L`évolution de l`emploi en Champagne-Ardenne.
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L`évolution de l`emploi en Champagne-Ardenne.
Cahier de l’OPEQ n° 105 Evolution de l’emploi en Champagne-Ardenne Dynamique et facteurs d’explication Réalisé par Marc Pécheux Assisté de Brigitte Romond Mars 2005 OPEQ - 2 Sommaire PRESENTATION........................................................................................................ 5 INDICATEURS DE CADRAGE .................................................................................. 7 La population, données du recensement ............................................................... 7 Les estimations d’emploi ......................................................................................... 7 La spécialisation sectorielle .................................................................................... 8 Les salariés et les établissements, données Assédic ........................................... 8 La concentration des emplois ............................................................................... 11 Les 10 principaux employeurs régionaux ............................................................ 12 Synthèse .................................................................................................................. 12 APPLICATION DE LA METHODE SHIFT-SHARE .................................................. 13 Evolution comparative du nombre de salariés en Champagne-Ardenne et en France sur longue période............................................................................ 14 Les évolutions constatées des effectifs expliquées par la méthode shift-share................................................................................................................ 15 Les secteurs qui prennent du retard en Région................................................... 21 Les secteurs les plus dynamiques en termes d’emploi en Région .................... 23 Le cas des Ardennes .............................................................................................. 25 Conclusion .............................................................................................................. 33 OPEQ - 3 OPEQ - 4 Présentation Dans le cadre de ses travaux au titre du contrat de plan Etat Région, l’OPEQ s’est vu confier le démarrage de travaux sur le thème des mutations économiques. Avant de concevoir plus avant des outils de diagnostic et de suivi des territoires et des filières, il nous a semblé opportun d’observer la dynamique de l’emploi (salarié du secteur concurrentiel) en Champagne-Ardenne. Aussi ce document présente dans un premier temps quelques indicateurs de cadrage sur les caractéristiques socio-économiques de la région. Parmi ces indicateurs, certains sont classiques mais n’en demeurent pas moins très illustratifs des spécificités champardennaises, d’autres moins connus apportent un éclairage nouveau sur l’économie de la région (tel l’indice d’Herfindahl). Dans sa seconde partie, le document met en œuvre une analyse de l’évolution de l’emploi basée sur la contribution de trois facteurs explicatifs des particularités de la ChampagneArdenne comparée à la France métropolitaine. Il s’agit de déterminer quantitativement la part d’évolution (positive ou négative) due à la structure du tissu économique régional et la part liée à des facteurs environnementaux. In fine, il s’agit d’identifier les secteurs qui se montrent particulièrement générateurs d’emploi en Champagne-Ardenne et qui montrent une dynamique propre à la région et les secteurs aujourd’hui moins moteurs. Cette méthode est également appliquée à l’évolution de l’emploi dans le département des Ardennes comparé à la région dans son ensemble. Elle peut bien évidemment être étendue à d’autres territoires. OPEQ - 5 OPEQ - 6 Indicateurs de cadrage La population, données du recensement La région Champagne-Ardenne compte 1 342 363 habitants au dernier recensement de 1999. D’après les résultats des trois derniers recensements, le poids démographique de la Champagne-Ardenne en France diminue. Les champardennais représentent un peu plus de 2 % de la population française. Les dernières estimations font état d’un nouveau recul de la population champardennaise avec 1 330 000 habitants au 1er janvier 2004. Evolution de la population champardennaise totale Population sans doubles comptes Champagne-Ardenne En % de la France métropolitaine Variation en % 1982 1990 1999 1 345 935 1 347 848 1 342 363 2,5 2,4 2,3 1982/1990 +0,1 1990/1999 -0,4 Source : recensement de la population 1999, INSEE Les estimations d’emploi Evolution de l’emploi total Champagne-Ardenne en % France métropolitaine 1995 504 867 2,27% 1996 504 746 2,26% 1997 508 589 2,25% 1998 514 848 2,24% 1999 522 022 2,21% 2000 530 810 2,19% 2001 534 137 2,18% 2002* 532 921 2,16% Source : INSEE, estimations d’emploi * données provisoires Conjointement à la baisse de la population globale, la part de la Champagne-Ardenne dans l’emploi total en France métropolitaine est en réduction régulière, aux environs de 2,2 %. OPEQ - 7 La spécialisation sectorielle Emploi salarié et non salarié par secteur d’activité (données provisoires 2002) Région France métropolitaine Effectifs Agriculture Industrie % % 35 546 6,7 3,6 113 592 21,3 17,3 30 320 5,7 6,6 Construction Commerce 68 357 12,8 12,8 Services 285 106 53,5 59,7 Total 532 921 100,0 100,0 Source : INSEE, Estimations d’emploi La Région se caractérise par une sur-représentation de l’emploi dans l’industrie et une sousreprésentation dans les services en comparaison de la France métropolitaine. Les principaux secteurs employeurs de salariés Secteur Salariés En % du total des salariés % France Administration publique 53 706 11,1 10,8 Santé, action sociale 50 062 10,4 10,0 Education 39 985 8,3 7,6 Commerce de détail, réparations 32 369 6,7 7,0 Construction 26 086 5,4 5,6 Métallurgie et transformation des métaux 24 388 5,0 2,0 Services opérationnels 24 337 5,0 5,7 Transports 22 401 4,6 4,8 Commerce de gros 19 531 4,0 4,4 Industries agricoles et alimentaires 16 405 3,4 2,6 Services personnels et domestiques 16 267 3,4 3,3 Agriculture, sylviculture et pêche 15 266 3,2 1,5 Conseils et assistance 14 737 3,0 5,4 Industries des équipements mécaniques 12 617 2,6 1,9 Hôtels et restaurants 12 601 2,6 3,4 21,2 24,0 Autres secteurs 102 644 Source: INSEE, Estimations d’emploi Les salariés et les établissements, données Assédic Evolution du nombre de salariés du secteur privé champardennais Variation en % 1999 2000 2001 2002 2003 1999/2003 2002/2003 Hommes 183 038 189 038 188 915 187 332 183 813 +0,4 -1,9 Femmes 123 670 128 740 132 501 133 499 132 765 +7,4 -0,5 Total 306 708 317 778 321 416 320 831 316 578 +3,2 -1,3 Source: Assédic OPEQ - 8 Evolution du nombre d’établissements employeurs du secteur privé champardennais Variation en % Total 1999 2000 2001 2002 2003 29 265 29 449 29 552 29 261 29 108 1999/2003 2002/2003 -0,5 -0,5 Source: Assédic Répartition des effectifs salariés du secteur privé au 31/12/2003 par région et par grands secteurs d’activité économique Industrie Régions Effectifs Construction % Effectifs % Tertiaire Effectifs Autres % Effectifs Ensemble % Effectifs % Alsace 155 314 29,8 41 771 8,0 324 640 62,2 192 0,0 521 917 3,3 Aquitaine 143 497 20,9 64 014 9,3 478 535 69,7 503 0,1 686 549 4,3 Auvergne 92 295 31,0 27 090 9,1 178 546 59,9 41 0,0 297 972 1,9 Basse-Normandie 91 459 27,2 32 691 9,7 211 073 62,8 1 115 0,3 336 338 2,1 Bourgogne 117 733 30,5 32 745 8,5 235 268 61,0 0 0,0 385 746 2,4 Bretagne 171 402 24,8 65 215 9,4 452 332 65,5 1 902 0,3 690 851 4,4 Centre 180 167 29,3 55 357 9,0 379 709 61,7 470 0,1 615 703 3,9 99 234 31,3 26 811 8,5 190 387 60,1 146 0,0 316 578 2,0 Champagne-Ardenne Corse 4 410 8,3 8 251 15,6 40 233 76,0 25 0,0 52 919 0,3 Franche-Comté 109 461 38,2 21 628 7,6 155 216 54,2 12 0,0 286 317 1,8 Haute-Normandie 141 336 30,5 40 414 8,7 282 029 60,8 255 0,1 464 034 2,9 Ile-de-France 576 327 14,7 229 261 5,9 3 105 756 79,4 1 524 0,0 Languedoc-Roussillon 66 689 14,1 47 102 9,9 360 009 75,9 378 0,1 474 178 3,0 Limousin 41 654 27,4 14 806 9,8 95 322 62,8 37 0,0 151 819 1,0 Lorraine 157 908 29,6 46 200 8,7 329 096 61,7 311 0,1 533 515 3,4 Midi-Pyrénées 136 937 22,0 55 991 9,0 428 234 68,9 401 0,1 621 563 3,9 Nord-Pas-de-Calais 254 244 26,1 76 680 7,9 643 338 66,0 1 216 0,1 975 478 6,2 Pays-de-la-Loire 268 892 30,0 82 261 9,2 544 285 60,7 518 0,1 895 956 5,7 Picardie 138 522 33,3 32 650 7,8 245 151 58,9 139 0,0 416 462 2,6 98 014 26,5 36 193 9,8 235 135 63,6 633 0,2 369 975 2,3 Provence-Alpes-Côte d'Azur 153 611 13,6 94 330 8,4 877 344 77,9 924 0,1 1 126 209 7,1 Rhône-Alpes 465 354 27,6 130 604 7,8 1 087 391 64,6 652 0,0 1 684 001 10,6 3 664 460 23,2 1 262 065 8,0 10 879 029 68,8 11 394 0,1 Poitou-Charentes Total 3 912 868 24,7 15 816 948 100,0 Source : Assédic Les régions dont la structure économique (la répartition des effectifs salariés par grands secteurs d’activité) est la plus proche de celle de Champagne-Ardenne sont : Ÿ Auvergne Ÿ Bourgogne Ÿ Haute-Normandie Ÿ Pays-de-la-Loire Ÿ Alsace OPEQ - 9 Taux de croissance moyen annuel des effectifs salariés du secteur privé entre 1976 et 2003 3,3% Corse Languedoc-Roussillon 2,0% 1,7% Bretagne Midi-Pyrénées 1,7% 1,4% Pays-de-la-Loire Provence-Alpes-Côte d'Azur 1,3% Aquitaine 1,2% 1,1% Poitou-Charentes Alsace 0,9% Basse-Normandie 0,9% Rhône-Alpes 0,8% Centre 0,7% France 0,7% 0,5% Limousin 0,4% Auvergne Bourgogne 0,3% Ile-de-France 0,3% Picardie 0,2% Nord-Pas-de-Calais 0,1% Haute-Normandie 0,1% 0,0% Franche-Comté Champagne-Ardenne Lorraine -0,1% -0,3% Source : Assédic Seules deux régions affichent un taux de croissance annuel moyen de leurs effectifs salariés négatif sur la période 1976-2003. Il s’agit de la Lorraine (-0,3 %) et de la ChampagneArdenne (-0,1 %). Le taux de croissance moyen de la France métropolitaine est de +0,7 %. OPEQ - 10 La concentration des emplois Concentration des effectifs salariés du secteur privé, par établissement Champagne-Ardenne Salariés travaillant dans les 10 principaux établissements France 12 732 (4 % du total) Part de l’emploi salarié dans les 5 premiers secteurs (Nes 36) 44 % 44 % Part d’établissements dans les 5 premiers secteurs 49 % 50 % 8 8 Nombre d’activités (Nes 36) concentrant 60 % des salariés Nombre d’établissements concentrant 60 % des salariés 17 350 Sources : Assédic, CRCI Comparaisons régionales de la concentration des salariés par branche d’activité Régions 1/H* Auvergne 17,11 Champagne-Ardenne 17,61 Bourgogne 17,83 Haute-Normandie 17,93 France métropolitaine 17,93 Picardie 18,03 Pays-de-la-Loire 18,43 Alsace 18,46 Source : Assédic Réalisation : OPEQ *H est l’indice d’Herfindahl, il donne la mesure de la concentration d’un système selon la formule : H = n ∑ pi² i =1 où pi représente le poids relatif de chaque élément dans un ensemble de n éléments. La puissance deux amplifie le poids des éléments les plus importants. En pratique on considère l’inverse de cet indicateur, qui varie entre 1 (distribution la plus concentrée possible) et n (en cas de répartition uniforme). On s’intéresse ici à la concentration des effectifs salariés du secteur privé par branche d’activité (NES 36). Parmi les régions dont la structure économique est proche de celle de la Champagne-Ardenne, l’Auvergne présente l’indice 1/H le plus faible. C’est donc la Région où les effectifs salariés sont les plus concentrés, ou encore où leur répartition entre les branches d’activité est la moins large. Viennent ensuite les régions Champagne-Ardenne, Bourgogne et Haute-Normandie. L’Alsace étant la région étudiée où le taux de concentration est le plus faible. OPEQ - 11 Les 10 principaux employeurs régionaux Les 10 principaux établissements employeurs (hors coopératives et établissements publics et financiers) Nom de l’établissement Ville Activité Effectifs salariés Peugeot Citroën Automobiles SA Villers-Semeuse (08) Fonderie automobile 2 639 Champagne MOET et CHANDON Epernay (51) Champagnisation 1 743 Unité St Joseph – STE Petit Bateau SA Troyes (10) Fabrication de vêtements de dessous 1 323 Station Service Acier – Produits d’Usines Métallurgiques Reims (51) Commerce de gros de minerais et métaux 1 234 Division France Tourisme – Valeo Thermique Moteur Reims (51) Fabrication d’équipements automobiles 1 100 Boehringer Ingelheim France Reims (51) Fabrication de médicaments 1 068 Visteon Ardennes Industries Charleville-Mézières (08) Fabrication d’équipements automobiles 1 000 STE Dumeste SA Bar sur Aube (10) Fabrication de sièges 975 STE Pneumatiques Kleber SAS La Chapelle St Luc (10) Fabrication de pneumatiques 850 ETS Jacquot et Cie Troyes (10) Chocolaterie, Confiserie 800 Source : CRCI Synthèse Ÿ La région Champagne-Ardenne perd de ses habitants. Ÿ Le poids des emplois régionaux en France métropolitaine est en recul régulier. Ÿ Les emplois industriels sont sur-représentés en Champagne-Ardenne et sousreprésentés dans le secteur des services. Ÿ La Champagne-Ardenne est l’une des deux seules régions françaises ayant enregistré un recul de son nombre d’effectifs salariés du secteur privé entre 1976 et 2003 Ÿ Parmi les régions proches en termes de structure économique, la ChampagneArdenne est l’une de celles présentant un taux de concentration de ses effectifs salariés par branche d’activité le plus élevé. Nous allons tenter d’expliquer et d’affiner pourquoi, dans un contexte de mutations économiques, la région Champagne-Ardenne a enregistré des performances moindres en termes d’effectifs salariés du secteur privé que des régions proches et que la France métropolitaine prise dans son ensemble. Pour ce faire nous allons appliquer les techniques dites de la méthode shift-share. OPEQ - 12 Explication des écarts d’évolution du nombre de salariés entre la France métropolitaine et la région Champagne-Ardenne entre 1996 et 2003 Application de la méthode Shift-Share Grâce, notamment, à trois années de croissance économique supérieure à 3 % (1998-2000), le taux de chômage français, qui dépassait 12 % de la population active en 1997, a atteint 8,6 % mi 2001. Depuis, la croissance économique a ralenti, le taux de chômage est reparti à la hausse, et s’établit à 10,1 % de la population active fin janvier 2005. Dans ce contexte, le 28 janvier 2003 a été mise en place la mission interministérielle sur les mutations économiques (MIME) dans l’objectif d’améliorer l’intervention publique en matière de mutations économiques afin de mieux prévenir l’impact social et territorial des restructurations. Dans le même ordre d’idées la DATAR a présenté en février 2004 un rapport faisant état d’une France davantage en phase de mutations industrielles que de désindustrialisation. Quel est l’impact de ces mutations sur la Champagne-Ardenne ? La région est-elle plus ou moins touchée que l’ensemble du territoire ? Quels secteurs économiques connaissent une évolution plus favorable ou moins favorable de leur nombre de salariés en ChampagneArdenne en comparaison du territoire métropolitain ? C’est à ces questions que nous tentons de répondre dans ce document en exploitant notamment la méthode dite du shift-share. L’objectif de ce document est d’apporter un éclairage quantitatif sur les mutations économiques, afin de mesurer si oui ou non la structure économique est le principal, voire le seul frein au développement de l’emploi salarié privé champardennais. OPEQ - 13 Evolution comparative du nombre de salariés en ChampagneArdenne et en France sur longue période La comparaison de l’évolution des effectifs salariés du secteur privé (France métropolitaine et de province, Champagne-Ardenne) sur longue période (1976-2003) est très instructive. Le déficit de croissance des effectifs de Champagne-Ardenne y est patent. Alors que les effectifs salariés de la région diminuaient de plus de 3 % sur la période, ils progressaient de plus de 20 % en France. Les effectifs salariés en région connaissent des baisses plus importantes en période difficile et ils progressent plus lentement en période favorable. Où se situent les freins, les obstacles structurels ou spécifiques à la région l’empêchant de connaître une croissance plus forte de ses effectifs salariés ? Nous proposons d’utiliser la méthode du shift-share sur la période 1996-2003 (période de forte croissance et de ralentissement conjoncturel), pour expliquer la part du retard de la région sur la France due à un effet structurel (le poids des différents secteurs d’activité économique) et celle due à un effet spécifique à la région (effets autres que la structure économique régionale). Evolution des effectifs salariés sur longue période (base 100 = 1976) 125 France de province F rance m étropolitaine 115 M arne 105 100 ChampagneA rdenne 95 Haute-M arne Aube 85 A rdennes 75 1976 1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 Source : Assédic (hors coopératives agricoles et emplois publics) OPEQ - 14 Les évolutions constatées des effectifs expliquées par la méthode shift-share Avant de présenter la méthode shift-share et ses résultats, on va s’intéresser plus précisément, ici, à l’évolution comparative des effectifs salariés privés régionaux et nationaux entre 1996 et 2003. Les effectifs régionaux ont progressé d’un peu plus de 25 000 salariés sur cette période, passant de 291 499 à 316 578. Comme le montre le graphique ci-dessous la progression des effectifs salariés en Région provient essentiellement du secteur tertiaire et dans une moindre mesure de la construction qui totalisent à eux deux 34 579 salariés supplémentaires sur la période. L’industrie, en revanche, contribue de façon négative à l’évolution des emplois en cumulant une perte de 9 512 salariés. Evolution constatée des effectifs salariés régionaux entre 1996 et 2003 35 000 c o nstructio n + 3 077 industrie - 9 512 30 000 + 25 079 effectifs salariés 25 000 20 000 15 000 tertiaire +31 502 10 000 5 000 0 variations positives variations négatives variation totale 34 591* - 9 512 = 25 079 *yc les ef f ectifs agricoles et ceux des sect eurs non renseignés, considérés non signif icatifs Source : Assédic OPEQ - 15 Ces évolutions dans les différents secteurs d’activité cités, sont-elles plus ou moins favorables qu’en France métropolitaine de 1996 à 2003 ? La méthode shift-share permet d’expliquer, en chiffrant différents effets explicatifs, l’évolution contrastée d’une variable, entre un ensemble de référence et un niveau local. On s’intéressera donc ici à l’évolution des effectifs salariés (la variable) en France (l’ensemble de référence) et en Région (niveau local). La méthode shift-share permet de décomposer l’évolution des effectifs salariés en Région par secteur d’activité en fonction de trois effets, l’effet d’environnement, l’effet de structure et l’effet spécifique. Quelques définitions : Effet d’environnement : il estime l’évolution qu’aurait connu les effectifs régionaux, si la structure et le dynamisme de la région avaient été identiques à ceux de la France métropolitaine. Effet de structure : il mesure l’écart lié à la sous-représentation ou à la sur-représentation des secteurs en Région par rapport au poids des différents secteurs de la France métropolitaine. Effet spécifique : il mesure l’écart entre les effectifs régionaux réels et les effectifs régionaux attendus si la région avait connu la même évolution par secteur que la France métropolitaine. Il fait abstraction des effets de structure, et est en quelque sorte directement imputable au dynamisme spécifiquement régional. La somme de ces trois effets est égale à la variation globale des effectifs salariés en région entre 1996 et 2003 (soit plus 25 079 salariés). L’étude portera dans un premier temps sur l’évolution des effectifs salariés par secteur de la NES 4, puis par secteur de plus en plus fin si nécessaire. Nous allons donc décomposer l’évolution des effectifs salariés par secteur d’activité suivant l’effet d’environnement, l’effet de structure et l’effet spécifique. Repère : Evolution constatée des effectifs salariés Région 1996 Construction 23 734 (8%) France 2003 Var. % 26 811 (8%) 1996 +13% 1 130 488 (8%) 2003 Var. % 1 262 065 (8%) +12% Industrie 108 746 (37%) 99 234 (31%) -9% 3 796 581 (28%) 3 664 460 (23%) -3% Tertiaire 158 904 (55%) 190 406 (60%) +20% 8 834 724 (64%) 10 879 391 (69%) +23% 291 499 (100%) 316 578 (100%) +9% 13 772 320 (100%) 15 816 948 (100%) +15% Total Source : Assédic OPEQ - 16 Evolutions constatées et décomposition par type d’effets, 1996/2003 Variation globale des effectifs régionaux Construction Effet d'environnement Effet structurel Effet spécifique 3 077 2 785 -23 315 Industrie -9 512 -2 788 -2 751 -3 972 Tertiaire 31 502 43 277 -5 696 -6 079 12 11 -6 7 25 079 43 285 -8 476 -9 729 Autres* Total Source : Assédic *agriculture et non renseignés La décomposition de l’évolution du nombre de salariés en fonction des différents effets mis en lumière par la méthode shift-share s’interprète comme suit : Ÿ Effet environnement : les effectifs régionaux auraient progressé de 43 285 salariés entre 1996 et 2003 si la région avait la même structure économique et le même dynamisme que la France métropolitaine. Ÿ Effet structurel : la région est bien pénalisée par sa structure économique, qui contribue de manière négative (-8 476 salariés) à l’évolution des effectifs salariés régionaux entre 1996 et 2003. Mais ce n’est pas sa structure économique qui a le plus pénalisé notre région. Ÿ Effet spécifique : c’est cet effet qui contribue le plus négativement à l’évolution des effectifs salariés (-9 729 salariés). Cet effet est parfois également appelé effet de dynamisme ou effet de performance ; il regroupe en fait l’ensemble des facteurs autres que la structure d’activités. Il peut s’agir de facteurs endogènes à la région tels que le dynamisme entrepreneurial, l’efficacité des politiques publiques en matière d’emploi ou encore le niveau d’attractivité de la région pour les investissements étrangers. Il peut également s’agir de facteurs exogènes à la région comme des chocs communs à l’ensemble des pays européens mais dont les effets seraient asymétriques entre les régions. Quoiqu’il en soit la méthode shift-share ne permet pas de décomposer plus finement l’effet spécifique régional. Ÿ La somme de ces trois effets est égale à la variation globale des effectifs régionaux entre 1996 et 2003 soit 25 079 salariés. Nous allons étudier à présent le poids de ces trois effets en fonction du secteur d’activité. OPEQ - 17 Ÿ Le secteur de la construction Les effectifs salariés du secteur de la construction en Champagne-Ardenne ont connu une évolution légèrement plus forte que la France métropolitaine entre 1996 et 2003. Ils ont en effet progressé de + 3 077 au total alors que l’effet d’environnement (évolution qu’aurait connu le secteur en région s’il avait le même poids et le même dynamisme qu’au niveau national) est de + 2 785. La région bénéficie d’un effet spécifique légèrement favorable (+ 315 salariés) alors que l’effet structurel n’est pas significatif. Impact des différents effets sur l’évolution des effectifs régionaux du secteur de la construction entre 1996 et 2003 3 500 3 000 Région France 1996 2003 23 734 26 811 1 130 488 1 262 065 effectifs salariés Chiffres repères construction effet spécifique + 315 + 3 077 effet structurel - 23 2 500 2 000 1 500 effet environnement + 2 785 1 000 500 0 effets positifs effets négatifs 3 100 - 23 variation totale = 3 077 Source : Assédic OPEQ - 18 Ÿ Le secteur de l’industrie Tous les effets ont joué de manière défavorable dans l’évolution des effectifs salariés de l’industrie en Champagne-Ardenne pour atteindre une perte totale de 9 512 emplois salariés. Le contexte économique global n’étant pas en faveur de l’industrie, l’effet environnement est bien évidemment négatif. Ce contexte défavorable à l’industrie a été davantage ressenti en région du fait de la sur-représentation de l’industrie ; un effet structurel négatif est donc venu s’ajouter à l’effet environnement. Mais ce ne sont pas les deux principaux effets expliquant la diminution des effectifs industriels en région, l’effet environnement expliquant la diminution de 2 788 emplois et l’effet structurel une perte de 2 751. La régression provient en effet essentiellement d’un effet spécifique régional qui contribue de manière négative à l’évolution des effectifs à hauteur de –3 972 salariés. Ceci signifie que le secteur de l’industrie pris dans son ensemble a été moins performant spécifiquement en Champagne-Ardenne en comparaison de la France métropolitaine. Rappelons toutefois que le constat de la perte d’emplois industriels est à nuancer. Le travail temporaire est comptabilisé dans les services, alors que 50 % des intérimaires travaillent pour l’industrie (30 % dans le tertiaire et 20 % dans la construction). D’autre part, l’externalisation de nombreuses fonctions de l’entreprise ne cesse de progresser : transport, informatique, comptabilité, entretien, ce qui entraîne une comptabilisation de nombreux salariés dans le secteur tertiaire alors qu’ils travaillent pour l’industrie. Décomposition de l’évolution des effectifs régionaux du secteur de l’industrie entre 1996 et 2003 +0 0 -1 000 Chiffres repères industrie France 2003 108 746 99 234 -3 000 3 796 581 3 664 460 effectifs salariés Région 1996 effet spécifique - 3 972 -2 000 -4 000 effet environnement - 2 788 -5 000 -6 000 -7 000 effet structurel - 2 751 -8 000 -9 000 - 9 512 -10 000 effets positifs effets négatifs 0 - 9 512 variation totale = - 9 512 Source : Assédic OPEQ - 19 Ÿ Le secteur tertiaire Le secteur tertiaire est celui qui a connu les variations positives les plus fortes avec une progression de 31 502 salariés sur la période. Bien qu’en nette progression les effectifs salariés du secteur ont moins crû en région qu’en France métropolitaine. L’ampleur de l’effet environnement a été atténuée par un effet structurel négatif (le secteur tertiaire est sousreprésenté en région) et un effet spécifique également négatif. Alors que la région aurait pu voir ses effectifs progresser de 43 277 salariés sous l’effet environnement (progression qu’aurait connu la région si elle avait la même structure et le même dynamisme que la France), l’effet structurel (-5 696 salariés) et surtout l’effet spécifique (-6 079 salariés) jouent en sa défaveur. Décomposition de l’évolution des effectifs régionaux du secteur tertiaire entre 1996 et 2003 50 000 Source : Assédic 45 000 effet spécifique - 6 079 40 000 Chiffres repères tertiaire Région France 1996 2003 158 904 190 406 8 834 724 10 879 391 effectifs salariés 35 000 effet structurel - 5 696 + 31 502 effets négatifs variation totale 30 000 25 000 20 000 effet environnement + 43 277 15 000 10 000 5 000 0 effets positifs 43 277 - 11 775 = 31 502 Source : Assédic On peut d’ores et déjà tirer quelques enseignements en lien avec les mutations économiques. Sur la période 1996-2003, la région Champagne-Ardenne a plus difficilement ressenti l’évolution (mutation) d’une économie essentiellement industrielle vers une économie de services et ce à deux niveaux. Premièrement, la perte d’effectifs salariés dans l’industrie a été proportionnellement plus importante en région qu’en France et, deuxièmement, la création d’effectifs dans le secteur tertiaire a été de moindre ampleur en région. On va maintenant présenter de manière plus fine les secteurs d’activité où le nombre de salariés a connu une évolution moins favorable en région par rapport au niveau national (secteurs en retard) et ceux où l’évolution a été plus favorable en région (secteurs en avance). OPEQ - 20 Les secteurs qui prennent du retard en Région Quels secteurs, de manière plus précise, affichent un retard significatif de la croissance des effectifs salariés en région Champagne-Ardenne entre 1996 et 2003 ? Dans le secteur tertiaire : Activité Evolution constatée entre 1996 et 2003 Région Effectifs régionaux fin 2003 Effet spécifique régional Effet structurel Commentaires France Activités informatiques + 39 % + 75 % 1 157 salariés - 299 salariés - 2 088 salariés Retard essentiellement lié à la sousreprésentation du secteur en région Conseil et assistance divers + 24 % + 29 % 13 426 salariés - 548 salariés - 1 423 salariés Retard sensible dans le conseil pour les affaires et la gestion et surtout dans l’administration d’entreprises Commerce de détail en magasin spécialisé et hors magasin + 10 % + 17 % 17 989 salariés - 1 196 salariés - 113 salariés Autres services opérationnels + 29 % + 35 % 12 442 salariés - 577 salariés - 744 salariés Hôtels et restaurants Déficit spécifique significatif dans le secteur enquêtes et sécurité et services annexes à la production + 21 % + 25 % 11 953 salariés - 372 salariés - 876 salariés Autres activités récréatives, culturelles et sportives +6% + 28 % 3 157 salariés - 446 salariés - 216 salariés Retard sensible dans les activités artistiques et dans les manèges et autres parcs d’attraction Sélection et fourniture du personnel + 77 % + 98 % 14 241 salariés - 1 666 salariés + 912 salariés Le boom du travail temporaire s’est moins fait sentir en région qu’en France OPEQ - 21 Dans l’industrie : Activité Evolution constatée entre 1996 et 2003 Région Effectifs régionaux fin 2003 Effet spécifique régional Effet structurel Commentaires France Industrie textile - 37 % - 24 % 5 631 salariés - 1 163 salariés - 1 515 salariés La région subit le poids structurel des secteurs de la fabrication de bas et chaussettes, ainsi que de pullovers et articles similaires Fabrication de machines et équipements professionnels - 10 % +2% 7 358 salariés - 1 010 salariés + 52 salariés Déficit en emploi patent dans la fabrication d’articles de robinetterie et la fabrication de transmissions hydrauliques et pneumatiques -7% + 12 % 4 268 salariés - 868 salariés + 188 salariés Les secteurs de la fabrication d’emballage en matières plastiques et de pièces techniques en matières plastiques sont particulièrement en retard - 16 % +1% 2 592 salariés - 528 salariés + 17 salariés Le secteur de la fabrication de pneumatiques affiche un déficit spécifique important Transformation des matières plastiques Industrie du caoutchouc OPEQ - 22 Les secteurs les plus dynamiques en termes d’emploi en région Même si globalement, comme évoqué plus haut, les effectifs de la région Champagne-Ardenne ont progressé moins rapidement que ceux de la France métropolitaine, certains secteurs ont connu des évolutions plus favorables en région. Activité Evolution constatée entre 1996 et 2003 Région Métallurgie Effectifs régionaux fin 2003 Effet spécifique régional Effet structurel + 606 salariés - 651 salariés Commentaires France -3% -9% 9 774 salariés Activités associatives + 23 % + 10 % 4 499 salariés + 476 salariés - 179 salariés Industrie automobile + 11 % +3% 5 803 salariés + 405 salariés - 21 salariés Activités immobilières + 16 % +6% 4 537 salariés + 404 salariés - 146 salariés Intermédiaires du commerce de gros + 61 % + 11 % 1 169 salariés + 361 salariés - 63 salariés Industries pharmaceutiques, de la parfumerie et des produits d’entretien + 23 % +8% 2 282 salariés + 269 salariés - 91 salariés Action sociale + 31 % + 30 % 17 317 salariés + 127 salariés + 524 salariés Malgré une sur-représentation dans ce secteur en difficulté la région s’en sort mieux que la France grâce à un effet spécifique favorable Le secteur de la location de logements a notamment connu une évolution favorable La région profite essentiellement d’un effet structurel positif dans ce secteur en développement Nous allons à présent nous intéresser au département des Ardennes, département où le taux de chômage est le plus élevé en région et qui semble être le plus en difficulté face aux mutations économiques. OPEQ - 23 OPEQ - 24 Le cas des Ardennes Comme le montre le graphique de l’évolution des effectifs salariés sur longue période (en page 11 du document), c’est dans les Ardennes que la situation de l’emploi s’est le plus dégradée entre 1976 et 2003 passant de 70 257 salariés à 59 836 salariés dans le secteur privé. Evolution des effectifs salariés du secteur privé dans les Ardennes 70 257 67 169 64 981 62 088 60 974 61 172 59 386 58 282 56 615 56 606 56 377 55 480 1976 1979 1982 1985 1988 1991 55 981 1994 56 229 56 889 1997 2000 2003 Source : Assédic Le graphique ci-dessus montre que les Ardennes ont violemment subi les conséquences de la crise des années 1970-1980 consécutive notamment au choc pétrolier. Seule la période de croissance 1999-2001 a permis de repasser le seuil de 60 000 salariés privés sans toutefois retrouver le niveau d’emploi des années 70. La crise subie dans les années 1970-1980 et la croissance des années 1999-2001 ont été connues par tous les territoires ; la particularité des Ardennes réside dans le fait que la crise des années 1970-1980 y a eu l’impact le plus important et le plus durable. Ceci fait des Ardennes le département de la région Champagne-Ardenne ayant perdu le plus d’emplois sur la période étudiée (1976-2003). En appliquant la méthode shift-share on va tenter de comprendre pourquoi les Ardennes ont connu un recul du nombre des effectifs salariés proportionnellement plus important que celui de la région Champagne-Ardenne sur la période 1996-2003. La région devient ici l’ensemble de référence et les Ardennes le niveau local. En effet, on impute généralement le recul de OPEQ - 25 l’emploi à la structure du tissu économique pourtant comme en région, la nature et le poids des activités présentes n’expliquent pas tout. Evolution constatée des effectifs salariés ardennais entre 1996 et 2003 4 500 4 000 c o nstructio n + 653 industrie - 906 3 500 + 3 157 effectifs salariés 3 000 2 500 2 000 tertiaire + 3 409 1 500 1 000 500 0 variations positives variations négatives variation totale 4 063* - 906 = 3 157 *yc les ef f ectifs agricoles considérés non signif icatifs Source : Assédic Sur la période 1996-2003 les effectifs salariés ardennais ont augmenté essentiellement dans le secteur tertiaire ; les effectifs dans l’industrie ont régressé (l’impact de l’année 2003 a été très sensible). Comme on l’a fait pour la région et la France on peut appliquer la méthode shift-share par secteur aux Ardennes en prenant la région comme ensemble de référence. Repères : Evolution des effectifs salariés Ardennes Région 1996 2003 4 449 (8%) 5 102 (9%) +15% 23 734 (8%) 26 811 (8%) +13% Industrie 24 205 (43%) 23 299 (39%) -4% 108 746 (37%) 99 234 (31%) -9% Tertiaire 27 556 (49%) 30 965 (52%) +12% 158 904 (55%) 190 406 (60%) +20% 56 229 (100%) 59 386 (100%) +6% 291 499 (100%) 316 578 (100%) +9% Construction Total Var. % 1996 2003 Var. % Source : Assédic OPEQ - 26 Evolution constatée des effectifs ardennais et décomposition par type d’effets Variation globale des effectifs ardennais Effet d’environnement Effet structurel Effet spécifique Construction + 653 + 594 - 17 + 76 Industrie - 906 - 1 835 + 511 + 418 Tertiaire + 3 409 + 6 076 + 125 - 2 793 1 3 -3 2 + 3 157 + 4 838 + 616 - 2 297 Autres Total Ÿ Le secteur de la construction Le secteur de la construction bénéficie de l’effet environnement, c’est un secteur qui semble avoir un poids structurel assez proche quel que soit le territoire et où les spécificités locales sont peu marquées. Décomposition de l’évolution des effectifs ardennais du secteur de la construction entre 1996 et 2003 700 600 + 653 effet spécifique + 76 effet structurel - 17 Chiffres repères construction Ardennes Région 2003 4 449 5 102 23 734 26 811 500 effectifs salariés 1996 400 300 effet environnement + 594 200 100 0 effets positifs 670 effets négatifs variation totale - 17 = 653 Source : Assédic OPEQ - 27 Ÿ Le secteur de l’industrie L’effet environnement largement défavorable à l’industrie – si les Ardennes avaient la même structure et le même dynamisme que la région, l’industrie ardennaise aurait perdu 1 835 emplois salariés entre 1996 et 2003 – a été en partie compensé par un effet structurel positif de 511 salariés – signifiant que les activités industrielles ayant perdu le plus d’emplois au niveau régional sont moins représentées dans les Ardennes – et par un effet spécifique également positif de 418 salariés signifiant que les industries ardennaises ont été plus performantes que les industries régionales. Au total l’industrie ardennaise a perdu 906 emplois sur la période étudiée. Décomposition de l’évolution des effectifs ardennais du secteur de l’industrie entre 1996 et 2003 1 000 800 600 Chiffres repères industrie Région 1996 2003 24 205 23 299 108 746 99 234 400 200 effectifs salariés Ardennes effet spécifique + 418 effet structurel + 511 effet environnement - 1 835 0 -200 -400 -600 - 906 -800 -1 000 effets positifs 929 effets négatifs - 1 835 variation totale = - 906 Source : Assédic OPEQ - 28 Ÿ Le secteur tertiaire Alors que l’on a déjà montré que la région accusait un handicap par rapport à la France dans le secteur tertiaire (effet structurel et effet spécifique négatifs), on voit ici que les Ardennes sont également en retard par rapport à la région dans ce secteur. L’effet environnement dont a bénéficié la région a été amputé dans les Ardennes par un effet spécifique très négatif. On perçoit donc ici deux éléments majeurs pour les Ardennes, à savoir que la difficulté à créer des emplois ne provient pas tant de l’industrie qui s’est maintenue sur la période 19962003, mais davantage du secteur tertiaire qui se développe trop lentement. Ceci peut susciter des inquiétudes pour l’avenir si les industries ardennaises accélèrent rapidement leur mutation. Le constat apparaît ainsi assez clair, malgré un environnement négatif l’industrie ardennaise résiste plutôt bien ; en revanche la mutation d’une économie industrielle vers une économie davantage orientée vers le service peine à se mettre en place. Décomposition de l’évolution des effectifs ardennais du secteur tertiaire entre 1996 et 2003 effet structurel + 125 6 000 Chiffres repères tertiaire Ardennes Région 5 000 2003 27 556 30 965 158 904 190 406 effet spécifique - 2 793 4 000 effectifs salariés 1996 + 3 409 3 000 effet environnement + 6 077 2 000 1 000 0 effets positifs effets négatifs 6 199 - 2 793 variation totale = 3 409 Source : Assédic OPEQ - 29 Une analyse shift-share plus fine permet d’identifier les secteurs qui prennent du retard et les secteurs les plus dynamiques en termes d’emploi. Les secteurs les plus en retard Activité Evolution constatée entre 1996 et 2003 Ardennes Effectifs ardennais fin 2003 Effet spécifique Effet structurel Commentaires Région + 30 % + 77 % 3 315 salariés - 1 201 salariés + 772 salariés Conseil et assistance divers - 16 % +24 % 1 859 salariés - 883 salariés + 29 salariés Autres industries alimentaires - 24 % +4% 922 salariés - 337 salariés + 1 salarié Autres services opérationnels +2% + 29 % 1 169 salariés - 301 salariés - 207 salariés Chaudronnerie, fabrication de structures métalliques - 32 % -3% 717 salariés - 300 salariés - 9 salariés Hôtellerie-Restauration + 10 % + 21 % 1 532 salariés - 159 salariés - 107 salariés Sélection et fourniture de personnel OPEQ - 30 La progression de ce secteur (surreprésenté dans les Ardennes), sous l’effet de l’augmentation du travail temporaire, est atténuée par un effet spécifique très négatif. Les secteurs les plus dynamiques Les secteurs en avance se concentrent essentiellement dans l’industrie. Activité Evolution constatée entre 1996 et 2003 Ardennes Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques Effectifs ardennais fin 2003 Effet spécifique Effet structurel Commentaires Région + 135 % -9% 851 salariés + 521 salariés + 45 salariés Industrie textile -2% - 37 % 1 403 salariés + 502 salariés + 110 salariés Dans ce secteur en difficulté, le département profite de la présence d’entreprises dans la fabrication de tapis et moquettes Métallurgie -1% -3% 5 271 salariés + 113 salariés - 94 salariés Dans ce secteur en difficulté le département souffre un peu moins que la région, grâce à un effet spécifique positif et malgré l’effet structurel négatif lié à une surreprésentation sectorielle + 26 % + 21 % 2 383 salariés + 103 salariés - 147 salariés Autres transports terrestres OPEQ - 31 OPEQ - 32 Conclusion La région Champagne-Ardenne perd de la population et la structure de son tissu économique montre une évolution de l’emploi salarié en retrait comparé au niveau national sur longue période (1976-2003). L’application de la méthode du shift-share1 aux évolutions de l’emploi champardennais permet de valider si la structure économique régionale est l’élément principal expliquant l’évolution des effectifs salariés (comme on le pense souvent en Champagne-Ardenne). Or, la région a vu ses effectifs progresser de 25 079 salariés entre 1996 et 2003. Cette progression aurait été de 43 285 salariés si la région avait eu la même structure et le même dynamisme que la France métropolitaine. La région a, certes, été pénalisée par un effet structurel de –8 476 salariés, mais surtout par un effet spécifique de –9 729 salariés. Ainsi, ce n’est pas la structure du tissu économique, fruit de l’histoire de la région ChampagneArdenne, qui explique l’intégralité des écarts avec le niveau national. L’écart le plus important est lié à des facteurs endogènes à la région et permet donc de penser qu’il existe une réelle marge d’action. Second enseignement de cette méthode, les écarts de la région avec la France dans l’évolution des effectifs salariés proviennent davantage du secteur tertiaire et dans une moindre mesure de l’industrie, et non pas l’inverse. Ainsi sur la période 1996-2003, l’industrie a perdu 9 512 emplois, dont 6 723 liés aux effets structurels et spécifiques. En revanche, malgré un développement important du tertiaire sur la période, lié à un environnement économique favorable, ce développement a été moins sensible en région qu’au niveau national. L’effet environnement a été amputé par un effet structurel négatif, lié à une sous-représentation sectorielle, et un effet spécifique régional également négatif. Au total sur la période 1996-2003, le secteur tertiaire en région a profité d’un effet environnement favorable de 43 277 salariés, mais la variation globale des effectifs régionaux n’a été que de 31 502 salariés en raison des effets structurel (-5 696 salariés) et spécifique (-6 079 salariés) négatifs. Plus finement les secteurs qui prennent du retard en termes de développement de l’emploi sont dans l’industrie : Ÿ le textile, Ÿ la fabrication de machines et équipements professionnels, Ÿ la transformation des matières plastiques, Ÿ et l’industrie du caoutchouc. 1 La méthode shift-share : il s’agit, par comparaison, d’établir ce qui dans l’évolution des effectifs régionaux est lié à des phénomènes extra-régionaux (effet environnement) ou à la structure économique régionale (effet structurel) voire à d’autres éléments qui ne dépendent ni de l’environnement économique national, ni de la structure économique (effet spécifique). OPEQ - 33 Dans le tertiaire, les retards sont plutôt le fait : Ÿ des activités informatiques, conseil et assistance divers, Ÿ du commerce de détail (en magasin spécialisé et hors magasin), Ÿ des autres services opérationnels, Ÿ de l’hôtellerie – restauration, Ÿ des activités récréatives, culturelles et sportives, Ÿ et de la sélection et fourniture du personnel. En revanche, des secteurs apparaissent particulièrement dynamiques en ChampagneArdenne : Ÿ la métallurgie (stricto sensu), Ÿ les activités associatives, Ÿ l’industrie automobile, Ÿ les activités immobilières, Ÿ les intermédiaires du commerce de gros, Ÿ l’industrie pharmaceutique, Ÿ et l’action sociale. Sans préjuger des actions qui seraient à engager pour tirer le meilleur parti des mutations économiques en cours, la nature des facteurs porteurs des dynamiques d’emploi sont des éléments de diagnostic essentiels à la bonne connaissance d’un territoire. Ainsi, parallèlement à l’application de la méthode du shift-share dans la région, l’exercice a été réalisé sur l’emploi ardennais de la même manière et pourrait être décliné sur les trois autres départements afin de contribuer comme élément de diagnostic, à la réflexion de groupes territoriaux ou sectoriels qui pourraient voir le jour dans le cadre de la préparation de ces mutations. OPEQ - 34