Situation économique et financière de la Roumanie au premier
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Situation économique et financière de la Roumanie au premier
Situation économique et financière de la Roumanie au premier trimestre 2016 La croissance économique de la Roumanie s’est accélérée en 2015 à 3,8% du PIB, grâce au dynamisme de la consommation des ménages et la reprise de l’investissement. L’entrée en vigueur du Code Fiscal devrait soutenir cette dynamique, grâce notamment à la réduction de la TVA de 24 à 20% en 2016. La réforme fiscale dans son ensemble ainsi que les différentes mesures sur les salaires dans la fonction publiques adoptées fin 2015 remettent néanmoins en question la trajectoire de consolidation budgétaire du pays à moyen terme. Le déficit budgétaire devrait ainsi s’établir à 2,9% (ESA) dès 2016, et pourrait atteindre 3,4% en 2017 selon la Commission européenne. Une croissance soutenue en 2015 par la consommation des ménages et la reprise de l’investissement, alimentées par une politique fiscale pro-cyclique 1. Une croissance vigoureuse en 2015 ainsi qu’au premier trimestre 2016 Après avoir atteint 3% en 2014, le rythme de croissance de l’économie roumaine s’est accéléré en 2015 pour atteindre 3,8% du PIB, soit l’un des taux les plus élevés de l’Union Européenne. La demande des ménages est restée le premier moteur de la croissance, avec une contribution de 4pp, soutenue par la baisse du taux de la TVA sur les produits alimentaires de 24 à 9%, par la hausse du salaire minimum (+15,7%), par les hausses de salaires dans la fonction publique, la reprise du crédit ainsi que par la faible inflation. La consommation privée a ainsi alimenté la hausse des importations (+7%). L’investissement est reparti à la hausse (+8,8%), après une forte détérioration en 2014, à travers notamment l’accélération de l’absorption des fonds européens pour la clôture de la programmation budgétaire 2007/2013. Du côté de l’offre, la croissance a été soutenue par le secteur des services (53% du PIB), notamment grâce à la contribution du commerce (15,8% du PIB) et du secteur de l’information et de la communication (5,6% du PIB). Ces deux secteurs ont bénéficié de l’accélération de la demande interne, voyant ainsi leur volume d’activité progresser de respectivement 6,4% et 11,8% en 2015. Le volume d’activité de l’industrie (23,2% du PIB) a progressé de 2% en glissement annuel. A noter la reprise de l’activité dans le secteur de la construction (+8,8%). La croissance devrait rester vigoureuse en 2016 et s’établir à 4,2%1, par l’effet conjugué de la hausse de la consommation des ménages, portée par l’entrée en vigueur du Code Fiscal (baisse de la TVA de 24 à 20% au 1er janvier 2016) ainsi que par l’augmentation du salaire minimum de 19% au 1er mai 2016. L’investissement privé devrait également s’accélérer, favorisé par les allégements fiscaux. L’investissement public devrait quant à lui ralentir, en raison de retards dans l’ouverture des lignes de financement des programmes opérationnels pour la période 2014/2020. En outre, les données pour le premier trimestre 2016 ont été meilleures qu'escomptées, puisque la croissance du PIB s'établit à 4,3% en glissement annuel (contre 3,8% en moyenne anticipé par les économistes de la place). 1 Selon les dernières estimations de la Commission Européenne (prévisions de printemps), du FMI et du gouvernement roumain. Juin 2016© DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN ROUMANIE SERVICE ECONOMIQUE DE BUCAREST 1 Le taux de chômage reste stable en 2015 à 6,8% de la population active. Cependant, seulement 61,4% de la population en âge de travailler (15-64 ans) est insérée sur le marché de l’emploi, avec de fortes disparités entre hommes et femmes et entre zones rurales et zones urbaines. 2. Augmentation du déficit courant La Roumanie enregistre un déficit du compte courant de 1,8 Md EUR en 2015 (1,1% du PIB), en hausse de 156% par rapport à 2014, par l’effet conjugué de la hausse de 22% du déficit de la balance des biens, à 7,8 Mds EUR, et de la hausse du déficit de la balance des revenus primaires (+96%) à 3,7 Mds EUR. La balance des services, dont l’évolution est très dynamique depuis 2012 (+176% en montants cumulés), reste excédentaire, en hausse de 17% à 6,9 Mds EUR. A noter, la forte hausse de la balance des revenus secondaires (+70%), à 2,8 Mds EUR, qui comprend notamment les transferts de fonds des travailleurs roumains à l’étranger ainsi que les versements perçus du Fonds Social Européen. Cette tendance semble se poursuivre sur le premier trimestre 2016, avec un déficit du compte courant s’établissant à 1,5 Md EUR (0,9% du PIB projeté). L’impact sur la stabilité du système bancaire de la nouvelle loi sur les prêts hypothécaire devra être surveillée en 2016 1. Poursuite de la politique monétaire accommodante Dans un contexte d’inflation négative depuis juin 2015 (-0,9% fin décembre) du fait principalement de la réduction du taux de TVA sur les produits alimentaires, la BNR a abaissé le taux directeur à 1,75% en mai 2015. L’inflation annuelle s’établit à -3% à la fin du premier trimestre 2016, suite à la baisse du taux de TVA de 24 à 20% au 1er janvier 2016. En mai dernier, la BNR a revu ses prévisions d’inflation à la baisse. Elle devrait s’établir à 0,6% fin 2016 contre 1,4% estimé lors des dernières prévisions de février, et à 2,7% fin 2017, contre 3,4% précédemment. La BNR poursuit par ailleurs la restructuration des bilans des banques, qui ont considérablement accéléré l’apurement de leur portefeuille de prêts non performants (NPL). Le taux de ces prêts est ainsi passé de 22,2 % en avril 2014 à 13,5% en mars 2016. En outre, la Banque Centrale a décidé de lancer auprès de l’ensemble des banques en 2016 une revue de la qualité des actifs bancaires (Asset Quality Review), et de conduire des tests de résistance (stress tests) conformément à la méthodologie de l’Autorité Bancaire Européenne. 2. Nouvelle loi sur les crédits hypothécaires La mise en application de la loi sur les crédits hypothécaires (loi « Datio in Solutum », promulguée en mai 2016), qui ouvre la possibilité pour un emprunteur de liquider complètement sa dette issue d’un prêt immobilier en transférant la propriété du bien immobilier au prêteur, pourrait avoir des effets déstabilisateurs sur le système bancaire roumain. Plusieurs institutions internationales ont fait part de leurs réserves, la Banque Centrale Européenne, la BNR, le FMI ainsi que la Commission européenne estimant notamment que l’entrée en vigueur de la loi constituerait un risque majeur pour la stabilité macroéconomique de la Roumanie et que son application rétroactive pourrait avoir un impact négatif sur la croissance du crédit et la confiance des investisseurs, notamment étrangers, ainsi que des consommateurs. Juin 2016© DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN ROUMANIE SERVICE ECONOMIQUE DE BUCAREST 2 La détente fiscale ainsi que la perspective des élections législatives de novembre 2016 pourraient entraver la consolidation budgétaire à moyen terme La Roumanie a poursuivi sa consolidation budgétaire en 2015, réalisant une performance meilleure que prévue. Elle a dépassé son objectif de déficit budgétaire, qui était fixé à 1,45% du PIB, pour atteindre 0,7%. Bien que les recettes budgétaires aient augmenté de 11% en valeur en 2015, notamment grâce à la hausse des recettes issues de la collecte de la TVA (+ 12,8%) et des impôts sur le revenu (+12,6%), l'amélioration du déficit public est principalement attribuable aux modalités de l'exécution budgétaire. En effet, la Roumanie enregistrait un surplus budgétaire de 1,28% du PIB sur les 10 premiers mois de l'année. L'essentiel de la dépense s'est donc, comme en 2014, effectué sur les deux derniers mois de l'année, à travers notamment l'augmentation des dépenses de personnel imputables aux hausses de salaire dans la fonction publique accordées en 2015, ainsi qu'à l'accélération des paiements aux bénéficiaires de projets sur fonds européens, pour la clôture de la programmation 2007/2013. Selon le programme de convergence transmis fin avril à la Commission européenne, le déficit budgétaire s'établira à 2,9% du PIB en 2016. Ce chiffre prend en compte l'impact du nouveau code fiscal (-2 Mds EUR) et des différentes mesures d’augmentation des dépenses approuvées en 2015, notamment les hausses de salaires des fonctionnaires (-2,9 Mds EUR). Pour mémoire le code fiscal adopté en septembre 2015 prévoit la réduction du taux de TVA de 24 à 20% en janvier 2016, puis à 19% en 2017, ainsi que du taux de TVA pour les services de livraison d’eau potable et l’irrigation agricole de 24 à 9%, la baisse du taux d’imposition des dividendes de 16 à 5% et la différenciation de taxation des microentreprises en fonction du nombre d’employés en 2016. La suppression de la taxe sur les constructions spéciales introduite en 2014, ainsi que la suppression des accises supplémentaires sur les carburants sont prévues pour 2017. A court terme, la perspective des élections législatives (novembre 2016) pourrait avoir un impact sur la trajectoire budgétaire notamment si des ordonnances étaient prises avant les élections pour anticiper l'entrée en vigueur de certains allègements fiscaux. Cependant, au regard des modalités d'exécution budgétaire de ces dernières années, les dépenses d'investissement envisagées pour 2016 pourraient être plus faibles que prévu, compensant ainsi une éventuelle baisse de revenus. Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Juin 2016© DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN ROUMANIE SERVICE ECONOMIQUE DE BUCAREST 3