Puits canadiens - Agence Qualité Construction
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➜ pathologie Prévention Puits canadiens : architecture, calcul, performances et risques Simple à mettre en œuvre, le puits canadien contribue à l’amélioration du confort et à la réduction des consommations d’énergie, hiver comme été. Dans un bâtiment neuf, il peut permettre de se passer de climatisation. U n puits canadien est un échangeur thermique entre le sous-sol à faible profondeur – de 1,60 m à 3 m en maison individuelle jusqu’à 5 ou 6 m dans certaines réalisations tertiaires – et l’air neuf nécessaire pour la ventilation des bâtiments. L’objectif consiste à tempérer l’air neuf, hiver comme été, en le faisant circuler dans des tubes enfouis dans le sol, avant son insufflation dans le bâtiment. Rehau, qui commercialise Awadukt Thermo, une solution de puits canadien standardisée pour maisons individuelles, indique qu’à 2 m de profondeur, la température moyenne du sous-sol est de 17 °C en été et de 4 °C en hiver. Le Cetiat évoque plutôt des valeurs moyennes de 5 °C en hiver à 15 °C en été. En hiver, le proche sous-sol est moins froid que l’air extérieur, le puits canadien réduit les besoins de chauffage. En été, le sous-sol demeure moins chaud que l’air extérieur, le puits canadien contribue à rafraîchir le bâtiment. En construction neuve, le puits canadien est considéré comme l’un des moyens techniques capables de réduire les consommations d’énergie, tout en accroissant le confort. Il est plus souvent mis en œuvre dans le cas de maisons individuelles, mais il s’applique à n’importe quel type de bâtiment, y compris des ensembles de bureaux de plusieurs milliers de m2. Petit point de vocabulaire: on rencontre couramment les expressions « puits canadien », « puits provençal » ou « puits climatique ». La nuance entre les trois paraît faible et, surtout, ne semble faire l’objet d’aucun consensus. Un puits serait « canadien » lorsqu’il est utilisé pour le préchauffage de l’air neuf en hiver. Il deviendrait « provençal » quand il sert au rafraîchissement en été, puis «climatique» s’il fonctionne hiver comme été. Dans la suite de cet article, nous continuerons à employer l’expression « puits canadien », quel que soit l’usage de l’ouvrage. Photo Rehau: Plusieurs fabricants proposent des solutions packagées pour la réalisation de puits canadien. Leurs entrées d'air sont toujours efficacement protégées par des filtres et se trouvent au moins à 1 m au-dessus du sol. Photo Helios (en médaillon): La solution packagée d'Helios pour le puits canadien en maison individuelle comporte tous les composants nécessaires: tubes annelés à l'extérieur et lisses à l'intérieur, entrée d'air, manchon de pénétration dans la maison, boîte de recueil de condensats avec siphon, volet motorisé avec sa régulation pour le by-pass du puits en mi-saison et prise d'air extérieur directe. Les composants du puits canadien Un puits canadien se compose au minimum d’une prise d’air extérieure, de canalisations enterrées, d’une boîte pour recueillir les condensats, d’un raccordement au système de ventilation ou d’une grille de soufflage, d’un ventilateur, d’une régulation si le bâtiment est pourvu d’une VMC et que le puits canadien lui est raccordé. La régulation pilote les volets de by-pass du puits canadien en fonction de la température extérieure, de la p Qualité Construction • N° 122 • septembre-octobre 2010 33 — prévention ➜ pathologie Puits canadiens ou fonte – est à proscrire malgré son excellente conductivité thermique, en raison des risques de corrosion. Pour éviter ce risque, il faudrait enrober les tubes en métal dans des revêtements étanches qui ruineraient sa conductivité thermique. La brique ou la terre cuite ne présentent pas une étanchéité suffisante au gaz et à l’eau. La conductivité thermique des parois du tube comptant avant tout, il convient d’éviter les parois alvéolées car les alvéoles contiennent de l’air, mauvais conducteur. Pour exemple, le PVC structuré avec une couche d’alvéoles affiche une conductivité thermique de 0,04 W/m.K, le PVC classique de 0,11, le PP (polypropylène) de 0,20 et le PP Awadukt employé par Rehau de 0,29. Les tubes doivent être lisses à l’intérieur pour éviter la formation de flaques qui pourraient apparaître dans les dépressions d’un tube annelé. Certains fabricants proposent des tubes annelés à l’extérieur, mais chemisés d’une seconde peau qui rend la paroi intérieure lisse. Rehau propose des tubes rigides en polypropylène : la rigidité facilite le respect de la pente lors de la mise en œuvre et la résistance mécanique du tube permet le curage haute pression. Le polypropylène employé bénéficie d’une formulation spécifique qui maximise sa conductivité thermique et favorise l’échange de chaleur avec le sol. Quelle que soit leur matière, les tubes doivent être en mesure de résister aux agressions externes : pousse de racines, infiltrations d’eau, infiltrations des gaz présents dans le sol, dont Photo DR: Dans cette première opération d'envergure avec puits canadien, les concepteurs n'avaient pas surélevé l'entrée d'air le radon, etc. Les raccords et joints d’étanchéité en caoutchouc, par rapport au sol. L’évacuation d'eau de pluie par siphon, placée au fond du plénum d'entrée d'air, fonctionne parfaitement. EPDM, etc., doivent être conformes à la norme NF EN 681-1 Mais certains prestataires ont confondu cette grille avec un recueil d'eau de pluie et ont, en toute illégalité, vidangé de l'huile de Garnitures d’étanchéité en caoutchouc. Elle précise les spécificuisine dans cet orifice. Résultat: puanteur dans les locaux et un long décrassage de la totalité du puits. cations pour les matériaux utilisés dans les garnitures d’étanchéité pour les joints de canalisation en caoutchouc vulcanisé température en sortie de puits et de la température intérieure et sous certaines conditions pour l’eau froide potable, l’eau des locaux desservis par le puits canadien, de manière à en tirer chaude potable et non potable, les réseaux d’évacuation, d’asle plus grand bénéfice en chauffage et en rafraîchissement, sans sainissement et d’eaux pluviales. entraîner de sur-refroidissement ni de surchauffe en mi-saison. Dans tout puits canadien, l’humidité de l’air extérieur aura La prise d’air extérieur doit être protégée des entrées d’eau –pluie, tendance à se condenser à l’intérieur des tubes, donc l’évaruissellement, débordements –, ainsi que des entrées de solides cuation de l’humidité est obligatoire. Imaginons un puits tels que feuilles, branchages, petits animaux, insectes, etc. Le canadien conçu pour une maison individuelle, avec un débit Cetiat recommande une hauteur minimum de 1,10 m pour d’air de 150 m3/h. Si la température de l’air extérieur est de l’entrée d’air, un chapeau de protection, une grille à maillage 28 °C avec une humidité de 80 % et une chute de température fin en guise de protection contre insectes et oiseaux, un filtre de 12 °C dans l’échangeur enterré, le diagramme de Mollier de classe G4, G5, F6 ou F7 selon la densité et le type de pous- indique un volume de condensats de 0,8 l/h. L’évacuation des sières et de pollens dans la zone où se trouve l’entrée d’air. condensats s’effectue soit par un regard de collecte enterré, Les canalisations sont, sur le terrain, en matière de synthèse soit par une canalisation d’évacuation avec siphon à l’entrée ou en béton. Dans le rapport Comparaison internationale – - du réseau dans le bâtiment. Bâtiment et Énergie, rédigé par Emmanuel Fleury et Orlando Catarina du CSTB dans le cadre du programme Prebat, les auteurs indiquent que les canalisations d’un puits canadien doivent être en polypropylène (PP) ou en polyéthylène (PE), sans préciser les raisons de ce choix. Le métal – acier, cuivre L’entrée d’air doit être implantée à l’endroit le moins pollué du site: éviter les bordures de voies à forte circulation, la proximité repères des poubelles ou d’une végétation à forte pollinisation, etc. Les filtres de l’entrée d’air doivent être facilement accessibles. Le Les offres standardisées Cetiat recommande de les inspecter, voire de les changer trois Il existe sur le marché français une douzaine d'offres standardisées de puits à quatre fois par an, soulignant qu’un filtre encrassé augmente canadiens. Certaines sont conçues pour la maison individuelle seulement, d'autres les pertes de charge du puits, donc influe sur la consommation sont modulables et s'adaptent à n'importe quel type de bâtiment. du ventilateur et sur le rendement énergétique du puits. Il faut ■ solutions pour maison individuelle : Aldes, Atlantic, Eole, Fiabitat Concept, France également inspecter le réseau enterré une à deux fois par an et Air, Helios Nather, Rehau Unelvent, Vim ; le nettoyer si nécessaire, ce qui conduit à exclure les tubes non ■ solutions pour autres bâtiments : Helios et Rehau. Points sensibles et risques du puits canadien 34 Qualité Construction • N° 122 • septembre-octobre 2010 — prévention ➜ pathologie Puits canadiens circulaires. Il n’existe en effet aucun dispositif de nettoyage de tubes ovales ou oblongs, alors même que certains fabricants peuvent recommander leur emploi sous prétexte que leur forme favorise l’échange thermique, ce qui reste d’ailleurs à prouver. Si le puits canadien est constitué de plusieurs tubes enterrés, il faut maintenir une distance d’au moins 1 m entre deux tubes. L’Institut Bruxellois pour la gestion de l’environnement demande 2 m. Certains fabricants recommandent une distance supérieure ou égale à cinq fois le diamètre extérieur des tubes, tandis que le Cetiat se contente de trois fois le diamètre. La plupart des fabricants déconseillent la mise en place de sable dans la zone d’enrobage des tubes et sur le lit de pose, car il réduit l’échange thermique. Les tubes enterrés seront posés en respectant les Règles de l’art sur la mise en place des canalisations de VRD. Les essais d’étanchéités sont menés conformément à la norme NF EN 1610 Mise en œuvre et essai des branchements et collecteurs d’assainissement de décembre 1997 ou, spécifiquement pour les canalisations en plastique, selon la norme NF EN 1277. Si la zone d’implantation est une zone à risque de radon, l’étanchéité des canalisations enterrées doit être réalisée avec beaucoup de soin. Il faut également veiller au bon enrobage des tubes par la terre lors du remblaiement : il s’agit de ne pas créer des cavités le long des tubes qui permettraient au radon de se concentrer. Si le bâtiment possède un sous-sol, le dispositif de récupération et d’évacuation des condensats s’effectue dans le sous-sol en point bas. Les condensats sont évacués à l’égout par un siphon, ce qui assure une bonne hygiène du puits jusqu’au groupe de ventilation. En l’absence de sous-sol, il faut aménager un regard de visite au point le plus bas du puits. Ce regard Illustrations Unelvent permet aussi l’inspection du réseau. Les condensats sont évacués par infiltration dans le sol à travers un lit de cailloux. L’utilisation d’une pompe de relevage est également concevable, mais sa consommation d’électricité s’ajoute à celle du ventilateur et pèse sur le bilan énergétique du puits canadien. Selon la surface de terrain disponible et les débits d’air à assurer, les canalisations seront posées en boucle autour d’une maison individuelle, en méandre ou en boucle de Tichelmann (voir schémas ci-dessus). La boucle de Tichelmann – deux collecteurs reliés par des tubes parallèles de diamètre inférieur – est particulièrement bien adaptée aux débits d’air importants, supérieurs à 500 m3/h. Elle minimise le diamètre, donc l’encombrement des canalisations, en les fractionnant en de multiples tubes secondaires entre les deux collecteurs principaux. La longueur maximale de ces tubes secondaires, selon le Cetiat, ne doit pas dépasser 30 à 50 m, afin de limiter les pertes de charge. Pour les débits d’air très important, au-delà de 4 000 m3/h, il faut fractionner l’installation en plusieurs puits canadiens, alimentant chacun une partie différente du bâtiment. Cette méthode permet aussi de tenir compte de la nature des différentes zones qui constituent un bâtiment – stockage, bureaux, locaux informatiques, voire façade nord et façade sud, etc. –, donc de mieux gérer les débits de ventilation à travers les différents puits canadiens. Elle permet également de dimensionner chaque puits spécifiquement pour la zone à alimenter. Pour la façade sud par exemple, la température souhaitée en sortie de puits en été peut être inférieure à celle demandée pour la façade nord. Les p Qualité Construction • N° 122 • septembre-octobre 2010 35 — prévention ➜ pathologie Puits canadiens Photo DR: Puits canadien en boucle de Tichelmann. Deux collecteurs de grand diamètre sont reliés entre eux par des tubes parallèles de plus petit diamètre. Pour les grands bâtiments, cette technologie fractionne le puits canadien en multiples canalisations entre les collecteurs, ce qui permet de réduire leur diamètre et de les mettre en œuvre plus facilement. canalisations doivent suivre une pente de 2 % dans le sens de l’aspiration d’air, afin d’éviter toute stagnation d’eau. Les principaux risques sont associés à des défauts d’installation qui provoquent un encrassement du puits canadien: mauvaise pente, création de points bas dans le réseau, mauvaise évacuation des condensats, défaut de filtre sur l’entrée d’air du réseau, défaut d’étanchéité, etc. Ils sont difficiles à localiser et à corriger une fois l’installation achevée et les terres remblayées. Il faut donc contrôler le réseau lors de sa pose et avant remblais. Le dimensionnement Le dimensionnement d’un puits canadien est un exercice d’optimisation entre la dépense d’énergie pour faire circuler l’air dans les tubes et la récupération de chaleur en hiver, l’absorption de chaleur en été dans le puits. Le calcul d’un puits canadien fait appel à de nombreux paramètres, les principaux “ Pour en savoir plus – Documents • Guide d'information Puits canadiens/provençaux, publié par le Cetiat et téléchargeable à l'adresse www.cetiat.fr/fr/publicationsveille/ servezvous/guidesgratuits/index.cfm. • Documentation Le puits canadien ou puits provençal, de Romuald Jobert du Cété (Centre d'études techniques de l'équipement) de Lyon, téléchargeable à l’adresse www.cete-lyon.equipement.gouv.fr/ rubrique.php3?id_rubrique=172. • Dossier Le puits canadien à la loupe, publié par Fiabitat, consultable sur www.fiabitat.com, à la rubrique « Dossiers ». • Guide de conception L'aération dans les bâtiments Minergie (septembre 2004), téléchargeable à l’adresse www.minergie.ch/tl_files/download_fr/Lueftung.f.pdf. 36 Qualité Construction • N° 122 • septembre-octobre 2010 sont le volume du bâtiment à traiter, le débit d’air requis en hiver et en été, la solution de ventilation du bâtiment (VMC ou ventilation naturelle), la vitesse de l’air, le rendement du ventilateur, la nature du sol, la place disponible pour l’enfouissement des tuyaux, la localisation géographique de l’installation, la température d’air souhaitée en sortie du puits canadien en hiver et en été. La vitesse de l’air doit être comprise entre 1 et 3 m/s : plus elle est faible, meilleur est l’échange thermique. Le diamètre des tubes est calculé en fonction du débit d’air requis, pour ne pas sortir de cet intervalle de vitesse d’air. La température minimale souhaitée en sortie de puits en hiver influe sur la longueur des canalisations. Plus cette température est élevée, plus la longueur des canalisations et les pertes de charge du réseau sont importantes, ce qui influe sur l’intérêt énergétique du puits canadien. De la même manière, plus la température d’air souhaitée en sortie de puits en été est basse, plus la longueur de tube enterré est importante. Plusieurs méthodes recommandent, pour une maison individuelle, de limiter les pertes de charge du réseau à moins de 100 Pa. Selon l’Institut Bruxellois pour la gestion de l’environnement, un puits canadien, dont le rendement d’échange est de 80 % et les pertes de charge sont limitées à 100 Pa, permet une économie d’environ 30 % sur le chauffage de l’air neuf, lorsqu’il est couplé à une solution de ventilation par double flux avec récupération de chaleur. Ce qui correspond à une économie de 10 % environ sur les consommations de chauffage globales. Selon le Cetiat, les performances d’un puits canadien sont directement liées à la nature du sol, qui détermine sa capacité calorifique et sa conductivité thermique. La capacité calorifique d’un sol s’exprime par la moyenne pondérée des capacités calorifiques de ses constituants. Comme l’eau et la matière organique ont une capacité calorifique supérieure à celle des minéraux, un sol humide et riche en composants organiques offrira une capacité calorifique – un stockage de chaleur – — prévention ➜ pathologie Puits canadiens supérieur à un sol sec et très minéral. Il vaut mieux installer un puits canadien dans un sol argilo-marneux ou argilosableux que dans un sol sablonneux sec. S’il est possible de fournir un ratio débit d’air/longueur de tubes en maison individuelle, c’est très difficile pour des bâtiments tertiaires. Pour une maison individuelle de 80 à 220m2, les débits d’air nécessaires varient de 100 à 300 m3/h, ce qui correspond à un renouvellement d’air de 0,5 v/h. Pour une telle maison, un puits canadien sera composé de 40 m de canalisations en DN200. Rehau recommande de rajouter 5 m de tubes en plus en cas de sol sablonneux, puis 5 m supplémentaires si le sol est sec. En tertiaire, tout dépend du bâtiment à traiter. En novembre 2008, la salle polyvalente Sydel à Beaune (21) a été équipée d’un puits canadien Awadukt Thermo d’un débit de 4 500 m3/h. Il se compose de 9 tubes en boucle de Tichelmann disposés en deux niveaux sur un carré de 40 x 11 m. Les températures relevées en sortie de puits au cours de l’année 2009 ont été de 1 °C au minimum en hiver et de 24,6 °C en été. En mars2008, le nouveau centre de secours de Recey-sur-Ource(21) a été équipé d’un puits canadien Awadukt Thermo de 1100 m3/h de débit, composé de 40 m de tubes en boucle de Tichelmann. Les températures d’air relevées en sortie de puits en 2008-2009 étaient de 2 °C au minimum en hiver et de 25 °C en été. En avril 2009, les bureaux Cap 4 à Ploeuc-sur-Lie (22) ont eux aussi reçu un puits canadien Awadukt: 1400m3/h, un réseau en boucle de Tichelmann avec deux collecteurs en DN400 (7 m chacun) et 5 branches en DN200 (36 m au total). La vitesse d’écoulement de l’air est de 2,9 m/s et les pertes de charge du réseau atteignent 43 Pa. Les températures enregistrées ont été de 1,4 °C au minimum en hiver et de 22,7 °C au maximum en été. Le ventilateur est dimensionné pour le débit d’air à faire transiter dans le puits canadien. Si ce débit est différent en été et en hiver, un ventilateur à plusieurs vitesses ou à vitesse variable est recommandé. Si le bâtiment est pourvu d’une installation de ventilation double flux, le ventilateur du puits canadien est celui de l’insufflation dans le double flux. Il doit être dimensionné pour vaincre les pertes de charge du puits canadien et de l’échangeur pour la récupération d’énergie sur l’air extrait. Le puits canadien est reconnu dans la RT 2012 Photo Municipalité d'Isle-sur-Tarn: Dans toutes les opérations de plus de 1000 m2, l'architecture en boucle de Tichelmann est la règle. C'est la solution de mise en œuvre la plus simple, comme dans cette nouvelle école primaire de l'Isle-surTarn. Les recommandations diffèrent quant à l'écartement entre les tubes: 3 fois le diamètre extérieur du tube pour le Cetitat, 5 fois pour Rehau, 2 m pour l'Institut Bruxellois pour la gestion de l'environnement, etc. La RT 2005 ignorait le puits canadien. La RT 2012 propose au contraire une méthode de calcul sommaire, issue de la norme NF EN 15241 Ventilation des bâtiments – Méthodes de calcul des pertes d’énergie dues à la ventilation et à l’infiltration dans les bâtiments commerciaux. La prise en compte est décrite à partir de la page 74 de l’annexe 4 « Ventilation » de la «Méthode Th-BCE 2012». Elle repose sur 27 variables d’entrées, dont 4 types de sol, la longueur et le diamètre des canalisations, le rendement du ventilateur, et sur 2 constantes: la masse et la capacité volumique de l’air. Elle fournit 5 résultats en sortie : la température de l’air sortant du puits, le débit d’air sortant, l’humidité de l’air en sortie du puits, le raccordement à une installation de ventilation, la consommation électrique horaire du ventilateur. Cette méthode tient compte de l’effet du puits canadien aussi bien en été qu’en hiver et insiste beaucoup sur les modalités de sa gestion et de sa régulation. Elle sera directement incorporée au moteur de calcul de la RT 2012. Comme ce moteur sera utilisé par tous les logiciels de calculs réglementaires RT 2012, le puits canadien pourra donc être pris en compte systématiquement. Selon plusieurs bureaux d’études, la méthode retenue dans la RT 2012 semble trop simple pour traduire réellement les performances d’un puits canadien. Ils lui préfèrent celle exposée dans le rapport final Prebat-Ademe Dimensionnement (1) Téléchargeable sur du puits climatique, réalisé par Izuba Énergies, le Centre énergéwww.ademe.fr. tique et procédés de l’École des mines de Paris, Solarte et l’Insa de Toulouse (1). Ses concepteurs estiment que la précision p ✓ Qualité Construction • N° 122 • septembre-octobre 2010 37 — prévention ➜ pathologie Puits canadiens Photo DR: Dans une opération tertiaire de grande surface, l'architecture du puits canadien est contrainte par la surface de terrain disponible. Dans le cas de ce bâtiment de bureaux à Noisy-le-Grand (93), le puits canadien est fractionné en deux parties, alimentant chacun une CTA différente. Les tubes sont en acier de 80 cm de diamètre. Ils sont soudés et l'étanchéité est vérifiée avant comblement des tranchées. des résultats du modèle est équivalente, voire supérieure, à celle des résultats fournis par le logiciel GAEA, utilisé pour le dimensionnement des installations air/sol par la plupart des bureaux d’études qui se penchent sur cette question. L’efficacité thermique des puits canadien évaluée par cette méthode s’est montrée très proche des vérifications expérimentales réalisées sur deux puits canadiens en région parisienne. Cette méthode devrait être incorporée dans le logiciel Pléiades+Comfies et dans le module de simulation thermique dynamique que BBS Slama prépare pour son logiciel ClimaWin. Performance et conduite Les méthodes de dimensionnement sont d’ordinaire paramétrées pour faire en sorte que, l’hiver, l’air neuf parvienne en sortie de puits à 0°C au minimum, et pour obtenir une différence de température d’air de 5 à 7 °C en été entre l’entrée et la sortie du puits. Rehau estime que sa solution de puits canadien Awadukt Thermo permet, en maison individuelle, d’atteindre une température d’air neuf insufflé de 2°C pour une température de sous-sol à 6 °C et une température d’air extérieur à -10 °C, soit un ⌬t de 12 °C. Ce qui évite tout dispositif anti-condensation sur l’échangeur du double flux et génère de significatives économies de chauffage. En été, Rehau revendique une température d’insufflation de 24 °C avec une température de sol à 15 °C et une température d’air extérieur de 30 °C, ce qui permet de renoncer à une climatisation tout en garantissant le confort d’été. Un puits canadien n’est qu’une composante de l’installation de ventilation du bâtiment. Il doit être géré en fonction de la température extérieure et du type de ventilation du bâtiment. En intersaison, par exemple, lorsque la température extérieure est comprise entre 10 et 20 °C, la température de confort – 18 à 20 °C – est proche de cette température extérieure. Le puits canadien doit être by-passé au profit d’une entrée d’air directe, sinon, il entraîne un rafraîchissement inutile de l’air neuf introduit, qui devra être compensé par une dépense d’énergie supplémentaire. Si, de plus, l’installation de ventilation est un double flux avec récupération d’énergie, des sondes de température, à l’extérieur, en entrée et en sortie du puits canadien et sur l’air repris à l’entrée du groupe double flux, permettent à la régulation du système de ventilation de gérer le by-pass du puits canadien et de l’échangeur du groupe. Ainsi, le puits canadien est by-passé automatiquement en misaison, et, en été, l’échangeur double flux est by-passé au profit d’une introduction d’air neuf directement à partir du puits canadien pour maximiser le rafraîchissement. En hiver, l’apport du puits élimine ou limite considérablement les risques de gel dans l’échangeur double flux. Cela permet de se passer d’un dispositif de dégivrage, en général constitué d’une batterie chauffante à résistance électrique sur l’entrée d’air dans le groupe. Le bureau d’études Fiabitat Concept s’est livré à plusieurs simulations de l’effet d’un puits canadien en maison individuelle. Selon le type de maison et de chauffage, l’entreprise estime que le Cop (Coefficient de performance) d’un puits canadien varie de 4,5 à 12. Le Cop est entendu comme le rapport entre les économies d’énergies entraînées par le puits canadien et la dépense d’énergie occasionnée par le fonctionnement de son ventilateur. Dans trois exemples de maison individuelle cités par Fiabitat, la facture énergétique annuelle est réduite de 12 à 45 %. ■ Pascal Poggi L'EXPÉRIENCE DE FIABITAT CONCEPT Depuis plusieurs années, Fiabitat Concept assure des formations, réalise des études de dimensionnement et commercialise des composants de chez Helios pour construire des puits canadiens. Selon Frédéric Loyeau, son gérant, l'entreprise utilise deux outils différents pour ses études de puits canadiens. La pré-étude rapide, mais tout de même relativement poussée, est réalisée à l'aide du logiciel GAEA. Elle fournit la température de soufflage en sortie du puits. Mais l'impact sur la température dans les pièces concernées par le 38 Qualité Construction • N° 122 • septembre-octobre 2010 puits canadien requiert l'utilisation d'un programme de simulation thermique dynamique, Pléiades+Comfies pour les bâtiments d'une surface inférieure à 1000 m3. Au-delà de cette surface, il faut faire appel à des logiciels de simulation thermique plus puissants, tels que TRNSys. L'une des limitations actuelle des simulations dynamiques est qu'elles prennent en compte des historiques de températures extérieures moyennes trentenaires. Dans les faits, nous avons subi ces dernières années plusieurs épisodes de canicule qui, par leurs températures élevées et surtout par le nombre de jours concernés, dépassent largement les moyennes trentenaires. Pour cette raison, le dimensionnement de certains puits canadiens peut avoir été sous-estimé. Dans son expérience, un puits donne des résultats pertinents, particulièrement en été et dans les zones à climat continental où les températures sont fortement contrastées dans l'année. En été, un puits canadien bien dimensionné peut assurer des températures intérieures toujours inférieures à 26-27 °C, ce qui peut s'avérer suffisant pour se passer de climatisation.