La méthode de l`avancement pour la comptabilisation
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La méthode de l`avancement pour la comptabilisation
Synthèse // Réflexion // Une entreprise/un homme // Références QUESTIONS PRATIQUES La méthode de l’avancement pour la comptabilisation des contrats à long terme Partie 3 : quelques difficultés spécifiques Par Laurent BAILLY, Diplômé d’expertise-comptable Cet article fait suite à ceux de janvier et de février 2011 concernant la méthode de l’avancement. Question 1 Une entreprise applique la méthode de l’avancement concernant ses contrats de longue durée. Elle reçoit des acomptes. Comment faut-il comptabiliser la TVA ? Réponse La TVA est exigible sur les encaissements pour les prestations de services et les travaux immobiliers. Ainsi, lors de la réception de l’acompte, le compte 4458 “TVA à régulariser“ est débité par le crédit du compte 4455 “TVA à décaisser“. Le compte 4458 “TVA à régulariser“ est soldé, lors de l’encaissement du solde, par le crédit du compte 4457 “TVA collectée“. Remarque : Le plan comptable professionnel pour les industries du bâtiment et des travaux publics utilise le compte 4454 “TVA sur avances et acomptes“, à la place du compte 4458 “TVA à régulariser“. Question 2 Une entreprise applique pour la première fois la méthode de l’avancement concernant ses contrats de longue durée. Quelle est la conséquence comptable de ce choix ? Réponse Il s’agit d’un changement de méthode comptable. L’effet du changement de méthode comptable est calculé de façon rétrospective. Le résultat qui aurait été enregistré durant les exercices antérieurs à celui du changement doit directement être crédité dans le compte 110 “Report à nouveau“. Le compte 418 “Clients, factures à établir“ apparaît au débit et le compte 335 “Chantiers en cours“ est soldé. Exemple : Une entreprise utilise pour la première fois, en n+1, la méthode de l’avancement. Résultats de n qui auraient été obtenus, selon la méthode de l’avancement : 200. Dépenses comptabilisées en n = 1100 Ecriture au 1/1/n+1 : Débit Crédit Débit Crédit 418 Clients, factures 1 300 à établir 335 Chantiers en cours 1 100 110 Report à nouveau 200 Question 3 Une entreprise applique la méthode de l’avancement concernant ses contrats de longue durée. L’entreprise encaisse des acomptes. Ces acomptes sont placés et génèrent donc des produits financiers. Comment faut-il comptabiliser ces produits financiers ? Réponse Selon l’avis du CNC n° 99-10, les produits financiers, directs ou indirects, résultant de conditions financières contractuelles se traduisant par des excédents significatifs de trésorerie pendant tout ou partie de la durée du contrat font partie des produits relatifs à un contrat à long terme (qui servent à calculer la marge prévisionnelle sur le contrat). Ainsi, les produits financiers sont enregistrés en produits différés (compte 487 “Produits constatés d’avance“). Ce compte est soldé lors du dégagement du résultat. Question 4 Est-il possible d’appliquer la méthode de l’avancement aux contrats de service ? Réponse L’article 380-1 PCG définit les contrats à long terme. Il s’agit d’un contrat d’une durée généralement longue, spécifiquement négocié dans le cadre d’un projet unique portant sur la construction, la réalisation d’un bien, d’un service dont l’exécution s’étend au moins sur deux périodes comptables. Un contrat à long terme est comptabilisé soit selon la méthode de l’avancement (méthode préférentielle), soit selon la méthode de l’achèvement. Selon le Code de commerce (art. L 12321), les opérations partiellement exécutées à la clôture concernent toute prestation de service (travaux, conseils,…) ou toute commande de biens dont l’exécution commence avant la clôture et s’achève après. Ainsi un contrat de service peut faire l’objet de la méthode de l’avancement. D’ailleurs l’administration fiscale (BO 4E 3-92 repris dans d.adm. 4 A 2532 n° 7 s.) inclut également dans sa définition d’opérations partiellement exécutées les prestations de services. Sont exclues de cette définition les prestations discontinues à échéances successives (exemple : contrats d’ingénierie ou de conseils dont la réalisation s’exécute en plusieurs étapes parfaitement distinctes) et les prestations continues (exemple : contrat de garantie de bon fonctionnement d’un bien). Les prestations continues et les prestations discontinues à échéances successives doivent être comptabilisées selon la méthode de l’avancement. Remarque : Les prestations de service qui peuvent être facturées à la clôture (par exemple les travaux de clôture d’un expert-comptable) n’entrent pas dans la catégorie d’opérations partiellement exécutées. La méthode de l’avancement est donc obligatoire. Question 5 Une entreprise applique la méthode de l’avancement à ses contrats de longue durée. Est-il possible de tenir compte de charges financières dans la détermination du résultat global prévisionnel ? Réponse L’avis du CNC (n° 99-10 §4) précise que les charges financières qui résultent de conditions financières contractuelles et qui se traduisent par des besoins de trésorerie peuvent être incluses dans les charges utilisées dans le calcul du résultat global à l’avancement. Les modalités d’application sont similaires à celles qui concernent les immobilisations (longue période de préparation ou de construction, permanence des méthodes...). Ainsi, lorsqu’une entreprise a financé une opération de longue durée par un emprunt (spécifique ou non), elle peut tenir compte de ces charges d’intérêts lors de la détermination du résultat global prévisionnel. Revue Française de Comptabilité // N°441 Mars 2011 // 23