Note de synthese

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Note de synthese
Note de synthese
Rédaction d’une note de synthèse à partir d’un dossier d’actualité
suivie de la présentation d’une note formulant des propositions argumentées
sur une question posée au candidat.
(Durée 4 heures - coefficient 4)
Sujet et corrigé
DIRECTION DE LA SÉCURITÉ CIVILE
Sous direction des sapeurs-pompiers et des acteurs du secours-Bureau des statuts, du management et du dialogue social • Avril 2011
Concours externe de lieutenant de sapeurs-pompiers professionnels
Annales 2010
LISTE DES DOCUMENTS CONCERNANT
LE SUJET DE NOTE DE SYNTHESE
« LE CHANGEMENT CLIMATIQUE »
Document n° 1
pages 1 et 2
« Les effets du changement climatique sur le paludisme peuvent être contrecarrés par les
mesures de prévention »
Le Monde du 21.05.2010
Auteur : Stéphane FOUCART
02 pages
Document n° 2
pages 3 et 4
« Un étonnant effet collatéral du changement climatique, par Jean-Louis Fellous, JeanCharles Hourcade… »
Le Monde.fr. 06.04.2010
Auteurs : Jean-Louis FELLOUS, Jean-Charles HOURCADE…
02 pages
Document n° 3
pages 5 et 6
« Antonio GUTERRES : « La distinction entre réfugiés et déplacés est dépassée » »
Le Monde du 16.12.2009
Auteur : Grégoire ALLIX
02 pages
Document n° 4
pages 7 à 9
« Le changement climatique : pourquoi l’information est-elle aussi brouillée dans l’opinion
publique ? par Vincent Moron »
Le Monde du 16.12.2009
Auteur : Vincent MORON
03 pages
Document n° 5
pages 10 et 11
« Les « guerres du climat » n’ont pas encore eu lieu, selon un chercheur »
Le Monde du 10.09.2010
Auteur : Hervé Kempf
Document n° 6
02 pages
pages 12 et 13
« L’Australie, dont 85% de la population vit sur le littoral, redoute la montée des eaux »
Le Monde du 24.11.2009
Auteur : Marie-Morgane LE MOËL
02 pages
Document n° 7
pages 14 et 15
« Les principales critiques émises contre le GIEC »
Le Monde du 13.02.2010
Auteur : Stéphane FOUCART
Document n° 8
02 pages
pages 16 et 17
« Le réchauffement climatique : mieux comprendre où se situent les débats. »
Pseudo-sciences.org
Introduction du dossier paru dans Science… et pseudo-sciences n°91
02 pages
Document n° 9
pages 18 et 19
« Arrêtons de nous faire peur ! »
Valeursactuelles.com
Auteur : Patrice MADOUAS
Document n° 10
pages 20 à 23
« Réchauffement climatique : ce qu’on ne vous dit pas»
Valeurs Actuelles du 08.10.2009
Auteur : Patrice MADOUAS
Document n° 11
03 pages
page 30
« Le débat sur le réchauffement climatique »
Euronews.net. 24.11.2009
Document n° 14
03 pages
pages 27 à 29
« Les controverses autour du réchauffement climatique »
La Documentation Française Mars 2010
Document n° 13
04 pages
pages 24 à 26
« La charge de Claude Allègre contre le politiquement correct »
Valeurs Actuelles du 25.02.2010
Auteurs : Eric BRANCA et Josée POCHAT
Document n° 12
02 pages
01 page
pages 31 à 33
« Jean-Louis Etienne : « Claude Allègre n’élève pas le débat, il le nie »
Latribune.fr
Propos recueillis par Jean-Louis CHEMINEAU et Ingrid SEITHUMER
03 pages
1
Document n°1
Les effets du changement climatique sur le paludisme peuvent
être contrecarrés par les mesures de prévention
LE MONDE du 21.05.10
La maladie a reculé au XXe siècle, à l'échelle mondiale, malgré un réchauffement de 0,8
°C
Le réchauffement va-t-il inéluctablement étendre les zones de paludisme endémique ? A l'issue de
travaux publiés, jeudi 20 mai, dans la revue Nature, une équipe américano-britannique répond par la
négative. Les chercheurs ont évalué les variations d'extension géographique de la maladie au cours du
dernier siècle - marqué par un réchauffement de 0,8 °C -, et ne trouvent aucune corrélation positive
entre l'évolution des températures moyennes et celle des régions impaludées.
« L'affirmation répandue selon laquelle l'augmentation des températures moyennes a déjà conduit, à
l'échelle mondiale, à une augmentation de la morbidité et de la mortalité du paludisme est largement
en contradiction avec les tendances globalement à la baisse de son endémicité et de son extension
géographique », écrivent les auteurs.
Selon leurs travaux, cette tendance est marquée tout au long du XXe siècle sur l'ensemble des grandes
régions du monde, à l'exception de quelques petites zones de l'Afrique de l'Est, de l'Amérique centrale
ou encore de la Chine méridionale.
En réalité, ces travaux ne remettent pas en cause le fait que l'anophèle, le moustique vecteur de la
maladie, puisse être plus ou moins favorisé par les conditions climatiques.
« Le recul du paludisme depuis 1900 ne réconfortera pas les milliards de gens qui vivent toujours dans
le risque sérieux de le contracter, mais cela est important pour envisager les effets du climat sur
l'avenir de la maladie, estime Pete Gething (université d'Oxford), principal auteur de ces travaux. Nous
savons que le réchauffement peut augmenter la transmissibilité du paludisme, mais les reculs
importants que nous avons mesurés se sont produits pendant un siècle d'augmentation des
températures. Clairement, le changement climatique ne raconte pas toute l'histoire. »
Les bénéfices tirés des efforts de contrôle de la maladie et des mesures de prévention - utilisation de
moustiquaires imprégnées, accès aux médicaments, etc. - ont donc largement pris le pas, au XXe
siècle, sur les changements climatiques favorisant la maladie.
La question au centre de ces nouveaux travaux est l'objet de vifs débats. En particulier, un grand
nombre d'études ont été menées depuis le milieu des années 1990 pour comprendre l'aggravation de la
maladie sur les hauts plateaux d'Afrique de l'Est. Mais les spécialistes demeurent aujourd'hui encore
divisés. Pour certains, cette aggravation est, partiellement au moins, à mettre sur le compte du
réchauffement, tandis que d'autres chercheurs ne trouvent, pour leur part, aucune corrélation
probante.
« Plus vulnérable »
Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) se contentait d'ailleurs,
dans le « Résumé à l'intention des décideurs » de son quatrième rapport (2007), de spécifier que, «
d'après les projections, les changements climatiques auront des conséquences mixtes, comme la
croissance ou la décroissance de l'extension et du potentiel de transmission du paludisme en Afrique ».
Pour Madeleine Thomson, chercheuse au Lamont-Doherty Earth Observatory (université Columbia,
New York), la question du lien entre climat et paludisme est « très complexe » et « ne se résume pas au
fait que le réchauffement va favoriser tel ou tel aspect de la biologie des moustiques ». « C'est tout
l'impact du changement climatique sur les sociétés, c'est-à-dire, par exemple, sur les modifications des
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systèmes agricoles ou encore sur les déplacements et les regroupements de populations qu'il faut
prendre en compte », explique la chercheuse.
Au Sahel, par exemple, l'assèchement des années 1970 à 1990 (sans doute sans lien direct avec le
changement climatique) a raréfié les moustiques, et la maladie a considérablement reculé. Mais la
mortalité n'a pas décru dans les mêmes proportions. « Simplement, parce que les sécheresses ont
fragilisé l'agriculture et donc l'économie, l'accès aux médicaments et aux soins s'est réduit et la
population, appauvrie, s'en est trouvée plus vulnérable », analyse Mme Thomson.
Prévoir l'évolution de l'aire de répartition de la maladie dans les prochaines décennies est donc
compliqué. Bien plus en tout cas que l'exercice consistant à déterminer les zones où ses vecteurs seront
favorisés par le changement climatique attendu.
Stéphane Foucart
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Document n°2
Point de vue
Un étonnant effet collatéral du changement climatique, par
Jean-Louis Fellous, Jean-Charles Hourcade...
LE MONDE.FR | 06.04.10 |
On savait que le changement climatique se traduirait par des modifications du cycle hydrologique. On n'avait pas
prévu qu'en plus des inondations, sécheresses et autres phénomènes extrêmes, on assisterait à des épisodes de
brouillard intense dans les médias et à une pluie de désinformation climato-sceptique. La publication d'articles de
presse sur la science du climat, sous la plume de personnages réputés dans leurs disciplines respectives, tels le
philosophe François Ewald ou le biologiste Henri Atlan pour n'en citer que quelques-uns, ne laisse pas
d'interroger. On attend avec impatience l'avis d'autres éminents non-spécialistes. Pourtant, un bon maître-nageur
ne fait pas forcément un bon guide de haute montagne. Dans tous ces articles, on retrouve certains procédés et
constantes qui ont fait le succès des interventions médiatiques d'un Claude Allègre : amalgame, confusion
volontaire ou non, vocabulaire dépréciatif, démagogie flatteuse. Au fond, de quoi est-il question ?
Amalgame : climatologues et écologistes politiques sont supposés avoir partie liée. L'écologie politique est née,
notamment en France, du constat des "dégâts du progrès" et d'un combat contre le nucléaire militaire et civil. La
prise de conscience du changement climatique est venue des scientifiques, qui ont mesuré la modification de la
composition de l'atmosphère due aux activités humaines et déterminé qu'en résulteraient un accroissement de
l'effet de serre naturel et une altération du climat global. Pour limiter les émissions, d'autres sources d'énergie
doivent remplacer progressivement les énergies fossiles. L'énergie nucléaire peut faire partie de ces solutions.
Nombre d'écologistes politiques ont été rétifs à reconnaître les risques climatiques, de peur d'être otages des "pronucléaires". L'amalgame entre climatologues et écologistes, entre scientifiques et militants idéologiques est
insupportable.
SCIENCE DU CLIMAT ET VULGATE
Confusionnisme : on mélange allègrement météorologie et climat, et surtout on confond la science du climat et sa
vulgate répandue par les ONG, les médias ou les politiques. Les scientifiques ont fait beaucoup d'efforts pour
rendre accessible leur science auprès du grand public, sans en voiler la complexité. Ce faisant, ils ont donné prise à
la banalisation d'un ensemble de disciplines qui ne sont pas moins dignes de respect que la biologie, la génétique
ou la géophysique interne. Chacun se croit suffisamment compétent pour avoir son opinion. Assimiler la science
du climat à sa représentation dans les médias est un procédé inédit dans le débat scientifique. Les spécialistes du
climat n'ont pas attendu monsieur Atlan pour apprendre à cerner les limites de leurs modèles qui, on l'oublie très
souvent et très étonnamment, s'appuient sur une physique solide. Que penserait-il si l'un d'entre eux s'avisait de
lui apprendre à tenir son crayon ? Et s'il a des remarques pertinentes à soulever, que ne le fait-il dans les journaux
scientifiques, en s'adressant à ses pairs, plutôt qu'en prenant à témoin un public désarmé ? Lorsque Henri Atlan
écrit : "Des changements [climatiques] du même ordre se sont produits dans le passé", cette formule vague
rejoint l'idée naïve ambiante que "le climat a toujours changé". Or rien ne permet de comparer les cycles
climatiques passés étendus sur des dizaines de milliers d'années ni les changements rapides localisés du passé au
changement global rapide actuel. Joue-t-il à dessein de cette confusion ou en est-il lui-même victime ? Est-il
conforme à l'éthique scientifique de mobiliser un savoir très approximatif pour disqualifier, en jouant de son
autorité, un pan de la science afin de mieux caresser dans le sens du poil des citoyens inquiets pour leur avenir
économique ?
CATASTROPHISME ET PRINCIPE DE PRÉCAUTION
Vocabulaire dépréciatif : les qualificatifs employés pour décrire la communauté scientifique du climat ont de quoi
faire frémir. Prophètes de malheur, mafia, camarilla, religion de la catastrophe, dogme, etc. sont parmi les mots
rencontrés le plus souvent. Messieurs Atlan ou Allègre ont-ils, ne serait-ce qu'une fois, assisté à la réunion du
Comité scientifique du programme mondial de recherche sur le climat, à un congrès scientifique de cette
communauté ? Pensent-ils qu'il s'agit de messes noires ? Ont-ils lu les milliers de pages de publications des revues
à comité de lecture qui paraissent sur ces sujets, analysé l'une quelconque des séries de données de plusieurs
téraoctets que les satellites déversent quotidiennement et qui alimentent les travaux des chercheurs ? Quant au
principe de précaution, assimilé à un catastrophisme vulgaire, le brandir comme un épouvantail en toute occasion
est un procédé rhétorique douteux pour disqualifier des éléments d'appréciation fondés scientifiquement. En
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dépit des travestissements, il consiste à rechercher une position raisonnable entre panique et indifférence dans
des situations marquées par l'incertitude scientifique et de façon proportionnée à la plausibilité des hypothèses
considérées. Ni dictature du futur sur le présent au nom des menaces de catastrophes futures, ni insouciance qui
préempte l'avenir et produit des dévastations, comme celle de la Nouvelle-Orléans par Katrina.
CLIMAT ET SOCIÉTÉ
Démagogie flatteuse : si changement climatique il y a, ce n'est pas le problème le plus grave ni le plus urgent,
voyez la faim dans le monde, la pauvreté, le chômage, la peste et le choléra. Avec ce genre de propos, les climatosceptiques font d'une pierre deux coups. Un, on rassure le public qui ne voit plus de raison d'envisager de modifier
ses comportements. Deux, on le flatte en le faisant se sentir généreux, à moindre coût puisque rien n'assure que
les sommes qui ne seront pas investies dans la lutte contre le changement climatique le seront vraiment pour faire
reculer la pauvreté et les maladies. Pourquoi mettre en balance la prise au sérieux de la question climatique et
l'accès à l'eau ou aux soins et pas, par exemple, les dépenses d'armement ou les milliards dépensés en jeux vidéo
ou en alimentation pour chiens et chats ? De plus, l'argument escamote l'interconnexion entre le changement
climatique et tous les problèmes mis en avant, qu'il s'agisse de l'accès à l'eau, à l'énergie et aux soins, ou de la
pauvreté, et de la vulnérabilité, qu'il risque fort d'aggraver et dont il compliquera les solutions. Depuis 1992, la
Convention climat s'inscrit "dans la perspective du développement soutenable", jargon diplomatique certes mais
qui rejette clairement la "décroissance" et souligne l'attention à porter au contenu même du développement.
Monsieur Atlan s'instruirait certainement en lisant les rapports du groupe III du GIEC et l'importante littérature
sur les politiques climatiques. Il y verrait comment des politiques dites "sans regrets" visent la recherche de
complémentarités entre baisse des émissions de CO2, réduction de la pollution atmosphérique locale, recherche
d'alternatives énergétiques, gestion des ressources non-renouvelables et créations d'emplois. Il y verrait comment
des réformes fiscales peuvent présenter un "double dividende" en combinant baisse des émissions et allègement
des charges directes sur le travail, tout en améliorant la couverture des besoins des plus démunis et en préservant
les dispositifs de sécurité sociale.
POURQUOI MAINTENANT ?
Le débat aujourd'hui lancé dans les médias en France et dans d'autres pays n'est pas un débat scientifique, même
s'il en emprunte la forme, mais une bataille qui a pour enjeu la fabrique de l'opinion publique. Il s'agit de
délégitimer les politiques du climat au moment où elles commencent péniblement à se mettre en place et où la
communauté des Etats est encore dans une phase d'hésitation devant l'engagement. Le quatrième rapport du
GIEC paru en 2007 n'a fait que renforcer le diagnostic posé dès le premier rapport de 1990, diagnostic que
l'évolution en vingt ans du climat et des connaissances a confirmé et précisé. Que des intérêts immenses se
sentent menacés n'est guère surprenant. Mais il faut bien situer la controverse sur son vrai terrain : en dépit de
ses incertitudes et de ses imperfections, la science du climat, y compris dans ses aspects socio-économiques, n'est
pas en cause. Elle ne règle pas par elle-même la question du "que faire ?" Il revient à la société de décider si elle
veut ou non tenir compte de la meilleure connaissance disponible à un moment donné pour orienter son
développement et veiller aux intérêts des générations futures. C'est d'un débat honnête et sérieux sur l'orientation
collective de l'humanité que l'épidémie climato-sceptique cherche à détourner les citoyens.
Signataires : Jean-Louis Fellous, ancien responsable des programmes d'observation de la Terre du CNES et
ancien directeur des recherches océaniques de l'Ifremer ; Jean-Charles Hourcade, économiste, directeur de
recherche au CNRS, directeur d'études à l'EHESS ; Sylvie Joussaume, climatologue, directeur de recherche au
CNRS ; Olivier Godard, économiste, directeur de recherche au CNRS, école Polytechnique ; Catherine Gautier,
géographe, professeur à l'Université de Californie à Santa Barbara ; Stéphane Hallegatte, chercheur, MétéoFrance.
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Document n°3
Antonio Guterres « La distinction entre réfugiés et déplacés est
dépassée »
LE MONDE du 16.12.09
Le haut-commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres, appelle à définir de
nouvelles protections pour les victimes du changement climatique
La communauté internationale doit inventer de nouveaux mécanismes de protection pour les réfugiés
climatiques », estime le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres. A l'heure où
l'avenir du climat se négocie à Copenhague, l'ancien premier ministre portugais a précisé devant
quelques journalistes, lundi 14 décembre, à Paris, sa vision de l'assistance à ces nouveaux réfugiés
qu'aucun texte international ne protège : le mandat du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) couvre
les personnes ayant quitté leur pays en raison de persécutions, pas les migrations liées à
l'environnement.
Le « patron » du HCR appelle les gouvernements à prendre en compte le « coût humain » du
réchauffement, qui sera d'après lui la « première cause de déplacements forcés dans les années à venir
», devant les conflits. Les catastrophes climatiques ont fait 20 millions de déplacés en 2008 selon
l'ONU. En 2050, ils seront 200 millions. La fréquence des ouragans, des inondations et des
sécheresses a déjà triplé en trente ans. S'y ajoutent la désertification et l'érosion des côtes et des sols.
« La plupart des victimes du climat sont difficiles à protéger car ce sont des déplacés internes, placés
sous la seule protection de leur propre pays. Or, les gouvernements en question font parfois partie du
problème plus que de la solu tion », relève M. Guterres.
Pour le haut-commissaire, « la distinction actuelle entre réfugiés et déplacés est dépassée par les effets
du changement climati que ». D'abord parce que « la raréfaction des ressources multiplie les conflits,
donc les réfugiés, même quand l'aspect politique domine, comme au Darfour ». Ensuite car « dans une
même zone, des populations peuvent fuir qui un conflit, qui une sécheresse, comme en Afghanistan ».
Enfin, parce qu'il est difficile, face à une dégradation lente de l'environnement, de distinguer un
réfugié climatique d'un migrant économique, un exode forcé d'une migration choisie. « Ce qui clair,
c'est que de plus en plus de gens vont se déplacer sous l'effet direct ou indirect du changement
climatique », résume M. Guterres.
Comment leur porter assistance et protection ? Pour le haut-commissaire, il n'est pas question de les
inclure dans la Convention de 1951 sur les réfugiés : « Dans le contexte actuel, marqué par des débats
émotionnels sur les migrations, rouvrir la convention risquerait de la fragiliser. »
Selon M. Guterres, les migrations liées au climat seront pour la plupart de courte durée. « Je milite
pour la création d'instruments juridiques et de mécanismes de protection plus flexibles que la
convention de 1951, mais qui imposent des obligations aux Etats, comme une convention de protection
temporaire », explique-t-il.
Reste la question des petites îles englouties par les océans, entraînant avec elles des Etats entiers,
comme les Maldives. « Il y a là un vide juridique. La convention sur les apatrides est faite pour des
individus, pas pour toute une nation. Il faut leur trouver un pays d'accueil, mais aussi organiser la
protection collective de leur culture, de leur identité. Les instruments actuels ne le permettent pas. »
Pour M. Guterres, nul besoin de créer une nouvelle agence pour appliquer ces futurs dispositifs : « Le
HCR est prêt à jouer son rôle, avec d'autres. Et l'Organisation internationale pour les migrations
(OIM) est là, même si les Etats n'ont jamais voulu lui donner de pouvoir. » L'OIM qui a proposé une
définition large des réfugiés climatiques et appelé, le 8 décembre, à revoir les conventions existantes.
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« La communauté internationale est-elle prête à ouvrir ces discussions ? », s'interroge M. Guterres. La
première étape se joue à Copenhague. « Le Nord doit mobiliser des fonds pour aider le Sud à atténuer
l'impact humain du réchauffement, sachant que la migration sera une stratégie d'adaptation. »
Critiquant les politiques migratoires « irrationnelles » des pays industrialisés, le haut-commissaire
conclut : « Les pays riches ne peuvent pas à la fois refuser d'aider les pays pauvres à résister au
changement climatique et fermer leurs frontières à ses victimes. »
Grégoire Allix
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Document n°4
Le changement climatique : pourquoi l'information est-elle
aussi brouillée dans l'opinion publique ? par Vincent Moron
LE MONDE du 16.12.09 | 17h45
Il y a quelques jours, Le Monde avait mis en ligne un sondage sur la question du changement
climatique, notamment sur l'exagération ou pas par les scientifiques sur cette question. Sans surprises,
approximativement un tiers des personnes sondées répondaient qu'effectivement les scientifiques
exagéraient sur cette question. Par ailleurs, il suffit de visiter les blogs et les forums consacrés au
sommet de Copenhague pour faire l'hypothèse que cette proportion semble être une limite basse de la
fraction de l'opinion publique qui pense que, d'une façon ou d'une autre, le changement climatique est
un faux problème, ou bien que si on admet que la température moyenne de la Terre augmente, cette
variation n'est pas principalement le fait des activités anthropiques. Si on posait ce genre de questions
à la communauté des climatologues, le consensus serait d'au moins 95 % pour dire que
(1) la température moyenne a augmenté au cours du XXe siècle et que le niveau désormais atteint est
sans doute sans commune mesure depuis au moins mille ans ;
(2) que cette hausse, au moins depuis les années 70, est induite majoritairement par la hausse de la
concentration atmosphérique en gaz à effet de serre associée avec les activités humaines, et ne peut pas
être imputée à des éléments naturels comme la variation de l'énergie que nous recevons du Soleil ou
les éruptions volcaniques ;
(3) la température moyenne de la Terre va augmenter au cours des prochains siècles. Quels éléments
peuvent expliquer cette inconsistance entre opinion publique et expertise scientifique ?
L'activisme des "dénégateurs" du changement climatique dans la sphère médiatique est
incontestablement une première explication. C'est d'autant plus vrai avec le développement de la
blogosphère, où on peut dire à peu près tout et n'importe quoi, en s'appuyant d'ailleurs sur de faux
croisements d'informations grâce à l'hypertexte et qui finissent par tourner en rond. Le terme de
dénégateur est le néologisme de l'anglais "denialist" et a un sens plus fort que "sceptique". Le
scepticisme fait partie intégrante de la recherche scientifique, et contrairement à ce qu'a fréquemment
affirmé Claude Allègre, le GIEC n'est pas une "bande d'ayatollahs" qui refuserait les hypothèses
alternatives pour expliquer les faits. On a parfois l'impression, comme dans d'autres domaines, qu'une
affirmation consensuelle est par nature douteuse, du simple fait qu'elle repose sur une communauté
d'experts et pas sur un illusoire "bon sens" qui viendrait d'en bas. Rappelons ici qu'on ne constate pas
le changement climatique en sortant dehors tous les matins ! La dénégation concernant le changement
climatique repose sur plusieurs points, qui peuvent se combiner chez certaines personnes. On peut
citer au moins trois niveaux de dénégation :
(1) la température moyenne planétaire n'augmente pas et/ou il existe des périodes historiques plus
chaudes dans le passé quand l'homme n'influençait pas de façon significative le climat, et/ou il est vain
de chercher à calculer une moyenne thermique à l'échelle de la planète ;
(2) l'homme n'a pas de rôle majeur dans l'évolution climatique, qui est dictée par des paramètres
naturels ;
(3) les modèles climatiques ne peuvent pas servir à prévoir le climat car il est trop complexe, et
d'ailleurs, on ne peut pas prévoir le temps dans quinze jours.
Chacun de ces points a été et est discuté en permanence au sein de la communauté scientifique. La
démarche scientifique implique un examen scrupuleux des faits et l'émission d'hypothèses
explicatives. Or, jusqu'à présent, les trois questions exprimées ci-dessus ont reçu des réponses
consensuelles après des dizaines d'années de travail. Cela ne signifie évidemment pas que nous avons
accédé à la "vérité", effectivement illusoire dans un domaine aussi complexe que le système climatique,
8
mais plutôt que l'hypothèse élaborée par le GIEC rend le mieux compte des faits tels qu'ils sont
constatés. Les dénégateurs, relayés en cela par des journalistes et/ou des institutions, fréquemment
dans la sphère libérale (car la question du changement climatique, si on l'admet, incite à la régulation
et à l'acceptation de certaines contraintes), prennent aussi un malin plaisir à brouiller le discours. Par
exemple, Vincent Courtillot a invoqué lundi matin sur France-Inter Emmanuel Leroy-Ladurie
totalement à tort pour affirmer que l'optimum médiéval (période relativement chaude au début du
second millénaire) était au moins aussi chaud que la période contemporaine.
Au-delà de l'anecdote, c'est un point-clé car trouver dans la période historique une période aussi, voire
plus chaude que l'actuelle, serait susceptible d'invalider le rôle de l'homme dans la hausse actuelle.
Notons que cette analogie n'est toutefois pas pertinente, car tout dépend des facteurs qui influençaient
le climat à cette époque. De même, Claude Allègre dans une chronique parue dans Le Point en février
2008 invoquait, lui, la NASA et le GISS [Goddard Institute for Space Studies] (centre de recherche
américain) pour affirmer que la température moyenne de la Terre avait diminué de 0,6 °C à 0,75 °C en
2007, "annulant donc la hausse des dernières décennies".
C'est non seulement totalement faux, mais encore absolument impossible du point de vue physique (et
Claude Allègre devrait parfaitement le savoir en tant que géophysicien) car la température moyenne de
la Terre ne peut guère varier de plus de 0,25 °C d'une année sur l'autre. Elle correspond en effet à un
équilibre énergétique entre l'énergie absorbée et celle émise, et une augmentation de la première, par
exemple en liaison avec une augmentation des gaz à effet de serre (GES), induit une hausse de la
température permettant de retrouver un équilibre puisqu'un corps plus chaud émet plus d'énergie sous
forme rayonnante notamment. Le problème ici, c'est que nous sommes actuellement dans une phase
de perpétuel ajustement, puisque les GES augmentent (et vont augmenter) continûment. Il me semble
qu'un travail journalistique de base serait au moins de vérifier ce genre d'affirmations erronées où on
invoque par exemple des absents prestigieux, car la plupart des sources sont disponibles pour tous sur
le Net.
L'argument d' hypothèses alternatives, qui expliqueraient la hausse des températures et seraient non
reliées aux activités humaines, ne tient pas vraiment la route pour l'instant. La principale de ces
hypothèses concerne les variations de la constante solaire (qui définit la quantité de rayonnement
solaire interceptée par le disque terrestre) et ses interactions avec le rayonnement cosmique. Les
travaux sur cette question montrent un effet réel, mais il est sans commune mesure avec la hausse des
GES. Il faudrait que les tenants de cette hypothèse expliquent comment un facteur qui varie au
maximum de 0,25 W/m2 depuis 1850 (= variation du rayonnement solaire absorbé par la Terre) aurait
plus d'impact physique qu'un autre qui a augmenté de 1,6 W/m2 (= hausse des GES et des aérosols
soufrés liée aux activités humaines) durant la même période. Un autre élément de ce type réside dans
l'impossibilité de prévoir le temps dans quinze jours. Les dénégateurs confondent sans le dire les
échelles de temps, et on peut très bien prévoir les conditions moyennes sur un espace donné si on a
suffisamment d'informations sur la ou les causes à l'origine de cette variation. Juillet 2052 sera plus
froid que janvier 2052 en France ! aucun doute là-dessus car la principale cause de cette variation est
liée au fait que nous recevons beaucoup plus de rayonnement solaire en été (jours longs et Soleil haut)
qu'en hiver (jours courts et Soleil bas).
Pour le changement climatique, c'est un peu la même chose : on prévoit que la température moyenne
de la Terre sera plus chaude en moyenne par exemple sur 2070-2100 parce qu'un facteur déterminant
du bilan énergétique de la Terre va changer entre-temps et que la réponse physique à ce changement
est une hausse de la température. Cela n'interdit absolument pas l'occurrence de vagues de froid, par
exemple en janvier 2081. Il serait d'ailleurs bien surprenant que celle qui s'annonce la semaine
prochaine sur la France ne soit pas, une fois de plus, l'occasion pour les dénégateurs pour monter au
créneau sur le ton "le changement climatique, c'est vraiment n'importe quoi !". Cyniquement parlant,
il aurait été certainement plus productif que la conférence de Copenhague ait eu lieu il y a quinze jours
car la température moyenne en France est au-dessus des normales de saison depuis trois bons mois.
Ici, parler de la hausse des températures alors qu'il fera peut-être - 10 °C à Copenhague risque de poser
un problème d'image ...
9
Le discours des écologistes sur le changement climatique n'est pas non plus exempt de tout reproche.
En effet, il est totalement contre-productif d'invoquer le changement climatique pour expliquer
l'ensemble des problèmes environnementaux qui se posent à la planète. Même si ce n'est pas aussi
caricatural que cela, les grandes messes médiatiques où on mélange tout et n'importe quoi ne sont,
selon moi, absolument pas pédagogiques. On peut rejoindre Claude Allègre sur ce point et dire par
exemple que l'accès à l'eau est un problème fondamental des décennies à venir, et qu'il est dommage
que les politiques ne soient pas aussi empressés sur cette question que sur celle du changement
climatique. Les variations des ressources en eau sont sans aucun doute liées au changement
climatique, mais les variations du cycle hydrologique sont beaucoup plus difficiles à prévoir que celles
des températures.
En théorie, un monde plus chaud verra une évaporation supérieure, mais il est pour l'instant très
difficile de dire où les précipitations augmenteront et où elles baisseront, car le plus probable est qu'il y
ait une coexistence des deux effets contradictoires. Il est donc illusoire de prévoir pour l'instant des
impacts précis en terme hydrologique, même si certains signaux consensuels apparaissent (comme par
exemple l'assèchement de l'Europe méridionale en été). De la même façon, relier le changement
climatique à la disparition des neiges du Kilimandjaro ou bien à la sécheresse du lac Tchad n'a pas de
réel fondement scientifique. Certains aspects du film d'Al Gore An Unconvenient Truth (Une vérité qui
dérange) pose problème à ce titre.
Au-delà de l'impact médiatique, et de l'aspect symbolique, de ces événements, il me semble que cette
utilisation ressort d'un travers analogue à celui des dénégateurs, c'est-à-dire faire coûte que coûte
coïncider certains faits avec l'hypothèse à laquelle e on croit sans faire la distinction entre ce qui est
plausible, probable ou hypothétique. Sans parler des aspects anxiogènes, la mise en avant de faits
spectaculaires dont les causes ne sont pas solidement établies n'aide pas à une prise en compte sereine
des enjeux de changement climatique. Il serait dommage que les deux discours aboutissent au même
résultat et contribuent, in fine, à l'échec du congrès de Copenhague.
Vincent Moron est professeur de géographie à l'université Aix-Marseille-I et chercheur au Cerege
(Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement).
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Document n°5
Les "guerres du climat" n'ont pas encore eu lieu, selon un
chercheur
LE MONDE du 10.09.10 |
Le lien entre le changement climatique et la multiplication des conflits violents n'est pas aussi évident
que certains scientifiques et écologistes l'affirment, selon une étude publiée, lundi 6 septembre, par la
revue de l'Académie américaine des sciences, PNAS.
Le Norvégien Halvard Buhaug, de l'Institut de recherche sur la paix, à Oslo, y démontre qu'il n'est pas
possible d'attribuer au réchauffement les conflits africains des trois dernières décennies. Le chercheur
appelle à la prudence quant à l'idée que des conflits, comme celui du Darfour, au Soudan, découlent de
causes environnementales plutôt que politiques.
Son étude paraît alors que la recherche sur les relations entre conflits et environnement est en plein
développement. Elle répond précisément à une autre étude, publiée en 2009, dans la même revue par
des chercheurs américains, qui concluait qu'une forte corrélation existait entre les guerres civiles et
l'évolution de la température en Afrique.
M. Buhaug commence par montrer que les hypothèses sur lesquelles Marshall B. Burke (université de
Californie, Berkeley) et ses collègues avaient bâti leur modèle sont très discutables. N'avaient été ainsi
retenus que les conflits ayant provoqué plus de mille morts par an. L'analyse était limitée à la période
1981-2002, alors que depuis 2002, le nombre de guerres civiles et leur gravité ont décru en Afrique,
tandis que le réchauffement et l'assèchement se sont poursuivis. L'équipe américaine a par ailleurs
opéré des choix méthodologiques dans son analyse statistique que M. Buhaug juge injustifiés.
Paramètres sociopolitiques
Le chercheur norvégien pose ensuite son propre modèle statistique, centré sur l'Afrique subsaharienne
et qui élargit le champ des paramètres : il y inclut tous les conflits ayant entraîné plus de 25 victimes
par an, et ne se limite pas aux seuls niveaux de la température et des précipitations, mais y adjoint la
variation de ces valeurs par rapport à l'année précédente et leurs déviations par rapport à des
moyennes à long terme.
M. Buhaug met aussi les variations climatiques en regard avec des paramètres sociopolitiques :
l'exclusion politico-ethnique dans les pays considérés et leur niveau de développement économique.
Les calculs de corrélation montrent qu'aucune des variables climatiques n'a d'effet significatif sur la
fréquence des conflits.
Au contraire, sur la période étudiée (1981-2002), les guerres civiles - d'abord nombreuses - reculent
fortement depuis la fin des années 1990, alors que la température moyenne a augmenté régulièrement
pendant la même période.
Conclusion : la variabilité climatique n'est pas corrélée aux variations à court terme des conflits en
Afrique subsaharienne. Ceux-ci doivent plutôt être expliqués par des conditions structurelles et
contextuelles classiques : exclusion ethnique, pauvreté, changement des rapports de force depuis la fin
de la guerre froide, etc.
Halvard Buhaug se garde cependant de généraliser. Il ne prétend pas trancher la question sur le long
terme. Observant que le réchauffement sur la période étudiée a été modeste et lent, il rappelle que les
scénarios du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) suggèrent qu'à
l'avenir, des vagues de chaleur et des événements météorologiques beaucoup plus importants sont
envisageables - et que cela pourrait entraîner de vifs conflits.
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"L'analyse des réponses des sociétés aux variations passées (du climat) peut être de peu
d'enseignement" face à des événements aussi majeurs qu'un éventuel arrêt de la mousson asiatique,
conclut le chercheur.
Hervé Kemfp
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Document n°6
L'Australie, dont 85 % de la population vit sur le littoral,
redoute la montée des eaux
LE MONDE du 24.11.09
Un récent rapport du ministère du changement climatique évoque l'inondation
de 250 000 logements d'ici à 2100
Collaroy, jolie banlieue de Sydney face à l'océan, les maisons et immeubles se négocient cher, dans un
décor de carte postale. Mais s'il est difficile de trouver des habitations à prix abordable, il est parfois
plus difficile encore de trouver un assureur pour son logement. Le Pacifique est si proche que des
vagues lèchent régulièrement les jardins à certains endroits. Tandis que les rapports sur les risques liés
au changement climatique et à la montée des eaux se multiplient, les Australiens s'inquiètent. Le mode
de vie « aussie » serait en danger, titre la presse. Les maisons de bord de mer pourraient bien avoir à
disparaître.
Sur 21 millions d'Australiens, 85 % vivent sur les côtes. Alors que les projets immobiliers se sont
multipliés depuis trente ans, le développement s'est fait avec peu de régulations, et des logements ont
été construits très proches de l'océan. « Il existe déjà des problèmes ; les grands immeubles à côté des
plages ne permettent pas aux dunes de se restaurer naturellement après les tempêtes », dit Rodger
Tomlinson, spécialiste de la conservation du littoral à l'université Griffith.
Et selon un rapport publié il y a quelques jours par le ministère du changement climatique, la situation
pourrait devenir catastrophique. Partant de l'hypothèse d'une montée du niveau des océans de 1,1
mètre d'ici à 2100, le rapport, préparé par des scientifiques australiens, estime que près de 250 000
logements pourraient être inondés régulièrement d'ici à la fin du siècle. Des infrastructures, des écoles
seraient menacées : 75 hôpitaux sont ainsi à moins de 200 mètres des côtes. « C'est un peu l'effet
Venise ; chaque fois qu'une grande marée va se produire, davantage de terre sera affectée », estime
Bruce Thom, qui a dirigé le rapport. « Un mètre de montée du niveau de la mer, c'est 10 à 20 mètres de
retrait pour la ligne côtière », précise Andy Short, professeur à l'université de Sydney.
L'augmentation des épisodes climatiques extrêmes, comme les tempêtes, pourrait bouleverser
l'équilibre. Autre menace, la salinisation des terres dans les estuaires. « Le rapport a provoqué un
choc. Jusqu'ici, les Australiens pensaient que seules les plages face à l'océan seraient touchées. En
réalité, cela concerne aussi les estuaires, les zones de basse altitude. Cela ne va pas arriver demain,
mais il faut commencer à s'y préparer », observe Bruce Thom.
Débats intenses
Certaines régions pourraient être rapidement touchées. Ainsi les îles du détroit de Torrès, au nord-est
du pays, sont particulièrement vulnérables. Les grandes marées, au mois de janvier, les recouvrent
déjà en partie. « Avec une plus grande fréquence des cyclones, ces atolls sont en danger d'être inondés.
Sans oublier que les habitants dépendent des sources d'eau fraîche, qui risquent d'être contaminées »,
commente Andy Short.
En réaction, la ministre du changement climatique, Penny Wong, a demandé un plan d'urgence. Mais
le type d'action à mettre en place est le fruit de débats intenses. Le rachat des propriétés par les Etats
australiens pour un « retrait programmé » est discuté, tout comme la mise en place de digues. A Byron
Bay, charmante ville balnéaire à l'est du continent, le conseil municipal est entré en guerre avec des
résidents qui voulaient protéger leur maison. « La construction de murs signifie qu'avec l'érosion il n'y
aura plus de plage. Or la plage est essentielle, économiquement, et socialement pour les Australiens :
c'est l'endroit où l'on se retrouve », commente Jan Barham, maire de Byron Bay.
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Le rapport a été publié alors que le gouvernement présente un projet de marché du carbone au
Parlement. Il vise une réduction de 5 % à 15 % des gaz à effet de serre d'ici à 2020 par rapport à 2000,
et de 25 % si un accord était trouvé à Copenhague. Pour des environnementalistes, la réduction fixée
sera de toute façon insuffisante pour limiter réellement l'impact du changement climatique sur les
côtes.
Marie-Morgane Le Moël
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Document n°7
Le changement climatique
LES EXPERTS DU CLIMAT SONT-IL ENCORE CRÉDIBLES ?
Les principales critiques émises contre le GIEC
LE MONDE du 13.02.10
Depuis deux mois, le sérieux de certains travaux des climatologues est mis en cause
. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) a-t-il commis des erreurs
dans son rapport 2007 ? Dans le deuxième des trois volets de son rapport 2007, les auteurs du GIEC
écrivent que les glaciers himalayens auront quasiment disparu en 2035. L'affirmation revêt une
importance cruciale, puisque le débit de nombreux grands fleuves asiatiques dépend, selon les saisons,
de ces glaciers.
Or cette estimation est grossièrement erronée et a été reconnue comme telle par le GIEC. Elle provient
d'un rapport de 2005 du Fonds mondial pour la nature (WWF), lui-même s'inspirant d'un article
publié en 1999 dans l'hebdomadaire grand public New Scientist. L'article en question s'inspirait d'un
entretien avec un glaciologue indien et aussi, vraisemblablement, d'un rapport commandé en 1996 par
l'Unesco, dans lequel le glaciologue russe Vladimir Kotlyakov estimait la quasi-disparition des glaciers
himalayens pour... 2350 et non 2035 !
Depuis deux mois environ, d'autres critiques ont été formulées, principalement relayées par la presse
britannique. Aucune d'elles n'a pour l'heure été reconnue comme réellement fondée par les experts du
panel.
2. Les sources du GIEC sont-elles fiables ? Le GIEC ne mène pas de travaux de recherche : il synthétise
les connaissances existantes pour en tirer une somme, qu'il veut la plus objective possible. « Dans le
premier volet du rapport [consacré aux sciences du climat stricto sensu] , nous n'utilisons que la
littérature scientifique soumise à la revue par les pairs, explique Jean Jouzel, membre du bureau du
GIEC. Mais dans les deuxième et troisième volets [consacrés respectivement aux impacts du
réchauffement et aux mesures possibles pour l'atténuer], les auteurs sont obligés d'avoir recours à la
«littérature grise» comme des rapports d'ONG, simplement parce qu'il n'existe pas de travaux
scientifiques dûment publiés sur les effets très locaux du réchauffement... Le tout est d'utiliser cette
littérature avec suffisamment de précaution. »
L'utilisation de cette « littérature grise » est au centre des critiques formulées ces dernières semaines.
Notamment, il a été reproché aux experts d'avoir cité dans leur rapport, un travail d'étudiant et un
article d'un journal d'alpinisme. « Cette critique porte sur une seule ligne dans un tableau d'exemples
d'effets observés sur les glaces et provoqués par le réchauffement, rétorque Jean-Pascal van Ypersele,
vice-président du GIEC. Cette ligne mentionne qu'une diminution de voies d'escalade sur la glace a été
observée dans les Alpes, les Andes et l'Afrique, et donne pour référence une thèse de maîtrise en
géographie et une publication d'alpinisme. Mais il ne s'agit que d'exemples ! Il est clair que les
conclusions majeures du GIEC reposent sur des travaux beaucoup plus solides que ceux-là, mais
donner ces illustrations «humaines» a une certaine valeur. »
Une autre objection concerne les prévisions d'assèchement d'une grande part de la forêt amazonienne,
citant des rapports du WWF et de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). «
Ces rapports s'appuyaient notamment sur deux études publiées dans Nature, répond M. van Ypersele.
Il aurait sans doute été plus judicieux de citer directement ces travaux, mais à la principale question
qui est de savoir si ces résultats sont solides, on peut répondre oui. D'autant que des travaux plus
récents vont dans le même sens. »
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Dernier contentieux en date : le gouvernement néerlandais a annoncé, le 5 février, avoir demandé au
GIEC des « éclaircissements » sur une estimation qui place 55 % du territoire des Pays-Bas « sous le
niveau de la mer ». « Nous sommes allés voir d'où venait ce chiffre : il vient du ministère de
l'environnement néerlandais lui-même, dit M. van Ypersele. Mais nous aurions peut-être dû préciser
dans le rapport : «...sous le niveau de la mer, en cas de forte marée''... »
Utiliser la littérature scientifique ne prémunit pas non plus contre toutes les objections. Ainsi, une
étude réalisée par Robert Muir-Wood et publiée dans des actes de colloque en 2006, avait été citée
dans le rapport : elle établissait une corrélation - faible mais mesurable - entre le réchauffement et le
coût des dégâts liés aux événements météorologiques extrêmes.
Or en 2008, selon M. Muir-Wood, l'ajout de nouvelles données a brisé la corrélation détectée deux ans
plus tôt... Le GIEC précise qu'il n'avait de toute façon pas fait siens les résultats (provisoires) de l'étude
de 2006...
3. La synthèse opérée par le GIEC est-elle suspecte d'alarmisme ? La majorité des critiques formulées
depuis la fin de la conférence de Copenhague, le 19 décembre, accusent le GIEC de faire preuve de trop
de pessimisme. Cependant, rappelle le climatologue Hervé Le Treut, « le premier reproche qui nous
avait été fait en 2007 était d'avoir sous-estimé l'élévation prévisible du niveau des océans ».
Le GIEC avait en effet volontairement occulté une partie de la littérature scientifique. Trop récents, les
travaux sur la perte de masse des glaces du Groenland n'avaient pas pu être pris en compte dans le
rapport. Or ces derniers suggèrent une élévation moyenne du niveau marin d'ici à la fin du siècle, très
supérieure à la fourchette des 18 cm à 59 cm, annoncée en 2007. 4. Comment est établi le consensus
revendiqué par le GIEC ? Chacun des trois volets du rapport du GIEC est synthétisé en un « Résumé
technique » et un « Résumé à l'intention des décideurs ». « Ces résumés sont approuvés ligne à ligne
par les représentants des gouvernements et les experts scientifiques, explique M. Le Treut. Ils sont
donc l'expression du consensus. » Le contenu de ces résumés a pour l'heure été épargné par les
critiques.
S. Fo.
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Document n°8
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1423
Le réchauffement climatique : mieux comprendre où se
situent les débats
Introduction du dossier paru dans SPS, n° 291
Les activités humaines contribuent-elles de façon significative, voire de façon déterminante, au
réchauffement climatique observé ? Si l’on recherche une certitude scientifique, la réponse est
nécessairement prudente. Si la plupart des climatologues et spécialistes du sujet affirment que les
activités humaines sont la cause déterminante du réchauffement climatique, la vérité en science ne se
décide pas à la majorité, et force est de constater qu’aujourd’hui, un certain nombre d’experts
reconnus contestent cette affirmation. La science, c’est d’abord le débat et la confrontation aux
données. Et la science doit continuer son chemin. En matière de vérité scientifique, le consensus ne
présage de rien. Les exemples abondent où des théories scientifiques faisant consensus ont été
remises en cause, où des « minoritaires » se sont révélés avoir raison contre le « courant majoritaire » [1]. Citons par exemple Alfred Wegener et la dérive des continents [2].
Mais la question qui intéresse avant tout les collectivités humaines est politique. Et dès lors, il est
difficile d’exiger des responsables politiques qu’ils attendent, 20 ans, 30 ans, peut-être davantage, que
« la nature tranche » pour vérifier si réchauffement climatique il y a, et, surtout, analyser si la
composante anthropique est le facteur déterminant pour prendre les décisions pour lesquelles ils ont
été mandatés. L’attente d’une certitude peut se révéler extrêmement coûteuse, et contraire à une
politique de « décision éclairée » que chacun est en droit d’attendre. Si la majorité ne fait pas vérité
scientifique, il est légitime que les décisionnaires s’appuient sur une connaissance qui, à défaut d’être
consensuelle, exprime un avis largement partagé.
Controverse passionnelle
Si la controverse a pris un tour passionnel, c’est que les différentes composantes (connaissance
scientifique, actions à entreprendre, impacts économiques et sociaux) se sont mélangées. Convient-il
de chercher à limiter les émissions de gaz carbonique ? De quelle manière ? Convient-il plutôt de
chercher prioritairement les meilleurs moyens de s’adapter pour minimiser les conséquences
anticipées comme négatives et tirer au mieux profit de celles anticipées comme positives ? Autant de
questions politiques sur lesquelles le scientifique, chercheur comme expert, n’a pas de légitimité
particulière pour s’exprimer, du moins au nom de son activité professionnelle…
Force est de constater que cette confusion traverse les institutions elles-mêmes, à commencer par le
GIEC, associant sous une même entité les différentes étapes du processus d’élaboration de la
décision politique, de l’expertise scientifique à la suggestion des actions à entreprendre, en passant
par les relevés pour décideurs. Si, dans des petits cercles éclairés, on parle du « GR1 » du GIEC,
pour l’immense majorité des citoyens, des médias, et des décideurs, le GIEC est un et indivisible…
« le GIEC a dit… »
Il n’est dès lors pas surprenant de constater les fréquents mélanges des registres, du scientifique
reprochant à ceux de ses collègues qui doutent de telle ou telle de ses affirmations… qu’ils porteraient
ainsi la responsabilité de retarder la prise de décisions nécessaires… Ou de ceux qui, pour mieux
asseoir leur opposition aux mesures politiques préconisées, concentrent leur critique sur les
conclusions de l’expertise scientifique.
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Les « lobbies »
La controverse s’envenimant, les accusations fleurissent. Des « lobbies » sont dénoncés, qui tireraient
discrètement les ficelles du parti opposé. Mais les groupes de pressions sont variés, et derrière
chaque position, il n’est pas difficile d’imaginer un « lobby » potentiel. Les « pétroliers » ont tout intérêt
à minimiser la responsabilité des énergies fossiles, les « économies occidentales » peuvent voir dans
les technologies environnementales un relais de croissance, et dans les normes instaurées, des
barrières économiques bienvenues contre la concurrence des économies émergentes. Il y a
également les innombrables ONG exploitant les divers évènements météorologiques (canicules,
tempêtes etc.), les pollutions et catastrophes environnementales de toutes sortes (marées noires,
explosions de gaz etc.), surfant sur une peur suscitée et entretenue (OGM, ondes
électromagnétiques, etc.) pour se faire les avocats de la décroissance, développer une idéologie aux
intonations parfois quasi religieuses (la Nature est bonne, il ne faut pas Lui porter atteinte, sous peine
de châtiment).
Et surtout, la « mauvaise intention » d’un lobby, pas plus que la « bonne », réelle ou supposée, ne
nous éclaire sur le fond de la controverse.
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Document n°9
http://www.valeursactuelles.com/dossier-dactualit%C3%A9/dossier-dactualit%C3%A9/arr%C3%AAtons-denous-faire-peur.html
Arrêtons de nous faire peur !
Par Fabrice Madouas
Réchauffement climatique, bombe démographique, croissance anarchique… On
nous promet la catastrophe. Et pourtant, “il n’est de richesses que d’hommes”.
En 2012, scénario catastrophe ? Non, il ne s’agit pas de l’élection présidentielle, ni du
sort de Nicolas Sarkozy, mais d’un film américain qui connaît en France un succès
colossal : 4millions de spectateurs depuis sa sortie le 11novembre ! Un blockbuster qui
met en scène la fin du monde – ou presque. Les continents sont submergés par des
tsunamis gigantesques provoqués par la dérive des plaques tectoniques. Heureusement,
des rescapés pourront survivre à cette apocalypse (sans parousie) à bord de leurs
“arches” et rebâtiront une civilisation que l’on imagine forcément meilleure en Afrique,
miraculeusement épargnée par ce déluge…
S’il exploite habilement la résurgence des peurs millénaristes dont la télévision se fait
quotidiennement l’écho, le réalisateur de 2012, Roland Emmerich, a le mérite de ne pas
désigner l’homme comme l’unique responsable du cataclysme qu’il décrit à grand renfort
d’effets spéciaux. C’est ce qui distingue son film des scénarios élaborés par la plupart des
dirigeants politiques occidentaux depuis plusieurs années, sur le fondement d’assertions
scientifiques mal comprises ou controversées. Préparé de longue date par la “machine”
onusienne,le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique s’ouvrira le
7décembre. Comme ce fut le cas à Kyoto en 1997, il devrait retentir de sombres
prédictions sur les excès du développement économique et sur ses effets catastrophiques
sur une nature forcément irénique.«Nous fonçons vers l’abîme »,a déclaré le secrétaire
général de l’Onu, Ban Ki-moon,le 3 septembre (Valeurs actuelles du 8 octobre).
La raison de ces alarmes ? Le réchauffement climatique, que les scientifiques lient à
l’émission de gaz à effet de serre, et que les responsables politiques expliquent, dans un
étonnant raccourci, par l’activité industrielle. Car s’il est vrai que la combustion de
charbon et d’hydrocarbures produit du dioxyde de carbone, il est pour le moins
surprenant de négliger la responsabilité d’autres gaz (comme la vapeur d’eau) dans
l’effet de serre et la conséquence d’autres phénomènes dans le réchauffement
climatique, comme l’activité solaire ou la circulation océanique. C’est ce que rappelle le
géophysicien Vincent Courtillot dans un document publié par l’Académie des sciences, le
25 novembre. Constatant que la température moyenne, après avoir augmenté, a
tendance à décroître depuis 1998,il souligne que cette baisse « correspond bien à la
décroissance de l’activité solaire, qui pourrait durer plusieurs décennies, comme l’ont
observé pour le passé les physiciens du Soleil ». Ce qui prouve que les raisons de ces
évolutions ne font pas l’unanimité parmi les scientifiques (lire page 12). Qu’importe les
nuances. Qu’importe la prudence. Médias et politiques continuent à brandir “l’effet de
serre” comme ils évoquaient naguère “les trous dans la couche d’ozone” pour exiger une
révolution écologique. Ces trous, disait-on en 1985, étaient dus à l’action de composés
de chlorofluorocarbures (CFC) utilisés notamment dans les aérosols et les réfrigérateurs.
Les nations ont donc adopté,deux ans plus tard, le protocole de Montréal sur l’interdiction
des CFC. Les scénarios échafaudés n’ont été démentis qu’après : « Lorsque des
19
prévisions apocalyptiques furent avancées, on ne connaissait pas exactement l’ampleur
de la détérioration de la couche d’ozone. Maintenant, on sait que les dégâts sont très
faibles », reconnaissait en 1997 le Néerlandais Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie pour
ses travaux sur l’ozone.
Mais, pour les militants écologistes et les négociateurs du traité de Montréal, l’essentiel
était acquis : «L’intérêt [de ce protocole] vient d’abord du précédent qu’il crée aux
conventions beaucoup plus contraignantes qui devront être signées s’il devient un jour
nécessaire de parvenir à un accord international sur les émissions de dioxyde de carbone
pour éviter l’effet de serre », résumait la revue Nature, citée par le Spectacle du monde
en janvier 2000.Nous y sommes.
C’est également au nom du réchauffement climatique que les partisans de la planification
des naissances et du malthusianisme économique reviennent sur le devant de la scène
internationale (lire pages 14 et 15). «Le poids de la natalité menacerait le climat », titrait
le Monde daté du 19 novembre. Une allégation fondée sur le dernier rapport du Fonds
des Nations unies pour la population (Fnuap). Selon cette agence de l’Onu, « des modes
viables de consommation et de production ne peuvent être atteints et maintenus que si
la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable »
«Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants»,
répétaient auparavant les militants écologistes, citant Saint-Exupéry, pour convaincre
chacun de préserver l’environnement. Nous voilà sommés de ne plus faire d’enfants pour
sauver la Terre. « Tout se passe comme si la planète était plus importante que
l’humanité», s’indignait la géographe Sylvie Brunel dans l’hebdomadaire Famille
chrétienne, le 28 novembre. Plus de un milliard de personnes souffrent de la faim dans le
monde. Pourtant, un seul des dirigeants du G8, Silvio Berlusconi, assistait au sommet
des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation qui s’est tenu du 16 au 18
novembre, à Rome. À Copenhague, quarante chefs d’État sont attendus.
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Document n°10
En finir avec le catastrophisme
Réchauffement climatique : ce qu'on ne vous dit pas
Valeurs actuelles le jeudi, 08/10/2009
Par Fabrice Madouas.
Le changement climatique, dont les causes sont très discutées par les scientifiques, ne
provoquera pas forcément les catastrophes annoncées par ses “prophètes”. Notre enquête.
Nicolas Hulot ? « C’est un imbécile, vous pouvez l’écrire. C’est une honte qu’il soit devenu le gourou
de l’écologie. » C’est ce qu’affirmait Claude Allègre, le 27 septembre, dans Nice Matin. La réponse
de l’intéressé ne s’est pas fait attendre. Allègre ? « Y a des gens qui ne peuvent vivre qu’avec leurs
ulcères, a-t-il déclaré le 28, sur Europe 1. Je me dis simplement que l’injure et le mensonge ne
remplacent pas la vérité scientifique. »
Qui croire ? Il aurait suffi, en d’autres temps, d’égrener les titres de l’un et la qualité de l’autre pour
trancher le débat. Géochimiste de formation, Claude Allègre a reçu les plus hautes distinctions dans
sa discipline : le prix Crafoord en 1986, la médaille Wollaston en 1987 et la médaille d’or du CNRS en
1994. Nicolas Hulot, qui figure parmi les personnalités les plus appréciées des Français, s’est fait
connaître en animant l’émission Ushuaïa Nature sur TF 1.
Son film, le Syndrome du Titanic, est sorti le 7 octobre sur les écrans français. Où l’on apprend que
« la nature est en charpie » et qu’elle va « procéder à des ajustements » dramatiques si nous ne
cessons pas de lui « faire la guerre ». « Tout est bien sortant des mains de la Nature, tout dégénère
dans les mains de l’homme », écrivait déjà Rousseau à la fin du XVIIIe siècle.
Mais l’émotion et la puissance des images l’emportant souvent sur la raison et la réflexion scientifique,
il n’était pas possible d’en rester là. Pour savoir si « le réchauffement climatique est un fait scientifique
» qui ferait l’unanimité des experts à l’exception de marginaux tentés par la singularité médiatique,
comme l’affirme Nicolas Hulot, il fallait consulter des chercheurs peu suspects de partis pris.
Le réchauffement climatique peut aussi avoir des effets bénéfiques
Or, il ressort des travaux de très nombreux scientifiques qu’il y a bien des incertitudes sur l’ampleur de
ce réchauffement, sur sa durée, sur ses causes et plus encore sur ses conséquences, décrites
comme catastrophiques par des écologistes dont les discours font penser aux prédictions
millénaristes du “prophète” Philippulus annonçant la fin des temps dans l’Étoile mystérieuse, une
aventure de Tintin. Il n’est pourtant pas interdit de penser que ce réchauffement – s’il se poursuit –
pourrait avoir des effets bénéfiques.
En octobre 2006, soixante et un scientifiques canadiens ont adressé une lettre ouverte au premier
ministre de leur pays, Stephen Harper, pour lui demander l’ouverture d’un débat contradictoire, dont
les citoyens sont aujourd’hui privés. Ils y soulignent que « l’étude des changements climatiques
globaux est une science émergente, sans doute la plus complexe jamais abordée » et qu’il faudra
peut-être attendre de nombreuses années avant d’en comprendre la dynamique. Et d’ajouter : « “Le
changement climatique est une réalité” constitue une expression vide de sens utilisée à maintes
reprises par les militants pour convaincre le public qu’une catastrophe climatique est imminente et que
l’humanité en est la cause. Aucune de ces craintes n’est justifiée. Le climat de la planète change tout
le temps, en raison de causes naturelles, et l’impact humain reste impossible à distinguer de ce “bruit”
naturel. »
21
C’est aussi ce que rappelle Martine Tabeaud, professeur de géographie à l’université Paris I
Panthéon-Sorbonne. « Bien des causes naturelles sont à l’origine de ces changements climatiques. Il
est commode d’opposer, parmi elles, celles qualifiées d’internes, spécifiques de la planète Terre,
comme la dérive des continents qui définit la répartition des terres et des mers, la surrection de
chaînes de montagne, les éruptions volcaniques, l’activité de la biosphère marine et continentale, et
celles dites externes, tributaires de l’émission solaire ou du rayonnement reçu par la planète. »
La Terre est sortie vers 1850 d’une phase que les historiens appellent le “petit âge glaciaire”. Cette
période s’étale sur environ cinq cents ans, du XIVe au milieu du XIXe siècle. Elle est marquée par une
baisse des températures de 1,5° Celsius en été par rapport aux siècles doux qui l’ont précédée. Sous
le règne du Roi-Soleil, le vin gelait dans les verres à Versailles ! Depuis, reconstitutions et mesures
mettent en évidence une hausse des températures de 0,76 ° Celsius entre 1906 et 2005, qui résulte
principalement d’une augmentation des minimales nocturnes. Mais il ne s’agit que d’une moyenne
planétaire : les températures restent à peu près stables dans les zones intertropicales. La prudence
conduirait donc à parler non pas du climat mais des climats : toutes les régions du monde ne sont pas
également affectées.
« Sauver la planète est un slogan qui ne signifie pas grand-chose, car la planète n’est pas une échelle
de travail pertinente », estime Martine Tabeaud. « Il vaudrait mieux raisonner à l’échelle d’ensembles
géographiques, ajoute Yvette Veyret, professeur de géographie à Paris X-Nanterre. L’idée d’une
gouvernance écologique mondiale fait son chemin depuis le sommet de Rio, en 1992 : l’ingérence au
nom de l’environnement paraît désormais aller de soi. Mais on n’impose pas un modèle à l’ensemble
des pays du monde. Chacun a sa culture, son histoire, son passé. Il faut se défier des solutions
apparemment évidentes. »
Faut-il conclure de cette augmentation des températures que le climat s’emballe ? Al Gore, Nicolas
Hulot et les puissantes ONG (Greenpeace, WWF…) qui propagent cette thèse se fondent sur les
travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’étude du climat (Giec), dépendant des Nations
unies.« Les estimations les plus optimistes [du Giec] tablent sur une fourchette d’augmentation d’ici à
2100 allant de 1,8 à 4 o c par rapport à 1990»,r appelle Martine Tabeaud – soit un écart de 2,2 oC. «
Ces scénarios ne sont ni des prévisions ni des prédictions », souligne le géologue Jean Laherrère, qui
s’étonne qu’ils soient « présentés comme des projections dans le rapport et dans les médias». La
géographe Sonja Boehmer- Christiansen en conclut que les rapports du Giec ne suffisent pas à «
fournir une évaluation rationnelle des risques que nous encourons » et qu’ils ne justifient pas d’«
imposer au monde entier des normes contraignantes assorties des pénalités afférentes en cas de
non-respect ».
C’est pourtant sur la foi de ces travaux que les États signataires du protocole de Kyoto se sont
engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, surtout de dioxyde de carbone, présenté
comme l’une des causes principales du réchauffement climatique – d’où l’adoption de la taxe carbone
en France. Le réchauffement résulterait surtout de l’activité industrielle de l’homme.
Or, selon Martine Tabeaud, « c’est la vapeur d’eau [liée notamment à l’évaporation des océans] qui
est la plus grande responsable de l’effet de serre ». Elle représente 3 à 4 % des gaz atmosphériques,
soit cent fois plus que le dioxyde de carbone ! « Pourtant, la modélisation du climat futur est effectuée
avec le CO2 et non avec la vapeur d’eau, plus complexe à prendre en compte. » Si l’on ajoute que les
scénarios climatiques du Giec sont fondés sur des prévisions de croissances économique et
démographique forcément aléatoires, on peut douter du réalisme de ses conclusions.
Faut-il rappeler que, dans les années 1970, de nombreux experts annonçaient que la Terre allait
connaître un refroidissement dramatique ? « Nos calculs suggèrent un refroidissement global pouvant
atteindre 3,5° C. Une telle baisse de la température moyenne terrestre, si elle se poursuivait sur
quelques années, suffirait à déclencher un nouvel âge glaciaire »,écrivait alors le climatologue
Stephen Schneider… qui a participé par la suite aux travaux du Giec !
22
Quand bien même le réchauffement annoncé se produirait, doit-on souscrire aux conclusions les plus
alarmistes ? « Nous fonçons vers l’abîme », a dit le secrétaire général de l’Onu, Ban Kimoon, le 3
septembre, lors de la troisième Conférence des Nations unies, réunie à Genève. En 2006, un
économiste britannique, sir Nicholas Stern, a même estimé dans un rapport constamment cité que le
réchauffement pourrait engendrer, d’ici à 2050, une perte de 5 à 20 % du PIB mondial :« Le
changement climatique […] constitue l’échec du marché le plus important et le plus étendu que l’on
n’ait jamais connu.» Progression des déserts, inondations catastrophiques, canicules meurtrières,
cyclones dévastateurs, migration de millions de “réfugiés climatiques”… « On est dans l’hystérie du
“tout catastrophe”, estime Yvette Veyret. Or toute transformation de la nature n’est pas forcément
catastrophique, et tout aménagement n’est pas dramatique. » Le quart du territoire des Pays-Bas se
situe sous le niveau de la mer. Il n’a pas pour autant été submergé : « Ses habitants ont construit des
digues et des écluses », explique le professeur Alain Miossec, qui a dirigé l’Institut de géographie de
1997 à 2002. « Il existe des solutions techniques », poursuit-il en soulignant que l’élévation du niveau
des mers reste progressive. Lui aussi refuse de céder au “pessimisme foncier” que propagent de
nombreux médias.
Le mythique passage du Nord-Ouest pourrait être libéré de ses glaces
« Les études historiques ont montré que, durant les périodes chaudes, les sociétés repoussent leurs
limites, souligne Martine Tabeaud. Du Xe au XIIIe siècle, par exemple, l’optimum médiéval, en
Europe, a permis la conquête de nouveaux espaces [le Groenland – c’est-à-dire la “terre verte” – si
souvent évoqué], le progrès des échanges, les grands défrichements agricoles pour des assolements
limitant de plus en plus la jachère, l’expansion urbaine et le mouvement communal. En Russie, en
Asie, en Amérique, les aires de culture progressent vers le nord. » Bien qu’il faille se garder de tout
déterminisme climatique, ne peut-on pas imaginer qu’il en sera de même demain ?
Le réchauffement et la fonte des glaces, dans l’Arctique, pourraient autoriser l’exploitation de
richesses que l’on ne peut pas atteindre aujourd’hui : des métaux, des diamants et,bien sûr,des
hydrocarbures. Selon les Américains, l’Arctique recèlerait le quart des réserves mondiales de gaz et
de pétrole (chiffre à prendre avec précaution car nous n’en sommes qu’au début des explorations).
Ces richesses suscitent la convoitise des Russes, qui sont allés planter leur drapeau à la verticale du
pôle Nord, dans l’océan Glacial Arctique par 4 300 mètres de fond, le 2 août 2007.
Le changement climatique pourrait favoriser l’ouverture de nouvelles routes maritimes : on pense aux
mythiques passages du Nord-Ouest et du Nord-Est, qui permettraient de relier l’Europe à l’Asie via les
régions polaires débarrassées de leurs glaces. Une route beaucoup plus courte (environ 16 000
kilomètres) que celles passant par le canal de Suez (21 000 kilomètres) ou celui de Panamá (23 000).
Même s’il faut, là aussi, se garder de conclusions hâtives : cette route restera sans doute encombrée
de glaces dérivantes qui freineront les bateaux qui voudraient l’emprunter, comme l’a démontré
Frédéric Lasserre, professeur à l’université Laval (Québec), lors du passionnant Festival international
de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, dont la vingtième édition s’est achevée la semaine dernière.
En matière agricole, le réchauffement pourrait permettre la mise en valeur de terres aujourd’hui
gelées, donc impropres à la culture, dans le domaine sibérien, par exemple – ce qui prendrait
cependant du temps. Une hausse des rendements agricoles dans les zones tempérées est en tout
cas prévisible.
L’on peut penser aussi que le changement climatique favoriserait des économies d’énergie en hiver –
mais pourrait se traduire par des dépenses nouvelles liées à la climatisation en été… En matière de
santé, certains évoquent l’extension des zones de paludisme, par exemple, mais l’on peut prévoir que
la mortalité liée aux maladies hivernales diminuera.
Bon nombre de chercheurs redoutent que le catastrophisme climatique ne détourne la communauté
scientifique de problèmes bien plus concrets : «Des volets entiers de la recherche risquent d’être
marginalisés en termes de financement, remarquait Yvette Veyret dans la revue Diplomatie, en
décembre 2007.Des programmes de recherche sur l’environnement qui ne feraient pas référence au
développement durable ou au réchauffement risquent en effet d’être décrédibilisés. […] Au total, cette
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“crise écologique mondialisée” ne revient-elle pas à masquer les vrais problèmes de l’humanité
d’aujourd’hui qui sont d’abord et avant tout le mal-développement, la pauvreté, l’analphabétisme, la
santé des populations ? »
Si tant d’habitants de Brazzaville, par exemple, manquent d’eau potable, ce n’est pas en raison de sa
rareté : la ville est irriguée par le fleuve Congo. C’est qu’ils n’y ont pas été raccordés, et que le réseau
des eaux usées est défaillant. Or Brazzaville fait partie des villes ayant la meilleure “empreinte
écologique”, mesure qui traduit l’impact des activités humaines sur les écosystèmes. À l’aune de ce
seul critère, le Burkina Faso, le Bénin, la Bolivie et le Costa Rica figurent au premier rang des
modèles “écologiquement corrects”.
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Document n°11
Entretien. L’ancien ministre poursuit son combat contre le catastrophisme écologiste dans son livre "l'Imposture
climatique".
La charge de Claude Allègre contre le climatiquement correct
. Valeurs actuelles jeudi, 25/02/2010
Par Eric Branca et Josée Pochat
Dans son dernier ouvrage, "L'Imposture climatique ou la Fausse Ecologie",
Claude Allègre démonte le mythe de la responsabilité humaine dans le
réchauffement climatique.
Le climat n’est pas à la botte des Verts. Certains de nos lecteurs se souviennent peutêtre de cette phrase, écrite par notre ami André Bloch dans notre numéro du 15 août
2003, au cœur de la pire vague de chaleur que la France ait connue depuis les années
cinquante. Loin de sous-estimer les conséquences dramatiques de cet épisode, André
Bloch expliquait au contraire que le réchauffement climatique était un fait… Mais qu’il
n’était qu’une péripétie de plus – courte ou longue, qui peut le savoir ? – dans la longue
histoire d’un climat qui aura connu ses pires variations (lesquelles furent parfois des
cataclysmes) quand l’homme et a fortiori l’industrie n’existaient pas !
Prudent, notre collaborateur avertissait toutefois : « La raison, qui doit se méfier des
millénaristes de tout poil – en l’occurrence l’intégrisme vert –, doit aussi prendre en
compte l’intérêt des générations futures en refusant de faire comme si tout devait,
toujours, aller pour le mieux. »
N’est-ce pas très exactement ce que fait Claude Allègre, dont la démarche de
scientifique, qui se refuse à toute caricature, pointe du doigt les vraies questions – celles
sur lesquelles l’homme peut et doit agir, à savoir l’accès à l’eau, et la faim dans le monde
?
« Toutes les six secondes, rappelle-t-il, un enfant meurt de faim. Et chaque jour, dix
mille personnes, par manque d’eau potable. » Pourtant, rappelle-t-il, « pas un seul chef
d’État ne s’est déplacé au sommet sur l’eau ». Mais pas un seul, de fait, ne manquait à
l’appel, en décembre dernier, au sommet de Copenhague sur le climat où il était de bon
ton de se montrer, puisque, de Daniel Cohn-Bendit à Al Gore en passant par Nicolas
Hulot, les arbitres de l’élégance écologique l’avaient recommandé…
Déjà, pourtant, l’édifice médiatique construit sur le postulat d’une responsabilité de
l’homme dans le dérèglement climatique commençait à se fissurer : en novembre
dernier, le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) était
pris en flagrant délit de manipulation des données par des indiscrets ayant eu accès à ses
courriels. Ce fut le début de ce que, outre-Atlantique, on appelle désormais le
“climategate”. Où s’arrêtera- il ? Le 23 janvier, le Giec revenait sur l’une de ses
prévisions les plus apocalyptiques concernant la fonte des glaciers de l’Himalaya. Et le 14
février, il admettait avoir péché par « imprécision » à propos de la superficie du territoire
hollandais menacée de submersion par la hausse du niveau de la mer.
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Que penser, en outre, de la démission spectaculaire du Néerlandais Yvo de Boer, chargé
de ce dossier au sein de l’Onu, que ses amis présentent comme une coïncidence, mais
qui pourrait être liée aux doutes croissants qu’inspire sa doctrine ?
Géochimiste, membre de l’Académie des sciences, titulaire, en 1986,du prix Crafoord
(équivalent du prix Nobel dans sa discipline) et, en 1994, de la médaille d’or du
CNRS,Claude Allègre, lui, n’a jamais varié. Ce qu’il nous dit ici n’en a que plus de valeur.
Pour l’ancien ministre socialiste, les politiques, de droite comme de gauche, sont tombés
dans le piège des écologistes, qui imposent une idéologie dangereuse, inefficace pour
l’environnement et handicapante pour l’économie. ÉRIC BRANCA
Valeurs actuelles : Quelles sont les conséquences des discours expliquant que la
planète est en danger, auxquels vous ne croyez pas ? On nous prédit un
bouleversement climatique dans un siècle. Que sont devenues les grandes
prédictions de cette veine ? Claude Allègre : La météo nationale nous promettait un
hiver méditerranéen, et il fait particulièrement froid. Après la canicule de 2003, on a
entendu que c’était la première d’une longue série. Depuis, les étés sont normaux. Ces
prévisionnistes mériteraient d’être poursuivis. C’est comme si l’Institut de physique du
globe de Paris annonçait que toute la région autour de Menton risquait de subir un gros
tremblement de terre. Immédiatement, le prix du foncier baisserait. On ne peut pas
jouer avec ces sujets lourds de conséquences. Le moral des Français et des Européens
est au plus bas. Au lieu d’avoir l’esprit d’entreprise, d’aller de l’avant, nous sommes, au
nom de toutes ces peurs, dans le repli sur soi.
Quels sont les effets de ce moral en berne ? Le moral d’un pays est un facteur
essentiel de son dynamisme économique. L’une des grandes forces des États-Unis, c’est
que chaque Américain, aujourd’hui encore, se pense capable de changer le monde. En
Europe, nous avons fabriqué une population de craintifs. On l’a bien vu très récemment
lors de l’épidémie de grippe H1N1. Et rappelons-nous le grand bug de l’an 2000, quand
on nous expliquait que les banques ne fonctionneraient plus, que les avions resteraient
cloués au sol. Nous avons dépensé des sommes folles pour contrer ce soi-disant bug.
J’étais ministre à l’époque, j’ai dû participer à trois Conseils ministériels où l’on me
décrivait l’apocalypse à venir. Autre exemple, avec l’épisode de la vache folle, où l’on a
quand même exécuté trois cent mille vaches. Un pays qui n’assume pas l’idée du risque
n’avance plus. Le risque, c’est la vie.
Nous avons au contraire le culte du risque zéro. En Europe, la courbe de suicide des
jeunes a considérablement augmenté. Dans ma génération, elle était marginale. Les
jeunes se suicident parce qu’ils ne croient plus en l’avenir. C’est pourquoi je combats ces
fausses peurs.
Les politiques, jusqu’à la droite, ont fini par adhérer aux thèses écologiques…
Malheureusement. En entraînant les politiques dans cette croyance du réchauffement
climatique, on a négligé les vraies priorités : l’eau, la faim dans le monde. Toutes les six
secondes, un enfant meurt de faim dans le monde. Chaque jour, dix mille personnes
meurent par manque d’eau potable. C’est terrible. Et pas un seul chef d’État ne s’est
déplacé au sommet sur l’eau à Ankara. Ils n’ont même pas réussi à faire voter le principe
du “droit à l’eau”.
À la place, on instaure la taxe carbone, qu’en pensez-vous ? Je pense que cette
taxe, pour la France seule, ne sert à rien et n’aura aucun effet sur le climat. On réussira
seulement à handicaper un peu plus nos entreprises. Maintenant, si l’on réussissait à
faire une taxe carbone dans toute l’Europe en la réinvestissant dans le développement
26
des économies d’énergie et des énergies nouvelles, ce serait positif. La taxe carbone aux
frontières serait un moyen de taxer les importations. Ce sont des méthodes cachées pour
retrouver un peu de protectionnisme. Car il faut appeler les choses par leur nom.
Iriez-vous jusqu’à dire que le Grenelle de l’environnement était inutile ? L’idée
était bonne mais le projet n’a pas été bien mené, parce que le gouvernement s’est mis
sous la coupe des écologistes. Ce qui a été fait dans l’habitat, en proposant des
déductions fiscales à ceux qui isolaient leur logement, est à mon sens positif. En
revanche, le Grenelle a malheureusement fait l’impasse sur le nucléaire de quatrième
génération. La technologie actuelle, qui produit beaucoup de déchets, n’est pas
satisfaisante. Rien n’a été dit, non plus, sur la géothermie, pour chauffer les bâtiments.
Associée au photovoltaïque, cette technologie permet quasiment de rendre les bâtiments
autonomes en matière énergétique. Impasse sur l’eau, encore, et sur les OGM, alors que
l’agriculture française est en péril. On demande aujourd’hui aux agriculteurs de respecter
des normes sur les pesticides. Pour répondre à ces exigences, les OGM sont nécessaires.
Ils consomment moins d’eau et permettent d’éviter les pesticides. Or, on les interdit.
Résultat, le Grenelle de l’environnement handicape l’économie française. Les écologistes
ont gagné, nous sommes aujourd’hui dans leur idéologie, celle de la décroissance.
Vous allez finir par nous faire croire que les écologistes sont dangereux… Leur
grande imposture, c’est d’avoir fait croire que la priorité numéro un était la lutte contre le
soi-disant réchauffement climatique. L’être humain s’est toujours adapté aux variations.
N’oublions pas que le froid tue plus que le chaud. Il y a deux mois, on n’en a quasiment
pas parlé, mais une vague de froid a fait deux cents morts à Varsovie. Depuis le sommet
de Kyoto, on multiplie les colloques, les rapports et les réunions, sans agir. Les
écologistes, j’en suis persuadé, veulent détruire la société dans laquelle nous sommes.
Ils sont effectivement dangereux. Leur idéologie ressemble beaucoup au communisme.
L’idée de départ était généreuse et on voit ce qu’elle a donné. Le principe selon lequel il
faut s’occuper de la planète est similaire. Qui peut s’élever contre la volonté de sauver la
planète ? La fin du communisme a laissé un vide idéologique et tous les protestataires se
sont reconvertis dans l’écologie. C’est là que Sarkozy a fait une faute politique majeure
en pensant qu’il réussirait à les séduire. Il n’y arrivera jamais. En revanche, en les
promouvant, il va probablement assurer la défaite de Valérie Pécresse en Île-de-France.
La gauche n’est-elle pas encore plus enfermée que la droite dans ce discours
écologique ? Les socialistes n’ont plus de discours écologique depuis des années,
pendant lesquelles ils n’ont ni réfléchi ni travaillé. Maintenant, ils sont coincés dans leur
alliance avec les Verts, dont ils ont besoin des voix. Ils ne peuvent que s’aligner. Seul
Benoît Hamon a commencé à émettre des doutes sur le réchauffement climatique. Yves
Cochet a encore, il y a quelques semaines, milité pour la suppression des allocations
familiales après le premier enfant, en expliquant qu’un Français, en termes de pollution,
vaut dix Congolais. Selon lui, le développement de la population africaine n’est pas un
problème parce qu’elle ne pollue pas. Mais il faut stopper la progression de la population
française. On est tombé sur la tête. Heureusement, les Français croient de moins en
moins à la thèse du réchauffement. C’est un premier pas vers la raison.
Propos recueillis par Josée Pochat
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Document n°12
La documentation française Mars 2010
Les controverses autour du réchauffement climatique
Ce qu'il faut retenir
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et les thèses qu'il
soutient font, depuis quelques mois, l'objet de vives controverses. En effet, le
« climategate » - la publication de courriels de climatologues qui traduiraient, selon
certains, une volonté concertée de manipuler les chiffres ou les données afin d'exagérer
l'importance du changement climatique - et une lourde erreur du GIEC concernant la
vitesse de la fonte des glaciers himalayens ont quelque peu discrédité cette institution au
cours des derniers mois.
Par-delà ces épisodes, c'est parfois le principe même de la création d'une enceinte
scientifique internationale visant à faire émerger un consensus sur la question du climat qui
est remis en question : le résumé du rapport du GIEC « à l'attention des décideurs » est
publié avant le rapport scientifique complet et nécessite l'approbation préalable de
représentants des gouvernements, les opinions divergentes ne figurent pas dans la
conclusion finale, la recherche du consensus pourrait être de nature à étouffer l'émergence
de la vérité scientifique etc.
La vulnérabilité nouvelle du GIEC comme des thèses qu'il soutient semble avoir donné un
nouveau souffle aux climato-sceptiques. Mais les thèses de ces derniers se révèlent très
disparates : absence de validité de la construction d'une courbe moyenne de la
température mondiale, décroissance de la température entre 1940 et 1970 alors que les
émissions de CO2 progressaient, rôle de l'activité solaire dans les variations des
températures, lacunes dans la modélisation de l'évolution du climat, coût exorbitant d'une
réduction drastique de nos réductions de CO2, en particulier pour les pays en
développement dont la croissance est plus émettrice de CO2 que celle des pays
développés, etc.
Le « climategate » - la déontologie du GIEC mise en cause
A la fin du mois de novembre 2009, soit quelques semaines avant l'ouverture de la
conférence de Copenhague, des hackers sont parvenus à s'introduire dans le réseau
informatique de l'un des principaux centres mondiaux de recherche sur le climat, le
Climate Research Unit (université d'East Anglia, Angleterre). Ils ont ensuite rendu public
près de 3 000 documents et 1 000 courriels échangés avec certains membres du Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Certains de ces courriels
témoigneraient, aux yeux des climato-sceptiques, d'une volonté concertée de manipuler
les chiffres ou les données - il est en particulier fait état, dans l'un de ces courriels, d'une
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« astuce » destinée à « cacher le déclin » des températures. Le but de ces manipulations
ou dissimulations serait d'exagérer l'importance du changement climatique pour conforter
la vision dominante d'un réchauffement rapide, constant, aux origines essentiellement
anthropiques et aux conséquences désastreuses à moyen terme.
Si certains estiment qu'il s'agit d'un authentique scandale, de nombreux scientifiques
jugent dérisoire et sans fondement la polémique suscitée par cette affaire, estimant que
rien ne permet, pour l'heure, de remettre en cause le consensus actuel sur le climat et son
évolution. Ainsi la célèbre revue Nature a-t-elle, dans son éditorial du 3 décembre 2009,
estimé que « une lecture attentive des courriels ne révèle rien qui corrobore les théories
conspirationnistes des climato-sceptiques ».
La fonte des glaciers himalayens - la crédibilité du GIEC contestée
Le « climategate » a cependant quelque peu entamé la crédibilité du GIEC, tout comme
un autre épisode, intervenu en janvier 2010. En effet, une lourde erreur du GIEC, figurant
dans le rapport 2007 - et d'ailleurs reconnue par son président, Rajendra Pachauri - a en
effet été mise à jour. Dans un chapitre du rapport consacré aux impacts du réchauffement
en Asie, le GIEC indique en effet que « les glaciers de l'Himalaya se rétractent plus vite
que dans n'importe quel autre lieu dans le monde » et ajoutait que « si le rythme se
maintient et que la Terre continue de se réchauffer à la vitesse actuelle, la probabilité pour
qu'ils disparaissent d'ici à 2035, peut-être avant, est très grande ». Cette prévision est
désormais reconnue comme peu fondée scientifiquement, la disparition de ces glaciers ne
pouvant intervenir qu'à un horizon beaucoup plus lointain (sans doute plusieurs siècles).
De la même manière, le lien entre le réchauffement de la planète et l'augmentation du
nombre et de la violence des catastrophes naturelles (comme les ouragans), n'apparaît
plus aujourd'hui solidement établi.
Recherche du consensus ou « terrorisme intellectuel » ?
Par-delà ces épisodes, c'est parfois le principe même de la création d'une enceinte
scientifique internationale visant à faire émerger un consensus sur la question du climat
qui est remis en question.
Les rapports du GIEC sont composés d'un rapport scientifique de près de 1 000 pages
ainsi que d'un « résumé technique » de 58 pages et enfin d'un « résumé à l'attention des
décideurs » de 25 pages. Or, comme le souligne Vincent Courtillot, professeur de
géophysique à l'université Paris-VII et directeur de l'Institut de géophysique du globe de
Paris, le « résumé à l'attention des décideurs » a, en 2007, été publié avant le rapport
scientifique complet et a nécessité l'approbation préalable de représentants des
gouvernements.
Courtillot remarque que l'analyse du consensus exprimé dans ces rapports « nécessite [.]
de faire appel aux sciences humaines et sociales, pour y déchiffrer les relations de pouvoir
et d'influence entre les participants, sans parler de l'exclusion discrète des contestataires,
qui s'expriment par le biais de notes infrapaginales dans le gros rapport que très peu de
gens lisent mais qui n'existent plus dans la conclusion finalement retenue ».
Il ajoute que « toutes les grandes découvertes en sciences sont minoritaires au moment
de leur émergence » et qu' « un processus de type GIEC ne peut qu'étouffer cette
émergence ». Le GIEC, par sa vocation même (construire un consensus quand la fertilité
du débat scientifique résulte au contraire des oppositions et des controverses) comme par
les jeux de pouvoirs qui s'y expriment, constituerait donc un obstacle à l'apparition de la
vérité scientifique.
Claude Allègre va même jusqu'à affirmer que « le GIEC a constitué un groupe de pression
ayant des pratiques totalitaires imposant une vérité officielle, contrôlant les revues
scientifiques, empêchant l'expression des opinions contradictoires et mettant donc à bas
le mécanisme essentiel de la science qui est le libre débat d'idées ». Pour le fondateur de
l'Institut Hayek, Drieu Godefridi, « le « réchauffisme » aura été la plus grande imposture
intellectuelle de la science moderne » car « jamais [.] autant d'argent et d'énergies [.]
n'auront été mis au service d'une démarche politique drapée des oripeaux ennoblissants
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de la science ».
Le climato-scepticisme, un courant polymorphe
La vulnérabilité nouvelle du GIEC comme des thèses qu'il soutient semble donc avoir
donné un nouveau souffle aux thèses climato-sceptiques.
Celles-ci sont cependant très diverses. En effet, outre ceux qui remettent en cause la
légitimité du GIEC, sont considérés comme climato-sceptiques tous ceux qui refusent
l'une ou l'autre des propositions suivantes :
- le réchauffement du climat est sans équivoque et particulièrement rapide ;
- il a des causes essentiellement ou majoritairement anthropiques (les émissions de gaz à
effet de serre résultant de l'activité humaine) ;
- la température moyenne devrait croître de plusieurs degrés au cours du XXIème siècle (de
1,8 à 4°C d'ici 2100 par rapport au niveau moyen observé au cours de la période 19801999) ;
- cette augmentation aura, pour l'humanité, des conséquences négatives (dans le cas
d'une augmentation relativement faible des températures, de l'ordre de 2°C), ou
catastrophiques (si la hausse s'approche du haut de la fourchette) ;
- le changement climatique constitue en conséquence le principal défi auquel se trouve
actuellement confrontée l'humanité et il convient de tout mettre en oeuvre, quel qu'en soit
le coût, pour endiguer le phénomène ;
- pour ce faire, la principale action à adopter consiste à réduire drastiquement nos
émissions de gaz à effet de serre.
A une controverse scientifique se mêlent donc des considérations de nature politique
économique et sociale. Le débat autour du climat a ainsi de multiples dimensions. De
sorte que sont considérés comme climato-sceptiques :
- ceux qui remettent en cause la validité même de la construction d'une courbe moyenne
de la température mondiale ;
- ceux qui font remarquer que la température a certes crû de 1910 à 1930 environ mais
aussi décru de 1940 à 1970 (alors que les émissions de CO2 progressaient continûment
sur la même période), puis progressé derechef jusqu'en 1998, avant de décroître à
nouveau ;
- ceux qui émettent l'hypothèse que le rôle de l'activité solaire dans les variations des
températures aurait été sous-estimé ou/et que la sensibilité de l'atmosphère au CO2 a
jusqu'ici été surestimée ;
- ceux qui jugent déraisonnable la confiance accordée à la modélisation de l'évolution du
climat alors que toutes les variables ne sont pas connues et que la pondération de celles
dont nous disposons peut apparaître grandement incertaine ;
- ceux qui, acceptant comme base de leur réflexion les conclusions du GIEC, jugent une
réduction drastique de nos réductions de CO2 trop coûteuse, en particulier pour les pays
en développement dont la croissance est plus gourmande en énergie, plus émettrice de
CO2 et néanmoins plus urgente et plus indispensable que celle des pays développés ;
- ceux qui rappellent que les ressources engagées dans la lutte contre le changement
climatique ne pourront être affectées à d'autres causes et nombreux défis à relever (faim,
malnutrition, éducation, émancipation des femmes, lutte contre le Sida, le paludisme,
etc.), etc.
La vigueur, voire la violence actuelle des controverses autour du changement climatique
tient donc non seulement à l'affaiblissement de l'autorité scientifique du GIEC mais aussi à
la multiplicité, et au caractère polyphonique (et parfois contradictoire) des thèses
défendues par les climato-sceptiques.
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30
Document n°13
http://fr.euronews.net/2009/11/24/fonte-glaces-degel-permafrost-au-coeur-du-debat-sur-le-rechauffement-climatique/
Le débat sur le réchauffement climatique
24/11/09 15:01 CET
Au Groenland, les hivers sont de plus en plus courts et les icebergs de plus en plus petits.
Deux signes qui ne trompent pas. Les températures ne cessent d’augmenter.
En 2007, le recul annuel de la banquise avait atteint un niveau record. En 2008 et 2009,
le recul est moins prononcé. Deux éléments sur lesquels s’appuient les sceptiques du
changement climatique. La nature est en action et elle seule comme l’explique ce
professeur à l’université suédoise d’Uppsala : “La glace de l’Arctique fond depuis
longtemps, de plus ou moins 10%. Mais maintenant elle progresse à nouveau au même
niveau. Tous ces changements sont probablement dû aux courants dans le Pacifique”.
Mais selon le comité du changement climatique des Nations Unies, les glaces de
l’Arctique constituent un puits de carbone, dont le rôle est menacé par le réchauffement
climatique. “Si les glaces de l’Arctique disparaissent plus ou moins complètement même
en été, cela pourrait entraîner nombres de changements sur l‘écosystème, sur la faune et
pour les populations vivant dans cette région”.
C’est le même phénomène et la même controverse dans la péninsule de Yamal en
Sibérie. Un géographe surveille le dégel du permafrost. Un sol perpétuellement gelé
depuis la fin de l’Age de Glace, il y a 30 000 ans. Il frappe sur le permafrost : “C’est le
son du permafrost, c’est sa voix”.
Contrairement aux sols actifs, le permafrost ne décompose pas son carbone, ce dernier
est piégé dans le sol gelé sauf si la température vient à augmenter comme l’explique ce
géographe : “L’ensemble de la matière organique qui est présente dans le permafrost
contient un important niveau de dioxyde de carbone et il sera libéré en cas de fonte du
permafrost”.
A Moscou, l’une des directrices de l’Institut de la Cryosphère terrestre affiche clairement
son scepticisme sur l’origine humaine du dégel du permafrost. “C’est un corps géologique
qui s’est développé depuis des milliers d’années. Il ne peut pas y avoir un impact de
l’activité humaine en seulement quelques décennies”
Ce phénomène est-il strictement naturel ou l’homme a-t-il un réel impact ? Le débat fait
rage.
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Document n°14
Jean-Louis Etienne : "Claude Allègre n'élève pas le débat, il le nie"
http://www.latribune.fr/green-business/20100607trib000516958/jean-louis-etienne-claude-allegre-n-eleve-pasle-debat-il-le-nie.html
L'ancien médecin vient de terminer une expédition en ballon au pôle Nord. Il en revient plus
que jamais convaincu de ce qu'il appelle «l'urgence énergétique». Pour lui, une partie de la
polémique déclenchée par les "climato-sceptiques" et en particulier par l'ancien ministre
Claude Allègre tient à des considérations financières. Cliquez pour lire l'intégralité de
l'entretien qu'il a accordé à La Tribune.
La Tribune : Vous rentrez d'une expédition au cours de laquelle vous avez survolé le Pôle
Nord. Qu'avez-vous constaté ?
Jean-Louis Etienne : L'Arctique est la région qui est la plus touchée au monde par le réchauffement
climatique. La banquise se réduit en épaisseur et en surface. Elle se brise de plus en plus et les zones
d'eaux libres se multiplient. Ces zones foncées absorbent la lumière solaire alors qu'elles la
réfléchissaient quand elles étaient blanches. Plus elles absorbent la lumière, plus la banquise fond et
le processus s'emballe. C'est un cercle vicieux. La première fois que je suis allé au Pôle Nord en
1985, les crêtes de compression, qui résultent de la superposition de plaques de glace, mesuraient 8
mètres de haut. Aujourd'hui, elles n'atteignent plus que 4 à 5 mètres. En l'espace de 60 ans, la
température y a progressé de 2 °C. En comparaison, la température moyenne sur la Terre a
augmenté de 0,8°C en un siècle.
Quelles sont les conséquences à l'échelle locale ?
Les populations autochtones, qui se déplaçaient sur la glace sont affectées dans leur vie quotidienne,
tout comme le reste de l'écosystème et notamment l'ours polaire qui ne chasse que sur la glace.
Donc l'ouverture de nouvelles routes commerciales se précise.
Le tourisme bénéficie actuellement de la fonte de la banquise, avec des voies navigables qui s'ouvrent
pendant la période estivale. En termes de navigation commerciale, les perspectives sont moins
claires. La banquise sera présente encore pendant longtemps. Par ailleurs ces zones sont mal
cartographiées et pour les traverser il faudrait des bateaux renforcés pour affronter la glace. Les
équipages devraient avoir des qualifications spécifiques. Faire naviguer les bateaux dans ces
conditions entraînerait une dépense d'énergie et un coût considérables. Pour être exploitées, les
nouvelles voies maritimes demanderaient des investissements très importants. Ce n'est pas pour
demain. En revanche la fonte de la banquise ouvre de nouveaux champs de pêche.
Et quelles sont les conséquences climatiques de la fonte de la banquise ?
Ce qui se passe dans l'Arctique concerne tout l'hémisphère Nord et donc la planète. La machine
climatique repose sur un équilibre entre la chaleur tropicale et le froid des pôles. La Terre tend
spontanément vers un équilibre qui passe par un échange entre la chaleur tropicale et le froid polaire.
Mais à présent, le froid faiblit au pôle Nord et nous allons vers un excédent de chaleur dans
l'hémisphère Nord. Ce dérèglement est lié à une augmentation des émissions de gaz carbonique et
de l'effet de serre. C'est comme si nous laissions ouverte la porte du frigo.
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Les climato-sceptiques ont donc tort ?
La température a augmenté de 0,8°C en un siècle. C'est une valeur scientifique. En médecine, une
telle hausse de température constitue une petite fièvre, qui n'est pas forcément perceptible mais
permet de diagnostiquer qu'une personne couve une maladie. C'est ce qui arrive à la Terre. Elle
couve une maladie. Les taux de dioxyde de carbone et de méthane ont augmenté très rapidement
depuis le début de l'ère industrielle. On ne peut pas nier le réchauffement climatique. Ce groupe de
climato-sceptiques s'est constitué sur la base d'enjeux financiers.
Que voulez-vous dire ?
Les sciences de la Terre, la géologie, ont été soutenues par des contrats de recherche avec les
compagnies pétrolières. Mais aujourd'hui, l'intérêt s'est déplacé sur une autre science, la climatologie,
qui est toute neuve. Elle est une synthèse de plusieurs approches, mais elle est en vogue et draine
les budgets. Cela fait peut-être partie de l'irritation de Claude Allègre, qui a été directeur de l'Institut de
géophysique du globe. Il n'élève pas le débat, il le nie. Mais son discours ne dépasse pas le
département français.
Le réchauffement climatique est-il devenu un nouveau dogme ?
La notion du climat est aujourd'hui biaisée car elle est tombée dans le débat populaire et des
populistes s'en sont saisis pour la réduire à une question de perception de chaleur alors que cette
notion relève d'une discussion scientifique de haut niveau. Il ne faut pas cantonner le débat à des
histoires de météo. Les pouvoirs politiques sont dans une situation inconfortable entre une opinion
publique qui réclame une action contre le réchauffement annoncé et une quasi-impossibilité de
répondre pour l'instant à la demande énergétique avec des énergies non carbonées. Si les énergies
renouvelables pouvaient satisfaire 20 % de la demande énergétique, le problème se poserait
autrement. Mais les technologies manquent. C'est l'équation du siècle : comment va t-on réussir à
passer en quelques décennies de 85 % de dépendance au pétrole, au gaz et au charbon à d'autres
énergies. Pour parvenir à ces 20% d'énergies non carbonées il faudrait que les gens ressentent
vraiment le danger du réchauffement.
Il y a urgence ?
Il y a une urgence énergétique. Les pays du Sud ont un besoin croissant d'énergie pour assurer leur
développement. D'ailleurs les Chinois se sont mis à fond dans les nouvelles énergies grâce au solaire,
à l'éolien, à la pile à combustible, etc. Chez nous, l'approche des énergies renouvelables est très
homéopathique. La R&D dans les énergies renouvelables est encore insuffisante. Si Obama était
arrivé à Copenhague en décembre dernier avec une pile à combustible magique et des panneaux
solaires hyperperformants en disant : « On va pouvoir satisfaire 20 % de nos besoins d'énergies
fossiles par d'autres énergies », la planète aurait suivi ». Il faut réveiller les nations autour de la
renaissance énergétique. Il y a des perspectives énormes dans l'énergie pour les générations à venir.
Le premier bras de levier efficace sur lesquels on peut agir très vite, ce sont les économies d'énergie
dans l'habitat et les transports. À un niveau personnel, des progrès peuvent déjà être faits en optant
pour une vie moins dispendieuse, plus sobre. Mais il faudrait substituer des valeurs, éthiques,
spirituelles ou autres, à l'hyperconsommation actuelle.
Quelles sont les énergies capables de remplacer le pétrole ?
On ne sait pas encore par quoi on pourra remplacer le pétrole, qui a une densité énergétique
inégalée. La question énergétique est très sensible car elle touche à la souveraineté des Etats et aux
libertés individuelles. Il faut proposer des solutions énergétiques équivalentes. La seule énergie qui
offre aujourd'hui une densité énergétique suffisante pour satisfaire la demande, c'est le nucléaire.
Mais la réponse énergétique proviendra d'une somme de sources énergétiques : le solaire, du
thermique, l'éolien, la géothermie, les énergies des mers. On va vers une décentralisation
énergétique. Les futurs vecteurs de l'énergie seront l'électricité et l'hydrogène. Mais il y a encore du
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chemin à faire avant de parvenir à la voiture électrique. L'énergie qui est dans un litre d'essence
représente 2500 watt/heure au kilo. Or la meilleure pile au lithium représente 150 watt/heure.
Quand pensez-vous que l'état des réserves en pétrole va devenir critique?
Il faut voir cela à l'horizon du demi-siècle. Mais le « peack oil » est repoussé régulièrement. Il y a de
gros progrès faits dans l'exploitation et les pétroliers gardent le silence sur leurs réserves. Quand le
prix du brut remontera, de nouvelles exploitations reprendront, car c'est là-dessus que les compagnies
pétrolières gagnent de l'argent.
Quels sont les pistes du renouveau énergétique ?
Nous avons du soleil et du vent. Que fait-on vraiment de cela ? Dans l'énergie solaire, on pense au
photovoltaique pour faire de l'électricité. Mais le solaire thermique aussi peut être exploité. Toutes les
ressources énergétiques sont solaires, même le pétrole et le charbon. Comment pourrait-on dès lors
fabriquer un soleil sur terre : c'est tout l'enjeu du projet Iter, où l'on cherche à maîtriser la fusion des
noyaux d'hydrogène. Mais c'est l'affaire d'un siècle.
Quelle sera votre prochaine expédition ?
Je pourrai repartir sur un bateau pour des missions océanographiques et pédagogiques.
Propos recueillis par Laurent Chemineau et Ingrid Seithumer
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Concours externe de lieutenant de sapeurs‐pompiers professionnels, session 2010 Proposition de corrigé Note de synthèse Monsieur le Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers Sapeurs-Pompiers,
Introduction
Aujourd’hui, fait rage un débat qui mobilise les organisations internationales,
certains Etats, des groupes de pression, des partis politiques et des associations qui
nous alertent sur le réchauffement climatique et ses conséquences sur le plan humain
et environnemental. Globalement, ces bouleversements résulteraient surtout de
l’activité humaine. Toutefois, la plupart de ces thèses sont contestées aujourd’hui.
Pour ce faire, nous allons rappeler, dans un premier paragraphe, les différentes
positions qui nous mettent en garde contre les effets redoutables du réchauffement
climatique, que nous opposerons, dans un second paragraphe, aux opinions des
climato-sceptiques qui contestent vigoureusement les discours alarmistes sur l’avenir
de la planète.
I. Les effets néfastes
I.1. Phénomènes climatiques majeurs
I.1.1. Multiplication des canicules meurtrières ;
I.1.2. Cyclones dévastateurs ;
I.1.3. Elévation de la température d’ici 2100 de 1,8 à 4° C par rapport à 1990 ;
I.2 Les mers et l’approvisionnement en eau douce
I.2.1. Modification des cycles hydrologiques ;
I.2.2. Inondations des zones côtières (îles ou rivages engloutis par la montée
des eaux) ;
I.2.3. Augmentation de la désertification.
I.3. Conséquences
I.3.1. Concentration atmosphérique de gaz à effet de serre associée aux
activités humaines ;
I.3.2. Raréfaction des ressources alimentaires ;
I.3.3. Migration de millions de « réfugiés climatiques »
II. Les thèses opposées à cette menace
II.1. Généralités
II.1.1. L’homme n’aurait pas d’influence significative sur l’évolution du climat ;
II.1.2. Beaucoup d’incertitudes subsistent sur l’ampleur du réchauffement
climatique ;
II.1.3. On ne peut associer développement des conflits et dérèglement
climatique.
II.2. Température et Climat
II.2.1 Températures
II.2.1.1. Remise en cause de la validité d’une courbe moyenne de la
température mondiale ;
II.2.1.2. La température moyenne n’augmente pas, il y a des périodes
historiques plus ou moins chaudes ;
II.2.1.3. Sous estimation du rôle de l’activité solaire dans les variations de
températures.
II.2.2 Le climat
II.2.2.1. Les modèles climatiques ne peuvent pas servir à prévoir le climat audelà de quelques jours ;
II.2.2.2. Le climat de la planète change en permanence de façon naturelle et
l’impact humain reste impossible à distinguer ;
II.2.2.3. Surestimation de la sensibilité de l’atmosphère au CO2 ;
II.2.2.4. Il est illusoire de prévoir des impacts précis en terme hydrologique.
II.3. Rôle de la science et des institutions
internationales
III.3.1. Des références scientifiques douteuses (thèses et articles critiquables
sur le plan scientifique) ;
III.3.2. Le GIEC accusé de manipuler les données scientifiques ;
III.3.3. Le GIEC taxé d’imprécisions (par exemple la superficie du territoire
hollandais menacé de submersion) et de discours alarmiste.
Conclusion
Dans ce débat, la raison penchera de quel côté ? L’avenir immédiat nous le dira
rapidement. Les alertes sur l’écologie datent des années 70 aux USA et en Europe,
mais la question environnementale est désormais inscrite dans le débat politique
mondial. Les climato-sceptiques estiment que l’expression de la peur entraîne un repli
sur soi car on n’assume plus l’idée du risque. Et surtout, les ressources engagées
contre le changement climatique affectent les autres causes : faim, malnutrition,
éducation, émancipation des femmes, lutte contre le sida et certaines maladies.
Dans un temps de crise mondiale, quelles seront les priorités ?
LA NOTE I. Climat et ressources en eau
I.1.
I.2.
I.3.
I.4.
Inondations des zones côtières ;
Atteinte à l’écosystème et à la biodiversité ;
Les sources d’eau fraîches contaminées ;
Raréfaction de l’eau douce.
II. Conséquences financières, remise en cause des activités
III.1.
III.2.
III.3.
III.4.
Pertes financières pour les populations installées dans des zones inondables ;
Raréfaction des poissons dans les mers et des activités liées à la pèche ;
Réduction des surfaces cultivables pour les agriculteurs ;
Les périmètres de chasse se réduisent.
III. Déplacement de la population
IV.1. Déplacement de populations : les réfugiés climatiques ;
IV.2. Les modes de vie bouleversés ;
IV.3. La raréfaction des ressources provoque des conflits locaux.