Se Souvenir de l`avenir - Jacques Téphany
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Se Souvenir de l`avenir - Jacques Téphany
Se souvenir de l’avenir Jacques Téphany Nommé pour trois ans directeur délégué de l’association Jean Vilar, Jacques Téphany expose ici ses projets pour développer et ouvrir la Maison Jean Vilar … Évoquant le sabordage, l’assassinat ou le suicide - on choisira - de l’édition 2003 du Festival d’Avignon, le président Roland Monod dans son dernier éditorial, La Diète d’Avignon, a jugé qu’il y avait eu relâche “pour raison de santé”. Quel est l’état de santé, aujourd’hui, de la Maison Jean Vilar ? Disons qu’elle a traversé une crise tardive de croissance et d’émancipation. Nourri d’une passion pour le fondateur du Festival, Paul Puaux a imaginé et animé cette Maison dans la fidélité à l’esprit de Jean Vilar. Sa disparition il y a cinq ans a créé un vide énorme, d’autant qu’il était une personnalité haute en couleurs et en voix. Il nous manque, mais, quoi que nous fassions, le temps passe, le paysage change, c’est la vie même ! Honneur donc à Melly Puaux d’avoir continué d’entretenir la flamme. Force est aujourd’hui de repartir d’un nouveau pas. Dès 2000, vous aviez été chargé d’une mission de réflexion sur le devenir de la Maison Jean Vilar. Quelles en étaient les conclusions ? Le président Francis Raison souhaitait être relayé dans sa charge. Il pensait nécessaire de laisser une base fondatrice pour l’avenir. Membre fondateur de la Maison, je la connaissais assez bien. J’ai alors quitté le conseil d’administration pour mener cette mission exploratoire, dans une Maison encore imprégnée du deuil de Paul Puaux... Je me suis efforcé de dégager des pistes de travail en proposant, entre autres, de faire un état des lieux du Festival, de porter un regard critique sur les mandats des directeurs qui se sont succédé depuis la disparition de Vilar. J’avais proposé d’intituler cette perspective : Paul, Bernard, Alain et les autres… Autrement dit, Puaux, Faivre d’Arcier et Crombecque. Il y avait là, à peu de choses près, le fil directeur de l’exposition 2003, Avignon, un rêve que nous faisons tous. Le non-renouvellement du mandat de Bernard Faivre d’Arcier à la direction du Festival réveilla la pertinence de l’idée. Sa proposition de coproduire l’exposition rendit possible en 2003 l’exposition entrevue dès l’an 2000. Un seul regret : ne pas avoir pu la présenter plus tôt. Elle aurait peut-être permis à beaucoup (artistes, politiques, Paul, Bernard, Alain et les autres... public…) de saisir l’originalité du Festival et d’éviter l’échec de l’été dernier. Elle propose en effet au visiteur assez d’informations et de rappels pour mieux comprendre la crise de l’action culturelle. Seconde conclusion de la mission : il fallait moderniser la gestion de l’Association. Un renouvellement s’imposait, à la fois au niveau statutaire et professionnel. Le changement de président s’est effectué : Roland Monod anime l’Association Jean Vilar avec cœur. Sous son impulsion, conseil d’administration et bureau travaillent assidûment. Aujourd’hui, une direction salariée permanente est enfin devenue possible (Paul Puaux, retraité, était naguère bénévole). Dans cette perspective, la mission sollicitait du ministère de la Culture, alors dirigé par Catherine Tasca, une augmentation progressive de sa subvention à hauteur du million et demi de francs, ce qui a été accepté. L’objectif proposé en 2000 sera atteint en 2004, JeanJacques Aillagon respectant les engagements de son prédécesseur. Symboliquement, il était indispensable que le ministère tende à la parité avec la Ville qui met à notre disposition une des belles demeures de la cité, l’Hôtel de Crochans, et cinq agents territoriaux. Cet effort est assez important pour être souligné. Cette augmentation de moyens vous permet-elle de développer de nouvelles activités ? L’augmentation de l’intervention de l’État a été pour ainsi dire entièrement affectée à la relance artistique. Autour de la responsabilité des projets qui m’a été confiée en 2003, nous avons pu étoffer la ligne éditoriale des Cahiers de la Maison Jean Vilar conçus comme une tribune davantage ouverte à l’ensemble de nos métiers (la pagination a été augmentée et la maquette refondue), bâtir l’exposition Avignon, un rêve que nous faisons tous avec le concours de collaborations extérieures, créer un site internet dès à présent opérationnel, procéder à d’urgentes restaurations dans les zones d’accueil du public, etc. On connaît la formule de Paul Puaux après la disparition de Jean Vilar, en 1971 : “On ne succède pas à Jean Vilar”. Comment entendez-vous succéder à Paul Puaux ? On ne succède pas à Paul Puaux ! Mais il est permis de remarquer que, pendant huit ans, Paul Puaux a bel et bien LES CAHIERS DE LA MAISON JEAN VILAR – N° 89 2 à concevoir et réaliser des projets légers et peu dispendieux. Cette ambition est conforme à la mission de la Maison : au-delà de la conservation et de la promotion de l’héritage de Jean Vilar, s’efforcer de nourrir le débat culturel et théâtral. C’est en toutes lettres dans les statuts. Ce qui est exemplaire chez Jean Vilar, c’est que l’homme s’est toujours remis en question et n’a cessé d’élargir sa vision. Le contraire de la sclérose ! Quel exemple pour tant d’autres ! Comme il a su, sans arrêt, passer la main ! À Georges Wilson, évidemment, pour le TNP, à Maurice Béjart quand il a compris la place que la danse allait occuper dans les arts du spectacle, à Lucien Attoun pour lui confier le soin du répertoire contemporain, à Bernard Tournois pour mener à Avignon des expériences télévisuelles en avance sur leur temps… Il n’aspirait pas à des essais hermétiques mais à un élargissement au plus grand nombre de la connaissance et du plaisir de connaître. L’intuition chez lui, l’anticipation est toujours passionnante, y compris et peut-être surtout dans les contradictions : selon ses propres termes apprenti sorcier, Vilar est le premier à s’être inquiété de la force des choses qui avait conduit, non sans raison, les soixante-huitards à qualifier Avignon de supermarché de la culture. Mais toute l’époque ne réclamait-elle pas ce marché alors que Vilar entretenait l’utopie d’un lieu de fête et de réflexion où l’on parlait d’égal à égal en préparant les luttes de l’automne, l’utopie d’un laboratoire à la dimension d’une ville où toute une génération avait connu le bonheur par le théâtre ? Nous devons replacer la Maison Jean Vilar au cœur de ces débats. C’est dans cette logique que les Cahiers s’efforceront d’élargir leur ligne éditoriale au-delà du monde stricto sensu du théâtre et du spectacle vivant. Les dernières livraisons ont donné en priorité la parole aux artistes et aux responsables culturels ; pourquoi ne pas les ouvrir, à l’occasion, aux historiens, aux sociologues, aux philosophes..., en complémentarité avec les dossiers propres à nos expositions ? Le site internet répond lui aussi à ce souci d’ouverture. Il est certain que Vilar se serait intéressé aux nouvelles technologies, et notamment à internet, tant il était avide de tout ce qui fait partage. La toile constitue un moyen privilégié pour faire connaître et rayonner la pensée et l’œuvre de Vilar. Le cadre existe dorénavant. Dans les années qui viennent, en collaboration avec la Bibliothèque nationale de France, l’association va entreprendre de populariser son fonds en le mettant en ligne. Déjà, le site offre des être avide de tout ce qui fait partage ▲ dirigé le Festival d’Avignon et bel et bien succédé à Jean Vilar... Le chapitre qui lui est consacré dans l’exposition de l’été dernier est le premier compte rendu de son expérience à la tête du Festival. Lui qui n’appartenait pas au sérail - il ne voulait être que l’homme de Jean Vilar - a su, entouré d’une équipe, renouveler le Festival. Les saisons 1978 et 1979 qui couronnent son " pontificat ", par exemple, sont aussi mémorables que certains grands étés de Vilar. Qu’on se souvienne de Godot, du Cercle de craie, sans oublier les apparitions précédentes de Merce Cunningham ou de Bob Wilson qui ne faisaient pourtant pas partie de son univers personnel. Paul Puaux s’est aussi acharné à illustrer le théâtre issu du mouvement de la décentralisation dramatique... Concernant la Maison Jean Vilar, son œuvre majeure, ma conviction est qu’il ne faut pas mourir à la barre des navires. Paul Puaux est resté jusqu’au bout de ses forces, laissant confondre la personne du fondateur avec l’institution. D’où la difficulté, depuis sa disparition, de donner à cette Maison un visage qui soit le sien propre et de la considérer comme un outil contemporain. Grâce à la Ville d’Avignon, grâce au ministère de la Culture, grâce au soutien continu du Conseil général et de la Région, nous allons pouvoir, dans les trois ans qui viennent, ouvrir le cercle des compétences à l’intérieur de la Maison. C’est ainsi que nous devons également mieux profiter de l’implantation, au sein de la Maison, de la Bibliothèque nationale de France, et nous appuyer sur ses collections. Il ne s’agit pas de reproduire en petit à Avignon ce que la BnF fait en grand à Paris. Tout l’intérêt du mariage de la BnF avec l’association Jean Vilar réside dans notre capacité Le vide créé par la disparition de Paul Puaux... (on le voit ici au cours d’un débat avec, à ses côtés, son épouse Melly, 1988). PHOTO D.R. 3 liens multiples avec le Festival d’Avignon, avec les centres ressources spécialisés et, bien sûr, avec notre partenaire essentiel, la BnF. Plus qu’une fenêtre, la Maison Jean Vilar a vocation à être une maison de dialogue. Le lien avec le ministère de la Culture est historique et essentiel. Entendez-vous travailler aussi dans l’avenir avec le ministère de l’Éducation nationale ? Localement, les liens avec l’université sont déjà nombreux et fertiles. Nous travaillons notamment avec l’Unité de recherches théâtrales et le collège de Sociologie d’Avignon. Il nous appartient de développer des collaborations avec les universités de la région, nous tourner vers Aix et Marseille et, bien sûr, offrir une vitrine utile aux universitaires et chercheurs du monde entier. Il convient tout de même de remarquer que, depuis vingtcinq ans, un énorme travail de proximité a été effectué et que nous pouvons nourrir de nouvelles ambitions parce que la Maison Jean Vilar jouit d’un capital d’affection inestimable ! Les collections de Vilar lui-même qui constituent évidemment notre trésor, sont présentées quasiquotidiennement à de nombreux groupes de collégiens et de lycéens, conduits par des enseignants qui sont de véritables militants du théâtre populaire ! L’aventure théâtrale la plus significative de la seconde moitié du XXe siècle est ici concentrée : le TNP de Jean Vilar et le Festival d’Avignon, archives, photos, affiches, programmes, maquettes, costumes... À cela s’ajoutent une bibliothèque de 25.000 ouvrages et une vidéothèque de plus de 1 100 titres. ici plus qu’ailleurs il est question de légitimité ▲ Le théâtre de rue a ouvert une brèche... (Royal de Luxe, La Véritable Histoire de France, 1990). PHOTO JEANNE DAVY. elle disparu au cours des dernières années ? Bernard Faivre d’Arcier explique très bien dans l’entretien que nous avons publié dans les Cahiers (n° spécial 87, juillet 2003) que l’obligation de respecter une cohérence programmatique avec des thématiques sociales, politiques, culturelles l’a parfois embarrassé. Il aurait souhaité avoir la liberté de son bon plaisir plutôt que des obligations historiques. Le Festival d’Automne, par exemple, n’est pas contraint à cette cohérence. Mais Avignon n’est ni le Festival d’Automne ni celui de Nancy. La spécificité d’Avignon n’est-elle pas de cristalliser un état de conscience et de création dont il est rendu compte chaque été selon une obligation démocratique et républicaine de service public ? En quoi la Maison est-elle plus qu’un centre ressources ? Nous faisons organiquement partie du réseau qui réunit le Centre national du théâtre, celui de la danse, Hors-lesmurs, aussi bien que la Maison Antoine Vitez… Cependant je ne peux me défaire de l’impression qu’ici plus qu’ailleurs il est question de légitimité. La Maison Jean Vilar est non seulement un centre de ressources mais aussi un centre de ressourcement. Elle est animée d’une dimension éthique qui oblige à l’aborder dans un certain état d’esprit. Il faut rester sensible à ce que racontent ceux qui ont fréquenté Vilar : selon eux, cet homme de taille moyenne obligeait ses partenaires ou ses interlocuteurs à se tenir droit. Cette obligation d’honneur, on la doit à Jean Vilar, bien sûr, mais aussi à la figure souvent inspirée, dans sa simplicité, de Paul Puaux. Nous sommes tenus à une cohérence historique, à une exigence morale de service public. On a dit que ce qui a fait aimer Victor Hugo du peuple, c’était son mélange de familiarité et de distinction. L’expression dépeint parfaitement Vilar, Puaux, et éclaire, à mes yeux, la notion de théâtre populaire. Faut-il déduire de vos propos que le Festival d’Avignon est essentiellement politique ? Sans évoquer le forum socialiste dont il est l’occasion chaque été, on constate que la revendication ou l’ambition “citoyenne”, comme on dit aujourd’hui, n’a cessé de s’amplifier. Je préfère l’adjectif civique à citoyen. Plus humble, moins “porte-drapeau”. À la suite de Vilar, tous les directeurs se sont sentis tenus par une obligation de conscience. Mais ce n’est pas pour cela qu’ils ont fait du théâtre social. Le Festival d’Avignon est d’abord un festival d’artistes et donc de création. En 1958, en pleine crise constitutionnelle (et Vilar est sans aucun doute l’un des plus acharnés contre les conditions de l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir et de l’instauration de la Ve République), on joue Les Caprices de Marianne qui ne sont tout de même pas un modèle de littérature politique ! Mais le projet reste tenu par une troupe imprégnée d’esprit civique et de responsabilité publique - à commencer par le souhait de mériter être payé par de l’argent public. Il ne faut jamais perdre de vue qu’avec Vilar il s’agit moins de style que de morale. “Vaste programme” par les temps qui courent… La réflexion sur le sens et la valeur culturelle du Festival est essentiellement vilarienne. Cette préoccupation avait- Il reste qu’Avignon est devenu un raout politico-culturel qui réunit toute la profession et de nombreuses institu- LES CAHIERS DE LA MAISON JEAN VILAR – N° 89 4 tions. C’est aussi le guet-apens où le ministre est attendu chaque été… À partir de 1981, la présidence de François Mitterrand a placé le culturel au centre du discours politique. Les rois étaient sacrés à Reims ; pour sacrer la culture, Mitterrand a choisi Avignon en tant que berceau des origines. Cela laisse une trace pour de longues années. Vous dites regretter qu’Avignon soit devenu un marché plutôt que la manifestation d’une contre-culture... Comment la Maison Jean Vilar peut-elle espérer se distinguer ? En proposant elle aussi des rencontres et des débats ? Avignon croule chaque été sous les débats, colloques et forums, c’en est accablant ! Il s’agit bien en effet de se distinguer, de parler distinctement (il est donc toujours question de la distinction de Vilar…) Comment faire ? Sans doute d’abord en retrouvant une forme d’humble magistère qui était la marque indiscutable de Paul Puaux. Sans recourir aux mandarins, il faudrait pouvoir retrouver des maîtres, des autorités intellectuelles, artistiques, politiques... pour échapper au débat tout azimut où personne ne se reconnaît et campe sur son moi je sans aucune attention à l’autre. Ces ténors ne font-ils pas défaut ? On n’observe pas dans le monde théâtral d’aujourd’hui des esprits ayant l’envergure de Vilar ou de Vitez ; pas plus qu’en politique des réflexions comme ont pu en conduire Ralite ou Lang lorsqu’ils étaient aux affaires... La Maison peut être un déclencheur. Elle peut offrir à des personnalités artistiques ou intellectuelles un cadre pour conduire une réflexion. Il n’y a pas besoin d’intervenants vedettes ou de vaches sacrées pour débats télévisés. Nous souhaitons réunir de véritables contributions, discutables, discutées, mais réfléchies. Par exemple, les propos de Christian Schiaretti (nos Cahiers n°84, octobre 2002) sur le théâtre populaire et sa vision du TNP qu’il dirige aujourd’hui à Villeurbanne touchent, précisément, plus à la morale qu’au style et permettent de théoriser et d’élever le regard. un mélange de familiarité et de distinction Quelle place le théâtre peut-il encore avoir dans la vie culturelle populaire de notre pays ? Comment ne pas être frappé par l’engouement du public populaire pour le théâtre de rue ? Il y a là une mutation extraordinaire. De nombreux jeunes animateurs voient dans les centres dramatiques des lieux fermés auxquels la population, dans sa majorité, n’a pas accès. Le théâtre de rue a ouvert une brèche significative. Les centres dramatiques et toutes les formes d’institutions sont au pied du mur et les événements de 2003 sont sans doute l’expression de cette crise, au-delà des revendications corporatistes. L’élitaire pour tous d’Antoine Vitez, d’allure vila- rienne dans l’inspiration, n’est-il plus qu’une incantation ? Les gens du théâtre de rue ont résolu le problème : eux ont touché le plus grand nombre ! Mais, dilemme : le public est content en croyant que c’est gratuit. Illusion, bien sûr, puisque les spectacles sont payés par les collectivités territoriales ! Les édiles locaux offrent du pain et des jeux, il s’agit bien d’une attitude romaine, de l’entretien d’une clientèle... Mais quoi ! nous savons, grâce à Vilar, que le politique nous ment, parfois même pour notre bien ! Aux artistes revient l’honneur d’être attentifs et de détourner les pièges politiques pour démontrer l’usage moral qu’on en peut faire. La grande exposition de François Delarozière sur les machines de théâtre, à Nantes et qu’on verra bientôt à Marseille, est, à cet égard, riche d’enseignement : les objets les plus ludiques, les plus fous, sont les figures de proue d’un ambitieux projet de développement nantais. Des artistes, provocants mais responsables, tirent le politique vers le haut… Magnifique, non ? La nomination de Vincent Baudriller et d’Hortense Archambault va-t-elle renouveler la collaboration entre la Maison Jean Vilar et le Festival ? Ce sont deux animateurs très attentifs, on les sent disponibles et ils nourrissent pour la Maison une affection vraie. En retour, la Maison Jean Vilar se doit de faire connaître la mémoire fraîche et vive du Festival : nous devons nous intéresser aux jeunes générations et, comme dit Aragon, nous souvenir de l’avenir. Propos recueillis par Rodolphe Fouano Docteur d’université avec une thèse sur une pièce à l’époque inédite de Victor Hugo, Mille francs de récompense, administrateur de Robert Hossein à Reims puis de Jacques Échantillon à Béziers, Jacques Téphany anime avec sa sœur Arlette (et aussi avec Dominique Vilar, qui fut son épouse, et avec Pierre Meyrand), une compagnie indépendante, Théâtre en liberté, implantée à Chelles, en Seine-et-Marne, dans les années 1970. Nommé directeur du centre d’action culturelle de cette même ville, il poursuit avec ses amis l’aventure artistique de la compagnie qui recevra, en 1985, la mission de diriger le centre dramatique national de Limoges, La Limousine. Dix ans plus tard, la compagnie retrouve son indépendance et Jacques Téphany sa liberté d’écrire. Il est l’auteur de plusieurs pièces originales et adaptations (parmi lesquelles Schnitzler, Skármeta, Shakespeare, Dürrenmatt…), toutes jouées dans le secteur du théâtre public. Lauréat en 1999 des Journées d’auteurs de Lyon avec L’Heure bleue, il reçoit la même année le prix Charles Brisset de l’École française de psychiatrie et de psychanalyse pour son récit, Le Trou du rat (édité chez Buchet Chastel), qui est également lauréat du Festival du premier roman de Chambéry. Poursuivant son activité d’administrateur, il est l’organisateur du congrès de l’Institut International du Théâtre à Marseille, dans le cadre de l’UNESCO, après quoi il sera élu président du Centre français du théâtre. Il est chargé en l’an 2000 d’une mission d’évaluation et de proposition pour la Maison Jean Vilar dont il est l’un des membres fondateurs. On verra en janvier 2004 à Paris, au Théâtre du Renard, l’adaptation qu’il a cosignée avec Gil Baladou de la nouvelle de Friedrich Dürrenmatt, La Panne, dans une mise en scène d’Arlette Téphany . 5