Les techniques d`entretien des recruteurs en finance

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Les techniques d`entretien des recruteurs en finance
Les techniques d’entretien des
recruteurs en finance
Les techniques d’entretien des recruteurs en finance
Que ce soit pour un CDI, une mission temporaire ou un stage, il n’est pas toujours
facile de dénicher le candidat idéal à un poste en finance. Aussi les recruteurs
n’hésitent plus à rivaliser d’ingéniosité pour trouver la perle rare, si bien que le
cheminement d’un candidat pour décrocher un poste relève parfois de l’exploit
sportif.
D’autant plus que les professionnels du recrutement semblent unanimes pour dire
que la crise a allongé les procédures d’embauche et augmenté les exigences des
responsables RH dans les établissements financiers. Et personne n’est épargné.
« Aujourd’hui, le processus de recrutement des stagiaires est devenu identique à
celui des jeunes diplômés en CDI : entretiens psychologiques, tests de personnalité
et d’intelligence, plusieurs entretiens avec les opérationnels », note Jean-Paul Brette,
directeur du département Banque-Finance-Assurance au sein du cabinet de conseil
en recrutement Hudson.
Cadre dans le milieu de la finance en recherche d’emploi pendant deux ans, Martine
Le Gall n’hésite pas à parler de « parcours du combattant » dans son livre Vous êtes
trop qualifiée pour le poste publié chez Albin Michel, où elle raconte des centaines
d’entretiens et de tests au terme desquels elle s’est plus souvent entendu dire «
Vous n’avez pas le profil » que « Vous signez votre CDI demain ». Pour le même
poste, « vous pouvez passer dix entretiens, vous déplacer à l’étranger trois fois, avoir
affaire à un cabinet de recrutement qui vous écrit que vous allez être recruté(e),
rencontrer un associé qui vous affirme « Je vous recrute » et à la fin, être rejeté(e) »,
explique t-elle.
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A chaque métier son entretien
Evidemment, les techniques d’entretien diffèrent en fonction du poste auquel le
candidat aspire. « Selon le domaine qui vous intéresse et pour lequel vous postulez,
des questions plus spécifiques vous seront posées, expliquent Pascal Quiry et Yann
Le Fur, co-auteurs du Vernimmen (Finance d’entreprise, Dalloz) mais également
banquiers d’affaires et professeurs au groupe HEC.
En fusions & acquisitions, les méthodes de valorisation sont incontournables (DCF,
méthode des multiples boursiers et de transaction, voire méthode patrimoniale) ; il
s’agit d’en maîtriser la logique ainsi que les éléments clés (WACC, valeur terminale,
multiples de la valeur de l’actif économique et de valeur des capitaux propres…). En
ECM, on vous posera davantage de questions liées à la rédaction d’une note
d’information… Enfin, des connaissances plus pointues peuvent vous être
demandées (par exemple : certains retraitements dans les valorisations comme les
engagements de retraite, les provisions pour risques et charges…).
Au delà des connaissances, les entretiens visent également à sonder le
comportement du candidat. Dans un rapport publié en juin dernier et intitulé
Repenser la formation des managers, la Fondation nationale pour l’enseignement de
la gestion des entreprises (Fnege), l’Institut de l’entreprise et le Cercle de l’entreprise
indiquent en effet que « l’esprit critique a fait cruellement défaut à certains opérateurs
financiers durant la crise ».
Les banques anglo-saxonnes semblent avoir pris de l’avance dans ce domaine.
Ainsi, Barclays Capital a recours à des entretiens CIDS (Chronological Indepth
Structured Interview), plus connus sous le nom de Topgrading et mis au point par le
chercheur Bradford D Smart : « Peu importe qu’un individu soit plein de talents : si
ceux ci ne correspondent pas aux compétences exigées par un poste, ils n’auront
aucune valeur », explique ce dernier. Organisés devant 15 à 20 personnes, ces
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entretiens, très répétitifs et interminables, cherchent à sonder vos comportements
passés, qui d’après son inventeur, laissent présager de vos comportements futurs.
C’est aussi dans les grandes banques anglo-saxonnes que les entretiens sont
réputés les plus difficiles. Chez Goldman Sachs, les futurs stagiaires sont évalués
plusieurs fois en salles d’entretien. Chaque entretien dure entre 30 et 40 minutes, et
contient un mélange de questions techniques, chiffrées et commerciales. Les
questions vont de « comment vont évoluer les prix du pétrole ? » jusqu’à « pensezvous que vous pourrez faire face à la pression qui règne ici ? ».
Un candidat en BFI chez Goldman Sachs témoigne. « Nous sommes passés d’un
entretien à l’autre à une vitesse fulgurante, si bien qu’échanger ses impressions avec
d’autres candidats était tout bonnement impossible. Ce fut une journée stressante, et
le fait qu’elle soit savamment orchestrée par le service des RH ne faisait aucun doute
: c’était une épreuve de plus dans le processus exténuant de recrutement. Dans
l’ensemble, ce fut une bonne expérience pour moi de voir ce qu’étaient le processus
et ses répercussions, de même que ce que l’on attendait des futurs recrutés, mais je
le déconseille fortement aux cardiaques ! ».
Avez-vous les aptitudes pour devenir trader ?
Dans certains cas, les entretiens peuvent parfois donner lieu à des situations
cocasses. Un article du Los Angeles Times relate l’histoire de Chris Fargis. Celui-ci
passe un entretien d’embauche pour une compagnie de trading new-yorkaise. Après
les questions habituelles, les recruteurs sortent un tapis vert, un paquet de cartes et
demandent à Chris Fargis : « On joue quelques mains de poker ? ». « Si une
personne réussit au poker, il y a de bonnes chances qu’elle réussisse dans ce
business, déclare Danon Robinson, recruteur. Si vous ne vous y êtes pas intéressé,
c’est un signal d’alarme ... c’est comme n’avoir jamais lu le Wall Street Journal ».
Sans expérience de Wall Street, ce joueur qui vivait du poker depuis 6 ans, s’est
pourtant fait embaucher.
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Dans le même état d’esprit, « un test a été mis en place par des prix Nobel de
finance pour savoir si vous avez les aptitudes pour devenir trader », rapporte Romain
Delacretaz, président de l’Institut de la Bourse. Avec des questions du style :
« Choisissez entre d’un côté un gain sûr de 3000 dollars et de l’autre côté 80% de
chances de gagner 4000 dollars et 20% de ne rien gagner ». La plupart des gens
choisissent le gain sûr alors qu’appliquer 100 fois la deuxième formule procure
320 000 dollars contre 300 000 dollars pour la première.
Ceci étant dit, l’aversion au risque n’est pas rédhibitoire, loin s’en faut. « Ce n’est pas
du tout pareil qu’au casino, où on joue son argent propre. Le trader, lui, joue l’argent
de la banque », rappelle Catherine Lubochinsky, une enseignante qui anime un
Master en finances à l’université Paris-II et qui est venu témoigner au procès Kerviel,
au cours duquel l’ancien patron de la SocGen Daniel Bouton n’a pas hésité à
déclarer : « la première erreur qu’on ait faite, c’est d’avoir embauché Kerviel ».
« Le rôle des ressources humaines est fondamental dans le recrutement des traders.
Ils doivent être psychologiquement stables, rappelle Georges Castel, ancien trader
sur options et directeur du pôle Trading de l’ESLSCA. Il faut privilégier un profil
adulte et responsable avec une vision à long terme de sa carrière plutôt qu’un
individu brillant mais désinvolte. Ce métier n’est pas un jeu vidéo, et il faut des
personnes particulièrement solides, résistantes à la pression permanente, disposant
de valeurs éthiques personnelles et d’un profond sens des réalités ».
Les questions qui « tuent »
Passer un entretien en finance ne se résume pas à passer un entretien de
personnalité et très souvent, des questions dites « techniques » sont posées au
candidat pour évaluer non seulement ses connaissances financières, mais aussi sa
capacité à réfléchir sur des questions dont il ne connaît pas forcément la réponse a
priori ainsi que sa capacité à gérer la pression. « Ceci peut être fait de manière plus
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ou moins ordonnée (et déroutante !), parfois un cas pratique devra être traité »
poursuivent Pascal Quiry et Yann Le Fur.
Lors de l’entretien d’embauche, comment déjouer les questions pièges du type
« Combien de fois par jour les aiguilles d’une montre se chevauchent-elles ? »
« Face à ce type de question déconcertante, un mot d’ordre : ne pas se laisser
envahir par le stress ! Le recruteur cherche simplement à tester le sens de l’analyse
critique et attend avant tout une réponse sincère et construite », explique Fabrice
Coudray, directeur chez Robert Half International France. Selon l’interlocuteur
rencontré dans l’entreprise, on pourra jouer sur l’humour ou retourner la question
sans y répondre en disant par exemple : « Le temps n’est pas une obsession. Je ne
regarde pas assez ma montre pour le savoir car je ne m’ennuie jamais ».
En tout état de cause, il s’agit de prendre le temps d’analyser le problème, sans
crainte de penser tout haut pour formuler une réponse logique. « Même si l’on se
trompe, les capacités de raisonnement qui transparaîtront pourront faire bonne
impression sur le recruteur… Dans ce cas, c’est la capacité d’improvisation qui est «
testée » car celle-ci est souvent précieuse dans un contexte professionnel… »,
poursuit Fabrice Coudray.
Chez eFinancialCareers, nous avons demandé à des candidats de nous rapporter
leurs expériences d’entretien les plus étonnantes. Lors d’un entretien pour un poste
de responsable offre produits, un recruteur indique à un candidat que son parcours,
bien qu’intéressant, montre qu’il n’y connaît rien en finance. Ce dernier, titulaire d’un
master ESCP en finance, répond alors du tac au tac : « Vous avez vu les Tontons
flingueurs ? Eh bien dans ce film, un acteur dit que son père ne comprend rien aux
femmes, rien à l’art, rien à la politique, rien à rien, mais parlez-lui d’argent et il va
comprendre tout de suite....Et bien moi, c’est la même chose ». Le candidat a été
embauché directement, sans passer d’autre entretien.
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Prendre de la distance par rapport à l’entretien
Si parfois, les entretiens d’embauche ressemblent à s’y méprendre à des
interrogatoires de police, les candidats doivent néanmoins garder à l’esprit que les
recruteurs n’ont pas tous les droits. La loi protégeant la vie privée de toute personne,
le candidat peut tout à fait refuser de répondre à des questions sur sa vie familiale,
sociale, sur ses convictions religieuses ou politiques, sur son état de santé... « En
revanche, d’autres questions peuvent être posées, même si elles sont plutôt mal
aimées des candidats : les causes d’un licenciement ou d’un départ de l’entreprise,
le montant du salaire précédent, etc. », précise t-on chez BNP Paribas.
Enfin, trop nombreux sont les candidats qui sont uniquement concentrés sur le
déroulement de l’entretien, au détriment du reste. Avec ses équipes, Guillaume
Colein, Associate Director du cabinet de recrutement Robert Half International
France, reçoit chaque semaine de nombreux candidats avant de les recommander à
des entreprises pour leurs recrutements. Au gré de ces entretiens et fort de presque
10 ans d’expérience, il n’hésite pas à rappeler que certaines grandes erreurs restent
hélas encore trop fréquentes chez certains, et ce avant même que l’entretien ne
débute, comme arriver en retard, manquer d’égard avec la standardiste ou
l’assistant, profiter de l’attente pour passer des appels téléphoniques, se rendre à
l’entretien sans être bien préparé.
A ne pas négliger non plus, le code vestimentaire. Dans la finance, le costume
cravate n’est pas une option. « De jeunes candidats, brillants sur le papier, viennent
parfois dans une tenue trop décontractée. Mieux vaut être sobre et pas trop
clinquant, confie à L’Agefi Hebdo Fabrice Imbault, directeur associé en charge du
développement au sein de la société de gestion A Plus Finance. Nous travaillons
dans un milieu où l’habit fait encore le moine et où nous sommes souvent en
représentation ».
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Pour finir, il y a une vie après l’entretien. « Même si l’on pense avoir parfaitement
réussi son entretien, se contenter d’attendre que le recruteur vous appelle et vous
fasse une offre n’est pas une très bonne idée, explique Guillaume Colein. Après
l’entretien, envoyez un email à votre interlocuteur le remerciant une nouvelle fois du
temps consacré et surtout résumant en 3 points (maximum) pourquoi vous êtes la «
bonne personne », en utilisant les informations recueillies pendant le rendez-vous.
C’est une manière appropriée de confirmer votre intérêt pour le poste ».
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