d`automne2006
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0 123 Festival LITTÉRATURE Toni Morrison au Musée du Louvre MUSIQUE George Benjamin aborde la scène lyrique THÉÂTRE Compagnies Les Possédés et D’Ores et déjà DANSE Thomas Hauert ARTS PLASTIQUES Ernesto Neto au Panthéon b b D’AUTOMNE 2006 b b b Photographie pour le travail prépararoire à la mise en scène de « Baal », de Bertolt Brecht, par la compagnie D’Ores et déjà. LOUIS GARREL CAHIER DU « MONDE » DATÉ JEUDI 14 SEPTEMBRE 2006, N˚ 19171. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT p. 2 p. 3 p. 4-5 p. 6 p. 7 LITTÉRATURE 0 123 - Jeudi 14 septembre 2006 - page 2 AUTOMNE 2006 26e FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS Trente-cinq ans d’excellence, de risques, de partis pris, de controverses, de coups de cœur. Trente-cinq ans aussi de fidélité à une certaine idée de l’art, à des artistes « privilégiés » qui constituent une famille tout en n’excluant pas pour autant les nouveaux arrivants. « Un anniversaire, certes, mais plutôt en coup de vent. Rien à voir avec une commémoration », lance Alain Crombecque, directeur du Festival d’automne à Paris, qui ne cache pas le « désir de revenir à d’anciennes amours », comme celles, notoires, du festival avec la création américaine. Beaucoup des événements programmés cette année concernent des artistes plasticiens, chorégraphes, musiciens et dramaturges venus des Etats-Unis d’Amérique, qu’ils travaillent là-bas ou soient installés en Europe : Deborah Hay, William Forsythe, Richard Maxwell, Caden Manson, Cameron Jamie, Ryan McGuinley. Le 7e art n’est pas oublié, avec une programmation qui éclaire « l’art d’aimer le cinéma américain aux Etats-Unis et en France », en collaboration avec les Cahiers du cinéma, ainsi que la littérature, avec un événement Toni Morrison imaginé par le Musée du Louvre, auquel s’est associé le Festival d’automne. Pour ce 26e supplément, les journalistes du Monde ont retenu, « égoïstement », au sein d’une programmation qui offre de nombreuses autres prises au regard et à la réflexion, quelques-uns des moments qu’ils pensent être les plus prometteurs de cet automne 2006 : l’écrivain américain Toni Morrison ; le compositeur britannique George Benjamin, qui livre son premier ouvrage lyrique sur un livret de Martin Crimp ; deux jeunes compagnies de comédiens « autogérés », D’Ores et déjà et Les Possédés ; le chorégraphe suisse Thomas Hauert ; le plasticien brésilien Ernesto Neto. EDITO La compagnie Les Possédés présente « Le Pays lointain », de Jean-Luc Lagarce. LES POSSÉDÉS TONI MORRISON, impérieuse et impériale LE MANUEL D’EPICTETE / Sami FREY LE SUICIDÉ Nicolaï ERDMAN / Jacques NICHET - TNT du 6 au 22 octobre – Première en Ile-de-France Jazz / Kora Jazz Trio Jazz / Sixun La Périchole/Offenbach/Julie Brochen/Création Fest. Aix-en-Provence Danse / Carmen / Ballet Antonio Gadès Concert Bal / Caratini Jazz Ensemble et ses invités Rock / Louis Bertignac IPHIGENIE, SUITE ET FIN EURIPIDE et Yannis RITSOS / Guillaume DELAVEAU du 30 nov. au 17 décembre – Première en Ile-de-France Premier Prix du Concours “Jazz à La Défense 2006“ Jazz / Renaud Garcia-Fons et Sylvain Luc Duo – Création Jazz / Patrice Caratini Jazz Ensemble – Création RENCONTRES EXCEPTIONNELLES autour du spectacle “Le dialogue improbable” 14 et 16 janvier LE DIALOGUE IMPROBABLE Eliane GAUTHIER et Paul-Jean FRANCESCHINI / Patrice KERBRAT du 18 janvier au 4 février - Création Jazz / Aldo Romano chante HEDDA GABLER Henrik IBSEN / Thomas OSTERMEIER (Berlin) du 31 janvier au 11 février - Première en France Jazz / Elisabeth Kontomanou Quartet CYMBELINE SHAKESPEARE / Declan DONNELLAN (Londres) du 7 au 25 mars – Première en France Jazz / Stéphane Belmondo - Antoine Hervé duo – Création Jazz / Orchestre National de Jazz / Franck Tortiller LES RENDEZ-VOUS CHOREGRAPHIQUES DE SCEAUX – du 27 avril au 30 mai Maryse Delente, Frédéric Flamand/Dominique Perrault, Abou Lagraa, Angelin Preljocaj, Russell Maliphant (Londres) - Première en France Rufus Jazz / Bojan Z Trio TÉL. 01 46 61 36 67 Invitée par le Louvre, en association avec le Festival d’automne, le Prix Nobel Toni Morrison a imaginé la thématique « Etranger chez soi » appliquée aux arts visuels et à leur histoire C ’est une guerrière si Philip Roth était, au nombre que le Louvre et le de titres cités, vainqueur, c’est Festival d’automne Beloved, publié par Toni Morriaccueillent cette son en 1987, qui a recueilli le année. Toni Morri- plus grand nombre de voix. Belson, qui a composé le revanche, car Beloved est le un programme sous le titre premier volet d’une trilogie, « Etranger chez soi » , ne se lais- dont le troisième volume, Parasera jamais enfermer dans le sta- dise – après Jazz –, a reçu de la tut de « Noire méritante », com- critique américaine un accueil me elle l’a souvent répété. Rien plus que mitigé. « On a reproché à ce roman, ne calmera cette combattante somptueuse d’une cause qui ne que je voulais appeler War, d’être connaît pas de victoire, celle, trop poétique, surécrit. Sans parprécisément, de l’étrangeté en ler de ceux qui me collent l’étiquetson pays, où, comme l’a dit Julia te réalisme magique, disait au Kristeva dans Etrangers à nous- Monde Toni Morrison en 1998, mêmes (« Folio » essais), de lors de la sortie du livre en France. Cela n’a aucun sens, c’est ce l’étrangeté à soi. On a bien essayé d’endormir qu’on dit quand on ne sait pas Toni Morrison sous les hon- quoi dire pour “littérature non blanche”. A cela neurs. Elle a été la s’ajoute cette mode première femme noiactuelle de juger la re à recevoir, en Bill Clinton fut, personne plutôt que 1993, le prix Nobel selon elle, son texte, de prétende littérature. Elle en dre délivrer des véria fait un tremplin « le premier tés définitives sur ce pour que Chloe président noir que doit être un Anthony Wofford, roman, alors que le née en 1931 à Lorain des Etatsroman est le lieu (Ohio), enfant de la Unis » même de la liberté. » Grande Dépression, Cette liberté, Toni petite-fille d’esclaves noirs de l’Alabama, devenue, Morrison l’a conquise et exercée pour les Américains, « Toni en tous lieux. Dans ses livres, Morrison, un écrivain national dans son enseignement universi», dise au monde sa révolte taire à Princeton, dans ses disdevant l’injustice, sa conscience cours, ses préfaces – celle qu’eld’être « une femme noire, le a écrite pour un livre d’essais c’est-à-dire ni mâle ni blanche, sur l’affaire O. J. Simpson a fait donc a priori interdite de réussite, scandale. Elle regarde tout cela et devant s’attacher à créer quel- avec un œil impérieux, avec son allure impériale, imposante silque chose de singulier ». Cette année, à la fin du prin- houette aux grandes tresses poitemps, le supplément littéraire vre et sel. Comme ce soir du du New York Times a publié les 26 mai où l’on célébrait, au résultats d’une enquête menée Time Warner Center de New auprès de 125 écrivains, criti- York, ses 75 ans. En présence de ques et éditeurs du monde l’ancien président Bill Clinton, entier, visant à désigner le qui, selon elle, fut « le premier meilleur roman américain des président noir des Etats-Unis », vingt-cinq dernières années. Et ayant tous les traits de « la noir- ceur : pauvre, milieu ouvrier, famille monoparentale, Sudiste, amoureux du saxophone et de McDonald’s ». Ce soir-là, Bill Clinton a ouvert Beloved et a commencé à lire : « Cette grâce qu’il faut imaginer pour la CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL voir… » L’auteur de ces mots, qui, précisément, sait mêler violence et grâce, vient le faire cet automne à Paris. a Josyane Savigneau Musée du Louvre, du 6 novembre au 11 décembre. www.louvre.fr D'AUBERVILLIERS Saison 2006 2007 Mères La maman bohême et Médée Dario Fo et Franca Mère Bertolt Brecht / Jean-Louis Benoit Chair de ma chair Ilka Schönbein Antigone, Horsla-loi Anne Théron Dissident, il va sans dire Michel Vinaver / Laurent Hatat May Hanif Kureishi / Didier Bezace Spectacles Jeune public Le Petit Chaperon rouge / un Rame / Didier Bezace La froid de kronos / Petit Navire... Et des lectures, les Dîners, les Rencontres Ici et Là... Abonnements / Adhésions 01 48 33 16 16 theatredelacommune.com Théâtre de la Commune - Direction Didier Bezace - 2 rue Edouard Poisson - 93300 Aubervilliers illustration Marc Daniau SAISON 2006 / 2007 AUTOMNE 2006 MUSIQUE page 3 - Jeudi 14 septembre 2006 - 0 LE GRAND SOUFFLE MONGOL L e compositeur britannique George Benjamin aura attendu l’âge « canonique » de 46 ans pour aborder le genre lyrique, avec Into the Little Hill, un « conte lyrique » sur un livret de son compatriote, le dramaturge Martin Crimp, pour deux chanteurs et quinze instruments. 46 ans, âge « canonique » ? Oui, si l’on se souvient que Benjamin fit immédiatement sensation après que sa première grande pièce pour orchestre, Ringed by the Flat Horizon (1980), fut donnée, il y a vingtcinq ans, aux célèbres « Proms » de Londres, devant plus de 5 000 personnes : le jeune musicien de 18 ans, élève favori d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, également excellent pianiste et chef d’orchestre, fut très vite reconnu pour son extraordinaire talent et la force poétique de sa musique, de sorte que le landernau de la musique contemporaine aussi bien qu’un public plus généraliste se sont parallèlement intéressés à lui. Après ce premier succès, Benjamin devait écrire deux autres compositions, qui sont toujours parmi les plus jouées de son catalogue et considérées unanimement comme des chefs-d’œuvre : A Mind of Winter (1981), pour soprano et orchestre, et At First Light (1982), pour orchestre de chambre, deux compositions magiques et profondément évocatrices. Il faut attendre 1990 pour que Benjamin réécrive pour la voix : sa découverte des Fantaisies pour violes d’Henry Purcell (1659-1695) le bouleverse et, spontanément, il écrit Upon Silence, sur un poème de Yeats, pour voix et cinq violes de gambe, une musique nullement archaïsante mais qui fait appel à des formules canoniques (dans les deux sens du terme) et qui indiquera au musicien une direction nouvelle pour sa musique : au sens des couleurs et de l’harmonie, il joint celui des lignes horizontales du contrepoint qui vont désormais tramer, parfois de manière très savante, ses compositions à venir. Le jeune Britannique est vite courtisé par de nombreuses maisons d’opéra. Il ne dit pas non, mais refuse de s’engager sur un ouvrage de grande envergure. Surtout, il ne trouve pas de librettiste. Le ballet l’attire, Benjamin approche des chorégraphes, mais rien ne se concrétise de ce côté non plus. En 1996 jaillit Sometime Voices, une pièce extrêmement singulière et poignante pour baryton, chœur et orchestre, sur un extrait de La Tempête, de Shakespeare, une vraie scène d’opéra – à nos oreilles du moins – qu’on dirait promise à développement –, ce George Benjamin. PHILIPPE GONTIER GEORGE BENJAMIN, enfin l’opéra Pour sa première contribution à la scène chantée, le compositeur britannique s’est associé au dramaturge Martin Crimp. Ensemble, ils ont conçu un conte lyrique, « Into the Little Hill » que, à l’époque, George Benjamin l’humour, lit et aime la musique. Sa n’exclut pas. Mais Sometime Voices femme et ses filles font d’ailleurs de restera en l’état (qui lui convient la musique de chambre… » La préparation s’est faite de fort bien). Le compositeur n’écrira manière inédite : « Ni Martin ni plus pour la voix pendant dix ans. 2004 est une année décisive : en moi n’avions de sujet préétabli. Nous avons tâtonné Anne Teresa de Keersensemble. Je me suis maeker, la grande chosouvenu d’un essai régraphe belge, Benja- « Martin est d’opéra que, encore étumin trouve une parte- un maître de diant, j’avais écrit avec naire qui lui inspire un camarade. La musil’une de ses composi- la forme, il n’y a que était mauvaise tions les plus vivantes, jamais un mot mais nous en avons garDance Figures (2004), dé le thème du joueur créée sur scène en de trop, c’est tout mai 2006 à Bruxelles ; à la fois économe, de flûte de Hamelin. Nous nous sommes vus, en Martin Crimp, l’un étrange et avons beaucoup échandes grands noms du gé d’idées au téléphone. nouveau théâtre bri- poétique » Martin a écrit son textannique, il « tient » te, je me suis à mon enfin l’auteur d’un livret cousu main. « J’avoue que je tour isolé pendant six mois avec ce ne connaissais pas l’œuvre de livret parfait. Martin est quelqu’un Martin Crimp. Un ami commun, le d’absolument à l’écoute de ce que je violiste Lawrence Dreyfus, m’a parlé voulais faire. Et je dois dire que, de lui, lui a fait entendre ma musi- pour ma part, j’ai le plus grand resque et m’a fait lire ses pièces. Cela a pect pour la courbe dramatique de été une évidence : Martin est un être son texte et pour son intelligibilité. Je dont l’intégrité personnelle et artisti- déteste ne pas comprendre ce qui est que m’ont immédiatement plu. Il est chanté à l’opéra. » Le livret de Martin Crimp est à la fois fort et doux, il a le sens de sobrement sous-titré : « Text for Music ». « Les mots sont nets, courts, une, deux syllabes. Les deux chanteurs interprètent plusieurs SAISON 2006 - 2007 personnages, ils sont tour à tour acteurs, narrateurs et incarnent même le chœur. Martin est un maî6 NOVEMBRE > 3 DÉCEMBRE tre de la forme, il n’y a jamais un mot de trop, c’est tout à la fois éconoJOHN FORD - YVES BEAUNESNE me, étrange et poétique. Ce qui m’intéresse, c’est que nous avons trouvé 7 > 20 DÉCEMBRE des solutions différentes de ce que nous faisons par ailleurs chacun dans notre travail individuel. » PIER PAOLO PASOLINI - CHARLIE WINDELSCHMIDT En ce début septembre, George Benjamin parachève son travail 8 JANVIER > 4 FÉVRIER d’orchestration : « La partition réduite est gravée par mon éditeur, MARIVAUX - ELISABETH CHAILLOUX Faber Music, et je termine la partition d’orchestre pour que le chef, 10, 17 ET 24 FÉVRIER Franck Ollu, et l’ensemble Modern puissent la répéter à temps. » Cette expérience donneRien d’humain - Les Serpents - Hilda ra-t-elle envie à George BenjaMARIE NDIAYE - CHRISTIAN GERMAIN - JULIA ZIMINA - ELISABETH CHAILLOUX min de tenter la grande forme opératique ? « J’adore l’opéra, 26 FÉVRIER > 24 MARS sous réserve Pelléas et Mélisande, de Debussy, que j’ai eu le bonheur de diriger au Théâtre de la Monnaie de BruxelPIER PAOLO PASOLINI - ADEL HAKIM les, les ouvrages de Janacek, Boris Godounov, de Moussorgski, mais je 23 AVRIL > 20 MAI suis incapable de garantir d’écrire une œuvre de grande échelle. Il me faut du temps, et il faut que enfermé dans les toilettes quelque chose déclenche cette envie. WAJDI MOUAWAD - MAGALI LÉRIS Ma technique d’écriture est plus aguerrie qu’autrefois, j’écris plus 01 43 90 11 11 vite, mais je détruis énormément Dommage qu’elle soit une putain Bête de Style La Fausse Suivante Lectures - mises en espace Pasolini : Politique-Visions Willy Protagoras 123 aussi. Pour l’heure, après quelques mois consacrés à la direction d’orchestre, je me concentrerai sur l’écriture d’une œuvre avec piano concertant pour mon ami Pierre- Laurent Aimard et l’Orchestre de Cleveland. » a Renaud Machart Opéra Bastille (amphithéâtre), les 22, 23 et 24 novembre à 20 heures. « Ouvrir l’oreille au souffle des herbes et du vent, au rire d’une pie ; à la voix d’outreciel d’un chant féminin montant droit comme la fumée d’un feu d’automne ; au silence d’un grand froid traversé d’un claquement cristallin venu de plus loin que l’œil ne porte… » Ces mots de Jacques Legrand, spécialiste de la langue et de la littérature mongoles, extraits de son ouvrage Vents d’herbe et de feutre/Ecrits et dits de Mongolie (Editions Findakly, 1998) invitent à une visite inédite des steppes de l’Asie centrale via une riche programmation de musiques de Mongolie concoctée sous le conseil de l’ethnomusicologue Alain Desjacques. L’événement principal est l’exécution de l’intégralité de l’épopée fondatrice de la culture mongole, L’Histoire secrète des Mongols, souvent comparée au Kalevala finlandais ou au Mahabharata indien. Les douze chapitres de ce récit anonyme, qui daterait du XIIIe siècle, narrent « la généalogie, la naissance, les conquêtes et la descendance de Gengis Khan ». THÉÂTRE 0 123 - Jeudi 14 septembre 2006 - page 4 AUTOMNE 2006 DU THÉÂTRE EN AMÉRIQUE Le regard que porte cette année le Festival d’automne sur une « autre Amérique » révèle des créateurs d’outreAtlantique très peu présents en France. L’auteur, metteur en scène et compositeur Richard Maxwell, 39 ans, propose Showcase dans une chambre d’un hôtel du quartier des Halles, et Good Samaritans au Centre Pompidou. Caden Manson et son Big Art Group, créé en 1999 à New York, montreront à Créteil Dead Set #2, théâtre techno pour société techno. Elizabeth LeCompte et son Wooster Group, collectif d’artistes fondé à New York dans les années 1970, livrent, au Centre Pompidou, leur version très personnelle du Hamlet de Shakespeare. Enfin, c’est un autre Américain, très connu celui-là – l’une des signatures régulières du festival –, qui fait l’ouverture de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, dans sa salle « historique » : Robert Wilson monte le Quartett de Heiner Müller, avec Ariel Garcia-Valdès et Isabelle Huppert. « Le Pays lointain », de Jean-Luc Lagarce, création collective des Possédés. LES POSSÉDÉS DE JEUNES COMÉDIENS questionnent les idéaux dévastés Deux compagnies théâtrales présentent un travail original, fondé sur l’invention collective, qui s’affranchit de la toute-puissance du metteur en scène et de la position de l’« acteur porte-voix ». S ur les programmes du Festival d’automne, même les habitués des théâtres parisiens verront cette année des noms qu’ils ne connaissent pas. Le festival a en effet choisi de donner leur chance à de jeunes, voire de très jeunes équipes : la compagnie D’Ores et déjà monte dans la deuxième salle des Ateliers Berthier, qui restent dévolus à l’Odéon - Théâtre de l’Europe, Baal, de Bertolt Brecht. Les Possédés mettent en scène, à La Ferme du Buisson de Noisiel, au Théâtre 71 de Malakoff et au Théâtre de la Bastille, à Paris, Le Pays lointain, de Jean-Luc Lagarce. Enfin, une dernière bande, constituée autour de l’auteure Marion Aubert et du metteur en scène Richard Mitou, arrive dès septembre au Théâtre de la Colline avec ses flamboyants Histrions : nous reparlerons de ces derniers à cette occasion. Une « bande », oui, car ces trois jeunes compagnies ont en commun de fonctionner de manière collective et de chercher une nouvelle manière de faire du théâtre. Un peu à la manière de leurs aînés du Théâtre des Lucioles ou des Belges du tg STAN – qui sont régulièrement invités dans le cadre du Festi- val d’automne –, ce sont d’abord des bandes de comédiens, qui ont décidé de remettre l’acteur au centre du processus théâtral, de renouer avec la création collective et de donner de la souplesse aux distinctions trop nettes entre auteur, metteur en scène et comédien. Ils ont un autre point THÉÂTRE page 5 - Jeudi 14 septembre 2006 - 0 La compagnie D’Ores et déjà lors d’une répétition de « Baal », de Bertolt Brecht. JACKY LEY/FEDELPHOTO POUR « LE MONDE » commun, c’est d’avoir digéré la faillite des grandes idéologies qui ont porté les générations précédentes, de se méfier des concepts préfabriqués et de souhaiter repenser en profondeur le rôle politique du théâtre. Modestement, et sans illusions, à la différence de leurs aînés. Mais peut-être pas moins radicalement. Les premiers, qui ont choisi de s’appeler D’Ores et déjà – une expression trouvée au hasard en ouvrant le dictionnaire, affirmentils –, ont entre 22 et 25 ans et sont donc d’ores et déjà programmés par le Théâtre de l’Odéon, ce qui n’est pas rien. Le noyau de base est formé de quatre garçons, dont l’un, Louis Garrel, porte un nom déjà célèbre : petit-fils du comédien Maurice Garrel, il joue dans les films de son père, Philippe. Avec Sylvain Creuzevault, Arthur Igual et Damien Mongin, ils se sont rencontrés au conservatoire du 10e arrondissement, alors qu’ils étaient dans les classes théâtre de différents lycées parisiens, avant d’entrer au Conservatoire national ou, pour Sylvain Creuzevault, à l’école de Jacques Lecoq. Ils ont fondé la compagnie en 2002 et ont depuis monté quatre spectacles, au cours desquels d’autres comédiens sont venus les rejoindre. Comédiens, oui : car si Sylvain Creuzevault endosse plus particulièrement le rôle du metteur en scène, si Damien Mongin écrit aussi, ils se veulent avant tout acteurs, impliqués dans une recherche commune sur le plateau : « Par rapport à la grande ère des metteurs en scène, on se situe complètement ailleurs, expliquent-ils. Tout pour nous part de ce que nous appelons l’“acteur de proposition”, et du processus de répétition, qui doit être particulier à chaque spectacle. Cela dépasse le simple cadre du théâtre : qu’est-ce qu’être acteur de sa propre vie et de vivre avec ses semblables, plutôt qu’être une marionnette manipulée par “un homme qui sait” . Nous cherchons ensemble notre vérité, qui est collective. C’est vraiment au cœur de notre réflexion sur ce que peut être départ, de mettre le texte à l’épreuve du plateau sans lui imposer un sens. Avec ce Brecht-là, on a quelqu’un de 20 ans qui regarde ce qu’il pourra devenir. Après, au fil des années, il censure peu à peu son propre texte, ce qui pose de multiples questions. Ce qui est intéressant dans ce texte originel, c’est l’absence de solutions, de réponse claire. C’est ce qui nous touche aujourd’hui, où il est beaucoup plus difficile d’avoir un geste politi- Ils travaillent aussi, classiquement, comme comédiens avec des metteurs en scène comme Eric Vigner ou Bérangère Jannelle, avant que n’affleure le désir d’« échapper au côté mercenaire de l’acteur » et à la vision de « l’acteur comme porte-voix ». L’envie, aussi, tout simplement, de faire un théâtre qui leur corresponde au plus près, qui retrouverait « quelque chose de plus humain, de plus « Le politique aujourd’hui se situe à un autre endroit, il n’est pas forcément de l’ordre de la dénonciation ou de la revendication. » un théâtre politique aujourd’hui, qui doit commencer par être politique dans son processus même de création. Il n’y a donc pas chez nous d’“œil qui voit tout” , de démiurge faisant tomber la vérité d’en haut, comme dans la grande période idéologique, qui a aussi été, ce n’est pas un hasard, celle des metteurs en scène et dramaturges porteurs d’un sens très précis des œuvres. » Ce n’est donc aucunement un hasard s’ils ont choisi de travailler sur Baal, la première pièce de Brecht. Et sur les premières versions, écrites à 20 ans, en 1918-1919, de ce texte que Brecht n’a cessé de reprendre et de remanier au fil de sa vie et dont on voit en général, en France, la version de 1955 : « A cette époque, Brecht n’a pas de vision du monde préétablie. Il cherche. Il ne sait pas non plus pourquoi il écrit du théâtre. Il le fait. C’est ce geste-là que l’on essaie de retrouver en montant la pièce, avec la volonté de ne pas trop conceptualiser au que simple et frontal. » La boucle est bouclée, chez ces très jeunes gens qui, quand on leur demande sur quoi repose leur désir de théâtre, répondent qu’ils « font du théâtre pour connaître leur désir ». Les membres de la compagnie des Possédés ont, eux, une dizaine d’années de plus – entre 32 et 35 ans. David Clavel, Rodolphe Dana, Katja Hunsinger, Nadir Legrand, Katia Lewkowicz et Marie Roig se sont rencontrés au Cours Florent en 1995, avant de travailler, ensemble, comme comédiens, dans la compagnie d’Eric Ruf, avec laquelle ils tâtent de la création collective sur Du désavantage du vent et Les Belles Endormies du bord de Seine. intime et de plus naturel que ce que l’on voyait souvent ». Le travail de la bande du tg STAN, qu’ils découvrent à Paris avec leur Platonov, sert de détonateur : même désir de « désacraliser » la représentation théâtrale, de libérer le jeu, de se frotter directement et en profondeur, en tant que comédiens, avec de grands textes, de trouver le jeu possible entre le texte écrit et la personnalité de l’acteur-personnage : « Nous ne nous sommes jamais dit que nous allions inventer une nouvelle forme », disent-ils avec la même méfiance que leurs cadets pour une trop grande conceptualisation. « Le travail du tg STAN nous a juste aidés à assumer ce que nous vou- lions vraiment : chercher cet état où on ne triche plus au théâtre, se défaire du savoir-faire pour essayer de ne pas perdre de l’humain, d’être au plus près de la vie sur le plateau. » En 2002, ils montent Oncle Vania, de Tchekhov, à La Ferme du Buisson à Noisiel, et créent la compagnie. Les Possédés, « c’est venu tout seul : à cause de Dostoïevski, bien sûr… Mais aussi pour assumer, tout en étant légèrement ironiques avec nous-mêmes, ce côté “possédé” par le théâtre, cette “possession” par un texte qui, après tout, est la condition du comédien… C’était une façon de nous amuser de ce jeu perpétuel entre l’incarnation et la distance qui est au cœur de notre recherche ». L’esprit collectif s’est imposé, même si Rodolphe Dana assume la direction – « en cas de conflits, il faut bien une personne qui tranche ». « Ce n’était pas un choix directement politique. Juste la seule solution pour mener à bien ce type de démarche, qui cultive la personnalité du comédien, et dans laquelle le travail de l’acteur devient un vrai travail d’interprète et de chercheur. Une manière, aussi, de mettre de côté les problèmes d’ego de l’acteur ou du metteur en scène. » Ils font eux aussi le constat tranquille qu’« on ne peut plus être politique comme l’a été la génération qui nous a précédés. Le politique aujourd’hui se situe à un autre endroit, il n’est pas forcément de l’ordre de la dénonciation ou de la revendication. » Comme pour l’équipe des Histrions, la scène reste pour eux cet endroit formidable où la vie peut encore et toujours se réinventer, un lieu de création au sens fort du terme. Comme dans Le Pays lointain, pièce-testament, pièce-monde de Jean-Luc Lagarce, dans laquelle l’auteur, mort en 1995 à 38 ans, joue avec tous les codes du théâtre et réinvente sa vie, avant de disparaître avec une ultime élégance. Comme dans Merlin, de l’Allemand Tankred Dorst, qu’ils ont aussi envie de monter : « Elle pose cette question : que fait-on d’un idéal dévasté ? » a ÉCRITURES CONTEMPORAINES Placé sous l’ombre tutélaire de deux grands Allemands, Bertolt Brecht (avec Baal) et Heiner Müller (avec Quartett), cet Automne fait aussi la part belle à des auteurs contemporains forts et singuliers, morts ou vivants : Copi, disparu en 1987, avec lequel Marcial Di Fonzo Bo continue, avec Loretta Strong (créé au dernier Festival d’Avignon), Le Frigo (une création) et La Tour de la Défense (créé à Bobigny en avril 2005), un formidable voyage commencé en 1995. Le Britannique Martin Crimp, 50 ans, un des auteurs les plus intéressants d’aujourd’hui, qui travaille les failles de notre société de son écriture a-réaliste, musicale, fait l’objet de trois créations : Probablement les Bahamas, pièce radiophonique inédite, par Louis-Do de Lencquesaing ; Atteintes à sa vie et Paroles d’acteurs par Joël Jouanneau, qui poursuit ainsi son beau parcours dans les écritures contemporaines. Enfin, Bruno Geslin s’intéresse, dans Je porte malheur aux femmes…, à un personnage étonnant : Joë Bousquet, né en 1897, écrivain paralysé, reclus et opiomane, mort en 1950 – d’un chagrin d’amour. Fabienne Darge Les Possédés : La Ferme du Buisson (Noisiel), à 20 h 45, Théâtre 71 (Malakoff), 19 h 30, Théâtre de la Bastille (Paris), à 21 heures, du 17 novembre au 10 décembre. D’Ores et déjà : Odéon - Théâtre de l’Europe aux Ateliers Berthier, du 5 au 28 octobre à 20 heures. saison 2006 - 2007 saison 06-07 Quartett saison 06 07 Blaise Cendrars Jean-Michel Rabeux // Joë Bousquet Bruno Jean-Luc Lagarce Rodolphe Dana // Pascal Quignard Marie Vialle// Caterina Sagna // Eléonore Weber // Marius von Mayenburg Mikaël Serre // Martin Bélanger // Daniel Léveillé // Daniil Harms NOVEMBRE NOVEMBRE EN ORDRE DE BATAILLE OXYGÈNE HIVER DÉCEMBRE JANVIER / FÉVRIER LA TOUR DE LA DÉFENSE LE TIGRE BLEU DE L'EUPHRATE Cassandre JANVIER MARS Le Roi Lear CINQ HOMMES SHOPPING AND FUCKING WILLIAM SHAKESPEARE / ANDRÉ ENGEL MARS AVRIL M'PALERMU BLOODY NIGGERS ! L'Affaire de la rue de Lourcine MARS MAI LA POÉSIE / NUIT LES EUROPÉENNES 7 Alexis Forestier // Franz Kafka Thibault de Montalembert // Isabella Soupart // Thierry Baë // Michèle Anne De Mey et Grégory Grosjean // Joris Lacoste et Stéphanie Béghain // Pierre Meunier // GaétanBesnard,Christian Dubet, Vincent Fortemps et Alain Mahé théâtre de la bastille 01 43 57 42 14 www.theatre-bastille.com HEINER MÜLLER / ROBERT WILSON OCTOBRE Geslin // Maria de Medeiros Arthur Nauzyciel // Ann Liv Young // Baal BERTOLT BRECHT / SYLVAIN CREUZEVAULT Hey Girl ! SOCÍETAS RAFFAELLO SANZIO / ROMEO CASTELLUCCI CHRISTA WOLF / MICHAEL JARRELL / GEORGES LAVAUDANT Zaratustra FRIEDRICH NIETZSCHE – EINAR SCHLEEF / KRYSTIAN LUPA EUGÈNE LABICHE JÉRÔME DESCHAMPS – MACHA MAKEÏEFF Base 11/19 GUY ALLOUCHERIE – MARTINE CENDRE – HOWARD RICHARD Thérèse LES AUTEURS/ A. JUGNON/ I. VIRIPAEV/ J. FOSSE/ BOYER D’ARGENS / ANATOLI VASSILIEV COPI/ L. GAUDÉ/ D. KEENE/ M. RAVENHILL/ E. DANTE/ D. RUGAMBA Les Cenci LES METTEURS EN SCENE/ G. CHAVASSIEUX/ G. STOEV/ La Tempête E. DAUMAS/ R. BOUVIER/ S. DELÉTANG/ J. DELCUVELLERIE ANTONIN ARTAUD / GIORGIO BATTISTELLI GEORGES LAVAUDANT WILLIAM SHAKESPEARE DOMINIQUE PITOISET Il Ventaglio CARLO GOLDONI / LUCA RONCONI 04 78 37 46 30 theatre les Ateliers lyon 123 Berthier’07 un festival pour les jeunes acteurs www.theatrelesateliers-lyon.com 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.fr © Dolorès Marat (détail) by courtesy of galerie Kamel Mennour AUTOMNE 2006 DANSE 0 123 - Jeudi 14 septembre 2006 - page 6 THOMAS HAUERT LA CONTESTATION MALICIEUSE DE DEBORAH HAY et le don du h é â I l est suisse, vit à Bruxelles depuis 1991. Il danse et chante, fait parfois les deux en même temps. En anglais, mais aussi en français, avec le rude accent du canton allemand de Soleure, près de Berne, où il est né dans un petit village il y a trente-neuf ans. Sa compagnie, créée en 1997, possède le nom inoubliable de Zoo, immédiatement associé à son premier spectacle, tout aussi inoubliable, intitulé Cows in Space. Soit, à partir de l’image des vaches broutant dans un pré qu’un voyageur regarde à travers les vitres d’un train, une pièce chorégraphique abstrai- t r e saison 06/07 Lemoine Face à la mère Jean-René i / Marcial Di Fonzo Bo La tour de la Défense Cop Paquien La dispute Marivaux / Marc , Le tragédien malgré La demande en mariage / Patrick Pineau lui, L’ours Anton Tchekhov / 4e édition Festival Le standard idéal an / Lev Dodine Vie et destin Vassili Grossm Schilling Hamlet Shakespeare / Árpád iter Gotscheff Ivanov Anton Tchekhov / Dim / Kathrin Angerer Kriegsfibel Brecht, Eisler Brecht / Frank Castorf Im Dickicht der Städte gen Gosch Macbeth Shakespeare / Jür té Le songe d’une nuit d’é Rabeux Shakespeare / Jean-Michel Kouznetsov sse sans douleur Anton Le ru - La décennie rouge Mensch oder Schwein Michel Deutsch Salpêtrière Les folles d’enfer de la itriadis Mâkhi Xenakis / Anne Dim s estionneur Nicolas Bigard Lectures Barthes, le qu n aria nes d’amour… Simon Abk Les grandes scè dina Duarte fado Musique Wola Baba, Al Archipel 118 vertige Peu connu du grand public mais reconnu par la profession, le chorégraphe suisse, installé à Bruxelles depuis 1991, se place en champion du « remue-méninges », au service d’une danse qui repousse les limites du corps. On ne peut plus se passer de la chorégraphe américaine Deborah Hay. Cette figure fameuse et malicieuse du contestataire Judson Dance Theater dans les années 1970 à New York, venue une seule fois en France sous la bannière du Festival d’automne en 1979, en est l’invitée pour la deuxième fois en deux ans. Une excellente chose, tant le geste artistique de cette femme installée à Austin (Texas) depuis 1976 se révèle d’une subtilité corporelle, d’une étrangeté visuelle réjouissantes. Il faut dire que le parcours de cette native de Brooklyn en 1941 est d’une infinie richesse. Ancienne danseuse de Merce Cunningham dans les années 1960, formée aux techniques orientales comme celle du taichi, férue de philosophie bouddhiste, elle se focalise sur la conscience du corps jusqu’à poser les bases d’une danse dite « perceptuelle ». « Explorer le mouvement dans toute sa diversité, sans discrimination » est le leit-motiv de cette personnalité généreuse qui insiste sur le vécu individuel. Après The Match, pièce cocasse véhiculant une certaine idée du corps sans complexe, elle revient avec O, O, développement de la précédente autour de la question des modèles. Encore un défi à toutes les rigidités physiques ou mentales. t AUTOMNE 2006 tteurs en 15 créations de jeunes me scène 72 72 www.mc93.com / 01 41 60 MC93 Bobigny 1, bd Lénine 93000 Bobigny Métro : Bobigny Pablo Picasso te dans laquelle cinq danseurs sont lancés dans des circulations enchevêtrées. Les lignes se coupent et recoupent à des vitesses variables pour composer un saisissant paysage dont l’étrangeté réside dans l’incertitude qui plane sur le fonctionnement des corps. La partition gestuelle est-elle interprétée à l’envers comme on rembobine un film ? Qui sait. Peu connu du grand public, mais lesté de quelques prix internationaux (dont le Prix d’auteur aux Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis pour Cows in Space en 1998), Thomas Hauert possède le don du vertige, lent mais profond, avec des spectacles résolument sophistiqués. Ce champion du remue-méninges met au point des scénarios aux rouages nombreux et tordus, ce qui explique un résultat scénique formidablement touffu. Dans Common Senses (2003), une part du processus de travail résidait dans l’apprentissage de mélodies d’Anton Bruckner par les dix danseurs. Improvisée, la pièce se donnait pourtant en silence pendant que les interprètes intériorisaient les chants pour en trouver la pulsation juste, la respiration commune rythmée par la musique. « Walking Oscar », de Thomas Hauert. Thomas Hauert reste sibyllin à FILIP VANZIELEGHEM propos de la complexité qui nourrit ses pièces, de son goût pour les concepts. Multiplier les couches d’idées et d’images dans un specta- ques pour élargir le spectre du mouvecle lui semble la moindre des élé- ment. Tout est possible. Il suffit de gances vis-à-vis de lui-même et du vouloir faire cette recherche et de croispectateur. Il reconnaît cepen- re qu’on est loin d’avoir exploré toudant : « Ecouter une voix, prononcer tes les capacités du corps. » D’où pardes mots et comprendre ou non la fois la sensation de contempler voix (ou écouter de la musique, une une danse contrariée, de guingois, chanson, ou regarder jouer des concassée même. Volontairement acteurs, etc.) n’est qu’une partie de mal dégrossi ou interprété à l’arral’expérience, elle comporte aussi un ché, le geste de Thomas Hauert ne cède jamais à la tentaaspect mental : tout ce tion du lisse et du qu’elle évoque pour beau. vous. Si vous avez deux « Il suffit [ ... ] Pour sa nouvelle expériences ou plus de croire qu’on pièce Walking Oscar, il simultanément, les assos’est adossé à l’œuvre ciations se brouillent. est loin d’avoir de l’écrivain hollanCela aussi, c’est com- exploré toutes dais Oscar Van den prendre. » Boogard qui lui a donUn événement n’ar- les capacités né des textes comporive jamais seul chez du corps. » sant une sorte d’autoThomas Hauert. Son biographie éclatée. Le invention proliférante fait plus que muscler l’imagina- chorégraphe en a conservé des tion : elle met au jour un nouveau fragments, série d’anecdotes tanvocabulaire gestuel, bouscule la tôt banales, tantôt insolites, dressyntaxe, peaufine des règles de sant le portrait d’un homme insaigrammaire inédites pour aboutir à sissable. A partir de ce canevas, chaune langue singulièrement vive. cun des six danseurs a repris à son « Depuis les débuts de la compagnie, compte un objet ou un mot, écrit je travaille à repousser les limites du des chansons et tramé l’épaisseur corps, à forcer les évidences anatomi- d’une vie au gré d’associations d’idées et de thèmes comme l’innocence et la responsabilité, l’identité et l’adaptation, la volonté et la manipulation. « Oscar nous a donné carte blanche et nous sommes partis en balade avec son alter ego. Nous le montrons, nous le chantons, nous l’habillons, nous le confirmons, nous le contredisons, nous l’interprétons, nous l’incarnons, nous le critiquons, nous le comparons, nous le comprenons mal, nous l’obscurcissons et nous sommes sa sœur. Il ne s’agit pas d’évoquer l’écrivain même si finalement le langage, la question des mots, de l’écriture, de la perception sont au cœur de la pièce. » Etiquetée « comédie musicale », Walking Oscar rassemble les morceaux d’un portrait masculin sans cesse mouvant où chaque nouvelle information sur le personnage épaissit son mystère plutôt que de l’éclairer. Quelques indices se glissent néanmoins entre les multiples couches sans cesse ajoutées par le chorégraphe. On apprend que Thomas Hauert, qui démarra la danse très tardivement, eut son premier choc spectaculaire à 5 ans avec Holiday on Ice, que ses parents l’avaient emmené voir à Berne. Après cette vision enchanteresse, Thomas Hauert passait son temps à danser à la maison. Ce n’est qu’à 22 ans, après des études d’instituteur, qu’il choisit la danse en partant faire son apprentissage dans une école de Rotterdam. On sait aussi qu’enfant Oscar avait des difficultés pour colorier le dessin d’un être humain et avait beau mélanger les teintes, il ne parvenait pas à trouver la juste couleur de la peau. Il la laissait donc en blanc. a Rosita Boisseau une saison avec nous 06.07 ııı josé navas ı jean-louis trintignant / fanny ardant guy ıbedos salia nï seydou / ars nova ensemble instrumental ı ciegroup big art manson ı sclavis / romano / texier / ılubat grand corpscaden malade ı israel galván ı cie la nuit surprise ı par le jour ı via katlehong dance ıı alvis hermanis ı laurent pelly ı HAPPY INDE... ıııı kubilai khan investigations ıfalk richter ı ballet angelin preljocaj ı emma dante ı lin yuan shang ıı blanca li ı sons d’hiver ııı EXIT / kassys / societas raffaello sanzio / bill t. jones / fiction@love... ııı michel jonasz ıııı MARSEILLE... frédéric flamand / zaha hadid / ballet national de marseille ıı david walters ı magic malik ııı la muse en festival ı films de femmes ı ... CRETEIL MAISON DES ARTS maccreteil.com / 01 45 13 19 19 ARTS PLASTIQUES page 7 - Jeudi 14 septembre 2006 - 0 CAMERON JAMIE, SOCIOLOGUE DE LA CULTURE POPULAIRE E « Léviathan Thot », d’Ernesto Neto, au Panthéon. MARC DOMAGE ERNESTO NETO entre au Panthéon Le plasticien, représentant officiel du Brésil à la Biennale de Venise en 2001, investit le bâtiment républicain pour une installation ludique, sensuelle et inattendue billes de plastique sous les doigts. Sa conception de l’art ? Elle est simplissime : « Toi toi toi toi toi… », assure-t-il en chantonnant. Le tout mâtiné, l’air de rien, de revendications métaphysiques inspirées du bouddhisme, qu’il a adopté, en le mêlant à ses références religieuses afro-brésiliennes. Il décrit ainsi ses œuvres : « Un pur mouvement : le corps sur le temps ; cela arrive maintenant. Une sensualité de l’instant, et de l’espace… » C’est en dansant la samba qu’il nous avait fait visiter, l’année passée, son exposition à Kerguéhennec. Un château breton, devenu centre d’art, qu’il avait enchanté, Saison 2006 - 2007 Alban Richard disperse, 12/17 octobre 06 ■ ■ Les Fables à la fontaine conçu par Annie Sellem, 9/19 déc. 06 Chloé Moglia, Mélissa Von Vépy I Look up, I look down... 11/21 janvier 07 ■ Paco Dècina Indigo, 1er/6 février 07 ■ Pierre Rigal Arrêts de jeu, 5/10 mars 07 ■ Daniel Dobbels L’Insensible déchirure, 2/6 avril 07 ■ Profitez des avantages de la carte Liberté-on-line : 50 € le carnet de 4 billets non-nominatifs. Offre réservée aux internautes, à découvrir sur www.theatredelacite.com ment de la monarchie vers la République : le début de ce pont qui mène jusqu’à nous. Aujourd’hui, nous vivons une nouvelle transition, elle aussi très violente. Le peuple donne toujours le pouvoir à ses représentants, mais ces derniers semblent absolument démunis face au pouvoir économique, affaiblis par les multinationales. C’est vrai au Brésil comme en France. Mon installation offre un peu une réponse à cette question : quel est le monde que nous voulons pour demain ? » fondément éloignée de notre société, elle est devenue comme une ombre sur nos vies… » Mais l’artiste a vite oublié les querelles de chapelle pour se plonger dans l’histoire du Panthéon et répon- Il décrit ainsi ses œuvres : « Un pur mouvement : le corps sur le temps ; cela arrive maintenant. Une sensualité de l’instant, et de l’espace… » 17 bd Jourdan 75014 Paris 01 43 13 50 50 www.theatredelacite.com Danse et Cirque lui aussi. Il y dansait, « parce que la danse est le moment où tu configures ton âme avec ta spiritualité. » (Cela ferait une belle définition de son œuvre.) Il y avait construit une grotte, rouge et sen- Théâtre Nicolas Gogol / Christophe Rauck Le Révizor, 9 oct./5 nov. 06 ■ Martin Crimp / Joël Jouanneau Atteintes à sa vie 13 nov./3 déc. 06 ■ Ivan Viripaev / Galin Stoev Oxygène, 20 nov./19 déc. ■ Michel Laubu - Turak théâtre Intimae, 8 janv./6 fév. 07 ■ Jean Genet / Olivier Balazuc « Elle », 6 mars/6 avril 07 ■ Ronan Chéneau / David Bobée Fées, 15 mars/6 avril 07 ■ Odile Darbelley, Michel Jacquelin Tout le bonheur est à l’intérieur 31 mai - 30 juin 07 ■ suelle, que le visiteur arpentait comme dans une douce régression. Il y avait conçu aussi une piscine remplie de balles de plastique, qui appelait au plongeon. Le soir du vernissage, on avait retrouvé l’artiste complètement enfoui en son œuvre, submergé. Seule sa chevelure brune et bouclée dépassait. Les yeux fermés, le corps englouti, un quadragénaire heureux comme un enfant. Oublieux du monde ? Loin de là. Si Neto s’en écarte parfois dans ses mises en scène de paradis artificiels, il n’en néglige pas pour autant la réalité. Au contraire. « A Rio, nous adorons détacher la poésie du chaos, explique-t-il. Il y a au Brésil une volonté de créer un espace confortable et protecteur qui permet d’engendrer un état de réflexion silencieuse afin d’entrer en contact avec notre propre corps. Cela permet également d’accéder à une libération sociale provenant de la surprise que suscite cette expérience. » Le marché de l’art, qui s’arrache ses œuvres, l’oublie trop souvent : Ernesto Neto invente aussi une nouvelle manière de faire de la politique : « En tentant de donner une autre respiration au monde ». Son intervention au Panthéon en témoigne. Derrière ses allures de « monstre organique, humanoïde et rationaliste, de géant coquillage suspendu et flottant, luttant avec la gravité », elle porte une réflexion sur le monde actuel. A priori, le Panthéon le rebute : « Une telle brutalité, un tel gigantisme, et toutes ces peintures, toute cette histoire !, s’emporte-t-il. A découvrir cela, j’ai vraiment regretté de ne pas être intervenu à la Salpêtrière, comme c’était prévu l’année passée. J’adore cette chapelle, elle est belle et féminine, elle évoque la naissance de la psychiatrie… Il y a eu, hélas !, un désaccord avec le clergé, que je regrette énormément. La religion s’est pro- dre à la commande publique du ministère de la culture et de la communication (DAP/CNAP) : « J’ai alors compris qu’il donnait un éclairage passionnant sur ce que le monde est aujourd’hui devenu. C’est le monument du changement politique, il symbolise le glisse- Californien d’origine, l’artiste Cameron Jamie explore en quasi-sociologue la culture populaire. Folklore suisse, rituels adolescents : depuis ses débuts, il y a dix ans, chacun de ses films et performances explorent le « vernaculaire » sous toutes ses formes. Projeté lors d’une soirée unique, son dernier film, JO, ne déroge pas à la règle. JO, comme Joan of Arc, Jeanne d’Arc en anglais, mais aussi JO comme « se masturber », toujours en anglais. Documentaire à sa manière, son film nous mène d’Orléans à Coney Island, sur une musique expérimentale du Japonais Keiji Hano. Entre les images d’une fête organisée à la mémoire de la pucelle d’Orléans et celles d’un concours américain d’ingestion de hot-dogs, le montage va et vient. Les frites cuites « à la Jeanne d’Arc » voisinent avec l’enfournage de « chiens chauds ». Le visage illuminé de la jeune sainte remplaçante rencontre les trognes empourprées des gloutons. Rituel et ripailles se rejoignent. Procession ou festin, c’est la même foule en folie. Cameron Jamie, ou les dangers du collectif… a JO, film de Cameron Jamie, projection à l’Opéra-Comique, le 23 octobre à 20 heures. Bérénice Bailly Leviathan Thot, d’Ernesto Neto, au Panthéon, place du Panthéon, Du 15 septembre au 31 décembre. SA I S O N 2 0 0 6 / 2007 2006 WI N C H O N LY · C H R I ST O P H M A RT H A L E R T H R E E AT M O S P H E R I C ST U D I E S GENS DE SÉOUL · W I L L I A M F O R SYT H E · O R IZ A H I RATA - A R N A U D M E U N I E R ST RA N G E R / ST RA N G E R R E P O RT D E S G E N S Q U I DA N S E NT HA M L ET · R I C H A R D S I E GA L · J E A N - C L A U D E GA L L OT TA · W I L L I A M S H A K E S P E A R E - H U B E RT C O L A S ZI G M U N D F O L L I E S D E L’ O M M E · P H I L I P P E G E NTY · J A C Q U E S R E B OT I E R L A M ÉC HA NT E VI E · H E N R I M O N N I E R - J É RÔ M E D E S C HA M P S - MAC HA MA K E Ï E F F 2007 D I E M E I ST E R S I N G E R · R I C H A R D WA G N E R - F RA N K CA ST O R F L A D O U BL E I N CO N STA N C E T H É ÂT R E NAT I O NA L D E C HA I L L OT CO RA ZÓ N L O CO MAT R I ( K ) I S · B L A N CA L I · A B O U L A G RA A À QUOI TU PENSES ? L A R É P ÉT IT I O N 1 place du Trocadéro 7 5 1 1 6 Pa r is métro Trocadéro · M A R IVA U X - C H R I ST I A N C O L I N H I ROA K I U M E DA · M A R I E N I M I E R - D O M I N I Q U E B O IV I N - C I E B E A U G E ST E · P H I L I P P E P R I A S S O - C I E B E A U G E ST E Q U E MA JO I E D E M E U R E L É O N C E ET L É NA L A Q U E ST I O N · B É AT R I C E M A S S I N · G E O R G B Ü C H N E R - J E A N - BA PT I ST E SA ST R E · H E N R I A L L E G - F RA N Ç O I S C H AT T OT D U MA L H E U R D ’ AVO I R D E L’ E S P R IT VO LVE R A S EVI L L A ABONNEZ-VOUS 01 53 65 30 00 w w w. t h e a t r e - c h a i l l o t . f r · ALEXANDRE GRIBOÏEDOV - JEAN-LOUIS BENOIT · M A R Í A PA G É S L E R E GA R D PA R - D E S S U S L E CO L · F RA N Ç O I S E ET D O M I N I Q U E L A CAG E AUX BL O N D E S 2 · M A R I E PAY E N - A U R É L I A P ET IT FAUT Q U ’ O N PA R L E ! L E « S O M B R E RO » SOLO · H A M I D B E N M A H I - G UY A L L O U C H E R I E · PHILIPPE DECOUFLÉ · PHILIPPE DECOUFLÉ D U P UY · M i c h a l B a t o r y · LICENCES · 750 1890 - 1/2/3/4 rnesto Neto est de ceux qui enchantent tous les lieux où ils passent. Les installations enveloppantes de cet artiste brésilien ont fait le tour du monde de leurs courbes molles et minimales, remportant à chaque fois le même succès : on s’y sent bien comme dans un rêve qui emmènerait sur une autre planète. Mais de là à investir le Panthéon ? Cette invitation lancée par le Festival d’automne peut paraître incongrue. Un peu comme « l’obscure clarté des étoiles », cela semble un oxymore, la rencontre de deux choses inconciliables. L’un est colossal, néoclassique et solennel, comme tout monument qui se respecte. Joufflu et frisé, l’autre est adepte de la rondeur et de l’indolence, plein d’une baroque sensualité. Que peut bien faire ce représentant officiel du Brésil à la Biennale de Venise de 2001 dans l’écrasante nécropole républicaine ? Poser la question, c’est oublier l’essentiel : Neto comme enchanteur d’espace. Il n’est qu’à visiter son atelier de Rio de Janeiro pour s’en convaincre. Au cœur de la City carioca, l’artiste a investi un ancien garage. Il en a fait un antre de poésie. C’est là qu’il imagine ces installations qui font son succès depuis une dizaine d’années. Mousse, polystyrène, tissus et épices s’y entassent. De ces humbles matières premières, dénichées dans les chaotiques rues commerçantes alentour, il tire un univers semblable à nul autre. Des bulbes naissent du sol mou ; des formes oblongues tombent du plafond. Des cellules se gonflent et se creusent, où le corps du visiteur est invité à s’allonger – à s’endormir, pourquoi pas ? Pour un peu on se croirait explorateur de grotte lunaire, en légère apesanteur. Restes d’adolescence de l’artiste, de ces temps où il se rêvait cosmonaute ? Ou souvenirs de ses études de biologie ? On croirait parfois errer dans une vue au microscope. Epidermes fragiles, le Nylon et le tulle s’étirent, se sculptent en sphères douces, en spores géantes et diffusent des arômes de cumin, lavande ou curry. Souvent, ces œuvres se visitent pieds nus, à la brésilienne, pour que le corps capte mieux toutes les énergies qui ici se rencontrent. Jusqu’à l’oreille qui se voit sollicitée : Neto, qui souvent répond aux interviews en chantant de la bossa-nova, est attentif au moindre crissement de pas sur le sable, des 123 CONCEPTION GRAPHIQUE AUTOMNE 2006 PROGRAMME 2006 PRATIQUE Festival d’automne à Paris, du 14 septembre au 19 décembre. 156, rue de Rivoli, 75001 Paris. Location en ligne pour tous les lieux, toutes les dates, tous les spectacles sur www.festival-automne.com, ou par téléphone au 01-53-45-17-17. Du lundi au vendredi de 11 heures à 18 heures et samedi de 11 heures à 15 heures ARTS PLASTIQUES Ernesto Neto, Léviathan Thot, Installation. Panthéon, du 15 septembre au 31 décembre. De 4,80 ¤ à 7,50 ¤ (gratuit – 18 ans). Downtown 81, agnès b. skyline. Du 21 octobre au 21 novembre, du mardi au samedi de 12 heures à 19 heures. Entrée libre. Ryan McGinley, Galerie du Jour, du 28 octobre au 2 décembre, du mardi au samedi de 12 heures à 19 heures. Entrée libre. Cameron Jamie, JO, vidéo, musique live, Keiji Haino. Opéra-Comique, le 23 octobre à 20 heures. Tarif unique : 10 ¤. THÉÂTRE Les Histrions (détail), de Marion Aubert. Richard Mitou (mise en scène). Théâtre national de la Colline, du 19 septembre au 28 octobre. 13 ¤ à 27 ¤. Quartett, de Heiner Müller (création). Robert Wilson (mise en scène). Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre de l’Odéon, du 28 septembre au 2 décembre. 13 ¤ à 30 ¤. Baal, de Bertolt Brecht (création). Sylvain Creuzevault (mise en scène). Odéon-Théâtre de l’Europe aux Ateliers Berthier, du 5 au 28 octobre. 13 ¤ et 26 ¤. Showcase (création française).Richard Maxwell (texte et mise en scène) . Hôtel du quartier des Halles, du 11 au 14 octobre. Spectacle en anglais non surtitré. 7,50 ¤ à 12 ¤. Good Samaritans (création française). Richard Maxwell (texte et mise en scène). Centre Pompidou, du 11 au 14 octobre. Spectacle en anglais surtitré en français. 10 ¤ et 14 ¤. Dead Set #2, Big Art Group (création française). Caden Manson (mise en scène). Maison des arts Créteil, du 17 au 21 octobre. Spectacle en anglais surtitré en français. 10 ¤ à 20 ¤. Je porte malheur aux femmes, mais je ne porte pas bonheur aux chiens, d’après Joë Bousquet (création). Bruno Geslin (mise en scène). Théâtre de la Bastille, du 30 octobre au 1er décembre. 13 ¤ et 20 ¤. Hamlet, The Wooster Group, de William Shakespeare (création française). Elizabeth LeCompte (mise en scène ). Centre Pompidou, du 4 au 10 novembre. Spectacle en anglais. 10 ¤ et 14 ¤. Loretta Strong, de Copi, précédé de Les poulets n’ont pas de chaises, d’après les dessins de Copi. Le Frigo, de Copi (création). Marcial Di Fonzo Bo (mise en scène). Collaboration artistique d’Elise Vigier. Théâtre de la Ville, du 6 au 11 novembre. 13 ¤ et 23 ¤. La Tour de la Défense. Marcial Di Fonzo Bo (mise en scène). MC93 Bobigny, du 7 au 17 décembre. 11 ¤ à 23 ¤. Probablement les Bahamas (création). Une pièce radiophonique de Martin Crimp. Louis-Do de Lencquesaing (mise en scène). Théâtre ouvert, du 7 au 11 novembre. 8 ¤ et 13 ¤. Atteintes à sa vie, de Martin Crimp. (création). Joël Jouanneau (mise en scène). Théâtre de la Cité internationale, du 13 novembre au 3 décembre. 12,50 ¤ à 21 ¤. Hey Girl ! (création). Societas Raffaello Sanzio. Romeo Castellucci (mise en scène, texte, scénographie). Odéon-Théâtre de l’Europe aux Ateliers Berthier, du 16 au 25 novembre. 13 ¤ et 26 ¤. Le Pays lointain, de Jean-Luc Lagarce, création collective des Possédés dirigée par Rodolphe Dana. La Ferme du Buisson/Scène nationale de Marne-la-Vallée, Noisiel, du 17 au 21 novembre ; Théâtre 71 Malakoff, du 23 au 26 novembre ; Théâtre de la Bastille, du 4 au 10 décembre. 13 ¤ et 20 ¤. MUSIQUE The Cycles of The Mental Machine, film de Jacqueline Caux suivi du concert de Carl Craig, le 16 septembre à 20 heures. Centre Pompidou. 10 ¤ et 14 ¤. De Mongolie, chants longs, chants diphoniques, épopée, danse. Maison de l’architecture, du 21 au 30 septembre à 20 heures. 15 ¤ et 18 ¤. L’Histoire secrète des Mongols racontée et chantée selon la tradition orale des bardes en deux concerts. Maison de l’architecture, le 24 septembre à 16 heures (six premiers chapitres) et le 1er octobre à 16 heures (six derniers chapitres). Récit surtitré. 15 ¤ à 18 ¤. Wolfgang Rihm, Vigilia pour orgue, ensemble instrumental et six voix (création). Francesco Filidei (orgue), ensemble MusikFabrik, ensemble vocal Singer Pur, Stefan Ashbury (direction). Eglise Saint-Eustache, le 10 octobre à 20 heures. 8 ¤, 12 ¤ et 16 ¤. Œuvres d’Hugues Dufourt et Johannes Brahms. FrançoisFrédéric Guy (piano), Musée d’Orsay, le 17 octobre à 20 heures. Oeuvres d’Hugues Dufourt et Ludwig van Beethoven. François-Frédéric Guy (piano), Musée d’Orsay, le 18 octobre à 20 heures. Œuvres de György Kurtág (création française). Heinz Holliger (création française). Par Hiromi Kikuchi (violon), SWR Vokalensemble Stuttgart, Ensemble Modern, Marcus Creed (direction). Théâtre du Châtelet, le 6 novembre à 20 heures. 15 ¤ à 30 ¤. Faustus, The Last Night, Pascal Dusapin. Opéra en une nuit et onze numéros. Livret de Pascal Dusapin d’après The Tragical History of Doctor Faustus de Christopher Marlowe. Peter Mussbach (mise en scène). Orchestre de l’Opéra national de Lyon, Jonathan Stockhammer (direction). Théâtre du Châtelet, le 15, 16 et 18 novembre à 20 heures. 30 ¤ à 90 ¤. Œuvres d’Olivier Messiaen, Brian Ferneyhough (création française), Claude Debussy/Hans Zender, Edgard Varèse. SWR Sinfonieorchester Baden-Baden & Freiburg, direction de Sylvain Cambreling. Salle Pleyel, le 18 novembre à 17 heures. 15 ¤ à 30 ¤. Into The Little Hill de George Benjamin, conte lyrique pour deux voix et ensemble (2004-2006). Texte original de Martin Crimp. Commande du Festival d’automne à Paris associé à la Fondation Ernst-von-Siemens pour la musique, de l’Opéra national de Paris, de l’Ensemble Modern associé à la Fondation Forberg Schneider. Précédé de Viola, Viola pour deux altos (1997), Three Miniatures pour violon (2001). Daniel Jeanneteau (scénographie, mise en scène), Ensemble Modern, Franck Ollu (direction). Opéra national de Paris-Bastille, Amphithéâtre, du 22 au 24 novembre à 20 heures. 10 ¤ à 30 ¤. Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 26 novembre à 16 heures. 10 ¤ à 26 ¤. Œuvres de George Benjamin, Wolfgang Rihm. Ensemble Modern, George Benjamin (direction). Opéra national de Paris-Bastille, Amphithéâtre, le 27 novembre à 20 heures. 10 ¤ à 16 ¤. Œuvres de Tristan Murail, Joshua Fineberg, Hugues Dufourt (création française), Jason Eckardt (création française), Dominique My (piano), Ensemble Fa, Jeffrey Milarsky (direction). Ircam/Espace de projection, le 4 décembre à 20 h 30. 10 ¤ et 14 ¤. Œuvres de Tristan Murail, Joshua Fineberg, Jason Eckardt (création française), Pascal Dusapin (création), Drew Baker (création). Marilyn Nonken (piano), Ensemble 21, Jean Deroyer (direction). Ircam/Espace de projection, le 9 décembre à 20 h 30. 10 ¤ et 14 ¤. Œuvres de George Benjamin, Alexandre Scriabine, Maurice Ravel, Orchestre de l’Opéra national de Paris, George Benjamin (direction). Opéra national de Paris-Bastille, le 19 décembre à 20 heures. De 20 ¤ à 44 ¤. Pompidou, du 15 au 18 novembre à 20 h 30. 10 ¤ et 14 ¤. Thomas Hauert, Walking Oscar. Théâtre de la Ville, du 28 novembre au 2 décembre à 20 h 30. 13 ¤ et 23 ¤. Boris Charmatz, Quintette Cercle. Centre Pompidou, du 29 novembre au 3 décembre à 19 h 30 et 21 heures. 10 ¤ et 14 ¤. Le Louvre invite Toni Morrison, Etranger chez soi. Musée du Louvre, du 13 octobre au 11 décembre. DANSE Lieux de musique, Maison de l’architecture, le 19 octobre à 10 heures et 21 heures. Entrée libre sur inscription : 01-53-45-17-17. Steven Cohen et Elu, I Wouldn’t Be Seen Dead in That ! Centre Pompidou, du 20 au 23 septembre à 20 h 30. 10 ¤ et 14 ¤. William Forsythe, Three Atmospheric Studies.Théâtre national de Chaillot, du 4 au 7 octobre. 17 ¤ à 33 ¤. Retranslation of Francis Bacon’s Unfinished Portrait (Disfiguration). Musée du Louvre, du 13 octobre au 11 décembre. Richard Siegal, Stranger/Stranger Report, solo. Théâtre national de Chaillot/Studio, du 5 au 21 octobre. De 12 ¤ à 27 ¤. Deborah Hay, « O, O ». Centre Pompidou, du 26 au 28 octobre à 20 h 30. 10 ¤ et 14 ¤. Les Soli de « o, o », Centre national de la danse, du 23 au 25 novembre. 8 ¤ et 12 ¤. Vera Mantero, Jusqu’à ce que Dieu soit détruit par l’extrême exercice de la beauté (création). Centre CINÉMA Double Look, L’art d’aimer le cinéma américain, aux Etats-Unis et en France. Cinéma Max-Linder. Du 15 au 21 novembre. 5 ¤ et 7 ¤. Charles Burnett, une rétrospective The Outsider. Musée du Louvre-Auditorium, du 23 au 25 novembre. De 3,50 ¤ à 6 ¤. COLLOQUE 0123 Siège social : 80, bd Auguste-Blanqui 75707 PARIS CEDEX 13 Tél. : +33 (0)1-57-28-20-00 Fax. : +33 (0)1-57-28-21-21 Télex : 206 806 F Edité par la Société Editrice du Monde, président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications no 57 437. 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