Le fonds universitaire - Association of African Universities
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Le fonds universitaire - Association of African Universities
AVANT-PROJET 23/10/2014 Un modèle innovant de financement de l’enseignement supérieur au Kenya Le fonds universitaire Crispus Kiamba 1 Table des matières 1. Introduction 2. Organes tampons de l’enseignement supérieur : théorie et réalité 3. Nouvelles réformes de l’enseignement supérieur au Kenya a) Vision nationale: le contexte des réformes dans l’enseignement supérieur b) Statut et évolution de l'enseignement universitaire 4. Bref historique des modèles de financement de l'enseignement supérieur au Kenya a) Contexte historique du nouveau modèle de financement de l'enseignement supérieur b) Efforts entrepris dans le passé en vue de créer des comités de subventions des universités c) Expérience d'un fonds de recherche compétitive et d’innovation 5. Projet de fonds universitaire a) Recommandations du rapport du groupe de travail mis en place en 2012 sur la création d’un fonds d'universitaire b) Loi de 2012 sur les universités établit le Fonds universitaire c) « Fonds universitaire » proposé et le Conseil de financement des universités (UFB) d) Leadership et la gestion du Fonds de financement du conseil universitaire 6. Défis, atouts et impacts du fonds/du conseil universitaire School of the Built Environment, College of Architecture and Engineering, University of Nairobi, Kenya. 1 1 1. Introduction Les méthodes innovantes de mobilisation des ressources pour l'enseignement supérieur sont importantes à l'enseignement supérieur et au développement des ressources humaines nationales de haute qualité dans le pays, condition sine qua non à la réalisation fructueuse de la vision 2030 du Kenya. Cette étude porte sur le « fonds universitaire » (qui doit être géré par un organe tampon dénommé « le Conseil de financement des universités »), un nouveau modèle de financement de l'enseignement supérieur au Kenya qui a été proposé dans le cadre de la loi sur les universités promulguée en 2012 et l'un des principaux piliers des reformes post 2012 de l’enseignement supérieur dans le pays. Les réformes menées dans le financement de l'enseignement supérieur ont été motivées par le fait que le financement de l'enseignement supérieur au Kenya a été à la fois inadéquate et manquait de mécanisme de coordination efficace, en particulier dans le contexte des demandes compétitives pour le budget national limité. 2. Organes tampons de l’enseignement supérieur: théorie et réalité Principes de base de la création d’un organe tampon. Les organes tampons sont généralement des organismes créés par les gouvernements pour exercer certaines de leurs fonctions qui sont dans une mesure ou d’une autre relativement autonome. Plusieurs raisons expliquent la création d'organes tampons et ces raisons peuvent varier d'un cas à l’autre. L’une des raisons les plus souvent évoquées pour justifier la création d'organes tampons dans le secteur universitaire est la protection de la liberté académique des universités et la réduction des possibilités d'ingérence du gouvernement qui pourrait compromettre la liberté académique. Un deuxième argument est que les organes tampons facilitent la prise de décisions relatives au développement des universités et le système universitaire en dehors du cycle politique normal. Les universités sont des institutions qui mettent du temps pour mettre en œuvre le changement, et ont besoin de beaucoup de temps pour se développer, mûrir et s’intégrer. Il est inacceptable que les décisions à court terme soient considérées comme des changements de modes politiques. Les gouvernements, en particulier dans les systèmes démocratiques, trouvent qu'il est difficile de prendre des décisions à long terme, 2 indépendamment de leurs impacts politiques immédiat, et l'existence d'organes tampons facilite cela. À cet égard, les organes tampons peuvent prendre des décisions politiques difficiles que les gouvernements sont incapables de prendre. Ils peuvent souvent être utiles à un gouvernement confronté à des décisions controversées touchant différentes universités ou le système dans son ensemble. Ces organes permettent donc à un gouvernement confronté à ce genre de situation de se dédouaner et rejeter la responsabilité des décisions prises sur un organe indépendant que la loi ou même la constitution interdit toute ingérence gouvernementale dans la gestion de ses affaires. Une autre raison de la création d'organes de tampons, est qu'ils favorisent la prise des décisions par des experts. Il convient de souligner que toutes les décisions ne sont pas prises par les experts car certaines décisions sont efficaces quand elles sont prises des gens qui sont étrangers au sujet en question mais les organes tampons facilitent la prise de décisions rationnelles par les experts dans le cas échéants. Statut juridique des organes tampons. Dans plusieurs cas, un organe tampon est créé par la loi et a des responsabilités et des pouvoirs énoncés par ladite loi. Ceci est important, parce que dans ces cas, la loi énonce les pouvoirs et les responsabilités du gouvernement d'une part et ceux de l’organe tampon d’autre part. Ces dispositions sont prises pour empêcher le gouvernement d'influencer les universités et abuser de leurs pouvoirs sur les universités. 3. Nouvelles réformes de l’enseignement supérieur au Kenya a) Vision nationale: le contexte des réformes dans l’enseignement supérieur La Vision 2030 du Kenya (République du Kenya, 2007), qui vise à transformer le Kenya en un pays "nouvellement industrialisés, de revenu intermédiaire, compétitif à l'échelle mondiale et prospère offrant une qualité de vie élevée pour tous ses citoyens dans un environnement sécurisé et serein", et la nouvelle Constitution du Kenya, 2010 (République du Kenya 2010), prévoit un environnement favorable aux réformes dans tous les secteurs kenyans, y compris l'enseignement supérieur. 3 C’est justement dans cette perspective et en s’appuyant sur des travaux antérieurs, que le ministre de l'Enseignement supérieur, des sciences et de la technologie a mis en place un groupe de travail, qui a produit le rapport du Groupe de travail sur l'alignement du secteur de l'enseignement supérieur, des sciences et de la technologie (TAHEST) à la Constitution du Kenya (République du Kenya 2012a) (ci-après dénommé "le rapport TAHEST"). Par conséquent, le Ministère de l'Education a produit un document parlementaire avec la collaboration du Ministère de l'Enseignement Supérieur, des Sciences et de la Technologie. Un cadre stratégique pour l'éducation et la formation sur la réforme de l'éducation et des secteurs de formation au Kenya (République du Kenya 2012b). Ces travaux ont servi de base philosophique pour le nouveau cadre juridique, de gestion et de gouvernance de l'enseignement supérieur au Kenya, plus particulièrement, la loi 2012 relative aux universités, (République du Kenya 2012c), la loi 2013 portant sur la formation technique et professionnelle (République de Kenya 2013a) et la loi 2013 portant sur les sciences, la technologie et l’innovation (République du Kenya 2013b). La nouvelle agence tampon proposée pour le financement des universités, « le fonds universitaire », est l'une des innovations recommandées par le rapport TAHEST et introduites dans la loi de 2012 relative aux universités. Le nouveau fonds n'a pas encore été mis en place, mais le ministère de l'éducation, de la science et de la technologie est en train de prendre les dispositions nécessaires pour sa mise en place. Comme l’a souligné le rapport du groupe de travail dans ses dispositions relatives à l'éducation, la jeunesse et la promotion de la science et de la technologie, la nouvelle Constitution du Kenya s’est aventurée dans un domaine non abordé dans l'ancienne Constitution et a opté efficacement pour un changement de paradigme vers la reconnaissance constitutionnelle de la promotion de l'enseignement supérieur, de la science et de la technologie. En plus de la reconnaissance et l'établissement de principes généraux des droits appropriés à l'enseignement supérieur, la constitution attribue également des obligations nécessaires à la réalisation des principes généraux se rapportant à l'enseignement supérieur. À cet égard, certaines dispositions clés de la nouvelle Constitution qui portent et influencent directement les stratégies de l'enseignement supérieur, la science et la technologie sont les suivantes: la liberté d'expression, qui comprend la liberté académique et la liberté de la 4 recherche scientifique; le droit à l'éducation pour tous comme l'un des droits socio-économiques; le droit d'accès aux institutions et aux installations institutionnelles pour les personnes handicapées ; et l’égalité des chances pour les groupes minoritaires et marginalisés. Conformément à l'article 56 (b) de la Constitution, les groupes minoritaires et marginalisés doivent bénéficier des traitements spéciaux dans les domaines de l’éducation et de l’économie. Ceci est particulièrement un sujet important et urgent compte tenu des injustices historiques et la marginalisation de certaines régions du pays en termes d’opportunités d'apprentissage et d'éducation. La plupart des établissements d'enseignement supérieur en particulier les universités sont concentrés dans les zones urbaines et leurs environs, en particulier à Nairobi, dans le centre du Kenya, Nakuru et Eldoret dans la vallée du Rift et autour de Kisumu et Kakamega, dans l'ouest du Kenya. Cela a conduit à une situation où certaines régions sont marginalisées et sous-développées. Les implications de tout cela était une révision urgente des politiques et des stratégies sur la création et la répartition des établissements d'enseignement dans le pays en tenant particulièrement compte du principe de la dévolution en vertu de l'article 10 de la Constitution de 2010 du Kenya. Dans le cadre de la Vision 2030 et de la Constitution de 2010 du Kenya, la nouvelle vision de l'enseignement supérieur et, plus particulièrement, le cadre juridique comme stipulé dans la loi 2012 sur les universités et d'autres lois connexes, le pays veut « investir dans le peuple kenyan » en offrant l’éducation, la formation et la recherche mondialement compétitives et de qualité pour soutenir ce développement. Parallèlement à cela, la Vision soutien l’intensification de la science, de la technologie et de l’'innovation afin d'accroître la productivité et les niveaux d'efficacité entre les trois piliers de la Vision c'est-à-dire, les piliers économique, social et politiques. La Loi de 2012 sur les universités a donc précisé que, dans l'exercice de leurs fonctions et leurs pouvoirs en vertu de ce nouvel environnement, les établissements d'enseignement supérieur seraient guidés par les valeurs nationales et les principes de gouvernance énoncés dans la nouvelle Constitution. À cet égard, selon la clause 2 de la Loi qui s'inspire largement de l'Article 10 de la Constitution, les établissement d’enseignement supérieur doivent, entre autres : promouvoir la qualité et la pertinence des programmes ; améliorer l'équité et l'accessibilité de leurs services ; promouvoir les systèmes et les pratiques de gouvernance inclusive, efficace, efficiente et transparente, conserver la confiance du public ; assurer la viabilité et 5 l'adoption des meilleures pratiques dans la gestion et l'institutionnalisation des systèmes de contre-vérification ; promouvoir le partenariat public-privé dans l'enseignement universitaire et le développement ; et institutionnaliser les pratiques non discriminatoires. Des stratégies nouvelles et novatrices relatives à l'enseignement supérieur doivent donc répondre directement et rapidement aux défis figurant à la fois dans la Vision 2030 et dans la Constitution de 2010. Cela doit comprendre notamment : o La liberté d'expression, qui inclut la liberté académique et la liberté de la recherche scientifique ; o Le droit à l'éducation pour tous comme l'un des droits socioéconomiques ; o Le droit d’accès des personnes handicapées aux établissements et aux installations d'enseignement; et o L’égalité des chances aux minorités et aux groupes marginalisés. b) Statut et évolution universitaire de l'enseignement La demande pour l'enseignement supérieur au Kenya n’a cessé d’accroître et, comme observé plus haut, on reconnaît qu'il a un rôle prépondérant à jouer dans la réalisation des objectifs de la Vision 2030 au Kenya et les idéaux de la Constitution 2010 du Kenya donc la compétitivité mondiale et la prospérité nationale du Kenya. À l’instar de ce qui se passe dans le monde, le système d'enseignement supérieur du Kenya devient plus complexe en raison de l’augmentation des effectifs et la complexité des institutions publiques et privées et les demandes des parties prenantes, la tâche de gestion, de suivi et de financement du secteur est devenue plus exigeante et plus spécialisée. Il existe les catégories suivantes d'universités publiques et privées au Kenya : o Universités à charte. Ce sont des universités qui ont répondu aux normes établies pour être complètement accréditées du statut d’université par la Commission pour l'éducation universitaire (CUE). Sur recommandation du Secrétaire d’État chargé de l'éducation et 6 de la Commission, le Président délivre la Charte pour l'enseignement universitaire. o Universités avec Lettre de l'autorité intérimaire (LIA). Ce sont des universités auxquelles est délivrée une LIA par le Secrétaire d’État chargé de l'éducation sur recommandation de la Commission de l'enseignement universitaire en vertu de loi 2012 sur les universités. Avant 2012, la Commission de l'enseignement supérieur (CUE) n’a délivré la LIA uniquement qu’aux universités privées ceci conformément à la Loi abrogée sur les universités. Une université à laquelle est délivrée une LIA fonctionne sous la supervision étroite de CUE en attente de l'octroi de la Charte et peut mettre en place un organe directeur de l'Université ; développer les infrastructures physiques ; assembler des ressources académiques ; recruter des étudiants ; et établir le mécanisme d'assurance qualité interne. o Universités privées enregistrées. Ces universités sont apparues avant la création de la Commission pour l'enseignement supérieur en 1985. Elles sont à différents stades de développement des ressources et des installations pour obtenir l’agrément universitaire complet. o Universités étrangères. En vertu de la loi 2012 sur les universités, ce sont des universités établies hors du Kenya, qui offrent l'enseignement universitaire au Kenya et doivent remplir toutes les conditions nécessaires pour recevoir l’agrément comme les universités kényanes. Une université étrangère peut conclure un accord avec un établissement d’enseignement supérieur au Kenya aux fins d'offrir ses programmes de formation ou des programmes de formations conjoints au Kenya avec l'approbation préalable du CUE. Au fil des ans l'enseignement universitaire au Kenya a connu une croissance exponentielle. Il est passé d’une seule université (l'Université de Nairobi) à 22 universités publiques entièrement accréditées (dont 15 ont été créées entre 2012 et 2013), 9 collèges publics, 17 universités privées, 5 collèges universitaires privé, 11 universités avec la LIA et 2 universités enregistrées (voir le tableau 1 pour les détails sur ces universités). 7 Tableau 1: Statut des universités au Kenya (2014) UNIVERSITÉS PUBLIQUES UNIVERSITÉS PRIVÉES 8 Universités publiques à charte 1. University of Nairobi (1970) 2. Moi University (1984) 3. Kenyatta University (1985) 4. Egerton University (1987) 5. Jomo Kenyatta University of Agriculture and Technology (JKUAT) – (1994) 6. Maseno University (MSU) – (2001) 7. Masinde Muliro University of Science and Technology (2007) 8. Dedan Kimathi University of Technology (2012) 9. Chuka University (2013) 10. Technical University of Kenya (2013) 11. Technical University of Mombasa (2013) 12. Pwani University 2013 13. Kisii University (2013) 14. University of Eldoret (2013) 15. Maasai Mara University (2013) 16. Jaramogi Oginga Odinga University of Science and Technology (2013) 17. Laikipia University (2013) 18. South Eastern Kenya University (2013) 19. Meru University of Science and Technology (2013) 20. Multimedia University of Kenya 2013 21. University of Kabianga (2013) 22. Karatina University (2013) Universités publiques affiliées 1. Murang’a University College (JKUAT) (2011) 2. Machakos University College (KU) (2011) 3. The Co-operative University College of Kenya (JKUAT) (2011) 4. Embu University College (UoN) (2011) 5. Kirinyaga University College (KU) (2011) 6. Rongo University College (MU) 2011 7. Kibabii Universtity College (MMUST) (2011) 8. Garissa University College (-MU) (2011) 9. Taita Taveta University College (JKUAT) (2011) Universités privées à charte 1. University of Eastern Africa, Baraton (1991) 2. Catholic University of Eastern Africa (CUEA) (1992) 3. Scott Theological College (1992) 4. Daystar University (1994) 5. United States International University (1999) 6. Africa Nazarene University (2002) 7. Kenya Methodist University (2006) 8. St. Paul’s University (2007) 9. Pan Africa Christian University (2008) 10. Strathmore University (2008) 11. Kabarak University (2008) 12. Mount Kenya University (2011) 13. Africa International University (2011) 14. Kenya Highlands Evangelical University (2011) 15. Great Lakes University of Kisumu (GLUK) (2012) 16. KCA University (2013) 17. Adventist University of Africa (2013) Universités privées affiliées 1. Hekima University College (CUEA) (1993) 2. Tangaza University College (CUEA) ((1997) 3. Marist International University College (CUEA) (2002) 4. Regina Pacis University College (CUEA) (2010) 5. Uzima University College (CUEA) (2012) Universités avec lettre d’autorité intérimaire 1. Kiriri Women’s University of Science and Technology (2002) 2. Aga Khan University (2002) 3. Gretsa University (2006) 4. Presbyterian University of East Africa (2008) 5. Inoorero University - 2009 6. The East African University (2010) 7. GENCO University - 2010 8. Management University of Africa (2011) 9. Riara University - 2012 10. Pioneer International University (2012) 11. UMMA University (2013) Universités privées enregistrées 1. Nairobi International School of Theology 2. East Africa School of Theology 9 L’adoption de la nouvelle Loi sur les universités en 2012 a vu la création de 12 nouvelles universités publiques au Kenya. Ce fut grâce à la modernisation des collèges universitaires affiliés aux sept universités publiques. En outre, les sept universités ont également connu une augmentation rapide de leurs effectifs en particulier la composante privée sponsorisée. La création de ces nouvelles universités, initialement comme affiliées des universités existantes avaient été un processus stratégique au cours des cinq dernières années précédant le nouveau cadre juridique de 2012. Ce processus vise particulièrement à céder à la pression énorme pour plus d’espaces pour les universités à partir de 2015 à cause de l’expansion et des réformes de l’éducation primaire en particulier la gratuité de l'enseignement primaire introduite par le gouvernement en 2003. En effet, l'expansion de l'enseignement primaire et secondaire a créé une forte demande pour l'enseignement supérieur à la fois au niveau de l'Université, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle. L’effectif est en hausse dans les universités du Kenya depuis l'introduction de la gratuité de l'enseignement primaire et secondaire. Ces dernières statistiques publiées en 2013 par le Kenya National Bureau of Statistics Facts and Figures montre que le nombre d'écoliers inscrits dans les écoles primaires est passé de 8 831 400 en 2009 à 9 997 900 en 2012. De même, 1 914 800 élèves étaient inscrits dans les écoles secondaires en 2012 par rapport à 1 472 600 en 2009. L'augmentation des effectifs dans les écoles secondaires et primaires a conduit à une croissance significative et à l’augmentation du nombre d'étudiants dans les universités. Au moins 240 500 étudiants étaient inscrits dans les universités publiques et privées locales en 2012 par rapport à 177 700 en 2009. Néanmoins, plus de la moitié des étudiants inscrits dans les universités publiques ont été parrainés par le secteur privé. Le tableau 2 montre l’augmentation des effectifs dans les universités (CUE, 2013). Tableau 2: effectif des étudiants dans les universités publiques et privées 2009 2010 2011 2012 Effectif des étudiants dans 177.700 117.600 198.300 240.500 les universités publiques et privées (Source: Kenya National Bureau of Statistics: Kenya Facts and Figures 2013) 10 Selon les statistiques de la Kenya National Bureau of Standards (KNBS), les inscriptions dans les universités devraient passer de 240.500 en 2013 à 970.000 en 2018 (CUE 2013). Cela se traduit par une augmentation de 403 % en seulement 5 ans ! Pour absorber l'augmentation du nombre d'étudiants, le gouvernement doit créer une nouvelle université en 2014, cinq (5) en 2015, quinze (15) en 2016 et trente (30) nouvelles universités en 2017. Les universités nouvellement établies et les anciennes doivent améliorer leurs capacités en ressources humaines et leurs infrastructures pour assurer que les étudiants reçoivent une formation de qualité dans un environnement d'apprentissage propice. L'augmentation des effectifs ne s’est pas accompagnée de l’augmentation du financement en pourcentage des dépenses totales des collèges universitaires et des universités publiques par le gouvernement. Par conséquent, cette expansion a été principalement financée par les droits de scolarité des étudiants qui constituent maintenant environ 50% de l'inscription dans les universités kenyanes. Mais l'expansion de l'éducation de base n’est pas le seul facteur qui a contribué à l'expansion et à la diversification sans précédent de l'enseignement supérieur au Kenya au cours des 20 dernières années. Nombre de ces facteurs ont été de nature globale. La demande croissante du marché du travail a contribué à la nécessité d’expansion et de diversification, en particulier l'augmentation du niveau de connaissances et compétences nécessaires à une économie moderne, compétitive à l'échelle mondiale et de plus en plus axée sur les connaissances et la nécessité du perfectionnement professionnel. Tout ceci est renforcé par la tendance naturelle d’amélioration du statut professionnel d’où la nécessité de poursuivre des études plus avancées. Certaines universités créées nouvellement en 2013 par le gouvernement sont situées dans les régions du pays jusqu'alors non desservies par les universités en vue de répondre à la nécessité d'améliorer l'égalité d'accès à l'enseignement supérieur. Ces régions comprennent la région côtière du Kenya où deux nouvelles universités ont été créées et le nord du Kenya où, en plus des questions d'équité, c’est dans ses mêmes régions que les ressources (en particulier le pétrole, le gaz et le charbon) ont été découvertes, d'où nécessité de former les ressources humaines. 11 Une étude commanditée par CUE a révélé que la qualité a diminué dans l'enseignement universitaire au Kenya en raison de l’augmentation exponentielle des effectifs sans l’expansion des infrastructures physiques et l’augmentation des ressources humaines (CUE 2013). Le gouvernement doit veiller à ce que les universités disposent d’un personnel qualifié et compétent afin de répondre au déficit du personnel enseignant et pouvoir être en mesure d’absorber l'augmentation envisagée des effectifs dans les universités. Au moins 23.400 professeurs et autre personnel enseignement doivent être recrutés d’ici 2018. Ils ne sont actuellement que 6 200 selon l'étude menée par CUE. Cela nécessite une stratégie proactive de développement des ressources humaines de la part du gouvernement pour réduire les ratios enseignants étudiants dans les universités pour un enseignement de qualité. La loi sur les universités, qui est la législation principale de l'enseignement supérieur, et les institutions créées en vertu de celle-ci, qui sont tous des produits de ce processus sont examinées ci-dessous. L'autre loi clé et connexes qui fait partie du paysage de l'enseignement supérieur et qui a également été brièvement examinée est la loi de 2013 sur la formation professionnelle et technique. 4. Bref historique des modèles de financement de l'enseignement supérieur au Kenya a) Contexte historique du nouveau modèle de financement de l'enseignement supérieur Le financement de l'enseignement supérieur et des activités connexes au Kenya a été inadéquat et sans mécanismes de coordination efficaces compte tenu des demandes concurrentes pour le budget national. Les mécanismes innovants de mobilisation de ressources pour l’enseignement supérieur sont critiques à la mise en œuvre réussie des objectifs de développement national. La nouvelle stratégie reconnaît que les nouvelles approches de financement et la gestion financière prudente sont indispensables à la réalisation des objectifs des nouvelles réformes du secteur. Le gouvernement, le secteur privé, les partenaires au développement ainsi que les étudiants eux-mêmes doivent assurer l'amélioration de l'accès, l'équité et le maintien des normes de qualité dans le secteur. 12 b) Efforts entrepris dans le passé en vue de créer des comités de subventions des universités Il y a eu plusieurs tentatives de création, par le ministère chargé de l'enseignement universitaire, d’un organisme tampon relativement autonome, chargé du financement des universités depuis des années 1970 lorsque le Kenya comptait qu’une seule université. La première de ces tentatives a été la mise en place d’un Comité de subventions des universités doté des mêmes statuts que le Comité de subventions des universités britanniques. Il a produit son premier et unique rapport en 1981. Ceci a été suivi plus tard par la mise sur pied d'un Comité de subventions des universités relevant de la Commission de l'enseignement supérieur et de la loi sur les universités de 1985. Bien que la Commission ait été en grande partie une agence d’accréditation et d'assurance qualité, elle avait également des fonctions de coordination des budgets de l'Université et le pouvoir de «déléguer des fonctions à la Commission des subventions des universités» en vertu de la loi. À cet égard, la loi prévoit que la Commission mette sur pied un Comité de subventions des universités par résolution. La composition de ce comité est déterminée par la commission. La commission n’a jamais mis sur pied ce comité et le gouvernement a continué à financer les universités directement ou au moins par le biais de la Commission. c) Expérience d'un fonds de recherche compétitive et d’innovation Contexte. Les investissements dans la recherche en Science, en technologie et en innovation (STI) sont indispensables à la réalisation des objectifs de développement stipulés dans la Vision 2030 en tant que plan économique à long terme pour la compétitivité mondiale. Dans cette optique, le gouvernement a mis en place en 1978 un fonds de recherche et d'innovation sous le Conseil national des sciences et de technologie (NCST) d’alors en vue d’apporter principalement son appui aux projets de recherche qui n'étaient pas entrepris par des instituts de recherche financés par l'État et aider les chercheurs talentueux et innovateurs qui peuvent proposer des idées nouvelles relevant d’une importance capitale pour le pays. Objectifs du fonds de recherche et d’innovation. Ce fonds vise à soutenir la promotion de la recherche scientifique, des inventions et des 13 innovations et de renforcement des capacités dans le secteur des STI en vue du développement national. Le Fonds vise au financement dans les domaines prioritaires en relation avec le programme de développement du pays comme stipulé dans la Vision 2030. Ces catégories de financement comprennent: -:a) b) c) d) e) f) La recherche thématique ; Les innovations; Les projets de recherche menés par les femmes scientifiques ; La recherche du troisième cycle (doctorat et maîtrise) ; La recherche post-doctorale ; La subvention de contrepartie bilatérale (Kenya/Afrique du Sud; Kenya/Allemagne & NACOSTI/JSPS) ; g) Les infrastructures de recherche ; h) La prise en charge des conférences et colloques scientifiques ; i) Les chaires de recherche universitaires (NACOSTI-IDRC). Depuis la création du Fonds de dotation de recherche amélioré en 2008/2009, le Fonds a continué de croître de 250.000.000 Ksh par an à 397.000.000Ksh durant l’exercice actuel. Grâce à ce fonds, la Commission nationale pour la science, la technologie et l'innovation (NACOSTI) (le successeur du NCST) a soutenu au total 1.283 projets de recherche et des innovations dans les domaines prioritaires et des conférences regroupant plus de 100 institutions publiques et privées dans tout le pays. Gestion du fonds de recherche et d’innovation. Les subventions de recherche sont attribuées à travers un processus compétitif. Les appels à propositions sont publiés sur des sites internet et dans les journaux locaux. Toutes les demandes reçues sont soumises à un examen par les pairs par des évaluateurs externes. 5. Projet de fonds universitaire a) Les recommandations du rapport du groupe de travail mis en place en 2012 sur la création d’un fonds d'universitaire Comme indiqué précédemment, dans le contexte de la Vision 2030 et dans la nouvelle Constitution de 2010 du Kenya, le ministre de l'enseignement supérieur, des sciences et de la technologie a mis sur pied un groupe de travail qui a produit le rapport sur l'harmonisation 14 du secteur de l'enseignement supérieur, des sciences et de la technologie (TAHEST) avec la Constitution du Kenya (République du Kenya 2012a) (ci-après dénommé « rapport TAHEST »). Le rapport a recommandé, entre autres, que le gouvernement : “Mette en place un mécanisme de financement institutionnel qui serait un levier pour atteindre les objectifs stratégiques de l'enseignement universitaire et l'alignement du secteur sur la Constitution de 2010 du Kenya. Le mécanisme de financement sera appuyé par des cadres réglementaires appropriés pour la réalisation des études universitaires et la recherche de haute qualité "(République du Kenya 2012a, 87). Les stratégies qui contribueraient à la mise en œuvre de la recommandation sur le « mécanisme de financement » comprendraient ce qui suit : a) L’élaboration d’une politique l’enseignement universitaire. globale de financement de b) La création du Conseil de financement des universités (UFB) ayant pour mandat d'élaborer les critères détaillés de financement institutionnel, le décaissement de tout financement gouvernemental et le suivi de l'utilisation des fonds par les universités et de son impact. L’UFB aurait également pour mandat de recueillir des fonds, développer des mesures incitatives en vue de la participation du secteur privé dans l'enseignement universitaire, l’élaboration de cadres de partenariat public-privé pour l'éducation, la négociation des dérogations fiscales pour encourager le soutien individuel et institutionnel à l'enseignement universitaire, etc. c) La définition des critères de financement institutionnel transparent et équitable en consultation avec les gouvernements. Ces critères doivent être conformes à la Constitution de 2010 du Kenya et aux autres objectifs de développement socio-économique national. d) En consultation avec les intervenants, l’UFB doit : Instituer un coût unitaire différencié (DUC) révisé pour tous les programmes offerts dans les universités du Kenya. Adopter le DUC comme base de financement institutionnel pour les universités publiques. Élaborer et mettre en œuvre des systèmes automatisés d'informations financières universitaires avec des interfaces au système National d’informations financières intégrées. 15 Renforcer les capacités des directeurs des finances et des cadres supérieurs des universités sur les pratiques de gestion financière efficace et efficiente b) Loi de 2012 sur les universités établit le Fonds universitaire (Pour comprendre le projet de modèle de financement de l'enseignement supérieur, il est nécessaire d'examiner la nouvelle loi qui régit actuellement l'enseignement universitaire dans le pays). Adoptée par le Parlement comme principale loi régissant l'enseignement supérieur au Kenya, le principal objectif de la Loi sur les universités est de favoriser le développement et développer la gestion de l'enseignement universitaire au Kenya et plus particulièrement : Renforcer le rôle et les pouvoirs du gouvernement, notamment du ministère chargé de l'enseignement supérieur ; Prendre des dispositions pour la création, l'accréditation et la gouvernance des universités ; Prévoir la création d’agences gouvernementales clés ou organismes tampon : l'assurance qualité, l'accréditation dans l'enseignement supérieur (c'est-à-dire, la Commission pour l'Education universitaire pour succéder à la Commission pour l'enseignement supérieur) ; la coordination du placement des étudiants parrainés par le gouvernement dans les universités et collèges (le Service de Placement des universités et collèges du Kenya pour succéder au Comité mixte d'admission) ; la coordination du financement des universités publiques et pour accorder des prêts et octroyer des subventions aux universités privées et la coordination du financement des universités (c.-à-d., Conseil de financement des universités) ; Prendre des dispositions relatives à la gouvernance et à la gestion des universités, y compris les organes directeurs et la nomination des dirigeants de l'Université. Prendre des dispositions relatives aux questions financières des universités. Cette loi a abrogé toutes les lois précédentes qui avaient permis de créer toutes les sept universités publiques et la loi qui a créé la Commission de l'enseignement supérieur (CHE) (le précurseur de la nouvelle Commission pour l'Education), qui est aussi la Loi qui a précédemment permis la création, l’accréditation et la gestion des universités privées. La nouvelle loi de 2012 sur les universités a remplacé toutes les lois 16 précédentes qui portent sur l'enseignement supérieur. Elle a non seulement consolidé toutes les précédentes lois sur les universités publiques, mais a aussi réuni les universités publiques et privées sous une même loi. Elle a permis de rétablir l’équilibre entre les universités publiques et privées en supprimant la dichotomie ou la dualité qui existaient dans la création, l'assurance qualité et la gestion de ces deux types d’université. Avant cela, les universités publiques pratiquaient l'autorégulation tandis que les universités privées étaient soumises à un contrôle réglementaire strict et détaillé par le CHE. c) « Fonds universitaire » proposé financement des universités (UFB) et le Conseil de Suite à la recommandation du rapport TAHEST, la Loi sur les universités a établi le Fonds universitaire et le Conseil de financement des universités. La fonction du Conseil d'administration consiste en général à gérer le Fonds universitaires et plus particulièrement à : a) Conseiller le Secrétaire d’État chargé de l’éducation et donc le gouvernement sur le financement de l’enseignement supérieur et les enjeux politique connexes ; b) Élaborer, en consultation avec le Secrétaire d’État chargé de l’éducation, des critères transparents et équitables pour allouer des fonds aux universités; c) Allouer des fonds aux universités conformément aux critères établis ; d) Fixer le coût maximum unitaire des programmes proposés en consultation avec les universités publiques ; e) En consultation avec les universités publiques, établir le coût unitaire différencié maximum pour les programmes proposés; f) Etablir la rémunération minimum différenciée pour le personnel académique des universités, qui doit être équitable et concurrentiel à l'échelle mondiale, et aviser le gouvernement; La loi prévoit que les sources de financement du fonds proviendraient: du parlement; des dons aux fiduciaires; des revenus générés par les investissements réalisés par les fiduciaires; des dotations, des subventions et des dons de toute origine. L'objectif du Fonds est de soutenir l'éducation universitaire au Kenya, et plus particulièrement il serait utilisé pour le paiement de: a) toute dépense approuvée par les fiduciaires pour le financement des universités publiques; b) toute dépense approuvée par les fiduciaires pour les subventions 17 conditionnelles et des prêts aux universités privées; et c) toute dépense autorisée par les fiduciaires pour être engagée dans le cadre de l'administration du Fonds. d) Leadership et gestion du Fonds de financement du conseil universitaire Le Fonds du conseil universitaire sera composé de fiduciaires qui seront chargés de la gestion du fonds ainsi créé. Le Conseil d'administration est composé de neuf membres nommés par le secrétaire d’État chargé de l'éducation. Le conseil d’administration se compose comme suit: a) Un président qui a une connaissance et une expérience dans les questions liées au financement, l'investissement et la collecte de fonds; b) Le Secrétaire principal du Ministère des finances; c) Le Secrétaire principal du Ministère de l'enseignement universitaire; d) Six personnes qui ont des connaissances et de l’expérience dans le domaine des finances dont au moins deux et pas plus de trois seront du même sexe, Les critères de la nomination du président et des six personnes du Conseil du Fonds universitaire sont les mêmes et le processus de nomination des membres des organes directeurs des agences tampons ont été établi en vertu de la loi sur les universités. Ces nominations sont largement guidées par des principes d'intégrité, de compétitivité, de transparence, d’équité et d’inclusivité. Selon la Constitution de 2010 du Kenya, toutes les nominations à toutes les institutions publiques doivent se base sur ce principe. À cet égard, un comité de sélection serait nommé par le secrétaire d’État chargé de l’éducation pour gérer le processus. Les positions sont publiquement annoncées et les noms des candidats et des candidats présélectionnés seront publiés dans au moins deux quotidiens nationaux. Le Secrétaire d’État chargé de l’éducation nomme le président et les membres du Conseil en se basant sur la liste que lui a présentée le comité de sélection qui suit un processus de recrutement compétitif et transparent. En déterminant les critères de nomination des membres des organes, les membres du comité de nomination doivent aussi tenir compte des objectifs de développement en matière de formation universitaire et 18 s’assurer que les connaissances soient équilibrées, l'égalité des sexes et l'intégration des personnes handicapées et d'autres groupes marginalisés et minoritaires. Afin d'assurer une participation efficace et compétente et une bonne contribution aux affaires universitaires, la nouvelle loi impose une formation et une expérience minimum aux membres de la Commission. À cet égard, une personne est qualifiée au poste du président ou comme membre de la Commission si la personne, dans le cas du président, est titulaire d'un doctorat et a une expérience de dix ans dans le leadership et la gestion des institutions publiques ou privées. Il doit être titulaire d'au moins d’une maîtrise et doit avoir une expérience d'au moins cinq ans dans le leadership et la gestion de l'université. Les membres de la commission doivent être des personnes de haute moralité et d'intégrité conformément au chapitre six de la Constitution du Kenya. Enfin, les dirigeants de ces agences sont nommés par le Secrétaire du Cabinet sur recommandation des conseils d'administration suite à un processus de recrutement concurrentiel et sont nommés pour une période de cinq ans renouvelable une fois. 6. Défis, atouts universitaire et impacts du fonds/du conseil Les défis liés au financement des universités publiques comprennent: l'appui budgétaire inadéquat; l'insuffisance de fonds pour le développement des infrastructures; l’absence de programme différencié à coût unitaire dans les dispositions de financement public; l’insuffisance des revenus internes par les universités; et l'inefficacité du système. Ces défis vont devenir de plus en plus complexes compte tenu de la croissance exponentielle et les questions liées à la qualité et à la pertinence de l'enseignement universitaire au Kenya. Il existe des indications claires selon laquelle l'enseignement universitaire kenyan a perdu sa qualité en raison de la croissance exponentielle des effectifs sans adaptation des ressources physiques et humaines. La nécessité de la mise en place d’un plan "maréchal" national ou d’un plan directeur s’impose comme solution à ce problème afin d’assurer non seulement la qualité du personnel universitaire mais soutien technologique moderne adéquat. En fait, la nécessité d’accroître les revenus dans les universités publiques grâce aux droits de scolarité a été la principale raison de l’augmentation des effectifs. L’effectif des étudiants payants a augmenté par rapport à celui des étudiants admis uniquement sur 19 mérite dans les universités publiques par le Joint Admissions Board (JAB). Il est actuellement estimé à 50% de la population estudiantine et est encore plus élevé dans les filières professionnelles de préférence les filières à faible taux d’entrée comme la médecine. Les universités publiques créées des campus qui ne sont dotés d’un environnement d'apprentissage de qualité comparable au campus principal. Les campus sont également créés sans tenir véritablement compte de la situation géographique des collèges universitaires établis par le gouvernement. L'accent mis sur les filières qui génèrent des revenus de scolarité élevé (par exemple, le droit et le Commerce) signifie que certains programmes d'études stratégiques n’ont pas bénéficié d'une attention suffisante de la part du leadership de l’université ou du financement adéquat. C’est le cas particulièrement de l'ingénierie et des sciences qui ne peuvent pas attirer un nombre d’étudiants non pris en charge par l’État. Dans de tels cas, la modernisation ou l'expansion des installations de laboratoire est limitée. Cela est incompatible avec la Vision 2030, qui considère la science, l'ingénierie et la technologie comme des filières fondamentales au développement national. La majorité des enseignants des universités s’intéressent beaucoup plus désormais aux activités génératrices de revenus (organisation des cours spéciaux aux étudiants sur les campus, enseignement à temps partiel dans les collèges universitaires et dans les universités privées) qu’à la recherche. Cela signifie que l’importance accordée à la production de connaissances comme envisagée dans la Vision 2030 a diminué. En 2007, les publications sur les recherches avaient chuté d’environ 0,11 par membre du corps professoral travaillant à temps plein à l'Université de Nairobi. Les processus d'assurance qualité internes ne sont plus efficaces (par exemple recours à la modération et à l'examen par les pairs) en raison de l’augmentation des effectifs et de la création de nombreux campus universitaires dans différentes parties du pays. Les universités ont négligé les sources les plus difficiles de revenus comme les sources du secteur privé, la création de fondations ou les subventions de recherche. Par conséquent, les universités publiques n’ont pas pu réaliser l’objectif diversification nécessaire des revenus suite à la baisse du financement du gouvernement. Le flux des productions des diplômés de doctorat des universités publiques est faible, notamment dans les domaines stratégiques de la Vision 2030 notamment les sciences, l’ingénierie et la technologie. 20 Ainsi, les universités publiques fonctionnent désormais comme des universités privées en mettant plus d’accent sur les sciences, l'ingénierie et l’innovation, les domaines nécessaires à la réalisation de la Vision 2030. Étant donné que la Commission ne réglemente pas ces nouvelles universités publiques, la qualité de l'éducation a diminué comme observé dans le rapport du Conseil d'inspection des universités publiques de 2007. Ce sont les défis auxquels le Conseil du fonds universitaire doit faire face. Il y a, cependant, un grand nombre de possibilités et les avantages qui découleront de la réforme du mode de financement des universités publiques. Il faudrait également examiner toutes les possibilités et les avantages du financement de certains aspects du financement public des universités privées. La transparence et l'équité du financement des universités. Le fonds et le conseil universitaire doivent répondre aux critiques sur le manque de transparence et d’équité de l'approche actuelle du financement des universités publiques et de l’allocation ou l’octroi de fonds aux universités publiques. Le soutien/le financement public aux universités privées. Les universités privées kenyane ont reçu un soutien financier limité de l'Etat. En effet, comme indiqué précédemment, une université privée au Kenya a été défini comme "une université qui n’est créée ou entretenu grâce aux fonds publics." Bien que le gouvernement ne puisse pas les financer de la même manière qu'il finance les universités publiques, il pourrait toutefois leur accorder des subventions conditionnelles et des prêts. Le financement de la demande est parfois utilisé en plaidant pour le soutien de l'État à l'enseignement supérieur privé. Les instruments de financement relevant de cette catégorie sont souvent désignés comme des «subventions conditionnelles», «bourses d’étude», «aide financière » etc. En effet, l'un des principaux objectifs du fonds universitaire proposé est précisément d'envisager d’octroyer des subventions ou des prêts conditionnels aux universités privées. Le Fonds s’attend donc à répondre à la nécessité du gouvernement de soutenir les universités privées car elles jouent un rôle important dans le système universitaire et dans le développement du pays. C’est dans ce contexte que, depuis 2010, le Conseil de prêts de l'enseignement supérieur (HELB) offre ses services aux étudiants des universités privées. Ces services n’étaient offerts auparavant qu’aux étudiants des universités publiques. En outre, le corps professoral des universités privées ont accès aux fonds de recherche et d'innovation 21 gérés pour le compte du gouvernement par la Commission pour la science, la technologie et l'innovation. Les subventions et les prêts conditionnels proposés aux universités privées marquent une étape décisive dans le développement d'un système universitaire bien équilibré au Kenya. Le plus grand défi reste maintenant le financement du fonds universitaire. Equité dans les frais de scolarité. L’une des questions cruciales que le Fonds/Conseil doit faire face est la manière dont sont fixés les frais de scolarité ou les frais des « modules régulier » ou « du module un » car malgré les différents coûts attribués aux cours, tous les programmes universitaires sont actuellement facturés au même frais. À titre d’exemple, les frais d’un programme d'études en sciences sociales et en médecine ou en ingénierie par an au titre des programmes réguliers sont les mêmes malgré les énormes différences en matière de coûts pour les deux programmes. La structure de financement n’est donc pas fondée sur le coût unitaire pour les programmes de premier cycle, mais réparti uniformément par étudiant inscrit indépendamment de sa filière. Le coût par cours ne fait pas de distinction entre les programmes coûteux et peu coûteux. En outre, il existe le financement uniforme par étudiant indépendamment de l'université et de la situation géographique de l’université. En raison de l'application de ce coût unitaire uniforme, les universités publiques offrant des programmes relativement coûteux sont sous-financées par rapport à celles qui offrent des programmes relativement moins coûteux. Adoption du coût unitaire différencié. Il y a donc la nécessité pour les universités publiques d’adopter un coût unitaire différencié. Cela signifie que chaque université publique fixera son propre coût unitaire différencié en fonction de ses propres réalités Le Conseil du fonds universitaire proposé en consultation avec les universités publiques déterminera le coût maximum unitaire différencié. Étant donné que le concept de coût unitaire différenciée des programmes d'études s’applique déjà au "Module Deux» ou aux programmes entièrement payants, il pourra être appliqué avec succès aux programmes d'études régulières en se basant sur les expériences précédentes. L’application de la même politique aux programmes d'études réguliers jouerait un rôle majeur dans la régularisation de frais de scolarité de tous les étudiants des universités publiques. L'introduction du coût unitaire différencié dans les universités publiques permettra d'éliminer la distinction entre les étudiants parrainés par le gouvernement et ceux auto-parrainé dans les universités publiques. 22 Rémunération différenciée pour le personnel académique. Une autre question cruciale que ce nouveau Fonds devrait faire face est la nécessité de disposer d'une grille salariale réaliste pour les professeurs ou le personnel des universités publiques. Cette mesure a été déjà adoptée pour les professeurs qui sont chargés de dispenser les cours dans les programmes du module deux dans les universités publiques. En mettant en place la rémunération minimum différencié pour le personnel académique des universités, qui doit être équitable et concurrentiel à l'échelle mondiale contribuera non seulement à la régularisation de la structure de paiement, mais aussi à répondre au problème de la rétention du personnel, en particulier dans les disciplines compétitives comme la médecine, la dentisterie, la pharmacie, l’architecture, la construction, l'ingénierie et la technologie. Ces disciplines sont également cruciales pour répondre aux exigences scientifiques et technologiques et réaliser une économie fondée sur la connaissance que le Kenya vise à réaliser conformément à sa Vision 2030. Budgétisation et financement basé sur la performance. De toute évidence, le Conseil des universités cherchera à œuvrer pour un financement basé sur la performance dans les universités publiques en développant la méthodologie qui serait utilisée. Ceci, et même l'ensemble des travaux du Conseil est un défi majeur, mais, en même temps, une énorme opportunité pour la rationalisation et le développement du système d'enseignement supérieur au Kenya. Les restrictions budgétaires en cours et l’augmentation de la demande pour les travailleurs très instruits contraignent l'État à investir dans l'enseignement universitaire qualitatif, pertinent et critique aux besoins de développement pressants et urgents du pays. Il est temps de repenser le modèle actuel de financement des études postsecondaires. Pour assurer que les investissements des contribuables permettent la réalisation de meilleurs résultats, les Etats doivent encourager et récompenser ceux qui travaillent acharnement en vue de la réalisation de ces objectifs. L’environnement fiscal d'aujourd'hui a forcé les États à examiner attentivement la manière dont les subventions qu’ils octroient à l’enseignement supérieur sont utilisées. Les États ont généralement alloué des fonds sur la base de l'inscription, un processus qui renforce leur engagement envers l'accessibilité universitaire et assure une répartition relativement équitable des dépenses par étudiant dans les 23 institutions. Toutefois, les inscriptions sont un variable non fiable de la performance institutionnelle. Le financement basé sur la performance est un système basé sur l'affectation d'une partie du budget de l’enseignement supérieur selon des mesures de performances spécifiques telles que le niveau de crédit, et l'obtention du diplôme, l'équité et les considérations de genre au lieu de l'affectation de fonds entièrement basé sur les inscriptions. C’est un modèle qui fournit une image plus complète de la façon dont les institutions ont utilisé avec succès le financement de l'Etat pour soutenir les objectifs ou des objectifs clairement énoncés. Le financement basé sur la performance permet de : • Veiller à ce que suffisamment de fonds soient alloués pour la performance afin de créer des incitations qui vont contribuer au changement de comportement institutionnel. • Développer les différentes formules de financement adaptées aux différents types d'universités ou utiliser la même formule mais différemment selon le type d'établissement et les caractéristiques de la population estudiantine. • Intégrer l'ensemble des mesures et des dispositions dans la formule enseignement supérieur et financement, car cela rend les mesures plus durables lorsque les universités sont confrontées à des compressions budgétaires ou à la limitation de leurs budgets. • Soumettre les institutions au suivi et à l'évaluation fréquente pour assurer la poursuite des objectifs fixés et des résultats. Un organisme de financement apportera désormais son appui à un établissement en se basant sur la productivité mais aussi sur des subventions spéciales pour le développement des capacités, l'innovation et la recherche. Ce ne sont que deux exemples de la façon dont les gouvernements peuvent tirer partie du financement des universités pour que les objectifs des actions gouvernementales soient réalisés. Outre le Conseil des prêts de l’enseignement supérieur, un conseil de financement des universités doit être créé pour se consacrer au financement des étudiants. Cet organisme aura pour mission de développer les critères détaillés en tenant compte de la Vision 2030 et de la Constitution de 2010 du Kenya. Un système plus efficace de financement des universités et de suivi des programmes académiques 24 peut permettre aux universités de diversifier leurs sources de revenus et devenir beaucoup plus efficaces. Pour orienter les universités vers des objectifs politiques tout en respectant l'autonomie des établissements, le gouvernement du Kenya a mis au point plusieurs mécanismes dont les contrats de performance annuels. Les contrats de performance des universités publiques fait partie du programme de réforme du secteur public du gouvernement qui est mis en œuvre cours de ces 7 dernières années. Le gouvernement a suivi la performance des universités publiques par rapport aux objectifs de chaque université définis par elle-même dans ses plans stratégiques et dans les contrats de performance annuels. Chaque université doit satisfaire aux indicateurs de bonne performance qu’elle s’est elle-même assignée. L’un des nouveaux et plus important organe tampon créé en vertu de la loi sur les universités de 2012 est sans doute le Conseil de financement des universités. Malgré la centralité des fonctions et le travail du Fonds/du Conseil universitaire ou des réformes de l'enseignement supérieur, il n'a pas encore été mis sur pied par le gouvernement. Selon le ministère de l'éducation, de la science et de la technologie, la mise en place du Fonds et du Conseil sont en cours et devraient être opérationnel bientôt. RÉFÉRENCES Commission for University Education (CUE) (2013) (2013): Needs Assessment for the Expansion of University Education in Kenya 2013 – 2018: Commission for University Education Report, by 3D Africa Communications Limited, Commission for University Education, Nairobi. Field, J. (2008): Global Trends in University Governance, Education Working Paper Series No. 9, World Bank, Washington, D.C. Republic of Kenya (1995): The Higher Education Loans Board Act, 1995, The Government Printer, Nairobi. Irish Office of Attorney General: (1997), Irish Universities Act, 1997. Kiamba, C. 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