Autrefois N°08 - Juin 2015

Transcription

Autrefois N°08 - Juin 2015
OFFERT
n°8
Lyon et le lyonnais ont une grande
histoire. La voici...
Première année
JUIN 2015
VACHER EXÉCUTÉ
Aux environs
de Lyon
Ce mois-ci
TASSIN
...voir page 10
BESSENAY
L’almanach
1760
Note de la rédaction :
La retranscription de ce texte est originale.
Elle est écrite en “Français classique”
utilisé entre la renaissance et le XVIIIe
siècle. Ce “Français classique” donnera
naissance au “Français moderne” parlé
depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours.
Illustration de l’exécution de Joseph Vacher : Journal Autrefois ©2015 - Colin Tissot
L’édition de l’almanach de Lyon, de 1760,
offre la description des villes, bourgs,
villages, seigneuries, fiefs, rivières et
montagnes des provinces du lyonnais, du
forez et du beaujolais. Voici ce que l’on
peut trouver pour la commune de Bessenay.
par Olivier Gros-Chevallier
EDITO
Chers lecteurs,
L’exécution de Joseph Vacher le 31 décembre
1898 marque la fin de l’épopée extrêmement
sanglante d’un homme âgé de 29 ans,
responsable de ses actes, conscient du mal qu’il
pouvait engendrer sur son prochain et qui a
essayé de fuir ses responsabilités en tentant,
avec l’aide de son avocat, de feindre la folie. Et
si tout cela n’était pas la stricte vérité, et si tout
cela n’était qu’un procès où le condamné est
déjà condamné, et si tout cela n’était qu’une
vaste mascarade judiciaire et policière qui
craque sous la pression populaire qui n’attend
qu’une chose : se débarrasser au plus vite de ce
démon qui nous ressemble tant car tellement
humain. Comme toujours les questions
méritent d’être posées en profondeur, seule la
hâte et le refus de l’introspection commune font
prendre de mauvaises routes. Vous retrouverez,
à ce titre, un excellent mémoire, qui nous a
été confié par le Docteur Jean-Pierre Luauté,
membre de la Société Française d’Histoire
de la Médecine, au cœur de notre dossier.
Bourg-en-Bresse
note pittoresque et bien significative dans les
groupes que l’on rencontre de toutes parts.
Les conversations, il est inutile de le dire,
roulent toutes sur l’événement du jour, et
tout le monde exprime sa satisfaction de voir
enfin arriver, pour le misérable, le jour du
châtiment.
EXÉCUTION DE VACHER
AVANT L’EXÉCUTION
Vacher, le sinistre tueur de bergers dont les
crimes ont jeté l’épouvante dans un grand
nombre de départements et dont l’arrestation,
les aveux et le procès ont défrayé pendant
si longtemps la chronique, a été exécuté ce
matin, à sept heures, sans aucun incident.
C’est au Champ-de-Mars que doit avoir lieu
l’exécution. Le Champ-de-Mars est un assez
vaste plateau quadrangulaire, situé en face de
la caserne et bordé d’arbres dont les branches
serviront tout à l’heure de refuge à une foule
de gamins et de curieux. L’aspect, à la nuit, est
sinistre, et le décor convient bien à la scène
qui va se dérouler dans quelques instants.
C’est là, d’ailleurs, qu’avait eu lieu la dernière
exécution capitale faite à Bourg, il y a une
trentaine d’années, celle de Blanc-Gonnet qui
avait assassiné sa bienfaitrice pour la voler.
Deibler et ses aides sont arrivés hier matin
avec les bois de justice. Ils sont descendus à
l’Hôtel de Genève, et, selon son habitude,
le bourreau s’est enfermé chez lui et n’a plus
bougé de la journée.
Ce qui forme le gouvernement
de Lyon, l’un des douze grands
Gouvernemens(1) de France, étoit(2)
autrefois habité par les Ségufiens(3),
peuples célèbres dans les Gaules,
auxquels les Romains laifferent leur
liberté, même après les avoir vaincus ;
Segufiani Liberi(4). Cette contrée qui
fe diftinguoit alors par fon amour
pour une prérogative toujours
chère à l’humanité, mérite peut-être
aujourd’hui encore plus d’éloges
par fon attachement à fes maîtres.
À la tenue des Etats du Royaume
en 1614(5), le Gouvernement de
Lyon comprenoit l’Auvergne, le
Bourbonnois & une partie du Nivernois.
Pour avoir été, au cours de ces six derniers mois,
au coeur de ce morceau de vie datant d’un peu
plus d’un siècle, je me permets d’avancer les
quelques réflexions suivantes : Joseph Vacher
a commis des atrocités insoutenables, c’est un
fait ; le juge d’instruction Émile Fourquet, âgé
de 36 ans lors de cette affaire, a fait montre
d’un sang froid et d’un professionnalisme
remarquables, il a tenté de véritablement
comprendre l’homme, Joseph Vacher, au delà
des forfaits immondes commis par ce dernier ;
de nombreux experts et spécialistes ont rendu
leur avis lors d’un procès retentissant ; malgré
cela, il faut avouer que la question de la folie
demeure, en tout cas pour moi. Mais alors,
quand sommes-nous fous ? Est-ce que Vacher
aurait pu connaître la rédemption au sein
de l’humanité, tout en restant incarcéré ad
vitam æternam ? Si oui, il n’était pas fou donc
responsable ; si non, il aurait été enfermé à vie
dans un asile de haute sécurité. Nous n’en aurons
jamais le cœur net, la machine infernale de
Louis Deibler a séparé la tête du corps à 7 h 02.
… suite page 20
...suite page 6
Bonne lecture
31 décembre 1898
L’ASPECT DE LA VILLE
Lorsque nous arrivons à Bourg, la petite
ville présente une animation extraordinaire.
L’annonce de l’exécution de Vacher, publiée
dès le matin par tous les journaux, a attiré
en ville une foule de curieux, et, toute la
journée, les trains n’ont cessé de déverser des
voyageurs que la perspective d’assister aux
derniers moments du terrible chemineau
avait fait affluer de tous les points de la région.
Les cafés et les hôtels regorgent de monde et
les blouses des paysans bressans jettent une
Autrefois n°8
La graphie de ce texte est fidèle à l’original.
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Le Progrès, le Salut Public, L’Indépendant,
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Chronique des campagnes
...suite de la page 1
Il comprend aujourd’hui feulement le
Lyonnois, le Forez et le Beaujolois.
Son étendue eft de vingt-cinq
lieues(6) du midi au nord, & de feize
lieues de l’orient à l’occident. Il eft
confiné au nord par le Bourbonnois
& la Bourgogne, à l’occident par
l’Auvergne, au midi par le Vivarais &
le Velay, & à l’orient par le Dauphiné,
la Breffe et la Dombes. Le Rhône
fépare le Lyonnois du Dauphiné ;
& de l’autre côté de ce fleuve, la
feule Paroiffe de la Guillotière
eft du Gouvernement de Lyon.
PROVINCE DE LYONNOIS
Le Lyonnois eft la première Province
du Gouvernement. Il eft borné au
nord par le Beaujolois ; à l’occident
& au midi, par le Forez ; & à l’orient
par le Dauphiné, la Breffe, le FrancLyonnois & la Dombes. Son étendue du
midi au nord, c’eft-à-dire, depuis St.
Chaumond(7) jufqu’à la ville d’Oingt,
eft de plus de dix lieues ; et de l’orient
à l’occident, depuis Lyon jufqu’à la
Bourdelière(8) fur le chemin de Feurs,
d’environ fix lieues. Ses principales
Villes font Lyon, St. Chaumond, Anfe,
Condrieu, Charlieu, S. Symphorienle-Château(9) & Tarare. Le climat y
eft tempéré & la terre affez fertile.
BESSENAY
Bourg & paroiffe dans le Lyonnois,
diocèfe de Lyon, archiprêtré(10) de
Courzieu, élection(11) de Lyon. Ce bourg
eft fitué dans les confins de l’ancienne
baronnie de Savigny, à 4 lieues(12) de
Lyon ; il y a une place publique affez
jolie ; on y tient 4 foires, le mercredi
après Pâques, le 12 mai, le 17 août,
& le 22 décembre. Les poids & les
mefures font les mêmes qu’à Lyon ; il
y a quelques tifferands ; la paroiffe eft
arrofée par la Brévenne ; on y compte
700 communians(13), et on y cueille du
vin et du bled(14). L’Églife eft sous le
vocable de faint-Irénée. Le prieur(15) de
Courzieu nomme à la cure, & partage la
dîme(16) avec plufieurs autres feigneurs.
Curé, 1759, M. Garel. Il y a à 300
pas du bourg une chapelle rurale,
fous le vocable de faint-Irénée. La
plus grande partie de cette paroiffe
dépend de la justice du Mas(17), dans
la paroiffe, et le refte dépend de la
juftice de Chamouffet & de celles du
chamarier(18) de Savigny, du prieur
de Courzieu & du doyen de Lafnay;
il y a un fief nommé le Jabert(19).
POUR ALLER PLUS LOIN :
Gouvernement et gouvernemens, le
pluriel d’un certain nombre de mots
avec une terminaison en “ent” se voit
ôter la lettre “t”, d’où cette orthographe.
(2)
Il faut lire “était” en français moderne.
(3)
Tous les “s” du texte prennent la forme du “f”, il
faut donc lire les Ségusiens, peuple celte de notre
région. La capitale des Ségusiens était Feurs.
(4)
Segufiani Liberi : le peuple libre
(5)
27 octobre 1614 : ouverture des États-Généraux
de Paris, qui marquent l’échec définitif de
la représentation nationale auprès de la
monarchie. Aux États-Généraux, le président
du bailliage d’Auvergne, Jean Savaron,
(1)
6
mandaté par le Tiers État, décrit en présence
du jeune roi la misère des ruraux de sa région.
(6)
Lieue : La lieue (de Paris) ou nouvelle
lieue, était l’unité de mesure entre 1674 et
1793. Elle correspond à 3,898 kilomètres
soit dans le texte : 97,45 kilomètres.
(7)
Saint-Chaumond, Saint-Chamond actuellement, dans la Loire. La ville de Saint-Chamond doit son nom à un évêque de Lyon
(Saint Ennemond) et à une évolution de
son nom mais pas de Saint-Chaumond, il
doit donc s’agir d’une erreur typographique.
(8)
La
Bourdelière,
lieu-dit
de
Saint-Laurent-de-Chamousset.
(9)
Saint-Symphorien-le-Château,
ancien
nom
de
Saint-Symphorien-sur-Coise.
(10)
Archiprêtré : Partie d’un diocèse gérée par
un archiprêtre ; dans l’Église catholique,
archiprêtre est un titre honorifique attribué
à un prêtre, en général le curé d’une église
importante, de l’église principale d’une ville
ou d’un ensemble de paroisses, ou encore
d’une cathédrale ou une basilique
(11)
Élection : En 1760, nous sommes sous
l’Ancien Régime, “l’élection’’ (aussi appelée
pays d’élection) est une subdivision,
en matière fiscale et financière, d’une
“généralité’’, une “généralité’’ étant une
circonscription administrative. Dans le
cas de Chaponost, les décisions, quant à la
répartition des impôts au niveau local, se
prenaient avec l’aide des élus, en relation avec
le représentant du gouvernement royal ou
avec l’intendant de Lyon. Ces représentants
du gouvernement royal étaient élus par
les États généraux, d’où le nom : élection.
(12)
Quatre lieues : Environ seize kilomètres.
(13)
Communians : Les communes françaises
sont nées à la Révolution. Auparavant, on
parlait de paroisses dans lesquelles habitaient
des communiants. Communiant : subst.
Celui qui communie. Il y a eu tant de
communians à Pâques dans telle Paroisse,
tant de communians à Noël. Il signifie aussi,
Ceux qui sont capables de communier, en âge
de pouvoir communier. Il y a tel nombre de
communians dans cette Paroisse (source : Guichet
du savoir / Dictionnaire de L’Académie française, 4th Édition (1762))
Bled
:
Ensemble
de
céréales.
Le statut de prieur est une dignité
administrative et hiérarchique au sein d’une
communauté religieuse chrétienne. Le
prieur remplace l’abbé, en cas d’absence;
il n’est pas comme l’abbé, nommé à vie, et
peut même redevenir simple moine. (Wikipédia)
(16)
La dîme ou dime (du latin decima, dixième)
est une contribution (10%), habituellement
en soutien d’une œuvre chrétienne.
(17)
En date du 6 mai 889, le cartuaire de
Savigny mentionne le village de Bessenay
et pendant longtemps le village dépendra
de cette Abbaye. A cette même époque,
Bessenay fut aussi le chef lieu d’une justice
seigneuriale dont le seigneur résidait
au château du Mas.(Source : Mairie de Bessenay)
(18)
Chamarier : Dignité ecclésiastique à Lyon.
(19)
Le Jabert : Actuellement un lieu-dit, à l’extrême
sud de Bessenay, à côté de la Giraudière.
(20)
Définition des titres honorifiques :
Abbé Commendataire : Séculier dont le
bénéfice a été donné par le roi pour une abbaye
régulière avec permission de disposer des fonds.
Juge : Le juge seigneurial est d’abord le
représentant officiel du seigneur et préside,
à ce titre, toutes les réunions d’habitants.
Comme officier judiciaire, il est juge unique,
chargé, par conséquent, de juger mais aussi
d’instruire les affaires : il rend des sentences
et des ordonnances, préside aux enquêtes
civiles et criminelles, aux conseils de famille
et édicte même des règlements de police ;
Procureur fiscal : Dans une seigneurie, le
(14)
(15)
propriétaire noble confie son administration
à un intendant qui est en charge des recettes,
des dépenses et de la comptabilité. Ce rôle
est souvent dévolu au procureur fiscal,
l’équivalent du percepteur de nos jours ;
Greffier : Il est à la fois le secrétaire et
l’archiviste de la justice seigneuriale. Il
rédige les jugements, il les expédie aux
parties, il dresse le procès-verbal des
interrogatoires, il procède aux inventaires
et aux ventes des biens mobiliers, à
la poursuite des successions vacantes.
Lieutenant : Il est le responsable du
maintien de l’ordre dans une ville.
Source : Description du Gouvernement de Lyon (Extraite
de l’Almanach de Lyon de 1760) [Attribuée à Lemoine,
archiviste du Chapître de Lyon, par M. Péricaud
ainé]. Bibliothèque municipale de Lyon - Cote 45266
Craponne
XXe siècle
Follis, une famille de passionnés
La marque Follis, du nom de son créateur,
prend naissance de l’autre côté des Alpes
dans le village d’Alpignano près de Turin, en
Italie. En effet, Joseph Follis, ouvrier chez
FIAT dans le secteur du vélo, fonde sa propre
affaire en 1903, en fabriquant des cadres
et des bicyclettes sous la marque J. Follis.
Durant les années 20, les Italiens traversent en
grand nombre la frontière pour venir travailler
dans les départements français proches de
l’Italie. Joseph s’installe donc à Lyon dans le 3e
arrondissement; il travaille chez un fabricant de
cycles et conçoit, en parallèle, des cadres de vélos
de course de très bonne qualité qu’il brase au
fond de son jardin. Son fils, François, bien que
très jeune, travaille avec lui et porte beaucoup
d’intérêt aux cycles. Les établissements Follis
s’installent alors 44 rue du Dauphiné puis
du 10 au 16 rue Danton à Lyon, dans leurs
propres murs. Pendant la 2e Guerre Mondiale,
François Follis prend la direction de la Société
et l’oriente vers une industrialisation de plus
en plus importante qui la conduira assez
rapidement à devenir la plus grosse production
Lyonnaise de cycles. La gamme couvre alors tous
les besoins, de la bicyclette très bon marché à la
machine de très haute qualité et au Tandem.
En 1947, Joseph décède d’un accident
de moto au guidon de sa machine
personnelle de la marque Dollard.
Tout de suite après la seconde guerre, il n’y
Joseph Follis - Mont Verdun - 1956 - Coll. Privée Follis
a qu’un pas entre le vélo et le vélomoteur et
la marque va se laisser séduire par l’aventure
motocycliste. Il y a, à cette époque, une très
forte demande de deux roues pour les jeunes.
Les bâtiments de la rue Danton sont trop petits.
En 1950, François Follis achète un
terrain à Craponne pour y construire
l’usine destinée à sa nouvelle ambition
: devenir un véritable constructeur de
motocyclettes
de
façon
industrielle.
Cette nouvelle unité sera uniquement réservée
à la construction de cyclomoteurs et de
motocyclettes, les vélos resteront rue Danton.
Au plus fort des années 50 et à l’âge de 33 ans,
François est à la tête de l’usine de Craponne
qui emploie jusqu’à 250 ouvriers et culmine
avec une production de 100 motorisés par jour.
Marcel Follis, frère de François, crée sa propre
affaire dans ces années-là, en prenant la suite des
Cycles FIOL, dont la fabrication de porte-bagages
est la grande spécialité. Il s’installe à Oullins.
Les frères Follis, François et Marcel, fils de
Joseph, ont donc réussi leur reconversion.
Le fils aîné de François, qui porte le même
prénom que son grand-père, est dessinateur
à l’usine, c’est un visionnaire. C’est lui qui
crée les modèles des motos Gnome & Rhône
construites chez Follis, par exemple les R4D,
R4F et R4S. Elles sortent aussi sous la marque
Follis, toujours équipées d’un moteur Gnome
mais avec une dénomination différente. Il
dessine et réalise pour son petit frère Louis la
première moto de sport de 49cc à moteur Sachs
et équipée de pédales rendues obligatoires par la
loi des cyclomoteurs de 49cc. Joseph ne supporte
pas que son jeune frère circule en cyclomoteur.
Cette machine très fine, légère, épurée est à
l’image de tout ce qui se construit chez Follis.
Joseph Follis ne se contente pas de concevoir
des machines, il construit aussi des prototypes,
les essaye et participe même à des courses en
parallèle avec des pilotes officiels Follis de
l’époque. Les grandes marques nationales de
motos eurent de grandes craintes en voyant le
mariage réussi de Follis avec Gnome & Rhône.
Grâce à une usine moderne, équipée d’une chaîne
d’émaillage (peinture) mais aussi de montage
et d’emballlage car une grosse production est
destinée à l’export, la gamme Follis, au milieu
des années 50, est très complète, même si ce
constructeur se limite à la fabrication des parties
cycles et monte sur les cyclomoteurs des moteurs
Lavalette, Marquet, VAP... et sur les motos,
des moteurs Ydral, Gnome & Rhône, JLO,
Sachs, NSU, Ultima, AMC et même Chaise.
Pour épauler Joseph, l’ingénieur Hongrois
Meriath dessine certains cyclomoteurs; il est à
l’origine d’une partie de la série des machines
Follis, ainsi que du très beau prototype V35
dont le cadre est en aluminium coulé et
le moteur un Ydral horizontal. Ces motos
simples, légères et épurées sont à l’image des
cycles et de toutes les fabrications futures.
À partir de 1951, c’est l’apogée de la société qui,
avec pas moins de 250 employés, produit 600
vélos et 2000 motos de différentes cylindrées par
mois, distribués par 200 agences et 3500 points
de vente en France. Follis est le 4e constructeur
Français derrière Peugeot, Motobécane et Terrot.
Les vélos restent de fabrication urbaine tandis
que l’usine de Craponne, qui tourne à plein
régime, est réservée à la gamme d’engins
motorisés qui s’étend du vélomoteur à la moto.
En 1955, lors du 53e “Paris-Roubaix”, la société
Follis voit sa consécration dans le vélo avec la
victoire de Jean Forestier dans la boue de “l’Enfer
du Nord” devant Coppi, Bobet et Gauthier.
Par ailleurs, la victoire d’une moto Follis 175
cm3 au grand rallye “Lyon-Charbonnières” de
l’époque, vient parachever le tableau de chasse.
Mais avec la guerre d’Algérie, la mécanique
Autrefois n°8
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Chronique des campagnes
“se grippe” et l’activité des motocycles tout
d’abord, est définitivement interrompue en
1959. Comme pour la majorité des marques
françaises, la branche moto chez Follis disparaît
début 1960, suite à la guerre d’Algérie qui
provoque, en quelques semaines, l’annulation
des commandes par les jeunes appelés. C’est
aussi le cas de Joseph qui quitte l’usine pour
36 mois de service militaire en Algérie. Il
revient pour déménager l’usine de Craponne.
Celle-ci est alors vendue à Teppaz, une autre
société qui a marqué cette époque. François se
retranche dans son usine de la rue Danton où
se fabriquent toujours les vélos, sa vraie passion.
Par ailleurs, avec la démocratisation des
voitures, les vélos ne trouvent plus autant
de clients. “…il devenait ridicule de se
promener à vélo, quand les premiers jeunes
pouvaient désormais rouler en automobile…”
Joseph reste à Craponne où il monte son premier
atelier de mécanique; la tête toujours pleine
d’idées, il va mettre au point une fabrication de
Karts en kit de 50 et 100 cm3 à moteur Lavalette
et Ydral; il est précurseur en la matière. Son frère
Louis se retranche avec son père François, à Lyon,
pour lancer une société qui importera d’Italie et
diffusera des machines pour la transformation
des métaux essentiellement destinés au Cycle.
Joseph produira les outillages de ces machines.
Jusqu’en 1970, pour faire le “dos rond”, face
à une conjoncture très difficile pour tous
les fabricants de cycles, Follis va satisfaire
à la demande du moment en réalisant des
bicyclettes bas de gamme. C’est la fin d’une
époque. Entre 1970 et 1972, avec un net
regain d’intérêt du marché américain pour
des randonneurs avertis, une référence en termes
de sérieux et de qualité de la fabrication. Les cycles
Follis fermeront leurs portes définitivement en
2007 après plus de cent ans au service du cycle.
Joseph, au début des années 70, passionné de
mécanique et de course automobile, lancera
la fabrication d’une monoplace de catégorie
Formule Libre (F3) équipée d’un moteur de
1300cc Gordini destinée à la course de côte,
puis une Barquette équipée d’un moteur
V12 Ferrari tiré de la célèbre 250 GTE 2+2
de 1960. Elle sont très performantes en
matière de châssis et de suspensions mais la
mécanique Ferrari n’est pas adaptée à la course
de côte. Il n’y aura donc que deux prototypes.
Au début des années 80, François visionnaire
construira les tout premiers V.T.T; l’idée vient
des USA, ils s’appellent Mountain Bike. Joseph
n’y croit pas beaucoup et pourtant cette nouvelle
variété de cycles va ouvrir un marché qui fera, à
nouveau, exploser les ventes de vélos en France.
François le visionnaire est détenteur de nombreux
brevets d’invention; il a toujours voulu faire de
ses entreprises un véritable nid d’affaires dans
lequel chaque membre de sa famille pouvait
trouver sa place. C’est une véritable holding du
cycle que François a créée. Une société achetait
la matière première en Italie, une autre importait
les machines outils pour transformer cette
matière, une troisième fabriquait les outillages
permettant de transformer la matière et enfin,
en bout de chaîne, la société des cycles Follis
fabriquait des cycles et des tandems destinés
en partie au marché Américain en plein essor.
François Follis, après avoir voué toute sa vie
au service du cycle, s’est éteint en février 1986.
À la campagne
Dimanche 25 février 1844
Fermeture de la chasse
Un arrêté de M. le préfet du Rhône fixe au
10 mars prochain la clôture de la chasse.
Givors
Mercred
i 21 mars 1888
Accident
François Follis - Moto Dollar - Coll. Privée Follis
la petite reine, de nouvelles opportunités
s’ouvrent mais très vite la production
du sud-est asiatique emporte le marché.
En 1973, la fille de François, Myriam Follis
et son mari, Jean-Claude Chollet, reprennent
définitivement l’entreprise de cycles qui fabrique
de très beaux vélos de course et de randonnées,
dans les aciers les plus nobles du marché mais
aussi des tandems pour lesquels ils remporteront
pendant plusieurs années consécutives le titre
de champion du monde des constructeurs.
Ils réalisent une modeste production de cycles
et de tandems, fabriqués selon des critères de
qualité et de fiabilité toujours très appréciés
des passionnés amoureux de belles machines
relativement classiques. De nombreux tandems
sont exportés vers les états-Unis d’Amérique
et, contrairement à François, Jean-Claude et
Myriam ont pour objectif la satisfaction et
le plaisir plutôt que la production de masse.
De nos jours, la Maison Follis reste, dans le monde
8
Hier soir, à 2 heures, un vieillard âgé de 84
ans, habitant Grigny, traversait le Gier sur une
planche située derrière l’atelier de Fives-Lille,
lorsqu’il perdit l’équilibre et tomba dans la rivière.
Le Gier qui roule furieusement ses eaux à cet
endroit, entraînait le vieillard sans qu’il puisse
prendre pied, lorsqu’un homme témoin de
l’accident put l’amener à bord en saisissant une
canne que le veillard avait gardée à la main.
C’est la quatrième fois que pareille chose arrive
en cet endroit depuis une dizaine de jours.
Givors
Mercedi 11 janvier 1826
Assassinats en série
Il paraît qu’une bande de malfaiteurs désole
nos environs. Dernièrement trois personnes
ont été assassinées sur la route de Rive-de-Gier
à Givors. Un habitant de Lyon a été attaqué
sur cette même route par trois individus ; mais
doué d’une force peu commune, il s’est échappé
des mains de ces brigands malgré deux coups
de couteau qu’ils lui avaient donnés. Il s’est
traîné jusqu’à l’auberge de la Maison-Neuve.
Un autre voyageur, parti de Lyon depuis
quinze jours, n’a pas donné de ses nouvelles,
quoique son voyage ne dût pas être de long
cours. Inquiétés par ce silence, ses parents ont
envoyé inutilement plusieurs personnes sur
ses traces. Il avait aussi suivi la route de Rivede-Gier. On attribue ces actes criminels à des
malheureux désespérés par le manque d’ouvrage.
Brignais
Dimanche 22 janvier 1826
Meurtre
Un voyageur a été volé et assassiné avec une
arme à feu sur la route de Lyon à St.-Etienne
près de Brignais. Des charbonniers accourus
au bruit de la détonation, se sont emparés
des deux assassins qu’ils ont livrés à la justice.
Réclame
1888
Le véritable Rob Lechaux
Beaucoup de gens se suicident, chaque jour,
sans faire usage d’arme à feu ni de poison : ils se
laissent seulement mourir… On a de temps en
temps des troubles de la digestion, des tristesses
indéfinissables, des bouffées de chaleur, des
éblouissements, mais cela passe rapidement et on
se figure être bien portant. Cependant, un jour,
la maladie vous terrasse brusquement. Pourquoi
? Parce que le sang était un peu vicié, âcre ou trop
faible pour remplir son rôle dans l’économie.
Tout cela serait évité si l’on savait faire usage en
temps voulu du véritable Rob Lechaux, préparé
par M. Lechaux, pharmacien à Bordeaux…
Cet excellent tonique, aussi agréable qu’efficace,
régularise les fonctions digestives, dissipe les
ballonnements du ventre, donne à l’homme la
santé, la joie, la gaîté, parce qu’il assainit et régénère
le sang, dans lequel tous les organes puisent les
éléments nécessaires à leur bon fonctionnement.
Tout cela est expliqué dans une petite
étude fort intéressante (44e édition), sur la
régénération du sang, que M. Lechaux envoie
gracieusement à ceux qui la demandent.
Il expédie aussi franco 3 flacons pour 12
francs et 6 flacons contre 21 francs, mandat.
Monts du lyonnais
Mercredi 8 mars 1826
Mines
Les montagnes de notre département renferment
une grande quantité de minéraux qui auraient
dû depuis longtemps, attirer l’attention des
savants et des minéralogistes, outre les mines de
Chessy et de Saint-Bel, si belles et si productives,
tous les jours, on en signale de nouvelles, qui
ne peuvent qu’accroître les richesses de notre
département, et le rendre plus remarquable.
Déjà nous avons fait connaître la découverte faite
près des aqueducs de Chaponost d’une mine de
plomb sulfuré dont l’existence était indiquée
par un large filon de baryte sulfaté. Aujourd’hui
nous devons en signaler une nouvelle, de plomb
sulfuré argentifère, dont M. Maurice-Ange de
Marnas, avocat à Lyon, a demandé la concession
à M. le préfet. Elle est située sur les communes
de Propières, Poule, Chenelette et Claveisole.
Grâces soient rendues aux propriétaires qui
consentent à faire quelques sacrifices, pour
arracher aux entrailles de la terre les trésors qu’elle
recèle ! Leurs heureuses spéculations, en faisant
leur bien particulier font aussi le bien général.
Givors
Lundi 12 mars 1888
Crue
Pendant cette nuit,
le Rhône a crû
subitement de plus de 1m50 ; Il
continue aujourd’hui son mouvement
ascensionnel, bien que plus lentement.
Un voiturier qui, hier soir, avait laissé deux de
ses tombereaux chargés de cailloux sur le bord
du Rhône; ce matin, ceux-ci étaient couverts
d’eau jusqu’aux trois quarts de leur hauteur,
et ils sont maintenant entièrement submergés.
Rive-de-Gier
Mercredi 8 mars 1826
Incendie dans une mine
Une mine de bouille à Rive-de-Gier vient
de s’enflammer. Sept ou huit ouvriers qui y
travaillaient ont été victimes de cet accident.
Les propriétaires de nos mines attendrontils de nouveaux malheurs pour adopter les
lampes à la Davy(1), au moyen desquelles le
gaz consumé à mesure qu’il se dégage ne peut
plus causer de détonations dangereuses ?
POUR ALLER PLUS LOIN :
Lame Davy : La lampe Davy est une lampe à
combustible dont la flamme est entourée d’un
grillage fin. Sans ce grillage, la flamme aurait pu
enflammer les gaz de la mine, ou les poussières
(coup de grisou ou coup de poussière). En
effet, les flammes ne traversent pas les grillages
fins. Le métal absorbe la chaleur de la flamme.
Ainsi refroidie à proximité du grillage, la
flamme ne peut pas le traverser.(Wikipedia)
(1)
Autrefois, tous les
mois dans
les boîtes aux
lettres
et en dépôt
dans les établissements
et commerces de
bonne tenue de
Lyon-ouest
et du pays lyonnais
Autrefois n°8
Chronique des campagnes
de Craponne ; la route et le pont construits
sous Louis XVI : enfin la route rectifiée
et le pont actuel, d’où l’on a une fort belle
échappée sur le vallon de Francheville
que traverse le viaduc du chemin de fer.
Cet endroit a été longtemps un des
passages redoutés des voyageurs. Il fallut
même y établir un poste permanent de
gendarmes, et la maison qui s’élève au bord
de la vieille route, sur la gauche du ruisseau,
est encore appelée “la Gendarmerie”.
AUX ENVIRONS DE LYON
1892
TASSIN
Tassin et Charbonnières sont limitrophes ;
naguère, les deux ne formaient même
qu’une paroisse. Il n’est, cependant, pas
possible d’imaginer des territoires ayant,
de l’un à l’autre, moins de moyens directs
de communication. Notez que la nature,
en faisant couler une petite rivière de
Charbonnières à Tassin, avait bénévolement
indiqué le tracé d’une route courte et plane,
qui, au surplus, aurait beaucoup facilité
la circulation des voitures entre Lyon et
l’établissement des eaux. Mais les intéressés se
Ancienne église de Tassin
sont obstinés à fermer les yeux, et le chemin de
fer seul a eu l’idée d’utiliser cette indication.
Placé en dehors des grandes routes, isolé
de Charbonnières, Tassin était connu de
quelques chercheurs, lorsque le chemin de fer
y plaça une station. Je vous promets qu’il se
dédommage bien de l’abandon séculaire où il
était laissé ! La gare est une des plus fréquentées
du tronçon ; les trains sont nombreux et, le
dimanche surtout, une foison de voyageurs,
à chaque arrivée, remplit les chemins.
“À Tassin, entendais-je dire à un
paysan de Sainte-Consorce, ébahi de
10
ce mouvement, on croirait toujours
que le monde sortent(sic) de la messe”.
Tous ces arrivants ne restent pas à Tassin : le
petit bourg ne suffirait pas à les recevoir. Au
bout de dix minutes, ils se sont éparpillés, se
dirigeant, qui vers Saint-Genis-les-Ollières,
le Tabagnon ou le Chapoly, qui vers le
Méridien et la partie haute de Charbonnières.
D’ailleurs, Tassin lui même n’est plus dans
Tassin. Depuis qu’un décret lui annexa
la Demi-Lune, l’ancienne commune
est dans la situation où se trouverait la
Belgique, si on lui annexait la France.
Le sol, fait d’une roche granitique, que
les glaciers, aux âges préhistoriques, ont
recouvert d’une boue mêlée de cailloux,
était resté, presque en entier, à l’état de bois
et de broussailles. Ce sont les grands travaux
de voirie du siècle dernier, l’ouverture des
nouvelles routes de Paris par le Bourbonnais
et de Bordeaux(1), qui ont déterminé le
défrichement de ces terrains. La plaine s’est
peu à peu couverte d’habitations. Au point de
jonction de ces deux voies, l’agglomération de
la Demi-Lune, dont trois communes, Lyon,
Écully et Tassin, se partagent les maisons,
est en passe de devenir une petite ville. Mais
pourquoi “Demi-Lune”, puisque la place
est circulaire ? Voilà de quoi nous rendre
indulgents pour les étymologistes que nous
accusons parfois de forcer le sens des mots.
Il se forme aussi un groupe appelé à prendre
quelque importance, dit l’Étoile d’Alaï, aux
abords du pont - ou plutôt des ponts du
même nom-. Car nos ingénieurs, désireux
d’atténuer la double pente que subit la route
de Bordeaux, dans la traversée du vallon
d’Alaï, ont établi, en amont de l’ancien pont,
un viaduc supprimant la moitié de la côte.
L’endroit a ceci de particulier, de présenter,
intacts et juxtaposés les uns aux autres, trois
tracés de route, correspondant à diverses
époques : le vieux chemin de fer, par lequel
on franchit l’eau à gué - Alaï, à l’aye, vers
l’eau - qui n’est autre que l’ancienne voie
d’Aquitaine et qui passe auprès du Tourillon
J’ai risqué plus haut, pour Alaï, une étymologie
qui ne sera pas admise par tout le monde.
Mon savant confrère, Nizier du Puitspelu(2),
indique le nom de l’alisier, qui, en patois, se
dirait alaï : ce serait donc le pont des alisiers.
Tassin est une des rares communes, situées
dans le rayon nord-ouest de Lyon, qui n’aient
pris leur nom ni d’un saint, ni d’un personnage
latin. Les romanistes à outrance ont voulu, il est
vrai, le dériver de stationarii, soldats formants,
d’après Menestrier, la garde permanente du
commandant romain, et rattacher l’origine
du village au camp de Marc-Antoine.
Mais une récente étude de M. Philippon
montre la parenté évidente qu’à Tassin avec les
nombreux Tesson, Teyssonnière, Tassenière,
Tassigny. Il faut chercher l’étymologie
commune de ces noms de lieux dans Taxoneriæ,
tannières à blaireaux, à taissons. Les deux mots
taisson et taissonnière ont, du reste, obtenu
droit de cité dans le dictionnaire de Littré.
Tassin faisait partie du comté de Lyon et,
à ce titre, était la résidence d’un chanoine
mansionnaire. Une ferme, située sur l’ancien
chemin qui descend du village, pour se
diriger vers Saint-Genis, porte encore,
sur le cadastre, le nom de la “Mansion”.
Tassin était le siège de la paroisse dont
Charbonnières formait une parcelle. Il ne
reste, de l’ancienne église, que la tour carrée,
couverte d’un toit à quatre pentes, selon
le type usité dans le Lyonnais. La nouvelle
église, romane, sans aucun compromis
avec le prétendu gothique à la mode,
dresse sa flèche de pierre, qu’on prendrait
- n’était la couleur des matériaux - pour
une œuvre des temps passés, tant le style
en est sobre et pur. Clair Tisseur fecit(3).
C’est au delà du bourg qu’il faut chercher le
Tassin de la villégiature et de la promenade,
dans les ravins boisés, le long des ruisseaux
pleins de rocs moussus. Les bords du Ratier, qui
descend de Saint-Genis, sont particulièrement
fréquentés, en semaine, par les peintres ; le
dimanche, par les dîneurs, dont on retrouve les
garde-manger sous forme de journaux froissés.
À la première heure, vous y verrez même des
baigneurs et des pêcheurs à la ligne. Si l’eau
trouble est réellement favorable à la pêche, la
présence de ces derniers s’explique ; mais celle
des baigneurs ? Enfin, je ne discuterai pas sur
le plaisir des uns ni des autres. J’ai moi-même
- il y a bel âge de cela ! - voulu tâter de la pêche
à la ligne, mais ma vocation n’eut pas durée.
J’avais d’abord essayé des épingles recourbées,
sans obtenir rien de bon ; le poisson se dérobait
d’un bon bien compris. Enfin, je me procurai
des hameçons. Du premier coup, je sens que
ça mord. Je tire vivement et envoie ma proie
sur le gravier. Horreur ! mon poisson se met
à courir, entraînant la ligne que j’ai lâchée
avec effroi. J’avais pêché une salamandre !
Cet exploit de mon enfance avait lieu dans
la rivière de Charbonnières, qui, grossie de
maints ruisseaux, vient justement s’adjoindre,
en dernier, le Ratier, en bas de Tassin, pour
aller se perdre dans l’Yzeron, vers Francheville.
Tout ce canton, fleurant bon la prairie, les
bruyères et les bois, est hérissé de maisons,
grandes ou petites, embusquées dans les
arbres. C’est Tibur, à trente minutes de Lyon.
(Source : Aux environs de Lyon - Monsieur Josse
- Librairie Dizain et Richard - 1892 - Cote 6900
ZO
BLE
-
Bibliothèque
de
Lyon
Part-Dieu)
POUR ALLER PLUS LOIN :
La Demi-Lune : au croisement des routes
nationales de Paris par le Bourbonnais
(Ex Nationale 7) et la route de Bordeaux
par Clermont-Ferrand (Ex Nationale 89).
(2)
Nizier du Puitspelu : Clair Tisseur (27
janvier 1827–30 septembre 1896), plus
connu sous le pseudonyme de Nizier du
Puitspelu, est un écrivain et architecte
français natif de Sainte-Foy-lès-Lyon,
dans le département du Rhône, en France.
(3)
Fecit : Troisième personne du singulier du
parfait de “facio” qui veut dire faire, donc
Clair Tisseur(2) a fait (en tant qu’architecte).
(1)
Les ponts d’Alaï - 1892 - Aux environs de Lyon - Cote 6900 ZO BLE
Autrefois n°8
Camille* - 20 ans - Craponne
Tous les mois,
je lis Autrefois
* Cette photo n’est pas un montage.
Les personnes et les textes représentent
des situations réelles.
Passionnant
tout simplement
Les communes voisines de Lyon
Collonges
Dimanche 18 mars 1888
Accident au tunnel de Collonges
Le nommé Brazzy, ouvrier maçon travaillant au
tunnel du chemin de fer de St-Clair à Collonges,
a eu la jambe fracturée par un convoi de déblai.
Après un pansement fait par le médecin
de la Compagnie, le blessé a été
transporté à l’hôpital de la Croix-Rousse.
le danger comme écarté. La pompe à vapeur
n’eut donc pas à fonctionner et repartit.
Elle était à peine sur le quai qu’un nouveau
cri d’alarme se fit entendre. Un épais rideau
de flammes venait d’illuminer tout le
troisième étage, occupé par MM. Lanier,
mécanicien au P.-L.-M., et Forest, chef de
train; on dut mettre de nouveau une pompe
en batterie pour éteindre ce second incendie.
A une heure ½, les pompes se retiraient.
Les dégâts, couverts par des assurances,
notamment la Compagnie du Phénix,
sont évalués à 16,000 francs(1) environ.
Les causes de l’incendie paraissent accidentelles.
L’immeuble appartient à Mme Peronnin.
Mme Veuve Cosonna devait vendre son
fonds aujourd’hui même. La pauvre femme
est désespérée de ce douloureux contre-temps.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Si l’on tient compte des différentes variations
de l’inflation et des monnaies entre 1888
et 2014, la somme de 16 000 francs
correspond de nos jours à 43 680 euros.
(1)
La Mulatière
Jeudi 22 mars 1888
Bateau en Détresse
Le bateau Méditerranée, de la Compagnie
Génerale de Navigation, descendait la Saône
hier, allant prendre un chargement à Beaucaire.
Arrivé sous le pont de la Mulatière, une
conduite à vapeur éclata, produisant un bruit
épouvantable, qui mit le quartier en émoi.
La machine ne pouvant plus fonctionner, le
bateau s’en alla à la dérive et vint heurter l’avant
contre la digue du barrage de la Mulatière.
La coque fut trouée; les grosses barres
de fer, ainsi que les palettes formant la
roue gauche, furent littéralement broyées.
Aussitôt les secours arrivèrent, et on put
jeter l’ancre devant le quai de la Mulatière.
Vaise
Vendredi 23 mars 1888
Incendie
Un violent incendie s’est déclaré, hier soir,
vers 11 heures, dans la maison portant
le n° 34 de la rue de Paris, tout près
de la gare de Vaise. Mme Ve Cosonna,
propriétaire d’une épicerie-restaurant, au
rez-de-chaussée, était au lit lorsque soudain
elle entendit sa bonne qui l’appelait.
Une
épaisse
fumée
remplissait
la
chambre et dans le magasin on entendait
les
crépitements
de
l’incendie…
Affolée, Mme Cosonna se vêtit à la hâte et courut
dans l’allée, frappant contre la porte du magasin
voisin occupé par M. Gauthier, serrurier.
M. Gauthier se leva et essaya à son tour de
pénétrer dans l’épicerie. A ce moment, une
épaisse colonne de flammes et de fumée
sortait de la devanture. M. Gauthier cria
: Au feu ! au feu ! et alla en toute hâte
prévenir les pompiers de la 5e compagnie.
La pompe de la gare et celles de Vaise et de
Serin furent rapidement mises en batterie
sous les ordres du capitaine Ponchon, et
l’incendie fut vigoureusement attaqué.
Déjà le feu avait gagné le plancher
du premier étage, où se trouvent les
appartements de MM. Vidal, chef monteur
au chemin de fer, et Leblanc, mécanicien.
On put heureusement circonscrire le feu à cet
endroit, et lorsque la pompe à vapeur, sous les
ordres du capitaine adjudant major Viretton
arriva, vers 11 heures ½, on pouvait considérer
12
Vénissieux
Samedi 24 mars 1888
Arrivée du tramway
Les habitants de la commune de Vénissieux
apprendront avec un sensible plaisir que
la ligne de tramways (à vapeur), de Lyon à
Vénissieux (bourg) va enfin être construite.
M. le maire de notre commune, qui vient de
nous donner cette bonne et fraîche nouvelle,
nous a dit que le dossier de cette grosse
affaire était à Paris, que la Compagnie avait
bien voulu accepter les modifications qui
ont été apportées à son cahier des charges
par les soins du ministère des travaux
publics, et que M. le Préfet du Rhône lui
avait assuré son concours pour obtenir, dans
quelques jours, le décret d’utilité publique.
Vénissieux (bourg), tête de ligne de
tramways !!! les eaux, le gaz; il ne manquera
plus rien, et tout fait espérer, pour
notre commune, une ère de prospérité.
Sénozan (Saône et Loire)
Mercredi 28 mars 1888
Un habitant de Vaise se tue
Hier matin, à onze heures, un grave
accident est arrivé à la gare de Sénozan.
Le train de marchandises numéro 2,047
était en manoeuvre depuis quelques
instants pour laisser des wagons à cette gare.
En voulant atteler les deux parties
du train qui devaient continuer sur
Mâcon un conducteur chargé de ce
travail s’est introduit entre les tampons.
Malheureusement, cet employé a sans doute
mal calculé son affaire, car il a été pris entre
deux tampons au moment de leur contact.
Le malheureux est tombé comme foudroyé.
C’est le nommé Joseph Couillerot,
habitant à Vaise, père de cinq enfants.
Ce même employé avait été déjà, il
y a quelques années, victime d’un
accident de chemin de fer, où il avait été
grièvement
blessé
à
la
tête.
Tassin-la-Demi-Lune
Mercredi 28 mars 1888
M. le maire répond
Nous avons reçu de quelques habitants
d’Ecully un petit questionnaire en deux points
nous demandant pourquoi le sieur Machinau,
propriétaire d’un omnibus de voyageurs
faisant le service entre le Pont-d’Ecully et
la Demi-Lune, qui avait l’autorisation de
prolonger son service jusqu’aux Trois-Renards,
n’avait point reçu de réponse affirmative
et s’il était vrai que M. le maire de TassinLa-Demi-Lune, interrogé à ce sujet par un
membre de son conseil, aurait répondu qu’il
ne serait pas donné suite à cette demande.
M. le maire de Tassin nous fait savoir qu’il
n’a jamais eu à refuser aucune autorisation
de ce genre, attendu que tout voiturier a
le droit en payant les droits de régie de
pousser jusqu’aux Trois-Renards, si bon lui
semble, et qu’en second lieu n’ayant jamais
été saisi officiellement par aucun conseiller
de la question, il n’a pas eu à y répondre.
Vendredi 30 mars 1888
M. le maire répond...la suite
Nous recevons la lettre suivante :
Dans l’article que vous avez inséré le 28
courant, concernant le questionnaire qu’un
certain nombre d’habitants des Trois-Renards
ont adressé à M. le maire de Tassin-la-DemiLune, au sujet du prolongement jusqu’aux
Trois-Renards, du service de la voiture de
M. Machineau, je vous dirai, M. le gérant,
que c’est par erreur que M. le maire de
Tassin vous fait dire que ce sont les habitants
d’Ecully qui ont signé cette pétition.
Je vous dirai à ce sujet qu’il n’y a point de votre
faute, car les signataires, par discrétion, n’ont pas
jugé à propos de faire légaliser leurs signatures.
Mais je vous confirme que sur cette pétition, il
n’y a qu’une signature d’Ecully, c’est celle de M.
Micoud, directeur de l’Institution Fulton, et
que tous les autres signataires sont propriétaires
ou restaurateurs à Tassin-la-Demi-Lune.
Lesdits signataires n’ont pas pensé non plus
qu’il était nécessaire que M. le maire dût se
trouver en plein conseil pour qu’un conseiller
de la commune pût lui parler officiellement.
La Demi-Lune
Samedi 31 mars 1888
Panique à l’église
Grand émoi, hier soir, parmi la gent
cléricale prosternée suivant la coutume
annuelle devant l’autel du “Jeudi Saint “.
Au moment où les nombreux et pieux fidèles
se frappaient la poitrine en envoyant au
ciel leurs meâ culpa, le Saint-Esprit jugea à
propos de descendre parmi les croyants et il
descendit avec une telle rapidité qu’il renversa
quelques bougies brûlant en son honneur.
En un clin d’oeil, le feu se communiqua
aux fleurs artificielles et autres ornements
entassés sur le saint autel, détruisant
sans vergogne l’oeuvre des dévotes.
De là une panique générale qui donna
lieu à un sauve-qui-peut précipité.
Aucun accident sérieux, fort heureusement,
n’a eu lieu et, grâce au sang-froid et à la
présence d’esprit de quelques citoyens, le
feu a été promptement éteint; quelques
instants après, il ne restait de tout cela
que beaucoup de bruit et pas de fumée.
La Demi-Lune
Samedi 19 mai 1888
Vol
Avant-hier matin, à 9 heures, se présentait
à l’hôtel Badole, aux Trois-Renards (DemiLune), un individu mais avec une certaine
élégance et se disant voyageur de commerce.
Après s’être fait servir à déjeuner, il allait
faire une course à Saint-Genis et revint
le soir; il dîna puis monta se coucher.
Le matin, Mme Badole entendit du bruit
dans la chambre; elle monta en toute hâte et
surpris cet individu en train de dévaliser la
malle d’un nommé Jean Pelosson, manoeuvre.
Elle fit immédiatement prévenir la gendarmerie.
Pendant ce temps, notre individu prit la
fuite et fut rattrapé sur la route d’Ecully
par MM. Benoît et Antoine Mélinand,
marchands bouchers, aux Trois-Renards.
C’est un nommé N…, qui, paraîtil, n’en est pas à son coup d’essai.
N… a dérobé dans la malle de Pelosson un portemonnaie contenant 3 fr. 35. Il a été écroué.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Si l’on tient compte des différentes
variations de l’inflation et des monnaies
entre 1888 et 2014, la somme de 3,35
francs correspond de nos jours à 9,15 euros.
(1)
La Demi-Lune
Mardi 22 mai 1888
Acte de Courage
Jeudi dernier, vers une heure de l’aprèsmidi, un break portant plusieurs dames et
attelé d’un cheval de boucher descendait à
toute vitesse la route nationale de la DemiLune, lorsque, vers le pont du chemin
de fer, le cheval pris le mors aux dents.
Le conducteur, en voulant retenir l’animal,
fut jeté à terre et se trouva pris dans les guides.
Un accident effroyable était sur le point de
se produire, lorsqu’un courageux citoyen
qui passait là par hasard, M. Bardel fils, de
la Demi-Lune, se jeta bravement à la tête
du cheval emporté et, non sans avoir risqué
sa vie lui-même, parvint à le maîtriser.
Ce même citoyen, qui n’en est pas à son
premier sauvetage, a tué samedi dernier,
sur la route de la Demi-Lune à Saint-Just,
un chien enragé qui venait de mordre une
quarantaine d’animaux de son espèce.
Tous nos éloges à ce courageux citoyen,
qui certainement ne sera pas oublié.
Autrefois n°8
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vous
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si vous
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TRACÉS
TECHNIQUES
Chronique de L yon
Lyon
Mercredi 1er février 1826
Avis
Un capitaliste aisé et qui est aussi
propriétaire, offre une association pour une
entreprise industrielle quelconque, dont
il fournira l’emplacement, situé à trois
lieues de Grenoble, sur une grande route,
et pourvu de chutes d’eau intarissables,
et en telle abondance et hauteur qu’on
le désirera ; de plus, de vastes bâtiments
déjà construits, et la faculté d’en établir
de nouveaux à peu de frais. La commune
où est le site dont il s’agit, ou les environs,
peuvent fournir à bas prix, environ trois
ou quatre cents bras de tout âge et sexe,
selon la destination qu’on leur donnerait.
S’adresser pour les renseignemens de
détail et l’indication plus positive, à
MM. Miege frères, rue-Puits Gaillot,
n.° 31, qui recevront les propositions.
Lyon
Vendredi 13 janvier 1826
Vol par ruse
Il y a quelques jours, une véritable piété avait
conduit à l’église madame D….. Sa prière
achevée, elle se lève, cherche une tabatière
d’or qu’elle avait mise, à côté d’elle, sur son
prie-dieu. Mais soin inutile ! elle a disparu.
Est-elle tombée ? un mendiant d’église
en a-t-il fait sa proie ? En ce moment, un
homme bien vêtu, au maintien composé,
au visage bénin, qui jusque-là avait paru
absorbé dans un saint recueillement,
s’approche, et, d’un ton patelin, s’informe
des causes de l’inquiétude de madame D…..
et lui offre ses services. Madame D…..
presque consolée par tant de complaisance,
se répand en remerciements et s’empresse de
donner son adresse à l’ officieux personnage.
Quelques jours après, madame D….. invitée
à dîner chez une de ses parentes, laisse sa
maison sous la garde d’une domestique.
Une heure était à peine écoulée, que
l’homme de l’église se présente. - Je dîne,
dit-il, avec madame D….. chez madame
R….. sa parente. Celle-ci a besoin de douze
couverts d’argent; ces dames m’envoient les
demander, et, pour marque de ma mission,
madame D….. m’a remis sa tabatière. Comment la fidèle gouvernante n’auraitelle pas cru à la réalité d’un tel message
? Elle donne ce qu’on lui demande, et
l’argenterie va rejoindre la tabatière.
Nouvelle preuve qu’il ne faut pas
toujours se fier à un extérieur dévot, et
même à une mine d’honnête homme !
Lyon
Vendredi 24 février 1826
Notice historique :
Gouvernement municipal de Lyon
Après que les Gaulois, les Romains, les
Francs et autres barbares qui s’étaient
transplantés dans les Gaules, se furent à
peu près fondus en une seule nation (la
nation française) ; après que les différents
états élevés dans la Gaule eurent été
réunis, ou par la force ou par la ruse, au
royaume primitif de France, les individus
de ces peuples mélangés étaient toujours
justiciables d’après les lois de la tribu à
laquelle avaient appartenu leurs pères.
Lorsque le débile Charles-le-Chauve eut
rendu les comtés héréditaires, ses faibles
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successeurs ne purent empêcher les comtes
de secouer le joug des envoyés royaux.
Les comtes et les seigneurs, à l’envie l’un
de l’autre, travaillèrent à saper les codes
en vigueur, et les Francs, les Ripuaires, les
Bourguignons et les Gaulois qui jusqu’alors
avaient eu des lois particulières, furent
tous confondus dans la même servitude.
Les seules provinces méridionales, dans
lesquelles les Romains formaient presque
toute la population, maintinrent leurs
lois, et le droit romain a été jusqu’en
1789 le droit commun de ces provinces.
Les seigneurs usurpèrent
tous les droits
Sous le gouvernement féodal, les seigneurs
usurpèrent tous les droits attribués à la
royauté. Ils faisaient la guerre au roi et
aux autres possesseurs de fiefs ; ils faisaient
battre monnaie et promulguaient des lois.
Les dénominations et les limites de ces
fiefs furent conservées aux provinces qui
ont subsisté jusqu’à la division de la France
en départements. Les lois promulguées
par ces seigneurs furent la base de tous ces
codes embrouillés qui étaient en vigueur
dans chaque subdivision de la France. Le
pillage à main armée fut le seul moyen de
subsistance de tous ces seigneurs ruinés
par leurs guerres intestines. Pour mettre
un terme à ce brigandage, Louis-le-Gros
voulut fournir à ses sujets les moyens de
se défendre eux-mêmes ; et pour cela il
vendit aux villes et aux bourgs, un droit
naturel à tous les hommes, le droit de
communes. Les seigneurs exploitèrent aussi
cette branche de revenus, sans songer qu’ils
affaiblissaient leur puissance. Les bourgeois
des communes recouvrèrent le droit de
changer de domicile, de se marier, de
disposer de leurs biens, et les tailles furent
fixées. Les communes s’administraient ellesmêmes sous l’inspection du gouvernement.
Les magistrats municipaux , élus par les
habitants, étaient juges civils et criminels,
ou seulement assesseurs du juge seigneurial.
Les membres des communes composaient
la garde de leurs villes, et les chartes leur
accordaient le droit de poursuivre par la
voie des armes les torts qu’on leur ferait.
Enfin sous Philippe-Auguste
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Enfin sous Philippe-Auguste les seigneurs
perdirent toute l’autorité qu’ils avaient sur
les communes, et celles-ci ne voulurent
plus dépendre que du roi. Telle fut l’origine
de cette administration municipale dont
nous allons suivre les développements
dans l’histoire de la commune de Lyon.
La ville de Lyon, après avoir passé de la
domination romaine sous celle des rois
de Bourgogne, puis sous celle des rois de
France, et qui, peut-être plus tard, fit
partie du royaume de Provence, devint
enfin la propriété de l’archevêque, depuis
que Burchard, archevêque de Lyon, fit
hommage à l’empereur Conrad pour la ville
et ses dépendances. L’archevêque Heraclius
de Montboissier obtint de l’empereur
Barbe-Rousse la fameuse bulle par laquelle
la souveraineté de Lyon et l’exercice des
droits régaliens lui furent confirmés, tels
qu’ils avaient été exercés par les rois de
Bourgogne. Le comte de Forez veut s’y
opposer, prend le titre de comte de Lyon et
fait hommage de ses terres au roi Louis-leJeune. De ces démêlés entre l’archevêque et
le comte de Forez, il résulta que PhilippeAuguste, profitant de l’éloignement de
l’empereur, sanctionna une transaction
entre le comte de Forez et l’archevêque
de Lyon, à condition que celui-ci lui
prêterait serment de fidélité ; ce qu’il fit.
Ce fut à cette époque que se montrèrent
les premiers éléments du gouvernement
municipal. Je laisse parler ici M.
Poullin de Lumina, historien que
l’on n’accusera pas d’avoir été infecté
par les doctrines révolutionnaires :
C’est sous Renaud de Forez
“C’est sous Renaud de Forez, archevêque,
que commencèrent les troubles entre les
habitants de Lyon et l’église, qui ne finirent
que lorsque cette ville rentra sous le domaine
de nos rois. L’origine de ces troubles eut sa
source dans l’abus du gouvernement trop
arbitraire de l’église, et dans les exactions
des officiers de l’archevêque et du chapitre
commis à la perception des droits établis sur
les denrées qui se débitaient au marché de
cette ville. Il fut cependant transigé pour
ces droits, mais cet accord ne dura guère.
Les officiers de l’église trouvant tous les
jours de nouveaux prétextes d’inquiéter
et de tyranniser les habitants, ceux-ci
recoururent aux armes, et commencèrent
à se former un gouvernement municipal,
composé d’un certain nombre de citoyens
notables pour veiller à leur sûreté. Louisle-Gros, roi de France, avait le premier
montré ce rayon de liberté aux villes de
son royaume, qui gémissaient sous la
tyrannie des seigneurs, et les avait appuyées
de sa protection dans cette entreprise ;
les Lyonnais ne faisaient donc que suivre
ou imiter l’exemple de leurs voisins.
Lyon n’était plus la même
ville
Tous les historiens ont voulu faire dériver
les privilèges de cette ville de ceux dont elle
jouissait du temps des Romains ; mais Lyon
n’était plus la même ville, et ses habitants
le même peuple. L’état, les usages et les
besoins des lyonnais d’alors n’avaient pas
plus de rapport aux moeurs et à la manière
de ses anciens conquérants, qu’avec celles
des Gaulois du temps de Brennus et de
Sigovèse. Ce fut l’amour de la liberté et
la crainte de succomber sous la tyrannie
d’un pouvoir trop arbitraire, qui fit naître
aux Lyonnais l’idée de se donner des chefs
qui veillassent à la conservation de leurs
droits, qui n’étaient d’ailleurs que ceux
de l’humanité qu’ils réclamaient contre
la barbarie du gouvernement féodal. “
Nous verrons dans un autre article
comment la division des biens de l’église
entre l’archevêque et le chapitre causa de
nouveaux troubles, et détermina de la part
du roi la confirmation de la commune.
Les habitants se retranchèrent
C’est à l’année 1228 que l’on doit rapporter
l’établissement définitif de la commune.
L’archevêque Robert de la Tour-d’Auvergne
voulut lever de nouveaux impôts sur le
vin, et les troubles recommencèrent. Les
habitants se retranchèrent dans le quartier
de St-Nizier, s’emparèrent des clefs de la
ville et des tours du pont où ils placèrent une
cloche pour convoquer leurs assemblées.
Les citoyens élurent cinquante d’entre eux
pour composer le conseil de la commune
dont les assemblées se tenaient dans
l’église de St-Jacques. Les corps de métier
furent organisés en compagnies de garde
nationale ; elles étaient distinguées par leurs
drapeaux nommés pennons (de panni), et
Autrefois n°8
Chronique de L yon
ce nom servit dans la suite à désigner les
officiers qui les commandaient. Les officiers
de ces corps prêtèrent serment de fidélité
entre les mains des membres du conseil.
Le chapitre craignant que
les citoyens n’échappassent à
leur domination
Le sceau de la commune représentait le pont
de la Saône, avec une fleur de lis comme
emblème de la protection de la France.
L’archevêque et le chapitre craignant
que les citoyens n’échappassent à leur
domination, demandèrent la médiation
d’Eudes de Bourgogne qui fut acceptée par
les habitants, et l’une des conditions du
traité fut que l’on suivrait le cours ordinaire
de la justice dans la punition des délits,
et que les citoyens pourraient changer
d’habitation, et même quitter la ville
sans perdre les biens qu’ils y possédaient.
En 1251, les chanoines firent de nouveaux
efforts pour s’emparer de la justice
séculière. Mais les citoyens lassés de ce
conflit de juridiction et de cette tyrannie,
s’emparèrent des clefs de la ville, firent des
patrouilles pour pourvoir à leur sûreté, et
mirent dans leurs intérêts un bon nombre
de nobles de Bresse et de Savoie. Avec leur
appui ils s’emparèrent du pont et chassèrent
les chanoines du cloître de St-Jean. Ces
derniers se retirèrent à St-Just, s’y fortifièrent
et parvinrent à y rassembler une armée de
20,000 hommes, que les citoyens tentèrent
plusieurs fois, mais toujours en vain, de
chasser de ce poste. L’évêque d’Autun
offrit inutilement sa médiation pour faire
visuel autrefois
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cesser cette
guerre262x175
; l’excommunication
qu’il lança contre les habitants fut même
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de nul effet, et ils déclarèrent ne vouloir
reconnaître pour arbitres que le roi de
France et le légat du Pape. Les chanoines
ne purent refuser la médiation de St-Louis
dont les députés arrivèrent pour prendre
connaissance de l’affaire. Il fut ordonné
que tout serait remis sur l’ancien pied ;
mais le Roi étant parti pour la Terre-Sainte,
les chanoines recommencèrent la guerre
avec fureur et firent massacrer les paysans
des villages qui ne leur appartenaient pas.
Il fut défendu aux citoyens
d’élire leurs conseillers
Enfin, après sept années de guerre, les citoyens
modifièrent leur administration et réduisirent
à douze le nombre des cinquante conseillers
qu’ils avaient d’abord élus. La paix fut rétablie
par Grégoire X et Philippe III, alors à Lyon.
Il fut défendu aux citoyens d’élire leurs
conseillers, consuls et gouverneurs, sans le
consentement de l’archevêque et du chapitre.
En 1312, l’archevêque céda à Philippele-Bel la suzeraineté de Lyon, et en 1315
la sénéchaussée royale fut instituée et les
habitants furent débarrassés du joug temporel
des archevêques qui (dit de Lumina), ne furent
occupés que de guerres, de négociations,
de
ruptures
et
d’accommodements.
En 1320, Philippe V se réserve la garde des
forteresses et des clefs de la ville. Dans la même
année l’archevêque confirma la commune
de Lyon et les privilèges dont les habitants
avaient joui jusqu’alors. Il est dit dans cet
acte, que les citoyens pourront s’assembler
pour élire les conseillers ; qu’ils pourront
s’imposer des taxes pour les besoins de la
ville ; qu’ils sont autorisés à faire le guet
pendant la nuit ; qu’ils pourront prendre
les armes quand l’utilité du seigneur et des
citoyens le requerra ; qu’ils auront la garde
des portes et des clefs de la ville ; qu’ils
ne pourront être imposés à la taille, ni à
aucune autre taxe, et ne le furent jamais.
François 1er et ses successeurs
confirmèrent
En 1495, Charles VIII rend un édit par
lequel il confirme la commune de Lyon et
accorde la noblesse aux conseillers. “Les
ayant toujours trouvés, dit-il dans ses lettrespatentes, prompts, enclins et appareillés de
nous obéir et complaire……. Par ces causes
et autres à ce nous mouvant, avons de
notre propre mouvement certaine science,
grâce spéciale, pleine puissance et autorité
royale, à notre ville et cité de Lyon, et aux
dits conseillers, bourgeois, marchands,
et autres manants et habitants en ville,
donné et octroyé, donnons et octroyons
par ces présentes, les privilèges, libertés,
franchises, autorités, droits, prérogatives et
prééminences qui s’ensuivent, “c’est-à-dire,
le droit de nommer douze conseillers , dont
six étaient renouvelés chaque année, puis
l’anoblissement de ces conseillers et de leur
postérité née et à naître en loyal mariage.
François 1er et ses successeurs confirmèrent
par de nouvelles lettres-patentes les
priviléges accordés par Louis XII et
Charles VIII. Cette forme d’administration
subsista même pendant le temps de la
ligue dont Lyon fut un des principaux
appuis, sous la direction de l’archevêque
Pierre d’Epinac, qui fut pendant
quelque temps gouverneur de la ville.
Lorsqu’enfin elle rentra sous l’obéissance
du roi, on remarqua que de tous les ordres,
soit réguliers, soit séculiers, les jésuites
furent les seuls qui refusèrent de prêter
serment de fidélité au monarque légitime.
Dans l’année 1595, Henri IV mît à exécution
le projet de Henri II, et par un édit du mois de
décembre réduisit le nombre des conseillers.
“Pour le bien, sûreté et repos de ladite ville,
il statue et ordonne par cet édit perpétuel
et irrévocable, qu’en l’échevinage de ladite
ville de Lyon, au lieu du nombre effréné de
douze échevins, il n’y aura dorénavant qu’un
prévôt des marchands et quatre échevins,
un procureur et un clerc et secrétaire, qui
seront élus et choisis par les habitants, etc.”
Les jésuites furent les seuls
qui refusèrent de prêter
serment de fidélité
Les privilèges de la ville furent maintenus.
L’historien de Lumina attribue deux
motifs à ces changements. Le premier, une
plus prompte expédition des ordres de la
cour ; le deuxième que le gouvernement
municipal tel qu’il était, ayant pris
naissance dans le temps des troubles et
des insurrections contre la souveraineté
des archevêques, il paraissait convenir à la
dignité du trône d’en substituer une autre
qui ne dût sa forme qu’à l’autorité légitime.
Un autre édit de 1601 portait que le prévôt
des marchands et les quatre échevins
devaient être choisis dans le nombre de ceux
qui étaient natifs et originaires de la ville. Cet
édit, non plus que le précédent ne parlait pas
de la noblesse accordée au corps-de-ville par
Charles VIII. Ces Messieurs ayant goûté les
douceurs de l’anoblissement, ne pouvaient
plus se contenter des libertés obtenues par
leurs concitoyens ; il leur fallait une dose de
Chronique de L yon
privilèges plus considérable. En conséquence
les nouveaux magistrats supplièrent le roi
de s’expliquer affirmativement à l’égard
des privilèges de noblesse dont avaient joui
leurs prédécesseurs. Le roi s’inclinant à leur
prière et désirant traiter favorablement la
ville de Lyon, confirma spécialement, par
lettres-patentes, le privilège de noblesse en
la personne du prévôt des marchands, des
quatre échevins et de leur postérité née et
à naître en loyal mariage. Un autre édit
de 1603, accorde aux forains domiciliés à
Lyon depuis dix ans, la faculté d’être élus
échevins. Les citoyens avaient toujours
joui du droit de se garder eux-mêmes.
Il fallut recourir à la force
Leur nonchalance dans le service de la
garde bourgeoise et leur négligence à se
rendre aux assemblées de la commune,
engagèrent les échevins à solliciter du roi le
renouvellement de ce privilège et à confirmer
la validité de leur autorité dans cette affaire.
Il fallut recourir à la force de la volonté
royale pour empêcher que ces citoyens
insouciants se démissent peu à peu d’une
prérogative aussi honorable qu’importante.
En 1764, Louis XV confirma le
gouvernement municipal et y apporta
quelques modifications pour que les
assemblées ne fussent point troublées
par une trop grande affluence de monde.
Il est dit dans ces lettres patentes :
1.° que le corps-de-ville sera composé d’un
prévôt des marchands, de quatre échevins,
de douze conseillers de ville, d’un procureur,
d’un receveur et d’un secrétaire, sans que
ces trois derniers aient voix délibérative ;
2.° que le prévôt sera nommé par le roi,
sur la présentation de trois candidats élus
par les notables ; 3.° au nombre des douze
conseillers seront toujours quatre anciens
échevins. Les conseillers seront élus par les
notables. Aucun conseiller ne pourra être
continué dans ses fonctions et ne pourra être
réélu qu’après un intervalle de six années ;
Les notables seront élus pour
une année
4.° le procureur du roi sera élu tous les six ans
et sera choisi parmi ceux qui auront rempli
une charge ans la juridicature ou fréquenté
le barreau ; 5.° les officiers qui composent
ledit corps-de-ville seront toujours électifs
et sous aucun prétexte ne pourront être
créés en titre d’office ; 6.° les assemblées des
notables se composeront du corps-de-ville,
de deux officiers de la cour des monnaies
et sénéchaussée, et de dix-sept habitants,
dont un sera choisi par le chapitre, un
dans la noblesse, un parmi les trésoriers,
un dans le siège de l’élection, un dans
l’ordre des avocats, un parmi les notaires,
un parmi les procureurs, cinq parmi
ceux qui exercent le commerce, et quatre
dans les communautés d’arts et métiers.
Telle fut la forme de notre
gouvernement municipal
jusqu’en 1790
Les notables seront élus pour une année,
et devront être âgés de 35 ans ; 7.° il sera
nommé chaque année des députés des
différents corps désignés ci-dessus, et
ces députés procéderont à l’élection des
notables à la pluralité des voix ; 8.° les
notables détermineront aussi quelles sont
les affaires qui peuvent être réglées par le
corps-de-ville seul, et quelles sont celles
qui exigent la convocation des conseillers.
Telle fut la forme de notre gouvernement
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municipal jusqu’en 1790. en récapitulant
depuis 1218, les modifications qu’a subies
l’administration municipale entre les
mains des bourgeois peu jaloux de leurs
libertés, et qui semblaient abandonner cette
administration au hasard des convenances,
aux exigences du moment et au bon
plaisir du souverain, nous verrons que
le gouvernement communal fut d’abord
institué par les habitans, pour échapper à la
tyrannie des seigneurs, leurs propriétaires,
et que le souverain favorisa l’établissement
de ces gouvernemens municipaux, pour
se créer un appui contre les insolentes
prétentions des ducs, des comtes et des
seigneurs. Lorsque les rois n’eurent plus
rien à craindre des seigneurs, le droit naturel
que les habitans des cités avaient acquis,
celui de s’administrer eux-mêmes, leur
parut un obstacle non moins redoutable à
l’établissement du pouvoir absolu ; dès-lors
les rois le légitimèrent par des chartes ; cette
générosité apparente aveugla les citoyens à
un tel point que par cette acceptation de
lettres-patentes, ils reconnurent tacitement
que ce droit n’était point imprescriptible.
Lyon
Jeudi 1er mars 1888
Argent perdu
Il a été perdu, dans la matinée d’hier, un billet
de banque de cent francs(1), dans le trajet du
cours du Midi au cours de la Liberté et de
là à la rue du Boeuf par le pont Lafayette.
Prière de le rapporter rue du Boeuf, 28, chez M.
Reithofer, employé au chemin de fer P.-L.-M.
POUR ALLER PLUS LOIN :
(1)
Si l’on tient compte des différentes
variations de l’inflation et des monnaies
entre 1888 et 2014, la somme de 100
francs correspond de nos jours à 273 euros.
Lyon
Lundi 5 mars 1888
Noyé retiré
Il fallait faire des hommes
dévoués
Ils le reconnurent si bien, qu’à chaque
avènement ils avaient grand soin de
solliciter la confirmation de leurs privilèges,
et que chaque roi avait grand soin dans son
édit d’apporter quelques modifications à la
forme du gouvernement municipal, comme
pour répéter aux habitans des cités qu’ils
ne jouissaient point d’un droit inhérent
à l’homme, mais d’un privilège et d’une
faveur qui leur étaient octroyés. Ce n’était
point encore assez des classes que le mérite
seul établit dans la société, il fallait faire
des hommes dévoués, de ceux qui étaient
dépositaires du pouvoir municipal, et les
placer dans une caste privilégiée ; c’est
ce que fit Charles VIII, dont l’édit avait
deux buts ; 1.° celui de séparer les intérêts
des administrateurs de ceux de leurs
administrés, qui n’étaient plus leurs égaux,
et pour lesquels chaque nouvel échevin
était une nouvelle sangsue ; 2.° de déprécier
la noblesse en la rendant plus vulgaire ;
chacun sait comment maintes personnes
parlent encore de la noblesse d’échevinage.
Henri IV fut celui qui porta
le coup le plus funeste
Tout en déclarant que “les sentiments
des Lyonnais le dispensaient d’avoir
une citadelle au milieu d’eux, et que la
couronne n’avait pas de sujets plus fidèles,
ni l’état de meilleurs citoyens. “Henri
IV fut celui qui porta le coup le plus
funeste au gouvernement municipal, en
introduisant le prévôt des marchands,
pour lequel, après l’édit de Louis XV, on
eut seulement le droit de présenter des
candidats élus, au moyen de trois degrés
d’élection. Pendant la révolution, le
gouvernement municipal se rapprochait
de celui qui fut établi dans le principe.
Nous ne décrirons pas, au milieu de cette
tempête, les formes souvent ridicules sous
lesquelles il s’est montré quelques instans,
pour tomber ensuite sous le despotisme
de la centralisation impériale. Quant au
simulacre d’administration municipale que
le gouvernement impérial nous a laissé en
héritage, personne ne se fait illusion, et
nous n’en parlerons pas. Cette centralisation
absolue est plus nuisible aux provinces
que celle de l’industrie, pour laquelle
on a tant plaidé en faveur de la capitale.
Des mariniers ont retiré hier, du Rhône,
à la Vitriolerie(1), le cadavre d’un homme
paraissant âgé de 25 à 30 ans. Sur l’ordre
du commissaire de police du quartier,
le corps a été transporté à la Morgue.
Taille, 1m66; cheveux bruns, moustache
brune; pantalon en velours à côtes;
deux gilets en drap gris, gilet en drap
noir; une chemise à carreaux bleus et
blancs; chaussettes rouges et brodequins;
plusieurs tricots en laine violette.
Tatouage sur le bras représentant un soldat.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Le fort de la Vitriolerie est un ouvrage
de la première ceinture de Lyon. Il est
aujourd’hui plus connu sous le nom de
quartier général Frère à Lyon.(Wikipedia)
(1)
Lyon
Mardi 6 mars 1888
Affaire Mystérieuse
Hier matin à 2 heures, les nommés Boulu,
âgé de 16 ans, boulonnier, rue Garibaldi, et
Plantier, 19 ans, jardinier, route de Vaux,
rendaient compte aux gardiens de la paix qu’ils
venaient d’être attaqués par des inconnus
qui les avaient frappés à coups d’épée.
En effet, Plantier porte la trace d’une
blessure à la joue gauche et Boulu au
bras gauche; une femme, qu’il a été
impossible de retrouver, aurait été, au dire
des deux blessés, également frappée. Le
commissaire de police a ouvert une enquête.
Lyon
Jeudi 8 mars 1888
Injures aux Agents
A cinq heures du matin, M…, chauffeur,
rue Delandine, était venu échouer à
l’Assommoir de Bellecour ; là, il fit une
consommation de 2 fr. 30, qu’il refusa de
solder, prétendant qu’il avait payé d’avance.
Les gardiens de la paix étant survenus
et ne pouvant faire entendre raison
à notre pochard, se mirent en devoir
de le conduire à la Permanence.
Arrivé au pont Tilsitt, M… ne voulut plus
avancer et se mit à injurier les agents qu’il
traita de : “cochons, lâches, fainéants, etc.”
Il menaça, en outre, l’un des gardiens,
lui
disant
qu’il
le
reconnaîtrait
et
qu’il
lui
ferait
son
affaire.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Si l’on tient compte des différentes
variations de l’inflation et des monnaies
entre 1888 et 2014, la somme de 2,30
francs correspond de nos jours à 6,28 euros.
(1)
Lyon
Lundi 12 mars 1888
Pauvre Folle
Un rassemblement considérable s’était
formé, hier soir, à 8 heures, sur le
quai St-Antoine, autour d’une femme
gesticulant, hurlant des chanson obscènes.
Cette
malheureuse,
nommée
V…,
demeurant rue de la Poulaillerie, qui
est atteinte d’aliénation mentale, a été
conduite au poste par les gardiens de la
paix, qui mirent fin à cette scène pénible.
Le
mari,
averti,
a
emmené
sa
femme
à
son
domicile.
Lyon
Mercredi 14 mars 1888
Le Sinistre sur le Rhône
Nous recevons d’un groupe d’habitants du
quartier des Brotteaux la lettre suivante :
Monsieur le Rédacteur,
Vous avez relaté le double sinistre qui a eu lieu
sur le Rhône le 12, et dont ont été victimes
deux maîtres de plattes, MM. Rodet et Perret.
Ces braves gens sont aujourd’hui
dépouillés de tout ce qu’ils possédaient.
Malheureusement toute assurance est à peu
près impossible pour ce genre d’établissement
sur le Rhône, et MM. Rodet et Perret se
trouvent aujourd’hui complètement ruinés.
Les voisins n’ont pas vu ce malheur fondre
sur eux sans y compatir, car ils sont
unanimement estimés dans le quartier. Ils
viennent donc faire oeuvre de solidarité en
faisant appel à tous les habitants du quartier
et ils ouvrent une petite souscription.
Les versements seront reçus chez M.
Mounier, rue Godefroy, 10 et 12, et au
café Dumorand, quai des Brotteaux, 1.
Lyon
Dimanche 18 mars 1888
Vol de Carrioles
De nombreux vols de carrioles se
commettaient depuis longtemps sur les
divers marchés de notre ville et, malgré les
Autrefois n°8
Chronique de L yon
recherches faites, il n’avait pas été possible
de découvrir l’auteur de ces méfaits.
Hier, des gardiens de la paix ont vu un homme
qui prenait sur le marché Saint-Antoine une
petite carriole. Ils l’ont suivi et lui ont vu
aller vendre la carriole chez un sieur Peytra,
loueur de voitures, rue Bouchardy, 15.
Le receleur et le voleur ont été arrêtés.
Une perquisition faite dans le domicile
de Peytra a amené la découverte
de
quatorze
carrioles
volées.
Le voleur se nommait Antoine Trari, âgé
de 47 ans, journalier, sans domicile fixe.
Lyon
Mercredi 21 mars 1888
Rixe
Dimanche soir, à dix heures, une
rixe a éclaté dans la rue Marignan,
entre un soldat et un souteneur.
Le souteneur a frappé brutalement le militaire,
qui est tombé, baignant dans son sang.
Fort heureusement est arrivé un artilleur, qui
a dégainé et qui a mis en fuite le souteneur.
Lyon
Dimanche 15 avril 1821
Baptême du duc de Bordeaux
Lyon, 15 Avril,
M. le baron Rambaud, maire de Lyon,
qui est parti hier pour Paris, a réglé avant
son départ, le programme des fêtes et
réjouissances qui auront lieu dans notre ville,
à l’occasion de !a cérémonie du baptême
de S. A. R. Mgr. le duc de Bordeaux(1).
Nous nous empressons de mettre cette
pièce sous les yeux de nos lecteurs.
Baptême de S. A. R. Mgr. le duc de
Bordeaux. Le baptême de S. A. R. a été
définitivement fixé par S. M. au mardi 1er
mai prochain. Habitants de la ville de Lyon,
ce jour de fête et d’allégresse publique se
fera distinguer parmi les beaux jours que
citent, avec honneur, les annales lyonnaises.
Dans cette circonstance mémorable, vous
donnerez au Roi, à la dynastie des Bourbons,
au noble fils de France, que la providence a
accordé à nos vœux, de nouvelles preuves de
cette antique et inaltérable fidélité qui, dans
tous les temps, distingua si éminemment
votre cité. Le Roi, la famille royale, la
légitimité et les institutions que S. M. nous
a données, sont à jamais inséparables pour
votre bonheur et pour celui de la France.
Lyonnais, je suis heureux de porter aux pieds
du trône l’expression des sentiments qui
vous animent. Je répéterai ce que naguère je
disais au prince auguste qui daignait nous
visiter : C’est par l’observance des lois, par
la soumission la plus profonde aux ordres
de S. M., et par le maintien de l’ordre et de
la tranquillité que la ville de Lyon prouve le
bon esprit de ses habitants, le dévouement
sans bornes qu’elle porte au Monarque
chéri, protecteur de son commerce et
de ses manufactures. Lyonnais, vous ne
démentirez jamais ces sentiments dont vos
magistrats se sont toujours plus à rendre
témoignage, et dans les jours d’allégresse
qui vont se succéder, vous unirez, vous
confondrez vos concerts de vœux et
d’acclamations ; vous ne ferez tous entendre
qu’un même cri, celui de tout bon Français :
Vive le Roi ! Vive les Bourbons !
Fait à l’Hôtel-de-Ville, Lyon, le 11 avril 1821.
Le maire de la ville de Lyon , le Baron Rambaud.
Programme
Le lundi soir 30 avril, le son des cloches et
les salves d’artillerie annonceront la fête du
lendemain. Le 1er mai, à huit heures du
matin, le corps municipal se transportera avec
la commission administrative des prisons,
à la prison de Saint-Joseph, pour y mettre
en liberté ceux des détenus pour dettes qui
auront été délivrés, à la faveur de la somme
que la ville a consacrée à cet objet. À neuf
heures, Ies mariages dotés par la ville seront
célébrés à la mairie. À dix heures, cérémonie
religieuse dans l’église métropolitaine
de Saint-Jean. Immédiatement après la
cérémonie religieuse, et après la revue des
troupes de la garnison, il sera, au nom de
S. A. R. Mgr. le duc d’Angoulême et par S.
E. M. le maréchal duc de Bellune, délégué
du Prince, procédé, sur la place Louis le
Grand, à la pose de la première pierre du
piédestal de la statue équestre de Louis XIV,
votée par le département du Rhône et par
la ville de Lyon. Les personnes invitées par
billets, et MM. les chevaliers de S. Louis
et de la Légion d’honneur revêtus de leur
décoration, seront admis dans l’enceinte
formée au milieu de la place. De là, le
cortège se rendra sur le quai du Rhône,
pour assister à la pose de la première pierre
de la partie du bâtiment de l’Hôpital
général des maIades de cette ville, dont la
démolition a eu lieu l’année dernière. À
trois heures du soir les danses publiques
s’ouvriront sur la promenade des Tilleuls de
la place Louis-le-Grand. À la même heure,
des commissaires de police délégués par
nous feront l’ouverture du jeu des mâts de
cocagne qui seront établis sur la place de
Louis-le-Grand et sur celle des Terreaux.
À sept heures, un feu d’artifice sera tiré suc le
pont de l’Archevêché. Après le feu d’artifice,
il y aura une illumination générale de tous
les bâtiments publics et particuliers. Le vœu
du conseil municipal relatif au retrait d’un
certain nombre d’effets engagés au Montde-piété, a déjà reçu son exécution en vertu
de notre arrêté du 16 décembre 1820, et il
sera statué ultérieurement sur le mode de
distribution des autres actes de bienfaisance
par lesquels le conseil municipal a voulu
célébrer, d’une manière digne de la seconde
ville de France une fête si chère aux Français.
Fait à l’Hôtel-de-Ville, Lyon, le 11 avril 1821.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné
d’Artois, duc de Bordeaux, Comte de
Chambord. Fils de Charles-Ferdinand
d’Artois, duc de Berry et de Caroline des
Deux-Siciles. Né le 29 septembre 1820 et
décédé le 24 août 1883 à 62 ans. Petit-fils
du roi Charles X, il est prétendant à la
Couronne de France de 1844 à sa mort.
Sa mort sans enfants en 1883 marque
l’extinction de la branche Artois de la
maison de Bourbon et le début d’une
querelle (toujours d’actualité) entre les
maisons de Bourbon-Anjou et d’Orléans
pour savoir laquelle a le plus de légitimité
à la Couronne de France. (Source Wikipedia)
(1)
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Dossier paru en mars 2015
AVIS AUX LECTEURS
COMME NOUS VOUS L’AVONS EXPLIQUÉ DANS NOS PRÉCÉDENTS NUMÉROS, VOUS RETROUVEREZ
DANS LES DEUX PAGES SAUMONÉES SUIVANTES :
- “LE RÉCIT DE VACHER PAR LA PRESSE DE L’ÉPOQUE” PARU AU MOIS DE MARS 2015.
AVEC CETTE DERNIÈRE RÉÉDITION, NOUS AURONS TENU NOTRE ENGAGEMENT DE METTRE À LA
DISPOSITION DE TOUS LES LECTEURS DE L’OUEST LYONNAIS L’INTÉGRALITÉ DE NOS DOSSIERS DE
JANVIER, FÉVRIER ET MARS 2015.
DÈS LE MOIS PROCHAIN, TOUTES LES PAGES DE VOTRE JOURNAL AUTREFOIS SERONT INÉDITES.
L E R É C I T D E VAC H E R PA R L A P R E S S E D E L’É P O QU E
indiquait la place de la chute. Seule cette
blessure qui se présentait obliquement aurait
suffi à occasionner la mort presque instantanée
par suite de l’abondance de la perte de sang.
L’AFFAIRE VACHER
1897
Mardi 19 octobre 1897
La rumeur publique avait désigné comme
auteur de cet assassinat un vagabond qui le
matin même du crime demandait, la menace
aux lèvres, l’aumône dans les hameaux
environnants ; mais toutes les recherches
avaient été inutiles, et c’est avec une grande
satisfaction que la population d’Allègre
a appris l’arrestation du vrai coupable.
Le crime de Varennes
On
La bestialité du meurtrier et la nature
des blessures rappellent de tous points
les autres crimes qui lui sont reprochés.
Cet après-midi à deux heures M. le
juge d’instruction Fourquet a fait
comparaître Vacher dans son cabinet.
Dans la matinée du 1er octobre 1896 la jeune
Rosine Rodier, vachère chez M. Chossegros,
fermier à Cheneville, était partie comme
à l’habitude le matin pour aller garder les
vaches de son maître dans un pâturage sis à
500 mètres environ du village. Ne la voyant
pas venir et craignant un malheur le fermier
et le père de l’enfant se mirent à sa recherche.
Chaque jour une foule nombreuse et hostile
attend patiemment aux abords du palais de
Bientôt leurs investigations les conduisaient
au bord du bois qui longeait le pré et là il se
trouvait en présence d’un horrible spectacle.
Ils avaient gisant devant eux le cadavre de la
jeune Rosine ; la robe et la chemise étaient
relevées sur la poitrine, à l’abdomen se
trouvait une plaie affreuse d’où s’échappaient
les intestins ; les cuisses et toutes les parties
génitales externes avaient été horriblement
mutilées et arrachées, la peau avait été enlevée
sur une étendue de près de vingt centimètres.
Le misérable bourreau ne pouvant sans doute
assouvir sa passion sur la victime, avait satisfait
en la mutilant ses instincts féroces et bestiaux.
D’après les constatations qui avaient été faites
par le parquet on avait ainsi rétabli la scène du
crime : La jeune Rodier était partie vers huit
heures du matin par une matinée de brouillard
intense, des plus favorables au meurtrier.
Le crime avait dû être commis entre neuf
heures et demie et dix heures du matin. Pour
échapper à l’étreinte de son meurtrier, Rosine
Rodier avait dû prendre la fuite, divers indices
en donnaient une preuve ; malheureusement
elle fit une chute ; le meurtrier dut se jeter
alors sur elle en lui maintenant la face contre
terre lui trancha le cou au milieu du larynx.
Une large plaque de sang relevée dans le pré
18
À Belley
télégraphie
de
Belley
pharmacien à Saint-Just (Lyon),
préparés aux bourgeons de sapins du
Nord et au baume de tolu(1), contre la
toux, l’oppression, la coqueluche, la
phthisie(2) pulmonaire, les crachements de sang, les catarrhes(3) de
poitrine et de vessie, les glaires(4)
d’estomac et d’intestins.
Dépôts : à Lyon, pharmacie Parrayon,
place de la Comédie ; à l’ancienne
pharmacie Deschamps, rue Saint-Dominique(5) ; aux Brotteaux, pharmacie
Cleysson, place Kléber ; à
Neuville-sur-Saône, pharmacie Penet ;
à Givors, pharmacie Perroud, et dans
les bonnes pharmacies. - Demander le
sirop et les pastilles de CROLAS.
Pour éviter le renouvellement de pareils
faits, M. Fourquet a ordonné hier que l’on
introduisit Vacher par le jardin du palais
de justice. De la sorte le misérable a passé
inaperçu. La foule n’en a pas moins stationnée
longuement, attendant en vain sa venue.
Un nouveau forfait
Dans son interrogatoire de ce soir,
Vacher a fait à M. le juge d’instruction
Fourquet l’aveu d’un nouveau forfait.
Mercredi 20 octobre 1897
On nous télégraphie du Puy : Voici des
renseignements sur le crime qui fut commis
il y a un an environ à Varennes-SaintHonorat, près Allègre (Haute-Loire),
par le fameux tueur de bergers, Vacher.
nous
justice le moment où les gendarmes amènent
de la prison le tueur de bergers. Avides de voir
de près sa sinistre physionomie, les curieux se
pressent et se bousculent, huant l’assassin, et
il en résulte de regrettables scènes de désordre.
:
Il s’agit d’une tentative de viol et d’assassinat
commise par lui dans la forêt de Pescheseul,
près du Mans, sur la personne d’une jeune fille
de quatorze ans, dont le père, M. Derouet,
était garde particulier de Mme de Lentillac.
Vacher a donné sur cette affaire des détails très
précis. Comme il traversait la forêt, il rencontra
la fillette qui semblait seule. Pris de sa fureur
de tuer il s’élança sur elle, la pris dans ses bras
et se disposa à l’emporter dans un fourré,
comme un loup sa proie, pour l’égorger.
Heureusement la pauvrette poussa des cris
perçants ; son père et sa mère étaient tout
près ; ils accoururent et M. Derouet bondit
sur Vacher auquel il réussit à faire lâcher prise.
L’enfant était sauvée, mais la garde ne put
s’emparer du monstrueux satyre. Celuici, doué, nous l’avons dit, d’une force
herculéenne, réussit à échapper à l’étreinte
du père furieux. Il y eut néanmoins un
rapide combat auquel le tueur de bergers
mit fin en décochant en pleine figure à M.
Derouet un coup de pied violent. Étourdi
par le choc, les yeux ensanglantés, celui-ci
ne put continuer la lutte et Vacher prit la
fuite. La fillette venait de l’échapper belle.
Le flair d’un gendarme
Le même jour, M. Derouet se rendit
à la gendarmerie du canton où il fit
savoir ce qui s’était passé. Il donna le
signalement très exact du satyre, qui l’avait
eu le temps d’examiner, et les gendarmes
partirent immédiatement en recherche.
Ici se place une anecdote du plus haut
comique, dont un brave Pandore est le héros,
et qui peut-être paraîtra invraisemblable à
plus d’un lecteur. Elle a été contée par le tueur
de bergers lui-même au juge d’instruction.
Vacher errait sur la grand’route lorsqu’il vit
arriver à sa rencontre un gendarme monté à
bicyclette. Celui-ci s’arrête aussitôt, descend
de sa machine et interpelle le chemineau.
Vacher se croit pris ; il ne répond qu’en tremblant.
- Vos papiers ; lui dit Pandore, en constatant
sa mauvaise mine et son allure de trimardeur.
Le tueur de bergers tire de son sac son livret
militaire et divers certificats de cultivateur chez
qui il a travaillé. D’un œil sévère, le gendarme
parcourt ces documents, mais bientôt son
regard s’éclaire et devient bienveillant. - C’est
bien ; ils sont en règle ! s’écrie-t’il. Vacher
se rassure ; le représentant de l’autorité ne
l’a âs reconnu ou peut-être ne sait-il rien de
l’affaire de la forêt de Pescheseul. Cependant
le gendarme examine avec attention son
interlocuteur, et bientôt il lui demande : “Puisque vous venez de ce côté, n’auriez-vous
pas rencontré un individu de votre taille, vêtu
comme vous d’un habit de velours et ayant
à peu près votre coupe de barbe ? C’est un
misérable qui a essayé de violer une jeune
fille et toute la brigade est à sa recherche.”
Sans se troubler, Vacher répond : “- Je viens
justement de croiser un homme qui doit être
celui-là. Comme vous avez une bicyclette, en
vous pressant un peu vous l’aurez vite rejoint.”
Et le gendarme d’enfourcher sa machine,
après s’être confondu en remerciement.
Grâce à sa présence d’esprit et au flair
du brave pandore, Vacher était sauvé.
C’est en pouffant de rire que le misérable a
raconté au juge d’instruction cette plaisante
histoirequi ressemble à une nouvelle à la main.
Un ou deux jours après cette aventure,
le parquet du Mans lançait contre le tueur
de bergers un mandat d’arrêt parfaitement
en règle portant son nom et la mention :
“Ancien sergent au 60° de ligne”. L’enquête
avait en effet retrouvé la trace de Vacher
dans une ferme où celui-ci, pour obtenir
un gîte, avait montré son livret militaire.
Il l’hexibait d’ailleurs tout le long des
routes et dans les communes, chqaue
fois qu’il avait affaire à la gendarmerie
ou qu’il cherchait à s’embaucher.
M. Fourquet a demandé au parquet du Mans
le dossier de l’affaire Derouet afin de contrôler
les dires de Vacher. C’est à cette affaire que
s’est borné l’interrogatoire d’aujourd’hui.
Un crime dans le Gard
On signale qu’à l’époque du passage de
Vacher dans le Midi il aurait été commis
Autrefois n°8
Dossier paru en mars 2015
aux environs de Nîmes un crime présentant
les mêmes particularités que tous ceux de la
sinistre série du tueur de bergers.Le cadavre
d’un jeune homme avait été trouvé mutilé ;
le cou était était sectionné et le ventre ouvert.
M. Fourquet n’a pas parlé à Vacher de cette
affaire. Il attend d’avoir reçu du parquet de
Nîmes des renseignements lui permettant
d’interroger le misérable à coup sûr.
Chaque jour le tueur de bergers fait
l’aveu d’un nouveau forfait, et on se
demande quand il se décidera à clore la
sanglante énumération de ses victimes.
L’examen médical de Vacher
On s’occupe au parquet général de Lyon
de faire examiner Vacher par des médecins
aliénistes. Jusqu’à présent cependant aucune
décision ferme n’a été prise.Une question de
cette importance ne pourra se régler qu’après
mûre réflexion. La décision que prendront
les médecins sera précédée d’un long examen
du misérable. Un tel monstre ne doit être,
en effet, soustrait au juste châtiment que
méritent les crimes qu’il a commis qu’au cas ou
il serait réellement irresponsable de ses actes.
Le soin de l’examiner ne sera pas laissé à
un seul médecin. Comme cela se produit
dans les affaires importantes de ce genre, le
parquet désignera un médecin légiste et le
fera assister de deux médecins aliénistes. Ce
sont certainement des médecins de Lyon
qui seront chargés de cette mission délicate.
D’après nos informations, Vacher ne serait
pas amené à Lyon, la commission médicale de
transporterait à Belley.Mais ce n’est pas avant
quelques jours que celle-ci sera désignée.
On laisse à M. Fourquet le soin d’interroger
Vacher sur tous les crimes qui lui sont imputés.
Le magistrat instructeur a reçu de tous ses
collègues qui ont eu à s’occuper des assassinats
de Vacher une commission rogatoire. Il leur
transmettra ensuite les aveux qu’il aura
recuillis afin que les juges puissent donner une
sanction aux instructions qu’ils ont ouvertes.
L’Historique de l’Instruction
Il sera certainement intéressant pour nos
lecteurs de savoir exactement de quelle façon
M. Fourquet a procédé pour arriver à trouver
le coupable des nombreux crimes à l’actif
de Vacher :À la suite du crime de Courzieu,
M. Reverdet, procureur de la République à
Belley, parla à M. Fourquet, nouvellement
arrivé dans notre ville, du crime de Benonces
que l’honorable magistrat ne connaissait
pas et dont le dossier avait été classé.
M. Fourquet, après avoir examiné ce dossier
qui l’intéressa vivement se mis dans la tête
d’aboutir dans cette affaire. Ayant vu par
une note trouvée au dossier de Benonces que
M.Fonfrède, procureur de la République à
Dijon, avait, à la suite du crime d’Etaules,
commis dans son arrondissement, envoyé à
tous les parquets de France une lettre priant
ses collèges de lui faire connaître si dans leur
arrondissement respectifs des crimes n’auraient
pas été accomplis dans des conditions
semblables à celles de l’assassinat d’Augustine
Mortureux, et persuadé que M.Fonfrède
devrait posséder des renseignements
interessants M.Fourquet s’adressa à lui.
Le procureur de la République de Dijon
lui envoya aussitôt en communication un
petit dossier formé de notes, extraites des
dossiers des affaires de Benonces, Saint-Ours,
Saint-Étienne-de-Boulogne, la Vaquière,
Varacieux, Busset, Varenne, Saint-Honorat et
Courzieu.M.Fourquet étudie minutieusement
le dossier qu’il doit à l’obligeance de M.
Fonfrède, puis pour pouvoir synthétiser plus
commodément ses observations il établit un
tableau comparatif des signalements divers
du vagabonds aperçu dans les différentes
localités et un autre tableau comparatifs de
l’aspect des bléssures reçues par les victimes.
En ce qui concerne les signalements, il fait
figurer dans les colonnes horizontalement
les noms des localités plus haut désignées,
puis dans une serie de colonnes verticales,
perpendiculaires aux premières, chacun
des détails du signalement correspondant
à chaque crime. Une dernière colonne
relate les propos caractéristiques tenus par
le vagabond et rapportés par les témoins.
M. Fourquet souligna ensuite au crayon
bleu tous les signes qui se ressemblaient. Le
coup d’oeil d’ensemble obtenu par ce tableau
comparatif lui a permis de conclure que le
même vagabond était passé dans toutes les
localités où des crimes avait été commis.
Même travail pour les blessures, leurs formes,
leurs dimensions, leur emplacement, le plus
ou moins de netteté des coupures, l’état des
vêtements des victimes, la nature du lieu
où elles étaient trouvées assassinées, ect.
Un coup d’œil d’ensemble jeté sur ce travail
confirma le juge d’instruction dans son idée
première, à savoir que le même individu
était l’auteur de tout ces crimes mystérieux.
Reprenant l’information première relative
à Benonces, M. Fourquet élimina,
parmis les trentre témoins entendus en
1895, tous ceux qui n’avaient aperçu
que vaguement le vagabond assassin.
Il restait dix sept noms de témoins, sur
lesquels douze convoqués à l’instruction
et minutieusement interrogés donnèrent
les éléments avec lesquels le juge
composa
le
signalement
à
lancer
dans sa commission rogatoire dont
l’envoi a abouti au resultat cherché.
Moins de trois semaines après l’envoi de sa
commission rogatoire, trois vagabonds sont
signalés à M.Fourquet par différents parquets
comme correspondant au signalement.
Amenés à Belley, on n’observait pas chez ces
vagabonds le rictus caractéristique et l’œil
malade remarqués sur l’individu recherché.
M.Fourquet n’avait pas grand espoir d’aboutir.
Par acquit de conscience, il fit venir les témoins
de Benonces qui, du premier coup, déclarèrent
que ce n’était pas l’assassin de Portalier.
(Source : Le Progrès 1897 - Bibliothèque de Lyon - Cote 070442)
Tous les mois
vous fait vivre votre histoire
Dossier
et prend ses positions sur la place.
Les troupes se déploient en un cordon
qui coupe en deux le Champ-de-Mars.
Toutes les rues aboutissantes sont
barrées et la consigne étant très sévère,
il est impossible de pénétrer sans carte.
La foule augmente sans cesse, des rumeurs
confuses s’en élèvent ; des voitures arrivent
sur lesquelles s’étagent de véritables grappes
humaines. Des cris, des refrains se succèdent.
Mais voici le fourgon contenant des bois de
justice. De suite sous la surveillance de M.
Deibler, les aides commencent leur besogne.
Dans l’allée qui continue la rue des Ursules, au
centre du Champ-de-Mars, bientôt la sinistre
machine s’élève et rien n’est lugubre, dans
cette nuit frissonnante, comme le travail, aux
falotes clartés des lanternes, de ces hommes
tranquilles édifiant lentement le fatal engin.
LE RÉVEIL DU CONDAMNÉ
Le réveil de Vacher avant son exécution - Le Progrès Illustré - Bibliothèque Municipale de Lyon
31 décembre 1898
Suite de la page 1...
L’exécuteur des hautes oeuvres a bien vieilli ;
il est maintenant tout courbé et c’est avec
plaisir qu’il doit voir arriver l’heure de la
retraite. C’est, en effet, sa dernière exécution
et, le 1er janvier, son fils Anatole lui
succèdera dans le titre de Monsieur de Paris.
Parmi les centaines d’exécutions que M.
Deibler a eu à faire depuis vingt ans, on
peut citer parmi les plus intéressantes :
Prunier à Beauvais, 18 novembre 1879,
sur qui fut pratiquée pour la première fois
l’autopsie immédiate, démontrant que le
20
corps du supplicié n’a plus aucune sensation.
Le sergent de ville Prévost (1879), qui avait
assassiné un bijoutier nommé Lenoble,
coupé son corps en morceaux jetés dans les
égouts et fait cuire la tête dans une marmite.
Campi, le mystérieux et légendaire assassin
de M. Ducros de Sixt et de sa soeur, rue du
Regard, et qu’on prétendait être le frère du
général Boulanger !.. Puis Gamabut, l’assassin
de Mme Ballerich, le chanteur des “ Blés
d’or “, dont le crime eut pour les deux fils
de la victime de si terribles conséquences,
Gaspard et Marchandon, exécutés le même
jour (11 août 1885), l’un pour le crime
d’Angoulème, l’autre pour celui de la rue
de Sèze. Pranzini (1er septembre 1888).
Puis Eyraud, l’amant de Gabrielle Bompard,
l’assassin de l’huissier Gouffé, dont les
aventures ont fait tant de bruit (3 février
1891). Vodable, le “ décapiteur “ (août
1891) ; Berlaud et Doré, les sinistres gamins
assassins de Courbevoie ; Ravachol, le 10
juillet 1892, à Montbrison, et Anastay, le
sous-lieutenant, à Paris. Vaillant, l’auteur
de l’attentat à la Chambre des députés, et
Emile Henry, l’auteur de l’explosion du
Torminus (1894) ; Caserio, l’assassin du
président de la République Carnot, et en
dernier lieu Carrara, le brûleur de cadavre.
Comme on le voit, M. Deibler peut se
reposer. Il a eu beaucoup de besogne et,
parmi ses “clients”, de nombreux assassins
“de marque”. Sa gloire peut être satisfaite.
AU CHAMP-DE - MARS
À trois heures, les gendarmes, montent à
cheval et se rendent au Champ-de-Mars.
Cinquante hommes en tout : vingt-cinq
cavaliers, vingt-cinq gendarmes à pied.
Ils sont rejoints bientôt par un
bataillon du 23e qui refoule les curieux
À six heures, M. Ducher, procureur de
la République, assisté de M. Morellet,
greffier, de M. Raisin, substitut, et
Verdalle, juge, accompagné de M. Sambet,
aumônier, de la prison, réveille Vacher.
Le terrible éventreur dort d’un paisible sommeil.
M. Ducher le touche à l’épaule. Vacher
se dresse sur son séant. - Qu’y a-t-il ?
M. Ducher lui dit d’une voix grave : - Vacher,
votre pourvoi a été rejeté, soyez énergique.
Vacher ne se trouble point et c’est sans altération
dans la voix, sans aucun tremblement qu’il
répond : - Ça m’est égal, faites de moi ce que vous
voudrez. Je marche droit devant moi.
Et Vacher se lève et commence à se vêtir,
aidé de ses gardiens. L’aumônier s’approche
de lui et l’exhorte à se repentir de ses crimes.
Vacher refuse de se confesser. - Vous voulez
bien, lui dit le prêtre, entendre la messe ? - Je
n’ai pas besoin de la messe, je suis innocent. À
vous tous qui m’entourez, je souhaite d’être
aussi pur que la grande victime fin du siècle
que je suis, vous n’aurez pas peur de mourir.
Puis Vacher se ravise, il consent à aller à la
chapelle, à condition qu’on l’y porte. Il est déféré
à son désir et, de suite, Vacher change d’idée, il
refuse en protestant encore de son innocence.
Le bourreau procède alors à sa toilette. On lui
coupe les cheveux, on échancre largement le
col de sa chemise. Et pendant cette opération,
sans rien perdre de son sang-froid, Vacher
proteste encore et toujours de son innocence.
Tout est terminé, l’heure est venue; en
bas le fourgon stationne tout ouvert,
entouré de gendarmes, sabres au clair.
Un jour grisâtre éclaire peu à peu l’étroite
place qui s’étend devant la prison.
La porte s’ouvre. Vacher, qui a refusé de
marcher, apparaît porté par les aides. Son
visage est livide; il ne porte plus sa barbe
taillée en pointe qu’il avait à la cour d’assises
et son teint paraît encore plus blafard. Au
moment où l’on va l’introduire dans le
fourgon, il s’écrie de cette voix perçante dont
il interrompait si souvent, pendant les débats
de son procès, le président et les témoins.
“La voilà, la victime des fautes des asiles !”
Les portes de la voiture, où les aides du
bourreau et l’aumônier ont pris place, sont
fermées et au pas, avec un bruit sourd que
martèle le heurt des sabots des chevaux,
la voiture s’en va vers le Champ-de-Mars.
Pendant le trajet, Vacher continue
à protester de son innocence. Il
interpelle les aides assis à coté de lui :
“ - Est-ce possible de faire de pareilles injustices,
dit-il, voilà Mazoyer qui s’avoue coupable,
on le gracie et on me tue, moi qui suis
innocent et que tout le monde sait innocent.
L’aumônier
l’exhorte
au
repentir.
Il
lui
présente
le
crucifix.
Embrassez,
dit-il,
Jésus-Christ.
J’embrasserai, dit-il, Jésus-Christ tout à l’heure.
Autrefois n°8
Dossier
Puis il parle de la grande victime qu’il
est, et des malheurs de la France.
Vous croyez, déclare-t-il, en me faisant mourir
expier les fautes de la France coupable,
mais cela ne suffira pas, vous commettez un crime
de plus, je suis la grande victime fin de siècle.
Mais voici que le fourgon approche du terme de
son voyage. Vacher perd alors de son assurance
et tombe dans une profonde prostration.
Taty, chef de clinique à l’asile d’aliénés du
Rhône, représentant le docteur Pierret ;
Chaumier, inspecteur départemental des
asiles d’aliénés du Rhône, représentant
le docteur Rebatel, qui furent chargés de
l’expertise faite, il y a quelques mois, en vue de
déterminer si la folie de Vacher était feinte ou
réelle, ont dû examiner les restes de l’assassin.
L’EXÉCUTION
APRÈS L’EXÉCUTION
Cependant
la
voiture
débouche
de
la
rue
des
Ursules.
Les troupes font face à la foule
et tournent le dos à l’échafaud.
Un bref commandement se fait entendre :
Portez armes ! présentez armes !
Et de la foule un immense murmure
s’élève. Des cris retentissent : A mort,
à mort Vacher, à mort l’assassin !
Les préparatifs sont brefs. Vacher, qui n’est
plus maintenant qu’une masse inerte, est
descendu de la voiture. Un râle continu, une
sorte de gémissement de bête montrent seuls
que le misérable est vivant encore. Pas un
tressaillement ne l’agite. Les aides le déposent
La foule s’est ensuite lentement dispersée, sans
tumulte, sans désordre, commentant seulement
avec vivacité l’exécution qui venait d’avoir lieu.
La mort de Vacher a été un véritable
soulagement pour toute la population que
ses crimes avaient remplie d’une indicible
horreur. Jamais sentence na été accueillie
avec une aussi unanime satisfaction ; cette
affaire Vacher, ce sinistre cauchemar qui a
duré de si longs mois vient heureusement
de prendre fin et l’expiation est venue
pour le terrible bandit qui avait joui si
longtemps d’une aussi scandaleuse immunité.
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Dossier
et Vacher, après expertise, fut interné à l’asile
de Saint-Ylie près de Dôle. Son état s’étant
suffisamment amélioré, il fut transféré à l’asile
de Saint-Robert (Isère). Il sortit “guéri”, fut
hébergé quelques semaines à Menton par
sa sœur Olympe (qui nota qu’il passait son
temps à écrire), puis il revint dans le Dauphiné
et commença peu après ce que Fourquet(15)
décrivit comme sa “grande série rouge”.
La tête de Joseph Vacher remise aux médecsins légistes après son exécution
La rédaction :
Après la parution de notre premier numéro,
nous avons été contactés par le docteur JeanPierre Luauté, ancien interne des Hôpitaux de
Paris, Chef de clinique à la faculté, ex-MédecinChef du service de psychiatrie de l’Hôpital et
membre de la Société Française d’Histoire de
la Médecine, qui nous a transmis un mémoire
auquel il a apporté une contribution majeure.
C’est avec son autorisation et grâce à son
extrême amabilité que nous vous offrons
la retranscription de ses travaux dédiés à
l’autopsie du cerveau de Joseph Vacher.
Le cerveau de Vacher et
les savants
première partie.
Des crimes au
châtiment.
Joseph Vacher, le célèbre tueur en série,
fut reconnu responsable de ses actes et
guillotiné à la fin du XIXe siècle. Son
cerveau fut examiné par d’éminents savants
qui espéraient trouver des preuves en faveur
de l’aliénation du meurtrier. La découverte
qu’une des sœurs de Vacher était décédée
dans un tableau de démence présénile - qui
s’était manifesté initialement par des troubles
de l’humeur - et donc que Vacher avait pu
être porteur d’une pathologie héréditaire,
22
a amené à revoir les documents de son
dossier. Cette revue apporte des arguments
en faveur d’un diagnostic de psychose
schizo-affective. Une atteinte surajoutée
du lobe temporal est une autre hypothèse
permise par les connaissances actuelles.
À la différence de l’affaire Dreyfus, l’affaire
Vacher, qui était contemporaine. ne divisa
que l’opinion médicale. Elle ne s’arrêta pas
avec l’exécution du condamné. Une autopsie
demandée par la famille (signée par son frère
Pierre et par sa sœur Olympe), à l’instigation
des médecins qui avaient soutenu la thèse de
l’aliénation, et pour eux de l’irresponsabilité,
permit d’examiner le crâne et le cerveau de
Vacher. Dans l’ensemble de ce travail, nous
essaierons de savoir qui étaient les savants
(petits et grands) qui procédèrent à ces
examens, ce qu’ils cherchaient et ce qu’ils
trouvèrent. Mais préalablement, il convient de
distinguer l’affaire Vacher proprement dite de
celle qui l’a précédée et de présenter les dossiers
médicaux qui avaient été préparés à l’occasion
de ces affaires. Deux hypothèses diagnostiques
basées sur la clinique, non exclusives
l’une de l’autre, seront alors proposées.
1. LES AFFAIRES VACHER
1.1. L’affaire de Beaume-les-Dames
Pendant son service militaire, Joseph Vacher
avait fait la connaissance d’une jeune femme
qui, après lui avoir promis le mariage, se
rétracta. Vacher, qui entre-temps avait été
libéré de ses obligations en raison de son état
mental (cf. infra), se rendit fin juin 1893 sur le
lieu de travail de la jeune femme à Beaume-lesDames, lui fit une scène puis lui tira plusieurs
balles à la face. Il retourna ensuite son revolver
contre lui et se tira deux balles dans l’oreille
droite. L’agressée et l’agresseur survécurent
1.2. Le tueur en série
“L’effroyable odyssée d’un des plus grands
criminels des temps modernes, sinon du plus
grand”, comme l’écrivit avec emphase le juge
Fourquet dans son plaidoyer pro domo(15),
s’interrompit à la fin du mois d’août 1897.
Vacher, qui avait été arrêté après une agression
sexuelle qu’il n’avait pas pu mener à son
terme. fut soupçonné par le juge d’instruction
de Tournon d’être l’individu que son collègue
Fourquet recherchait activement (celui que
les journaux désignaient comme le “Jack
l’éventreur du Sud-Est”), et dont il avait
envoyé le signalement à tous les parquets du
territoire. Vacher fut transféré à Belley où
Fourquet obtint de lui l’aveu de 11 crimes,
tous commis depuis sa sortie de l’asile de
Saint-Robert le 1er avril 1894. Toutefois, il
est probable que Vacher en ait commis bien
plus, au moins 16 d’après Fourquet, qui était
notamment persuadé qu’il était l’auteur du
crime de Varacieux en 1890 sur une fillette de
neuf ans, ce que Vacher avait d’abord avoué
mais qu’il refusa par la suite de reconnaître.
La plupart des crimes avoués furent
commis sur de jeunes bergers ou bergères
que le chemineau avait repérés lors de ses
pérégrinations, et ils obéissaient à un même
modus operandi que Lacassagne dans son
ouvrage(19) décrit longuement et qu’il désigne
comme des “crimes sadiques” (strangulation,
égorgement puis éventration et mutilation
des parties génitales). Par la suite, Vacher
dissimulait plus ou moins les corps et
s’enfuyait à grandes enjambées (il était capable
de parcourir 80 kilomètres d’une seule traite).
Vacher parlait de la rage qui le prenait en face
de ses victimes, de son irrésistible besoin de
tuer et de mordre, mais il refusa de livrer les
détails des actes sexuels auxquels il se livrait sur
ses victimes. Fourquet était persuadé qu’il était
pédéraste, et il raconte(15) comment il parvint
à le faire admettre par les experts. Il les avait
certainement choisis avec soin. Il s’agissait
des docteurs Lacassagne, Pierret et Rebatel,
respectivement professeur de médecine
légale à Lyon, professeur de clinique des
maladies mentales (et médecin-chef à l’asile
de Bron), directeur d’une maison de santé.
2. ANTÉCÉDENTS DE VACHER
Ces éléments proviennent de sources très
diverses : certificats médicaux et attestations
recueillis pendant l’instruction ou rédigés
antérieurement aux crimes, rapports des
experts(1), récits de Vacher(2), enquêtes faites par
des journalistes (l’un des plus actifs fut Albert
Sarraut, le futur président du conseil). Il est
parfois difficile d’affirmer l’authenticité de ces
témoignages, lesquels constituent, selon les
partisans et adversaires de la responsabilité de
Vacher, des arguments à charge ou à décharge.
2.1. Antécédents personnels
Joseph Vacher est né à Beaufort (Isère) le
16 novembre 1869, il était le quinzième des
seize enfants que son père avait eus de deux
mariages. Il avait un frère jumeau décédé
à l’âge de huit mois. D’après Fourquet(15),
les deux bébés dormaient dans le même
berceau sur lequel un jeune frère aurait posé
une énorme miche de pain qui avait étouffé
son jumeau. Les experts et Fourquet, se
fondant sur des témoignages recueillis lors
de l’instruction, indiquent que Vacher se
serait très tôt signalé par des actes de petite
perversité à l’encontre d’animaux ou de jeunes
garçons. Pour sa part, Vacher insistait sur les
deux causes qui étaient à l’origine de sa “rage”.
D’abord la morsure (il n’en était pas sûr) par
un chien enragé (selon une croyance populaire
de l’époque, celui qui avait été mordu par
un chien enragé le devenait lui-même et
s’attaquait à autrui) à l’âge de sept ou huit ans,
mais surtout le remède qu’on lui avait alors
fait absorber et qui lui avait “vicié le sang”(2).
Pour Lamothe(21), le jeune Vacher aurait
présenté peu après la morsure (ou le léchage)
un état de sidération qui s’expliquerait
par un événement qu’elle suppose : son
viol par le garde-champêtre du village.
Nous avons tenu à signaler ce prétendu
événement, dont personne n’a jamais fait
mention, et dont Lamothe elle-même dans
sa thèse(20) ne parle pas, car il lui a fourni un
montage explicatif(21) qui, pour Corneloup (13),
apporte “un regard singulièrement novateur,
pour ne pas dire révélateur” sur l’affaire.
Vacher chercha à se placer comme garçon
de ferme mais ne fut gardé nulle part. Dans
sa lettre d’aveux “À la France” du 7 octobre
1897(2), il raconte : “Je me souviens que lorsque
je me voyais seul, j’avais à cette époque 14
ans, à travailler, je ne pouvais vaincre des idées
qui me venaient à la tête et tout d’un coup je
partais à travers les champs, je faisais plus ou
moins de neuf kilomètres et quand j’étais las je
me ramenais à mon travail. li faut que je vous
dise que je me serais attaqué et aurais déjà
fait des bêtises dans ces accès mais le hasard
voulait que je ne rencontrasse personne …”
Vacher, à l’âge de 16 ans, fut accepté comme
postulant chez les maristes. Il en aurait été
expulsé deux ans plus tard, à la suite d’une affaire
de mœurs. En septembre 1888, il fut soigné
à Grenoble pour une orchite blennorragique
pour laquelle il fut, en février 1889, admis à
l’Antiquaille dans le service du Dr Gailleton,
futur maire de Lyon. Lors de l’instruction(1),
celui-ci ne put se souvenir que d’avoir procédé
à l’ablation d’un testicule. L’autopsie(18) révéla
“que le testicule droit était manifestement
atrophié, quant au gauche, il présentait une
adhérence presque totale à la vaginale”. Peu
après, Vacher se rendit chez l’un de ses frères
à Genève (qu’il n’avait pas vu depuis dix ans),
lequel, en présence d’“individu à l’air égaré
et sauvage”, eut du mal à le reconnaître. Au
cours de ce séjour, Vacher lui dit : “Je ne sais
pas ce que j’ai ; je suis comme possédé, si je
rencontrais quelqu’un je lui ferais du mal”(1).
Vacher fut incorporé au 60e RI de Besançon
en novembre 1890. Pendant la période de
son service militaire, Fourquet recueillit un
ensemble de témoignages concordants sur
son caractère et son comportement auprès
de ses anciens camarades, de ses supérieurs
et des médecins militaires. Ils le présentent
tous comme un sujet vindicatif et violent qu’il
avait fallu à plusieurs reprises désarmer et qui
avait dû être deux fois transféré à l’infirmerie
en raison de comportements auto- ou
hétéro-agressifs graves liés à une intolérance
à la frustration et à des idées de persécution.
Ses camarades l’appelaient “le fou” et s’en
méfiaient car il les menaçait de leur couper
le cou avec un rasoir. Ses crises de violence
pouvaient être “utilitaires” : ainsi, après l’une
d’elles qui était liée à sa déception de ne pas
avoir été nommé caporal, il écrivit au colonel
et obtint gain de cause. Après un passage à
l’hôpital de Besançon, il lui fut accordé
un congé de convalescence de quatre mois
“afin qu’il n’eut plus à reparaître au corps”.
Le Dr Grandgury(19), qui l’avait examiné lors
de ses passages à l’infirmerie de la caserne,
estima, après l’affaire de Beaume-les-Dames
qui avait eu lieu pendant ce congé, que son
acte était motivé “par une nouvelle crise
Autrefois n°8
Dossier
d’excitation cérébrale avec idées délirantes”,
et il conclut qu’il y avait lieu de le proposer
pour la réforme. Celle-ci fut prononcée
le 2 août 1893 pour “troubles psychiques
caractérisés par des idées de persécution,
idées de suicide, grande irritabilité”.
2.1. Antécédents personnels
Il convient ici de signaler la minutie avec
laquelle Fourquet rechercha ces antécédents
en demandant, par l’intermédiaire du juge
de paix de Roybon. les témoignages de trois
membres de la famille et de six témoins non
apparentés(1). Aucun témoin ne confirma
l’existence de tels antécédents. La méthode
de Fourquet a été critiquée par Tavernier et
Garet(28), car “aucun paysan ne souhaite se
compromettre”. L’absence d’antécédents
familiaux contredisait l’expertise du Dr
Guillemin faite à Sainte-Ylie qui, lui, avait fait
appel à la gendarmerie. Il soutenait qu’une
sœur de Vacher avait présenté des accès de
lypémanie (mélancolie) avec des idées de
suicide, et qu’un de ses oncles avait fait des
“extravagances”. Plus tard, Laborde(18) affirma
avoir reçu des renseignements “absolument
confirmatifs” sur l’hérédité de Vacher : “Son
Rosalie Ravit, la mère de Vacher, comme une
dévote mystique, sujette à des apparitions.
Enfin, en 1938, le Dr Locard(23), disciple de
Lacassagne, écrivit : “Un nouvel élément
qui n’a pas été connu, et qui ne pouvait pas
l’être à l’époque du procès, aurait peut-être
influé et sur les experts et sur le jury. Plusieurs
années après l’exécution du criminel, une
sœur de Vacher a présenté les symptômes
les moins douteux d’aliénation mentale. Je
viens d’apprendre qu’elle est morte dans
un asile.” Notre enquête aux archives de
l’hôpital de Saint-Egrève retrouve bien le
dossier d’une sœur de Vacher, mais elle y est
décédée en février 1939. S’agit-il de celle dont
parle Locard ? On peut se poser la question,
d’autant plus que Tavernier et Garet(28)
rapportent qu’en 1920, Locard avait déjà
signalé dans une conférence qu’une sœur de
Vacher était morte folle dans un asile d’aliénés.
Mademoiselle Marcelline Vacher, née le 14
novembre 1867, la treizième de la fratrie,
a été admise à Saint-Egrève en 1932 en
placement d’office pour un état de “dépression
mélancolique avec idées polymorphes de
persécution. S’imagine qu’on l’accuse d’avoir
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père a eu vers l’âge de 40 ans une fièvre
qui dura deux mois et pendant laquelle
on fut obligé de l’attacher ; un parent des
plus proches, actuellement vivant, présente
et manifeste par intervalles, des troubles
mentaux, particulièrement caractérisés par ce
fait ; qu’il quitte brusquement son travail, et
qu’il se met à courir sans but, en criant et en
chantant.” D’après Tavernier et Garet(28), il
s’agissait d’un des frères de Vacher et l’épisode
se situe en 1900. Une hospitalisation, si elle
avait été nécessaire, ne s’était pas faite à SaintRobert car une recherche dans les registres de
l’hôpital de Saint-Egrève (qui a remplacé SaintRobert) ne découvre aucune trace d’un Vacher
de Beaufort entre 1898 et 1903. D’autres
témoignages d’origine journalistique décrivent
Autrefois n°8
(Illustration ci-dessus) Alexandre Lacassagne,
né à Cahors le 17 août 1843 et mort à
Lyon le 24 septembre 1924, est un médecin
français (médecin légiste et médecin expert
auprès des tribunaux), professeur à la
Faculté de médecine de Lyon il contribua
à préciser la déontologie médicale et
l’un des fondateurs de l’anthropologie
criminelle, dans la lignée de l’école italienne
de criminologie de Cesare Lombroso –
dont il tentera plus tard de se distinguer.
En hommage à son apport, le Conseil municipal
de Lyon, en 1925, rebaptise en honneur le
“Chemin des Pins” sous le nom de avenue
Lacassagne, dans le 3e arrondissement.(Wikipedia)
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Dossier
L’asile Saint-Robert à Saint-Egrève (Isère) où fut interné Vacher
douleur morale”. Quelques mois plus tard, il
sera précisé que cette dépression mélancolique
évolue sur un fond de présénilité. Au cours
d’une hospitalisation ininterrompue de près
de sept ans, le délire mélancolique restera
à peu près inchangé et le diagnostic de
“démence présénile” sera affirmé. Elle décéda
de marasme après la découverte, fin 1937,
d’un probable cancer du col de l’utérus qu’il
n’avait pas été possible d’opérer en raison de
son agitation. L’observation ne précise pas
l’ancienneté des troubles. D’après l’inventaire
de ses biens, elle vivait dans des conditions
misérables. Elle avait sûrement dû être
interrogée sur Joseph car il est mentionné :
“Prétend que son frère a été tué pendant
la guerre.” il n’y eut pas de vérification.
3. CERTIFICATS MÉDICAUX ET
EXPERTISES ÉTABLIS LORS
DES HOSPITALISATIONS ET DE
L’INCARCÉRATION
3.1. Hospitalisations de Vacher
Après l’affaire de Beaume-les-Dames, Vacher
fut placé à l’asile de Saint-Ylie, d’abord
en observation puis interné d’office après
une expertise très complète faite par le Dr
Guillemin(19). Celui-ci le décrivait persécuté,
interprétant (il n’utilise pas le terme),
halluciné (il avait eu des attitudes d’écoute),
et concluait à une “aliénation mentale
caractérisée par le délire de persécution le
rendant irresponsable de ses actes”. Les balles
que Vacher s’était tirées dans l’oreille avaient
entraîné une surdité complète, une paralysie
faciale droite et une suppuration importante.
Il réclama une opération destinée à les extraire
puis il la refusa, se montrant violent et disant
qu’on voulait le tuer. D’une façon générale, il
garda un très mauvais souvenir de son séjour
dans cet asile, et plus tard, il insistera sur les
mauvais traitements et les “abominalités” qu’il
y avait subies et constatées. Ce souvenir va lui
fournir ultérieurement une explication de ses
crimes : “Si je n’avais pas été sali par la saleté
et les abominations, jamais je ne les aurais
commises les saletés et les abominations”(2).
Le certificat établi en décembre 1893 lors
de son transfert le décrit comme suit : “Est
sombre, taciturne, inquiet, et toujours hanté
par des idées de suicide. A fait une tentative
vers la fin d’octobre. Se jetait la tête contre
les murs. Est tout disposé à recommencer à
la prochaine occasion. En veut aux médecins
parce qu’ils ne l’ont pas opéré, et croit
qu’autour de lui, on le jalouse et le persécute.”
Les certificats de 24 heures et de quinzaine
signés par le Dr Dufour sont toujours dans les
registres de la Loi à l’hôpital de Saint-Egrève.
Ils démontrent qu’il était parfaitement
informé de l’ancienneté et de la gravité des
troubles : “Le nommé Vacher admis hier
est malade depuis longtemps. Au régiment,
24
il se croyait poursuivi par ses voisins”, et
le 21 décembre_ 1893 : “Est calme mais
conserve des idées délirantes. À maintenir.”
Vacher ne posa strictement aucun problème
de maintien à Saint-Robert et il garda de
son séjour et des soins reçus un souvenir
reconnaissant. Dufour, au bout de trois
mois, put demander sa sortie : “Est calme.
inoffensif et paraît ne plus donner de signes
de folie. A conscience de son état antérieur et
demande sa sortie qui peut être ordonnée.”
Elle eut donc lieu le 1er avril 1894. Quaranteneuf jours plus tard, il commettait le
premier meurtre de sa “grande série rouge”.
Pendant son séjour, l’oreille de Vacher
avait été examinée par un chirurgien
des hôpitaux de Grenoble qui ne vit
pas la balle et conclut à une “carie” du
rocher ne nécessitant pas d’opération(18).
3.2. Certificat établi pendant l’incarcération
Le Dr Bozonnet, médecin de la prison de
Belley peu après son incarcération nota :
“Le nommé Vacher est atteint de débilité
mentale, d’idées fixes voisines des idées
de persécution, de dégoût pour la vie
régulière”, et il estimait sa responsabilité
“très notablement diminuée”(19). C’est lui qui
introduisit le Dr Madeuf auprès de Vacher.
3.3. Le Docteur Madeuf
Le Dr François Madeuf. diplômé de la
faculté de médecine de Paris “bi licencié es
sciences”, se présentait comme professeur
libre de rhinologie, otologie, laryngologie. Il
fit paraître plusieurs ouvrages de vulgarisation
médicale dont un guide sur les maladies
ORL et les affections qui en dépendent.
Dès l’introduction de son étude sur Vacher(18),
J.-B. V. Laborde, maître d’œuvre et principal
auteur de l’ouvrage, lui rendit hommage : “Ce
passionné de la science et de la recherche, ce
spécialiste distingué” grâce à qui cette étude
a été rendue possible (c’est Madeuf qui avait
obtenu de la famille de Vacher l’autorisation
d’autopsie). Madeuf estimait que le cas Vacher
était proche de celui de Menesclou, qui avait été
guillotiné pour le viol et le meurtre d’une jeune
fille et qui souffrait aussi de troubles auriculaires.
Et Laborde de préciser : “Dès qu’il fut question
chez Vacher de lésions de l’oreille, il (Madeuf)
conçut la résolution d’avoir les pièces en mains.”
Tous les “vacherologues” connaissent l’épisode
du 24 septembre 1897, quand Madeuf, arrivé
de Paris pour examiner Vacher, fut interrompu
par le juge Fourquet, furieux de cette intrusion
non autorisée, et promptement mis à la porte
par lui. Fourquet, dans ses mémoires(15), revient
sur les“intrigues” du Dr Madeuf qui cherchait
“à se tailler une réclame dans l’affaire Vacher”.
Il se gausse aussi de l’audition de Madeuf lors
du procès, où il avait parlé “de Menesclou et
de choses absolument étrangères à l’affaire”, et
Fourquet d’ajouter “Vacher seul applaudit”.
Vacher avait apprécié la visite de Madoeuf
(sic) à qui il adressa le lendemain un courrier
respectueux en lui demandant de le faire
publier dans le Progrès ou le Lyon Républicain.
Mais quelques jours plus tard, le 1er octobre,
ayant probablement compris qu’il avait
commis un impair vis-à-vis de Fourquet,
il lui écrivit : “Il vaut mieux avoir affaire
au Grand Millionnaire qu’à tous les petits
réunis. On est plus rassuré entre ses mains
qu’entre toutes celles de Bi-licenciés en science
D’otologie, de Rhynologie et de Laryngologie, de Bi-Bi-Hautes Sciences des oreilles,
de la gorge, de l’ozène et de la Punaisie !”(2).
La référence de Madeuf à l’affaire Menesclou
était habile ; en effet, l’examen du cerveau
du supplicié avait fait l’objet en 1880 d’une
communication devant la prestigieuse
Société d’Anthropologie de Paris (SAP) par
Chudzinski, le fidèle préparateur de Broca(12).
Il avait découvert un ramollissement de
la substance blanche et des méninges très
épaisses et adhésives. Toutefois, Eugène Dally,
qui était membre de la SAP et de la Société
Médico-Pychologique (il fut président des
deux sociétés), avait refusé le moindre rapport
avec le crime : “Jamais on n’a regardé le viol
d’une petite fille comme symptôme d’une
méningite chronique.” En revanche, les
lésions des oreilles de Menesclou, dûment
constatées par le Dr Gellé, et responsables
de la quasisurdité du meurtrier, avaient
conduit plusieurs membres à supposer un
lien avec «certains côtés de son caractère”.
L’avis
de
Delasiauve,
qui
siégeait,
avait été sollicité, et il avait confirmé
la relation possible entre maladies des
oreilles, délires et altérations du caractère.
il avait cité l’observation plus ancienne de
l’assassin Lemaire, guillotiné à 19 ans, dont
le cerveau avait été présenté devant la société
par Broca lui-même. Celui-ci avait découvert
les signes d’une méningite chronique
diffuse et s’était écrié : “Croyant punir
un coupable, on a guillotiné un aliéné”(8).
3.4. Expertise pendant l’incarcération
Les experts qui examinèrent longuement
Vacher et qui par commodité avaient demandé
son transfert à la prison Saint-Paul de Lyon
concédaient qu’il avait été atteint d’une
aliénation mentale mais transitoire et que sa
responsabilité était “à peine atténuée par les
troubles psychiques antérieurs”(2). Ces troubles
étaient minimisés, et pour eux, l’affaire de
Beaume-les-Dames n’était que le crime
passionnel banal d’un amoureux éconduit.
Fourquet(15) alla plus loin, accusant Vacher
d’avoir simulé la folie pour bénéficier du nonlieu. Quels qu’aient été ses troubles antérieurs,
Vacher en avait été guéri pour les experts qui
s’appuyaient premièrement sur le certificat du
Dr Dufour demandant la sortie de Vacher, et
deuxièmement sur un long rapport, en
date du 12 novembre 1897, où Dufour
défendait sa décision(1). Il y déclarait n’avoir
eu aucun renseignement sur les antécédents
et écrivait : “En admettant qu’il ait été aliéné
auparavant, ce qu’on peut supposer d’après
les faits, nous avons pu croire que le chagrin
d’amour était la cause de sa maladie mentale.”
Quant aux troubles présentés depuis, ils étaient,
pour les experts, considérés comme simulés.
L’aliénation était récusée,
de même
que l’épilepsie et l’impulsion. L’absence
d’antécédents familiaux était soulignée,
probablement en tant qu’argument contre
l’aliénation.
Au moment de l’expertise, après une
radiographie de l’oreille qui avait montré
la présence d’une balle, et après un examen
approfondi par le Pr Lannois de l’oreille
de Vacher, Lacassagne et al. reconnurent
que Vacher souffrait de “maux de tête, de
bouillonnements et de vertiges qui le rendent
comme saoul”, mais arguant de l’absence
d’hallucinations auditives, ils refusèrent
d’établir un lien entre ses troubles auditifs et
“son état actuel de folie supposée”.
Finalement, les experts conclurent à des “crimes
commis par un immoral violent, antisocial,
sadique, sanguinaire”.
li faut signaler que nulle part ne se trouvent
mentionnés les résultats d’un examen
neurologique ; la seule indication qui figure
dans l’expertise concernant l’examen physique
de Vacher est la constatation de l’ “énorme
musculature des mollets”, et l’existence de
pieds creux.
4. LE PROCÈS
Il eut lieu à Bourg-en-Bresse du 26 au 28
octobre 1898 et ne concerna que le crime de
Bénonces (Ain) de 1895 commis sur le jeune
Portalier âgé de 16 ans. Un commentateur
récent de l’affaire, Pierre Truche, ancien
président de la Cour de cassation, précise
que judiciairement, Vacher n’est donc pas un
tueur en série et il s’indigne de l’hypocrisie
du procès car “tout au long de la procédure,
tous les crimes furent évoqués et détaillés par
le juge d’instruction et les experts”(13). Vacher
avait décidé, pour se défendre, de se présenter
lui-même comme un malade irresponsable. Sa
prestation où il en rajoutait (probablement de
façon à être bien sûr de passer pour un fou)
ne fut pas appréciée des jurés et alimentait
l’accusation de simulation. Ses idées éroticomystiques, qui ne dataient pas de son
incarcération et n’étaient donc pas utilitaires
(voir ses Écrits d’errance(2)), ne furent pas prises
en compte. Elles constituent pour J. Biéder(4)
“la teinte de l’état mental habituel de Vacher”.
L’expertise, manifestement à charge, fut la
pièce majeure de l’accusation et emporta la
décision des jurés. Dufour ne fut pas entendu
et n’eut pas à répéter qu’“au moment de sa
sortie, il (Vacher) n’était pas aliéné et qu’il
était entièrement responsable.” Telle n’était pas
l’opinion d’Olympe, la sœur de Vacher, qui
se précipita sur l’inculpé et déclara : “Pauvre
frère, c’est le Dr Dufour qui en te remettant en
liberté est cause du déshonneur de ta famille.”
L’avocat de Vacher, Maître Charbonnier, avait
tenté en vain d’obtenir le renvoi de l’affaire à
une autre session afin qu’il soit procédé à un
examen par un autre collège d’experts : les Drs
Toulouse et Magnan de Paris, le Dr Bonnet
de l’asile de Saint-Robert (il avait en 1898
remplacé Dufour qui avait été élu député).
Après la condamnation à mort, Maître
Charbonnier se démena pour obtenir la grâce de
Vacher et il fit à la hâte imprimer un opuscule(10)
où il reprenait tous les éléments de sa plaidoirie
et du dossier médical propres à démontrer,
selon lui, l’irresponsabilité de son client. il fit
appel au Dr Toulouse qui rédigea en urgence
une réfutation de l’expertise de Lacassagne et
al. qu’il publia en novembre dans sa Revue de
psychiatrie(29). Dans son opuscule, Charbonnier
signalait cet article et il reproduisait un courrier
de Toulouse où il écrivait en lettres grasses : “Il
faut absolument que l’on gracie cet aliéné.”
L’ancien magistrat P. Bouchardon donne le détail
de la procédure qui suivit la condamnation(5).
La commission des grâces de la Chancellerie
avait finalement estimé “que la personnalité
du condamné, le nombre, la nature des crimes
commis et leurs circonstances peuvent faire
douter qu’il jouisse de la plénitude de ses facultés
mentales”, et elle proposait une commutation
de peine. Félix Faure refusa d’apposer sa
signature au décret qui avait été préparé.
Autrefois n°8
Dossier
4.1. Désiré Magloire Bourneville (1840-1909)
Élève de Charcot, ce politicien engagé
suivait l’affaire pour le Progrès médical et les
Archives de neurologie (il était le rédacteur.
en chef de ces deux publications). Deux
lettres manuscrites de lui, l’une demandant
des renseignements, l’autre de remerciements,
figurent dans le dossier de Vacher à SaintEgrève. Bourneville siégeait à la commission
de surveillance des asiles de la Seine et il y fit
connaître, puis publia(6) l’interview d’un Dr
Samuel Garnier au Progrès de la Côte-d’Or
(interview que Dufour lui avait probablement transmis). Le Dr Garnier avait déclaré
qu’en raison d’une lacune de la législation, les
rapports des médecins aliénistes ne suivaient
pas le malade en cas de transfert et qu’ ainsi,
n’ayant pu prendre connaissance du rapport de
si la peine de mort devait être appliquée
(il en était un farouche adversaire), qu’une
autopsie soit faite “avec le plus grand soin”.
4.2. Édouard Toulouse (1865-1947)
Édouard Toulouse avait pris parti pour
l’irresponsabilité. Son engagement, quoique
tardif. fut total. Sa biographie(17) nous apprend
qu’il avait 33 ans et venait juste d’être nommé
médecin-chef à Villejuif. Préoccupé de la
question, qui était à la mode, des rapports entre
le génie et la folie, il avait entrepris très tôt des
enquêtes auprès de quelques grands hommes
et il s’était déjà fait connaître en publiant celle
qu’il avait consacrée à Zola. Il s’agissait d’une
étude “multidisciplinaire” et il avait conclu
que Zola était bien un névropathe mais du
type “dégénéré supérieur”. Toulouse avait
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Vacher face à son juge d’instruction Émile Fourquet - (Source : 1897 - Fonds ancien - Bibliothèque de Lyon)
Guillemin, il (Dufour) “put remettre en liberté
le monstre qui occupe la région de ses forfaits”.
Dès l’annonce de la condamnation à mort,
Bourneville exprima ses réticences face aux
conclusions des experts(7), soulignant l’influence
des accès de folie antérieurs. l’influence
de la balle dans le crâne sur le caractère et
l’intelligence, celle de l’otite chronique qui
“plaideraient en faveur de la commutation
de la peine malgré l’horreur des crimes
commis par ce malheureux”. Il demandait,
Autrefois n°8
bien d’autres compétences (en psychologie
expérimentale, en criminologie, en sexologie),
et il reste connu comme un critique virulent
des conditions de soins dans les asiles, exposées
dès 1896 dans Les causes de la folie(30).
Dès avant le procès, il avait publié dans sa
Revue de Psychiatrie un article du Dr Paul
Brousse(9), qui. comme lui, s’insurgeait contre
les conditions de prise en charge des aliénés
dangereux dans les asiles, réclamant la création,
comme à l’étranger. d’asiles spécialisés.
Dossier
Paul Brousse dénonçait aussi les conditions
d’exercice dans les asiles ordinaires où les
médecins ont des services de 600 à 1200
malades, et il avait calculé qu’avec un minimum
de 600 malades (qu’ils devaient voir tous les
jours), et à raison de dix heures de travail par
jour, ils ne pouvaient consacrer qu’une minute
à chacun d’eux. Ainsi prenait-il d’avance (au
cas où les experts auraient reconnu Vacher
aliéné) la défense du “dernier médecin d’asile
qui avait relâché cette bête fauve”. La situation
de pénurie médicale à l’asile de Saint-Robert
était bien celle décrite par le Dr Brousse(24).
En 1922, grâce à son entregent, Toulouse
obtint la création à Sainte-Anne du premier
service ouvert pour le traitement des malades
mentaux, appelé plus tard “hôpital HenriRousselle”, et il en fut le premier chef de service.
Comme beaucoup d’aliénistes de son époque,
il avait des compétences d’anatomiste, et plus
tard il devint, avec son élève L. Marchand,
le promoteur du laboratoire d’anatomie
pathologique de l’hôpital Henri-Rousselle. Des
années plus tard, il s’engagea, toujours au nom
de la science, dans la défense de l’assassin du
président Doumer. Il n’eut pas plus de succès(16).
6. DIAGNOSTICS
6.1. Diagnostic psychiatrique
Un diagnostic psychiatrique rétrospectif
est-il possible ? Nous le pensons et, si nous
avons si longuement cité les certificats
médicaux antérieurs à la série des crimes,
c’est que leur nombre et leur précision
nous paraissent autoriser cette entreprise.
L’étude de ses antécédents montre ainsi que
Vacher présentait depuis des années, et bien
avant son internement à Saint-Ylie, des
troubles majeurs de la personnalité et du
comportement. Si l’on utilise la rubrique
correspondante de la CIM-10 (troubles
étiquetés F60)[NDRL : La Classification
statistique internationale des maladies et des
problèmes de santé connexes, 10e révision
de schizophrénie faisant partie des psychoses
à expression psychopathique.], mais moins
en raison de sa froideur affective que du
vagabondage et de la violence impulsive.
Surtout, sa mégalomanie (sa mission divine),
ses accès de passages à l’acte, pourraient
aussi s’inscrire dans le cadre d’une “manie
hostile” évoluant sur un mode subaigu.
De plus, si l’on tient compte des antécédents
familiaux (si l’on accepte qu’au moins une de
ses sœurs a présenté un épisode mélancolique)
un diagnostic de psychose schizo-affective
(F25) de la CIM-10 serait à retenir. Certes, et à
plus de 100 ans de distance, il n’existe toujours
aucun marqueur biologique au sens large des
maladies mentales transmissibles, notamment
des troubles schizophréniques et de la maladie
maniaco-dépressive. Mais s’agissait-il chez
Joseph et Marcelline Vacher d’une psychose
5. L’AUTOPSIE DE VACHER
Elle eut lieu à Bourg-en-Bresse le 31 décembre
1898, quelques heures après l’exécution,
en présence des Drs Madeuf, Boyer (élève
de Lacassagne, qu’il représentait), Paviot.
... et des représentants de la presse. Selon
Bouchardon(5), Boyer aurait ultérieurement
déclaré (au Petit Journal) que le cerveau avait
été tellement “malaxé” que les éventuelles
lésions microscopiques que l’on pourrait
y
découvrir
ne
signifieraient
rien.
L’autopsie générale ne découvrit rien
d’anormal(18). Le crâne fut photographié, la
calotte crânienne enlevée puis le cerveau extrait
par Madeuf. Il pesait 1500 grammes. Une fois
enlevé, on put distinguer à la face supérieure
du rocher, séparée du cerveau par une mince
pellicule d’os, une tache noire qui correspondait
à la balle. Le cerveau en regard dans son ensemble
paraissait normal, un moulage en fut fait par
Madeuf. Puis le cerveau fut divisé en deux (31).
La portion droite fit l’objet de coupes verticales
et transversales dont le Dr Paviot conserva
la partie comprenant les circonvolutions
rolandiques. Tout le reste du cerveau avec le
bulbe, le cervelet et la moelle furent mis dans une
solution de formol et transportés par Madeuf,
avec la tête, à Paris. Là, écrit Toulouse(31), “fidèle
à ma méthode de travail, appliquée dans mon
enquête médico-psychologique sur les hommes
supérieurs, j’ai réparti la besogne entre divers
collègues spécialistes”. Et, prenant les devants
des résultats car il était au courant du premier
résultat décevant de l’autopsie (l’inspection
visuelle n’avait rien découvert d’anormal), il
écrivit : “Tous les jours des aliénés meurent
dans les asiles ( ... ). Et cependant les résultats
de l’étude micrographique sont négatifs ou
sans signification. On ne peut donc appliquer
à Vacher, considéré comme aliéné, d’autres
lois que celles qui régissent les autres aliénés.”
En clair, c’était affirmer que le diagnostic
d’aliénation reposait sur la seule clinique.
26
L’accusation du procès : Le crime de Benonces sur le jeune Victor Portalier (16 ans)
(connue sous la “CIM-10”) est une liste de
classifications médicales codant notamment
les maladies, signes, symptômes, circonstances
sociales et causes externes de maladies ou de
blessures, publiée par l’organisation mondiale
de la santé (OMS)], on repèrera de nombreux
traits de personnalité : paranoïaque, schizoïde,
dyssociale, émotionnellement labile (impulsions, accès explosifs) et même histrionique,
c’est-à-dire presque l’ensemble des troubles
de cette rubrique. Les troubles aigus présentés
lors de l’hospitalisation à Saint-Ylie sont plus
difficiles à classifier car ils sont un mélange
de troubles aigus de l’humeur (avec idéations
et tentatives de réalisation suicidaire) et de
troubles de type délirant et persécutoire.
Son comportement criminel ultérieur
pourrait évoquer une héboïdophrénie
[NDLR : L’héboïdophrénie est une forme
dysthymique [NDLR : Classiquement état
psychotique à la fois délirant et maniaque
ou mélancolique] essentielle (ou primaire) ?
Nous verrons si les constatations histologiques
de Philippe et Marchand peuvent
apporter au moins quelques hypothèses.
Notre diagnostic, en mettant l’accent sur
la dysthymie, se distingue des quelques
travaux contemporains qui ont été consacrés
aux troubles dont souffrait Vacher. Morel et
Bouvery (25) évoquent en 1964 “une psychose
au long cours évoluant sur un fond schizoïde,
avec des phases de rémission après des
bouffées délirantes de type paranoïde”. Une
comitialité [NDLR : synonyme d’épilepsie]
temporale leur paraît peu probable et elle
n’aurait fait alors “que se substituer à une
autre structure». Lamothe, qui s’est amusée
dans sa thèse (20) à refaire l’expertise, aboutit
de la part des deux pseudo experts à deux
conclusions différentes concernant la
responsabilité mais à un même diagnostic
clinique : “Joseph Vacher est un psychotique
dont la maladie évolue depuis de nombreuses
années, à travers des formes délirantes,
caractérielles, et des passages à l’acte pervers.”
À noter que l’un des “experts” dans sa
discussion évoque aussi “une épilepsie
temporale(...) devant le caractère de
décharge des actes, leur aspect paroxystique
[NDLR : Se dit d’un phénomène qui
se manifeste par des paroxysmes ou
présente des paroxysmes.] et irrépressible”.
Biéder(4) rappelle d’abord les travaux de
l’époque sur “les aliénés migrateurs”, diagnostic
non envisagé par les experts, puis il évoque
“un vagabondage impulsif ”, mais également
“des impulsions procursives( ... ) peut-être
(de) véritables automatismes ambulatoires”,
c’est-à-dire lui aussi l’hypothèse d’une
épilepsie. De même, quand il évoque les idées
érotico-mystiques de Vacher, c’est à l’épilepsie
qu’il pense puisqu’il s’agit des deux thèmes
classiques du délire chez les épileptiques.
6.2. L’hypothèse de l’épilepsie
Elle se heurte d’emblée à deux objections.
L’une est que Vacher n’a jamais allégué
l’amnésie de ses actes (dans un sens complètement différent, Chevrier(11) s’interroge sur
les “trous de mémoire” de Vacher, et d’une
façon plus générale sur “ces silences qui
entourent le passage à l’acte criminel”).
L’autre est que les experts avaient éliminé
le diagnostic et que, parmi les partisans de
l’aliénation, seul Lombroso avait fait de
Vacher “un épileptique et un criminel-né”.
Toutefois, ses conceptions étaient déjà,
comme nous le verrons, largement
discréditées ; voir notamment leur critique
acerbe par Lacassagne lors du procès(19).
Toutefois, le lien entre violence, criminalité et
épilepsie restera longtemps vivace. En 1953,
Ey(14) décrivait ainsi “l’homme épileptique”:
“Un criminel en puissance ( ... ). Animé
d’une sorte d’agressivité terrible, comme
si l’instrument naturel de cette agressivité,
sa musculature (plus ou moins athlétique),
est toujours prête à frapper, à tuer.”
L’hypothèse de l’épilepsie, et précisément de
l’épilepsie temporale, n’a été évoquée qu’à
partir des années 1960, c’est-à-dire après
l’isolement de cette forme d’épilepsie suite
aux constatations faites, après l’introduction
de l’EEG, que des manifestations mentales
épileptiques pouvaient être liées à des
crises électriques bitemporales. Parmi
les manifestations critiques de l’épilepsie
temporale ont alors été notés des états
d’anxiété, de terreur, et surtout, concernant
notre sujet, des “rage attacks”, et il se pourrait
que les auteurs qui ont évoqué l’épilepsie
temporale aient fait le rapprochement avec
“les crises de fureur paroxystiques” de Vacher.
L’hypothèse de l’épilepsie temporale
ne serait pas à écarter si l’on tient
compte d’un petit symptôme qui n’a
pas, jusqu’à présent, retenu l’attention
en tant que phénomène pathologique
et qui est la graphomanie de Vacher.
Artières(2) écrit : “Vacher n’a cessé tout au
long de son existence de s’exprimer ( ... ). Il
a tracé des centaines de caractères, il a noirci
des dizaines de pages.” Mais, comme son livre
le démontre, c’est après le coup de feu dans
l’oreille droite que le phénomène a pris toute
son ampleur. Il mériterait ainsi d’être qualifié
d’“hypergraphisme”, ce recours compulsif
à l’écriture qui caractérise certains patients
atteints d’épilepsie temporale droite(32).
De plus, les écrits des épileptiques
temporaux
ont
souvent
une
thématique
mystique
ou
religieuse.
Toutefois, l’hypergraphie n’est pas spécifique
Autrefois n°8
Dossier
de l’épilepsie, elle s’observe aussi lors de
lésions permanentes de l’hémisphère droit(33).
Si l’hypothèse de l’épilepsie est difficile à
soutenir, en revanche, il est possible que Vacher
ait souffert d’un syndrome temporal, et on
signalera que des troubles psychiatriques très
divers (caractériels, psychotiques, dépressifs)
et une épilepsie sont constants au cours
de l’“encéphalite limbique” (voir Saladini
et al.(26) pour une observation récente).
6.3. Vacher tueur en série
Les travaux récents sur les tueurs en série
paraphiliques (sadisme sexuel) concernent
bien entendu les crimes de Vacher. Quant
à la distinction entre les catégories “tueurs
organisés” versus “désorganisés”, elle n’a,
pour Bénézech(3), qu’une valeur d’orientation
policière. Dans ce cadre, Vacher entrerait
plutôt dans la catégorie la moins nombreuse,
celle des tueurs désorganisés, ceux que
Bénézech considère pour la plupart comme
des malades mentaux. On essaiera de
montrer dans la deuxième partie que ce sont
ses troubles psychotiques et leur gravité qui
distinguent Vacher des autres tueurs en série.
Remarquons qu’aucun des commentateurs
récents(4,20,25) ne l’a considéré comme un
criminel psychopathe. Des facteurs de psychosociogenèse sont retrouvés chez les tueurs
en série(22,27). Ils nous semblent s’appliquer
préférentiellement aux tueurs dits organisés.
Ils sont, en cas de psychose, à concilier
avec des facteurs de type neurobiologique
qui y sont pour nous prépondérants.
Storck/Masson ; 1899.
(20)
Lyon I ; 1982.
(21)
Archives départementales de l’Ain. Affaire Vacher (en
ligne au moment de la rédaction de ce mémoire).
(2)
Artières P. Joseph Vacher. Écrits d’un tueur de bergers.
Édition établie et présentée par Artières P. Lyon: À
rebours ; 2006 (l’orthographe de Vacher est conservée).
(3)
Bénézech M. De quelques perspectives médicopsychologiques sur les homicides sexuels. Présentation
de trois observations. Ann Med Psycho 1995;153:50111.
(4)
Biéder J. Il y a un siècle, l’affaire Vacher: réflexions sur
les expertises médico-légales psychiatriques. Ann Med
Psychol 1995;153:600-4.
(5)
Bouchardon P. Vacher l’éventreur. Paris: Albin Michel;
1939.
(6)
Bourneville DM. Rubrique “Asiles d’aliénés “. Arch
Neurol 1898 ; 27 ; 251.
(7)
Bourneville DM. Le Progrès médical 1898 ; 48 ; 430.
(8)
Broca P. Sur l’assassin Lemaire et la criminalité. Paris:
Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de
Paris ; 1867. p. 347-55.
(9)
Brousse P. L’organisation des asiles. À propos de
l’affaire Vacher. Revue de Psychiatrie 1898 ; 301-2.
(10)
Charbonnier. Documents sur l’état mental de Vacher.
Grenoble ; lmp Allier Grenoble; s.d.
(11)
Chevrier O. Crime ou folie : un cas de tueur en
série au XIXe siècle. L’affaire Joseph Vacher. Paris:
L’Harmattan ; 2006.
(12)
Chudzinski. Sur le cerveau de Menesclou. Paris:
Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de
Paris ; 1880. p. 578-85.
(13)
Corneloup G. (préface Truche P). Joseph Vacher. un
tueur en série de la belle époque. Le juge et l’assassin
face à face .... Brignais: Éd des Traboules ; 2007.
(14)
Ey H. L’homme épileptique. Bull Psychol 1953 ; 7
; 26-31.
(15)
Fourquet E. Vacher, le plus grand criminel des temps
modernes par son juge d’instruction. Besançon: imp.
Jacques et Demontrond ; 1931.
(16)
Gourévitch M. Les aliénistes au procès de Gorgoulof.
Ann Med Psycho 2005 ; 163 ; 302-4.
(17)
Huteau M. Psychologie. psychiatrie et société sous la
troisième République. La biocratie d’Édouard Toulouse.
Paris: L’Harmattan ; 2002.
(18)
Laborde JV. Manouvrier. Papillault, Cellé. Étude
psycho-physiologique. médico-légale et anatomique sur
Vacher. Paris ; Schleicher ; 1900.
(19)
Lacassagne A. Vacher l’éventreur et les crimes
sadiques. Bibliothèque de criminologie. Lyon/Paris: A
(1)
Autrefois n°8
Lamothe C. Illustration clinique d’une
problématique du double : Joseph Vacher, un serial killer
à l’ancienne. Psy Fr 1998 ; 4 ; 46-55.
(22)
Leistedt S, Coumans N. Pham TH. Linkowski P.
Psychopathologie du tueur en série. Ann Med Psycho
2008 ; 166 ; 677-85.
(23)
Locard E. Les grands criminels lyonnais. Lyon ;
Albums du crocodile ; 1938.
(24)
Malevergne R. Du prieuré de St-Robert à l’hôpital
psychiatrique de St-Egrève. Esquisse historique.
Grenoble: Thèse Grenoble; 1968.
(25)
Morel P. Bouvery P. Aspects anthropologiques et
sociopathiques de dix assassins guillotinés au XIXe
siècle dans la région lyonnaise. Préface Locard E. Paris:
Masson. Collection de médecine légale; 1964.
(26)
Saladini O. Gelin V. Bidault E, Remy C. Antoine JC.
Luauté JP. Syndrome dépressif et encéphalite limbique :
à propos d’un cas. Ann Med Psycho! 2011 ; 169 : 312-4.
(27)
Senninger JL. Hiegel E. Kahn JP. Le tueur en série.
Ann Med Psycho 2004 ; 162 : 634-44.
(28)
Tavernier R. Garet H. Le juge et l’assassin. Paris:
Presses de la Cité ; 1976.
(29)
Toulouse E. Le rapport des médecins experts sur
Vacher. Rev Psychiatrie 1898 ; 11 ; 325-8.
(30)
Toulouse E. Les causes de la folie. Prophylaxie et
assistance. Paris: Société d’édition scientifique; 1896.
(31)
Références
Lamothe C. L’expertise mentale au titre de l’article
64 du Code pénal. Un malaise qui persiste. Lyon: Thèse
Toulouse E. L’affaire Vacher. Rev Psychiatrie 1898 ;
1 : 5-6.
(32)
Waxman SG. Geschwind N. Hypergraphia in
temporal lobe epilepsy. Neurology 1974 ; 24:629-36.
(33)
Yamadori A. Mori E. Tabuchi M. Kudo Y. Mitani Y.
Hypergraphia a right hemispheric syndrome. J Neurol
Neurosurg Psychiatry 1986 ; 49 : 1160-4.
Autrefois
est distribué dans
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tenue de Lyon-ouest
et du pays lyonnais
OFFERT
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une grande
Lyon et le lyonnais ont
histoire. La voici...
Première année
JUIN 2015
É
VACHER EXÉCUT
Aux environs
de Lyon
par Olivier Gros-Chevallier
EDITO
Chers lecteurs,
du récit de ce
Nous voici donc à l’épilogue
nos colonnes
terrible criminel qui a occupé
Vacher ; condamné
durant six numéros, Joseph
la presse de l’époque
à mort pour onze crimes,
populaires bien
mélangée à des fantasmes
attribué cinquante
...voir page 10
légitimes, lui en ayant
pas moins que son
deux, il n’en demeure
en série des temps
titre de “premier tueur
Alors que nous
modernes” n’est pas usurpé.
Atlaoui, avant une
tentons de rapatrier Serge
peloton d’exécution
mort certaine devant le
nous imprimons,
indonésien - à l’heure où
pas encore connue -,
l’issue de son sursis n’est
BESSENAY
l’effet de la peine
je me suis interrogé sur
civile que
L’almanach
délinquance
capitale au regard de la
1760
la nuit des temps.
nous connaissons depuis
je précise que loin
En précaution oratoire,
Note de la rédaction :
débat sur la peine
de moi l’idée de lancer un
ce texte est originale.
porter un éclairage
La retranscription de
de mort mais plutôt de
“Français classique”e
je mène
Elle est écrite en
par les investigations que
XVIII
le
alimenté
et
utilisé entre la renaissance
construire le journal
au fil des siècles pour
classique” donnera
siècle. Ce “Français
est de constater que
moderne” parlé
Autrefois. Donc, force
naissance au “Français
sur un prisonnier
e
jusqu’à nos jours.
l’atteinte physique violente
depuis le XIX siècle
ne font, en aucun
ainsi que la peine capitale
de Lyon, de 1760,
de crimes, bien au
L’édition de l’almanach
cas, baisser le nombre
des villes, bourgs,
où la
pendaison
la
offre la description
torture,
contraire ; la
fiefs, rivières et
dans les sociétés
villages, seigneuries,
Tissot
du
décapitation sont prégnantes
Autrefois ©2015 - Colin
provinces du lyonnais,
de ceux qui ne le
de Joseph Vacher : Journal
significative dans les montagnes des
Illustration de l’exécution
violentes ; au grand dam
Voici ce que l’on
note pittoresque et bien
de toutes parts. forez et du beaujolais.
sociétale actuelle est
pensent pas, notre vie
groupes que l’on rencontre
commune de Bessenay.
est inutile de le dire, peut trouver pour la
sécurité, attention,
Les conversations, il
empreinte d’une grande
du jour, et
est fidèle à l’original.
imaginer qu’il
roulent toutes sur l’événement
La graphie de ce texte
d’angélisme, il ne faut pas
pas
voir
de
satisfaction
sa
elle ne ressemble
tout le monde exprime
n’y ait pas de criminalité mais
misérable, le jour du
commencement de
enfin arriver, pour le
en rien aux délits du
31 décembre 1898
DE LYON
l’année la
châtiment.
GOUVERN EMENT
Bourg-en-Bresse
notre ère industrielle. D’ailleurs,
a été l’année
ON
plus criminogène en France
AVANT L’EXÉCUTI
le gouvernement
ACHER
l’ivrognerie sur
Ce qui forme
EXÉCUTION DE V
1900 ; les délits, les suicides,
grands
des voyageurs
doit avoir lieu de Lyon, l’un des douze
(2)
au Champ-de-Mars que
la voie publique, le détroussage
un assez Gouvernemens(1) de France, étoit(3)
de bergers dont les C’est
les injures aux
Le Champ-de-Mars est
Vacher, le sinistre tueur
,
dans nos proches campagnes,
dans un grand l’exécution.
situé en face de autrefois habité par les Ségufiens
e,
conjugales,
violences
quadrangulair
crimes ont jeté l’épouvante
les
forces de l’ordre,
et dont l’arrestation, vaste plateau
dans les Gaules,
branches
t présents au
nombre de départements
peuples célèbres
bordé d’arbres dont les
leur
ont défrayé pendant la caserne et
l’incivilité ont été particulièremen
refuge à une foule auxquels les Romains laifferent
de
les aveux et le procès
l’heure
à
ce
tout
autres, de lire nos
serviront
;
a été exécuté
XIXe siècle, il suffit, entre
L’aspect, à la nuit, est liberté, même après les avoir vaincus
si longtemps la chronique,
de gamins et de curieux.
Notre évolution
aucun incident.
(4) Cette contrée qui
bien à la scène
.
colonnes pour s’en persuader.
matin, à sept heures, sans
Segufiani Liberi
sinistre, et le décor convient
s’inscrit dans une
quelques instants.
par fon amour
pénale, au fil des décennies,
VILLE
fe diftinguoit alors
qui va se dérouler dans
des mentalités et
L’ASPECT DE LA
eu lieu la dernière
prérogative toujours
évolution démocratique
une
C’est là, d’ailleurs, qu’avait
pour
il y a une
je ne m’imagine
mérite peut-être
aujourd’hui, à titre personnel,
à Bourg, la petite exécution capitale faite à Bourg,
qui chère à l’humanité,
Lorsque nous arrivons
place des Terreaux
extraordinaire.
d’années, celle de Blanc-Gonnet
encore plus d’éloges
pas emmener mes enfants
ville présente une animation Vacher, publiée trentaine
pour la voler. aujourd’hui
voyou exposé avec
de
t à fes maîtres.
avait assassiné sa bienfaitrice
pour nous délecter d’un
L’annonce de l’exécution
hier matin par fon attachemen
Royaume
de voir une tête
les journaux, a attiré Deibler et ses aides sont arrivés
à À la tenue des Etats du
dès le matin par tous
son carcan où, pire encore,
ent de
curieux, et, toute la avec les bois de justice. Ils sont descendus
(5)
après avoir entendu
, le Gouvernem
en ville une foule de
rouler dans un panier
cessé de déverser des l’Hôtel de Genève, et, selon son habitude, en 1614
du couperet.
l’Auvergne, le
journée, les trains n’ont
le bruit cinglant et irréversible
d’assister aux
chez lui et n’a plus Lyon comprenoit
le bourreau s’est enfermé
voyageurs que la perspective
partie du Nivernois.
Bourbonnois & une
Bonne lecture
terrible chemineau
de la journée.
bougé
derniers moments du
6
région.
la
page
...suite
les points de
avait fait affluer de tous
1
… suite page 20
regorgent de monde et
Les cafés et les hôtels
bressans jettent une
les blouses des paysans
Ce mois-ci
TASSIN
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Lyon
Mercredi 18 janvier 1826
Palais de justice
À ce mot de justice viennent se rattacher
les idées de grandeur et de puissance , de
même que le nom de magistrat réveille celles
de science et d’impartialité. L’étendue de
la juridiction de la Cour royale , le nombre
des justiciables , l’importance de Lyon ,
réclament un monument d’une architecture à
la fois simple , sévère et majestueuse , digne
enfin de servir de sanctuaire aux interprètes
des lois. Pénétré de cette pensée , le Conseil
général du département a voté la construction
d’un nouveau Palais de justice , situé sur
l’emplacement de l’ancien et sur quelques
maisons voisines. MM. Falconnet et Favre ,
architectes , ont estimé à 621,000 fr. les maisons
qui doivent être achetées pour l’exécution
du plan adopté par le Conseil général. Leur
rapport vient d’être déposé à la préfecture.
On démolira les maisons Gabet , Duvillier ,
Brossard , de Valoux , Dubost , Vidal , Monin
, Deyrieux , et partie de la maison Giraudier ,
ainsi que le derrière de la maison Mazairat. La
façade du palais avancera de douze mètres sur
la place de Roanne , et de deux mètres sur la
maison Gabet. Nous reviendrons plus tard sur
cet objet qui est d’un intérêt général et pressant.
Cour d’assises
Mercredi 8 mars 1826
Rebellion
Cour d’assises
Dimanche 12 mars 1826
Faux et empoisonnement
Jean-Marie Jolly , accusé de rebellion avec
voies de fait graves contre la force armée , a été
acquitté sur la plaidoirie de Me Fauchet. Nous
regretons que notre mémoire ne nous permette
pas de citer quelque fragment de ce discours.
Après-demain, 14 mars, la cour d’assises
s’occupera de l’affaire du nommé JeanLouis Nesme, natif de St-Lager, accusé
de faux ou complicité de faux en écriture
publique et d’empoisonnement. L’acte
d’accusation présente les faits suivants.
Jean-Louis Nesme travaillait, comme
ouvrier tonnelier , dans la commune de
St-Georges ; cet individu n’avait d’autres
moyens d’existence que le produit de ses
journées. Il paraît qu’il tenta à diverses
reprises de sortir par des moyens criminels
de son état d’indigence ; mais les personnes
Cour d’assises
Mercredi 8 mars 1826
Vol
Jeanne Bernin qui a paru dans cette
séance devant la cour , sous la prévention
d’un vol domestique , a été acquittée.
La jeunesse , la candeur de l’accusée , la
modicité des objets volés , et l’hésitation
de ses maîtres sur la nature de ces objets
ont exercé une grande influence sur le jury.
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Cour d’assises
Mercredi 8 mars 1826
Vol
François Souzy , convaincu de vol
domestique, la nuit , dans une maison habitée
a été condamné à cinq ans de réclusion.
Cour d’assises
Vendredi 10 mars 1826
Voies de fait
Cour d’assises
Mercredi 8 mars 1826
Faux en écriture
Le 2 mars , Claude Piégay , convaincu de faux
en écriture de commerce, a été condamné à
cinq ans de travaux forcés. Ce malheureux a
vivement intéressé le jury et l’auditoire par
l’aveu naïf de son crime ; mais il était impossible
de faire fléchir en sa faveur la sévérité de la loi.
Cour d’assises
Mercredi 8 mars 1826
Vol
Marie Montaucieux , femme Montaland
et Marguerite sa fille , âgée de 17 ans , ont
ensuite paru sur le banc des accusés , comme
prévenues , la fille , d’un vol domestique,
et la mère, de complicité. Les débats n’ont
point établi ce dernier chef d’accusation ; et
sur la déclaration qu’a faite madame Vaxor
d’avoir reçu les services de la fille Montaland
en échange de l’hospitalité qu’elle lui
accordait sans qu’il y eut louage de services,
le jury a écarté la circonstance aggravante.
Aussi cette fille a-t-elle été condamnée
correctionnellement à deux ans de prison.
Autrefois n°8
auxquelles il s’adressa, pour lui servir de
complices, repoussèrent ses insinuations.
Enfin, le 26 décembre 1823, deux individus
se présentent dans l’étude de M.e Ch….
notaire à Belleville. L’un est Jean-Marie
Nesme ; l’autre prend le nom du sieur Antoine
Lambert, propriétaire, veuf et sans enfants,
demeurant en la commune de St-Georges.
Ce sieur Lambert a des nièces auxquelles
il a plusieurs fois manifesté la volonté de
laisser sa fortune ; son notaire de confiance
est M. Billet, unique directeur de ses affaires.
L’acte d’accusation fait valoir cette
circonstance, pour établir que l’individu qui
comparut dans l’étude de M. Ch…. n’est point
le véritable Antoine Lambert. Quoi qu’il en
soit le notaire ne conçut aucun soupçon d’un
faux par supposition de personne et reçut de
bonne foi les actes pour lesquels son ministère
était requis. Ces actes consistent, 1° en une
vente que le soi-disant Lambert passa de ses
immeubles et d’une partie de ses meubles au
Le 3 mars, la cour a eu à prononcer sur un
des crimes qui affligent le plus vivement
l’humanité. Claude-Antoine Defond, de
la commune de Poule , paraissait devant la
cour accusé de voies de fait envers ses père et
mère. Déjà aux assises dernières, une affaire
de cette nature avait attiré l’attention de
la société et la sévérité du jury. Les charges
qui pesaient sur Defond n’étaient pas moins
graves que celles qui amenèrent en septembre
1825 la condamnation du nommé Colont.
Trois scènes d’outrages et de coups étaient
imputées à l’accusé. A l’appui de ces faits
venait une lettre de M. Corcelette, maire de
la commune, adressée à l’autorité supérieure,
dans laquelle ce magistrat
retraçait la
conduite criminelle de Defond envers les
auteurs de ses jours, et le peignait sous les
traits d’un furieux. A l’audience , M. Péricaud,
défenseur de Defond, a réussi à écarter
le chef d’accusation relatif au père ; mais
convaincu d’avoir maltraité sa mère, Defond
a été condamné à cinq ans de réclusion.
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sieur Nesme, avec réserve d’usufruit en faveur
du vendeur ; 2° en un testament par lequel le
même Lambert institua héritier le sieur Nesme.
Près de deux années s’écoulent. Il ne paraît
pas que durant leur cours, le sieur Antoine
Lambert ait eu aucune liaison avec JeanLouis Nesme, ni qu’il ait parlé à personne
des dispositions faites en faveur de ce dernier.
Le 20 août 1825, le sieur Lambert, après
avoir mangé une partie de sa soupe, ressent
subitement des nausées ; un chien qui mange le
reste de la soupe éprouve les mêmes accidents.
Une de ses nièces vient le voir dans ce moment,
et le trouve couché sur un tas de chanvre,
dans sa cour, avec le chien qui partageait
ses souffrances. Lambert raconte que, dans
la matinée, un homme qu’il ne nomma pas
était venu déjeuner avec lui. Enfin, après
dix jours de maladie, Lambert succomba.
Le jour même du décès, Jean-Louis Nesme
se présenta chez M. Perroud, maire de
St-Georges et lui exhiba les actes qui le
constituaient propriétaire de l’hoirie. A cette
occasion plusieurs scènes eurent lieu entre lui
et les héritiers naturels. Bientôt des bruits se
répandent sur la cause de la mort de Lambert.
Les soupçons planent sur la tête de Nesme.
L’autorité ordonne l’exhumation du cadavre
dont on détache le duodénum et l’estomac.
Ces organes sont transportés à l’hôtel-dieu
de Villefranche, et là il est procédé à leur
autopsie cadavérique par M. Humbert,
médecin de cet établissement. Le résultat de
son rapport est que la mort du sieur Lambert
devait être attribuée à l’inflammation de
l’estomac, que cette affection pouvait avoir
été produite par diverses causes internes ou
externes, ainsi que par l’action directe d’une
substance vénéneuse, mais qu’il ne pouvait
être constaté d’une manière certaine si,
en effet , il y avait eu empoisonnement.
C’est pa suite de ces faits, que Jean-Louis Mesne
a été arrêté, et qu’il sera jugé sur la double
accusation de faux et d’empoisonnement. M.e
Menetrier, avocat, est chargé de sa défense.
Cour d’assises
Vendredi 10 mars 1826
Attentat à la pudeur
Jean Vieilly , accusé d’attentat à la pudeur
commis sur une fille de huit ans , a été acquitté
sur la plaidoirie de M. Vincent de Saint-Bonnet.
mis à la disposition de M. le procureur du roi
pour être renfermé dans une maison de santé.
Cour d’assises
Vendredi 10 mars 1826
Voies de fait
Le 3 mars, la cour a eu à prononcer sur un
des crimes qui affligent le plus vivement
l’humanité. Claude-Antoine Defond, de
la commune de Poule , paraissait devant la
cour accusé de voies de fait envers ses père et
mère. Déjà aux assises dernières, une affaire
de cette nature avait attiré l’attention de
la société et la sévérité du jury. Les charges
qui pesaient sur Defond n’étaient pas moins
graves que celles qui amenèrent en septembre
1825 la condamnation du nommé Colont.
Trois scènes d’outrages et de coups étaient
imputées à l’accusé. A l’appui de ces faits
venait une lettre de M. Corcelette, maire de
la commune, adressée à l’autorité supérieure,
dans laquelle ce magistrat
retraçait la
conduite criminelle de Defond envers les
auteurs de ses jours, et le peignait sous les
traits d’un furieux. A l’audience , M. Péricaud,
défenseur de Defond, a réussi à écarter
le chef d’accusation relatif au père ; mais
convaincu d’avoir maltraité sa mère, Defond
a été condamné à cinq ans de réclusion.
avec escalade et la nuit, dans le grenier de
Michon, dit Petit-Jean , beau-frère de Thivel,
un morceau de cochon salé et une cuiller
d’étain. La soustraction était constante ; une
partie du cochon avait même été trouvée
dans la marmite de Thivel qui, d’ailleurs,
confessait le fait ; mais il prétendait n’avoir
opéré cet enlèvement qu’à l’invitation de sa
belle-soeur, la femme Michon. Celle-ci a
obstinément nié cette circonstance. Ainsi,
le fait restant dépouillé de son excuse, les
accusés durent être déclarés coupables par le
jury. La Cour, usant de la faculté accordée
par la loi du 25 juin 1824, les a condamnés
à cinq ans d’emprisonnement. On espère,
d’ailleurs, que cette famille, plus malheureuse
que coupable, n’aura pas été en vain
recommandée par le jury à la clémence du Roi.
Mais si la justice a dû accueillir les
dénonciations des mariés Michon, leur
insistance à poursuivre des proches parents
n’a pas trouvé faveur auprès du public. Au
sortir de l’audience de bruyantes marques
d’improbation
les
ont
accompagnés
jusqu’au pied du Chemin-Neuf. Chose
vraiment digne de l’attention des penseurs
que cette délicatesse de tact qui soulève les
masses d’hommes, quelles qu’elles soient,
contre tout ce qui paraît odieux ou vil.
Cour d’assises
Dimanche 12 mars 1826
Vol
Cour d’assises
Vendredi 10 mars 1826
Coups
Benoît Bancillon, accusé d’avoir frappé son
père et sa belle-mère, a été acquitté, attendu
son état de démence habituelle. Mais il a été
docteur
Cour d’assises
Dimanche 12 mars 1826
Vol
François Thivel, sa femme et ses trois filles
ont comparu sous l’accusation d’avoir volé,
Dans la séance du 9, François Dubuys,
qui avait été surpris en flagrant délit au
moment où il volait des paquets de coton
chez M. Balaguy, de Thisy, a été condamné,
pour cette tentative, à cinq ans de réclusion.
Confirmant son engagement solidaire auprès des enfants du monde,
le journal AUTREFOIS offre cet espace publicitaire afin de contribuer
à la réussite de cet événement organisé par l’association Dr. Clown.
TOURNOI
DE PÉTANQUE
DIMANCHE 7 JUIN
à 14H00
Place Maréchal Lyautey - Lyon 6e
Gagnants :
• 1er : 200 € • 2eme : 150 € • 3eme : 100 €
Nombreuses animations enfants dès 10 h :
Basket - Pompiers - Jeux
Tombola, restauration sur place
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS :
07 78 24 42 89 - [email protected]
Droit d’inscription : 30 € par triplette
Système AURARD : 3 parties jouées
* Exclusivement sur les produits végétaux, hors vivaces - Voir conditions au magasin
** Sur aricles signalés - Voir conditions au magasin - Selon stock disponible
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Quelle Belle Epoque !
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3VF$FOUSBMF$3"10//F*3©TFSWBUJPOJOuvert de midi à minuit tous les jours en “i” *sauf le lundi soir