marasmes - FRAC Basse
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marasmes - FRAC Basse
LE FONDS RÉGIONAL D’ART CONTEMPORAIN BASSE-NORMANDIE PRÉSENTE MARASMES Martine Aballéa, Marcel Dinahet, Olivier Mériel, Collection Frac Basse-Normandie Marcel Dinahet, Les herbes, le Mont, 2002, Vidéo, DVD, 5 mn en boucle, collection Frac Basse-Normandie exposition en écoles élémentaires 2012-2013 9 RUE VAUBENARD 14000 CAEN 02 31 93 09 00 www.frac-bn.org Marasmes Sommaire Le Frac Basse-Normandie Martine ABALLÉA Marcel Dinahet Olivier Mériel Quelques références Quelques pistes Marasmes Le Frac Basse-Normandie Une histoire de l’art au présent C’est bien en ces termes paradoxaux que peut se nommer l’action des Frac. Dès 1983, le parti a été pris de réunir des œuvres qui n’avaient a priori que leur seule contemporanéité à faire valoir, afin de constituer un patrimoine, trésor régional au risque du présent. La collection du Frac Basse-Normandie fait état aujourd’hui de plus de 900 œuvres de près de 400 artistes. En évolution permanente, la collection trouve sa cohérence dans des lignes de force qui vont de la peinture abstraite à un ensemble photographique qui s’approprie le paysage, le portrait, le corps et dont une large part fait écho à la construction d’une image en relation à l’architecture. Plus récemment, c’est la place de l’humain dans la société contemporaine (systèmes urbains, sociaux et informatifs) qui est questionnée dans des œuvres aux médiums diversifiés (photographie, sculpture, vidéo, installation). Enfin une section est consacrée aux œuvres en rapport à l’Histoire contemporaine. Une collection en mouvement D’abord conçue comme un ensemble d’œuvres disponibles pour des expositions sur le territoire régional dans les différents lieux susceptibles de les accueillir (musées, centres d’art, centres culturels, sites historiques), le Frac Basse-Normandie bénéficie depuis 1996 d’espaces d’expositions propres. L’activité d’expositions se répartit donc selon ces deux axes : l’un de diffusion de la collection sur le territoire régional, l’autre au Frac dans lesquelles sont invités des artistes contemporains pour des expositions monographiques ou thématiques. Il est en effet essentiel au Frac d’être en contact direct avec la création contemporaine, échanges fructueux dans le flux vivant de l’actualité de l’art. La rencontre Outre cette rencontre permanente par l’exposition, c’est à une éducation du regard et à la sensibilisation des publics que le Frac Basse-Normandie consacre une large part de son activité. Les services culturels et éducatifs mettent en place ces formations dans le cadre de nombreux échanges et collaborations qui vont de l’école primaire à l’université. Au public adulte, il est proposé des rencontres avec des artistes, des conférences ou encore des soirées vidéo. Le Frac propose en accès libre un important fonds documentaire, monographies d’artistes contemporains, ouvrages généraux et revues. La banque de données Vidéomuseum qui répertorie et met en ligne l’ensemble des collections des Frac et des principaux musées d’art contemporain français y est consultable. La collection du Frac Basse-Normandie est consultable en ligne : www.frac-bn.org/collection.htm Contact pour les enseignants : Mathilde Johan, Chargée des publics scolaires [email protected] - 02 31 93 92 41 Bruno Gonzalez, Professeur relais au Frac [email protected] - le vendredi après-midi 02 31 93 03 00 Marasmes Martine ABALLÉA Née en 1950 à New York, vit et travaille à Paris. Espoirs moisis, Compassions fétides, Chagrins infestés, Larmes caustiques, de la série Épaves du désir, 1995 Photographies noir et blanc coloriées, texte sérigraphié, 90 x 60 cm Collection Frac Basse-Normandie «Martine Aballéa arrive à Paris en 1973. Scientifique de formation, elle aurait aimé devenir physicienne. À défaut, elle nous propose de faire l’expérience d’une réalité qui glisse peu à peu des rêves tantôt teintés de nostalgie et de merveilleux, tantôt d’angoisse et d’inquiétude. Son œuvre regroupe des photographies, des objets, des installations, des livres d’artistes, des projets d’affiches et de placards publicitaires... Possédant cette faculté de séduire avant de révéler des pouvoirs malfaisants, voire destructeurs, le monde végétal inspire régulièrement Martine Aballéa. L’étrangeté s’infiltre dans ses photographies noir et blanc de fleurs, retouchées de couleur, dont l’esthétique proche du chromo nous révèle un monde situé entre fiction et réalité. En incrustation, des textes de longueurs variables, écrits dans une typographie désuète, alimentent cette “inquiétante étrangeté” (L’inquiétante étrangeté est un concept de Freud, qui l’effroi en tant qu’il se rattache aux choses connues depuis longtemps, les choses familières qui, dans certaines conditions, deviennent inquiétantes). Quelquefois, c’est toute l’installation qui participe de la réalité et du mensonge, comme au Centre d’art Le Parvis à Tarbes en 1998, où l’artiste a imaginé un Magasin fantôme. Chacun des produits exposés - des boîtes de conserve aux couleurs irréelles - a subi une transmutation esthétique inattendue. Ou encore son exposition au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Hôtel passager, en 1999, qui jouait sur le désir d’accueillir le visiteur dans un simulacre d’hôtel où tout (depuis la réception jusqu’aux chambres, en passant par le bar-restaurant) semblait vrai et faux à la fois.» (“Martine Aballéa”, Le Livre du Frac-collection Aquitaine - Panorama de l’art d’aujourd’hui, Le Festin, 2002) Pour la série Épaves du désir, Martine Aballéa a coloré des photographies noir et blanc et leur a associé un texte, empruntant ainsi les codes des affiches publicitaires ou des couvertures de livres. Cependant, le texte, sérigraphié dans une typographie surannée, ne propose pas un slogan univoque mais associe des termes contradictoires. De même, la douceur des couleurs pastel contraste avec la désolation des lieux photographiés (marais aux eaux stagnantes, arbres morts, vue frontale d’un portail infranchissable et inquiétant). Comme le laisse entendre le titre de la série, ces paysages ne décrivent pas tant la réalité qu’un état intérieur, psychologique ambivalent. Ils sont représentatifs de la volonté de Martine Aballéa de créer des œuvres mélangeant le beau et l’inquiétant, la fiction et la réalité. MARASMES Marcel DINAHET Né en 1943 à Morlaix, vit et travaille à Rennes Les herbes, le Mont, 2002 Vidéo, DVD 5’ en boucle Collection Frac Basse-Normandie À la fois sculpteur, plongeur, paysagiste, Marcel Dinahet construit une œuvre singulière, étroitement liée au littoral. Depuis le nord de l’Ecosse jusqu’à l’extrémité méridionale du Portugal en passant par la péninsule bretonne, il explore les paysages terrestres et sousmarins avec une caméra vidéo. De ses périples soigneusement étudiés, il ramène des images surprenantes qui échappent, à première vue, à toute logique documentaire ou narrative. Enregistrées par une caméra souvent confiée aux éléments, aux mouvements de la mer ou à ceux du corps qui se déplace à pied ou en voiture, ses images ont un impact physique sur le spectateur. Elles restituent une expérience des espaces traversés, éprouvés, plutôt que vus. Le paysage n’y est pas décrit mais écrit, parcouru, « frotté » par la caméra. L’artiste a réalisé quatre vidéo dans et sur la baie du Mont-Saint-Michel, « La baie est un des espaces du littoral que je visite le plus avec le Cap Fréhel. Sur cet espace on enregistre les plus forts coefficients de marée d’Europe. Les variations lumineuses, visuelles y sont en mouvements permanents. Les perceptions d’espace sont d’une exceptionnelle amplitude. Où que l’on se situe le Mont est présent. Depuis quelques années je vais régulièrement de Cancale à Granville en passant par Chérrueix, le Mont-Saint-Michel et les îles Chausey. Les lumières, l’éloignement de l’horizon, les reflets qui se répercutent dans les nuages, les colorations sont très particulières. L’espace vous enveloppe. (...) Les herbes, le Mont donne une vision du Mont depuis les herbiers inondés et très peu fréquentés mais relativement proches de la présence débordante des visiteurs du Mont. L’avance physique et la marche donnent des informations sur les matières. »(Marcel Dinahet) MARASMES Olivier MERIEL Né en 1955 à Saint-Aubin-sur-Mer, vit et travaille à Saint-Aubin-sur-Mer. L’Inondation de la ferme aux chiens, janvier 1989 Le Ballet du Polygonium, octobre 1989 tirage sur papier chloro-bromure viré au platine sur vergé Richard de Bas et chambre photographique, 22 x 27 cm chaque Collection Frac Basse-Normandie Olivier Meriel pratique depuis trente cinq ans la photographie noir et blanc à l’aide de chambre photographique grands formats. Son travail repose depuis toujours sur le dialogue entre l’ombre et la lumière. La photographie est pour lui un engagement artistique profond : «Il s’agit d’éliminer le psychologique en moi pour faire venir le spirituel, pour être en relation avec le divin, avec l’étrange. Un mystère est là, on ne sait pas si on est dans le réel ou l’irréel, et on peut très bien glisser dans l’un ou dans l’autre. La force de l’art est là – atteindre le surnaturel naturel, c’est là qu’est mon enjeu.» Une fois que la prise de vue est faite, Olivier Meriel regagne sa chambre noire pour retrouver la lumière. Pour lui, la recherche en laboratoire est fondamentale, c’est elle qui va parachever sa recherche de la Lumière. Il voit cela d’un point de vue musical, le négatif étant la partition, et le tirage l’interprétation. Le fait d’utiliser une lumière de contre-jour l’oblige à avoir recours à une chimie photographique complexe. «Dans son cas, l’expérience est existentielle, le paysage empirique, vécu, appris au jour le jour, heure après heure, une reconnaissance fouillée des lieux, des éléments qu’il apprivoise. À cet attentif, la nature du Bessin livre ses mystères et ses harmonies secrètes qui se retrouvent en parfaite osmoses avec une chimie photographique de gris ultra sensibles comme seuls le travail à la chambre et des papiers argentiques anciens peuvent l’offrir.» Michèle Chomette, 1990. QUELQUES RÉFÉRENCES Pour les œuvres de Martine Aballéa Les cartes postales du début du XXème siècle Pour les œuvres de Martine Aballéa et d’Olivier Mériel la photographie surréaliste Les surréalistes ont exploré les potentialités de la photographie qui est alors une technologie nouvelle. On retrouve dans leur photographies des jeux de mise en scène, la quête du merveilleux, le rapprochement avec les fonctionnements du rêve et la création d’images conçues comme des visions. Autant d’enjeux et d’expérimentations qui sont en jeu dans les œuvres de Martine Aballéa. source : dossier pédagogique du centre Pompidou - La subversion des images www.centrepompidou.fr Claude Cahun, Le coeur de pic, Cover Design I, 1936 Photographie colorée à la main 16 x 22 cm Collection de Vera et Arturo Schwarz au Musée d’Israël d’art Dada and Surrealist. Brassaï (dit), Halasz Gyula (1899-1984) Parmi les nombreux moyens d’expression qui s’offrent à Brassaï, la photographie s’impose à lui pour capter la nuit parisienne dont il devient un adepte. Henry Miller dit de lui qu’il est un « œil vivant ». Entre reportage et vision poétique, Paris devient un décor de théâtre. « Le surréalisme de mes images ne fut autre que le réel rendu fantastique par la vision ». Brassaï fait des jeux de lumière qui font basculer le paysage du quotidien dans «l’étrange», un procédé que l’on retrouve dans les photographies d’Olivier Mériel. source : http://www.photo.rmn.fr Brassaï, Le pont Neuf, vers 1936 photographie Crédit photographique : RMN-Grand Palais / Michèle Bellot Le pictorialisme, 1890-1910 Les photographies d’Olivier Mériel et de Martine Aballéa rappellent, chacun à leur façon, le mouvement pictorialiste, mouvement né avec les débuts du médium photographique à la fin du XIXème siècle. Les artistes développaient dans leurs photographies des effets ressemblant à ceux de la peinture. Le pictorialisme est un mouvement en vogue à la fin du XIXème siècle et qui connaîtra son essor au début du XXème siècle. Les pictorialistes cherchent à se démarquer de la technique. Ils refusent de s’en tenir à la simple valeur documentaire de la photographie, «de sa précision objective et mécanique pour retrouver une subjectivité et un ”flou” artistique, celui du dessin et de la peinture».* Ils optent ainsi pour des sujets appartenant aux ”genres” de la peinture (paysages, mythologies, religieux, nus, etc), ils utilisent la lumière comme composante essentielle de l’image, travaillent leur support comme un tableau ou un dessin (manipulations du support ou du tirage, jeu avec le grain du papier, etc.), jouent avec les couleurs et les nuances grâce à des procédés chimiques, les flous grâce à des objectifs spécifiques, imitent les effets de la gravure et expérimentent tout ce qui peut amener la couleur. Les grands maîtres - Robert Demachy, Alvin Langdon Coburn, Frank Eugene, Edward Steichen, Alfred Stieglitz - déploient une grande créativité pour que la photographie n’est pas l’air d’être elle-même. Heinrich Kühn, Soirée au bord du canal de Schleissheim, 1899, Essen, Folkwang Museum (c) DR sources : Histoire de la photographie, sous la direction de Jean-Claude Lemagny et André Rouillé, édition Larousse, Paris, 1998 Dossier pédagogique de l’exposition La photographie pictorialiste en Europe 1888-1918, du 19 octobre 2005 au 15 janvier 2006, Musée des Beaux-arts de Rennes. voir également site du Musée d’Orsay : www.musee-orsay.fr. *Présentation de la vidéo La photographie Pictorialiste, 1890-1910, Collection Photo, proposée par Luciano Rigolini, édition Arte France, Cameria Lucida Porductions, Le Centre Pompidou, Le Musée d’Orsay, 2012. Pour l’œuvre de Marcel Dinahet Éprouver le paysage ou le «sentiment océanique» La vidéo par le mouvement de caméra, Les herbes, le mont de Marcel Dinahet crée un sentiment d’immersion dans le paysage. La relation entre les artistes et la nature semble avoir toujours été dans une certaine ambivalente entre fusion et séparation. «On retrouve, au cœur de la relation entre art et nature, l’expérience existentielle fondamentale d’une oscillation constante entre la rêverie fusionnelle et la conscience de séparation. Sentiments contradictoire qui, on le sait, traversent aussi la littérature. ”Ne faire qu’un avec toutes choses vivantes, retourner par un radieux oubli de soi dans le Tout de la Nature...» écrivait Hölderlin pour revenir ensuite, dans un mouvement de lucidité douloureuse, au constat de la séparation : «... j’ai parfaitement appris à me distinguer de ce qui m’entoure : et me voilà isolé dans la beauté du monde...”. N’est-ce pas le désir de fusion qui habite Monet, quand il donne à certains de ses grands Nymphéas ce mouvement centrifuge qui dilate la peinture à l’intérieur de son cadre, ou encore lorsque, à l’Orangerie, tout près de la mort, il semble tendre vers l’unique, l’impossible tableau sans bord où s’engloutir - et peinture et nature, là, se superposent et se confondent ? Et c’est peut-être à l’inverse l’exclusion, le fait que toute forme de ”sentiment océanique” nous soit désormais interdit, que vient signifier la mince barrière d’eau qui occupe le tout premier plan de bon ombre des toiles de Poussin, repoussant le paysage arcadien, inéluctablement, sur l’autre rive.» Colette Garraud, L’idée de nature dans l’art contemporain, édition Flammarion et CNAP, collection La Création contemporaine, Paris, 1994. QUELQUES PISTES DEVANT LA SÉRIE ESPOIRS MOISIS DE MARTINE ABALLÉA - Comment aborder les œuvres avec les enfants ? Laisser les enfants s’exprimer sur les œuvres de façon libre et dans le désordre pour ensuite reprendre leurs observations et les approfondir avec différents éléments d’analyse (le cadrage, le point de vue, la couleur, etc..) ; on peut également dans un premier temps faire une liste des mots que ces images évoquent aux enfants. Une autre possibilité serait de partir du principe que chaque photographie est la couverture d’un livre, les enfants doivent inventer l’histoire ou son début. L’analyse des œuvres se fait alors dans un second temps. - Quel type d’image est-ce ? Quelle est la technique utilisée ? Ce sont des photographies en noir et blanc qui ont été coloriées et sérigraphiées (des mots ont été ajoutés) ; elles constituent une série (c’est un ensemble d’œuvres qui explorent un même sujet et avec une même recherche formelle : à chaque fois un paysage, à chaque fois le même format, la même technique, les mêmes couleurs...) - Quelle est l’époque, le lieu où ont été prises les photographies ? Les photogaphies ont été prises à l’extérieur ; on ne sait pas où exactement. Peut-être ont-elles l’air plus anciennes que ce qu’elles ne sont réellement (les photographies sont en noir et blanc recoloriées, les couleurs sont passées, les mots rappellent des vieux livres) : faire un lien avec l’histoire de la photographie qui était d’abord en noir et blanc, on pouvait les colorier avant que l’on invente la photographie couleur (cf l’histoire du cinéma, en noir et blanc au début, lui aussi) > L’artiste joue avec les époques : les photographies ont été faites à l’époque de la photographie en couleur et des retouches sur l’ordinateur mais l’artiste a choisit de reprendre l’esthétique des photographies du début du XXème siècle. Ces images portent d’emblée en elles une nostalgie. - Qu’est-ce que l’on voit dans ces images ? > Les sujets : des paysages abandonnés ou désolés (un arbre mort et des broussailles, un marécage ou une étendue d’eau, un portail avec un jardin abandonné). > Les mots : - Forment des oxymores (deux mots contraires associés). - Ils influent sur la lecture de l’image : ils donnent l’impression que les feuilles de l’arbre sont des larmes, que l’étendue d’eau est infestée ou malade, que derrière la grille la nature est également contaminée. > Le cadrage : il n’y a pas de ciel sur deux des photographies. Il n’y a pas non plus d’horizons dans ces paysages. > La composition : - Dans les quatre images, le premier plan nous «barre la route» : le marécage, la grille ou les broussailles, nous ne pouvons pas nous projeter dedans (ce qui rajoute au sentiment hostile ou mystérieux du paysage). - Elle est assez classique dans les quatre œuvres : Les images Espoirs moisis et Chagrins infestés se divisent en trois tiers (sur la hauteur) : deux tiers de marais un tiers d’herbe ; deux tiers de portail un tiers d’arbre, pour Chagrins infestés la composition se divise également en trois tiers sur la largeur. Les lignes de forces horizontales et verticales donnent un aspect statique à cette dernière photographie qui est presque symétrique. Pour Larmes caustiques et Compassion Fétide on retrouve aussi une composition classique : divisée en deux sur la hauteur (un tiers/deux tiers) la partie supérieure est traversée par la diagonale de l’arbre. > Les couleurs sont pastel, douces à l’inverse des paysages tristes et des mots, qui rendent un mélange d’inquiétude et de douceur en même temps. Elles sont artificielles, ne correspondent pas aux couleurs de la réalité : le ciel violet, l’eau bleue et violette, la pierre bleue, etc.. > Le format, la composition et les mots font penser à une couverture de livre dont on n’aurait pas l’histoire. > Les œuvres donnent l’image d’une nature dangereuse à l’inverse de celle d’une nature lieu et symbole de vie. > L’artiste joue sur les associations d’éléments stables et familiers avec d’autres inquiétants ou mystérieux. > Les paysages sont imaginaires, reflet d’un état d’esprit plutôt que des vues de paysages spécifiques. > Des éléments (images, mot, couleurs...) contradictoires sont associés qui donnent des sentiments ambivalents. Devant Les herbes, le Mont de Marcel Dinahet - Comment aborder les œuvres avec les enfants ? Laisser les enfants s’exprimer sur les œuvres de façon libre et dans le désordre pour ensuite reprendre leurs observations et les approfondir avec différents éléments d’analyse. - Quel type d’image est-ce ? Quelle est la technique utilisée ? C’est une vidéo, il a filmé avec une caméra. > Quelles sont les images que l’on voit ? Laisser les enfants deviner le lieu : on aperçoit le Mont Saint Michel en petit, qui apparaît et disparaît de l’image. > Comment est-il filmé ? Les enfants devinent que c’est une personne qui marche ou quelqu’un sur un bateau : comment devinent-ils cela puisqu’on ne voit pas le procédé de filmage, ni la personne : c’est le mouvement de balancier qui rappelle celui de la mer ou de la marche et le son de la vidéo (le bruit des pas dans le marécage) Effectivement c’est l’artiste qui marche dans la baie du Mont-Saint-Michel . > Comment savons-nous que l’artiste marche, alors qu’on ne le voit pas marcher ? C’est le mouvement de la caméra qui rappelle celui de la marche, son balancier. > Comment a-t-il pu filmer cette vidéo ? On se rendra compte avec les enfants que la caméra n’a pas pu se trouver au niveau de l’œil de l’artiste. La plupart du temps, les images qui nous entourent utilisent la caméra à la place de l’œil humain. Mais, ce n’est pas le cas ici, Marcel Dinahet, filme avec sa main, il film ce qui est derrière lui par rapport à sa marche. Le travail de Marcel DInahet permet d’imaginer d’autres possibilité de filmer avec d’autres parties de son corps, ou depuis des points de vues autres que celui de l’œil humain. Afin de rendre perceptible les sensations du corps dans le paysage. Devant LES PHOTOGRAPHIES d’OLIVIER MÉRIEL - Comment aborder les œuvres avec les enfants ? Laisser les enfants s’exprimer sur les œuvres de façon libre et dans le désordre pour ensuite reprendre leurs observations et les approfondir avec différents éléments d’analyse. - Quel type d’image est-ce ? Quelle est la technique utilisée ? Ce sont des photographies argentiques, c’est à dire faites avec un appareil photographique qui utilise une pellicule sur laquelle l’image s’imprime et qui sera ensuite ”développée”. Le développement : la pellicule enroulée est plongée dans différents produits (le révélateur, le bain d’arrêt et le fixateur) dans le noir, puis la pellicule est mise à sécher. Le tirage : L’image sur la pellicule est projetée (grâce à l’agrandisseur) sur du papier spécial, il est ensuite plongé dans différents «bains» (le révélateur, bain d’arrêt et fixateur). Ces opérations permettent de transférer, d’agrandir et de fixer l’image sur du papier photo. Pendant ces phases on peut jouer avec le temps «d’exposition», c’est à dire le temps où l’on projette l’image sur le papier : la photographie sera plus ou moins foncée ou claire, plus ou moins contrastée, plus ou moins sombre ou lumineuse. Olivier Mériel joue sur les contrastes de lumière et d’ombre au moment du tirage photographique. Les différentes étapes du tirages photographique. Qu’est-ce que l’on voit dans ces images ? > Les sujets : des paysages de campagne, sans figures, en noir et blanc. > La composition : Il y a trois plans successifs dans les deux photographies, la ligne d’horizon est au milieu de la hauteur de l’image, et le soleil (ou la lune ?) est au centre de l’image dans la largeur et presque tout en haut de l’image. Si le regard est attiré vers le dernier plan, les premiers plans semblent toujours infranchissables ou en tous les cas peu engageant, que ce soit le plan d’eau ou les bottes de foin. > La lumière : il y a beaucoup de contraste, il est difficile de savoir si l’on est de jour ou de nuit car le ciel à l’air plus éclairé que le paysage. Certains éléments semblent être éclairés de derrière. La lumière se reflète dans l’eau dans L’Inondation de la ferme aux chiens et irise les bottes de foin dans Le Ballet du Polygonium. Dans les deux images, il y a une succession, de haut en bas, de zones d’ombre et de lumière. Dans L’Inondation de la ferme aux chiens, le ciel et l’eau sont éclairés, les arbres et les herbes au premier plan sont sombres. Dans Le Ballet du Polygonium le ciel et les bottes de foin sont éclairés, tandis que la ligne des arbres forme une silhouette sombre, comme le bas de l’image. Dans Le Ballet du Polygonium le dessin de la lumière derrière les nuages fait écho à la ligne de lumière derrière le foin. > Les œuvres donnent l’image d’une nature inquiétante et paisible. C’est la lumière qui compose l’image, qui crée des contraste, des rythmes et des formes. Pistes d’activités > Jouer avec les contraires : Créer des associations de mots contraires (une terrible douceur, une joyeuse punition, une discret tintin marre, le soleil noir (Beaudelaire), etc..). Pour des oxymores visuels, voir aussi certaines œuvres de Magritte (une nuit jour, un rocher flottant ..) : L’empire des lumières, 1954 146 x 114 cm Musée Magritte, Bruxelles > > > > > Le Château des Pyrénées, 1959 collection particulière, New York Créer un paysage qui reflète ce que l’on ressent (en réfléchissant au choix de la technique et des matériaux, du motif du paysage, de la forme des plantes, des couleurs, etc..) : triste, gai, calme, mouvementé, violent, doux, etc. Faire une collection de photographies de différentes époques : des enfants, de leurs parents, de leurs grands-parents, du tout début de la photographie (dans des livres) : qu’est-ce qui change ? Réintervenir sur des photographies récupérées avec de la peinture, du papier, du tissu, des mots, etc.. Une image comme début d’histoire. Choisir une photographie dans une sélection, imaginer qu’elle est la couverture d’un lire : il faut lui trouver un titre, la transformer plastiquement et raconter le début de l’histoire. Après avoir lu une histoire, imaginer la couverture du livre et son titre. Ces activités peuvent se faire avec un appareil argentique, mais aussi un appareil numérique sur lequel on peut sélectionner des temps de pose longs. > > > Faire des photographies avec des temps de pose différents devant des écrans (TV, ordinateur, cinéma) ou des lumières en mouvement (avec une lampe de poche, les éclairages de Noël, ...). Faire une photographie avec un long temps de pose des copains de la classe : certains bougent, d’autres restent immobiles. Faire un Flip-book, pour comprendre le passage de l’image fixe au film (avec des dessins, ou des photographies prises en rafales).