Les plantes de l`asthme
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Les plantes de l`asthme
Les plantes de l’asthme Jean-Nicolas Muller Septembre 2009 1 Sommaire 1. Rappels physiologiques 1.1 L’arc bronchique 1.2 Pathologies 2. Asthme et médecine traditionnelle A. Huiles essentielles B. Plantes anti-allergiques et anti-inflammatoires C. Plantes antispasmodiques D. Plante broncho-dilatatrice E. Les broncho-dilatateurs à base de théophylline F. Une plante de la pharmacopée africaine : l’euphorbe 3. Conclusion 2 1. Rappels physiologiques 1.1 L’arc bronchique Poumons humains : 1 : Trachée 2 : Veine pulmonaire 3 : Artère pulmonaire 4 : Conduit alvéolaire 5 : Alvéole 6-7 : Bronchioles 8 : Bronche primaire 9 : Bronche secondaire 10 : Bronche tertiaire 11 : Larynx Anatomie L'Homme possède deux poumons, gauche et droit, deux organes thoraciques, séparés médialement l'un de l'autre par le médiastin. Les poumons sont posés sur le diaphragme et protégés par la cage thoracique en avant, en dehors et en arrière, sauf au niveau de leur sommet, car ils dépassent le bord supérieur de la première côte. Le poumon droit est divisé en trois lobes (supérieur, moyen et inférieur), le gauche divisé en deux lobes (supérieur et inférieur). À gauche, la partie lingulaire du lobe supérieur correspond avec le lobe moyen droit. Les lobes sont séparés par des scissures, deux à droite (la grande ou "oblique", et la petite ou "horizontale") et une à gauche (l'oblique). Chaque lobe des poumons est divisé en segments pulmonaires. La vascularisation pulmonaire artérielle est double : le système pulmonaire et bronchique. Les artères pulmonaires apportent le sang veineux du ventricule droit pour l'oxygénation, leur parcours suivant les bronches. Les artères bronchiques proviennent de l'aorte ou des artères intercostales et apportent le sang oxygéné à la paroi bronchique au niveau des bronchioles terminales. 3 Les poumons sont reliés aux côtes de la cage thoracique par deux membranes appelées plèvres. L'inspiration et l'expiration sont sous le contrôle des muscles intercostaux et du diaphragme qui déforment la cage thoracique et donc les poumons via le jeu des plèvres. Physiologie Les poumons sont ventilés par les mouvements thoraciques lors de l'inspiration et de l'expiration, qui constituent un cycle respiratoire. En même temps, les alvéoles reçoivent du sang pompé par le cœur droit. Au repos, 4 litres d'air et 5 litres de sang traversent les poumons par minute. Lors d'un effort, ces quantités peuvent varier de manière importante (jusqu'à 160 litres d'air et 30 litres de sang par minute). Ces apports permettent aux alvéoles de remplir leur rôle d'échanges gazeux, à travers de fines membranes qui séparent les alvéoles des capillaires sanguins. Voies aériennes L'air passe par le nez (la voie habituelle au repos) ou par la bouche, pour traverser le pharynx et le larynx, qui constituent les voies aériennes supérieures. Il parvient ensuite au niveau de la trachée qui se divise en deux bronches souches (au niveau de T5, de la carène), pour se subdiviser de nombreuses fois, jusqu'à former les bronchioles terminales. Jusqu'à ce niveau, il n'y a aucun alvéole, d'où son nom de partie conductrice. Ensuite s'embranchent les bronchioles respiratoires, point de départ de la partie respiratoire. Celle-ci contient les alvéoles, où ont lieu les échanges gazeux. En plus de leur rôle de conduction de l'air, les voies aériennes supérieures assurent le conditionnement de l'air. Elles permettent ainsi de réchauffer l'air jusqu'à la température de 37°C (température corporelle) et d'en assurer la saturation en eau. De plus l'air subit un filtrage, en effet tout le long des voies respiratoires sont disposées des cellules sécrétant du mucus, des glandes et des cellules ciliées. Ceci permet de créer une couche de mucus tapissant les voies, et ainsi de fixer les particules (poussières, bactéries, ...) traversant les dites voies. Le mouvement des cils (des cellules ciliées) déplace ce mucus en direction du pharynx permettant son élimination dans le tube digestif (on parle d'escalateur mucociliaire). Ceci constitue un mécanisme important de défense des poumons contre les agressions extérieures. De plus, on retrouve des macrophages, qui, par leur action de phagocytose, complètent ce système de défense. Alvéoles C'est dans les alvéoles, petits sacs terminant les voies respiratoires, appelés sacs pulmonaires ou vésicules pulmonaires, que se produisent les échanges gazeux. Ils sont tapissés d'une paroi très fine (jusqu'à 0,2 μm ; pour comparaison, le diamètre des globules rouges est de 7 μm) contenant les capillaires. La surface totale destinée aux échanges est d'environ 200 m², soit la 4 taille d'un court de tennis. Ceci permet aux alvéoles d'assurer leur rôle, qui est de transmettre l'oxygène au sang et d'en extraire le dioxyde de carbone. À ce niveau, on retrouve les pneumocytes de type 2, qui sécrètent le surfactant. La présence de ce dernier est essentielle, dans la mesure où il permet de diminuer la tension superficielle en permettant ainsi une distension pulmonaire plus facile. Pour comparaison, son rôle est le même que le savon qu'on ajoute à l'eau afin de former des bulles de savon. Les mouvements de l'air pendant la ventilation pulmonaire dépendent essentiellement de la contraction des muscles respiratoires qui provoque un gradient de pression entraînant l'air à l'intérieur des poumons. L'inspiration est donc qualifiée d'active. La contraction du diaphragme, qui augmente le diamètre vertical de la cage thoracique et des muscles intercostaux externes et le diamètre antéropostérieur, entraîne une diminution de la pression à l'intérieur des poumons et donc une entrée d'air. L'expiration naturelle est un phénomène passif, résultant de forces de rappel élastiques lorsque les muscles se relâchent qui font revenir la cage thoracique à son volume de début d'inspiration et donc chasse l'air des poumons. On peut néanmoins réaliser une expiration forcée, qui est active. Elle fait intervenir les muscles abdominaux et les muscles intercostaux internes. Les échanges et le transport des gaz La respiration externe, pulmonaire, permet la transformation du sang désoxygéné qui vient du cœur en sang oxygéné, qui y retournera pour être redistribué à l'ensemble du corps. Les échanges entre les alvéoles et le sang sont fonction des différences des pressions partielles, un gaz diffusera de la pression élevée vers la pression basse selon la loi de Fick. La pression partielle des alvéoles étant de 100 mmHg pour le dioxygène et de 40 mmHg pour le dioxyde de carbone quand respectivement elle est de 40 mmHg et de 46 mmHg dans le capillaire, le dioxygène va des alvéoles jusqu'au sang et le dioxyde de carbone fait le chemin inverse. Le temps de contact entre le sang et les alvéoles est de 0,75 seconde, mais un tiers du temps seulement suffit pour atteindre les équilibres. Le système cœur-poumons est appelé petite circulation. La régulation de la respiration La respiration se déroule de façon inconsciente et rythmique grâce à l'activité de certains neurones du tronc cérébral. Sa régulation dépend essentiellement de la pression partielle de dioxyde de carbone dans le sang, celle-ci étant captée par deux types de chémorécepteurs localisés en périphérie ou dans le système nerveux central. Les premiers se situent dans la crosse de l'aorte et à la bifurcation des carotides, les seconds se situent sur la face ventrale du bulbe rachidien. Toute modification de la teneur en dioxyde de carbone dans le sang entraîne une réponse du rythme et de la profondeur de la ventilation. Des modulations des activités respiratoires peuvent aussi être dues à d'autres stimulations, comme par exemple au cours des émotions (peur, excitation...) 5 1.2 Pathologies : l’asthme La crise d'asthme est caractérisée par : - Une difficulté respiratoire ou dyspnée ; - Un tachypnée ou inversement une bradypnée, c'est-à-dire une augmentation ou une diminution de la fréquence respiratoire ; - Un sifflement à l'expiration et/ou à l'inspiration (on parle de respiration sibilante) ; - Une diminution de la saturation de l'hémoglobine en oxygène ; - Une tachycardie ; - Un tirage ; - Une toux qui peut être chronique ou prédominer la nuit. - Des crises qui peuvent apparaître après une activité physique inadaptée (on parle alors d'asthme d'effort ou plus précisément de broncho-spasme post-exercice) Des crises d'asthmes pourraient être facilitées par un stress intense. Les muscles de la respiration, qui d'ordinaire ne sont sollicités que lors du remplissage (inspiration), doivent également fournir un effort lors de leur vidange (expiration active). L’asthme intermittent est défini arbitrairement par la survenue, au maximum, de deux crises brèves par semaine, et/ou deux épisodes nocturnes par mois, et un DEP supérieur à 80 %. L’asthme persistant est défini lorsqu'il existe plus de deux épisodes par semaine, et/ou plus de deux épisodes nocturnes par mois, avec retentissement sur les activités courantes. Il peut être léger, modéré ou sévère. L’asthme aigu grave met en jeu le pronostic vital. Il nécessite une prise en charge urgente en milieu hospitalier (par exemple, en France environ 2 000 personnes par an meurent d'asthme, soit 3,2 cas pour 100 000 habitants). Cliniquement, il existe au moins un des signes suivants : - sensation de crise inhabituelle ; - difficulté à parler (parle un mot à la fois) - cyanose - augmentation du rythme cardiaque (tachycardie FC > 120/min) - troubles de la conscience (confusion, coma) - « silence auscultatoire » (absence de murmure vésiculaire à l'auscultation) ; une diminution du DEP (débit expiratoire de pointe ou Peak Flow) réduite de moitié par rapport au meilleur score du patient, ou de sa valeur théorique ; le DEP est le seul moyen objectif d'évaluation de l'intensité la crise d'asthme - une résistance au traitement de la crise (bronchodilatateur d'action rapide) ; - une fréquence respiratoire supérieure à 25/min chez l'adulte, 30/min chez l'enfant de plus de 5 ans, 50/min chez les enfants de 2 à 5 ans ; voire une respiration faible avec pauses respiratoires - une hypotension artérielle Il convient d'en dissocier l'asthme du nourrisson, qui se définit par l'apparition d'au moins trois épisodes de sibilance avant l'âge de trois ans. Un asthme du nourrisson disparaît le plus souvent avant l'âge de cinq ans. 6 2. Asthme et médecine traditionnelle La crise d'asthme n'est pas du ressort de la phytothérapie. Les béta-2 agonistes ou les nouveaux antileucotriènes, rapides et efficaces, n'ont pas d'équivalents en phytothérapie. Rappelons qu'il y a quelques dizaines d'années on utilisait de la poudre de datura, ou des cigarettes en contenant pour soigner la crise d'asthme. Par contre les plantes médicinales et les huiles essentielles sont d'une grande utilité pour contrôler l'évolution de la maladie asthmatique (traitement de fond) : - huiles essentielles à tropisme pulmonaire antibactériennes, antivirales et anti-inflammatoires pour limiter l'infection des muqueuses des voies respiratoires, diminuer l'inflammation et favoriser l'expectoration : huiles essentielles de thym et de sarriette, d'eucalyptus et de niaouli, de pin. - plantes anti-allergiques et anti-inflammatoires : cassis, Tylophora asthmatica, Boswellia serrata, Petasites hybridus, gingembre, mangoustan, Rubus suavissimus - plantes antispasmodiques : thym, aubépine, lavande, mélisse, gingembre - plantes apaisantes et favorisant le sommeil : aubépine, lavande, eschscholtzia, mélisse, hypericum, tilleul - plante broncho-dilatatrice : Ephedra chinois - les broncho-dilatateurs à base de théophylline - une des plantes de la pharmacopée africaine A . HUILES ESSENTIELLES Comme nous l'avons vu, les infections respiratoires sont très souvent responsables du déclenchement de crises d'asthme quand le terrain est propice. La restriction de l'air et l'encombrement des voies aériennes vont retarder la guérison. Il est donc fondamental de prévenir ces infections (virales et bactériennes) et d'aider l’organisme à lutter contre elles. Pour ce faire, les huiles essentielles sont très précieuses. Ce sont des antiseptiques naturels : -qui s'absorbent par voie respiratoire ou digestive - qui augmentent l'activité des cils des cellules de la muqueuse des bronches, facilitant ainsi l'évacuation du mucus bronchique - qui possèdent un pouvoir anti-inflammatoire, qui procurent une sensation de "bien-être" respiratoire - qui sont sans toxicité aux doses prescrites : pour un enfant jusqu'à 6 gouttes par jour, pour un adulte jusqu'à 12 gouttes par jour par voie buccale. ¾ Les huiles essentielles usitées sont les huile essentielle d'Eucalyptus globulus, d'Eucalyptus radiata (préférée pour les enfants), de Melaleuca viridiflora ou Niaouli. Elles peuvent être utilisées : • Par voie buccale : 2 à 3 gouttes, 3 à 4 fois par jour, agréable au goût et peu toxique • Par voie externe : attention dans de rares cas l'asthme peut être majoré par "l'odeur" des huiles essentielles. • Inhalation (quelques gouttes d'huile essentielle dans un bol d'eau très chaude) 2 à 3 fois par jour. • Application sur le thorax de quelques gouttes d'huile essentielle mélangée dans un corps gras (huile de massage, baume) . 7 ¾ Huile essentielle de Pinus sylvestris ou pin sylvestre (aiguille et bourgeons) Attention à l'étiquetage car de nombreux extraits étiquetés "essence de pin " sont des sousproduits industriels (scieries, pâte à papier) qui n'ont rien à voir, sinon un peu l'odeur, avec l'huile essentielle de feuilles (aiguilles) ou de bourgeons de pin. • Par voie buccale : 2 gouttes 3 à 4 fois par jour Par voie externe en inhalation plusieurs fois par jour. ¾ Huiles essentielles de thym et de sarriette Thymus vulgaris, ou thym à thymol ou carvacrol et Satureja (ou Satureia) montana, la sarriette des montagnes. Ces deux huiles essentielles contiennent de puissants antibactériens qui facilitent aussi l'expectoration, mais qui peuvent provoquer chez certaines personnes des brûlures digestives. • • Par voie buccale : 2 à 3 gouttes 3 fois par jour Par voie externe : en inhalation mais pas en application cutanée car c'est une huile essentielle irritante pour la peau. Là aussi se méfier du risque de bronchospasme chez l'enfant. B. PLANTES ANTI-ALLERGIQUES ET ANTI-INFLAMMATOIRES Plantain (Plantago major ) C’est une plante majeure dans le traitement de l’asthme allergique. La teinture mère est appréciée par la majorité des phytothérapeutes pour son pouvoir (faible mais sans toxicité) anti-inflammatoire et anti-allergique. Posologie : 30 à 60 gouttes par jour 8 Cassis (Ribes nigrum ) En France, et avec l'expérience des phytothérapeutes de l'école de Biothérapie depuis les années 60, on préconise le cassis, Ribes nigrum, en gemmothérapie. Ces extraits de bourgeons de cassis, antiinflammatoires, possèdent un effet thérapeutique qui rappelle celui des corticoïdes, mais sans en avoir les effets secondaires. On peut les utiliser au long cours par cure de plusieurs semaines aussi bien chez l'enfant que l'adulte. Ribes nigrum bourgeons macération glycérinée 1 D : 50 à 100 gouttes par jour reparties en 2 à 3 fois Gingembre (Zingiber officinale) Le gingembre, très employé en phytothérapie aux Indes, l'est beaucoup moins en France. Il possède entre autres un pouvoir anti-inflammatoire. Des essais cliniques ont montré qu'un extrait hydroalcoolique standardisé pouvait améliorer les performances respiratoires des personnes présentant un asthme modéré. Teinture alcoolique de gingembre : équivalant à 1 g de rhizome en 4 prises. Pour un effet moindre, on préconise le thé de gingembre : 1 à 2 cuillerées à café de gingembre râpé dans 1/2 litre d'eau très chaude, laisser infuser une dizaine de minutes, le récipient couvert : une tasse 3 à 4 fois par jour. On peut aussi utiliser le jus de gingembre directement dans la boisson ou sous forme de sirop. Tout le monde ne supporte pas le gingembre qui peut provoquer une irritation gastrique. Ronce (Rubus suavissimus) La ronce sucrée de Chine possède des propriétés pharmacologiques intéressantes. Elle est antiinflammatoire par son contenu en tanins médicinaux, et l'expérience a prouvé qu'elle était antiallergique, donc utile pour soigner l'asthme quand la composante allergique est importante. Rubus suavissimus est une plante buissonnante que l'on trouve entre autres dans les provinces Chinoises du Guang Xi, du Guizhou et le Nord du Guang Dong. Le goût sucré des feuilles est dû principalement à la présence d'un hétéroside, le ruboside ou rubusoside. Le ruboside ou rubusoside est 200 à 300 fois plus sucrant que le saccharose (sucre ordinaire), mais apporte très peu de calories, à la manière du stévioside extrait de l'herbe sucrée du Paraguay (Stevia 9 rebaudiana). L'extrait aqueux de Rubus suavissimus n'est pas que sucrant, il aussi antiallergique (utilisé comme tel au Japon). L’expérience montre que c'est un antihistaminique mais qu'il n'a pas d'effet sur la synthèse des prostaglandines E2. Les Chinois utilisent surtout les feuilles de Rubus suavissimus pour faire un thé sucré, chacun trouve la bonne proportion de feuilles et d'eau chaude. Si l'on augmente la quantité de feuilles, ou si l'on boit beaucoup de ce thé, le contenu en tanin peut induire de la constipation. Tylophora asthmatica Tylophora asthmatica (ou indica) (Asclepiadaceae) est une plante grimpante originaire du sud-est de l'Inde. C'est une plante toxique qui contient des alcaloïdes dont la tylophorine. Elle fait partie de la pharmacopée indienne depuis longtemps et est utilisée par les médecins ayurvédiques. C'est un émétique qui possède des propriétés antiinflammatoires et anti-allergiques. On l'utilise traditionnellement aux Indes pour soigner l'asthme, certaines manifestations allergiques ainsi que des troubles digestifs et articulaires. Une étude récente a montré qu'un extrait alcoolique de Tylophora asthmatica augmentait l'activité cortico-surrénale (l'excrétion de corticoïdes naturels dans le sang), ce qui expliquerait son pouvoir anti-inflammatoire. Cette plante n'est pas commercialisée en Europe à cause de sa toxicité potentielle et de l'absence d'études pharmacologiques. Au moins une licence mondiale d'utilisation a été déposée en 2005. Les auteurs suggèrent, dans le cas de l'asthme, un dosage de 160 à 600 microgrammes d’alcaloïdes (dans un rapport de 2 quantités de tylophorine pour 1 quantité de tylophorinine, pour 2 quantités de la tylophorinidine). Le dosage typique de feuilles sèches pour soigner l'asthme aux Indes : 200 à 400 mg en deux prises (soit environ 1/2 à 1 feuille par jour). Pétasite Officinale (Petasites Hybridus) Cette asteraceae, vivace par son volumineux rhizome, est originaire d'Europe et d'Asie (maintenant présente en Amérique du Nord), elle préfère les zones humides, bords de rivière, terrains un peu marécageux. Elle possède de très longues feuilles (jusqu’à 1 m) qui rappellent un peu celles de la rhubarbe et une inflorescence rougeâtre qui apparaît avant les feuilles à la fin de l'hiver. Elle ne fait pas partie de la pharmacopée française bien qu'elle ait été employée depuis l'antiquité comme plante médicinale. La plante entière (rhizome et feuilles) contient des sesquiterpènes (pétasine et isopétasine) qui sont antispasmodiques et anti-inflammatoires notamment en bloquant la synthèse des leucotriènes. Malheureusement la plante contient aussi des alcaloïdes toxiques (pour le parenchyme hépatique) et peut-être carcinogènes. Au moins un 1 brevet a été déposé pour l'élaboration d'un extrait de Petasides hybridus contenant les sesquiterpènes mais débarrassé des alcaloïdes (extrait de rhizome). Cet extrait a déjà été testé avec succès pour le traitement de la migraine. Une étude clinique a montré que ces extraits de Petasides amélioraient la capacité respiratoire des asthmatiques et réduisaient le nombre de crises de façon notable sans effets secondaires. Un médicament allemand, disponible aussi au USA (Petadolex) et en Suisse (Dolomed), est standardisé en pétasine et isopétasine. La posologie proposée est, chez l'adulte, de 50 à 100 mg d'extrait, deux fois par jour. Ce médicament est récent ; ses contre-indications et interactions avec d'autres médicaments ne sont pas encore bien déterminées. Résine de Boswellia sp. Plusieurs espèces d'arbres du genre Boswellia, originaires du nord-est de l’Afrique et de l'Arabie, produisent une résine parfumée, l'encens ou oliban, qui possède des propriétés médicinales : antiseptique, antalgique, anti-inflammatoire. Une étude clinique de 1998 a montré l'intérêt de l'encens pour soigner l'asthme. Posologie :300 mg d'extrait de résine, 3 fois par jour, pendant 6 semaines, ont nettement amélioré l'état des asthmatiques de l'étude. L'encens agirait comme un antileucotriène. Garcinia mangostana Le mangoustanier (Clusiaceae) est originaire de la région indo-malaise. C'est un arbre tropical de taille moyenne (une dizaine de mètres) au feuillage toujours vert. On le cultive pour ses fruits, rouge-violacés de 4 à 7 cm de diamètre, qui contiennent une pulpe agréablement sucrée et parfumée. L'écorce du fruit d'une espèce voisine Garcinia cambogia contient une quantité importante d'acide hydroxycitrique. Le sel de calcium (hydroxycitrate de calcium) est proposé comme complément alimentaire dans les régimes amaigrissants. L'écorce de mangoustan est utilisée dans les médecines traditionnelles du sudest asiatique comme anti-inflammatoire, antidiarrhéique et antiseptique. Une étude japonaise de 2002 a montré qu'un extrait hydro-alcoolique (à 40°) inhibait in vitro la synthèse de la prostaglandine E et la libération d'histamine. L'écorce de mangoustan sera peut-être prochainement considérée comme une plante anti-allergique et anti-inflammatoire utile pour soigner l'asthme. C. PLANTES ANTISPASMODIQUES ET APAISANTES Thym, gingembre, aubépine, mélisse, lavande, eschscholtzia, hypericum, tilleul. L'asthmatique est souvent une personne un peu angoissée, anxieuse, ayant du mal à s'endormir. L'expérience prouve qu'un hypnotique léger fait souvent diminuer la fréquence des crises d'asthme du milieu de la nuit. Posologie : 2.5 à 5g pour ¼ à ½ litre d’eau par jour. Il convient de pratiquer une fenêtre thérapeutique tous les trois semaines pour éviter les phénomènes d’accoutumance. 1 Millep ertuis Méliss e D. PLANTE BRONCHO-DILATATRICE Ephedra Sinica La plante contient des alcaloïdes dont l'éphédrine et la pseudo éphédrine : elle a donc des propriétés stimulantes et est considérée comme produit dopant. Elle aurait des propriétés : hypolipémiante (lipolytique), bronchodilatateur, vasoconstricteur nasal, antimigraineux. Elle est utilisée dans la médecine chinoise depuis 5 000 ans et certains pensent qu'elle pourrait être le fameux soma(religion indo-européenne), tandis que d'autres penchent pour l'amanite tue-mouches. Les parties utilisées sont surtout les feuilles et la tige. La médecine chinoise traditionnelle l'utilise contre l'asthme et les crises de bronchite aiguës. C'est un produit piquant chaud qui libère le biao vent froid. Sa principale propriété est qu'il permet de faire la sudorification. Dans les pays occidentaux, c'est comme énergisant qu'on utilise l'éphedra, pour perdre du poids. De nos jours, Ephedra sinica est considérée en Europe comme obsolète, même chez les médecins avec une orientation phytothérapeutique. Précautions d’emploi : Son caractère stimulant peut provoquer une augmentation de la pression artérielle et une augmentation ou irrégularité des battements cardiaques sur une période de consommation prolongée. Les complications peuvent alors causer des hémorragies cérébrales, des arythmies cardiaques pouvant déboucher sur des arrêts cardiaques. L'usage prolongé peut induire anxiété, tremblements et insomnies. 1 E. LES BRONCHO-DILATATEURS A BASE DE THEOPHYLLINE La théophylline est un alcaloïde du type méthylxanthine. Il s'agit de la 1,3-diméthyl xanthine. C'est la principale substance active des feuilles de thé, d'où elle tire son nom, mais on en retrouve également dans la café et le guarana. Elle agit comme diurétique, comme psychoanaleptique, comme broncho-dilatateur et comme agent lipolytique. Indications : Les propriétés broncho-dilatatrices de la théophylline sont utilisées dans le traitement de l'asthme. La théophylline n'est pratiquement plus utilisée dans le traitement des crises d'asthme sauf parfois chez l'enfant. Traitement de fond de l'asthme: dose moyenne orale de 10 mg/kg/j chez l'adulte ; dose plus élevée chez l'enfant, en moyenne 16 mg/kg/j à adapter ensuite en fonction de la théophyllinémie. Mécanisme d'action La théophylline agit au niveau des mouvements intracellulaires du calcium. Elle a une action broncho-dilatatrice, elle renforce les muscles respiratoires et possède une action cardiaque inotrope positive. La théophylline est également un inhibiteur de la phosphodiestérase (elle transforme, au niveau cellulaire, l'AMPc en AMP qui est non réactif). De par cette action inhibitrice, le second messager (AMPc) est présent en plus grande concentration, et l'action au niveau cellulaire est plus importante. C'est de là que viennent les vertus excitantes du thé. Remarque : La théophylline inhibe la phosphodiestérase à un niveau moindre que la caféine, et la théobromine (cacao) a un effet encore inférieur à celui de la théophylline. Effets secondaires Tremblements, nervosité ; Convulsions chez l'enfant en cas de surdosage Nausées, convulsions chez l’enfant en as de surdosage Contre-indications Enfant de moins de 30 mois ; Insuffisance coronarienne sévère ; Insuffisance hépatique ; Épilepsie. PLANTE DE LA PHARMACOPEE AFRICAINE : L’EUPHORBE (Euphorbia hirta) La plante entière fraîche est utilisée en décocté comme antiasthmatique, dans les bronchites et maladies respiratoires. Mais dans un grand nombre de pays tropicaux, les indications principales de la plante que l'on retrouve sont antidiarrhéique et antiamibien. Elle est principalement utilisée pour ses vertus anti-asmathique au Burkina Faso, au Nigeria et dans plusieurs pays d’Asie. 1 3. Conclusion Les plantes médicinales ne peuvent, malheureusement, soigner toutes les pathologies… Dans le cas de l’asthme, le monde scientifique n’a pas davantage trouvé le ou les remède(s) (cherche-t-il vraiment?). Le mieux que l’on puisse faire est de soulager le patient atteint de cette maladie. En ce cas, pourquoi ne pas conserver les médicaments avec des molécules de synthèse pour les jours de crise et plutôt utiliser correctement les plantes dont nous venons de parler ? De plus, ces médicaments ne suppriment pas tous les effets secondaires (fatigue, essoufflement…). Certains diront qu’ils s’en accommodent mais est-ce vraiment une finalité ? Serons-nous encore là pour voir une étude judicieuse de médecine douce pour cette pathologie ? Références bibliographiques Fleurentin J. (200 pages), Les plantes qui nous soignent, Tome 1 Ed. Ouest-France, 2007. Charpentier B., Hamon-Lorléac’h F. Le guide du préparateur (450 pages) Ed. Masson, 2002 Bernard Bertrand. L’herbier oublié (165 pages) Ed. France Loisirs 1