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d o s s i e r Les lésions cutanéomuqueuses du périnée chez la femme (1 partie) Dermatologic vulvar and perineal diseases re ■ B. Fatton* RÉSUMÉ. Les lésions dermatologiques vulvopérinéales de la femme restent trop souvent méconnues des médecins et négligées des patientes, ce qui explique les retards de diagnostic et de prise en charge. L’inspection est l’une des étapes essentielles du diagnostic : l’aspect, la topographie, l’étendue, la chronicité ou la couleur des lésions sont les premiers éléments qui orientent le clinicien. Le caractère isolé ou multiple des lésions, l’évolution vers des formes ulcérées ou érosives, l’aspect des bords, l’association à un prurit ou à des brûlures vulvaires sont des éléments discriminants majeurs. Le doute diagnostique impose la biopsie, qui est indispensable en cas d’érythroplasie, de leucoplasie, de lésion pigmentée isolée ou d’ulcération et d’érosions chroniques. Les lésions précancéreuses doivent être dépistées et régulièrement suivies. Le lichen scléreux, dont on connaît la fréquence chez la femme après la ménopause, doit toujours être traité et bénéficier d’une surveillance à vie. La vaginose bactérienne est l’affection vaginale la plus fréquente chez la femme. Les nitro-imidazolés restent le traitement de référence, mais les stratégies thérapeutiques qui favorisent la recolonisation vaginale par les lactobacilles sont actuellement très largement employées. Mots-clés : Lésions vulvaires – Lichen scléreux – Leucoplasie – Vaginose. ABSTRACT. Dermatological diseases of the vulva and perineum are too often misdiagnosed or unrecognised. These patients are neglected or initially incorrectly treated. Inspection is an essential part of the diagnostic process: the shape, the morphology, the extent and the colour of the lesion as well as its mode of onset are the first steps able to help the clinician for accurate diagnostic and management. Following this, the major discriminating factors include whether the lesion is isolated or multiple, ulcerated or erosive, the features of the margins and whether it is associated with pruritus or a burning sensation of the vulva. Doubt about diagnostic or cases of erythroplasia, leucoplasia, isolated pigmented lesions, chronic ulcerated or erosive lesions require biopsy. Precancerous lesions must be identified and reviewed regularly. Lichen sclerosus, known to be more frequent in postmenopausal women, must always be treated and would benefit from lifelong follow-up. Bacterial vaginosis is the most frequent vaginal disease. Treatment with metronidazole is very effective but use of lactobacilli is also a therapeutic concept. Keywords: Vulvar diseases – Lichen sclerosus – Leucoplasia – Non specific vaginitis. a pathologie vulvopérinéale est un motif fréquent de consultation, et pourtant elle est souvent “déroutante”, aussi bien pour la patiente que pour le praticien : à la fois banalisée et méconnue, elle conduit souvent à des errances diagnostiques et à des prises en charge inadaptées. Le but de ce travail est d’essayer de proposer une démarche décisionnelle simple et L * Unité d’urogynécologie maternité, Hôtel-Dieu, CHU de Clermont-Ferrand. E-mail : [email protected] 12 pertinente. Les pathologies tumorales avérées seront exclues de notre propos et les mycoses vaginales, détaillées dans un autre article de ce dossier, ne seront pas développées ici. En termes de pathologie dermatologique, l’inspection reste l’un des temps essentiels de l’examen. Ainsi, pour privilégier l’aspect pratique de l’organigramme, nous avons choisi arbitraire- Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 Périnée de la femme : maladies de la peau et des muqueuses ment de séparer les pathologies qui “se voient” de celles qui “ne se voient pas”, c’est-à-dire celles pour lesquelles l’examen clinique est normal. Pour en faciliter l’exposé, nous avons choisi de publier ce dossier en deux volets. Le premier volet concernera les aspects physiologiques, les lésions rouges, blanchâtres et pigmentées. Le second volet, inséré dans un prochain numéro, traitera des lésions papuleuses, pustuleuses, érosives ou ulcérées et des lésions des plis. Il établira une synthèse sur les lésions précancéreuses, dont le dépistage et la surveillance s’imposent. Enfin, il abordera les lésions qui ne se voient pas et qui déroutent bien souvent le thérapeute. Si l’inspection et l’analyse séméiologique sont essentielles, il va sans dire, cependant, que l’interrogatoire est incontournable, précisant : 1. les symptômes associés : prurit, brûlure, douleur, dyspareunie, saignement, leucorrhées, etc. ; 2. la durée d’évolution : lésions aiguës, chroniques ou récidivantes ; 3. les circonstances d’apparition : facteurs déclenchants éventuels, pathologies concomitantes ; 4. les thérapeutiques antérieures. Figure 1. Papillomatose physiologique. CE QUI SE VOIT Figure 2. Les granulations physiologiques de Fordyce. Figure 3. Aspect classique de candidose vulvopérinéale. Le choix d’un classement séméiologique fondé sur l’aspect des lésions présente l’avantage d’être précis et didactique, mais il suggère une simplicité qui n’est que rarement la règle en pratique clinique, les lésions apparaissant le plus souvent comme complexes et associant plusieurs aspects. La classification proposée, et ce Figure 4. Vulve érythémateuse avec collerette desquamative en périphérie. Figure 5. Candidose avec atteinte des plis génitocruraux. Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 malgré d’incontestables limites, a néanmoins l’avantage de définir un organigramme, un schéma diagnostique et une orientation thérapeutique hiérarchisés et cohérents. Les aspects physiologiques (1, 2) Il faut les connaître afin d’éviter des prises en charge abusives et délétères. ✓ La papillomatose physiologique : elle se présente sous forme de petits papillomes “en doigt de gant” situés à la face interne des petites lèvres et au niveau du vestibule (figure 1), papillomes dont la distribution est classiquement symétrique mais dont le diagnostic différentiel avec des petits condylomes viraux est parfois difficile à établir. ✓ Les grains de Fordyce : l’aspect est celui de granulations jaunâtres parfois très nombreuses disséminées sur le bord libre et le versant interne des petites lèvres (figure 2). Il s’agit de glandes sébacées ectopiques qui donnent parfois un aspect irrégulier à l’épithélium ; la mise en tension de celui-ci fait saillir les petites glandes jaunes et superficielles. Les lésions rouges On distingue les lésions avec ou sans vaginite (1, 2). ✓ Lésions avec vaginite • Les vulvovaginites infectieuses représentent la plus habituelle des lésions rouges vulvopérinéales. Classiquement, l’aspect est celui d’un érythème vulvaire débordant plus ou moins sur le périnée et dont certaines nuances séméiologiques peuvent permettre d’orienter le diagnostic étiologique, qu’un prélèvement bactériologique confirmera. – Les candidoses vulvovaginales (figures 3, 4 et 5), qui font l’objet d’un article spécifique dans ce dossier, ne seront pas détaillées ici. L’érythème est intense et surtout très prurigineux. La périphérie des lésions prend un aspect “émietté”, de limites imprécises, avec de fréquentes lésions cutanées à distance. Enfin, il existe dans les formes classiques une vaginite intense avec leucorrhées abondantes et dépôts blanchâtres muqueux. Dans les formes plus frustes, ces dépôts ne peuvent se localiser qu’au niveau des sillons interlabiaux. Cette forme classique de la vulvovaginite candidosique ne constitue pas la règle : des formes larvées, voire trompeuses (aspect de lichénification, atteinte périphérique prépondérante), ou encore l’association à d’autres 13 d o s s i e r dermatoses peuvent rendre le diagnostic plus difficile. – Les vaginites à Gardnerella vaginalis : le terme de vaginite est impropre car, le plus souvent, il n’y a pas d’inflammation locale et l’exsudat vaginal est pauvre en polynucléaires (3). Certains préfèrent donc le terme de vaginose bactérienne : si Gardnerella vaginalis est fréquemment isolé, d’autres espèces sont aussi incriminées et fréquemment associées (bactéries anaérobies, mycoplasmes, etc.). C’est l’affection vaginale la plus courante chez la femme, deux fois plus fréquente que les mycoses vaginales. La prévalence est de 5 % dans la population asymptomatique et de 13 à 31 % chez les femmes enceintes (4). Les leucorrhées sont abondantes, grisâtres et malodorantes : ce caractère nauséabond est d’autant plus prononcé que le milieu vaginal est alcalinisé, notamment en période préovulatoire ou prémenstruelle, après les rapports sexuels ou en cas d’utilisation de savons à pH alcalin (1, 3). Ces pertes donnent lieu de façon inconstante à un prurit ou à des brûlures vulvaires modérées (1). L’examen au spéculum révèle les pertes blanc grisâtre homogènes et adhérentes aux parois vaginales, parfois plus fluides au niveau du col. Le traitement de choix fait appel aux nitro-imidazolés (Flagyl® ou Fasigyne®) par voie orale ou vaginale. Actuellement, cependant, la stratégie thérapeutique évolue et, plutôt que de recourir à l’antibiothérapie, dont on connaît les effets sur l’écologie bactérienne, on s’oriente vers des traitements qui ont pour objectif la recolonisation vaginale par les lactobacilles (acidification du pH vaginal par l’acide ascorbique, apport local d’une association lactobacille-estrogènes, apport oral d’une double souche de lactobacilles)(5). – Les vaginites à Trichomonas : cette infection se caractérise par la survenue assez brutale, quelques semaines après le rapport contaminant, d’une leucorrhée liquide verdâtre et spumeuse associée à une dyspareunie ; peuvent également survenir des saignements provoqués, notamment postcoïtaux, voire des brûlures urinaires. Le parasite responsable est le Trichomonas vaginalis, protozoaire flagellé dont le réservoir naturel est le vagin (1, 3). Ainsi, l’inoculation de titre élevé de Trichomonas dans le vagin de femmes volontaires saines ne provoque que très difficilement une infection. La transmission est presque exclusivement sexuelle (3) ; il est cependant remarquable de constater que, après contamination, 50 % des femmes pourraient guérir 14 spontanément, ce qui rejoint les constations précédentes. Outre les formes cliniques classiques (leucorrhée typique, colpite punctiforme, algies pelviennes), il existe des formes frustes : les formes asymptomatiques (10 à 15 % des cas) sont l’apanage des femmes âgées ménopausées, le Trichomonas vaginalis étant particulièrement bien toléré par les muqueuses atrophiques. L’association avec d’autres maladies sexuellement transmissibles (MST) est possible, et il est alors classique de traiter la trichomonase en première intention (3). Le traitement de référence fait appel aux imidazolés, par voie générale ou locale, la voie orale autorisant la prescription de schémas classiques ou “minute” en une prise unique. ✓ Lésions sans vaginite – Les vaginoses bactériennes, et particulièrement les vaginoses à Gardnerella vaginalis, déjà abordées plus haut. – Les dermites caustiques, les brûlures thermiques ou les lésions de radiodermite aiguë : elles sont d’étiologies évidentes à l’interrogatoire. Elles prennent l’aspect d’un érythème aigu, violent, douloureux, plus ou moins étendu et œdémateux. Les lésions de toxidermie médicamenteuse, dont la forme classique est l’érythème pigmenté fixe (1), sont souvent de diagnostic plus difficile. Néanmoins, les dermites caustiques et allergiques sont elles aussi parfois de diagnostic délicat, car, dans la majorité des cas, l’atteinte est secondaire, avec, initialement, une vulvite d’une autre origine sur laquelle vient se greffer un incident iatrogène. – L’eczéma de contact : l’aspect est celui d’un érythème bien limité, souvent squameux, prurigineux, avec une topographie évocatrice. Le diagnostic de dermite de contact allergique est rare et, dans la pratique courante, il est souvent posé par excès. Il faut savoir y penser devant une dermatose vulvaire non améliorée par un traitement bien conduit. – L’eczéma atopique : une atteinte vulvaire est possible, mais habituellement associée à d’autres localisations cutanées, notamment dans le cadre d’une dermite atopique généralisée. L’aspect est comparable à celui de l’eczéma de contact, mais avec une topographie moins évocatrice. – Les érythèmes d’origine mécanique : ils sont plus fréquents chez la femme jeune, dus à l’utilisation prolongée et abusive de produits hygié- Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 Périnée de la femme : maladies de la peau et des muqueuses 6 . 7. Figures 6 et 7. Lichénification avec épaississement et accentuation du quadrillage de la peau. Figures 8. Psoriasis étendu avec localisation vulvaire. Figures 9. Psoriasis anovulvaire. Figure 10. Maladie de Paget avec aspect érythémateux. Figure 11. Lésion érythémateuse parsemée d’îlots de leucoplasie. niques et de désinfectants locaux et au port répété de protège-slips et de vêtements serrés avec, en corollaire, une disparition du film hydrolipidique local. L’érythème qui en résulte est souvent diffus, fréquemment associé à des brûlures ou à un prurit local, et il engendre une dyspareunie accentuée par la sécheresse vaginale. Cette question spécifique de l’hygiène féminine sera abordée dans un prochain dossier. – La dermite séborrhéique : elle se présente sous la forme d’une plaque érythémateuse claire avec desquamation furfuracée, prédominant au niveau des zones pileuses (pubis, grandes lèvres). C’est une dermatose très fréquente, peu prurigineuse, parfois fissuraire et qui se retrouve préférentiellement chez les femmes à peau claire. Sa constatation doit faire rechercher les autres localisations de cette dermite séborrhéique, tels la racine des ailes du nez, les sourcils ou encore le cuir chevelu. – La lichénification : elle atteint surtout les versants cutanés externes de la vulve et se révèle être la conséquence directe et mécanique du grattage (2). C’est une affection fréquente et bénigne dont le signe d’appel constant est le prurit. L’aspect classique est celui d’un épaississement cutané, avec une accentuation du quadrillage de la peau et parfois un érythème sec et autoentretenu (figures 6 et 7). Des lésions de grattage sont fréquemment associées, et il est habituel de constater une raréfaction des poils sur la zone concernée. Des variations de couleur sont possibles, avec soit un aspect rosé et brillant, soit un aspect grisâtre, mais l’épaississement cutané est constant. Cette lichénification peut survenir de façon primitive (prurit vulvaire idiopathique) ou secondairement à une dermatose vulvaire prurigineuse. En cas de lichénification rouge, la recherche d’une mycose est licite, éventuellement suivie d’un traitement antimycosique d’épreuve. Dans les autres situations, il faut faire appel aux corticoïdes locaux jusqu’à disparition des signes cliniques objectifs. Le choix initial se portera sur les corticoïdes de classe I pendant 2 à 3 semaines, puis sur un relais avec des corticoïdes de classe II. – Le psoriasis : cette maladie, dont on connaît le retentissement sur la qualité de vie des patientes (6), peut prendre des aspects quelque peu différents selon sa localisation. Classiquement, sur les zones convexes comme les grandes lèvres, les racines des cuisses ou le pubis, l’aspect est celui de plaques bien limitées, rouge vernissé, Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 avec desquamation en “taches de bougie” (7) (figures 8 et 9). Les signes fonctionnels sont rares et se résument souvent à un prurit modéré. L’atteinte exclusive des plis génitocruraux, des plis interlabiaux, du pli interfessier et du raphé anovulvaire est décrite sous le nom de forme “inversée” : dans cette forme, il existe fréquemment une perte de l’aspect squameux due au frottement et à la macération ; de même, la fissuration au fond du pli est classique, parfois génératrice de douleurs. – Les érythroplasies : l’aspect est celui d’une plaque rouge, brillante, localisée, qui correspond sur le plan histologique soit à une lésion inflammatoire et bénigne (vestibulite inflammatoire), soit à une lésion néoplasique (maladie de Bowen, carcinome épidermoïde ou maladie de Paget) : ces aspects imposent donc une biopsie. – La maladie de Paget : la maladie de Paget vulvopérinéale est la plus fréquente des localisations extramammaires et représenterait à elle seule 65 % des cas. Elle atteint essentiellement les femmes âgées, après la ménopause. Son diagnostic est le plus souvent tardif en raison, d’une part, du retard de consultation et, d’autre part, d’une certaine méconnaissance du corps médical : l’âge habituel du diagnostic se situe en moyenne entre 65 et 70 ans (1, 2, 8). Le symptôme révélateur est habituellement le prurit chronique, mais le diagnostic est rarement posé à ce stade, la plaque rouge, squameuse et prurigineuse étant fréquemment confondue avec une lésion de candidose ou d’eczéma. Le diagnostic est souvent posé plus tardivement. La lésion est classiquement unique, érythémateuse (figure 10) mais non homogène, d’extension progressive, en “tâche d’huile”. La plaque débute souvent sur la grande lèvre, davantage sur le versant cutané que sur le versant muqueux (8), et déborde sur les régions adjacentes (pubis, périnée, marge anale, etc.). La plaque est rarement de couleur uniforme (1) : rouge sombre sur le versant cutané, elle est parsemée d’îlots blancs de leucoplasie (figure 11) et d’érosions rouges et suintantes ; sur le versant muqueux, la couleur est rouge vif mais aussi d’allure bigarrée (2, 8). Ces caractères d’inspection sont a priori peu spécifiques, ce qui explique les errances diagnostiques, mais c’est l’aspect globalement “limité” de cette lésion qui doit attirer l’attention. La certitude diagnostique est obtenue sur les données de la biopsie : l’épiderme épaissi contient des cellules de Paget, volumineuses cel- 15 d o s s i e r Figure 12. Maladie de Bowen. Figure 13. Maladie de Bowen. Figure 14. Papulose bowenoïde de la marge anale. Figure 15. Vitiligo. Figure 16. Aspect dépoli blanc nacré typique de LSV avec atrophie vulvaire associée. Figure 17. Aspect de LS. 16 lules mucipares à cytoplasme clair, disposées en amas ou dispersées de façon diffuse au sein de toute l’épaisseur de l’épithélium (8). Le traitement de choix est l’exérèse complète passant à distance de la lésion : cette chirurgie est donc fréquemment délabrante et nécessite une autoplastie locale ou une greffe cutanée (1, 8). Le pronostic de cette maladie est en corrélation étroite avec l’existence ou non de cancers sous-jacents ou associés (1) : ainsi, le pronostic est sombre pour les patientes porteuses d’un cancer viscéral associé (4 à 35 % des cas) ou d’un adénocarcinome cutané annexiel sous-jacent, alors qu’il reste bon en cas de localisation strictement cutanée de la maladie, ce qui concerne plus de la moitié des malades (2). – La papulose bowenoïde et la maladie de Bowen : la VIN (vulvar intraepithelial neoplasia) III, ou dysplasie sévère de la vulve, est une pathologie rare et survenant préférentiellement chez la femme âgée, même si l’incidence chez la femme jeune semble en augmentation depuis quelques années. Cette augmentation pourrait être en rapport avec, d’une part, une meilleure pertinence diagnostique et, d’autre part, une fréquence accrue des MST, notamment à human papillomavirus HPV (9). Les facteurs incriminés dans la dysplasie vulvaire sont le papillomavirus humain, le tabagisme et le terrain immunodéprimé (9). Si la lésion histologique est identique, trois maladies doivent être individualisées : la papulose bowenoïde, la maladie de Bowen et la dysplasie extensive de la vulve (2, 9), différentiables sur des notions cliniques. La maladie de Bowen atteint surtout la femme ménopausée. La lésion initiale est classiquement une leucoplasie ou, plus rarement, une érythroplasie (1, 2), unifocale et monomorphe (figures 12 et 13). La papulose bowenoïde touche plus volontiers la femme jeune et sera décrite dans sa forme classique dans le chapitre des lésions papuleuses. Cependant, la maladie peut parfois prendre des aspects bien différents, véritables placards érythro-leucoplasiques, voire érythroplasiques purs, très trompeuses (1). La lésion est multifocale et polymorphe (figure 14). La distinction entre papulose bowenoïde et maladie de Bowen est capitale pour orienter le traitement. Les potentiels évolutifs sont en effet différents selon les cas, avec un risque d’invasion quasi nul dans la première situation et un risque de cancer estimé entre 10 et 30 % en cas de maladie de Bowen (2). Le traitement fait appel à la chirurgie et au laser, selon des modalités et des indications variables selon les cas. Les lésions blanchâtres ✓ La simple dépigmentation du vitiligo (figure 15) L’aspect morphologique est normal à l’exception d’une dépigmentation plus ou moins étendue et symétrique, qui concerne préférentiellement les zones externes de la vulve. ✓ L’aspect brillant Le lichen scléreux vulvaire (LSV) : c’est la pathologie vulvaire la plus fréquente en périménopause. Mais le LSV atteint toutes les classes d’âge à partir des premiers mois de la vie, et les formes infantiles représentent 10 à 15 % des cas (10). Le sex-ratio homme/femme serait de 1 sur 10 à 1 sur 15. Le maître symptôme est le prurit, présent dans près de 75 % des cas ; s’il n’est pas présent au moment de la consultation, l’interrogatoire retrouve habituellement des antécédents de phases prurigineuses. Ainsi, tout prurit vulvaire prolongé doit faire évoquer un LS. Le LS n’atteint jamais le vagin, ce qui permet le diagnostic différentiel avec les autres dermatoses vulvaires à évolution atrophiante, au premier rang desquelles on retrouve le lichen plan. Des brûlures vulvaires peuvent s’associer ou succéder au prurit, conséquence d’érosions secondaires. Chez les femmes sexuellement actives, la dyspareunie est habituelle, également liée, le plus souvent, aux érosions et fissurations, plus rarement à la sténose orificielle des formes évoluées. Néanmoins, dans 15 à 18 % des cas, le LSV est une découverte d’examen systématique, et il reste difficile d’estimer la fréquence des LSV asymptomatiques (2). Les formes typiques associent muqueuse de couleur blanc nacré, atrophie des petites lèvres, qui peuvent disparaître par synéchie avec les grandes lèvres, et encapuchonnement du clitoris (figures 16 et 17). Les formes évoluées peuvent aboutir à une symphyse complète de l’orifice vulvaire (11). À côté de ces tableaux assez évocateurs, il existe des formes atypiques : • Les formes sans atrophie, qui se limitent à une blancheur nacrée et brillante, mais qui peuvent aussi donner un aspect “soufflé” aux petites lèvres (1, 2, 12). Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 Périnée de la femme : maladies de la peau et des muqueuses RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES L’essentiel des notions reprises ici sont extraites de trois ouvrages de référence que nous voulons citer tout particulièrement : ✓ Hewitt J, Pelisse M, Paniel B. Maladies de la vulve. Paris : Medsi, 1987. ✓ Lessana-Leibowitch M, De Belilovsky C. Pathologie vulvaire. Ed. laboratoire Janssen-Cilag. ✓ Machet L, Vaillant L. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001. 1. Hewitt J, Pelisse M, Paniel B. Maladies de la vulve. Paris : Medsi, 1987. 2. Lessana-Leibowitch M, De Belilovsky C. Pathologie vulvaire. Ed. laboratoire Janssen-Cilag. 3. Quentin R, Lanotte P. Urétrites et cervicovaginites. In: Machet L, Vaillant L, eds. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001 : 295313. 4. Ralph SG, Rutherford AJ, Wilson JD. Influence of bacterial vaginosis on conception and miscarriage in the first trimester: cohort study. Br Med J 1999;319:220-3. 5. Reid G, Bruce AW. Urogenital infections in women: can probiotics help? Postgrad Med J 2003;79:428-32. 6. Menter A. The effect of psoriasis on patients’ quality of life and improvements associated with alefacept therapy. J Cutan Med Surg 2004; 8(suppl.2):20-5. 7. Estève E. Psoriasis vulvaire. In: Machet L, Vaillant L, eds. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001:255-7. 8. Body G, Perrotin F, De Poncheville L, Bouquin R. Maladie de Paget de la vulve. In : Machet L, Vaillant L, eds. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001:229-34. Figure 18. Candidose sur LSV. • Les aspects pigmenté, bulleux, vitiligoïde et érythémateux, plus rares, sont trompeurs. Lorsqu’un érythème survient sur un lichen scléreux, c’est sa topographie et ses caractéristiques qui orientent le diagnostic : une candidose s’associe à un érythème diffus avec plaques rouges superficielles (figure 18). Il faudra y penser plus particulièrement chez une patiente qui décrit une recrudescence du prurit sous traitement corticoïde adapté. • Les formes hyperplasique et leucoplasique : la muqueuse prend un aspect plus mat de couleur ivoire ou jaunâtre et s’épaissit du fait d’une hyperplasie épithéliale. Cet épaississement résulte soit d’une lichénification, soit d’une leucoplasie, que de nombreux auteurs considèrent comme un état précancéreux. Les LS hyperplasiques donnant à la peau un aspect plissé, quadrillé, parfois ponctué de nombreuses lésions de grattage, donneront lieu à une biopsie s’il y a doute, surtout en cas de persistance localisée après traitement. Les lésions leucoplasiques ou ulcérées suspectes seront biopsiées d’emblée en plusieurs points, traitées et régulièrement surveillées. Elles siègent préférentiellement au niveau de la région clitoridienne, des petites lèvres et de la fourchette vulvaire. L’aspect est habituellement celui d’une plaque blanche mais mate, épaisse et bien localisée, ou d’une ulcération unique qu’il faudra “biopsier” sur sa périphérie. On admet que le risque de survenue d’un cancer sur LSV traité est rare, n’excédant pas 4 % ; cependant, dans 60 % des cancers vulvaires, on retrouve un LSV non traité et mal suivi (2, 13). Sur le plan thérapeutique, on retiendra qu’il faut traiter tous les LS, y compris s’ils sont asymptomatiques. Ce traitement fait appel aux corticoïdes de classe I. Les produits de référence sont Dermoval® et Betnéval®, qui doivent être prescrits à raison d’une application par jour pendant 3 mois en traitement d’attaque et de 2 applications par semaine en traitement d’entretien. Le recours aux corticoïdes de classe II ou III est également possible en traitement d’entretien, avec des fréquences d’application augmentées : 1 jour sur 2 ou tous les jours en fonction de la classe choisie (13). Ce traitement est à poursuivre tant que les symptômes persistent. La corticothérapie est rapidement efficace sur le prurit et fait disparaître plus lentement les lésions blanchâtres. L’androgénothérapie locale, longtemps préconisée, est aujourd’hui abandonnée du fait Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 de son inefficacité et de ses effets indésirables assez importants (signe de virilisation, voix rauque, hirsutisme). La chirurgie doit être ciblée, limitée aux exérèses des lésions suspectes et aux gestes plastiques telles la vulvopérinéoplastie ou la libération des brides séquellaires (1, 2, 12). ✓ L’aspect mat Les formes de LSV avec épaississement épithélial diffus, que nous avons déjà évoquées plus haut, entrent dans cette catégorie. Le LS hyperplasique prend un aspect blanc plus mat que le LSV classique, avec une peau plissée, lichénifiée et dont le quadrillage est plus marqué. La fréquence des lésions érosives de grattage complique encore le diagnostic. Devant ce tableau clinique, la biopsie s’impose d’autant plus que l’aspect persiste sous forme plus localisée après traitement. Les leucoplasies se présentent souvent sous la forme d’une plaque blanche, épaisse, mate et localisée, et imposent une biopsie : le terme de leucoplasie est clinique et correspond histologiquement à une hyperplasie épithéliale qui peut être soit bénigne, soit maligne. Ainsi, l’analyse histologique différencie les formes avec atypies cellulaires (maladie de Bowen, carcinome épidermoïde et maladie de Paget) de celles sans atypies (lichen plan localisé, condylomes). Les lésions pigmentées Elles sont le plus souvent asymptomatiques (84 %), et cette notion plaide pour un examen vulvaire systématique lors d’un bilan gynécologique de routine (2). Le meilleur élément d’orientation clinique reste le nombre de lésions : nous reprendrons la classification proposée par le département dermatologique de l’hôpital Cochin (2). A priori, l’existence de lésions multiples est un critère rassurant. La survenue des lésions sur dermatose existante ou de façon isolée est aussi un critère d’orientation diagnostique important. De manière générale, on retiendra que l’analyse histologique des lésions pigmentées est de règle pour établir le diagnostic, toujours très difficile par le seul examen clinique, et pour éliminer un très redouté mélanome. ✓ Les lésions pigmentées multiples : la biopsie permettra d’affirmer la nature de la lésion (2). • Mélanose ou lentigos : c’est la plus fréquente des pigmentations vulvaires (36 % des cas). Elle se présente sous la forme de petites nappes pig- 17 d o s s i e r Figure 19. Condylomes vulvaires. Figure 20. Condylomes anovulvaires. Figure 21. Acanthosis nigricans. Figure 22. Aspect typique d’angiokératomes. Figure 23. Mélanome vulvaire. Figure 24. Verrue séborrhéique. Figure 25. Verrue de la grande lèvre. 18 mentées formées de petites macules plates, parfois confluentes, de pigmentation non homogène. • Hypermélanose endocrinienne : la pigmentation de la zone génitale peut y être prédominante. Parmi les maladies endocriniennes en cause, c’est la maladie d’Addison qui donne le tableau de plis caractéristique. La localisation est essentiellement cutanée, mais elle peut déborder sur la muqueuse des petites lèvres. • Dermatoses pigmentogènes : on citera surtout le lichen scléreux, le lichen plan, la toxidermie médicamenteuse ou la simple pigmentation post-inflammatoire (2). • Lésions HPV induites : c’est dans ce cadre nosologique que l’on retrouve la papulose bowenoïde déjà évoquée plus haut et les condylomes. Les condylomes peuvent être de trois types : acuminés (figures 19 et 20), papuleux ou plans. Les condylomes acuminés en classique “crête de coq” se présentent comme des lésions exophytiques porteuses de verrucosités kératosiques en surface (1, 2). Les condylomes papuleux se présentent comme des papules de couleur rouge, isolées ou groupées en nappe. Les condylomes plans ont l’aspect de macules rosées, isolées ou concentrées. La grande fréquence des condylomes chez les femmes jeunes impose un dépistage et une surveillance régulière en cas de diagnostic positif. La localisation cervicale, avec un risque accru de dégénérescence sous forme de néoplasie intraépithéliale, pose les problèmes les plus importants ; les localisations vulvaires sont un point d’appel essentiel pour la détection des lésions du col et incitent à une surveillance régulière. • Acanthosis nigricans : l’hypermélanose est diffuse, présentant une surface finement verruqueuse (figure 21). Son diagnostic doit se prolonger par la recherche d’une néoplasie profonde, mais, à côté de l’acanthosis nigricans paranéoplasique, il existe aussi des formes bénignes, d’origine médicamenteuse ou endocrinienne le plus souvent. • Pigmentation ethnique : comme on peut aussi le constater dans la cavité buccale, certaines macules pigmentaires multiples, congénitales, à localisation vulvaire, peuvent être d’origine raciale et familiale. • Les angiokératomes (figure 22) : l’aspect est celui d’excroissances rouges, violacées, d’origine vasculaire, et que d’aucuns considèrent comme quasi physiologiques. ✓ Lésion pigmentée unique : l’exérèse limitée d’emblée est la règle, car l’orientation clinique est difficile. • Lésion mélanique – Naevus : l’aspect est celui d’une lésion brune, légèrement papuleuse et bien limitée. Il faut savoir que les naevus vulvaires ne risquent pas plus de se transformer en mélanomes que les naevus cutanés et que, à ce titre, il est inutile d’alarmer la patiente après l’exérèse (2). – Lentigo : il se présente sous la forme d’une tache de pigmentation homogène, bien limitée, impossible à distinguer d’un mélanome débutant ou d’un naevus. – Mélanome (figure 23) : le diagnostic de mélanome vulvaire est difficile, car les critères diagnostiques classiques du mélanome font défaut. On retiendra donc la nécessité d’un dépistage systématique et l’exérèse de principe dès la lésion. On différencie essentiellement deux aspects cliniques, identiques à ceux de la peau décrits par Clark : le mélanome à extension superficielle ou superficial spreading melanoma (SSM) et les mélanomes nodulaires, à extension verticale d’emblée, dont le pronostic est plus sombre (2, 14). Le lentigo malin, ou mélanome sur mélanose précancéreuse de Dubreuilh (LMM), serait plus rare. La fréquence respective des différentes formes histologiques varie selon les études : les formes SSM seraient les plus fréquentes, avec des taux atteignant 50 à 60 %, mais certaines séries font état de chiffres nettement inférieurs, de l’ordre de 4 % (14). Les formes nodulaires représenteraient 15 à 30 % des cas. Enfin, les formes lentigineuses, exceptionnelles pour certains, seraient majoritaires dans certaines séries (1, 14, 15). Le SSM se présente sous l’aspect d’une plaque pigmentée à bords irréguliers. La teinte est parfois bleutée au début, puis polychrome, non homogène. Après une phase horizontale de croissance qui peut s’étaler sur plusieurs mois, voire plusieures années, le SSM entame sa phase d’invasion verticale. Le mélanome nodulaire se présente comme une tumeur noire, saillante, à contours mal définis, parfois ulcérée et saignante. Les formes achromiques existent, mais elles sont exceptionnelles au niveau vulvaire. • Lésion non mélanique – Verrue séborrhéique (figures 24 et 25) : elle peut siéger n’importe où. La lésion est brune ou Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 Périnée de la femme : maladies de la peau et des muqueuses 9. Body G, Perrotin F, De Poncheville L, Houlard S. Papulose bowénoïde de la vulve. In : Machet L, Vaillant L, eds. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001:234-44. 10. Meffert JJ, Davis BM, Grimwood RE. Lichen sclerosus. J Am Acad Dermatol 1995;32:393-416. 11. Lambert B. Complete adult vulvar fusion: a case report. J Obstet Gynaecol Can 2004;26:501-2. 12. Armingaud P, Estève E. Lichen scléreux de la vulve. In : Machet L, Vaillant L, eds. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001:221-9. 13. Jones RW, Sadler L, Grant S et al. Clinically identifying women with vulvar lichen sclerosus at increased risk of squamous cell carcinoma. Obstet Gynecol Surv 2005;60:98-9. 14. Avril MF. Mélanome. In : Machet L, Vaillant L, eds. Dermatologie en gynécologie obstétrique. Paris : Masson, 2001:120-8. 15. Ragnarsson-Olding BK, KanterLewensohn LR, Lagerlof B et al. Malignant melanoma of the vulva in a nationwide, 25-year study of 219 Swedish females: clinical observations and histopathologic features. Cancer 1999;86:1273-84. 16. Sewankambo N, Gray RH, Wawer MJ et al. 3HIV-1 infection associated with abnormal vaginal flora morphology and bacterial vaginosis. Lancet 1997;359(9077):546-50. 17. Watts DH, Krohn MA, Hillier SL, Eschenbach DA. Bacterial vaginosis as a risk factor for post-cesarean endometritis. Obstet Gynecol 1990;75:52-8. noire, bien limitée, saillante, caractéristique lorsqu’elle parsemée de cônes cornés, mais, lorsqu’elle s’est développée sur le versant muqueux de la vulve, la couche cornée épaisse disparaît, ce qui rend le diagnostic plus difficile. – Angiome thrombosé : la lésion est plutôt bleutée, dépressible, saignant facilement au contact. – Kyste muqueux pigmenté : son aspect est celui d’un nodule superficiel, lisse, de consistance rénitente (contenu liquidien), dont le siège est toujours vestibulaire. – Épithélioma basocellulaire : il peut se présenter sous une forme pigmentée, pseudo-mélanome volontiers ulcéré (1). CONCLUSION Au terme de ce premier chapitre, il importe de retenir que, devant toute lésion vulvopérinéale, un interrogatoire complet, puis une inspection rigoureuse s’imposent. Plusieurs critères seront systématiquement évalués : topographie précise, caractère unique ou multiple des lésions, coloration, aspect monomorphe ou polymorphe, bords nets ou imprécis, essaimage à distance, évolution aiguë, chronique ou récidivante, symptomatologie associée (prurit, douleur, leucorrhées, desquamation, etc.). Cette démarche doit orienter le diagnostic et faire poser les éventuelles indications d’explorations complémentaires (analyse histologique, prélèvements vaginaux, typage viral, etc.). D’une manière simplifiée, on retiendra : • qu’il ne faut pas négliger, malgré son caractère habituellement silencieux, la vaginose bactérienne, qui peut induire plusieurs types de com- plications (récidives, risque majoré d’infections urinaires et/ou pelviennes, plus grande vulnérabilité au VIH [16]). Chez la femme enceinte, son implication est reconnue dans certaines complications comme les fausses couches du premier trimestre, la prématurité ou encore les endométrites du post-partum (17). Sur le plan thérapeutique, à côté de la classique antibiothérapie, l’évolution actuelle est de se tourner vers les stratégies dites “probiotiques”, dont le principe est de restaurer ou de maintenir la flore vaginale ; • qu’il faut “biopsier” : – les lésions brunes isolées ; – les lésions leucoplasiques ; – les lésions érythroplasiques ; – les lésions érosives ou ulcérées chroniques (qui seront détaillées dans un prochain dossier). Les carcinomes épidermoïdes de la vulve surviennent dans 90 % des cas sur dermatose préexistante, essentiellement sur lichen scléreux hyperplasique (deux tiers des cas) ou sur maladie de Bowen (un tiers des cas) (2) : ainsi, le lichen scléreux, dont on connaît la grande fréquence chez la femme après la ménopause, doit être traité même dans ces formes peu symptomatiques ou asymptomatiques et doit bénéficier d’un suivi prolongé, attitude qui reste la meilleure garantie contre une éventuelle évolution péjorative. ■ Crédit photo : nous remercions tout particulièrement pour leur aide à l’illustration de cet article les Drs Monique Pelisse, du groupe hospitalier Cochin-Tarnier et Jacqueline Raynal, de la maternité de l’Hôtel-Dieu, au CHU de ClermontFerrand, ainsi que le site Internet d’iconographie de l’université Paris-V : www.uvp5.univ-paris5.fr/UV_MED/AC Les articles publiés dans “Correspondances en pelvi-périnéologie” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. 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