L`analyse ethnographique du GPV Malakoff – Pré Gauchet à Nantes
Transcription
L`analyse ethnographique du GPV Malakoff – Pré Gauchet à Nantes
POPSU 2 PROGRAMME DE RECHERCHE DU CONSORTIUM DE NANTES Sommaire PROGRAMME DE RECHERCHE DU CONSORTIUM DE........................................................................................1 NANTES..........................................................................................................................................................1 SOMMAIRE.....................................................................................................................................................2 RAPPEL DE LA PREMIERE PHASE POPSU........................................................................................... 3 « DES POLITIQUES LOCALES SOUS CONDITION D’ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE» [THÈME 5]..............................................................................................................................................................3 INTRODUCTION : ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE, « CONCEPT » OU MOT « MAGIQUE »?..........................3 LES AXES DE L’ANALYSE .............................................................................................................................. 5 Axe 1 : Les activités de l’économie fondée sur la connaissance dans l’agglomération nantaise : quelle dynamique ? quels dispositifs d’appui ?..........................................................................................................5 Axe 2 : Politiques économiques urbaines et aménagement : mise en perspective historique................10 Axe 3 : « Quand l’économie de la connaissance vient au projet urbain de l’Ile de Nantes ». (Enquête les pieds dans le sol)...................................................................................................................................... 12 RÉSONANCES................................................................................................................................................15 PRINCIPALES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................................15 TRAVAUX SIGNIFICATIFS DES CHERCHEURS IMPLIQUÉS :............................................................................ 16 RÉGULATION TERRITORIALE : ACTEURS ET DISPOSITIFS EN SITUATION [THÈME 4]....18 INTRODUCTION.............................................................................................................................................18 LES AXES D’ANALYSE..................................................................................................................................19 Axe 1 : La régulation urbaine en mode Grand Projet : à la table des puissances invitantes et invitées ........................................................................................................................................................................20 Axe 2 : L’articulation logement-urbanisme et les stratégies des opérateurs du logement.....................23 Axe 3 : « Soft regulation » : produire des représentations communes ? ..............................................28 FONCTIONNEMENT DE L’ÉQUIPE ET IMPLICATIONS DES CHERCHEURS........................................................30 RÉSONANCES................................................................................................................................................32 PRINCIPALES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................................32 ORGANISATION GÉNÉRALE.................................................................................................................. 34 2 RAPPEL DE LA PREMIERE PHASE POPSU La POPSU 1 a été l’occasion de mettre en place à Nantes un dispositif de recherche développement associant une équipe de chercheurs et un réseau d’acteurs, concernés à différents titres par les questions urbaines contemporaines. Ces investigations ont permis de documenter une « petite et grande fabrique nantaise » à l’aune de différents éclairages thématiques : pouvoirs urbains, offre urbaine complexe, petite fabrique de l’habitat, les instruments du projet, bonnes pratiques et cultures professionnelles. Au-delà de la documentation des stratégies de développement et d’aménagement se comprenant à la grande échelle, trois principaux espaces en projet avaient retenu l’attention et fait l’objet d’analyses poussées : l’île de Nantes (à la suite également de recherches menées dans de précédents appels d’offre de recherche), le Nouveau Malakoff dans le cadre initial d’une procédure GPV de la Politique de la Ville et le projet Bottière-Chênaie, dans le cadre d’une ZAC de maîtrise d’ouvrage communale – à la différence des deux autres, intercommunaux . A l’issue de la POPSU 1, les chercheurs et acteurs ayant contribué à ces travaux souhaitent voir être prolongée l’expérience, tout en élargissant les horizons disciplinaires, l’équipe de travail et en renouvelant les sujets d’investigation, à partir de deux des thèmes proposés par le GIP : celui de l’économie de la connaissance et celui des régulations territoriales. « Des politiques locales sous condition d’économie de la connaissance» [thème 5] Cette note aborde tout d’abord la définition de l’économie de la connaissance, en s’interrogeant sur son origine, sur les déclinaisons territoriales de cette notion et comment celle-ci participe tendanciellement au reformatage des actions publiques locales. Ensuite, nous proposons une analyse articulée des champs d’investigation nantais : les activités de l’économie fondée sur la connaissance, la ville créative et les activités culturelles et présentons les éléments de méthode que requiert cette recherche. Introduction : Economie de la connaissance, « concept » ou mot « magique »? L’économie de la connaissance est une notion introduite par l’OCDE (1996), sous le terme d’« économie fondée sur le savoir et sur l’apprentissage ». Le succès de ce terme chez les économistes et les décideurs publics signale que la croissance ne résulte plus de la production de masse effectuée par de grandes entreprises intégrées verticalement, comme durant l’ère fordiste. Alors que la performance des entreprises reposait essentiellement sur la réduction des coûts en matière première, main d’œuvre et transport, désormais, les facteurs de compétitivité, de création d’emplois et de bienêtre ont durablement muté. En effet, une grande partie des différentiels de croissance et de revenus observés entre les économies nationales et régionales peut être expliquée en considérant le capital humain et la qualification de la main-d’œuvre (Florida, 2005), ou encore les investissements publics et privés en recherche-développement (Audretsch et Lehmann, 2005). De plus, la capacité d’innovation locale, régionale et nationale a également été stimulée par la diffusion des technologies de l’information et de la communication. Désormais en concurrence directe à une échelle internationale, « les régions et les villes (…) doivent réinventer sans cesse de nouvelles spécificités productives, sources de croissance et de création d’emplois » (Liefooghe, 2010, p. 183). 3 La montée inexorable du contenu en connaissances dans les activités productives est synonyme d’une sélection des participants à la production sur la base de leurs compétences et de leurs qualifications. Cette « division cognitive du travail » (Pilati et Tremblay, 2007) engendre une polarisation géographique des activités dans les zones intensives en recherche-développement et riches en capital humain. Il est donc très important, que dans les grandes agglomérations dotées en appareil de recherche (privée et publique), l’économie de la connaissance s’organise ou s’optimise, y compris pour générer des effets de retombée (revenu, formation…) au-delà des individus dotés d’un capital connaissance important. Cette concrétisation locale peut s’accompagner de dispositifs originaux, voire d’une redéfinition des contours de l’économie de la connaissance, concept encore flou. En ce qui concerne l’action publique, depuis les années 2000, l’investissement dans la R&D, et plus largement les processus conduisant à l’utilisation de la connaissance sont mis en avant comme devant constituer de nouveaux objectifs. Un point important est que la capacité d’innovation ne résulte pas uniquement des entreprises, mais est aussi produite par d’autres acteurs, comme l’enseignement supérieur et la recherche. Dans ce contexte, tout en reconnaissant les mérites des approches quantitatives (portant sur les dépenses en recherche-développement, les dépôts de brevets, les effectifs d’étudiants avancés, le repérage de la « classe créative »…), il nous semble judicieux, dans le cadre de POPSU 2, de rendre compte d’un certain nombre de dispositifs d’action publique visant à stimuler l’économie de la connaissance, pour permettre in fine aux acteurs nantais d’en apprécier la concrétisation ou non, et d’échanger avec les chercheurs. L’économie de la connaissance recèle plusieurs ambiguïtés qui ont des conséquences importantes pour l’action publique (Musso, 2005). S'agit-il de pointer l’importance de la connaissance humaine générale, ou spécifiquement des connaissances scientifiques (issues des sciences dures) et techniques (maniées par les ingénieurs) ? Dans un cas, l’élévation du niveau général d’éducation d’une classe d’âge est un objectif prioritaire, dans l’autre le renforcement des enseignements scientifiques, ou le développement de collaborations entre structures de recherche et industrie, sont mis en avant. Un deuxième débat, consiste à interroger la place de la connaissance comme facteur majeur de transformation économique et sociale. N’est-ce pas plutôt la technologie, l’innovation, la tertiairisation, voire la dérégulation, qui sont déterminants dans les évolutions contemporaines ? Au niveau théorique, l’économie de la connaissance connait des débats nombreux (Pilati et Tremblay, 2007). Nous en retrouverons certainement des traces sur le terrain nantais, dans des dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs publics, des tensions possibles entre orientations, voire entre identités. Considérant que l’économie de la connaissance est un concept flou plus qu’une réalité repérable, donc qu’elle constitue une référence non stabilisée pour l’action publique, nous proposons de balayer un large champ, allant des activités d’innovation scientifique à l’économie de la culture et des arts. Il s’agit de considérer que la capacité d’innovation se situe pour partie dans l’organisation du croisement de connaissances et de besoins jusque-là compartimentés. La production de connaissances scientifiques et techniques est une activité sociale, qui demande notamment des capacités à maximiser les interactions (Latour, 1989). De son côté, le potentiel économique et social des activités culturelles, avéré dans le cas nantais, signale peut-être une nouvelle phase de développement. La recherche de la créativité et de la transdisciplinarité amènent à déplacer les frontières de l’activité, au profit de réseaux collaboratifs, d’expérimentations, de dispositifs temporaires, dans lesquels les individus jouent un rôle moteur. Au fond, le thème de l’économie de la connaissance invite à réinterroger ce qui fait le développement métropolitain. Il s’agit de donner corps à l’intuition de M. Roncayolo il y a quelques années : le rang métropolitain se mesure peut-être moins aux équipements, que l’on trouve banalement dans chaque grande ville, qu’à la détection de volontés de changement et d’innovation. 4 Les axes de l’analyse Le premier programme POPSU a montré avec force que les acteurs publics des grandes agglomérations françaises opèrent des choix véritables en matière d’urbanisme, de services urbains ou encore d’offre d’aménités. Introduite par le thème de l’économie de la connaissance, proposé pour POPSU2, la question de l’action économique locale se pose dans des termes légèrement différents. Comme l’écrit G. Antier dans son ouvrage sur les grandes métropoles mondiales, « on peut décider de réaliser une ligne de transport en commun, mais on ne décrète pas la présence de dizaines ou de centaines d’entreprises sur un technopôle » (Antier, 2005, p. 189). Autrement dit, le développement économique est plus un enjeu qu’un levier d’action. Attirer ou retenir des activités économiques emprunte souvent des moyens indirects : provision d’équipements et services collectifs, amélioration du cadre de vie, etc. Dans nos investigations sur l’économie de la connaissance à Nantes, repérer d’éventuels éléments de stratégie supposera de bien sélectionner les dispositifs et les scènes de construction de l’action locale en faveur de l’économie de la connaissance. Trois axes de recherche seront poursuivis. Un premier volet cherchera à qualifier la dynamique des activités de l’économie fondée sur la connaissance, en portant notamment éclairage sur les dispositifs d’appui dédiés (axe 1). Un deuxième volet mettra en perspective historique ce que l’économie de la connaissance fait à la ville, en revenant sur quelques concrétions spatiales des précédents modèles économiques. Il apparaît en effet important de situer l’action publique locale dans un temps long, pour apprécier non seulement les intentions, mais aussi les effets des réalisations. La concrétisation spatiale du développement économique nantais (à travers, par exemple, les parcs technopolitains), comme l’organisation des acteurs (entre concurrence, évitement et coopération), sont un héritage pour des politiques contemporaines d’appui à l’économie de la connaissance (axe 2). L’analyse des tentatives, réussites ou échecs, vise in fine à permettre aux chercheurs et aux praticiens concernés de mettre en relief les particularités de l’actuel projet phare nantais : le Quartier de la création. Le troisième axe de la recherche ira interroger la fabrique plurielle et collective du cluster culturel qui s’aménage aujourd’hui au sein du projet urbain de l’Ile de Nantes (axe 3). Axe 1 : Les activités de l’économie fondée sur la connaissance dans l’agglomération nantaise : quelle dynamique ? quels dispositifs d’appui ? Chercheurs impliqués : Christophe DEMAZIERE, Jacques FACHE. Il n’existe pas de définition stabilisée de l’économie de la connaissance, mais on peut d’emblée convenir que cette partie de l’économie ne renvoie pas seulement (et peut-être pas principalement) à des aménagements concrets (centres d’affaires, parcs technopolitains…), pour lesquels des savoirfaire, des opérateurs et des modalités de production urbaine existent et ont fait l’objet de travaux. Lors du premier programme POPSU, G. Crague (2009) avait déjà fait le constat d’une intersection réduite (mais néanmoins fructueuse) entre économie et aménagement. Pour cerner les réalités et paradoxes que recouvre l’économie de la connaissance dans l’agglomération nantaise, nous proposons donc une analyse itérative allant des documents stratégiques aux projets circonscrits dans le temps ou l’espace. L’analyse des stratégies permet de voir quelle place est (a été) donnée à l’économie de la connaissance par rapport à d’autres champs ou secteurs d’activités. Elle mettra en évidence l’évolution des réflexions, mais aussi, éventuellement, la pluralité des acteurs. Avec l’analyse de projets circonscrits, c’est la possibilité de territorialiser l’économie de la connaissance que nous souhaitons interroger. Globalement, cet axe met en miroir les principes du modèle de développement économique et d’organisation territoriale, dans lequel Nantes Métropole est l’auteur d’énoncés dominants, et des 5 projets dont l’initiative peut revenir à d’autres acteurs : publics (communes, université…) ou privés (investisseurs immobiliers, entreprises innovantes…). Cette dimension de la recherche permettra certainement de pointer le grand nombre d’acteurs intervenants. Il ne s’agira pas tant d’opérer un recensement exhaustif que de rendre compte de l’évolution du jeu d’acteurs. Du côté des acteurs publics, on peut pointer les effets de la décentralisation, la montée de l’intercommunalité (déjà décrite dans le premier programme POPSU), mais aussi, plus récemment, les effets de la tendance de l’Etat à privilégier les appels à projet. Les pôles de compétitivité peuvent être considérés ici comme un exemple emblématique de nouveaux arrangements d’acteurs. Au-delà de l’hypothèse commune à de nombreux chercheurs, selon laquelle l’acteur public joue un rôle essentiel dans l’animation du développement des territoires, il s’agira, dans le cas nantais, d’examiner la pluralité des scènes de conception et d’action à l’œuvre dans une très grande agglomération. Par ailleurs, pour pointer l’innovation dans les dispositifs publics, ou encore le « déplacement des lignes », il semble également pertinent de porter attention à des acteurs sur lesquels repose en partie la concrétisation locale d’une dynamique de diffusion et de marchandisation de l’économie de la connaissance : l’appareil d’enseignement supérieur et de recherche. On peut les qualifier d’acteurs émergents. La récente autonomie accordée aux universités, l’incitation à la formation de PRES et la réponse quasi-obligée aux appels à projet de l’Etat (Opération Campus, Initiative d’excellence…) sont autant de dispositifs permettant aux chercheurs de POPSU 2 d’examiner les projets et partenariats dans lesquels s’engagent aujourd’hui les institutions d’enseignement supérieur et de recherche. Face aux initiatives de l’Etat, les délais de montage et la complexité des partenariats sont sûrement l’occasion d’un apprentissage réciproque entre acteurs nantais émergents et confirmés. Reste à voir si les courts délais pour le montage de projets contribuent au renforcement et la matérialisation d’une stratégie partagée en matière d’économie de la connaissance, ou si d’autres objectifs (notamment des objectifs intermédiaires, comme la requalification des sites) sont présents. Malgré le volontarisme dont font preuve les acteurs locaux, il convient de rappeler que les préoccupations pour l’innovation ou la créativité n’ont pas pour origine la scène des grandes agglomérations, mais plutôt le niveau national et européen de décision. Depuis les années 2000, la recherche d’une compétitivité « hors prix » (par l’innovation et la qualité, et non par les coûts) constitue en France, une injonction du niveau national en direction de certains secteurs ou territoires. Sur le plan sectoriel, cet impératif impacte les systèmes publics et privés de formation et de recherche, posant la question de leur articulation aux dynamiques économiques. Par ailleurs, l’Etat cherche à valoriser les espaces infranationaux susceptibles de contribuer à la compétitivité de l’économie nationale. Dans ce domaine, on peut citer la labellisation de « pôles de compétitivité ». La relation aux territoires a été assurée par la forme de l’appel à projets, qui a sollicité acteurs économiques et collectivités territoriales (Demazière, 2006). Mais cette politique prend son sens à une échelle spatiale et temporelle large. Définir une stratégie locale, c’est peut-être assurer la territorialisation d’une politique industrielle définie ailleurs. Nous souhaitons également porter le regard sur les industries de la connaissance, entendues ici dans un sens retreint : celles qui contribuent à la production, à la diffusion, au développement technologique associé à cette diffusion, et à la commercialisation des « savoirs ». Ainsi, un grand nombre d’activités sont concernées par ce « secteur » de la connaissance, chacune ayant une place définie dans la filière. Afin de distinguer ces différentes activités de l’industrie de la connaissance, nous aurons pour objectif de cibler, dans l’agglomération de Nantes, les activités principales intervenant dans l’économie de la connaissance mais aussi et surtout d’en proposer une analyse systémique, dans laquelle les entreprises petites et grandes, et le secteur public concerné (par exemple, les universités) sont interdépendants. 6 Parmi ces secteurs, plusieurs relèvent d’un intérêt stratégique pour la ville qui tente depuis vingt ans de se reconvertir par les activités à forts contenus de compétences et d’innovation. Dans le sillage des politiques de décentralisation et la mise en place d’Atlanpole, ce sont à la fois des activités de services métropolitains qui se sont développées (services informatiques par exemple), ainsi que certains secteurs productifs représentant l’avenir dans les stratégies de la communauté urbaine (biotechnologies, aéronautique, nouveaux matériaux). Ville industrielle par excellence, l’originalité de Nantes est de tenter de valoriser l’innovation et la connaissance partout où elle se trouve, ce qui amène la ville à une certaine polyvalence (risquée) de son action (Fache 2005, 2006, 2009). L’étude de ces activités doit amener à la fois à mieux cerner cette économie de la connaissance, mais aussi les jeux d’échelle qui la caractérisent. En effet, la difficulté de Nantes est d’être intégrée à un système spatial multiscalaire dans lequel elle représente la composante d’un système beaucoup plus complexe à l’intérieur duquel elle doit en permanence réinventer, comme les autres métropoles, sa place en termes d’innovations, de finances, de rayonnement, etc. (Fache 2010). De ce fait, l’étude d’activités innovantes émergentes comme les biotechnologies pose à la fois la question des interactions locales, régionales, mais aussi l’inscription dans un contexte international dominé par quelques biopôles puissants comme Paris, Munich, Boston, Cambridge, San Francisco (Fache et al. 2009). Les connaissances mises au point dans le cadre des pôles de compétitivité, ou de dispositifs appuyés par les pouvoirs publics, restent-elles présentes localement (diffusion, attraction de nouvelles entreprises…) ou sont-elles captées par les firmes et mises en œuvre sur d’autres espaces ?1 Des relations collaboratives existent-elles avec des acteurs (entreprises, centres de recherche) implantés dans d’autres agglomérations françaises, faisant en sorte que c’est plutôt un réseau d’économies locales, voire des « plaques d’économie de la connaissance », qu’il faut envisager ? Sur ce point, les travaux issus de la coopération métropolitaine, notamment dans le cadre de l’Espace Métropolitain Loire Bretagne, seront intéressants à mobiliser. Ces activités de la connaissance posent aussi le problème des cycles territoriaux, de plus en plus courts, complexes, et pouvant faire basculer des territoires et leur société dans des situations de crise de manière assez brusque. Ces cycles représentent une question transversale, reprise à propos de l’étude du quartier de la création (axe 3). Cette approche permettra, dans un deuxième temps, d’aborder la question de la contribution à la dynamique nantaise des pôles de compétitivité, et, de façon symétrique, d’interroger les actions publiques de mise en réseau des acteurs pour l’innovation. La métropole nantaise compte sur son territoire cinq pôles. Trois pôles nationaux sont pilotés à partir de Nantes : EMC2, Atlantic Biotherapies, iDforCAR. Par ailleurs, la ville est partie prenante de deux pôles de niveau mondial : Images et Réseaux, piloté par Rennes, et Végépolys, piloté par Angers. Nantes tente aussi de lancer d’autres clusters complémentaires, comme le Blue cluster, inauguré en 2010. Nantes Métropole s'implique dans ces "clusters" labellisés par l'Etat, qui associent industriels, PME, laboratoires et écoles. Au moment du lancement de la politique des pôles de compétitivité, en 2004-2005, nous avions classé Nantes Métropole parmi les collectivités françaises les plus volontaristes dans le soutien des réseaux d’entreprises, alors que d’autres territoires étaient encore dans une phase d’appropriation du concept et de définition d’un positionnement (Demazière, 2006). Dans le cadre de la recherche POPSU 2, il s’agira de voir comment les acteurs publics locaux ont fait évoluer leur soutien, depuis lors. Il s’agira aussi d’examiner si les pôles labellisés sont une contribution importante à la concrétisation locale de l’économie de la connaissance. Ceci recouvre plusieurs questions : quelles connaissances nouvelles ont été produites dans le cadre des pôles ? Les dispositifs favorisent-ils une densité et diversité d’acteurs suffisantes pour que de nouvelles questions de recherche, induites par la coprésence apparaissent ? Quels autres soutiens sont apportés par les pouvoirs à l’économie locale (technocampus, cyclotron, différentes pépinières d’entreprises…) et en quoi sont-ils complémentaires 1 Selon la littérature, tout dépend de la nature des connaissances : si elles sont « tacites » (apports interpersonnels, qualité des organisations, liberté de création et d’innovation), il y a besoin de proximité géographique pour les interactions. Par contre, si les connaissances sont codifiées, il y a une possibilité réelle de dispersion. 7 des dispositifs emblématiques mis en avant par l’Etat ? Comment les acteurs de l’aménagement urbain se saisissent-ils de la question de l’accueil d’activités immatérielles, pour les inscrire dans des projets urbains ? Comment les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, producteurs importants de nouvelles connaissances, sont-ils impliqués dans les pôles ? Enfin, il faut énoncer quelques limites à l’action publique locale en matière d’économie de la connaissance, qui sont autant de barrières aux tentatives de les retracer, comme le font les chercheurs. La première est que « la créativité et l’innovation ont besoin de mécanismes complexes de transmission (...). Ces mécanismes sont basés sur la combinaison d’une série d’actions spontanées ou planifiées qui agissent sur le territoire » (Pilati et Tremblay, 2007, p. 383). Certaines actions peuvent être planifiées, mais d’autres émanent d’une dynamique qui apparaît plus spontanée. C’est donc plus un milieu innovateur qu’un catalogue de dispositifs que nous souhaitons analyser. Plus généralement, il paraît important d’interroger les représentations des acteurs, notamment sur la capacité à infléchir les stratégies des firmes au profit du renforcement de l’économie locale. Au sein de ces représentations, il conviendra d’être attentif à la dimension spatiale de ces capacités d’infléchissement. A titre d’exemple, dans l’étude économique préalable au lancement d’Euronantes, une partie des réflexions portait sur l’enjeu de l’actualisation de la formule des « CBD » ; qu’en est-il en ce qui concerne les actuels pôles de compétitivité ? Méthodologie 1 - Analyse du tissu économique lié à la connaissance Cette analyse ne peut se fonder sur les sources statistiques classiques d’entreprises de l’INSEE comme le fichier SIRENE. En effet, la catégorie « économie de la connaissance » est transversale à la logique d’organisation des entités observées, reposant sur l’activité principale. Nous allons donc partir d’autres sources, représentées par des annuaires d’entreprises. L’une des sources mobilisable est celle des entreprises atlanpolitaines, ayant signé la charte d’Atlanpole, et s’étant donc engagées par delà les limites géographiques des sites d’Atlanpole, à des relations de coopération et de participation aux activités technopolitaines. Le contenu de la base est classique (adresse, effectifs, code activité…) mais aussi spécifique (qualitatif avec le descriptif de l’activité pratiquée). Cette base est disponible sur plus de 10 ans et permet : a/ de dresser un état des lieux d’Atlanpole et de son évolution b/ de déterminer précisément la configuration territoriale des activités technopolitaines (identification des grappes éventuelles, du rayonnement territorial, du lien aux équipements et infrastructures, aux actions publiques localisées, etc…) c/ de positionner les terrains des axes 2 et 3 dans le contexte métropolitain. Production attendue : Cartographie, études statistiques, analyse spatiale (étude de concentration, de discontinuité, d’évolution structurelle…) – Chercheur mobilisé : Jacques FACHE 2 - Analyse des actions publiques locales La métropole nantaise est un territoire complexe quant à l’action publique. La nécessaire reconversion liée à la fermeture des chantiers a généré une activité intense tant en termes de communication territoriale, de marketing, que de projets d’urbanisme et de développement technopolitain. Dès lors, le but est d’analyser le positionnement sur le fond des divers acteurs concernés, ainsi que de leurs coopérations et de l’évolution des configurations géographiques et politiques. a/ Analyse des coopérations autour des projets issus des pôles de compétitivité – reprise des dossiers labellisés et financés, construction d’une base de données, analyse de données. Travail en coopération avec les pôles retenus pour étude. b/ Analyse de la vie des équipements construits : maison des biotechnologies, technocampus – enquêtes, analyse des réseaux constitués, cartographie des réseaux, analyse spatiale des effets de proximité… 8 c/ identification des acteurs clés ; entretiens avec ces acteurs ; analyse des réseaux constitués, croisement avec les points a et b d/ Analyse des documents d’urbanisme et stratégiques, et confrontation aux structures et dynamiques étudiées en 1). 3 - Analyse de l’appareil nantais d’enseignement supérieur et de recherche L’analyse sera conduite ici à partir d’analyse de documents et d’entretiens. Elle portera sur deux points : a/ la participation de l’ESR au développement local de l’économie de la connaissance : quelles collaborations sont engagées, notamment avec les entreprises, considérées isolément ou en tant que collectif (pôles) b/la territorialisation de l’ESR : en quoi les projets liés à l’économie de la connaissance entrent-ils en résonance avec les projets visant à mieux insérer les activités universitaires dans la ville ? Tableau de synthèse des points d’investigations et méthodes Champs d’étude Axe 1 Objets d’étude Questions d’analyse Méthodes de recherche 1/ Le territoire des activités de la connaissance : identification, caractérisation… Données d’entreprises, annuaires divers, statistiques disponibles Quels sont en 2011 les points de l’espace valorisés par l’économie de la connaissance ? Quelles concentrations ? Analyse spatiale, géolocalisation, Entretiens Quelle est l’origine de ces concentrations ? Rôle du politique ? Des colocalisations d’entreprises ? Quel est le poids des relations collaboratives avec des acteurs implantés dans d’autres agglomérations ? Les connaissances mises au point localement sont-elles mises en œuvre sur d’autres espaces ? 2/ Le reformatage des actions publiques locales Documents stratégiques Projets circonscrits Comment s’organise la pluralité des acteurs publics ? Y a-t-il articulation des dispositifs, au service de l’EC, ou juxtaposition ? Rôle spécifique joué par Nantes Métropole ? Documents, Entretiens Comment les acteurs de l’aménagement urbain se saisissent-ils de la question de l’accueil d’activités immatérielles, pour les inscrire dans des projets urbains ? Quelle est la part du planifié et du spontané ? 3/ Des acteurs émergents Enseignement Supérieur et Recherche Comment les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, producteurs importants de connaissances, sont-ils impliqués dans les pôles ? Documents, Entretiens Impact des appels à projet dans les coalitions d’acteurs ? dans les projets ? Projets de rattrapage ou projets d’excellence ? Livrables : articles ou communications - « Du territoire des activités de la connaissance à Nantes aux positions nantaises dans le système de l’innovation » ; - « Les pôles de compétitivité, dynamique et appui des pouvoirs publics – le cas nantais » ; - « Université et territoire, le cas nantais ». 9 Axe 2 : Politiques économiques urbaines et aménagement : mise en perspective historique Chercheurs impliqués : Christophe DEMAZIERE, Jacques FACHE, Amélie NICOLAS, Elise ROY, Laurent DEVISME. En gestation au cœur du projet de l’Ile de Nantes, un nouveau cluster culturel et créatif constitue l’une des traductions récentes des politiques de croissance spatialisée. On s’en saisit comme d’un champ d’expériences urbanistiques (en tant qu’il est partie prenante au projet de l’ile de Nantes), urbaines (son territoire est d’ores et déjà vécu) et socio-économiques (il participe des projets incarnant le postulat d’une économie de la connaissance cherchant à la fois à tisser des liens entre enseignements universitaires, structures de recherche et (micro) industries). La double analyse qui en est faite, à partir de différents vecteurs, est susceptible de répondre à la question de savoir ce que l’économie créative fait à la ville, mais aussi, dans un mouvement inverse, comment la ville peut contribuer à la montée en charge d’une nouvelle économie de la connaissance. Pour entrer « à pas de velours » dans l’analyse du quartier de la création, nous avons jugé utile de revenir sur une histoire des politiques urbaines de développement économique à Nantes depuis la fin des années 1970. Il s'agit là de situer les choix politiques et économiques de la fabrique d'un tel quartier dans une histoire locale et supra-locale des politiques de développement économique qui ont marqué l'histoire des villes. A chaque période semble en effet se dessiner incarnation particulière du développement économique et urbain, le quartier de la création et l'enjeu d'une économie de la connaissance incarnant désormais, à Nantes, la plus contemporaine d'entre elles. Sans remonter à l'action économique d'un socialisme municipal du début du 20e siècle, encore que celui-ci ait pu marquer fortement la ville et ses réseaux, c'est principalement le retour au local des questions de développement économique et urbain depuis la fin de la centralisation économique et de l'aménagement national du territoire qui nous intéressera dans cette large mise en contexte du quartier de la création. Jusque dans les années 1970 en France, il n'existe pas de politique urbaine de développement économique. On ne trouve pas d'adjoints aux affaires économiques dans les villes. Ce sont certaines villes de gauche, notamment celles conquises lors des élections municipales de 1977 qui vont initier ou renouer avec la tradition d'un socialisme municipal, autour de politiques économiques urbaines volontaristes. Dans un premier temps, ce sont des politiques de soutien ou de reprise d'entreprises locales en difficultés qui sont initiées, l'Union de la gauche qui conquiert Nantes en 1977 s'engage fortement en ce sens dans le soutien à la Navale nantaise. Ces politiques sont plutôt engagées à l'initiative des collectivités locales qu'elles ne sont impulsées depuis l'Etat et ce, bien avant les lois de décentralisation. Les coûts et le désastre des finances municipales dans le cadre d'une politique de soutien systématique aux entreprises en difficulté, inciteront, au tournant des années 1980 et sous l'effet, en France, des lois de décentralisation, les collectivités locales à orienter leurs politiques de développement économique sur l'environnement économique et territorial et sur la production d'outils et d'instruments : action sur l'immobilier avec les zones d'activités et les pépinières, aide technique et financière à la création d'entreprises, aménagements fiscaux. Les actions menées dans ce sens relève souvent de la prospection qui tend à privilégier les secteurs à forte valeur ajoutée (informatique, bio-technologies...). C'est à cette période qu'apparaissent les directions des affaires économiques dans les organigrammes municipaux et les agences de développement économique en appui. A partir des années 1990, se pose la question de la cohérence de l'ensemble de ces initiatives, de la relation aux savoir-faire productifs locaux, alors que toute l'énergie semble avoir été mise au service de la captation d'entreprises ou de savoir-faire exogènes. C'est la volonté politique d'une 10 approche intégrée qui se fait jour, de complémentarité entre filières. Le régime de projet qu'il soit urbain, d'agglomération, économique, territorial incarne cette volonté qui se présente autant comme culturelle et sociétale qu'uniquement économique. Une interdépendance des services du gouvernement municipal, une transversalité recherchée pour l'action est ainsi de mise. Brièvement présentées, ces différentes époques des politiques économiques urbaines ont laissé des traces dans la ville. En revenant sur les histoires d'Atlanpole, d'Euronantes et du campus Chantrerie-Fleuriaye, ou encore sur celle de l’opération de renouvellement urbain Madeleine-Champ de Mars engagée dans les années ’90 comptant avec l’arrivée des services régionaux du CIO et des services informatiques de la SNCF, nous serons ainsi à même de comprendre et de situer l'enjeu politique, économique et urbain du quartier de la création au sein du levier choisi de l'économie de la connaissance. Au sein de cet axe, c'est donc la réalisation d'une histoire intermédiaire qui nous préoccupera, entre l'évolution des politiques de développement économique, l'émergence de l'économie de la connaissance comme nouvel enjeu de l'économie locale et le cas nantais, qui est celui d’une ville de gauche de l'Ouest français, depuis 1989, marquée par une certaine permanence de ses élites politiques, économiques et aménageuses. Il s’agira par là, dans l’axe 3, d’examiner en quoi le quartier de la création reste un outil (ou un enjeu, dans le sens où l'action reste incitative, flottante, peu quantifiable, difficile à doter en instrument), « comme les autres », des politiques urbaines de développement économique. Quelles formes urbaines engage ce projet et à quelle société fait-il référence ? Méthodologie Cet axe est éminemment transversal et devient alors le lieu de rencontre des préoccupations et enjeux de recherche des axes 1 et 3. Sa conception suivra un processus itératif, l'axe étant alimenté par croisements successifs. Il est également le lieu de la production d'une histoire originale, à cheval entre géographie économique, sociologie de l'action publique et analyse urbaine. Les réunions collectives de cadrage, de mise au point des différents avancements des recherches engagées seront l'occasion de préciser, à chaque fois, les orientations et contenus de cet axe 2. La constitution des grilles d'entretiens, par exemple, prendra en compte les enjeux de fabrication de cet axe problématique, alors que le recensement bibliographique touchant à ces questions autant locales que nationales ou européennes est déjà rendu collectif. L'un des angles d'éclairage retenu consistera à solliciter la mémoire des élus, aménageurs, directeurs d'écoles, hommes d'entreprises, représentants des chambres de commerce et d'industrie... (à identifier sur les 3 sites retenus) sur leurs représentations des changements économiques et urbains, sur leur rôle et positions dans l'histoire de ces changements, ainsi qu'à les livrer à un exercice de prospective économique et territoriale. Ce sera l’occasion pour nous de remobiliser la méthode des entretiens bio-thématiques (DEVISME, PASQUIER, 2004). D’autres apports chercheront à mettre en exergue les cycles économiques atlanpolitains et leurs impacts. Concrètement, la constitution de cet axe nécessite - la tenue régulière (une tous les deux mois) de réunions communes, - la diffusion régulière des bibliographies, - la constitution d'une recherche ad hoc centrée sur les représentations (mémoire et rétroprospective) des acteurs impliqués dans cette histoire intermédiaire. La coordination et l'animation de cet axe sera pris en charge par l'un des chercheurs (A. Nicolas). 11 Livrables (article ou communication) : - un article coll. LAUA + CITERE + ESO sur « La ville créative rejoue-t-elle ou renouvelle-t-elle les politiques économiques et urbaines ? », - une restitution publique des recherches. Axe 3 : « Quand l’économie de la connaissance vient au projet urbain de l’Ile de Nantes ». (Enquête les pieds dans le sol) Chercheurs impliqués : Amélie NICOLAS, Elise ROY, Laurent DEVISME, Anne BOSSE. Une autre manière de rendre intelligibles les faits socio-urbains auxquels renvoie l’économie cognitive, telle que mise à l’agenda public nantais, consiste à entrer par un projet spécifique récent (et par les espaces urbains qu’il active) qui vise l’instauration d’un nouveau district de petites et moyennes industries de création, relié à un nouveau campus des arts et industries culturelles. Le quartier de la création, est saisit comme un continuum d’épreuves de concrétisation d’un projet collectif, qu’on perçoit comme multiple par ses aspects (il relève de différents champs d’action publique : économique, culturelle, urbanistique…), engageant une diversité de protagonistes, et passant par diverses étapes de mises en forme (tant sur le terrain que dans les bureaux) du projet. Le cadre d’analyse proposé privilégie trois champs d’observation, qui sont croisés avec une série d’attentions. A l’invite de l’équipe du laboratoire de sociologie de l’EPFL (PFLIEGER G. et ali, 2009), nous postulons que la fabrique de ce projet et sa réalisation se joue au sein d’un triptyque POUVOIRS/FORMES URBAINES/EXPERIENCES. Nous proposons de mettre en relation ce triptyque à visée analytique avec une deuxième série d’attentions, organisant le travail de terrain, et s’attachant à caractériser des MOTIFS, des FIGURES et des SCENES, parties prenantes au processus analysé. 1- Comment la fabrique du quartier de la création se joue dans un triptyque pouvoirsformes urbaines – expériences ? Approcher les phénomènes auxquels on a affaire en termes de « pouvoirs », à l’ère d’une nouvelle gouvernance des projets urbains, c’est être attentif aux modalités d’orientations des actions vers un objectif commun. C’est se poser la question de savoir comment s’agencent les différents pouvoirs en présence et comment ils s’entendent pour tendre vers une même visée collective ? Dans des projets intersectoriels comme celui du quartier de la création, traversant des enjeux économiques, urbanistiques et culturels, y-a-t’il des pouvoirs qui dominent ? Par exemple, à l’occasion du déploiement d’un quartier de la création, l’injonction au développement économique domine-t-elle d’autres questions urbaines comme celle de la justice socio-spatiale ? Avec une action portée sur un territoire précis, observe-t-on des confrontations de rationalités d’échelle, entre une échelle métropolitaine et une échelle infra-métropolitaine ? Il convient également de considérer un pouvoir de contournement ou de résistance au projet. On pense par exemple à des résistances vis-à-vis de ce qui peut être perçu comme une sorte d’instrumentalisation d’activités artistiques, ou en réaction à un tropisme jugé trop fort vers un lieu urbain unique. Approcher les phénomènes en termes de pouvoirs c’est aussi considérer tout le pouvoir des actions non intentionnelles qui contribuent à faire et défaire la ville, au-delà ou en complément de tout volontarisme politique et actionnisme d’opérateurs directs des projets 2. C’est aussi considérer la ville qui prend forme au-delà des normes et des lois, d’une ville qui se fabrique plutôt sous ce qu’Halbwachs envisageait comme la pression des besoins collectifs… Il s’agit d’appréhender toute une 2 On pense que la nouvelle mise en ordre de la ville que représente le projet de renouvellement urbain s’inscrit à la croisée d’intentions formelles des pouvoirs urbains et de la dynamique d’autres mobilisations et pratiques non-intentionnelles. 12 part “naturelle” de la fabrication de la ville, faite d’initiatives privées diverses des fabricants, occupants, usagers des espaces du projet urbain. Dans quelle mesure ces forces latentes agissentelles en conformité avec ce qui est attendu, au gré des logiques qui leur sont propres ? C’est ici l’occasion de s’interroger sur un régime de rattrapage du projet urbain de l’Ile de Nantes, et d’évaluer l’idée que nous aurions affaire à un volontarisme ne parvenant à influer que partiellement le devenir de la ville. Ce registre d’attention n’est pas sans renvoyer à notre deuxième champ d’observation qu’est celui des EXPERIENCES. Approcher les phénomènes auxquels on a affaire en termes d’expériences, c’est clarifier les logiques à l’œuvre dans la réalité de l’espace vécu de la ville. C’est aussi interroger la valeur socioéconomique d’une participation au projet collectif de quartier de la création pour les occupants de ce quartier, qui sont autant d’opérateurs ou de contre-opérateurs de l’objectif collectif 3. C’est aussi se donner les moyens de tester la teneur d’un projet qui se raconte beaucoup, aller voir sur le terrain luimême, s’il « prend », notamment depuis les espaces publics (approche ethnographique). C’est possiblement observer des oppositions d’usages dans les espaces renouvelés (habitat/visite touristique ; permanence/changement…). En effet, en considérant les opportunités de pratiques offertes par la ville renouvelée à ses usagers, on perçoit une dimension concurrentielle du projet urbain entre différents groupes de publics, plus ou moins bien « servis » par une offre urbaine contenue dans le projet et les formes qu’on lui a donné. Approcher les phénomènes auxquels on a affaire en termes de formes urbaines c’est certes se poser la question de savoir comment les pouvoirs urbains façonnent la ville et comment en rebond les pratiques quotidiennes peuvent être impactées. Mais c’est aussi s’attacher aux pratiques urbanistiques, revenant à la composition d’un nouvel ordre urbain, comme des pratiques de mises en formes des rapports sociaux qui prennent place en ville. Quels publics sont « visés », de fait, par le projet, qu’ils soient co-producteurs (en tant que constructeurs ou en tant qu’occupants venant donner teneur au projet, en tant qu’usager venant éprouver positivement le projet), ou au contraire comme persona non grata ? Prendre au sérieux les formes urbaines c’est aussi être attentif au rôle joué par les pratiques architecturales, percevant dans l’architecture une « procédure de délimitation des bons usages » de la ville renouvelée, voire une procédure de démonstration d’un nouvel air du temps et d’un renouvellement des usages par la forme (CF l’opération Many). Ces trois ensembles de questions n’existent pas de manière autonome. Leurs articulations devraient nous offrir des apports singuliers, que l’on associe enjeux de pouvoirs aux enjeux de l’expérience, ou enjeux de formes à enjeux de pouvoirs, ou encore enjeux de formes à enjeux des expériences… 2- Les objets d’attention d’une démarche d’ethnographie directive : des motifs, des figures et des scènes. Après une prise de recul historique vis-à-vis des faits proposée dans l’axe 2, nous entrerons par le terrain lui-même. Cela constitue une autre manière « de ne pas s’en laisser conter » sur la ville créative, et de dépasser le strict reportage sur les intentions publiques, pour percevoir ce qui se produit très concrètement, dans un contexte urbain et socio-économique constitué et en voie de constitution. L'enquête sur le terrain proposée dans ce troisième axe mêle observation, participation observante et entretiens avec des acteurs ciblés. 3 parfois même à plusieurs titres, comme c’est le cas pour quelques agences d’architectes qui arrivent sur le territoire, et lui « donnent formes et figures ». 13 Rappelons que nous sommes nous-mêmes, chercheurs opérant au sein de l'Ecole d'architecture de Nantes, au cœur des « attentes créatives », situés au centre même du quartier, ce qui laisse planer une dérive de confusion des rôles et engage de notre part une attention toute particulière à être réflexifs envers le terrain mené. En outre, les chercheurs engagés dans POPSU 2 n'en sont pas à leur première expérience du terrain nantais : acteurs de la fabrique urbaine, élus, cadres administratifs, acteurs des champs culturels, économiques et associatifs, pour la plupart d'entre eux, ont déjà été maintes fois interrogés à l'occasion d'autres enquêtes et programmes de recherche à commencer par POPSU 1. La démarche ethnographique que nous envisageons alors n'a ainsi plus à voir avec une quête de familiarité, d'apprivoisement long et progressif d'un monde étranger, du moins inconnu. L'interconnaissance est déjà engagée, voire trop engagée pour que l'effet de surprise, ressort de l'enquête ethnographique, puisse encore avoir lieu. C'est alors en avertis que nous arrivons sur le terrain, ce qui engage de notre part un réel travail de mise à distance et de réflexivité. Le projet de quartier de la création est abordé comme un champ de pratiques collectives que l’on peut éclairer en portant attention à trois entrées : MOTIFS, FIGURES et SCÈNES constituent des opérateurs d’enquête communs, qui nous permettrons de travailler tout à la fois individuellement (chacun ayant déjà son rapport construit au terrain et des intentions concernant la caractérisation de ce quartier de la création) et collectivement. Nous retenons l’idée de MOTIFS pour rendre compte des programmes, opérations, actions par lesquelles passe le projet de quartier de la création. Le terme motif nous intéresse pour ce qu’il renvoie à la fois à ce qui dessine (motif spatial) et à ce qui se destine (motif pour objectif) 4. Les motifs renvoient aux champs d’actions collectives, qui prennent parfois aussi place dans la ville (objets urbains). Les motifs sont typiquement les objets de l'investigation individuelle, chacun d'entre nous portant son attention à des concrétisations particulières du quartier de la création : les espaces publics, les musiques actuelles, les politiques d'incitation envers les acteurs économiques et les intérêts de ceux-ci à participer, etc. La déclinaison des motifs donne lieu à une ethnographie largement impressionniste, un travail sur les figures et les scènes en parallèle autorisera le passage au collectif et au croisement. Les FIGURES, ce sont les acteurs incontournables du projet, et de l'île de Nantes, et du quartier de la création et de toutes ses ramifications, ce sont les acteurs ayant un parcours et un engagement important, à même d'impacter le projet collectif : figures du projet, figure de la décision, figure de la régulation, de la médiation, de l'animation du quartier de la création. La démarche de l'entretien est ici primordiale, des entretiens que nous conduirons sans doute de façon plus directive alors que nombre de ces acteurs ont déjà été enquêtés. Les SCENES, ce sont les situations d’interactions, parfois importantes entre des mondes différents : des réunions dédiées, des conférences, des visites, des rencontres, des inaugurations, des pauses-déjeuner, etc.) Ces scènes produisent du sens, servent sans doute à rassurer sur le projet et ses concrétisation, à limiter les incertitudes, participent à fédérer les acteurs entre eux, à « faire communauté ». Ici, l'observation est primordiale, observation qui donneront lieu à la tenue d'un carnet de terrain « interactif », sous la forme d'un blog, où l'enjeu de clarification du rôle et position du chercheur sera examiné, et où l'organisation de modes collectifs d'observation pourra être testée : battues, usage de la vidéo, entretiens collectifs, etc Tableau de synthèse des points d’investigations et méthodes : Opérateurs d'enquête 4 Méthode privilégiée Actions / Terrain A la suite de Pascal Amphoux, mais dans un autre contexte problématique. P Amphoux, in L'espace urbain en méthodes, 2001 14 MOTIFS Recherches individuelles par entretiens, Pole média (AN), Halle Alstom (dont dépouillement documentation... cantine numérique) (ER), les opérations architecturales emblématiques (Many, Insula) (ER), les musiques actuelles : fabrique artistique et offre de formations (AN) ; les politiques incitatives envers les milieux économiques: monographie du groupe Coupechoux ; entretiens avec les membres du Club Estuaire, CCI (AN)... Liste détaillée à dresser, effet d'arborescence au fil de l'enquête FIGURES Recherches individuelles et collectives Architectes, artistes, communicants, principalement par entretiens semi- promoteurs, nouveaux habitants, directifs. commerçants, les « acteurs intermédiaires », jeunes chargés de mission ou chefs de projet (AN), les mobilisations associatives liées au patrimoine industrialo-portuaire, Liste détaillée à dresser, effet d'arborescence au fil de l'enquête SCENES Recherches individuelles et collectives Visites observées, inaugurations, principalement par observations et vernissages, réunions dédiées... analyse de documents Connaissance de ces événements au fil de l'eau Livrables (article ou communication) : - un article sur les enjeux méthodologiques de se saisir d'un tel objet 5. - les entrepreneurs de cause métropolitaine ou une jeune génération en appui - un article inter-thématique économie créative et régulation urbaine : Comment les fabricantsoccupants de la ville créative jouent le « double-jeu » attendu par les pouvoirs publics : investir le quartier de la création, et lui donner formes. Résonances Dans le cadre de la plateforme nationale, l’équipe souhaite en particulier engager des discussions et comparaisons avec les équipes de Grenoble, Lille et Rennes. Principales références bibliographiques - - AMBROSINO Charles, Créateurs de ville. Genèse et transformation d’un quartier artistique de Londres, thèse de doctorat, 2009 ANTIER, G. (2005), Les stratégies des grandes métropoles, Paris, Armand Colin AUDRETSCH, D.B., Lehmann, E. (2005), Does the Knowledge Spillover Theory of Entrepreneurship hold for regions?, Research Policy, Vol.34, n°8, pp.1191-1202. BOUDREAU.J.A., KEIL.R, «Le concept de la ville créative : la création d'une réelle ou imaginaire forme d'action politique dominante» in Pôle Sud, 2010/1 (n° 32) Cahiers Nantais 1989-90, n°62-63 CHANTELOT.S , «La thèse de la « classe créative » : entre limites et développements» in Géographie, économie, société, 2009/4 (Vol. 11). CRAGUE, G. (2009), Interventions économiques métropolitaines. De l’aménagement économique au développement économique, rapport final pour POPSU, Marne-la-Vallée, Latts FLORIDA Richard (2005), Cities and the creative class, New York-London, Routledge, 198 p. 5 Au fil des réunions collectives de cadrage de notre objet de recherche pour « Popsu 2 Nantes », nous avons longuement discuté de la manière dont il nous semblait pertinent d'approcher l'objet « quartier de la création ». Cette histoire d'une interrogation continue sur l'objet de la recherche montre que nous sommes engagés dans la production de données méthodologiques qui donneront lieu à la réalisation d'articles, écrits en commun, visant à clarifier ce que peut être une posture critique ouverte et assumée. 15 - FORAY D. , L’économie de la connaissance, Paris, La Découverte, 2009 HANSEN.H, The urban turn, Lund University, 2008. LATOUR, B. (1989), La Science en action, Editions La Découverte, Paris. LIEFOOGHE, C. (2010), Economie créative et développement des territoires : enjeux et perspectives de recherche, Innovations, n°31, pp. 181-197. MUSSO, P. (2005), Economie de la connaissance et territoires, communication à l’Université d’été de la DATAR, Lille, 7 septembre 2005. : OCDE (1996), Tableau de bord de la science, de la technologie et de l’industrie: vers une économie fondée sur le savoir, Paris, OCDE , PECK.J, «The creativity fix» in Eurozine, 2007. PFLIEGER G., CHENAL J., PATTARONI L. ; Reprendre formes. Formes urbaines, pouvoirs et expériences, argument du séminaire des 27 et 26 juin 2006. Actes en partie consultables sur Espaces Temps.net, janvier 2009 « Les lieux au détour des réseaux ». PILATI, T., TREMBLAY, D.-G. (2007), Cité créative et District culturel ; une analyse des thèses en présence, Géographie, économie, société, Vol. 9, n°4, pp.381-401. : SHEARMUR.R, « L’Aristocratie mobile du savoir et son tapis rouge. Quelques réflexions sur les thèses de R.Florida », working paper, INRS, Université du Québec, Montréal. Date ? publié en 2006, puis 2010 SWYNGEDOUW Erik A. et KESTELOOT Christian, « Le passage sociospatial du fordisme à la flexibilité: une interprétation des aspects spatiaux de la crise et de son issue », Espaces et Sociétés, 54/55, 1988, p. 243-262 TREMBLAY.R, «La qualité de vie des villes du savoir» in Norois, 2006/3 (n° 200). VIVANT Elsa, Qu’est-ce que la ville créative ?, Puf, Coll "La ville en débat", 2009 Travaux significatifs des chercheurs impliqués : − − − − − − − − − − − − − DEMAZIERE C. (2006) "L’Etat et les acteurs locaux dans la mise en place des pôles de compétitivité en France", Annales de la Recherche Urbaine, n°101, pp. 33-39. DEMAZIERE C. (2007a) "Forger des réseaux : la compétitivité pratiquée par les acteurs publics des grandes agglomérations françaises", Pouvoirs locaux, n°72, pp.65-71. DEMAZIERE C. (2007b) "La compétitivité et l’attractivité territoriale", in A. Motte (ed.), Les agglomérations françaises face aux défis métropolitains, Paris, Anthropos-Economica, pp. 240-252. DEMAZIERE C. (2010) "L’action économique des collectivités territoriales", in Montel-Dumont, O. (coord), La politique économique et ses instruments, Paris, La Documentation française, pp. 63-70. DEVISME L., « Les territoires pourraient-ils avoir un projet pour l’Etat ? » in Pouvoirs locaux n°72/1, 2007, pp98-102, DEVISME L., PASQUIER E., Daniel Asseray et la question urbaine, Paris, Délégation Interministérielle à la ville , 2004. DEVISME L., Centralité et visibilité dans le projet urbain de l’île de Nantes, in Yannis Tsiomis (dir.) Échelles et temporalités des projets, Paris, Jean Michel Place pp.123-142, 2007. DEVISME, L. (dir.), DÈBRE, C., DUMONT, M., FOUQUET, X., GUENNOC, M. L., PASQUIER, É., 2006, L’analyse pragmatique d’un projet urbain: la mise à l’épreuve du plan guide en projet de l’île de Nantes, 215p. DEVISME, L. (dir.), PETITEAU, J.-Y., PASQUIER, É., FOUQUET, X., GUENNOC, M. L., 2001, Centralité émergente : la fonction miroir de l’île de Nantes, 134p DEVISME, L. (dir.), BARTHEL, P.-A., DÈBRE, C., DUMONT, M., ROY, É., 2009, Nantes, petite et grande fabrique urbaine, Parenthèses, 272 p DEVISME, L., DUMONT, M., ROY, E., « Le jeu des bonnes pratiques dans les opérations urbaines, entre normes et fabrique locale » in Espaces et Sociétés, 2007, n°131 ; pp 15-31. DEVISME, L., DUMONT, M., « L’éthologue et le tenure track : figures nantaises d’activistes de la pensée urbanistique » (avec Marc Dumont) in Annales de la recherche urbaine 2008, n°104 FACHE J., Acentralité spatiale : de la centralité théorique au projet territorial, Sarrebruck, Editions Universitaires Européennes, 2010 16 − − − − − FACHE J, Bambou S., Billaud M., Le Nuz M., Biotechs nantaises : un autre regard sur une stratégie de développement territorialisé, Cahiers Nantais n°1, 2009 FACHE J, Atlanpole : les fragilités d’une organisation spatiale et thématique, Norois, 2006 FACHE J, Atlanpole : la recomposition discrète d’un territoire, Cahiers Nantais n°62-63, 2005, pp.79-88 NICOLAS A., « Des espaces témoins du passé au cœur de la fabrique urbaine contemporaine. Le traitement des patrimoines industriels et portuaires dans les pratiques d’aménagement à Nantes », Lieux Communs, n°13, septembre 2010 NICOLAS A., Usages sociaux de la mémoire et projet d’aménagement urbain. Les héritages industriels et portuaires à l’épreuve du projet de l’île de Nantes. Thèse de doctorat de Sociologie sous la direction de V. Guienne, Université de Nantes, soutenue publiquement le 19 octobre 2009 − ROY E. (2009), «De la mise en culture et de ses effets » ; « le campus des arts ou la gestation d’un cluster créatif » ; « les grands projets urbains nantais, fabrique et fabriqués de “bonnes pratiques” urbanistiques » , in DEVISME L., dir., Nantes, petite et grande fabrique urbaine, Marseille, Parenthèses, pp. 63-66, pp.110-124, pp.202-210 et 217-222. − ROY E. (2004), « La mise en culture des friches urbaines. Territoires en transition à Nantes », Les Annales de la recherche urbaine, « renouvellements urbains », n°97, pp. 121-126. 17 Régulation territoriale : acteurs et dispositifs en situation [thème 4] Introduction L’analyse des transformations de l’action publique urbaine en France est un domaine bien repéré qui tend à fournir des connaissances notamment sur un passage avéré d’un régime de la règlementation (appuyée sur un système centralisé et hiérarchique) à un régime de la régulation, avec des règles plus discutées, négociées, moins rigides, moins descendantes, et donc plus en prise avec des contextes. « L’évolution de l’analyse des politiques publiques vers une sociologie politique de l’action publique correspond au passage d’une conception en termes de production étatique de politiques publiques à une construction en termes de construction collective de l’action publique. La sociologie politique de l’action publique repose aujourd’hui sur l’analyse contextualisée d’interactions d’acteurs multiples et enchevêtrés à plusieurs niveaux, allant du local à l’international en passant par l’Union européenne. »6 L’ère du projet urbain itératif a ainsi de nombreuses conséquences dont le tableau avait pu être dressé par Ascher dans les nouveaux principes de l’urbanisme. Cette donne contemporaine renvoie à des pratiques professionnelles qui, à l’instar des démarches d’accompagnement de l’action en train de se faire menées par de nouvelles missions de maitrise d’œuvre urbaine – cf. l’emblématique mission d’A. Chemetoff pour l’île de Nantes – se sont développées dans l’ensemble des opérations de transformation urbaine y compris dans des ZAC « périphériques ». Cette circulation se réalise de plus en plus sous la bannière de « bonnes pratiques » visant la preuve par l’expérience d’une part et la diffusion par des instances incitatrices (plus qu’animatrices) d’autre part (Devisme, Dumont, Roy, 2007). Comment approcher la régulation territoriale, entendue comme action publique spatiale visant à concrétiser de grandes orientations d’aménagement en articulant des politiques publiques, des cadres d’action et des actants ? On peut schématiquement différencier trois niveaux de régulation territoriale : - De grande échelle, renvoyant en particulier à des orientations d’agglomération traduites en partie dans l’urbanisme réglementaire (PLU) mais aussi dans des politiques publiques cadrées par des plans et programmes (PDU, PLH). La grande échelle de régulation se signale dans un schéma intégrateur qu’est le SCOT, déployé sur l’ensemble Nantes – Saint-Nazaire en l’occurrence. Comme la plupart des nouveaux cadres d’aménagement, celui-ci est soumis à évaluation, renvoyant à tester son efficacité (est-il parvenu à réguler ce qu’affirmaient ses intentions ?) et à interroger ses modalités de passage des épreuves. - De micro-échelle, renvoyant aux opérations de production spatiale en tant que telle et supposant des ajustements permanents entre les acteurs de cette production (maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, elle-même en lien avec toute une chaîne de producteurs de l’espace bâti) pour la concrétisation de différents programmes. Cette micro-échelle renvoie notamment à l’enjeu de « tenir le chantier » (délais, coûts…). - D’échelle intermédiaire, qui voit généralement se jouer le projet urbain en tant que tel (niveau de la ZAC sur le plan opérationnel) : rapport à l’espace public, à la programmation d’ensemble d’un « quartier », réalisations démonstratives visant une édification de l’ensemble de la collectivité. C’est à cette échelle qu’œuvrent plusieurs missions représentant un élargissement du champ d’application des missions OPC identifiées dans la loi MOP, à savoir des missions d’Ordonnancement, Pilotage et Coordination : elles sont tantôt propres à la collectivité locale, tantôt confiées à une société publique locale (Samoa et Nantes Métropole Aménagement), tantôt déléguées ou concédées. Cette échelle intermédiaire renvoie souvent 6 P.Hassenteufel, « politiques publiques » in Le dictionnaire des sciences humaines, PUF, 2006. 18 à un travail de « design institutionnel », à une culture de la négociation et, de fait, à une certaine impossibilité de rassembler en un même lieu ces trois missions d’ordonnancer, piloter et coordonner7 : lieu fantasmé de la puissance. A ces différentes échelles, on peut identifier divers registres de passage de la régulation. Citons parmi eux le législatif du contexte règlementaire (règlementé serait plus juste pour parler de la fabrication de la règle), le figuratif avec les croquis de l’étude de faisabilité (ceux réalisés par les architectes d’opération, ceux réalisés par les « urbanistes de ZAC »), les lieux-moments clés, plus ou moins dédiés à cette régulation, au sein desquels les régulations peuvent parfois opérer de manière “discrète”. L’identification analytique des échelles et registres ne doit pas faire oublier la question principale indexée à la régulation : celle de sa concrétisation, renvoyant donc fondamentalement à un « comment faire ». Dans le champ de l’aménagement, l’approche des régulations territoriales et urbaines revient souvent à une analyse des documents, scripts, plans et programmes qui encadrent la fabrique urbaine. Elle tend aussi, dans le prolongement, à documenter un gouvernement par les instruments concernant aussi des outils de « monitoring » et de « reporting » (Lascoumes, Le Galès, 2006). La régulation, comme évoqué au départ, peut aussi être approchée par l’analyse des milieux technicopolitiques caractérisant telle ou telle ville (sociologie de l’action publique). Ainsi de ces enquêtes minutieuses ayant abouti à l’ouvrage sur les mondes politiques marseillais (Péraldi, Sanson, 2003) et insistant sur les lieux-moments clés. Nous proposons ici certes de continuer à mobiliser de tels plans d’analyse, utiles dans une perspective monographique, mais à engager plus résolument une analyse de ce que le projet (urbain) mobilise pour concrétiser et incarner les diverses régulations recherchées par les actions publiques. On perçoit alors l’enjeu d’une analyse qui se fasse aussi depuis les mondes privés de la production urbaine, en rapport avec ces projets, afin de comprendre les logiques qui les traversent, sans postuler d’emblée une territorialité politique pertinente (il s’agit bien de ne pas présupposer qu’un territoire équivaut à une souveraineté). C’est en quelque sorte à une microspatiologie de la régulation que nous voudrions nous essayer, d’une part via une attention plus grande à la place des maîtres d’œuvres dans le cadre des projets urbains et à leurs interactions avec les mondes politiques et techniques de la maîtrise d’ouvrage (documentation des cultures professionnelles), d’autre part via le prisme des espaces visités (et à quel point dans le cadre des projets urbains!). Les axes d’analyse L’idée principale est bien de considérer le projet comme épreuve de réalité des régulations territoriales de niveau supérieur, ce prisme ne devant écarter a priori aucune des échelles évoquées, afin de chercher à bien tracer les modes de production de la ville. Trois axes de travail sont identifiés au sein de l’équipe : - « la régulation urbaine en mode grand projet : à la table des puissances invitantes et invitées ». Cet axe émerge notamment de l’enjeu de suivi sur le temps long des projets d’advenue et de consolidation de l’île de Nantes (cf. Popsu 1). - « l’articulation logement-urbanisme et les stratégies des opérateurs du logement ». Cet axe, thématisé autour de la production de logements, doit permettre de décrire certaines des tensions public/privé et de rapporter des points de vue extérieurs aux grands entrepreneurs de métropole. 7 Fantasme gargantuesque que souligne par ailleurs P.Estèbe dans Gouverner la ville mobile. Cf. notre recension Laurent Devisme, "Souverainetés contrastées.", EspacesTemps.net, Il paraît, 12.10.2009 http://espacestemps.net/document7915.html 19 - « Soft regulation : produire des représentations communes ? » Moins attendu, cet axe explore à quel point les régulations se font en situation et via l’expérience concrète de l’espace : en situation de visite donc. Cet axe inclut, dans le même esprit, les manières dont les projets sont altérés, enrichis, déviés, par différents dispositifs de concernement d’acteurs non professionnels. Nous privilégions des méthodes d’enquête ethnographique avec des attentions de terrain du même ordre que celles de l’axe 3 du thème économie de la connaissance (supra, p.11-12) : MOTIFS, FIGURES et SCENES sont alors des opérateurs d’enquête. Les motifs sont des objets urbains procédant d’une intention d’acteurs publics. Les figures sont ici principalement des acteurs des projets, identifiés comme tels : on ajoute aux acteurs incontournables des seconds couteaux ou acteurs des cuisines toujours décisifs à l’existence des premiers. Les scènes sont des situations d’interaction cadrées entre des mondes professionnels plus ou moins proches. On peut y observer des cultures (professionnelles, militantes…) au travail8. Axe 1 : La régulation urbaine en mode Grand Projet : à la table des puissances invitantes et invitées Chercheurs impliqués : Laurent DEVISME, Elise ROY. Comment des stratégies urbaines se réalisent-elles et prennent-elles forme dans les projets ? Alors que nous avons pu analyser le rôle du plan-guide de l’île de Nantes, des fiches de « monitoring » du Nouveau Malakoff dans de précédents travaux (Devisme et al., 2006, Devisme, 2007), comment analyser les processus de régulation à micro-échelle et se rapprocher du vécu de tels instruments, enchâssés qu’ils sont toujours dans des cultures professionnelles particulières ? Deux objets de recherche sont identifiés : Les nouveaux actants de l’île de Nantes : « d’une grandeur à l’autre » Les maîtres d’œuvre urbains et leurs commanditaires : urbanistes dans les mondes technicopolitiques nantais les nouveaux actants de l’île de Nantes : d’une grandeur à l’autre 2010 est aux yeux de la plupart des acteurs urbains nantais un tournant dans le design institutionnel et la répartition des acteurs. Mentionnons les principales saillances de « la fin d’une époque » : fin du contrat avec A.Chemetoff au début 2010 après 10 ans de travail comme maître d’œuvre du projet urbain, fin du contrat de l’atelier Ruelle en Décembre 2010 sur Malakoff, départ du directeur de la Samoa, grand prix de l’urbanisme 2010, pour Euralille... Si la Communauté Urbaine est en voie de stabiliser la mutualisation de nombreux services avec la Ville de Nantes – et une fusion début 2011 des services urbanisme vient d’être actée, si les ZAC se feront désormais toutes communautaires, cette stabilisation des scripts et procédures, cette « rentrée dans le rang » désignerait aussi bien la fin de l’expérimentation à Nantes comme de nombreuses incertitudes pour la suite des projets urbains. Ce questionnement local est à mettre en série avec l’évolution de la gouvernance de nombreuses SEM d’aménagement, avec des profils de direction de plus en plus politiques et managériaux, au détriment parfois de compétences professionnelles issues du domaine de l’aménagement et de l’urbanisme (hypothèse qu’il serait intéressant de tester dans le cadre comparatif de POPSU 2). 8 Comme pour le thème économie de la connaissance, un blog interactif entre les chercheurs permettra de croiser le matériau, les opérateurs et les analyses d’enquête. 20 L’île de Nantes est particulièrement concernée par ces transformations. A la période de deuil des chantiers navals souvent évoquée pour caractériser les années 1990 s’ajoute possiblement celle d’un « deuil » du projet à la nantaise (s’il existe !). Qu’est-ce qui vient après ? Le lauréat de la consultation sur l’île de Nantes de Juillet 2010, le groupement UAPS - M.Smets, pose d’abord dans son intention première l’enjeu d’une articulation entre continuité et différence. Qualifiant l’opération à mener de « requalification intégrée », il s’inscrit dans les pas de Chemetoff vu comme « clairvoyant et charismatique » et continuant d’épauler sa vision. Qu’est-ce qui ressort, dans les grandes lignes, de la proposition de Smets ? La ville de l’âge trois est selon lui intéressante mais inapplicable dans la nouvelle phase vu l’ampleur des parcelles concernées. L’unité de production urbaine du Tripode montrerait bien les limites de la conception de Chemetoff. Les éléments de permanence identifiés sont les suivants : considérer l’île dans son ensemble, retrouver la rivière comme fil conducteur, accepter l’héritage comme pierre angulaire de l’innovation, fonder la solidarité urbaine à l’attachement collectif aux espaces publics. Ce qui frappe est la parenté d’esprit avec Chemetoff, à tel point même que l’outil « plan-guide » est prolongé, amendé en quelque sorte avec une option proposée de passage à la 3D. Le plan-guide garde autrement des vertus « plastiques » (communication, aide à la décision). Ecoutons le nouveau maître d’œuvre : « La ville ne se crée pas, elle se développe au gré des opportunités. Cette conviction nous amènera automatiquement à poursuivre la voie tracée pour la première phase de la réhabilitation de l’île. Les opportunités qui se présentent dépendent toutefois de l’étendue et du tempo auquel les terrains se libèrent. Dans cette deuxième phase, les morceaux sur la base desquels la ville se construira seront (en général) plus grands. Pour maîtriser cette évolution, le projet de chaque morceau devra cadrer dans une vision urbanistique sur l’ensemble de l’île. Pour la construire, il faudra procéder en va-et-vient entre la partie et l’ensemble, et prospecter par voie de projets les potentialités et les limitations de chaque site considéré comme substantiel pour la formation de l’ensemble. (…) L’attitude de la recherche par le projet procède en liaison étroite avec le maître d’ouvrage et examine les options du site en construisant des projets successifs avec pour objectif de découvrir les prédilections sous-jacentes des parties concernées. Elle doit affiner la correspondance entre programme d’une part, et volumétrie/ aménagement de l’espace ouvert d’autre part. Son but n’est pas de fixer le développement à venir, mais de dégager des règles auxquelles les alternatives futures devront souscrire. (…) C’est la raison pour laquelle nous proposons de considérer le projet comme une orientation du dialogue au lieu de procéder par une stratégie d’acte accompli. A l’inverse de la vision habituelle d’un projet qui résume le processus de réflexion, nous voulons utiliser le projet pour ouvrir le débat, focaliser les opinions et aboutir à des résultats qui traduiront la volonté de ses participants. Cette façon d’opérer – la recherche dirigée par le projet – les mandataires de notre groupement l’ont expérimenté en diverses autres occasions. Son but fondamental est d’améliorer la prise de décision par l’examen collectif de différentes options et l’intégration d’arguments hétérogènes, à travers un processus d’enrichissement successif de la proposition initiale. Utiliser le projet à cette fin rend la discussion concrète. » (Note de réponse à la consultation, pp. 17 et 19). En termes de manières de faire, l’équipe propose des workshops et un dialogue organisé pour faire suite au travail de l’atelier de l’Ile de Nantes. Ne proposant pas d’installation sur place, à la différence de l’atelier de l’île de Nantes lors de la période Chemetoff, cela génère d’autres types de travail. L’association au bureau d’études SCE est susceptible de lui faire jouer un rôle dans la présence sur place en continu mais selon quelles modalités ? Dans la traduction spatiale d’une stratégie d’aménagement de l’île, un volet de conception urbaine est présent, où l’on voit apparaître l’enjeu de diagrammes, où l’on voit l’insistance pour des outils de travail collaboratifs. Ces manières, outils, méthodes, qui en sont désormais au stade de la concrétisation, sont à prendre au sérieux dans une analyse qui soit avant tout relationnelle : quand apparaissent-ils ? Qui s’en empare ? Comment évoluent-ils ? Comment traversent-ils différents territoires pour éventuellement inspirer d’autres démarches ? Passeront-ils la Loire ? Dans le cas du projet de l’île de Nantes, une normalisation des cuisines s’est d’ores et déjà opérée, la « réunion mensuelle des élus » 21 qui avait été mise place de manière spécifique par la Samoa s’est en effet transformée en commission locale de quartier, rejoignant le commun de l’organisation propre aux différents conseils de quartier de la Ville de Nantes. A côté de ce qui se normalise, il reste bien sûr ce qui résiste, singulier : ainsi, pour l’île de Nantes toujours, de l’implantation du futur CHU, largement controversée dans la presse locale, mais qui prend peu à peu consistance, aussi bien dans sa programmation interne que dans les propositions du maître d’œuvre. Comment le « grand équipement » est-il accueilli mais aussi affecté par le projet urbain ? Outre cette focale, nous proposons de réaliser un certain nombre d’entretiens auprès d’architectes d’opérations immobilières dans le cadre du même projet de l’île de Nantes. Il s’agit alors de voir comment ils négocient des marges de manœuvre sur le plan architectural bien sûr (comment se fait le jeu à trois bandes entre maîtrise d’ouvrage, maître d’œuvre urbain – cf. infra et architectes d’opérations). On cherchera à mettre en évidence la manière dont les projets architecturaux se discutent, en revenant sur l’hypothèse à laquelle nous étions parvenu à l’issu de la POPSU 1, d’un « effet de projet », s’exprimant dans un engagement des opérateurs qu’ils se permettent exceptionnellement, pendant que les contraintes disposées sont nettement plus importantes qu’ailleurs (cf. aussi l’axe relatif aux stratégies des opérateurs). Avant même de peser sur le projet architectural, c’est sur le choix du maître d’œuvre que pèsent les pouvoirs du projet urbain, par des jeux de négociations discrets. Qu’en est-il donc de pratiques moins officielles de régulation, de pratiques Off qui permettent d’infléchir des projets afin qu’ils aillent dans le sens voulu, voire afin qu’ils ne puissent pas aboutir ? On a entendu les cadres techniques en charge du projet de l’Ile de Nantes nous dire comment les instances urbanistiques se servaient de l’autorisation de permis de construire pour faire pression sur les programmes prétendant, ou bien on les entend nous dire comment, en situation de pression immobilière forte, les opérateurs immobiliers ont tout intérêt à satisfaire les « exigences » des services d’urbanisme au profit d’une bonne accessibilité sur l’ensemble du territoire nantais. Autant de pratiques qui relèvent d’une régulation off, mais instituée, qui renseignent sur des faits de régulation, à côté d’un ordonnancement officiel. Ces faits de régulation discrets peuvent être renseignés au travers du recueil de récits de plusieurs opérations immobilières, réalisés auprès de leurs opérateurs immobiliers et de leurs maitres d’œuvres. Le travail d’enquête réalisé autour de l’opération INSULA, dans le cadre de la rédaction d’un article pour Place Publique, montre la voie des enquêtes envisagées. On en ressort un récit plurivoque, maillé de différents moments de régulation : de l’obligation de faire appel à un architecte de la short liste, avec négociation du maitre d’ouvrage qui opte pour une association, tout en redisant sa confiance en ses architectes, ou encore de la négociation de la forme avec l’urbaniste maître d’œuvre et des moments clés, où la négociation bascule, comme lors d’une visite sur site (cf. 3), pour le choix du matériau de façade, etc.). On propose de mener un travail à la micro-échelle architecturale (voire technique : matériau de construction). Ce pan se verra renseigné par une enquête menée auprès des architectes habitants/occupants du quartier de la création, en connivence avec les recherches conduites sur le thème de l’économie de la connaissance. Cette fenêtre nous permet de mieux aborder le rapport au marché, via un questionnement sur le rapport promoteur / architecte. Quelles sont les configurations que l’on observe des tensions entre marché et territoire dans le cadre du projet urbain ? Suite à la crise financière mondiale de 2008, suite à la normalisation institutionnelle évoquée plus haut, comment peut-on qualifier la force avec laquelle le territoire travaille le marché ? 22 Les maîtres d’œuvre urbains et leurs commanditaires Les projets urbains ont été la clé d’entrée dans les transformations urbaines nantaises dans le cadre de POPSU 1, avec cependant de moindres investigations quant aux maîtres d’œuvre urbains eux-mêmes dans le cadre des projets. Le point précédent vise à mieux entrer dans le rapport entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre urbaine sur l’île de Nantes. Cette analyse sera d’autant plus facile si elle peut être mise en perspective avec ce qui se passe sur d’autres territoires. Ainsi est-il utile de déployer l’enquête, de manière spécifique aux maîtres d’œuvre urbain, sur les territoires de Malakoff (G.Pénot mandataire, 2001-2010) et sur Bottière-Chênaie (J-P. Pranlas-Descours mandataire à partir de 2003). Comment une collectivité maintient-elle un vivier de maîtres d’œuvres sur son territoire, dans un rapport qui est certes celui de la commande publique pour des espaces publics mais aussi celui du conseil, plus ou moins formalisé (B.Fortier, J-F. Revert notamment sont toujours, d’une manière ou d’une autre, dans la place) ? Il s’agit pour l’équipe de recherches de continuer à nourrir les investigations relatives aux cultures professionnelles et aux circulations d’expertises en nous focalisant davantage sur un monde particulier de la consultance. Comment se construisent des avis sur la « qualité urbaine », sur les caractères d’un urbanisme à la nantaise (s’il existe) ? Nous proposons de repartir d’entretiens réalisés par J-L Violeau avec des maîtres d’œuvre ayant travaillé à Nantes comme à Rennes (Alexandre Chemetoff, Jean-François Revert, Nicolas Michelin, Jacques Ferrier, Philippe Madec, Jean-Pierre Pranlas-Descours, Christian Devillers), de les compléter par des entretiens avec des acteurs professionnels de Nantes Métropole et de procéder à une analyse des citations et réputations produites dans différents contextes d’énonciation. L’enjeu consiste à prolonger les premières analyses relatives à la place des cultures de maîtres d’œuvre dans le projet urbain (« les urbanistes dans un jeu de quilles ? » cf. Nantes, petite et grande fabrique urbaine, pp. 238 et suivantes.) Ce deuxième aspect est incidemment celui qui fait varier la focale spatiale, permettant des interrogations plus larges sur les mondes technico-politiques nantais. Axe 2 :L’articulation logement-urbanisme et les stratégies des opérateurs du logement Chercheurs impliqués : Isabelle GARAT, Célia DEBRE. Comment des politiques sectorielles, longtemps dissociées au niveau de l’Etat, s’articulent-elles de plus en plus au niveau local, à quelles conditions, selon quels compromis ? Comment les opérateurs du logement s’accrochent-ils aux logiques et dynamiques des projets urbains ? Ces deux questions territoriales fortes, à Nantes comme ailleurs, sont ici travaillées en parallèle. Convergences et divergences entre programmes d’habitat et projets urbains Parce que la question des projets urbains, de l’urbanisme plus généralement, est étroitement liée à celle du logement, c’est-à-dire aux filières de production du logement et au financement des logements, il semble opportun de suivre les conditions d’élaboration et la phase de démarrage du nouveau PLH (2010-2016) de l’agglomération nantaise dans ce qu’elles dévoilent des régulations à l’œuvre. Ces régulations sont vraisemblablement avant tout politiques : la sectorisation du nombre de logements à construire dans l’espace de la communauté urbaine vise l’adhésion sinon de toutes les communes, du moins de la majorité des communes d’un secteur. La délégation des aides à la pierre détenue par la communauté urbaine permet de donner l’assurance de la construction de logements sociaux, donc des investissements, à la condition d’accepter leur construction, le plus souvent au sein de ZAC. Des régulations se font également au sein du groupe des acteurs du logement (bailleurs, promoteurs, associations etc.) à propos des nouveaux espaces de construction, ainsi 22 ZAC sont 23 créées et une vingtaine sont en attente de création qui font se positionner aménageurs et promoteurs qui jusque-là intervenaient à Nantes, voire dans les communes de vieille banlieue. Désormais, un troisième espace au sein de la communauté urbaine se dégage qui se situe aux frontières de celle-ci. Depuis les lois de décentralisation, les municipalités ont souvent usé de la règle plutôt que de la régulation, au travers des instructions de permis de construire et des POS, puis PLU. Elles sont peu intervenues quant à la programmation des logements, ce qui explique que - jusque dans la première moitié des années 2000 - peu de programmes locaux de l’habitat voient le jour, alors qu’ils sont pourtant inscrits dans la loi depuis 1983. Et lorsqu’ils existent, ils restent sans effets. Dans la mesure où l’Etat conservait la compétence du logement, en particulier les aides à la pierre, il était difficile aux communes de croire en leur capacité de réflexion et d’orientation en matière de logement. La donne a changé avec la montée en puissance d’intercommunalités plus actives, dotées qui plus est, pour celles qui en ont exprimé le souhait, depuis le milieu des années 2000, d’une délégation des aides à la pierre. Mais également avec la relance des documents d’aménagement, et la nécessité, insufflée par le Grenelle 2, de mettre en correspondance les différents documents de l’aménagement intracommunautaire : PLU, PLH, PDU (« le trois en un »). Beaucoup plus de collectivités s’impliquent pour la construction de logements sociaux et font valoir dans les espaces à aménager la nécessité de faire cohabiter, voire d’enchevêtrer beaucoup plus les parcs de logement privé et public. Les ZAC nantaises sont les réceptacles de ces nouvelles manières de fabriquer la ville avec un aménageur mandaté par la commune, puis par la communauté urbaine. Depuis le milieu des années 2000, la régulation semble avoir pris place aux côtés de la règle. Toutefois, on peut se demander si, du côté du PLH, l’écriture d’un tel document n’est pas l’occasion de poser des règles contractualisées de répartition et de fonctionnement dans la programmation des logements et des nouveaux quartiers de l’intercommunalité. En effet, la régulation semble manquer d’instruments une fois le diagnostic du PLH posé de concert entre les différentes catégories d’acteurs : élus, bailleurs, promoteurs, associations d’usagers. Il ne semble pas exister de Conférence intercommunale du logement ou de Commission locale de l’habitat (introduites à Rennes lors du deuxième PLH en 2001) au-delà du comité de pilotage du PLH et au-delà de la question du logement social ou du logement destiné à des publics spécifiques (très pauvres, étudiants, jeunes travailleurs ou en formation professionnelle, personnes âgées, handicapés, gens du voyage). Les élus de la communauté urbaine nantaise viennent d’approuver le deuxième Plan local de l’Habitat en décembre 2010. Ce document pensé à l’échelle de l’agglomération porte sur la période 2010-2016 et il a demandé un an et demi de gestation avant d’être voté par le conseil communautaire. Plus que le précédent PLH (2004-2010), il a demandé aux élus des 24 communes un engagement sur la question du logement et de l’habitat. Le nouveau PLH est empreint d’une logique comptable rigoureuse. Il se situe très loin des PLH incitatifs et programmatiques des débuts, tardifs à Nantes avec un premier PLH en 2004-2010 - par rapport à d’autres agglomérations françaises, notamment par rapport à l’agglomération rennaise où un PLH existe depuis 1995. Chaque secteur de l’agglomération fait l’objet de calculs savants permettant d’attribuer des bons et mauvais points quant à la construction de logements sociaux et de prévoir sur 6 ans le nombre de logements à construire pour rattraper le retard. Ainsi, à l’avenir, les chiffres de la production de logement seront moindres à Nantes que dans la banlieue (1600 logements par an sur 3900 au total dont 400 logements sociaux annuels à Nantes et 500 dans les communes de banlieue). Par contre, la réhabilitation des logements sociaux anciens sera plus nombreuse sur la ville centre. Les objectifs du nouveau PLH les plus souvent énoncés au moment de la concertation sont les suivants : 1] relancer la production d'habitat 2] diversifier l'offre pour assurer les parcours résidentiels des ménages sur l'agglomération 3] traiter les besoins particuliers de logements (étudiants, insertion professionnelle, personnes âgées 4] assurer l'accueil des populations spécifiques 24 (personnes défavorisées, gens du voyage). Ces objectifs sont parfois précisés, notamment en ce qui concerne le deuxième point : les logements doivent être diversifiés, avec du logement particulier et du logement spécifique (autrement dit destiné à des publics spécifiques dont le logement est géré par des organismes spécifiques). Et par des logements qui peuvent être de trois types : individuel, collectif et intermédiaire. Ce dernier type étant privilégié parce qu’il permet d’agir sur les densités sur plusieurs sites pilotes. Pour aboutir à cette volonté, plusieurs lieux de réflexion et des contractualisations ont été nécessaires avec : - un comité de pilotage au sein des élus de Nantes métropole, lequel fut parfois élargi aux représentants de l’Etat et ceux du conseil Général et Régional, - un travail au niveau des communes et des secteurs de l’agglomération dans lesquels ont été débattus les enjeux et actions par territoire, tandis que des contrats de co-développement et des conventions tripartites étaient signés entre Nantes métropole, communes et aménageur. Les premiers permettent d’arrêter les objectifs du PLH et de mettre en face les investissements pluriannuels en matière de logement social. Les seconds de définir la partie opérationnel. - Quant aux professionnels de l’habitat, « les bailleurs, les opérateurs privés, les collecteurs du 1% », il apparaît dans les documents émis en phase de concertation qu’ils ont été associés au diagnostic du PLH avec des débats organisés en groupe de travail sur les enjeux et actions ciblés par thématiques. Il en a été de même pour les usagers puisqu’un atelier citoyen a été mis en place. Enfin, le futur PLH a été soumis au regard des associations de locataires, aux associations d’insertion par le logement, au conseil de développement de Nantes métropole. Quels points ont fait consensus durant cette phase de diagnostic et quels ont été les points de friction ? Un retour sur les différentes « lieux » et temps d’implication des acteurs du logement et un suivi sur l’année 2011 permettront de dégager les consensus qui font fonctionner la régulation. Par ailleurs, il s’agira d’identifier qui sont les personnages clés de la régulation (« incarnés »), au-delà des institutions annoncées dans les conventions (Nantes métropole, commune, aménageur) et de voir comment ils endossent leur habit de régulateur. Dans la mesure où il semble que le nouveau PLH n’aborde jamais la question des projets urbains (ils ne figurent qu’au détour de photographies de réalisations « remarquables » en matière de logement spécifique : logement étudiant à Calberson, FJT des Forges, dont les architectes, ni le projet urbain ne sont nommés), il faudra se poser la question d’un tel évitement : faut-il interpréter la sectorisation de l’action publique en matière de logement et la part plus importante donnée à la banlieue comme le signe de la fin des grands chantiers centraux ? Comme un retour à un urbanisme plus ordinaire ? Il faudra aller voir du côté des chantiers pilotes « pour la lutte contre l’étalement urbain » qui sont sans doute des projets urbains juniors (Bilan du PLH 2004-2010) à Mauves sur Loire, Bouaye ZAC des Ormeaux), Sorinières ZAC des Vignes, et la Pirotterie 2 à Rezé, commune également concernée par une « démarche partenariale d’éco-construction ». Quels aménageurs et quels promoteurs sont en charge de ces opérations pilotes ? Toutefois, l’absence des projets urbains peut également être liée à la nature du document PLH, spécialisé sur le logement plus que sur l’urbanisme, conservant la ligne de rupture « traditionnelle » entre les deux registres quand bien même les compétences sont aujourd’hui détenues par la même administration, quand bien même le logement est une dimension importante (majeure ?) des projets urbains. Enfin, leur absence dans le PLH relève peut-être également de la diplomatie nécessaire pour ne pas heurter les communes de banlieue et ainsi mieux les faire adhérer au projet de « plus de construction mieux réparties ». Il faudra voir si ces communes jouent de leur appartenance à l’intercommunalité et de l’adhésion à ses valeurs (mixité, logement intermédiaire, durabilité). Une communication sous forme de diaporama en 2009 diffusé dans la commune de Bouguenais nous 25 annonce par exemple « les objectifs assignés au secteur sud-ouest sont en grande partie portés par Bouguenais », comme si la communauté urbaine fonctionnait par injonction aux communes, ce qui permettrait à celles-ci de se dédouaner de toute adhésion et de mieux se faire valoir. Faut-il voir en matière d’urbanisme et de logement, la communauté urbaine, comme une instance de régulation ou comme une nouvelle instance de prescription ? Les négociations territoriales des opérateurs du logement En parallèle de cette analyse de l’élaboration du nouveau PLH et de ce qu’il implique, nous nous nous concentrerons également sur des situations de projet de ZAC dans des communes de l’agglomération (motifs). Cette entrée permettra de prolonger les interrogations soulevées par l’étude du PLH grâce à des entretiens semi directifs avec les élus à l’urbanisme de ces communes et avec les aménageurs de ces ZAC. Comment ces derniers perçoivent-ils les projets phares de la ville centre ? Comment se positionnent ces communes périphériques par rapport aux projets urbains et à l’urbanisme à la nantaise, et par rapport à la communauté urbaine de Nantes ? Il s’agit bien là de questionner ce qui constitue l’urbanisme de ces communes dans des rapports parfois territorialisés sur le mode « centre/ périphérie » et parfois plus déterritorialisés avec la diffusion de « bonnes pratiques ». Plus largement il s’agit de poser le cadre de ces situations de projet via la mise en récit de certains de leurs acteurs. Ce cadre permettra dans un second temps de développer une entrée par les figures, ici les opérateurs immobiliers. Dans le cadre de deux précédentes recherches 9, nous avons mis en évidence certaines pratiques des promoteurs immobiliers. Les pratiques habituelles de ceux qui s’engagent sur les projets urbains phares de l’agglomération nantaise sont fortement contraintes par l’accumulation des prescriptions programmatiques, environnementales, urbaines et architecturales. Ces opérateurs trouvent néanmoins des « intérêts compensatoires » dans des expérimentations techniques, architecturales, managériales (association avec d’autres promoteurs, formation/ déformation des manières de faire, des compétences), dans la formation ou l'entretien d'un réseau relationnel (travailler avec de nouveaux architectes ou au contraire avec les mêmes, être en relation avec les élus, les SEM d'aménagement etc.). Pour le dire autrement, être présent sur de tels projets urbains, monter des opérations immobilières dans de tels cadres, représente un investissement non négligeable en termes d'image et de références. Ces opérations font œuvre de preuve : ces professionnels ont les moyens de relever les défis urbains contemporains (logements abordables, développement durable, diversification des formes bâties, montage mixte, etc.). Leur capacité à relever ces défis semble néanmoins reposer sur des préalables difficilement contournables : leur aptitude économique à le faire (fonds propres), leur réputation (de nombreuses expériences antérieures réussies servant de garantie), celle-ci pouvant notamment leur permettre des associations avec d’autres promoteurs. Nous avons ainsi mis en évidence l’influence des situations de projet sur les choix d’implantation des opérations (en diffus plutôt qu’en ZAC, sur telle ZAC plutôt que sur telle autre, etc.). S’intéresser aux opérateurs dans le cadre de la POPSU II, c’est prolonger et compléter l’analyse de leurs pratiques développée dans le cadre des deux recherches citées précédemment. C’est aussi, par des travaux similaires mis en œuvre sur l’agglomération de Brest (C.Dèbre), permettre des comparaisons plus larges de l’effet du territoire sur les pratiques des opérateurs. Quand les situations de projet viennent modeler les voies de la négociation… Les situations de projet urbain se différencient par le contexte politique (les compétences, positionnement des élus dans l’élaboration du projet et le volontarisme des élus) et par la relation Formes périurbaines, gouvernement territorial et logiques d’acteurs dans la région nantaise, rapport de recherche sous la direction de Laurent Devisme, LAUA, ENSAN pour la DREAL des Pays de la Loire et le CETE Ouest, mai 2008 ; DEVISME L. (sous la direction de), Nantes, la petite et grande fabrique urbaine, éditions Parenthèses, mars 2009. 9 26 entre portage politique et pilotage technique (type de délégation de maitrise d’ouvrage, aménageur privé, public, etc..) et le cadre programmatique qu’elle construit. Le marché immobilier et foncier (état de la demande, état des prix, disponibilités et opportunités foncières, etc.) contribue également à cette différenciation. Si l’ensemble de ces éléments construisent une réalité territoriale, un territoire, nous voulions insister néanmoins sur la dimension territoriale au sens spatial (ville centre, commune périphérique, périurbaine, etc.) et au sens institutionnel (intercommunalité, instruments de planification, cadres contractuels, etc.). La concrétisation des projets urbains, parce qu’ils sont ainsi soumis à des « forces » et des acteurs, nécessite des ajustements négociés. La régulation vise alors moins la réalisation stricte des objectifs chiffrés et des principes que leur adaptation pour que le projet sorte de terre (Négociation des prix de sortie, négociation des répartitions programmatiques, etc.) 10. La voie de la négociation s’élabore et s’ajuste par ailleurs selon les situations de projet et participe de ce fait de ces situations. Ce modelage de la négociation, de son fond et de sa forme, influence les choix d’implantation des opérateurs. Cette négociation est-elle systématique ? Quelles sont les conditions nécessaires à cette négociation ? Quand la voie culturelle alimente la voie de la négociation… Les opérateurs immobiliers, agents de diffusion de pratiques et d’expériences ? La différenciation des situations de projet se fait également par les acteurs en présence, de leur positionnement dans le projet et de ce qui les constituent en dehors de celui-ci. Ils représentent autant de connexion à d’autres expériences de projet, à d’autres pratiques… La voie culturelle repose sur les compétences, sur les forces et sur les cultures professionnelles en présence, sur les transferts d’expérience. En quoi les expériences des « projets extraordinaires » nourrissent les « projets ordinaires » ? Comment se construisent et se diffusent ces transferts d’expérience ? Nous posons une hypothèse : Si les acteurs publics sont des agents de diffusion des expériences (CAUE, ADEME, Nantes métropole par le portage communautaire des ZAC, etc.), le monde de la promotion contribuerait également, de manière formelle et informelle, à la diffusion des expériences, à la formation et l’information vers les promoteurs eux-mêmes (en interne) mais aussi vers d’autres acteurs de l’aménagement (en externe). Comment révéler ce qui différencie les positionnements des promoteurs dans la négociation ? Il s’agit donc autant de s’intéresser aux objets de la négociation (la mixité sociale avec les prix de sortie et la répartition programmatique des produits logements, la recherche architecturale et urbaine, le développement durable avec des principes de densité, de labellisation environnementale, etc.) qu’aux acteurs de la négociation (relation aux collectivités, aux urbanistes, aux aménageurs, aux riverains, etc.). Nous tenterons de comprendre ce qui différencie le fond et la forme de la négociation de ces montages d’opération selon les situations de projet. Nous l’aborderons principalement du côté des opérateurs. Cette recherche nous permettra notamment de mettre à l’épreuve notre lecture par types des opérateurs (partenarial, libéral, entre deux). Leur positionnement dans le projet et dans la négociation varie-t-il selon cette grille de lecture ? Le choix des terrains sera motivé par nos champs d’exploration : • Explorer l’influence sur la structuration des projets et la négociation du rôle de Nantes Métropole et des compétences en présence selon les territoires. Les politiques et les outils communautaires permettent-ils de lisser ces différences territoriales ? Les manières dont le territoire travaille le projet sont-elles plus ou moins gommées par le portage communautaire des ZAC de l’agglomération (les ZAC devenant communautaires à partir du 01/01/2011) ? BARTHEL P.-A, DEBRE C., « Dans la « cuisine » de la mixité : retour sur des expérimentations nantaises », Espaces et sociétés, janvier 2010 ; DEVISME L. (sous la direction de), Nantes, la petite et grande fabrique urbaine, éditions Parenthèses, mars 2009. 10 27 • • Explorer l’impact de l’ouverture à la concurrence des missions d’aménagement sur cette négociation. Il s’agira donc de choisir des ZAC selon la délégation d’aménagement (Aménageur privé/ aménageur public). Explorer les transferts possibles ou non entre les projets et leur influence sur la négociation. Il s’agit donc de choisir des ZAC où certains des opérateurs construisent aussi dans d’autres situations de projet, notamment dans l’un des projets phares de l’agglomération. Terrains envisagés en Mars 2011 Opérations communautaires Commune d’implantation aménageurs Opérateurs présents sur ces ZAC et sur les « projets phares » Autres opérateurs ZAC de la Souchais (620 logements) ZAC Ouest Centre ville (1150 logements) ZAC de la Métairie (450 logements) Carquefou Foncier (Nexity) Couëron Loire Océan Développement ADI Ataraxia Atréalis Couëron Loire Océan Développement ZAC de la Minais (1100 logements) Sainte Luce SELA Bouygues Immobilier Aiguilllon Construction Nexity Lamotte Bouygues Immobilier ZAC des deux ruisseaux (1400 logements) Thouaré Loire (toutes les ZAC sont communautaires depuis le 01/01/11) sur Conseil Brémond Axe 3 :« Soft regulation » : produire des représentations communes ? Chercheurs impliqués : Anne BOSSE, Pauline OUVARD. L’acception classique de la régulation renvoie à l’interface entre les règles et les territoires. Appliquée au projet urbain, la notion de régulation s’est quelque peu élargie, conduisant à s’attacher à la mise en œuvre de l’action publique, à la capacité des acteurs à faire, à s’organiser. On souhaite dans cette partie se concentrer sur la manière dont produire de l’accord sur le projet urbain c’est aussi aujourd’hui produire des représentations communes. Il est convaincant pour l’analyse des régulations territoriales d’ouvrir le champ de l’observation, celles-ci étant de plus en plus multiformes. L’emploi de l’expression soft power11 du côté des aménageurs et professionnels de l’urbain semble ainsi traduire le déplacement ou l’élargissement des modes de régulation, de ses lieux et ses moments. C’est potentiellement hors des sphères estampillées, hors des outils traditionnels que se jouerait aussi la régulation. Cette diversification nous paraît reliée à l’importance prise par la production d’un horizon partagé des projets, à la place aujourd’hui accordée/espérée/instrumentée de l’usager, de l’habitant. Il s’agit donc de s’attacher à ce qui relève de ce que l’on nommera la micro-régulation, avec des formes relevant de plus en plus du « plein air », qui s’annoncent ou s’affichent moins comme telles, et faisant se mêler le ludique et le pédagogique, l’artistique et le politique (et signifiant peutêtre qu’il y a plus de « passages en force » qu’auparavant ?). A Nantes, on peut voir dans la mise en place en 2011 de la structure « le Voyage à Nantes » comme une traduction institutionnelle de cet 11 De manière rapide, capacité à faire adhérer à son modèle. Employé par exemple par un chargé de mission de la SAMOA lors de l’Atelier Projet urbain – Nantes – 23 septembre 2010. 28 état d’esprit : décloisonnement entre culture et tourisme ; mise en boucle de programmes et circuits visant à accroître la conscience métropolitaine 12… La visite comme régulation in vivo Cet axe d’investigation sera centré sur la visite, interrogée en tant que processus de microrégulation et sur les espaces visités comme territoires majeurs de la régulation territoriale. Les manières de montrer, d’expliquer, de traduire l’espace et ses transformations sont posées comme activatrices de régulations, et la visite s’y inscrit pleinement. D’une part, on constate en effet aujourd’hui dans les mondes de l’architecture et de l’urbanisme le recours de plus en plus fréquent à la pratique de la visite, notamment pour faire le lien entre les professionnels et les habitants ou usagers, afin d’augmenter la compréhension de ces derniers des projets en cours, anticiper sur une adhésion à la future ville 13. Les visites en effet ne concernent plus strictement les éléments de patrimoine mais s’orientent vers les chantiers, les projets en cours, jusqu’à constituer parfois une dynamique d’attachement prévisionnel, construire une antécédence dans les futures pratiques de la ville. D’autre part, la visite est au cœur de la circulation des modèles et des pratiques. Souami (2009) mentionne que de nombreux projets d’écoquartiers se sont lancés en France à la suite des visites effectuées dans les quartiers exemplaires, Vauban en premier lieu. On ne peut qu’être interpellé également par le fait que les chargés de mission de la SAMOA disent que faire visiter le projet de l’île de Nantes tend à devenir une partie non négligeable de leur activité professionnelle. Plusieurs réunions professionnelles ou avec des élus passent par un moment de visite, « aller sur place » valant alors tantôt comme épreuve, comme démonstration, comme formation collective… Afin d’interroger cette micro-régulation par la visite, nous nous attacherons à des situations spécifiques. La méthode qui consiste à « se faire visiteur » permet une observation du déroulement des interactions entre protagonistes, mais permet surtout une contextualisation des énoncés produits sur le projet, sur l’architecture, et permet d’être dans l’action de régulation. Comment et par quoi passe-t-elle ? De quelle manière implique-t-elle les différents acteurs ? Quels en sont les effets ? Ces situations seront centrées sur deux enjeux de régulation différents, relevant de l’interface « projeteurs » (politiques, professionnels de l’urbain…) « récepteurs » (usagers, habitants…), et entre les acteurs du projet avec une dimension plus territorialisée. Premièrement, nous nous attacherons à différentes procédures. Par exemple le projet de requalification d’une barre dans le quartier Malakoff à Nantes et aux attendus de la visite par les locataires de l’appartement témoin dans l’implication et l’adhésion au projet de travaux proposé (sanctionné par le vote des locataires). Autre exemple comme le conseil de quartier de l’île de Nantes relevant des nouvelles formes du dialogue citoyen à Nantes et menant à constituer un groupe de travail chargé de visites sur le terrain afin de discuter des disfonctionnements dans les espaces publics de l’île, ainsi qu’un autre groupe de travail « veille sur le projet urbain » mobilisé à l’occasion de réunions d’informations. Deuxièmement, nous « couvrirons » tous les types de visites du projet d’écoquartier de Bottière Chenaie et du projet de l’île de Nantes (visite lors de l’atelier projet urbain, visite par une association de diffusion de l’architecture (Ardépa), visite à la demande du service urbanisme de collectivités…). Des entretiens avec les principaux organisateurs et concepteurs, ainsi qu’avec des visiteurs, complèteront ce travail d’ordre microsociologique. Dispositifs et processus de concernement des acteurs non professionnels Comment les différents registres de médiation, explicites ou implicites, interviennent en situation de projet urbain et permettent à différents acteurs de « faire en commun » ? Quels sont les processus de médiation ? Quels sont les outils et méthodes mis en œuvre ? Comment les différents acteurs sont-ils impliqués? Comment adaptent-ils leurs pratiques? Comment s’emparent-ils des outils de médiation? 12 « Le voyage à Nantes » regroupe depuis Janvier 2011 l’office de tourisme de Nantes Métropole, la Sem Nantes Culture et Patrimoine et l’activité Estuaire. A l’horizon d’Estuaire 2012 est prévu notamment un parcours dans la ville cheminant du Nantes historique au Nantes industriel et au Nantes contemporain. 13 Bossé, Anne, L’expérience spatiale de la visite. Engagement dans l’action, épreuve collective et transformations urbaines , Thèse de doctorat de géographie, Université François Rabelais, Tours, 2010. 29 Afin d’appréhender les dispositifs d’action de la médiation, seront discutées d’une part: les notions de médiation / concertation / participation / négociation. D’autre part, seront étudiés, les lieux et moments de médiation (Workshops, Atelier Projet Urbain, visites et présentations au Hangar 32, réunion de consultation, les 5’à7’ de la SAMOA, le « off » ou la médiation invisible…), les acteurs de la médiation (chef de projet, acteur/réseau tantôt actant ou médiateur, acteurs intermédiaires, médiateur au Hangar 32, circulation des pratiques/langages/cultures professionnelles, types de confrontations), et les outils et instruments qui contribuent à la médiation (plan guide, médias, exposition au Hangar 32, diagrammes, maquettes, croquis, grilles de lecture, charte…). En lien avec un projet de thèse, cet axe peut s’appuyer sur des travaux du LAUA ayant abordé les enjeux du métier de chargé de quartier et sur une analyse plus récente du dispositif de Conseil de Quartier mis en place depuis 2008 à Nantes et concrétisant une nouvelle version de la démocratie locale. Que dire aujourd’hui des rapports entre régime du projet et régime de concernement des non-professionnels ? Fonctionnement de l’équipe et implications des chercheurs Les chercheurs impliqués sont rassemblés par des interrogations sur la régulation urbaine, les médiations territoriales, les négociations d’acteurs et les transactions spatiales. Ces différentes notions feront l’objet d’un séminaire à occurrences régulières permettant de clarifier les enjeux de l’utilisation de ces notions (le point de départ étant un glossaire en cours d’élaboration) et d’engager la dispute scientifique avec des textes théoriques que nous constituerons comme un reader. Les acteurs métropolitains seront invités à ces séminaires. L’approche de la régulation urbaine qui est proposée s’inscrit dans le cadre d’un suivi ethnographique des actions engagées dans les projets retenus comme terrains d’investigation. Comme précisé à l’occasion de l’axe « économie de la connaissance », ce suivi n’est plus du même ordre que celui qui pouvait être à l’œuvre lors de POPSU 1 (cf. Devisme, Dumont, 2008), essentiellement en raison de l’importance des interconnaissances engagées avec un certain nombre d’acteurs locaux. Nous arrivons plutôt en qualité de chercheurs avertis et sommes amenés à développer un engagement ethnographique plus direct. L’engagement du chercheur est clairement moins de l’ordre de l’éthologue naïf ou du sociologue faisant irruption dans un domaine inconnu. Les chercheurs comme le laboratoire sont de plus en plus repérés sur la sphère locale, interpellés régulièrement comme agitateurs, aiguillons, témoins, petits rapporteurs… Cela n’empêche pas toutefois (cf. le premier point ici) tout un travail de reconstruction des relations quand le turn over des acteurs est tel que presque tout le paysage actoriel semble avoir changé. Les objets de recherche que nous nous donnons s’inscrivent dans une tension descriptive qui vise à tracer les actions que nous avons sous les yeux et suivant principalement l’observation de scènes, la conduite d’entretiens avec des figures, l’exploration analytique de motifs et l’activation de visites. Nous mettons par ailleurs en œuvre une veille généraliste permettant une bonne connaissance du contexte institutionnel et de projet (sans négliger les macro-échelles et leurs documents : PLH, PDU, principes d’aménagement métropolitains…) via une revue de presse au LAUA. Incidemment, cette veille permet de repérer des cas émergents qui peuvent être autant d’attracteurs de négociations. Tableau des implications respectives Axes d’investigation Sous-axes Chercheurs 30 pilotes La régulation urbaine en mode grand projet L’articulation logementurbanisme et les stratégies des opérateurs du logement Soft regulation : produire des représentations communes ? Les nouveaux actants de l’île de Nantes Les maîtres d’œuvre urbains et leurs commanditaires Convergences et divergences entre programmes d’habitat et projets urbains Les négociations territoriales des opérateurs du logement La visite comme régulation in vivo Dispositifs et processus de concernement Laurent Devisme, Elise Roy Laurent Devisme, Elise Roy Isabelle Garat Célia Dèbre Anne Bossé Pauline Ouvrard Le glossaire des notions-clé, en cours de constitution, implique, au démarrage, de se situer au croisement de lectures et de travaux empiriques déjà menés ; chaque notion renvoie plus ou moins explicitement à des débats et questions. Exemples: Régulation territoriale : action publique spatiale visant à concrétiser de grandes orientations d’aménagement en articulant des politiques publiques, des cadres d’action et des actants. Comment l’équipe se situe-t-elle par rapport à l’école de la régulation ? Comment se situe-t-elle par rapport aux travaux sur les régimes urbains ? La notion de convention urbaine comme mode de régulation est-elle pertinente ? Actant : « réalité sociale dotée d’une capacité d’action » (Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés »). En quoi cette définition déborde-t-elle la notion d’acteur dans le cadre de nos travaux ? A quoi se réfèrent-ils ? Les acteurs sont quant à eux « dotés d’une intériorité subjective, d’une intentionnalité et d’une capacité stratégique autonome et d’une compétence énonciative » (id.ibid.) Dispositif spatial : empruntée à M.Foucault, la notion désigne un objet jouant un double rôle : celui d’opérateur de traduction et celui de support de délégation. Visant à produire des effets de régulation dans le champ social, le dispositif peut n’exister qu’à l’état de projet. Comment se concrétise-t-il ? Situation : la notion de situation dans la sociologie interactionniste vise à mettre en avant le cours de l’existence comme une succession de participations (ajustements, réagencements) à des situations « cadrant » l’action. Peu utilisée dans le cadre de l’analyse de l’action publique, cette orientation est ici testée : est-elle ajustée aux problématiques du gouvernement des choses spatiales ? A quelles conditions ? L’équipe est-elle prête à défendre un situationnisme méthodologique ? (…) Livrables (article ou communication) : Les « livrables » envisagés relèvent, outre les rapports intermédiaires de recherche, de publication de textes : dans la revue Place Publique Nantes, sur un format de textes courts, avec un enjeu de dialogues avec des acteurs professionnels globalement lecteurs de ce support ; de textes plus denses à destination de revues SHS. Parmi les thématiques d’articles envisagés, citons : les négociations autour du PLH / les entrepreneurs de métropole (avec des chercheurs du thème économie de la connaissance à Nantes) / les ethnographes et la régulation territoriale/ Prendre formes, donner figures… L.Devisme, impliqué avec M.Dumont dans une recherche PIRVE coordonnée par R.Verhage sur les processus d’apprentissage et d’exemplarité des écoquartiers vers la production globale de la ville, 31 mobilisera certains entretiens de manière conjointe afin de renforcer les questionnements relatifs tantôt à l’apprentissage organisationnel (réponse PIRVE), tantôt à d’autres formes de régulation. Résonances Dans le cadre de la plateforme nationale, l’équipe souhaite en particulier engager des discussions et comparaisons avec les équipes de Bordeaux et Grenoble. Avec l’équipe bordelaise, il s’agit notamment de voir ce que permet la différenciation en trois niveaux (régulation métropolitaine, fabrique opératoire des « morceaux de ville », outils) et la comparaison de configurations d’action publique. Sur le plan cognitif, l’équipe bordelaise met en avant une finalité intéressante qui est de « faire apparaître les conditionnements ambiants des pragmatiques d’action par une approche des arrangements situés » (p.21 de la réponse à la consultation). Avec l’équipe grenobloise (cf. pages 14-19 de la réponse à la consultation), il s’agirait notamment de croiser les observations et analyses par rapport aux quatre modalités retenues pour qualifier la régulation : celles de la contractualisation, de la coopération, de la concertation et de la participation. Principales références bibliographiques − “Projet urbain, maîtrise d’ouvrage, commande”, Espaces et sociétés, n°105-106, 2001 − AUBERTEL Patrice, GILLIO Claire, GARIN-FERRAZ Ghislaine dir., Qui fait la ville aujourd'hui ? Intervention de la puissance publique dans les processus de production urbaine, MELT; Plan urbain, Paris, 1997, 262 p. BOSSE A, ROY E. GUENNOC ML, L’architecte n’est pas un génie solitaire, in Place publique #13, janvier 2009 BOSSE A, ROY E., La preuve par l’espace, Lieux communs #13, sept 2010 CHALAS Yves dir., L’Imaginaire aménageur en mutation. Cadres et référents nouveaux de la pensée et de l'action urbanistiques : contribution au débat, L’harmattan, Paris, 2004 ; CHATEAURAYNAUD Francis, “Invention argumentative et débat public. Regard sociologique sur l'origine des bons arguments”, Les économistes et la démocratie : qu'a-t-on appris depuis Schumpeter ?, Cahiers d'économie politique, n°47, automne 2004 ; DEVISME L., Centralité et visibilité dans le projet urbain de l’île de Nantes, in Yannis Tsiomis (dir.) Échelles et temporalités des projets, Paris, Jean Michel Place pp.123-142, 2007. DEVISME, L. (dir.), DÈBRE, C., DUMONT, M., FOUQUET, X., GUENNOC, M. L., PASQUIER, É., 2006, L’analyse pragmatique d’un projet urbain: la mise à l’épreuve du plan guide en projet de l’île de Nantes, 215p DEVISME, L. (dir.), PETITEAU, J.-Y., PASQUIER, É., FOUQUET, X., GUENNOC, M. L., 2001, Centralité émergente : la fonction miroir de l’île de Nantes, 134p DEVISME, L. (dir.), BARTHEL, P.-A., DÈBRE, C., DUMONT, M., ROY, É., 2009, Nantes, petite et grande fabrique urbaine, Parenthèses, 272 p DEVISME L. (dir.), Barthel P.-A., Dèbre C., Dumont M., Roy E., décembre 2007, Penser et observer la fabrique urbanistique nantaise contemporaine, GIP-EPAU, Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, Equipe de recherche nantaise, rapport final, 3 tomes DEVISME, L., DUMONT, M., ROY, E., « Le jeu des bonnes pratiques dans les opérations urbaines, entre normes et fabrique locale » in Espaces et Sociétés, 2007, n°131 ; pp 15-31. DEVISME, L., DUMONT, M., « L’éthologue et le tenure track : figures nantaises d’activistes de la pensée urbanistique » (avec Marc Dumont) in Annales de la recherche urbaine 2008, n°104 − − − − − − − − − − − 32 − − − − − − − − − − − − − − GAUDIN, J-P, Gouverner par contrat, Paris, Presses de Sciences Po, 1999 JOSEPH, I, Méteor, les métamorphoses du métro, Paris, Economica, 2004 LASCOUMES, Y., LE GALES, P. dir, Gouverner par les instruments, Paris, Sc Po, 2006 LATOUR, B., Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte, 1999 NICOLAS A., Nantes dans sa recherche métropolitaine. Modèles de villes, réseau européen et production de récits de référence territoriale, Actes du colloque « La ville et le monde, 16e - 21e s. », juin 2007, Presses Universitaires de Rennes (à paraître). NICOLAS, A., Usages sociaux de la mémoire et projet d’aménagement urbain : les héritages, thèse de doctorat de sociologie, 2009. PERALDI, M., SANSON, M., Gouverner Marseille. Enquête sur les mondes politiques marseillais, Paris, La Découverte, 2006 PINSON, G., Gouverner la ville par projet, Paris, ScPo, 2009 QUILICHINI, P., La politique locale de l’habitat, Éditions Le Moniteur, collection essentiels experts/urbanisme, 2007 REYNAUD, J-D, Les règles du jeu. L'action collective et la régulation sociale. A Colin, 1997 SÖDERSTRÔM O., COGATO LANZA E., LAWRENCE R.J., BARBEY G. dir., L’usage du projet. Pratiques sociales et conception du projet urbain et architectural, Payot, Lausanne, 1997 SOUAMI, T., Ecoquartiers secrets de fabrication : analyse critique d'exemples européens. Paris : Les carnets de l’info, 2009. THEVENOT, Laurent, L’action au pluriel. Sociologie des régimes d’engagement, Paris, La Découverte, 2006 TOUSSAINT Jean-Yves, ZIMMERMANN Monique (dir.), Projet-Urbain, ménager les gens, aménager la ville, coll. Architecture et Recherche, Éditions Mardaga, Bruxelles, 202 pages, 1998 33 Organisation générale Equipe de pilotage − − responsable de la recherche : responsable coordinateur du programme : Laurent DEVISME, LAUA ; Elise ROY, LAUA ; Notre équipe se propose d’être pilote sur le thème de l’économie de la connaissance, avec Christophe DEMAZIERE, chercheur pilote. Correspondants par thèmes: − − Economie de la connaissance : Régulations territoriales : Christophe DEMAZIERE, CITERE ; Laurent DEVISME, LAUA. Composition de l’équipe: − − − Christophe DEMAZIERE, Docteur en sciences économiques, HDR en aménagement-urbanisme, professeur à l’Ecole Polytechnique de l’Université de Tours, chercheur à Cités, Territoires, Environnement, Sociétés (UMR CNRS 6173) Laurent DEVISME, docteur en urbanisme, maître-assistant en SHS à l’ENSA Nantes, directeur du LAUA Elise ROY, architecte docteure en Urbanisme et aménagement, maitre assistante en SHS à l’ENSA Nantes, chercheure au LAUA & − − − − − − − − − − − Monique BIGOTEAU, responsable éditoriale publications de UMR 6590 du CNRS Espaces géographiques et sociétés (ESO) - Directrice adjointe de la Maison des Sciences de l'Homme Ange-Guépin de Nantes, chercheure au CESTAN, ESO-Nantes UMR 6590 ESO CNRS; Anne BOSSE, architecte, docteure en géographie, enseignante contractuelle à l'ENSA Nantes, chercheure au LAUA Célia DEBRE, Docteur en Sciences Politiques, Architecte DPLG, Maître de conférences en urbanisme et aménagement ; Enseignante à l’Institut Géoarchitecture, Université de de Bretagne Occidentale, membre de l’EA-2219 Géoarchitecture, membre en second rattachement au LAUA, ENSAN, Nantes Jacques FACHE, docteur en géographie, HDR , professeur de géographie à l'Université d'Angers, chercheur à ESO-Angers-CARTA, Isabelle GARAT, docteure en géographie, urbanisme et aménagement, maître de Conférences à l'Université de Nantes (Institut de géographie IGARUN), UMR 6590 ESO Nantes CNRS Amélie NICOLAS, Docteure en Sociologie, Post-Doctorante dans le cadre du projet AAP-ANR GéCOPe, Laboratoire Géolittomer - LETG UMR 6554 CNRS, Enseignante contractuelle à l'ENSA Nantes et à l'Université de Nantes, chercheure au LAUA Pauline OUVRARD, architecte-doctorante, chercheure contractuelle au LAUA, Sophie VERNICOS, docteure en géographie, maître de Conférences à l'Université de Nantes (Institut de géographie IGARUN), UMR 6590 ESO Nantes CNRS. Pierre Arnaud BARTHEL, maître de conférences en géographie urbaine et urbanisme à l’Université de Nantes, en détachement au Cedej (Caire) jusqu’à Juin 2011. Xiaogang LI, ingénieur en aménagement-urbanisme et titulaire d’un Master Recherche de l’Université de Tours, doctorant associé au laboratoire CITERES Pierre MENAGE, diplômé d’un Magistère en aménagement (Université de Tours), doctorant, associé au laboratoire CITERES 34