Fiche HDA Tintin_On a marché sur la Lune

Transcription

Fiche HDA Tintin_On a marché sur la Lune
Période historique : XXème siècle
Domaine artistique : Art du langage
Présentation générale
Titre :
On a marché sur a Lune
Date :
1954
Dessinateur / scénariste :
Hergé (1907-1983), de son vrai nom Georges
Rémi, est un dessinateur belge considéré comme
le père de la bande dessinée européenne. Il
devient rédacteur en chef du Petit Vingtième, un
supplément de bande dessinée du journal le
Vingtième Siècle en 1928. En 1930, il publie le
premier album des aventures de Tintin avec Tintin
au pays des soviets. Au cours de sa carrière, il ne
cessera d’améliorer sa technique graphique et de
se documenter pour écrire de nouvelles aventures
souvent en lien avec l’actualité.
Nature :
Bande dessinée
On a marché sur la Lune est le 17e album
des 24 albums des aventures de Tintín.
Mouvement artistique :
La « ligne claire » ou « style Tintin » est une méthode graphique élaborée par Hergé. Elle est
caractérisée par des contours noirs d’épaisseur régulière et une absence d’effets d’ombres et
de lumière.
Contexte (historique, culturel, politique) :
Contrairement au roman d’anticipation de Jules Verne De la Terre à la Lune (1865) et
des romanciers de science-fiction qui le succéderont, On a marché sur la Lune n’est pas une
œuvre fantastique, mais s’appuie sur l’actualité. Hergé a tout lu sur le sujet et s’est entouré de
conseillers techniques pour écrire son aventure afin de rejeter tout ce qui pouvait relever de
l’imaginaire. C’est en 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, que la conquête de l’espace
démarre lorsque le scientifique allemand Wernher Von Braun réussit à propulser une fusée A4,
plus tard rebaptisée V2, à 85 km d’altitude.
À la fin de la guerre, Von Braun et ses collaborateurs se rendent aux Américains qui
décident de les laisser poursuivre leurs travaux aux États-Unis afin de profiter des recherches
lancées par Hitler. Une compétition pour la conquête de l’espace avec l’URSS va alors
s’installer dans le cadre de la Guerre froide. Il n’y a pas d’affrontement direct, car les deux
puissances craignent la guerre nucléaire, mais chacun cherche à affirmer sa suprématie en
montrant sa supériorité scientifique par exemple. En 1954, les États-Unis et l’URSS sont en
compétition pour savoir qui placera le premier un satellite en orbite autour de la Terre.
Présentation détaillée
L’histoire démarre dans l’album précédent Objectif Lune paru en 1953. Le professeur
Tournesol, un scientifique qui a rencontré le jeune reporter Tintin au cours d’une aventure
précédente, invite ce dernier ainsi que son meilleur ami le capitaine Haddock à le rejoindre en
Syldavie (un pays d’Europe de l’Est inventé par Hergé). Tintin et le capitaine Haddock
découvrent alors que le Professeur travaille dans un centre de recherche atomique pour y
construire une fusée dans le but d’aller sur la Lune. À l’effarement du Capitaine, le professeur
Tournesol leur suggère d'être du voyage !
Dans l’album suivant, On a marché sur la Lune, Tintin, le professeur Tournesol, le
capitaine Haddock, et Milou bien entendu, ont décollé et se dirigent la Lune. L’équipage va
alors vivre une aventure inédite dans l’espace et sur la Lune. Avant de rentrer sur Terre, Tintin
et ses amis doivent affronter un espion envoyé par une puissance étrangère qui s’est infiltré
clandestinement dans la fusée avec l’aide de Wolff, l’assistant du professeur Tournesol.
I)
On a marché sur la Lune : une réalité historique ?
A. Les avancées technologiques des années 1950
Le centre de recherche atomique
de Sbrodj ressemble fortement à
l’usine de séparation d’uranium
d’Oak Ridge (ci-contre) aux ÉtatsUnis créée dans une région isolée
en 1943 dans le cadre du Projet
Manhattan qui créa la première
bombe atomique.
La fusée lunaire d’Hergé reprend la structure et les dessins à
carreaux de la fusée V2 (ci-contre) développée par l’Allemagne
nazie. L'origine du damier est due à une pratique des ingénieurs
pour observer les mouvements de la fusée au décollage.
Le professeur Tournesol explique que la fusée utilise des moteurs à
propulsion nucléaire quand elle est dans l’espace permettant ainsi
d’atteindre une vitesse de 45km/sec. Dans la réalité, les fusées
actuelles n’utilisent pas le nucléaire en raison du danger, mais les
projets de vols habités vers Mars envisagent la propulsion nucléaire.
Pour sortir de la fusée, Hergé fait revêtir ses personnages d’une
combinaison lunaire afin de supporter les -77°C de moyenne et l’absence
d’oxygène.
Les équipements mis en place par le professeur
Tournesol sont des instruments d'optique et des
caméras. Un observatoire sur la Lune a en effet été
envisagé pour profiter des conditions favorables à
l'observation astronomique en l'absence d'une
atmosphère. Cependant, c’est plutôt sur la face
cachée de la Lune que les télescopes devraient
être placés afin d'éviter la présence gênante de la
Terre dans le ciel.
B. L’atmosphère de la Guerre froide
L’histoire d’espionnage qui s’installe au fil de l’intrigue et qui
prend toute son importance à la fin de l’expédition lunaire
reprend parfaitement l’atmosphère de la Guerre froide avec
les tensions entre le bloc de l’Ouest pro-américain et le bloc
de l’Est pro-russe.
La Syldavie semble être du bloc de l’Ouest, car elle apparait
comme un pays libéral et ouvert sur l’extérieur puisqu’elle fait
appel à des scientifiques étrangers comme le professeur
Tournesol. La Bordurie d’où est probablement envoyé
l’espion est clairement présentée comme un régime
totalitaire communiste du bloc de l’Est dans l’album suivant
des aventures de Tintin L’Affaire Tournesol (1956).
Même si dans l’histoire du XX e siècle aucun espion russe n’a
jamais tenté de s’emparer d’une fusée américaine,
l’espionnage afin de connaître les toutes dernières avancées
technologiques de l’ennemi était très important durant la
Guerre froide.
II)
On a marché sur la Lune : une réalité scientifique ?
A. Les lois physiques
Le
scaphandre
semble
extrêmement lourd, mais la
pesanteur sur la Lune est six fois
moins forte que sur la Terre. En
effet, Hergé a parfaitement
anticipé cette sensation de
légèreté sur la Lune due au fait
que la Lune est beaucoup moins
grosse que la Terre et donc
l’attraction lunaire qui attire les
corps et plus faible que l’attraction
terrestre.
B. Les connaissances astronomiques
L’astéroïde Adonis existe bien. C’est une énorme
masse rocheuse d’environ 1 km de diamètre qui
gravite autour du soleil, mais elle ne se trouve pas
entre la Terre et la Lune. En revanche, il est arrivé
effectivement que des navettes spatiales doivent
procéder à des manœuvres d’évitement de débris
spatiaux. En hommage à l’auteur de On a marché sur
la Lune, il existe un astéroïde qui porte le nom
« Hergé » !
L’absence de son sur la Lune due à l’absence
d’atmosphère et donc d’air pour transporter les bruits est
bien représentée. Tintin et le capitaine Haddock se
rendent compte de la chute d’une météorite à quelques
mètres derrière eux, sans qu’ils l’aient entendue.
La présence de grottes et de cavernes est attestée
sur la Lune, par contre il n’y a jamais eu d’eau à
l’état liquide à cause de l’absence d’atmosphère.
En revanche, la présence de glace pure est encore
incertaine, puisque récemment une sonde a détecté
des traces de glaces dans les régions polaires.
Hergé réalise une œuvre du 9 e art d’une grande qualité tant pour la maîtrise graphique
que pour l’intrigue et l’humour. Il faudra attendre 1969, pour que l’américain Neil Armstrong,
quinze ans après Tintin, marche sur la Lune. Mais, l’histoire d’Hergé n’est pas pour autant une
œuvre de science-fiction. Sur le plan historique, l’atmosphère de la Guerre froide est bien
représentée et les avancées technologiques récentes sont parfaitement utilisées. Sur le plan
scientifique, le respect des lois physiques et des connaissances astronomiques est plutôt
remarquable. Des erreurs existent, mais comment en vouloir à Hergé alors que la première
image de la face cachée de la Lune n’a été obtenue qu’en 1959.