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LABORATOIRE DES ETUDES ET RECHERCHES ECONOMIQUES ET SOCIALES Cahiers de Recherche du LERES N°4 - 2015 L’impact des accords euroméditerranéens sur les échanges commerciaux marocains Zineb Mikdam B.P 3102 – Toulal Meknès www.fsjes-umi-ac.ma L’impact des accords euroméditerranéens sur les échanges commerciaux marocains Zineb Mikdam* * Thèse soutenue le 08 Mai 2015 : ▪ Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Meknès. ▪ Centre d’Etudes Doctorales en Droit, Economie et Gestion. ▪ Laboratoire d’Etudes et de Recherches Economiques et Sociales. 1 S ommaire Résumé ………………..……………………..………...……………………. 3 Introduction ……………..………………………………………….....……... 4 I. L’inégalité de développement et la prédominance des relations . commerciales avec l’Union Européenne ……………...…..………...……... II. Les limites du processus d’intégration avec le Sud méditerranéen : faible 5 12 dynamique des échanges …………………….…………………………… Conclusion ……………………….....………………...……………………… 21 Bibliographie ………………....………………………..……………………. 22 2 Résumé Dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen, le Maroc a opté pour des accords de libre échange, concentrés à la fois sur le Nord et le Sud de la méditerranée, afin de mettre en place une zone de libre échange entre l’Europe et chacun des pays tiers méditerranéens. Ce partenariat a fait l’objet d’autres projets régionaux dans l’objectif de rapprocher entre les pays Sud méditerranéens, notamment l’accord d’Agadir, la zone panarabe, sans oublier les efforts déployés pour faire de l’UMA un ensemble sous-régional qui rassemble les pays Sud de la méditerranée. Or, ces accords que le Maroc avait conclus, sont confrontés à de sérieuses difficultés et obstacles qui ne permettent pas de dynamiser le processus d’intégration du Maroc dans cet espace, ce qui provoque de profondes difficultés qui bloquent l’avancement des autres projets sous- régionaux dans lesquels le Maroc est une partie prenante, et qui se répercutent négativement sur les flux des échanges extérieurs du pays, et par conséquent sur l’ensemble de sa balance commerciale. Les mots clés Partenariat euro-méditerranéen, processus d’intégration, les échanges commerciaux du Maroc. Abstract As part of the Euro-Mediterranean partnership, Morocco has opted for free trade agreements, focused on both the North and South of the Mediterranean to implement a free trade area between Europe and each Mediterranean third countries. This partnership is subject to other regional projects with the aim of closer between the southern Mediterranean countries, including the Agadir Agreement, the panArab area, and the efforts provided as part of the UMA as a regional entity that brings together the countries of the southern Mediterranean. However, these agreements that Morocco had concluded confront serious difficulties and obstacles that do not allow Morocco to boost the integration process in this space, causing profound difficulties that block the progress of other regional projects often which Morocco is a party and which impact negatively on flows of foreign trade of the country, and consequently on the overall trade balance. Key-words: Euro-Mediterranean partnership, integration processes, trade of Morocco. 3 Introduction L’ouverture sur l’économie mondiale, et le pas franchi par le Maroc dans le cadre du processus d’intégration avec les pays de l’espace euro-méditerranéen sont sans doute une opportunité à saisir. Cette opportunité peut générer des gains au-delà des gains traditionaux en exploitant des économies d’échelle, et en permettant également aux entreprises nationales de prospecter de nouveaux marchés et de bénéficier d’attraits de capitaux. Le Maroc concevait ce processus d’intégration dans un cadre élargi de partenariat Nord-Sud et Sud-Sud fondé sur des principes de dialogue et de coopération. Le processus d’intégration du Maroc dans l’espace euro-méditerranéen est concentré sur des accords de libre échange. Ces accords montrent sa forte volonté de diversification des partenaires commerciaux, en diversifiant même le processus de coopération, entre des accords Nord-Sud et des accords Sud-Sud. Cependant, ces accords de libre échange interviennent au Maroc dans un contexte socio économique particulier, caractérisé par une croissance économique insuffisante et irrégulière, des équilibres macro-financiers précaires et des déficits sociaux toujours inquiétants en raison de l’influence déterminante exercée à la fois par : L’application du PAS1; Des taux d’investissement insuffisants ; Des échanges commerciaux peu diversifiés et très dépendants de l’Europe ; Des assainissements macroéconomiques fragiles ; Des flux financiers faiblement porteurs de développement. Toutefois, rappelons que même le partenariat euro-méditerranéen a stagné en terme d’«intégration», même s’il a donné naissance à d’autres accords sous-régionaux, à savoir, l’accord d’Agadir, de la zone panarabe, notamment entre les pays du Sud. Cependant, le processus d’intégration n’a pas avancé dans son ensemble. Il a commencé par un partenariat, sans aucune initiative de pousser son cadre général déjà entamé. Pourtant, le choix du Maroc de rejoindre la mouvance de régionalisation à travers son ouverture sur les économies méditerranéennes, et l’adoption du processus d’intégration avec ces pays représente pour le pays un choix stratégique qui lui permettra de développer davantage ses échanges commerciaux avec ces pays. 1 . Programme d’Ajustement Structurel. 4 Nous procéderons dans ce qui suit, à la présentation des enjeux des divers accords que le Maroc a conclu avec le Nord et le Sud de la méditerranée, notamment les incidences commerciales de ce processus d’intégration. I. L’inégalité de développement et la prédominance des relations commerciales avec l’Union Européenne Dans le cadre de ses relations avec les pays de l’espace euro-méditerranéen, le Maroc a certainement tenté de diversifier ses partenaires dans cet espace, en concluant à la fois des accords de libre échange avec la rive Nord, notamment l’UE, et la rive Sud qui rassemble divers pays arabes et la Turquie. Or, malgré cette diversification des partenaires, le Maroc s’est tourné vers l’UE, en tant que principal partenaire du pays dans l’espace euro-méditerranéen. D’ailleurs, les relations commerciales entre le Maroc et l’UE constituent l’élément clé de la coopération entre les deux partenaires, renforcées après par l’accord de 1996. Cet accord consiste à l’adoption d’une zone de libre échange progressivement sur une durée de douze ans, notamment, après l’adhésion de nouveaux partenaires à l’UE en essayant de renforcer davantage le potentiel commercial du pays avec l’UE. Nous pensons d’ailleurs que l’«intégration » peut être considérée certainement comme un important processus permettant une libéralisation commerciale contrôlée. Néanmoins, cette libéralisation doit être fondée sur une intégration entre pays avec des niveaux de développement similaires, car une asymétrie des préférences commerciales accordées, encourage le déploiement des respectifs avantages comparatifs2. Cette situation ne reflète pas, cependant, les relations économiques du Maroc avec l’UE, où les écarts de développement restent immenses. D’ailleurs, en termes de produit intérieur brut par habitant (plus précisément PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat), la moyenne européenne représente six fois le revenu moyen par habitant du Maroc qui était à l’ordre de 5 193 dollars en 20123. 2 . MARIA Callejon; GEMMA Garcia; Effets commerciaux de l’établissement d’un accord de libre échange entre l’UE et le Maroc ; Grup de Recerca en Governs i Mercats ; Site de l’université de Barcelone ; www.ideas.repec.org/d/gprubes.html; Consulté le 23/10/2013 3 . Selon les chiffres publiés par le Fond Monétaire International en 2013. 5 Par ailleurs, il est évident que la libéralisation éprouve des lacunes en termes d’échange, pourtant, l’UE est le premier partenaire commercial du Maroc dans l’espace euro-méditerranéen. Nous constatons de ce fait que le marché européen absorbe une part relativement importante des exportations et des importations marocaines par rapport aux pays méditerranéens, notamment après la mise en place progressive d’une zone de libre échange en 1996, ce qui place l’UE au premier rang des principaux partenaires commerciaux du Maroc, comme le montre le graphique suivant : Graphique 1 La part des pays Sud méditerranéens avec lesquels le Maroc a signé des accords de libre échange (Euromed hors UE) dans le commerce global du Maroc 2000 2013 32% 42% UE 66% 2% 54% PSEM Monde (hors Euromed) 4% Source : Office des changes 2014 D’ailleurs, il convient également de noter, que certainement l’UE est le principal partenaire commercial du Maroc, mais même dans le cadre de ses relations commerciales avec les pays de l’UE, le Maroc est fortement dépendant de ses anciens colonisateurs. Donc, le Maroc accorde une importance cruciale à ses liens historiques et de colonisation avec les pays de l’UE. Par conséquent, nous pouvons dire que les deux principaux partenaires commerciaux du Maroc, parmi les pays de l’UE, sont la France et l’Espagne. 6 Graphique 2 Les principaux partenaires européens du Maroc 15% 1-France 3-Allemagne 5-Royaume-Uni 7-Portugal 9-Roumanie 11-Polonie 13-Ireland 15-Lithuanie 17-République tchèque 19-Slovaquie 21-Danemark 23-Bulgarie 25-Slovénie 27-Chypre 34% 4% 5% 5% 8% 29% 2-Espagne 4-Belgique 6-Pays-Bas 8-Suède 10-Italie 12-Autriche 14-Finland 16-Estonie 18-Hongrie 20-Grèce 22-Lettonie 24-Malta 26-Luxembourg Source : Office des changes 2013 Encore plus, avec l’entrée en vigueur de l’accord d’association et l’instauration progressive d’une zone de libre échange entre les pays de l’espace euro-méditerranéen depuis 2000, et même avec d’adoption de la politique d’élargissement de l’UE et l’adhésion de nouveaux membres en 2004, une augmentation remarquable des parts de la France et de l’Espagne dans le commerce global du Maroc avec l’UE a été enregistrée entre 2000 et 2012. Par contre, le commerce avec les autres pays européens présente une tendance à la baisse surtout à partir de 2008 date marquante de la crise financière internationale. En effet, les flux des exportations marocaines à destination de la France et de l’Espagne sont deux fois plus importants que ceux à destination des autres pays de l’espace européen, voire même plus importants que tous les partenaires commerciaux du Maroc. Nous constatons alors, que les échanges commerciaux du Maroc sont dominés particulièrement par la France et l’Espagne, qui représentent les principaux fournisseurs et les principaux débouchés pour le Maroc, en défiant ainsi l’obstacle d’inégalité de développement entre le pays et ses deux anciens colonisateurs. 7 Graphique 3 Evolution de la part de la France et de l’Espagne dans le commerce du Maroc avec l’UE (en millions de DH) Exportations Importations 80 000 120 000 70 000 100 000 60 000 80 000 50 000 40 000 60 000 30 000 40 000 20 000 10 000 20 000 0 0 FR+ES Reste UE FR+ES Reste UE Source : Office des changes 2014 Rappelons que, l’accord signé entre le Maroc et les pays de l’UE a porté essentiellement sur trois secteurs à savoir, l’industrie, l’agriculture et la pêche. Néanmoins, si dès le 1er mars 2012, le démantèlement douanier progressif a pris fin et la zone de libre échange entrée en vigueur en 2000 entre le Maroc et l’UE pour les produits industriels est devenue effective, des difficultés de négociation persistent toujours dans le secteur agricole et de la pêche ainsi que le secteur des services. Pourtant, le Maroc possède un avantage comparatif dans ces secteurs. En effet, nous pensons que cet accord a accordé une importance cruciale au secteur industriel lors de son adoption, avec un léger retard pour faire avancer le secteur agricole. Par contre, en ce qui concerne le secteur de pêche, ce dernier a toujours fait objet de profondes négociations entre les deux partenaires depuis l’accord de 1996 jusqu’à nos jours, plus précisément après la suspension de cet accord en 2011 pour le renouveler en 2013. Cette situation dévoile alors l’intérêt de ce secteur pour les deux partenaires. D’ailleurs, cet intérêt porté au secteur industriel nous semble être défavorable pour le Maroc, étant donné que le marché européen connait une forte concurrence, notamment dans ce secteur. En effet, le Maroc se trouve concurrencé par les pays Sud méditerranéens, surtout par la Tunisie et la Turquie dans le secteur du textile. Aujourd’hui, le Maroc doit confronter d’autres concurrents sur le marché de l’UE, précisément des pays de l’Asie, surtout dans le domaine d’habillement et des chaussures, puisque la fin de l’accord multifibre en 2005 qui régissait le commerce international dans la filière textile, a 8 rendu la concurrence plus acharnée sur le marché européen et dont souffre le Maroc actuellement. Nous pouvons dire alors que, la spécialisation du Maroc dans le secteur industriel face à une forte concurrence sur le marché européen a certainement des répercutions négatives sur l’économie nationale. Sachant que les accords d’association avec l’UE ainsi que la zone de libre échange sont fondés sur une libéralisation progressive du secteur agricole, ainsi qu’un démantèlement sur douze ans pour les produits originaires de l'UE dans le cadre de trois listes contre un accès libre pour les produits industriels marocains, force est de constater que le Maroc s’est orienté vers un secteur pour lequel il ne possède pas d’avantage comparatif. Par conséquent, le pays continuera à affronter la forte concurrence sur le secteur industriel des pays européens industrialisés tel est le cas de l’économie Allemande. Dans le même sens, la concentration du Maroc sur quelques pays européens, notamment l’Espagne et la France en tant que débouchés pour l’industrie marocaine, reste un handicap majeur à l’élargissement de la pénétration des produits marocains dans le marché unique actuellement. Les entreprises marocaines restent encore passives face à la dimension "européenne" de l’UE. En fait, un autre aspect de la dimension du marché européen réside dans la diversité des produits en circulation dans ses différents segments. Or, une observation de la structure des exportations marocaines indique une faible diversification, où les vêtements constituent près de 50% des ventes de produits manufacturés, les produits finis de consommation restent dominés par la confection, la bonneterie, les articles chaussants et les tapis. Aussi, les produits alimentaires sont en majorité composés d'agrumes et de poissons. Peu de biens nouveaux ont intégré le panier d'exportation au cours des dernières années malgré l’adoption de la PEV, ce qui constitue une source de vulnérabilité des entreprises nationales dans un marché aux potentialités immenses et largement diversifiées. D’ailleurs, même avec l’adoption des accords de libre échange autour de l’espace euro-méditerranéen à la fois avec les pays de l’UE et les pays arabes ainsi qu’avec la Turquie, la balance commerciale marocaine enregistre toujours un déficit structurel. En effet les exportations marocaines ne couvrent que 50 % des importations selon la Commission européenne. Face à ces circonstances, il nous semble que certainement, les entreprises marocaines aient bénéficié des accords d’association et l’accord de libre échange avec 9 l’UE, de sorte que ces accords ont permis aux entreprises nationales de développer une stratégie de coopération avec les entreprises européennes, notamment dans le domaine technologique, commercial..., et consolider leur présence sur le marché européen. Cependant, les avantages sur le tissu industriel dans le cadre des accords de libre échange entre le Maroc et l’UE comportent des risques majeurs, spécialement les avantages en termes de main-d’œuvre sont minimisés face aux avantages des pays industrialisés en termes de diffusion technologique, force financière, rendement d’échelle, réseau d’information. Par conséquent, il est très difficile d’évoquer la notion d’«intégration » entre les deux partenaires. La compétitivité de l’économie marocaine dépend dans ce cas moins des avantages comparatifs traditionnels qu’elle possède dans certains secteurs, à savoir l’agriculture et la pêche, d’où l’aggravation du déficit commercial du Maroc avec l’UE. En fait, le Maroc ne peut pas répondre à l’ensemble des besoins et exigences du marché européen, puisque il s’agit d’un vaste marché qui rassemble actuellement vingt huit pays, et une population aux alentours de 500.000.000 avec une grande diversité culturelle. Toutefois, il faut noter que l’approche adoptée par le Maroc dans le cadre de cette tentative d’intégration avec l’UE a montré ses limites particulièrement au niveau commercial. En effet, le Maroc visait à travers la signature de l’accord de libre échange avec l’UE de stimuler même les flux financiers européens, notamment les IDE4 dans le cadre des processus de délocalisation ou de création d’unités de production ayant pour principal objet de répondre aux besoins du marché européen. Or, les résultats sont au-delà des attentes, selon les statistiques que nous avons présentées sur le commerce entre le Maroc et l’UE ces dernières années. Les importations marocaines des pays européens ont augmenté d’une manière spectaculaire par rapport aux exportations. De même, le Maroc n’a pas pu constituer une destination de choix pour les flux financiers européens, ce qui remet en cause les principaux fondements de la signature de l’accord de libre échange à cause du manque de compétitivité des facteurs de production marocains en comparaison avec certains pays de l’Asie qui absorbent la demande du marché européen d’une part, et les défaillances de son climat des affaires d’autre part. Par conséquent, les flux des exportations basés au départ sur le potentiel d’attractivité des IDE demeurent assez faibles par rapport aux importations. 4 . Investissements Directs Etrangers. 10 Nous pouvons dire alors que, malgré cette forte dépendance du Maroc vis-à-vis de l’UE et la création d’une zone de libre échange entre les deux partenaires, force est de constater que cette dépendance a un impact moins significatif sur le commerce extérieur marocain que sur l’UE en raison de l’asymétrie des niveaux du développement entre ces deux partenaires, qui provoque des blocages à une « intégration » entre les deux partenaires entamée à travers l’accord de libre échange comme le montre le graphique cidessous. Sachant que certainement les échanges entre le Maroc et l’UE restent dynamiques par rapport aux autres pays méditerranéens, mais cette dynamique est relative à une forte augmentation des importations que des exportations. Graphique 4 Déficit commercial du Maroc dans le cadre du libre échange MarocUE (en millions de DH) -10 000 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 -20 000 -30 000 -40 000 -50 000 -60 000 -70 000 -80 000 -90 000 Source : Ministère de l’économie et des finances Maroc 2014 Si Daniel Ottolengi5 de la BEI stipule que, le partenariat euro-méditerranéen offre de nouvelles possibilités de croissance, les gains statiques que procure la libéralisation du commerce seront sans doute limités entre 1 et 2% du PIB6 . Il nous semble cependant qu’il s’agit plutôt d’une prévision qui ne peut être généralisée à tous les pays de l’espace, tant que l’asymétrie du niveau de développement persiste entre les deux partenaires. 5 . Daniel OTTOLENGI; des gains incertains : la libéralisation financière dans les pays méditerranéens ; In Revue d’économie financière ; N°52 ; 1999 ; P 165. 6 . Bouchera BOUMAIZ ; La politique euro-méditerranéenne le partenariat avec le Maroc ; Thèse de doctorat en Sciences économiques; Université Paris V ; 2001 ; P 98. 10 Dans le même sens, et autres que tout avantage que le Maroc peut procurer de sa forte dépendance de l’UE au détriment des autres pays de l’espace euro-méditerranéen, la récente crise de la dette dans la zone euro avec le début de l’année 2010, s’est gravement répercutée sur la balance commerciale du pays avec un recul des exportations nationales, ce qui reflète les difficultés auxquelles se heurtent le Maroc suite à sa forte dépendance de l’UE. Or, malgré cette défaillance de relation entre le Maroc et l’UE, le pays avait demandé un statut avancé dans le cadre de ses relations avec l’UE, qui reste certainement un acquis pour le Maroc, mais il n’en demeure pas moins qu’il reste une série de défis à relever. Car, un véritable partenariat repose sur la création d’une homogénéité entre les deux parties comme nous avons souligné au début de ce paragraphe. Par ailleurs, nous pensons que le statut avancé a porté plus sur le contexte politique qu’économique entre les deux partenaires, où les perspectives d’adoption d’un accord de libre échange complet et approfondi sont toujours en cours de négociations, et sa mise en œuvre reste encore ignorée. II. Les limites du processus d’intégration avec le Sud méditerranéen : faible dynamique des échanges Le Maroc a toujours accordé une attention particulière à ses partenaires arabes du Sud méditerranéen. Toutefois, ses relations avec les pays Sud ont été pendant longtemps fragiles et limitées. Notons que, certains accords de libre échange entre le Maroc et les pays Sud sont restés juste des projets sans aboutir à leur concrétisation, tel est le cas de l’Algérie. Soulignons qu’en évaluant le processus d’intégration du Maroc dans l’espace euro-méditerranéen, nous nous sommes intéressés aux pays ayant opté pour le libre échange avec le Maroc, considéré comme première étape vers la réalisation d’une intégration régionale, puisque même les indicateurs d’intégration dans le cadre du libre échange sont plus évidents en termes de flux commerciaux et flux financiers. Cependant, il est indispensable de rappeler que nous avons opté pour les flux commerciaux dans notre étude, puisqu’il nous semble être plus illustratifs et nous permettent d’évaluer le processus d’intégration. 11 Même si le niveau de développement économique est relativement similaire entre le Maroc et certains pays du Sud7, mais force est de constater qu’une coopération du Maroc avec les pays Sud méditerranéen se heurte à plusieurs obstacles. Cette situation du Maroc reflète d’ailleurs le cas de l’ensemble des relations Sud-Sud. Manifestement, les problèmes dont souffre le processus d’intégration avec les pays Sud méditerranéens ont un impact sur le volume des échanges commerciaux entre les partenaires du Sud qui reste encore très faible, et relativement modeste pour un ensemble économique de la taille de cet espace. Il nous semble d’ailleurs que, les relations économiques entre les partenaires de la rive Sud sont souvent plus concurrentes que complémentaires, marquées par une faiblesse des échanges commerciaux en valeur et en volume, et même les accords de libre échange conclus entre eux-mêmes sont toujours en état embryonnaire, ce qui constitue un handicap à la mise en œuvre du processus d’intégration entre ces pays. Rappelons que dans ce contexte, le Maroc a développé le cadre de sa coopération avec les pays du Sud de la méditerranée, à travers l’accord d’Agadir, certains pays de l’UMA8 ainsi que des pays de la zone panarabe. D’ailleurs, le projet de l’UMA reposait sur la création d’une zone de libre échange homogène entre les partenaires. Par ailleurs, les attentes étaient au-delà des prévisions. Les problèmes politiques entre les partenaires bloquent le commercial, et le processus d’intégration économique entamé dans le cadre de l’UMA restera difficile, voire même impossible. Nous pouvons d’ailleurs remarquer que dans le cadre du processus d’intégration entamé avec les pays de l’UMA, le Maroc opte toujours pour des accords bilatéraux. En fait, certainement des accords de libre échange ont été conclus avec certains pays de l’UMA, mais avec d’autres les relations sont concrétisées par des accords préférentiels (Mauritanie), d’où la difficulté de rassembler les pays de l’UMA autour d’un accord homogène qui rassemble tous les pays partenaires. 7 . Etant donné que les PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat de ces pays sont relativement convergents, avec 5977 Dollars pour la Jordanie, 6474 Dollars pour l’Egypte et 9650 Dollars pour la Tunisie. 8 . Union Maghreb Arabe. 12 Dans de telles conditions, et tant que les facteurs de blocage sont multiples, on trouve que les échanges commerciaux entre le Maroc et ces pays se trouvent toujours faibles par rapport à ses échanges avec les autres continents comme le montre le graphique ci-dessous. Graphique 5 Répartition des échanges commerciaux du Maroc en millions de dirhams par région 2012 Source : L’office des changes Maroc (2013) Par ailleurs, malgré les difficultés qui persistent dans le cadre de ses relations avec les pays de l’UMA en tant que groupement régional homogène, le Maroc a opté pour un accord de libre échange avec la Tunisie. Le démantèlement tarifaire du Maroc sur les échanges commerciaux avec la Tunisie semble être important, puisque ce démantèlement de 100% des tarifs douaniers peut entrainer un accroissement des échanges en matière industrielle avec ce pays de 83,3%9 . Un tel démantèlement nous semble être extrêmement important dans la mesure où il peut donner un nouveau souffle aux échanges marocains avec les pays de l’UMA. Néanmoins, si les négociations avec la Tunisie sont couronnées par la conclusion d’un accord de libre échange, les négociations avec l’Algérie n’ont pas abouti à la conclusion d’un accord de libre échange entre les deux partenaires, mais plutôt un accord commercial et tarifaire a été signé en 1989. 9 . Mehdi RAIS ; L’UMA fait débat au Maroc ; In le journal international du 15/11/2013. 14 Nous constatons alors que les négociations avec les pays Sud méditerranéens sont d’ordre bilatéral, et les pays membres n’arrivent pas à dépasser les facteurs de blocage entre eux, et tendre vers l’adoption d’une forme d’intégration plus poussée qui rassemble ces pays, afin même de confronter les limites du processus d’intégration entamé avec le Nord dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen. Nous pouvons dire alors que, les tensions politiques bloquent les avantages commerciaux que les deux partenaires peuvent se procurer en développant les échanges entre eux. Sachant que le partage des frontières communes joue un rôle important dans ce cas, puisque les problèmes de distance qui risquent d’augmenter les coûts de transport sont presque éliminés. Rappelons que l’Algérie possède un avantage comparatif dans le secteur énergétique. Nous remarquons pourtant que les produits énergétiques d’Algérie représentent une moyenne annuelle de 5% des importations marocaines, et uniquement 0,5% des exportations totales algériennes10. De même, le Maroc possède un avantage comparatif dans le secteur agricole. Néanmoins, les produits agricoles marocains à destination de l’Algérie passent par le canal de la France, ce qui reflète la complexité d’une coopération du Maroc avec les pays Maghrébins, plus précisément avec l’Algérie. Dans le même sens, la relation entre le Maroc et la Libye en tant que pays Sud méditerranéens appartenant à l’UMA reste restreinte. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés par des phases très fluctuantes. Mais ce n’est qu’en 2012 qu’ils ont connu un saut qualitatif, en passant de 353 millions de dirhams en 2011 à 902 millions de dirhams11. Pourtant, les échanges avec la Libye sont toujours marqués par leur fragilité. Toutefois, le Maroc avait également opté pour un accord de libre échange avec les pays de la zone panarabe qui rassemble certains pays du Sud méditerranéen, à savoir, la Syrie, le Liban, La Jordanie, la Tunisie, la Palestine, l’Algérie et la Libye. Cet accord a certainement contribué à la réduction des droits de douane, en préservant la libre circulation des échanges commerciaux, comme il a facilité la circulation des capitaux et des personnes. Or, il nous semble par ailleurs, qu’une coopération entre le Maroc et les pays Sud méditerranéens appartenant à la zone panarabe, à l’instar des pays de l’UMA, est marquée par la conclusion des accords bilatéraux, d’où l’absence d’une réelle volonté 10 . Mehdi RAIS ; Op.Cit. 11 . Hassan EL ARIF ; Une ligne maritime pour renouer avec la Libye ; In journal l’Economiste ; Edition N° 4073 du 12/07/2013. 15 d’une coopération solidaire entre les partenaires, voire même une absence d’une forme d’intégration qui réunit ces pays, tant que les problèmes politiques ne sont pas encore dépassés pour donner priorité aux objectifs commerciaux, sachant que les relations commerciales et économiques généralement entre ces pays sont plus concurrentielles que complémentaires. De même, le déficit commercial du Maroc avec ces pays s’est creusé encore plus avec les évènements du printemps arabe, bouleversant ainsi la stabilité commerciale entre ces pays même si elle est déjà marquée par sa fragilité. Donc, les rivalités stratégiques entre les pays arabes sont toujours la principale raison de l’échec « d’une intégration économique régionale » entre ces pays membres. Notons aussi que certainement le Maroc avait des relations bilatérales avec les pays de l’UMA et ceux de la zone panarabe. Cependant, dans le cadre du renforcement de sa coopération avec les pays du Sud méditerranéen, il figure parmi les pays signataires de l’accord d’Agadir, qui a pu rassembler quatre pays du Sud méditerranéen autour d’un projet, qui nous semblait être ambitieux dans ses apports pour les pays partenaires. L’objectif principal est de rassembler les pays signataires autour d’un projet régional pour faciliter les échanges entre eux malgré la distance qui les sépare qui pouvait limiter les flux des échanges. Dans l’accord d’Agadir, le Maroc a essayé de renforcer ses relations avec les pays partenaires à travers un accord multilatéral portant sur la création d’une zone de libre échange entre eux. Neuf ans après la signature de l'accord, les échanges commerciaux au sein de cette zone ont certainement augmenté. Pourtant, l'accord doit toujours faire face à de nombreux obstacles qui l'empêchent de réaliser tous ses objectifs. Pour le Maroc, les échanges commerciaux réalisés dans le cadre de l’accord d’Agadir sont inscrits dans la même tendance que les autres accords de libre échange adoptés par le pays avec ses partenaires Sud méditerranéens. En effet, ces transactions commerciales se sont établies à 4,23 milliards de dirhams en 2012, en hausse par rapport à l’année 2011 selon l’Office des Changes au Maroc. Les importations s’élevant à 3,19 milliards de dirhams. Elles ont représenté 51,3% des importations totales en provenance de ces pays en 2012. Malgré cette hausse, force est de constater que les importations dépassent relativement les exportations dans le cadre de cet accord. 16 Tableau 1 Les échanges entre le Maroc et les pays de l’accord d’Agadir en millions de dirhams 2004 2008 Evolution entre 2004 et 2013 2013 Pays Exp Imp Exp Imp Exp Imp Exp Imp Egypte 211 863 372 3 150 1 402 4 146 665% 481% Jordanie 128 20 293 112 221 97 173% 492% Tunisie 533 753 695 1 876 730 1 865 137% 248% Source : l’Office des changes Maroc 2014 Cependant, quelque soit l’importance des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays partenaires de l’accord d’Agadir, ils ne représentent que 1,6% du commerce extérieur marocain qui reste fortement déficitaire pour le pays12. Sachant que l’accord d’Agadir consiste en une élimination des barrières douanières dans le secteur industriel, la structure des échanges entre les pays de cet accord, montre que le textile représente un domaine essentiel pour les quatre pays de l’accord. Par conséquent, nous pouvons déduire que le Maroc se trouve face à une concurrence acharnée avec les pays de l’accord d’Agadir puisque le pays est doté d’un avantage comparatif dans ce secteur. Notons que l’UE est le principal partenaire commercial du Maroc dans l’espace euro-méditerranéen comme souligné dans le paragraphe précédent, et que l’UE vise à travers le processus de Barcelone le renforcement de ses relations avec les pays Sud, le Maroc s’est trouvé devant la contrainte de la forte concurrence de ses partenaires de l’accord d’Agadir sur les marchés mondiaux généralement, et sur le marché européen particulièrement. D’ailleurs, par son fort potentiel dans le secteur de textile, la Jordanie essaye aujourd’hui de s’implanter sur d’autres marchés que celui de l’UE. L’Egypte monopolise 12 . Débat avec Guillaume ALMERAS ; Pour le Maroc, le bilan de ses accords de libre-échange est-il si décevant ? ; Site : www.econostrum.info/Le-bilan-des-accords-de-libre-echange-est-il-si-decevant-pour-le Maroc _a13632 .html. 17 certains produits relatifs au textile (coton) pour se positionner comme leader mondial capable de concurrencer la Chine et l’Inde, tandis que la Tunisie essaye à son tour d’élargir ses parts du marché de l’UE. Ce constat nous permet de dégager deux conclusions ; d’abord l’accord d’Agadir n’est pas bénéfique pour le Maroc, puisque les partenaires se trouvent en situation de concurrence tant qu’ils ont des productions similaires. D’autre part, en cherchant ses débouchés, le Maroc s’oriente vers l’UE comme principal partenaire en limitant son potentiel commercial sur ce seul marché. En effet, cette spécialisation dans le domaine de textile était bénéfique avant 2005, date marquante de la fin de l’accord multifibre qui régissait le commerce international dans la filière textile depuis trente ans par des quotas d’importation. Aujourd’hui, ce secteur de spécialisation n’est plus bénéfique pour le Maroc, tant qu’il se trouve concurrencé après la fin de cet accord par les grands producteurs du textile à savoir, l’Inde et la Chine, sachant même qu’au Maroc, le textile est un domaine de sous-traitance pour l’UE, d’où la difficulté de concurrencer les grands producteurs sur ce marché. Même pour le secteur agricole, pilier des négociations entre le Maroc et les pays de l’accord d’Agadir, une forte concurrence s’est manifestée entre les partenaires de cet accord, du moment où le Maroc est doté d’un avantage comparatif dans ce secteur. Ce constat nous permet de confirmer toujours le caractère de concurrence entre le Maroc et ses partenaires. D’où la difficulté de refléter la notion d’«intégration » du Maroc avec ses partenaires Sud méditerranéens. Généralement, nous pouvons dire que cet accord n’est pas profitable au Maroc dans la mesure où sa balance commerciale se trouve toujours déficitaire avec ses partenaires de l’accord d’Agadir, même si le niveau de développement du Maroc est relativement similaire à ces pays. 18 Graphique 6 Le déficit commercial du Maroc avec les pays de l’accord d’Agadir (En millions de DH) -500 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 -1 000 -1 500 -2 000 -2 500 -3 000 -3 500 -4 000 -4 500 -5 000 Source : Office des changes, 2014 Avec la Turquie également, la coopération entre les deux partenaires se manifeste par une forte concurrence plutôt que complémentarité comme le cas de l’accord d’Agadir. Certainement, l’élimination des barrières tarifaires avait des avantages surtout pour les entreprises exportatrices nationales, permettant à ces dernières de bénéficier du savoir faire technologique des entreprises turques, avec une opportunité d’accès au marché turc et européen. Par ailleurs, la Turquie est un fort concurrent du Maroc, notamment dans le secteur du textile, puisque l’UE est traditionnellement le principal débouché de la Turquie. Même dans l’industrie automobile, le Maroc a bénéficié des flux d’IDE dans ce domaine, force est de constater que les exportations turques ne cessent d’augmenter dans ce secteur dans lequel la Turquie possède un avantage comparatif. Concernant les barrières douanières, le Maroc a globalement réduit ses droits de douane sur les matières premières et les semi-produits en faveur d'une augmentation de la protection effective des produits finis, tandis que la Turquie protège davantage les matières premières plutôt que les produits finis. Cette situation nous permet de s’interroger sur l’intérêt de cet accord de libre échange entre le Maroc et la Turquie, puisque même les obstacles douaniers ne sont pas fondés sur une base de complémentarité, précisément l’octroi des droits préférentiels aux exportations et les droits préférentiels aux importations, étant donné que le Maroc se présente comme un pays sous traitant dans le secteur de textile, alors que la Turquie impose les barrières douanières sur les matières premières 19 relatives au textile. Cette situation reflète l’évidence du déficit commercial du Maroc dans le cadre de l’accord de libre échange avec la Turquie. Nous pouvons d’ailleurs qualifier l’accord du Maroc avec la Turquie en tant qu’accord perdant-gagnant, comme le cas avec l’UE, étant donné que la Turquie était la principale partie qui a bénéficié de cet accord. Graphique 7 Déficit commercial du Maroc dans le cadre de l’accord de libre échange Maroc-Turquie (En millions de DH) 0 2000 -1000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 -2000 -3000 -4000 -5000 -6000 -7000 -8000 -9000 Source : Office des changes, 2014 Il nous semble que plusieurs problèmes persistent pour faire avancer l’accord de libre échange entre le Maroc et la Turquie. A l’instar de ses accords avec les pays arabes, même son accord avec la Turquie est marqué par la forte concurrence et une absence de complémentarité. De même, la divergence des niveaux de développement entre la Turquie en tant qu’économie émergente et le Maroc en tant que pays en développement, affaiblit toute forme d’intégration qui peut réunir les deux partenaires13. Nous pensons qu’une coopération du Maroc avec les pays Sud méditerranéens se trouve généralement défaillante, tant que cette coopération qui nécessite une complémentarité entre les pays se traduit plutôt par une forte concurrence. Il nous semble que les facteurs de production de ces pays sont similaires, et les secteurs pour lesquels le Maroc est doté d’un avantage comparatif sont pareils à ceux des pays Sud méditerranéens, et même leur débouché est similaire, à savoir l’UE. Donc il nous parait par conséquent 13 . Le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) de la Turquie est presque trois fois le PIB par habitant en PPA marocain, soit 14812 Dollars contre 5193 Dollars. 20 qu’il est évident pour le Maroc de se trouver face à une défaillance d’une coopération SudSud dans l’espace euro-méditerranéen, notamment dans son contexte commercial. Conclusion En guise de conclusion, on note que la complexité des relations euroméditerranéennes est évidente dans la mesure où elle regroupe une fusion de relations, à la fois Nord-Sud et Sud-Sud dans le cadre de relations bilatérales, où la diversité des partenaires en développement a crée des difficultés dans le processus d’avancement des relations du voisinage d’une part, suivi par l’instabilité politique et économique de la rive Sud qui a creusé le déficit d’un réel rapprochement entre les partenaires euroméditerranéens d’autre part. Bien que l’intégration Sud-Sud reste un élément crucial pour le renforcement de la zone de libre échange euro-méditerranéenne, la forte concurrence entre les pays de cet espace continue de saper les perspectives de sa matérialisation. Ces constats remettent en question le processus d’intégration du Maroc, concrétisé par les différents accords de libre échange qu’il a conclus dans cet espace. Néanmoins, quelque soit l’intérêt des accords que le Maroc avait conclu dans l’espace euro-méditerranéen, force est de constater que le bilan de ces accords de libreéchange nous parait décevant. Les déficits commerciaux se sont fortement creusés avec l'UE, la Turquie, ainsi qu’avec les pays arabes méditerranéens, et les flux des importations dépassent fortement les flux des exportations. L’inégalité de développement représentée en termes de PIB en parité de pouvoir d’achat et la forte dépendance vis-à-vis de l’UE restent les principaux facteurs de blocage d’une coopération avec l’UE, ainsi qu’avec la Turquie. Certainement, son accord avec l’UE a valorisé les exportations industrielles marocaines en bénéficiant d’un certain effet de levier lié directement à la mise en place d’une zone de libre échange. Or, les négociations dans le secteur agricole restent trop complexes dans l’accord de libre échange, mais les prémisses d’une zone de libre échange complète et approfondie commencent à voir le jour avec le début de l’année 2014, en essayant d’intégrer les services et élargir le libre échange dans l’agriculture. Pourtant cet accord fait l’objet d’une forte concurrence de la Tunisie qui négocie également cet accord avec l’UE. De même, ces accords avec les pays arabes méditerranéens présentent quelques infirmités pour avancer le processus d’intégration du Maroc dans l’espace euro- 21 méditerranéen et la coopération commerciale avec les pays arabes méditerranéens est marquée par son caractère concurrentiel plutôt que complémentaire, tant que les productions sont similaires, et l’UE reste leur principal débouché. 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