Discours du Président de la République du Kazakhstan N
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Discours du Président de la République du Kazakhstan N
Discours du Président de la République du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev à la 66ème session de l'Assemblée générale de l’ONU Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Honorables collègues, Mesdames et Messieurs, Au nom de la République du Kazakhstan et personnellement, je tiens à féliciter le distingué Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour sa réélection à ce poste élevé et responsable. Aussi, je félicite l'honorable Ambassadeur du Qatar, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, élu Président de la 66ème session de l'Assemblée générale. La République du Kazakhstan félicite le nouveau membre de la Communauté des nations – la République du Sud-Soudan – à l’occasion de l’acquisition de son indépendance. Honorable Président, Mesdames et Messieurs, Cette année, notre pays célèbre le 20ème anniversaire de son Indépendance. Pendant tout ce temps, le Kazakhstan a strictement suivi la lettre et l'esprit de la Charte de l'ONU. Premièrement, nous avons fermé le plus grand site d'essais nucléaires de Semipalatinsk et sommes devenus l'un des pionniers dans le monde des nouveaux Etats non nucléaires. Ceci est une grande contribution à mon pays à la garantie de la paix et de la stabilité globales. Deuxièmement, nous avons réussi à convoquer la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), que j'ai proposé à faire il y a dix-neuf ans de cette tribune. Aujourd'hui, 29 pays représentant près de la moitié de la population de la Terre participent aux travaux de ce forum. L'année dernière, le Kazakhstan, premier pays de la CEI, a présidé l'OSCE. Nous avons donné une impulsion à toutes les dimensions de l’Organisation. Pour la première fois depuis 11 ans, nous avons réussi à organiser le Sommet de l'OSCE dans notre capitale, à Astana. L'adoption de la Déclaration d'Astana a contribué au renforcement de l'OSCE en vue de la construction d’une communauté de sécurité commune et indivisible sur l’espace de l’Euro-atlantique et de l'Eurasie. Le Kazakhstan a proposé de créer une plateforme commune pour la sécurité eurasienne en joignant, à long terme, le potentiel de l'OSCE et de la CICA. Cette année, le Kazakhstan a entamé une mission de haute responsabilité, celle de la présidence de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Nous focalisons les efforts de la présidence sur le renforcement de la sécurité internationale et régionale, la promotion du dialogue entre le monde musulman et l'Occident, l’opposition à l'islamophobie et le renforcement du régime de nonprolifération des armes de destruction massive. La réponse à la crise humanitaire en Somalie est devenue un test pour l'OCI. Nous avons réussi à mobiliser 350 millions de dollars pour des programmes visant à fournir des produits alimentaires et des médicaments, ainsi qu’assurer la réhabilitation économique de la Somalie. Troisièmement, plus de 140 groupes ethniques et 40 confessions religieuses cohabitent dans notre société en paix et en accord. Astana accueille régulièrement les Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles. Notre pays est devenu un facteur de stabilisation dans la région. Nous avons proposé d'organiser ces forums sous l’égide de l'ONU. C'est notre contribution au dialogue global sur le renforcement de la confiance sur la planète. Quatrièmement, notre pays démontre son engagement envers les Objectifs du Millénaire pour le développement. Après l'effondrement de l'Union soviétique, nous avons pu venir à l'avant-garde en termes de réformes et de la dynamique de développement économique. En deux décennies, le PIB par habitant a augmenté de 14 fois – de sept cents à 10 mille dollars. Cinquièmement, le Kazakhstan a proposé d'adopter la Stratégie globale d'énergie et d'environnement et a présenté une initiative environnementale d’envergure « Le Pont Vert ». Nous envisageons de porter ces idées au Sommet du Millénaire à Rio de Janeiro l'année prochaine. Mesdames et Messieurs, Le monde entre dans une des époques les plus critiques. L'humanité a conquis les puissantes sources d'énergie, mais elle est impuissante face à l'assaut des éléments naturels. Des enclaves entières de la pauvreté et de la misère apparaissent même dans les pays les plus riches et prospères. Il devient plus difficile d’endiguer les flambées de l'intolérance interethnique et interreligieuse, même dans les sociétés à forte tradition de tolérance. Dans un monde de l'informatisation générale, il n'existe aucun moyen fiable de protection de l'extrémisme électronique. Il y a dix ans, le monde entier s'est uni autour de la terrible tragédie du « 11 septembre ». Mais, la conclusion finale n’en a pas été tirée, les recrudescences du terrorisme international se font sentir dans les différents coins du monde. Ce sont les principaux défis pour le nouveau siècle. A cet égard, je voudrais attirer l'attention des participants de ce débat politique sur les aspects suivants. 1. – Ce sont des questions de sécurité nucléaire globale. Nous proposons d’entamer l’élaboration d’une Déclaration universelle du monde dénucléarisé. Nous plaçons de grandes espérances en Sommet sur la sécurité nucléaire qui se tiendra à Séoul en 2012. Il est nécessaire d'élargir le cadre juridique et d'améliorer la surveillance internationale par l'ONU et l'AIEA de la mise en œuvre des engagements de tous les pays dans le domaine de la non-prolifération. Nous saluons l'Accord entre les Etats-Unis et la Russie visant la réduction progressive de leurs arsenaux nucléaires. Nous considérons qu’il est important que tous les Etats du « club nucléaire » se rejoignent à ce processus. Aujourd'hui, le monde s’est trouvé dans une situation paradoxale : les uns sont autorisés à avoir et perfectionner leurs armes nucléaires, aux autres il est strictement interdit de mener les recherches. C'est inéquitable, disproportionnée et déloyal. Ces dispositions du droit international doivent être révisées. L'objectif est de renforcer la responsabilité de tous les États, en premier lieu, de ceux dotés d'armes nucléaires, de réduire les arsenaux nucléaires et de les détruire progressivement. Aujourd'hui, il n'y a pas de garanties juridiques claires pour les Etats non-nucléaires de la part des puissances possédant les armes nucléaires. Dans cette dimension importante, le TNP ne fonctionne pas. A ce stade, les armes nucléaires n’ont pas d'effet dissuasif, mais elles sont le catalyseur de la course aux armements. Au XXIe siècle, ce n’est qu’un organe collégial doté de pouvoirs élargis, comme le Conseil de sécurité des Nations unies, peut assurer les fonctions de rétention universelle de la course aux armements. Je propose également d'adopter un appel collectif de la communauté internationale aux puissances de facto nucléaires les incitant à renoncer à leurs ambitions et à adhérer aux traités universels. 2. – Le niveau croissant de la mondialisation des processus économiques impose la nécessité d’un changement du paradigme de la composante économique des activités de l'ONU. Le sens principal du travail des structures mondiales dans le domaine de la réglementation monétaire, commerciale et économique doit consister en prévision et élimination des causes des crises mondiales. Aujourd'hui, tout le monde convient que c’est la défaillance du système financier mondial qui a conduit à la crise mondiale actuelle. Mais aucune mesure significative n'a été prise pour remédier à ces défauts. Le retard dans la matière donnera lieu à de nouveaux assauts puissants de la crise, à une montée de l'instabilité régionale et mondiale. Il est important d'établir un mécanisme efficace de gouvernance économique mondiale avec des droits et normes précis de la responsabilité de toutes les institutions et des acteurs, avec une monnaie de réserve mondiale efficace, un contrôle austère des capitaux spéculatifs. Dans ce contexte, l'idée de l’élaboration du Pacte de régulation globale s’avère pertinente. Une autre question importante c’est la prévention de la faim et de la pénurie croissante d'eau. 3. – L'espace de l'information – est une zone tout est aussi importante pour l'avenir de l'humanité comme des tréfonds de la terre, l'air, l'eau et le cosmos. Mais, aujourd'hui, il n'existe aucune convention internationale, aucun traité multilatéral qui réglerait des processus d'information. Est-ce l'explication de l’impunité pratique pas de la majorité des attaques de pirates sur les banques, les entreprises, les institutions gouvernementales, militaires et même des installations nucléaires ? Je crois qu'il est important qu'un cadre juridique international de l'espace de l'information global soit créé. La base pour cela est la résolution de l’Assemblée générale de l'ONU adoptée en 2002 et relative aux 9 principes d'une culture mondiale de la cybersécurité. 4. – « Le vieillissement » du nouvel ordre mondial est accompagné par l'augmentation des conflits. Il est significatif qu'aujourd'hui, dans le monde, le total des dépenses militaires augmentent deux fois plus vite que durant la « guerre froide », c’est-à-dire de 6 pour cent par an. Elles ont déjà atteint 1,5 trillion de dollars. A cet égard, ma proposition de créer un Fonds pour les efforts de paix de l'ONU, lancé il y a 19 ans à cette tribune, devient encore plus pertinente. Il s’agit d’une cotisation de chaque Etat-membre de l'ONU de 1 pour cent de son budget militaire. J’appelle la communauté internationale à revenir à cette idée et de prendre les décisions nécessaires. Il y a 66 ans, l'ONU a été créée comme une organisation fondée « sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses membres ». Cependant, on ne peut ne pas voir qu’aujourd'hui souvent le principe de la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale est exposé à l'érosion. Cela pourrait nuire à la confiance entre les nations. Aujourd'hui, il est nécessaire de perfectionner les normes du droit international relatives à la souveraineté nationale des Etats et, en tenant compte des nouvelles réalités, de définir clairement les limites au-delà desquelles la participation la communauté internationale à la résolution des conflits internes soit légitime. La paix sur la Terre ne fera que se solidifier si l'ONU interagit plus étroitement avec les structures de sécurité régionales. En ce qui concerne la région eurasienne il s’agit de la CICA, l'OCS et l'OTSC. Il est important de refléter adéquatement la structure du monde moderne dans la composition et les activités du Conseil de sécurité. Dans le même temps, le mécanisme du droit de veto restera la garantie de la justesse et de l'efficacité des décisions qu’on prend. Le Kazakhstan a annoncé sa candidature au poste du membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour les années 2017-2018. Nous espérons d’obtenir le soutien de la communauté mondiale. Ces jours-ci, nous avons les discussions actives autour du problème palestinien complexe. Le Kazakhstan soutient la création d'un Etat palestinien. Une question vraiment difficile est mise sur la balance de l'histoire. Le Président des Etats-Unis d’Amérique Barack Obama en a parlé ici. Mais le processus de négociation entre le peuple palestinien tout aussi martyrisé que celui israélien dure déjà depuis plus de cinquante ans. Sans l’indépendance d’un Etat palestinien il est impossible de parvenir à une paix durable au Moyen-Orient. Mesdames et Messieurs, L'histoire confronte chaque nouvelle ère de l’humanité à la résolution des tâches d’envergure. Aujourd'hui, la question la plus importante c’est de passer dignement à travers les difficultés de la transformation globale du XXIe siècle. La confiance et l'unité entre toutes les nations c’est le fondement d'un nouvel ordre mondial équitable. Je vous remercie pour votre attention.