renforcer la france dans la mondialisation

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renforcer la france dans la mondialisation
LA FONDATION
CROISSANCE RESPONSABLE
I N S T I T U T
D E
F R A N C E
10 PROPOSITIONS POUR
RENFORCER La France
dANS LA MONDIALISATION
www.croissance-responsable.fr
PRÉAMBULE
D
epuis les débuts de l’histoire économique, la richesse des peuples
s’est renforcée par leur capacité à échanger. Ce phénomène s’est
considérablement renforcé depuis trente ans au point qu’on a cru bon de
le baptiser « mondialisation ». Il s’est caractérisé par l’émergence de
nouvelles puissances économiques et par la plus forte augmentation jamais
enregistrée de populations ayant accès à l’eau potable et à des ressources
de première nécessité.
Pourtant cela ne s’est pas fait sans engendrer certains déséquilibres et de
profondes mutations.
En Europe et aux États-Unis, les entreprises ont largement eu recours aux
délocalisations. Dans un premier temps, cela a permis des gains importants de pouvoir d’achat mais cela a également engendré une augmentation
du chômage et une forte dégradation des balances commerciales avec les
pays émergents. Le corollaire est l’accroissement très important des dettes
publiques occidentales. La concurrence inégale entre nations à systèmes
sociaux différents explique en grande partie ce phénomène et justifie la
recherche de protections plus efficaces et de réciprocité accrue dans les
rapports commerciaux.
La crise financière, perçue comme la conséquence directe de la dérégulation, et la profonde transformation en cours de la gouvernance mondiale ont
achevé de rendre la mondialisation anxiogène pour les populations des pays
développés, en France plus qu’ailleurs.
De toutes les craintes exprimées par l’opinion française, la Fondation Croissance Responsable en a privilégié deux, celles qui s’expriment avec le plus
de force : le chômage et l’avenir de nos enfants.
Ce choix nous a amené à axer notre réflexion sur l’amélioration de la compétitivité de la Nation et l’attention à porter à la jeunesse pour qu’elle dispose
des moyens de relever les nouveaux défis de la mondialisation. Par souci
d’efficacité, nous avons retenu dix propositions qui répondent à trois critères : être applicables à l’échelle de la France, présenter un fort effet de
levier et avoir un coût faible voire nul.
Benoît Habert, Président du groupe de travail
Christian Poyau, Président de la Fondation Croissance Responsable
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LA COMMISSION SUR LA FRANCE
DANS LA MONDIALISATION
AUDITIONS
COMPOSITION DU GROUPE
RENFORCER LA
COMPÉTITIVITÉ
 Président
Benoît Habert (Groupe Dassault)
hh 7 septembre 2010
Denis Kessler
Président-directeur général de la Scor
 Rapporteur
Pascal Aubert
hh 15 septembre 2010
Hubert Védrine
Ancien ministre des Affaires étrangères, président de HV Conseil
• Diminuer le coût du travail en financant la baisse des charges sociales pour moitié
par une TVA sociale et pour l’autre par des gains d’efficience du modèle social
hh 14 octobre 2010
Henri Guaino
Conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Président de la république
• Simplifier les règles du jeu social et fiscal en adoptant une loi de programmation
fiscale et en refondant le droit social en 500 articles
 Participants du Conseil Scientifique
Guillaume Charlin (BCG)
François Enaud (Steria)
Xavier Lépine (La Française AM)
Christian Nouel (Sarrau Thomas Couderc)
Bruno Vanryb (Avanquest)
Laurent Vronski (Ervor)
 Participants associés
Philippe Reclus (ancien délégué général)
LES ÉCOLES PARTENAIRES
hh En partenariat avec la Fondation, plusieurs lycées ont accepté
de travailler sur ce thème et de faire des propositions.
hh L’objectif est de provoquer l’échange avec les élèves des lycées
que la Fondation a associé à ses travaux.
Parmi ces écoles :
• le lycée Guillaume Apollinaire de Thiais
• le lycée Bossuet de Meaux
• le lycée Turgot de Paris
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PROPOSITIONS POUR…
• Émettre un emprunt national de grande ampleur en contrepartie d’un engagement
constitutionnel sur l’équilibre budgétaire (« règle d’or »)
hh 18 octobre 2010
Mukesh Aghi
Chaiman & chief executive officer de Steria India
• Concentrer les aides publiques aux secteurs d’avenir
• Transférer 50 % des fonds de la formation continue aux universités afin de
renforcer les liens avec les entreprises
hh 18 novembre 2010
Hakim El Karoui
Partner, Roland Berger
hh 17 janvier 2011
Michel Camdessus
Ancien directeur général du FMI
hh 26 janver 2011
Jean-Louis Beffa
Président d’honneur et administrateur de Saint-Gobain
MISER SUR LA
JEUNESSE
• Faire de l’apprentissage de la lecture une cause nationale
hh 3 février 2011
Patrick Puy
Directeur général adjoint de TDF
• Développer fortement la maîtrise de l’anglais
• Majorer les dotations des Universités en fonction de l’amélioration de leurs
performances en matière d’intégration professionnelle des étudiants
hh 11 février 2011
Philippe Herzog
Conseiller spécial auprès de Michel Barnier, commissaire
européen au Marché intérieur et aux Services
• Créer des Grandes Écoles des métiers industriels et artisanaux
• Alléger les charges sociales les deux premières années du premier emploi
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SI LA MONDIALISATION EST UN
FACTEUR D’ENRICHISSEMENT...
Croissance du PIB réel mondial
par habitant depuis 1970 (%)
Évolution de la répartition des pays
selon le niveau d’IDH (%)
Évolution de l’inflation
en France depuis 1970 (%)
Évolution du prix réel des produits
de base hors pétrole depuis 1970
Les grandes entreprises françaises
réussissent dans la mondialisation
Les PME exportatrices ont
une meilleure croissance
La mondialisation a été un facteur d’enrichissement pour le plus grand nombre, mais aussi
pour les Français et les entreprises françaises.
Grâce à la mondialisation
• Le monde s’enrichit et vit mieux.
• depuis 1970, la population mondiale a doublé.
• le PIB réel mondial par habitant1 a plus que doublé depuis 1970.
• le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté1 a diminué de 500 Millions de
personnes entre 1981 et 2005.
• la proportion de pays dotés d’un Indice de Développement Humain (IDH) faible est
passé de 43 % en 1980 à 22 % en 2011.
• Les Français bénéficient d’une amélioration substantielle de leur pouvoir d’achat.
Depuis 1980, l’inflation a été maîtrisée, puis contenue en-dessous de 5 %2.
• le prix des denrées de base a été divisé par trois.
• Les entreprises françaises tournées vers le monde génèrent plus de richesse.
– les entreprises du CAC 40 bénéficient de leur positionnement international pour
occuper les premiers rangs mondiaux.
– les PME françaises fortement exportatrices ont de meilleures prévisions de
croissance que celles non ou très peu exportatrices.
Au sein du CAC 40 :
• un quart des entreprises sont n°1 mondial.
• près de la moitié des entreprises sont n°1
ou n°2 mondial.
Note : 1. « La réduction de la pauvreté se poursuit au rythme d’un point de pourcentage par an environ, et la proportion de pauvres dans la population
des pays en développement a été ramenée de 52 % en 1981 à 25 % en 2005 » (Banque mondiale) ; 2. « C’est dans les secteurs qui sont aujourd’hui plus
exposés à la concurrence internationale que la baisse des prix relatifs a été la plus marquée » (FMI) ; sources : Banque mondiale, Estimations de la pauvreté
dans le monde en développement (mise à jour), 17/02/2010 ; FMI, Mondialisation et inflation, avril 2006
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« Les PME fortement exportatrices (...) tablent
sur une progression moyenne de +8,6 % de leur
CA en 2011. »
« Les PME non ou très peu exportatrices, en
revanche, ont une prévision de croissance (...)
de +3,2 % » (Oséo).
Sources : Conseil d’analyse économique, Mondialisation : les atouts de la France, 2007 ; FMI, Mondialisation et inflation, avril 2006 ; INSEE ; Organisation
des Nations Unies, Human development report, 2011 ; Oséo, Rapport sur l’évolution des PME, 2010 ; Cedef, Les clés des PME, juin 2010
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... LES FRANÇAIS NOURRISSENT
ENVERS ELLE UNE PEUR LÉGITIME
Évolution des soldes du budget public et de
la balance courante en France depuis 1970
Part dans le commerce mondial (%)
Pour les Français, 2012 sera une année...
La mondialisation est
une bonnechose pour le pays
À titre personnel,
2012 sera, par rapport à 2011...
Évolution du nombre
de chômeurs depuis 1975 (milliers)
La France ayant pris du retard dans la mondialisation, les Français la voient comme une
menace, notamment en ce qui concerne l’emploi.
La France a pris du retard dans la mondialisation
• la France a un solde commercial négatif depuis 2005.
• la part de marché de la France dans le commerce mondial a baissé de 30 % en
12 ans.
• avec 36 années de déficits publics successifs, l’État français n’est pas compétitif.
Les Français sont aujourd’hui pessimistes : ils rejettent la mondialisation
• les Français sont les «champions du monde» du pessimisme : à propos des perspectives économique pour 2012, le solde optimistes-pessimistes est de -79 %,
contre -3 % au plan mondial.
• 65 % des Français considèrent que la mondialisation n’est pas une bonne chose
– 18 % la rejette.
Les peurs des Français se focalisent sur l’emploi et l’avenir des jeunes
• la France dans le top 3 des pessimistes pour l’emploi – 40 % des Français estimaient pouvoir perdre leur emploi en 2011.
• 71 % des Français estiment que la situation des jeunes s’est dégradée par rapport aux générations précédentes.
• 92 % des Français perçoivent la recherche d’emploi comme plus difficile.
• 67 % des Français considèrent l’emploi des jeunes comme un chantier prioritaire.
Sources : BVA, Baromètre mondial de l’espoir économique, décembre 2011 ; Ipsos/Logica Business Consulting, Enquête pour Le Monde et France Inter,
24/11/2011 ; Le Monde, Le jugement sévère des Français sur la jeunesse, Luc Bronner, 23/11/2011
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Sources : BVA, Baromètre mondial de l’espoir économique, décembre 2011 ; BVA, Les Français et l’économie de marché, 2010 ; BVA, Voice of the People : les
perspectives économiques 2011, décembre 2010 ; CAE, Crise et croissance : une stratégie pour la France, 2011
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COMME D’AUTRES PAYS AVANT ELLE
LA FRANCE PEUT SE RÉFORMER...
CANADA : le consensus au service de la réforme de l’État
• En 1993, après 22 années consécutives de déficits publics, le gouvernement
canadien lance un programme de réduction des dépenses publiques.
• Entre 1994 et 1999, un poste de fonctionnaire fédéral sur six est supprimé,
les salaires sont gelés, puis augmentent moins que l’inflation.
• Sur la même période, les dépenses publiques passent de 50 % à 43 % du
PIB.
Pour rattraper les pays les plus dynamiques, la France doit se réformer – elle peut compter
sur ses atouts et s’inspirer d’exemples étrangers.
La France a de nombreux atouts pour réussir dans la mondialisation
• La pédagogie du gouvernement, le consensus politique et syndical et le
soutien de l’opinion publique permettent la réforme.
• Taux de syndicalisation dans le public : 80 %.
• Strict encadrement du droit de grève par la loi, qui privilégie la conciliation
en amont.
• sa géographie, ouverte sur l’Europe et sur le monde.
• sa démographie, l’une des plus dynamiques d’Europe.
• ses infrastructures ferroviaires et énergétiques.
• son système éducatif, qui favorise l’excellence et permet la formation de chercheurs,
d’ingénieurs et de techniciens hors-pair.
• ses grandes entreprises, qui permettent une bonne maîtrise de certains secteurs.
– aéronautique, agriculture, armement, automobile, énergie, infrastructures, luxe,
matériel agricole, parfumerie, pharmacie, santé, tourisme.
• sa recherche, notamment dans les technologies de l’information et les biotechnologies.
DANEMARK : la flexibilité de l’emploi au service de la réduction du chômage
• Au début des années 1980, l’État, confronté à d’importants déficits,
souhaite réformer.
• Les réformes dans le public ne sont cependant menées qu’à partir des
années 1990, lorsque le soutien des syndicats est obtenu.
• Les ministères sont rendus financièrement autonomes, des agences liées
à l’État sont créées, sur la base de contrats de performance.
• La TVA sociale est adoptée en 1987, permettant une quasi-suppression des
charges sociales et favorisant l’exportation.
• La « flexsécurité » est créée : « les entreprises privées, très dynamiques,
peuvent embaucher et licencier avec une grande facilité (...) l’Étatprovidence joue ici son rôle de filet de sécurité. »
• son soutien public à la R&D, N°1 dans l’OCDE.
• sa place importante sur la scène internationale : présence dans les organismes internationaux, membre du G7 et du G20, force d’intervention, réseau diplomatique et
culturel, etc…
ALLEMAGNE : l’Agenda 2010 de Schröder
SUEDE : délégation aux agences
Plusieurs pays ont déjà réussi d’importants retournements de situation
• Le Canada et le Danemark (lire ci-contre).
• l’Allemagne, qui a lancé en 2003 des réformes structurelles pour réduire le déficit et
flexibiliser le marché du travail.
• la Suède, qui a fait passer son niveau de dépenses publiques de 72 % (1993) à
55 % (2000).
Sources : Conseil d’analyse économique, Mondialisation : les atouts de la France, 2007 ; Ifri, Les réformes sociales en Allemagne : l’Agenda 2010 du gouvernement Schröder, Note du Cerfa n°9, février 2004 ; Sénat, Étude comparative portant sur la réforme de l’État à l’étranger, 31/05/2001
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Sources : EIU, contry database ; Le Monde, Le Danemark se désendette et réforme son « État-providence », Olivier Truc, 18/04/2006 ; Les Échos, Le
Danemark attend un excédent de ses finances publiques en 1997, Pierre-Alain Furbury, 21/07/1997 ; Sénat, La réforme de l’État au Canada, janvier 2006
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... ET DOIT LE FAIRE
LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE
L’urgence de réformer est liée à la dégradation de la situation française depuis 2000 et
il est indispensable de faire des choix prioritaires.
Le service de la dette français est passé de 39 Md€ en 2000 à 44 Md€ en 2010.
il pourrait monter à plus de 90 Md€ en 2016.
La croissance potentielle française est passée de +1,5 % en 2005 à +0,7 % en 2011.
La France doit se réformer de manière urgente
• le service de la dette va crescendo.
• les perspectives de croissance sont de plus en plus réduites.
• le retard pris dans certains secteurs s’accentue.
La situation de la France s’est beaucoup dégradée depuis dix ans
• le déficit public s’est élevé en moyenne à 3,8 % du PIB entre 2000 et 2010.
• le taux de croissance annuel moyen s’est établi à +1,1 % entre 2000 et 2010.
• le solde de la balance commerciale est passé de +15 Md€ en 2000 à -75 Md€
en 2011.
• la part de marché de la France dans le commerce mondial est passée de 6 % en
1997 à 4 % en 2009.
Afin de répondre aux peurs des Français et de créer une relance par l’emploi,
la France doit concentrer son action sur deux priorités :
• améliorer les résultats de l’économie française en rendant les entreprises compétitives par rapport à leurs concurrentes.
• préparer et faire confiance à la jeunesse pour relever les défis de demain.
Deux priorités pour créer les conditions d’un nouveau départ
Renforcer la France dans
la compétition mondiale
Sources : EIU, country database
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Miser sur la jeunesse pour relever le
défi de la mondialisation
Sources : Banque de France, BMPE, juin 2010 ; EIU, country database
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RENFORCER
la cOMPÉTITIvité
de la francE
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1
émettre un emprunt national et
s’engager sur la RÈGLE D’OR
Constat
La dette publique française atteint 85 % du PIB en 2011, une part croissante du budget de
l’État étant dévolue au paiement de la seule charge de la dette (12 % en 2011). La capacité
des acteurs publics à intervenir dans l’économie se réduit : l’État vit aujourd’hui au-dessus
Propositions
• Emettre un emprunt national mobilisateur destiné aux particuliers.
– L’État devra avoir pour ambition de lever plus de 100 Md€ sous forme d’un emprunt, de bons
du Trésor et/ou d’un déplafonnement des livrets d’épargne. Une tranche de l’emprunt pourrait
être indexée sur le taux du déficit français. Une autre fortement incitative pourrait être réservée aux ménages à revenus modestes.
• Lier l’emprunt national à l’adoption de la règle d’or à horizon 2014 : l’État ne pourra plus s’endetter que pour investir dans l’économie.
L’objectif de ces mesures est de responsabiliser et de lier plus étroitement les intérêts des Français et de
leurs gouvernants.
de ses moyens.
Ce système n’étant ni tenable, ni viable, il est urgent d’en entreprendre la réforme – l’effort
à fournir, déjà très important, ne fera que croître.
L’emprunt national belge
Les exemples des pays ayant réussi leurs réformes
• Pour réduire son exposition aux marchés financiers, la Belgique émet un emprunt
national fin novembre 2011
montrent cependant que ce combat ne peut être
• Avec des taux d’intérêt de 3,5 % à 4,2 % selon l’échéance (trois, cinq ou huit ans),
le gouvernement cherche à capter la capacité d’épargne des Belges
gagné que si un consensus rassemble tous les
acteurs (État, syndicats et opinion publique)
• « Nous avons besoin d’environ deux milliards d’euros, mais si on arrive à récolter
200 millions, cela baisse la charge de la dette. Quand nous devons la placer sur les
marchés internationaux, ça nous coûte plus », expliquait le Premier ministre sortant
Yves Leterme
autour d’une stratégie de redressement. À ce
titre, avec un taux de syndicalisation de 8 %
en 2008, la France, 38e/40 de l’OCDE, n’est
• En trois jours, 1,2 Md€ étaient apportés à l’emprunt. Mi-décembre, 5 Md€ avaient
été levés !
pas bien préparée.
• Cette annonce a coincidé avec celle d’un accord sur le budget fédéral, prévoyant un
déficit budgétaire ramené à 2,8 % du PIB en 2012
L’assainissement des finances publiques sera
une étape nécessaire dans le but de rendre sa
compétitivité à la France.
Sources : AFP, Crise de la dette : le gouvernement belge appelle la population à l’aide, Philippe Siuberski, 24/11/2011 ; AFP, Succès de l’emprunt populaire
belge : 1.2 milliard d’euros collectés en 3 jours, 28/11/2011
Sources : OCDE, http://stats.oecd.org
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2
Diminuer le
coût du travail
Propositions
• Supprimer une partie des charges sociales, salariales et patronales, pour permettre à l’économie
française de bénéficier d’une compétitivité-travail parmi les meilleures en Europe.
• Financer cette mesure
Constat
– à 50 % par l’augmentation du taux normal de TVA
Les dépenses publiques s’élèvent en moyenne à 53 % du PIB sur la décennie 2000-2010.
Pour financer une partie de ces dépenses, l’État français taxe largement le travail – au détriment de
l’emploi et des exportations.
– à 50 % par des gains d’efficience
L’objectif de cette mesure est de renforcer les entreprises françaises dans la mondialisation, tout en
mettant en oeuvre les nécessaires gains d’efficience de la fonction publique française.
Résultat, la France est l’un des pays de l’OCDE où le travail est le plus taxé – certainement une cause
La TVA sociale en Allemagne
(parmi d’autres) du maintien d’un fort niveau de chômage – alors que le solde de la balance commer-
• Au 1er janvier 2007, l’Allemagne a relevé de 3 points sa TVA, qui est passée de 16 à 19 %,
engendrant une hausse des recettes de 24 Md€ pour 2007.
ciale française devrait atteindre -75 Md€ en 2011.
• La demande intérieure a subi un coup de frein mais elle a été largement compensée par la
hausse des exportations.
Il est urgent de trouver un moyen de financer autrement le modèle social français – en privilégiant la
taxation de la consommation plutôt que celle du travail – afin de favoriser développement économique
• Un tiers des rentrées fiscales supplémentaires a été dévolu à la baisse des cotisations sociales,
passée de 6,5 à 4,2 % des salaires bruts – le solde ayant été affecté à la réduction de la dette.
et exportations.
Différents niveaux de cotisations sociales
par pays (en % du salaire brut)
Sources : Institute of German Economy, Cologne, 2007 ; Le Figaro, L’Allemagne a relevé son taux de trois points et gagné son pari, Pierre Bocev, 16/06/07
Libération, Une TVA sociale, enfin !, Jean Arthuis, 1/12/2011
Sources : EIU, country database
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3
SIMPLIFIER LES RÈGLES
DU JEU FISCAL ET SOCIAL
Constat
La France se distingue par ses brusques revirements juridiques et par la complexité de l’ensemble de
son droit économique et social, rarement élagué et difficile à appréhender dans son ensemble.
Il n’est pas rare que l’actualité s’emballe, incitant l’exécutif ou le Parlement à légiférer dans l’urgence
et contribuant à l’insécurité législative et réglementaire. Dernier exemple en date : l’adoption au printemps 2011 de la loi sur la prime exceptionnelle liée aux dividendes.
Propositions
• Adopter une loi de programmation fiscale en début de quinquennat, qui permette de stabiliser les
règles du jeu fiscal. Le soutien fiscal à la R&D, notamment, n’est efficace qu’à partir du moment
où il est stable – les entreprises seront d’autant plus enclines à investir à long terme si elles ont
l’assurance que l’environnement fiscal ne va pas changer tous les six mois.
• Refondre le droit social en repartant d’un code épuré de 500 articles. Le code du travail français
fait près de 10 000 articles, alors qu’à titre d’exemple, son homologue suisse n’en compte que 800
Afin de rendre lisible le droit du travail français, il convient d’en clarifier les règles.
L’objectif de ces mesures est de favoriser les entreprises présentes en France par rapport à leurs concurrentes, tout en permettant l’implantation de nouvelles entreprises sur le territoire national.
Cette volatilité juridique, liée à la complexité préexistante de certains domaines du droit – social,
L’instabilité juridique française
notamment – dessert la France.
Dans son rapport d’activité de 2006, le Conseil d’État a dénoncé l’inflation législative française, de nature à créer instabilité et insécurité juridique.
Cette « intempérance normative » est notamment lié au fait que « l’annonce
d’une réforme constitue (...) la démonstration que le gouvernement agit et réagit
rapidement ».
Cette instabilité, qui a un coût pour la société, se traduit dans les domaines
économique et social.
• ainsi, entre 2003 et 2006, 6 textes de lois se sont succédés sur l’apprentissage, dont le régime a été modifié.
Il semble ainsi essentiel pour la compétitivité des entreprises françaises et de la France de faire le choix
de la simplicité et de la stabilité.
• pour la seule semaine du 24 juillet au 2 août 2005, le Code du travail a été
modifié 27 fois !
• le coût de la complexité administrative était estimé entre 3 et 4 % du PIB
début 2011.
Sources : Associated Press, Le Conseil d’État déplore l’inflation législative, Pierre-Antoine Souchard, 15/03/06 ; La Tribune, PME : la simplification
administrative pour les entreprises est enfin en marche, 12/01/2011
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Sources : Associated Press, Le Conseil d’État déplore l’inflation législative, Pierre-Antoine Souchard, 15/03/06 ; La Tribune, PME : la simplification
administrative pour les entreprises est enfin en marche, 12/01/2011
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4
SECTEURS D’AVENIR :
CONCENTRER LES AIDES
Propositions
• Concentrer les aides publiques aux secteurs d’avenir sur un maximum de cinq secteurs majeurs :
– à fin 2008, les dix premiers secteurs cumulés des pôles de compétitivité représentaient 37 %
de l’emploi salarié et 43 % de l’emploi cadre des pôles de compétitivité, soulignant un faible
niveau de concentration des secteurs soutenus.
• Renforcer le partenariat public-privé de soutien à l’innovation.
Constat
La France a récemment accéléré son engagement en faveur de la R&D des entreprises privées – qu’elle
incite, via le crédit impôt-recherche dont le plafond a été largement augmenté en 2008, ou qu’elle rend
possible, par la création de pôles de compétitivité.
En mai 2010, 71 pôles de compétitivité se partageait l’enveloppe de 1,5 Md€ leur étant dévolue sur la
période 2009-2011. Si les financements se concentreront à terme sur 5 à 10 pôles en fonction de leur
– si la recherche française compte des chercheurs d’exception, la France semble ne tirer que
trop peu partie de cette richesse.
– afin de permettre le développement de jeunes entreprises dynamiques, offrir des aides aux
projets axés sur le développement industriel et commercial de technologies non exploitées
jusqu’ici.
L’objectif de ces mesures est à la fois d’accroître la force de frappe de l’aide publique à l’innovation en
France, et de permettre aux entreprises de bénéficier des dernières avancées de la recherche.
niveau de développement, le niveau actuel de concentration est encore trop faible.
Le soutien israélien à l’innovation
Loin de permettre la compétitivité des entreprises françaises et de la France, cette dispersion des
• Le programme «Chief Scientist» soutient la R&D industrielle.
moyens est un frein au développement des industries dynamiques de demain.
• L’objectif est de renforcer les compétences scientifiques et technologiques nationales en créant des passerelles entre univers académique et jeunes entreprises
high-tech.
• Les projets sont soutenus par des prêts pouvant atteindre 90 % du budget.
–
certains projets débouchant sur une exploitation commerciale génèrent
des bénéfices dont une partie est reversée au budget du programme «Chief
Scientist».
–
en 2003, sur un budget de 370 M$, 134 M$ (36 %) provenait de ces redevances.
• Le soutien est concentré : en 2003, trois domaines recevaient plus de 75 % des
aides.
Sources : http://competitivite.gouv.fr/, Tableau de bord des pôles de compétitivité – édition 2010 ; La Tribune, « Notre politique industrielle a été un échec »,
Valérie Segond, 22/12/2010 ; http://www.moit.gov.il/ ; http://www.tamas.gov.il/
Sources : http://competitivite.gouv.fr/poles-en-action-392.html
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5
ORIENTER LES FONDS DE
LA FORMATION CONTINUE
Le rendement décroissant de l’éducation
• Une batterie de critères permet de distinguer les personnes ayant a priori les meilleures
capacités d’apprentissage.
vers Les universités
• Il apparaît que le rendement de l’éducation :
Constat
–
diminue avec l’âge.
–
est plus élevé pour les jeunes ayant des capacités faibles.
–
décroît plus rapidement pour les personnes ayant de faibles capacités.
• La moindre efficacité de la formation professionnelle s’explique par la diminution, avec le
temps, de la capacité à apprendre.
En 2008, 30 Md€ ont été dévolus à la formation professionnelle et à l’apprentissage – en hausse
annuelle de 5 % depuis 2005, pour un montant global s’élevant à 1.5 % du PIB, un niveau relativement
• La formation des jeunes issus de milieux socialement défavorisés et dont les capacités
d’assimilation sont faibles génère les meilleurs résultats.
élevé.
–
La mauvaise adaptation des formations aux besoins, l’éparpillement des ressources et l’absence de
Il semble ainsi souhaitable de déployer un maximum de moyens le plus tôt possible,
notamment par l’augmentation du ratio de jeunes suivant des études dans le supérieur, toutes catégories d’études confondues.
coordination entre acteurs nuisent à l’efficacité d’un dispositif décrié.
Une «formation professionnelle tout au long de la vie» ne prend pas en compte l’existence de rende-
Le rendement net de l’éducation
décroît avec l’âge
ments décroissants des dépenses d’éducation.
Proposition
• Réorienter vers les Universités la moitié des sommes dévolues à la formation continue.
L’objectif de cette mesure est triple : assurer une augmentation naturelle des moyens budgétaires des Universités, les rapprocher du monde de l’entreprise et optimiser l’allocation
des ressources de formation.
Sources : Annexe au projet de loi de finances pour 2011 : la formation professionnelle ; Cour des comptes, La formation professionnelle tout au long de la
vie, octobre 2008
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Sources : Pierre Cahuc, André Zylberberg, Économie du travail : l’impact des réductions de cotisations sociales, Les Cahiers Français, n°327, 2005
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MISER SUR
LA JEUNESSE
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25
6
déclarer la lutte contre l’illettrisme
cause nationale
Proposition
• Organiser, avant l’âge de 10 ans, des cours particuliers réguliers pour les enfants en difficulté
d’apprentissage de la lecture.
Constat
L’illettrisme, entendu comme l’incapacité à faire un usage efficace de la lecture et de l’écriture, touche
– le coût de cette mesure est 17 fois moins important que les gains qu’elle génèrerait.
20 % des Français de 15 ans – un résultat en deçà de la Norvège, des Pays-Bas ou de la Pologne (15
– l’apprentissage serait étalé dans le temps pour permettre un apprentissage efficace, et serait
complété par la mise en place d’un système de détection des écoliers à accompagner.
%), et surtout de la Finlande (8 %).
L’illettrisme a un coût économique puisque moins de personnes sont aptes au travail, entraînant un
important déficit de croissance.
Une étude récente chiffrait pour la seule année 2008 ce coût à un maximum potentiel de 2 300 Md$ aux
– cet apprentissage irait de pair avec l’usage des derniers outils numériques et digitaux disponible.
L’objectif de cette mesure est d’opter pour une lutte active contre l’illettrisme, et de rapprocher la France
des pays les plus performants dans ce domaine (moins de 10 % d’une classe d’âge ne maîtrisant pas
les savoirs de base).
États-Unis – l’équivalent d’une récession permanente.
Apprentissage de la lecture : l’exemple finlandais
Le retard français en matière de lutte contre l’illettrisme ne peut être comblé que par une mobilisation
• Deuxième pays de l’OCDE pour l’apprentissage de la lecture derrière la Corée du Sud, la
Finlande se distingue par un modèle remarquablement équilibré, qui place la pédagogie de
l’enseignement au centre de son modèle éducatif.
nationale de tous les acteurs concernés ; des réformes efficaces permettraient un gain substantiel de
croissance et de bien-être.
Sources : OCDE, Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), 2009 ; McKinsey, The economic cost of the US educational gap, avril
2009
26
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–
un apprentissage basé sur l’entraide et la confiance, plutôt que sur la mise en compétition : les élèves ne sont pas séparés par niveau, ce qui permet une acceptation de la
diversité, une aisance au travail en équipe.
–
des professeurs impliqués personnellement, et de niveau de formation élevé (Master
2 minimum).
–
le plus faible nombre d’heures de cours du monde occidental (~24 heures par semaine).
–
un enseignement qui ne commence qu’à 7 ans.
–
des classes dépassant rarement 20 élèves.
Sources : Association Agir pour l’école ; BBC World News America, Why do Finland’s schools get the best results?, Tom Burridge, 07/04/2010 ; groupe de
travail ; Inspection générale des finances, L’éducation secondaire en Finlande ; Libération, La leçon finlandaise, Véronique Soulé, 08/10/2008 ; OCDE 2010,
Résultat du PISA 2009 : synthèse ; Times, Cost of illiteracy is £2bn a year, 11/12/2006.
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7
DÉVELOPPER FORTEMENT
LA MAÎTRISE DE L’ANGLAIS
Propositions
• Monter à 10h minimum le temps d’apprentissage hebdomadaire de l’anglais – cours d’anglais, ou
cours en anglais.
– la diffusion d’outils pédagogiques basés sur des technologies numériques et digitales représente un levier sur lequel les politiques de demain devront s’appuyer.
Constat
• Cesser de traduire les dessins animés anglo-saxons diffusés en France.
La France est très en retard dans la maîtrise des langues étrangères. 51 % des Français maîtrisent une
ou plusieurs langues, contre 56 % en moyenne dans l’Union européenne, et 85 % en Europe du Nord1.
Ce constat se vérifie de manière alarmante pour l’anglais : seulement 36 % des Français le maîtrisent,
contre 86 % des Danois, 87 % des Néerlandais et 89 % des Suédois.
– offrir une version originale sous-titrée pour permettre une meilleure assimilation.
• Créer des opportunités, pour les étudiants et pour les jeunes actifs, de s’engager à l’international
– lier plus directement les offres de VIE / VAE à l’enseignement supérieur.
L’objectif de ces mesures est d’atteindre un niveau de 80 % de maîtrise de l’anglais pour les classes
d’âge arrivant sur le marché du travail d’ici à 2020.
La maîtrise de l’anglais apparaît
L’anglais, langue de travail des entreprises françaises
pourtant comme un atout décisif
• La maîtrise de l’anglais est aujourd’hui indispensable pour réussir en entreprise, notamment
dans les grands groupes, les filiales anglo-saxonnes, et dans certains secteurs.
dans la mondialisation, dont il
faut doter les générations à venir
–
Les grands champions nationaux se bâtissant souvent par rapprochement avec d’autres
entreprises internationales, l’anglais s’impose comme langue de travail. Ainsi, le Strategy Management Committee d’Air France-KLM, qui prend les décisions stratégiques de
l’entreprise, se tient en anglais.
–
Procter & Gamble, entreprise américaine forte de plusieurs milliers de salariés en
France, privilégie l’anglais : « Si un document de travail ou un courrier électronique
a vocation à être utilisé à l’extérieur de la filiale française, ce qui est relativement fréquent, compte tenu du fonctionnement très international de l’entreprise, il est de facto
rédigé en anglais ».
–
L’aéronautique, par exemple, est un secteur dans lequel la maîtrise de l’anglais est une
condition sine qua non de l’embauche, comme chez Airbus : « Pour travailler ici, c’est
simple, il faut absolument parler anglais, c’est la langue qui unit tous nos salariés qui
sont issus de 80 nationalités différentes. Il y a des tests dès l’embauche ».
– elle permet de travailler pour
les plus grandes entreprises, de
mener des projets internationaux
ou de comprendre ses fournisseurs et ses clients en dehors de
France.
(1) Europe du Nord : Danemark, Finlande, Pays-Bas, Suède ;
Sources : Commission européenne, Special Eurobarometer: ‘Europeans and their languages’, 2006
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Sources : Le Figaro, Les grands groupes français plébiscitent le « globish », C.D., A. Sé., J.F.A., 03/03/2006
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29
8
orientER L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
vers les MÉTIERS LES PLUS PORTEURS
Proposition
Constat
Le chômage des jeunes est beaucoup trop important : près d’un jeune de moins de 25 ans sur quatre
n’arrive pas à trouver d’emploi. Deux raisons semblent en être la cause :
– d’une part, la rigidité du monde du travail est un frein à l’embauche d’une personne sans
expérience professionnelle,
– d’autre part, la relative inadéquation de la formation aux besoins de l’économie ne permet
pas aux entreprises d’embaucher la main d’oeuvre dont elles ont besoin
• Majorer les dotations des Universités en fonction de l’amélioration de leurs performances en matière d’intégration professionnelle de leurs étudiants.
Dans le droit fil de l’autonomie des Universités, cette mesure vient rappeler le lien essentiel qu’elles
entretiennent avec leurs étudiants : c’est grâce à elles qu’ils pourront trouver du travail et s’accomplir
dans le métier qu’ils auront choisi – en ce sens, les Universités ont la responsabilité d’optimiser leurs
chances de trouver un emploi en adaptant les formations aux besoins du marché du travail. Il n’en sera
pas moins nécessaire de sanctuariser une partie de la recherche et des humanités.
Ainsi, comment expliquer qu’il y ait plus de 550 000 chômeurs de 15 à 24 ans – une situation stable
dans le temps – alors qu’il y aurait 500 000 offres d’emploi qui ne trouvent pas preneur ?
Le besoin de réconcilier cursus et marché du travail
Pour miser sur la jeunesse dans la mondialisation, il faut la doter des meilleures chances d’intégrer le
• Le chômage des jeunes s’établit en moyenne à 550 000 chercheurs d’emploi depuis 1975, et
est stable à ce niveau depuis plus d’une vingtaine d’années.
monde du travail.
• Bien que ce chiffre ne soit pas suivi par un organisme officiel, il est admis qu’en France,
chaque année, environ 500 000 offres d’emplois ne trouvent pas preneur.
Taux d’insertion à 30 mois des
diplômés bac + 5
l’opposition de ces deux chiffres semble bien indiquer l’existence d’un important décalage entre la formation académique des jeunes et les besoins du marché du travail.
–
ainsi, en 2010, le tiers des recrutements entrepris sur le marché de l’emploi cadre a été
abandonné ou restait en cours – l’absence de candidatures adéquates était la première
raison de retard dans le recrutement (55 %), et une raison importante de l’annulation de
la campagne de recrutement (1 cas sur 7).
• Il faut au moins deux ans pour monter une formation, alors que les perspectives du marché
du travail évoluent rapidement.
Selon le domaine d’étude, un titulaire
de master n’a pas les mêmes chances
d’accéder à l’emploi cadre
• Le besoin d’adaptation des cursus implique que les Universités se mobilisent.
Sources : EIU country databases ; INSEE ; Le Figaro, Le premier palmarès des universités, Sophie Roquelle, 15/10/2010
30
–
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Sources : Apec, Conjoncture : note trimestrielle de l’Apec, n°33, 4e trimestre 2010.
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9
créer des grandes écoles
des MÉTIERS INDUSTRIELS
ET ARTISANAUX
Constat
Les métiers manuels, qui englobent les métiers artisanaux et industriels, ne bénéficient plus en France
de leur renommée historique, alors qu’ils sont socialement considérés en Allemagne et en Europe du
Nord.
Ce sont pourtant sur ces métiers que la France a en grande partie bâti sa croissance durant les Trente
Glorieuses, et que l’Allemagne construit aujourd’hui son avantage comparatif1.
En 20 ans, la part des emplois industriels dans l’emploi total est passée de 20 % à 14 % : il est urgent
Propositions
• Créer une Grande école par filière industrielle et artisanale d’ici 2017.
– sur le modèle de l’École Vaucanson, créer des formations aux métiers manuels reconnues, basées sur un format Licence-Master-Doctorat (LMD), qui permette les passerelles inter-filières.
– ces écoles seraient regroupées par grands domaines d’activité : métiers de la mécanique, de
la soudure, de l’électromécanique, de l’électricité, etc…
• Doter ces écoles de cours d’affaires et d’anglais et d’une dimension managériale.
– ces étudiants représentent une partie des entrepreneurs de demain – il est important de les
doter de tous les outils nécessaires pour entreprendre.
• Associer, par le tutorat, des entrepreneurs et des personnes d’expérience à ces formations, pour
que les étudiants puissent s’imprégner de leur état d’esprit et de leur savoir-faire.
L’objectif de ces mesures est de rééquilibrer les formations – en volume d’étudiants et en qualité de
l’enseignement – afin de rendre possible la ré-industrialisation de la France.
d’agir, pour que les secteurs à forte valeur ajoutée de demain disposent de la main-d’œuvre nécessaire
La tradition française du compagnonnage
à leur développement.
• Le compagnonnage représente l’excellence à la française et permet aux jeunes d’intégrer
des communautés d’initiés respectant des règles morales et des rites pluriséculaires.
• Les Compagnons du Devoir, l’une des trois associations de compagnonnage, peuvent se
vanter de voir 94 % des 6 000 apprentis qu’ils forment trouver un emploi à l’issue de leur
formation.
(1) L’Allemagne n’a perdu que 10 % de ses emplois industriels entre 1973 et 2007, quand la France en perdait près du tiers (-31 %) ;
Sources : NSEE ; EIU country databases
32
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–
« Le compagnonnage, c’est un savoir-faire et un savoir-être », le compagnon devant
respecter « honnêteté, droiture et justice ».
–
Après son « adoption », « l’aspirant » effectue un tour de France de quatre années
en moyenne, qui le voient travailler dans des entreprises partenaires – l’aspirant
présente alors un « chef-d’œuvre » dans sa spécialité, dont il intègre la communauté.
Sources : AFP, Compagnonnage : une tradition française, mélange d’excellence et de rites, Elahe Merel, 19/11/2010
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10
BAISSer les charges sociales
POuR LE premier emploi
Proposition
• Supprimer les charges sociales la 1ère année suivant l’embauche d’un jeune, pour permettre aux
entreprises de recruter à moindre coût et pour réduire le chômage des jeunes en volume et en
durée.
Constat
• Diviser par deux les charges sociales la 2ème année suivant l’embauche d’un jeune, pour permettre
d’inscrire cette démarche dans la durée et éviter les effets d’aubaine.
Le chômage des 15-24 ans s’établit en France à 23 % des actifs au premier trimestre 2011 – un chiffre
• Ces mesures pourront être financées par ponction de la niche fiscale sur les heures supplémentaires, de manière à donner priorité au passage des jeunes dans le monde du travail.
au-dessus de la moyenne européenne (20 %).
L’objectif de ces mesures est faciliter le passage de témoins entre générations alors que celle du « Baby
Le risque de marginaliser des actifs dès le début de leur vie professionnelle est important. En ce sens, il
Boom » atteint l’âge de la retraite. Selon un sondage Ifop pour KPMG réalisé en décembre 2011, une
semble essentiel de mettre en place toutes les mesures qui pourraient permettre de lutter efficacement
suppression des charges patronales intervenant la première année pour l’embauche d’un jeune de
en faveur de l’intégration des jeunes au monde du travail.
moins de 25 ans, et une réduction de 50% la deuxième année, susciterait l’adhésion des chefs d’entrePar sa capacité à intégrer puis
Situation au regard de l’activité, par âge
à promouvoir ses jeunes dans
prise : avec cette mesure 59% des dirigeants de PME se disent prêts à recruter un jeune, dont 38%
« certainement ».
l’entreprise, l’économie fran-
L’impact de l’allégement des cotisations sur l’emploi
çaise bénéficiera d’une meilleure
intégration des savoirs les plus
• Entre 1993 et 1997, le taux des cotisations patronales sur les bas salaires (de 1 à 1,3 Smic) est
passé de 40 % à 22 % du salaire brut.
récents enseignés dans les Uni-
• L’analyse, fait par Bruno Crépon et Rozenn Desplatz, des résultats de la mesure indique qu’elle
versités et les Grandes écoles.
–
a permis de créer ou de sauvegarder 460 000 emplois : 310 000 (67 %) dans le secteur
des services (+ 5 % des effectifs), 150 000 (33 %) dans l’industrie (+3 % des effectifs).
–
crée un effet de substitution en faveur du travail non qualifié : une réduction d’un point
du coût du travail conduit à une hausse de 0,7 % de la part de l’emploi non qualifié dans
l’emploi total.
• Une telle mesure permet donc de résorber le chômage, en favorisant notamment les chercheurs
d’emploi les moins qualifiés. Il semble ainsi souhaitable de déployer un maximum de moyens le
plus tôt possible, notamment par l’augmentation du ratio de jeunes suivant des études dans le
supérieur, toutes catégories d’études confondues.
Sources : Direction générale du Trésor, Le chômage des jeunes : quel diagnostic ?, lettre du Trésor-Éco, n°92, septembre 2011 ; Les Échos, Les vrais taux de
chômage des jeunes, Daniel Vitry, 11/03/2010
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Sources : Pierre Cahuc, André Zylberberg, Économie du travail : l’impact des réductions de cotisations sociales, Les Cahiers Français, n°327, 2005 ; Bruno
Crépon, Rozenn Desplatz, Une nouvelle évaluation des effets des allègements de charges sociales sur les bas salaires, Économie et Statistique, 2001
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PAROLES D’EXPERTS...
« En matière de commerce internationale
ou de politique étrangère, il n’y a pas de
morale, il n’y a que des intérêts » Mukesh
Aghi, Chaiman & CEO de Steria India
PAROLES DE LYCEENS...
« Il faudra changer la fiscalité pour donner un énorme
avantage aux entreprises qui feraient de nouveaux secteurs
exportateurs à partir du sol français. » Jean-Louis Beffa,
président d’honneur et administrateur de Saint-Gobain
Mondialisation, enseignement des langues, rapports avec l’entreprise, Europe, protectionnisme, les
lycéens prennent le monde tel qu’il est mais ils ont des idées pour l’améliorer.
« La mondialisation existe... elle s’impose à nous...
nous devons nous adapter » Lycée Turgot, Paris
« Dans une économie de marché, ceux qui gagnent, ce ne
sont pas ceux qui s’enferment. Ce sont ceux qui conquièrent »
Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI
« La France [...] a fait le pari des
« vieux » – le budget de l’Éducation
nationale représente 6% du PIB
comme en 1968 alors que ce que la
part consacrée au financement des
retraites est passée de 6 à 14 % »
Denis Kessler, président-directeur
général de la Scor
« Aujourd’hui, on est dans un système où les gens ont le
sentiment que demain sera pire qu’aujourd’hui. Donc ils
s’accrochent à tout ce qu’ils ont parce que ce qu’ils vont perdre
sera perdu pour toujours et perdu pour les générations futures.
Il faut redonner un peu de perspective et donc un peu de
temps et une vision qui doit aussi être une vision industrielle,
une vision de requalification, de l’augmentation de la capacité
éducative » Hakim El Karoui, partner chez Roland Berger
« Sur la formation, la France est avec la Grèce, au dernier rang
en Europe. En dépit des milliards d’euros qui y sont consacré... »
Philippe Herzog, économiste
« Nous sommes déjà dans la mondialisation. Donc, se demander si on
est pour ou contre n’a aucun intérêt. En revanche, on peut se demander
si on est satisfait de cette mondialisation-là » Hubert Védrine
« Il faut insister sur ce dont
les gens doutent le plus, leur
capacité à changer, à s’adapter »
Hubert Védrine, ancien ministre
des Affaires étrangères
« À chaque fois qu’on fait
confiance à un jeune, c’est un
investissement » Patrick Puy,
directeur général adjoint de TDF
« La mondialisation est une opportunité
plus qu’une menace » Lycée Turgot, Paris
« En France, nous sommes trop repliés sur nous-mêmes » Lycée Apollinaire, Thiais
« Dans la mondialisation, il n’y a ni perdants, ni gagnants.
Il faut juste savoir se débrouiller » Lycée Apollinaire, Thiais
« L’anglais qu’on nous enseigne
sert à écrire, pas à parler. Un
lycéen en fin d’études est incapable de tenir une conversation »
Lycée Bossuet, Meaux
« Il faut un apprentissage des
langues beaucoup plus précoce,
comme en Europe du Nord »
Lycée Turgot, Paris
« Il n’y a pas assez de stages en entreprises
dans le cursus scolaire » Lycée Turgot, Paris
« Les entreprises ne prennent pas
suffisamment de jeunes en alternance.
Il faudrait instituer des quotas »
Lycée Apollinaire, Thiais
« Le problème
des exporta-tions
françaises, c’est
qu’on est moyen
dans tout mais
excellent nulle
part »
Lycée Bossuet,
Meaux
« Les diplômes se dévalorisent à cause
des difficultés à trouver un emploi »
Lycée Apollinaire, Thiais
« Le protectionnisme est dangereux,
sauf si il s’exerce au niveau européen »
Lycée Turgot
Sources : auditions menées par le groupe de travail
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LISTE DES MEMBRES DE LA FONDATION
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION
LE CONSEIL SCIENTIFIQUE
 COLLÈGE DE L’INSTITUT
 COLLÈGE DES ENTREPRENEURS
• Gabriel de Broglie, chancelier de l’Institut de France
• Frédéric Bedin (Le Public Système)
• Michel Albert, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences
morales et politiques
• Pierre Bontemps (Coriolis)
• Marcel Boiteux, membre de l’Institut
• Sylvain Forestier (La Maison Bleue)
• Eric Delannoy (Weave)
• Benoît Habert (Groupe Dassault)
 COLLÈGE DES FONDATEURS
• Denis Payre (Kiala)
• Christian Poyau, entrepreneur (Micropole, président de la
Fondation)
• Christian Poyau (Micropole)
• Denis Payre, entrepreneur (Kiala)
• Bruno Vanryb (Avanquest)
• Christian Nouel, avocat (Sarrau, Thomas, Couderc)
LE COMITÉ EXÉCUTIF
• Geoffroy Roux de Bézieux (Virgin Mobile)
• Laurent Vronski (Ervor)
 COLLÈGE DES GRANDES ENTREPRISES
• Eric Boustouller, du Collège des grandes entreprises
• Eric Boustouller (Microsoft France)
• Olivier Duha, président de l’association CroissancePlus
• Guillaume Charlin (BCG)
• François Enaud, du Collège des grandes entreprises
• Alain Dinin (Nexity)
• Sylvain Forestier, du Collège des entrepreneurs
• Benoît Habert, du Collège des entrepreneurs
• Fabrice Henry, du comité directeur de l’association
CroissancePlus
• Sylvain Forestier, du Collège des entrepreneurs
• Arnaud Mourot, du collège de la société civile
• Christian Nouel, secrétaire général de la Fondation Croissance
Responsable
• Denis Payre, du Collège des entrepreneurs
• Christian Poyau, du Collège des entrepreneurs
• Jean François Royer, trésorier de la Fondation Croissance
Responsable
• Mathieu Vedrenne, du Collège des grandes entreprises
• Laurence Ville, délégué général de la Fondation Croissance
Responsable
• François Enaud (Steria)
• Jacky Lintignat (KMPG)
• Alain Mérieux (BioMérieux)
• Vincent Montagne (Medias Participation)
• Frédéric Oudéa (Société Générale)
• Guillaume Poitrinal (Unibail Rodamco)
 COLLÈGE DES REPRÉSENTANTS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
• Julie Coudry (La Manu)
• Jean Kaspar (ancien secrétaire général de la CFDT)
• Dominique Meyer (membre de l’Institut)
• Arnaud Mourot (Ashoka)
• Maria Nowak (Adie)
• Jean-Robert Pitte (membre de l’Institut)
• Jennifer L. Schenker (journaliste)
• Michel Serres (Académie française)
• Nicolas Véron (Institut Bruegel)
• Jean Marc Vittori (journaliste)
• Theodore Zeldin (historien)
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Parmi les entreprises qui soutiennent la fondation :
ALLEN & OVERY, BCG, BIOMERIEUX, KPMG, MEDIA PARTICIPATIONS,
MICROSOFT FRANCE, NEXITY, SOCIETE GENERALE, STERIA, TOTAL,
LA FRANÇAISE AM, UNIBAIL RODAMCO,…
Nous remercions plus particulièrement le Boston Consulting Group
pour sa contribution à la réalisation de ce document
et l’Institut BVA pour sa participation au forum.
Maquette : Inzemoon – [email protected]
Dessins : Xavier Gorce
| 33, boulevard Malsherbe | 75008 Paris |
| Tél. : 01 56 88 59 48 | www.croissance-responsable.fr | Edition 2012 |