Enquête sur les tags - conseil de quartier Bas des Pentes/Presqu`île

Transcription

Enquête sur les tags - conseil de quartier Bas des Pentes/Presqu`île
QUELQUES MOTS DE PRESENTATION
Le Conseil de Quartier a souhaité en avril 2007 mettre en place une démarche de
concertation avec les acteurs institutionnels concernés pour aborder ce problème récurrent
de la pollution par les tags, notamment dans le Bas des Pentes
.
Une double initiative, celle du Conseil de Quartier, rejoint par l’Association des Capucins qui
en 2002 s’était mobilisée sur le même sujet pour engager les régies de la Rue des Capucins
à adopter le Contrat Façades Nettes. Il s’agissait de reprendre ce combat :
-
-
Recrudescence et constat que les tagueurs après avoir « embelli » dans un 1er temps
les portes et rideaux de commerce s’attaquaient aux murs .
Attachement à un quartier, patrimoine de l’Humanité défiguré par cette pollution
visuelle ;
Conviction que cette question urgente n’était pas seulement une question
d’esthétique, mais qu’elle avait également un lien avec un développement
économique souhaité qui s’accorde mal avec les dégradations des vitrines et des
stores et avec le sentiment d’insécurité qu’elles génèrent.
Vigilance nécessaire : en l’absence d’interlocuteurs identifiés, le risque et notre
constat étant celui de la lassitude et de l’indifférence de tous pour lutter contre ce
fléau agressif.
Objectifs pour le Conseil de Quartier
Préparer un dossier à base de constats, d’enquêtes, de recherche d’informations
Etudier ensemble les possibles.
Organiser une mobilisation de tous pour lutter contre ces tags avec le soutien
indispensable de la Mairie du 1er et de tous ceux qui interviennent ou peuvent
intervenir sur ce « nouveau phénomène » de société
Mieux communiquer sur cette dégradation de notre patrimoine qui concerne
également d’autres quartiers du Centre Ville (1er, 2ème,4ème, 5ème)
En faire une action prioritaire sur le Bas des Pentes en lien avec la requalification du
Quartier et la proposer à d’autres quartiers.
Obtenir des moyens financiers plus importants, à la mesure d’un centre Patrimoine
comme dans les autres villes à centre historique.
1 - PRESENTATION DES OBSERVATIONS ET DES ENQUETES PAR LE CONSEIL DE QUARTIER
1.1 - qui sont les tagueurs ?
Sources : projection d’une interview passée sur TLM (concernant un tagueur et afficheur
bien connu dans le quartier !) documents d’une Association » Ville sans tags » (’Aix en
Provence), sites internet, visite de Montpellier
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
Tag signifie : « étiquette » ie , manière de modifier l’environnement. Si certains peuvent avoir
une valeur esthétique, (graphes) il n’en demeure pas moins que c’est une agression
anonyme du bien privé ou public qui relève du droit pénal
Culture d’exclus et d’exclusion qui nie la présence et les droits des propriétaires et des
usagers des biens. Anonymes, certes mais des signatures qui sont des appels pour certains
à la reconnaissance, dans une société de l’individualisme, du chacun pour soi et pour
certains de l’exclusion mais aussi « phénomène de gang très organisé avec des réseaux
structurés, des sites internet qui font apologie de leurs méfaits » avec des tags
provocateurs (certains tags portent des noms d’explosifs !)
Quelques « usages » des tagueurs
- on ne tague pas sur un autre tag : alors on prend plus d’espace
- le tagueur aime faire du « vandale » et très vite
- le tagueur aime faire le plus vu possible : pub pour se faire connaître dans les milieux
spécialisés et ainsi obtenir des commandes
- le tagueur fait connaitre officiellement ses objectifs (cf interview cité sur TLM et sites
Internet)
- taguer est vécu comme un acte de liberté
.
1.2 - Quelques éléments de comparaison avec d’autres villes
Les villes qui s’attaquent à ce problème des tags ont :
-une Communication ciblée « lutte, combat » très visible et pédagogique avec des
consignes précises et des conseils techniques, des numéros de téléphone.
- beaucoup assurent un détaguage systématique (Villeurbanne, Bourges, Montpellier,
Maison Alfort, Clermont Ferrand, Grenoble, Amiens, Aix en général en précisant que c’est
pris en charge si les tags sont visibles depuis l’espace public. Ce sont les centres ville qui en
général sont concernés parce que plus affectés par ces tags ( cf Montpellier)
- Aix a joué la fermeté avec rappel aux propriétaires de leur devoir de remédier dans les 15
jours à l’effacement des tags (arrêté de police administrative spéciale) mais depuis est
passé à la gratuité pour le centre et aurait pris modèle sur Montpellier
- la rapidité d’intervention est nécessaire
- des appels d’offre sont lancés à des sociétés spécialisées avec des contrats prévoyant
des garanties de résultats
- des budgets conséquents sont affectés à cette lutte. (Montpellier y a consacré jusqu’à
1.500.000€) Il apparait dans ces villes qu’une vraie volonté politique assortie des moyens
nécessaires a permis d’obtenir des résultats significatifs. (cf. CR visite Vile de Montpellier)
- des « tags espaces » ont été par ailleurs mis en place pour être expérimentés
2 - ETAT DES LIEUX PAR LES ACTEURS INSTITUTIONNELS EN 2007
2.1 –Qui fait Quoi ?
Patrimoine : les murs, les ponts, les passerelles se partagent entre la Ville, le Grand Lyon
et les TCL (cela représente autant de surface que celle du domaine privé) Les murs de
soutènement des berges, les ponts et passerelles sont propriété du Grand Lyon, mais la
maintenance entretien est irrégulière, notamment pour des raisons budgétaires. (Ainsi
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
s’explique l’arrêt remarqué du détaguage entre le 1er et le 2ème arrdt au niveau des berges de
la Saône en juin 2007).
La GUP assure l’entretien sur le 1er dont les traboules. Elle gère les Contrats Façade Nette
et les interventions de détaguage
Des contrats Façades Nettes (38) ont été récemment pris par les bailleurs sociaux.
Le détaguage se fait sur appel du particulier. Il y a un tarif pour chaque type d’intervention.
Deux entreprises spécialisées travaillent pour les services publics avec photos avant et
après, et contrôle du travail. Les entreprises sous traitantes répondent aux demandes dans
des délais très variables (de 48 h. à 8 jours).
124. Services s’occupe du repérage des tags sur les parcours touristiques.
Police
La lutte contre les tags fait effectivement partie des missions de la Police (de jour et de nuit)
mais sans opérations spécifiques.
Sinon, il est nécessaire pour les particuliers (régies et commerçants) de porter plainte avec
photos à l’appui. (cf. annexe : lourdeur de la procédure)
2.2 - Des éléments de bilan obtenus
Une évaluation a été faite par la Ville en 2002 concernant le coût total d’une éventuelle
prise en charge du nettoyage des tags par la municipalité (sur les 3 scenarii proposés : c’est
finalement le scénario 1 (sans avantages reconnus pour les habitants) qui a été retenu. Les
autres scénarii nécessitaient une « refonte des moyens humains et financiers ainsi qu’une
réorganisation administrative »).
La GUP nous a fait le point sur les Contrat Façades Nettes :
Pour le 1er arrdt : 470 contrats sur 2500 contrats signés pour l’ensemble de la Ville de Lyon
310 contrats en métrage linéaire à 16,39 euros le mètre pris par les régies, 157 forfaitaires
sur les commerçants
Le tarif de recouvrement des tags est de 5 euros/m2 pour le recouvrement par peinture ou
utilisation de solvant et de 8 euros/m2 pour l’hydro gommage (murs en pierre).
Quand les marchés publics arrivent à terme, le temps nécessaire à leur renouvellement
arrête les opérations de détaguage pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois …
Le budget global anti-tags pour la Ville : 800 000€ dont 10% environ consacré au
domaine public (700.000€ en 2006, mais celui de 2008 serait de 1Md’euros). 50 % du
budget voté est chaque année remboursé à la Ville par les CFN mais cet argent retombe
dans le budget général de la Ville. Sur un budget de 800.000€ la Ville a donc dépensé, en
fait ,400 000 euros par an. ..
2500 CFN (dont 474 sur notre arrondissement au 1er trimestre 2007) Les services de
nettoyage sont en capacité de répondre à cette demande .Cela a représenté en 2006, 5000
interventions sur Lyon (dont 1524 dans le 1er) La surface détaguée en 2006 dans le 1er a
représenté 64.000m2 . L’importance des interventions est évidemment fonction du nombre
de contrats et c’est le 1er qui en totalise le plus grand nombre (474 contre 122 dans le 5eme,
75 dans le 9ème ).
Manque d’information des commerçants sur les CFN : Une visite de terrain effectuée en
juin 2007 par F. Besnard et Y. Grarre sur le 1er, l’a mis en évidence
.
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
2.3 - Interventions de la Police : quels résultats ?
Chaque fois que l’on attrape un tagueur, il y a dépôt de plainte avec photo et devis du
nettoyage. Les ‘flags’ (i.e. flagrant délit) se produisent dans le cadre des rondes habituelles
nocturnes et non dans des actions ciblées « tags ». Les interpellations restent néanmoins
infimes puisque les occasions de flagrant délit sont rares.
Repérage des signatures. : 40 plaintes ‘ANTO’ sur l’ensemble de la ville. (nov. 2007)
Le procureur choisit soit le Tribunal soit la Maison de Justice avec des conséquences
différentes :
-
2000 euros de pénalité avec jours d’aide au nettoyage (Travaux d’Intérêt Général) si
Maison de justice
avocat et facture de nettoyage si Tribunal (plus compliqué, plus long et moins
efficace selon la GUP).
Les signatures identiques qui récidivent après un « flag » sont attribuées
systématiquement à la personne déjà condamnée mais il n’y a pas d’effet
d’antériorité à Lyon
La chasse aux vendeurs de bombes ne sert pas à grand chose car ils se réinstallent ailleurs.
Dépôts de plainte :dans le 1er, sur 44 plaintes en 2006, 12 ont été élucidées.
En avril 2007, 12 faits ont été rapportés à la police dont 9 élucidés.
- Exemple récent : 3 tagueurs de 18/20 ans, auteurs de 60 tags sur 16 adresses
différentes dont commissariat et mairie, ont été interpellés et traduits en comparution
immédiate (motivée par l’étendue des tags et la récidive de 2 des tagueurs) Sanction
exemplaire : 140 heures de travail d’intérêt général plus réparation des tags.
3 - NOS PROPRES ENQUETES
Nous avons souhaité pour ne pas rester dans l’approximation et pouvoir comparer avec
d’autres villes, obtenir des documents chiffrés des services de la GUP. Voici les questions
sur lesquelles nous attendions des réponses :
•
•
•
•
•
•
hormis les 470 CFN actifs sur le 1er, combien d’immeubles seraient encore
potentiellement concernés par ce contrat dans l’arrondissement ?
combien d’immeubles représentent l’ensemble du Patrimoine de l’Unesco ?
quel est le nombre de m2 de façades couvert par les 470 contrats du 1er ?
quel est le nombre de m2 couverts par les contrats CFN actifs du secteur Patrimoine
de l’Unesco ?
quel est le nombre de m2 pour le Patrimoine public dans le 1er ?
quel est le nombre de m2 pour le Patrimoine public classé Unesco ?
Les réponses à ces questions représentaient des bases de travail pour avoir une idée
du rapport entre le coût du système actuel (contrats Façades Nettes) et son efficacité
en terme de visibilité ,engager une réflexion sur un éventuel changement de méthode
et sur les solutions à apporter à la dégradation croissante (tags) du Patrimoine urbain
public et privé.
Après plusieurs relances et quelques mois d’attente nous avons obtenu le plan des CFN sur
le 1er, mais non les réponses à nos questions !
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
3.1- le contrat « façades nettes » (Mars 2008)
Objectifs de l’enquête :
Mettre en évidence les avantages et les limites du Contrat Façades Nettes (CFN) .
Amorcer une réflexion sur une solution plus efficace.
Les premières observations sur les avantages et limites du CFN (19 nov. 2007) ont été
complétées par une enquête terrain à partir d’une carte du 1er arrondissement, obtenue des
services de la GUP et donnant la répartition des CFN par rue.
Les conclusions tirées de ce travail sur le terrain corroborent les premières observations et
une synthèse figure dans ce document à la suite des données chiffrées.
Remarques générales sur le document fourni : carte des CFN sur le 1er
Il n’y avait pas de correspondance sur ce plan entre le N° du contrat et le N° dans la rue ;
nous avons donc sollicité ces correspondances auprès du service de la mairie en charge de
recueillir les appels des habitants pour le nettoyage des tags. Néanmoins, le temps
nécessaire à cette mise au point semblait trop important. Les données complètes obtenues
ne concernent donc qu’un petit secteur du 1er.
Le plan des CFN qui nous a été communiqué (daté de décembre 2007) n’était pas
actualisé ; les données recueillies nous ont permis d’actualiser quelques rues pour valider
notre étude.
Exemples : * Montée de la Grande Côte : 8 contrats sur le plan pour 15 actifs
* Rue des Capucins : 8 sur le plan pour 17 actifs
* Rue Leynaud : 10 sur le plan et 13 actifs
* Rue Bouteille : 4 sur le plan pour 7 actifs
Soit pour ces 4 rues : seulement 61% des CFN figuraient sur le plan
la méthode utilisée
L’étude a consisté à mettre en évidence, pour chaque rue étudiée,
* le % de CFN par rue et le métrage linéaire de la rue couvert par ces
contrats
* le % d’immeubles sous CFN et néanmoins tagués
* et le % total d’immeubles tagués (avec ou sans CFN)
Le secteur couvert va , d’Ouest en Est, de la rue de Flesselles jusqu’au Quai Lassagne et
du Nord au Sud, des rues Neyret/Imbert Colomès jusqu'à la rue Ste Catherine.
Les résultats :
Les rues sur lesquelles nous avons pu faire une étude partielle en référence au métrage
linéaire* sont :
- rue des Capucins, - rue Leynaud,- rue de la Grande Côte,- rue Bouteille
* : Les métrages sont approximatifs (après consultation du cadastre sur Internet)
-
CAPUCINS
-
Métrage linéaire de la rue : 320 m
15 CFN recensés sans les bâtiments publics
Métrage linéaire couvert par ces contrats : 230 m ≈ 72%
Constat : 24% des CFN tagués
68% des immeubles et commerces ont des tags
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
-
LEYNAUD
-
GRANDE COTE
-
BOUTEILLE
Métrage linéaire de la rue : 318 m
11 CFN recensés sans les bâtiments publics
Métrage linéaire couvert par ces contrats : 130 m ≈40%
Constat : 60% des CFN tagués
75% des immeubles et commerces ont des tags
Métrage linéaire de la rue : 263m jusqu’à Imbert
Colomès
13 CFN recensés sans le public
Métrage linéaire couvert par ces contrats : 167 m ≈ 63%
Constat : 43% des CFN tagués
80% des immeubles (presque toutes les portes) et
commerces ont des tags
Métrage linéaire de la rue : 315 m
7 CFN recensés sans le public
Métrage linéaire couvert par ces contrats : 111m = 35%
Constat : 8 % des CFN tagués
75 % des immeubles et commerces ont des tags
Constat : L’impact visuel dégradé de la rue Bouteille est bien supérieur à celui de la
Montée de la Grande Côte : l’impact des tags sur les murs et rideaux de commerces est
bien supérieur à celui des portes même si celles-ci sont taguées en grand nombre.
Pour le reste, les statistiques sont faites en référence au nombre de CFN dans la rue
concernée (plan non réactualisé) par rapport au nombre de N° dans la rue (voir les
documents joints)
Quelques exemples :
FLESSELLE
POUTEAU (entre
Imbert Colomes et
Burdeau)
PIERRE BLANC
26% de CFN
80% de CFN tagués
84,2% de façades, portes et devantures taguées
61% de CFN
100% de CFN tagués
91% de façades, portes et devantures dans la rue
taguées
37% de CFN
87,5% de CFN tagués
91,3 % de façades, portes et devantures dans la rue
taguées
Une autre approche sur 16 rues a consisté à faire le bilan des immeubles non tagués (le
choix des rues figure dans les documents annexes) :
Enquête portant sur 16 rues, places et quai recensés
154 immeubles
• 25 immeubles sans tags soit 16 %
• 50 contrats recensés soit 32%
• 129 immeubles "tagués" soit 84 %.
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
3.2 - avantages et limites du contrat « façades nettes »
Avantages :
- coût raisonnable
- efficacité du détaguage sur les immeubles concernés (voir réserves plus loin)
- rapidité d’intervention (sous 10 jours) (mais par comparaison avec d’autres villes
ces délais sont déjà relativement longs)
Limites :
- Beaucoup refusent d’avoir à payer pour des dégâts commis par d’autres (les
victimes n’ont pas à payer pour les auteurs de vandalisme sur la voie publique) et ce malgré
le subventionnement de la ville.
- Bon nombre d'immeubles sont entièrement occupés par des locataires. Par voie
de conséquence, de nombreux copropriétaires ne souhaitent pas payer un contrat Façade
Nette pour des locaux qu'ils n'occupent pas.
- De nombreux rez-de-chaussée sont fermés. Même dans le cas où la copropriété a
pris un CFN, celui-ci ne couvre pas les rideaux des commerces fermés, qui constituent bien
souvent la plus grande partie de la façade. Là encore, les propriétaires ne voient pas la
nécessité d'entretenir des locaux qu'ils n'occupent pas ou qui servent de stock.
- les commerçants dont les rideaux tagués ne sont visibles qu’à partir de la fermeture
ne se sentent pas concernés mais l’impression visuelle est très agressive pour les riverains à
partir de 19 h surtout l’été.
- Le propriétaire d’un local commercial ne devrait pas supporter la charge du CFN
seul, car la superficie de la façade privative est plus grande que les parties communes et
pour l’ensemble de la population, la nuisance visuelle est la plus importante.
- Certaines des copropriétés qui possèdent un CFN n'y ont pas recours, et ce
pour de multiples raisons:
* Les habitants de l'immeuble n'en ont pas toujours connaissance, * les propriétaires n'en
informent pas leurs locataires. * Les propriétaires habitants ne vont pas toujours aux
réunions de copropriété, et ne lisent pas toujours les comptes-rendus. * Parfois ils ignorent le
fonctionnement du contrat, et pensent qu'ils n'ont pas besoin d'appeler la société de
nettoyage, et que cela est censé se faire automatiquement. * Parfois encore, ils ne
connaissent pas le numéro à appeler.
Témoignages et questions posées au cours de la dernière enquête (février 2008)
- Les réponses faites par la Ville aux demandes de nouveaux contrats sont lentes à
se mettre en place.
- Certains commerçants attendent un résultat avéré avant de prendre un contrat.
D’autres ne connaissent pas le CFN. Certains effacent eux mêmes mais c’est une minorité.
- Lorsqu’ils ont pris un CFN, ils se plaignent que les peintures appliquées par la Ville
ne correspondent pas toujours à celles demandées.
- Le linéaire du contrat ne correspond pas toujours à la réalité du terrain
(surestimation des linéaires)
- Pour les manifestations publiques, il est clair que le nécessaire est fait rapidement.
- Il est difficile de faire intervenir les services sur les bâtiments publics.
- Les garages ont-ils le même statut que les commerces ?
-Peut-on envisager des contrats pour les parties communes obligatoirement ouvertes
à cause d’activités économiques en étages ?
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
- Il y a de toute évidence une mauvaise organisation du service de nettoyage, à la
limite du non-fonctionnement : * respect partiel de la demande de détaguage (ex/ une
demande de nettoyage sur porte, murs et rideaux se limite le plus souvent au seul nettoyage
de la porte) * lenteur excessive du travail des intervenants et nuisances sur l’environnement
(peinture sur les trottoirs et dans les rigoles) * gaspillage sur les déplacements (lié au
principe du déplacement sur appel individuel).
- l’interruption du nettoyage ou sa diminution en période d’attribution des marchés
publics peut durer plusieurs mois et ceci n’est pas admissible pour les personnes qui ont fait
l’effort de se plier au système.
Conclusions de cette enquête sur les CFN
Impression d’inefficacité du système CFN mis en place depuis 10 ans à Lyon aux yeux
des habitants. La dissémination des contrats sur un quartier ou sur une rue rend son
efficacité non visible en dépit des efforts consentis par la Ville et les copropriétaires pour
lutter contre ce fléau.
Les résultats, n’ont par ailleurs, jamais été remis en question.
Le constat actuel met en évidence une absence de crédibilité du CFN auprès des
habitants et ce qui est plus grave, la sensation d’un gaspillage des sommes
engagées.
Le versement de l’argent des contrats dans le budget global donne une fausse image
des efforts consentis par la Ville pour lutter contre ce fléau.
La communication n’a pas été suffisamment convaincante et répétée.
De toute évidence, la Ville n’a pas fait de cette lutte anti-tags un objectif visant à son
éradication.
3.3 - Compte-rendu de la visite à Montpellier- - le 27 février 2008
Nous avons été accueillies par Mr FLEURANCE, adjoint délégué à la propreté.
Présents à l’entretien :
- Mr. BOURLET : Directeur général adjoint des services municipaux
- Mr MARGE : Responsable du service de propreté urbaine
- Mr. AMBROISE : Technicien en charge de la lutte contre les Tags
Mr Fleurance nous a précisé que cette lutte contre les tags a commencé il y a environ 10
ans et qu’elle s’est faite en deux étapes :
-
la « bataille » des murs a débuté en 1998 (comme à Lyon) avec une prise en charge
totale par la municipalité
suite aux remarques des touristes à l’Office du Tourisme qui déclaraient que la ville
leur paraissait sale, une prise en charge des portes, volets et rideaux métallique a
suivi et s’achève en février 2008. Cette dernière opération a été menée selon 2
protocoles (détaillés ci après) dont l’un nécessite une participation préparatoire des
co-propriétaires.
Un exposé en vidéo-projection, a servi de support aux discussions
Le rapport de force avec les tagueurs
Pendant ces dix ans, il y a eu une montée en puissance de l’action des tagueurs, en
réaction aux nettoyages de plus en plus fréquents, avec un pic entre 2002- 2004, de
100.000 nettoyages par an. Le bilan des 3 dernières années est de 70.000 nettoyages
pour les 3 ans soit environ 24 000 par an. La lutte engagée a donc diminué le taux de
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
taguage par 4 et la réactivité du système de nettoyage fait qu’ils ont disparu du paysage
urbain.
Les intervenants ont bien insisté sur le terme de « bataille » pour qualifier cet
affrontement entre la population des tagueurs et les pouvoirs publics. Sans cet état
d’esprit – « ne jamais céder « - inutile d’espérer en venir à bout ! Les tagueurs sont eux
mêmes dans un rapport de force d’abord avec la société puisque leur but est de
provoquer, de narguer et de conquérir des territoires ; ils sont aussi dans un rapport de
force entre eux puisqu’ils se disputent ces territoires âprement.
Si le début de la démarche des services de propreté s’est faite dans une perception de
protection patrimoniale (qui est encore pour beaucoup la nôtre), ils considèrent que c’est
la prise en compte, un peu plus tard, de la perception de l’insécurité générée par ces
tags et par le public des tagueurs (gang organisé) qui a convaincu les politiques et le
procureur de la République.
Rechercher ce qu’il y a derrière les signatures de certains tagueurs peut amener à les
classer dans la petite ou moyenne délinquance. Il y a parmi les tagueurs : des individuels
comme « SMOLE » (de « small », petit homme, 30 ans, déjà interpellé 3 ou 4 fois) ou
« ZOKA » (21 ans, qui s’est tué en 2007 en tombant d’un toit) ou des réseaux structurés
qui font l’apologie de leurs méfaits sur internet. C4, autre signature, est le nom d’un
explosif utilisé par l’ETA. Ils ont des instruments qui leur permettent d’écouter la police
et ils disposent de moyens financiers importants dont on ne connaît pas l’origine. Ils ont
aussi leurs avocats.
Une vingtaine d’individus sont à l’origine de tout cela.
Les moyens mis en œuvre
Il faut donc « rentrer dans l’arène » et développer des stratégies qui nécessitent de
s’adapter en permanence à leur extraordinaire capacité d’innovation dans la volonté de
s’exprimer et de dégrader.
L’équipe que nous avons rencontrée représentait tous les niveaux de responsabilité du
Service de Propreté de la Ville. Chacun à leur niveau, nous les avons trouvé très
déterminés, très compétents et fiers de leur réussite. L’organisation de leur « bataille »
contre ce fléau est un exemple de rigueur et les moyens mis en œuvre (0,2% du budget
de la Ville et un choix rigoureux de l’entreprise de nettoyage) n’ont jamais été mis en
question par la population.
L’entreprise de nettoyage en contrat avec la municipalité (11 personnes) connaît
parfaitement tous les supports de la ville (murs, portes et volets) et adapte méthodes et
produits à l’évolution de celles et ceux des tagueurs. Les produits chimiques utilisés
restent confidentiels pour en retarder le contournement par les tagueurs.
Les murs sont traités systématiquement depuis le début de la campagne et sont
désormais maîtrisés ; les interventions ont lieu dans les heures qui suivent le
signalement.
Deux procédures ont été mises en place pour les portes et devantures:
- un protocole de traitement préventif pour les portes, qui nécessite une dépose de
tous les attributs de la porte et une préparation avec lissage de tous les trous et
aspérités à la charge des copropriétaires ; une fois le bois mis à nu, l’entreprise
applique un vernis protecteur qui permet ensuite un nettoyage instantané. La ville
assure la pose du vernis et le nettoyage gratuit pérenne. Nous avons vu de superbes
portes qui ont retrouvé leur beauté d’antan. Mais cette procédure n’a pas provoqué
une adhésion suffisante des syndics et la dispersion des interventions provoquait un
effet de mitage non satisfaisant (idem à nos Contrat Façades Nettes).
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
-
Un traitement systématique par recouvrement (la peinture est choisie par la ville) est
donc appliqué aux portes hors protocole sans frais pour les propriétaires mais avec
leur accord.
L’affichage sauvage est également traité avec une pénalité systématiquement appliquée
au bénéficiaire de l’affichage. (710€)
L’entreprise de nettoyage fournit à tout son personnel un ordinateur de poche (PDA)
équipé d’un logiciel (Géotag) spécialement mis au point par l’entreprise (cette clause faisait
partie du cahier des charges). Les voitures de nettoyage (10 véhicules) tournent dans la ville
et lorsqu’ils interviennent sur un tag, une série de renseignements sont enregistrés avec
photo avant et après. Ainsi une énorme banque de données a été constituée, source de
renseignements indispensables, exploitables tous les jours (ex : devis pour procès,
statistiques précises…)
L’efficacité du système est largement lié à cet outil de travail qui a permis de centraliser les
données et d’analyser les habitudes des tagueurs à partir des signatures, de leurs lieux et de
leurs fréquences, de rechercher aussi leurs réseaux à partir des sites internet.
Actuellement, la ville est impeccable : une visite de plus d’une heure dans des rues,
impasses et avenues du centre a confirmé l’efficacité du système. Nous avons rencontré
plusieurs camionnettes de l’entreprise de nettoyage (Ciel vert) à l’affût du moindre tag et le
jeune directeur de cette entreprise nous accompagnait pendant cette visite pour répondre à
nos questions. Sa connaissance du terrain va bien au-delà des procédés techniques qu’il
met en œuvre.
Le périmètre d’action
Les interventions de nettoyage ne sont pas limitées au Centre historique, elles se font sur
toute la ville intra muros mais la carte (voir Répartition des tags en 2007) montre qu’elles
se concentrent sur l’hyper centre, lieu d’expression privilégiée pour les tagueurs.
Les interventions sont garanties dans les 24 heures dans l’hyper centre et 48 heures à la
périphérie.
La surface couverte à Montpellier est de 57 km2.
Quelques espaces sont « laissés » aux tagueurs occasionnels et aux graffeurs, dans des
lieux non stratégiques.
Les acteurs de la «bataille »
Cette lutte a été initiée et suivie activement par la mairie et par l’ensemble des élus ; ses
résultats spectaculaires ont changé l’image de la ville. Tout d’un coup, la Ville est propre (la
propreté de la voirie y contribue aussi car l’ensemble des rues du centre est passé au
karcher tous les jours) et la perception des habitants change ; ils sont eux-mêmes beaucoup
plus attentifs et participent à la mobilisation en appelant très vite le service de propreté
urbaine.
L’implication de la Chambre de Commerce est essentielle pour les relations avec les
commerçants.
La participation du Centre de surveillance urbain -caméras- (CSU) permet de prendre les
tagueurs en flagrant délit. Les brigades de surveillance municipale y travaillent aussi, avec la
police municipale et nationale en rondes et par le biais des caméras de surveillance (dont
certaines mobiles).
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
En 3 ans, 50 procédures ont suivi des dépôts de plainte et 4 viennent d’être traitées ces
15 jours derniers jours.
Une amende et le montant du devis de réparation du préjudice sont infligés comme
peines (avec une application d’antériorité sur les signatures) mais pas de travail de
nettoyage car la prise en charge des tagueurs par l’entreprise de nettoyage est trop
lourde et trop risquée (confidentialité des produits utilisés)
Par contre, les récidives peuvent conduire à des peines de prison avec sursis, voire
prison ferme dans les cas les plus graves.
Le budget :
-
un forfait annuel de 975 000 euros pour le traitement systématique avec un cahier
des charges pour l’entreprise.
Plus 250.000 euros pour les devis des protocoles pour portes (1200 portes déjà
traitées et environ une dizaine de plus par an).
La maintenance est devenue financièrement moins onéreuse. Le budget est passé
de 1.500.000€ à 1.225.000€
Nous avons montré des images des tags du 1er arrondissement qui ne les ont pas surpris car
c’est d’un état de la ville de Montpellier identique dont ils sont partis pour arriver au résultat
présent.
Ils sont également persuadés que si cette intervention permanente du type « actionréaction » s’arrêtait, la ville serait à nouveau couverte de tags très rapidement.
Cette visite nous a donc persuadées qu’il existait des méthodes pour lutter
efficacement contre ce phénomène urbain et que le coût de l’opération était à peine
supérieur à ce qui est actuellement dépensé par la Ville de Lyon pour un résultat sans
visibilité (mitage et cf supra)
4 - NOS PROPOSITIONS :
détaguage systématique dans le centre historique de Lyon pris en charge par la ville
Ce fléau concerne tous les centres urbains. Un réseau international fonctionne par
l’intermédiaire de la « toile », sur laquelle les tagueurs échangent même leurs signatures.
De nombreuses villes ont choisi un détaguage systématique au moins dans leur centre
historique où le tourisme et l’activité économique sont les « nerfs de la guerre ». (Paris, Aixen-Provence, Montpellier…) parmi beaucoup d’autres.
Ce détaguage systématique nécessite :
• une organisation minutieuse
• un cahier des charges précis pour les entreprises de nettoyage.
• Une exigence de résultats assortie d’un contrat au montant forfaitaire oblige ces
entreprises à ne pas considérer ces contrats publics comme une manne dont les
obligations restent floues et non contrôlées. L’exigence de résultats et le contrôle
sont en effet un aspect important de la réussite de l’opération et une garantie de ne
pas gaspiller l’argent du contribuable.
Le choix de la zone classée au patrimoine mondial pour faire l’essai d’un changement de
méthode nous semble justifié :
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins
•
obligations de la Charte de l’Unesco (articles 4 et 5). La Convention de l'UNESCO
stipule protection et mise en valeur. Cette prestigieuse reconnaissance qu’est
l’inscription du site historique de Lyon (dont les pentes de la Croix Rousse) ne méritet-elle pas une protection renforcée contre la dégradation que constituent les tags ?
•
centre névralgique pour le tourisme et l’activité économique qui lui est liée et dont les
bénéfices (impôts, taxe professionnelle) sont pour tous. Economiquement parlant
c’est un secteur qui doit être protégé dans un premier temps mais l’ensemble de la
Ville devrait pouvoir en bénéficier à terme.
•
c’est un centre d’attraction pour tous les Lyonnais
•
Volonté de devenir Capitale Culturelle est-il compatible avec une dégradation non
contrôlée
Annexes :
Plan CFN de la GUP
Charte de la Convention de l’UNESCO
Détaguage systématique pour le Centre Ville de Lyon
Villes avec détaguage systématique pris en charge par la Ville
Tableau CFN
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Enquête Conseil de Quartier /Association Capucins