silt (Niveaux 2-1 et 2-2 de la figure 4). La fréquence de mesures pour la teneur en eau volumique et la succion est de l’ordre de 4 à 8 fois par année. La même fréquence a été adoptée pour les mesures de débits et de qualité d’eau aux influents et effluents des drains dolomitiques. En plus de l’instrumentation installée dans la CEBC, 8 piézomètres ont été mis en place, afin de suivre les niveaux piézométriques sur le parc à résidus miniers (Maqsoud et Bussière, 2008). Des tests ponctuels de consommation d’oxygène ont aussi été réalisés sur le site, afin d’évaluer les flux d’oxygène traversant la CEBC (Dagenais, 2005). Enfin, l’évolution de la végétation est suivie à tous les deux ans (Trépanier et al., 2006). Dans le cadre du présent article, on s’attardera principalement au comportement hydrogéologique de la CEBC et à la qualité de l’eau à la sortie des drains dolomitiques. L’écoulement de l’eau sous la couverture ainsi que les résultats des essais de consommation d’oxygène et de suivi de la végétation ne seront pas abordés ici. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 53 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Figure 5 : Mesures de la succion dans les différentes couches de la CEBC aux stations A3, A7 et B5. Comportement hydrogéologique de la CEBC Cette section présente des résultats typiques, qui permettent d’apprécier le comportement hydrogéologique du recouvrement ainsi que sa performance à limiter la migration de l’oxygène de l’atmosphère vers les rejets réactifs. Plus spécifiquement, l’emphase sera mise sur trois stations : A3, A7 et B5 (voir figure 2 pour la localisation). La station A3 est représentative du comportement dans une zone où la CEBC est ennoyée de façon permanente, la station A7 a un comportement qui varie (parfois ennoyé, parfois non saturée; voir figure 1), alors que la station B5 est en conditions non saturées en tout temps. La sélection des stations représentatives est également basée sur la fonctionnalité des appareils de mesure, depuis la mise en place des équipements en 1999 jusqu’à aujourd’hui. Les résultats complets peuvent être consultés dans Dagenais (2005), pour les autres stations et pour les premières années de suivi (de 1999 à 2003). Mesure de la succion Les résultats de mesures de succion, présentés à la figure 5, montrent des comportements différents à la station 11, localisée dans la couche de bris capillaire (couche infé- 54 rieure). Pour la station située dans la zone où on suspecte un ennoiement (station A3), les succions ont été constamment inférieures à 2 kPa, confirmant que la nappe phréatique est située près ou dans la CEBC. Pour la station A7, située à la limite de la zone ennoyée, les succions sont relativement faibles (mais plus élevées que celles mesurées à la station A3), variant entre 0 et 5 kPa. Les succions mesurées à la station B5 sont habituellement comprises entre 2 et 11 kPa (appareil défectueux à partir de 2002), confirmant que l’on se situe dans une zone du parc où on retrouve des conditions non saturées. Au niveau de succions dans la couche de rétention d’eau (WA 2-1 et WA 2-2), les résultats montrent que les succions sont faibles à la station A3, avec des valeurs habituellement inférieures à 2 kPa. À la station A7, les valeurs mesurées en haut de la couche (WA 2-2 ; le WA 2-1 est défectueux depuis 2000) sont habituellement inférieures à 5 kPa, mais avec des épisodes où les succions augmentent à des valeurs supérieures à 15 kPa. On peut penser que cette station oscille entre des conditions quasi-saturées et non saturées. Pour la station B5, les succions mesurées au bas de la couche (WA 2-1) sont habituellement faibles (en-dessous de 5 kPa), alors que celles mesurées dans le haut de la couche (WA 2-2) atteignent fréquemment des valeurs supérieures à 10 kPa (voir les mesures reliées par des pointillés). DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Les valeurs de succion les plus élevées dans la CEBC sont mesurées dans la couche de protection du dessus (WA 31), aux stations A7 et B5. Les succions mesurées durant les périodes sèches peuvent atteindre des valeurs supérieures à 30 kPa. Quant à la station A3, la présence de la nappe phréatique dans la CEBC entraîne des faibles succions dans cette couche de surface (valeur maximale mesurée de 9 kPa). En résumé, on remarque que le comportement hydrogéologique des 3 stations est différent. La station A3 confirme la présence de la nappe phréatique dans (ou près de) la CEBC par des mesures de succion faibles dans l’ensemble des couches. La station A7 a un comportement hydrogéologique différent selon les saisons. À certaines périodes, on retrouve des succions supérieures à 2 kPa dans la couche de bris capillaire, confirmant que la nappe est sous la CEBC, alors que dans d’autres conditions, la succion est pratiquement nulle, ce qui indique que la nappe phréatique est dans (ou près de) la CEBC. Quant à la station B5, elle montre un comportement typique d’une CEBC où les effets de barrière capillaire sont présents, c’est-à-dire que l’on retrouve une succion relativement faible dans la couche de bris capillaire, alors que la succion dans la couche de rétention d’eau augmente avec l’élévation (à partir de l’interface couche avec le bris capillaire du bas). Enfin, les valeurs de succion dans la couche du haut montrent que cette dernière est peu affectée par les interactions avec l’atmosphère (évaporation). Les mesures de succion confirment donc la capacité de la CEBC à maintenir des conditions hydrogéologiques qui favorisent le maintien d’un haut degré de saturation de la couche de rétention d’eau (ce qui la rend efficace à limiter la génération de DMA), puisque la grande majorité des succions mesurées sont inférieures à la pression d’entrée d’air du matériau, qui est de l’ordre de 20 kPa (ou encore 2 m d’eau). Mesure des teneurs en eau volumique La figure 6 montre l’évolution de la teneur en eau volumique dans les différentes couches de la CEBC, aux stations de mesure A3,A7 et B5. On remarque que la teneur en eau dans la couche de bris capillaire du bas (TDR 1-1; voir les lignes pointillées dans les graphiques) est élevé à la station A3 (valeurs entre 0,3 et 0,35), variable à la station A7 (entre 0,1 et 0,3) et faible à la station B5 (habituellement entre 0,1 et 0,18). Ces valeurs sont en accord avec les mesures de succion qui étaient pratiquement nulles à A3, faibles à A7 et plus élevées à B5. La position de la nappe phréatique influencerait donc les mesures dans cette couche (ceci est confirmé par les mesures du niveau d’eau dans les différents piézomètres). Pour A3 et A7, la nappe phréatique est parfois suffisamment proche de la surface pour saturer complè- Figure 6 : Mesures de la teneur en eau volumique dans les différentes couches de la CEBC aux stations A3, A7 et B5. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 55 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi tement cette couche (la teneur en eau volumique valeur à saturation est d’environ 0,30 à 0,35; Dagenais, 2005). En ce qui concerne les teneurs en eau volumiques dans la couche de rétention d’eau (TDR 2-1 et TDR 2-2), on observe des valeurs entre 0,35 et 0,45 à la station A3, entre 0,32 et 0,36 à la station A7, et entre 0,32 et 0,36 à la station B5. On observe également une augmentation progressive des teneurs en eau volumiques durant les deux premières années de mesure. Cette augmentation est attribuée, du moins en partie, à la saturation du silt par les premières fontes des neiges. Rappelons que le silt a été mis en place à sa teneur en eau naturelle et non à sa teneur en eau à saturation. Après deux cycles saisonniers, une saturation complète semble être atteinte; la porosité du silt (donc sa teneur en eau volumique à saturation) après installation est de l’ordre de 0,35 à 0,40. Les mesures de la teneur en eau dans la couche supérieure (TDR 3-1) fluctuent selon les saisons et sont en lien avec les succions mesurées. À la station A3 et A7, les appareils mesurent des teneurs en eau volumique, qui oscillent entre 0,3 (saturation complète) et 0,1. Cela signifie que les succions générées à ces endroits sont parfois supérieures et parfois inférieures à la pression d’entrée d’air du sable qui est estimée à environ 2,5 kPa (ou 25 cm d’eau). À la station B5, les mesures supérieures à 0,15 sont beaucoup moins fréquentes en raison des succions, qui sont habituellement supérieures à 2 kPa à cet endroit. Les résultats des mesures de teneur en eau volumique montrent que les effets de barrière capillaire sont présents à la station B5 et qu’ils permettent de maintenir une teneur en eau volumique élevée dans la couche de rétention d’eau. La couche de rétention d’eau de la station A7 a également une teneur en eau volumique élevée, mais les effets de barrière capillaire ne sont pas toujours responsables de ce comportement. En effet, il semble qu’à certains moments, la saturation de la couche se produit principalement en raison d’une localisation élevée de la nappe phréatique (près de la couche). Enfin, à la station A3, la saturation de la couche de rétention d’eau s’effectue principalement par montée capillaire ; les effets de barrière capillaire sont pratiquement absents à cet endroit. Estimation des flux d’oxygène L’évaluation du flux d’oxygène à travers un recouvrement de type CEBC permet de juger de son efficacité à limiter la génération de DMA. Pour ce faire, on peut utiliser des approches simplifiées, qui se servent des mesures de teneur en eau volumique pour estimer, à l’aide des lois de Fick, le flux à travers le recouvrement. En présence d’une consommation complète et rapide de l’oxygène sous le recouvrement (CL = 0), le flux d’oxygène Fs,L à travers la couche de rétention d’eau d’épaisseur L (on considère ici que les couches de sable ont un impact négligeable sur les 56 flux d’oxygène) en régime permanent s’exprime par la formule suivante (Mbonimpa et al., 2003): Où C0 est la concentration d’oxygène dans l’air (en mole/m2) et De est le coefficient de diffusion effectif du matériau constituant la couche de rétention d’eau. Pour calculer les flux d’oxygène, on doit connaître le paramètre De qui est principalement fonction de la teneur en air du milieu (ou du degré de saturation). La relation proposée par Aachib et al. (2002; 2004) a été utilisée dans cette étude pour évaluer De (m2/s): Où n est la porosité, D0a est le coefficient de diffusion de l’oxygène dans l’air (1,8 x10-5 m2/s à 25°C), D0w le coefficient de diffusion de l’oxygène dans l’eau (2,5 x10-9 m2/s à 25°C), θa la teneur en air volumique du matériau, θw la teneur en eau volumique du matériau, H la constante de Henry (environ 0,03 à 25°C) et pa et pw des paramètres reliés à la tortuosité (considérés constants ici à 3,3). On peut estimer les flux d’oxygène aux trois stations de mesure considérées représentatives du comportement hydrogéologique du site Lorraine (A3, A7 et B5) à partir des mesures de teneur en eau volumique. Les principaux résultats sont présentés à la figure 7; ceux-ci sont basés sur des moyennes annuelles des mesures de teneur en eau volumique dans la couche de rétention d’eau. Pour le besoin des calculs des flux, les valeurs de porosité utilisées sont de 0,40 pour la couche de rétention d’eau de la station A3 (on considère que les valeurs mesurées avec les sondes TDR qui excèdent cette valeur de porosité sont surestimées, probablement en raison des effets du temps sur les sondes) et de 0,37 pour les stations A7 et B5. Ces valeurs de porosité sont basées sur plusieurs mesures effectuées sur le terrain au cours des dernières années (Dagenais, 2005). Les résultats de la figure 7 montrent clairement une période transitoire au cours des deux premières années. Les valeurs plus élevées du flux d’oxygène s’expliquent par la saturation graduelle de la couche de rétention d’eau après les premiers cycles de fonte des neiges. À partir de 2002, les valeurs de flux sont relativement constantes à moins de 5 g d’O2/m2/an pour la station A3, inférieures à 12 g d’O2/m2/an pour la station A7 (sauf à l’année 2006, où le flux a été de 22 g d’O2/m2/an) et entre 20 et 40 g d’O2/m2/an pour la station B5. Les objectifs initiaux de la DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Le Eh à l’affluent des drains (P0-98-6) est passé progressivement environ 600 mV en 1999 à moins de 400 mV en 2007. Les valeurs de Eh mesurées à la sortie du Dol-1 ont peu variées entre 1999 et 2007, se situant entre 110 et 175 mV depuis l’installation du drain dolomitique. Des variations plus importantes ont été mesurées à la sortie des drains Dol-2 et Dol-3. Les valeurs du Eh à la sortie du Dol-2 sont passées de 200 à près de 300 mV entre 1999 et 2005. Dans le cas du Dol-3, le Eh est passé de 300 à 400 mV au cours de la même période. Figure 7 : Estimation des flux à travers la CEBC aux stations A3, A7 et B5. CEBC étant de limiter les flux d’oxygène à des valeurs comprises entre 20 et 40 g d’O2/m2/an (Nastev et Aubertin, 2000), on peut conclure que le système en place au site Lorraine s’avère efficace pour limiter la diffusion d’oxygène. Traitement du DMA par les drains dolomitiques Évolution de la qualité d’eau Une évaluation globale de l’efficacité du traitement passif au site Lorraine peut se faire en comparant la chimie des effluents produits par le passage dans les drains dolomitiques avec la chimie de l’influent analysé à l’entrée de ceuxci. Dans cette section, les tendances générales observées pour les principaux paramètres physico-chimiques (pH, Eh, conductivité, alcalinité) ainsi que pour certains métaux (Fe, Zn, Ni) et autres éléments chimiques importants (Ca, Mg, SO4) sont présentés. Les résultats détaillés peuvent être trouvés dans Potvin (2009). • pH, Eh et conductivité Le pH à l’affluent des drains (PO-98-6 à la figure 8) a légèrement augmenté entre 1999 à 2007. Les premières valeurs de pH mesurées en 1999 avoisinaient 3 unités, alors que de 2000 à 2002 le pH était stable autour de 4. Ce dernier est passé sous 3,5 en 2003 et 2004, pour revenir à des valeurs près de 4 en 2007. Le pH à la sortie du Dol-1 se situe entre 6 et 6,5 depuis 1999. Pour le drain Dol-2, les valeurs du pH mesurées à la sortie fluctuent entre 5 et 6, à l’exception de l’année 2003, où le pH est descendu sous 5 unités. Le pH à la sortie du Dol-3 variait entre 4 et 5 de 1999 à 2002, pour descendre sous 4 unités en 2003 et remonté progressivement à un peu plus de 4,5 en 2007. La valeur de la conductivité électrique de l’eau est proportionnelle à la concentration des ions en solution dans l’eau. Les ions présents dans le DMA et ceux liés à la dissolution de la pierre dolomitique contribuent aux variations de la conductivité électrique de l’eau. Cette dernière a quelque peu diminué dans le PO-98-6 de 1999 à 2000, passant de 8 000 à 6 000 μS/cm. En 2001, elle a augmenté à près de 9 000 μS/cm, pour diminuer à 3 000 μS/cm en 2004. En 2007, la conductivité du DMA se situait à 6 500 μS/cm. De 1999 à 2004, la conductivité mesurée à la sortie du Dol-1 est passée progressivement de 3 800 à 2 200 μS/cm. De 2005 à 2007, elle était stable à près de 4 000 μS/cm. L’évolution de la conductivité mesurée à la sortie des drains Dol-2 et Dol-3 suit, à peu de choses près, celle de la conductivité d l’affluent. La conductivité à l’effluent de ces deux drains dolomitiques a diminué de 1999 jusqu’au printemps 2001, augmenté à l’été de la même année pour diminuer à nouveau jusqu’en 2004. En 2007, les valeurs mesurées à la sortie des drains et à l’affluent étaient similaires et avoisinaient 6 200 μS/cm. • Alcalinité, Ca et Mg L’alcalinité à l’affluent des drains mesurée dans le PO-98-6 est nulle pour toute la période d’observation. Les trois drains dolomitiques ont produit de l’alcalinité au début de leur mise en service. Le Dol-2 a produit de l’alcalinité de 1999 à 2002, alors que le Dol-3 a cessé d’en produire dès l’été 2000. L’alcalinité produite au cours de ces périodes dans le Dol-2 est inférieure à 40 mg/L d’équivalent CaCO3, alors que des valeurs inférieures à 8 sont mesurées dans le Dol-3. Seul le Dol-1 continue encore à produire de l’alcalinité. Les concentrations en calcium mesurées dans le DMA ont peu varié de 1999 à 2007, demeurant entre 330 et 400 mg/L. Celles à la sortie des drains dolomitiques ont également été stables. À la sortie du Dol-1, les concentrations de calcium se situaient entre 450 et 550 mg/L, entre 400 et 450 mg/L à la sortie du Dol-2, alors que l’effluent du Dol-3 donnait des concentrations en calcium du même ordre que celles obtenues à l’affluent, soit entre 300 et 450 mg/L. Le magnésium contenu dans le DMA et à la sortie des drains dolomitiques a diminué progressivement depuis DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 57 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Figure 8 : Évolution de la qualité d’eau (pH, Eh, conductivité, alcalinité, Ca et Mg) de l’influent et des effluents au site Lorraine (Potvin, 2009). l’installation des drains. Les concentrations mesurées dans le PO-98-6 sont passées de 400 en 1999 à moins de 50 mg/L en 2007. Au cours de la même période, le magnésium est passé de 2 200 à 100 mg/L à la sortie du Dol-1, de 350 à 70 mg/L à celle du Dol-2 et de 350 à 110 mg/L de Mg à l’effluent du Dol-3. • Fe, sulfates, Ni et Zn Les concentrations en fer à l’affluent (PO-98-6) sont passées de 3 000 à près de 7 000 mg/L entre 1999 et 2004. En 2000, une légère diminution sous 2 500 mg/L est observable. À partir de 2005, les concentrations en fer ont 58 diminué, pour atteindre 3 500 mg/L en 2007. Les concentrations en fer mesurées à la sortie du Dol-1 ont peu évoluées depuis 1999, se situant entre 200 et 800 mg/L. Une distribution en forme de cloche atténuée peut tout de même être observée. Aux effluents des drains Dol-2 et Dol-3, les concentrations en fer ont augmenté depuis 1999. Pour Dol-2 Out, elles sont passées de 2 000 au départ à 5 000 mg/L en 2006, alors que la sortie du Dol-3 a connu une augmentation moins importante, soit de 1 500 à 3 500 mg/L. Pour le Dol-2 Out, un repli à 3 500 mg/L est observé en 2007. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Figure 9 : Évolution de la qualité d’eau (S total, Fe, Ni et Zn) de l’influent et des effluents au site Lorraine (Potvin, 2009). Le soufre présente des variations similaires à celles observées pour le fer. Dans le PO-98-6, il est passé de 2 700 à 2 000 mg/L entre 1999 et 2000, pour augmenter à 4 500 mg/L en 2003 et diminuer par la suite, atteignant ainsi 2 200 mg/L en 2007. Depuis le début du suivi des drains dolomitiques, les concentrations en soufre à la sortie du drain Dol-1 ont peu varié, demeurant ainsi entre 700 et 1 000 mg/L. Dans les deux autres drains, elles ont augmenté entre 1999 et 2006. Pour le Dol-2, les valeurs en soufre sont passées de 2 000 à 4 000 mg/L, alors qu’à la sortie du Dol-3, elles sont passées de 1 800 à 2 500 mg/L. Le nickel et le zinc sont respectivement présents dans la pentlandite et la sphalérite; ce sont deux sulfures que l’on retrouvait dans le minerai du gîte Lorraine. Le nickel montre une diminution progressive de sa concentration en fonction du temps dans le DMA. Les concentrations de Ni dans le PO-98-6 ont demeuré entre 8 et 11 mg/L de 1999 à 2002, pour diminuer par la suite. Les concentrations en nickel mesurées dans le DMA en 2007 étaient inférieures à 1 mg/L. À la sortie du Dol-1, les concentrations en nickel sont habituellement inférieures à 0,3 mg/L. À la sortie du drain Dol-2, les valeurs en nickel ont baissé de 4 à 0,5 mg/L entre 1999 et 2007. Durant la même période, les concentrations en nickel de l’effluent du troisième drain sont passées de 4 à 1 mg/L. Les concentrations en zinc mesurées dans le DMA et les effluents sont nettement plus faibles que celles en nickel (inférieures à 2 mg/L). Les valeurs dans le DMA ont augmenté entre 1999 et 2003, passant de 0,3 à 1,1 mg/L. Par la suite, elles ont diminué, atteignant ainsi moins de 0,5 mg/L en 2007. Durant l’ensemble de la période étudiée, la concentration à l’effluent du Dol-1 n’a jamais dépassé 0,2 mg/L. Pour Dol-2, les concentrations mesurées à l’effluent sont passées de 0,2 à moins de 0,1 entre 1999 et 2001, pour augmenter par la suite, atteignant 0,4 mg/L en 2007. Les variations des concentrations en zinc mesurées à l’effluent du troisième drain présentent un comportement similaire ; ainsi, elles sont passées de 0,9 en 1999 à 0,7 mg/L en 2001. De 2002 à 2007, elles se situaient entre 0,8 et 1 mg/L. Évolution des débits et rétention des métaux Depuis septembre 1999, le débit à la sortie des drains dolomitiques du site Lorraine est mesuré manuellement (valeur ponctuelle). Des données plus complètes (4 à 6 mesures annuelles) sont disponibles pour les années 2000 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 59 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Figure 10 : Évolution des débits mesurés à l’effluent des drains dolomitiques (Potvin, 2009). à 2004. Le graphique présenté à la figure 10 montre que, malgré les importantes variations, certaines tendances peuvent être observées. Ainsi, les débits mesurés aux effluents des drains Dol-1 et Dol-2 ne semblent pas avoir diminué de façon significative depuis 1999. Par contre, les débits mesurés à la sortie du drain Dol-3, qui ont été très variables entre 1999 et 2001 (0,81 à 7,44 l/min), se situent depuis mai 2002 entre 0,55 et 1,41 L/min. Les débits varient également en fonction des saisons. Les valeurs mesurées au printemps et à l’automne sont plus grandes, alors que les débits minimums se rencontrent au cours des mois les plus secs (juillet et août). Lorsque l’on estime les quantités de contaminants (débit multiplié par les concentrations) qui entrent dans le système et celles qui en sortent, on se rend compte que les drains dolomitiques Dol-1 et Dol-2 permettent une amélioration significative de la charge de l’effluent (on pose ici comme hypothèse que l’eau qui entre dans les drains dolomitiques a la même composition dans les deux drains). Entre les années 2000 et 2004, le Dol-1 a retenu environ 98 % de la masse de Ni qui est entrée, alors que le Dol-2 et le Dol-3 ont retenu respectivement 75 et 35 % du Ni entrant. Pour le Zn, les pourcentages retenus (entre 2000 et 2004) sont de 85 et 70 % pour Dol-1 et Dol-2 respectivement, alors que le Dol-3 a une performance négligeable (c’est-à-dire que les concentrations à l’entrée et à la sortie sont à peu près les mêmes; voir 60 figure 9). Quant au fer, une bonne portion de la masse du fer entrant est retenue dans le Dol-1, soit environ 85 %. Les pourcentages retenus dans les deux autres drains sont nettement inférieurs (40 % dans le Dol-2 et 53 % pour le Dol-3). Ces résultats confirment une certaine capacité de traitement des drains, avec un ordre de performance des drains : Dol-1>Dol-2>Dol-3. Cet ordre de performance est valable en posant l’hypothèse que les eaux de l’affluent des trois drains est de même qualité et équivalente à celle mesurée au PO-98-6. Les mécanismes de traitement des eaux contaminées par les métaux observés dans les drains dolomitiques du site Lorraine peuvent être complexes, mais on estime que la précipitation/co-précipitation de minéraux secondaires et les phénomènes de sorption sont les deux principaux mécanismes en présence. Plus de détails sur le fonctionnement des drains dolomitiques du site Lorraine peuvent être trouvés dans d’autres publications et rapports (Bernier, 2002; St-Arnault et al., 2005; Maqsoud et al., 2007a; Potvin, 2009). DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi Sommaire des résultats Les résultats concernant les mesures hydrogéologiques et la chimie de l’eau permettent de tirer des conclusions quant à l’efficacité du scénario de restauration du site Lorraine. La CEBC remplit bien son rôle de barrière à l’oxygène. Après une période transitoire de deux ans suivant la mise en place, les flux d’oxygène ont respecté les critères de design et ont même été inférieurs dans certains cas (entre 20 et 40 g d’O2/m?/jour). La période transitoire s’explique par une saturation graduelle de la couche de rétention d’eau qui a été mise en place à une teneur en eau bien inférieure à celle à saturation. Trois différentes zones peuvent être identifiées dans la CEBC du site Lorraine : une zone ennoyée en permanence, une zone ennoyée de façon intermittente et une zone non saturée. La performance dans les zones ennoyées est élevée, sans avoir besoin de l’apport des effets de barrière capillaire. Les effets de barrière capillaire permettent cependant d’atteindre les critères de design dans la portion non saturée. Après 9 ans de suivi, la mise en place de la CEBC semble avoir amélioré la qualité de l’eau interstitielle des rejets. Dans le piézomètre contrôle (PO-98-6), le pH a augmenté d’environ une unité (de 3 à 4), alors que la concentration en Ni a chuté significativement au cours des deux dernières années à des valeurs inférieures à 2 ppm (comparativement à plus de 10 ppm en 1999). Les teneurs en sulfates ont également atteint des valeurs inférieures à celles initiales relevées au cours de la dernière année (< 2000 ppm). L’effet de la mise en place d’une CEBC sur des rejets ayant déjà été oxydés est progressif. Dans le cas du site Lorraine, une période géochimique transitoire est observée, avec des concentrations en éléments (voir par exemple les évolutions dans le PO-98-6 du Fe, S et Zn) qui augmentent significativement entre 2001 et 2006. La dissolution de minéraux secondaires liés à l’oxydation préalable pourrait expliquer en partie ce phénomène. Les drains dolomitiques ont permis en général d’améliorer la qualité de l’eau provenant des rejets miniers, mais sans toutefois réussir à atteindre les niveaux exigés par la réglementation québécoise. L’efficacité des drains n’a également pas été la même : le drain Dol-1 a été plus efficace que le drain Dol-2 qui, lui-même, a été plus efficace que le Dol-3. Autres travaux réalisés, en cours et À venir Le site Lorraine est un site unique qui permet d’approfondir les connaissances sur la restauration des sites miniers générateurs d’acide dont les résidus sulfureux ont déjà subit de l’oxydation (sites qui ont été abandonnés pendant plusieurs années). La proximité relative du site et la densité d’équipements de mesure élevée permettent d’investiguer différents aspects de la restauration. Dans cet article, l’emphase a été mise sur le comportement hydrogéologique de la CEBC et sur la chimie des eaux à la sortie des drains dolomitiques servant pour le traitement passif du DMA. D’autres aspects de la restauration ont été étudiés ou sont à l’étude sur le site. Les résultats démontrent clairement l’efficacité au niveau de la CEBC à court terme (10 ans et moins). De plus, des mesures directes à l’aide d’une nouvelle méthode (appelée consommation d’oxygène modifiée) ont permis de valider les calculs effectués à l’aide des mesures de teneurs en eau volumiques et des équations 1 et 2 (Dagenais, 2005). Cependant, la végétation a commencé à envahir le site de façon importante (voir figure 11). Un projet est Figure 11 : Évolution de la végétation sur le site Lorraine depuis la construction de la CEBC. DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 61 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi présentement en cours pour caractériser l’évolution de la végétation sur le site (Trépanier et al., 2006) ainsi que les effets de cette dernière sur la performance de la CEBC. L’équipe de recherche des auteurs étudie également des options pour limiter l’apparition des espèces indésirables sur le site (principalement les arbres). L’option qui semble avoir le meilleur potentiel consisterait à revégétaliser le site avec des espèces ayant des racines superficielles et des effets allélopathiques. Ces derniers effets empêcheraient l’implantation des arbres par des phénomènes chimiques et physiques. Les résultats de l’analyse de la chimie des eaux au drain dolomitique Dol-3 montrent que le système a perdu beaucoup de son efficacité depuis 2002. Une étude au laboratoire est présentement en cours pour identifier un procédé de traitement optimal, afin de remplacer le Dol3. Différentes options seront testées : drains anoxiques calcaires, système de bio-traitement passif avec bactéries sulfato-réductrices et traitement multi-stage pouvant intégrer plusieurs approches. Les résultats obtenus lors de cette étude permettront de proposer un design qui serait éventuellement appliqué sur le site. Après une période de suivi du nouveau système du Dol-3, des modifications pourront être apportées aux Dol-2 et Dol-1, pour améliorer leur performance de traitement. Références AACHIB, M., AUBERTIN, M., MBONIMPA, M. (2002). Laboratory measurements and predictive equation for gaz diffusion coefficient of unsaturated soils. Proc. 55th Canadian Geotechnical Conference and 3rd joint IAHCNC and CGS Groundwater Specialty Conferences, Niagara Falls, Ont., CD-Rom, 163-171. Le comportement hydrogéologique des drains dolomitiques a également été étudié à l’aide d’essais de traceur (Maqsoud et al., 2007a) et de modélisations numériques (Poirier, 2008). Les résultats ont montré que les drains dolomitiques ne sont pas en charge, ce qui leur confère un comportement hydrogéologique particulier qui affecte sûrement les mécanismes de traitement. Une portion importante des drains n’est pas utile au traitement, puisque l’eau n’y circule pas ou encore très rarement. AACHIB, M., MBONIMPA, M., AUBERTIN, M. (2004). Measurement and prediction of the oxygen diffusion coefficient in unsaturated media, with applications to soil covers. Water, Air and Soil Pollution, 156:163-193. Des essais au laboratoire à l’échelle intermédiaire (modèle physique de plus de 2 000 litres) ont été réalisés, afin de simuler la performance d’un système de drains dolomitiques où les conditions seraient réellement anoxiques (voir Potvin, 2009, pour les détails). Les résultats ont montré qu’on pouvait générer davantage d’alcalinité dans des conditions anoxiques, mais qu’on limitait le traitement des métaux en réduisant la précipitation de minéraux secondaires. AUBERTIN, M., BUSSIÈRE, B., BARBERA, J. M., CHAPUIS, R. P., MONZON, M., AACHIB, M. (1997). Construction and instrumentation of in situ test plots to evaluate covers built with clean tailings. Proc., 4th International Conference on Acid Rock Drainage,Vancouver, BC,Vol. 2, 715-730. Beaucoup de travaux ont été réalisés au site Lorraine, et ce dernier offre encore un lieu intéressant pour pousser plus loin la recherche dans le domaine de la restauration minière. Par exemple, dans les prochaines années, on prévoit étudier davantage les phénomènes de dissolution des minéraux secondaires après restauration. On vise aussi à mieux ausculter la nappe phréatique sous la CEBC; jusqu’à présent l’emphase a été mise sur le comportement hydro- 62 géologique de la CEBC. Le comportement hydrogéologique de la CEBC a été étudié surtout au niveau des tendances annuelles, avec des fréquences de mesures de l’ordre de 4 à 8 fois par année. Les nouveaux équipements installés récemment dans la CEBC permettront un suivi plus étroit dans les endroits critiques, où les effets de barrière capillaire sont nécessaires pour assurer une bonne efficacité du recouvrement. À l’aide de ces mesures (dans la CEBC et dans les piézomètres), de l’installation d’une station météorologique aux périodes critiques, de mesures directes de la concentration en oxygène dans et sous la CEBC et des mesures de débits aux différents effluents, on sera en mesure de mieux comprendre le mouvement des fluides à travers la CEBC et l’hydrogéologie globale du site. AUBERTIN, M., BUSSIÈRE, B. BERNIER, L. (2002). Environnement et gestion des résidus miniers. Les Éditions de l’École Polytechnique de Montréal, CD-Rom, Montréal, Qc. AUBERTIN, M., BUSSIÈRE, B., JOANES, A. M., MONZON, M., GAGNON, D., BARBERA, J. M., BÉDARD, C., CHAPUIS, R. P., BERNIER, L. (1999). Projet sur les barrières sèches construites à partir de résidus miniers, Phase II: essais en place.” MEND Report 2.22.2c. AUBERTIN, M. (1996). Recouvrement multicouche pour le parc à résidus du site minier Lorraine. Rapport soumis au MRNQ (SDM-R-96-23). 30 p. BERNIER, L. (1996). 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DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE 63 Restauration du système minier Lorraine, Latulipe, Quebec : Résultats de 10 ans de suivi NECULITA, C.-M., ZAGURY, G.J., BUSSIÈRE, B. (2007). Passive treatment of acid mine drainage in bioreactors using sulfate-reducing bacteria: critical review and research needs. Journal of Environmental Quality, 36: 1-16. POIRIER, C. (2008). Étude paramétrique de l’écoulement de l’eau dans un drain de pierre calcaire par analyses numériques selon des variables granulométriques, géométriques et hydrauliques. Mémoire de maîtrise en Sciences appliquées, Département des génies Civil, Géologique et des Mines, École Polytechnique de Montréal. POTVIN, R. (2009) Évaluation à différentes échelles de la performance de systèmes de traitement passif pour des effluents contaminés par le drainage minier acide.Thèse de doctorat, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (à paraître). RICARD, J. 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DÉCHETS SCIENCES & TECHNIQUES, REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE SAP - 9, rue de l’Arbre Sec - 69281 LYON CEDEX 01 Mèle : [email protected] Service abonnement : SAP/DPE - Service abonnement - 9, rue de l’Arbre Sec - 69281 LYON CEDEX 01- Tél. : 04 72 98 26 69 - Fax : 04 72 98 26 80 N° de commission paritaire : 0307 T 88295 - N° ISSN : 0753-3454. - Photocomposition SAP Principaux associés : DPE 64 DÉCHETS - REVUE FRANCOPHONE D’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE - N° 54 - 2è TRIMESTRE 2009 - REPRODUCTION INTERDITE