Téléchargement
Transcription
Téléchargement
N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 É D I TO R I A L A S S O C IATI O N A ÉR O NAUTI Q U E & A STR O NAUTI Q U E Bonjour à tous et à toutes! Passant le cap du premier semestre 2004, notre Association a tenu en juillet dernier, en présence de nombreux adhérents, son Assemblée générale ordinaire... que je qualifierai volontiers de réactive. Je veux revenir ici sur quelques uns des sujets évoqués. Pour ce qui concerne les activités internationales, une commission a été créée, animée par Louis LAIDET, dont les travaux sont menés par un nombre de participants tout à fait significatif. Ces travaux, sur des sujets nombreux et d’intérêt général, méritent que nous fassions connaître dans l’avenir le programme de travail à 18 mois de cette commission à tous ceux qui ont à en connaître - en particulier aux responsables du secteur industriel et que nous en publions certains résultats. Le fonctionnement de la commission internationale est celui que nous devons souhaiter pour toutes nos commissions et nous allons, j’en suis persuadé, progresser en ce sens (j’ajoute que nous installons de nouvelles commissions; notre site Web et LA LETTRE vous en tiennent régulièrement informés). Toujours sur le plan international, nous entamons je le pense une évolution forte de la CEAS, cette « Confédération européenne des sociétés aérospatiales » qui constitue l’organe associatif le plus important du milieu aérospatial en Europe et l’environnement international naturel de l’AAAF. L’Europe dont la construction, jour après jour, nous conduit à envisager pour notre association cette ouverture internationale porteuse d’avenir. Bien évidemment, de telles évolutions ne se font pas en un jour et nous passons par des stades successifs. Ainsi, la CEAS abandonnera probablement, d’ici fin 2004, son statut de confédération pour adopter celui d’une société ayant son siège à Bruxelles, avec un sigle identique mais dont le « C » aura pour nouvelle signification celle de « Council ». Cette société comportera deux branches : une branche Aéronautique et une branche Spatiale, et dans un premier temps, il sera proposé aux adhérents des sociétés nationales d’être tenus informés des activités de l’une et/ou de l'autre de ces branches. Ils pourront également, à leur initiative, participer aux travaux de leur choix. Dans ce contexte et conformément aux orientations données par notre Conseil d’administration, nous développerons une dynamique d’entraînement. Ainsi, il ne serait pas déraisonnable de réfléchir, dès maintenant, à l’installation de commissions DE F R AN C E qui viendraient, dans le temps, se substituer à certaines de nos commissions nationales. Sur un autre plan plus franco-français, je me dois de signaler que la coopération la plus franche, la plus «fair» a été établie avec l’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace (ANAE) et je tiens particulièrement à en remercier le président Jean-Claude HUSSON ainsi que toute l’équipe qui l’entoure. Bien sûr, ANAE et AAAF ont des objectifs différents. L’Académie se doit de réfléchir aux implications de telle ou telle initiative, quant aux retombées sur la pérennité de notre Société, et de formuler les avertissements et recommandations qui découlent de ses travaux à l’intention de nos décideurs. L’AAAF de son côté s’intéresse davantage aux progrès techniques et technologiques; elle est force de proposition pour l’investissement raisonné dans la Recherche. Mais est-il nécessaire de le préciser, nos commissions techniques, ouvertes aux membres de l’ANAE, sont à même d’apporter une contribution certaine aux travaux de l’Académie. Un bon exemple en est l’implication présente de l’AAAF dans les travaux de la commission « Espace » de l’ANAE animée par Gérard BRACHET. Est-il également nécessaire de souligner que certaines manifestations, d’où qu’en provienne l’idée originale, sont à valoriser par une préparation…, en partenariat entre ANAE et AAAF? C’est ainsi que pour le second semestre 2005, nous préparons en commun un colloque dont le titre est « Aircraft and ATM Automation ». Je me félicite de cette relation privilégiée qui s’établit entre ANAE et AAAF, dont je suis persuadé qu’elle se développera et ce pour le plus grand intérêt de nos domaines d’implication communs, je veux dire l’Aéronautique et l’Espace. Nous avons présenté lors de notre Assemblée générale une proposition de réévaluation des cotisations (je rappelle que le dernier ajustement remonte au passage à l’Euro). Cette résolution a motivé des interventions vives qui ont conduit à ce que je retire la résolution proposée, mais qui m’ont confirmé dans nos orientations. L’AAAF est une société savante au sens plein du terme, c’est la vision de tous nos adhérents, sa démarche européenne en cours est appréciée et nécessaire ; son action présente se traduit par des dépenses indispensables, implicitement admises. Cette non réévaluation des montants des adhésions va conduire à quelques difficultés, et il ne me surprendrait pas que durant l’année 2004 nous soyons contraints de puiser dans nos réserves. Le constat en sera fait en 2005. DANS CE NUMÉRO : LA VIE DE L’ASSOCIATION 2-5 • LA VIE DES GROUPES RÉGIONAUX 6-10 • • LA VIE DES COMISSIONS 11-13 • LES HISTOIRES DE L’HISTOIRE 13-15 • L A V I E D E L ’ A S S O C I AT I O N N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 2 J’ai compris les réactions des représentants de nos groupes régionaux, mais je sais avoir été entendu lors notre l’Assemblée générale. Aussi j’attends de leur part - avec sérénité des propositions concrètes, précises et étayées, pour fin 2004, de niveau de cotisations à soumettre à notre prochaine Assemblée générale. Voilà ce que je souhaitais vous dire à l’issue de notre Assemblée générale. Mon « feeling » est plutôt optimiste quant au devenir de l’AAAF, et cet optimisme, permettez-moi de vous le dire, repose sur l’esprit et le dévouement de l’équipe qui m’entoure dont je tiens ici à souligner les talents. Je l’en remercie vivement, très sincèrement et vous souhaite à tous et à toutes une bonne rentrée de vacances. Bien amicalement, Michel SCHELLER PRÉSIDENT DE L’AAAF Assemblée générale ordinaire de l’AAAF du 28 juin 2004 Le lundi 28 juin 2003 s’est tenue au CNES, 2 Place Maurice Quentin 75039 à Paris, l’Assemblée générale ordinaire de l’AAAF devant près de 60 personnes. En parallèle au déroulement de cette assemblée et conformément aux statuts de l’association, a eu lieu le vote pour le renouvellement d’un tiers des membres du Conseil d’administration. La séance est ouverte à 16 heures par le Président Michel SCHELLER, qui souhaite la bienvenue aux participants et les remercie de leur présence. Il cite les différents points à l’ordre du jour de cette Assemblée générale et donne la parole à Gérard LARUELLE, Secrétaire général de l’AAAF, qui présente son rapport d’activité 2003 en y incluant le début de l’exercice 2004 pour une meilleure présentation de la situation. RAPPORT D’ACTIVITÉ 2003 PAR GÉRARD LARUELLE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Si l’année 2002 avait été l’occasion de modifications significatives, 2003 a été une année de stabilisation et de relance de l’activité dans beaucoup de domaines. Le nombre des adhérents n’a guère évolué ; les actions engagées seront poursuivies pour obtenir de meilleurs résultats, avec en parallèle un travail de définition de l’attente des membres de l’association. Les groupes régionaux, sous la tutelle directe du président sont maintenant en liaison constante avec un chargé de mission : Claude HANTZ. Un groupe en difficulté a été relancé et trois nouveaux ont vu le jour. Les groupes doivent être l’émanation locale de l’AAAF mais aussi des cellules vivantes, créatrices d’activités. Trois nouvelles Commissions tech- ■ L’assistance à l’Assemblée Générale de l’AAAF du 28 juin 2004 Comptes de Résultats de l’Exercice 2003 NOTA: comme déjà présenté à l’AG de 2003, les résultats des colloques sont déterminés selon le mode suivant : « recettes brutes – coûts directs - % des coûts de fonctionnement du bureau Bilan au 31 Décembre 2003 La reconnaissance des membres est maintenant structurée avec un comité des Prix piloté directement par Christian MARI, vice-président. Les Prix AAAF seront remis le 16 septembre prochain en même temps que les nouveaux grades. À l’occasion de l’Assemblée Générale, le Président a remis les premières « Palmes AAAF » à quatre de nos membres bénévoles honorés pour leurs actions particulièrement remarquables en qualité et sur la durée. Grâce à l’action des membres du Bureau et du Conseil d’administration, du personnel AAAF, des bénévoles et de tous les membres de notre association, 2003 aura été une année de stabilisation propice à la préparation des actions nouvelles et importantes de 2004. Le Président soumet à l’assemblée Générale l’approbation du rapport moral présenté par le Secrétaire général. L’Assemblée générale, statuant à titre ordinaire, approuve à l’unanimité, par un vote à mains levées, ledit rapport dans toutes ses parties. PAR JEAN-CLAUDE THEVENIN, TRÉSORIER Conformément à l’article 8 des statuts de notre Association, Jean Claude Points marquants sur les comptes de résultats 2003 Malgré des recettes un peu inférieures aux prévisions (- 11%), mais en raison de dépenses moins élevées (-13%), le résultat comptable 2003 est légèrement positif, soit : 5 K€; Pour les recettes, le principal écart par rapport aux prévisions vient des dépenses engagées sur le colloque Stic’Aéro qui a été annulé (-79 K€); Pour les dépenses, le principal écart vient: - de la publication de « LA LETTRE »: 4 exemplaires réalisés en interne au lieu de 10 à 12 prévus (- 46 K€; moins du tiers des prévisions) ; - des résultats des groupes régionaux (-12 K€; -34%) ; - d’économies sur les frais de fonctionnement (-26 K€; -33%). Le résultat final tient compte d’une somme de 20 K€ provisionnée pour faire face aux incertitudes sur les colloques 2004. L A L ETTRE AAAF LES COMPTES DE L’ASSOCIATION THEVENIN, le Trésorier présente : - le compte de résultats de l’exercice 2003 ; - le bilan au 31 décembre 2003 ; - le budget prévisionnel pour l’exercice 2004. L A V I E D E L ’ A S S O C I AT I O N niques ont vu le jour et sont très actives. D’autres sont en préparation et un travail de revue générale du besoin a débuté. Les grandes manifestations ont été nombreuses en 2003, d’excellent niveau et particulièrement appréciées. 13 manifestations de grande ampleur sont prévues pour 2004. Le colloque EUCAS, à Moscou en 2005, est une opération d’envergure mais présentant des difficultés spécifiques et un risque budgétaire important. Les publications sont maintenant en nombre et de qualité, permettant une communication efficace. LA LETTRE AAAF, avec sa nouvelle maquette est éditée de façon régulière, tout comme la Lettre de la CEAS. Le site internet AAAF prend de l’ampleur et l’annuaire sera édité début juillet. Une plaquette AAAF est désormais disponible dans sa version française. Le Président SCHELLER a favorisé des actions volontaristes de coopération internationale avec, notamment la création d’un Comité « Affaires internationales » et la formulation de propositions concrètes à la CEAS pour la faire évoluer vers une véritable association savante européenne. Ces propositions ont été acceptées et la transformation est en cours de finalisation. En France, les relations avec les autres associations se poursuivent et conduisent à des actions communes régulières. 3 N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 L A V I E D E L ’ A S S O C I AT I O N Point d’organisation 4 La centralisation de l’organisation a été poursuivie en 2003 comme prévu. La comptabilité centralisée est associée à un renforcement des délégations en matière d’engagements des dépenses, basé sur le principe de prévisions budgétaires approuvées et à un mode de paiements des factures souvent effectués par le secrétariat exécutif national. Un tableau d’enregistrement des recettes et des dépenses, orienté trésorerie, de présentation standard et directement utilisable en central, a été récemment distribué à chaque groupe régional. Cette organisation devrait permettre un meilleur suivi de l’ensemble des comptes et une clôture plus rapide qui respecte au mieux les règlements en vigueur. Points marquants du Bilan 2003 Actif: - les disponibilités (Caisse et Banques) (ligne 10) ont été sensiblement augmentées pour faire face aux besoins en trésorerie de début 2004 ; - les valeurs de placements (en valeurs d’achat) (ligne 9) n’ont été ni accrues ni diminuées; Passif : - les réserves accumulées (ligne 2) restent au même niveau ; - le résultat de l’exercice 2003 (ligne 3), soit 4 963 €, est en légère augmentation par rapport à celui de 2002; - nous retrouvons les provisions pour risques et charges de 32 000 € (ligne 4), soit : 12 000 € pour le procès qui oppose l’Association à l’ex-comptable et 20 000 € pour les projets associatifs. Budget prévisionnel pour l’exercice 2004 Points marquants du budget 2004 Compte tenu de la reprise de la provision de 20 K€ inscrites aux comptes 2003, les recettes prévues pour 2004 (322 K€) sont sensiblement égales à celles de 2003 (315 K€, soit + 2%). Les recettes et, particulièrement celles des colloques présentent toujours une part d’aléa non négligeable. Même si des mesures volontaristes sont prises en tant que de besoin pour assurer le succès de nos manifestations, le bureau estime qu’il est indispensable de relancer des actions pour rechercher des ressources accrues (cotisations, subventions dans les régions et au plan national, etc.) En ce qui concerne les dépenses, le budget 2004 (320 K€) est proche de celui de 2003 (310 K€, soit + 3%). Sur ces dépenses, nous maintenons en 2004 les actions de maîtrise des coûts de fonctionnement prises en 2003. Les seules augmentations sensibles concernent : - la publication de LA LETTRE pour laquelle nous prévoyons une dizaine de numéros ( 19 >70K€) ; - les missions CEAS, ICAS, IAF, AIAA, Administrateurs présents ■ Les membres du Conseil d’Administration de l’AAAF Groupes régionaux…( 7 >15 K€) ; - les frais de personnel avec le passage d’un 1/2 à un 1/4 de temps de la comptable (218 >225 K€); En conclusion, on portera dans les prochains mois une vigilance particulière aux recettes (colloques, cotisations, subventions) pour réagir rapidement et prendre, si nécessaire, des mesures de contraction sur les dépenses restant à engager. Le Président soumet successivement à l’Assemblée générale l’approbation des éléments financiers présentés par le Trésorier. L’Assemblée générale, statuant à titre ordinaire, après avoir entendu la lecture du rapport financier et du rapport du commissaire aux comptes, approuve à l’unanimité, par un vote à mains levées, les comptes de l'exercice au 31 décembre 2003 tels qu'ils sont établis et présentés, ainsi que l'affectation du résultat en réserves accumulées. L’Assemblée générale, après avoir entendu l’exposé du budget 2004 par le trésorier, approuve à l’unanimité moins une voix, par un vote à mains levées, le budget 2004 tel qu’il est établi et présenté. L’abstention est motivée par la non présentation du plan à terminaison du budget 2004 compte tenu de la date de la présente Assemblée générale. Montant des cotisations annuelles Le barème en vigueur est donc maintenu, soit : 60 €, 20 €, 35 €, 900 €, 1 800 €, 8 000 €. Renouvellement du Conseil d’administration Le vote a conduit à 362 votants dont 12 bulletins nuls. Les 350 votes exprimés donnent les résultats ci-dessous : Candidats proposés par le Conseil : - Patrick AUROY : 349 voix ; - Jean-Yves LE GALL : 346 voix ; - Jean-François GEORGES : 350 voix ; - Christian MARI : 348 voix ; - Jean-Marc THOMAS : 350 voix ; - Georges VILLE : 350 voix ; - Bruno STOUFFLET : 350 voix ; - Dominique VERNAY : 348 voix. Votes obtenus par des non candidats : - Charles BIGOT : 1 voix ; - Marc BOUCHEZ : 1 voix ; - Françoise BOUZITAT : 1 voix ; - Thierry HURTES : 1 voix ; - Philippe JUNG : 1 voix ; - Henri MARTRE : 1 voix ; - Alain PIC : 2 voix ; - Jean-Jacques RUNAVOT : 1 voix. Sont déclarés élus les huit candidats proposés par le Conseil. Le Président remercie les administrateurs sortants pour leur dévouement et leur fidélité envers notre association et félicite les nouveaux pour leur élection. Clôture Aucune question n’étant soulevée et l’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 18 heures 30. Compte rendu du Conseil d’administration du 28 juin 2004 PAR GÉRARD LARUELLE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Ce Conseil d’administration fait suite à l’Assemblée générale ordinaire de l’Association. Cette dernière a permis de renouveler un tiers de ses 24 mem- Administrateurs excusés BRACHET Gérard ; CONDOM Pierre ; GALLAND Philippe ; GUILLOU Hervé ; JANICHEWSKI Stéphane ; LE GALL Jean-Yves ; VERHNES Jean-Michel ; VERNAY Dominique. Election du Président et du Bureau Michel SCHELLER, seul candidat, n’est pas opposé à son renouvellement au poste de Président. Un vote a bulletin secret, parmi les 16 administrateurs présents, permet l’élection de Michel SCHELLER à l’unanimité. Le Président remercie les administrateurs de la confiance qui lui est faite. Il présente les nouveaux administrateurs puis, réciproquement, les membres du précédent Bureau : - vice-présidents : Christian MARI, Jean Michel CONTANT ; - secrétaire général : Gérard LARUELLE ; - secrétaire technique : Georges MEAUZE ; - trésorier : Jean Claude THEVENIN ; - trésorier adjoint : Fanny BOUCHER. Il en profite pour préciser qu’il souhaite conserver cette équipe. Le Conseil approuve à l’unanimité des présents cette démarche, par un vote à main levée. Le Président rappelle qu’il souhaite un rapprochement avec l’ANAE et que la venue de Georges VILLE au Conseil d’administration est un facteur particulièrement favorable à un tel rapprochement. Il souhaite également que ce dernier participe aux réunions du bureau, ce que Georges VILLE accepte immédiatement. L’ordre du jour étant épuisé et les questions inexistantes, la séance du Conseil est close à 19 h 30. L A L ETTRE AAAF Le Président propose de faire évoluer le niveau des cotisations, pour doter notre association savante des moyens nécessaires à une action efficace notamment au niveau international. Une discussion s’établit sur les risques associés, notamment dans certaines régions de France, de voir nos adhérents ne pas renouveler leur adhésion. Le Président demande aux présidents des groupes régionaux de nous transmettre, avant la fin de l’année, des propositions concrètes. En attendant, il retire sa proposition. - Membre Titulaire : - Membre Jeune : - Membre retraité : - Cotisation Sociétés : - Cotisation Bienfaiteurs : - Cotisation Donateurs : AUBAY Philippe ; AUROY Patrick ; BOUCHER Fanny ; CANDEL Sébastien ; CONTANT Jean-Michel ; GEORGES Jean-François ; GORGE Olivier ; LARUELLE Gérard ; MARI Christian ; MEAUZE Georges ; PICHOT Jacques ; SCHELLER Michel ; STOUFFLET Bruno ; THEVENIN Jean-Claude ; THOMAS JeanMarc ; VILLE Georges. L A V I E D E L ’ A S S O C I AT I O N bres. Michel SCHELLER propose que le plus ancien du Conseil anime la séance avant l’élection du Président ; Georges VILLE prend acte de cette proposition. 5 L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X Béarn - Gascogne LE PROGRAMME « TIGRE » UNE CONFÉRENCE DE MICHEL AYBALEN, EUROCOPTER A la suite de sa première manifestation en avril dernier (voir LA LETTRE N°5-2004), le groupe régional Béarn-Gascogne proposait, fin mai, une double conférence sur le programme « TIGRE » par Michel AYBALEN, encore tout récemment responsable Eurocopter du TIGRE version HAP. Une première conférence a eu lieu le 26 mai dans l'établissement Turbomeca de Bordes puis une deuxième, le 27 dans celui de Tarnos, en présence de Jean-Michel CONTANT, Vice président de l’AAAF représentant le Président Michel SCHELLER. Dans les deux établissements, un exposé très complet, un film impressionnant et de nombreuses questions, tant des « motoristes » que des invités extérieurs, parmi lesquels le Commandant du 5ème RHC et ses officiers, ont permis d'en savoir plus sur cet ambitieux programme d'Eurocopter. Hélicoptère de combat de la classe des 6 T, motorisé par deux moteurs MTR 390, le TIGRE doit assurer des missions d'appui-protection, d'escorte, de lutte anti-char et de combat air-air. Signe des temps et de l'étalement des programmes, ce programme démarré il y a bientôt 25 ans par la signature d'un accord franco-allemand de 1979, s’est adapté aux avatars des réalités géopolitiques européennes. Il prévoyait au départ deux versions, l'une anti-char Tel qu'il se présente aujourd'hui, le TIGRE est un système d'armes complet, discret, pourvu de moyens de détection, d'identification et d'attaque de précision sans équivalent actuel dans sa gamme de prix. L'abandon du programme Commanche, aux USA, pourrait favoriser le TIGRE HAD, futur « cheval de bataille » à l'exportation d’Eurocopter, face à la concurrence notamment de l’« Apache ». En attendant, il convient de souligner combien cette impressionnante machine a structuré l'industrie européenne des hélicoptères en confortant les liens des industriels qui désormais participent à sa réalisation. Tout d'abord au plan institutionnel, puisque le Programme est géré par la Division Tigre de l'OCCAR, et que, par une extension de l’accord d’origine, l'Espagne doit y rejoindre la France et l'Allemagne. Puis, bien sûr, au plan industriel, tant au niveau « système » pour lequel l’espagnol ECE vient de se joindre à Eurocopter, qu'au niveau des moteurs avec une alliance MTU Turbomeca - Rolls Royce enrichie de l’apport de l’espagnol ITP, et de celui de l'électronique et de l'armement. Côte d’Azur UNE CONFÉRENCE DE FRANÇOIS DUCLOS, AIRBUS N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 Peu après la signature en 1989 du contrat de développement des deux versions du TIGRE, eut lieu le premier vol (PT1), en 1991. En 1995, une première évolution débouchait sur la version allemande UHT caractérisée par une diversification de l'armement, pendant que la France introduisait de nouvelles fonctionnalités sur le HAP. Ce n'est qu'en 1999 qu'était signé le contrat d'industrialisation et une commande de 8 UHT, 70 HAP et 10 HAC. Les efforts à l'exportation se concrétisaient, malgré une vive concurrence, par la vente de 22 TIGRE ARH à l’Australie en 2001. Ce succès remarquable, démontrait l’excellence du système vis-à-vis, notamment, des matériels US. En 2002 volait le premier UHT de série, suivi en 2003 par le premier HAP. Cette même année 2003 voyait, après une convergence franco-espagnole sur une version polyvalente, le choix de l'Espagne en faveur de 24 TIGRE HAD, permettant à la France de convertir 43 HAP et 10 HAC en com- mandes de HAD. Cette évolution faisait passer la masse de l'appareil à 6,3 T et demandait un moteur MTR 390 E offrant 14% de puissance supplémentaire. Bernard VIVIER « BÉLUGA » A300-600ST : LE SUPER TRANSPORTEUR D’AIRBUS 6 (PAH2 et HAC) et l'autre d'appui-protection (HAP) spécifiquement développée pour la France. A une époque en effet où la tension Est-Ouest restait vive, des appareils aux missions spécialisées (lutte anti-char notamment) s'imposaient sans recherche d’une plus grande polyvalence. Plus tard, la disparition de l'URSS, puis la multiplication d'interventions extérieures feront apparaître le besoin d'un appareil polyvalent, tel que se présente le TIGRE HAD actuel. Les Toulousains sont maintenant habitués à la silhouette étrange qui décolle et atterrit régulièrement à Blagnac. Le profil inhabituel de cet avion l’a fait ■ François DUCLOS s u r n o m m e r Béluga, du nom de la petite baleine blanche qui peuple l’estuaire du St Laurent au Québec. Plus prosaïquement, il s’agit de l’Airbus A300-600 Super Transporteur qui a commencé sa carrière opérationnelle, il y a plus de huit ans. En raison de son originalité, cet appareil méritait bien une conférence. Celle-ci fut présentée le 23 mars dernier à l’auditorium du Spacecamp, par François DUCLOS, responsable chez Airbus de la certification de l’appareil. L’histoire du Béluga débute en 1991. En raison de l’augmentation des cadences de fabrication d’Airbus, du remplacement programmé du Super Guppy approchant de sa fin de vie et de la nécessité d’accroître la capacité d’emport, Airbus décide de lancer la construction d’un nouvel avion pour assurer les rotations et la livraison des éléments structuraux entre ses diffé- rents sites de fabrication en Europe. Le premier vol du Béluga n°1 eut lieu en 1994. Cinq modèles au total ont été fabriqués dans les locaux de la Sogerma à partir de cellules d’A300-600R. Celles-ci sont découpées au niveau du plancher cabine et la partie supérieure du fuselage est remplacée par les nouveaux éléments de la soute cargo. L’habitacle pilotes est conservé mais abaissé sous le niveau du plancher principal (renforcé pour l’occasion) et raccordé par une nouvelle structure. L’envergure de l’empennage arrière a été augmentée et deux dérives auxiliaires latérales ont été ajoutées pour contrebalancer le masquage aérodynamique du fuselage. La dérive principale est rehaussée pour la même raison. La soute inférieure, les ■ L’Airbus l’A330-600 Super Transporteur « BELUGA » Jean LIZON-TATI Pour en savoir plus : www.airbustransport.com/ et www.allaboutguppys.com/ NAISSANCE DU GROUPE REGIONAL RHÔNE-ALPES DE L’AAAF veaux éléments d’information sur les secteurs dans lesquels les acteurs régionaux pourraient accroître leur participation à l’effort national et européen de R&D dans l’Aéronautique et l’Espace. DENIS JEANDEL, PRÉSIDENT DU GROUPE RÉGIONAL RHÔNE-ALPES Les deux sessions ont été consacrées d’une part à la recherche (15 courtes PAR ■ La séance inaugurale du Groupe Rhônes-Alpes Le 27 mai 2004, le Groupe Régional Rhône-Alpes AAAF a organisé, à l’Ecole Centrale de Lyon, une manifestation scientifique sur le thème « Rhône-Alpes : Un pôle de compétences pour l’Aéronautique et l’Espace ». Cette manifestation a marqué la naissance officielle du Groupe. Le programme de la journée avait aussi pour but de donner un aperçu des potentialités de la région dans le domaine de l’aéronautique et de l’espace, à travers des présentations d’images particulièrement représentatives des compétences des équipes de recherche et des entreprises. En introduction, Gérard LARUELLE, secrétaire général de l’AAAF a rappelé les missions et objectifs de l’Association et son ouverture européenne. Il a souligné l’intérêt de l’initiative en Rhône-Alpes et l’importance des groupes régionaux dans la vie et le développement de l’Association. En ouverture, la conférence générale de Patrick TÉJEDOR, directeur du Centre de Toulouse d’AIRBUS France a dressé un panorama très éclairant des grands enjeux actuels de la construction aéronautique : grands programmes en cours, organisation européenne, perspectives en matière de nouveaux concepts. En début d’après-midi, la conférence générale de Francis LUNATI a donné des éléments très complémentaires de réflexion, sur les axes de développement technologique et des partenariats au sein de la branche MESSIERBUGATTI du Groupe SNECMA. Ces deux interventions ont donné de nou- interventions en matinée, assorties de posters) et d’autre part aux entreprises (7 exposés l’après-midi). Les présentations ont montré les capacités d’innovation des entreprises implantées dans la région. Elles ont confirmé l’existence d’un tissu particulièrement dynamique et innovant, notamment dans le domaine des nouveaux matériaux et de la fabrication. Par ailleurs, les présentations nombreuses d’activités de recherche ont permis d’apprécier le haut niveau d’excellence et la diversité des thèmes (aérodynamique, acoustique, combustion, propulsion, machines, matériaux, systèmes) traités dans les laboratoires des organismes publics et des établissements d’enseignement supérieur sur de nombreux sites. Par ailleurs, l’exposé de Frédéric ANTRAS responsable du Programme Aéronautique Rhône-Alpes au sein de la Chambre régionale de Commerce et d’Industrie a rappelé la volonté des instances régionales de soutenir l’activité des entreprises avec l’aide du Conseil régional. La journée a rassemblé une centaine de représentants des entreprises et des équipes de recherche. Les discussions et la table ronde ont permis de percevoir les attentes de chacune des communautés en matière d’animation et de consolidation du tissu régional que pourrait offrir l’AAAF. Jean-Jacques GAGNEPAIN, directeur de la technologie au ministère de la recherche, a rappelé le rôle majeur de la France en matière d’investissement dans la recherche et le développement (suite en page 10) L A L ETTRE AAAF Face à ces concurrents comme l’IL76, les C-5 et C-7 ou l’AN124, l’A330600ST est le seul cargo permettant le transport d’une charge de près de 5 m de diamètre. Appareil sûr et fiable, dérivé d’un avion fabriqué en très grande série, il est utilisé intensivement et encore promis à une longue et prometteuse carrière. Rhône-Alpes L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X ailes, les nacelles réacteurs, le train d’atterrissage principal, restent identiques aux éléments de la cellule d’origine. L’avionique demeure classique, les commandes de vol conventionnelles (non électriques) et les moteurs restent les GE CFG-80C2A5. Cet ingénieux meccano permet ainsi de préserver une forte similitude avec l’A300-600, lequel jouissait déjà de 15 ans d’exploitation au moment du lancement du projet Béluga. La soute cargo offre une capacité de chargement de 1400 m3 en volume et 47 tonnes en masse. A pleine charge son autonomie est de 1667 km, sa vitesse de croisière Mach 0,7 et son plafond de 10 670 m. Il est particulièrement adapté aux charges encombrantes mais relativement légères. La porte de chargement, qui pivote de 67° vers le haut, s’ouvre largement sur la soute principale de 7 mètres de diamètre et facilite l’embarquement. La logistique sol est adaptée à la cargaison : plusieurs procédures existent associées à des matériels spécifiques ou standards : plates-formes lourdes de roulage, plates-formes transportables ou grues de levage. Les cinq appareils sont exploités par Airbus Transport International (ATI), filiale d’Airbus SAS et utilisés principalement par la société mère. ATI offre également ses services pour des transports commerciaux à la demande. Il a été en particulier utilisé plusieurs fois pour transporter divers satellites ou des éléments du lanceur Ariane vers Kourou. 7 N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 L E S É V É N E M E N TS À V E N I R CALENDRIER 8 DATE DES M A N I F E S TAT I O N S LIEU MANIFESTATION 2004 AAAF (tél : 01 39 79 75 15 ; courriel : [email protected]) ______________________________________________ 9 nov. ENSTA/DGA Séminaire Post STIC-AERO’2003 L’apport des laboratoires technico-opérationnels au développement des concepts de réseaux centrés 24 nov. Airbus Toulouse EASA Les Techniques numériques de conduite du vol et de guidage. Le nouvel environnement du pilote. 7 déc. MDR PARIS DGA Les Perspectives à l’horizon 2020 en matière d’ingénierie des systèmes complexes. Les Samedis de l’Histoire (tél : 01 34 60 11 34 ; courriel : [email protected]) ______________ 25 sept. à 14h30 AÉROPORT DE PARIS LE BOURGET MUSÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE Commission Histoire ([email protected]) 24 sept. MINISTÈRE DE LA RECHERCHE Amphithéâtre GAY-LUSSAC Souvenir de voltige : le Mythe STAMPE par Serge SARFATI (FFVV) avec les champions Marcel CHAROLLAIS et Jean-François d’ORGEIX ________________________________________________ 60 ans après, l’incroyable découverte de l’avion de Saint-Exupéry Toulouse Midi-Pyrénées (tél : 05 62 17 52 80 ; courriel : [email protected]) __________________________ 20 oct. TOULOUSE 10, AV. Ed. Belin SUPAERO Tourisme et espace par Philippe PERRIN, ASE, Claude BACHELARD, TAAF et Yves GOURINAT, SUPAERO 17 nov. BLAGNAC 1, rond-point M. Bellonte AIRBUS Intégration Aéroportuaire de l’A380 par Willy DUPONT, AIRBUS à 18h00 à 18h00 Ministère de la recherche Amphithéatre Gay-Lussac COLLOQUES NATIONAUX ET INTERNATIONAUX LIEU ORGANISATEUR MANIFESTATION MARSEILLE France CEAS - AAAF [email protected] 30th European Rotorcraft Forum 15-17 sept. FLORENCE Italie AAAF, http://missiledefence04. colloques-aaaf.com 2nd AAAF International Conference on Missile Defence’04 «Challenges in Europe» 21-22 sept. TOULOUSE France IAS/AAAF [email protected] Symposium IAS/AAAF : AIRCRAFT & FLIGHT SAFETY : «From Design to Operations» 14 oct. PARIS MRT/AAAF [email protected] First International Workshop on Complex Systems Engineering 18-20 oct. AVIGNON France AAAF [email protected] On-Board Equipment 2004 18-23 oct. TOULOUSE France SEE www.radar2004.org/RADAR 2004/ 11-12 nov. BUDAPEST Hongrie CEAS/ASC www.vibac.hit.bme.hu/ceas 8th CEAS-ASC Workshop, « Aeroacoustics of New Aircraft and Engine Configurations » 17-19 nov. AMIENS France AAAF [email protected] 7ème Forum Européen «Intelligence Economique : Entre Concurrence et Coopération ? » ARCACHON France AAAF [email protected] 4th International Symposium on Atmospheric Reentry Vehicle & Systems 25-27 avril PARIS France AAAF [email protected] 1ST AAAF International Conference on Military Space : Questions in Europe 23-25 mai MONTEREY Californie AIAA/CEAS www.aiaa.org/calendar/index 11th AIAA/CEAS Aeroacoustics Conference 4-9 sept. MUNICH Allemagne ISOABE www.isabe2005.com ISABE2005 17th International Symposium on Airbreathing Engines 2004 14-16 sept. 2005 21-23 mars L E S É V É N E M E N TS À V E N I R DATE PRIX ET GRADES AAAF 2003 L A L ETTRE AAAF Nous informons nos membres que le 16 septembre 2004, Monsieur Michel SCHELLER, président de l'AAAF; Monsieur François d'AUBERT, ministre délégué à la Recherche et Monsieur Hubert CURIEN, ancien ministre, procéderont à la remise des Prix et Grades 2003 de l'AAAF. Cette cérémonie à laquelle vous êtes conviés aura lieu à l'Aéroclub de France, à partir de 15 heures. Attention, le nombre de places étant limité, les personnes intéressées devront se faire connaître très rapidement auprès du secrétariat exécutif de l'AAAF. 9 L A V I E D E S G RO U P E S R É G I O N AU X N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 10 technologique pour le domaine aéronautique et spatial. Il a notamment souligné la pertinence des pôles régionaux, dont les compétences et les spécificités sont un gage d’attractivité et de soutien à l’emploi. Gérard LARUELLE a mis l’accent sur la volonté fédératrice de l’AAAF dans la région, dans le respect de la diversité existante et en particulier au regard de l’exceptionnel potentiel des PME. Le groupe régional peut aussi de son côté être source d’évolution et de créativité de l’association, par exemple par la mise en place de nouvelles commissions. Les participants à la table ronde, et notamment Daniel CLOSON au nom des entreprises régionales, mais aussi Francis LUNATI et Marc LOUICHON (Agence Rhône-Alpes pour la maîtrise de matériaux), ont ensuite souligné que les entreprises se situaient pleinement dans les exigences de qualité et de performances indispensables à la réalisation de grands programmes nationaux. C’est un atout majeur à cultiver, sur la base de réseaux de proximité pluridisciplinaires et de partenariats à échelles multiples, dans un contexte de marchés concurrentiels mondiaux. Les responsables d’établissement d’enseignement supérieurs présents (Alain STORK pour l’INSA Lyon, Frédéric GAFFIOT pour l’EC Lyon, et Marcel LESIEUR pour l’INP Grenoble) ont pour leur part mis en avant l’importance des offres de formation et des potentiels de recherche disponibles. Ce potentiel, déjà très ouvert sur l’aéronautique et l’espace, est disposé à se mobiliser pour un projet ambitieux de mise en réseau régional, après inventaire des compétences de haut niveau disponibles. Des inflexions pourraient ainsi intervenir pour une meilleure interaction entre les établissements publics de formation et de recherche et les entreprises. Un suivi des perspectives du PCRD, notamment en matière de développement de plateformes technologiques, serait en outre à assurer. Les actes de la journée ont été diffusés à tous les participants, le recueil peut être obtenu sur demande au siège du groupe régional. La dynamique et la volonté d’échanges, manifestées par tous au cours de cette journée, encouragent le groupe régional à poursuivre son activité par d’autres initiatives en direction des entreprises, et des acteurs de la formation et de la recherche en Rhône-Alpes. Denis JEANDEL Commission Histoire WRIGHT, LANGLEY ET CIE... PAR JEAN-FRANÇOIS QUILICI-PACAUD En cette année du 100ème anniversaire du premier vol contrôlé d'un avion, le 20 septembre 1904, avec le Flyer Il des frères Wright (un tour de piste d'un kilomètre à Huffman Prairie, non loin de Dayton dans l’Ohio), notre collègue Jean-François QUILICI-PACAUD, de la Commission Histoire, s'est livré à une intéressante étude sur l'évolution de la configuration aérodynamique des avions depuis 114 ans. Le succès ambigu des frères WRIGHT L'article de D. SCHLENOFF : « Le succès ambigu des frères Wright » (« Pour la Science », décembre 2003) contraste fort avec l'autosatisfaction américaine sans nuances qui régnait jusque là, notamment lors du 75ème anniversaire, en 1978, des vols historiques de Kitty Hawk en Caroline du Nord : premiers virages en 1902 avec le planeur N°3, premiers décollages stabilisés et première utilisation d’ailes comportant un intrados et un extrados avec le Flyer I de 1903. Il rend un peu justice aux ADER (premier décollage d’un plus lourd que l’air avec l’Eole en 1890 et premier décollage en 1897 d’un bimoteur, équipé d’une gouverne de direction commandée par un palonnier), LILIENTHAL (auteur de plus de 2000 vols planés à partir de 1891), Santos DUMONT (avec un premier vol homologué par l’Aéro-club de France en 1906, à Bagatelle, dans le Bois de Boulogne) et aussi, pourquoi pas, au néo-zélandais Richard PEARCE. Mais pas aux proches des WRIGHT : Octave CHANUTE, ingénieur d’origine française, conseiller des WRIGHT et George SPRATT, médecin et fin observateur de la nature (on dirait de nos jours féru de bionique ou «biomimetics ») que CHANUTE présenta aux WRIGHT et qui fut le témoin actif des vols à succès du planeur de 1902 et du Flyer motorisé de 1903. Il insiste sur un aspect peu connu des WRIGHT qui, au contact d’affairistes, ont été poussés au dépôt de brevets (et à des transactions monopolistiques connexes dans le but de contrôler un marché) plus qu’à la recherche de la meilleure formule et au partage des résultats de leurs développements. tion et au rôle exact des WRIGHT. Notamment dans trois numéros remarquables de la revue Pégase du Musée de l’Air et de l’Espace dus à l’Association des Amis du Musée de l’Air (AAMA). Ils ont fait valoir les points suivants. A la recherche de la bonne formule On distingue trois architectures principales d’avion : celle classique à aile porteuse avant et empennages arrière, avec gouvernes de tangage et lacet (LILIENTHAL/CHANUTE sur le « l'arbre phylogénétique des avions » joint) ; LEVAVASSEUR construisit un tel avion dès 1903, mais dont le moteur a fait défaut. Celle dite canard à empennages avant (WRIGHT), réhabilitée par SAAB vers 1960 seulement. Enfin celle du tandem, tel le fameux tandem du Potomac de LANGLEY qui aurait pu s'imposer, pourquoi pas, en cas de succès? Car les maquettes de LANGLEY, elles, fonctionnaient fort bien. Et les succès de MANEYROL à Vauville sur tandem PEYRET permettent d’attribuer une stabilité certaine à cette architecture. Les trois architectures principales étaient donc en présence, dès 1903. Le plan canard des WRIGHT, dit « planche à pain » en France à l'époque des Voisin et Farman, Fabre, est une pure gouverne par incidence, tout sauf un stabilisateur, George A. SPRATT qui aida notablement à rendre le planeur de 1902 des WRIGHT plus efficace, leur posa la question suivante, de portée épistémologique : « êtes-vous sûrs que ce soit la seule solution, la meilleure » ? Et - recherche et développement faisant deux leurs relations s’en trouvèrent détériorées... Quel futur ? Les historiens et philosophes des sciences et techniques français, dont ceux de l’AAAF, moins chauvins qu'on a pu le dire, se sont de longue date intéressés aux débuts de l'avia- De nos jours, la coexistence de plusieurs architectures d'avion est plus pacifique : nul ne prétend plus détenir la « Vérité » en la matière, aussi singulière qu'universelle. L A V I E D E S CO M I S S I O N S ■ Arbre phylogénétique des avions selon l’emplacement de leurs gouvernes (d’après QUILICI, " Analyses de systèmes – vol XXVI – N° 1-2 – mars-juin 2000, p. 25). Comparés aux trois architectures principales (classique, canard et tandem), l’aile delta, comme l’Eole d’ADER, n’a pas d’empennage, le turbopropulseur d’affaires PIAGGIO 180 est mixte (aile avec empennages AR et canard AV), l’aile libre a la particularité d’être articulée par rapport au fuselage et donc de s’orienter naturellement dans le lit du vent. En technologie, c'est une pluralité tempérée, évolutionniste, qui finit généralement par s'imposer : avec les ailes volantes dont les « ailes delta » et le B-2, les « 3 surfaces » dont celui de PIAGGIO (le triplan VOISIN piloté par FARMAN qui effectua le premier kilomètre fermé en France, à Issy les Moulineaux, en 1909 était de ce type)..., et pourquoi pas aussi les ailes « libres » dérivées des concepts de SPRATT ? 1 2 compromis stabilité/manœuvrabilité qu'appelle le vol aérodynamique. Et à préparer les évolutions suivantes, sous la poussée du développement très rapide des avions sans pilote. Mais qui sait, à l’heure actuelle, que les systèmes intégrés de pilotage et de navigation GPS ne se chiffrent actuellement qu’en centaines de grammes, centimètres-cubes, dollars ou euros ?! Fêtons donc ensemble un siècle d'aviation… Mais avec modération car les concepts naturalistes d'homologie1 et de radiation évolutive2 sont probablement applicables aussi en ce domaine. Jean-François QUILICI-PACAUD homologie : réponses d’animaux ou de machines différents pour satisfaire une même fonction (oiseaux, mammifères et poissons volants) radiation évolutive : différentiation, au bout d’un certain temps, d’une machine ou d’un animal face à l’évolution d’un besoin ou d’une contrainte (rat des villes et rat des champs) L A L ETTRE AAAF Une certaine confusion des termes que la traduction peut aggraver - ne facilite pas la compréhension du grand public. Citons par exemple : le gauchissement - « warping » – qui est un contrôle de vrillage/ torsion en envergure de l'aile ; la cambrure – « camber »-, courbure de la ligne moyenne d'un profil, utile aux fortes portances et aux vitesses relativement basses. Ce qui sous-entend que la portance n'obéit pas seulement à l'incidence « angle of attack » - selon la théorie de KUTTA/JUKOWSKI/PRANDTL, mais aussi à la déviation du flux porteur, par courbure et variation algébrique de quantités de mouvement selon EULER. Il semble bien que les recherches en cours sur les architectures déformables contrôlées – « morphing » des DARPA/DoD - aillent dans ce sens. Et que des considérations de similitude obligent aussi à modéliser comme « mous » les avions très gros porteurs, dont les B-52, C-141 et A380. L'arbre phylogénétique des avions joint (ébauché dès 77 ; réédité en 93 par Routledge NY au sujet de SPRATT) témoigne de l'effort visant à éclaircir le 11 N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 L e s h i s to i re s D E L ’ H I STO I R E Eugen SÄNGER (1905-1964), l’homme aux 12 « Oiseaux d’Argent » PAR A.D. SZAMES ET HARTMUT E. SÄNGER Au moment où se pose la question du grand programme spatial qui succédera à la Station Spatiale Internationale et à la Navette Spatiale, il est intéressant de rappeler que l'avion spatial est né en Allemagne pendant la 2ème guerre mondiale, sous la forme d'un concept inventé par Eugen SÄNGER (1905-1964). Hartmut SÄNGER, le fils, a participé au colloque de l'AAAF sur le statoréacteur en 1991 à Cannes, et au dernier congrès de l'IAF à Brême en octobre 2003. A ce dernier congrès, il a présenté la carrière de son père dans le cadre d'une session spéciale exceptionnelle dédiée à l'influence exercée à l’étranger par les ingénieurs allemands du domaine spatial. Ce fut l'occasion de rappeler que le grand pionnier que fut Eugen SÄNGER fit partie de ceux qui vinrent exercer leur talent en France, en l'occurrence à l'Arsenal de l'Aéronautique à Châtillon. A la demande de Philippe JUNG, président de la Commission Histoire de l’AAAF, Hartmut SÄNGER a accepté d’écrire pour la LETTRE un condensé, en français, de cette passionnante présentation ( H.E. Sänger & A.D. Szames - From the Silverbird to Interstellar Voyages. Paper # IAC-03-IAA.2.4.a.07, 37th Symposium on History of Astronautics, 54th International Astronautical Congress - 29 sept.-03 oct. 2003, Breme, Germany) L’histoire de certains hommes se confond avec celle des techniques qu’ils ont contribué, par leur action, à forger. Eugen SÄNGER est l’un de ceux-là. Cette figure majeure de l’astronautique mondiale est à l’origine d’importantes ruptures. Technologiques d’abord, notamment dans le domaine de la propulsion avec les premières expériences sur un moteur fusée liquide à refroidissement régénératif, le développement de statoréacteurs de grande taille et le moteurfusée à eau. Conceptuelles ensuite, avec l’invention de l’avion spatial moderne et de la propulsion photonique active. Institutionnelles enfin, en jouant un rôle central dans la création d’organisations spatiales allemandes, européennes et internationales (IAF, IAA, GEERS, COPERS, Eurospace) qui, depuis cinquante ans ont contribué – elles ou celles qui leur ont succéedé – à façonner le paysage aérospatial actuel. Né le 22 septembre 1905 à Presnitz en Autriche-Hongrie, Eugen SÄNGER s’intéresse très tôt à la conquête des cieux. Deux livres engagent sa destinée : Auf Zwei Planeten (« Sur deux planètes ») de Kurd LASSWITZ, le « Jules VERNE allemand », et Die Rakete zu den Planetenräumen (« Les fusées dans l’espace planétaire ») d’Hermann OBERTH. Le premier, un roman d’anticipation scientifique, fait rêver la première génération des pionniers allemands de l’astronautique. Publié en 1923, le traité d’OBERTH ignorant ces fictions romanesques donne à la technique spatiale son fond de réalisme. L’ingénieur y tient en effet, pour la première fois, la place cardinale. Grâce à celui-ci, explique en substance OBERTH, les voyages interplanétaires deviendront, un jour, réalité. Cet enthousiasme est à la fois motivé et partagé. Au royaume des airs campent les nouveaux héros. L’aviation naissante a accompli, en une vingtaine d’années, des progrès fulgurants ; une industrie se crée ; machines et performances sans cesse s’améliorent ; chaque jour, de nouveaux records tombent. On va toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus vite et… plus longtemps. Mais les conquêtes dont rêve SÄNGER sont plus lointaines : elles ignorent les frontières. La carrière d’écrivain scientifique ou de science-fiction le tente. Ce caprice n’a qu’un temps, l’abandonne bientôt : il se tourne vers l’action et devient ingénieur. Ses influences sont doubles : d’un côté, les pères fondateurs de l’astronautique dont il fréquente les écrits, avec Robert ESNAULT-PELTERIE, Robert H. GODDARD, Konstantin TSIOLKOWSKI, Hermann OBERTH, de l’autre, « l’école de Vienne » à laquelle on le rattache aujourd’hui, avec Max VALIER, Fritz von HOEFFT et Guido von PIRQUET. Ces pionniers militent pour une conquête spatiale où l’avion aérospatial, emmené vers l’orbite par de puissants moteur-fusées, tient la part belle mais ces idées restent encore vagues. C’est parce qu’il leur a donné, le premier, une assise technique sans précé- dent, qu’on reconnaît, en Eugen SÄNGER, le « père » des avions spatiaux. Son aventure démarre en 1929. Ce jeune étudiant à la Technische Hochschule de Vienne, réalise la synthèse des idées de ses pairs. Dans un premier sujet de thèse aux ambitions grandioses, il ne propose rien moins que d’examiner la faisabilité de l’avion spatial, de la station orbitale et du voyage interstellaire ! Le premier doit permettre de ravitailler la seconde puis de regagner la Terre, en vol plané, au terme d’un immense plongeon dans l’atmosphère « dense ». Le troisième volet s’impose naturellement et a déjà été évoqué dans la littérature spécialisée, par ESNAULT-PELTERIE notamment. SÄNGER considère qu’un véhicule à propulsion électrique exploitant le phénomène de dilatation du temps – celuilà même qu’utilise EINSTEIN dans sa théorie de la relativité restreinte – permettra aux Hommes d’accéder aux étoiles. On l’écoute poliment. On lui conseille aussi de rester plus modeste… Il obtempère : sa thèse de docto- ■ Le grand banc d'essais de Trauen avec un moteur à haute pression de 1 t de poussée en essais (été 1939) L e s h i s to i re s D E L ’ H I STO I R E L A L ETTRE AAAF Voici qu’on étudie, au FPSrat, soutenue en 1930, porte sur la « statique d’une aile constituée Trauen, un projet de bombardier d’une multitude de longerons stratosphérique le Raketenparallèles ». Le thème est aride, bomber ou RaBo, de 28 m de certes, mais le rêve reste intact. long pour 15 m d’envergure, et Au printemps 1933, SÄNGER une masse totale de 100 t, publie à compte d’auteur – opéraconçu pour frapper aux antipotion ruineuse – ses conclusions des avant de regagner sa base dans un petit ouvrage, Rakede lancement. Le profil de mission choisi fera couler beaucoup tenflugtechnik. Il s’agit du premier d’encre : un chariot monté sur grand traité d’ingénierie spatiale qu’un universitaire – notre jeune ■ Le banc d'essais volant Dornier Do 217E-2, avec un stato- un rail horizontal de 3 km de lonréacteur de 1,5 m de diamètre. Il a réalisé 18 vols à Ainring gueur, enduit d’un lubrifiant, et docteur est désormais assistant à (1er vol allumé le 30 juillet 1942, vitesse maximale : 720 accéléré par un moteur fusée l’université de Vienne – consacre km/h) auxiliaire, catapulte le Rabo à à l’astronautique naissante. 500 m/s. Après le décollage L’avion-fusée spatial y fait l’objet d’un traitement systématique. SÄNGER est courtisé. SÄNGER se libre, le moteur-fusée est allumé en altiUn constat s’impose : l’un des princi- laisse tenter. Il sera recruté par le tude, emportant l’appareil vers la strapaux verrous technologiques demeure Versuchsanstalt für Luftfahrt (DVL) de tosphère. la propulsion. Il faudrait, constate Berlin-Adlershof et il crée un centre de Pas moins de 28 trajectoires différenSÄNGER, un moteur dont les perfor- recherche sur la technologie des tes sont calculées, présentant toutes la mances réelles soient aussi proches moteurs-fusées, le « centre d’évalua- même caractéristique : pour maximiser que possible de ses limites théoriques, tion des avions » de Trauen : le la portée, l’appareil doit « ricocher » sur un moteur qui ne fonde pas dès qu’on Flugzeugprüfstelle – FPS-Trauen. Il y les couches « denses » de l’atmosphèbrûle dans sa chambre les ergols liqui- ébauche un vaste programme d’études re (Voir l’encart « Pourquoi ricocher sur des. C’est ce verrou à deux clefs qu’il des moteurs-fusée à ergols liquides. les couches denses de l’atmosphère »). s’emploie à faire sauter, fébrilement. Avec ses collaborateurs, notamment Ce projet soulève, on s’en doute, de De 1932 à 1934, il n’engage pas Irene BREDT qui sera plus tard son formidables défis que la technologie d’amoins de 235 expériences en labora- épouse, il continue d’étudier la techno- lors ne permet de résoudre. Fin 1941, toire, pour obtenir, au final, un moteur logie prérequise pour l’avion-fusée SÄNGER remet au Reichsluftfahrtfusée biliquide à refroidissement régé- aérospatial qu’il surnomme Silbervögel, ministerium, RLM, le ministère de l’air, le nératif « acceptable ». Ce mode de « Oiseau d’argent ». Il développe de brouillon du rapport. Il annonce, prurefroidissement n’est pas nouveau – nouvelles méthodes mathématiques dent, qu’une vingtaine d’années de TSIOLKOVSKI en divulgue dès 1903 permettant de calculer les écoulements R&D serait encore nécessaire pour livle principe – mais SÄNGER lui donne moléculaires de jets libres et les forces rer un système opérationnel. Ce délai corps et donc réalité (voir à ce propos, aérodynamiques s’exerçant sur un incompatible avec les objectifs stratéle papier de G.M. SALAKHUTDINOV, mobile hypersonique évoluant à très giques à court et moyen termes fait « The development of liquid propulsion haute altitude. Dans l’après-guerre, bondir les militaires. Les échanges de rocket engine cooling methods 1903 - quand l’idée du missile balistique inter- politesse se multiplient. SÄNGER se 1970 », Paper IAF-79A53, History continental et de son Symposium, 30th IAF Congress, corps de rentrée s’imMunich, 1979 signalé par Christian posera aux stratèges, LARDIER). Ses meilleurs propulseurs ces travaux d’aérodynafondamentale brûlent un mélange d’oxygène liquide mique et d’essence qui aura circulé, au pré- feront l’objet d’une alable, dans la fameuse « double mode, aux Etats-Unis. paroi » de la chambre de combustion Tsien HSUE-SHEN, qui et de la tuyère, irriguée de minuscules aura évalué les travaux canaux. La méthode fait ses preuves, de SÄNGER pour l’US et surtout des émules : au milieu des Army Air Force, sera années 1950, ce type de propulseur leur porte-parole. équipe le missile intercontinental ailé américain Navaho-II, inaugurant ainsi La seconde guerre une longue et belle carrière opération- mondiale éclate en nelle ; les motoristes ont adopté ce 1939, avec dans son mode de refroidissement pour la plu- sillage l’explosion des part des moteurs des lanceurs spatiaux recherches militaires. – Shuttle et Ariane 5 compris. Leur onde de choc bouleverse l’industrie aéroAu début des années 1930, la réputa- nautique et l’emploi de tion de SÄNGER dépasse le seuil des l’arme aérienne. SÄNpetits cercles viennois. En 1934, il cor- GER réoriente ses actirespond avec Tsien HSUE-SHEN, pro- vités en sorte que ses tégé de Théodore von KARMAN au objectifs collent aux CalTech, et futur « patron » du pro- souhaits des stratèges. gramme spatial chinois. L’Allemagne L’oiseau n’est plus d’arlorgne elle aussi sur le jeune prodige et gent ; il se pare à pré■ Irene SÄNGER-BREDT et Eugen SÄNGER étudiant à l’invite, en février 1936, à y faire carriè- sent d’un plumage de Stuttgart un turbo-stato pour Mercedes-Benz re dans de bonnes conditions. guerre. 13 L e s h i s to i re s D E L ’ H I STO I R E N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 14 ■ Eugen SÄNGER et Edwin SCHÄFER (qui travaillera plus tard sur le satellite Symphonie), lors d'essais de mini statos pour Daimler-Benz (1959) refuse à tenir d’impossibles promesses et tombe en disgrâce. On le démissionne du FPS-Trauen. Le « centre de recherche sur le vol plané » le Deutsche Versuchsanstalt für Segelflug – DVFS l’embauche avec une partie de son équipe. Le DVFS est un lieu étonnant : rien moins que l’épicentre des recherches aéronautiques avancées du IIIème Reich. SÄNGER y déploie son imagination. Jusqu’en avril 1944, il mène d’importants essais au sol et en vol de statoréacteurs de grande taille. Le DFS qui soutient ses travaux, publie en août 1944 une version ultra-secrète du rapport sur le bombardier antipodal. SÄNGER voit en ce document le second tome de Raketenflugtechnik. La guerre touche à sa fin. Dès 1944, les Alliés disposent d’unités spéciales qui accompagnent les troupes, et ratissent les territoires jadis dominés par l’Allemagne. Ils y récupèrent machines, armes secrètes, secrets technologiques, secrets industriels. Et surtout, des cerveaux. La fin des hostilités accélère ce mouvement : quelques-uns s’installent au Royaume-Uni(1), beaucoup aux États-Unis, en Union Soviétique, et en France également, la France qui réalise un honnête tableau de chasse(2), dans lequel on compte notamment Eugen SÄNGER. C’est l’Arsenal de l’Aéronautique de Châtillon qui le recrute comme ingénieur-consultant en 1946. Il travaille alors sur différents projets intéressant la Défense nationale (missile antichar SS-10, missile R-010 à stato, combinés turbo-statos, etc.), transmet ses connaissances en matière de refroidissement des moteurs fusées, participe dès novembre 1950 au développement de l’avion expérimental Griffon. Episode croustillant typique de la Guerre Froide : quand Staline découvre, en 1947, le rapport sur le « bombardier antipodal », il ordonne à son propre fils, de sillonner l’Europe pour ramener son auteur en URSS, de gré ou de force, de sorte qu’il puisse poursuivre ses travaux. Un kidnapping est même envisagé, mais l’affaire tourne court : les services secrets veillent et déjouent le complot(3). Au tournant des années 1950, SÄNGER continue de défendre la cause de l’astronautique. En visionnaire, il constate que les gouvernements et les industriels ne perçoivent pas encore l’intérêt de la « conquête spatiale ». Pour poser le débat, il étudie les aspects économiques de cette activité nouvelle. De rapides calculs lui font conclure qu’aucune société privée, quelle qu’en serait la puissance, qu’aucun petit pays, ne disposeraient jamais des moyens nécessaires pour soutenir une telle activité. Cette conclusion réoriente ses actions : il cherche désormais à promouvoir l’activité spatiale dans un cadre fertile où elle pourrait éclore. Les volontés convergent : en 1949, la « Société pour la recherche spatiale », la Gesellschaft für Weltraumforschung ou GfW de Stuttgart propose à toutes les sociétés savantes qui, dans le monde, s’intéressent à la conquête spatiale, de créer une association internationale pour l’astronautique. Elle reçoit en retour deux réponses : la British Interplanetary Society, BIS propose d’organiser un congrès à Londres en 1951 ; le Groupement Astronautique Français , GAF, fondé en 1945 par Alexandre ANANOFF, écrivain scientifique d’une immense culture, défenseur acharné de la cause spatiale et grand ami de SÄNGER, se montre plus rapide. Résultat : le GAF organise à Paris en un temps record, le premier congrès international d’astronautique(4). SÄNGER préside le comité provisoire de la Fédération Internationale d’Astronautique (IAF) officiellement créée le 4 septembre 1951, lors du Congrès IAF de Londres. Il devient son premier président, poste qu’il occupera pendant deux ans. Cette victoire lui laisse cependant un arrièregoût amer : lui, qui rêvait d’une organisation autonome capable de mener des activités de R&D dans le cadre d’un « Institut de recherche astronautique » à vocation internationale, se retrouve à la tête d’une « machine à broyer de l’information ». Les technologies spatiales présentent un caractère dual que nul ne souhaite « lâcher » au nom d’un humanisme teinté de fausse naïveté. La Guerre Froide fait rage. SÄNGER trouve d’autres sujets d’intérêt. En 1956, au Congrès IAF de Rome (Italie), son intervention porte sur l’accessibilité des étoiles. Il présente un nouveau concept de véhicule à propulsion photonique — sujet qui le taraude depuis 1953 — qui permettrait, théoriquement, explique-t-il, d’accélérer aux vitesses « relativistes ». L’équipage embarqué pourrait atteindre un système extra-solaire, accomplir sa mission puis rebrousser chemin et regagner la Terre dans l’espace d’une vie. Averti de ce texte, le Pape…. déclare que l’activité d’exploration spatiale n’est en rien contraire aux enseignements de l’Eglise. A l’automne 1954, la République Fédérale Allemande (RFA) est à nouveau autorisée à poursuivre ses activités de recherche aéronautique, ce qui lui était formellement interdit depuis 1945. Cette autorisation s’accompagne du « rappel des savants » pour lesquels on souhaite créer de nouveaux laboratoi- (1) John BECKLAKE - German Rocket Engineers in Britain — Their Influence Revisited. Paper # IAC-03-IAA.2.4.b.01, 37th Symposium on History of Astronautics, 54th International Astronautical Congress –29/09-03/10/2003, Breme, Germany. (2) Philippe JUNG, Post-War German Rocketry Influence in France: An Analysis: (Part I. Paper# IAC-03-IAA.2.4a.07, 37th Symposium on History of Astronautics, 54th International Astronautical Congress –29/09-03/10/2003, Breme, Germany. Eté 1961, nouveau coup de théâtre : les laboratoires expérimentaux sont fins prêts dans le bâtiment principal de Stuttgart-Pfaffenwald et la construction d’un important banc d’essais destiné aux essais de moteurs fusées, achevée à Lampoldshausen , mais les autorités fédérales allemandes expriment le souhait de démanteler ce vaste complexe de recherche, et d’en réactiver les composantes dans le cadre d’instituts de recherche indépendants associés au DVL. SÄNGER s’y oppose mais ne peut résister aux pressions qu’il subit. Cette époque de lynchage médiatique est marquée par une affaire complexe : l’affaire des missiles égyptiens, auquel le nom de SÄNGER s’est trouvé associé. L’affaire est éclaircie, le président allemand le réhabilite. Début 1963, il accepte une offre de l’université technique de Berlin (BTU) où une « chaire d’éléments de technologies astronautiques » vient d’être créée. Il y enseignera jusqu’à son décès en 1964. Parallèlement à ses activités au FPS, SÄNGER travaille aussi comme consultant pour diverses sociétés industrielles aéronautiques et spatiales allemandes. De 1961 à 1964, il rédige pour Junkers (JFM) un épais rapport sur les « propositions provisoires pour le développement d’un avion spatial européen ». Le 10 février 1964, quelques heures seulement après avoir apposé le mot « fin » au 32ème et dernier chapitre de son dernier rapport, Eugen SÄNGER s’éteint. Il emporte avec lui l’espoir secret d’un grand rêve prophétique. « Un jour, écrivait-il, mes Oiseaux d’Argent s’envoleront ». Beaucoup plus haut. Beaucoup plus loin. Beaucoup plus vite. Per Aspera ad Astra. A.D. SZAMES et Hartmut E. SÄNGER Boulogne - Paris, 2004 POURQUOI « RICOCHER SUR LES COUCHES DENSES DE L’ATMOSPHÈRE » ? « Ricocher sur les couches denses de l’atmosphère » est une expression impropre dans la mesure où il n’existe pas de frontière tranchée entre le « vide » et l’atmosphère dense. Néanmoins l’image qu’elle renvoie nous permet de bâtir – comme le fit Eugen SÄNGER – une analogie aisément préhensile pour l’esprit. Lorsque l'on rentre de l'espace, la densité de l'air augmente progressivement ; lorsque la température atteint par échauffement cinétique un niveau limite, on fait une ressource comme un avion classique qui remonte – les experts parlent dans ce cas de « facteur de charge positif » – de manière à limiter cet échauffement. La même ressource (« pull-up ») était effectuée par le Command Module d'Apollo au retour de la Lune, toujours pour minimiser l'échauffement, diminuer la décélération et aussi allonger la trajectoire (cela pouvait atteindre jusqu'à 60 km d'écart, une remontée de 45 km à 105 km d'altitude!) ». D’après SZAMES et SÄNGER, Tsien HSUE-SCHEN évaluera négativement ce type de trajectoire pour le compte de l’US Air Force, dont on reparlera néanmoins épisodiquement aux Etats-Unis : depuis une demi-douzaine d’années quelques études trajectographiques exploitant cet « effet ricochet » ont été menées par des ingénieurs de haut vol spécialisés dans la conception de plates-formes hypersoniques de frappe et/ou de reconnaissance stratégiques. Ces efforts sont peut-être liés à la volonté patente de revisiter le « concept » de véhicule hypersonique russe « Ajax » (Leninetz) et de faire entrer celui-ci dans l’arsenal des armes futures de l’US Air Force. L e s h i s to i re s D E L ’ H I STO I R E res. SÄNGER ne voit cependant pas d’alternative à la France. Mais la RFA insiste et lui offre de meilleures perspectives. Alors… Il quitte la France en septembre 1954, s’installe à Stuttgart et fonde l’Institut pour la Physique de la Propulsion à réaction le Forschungsinstitut für Physik der Strahlantriebe – FPS, le premier centre de recherche allemand sur les technologies communes à l’aéronautique et l’astronautique. En 1957, il devient professeur honoraire à l’université de Stuttgart. Mis à part une série d’essais à grande échelle d’un moteur-fusée à eau réalisés sur l’aéroport de Stuttgart et l’étude de divers problèmes d’intérêt théorique, il abandonne les recherches pratiques. Il poursuit toutefois ses activités de consultant pour l’industrie. En 1959, par exemple, Daimler-Benz lui demande d’étudier de petits statos destinés à être montés en bouts de pales d’hélicoptères… Philippe JUNG ACRONYMES (3) La source princeps de cette information est : G.A. Tokaev, Stalin Means War, London: Weindenfeld & Nicolson, 1951, p.158. (4) Alexandre Ananoff, Mémoires d’un Astronaute, Paris : Blanchard, 1978. Hervé Moulin, IAF — The First 50 years — The Spirit of Astronautics, Paris : International Astronautical Federation, 2001, pp.9-11 International Astronautical Federation, IAA : International Academy of Astronautics, GEERS : Groupe d'Etudes Européennes pour la Recherche Spatiale, COPERS : Commission Préparative Européenne de Recherches Spatiales. L A L ETTRE AAAF ■ TAGEBUCH : le cahier de laboratoire de 1933 de SÄNGER, montrant le principe du refroidissement régénératif pour moteur-fusée. A gauche un modèle d'essai, dont la tuyère a fondu, alors que la chambre a tenu IAF : 15 L A PA RO L E AU X L EC T E U R S N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 16 Nos vélivoles amateurs, héritiers d’une longue tradition française, ont réagi à l’article de Jean CARPENTIER (La Lettre N°6-2004) sur le livre de Fred THOMAS « Fundamentals of Sailplane Design ». Ils nous apportent quelques points de vue complémentaires intéressants sur l’Histoire du vol à voile. Les Français, les Allemands..., et le vol à voile Il faut le savoir, l'industrie du planeur est actuellement dominée par les allemands, suite au... Traité de Versailles ! Les futurs pilotes de la Luftwaffe furent en effet formés dans les années 20 à 30 sur les seules machines qu’il leur était permis de piloter : les planeurs. Il en a résulté, après-guerre, un système unique d'universités (Akaflieg Akademische Fliergerschule) développant des prototypes qui, s'ils sont réussis, sont ensuite produits en série par l'industrie (Schempp-Hirth, Grob, Glasflügel, Scheibe..). Plus récemment, à la fin des années 70, Sup'Aéro a tenté l’aventure avec ce qui devint le « Marianne », un quasiéchec, puis l’ENSMA avec « l’Akaschtroumpf », un échec également. L’Histoire nous rappelle que l'ingénieur CAYLA, mort récemment, a été trois fois « champion du monde » : les deux première fois avec son remarquable Bréguet 901, piloté en 1954 par PIERRE et en 1956 par l’Américain MACCREADY, puis avec son « Siren C30S Edelweiss » en 1965 piloté par HENRY. (MACCREADY est l’inventeur bien connu de l'instrument qui porte son nom sur les planeurs et de l'avion à propulsion musculaire « Gossamer Albatros » de la traversée de la Manche en 1979). On ne peut pas oublier non plus les premiers planeurs de l'histoire avec Jean-Marie LE BRIS et la « Barque Ailée » avec le premier passager de l’Histoire, en 1856, puis le superbe « Albatros » en 1868, la première machine volante photographiée au monde. Au sujet des ailes volantes, on ne peut passer sous silence Charles FAUVEL, le premier au monde à avoir fabriqué en série une aile volante : l'AV 36 des années 50, vendue dans le monde entier, Allemagne et USA compris! Pour ce qui est des ailes télescopiques, cela a été déjà fait, par l'Akaflieg Stuttgart (FS-29). Philippe JUNG Président de la Commission Histoire Jean CAYLA et l’Histoire du vol à voile Le remarquable résumé que Jean CARPENTIER nous a présenté dans La Lettre (N°6-2004) ne traite pas de la partie historique du livre de Fred THOMAS sur les « Bases de la conception des planeurs ». Certes, l’auteur n’a pas cherché à écrire un livre sur l’histoire du vol à voile, mais pour expliquer l’état présent où est parvenue la création de planeurs, il a dû commenter la construction et les caractéristiques d’un nombre important d’anciens planeurs. Il a mentionné plusieurs jalons dans la longue évolution ayant débuté avec le 20ème siècle. Il a manqué l’étape très importante qu’a représenté le Bréguet 901, vainqueur des Championnats du Monde de 1954 et de 1956. Le concepteur en était Jean CAYLA, alors jeune centralien diplômé depuis 1949, qui sut choisir – et parfois difficilement imposer au sein même de l’entreprise qui l’employait – un ensemble très complet de solutions très modernes pour l’époque : choix d’un profil laminaire pour les ailes (les puristes dirent alors « semi-laminaires »), volets de courbure à fente et à recul (capables d’un braquage négatif pour les grandes vitesses), aérofreins très efficaces (conjugués avec les volets, ils permettaient des atterrissages très courts), verrière parfaitement intégrée dans le fuselage, atterrisseur principal escamotable, water-ballasts de 75 litres, de démontage et remontage faciles, le tout obtenu par des procédés industriels nouveaux, dont le moulage des bords d’attaque. Avec un allongement de 20 seulement, ce planeur atteignait une finesse de 36 sur n’importe quel exemplaire de la production « en série ». Un point que ses rivaux de l’époque – souvent des prototypes très bichonnés – ne pouvaient que lui envier ! Au risque de paraître quelque peu provocateur, il faut dire que le Breguet 901 doit être considéré comme le premier planeur des temps modernes. J’en veux pour preuve le témoignage récent d’un très grand vélivole, Paul B. MACCREADY, qui a donné son nom à une méthode d’optimisation de la vitesse des planeurs (au point que le nom MacCready est devenu un substantif pour les vélivoles) : « Je me rappelle avoir dit alors qu’il se pouvait que ce Bréguet 901 ne soit pas le meilleur du monde pour l’une quelconque de ses caractéristiques : finesse, taux de chute, maniabilité, stabilité en lacet, volets de courbure, avertissement de décrochage, visibilité, etc. Mais que c’était le meilleur ensemble au monde d’excellentes caractéristiques. Une merveille à piloter ». Dans une autre entreprise, la SIREN, Jean CAYLA réalisa par la suite un planeur de la classe standard (envergure limitée à 15 mètres, train fixe, pas de ballastage autorisé), l’Edelweiss C 30S, qui gagna, en d’autres Championnats du Monde, la seconde place dans sa classe en 1963 et la première place en 1965. L’Edelweiss n’est pas même pas mentionné dans le livre de Fred THOMAS, mais cela est moins étonnant dans la mesure où il ne représente pas une étape aussi importante que son prédécesseur. Jean CAYLA disparut dans les Alpes en mai 1996 à 70 ans, à bord d’un planeur, ayant accroché en vol un câble de transport d’explosifs qui n’était pas balisé et qui aurait dû l’être… Il a été président de la Commission Aviation légère de notre association. Michel de la BURGADE Président de la Commission Aviation légère LA LETTRE AAAF Éditeur : Association Aéronautique et Astronautique de France, AAAF 61, av. du Château - 78480 Verneuil/Seine Tél : 01 39 79 75 15 • Fax : 01 39 79 75 27 [email protected] • www.aaaf.asso.fr Directeur de la publication : Michel SCHELLER Rédacteur en chef : Khoa DANG-TRAN Comité de rédaction : Michel de la BURGADE, Shirley COMPARD, Claude HANTZ, Jacques HAUVETTE, Philippe JUNG, Georges MEAUZE Rédaction : Tél : 01 46 73 37 80 ; Fax : 01 46 73 41 72 ; E-mail : [email protected] Ont notamment collaboré à ce numéro : Denis JEANDEL, Philippe JUNG, Gérard LARUELLE, Jean LIZON-TATI, Jean-François QUILICI, Harmut SANGER, Michel SCHELLER, A.D. SZAMES, Jean-Claude THEVENIN, Bernard VIVIER Crédits Photos : Airbus, Harmut SANGER. Conception : Khoa DANG-TRAN, Sophie BOUGNON Réalisation : Sophie BOUGNON Imprimerie : Imprimerie CLAUDEL Dépôt légal : 2ème trimestre 2004 ISSN 1767-0675 Droits de reproduction, texte et illustrations réservés pour tous pays L A PA RO L E AU X L EC T E U R S N°7 - JUILLET/AOÛT 2004 16 Nos vélivoles amateurs, héritiers d’une longue tradition française, ont réagi à l’article de Jean CARPENTIER (La Lettre N°6-2004) sur le livre de Fred THOMAS « Fundamentals of Sailplane Design ». Ils nous apportent quelques points de vue complémentaires intéressants sur l’Histoire du vol à voile. Les Français, les Allemands..., et le vol à voile Il faut le savoir, l'industrie du planeur est actuellement dominée par les allemands, suite au... Traité de Versailles ! Les futurs pilotes de la Luftwaffe furent en effet formés dans les années 20 à 30 sur les seules machines qu’il leur était permis de piloter : les planeurs. Il en a résulté, après-guerre, un système unique d'universités (Akaflieg Akademische Fliergerschule) développant des prototypes qui, s'ils sont réussis, sont ensuite produits en série par l'industrie (Schempp-Hirth, Grob, Glasflügel, Scheibe..). Plus récemment, à la fin des années 70, Sup'Aéro a tenté l’aventure avec ce qui devint le « Marianne », un quasiéchec, puis l’ENSMA avec « l’Akaschtroumpf », un échec également. L’Histoire nous rappelle que l'ingénieur CAYLA, mort récemment, a été trois fois « champion du monde » : les deux première fois avec son remarquable Bréguet 901, piloté en 1954 par PIERRE et en 1956 par l’Américain MACCREADY, puis avec son « Siren C30S Edelweiss » en 1965 piloté par HENRY. (MACCREADY est l’inventeur bien connu de l'instrument qui porte son nom sur les planeurs et de l'avion à propulsion musculaire « Gossamer Albatros » de la traversée de la Manche en 1979). On ne peut pas oublier non plus les premiers planeurs de l'histoire avec Jean-Marie LE BRIS et la « Barque Ailée » avec le premier passager de l’Histoire, en 1856, puis le superbe « Albatros » en 1868, la première machine volante photographiée au monde. Au sujet des ailes volantes, on ne peut passer sous silence Charles FAUVEL, le premier au monde à avoir fabriqué en série une aile volante : l'AV 36 des années 50, vendue dans le monde entier, Allemagne et USA compris! Pour ce qui est des ailes télescopiques, cela a été déjà fait, par l'Akaflieg Stuttgart (FS-29). Philippe JUNG Président de la Commission Histoire Jean CAYLA et l’Histoire du vol à voile Le remarquable résumé que Jean CARPENTIER nous a présenté dans La Lettre (N°6-2004) ne traite pas de la partie historique du livre de Fred THOMAS sur les « Bases de la conception des planeurs ». Certes, l’auteur n’a pas cherché à écrire un livre sur l’histoire du vol à voile, mais pour expliquer l’état présent où est parvenue la création de planeurs, il a dû commenter la construction et les caractéristiques d’un nombre important d’anciens planeurs. Il a mentionné plusieurs jalons dans la longue évolution ayant débuté avec le 20ème siècle. Il a manqué l’étape très importante qu’a représenté le Bréguet 901, vainqueur des Championnats du Monde de 1954 et de 1956. Le concepteur en était Jean CAYLA, alors jeune centralien diplômé depuis 1949, qui sut choisir – et parfois difficilement imposer au sein même de l’entreprise qui l’employait – un ensemble très complet de solutions très modernes pour l’époque : choix d’un profil laminaire pour les ailes (les puristes dirent alors « semi-laminaires »), volets de courbure à fente et à recul (capables d’un braquage négatif pour les grandes vitesses), aérofreins très efficaces (conjugués avec les volets, ils permettaient des atterrissages très courts), verrière parfaitement intégrée dans le fuselage, atterrisseur principal escamotable, water-ballasts de 75 litres, de démontage et remontage faciles, le tout obtenu par des procédés industriels nouveaux, dont le moulage des bords d’attaque. Avec un allongement de 20 seulement, ce planeur atteignait une finesse de 36 sur n’importe quel exemplaire de la production « en série ». Un point que ses rivaux de l’époque – souvent des prototypes très bichonnés – ne pouvaient que lui envier ! Au risque de paraître quelque peu provocateur, il faut dire que le Breguet 901 doit être considéré comme le premier planeur des temps modernes. J’en veux pour preuve le témoignage récent d’un très grand vélivole, Paul B. MACCREADY, qui a donné son nom à une méthode d’optimisation de la vitesse des planeurs (au point que le nom MacCready est devenu un substantif pour les vélivoles) : « Je me rappelle avoir dit alors qu’il se pouvait que ce Bréguet 901 ne soit pas le meilleur du monde pour l’une quelconque de ses caractéristiques : finesse, taux de chute, maniabilité, stabilité en lacet, volets de courbure, avertissement de décrochage, visibilité, etc. Mais que c’était le meilleur ensemble au monde d’excellentes caractéristiques. Une merveille à piloter ». Dans une autre entreprise, la SIREN, Jean CAYLA réalisa par la suite un planeur de la classe standard (envergure limitée à 15 mètres, train fixe, pas de ballastage autorisé), l’Edelweiss C 30S, qui gagna, en d’autres Championnats du Monde, la seconde place dans sa classe en 1963 et la première place en 1965. L’Edelweiss n’est pas même pas mentionné dans le livre de Fred THOMAS, mais cela est moins étonnant dans la mesure où il ne représente pas une étape aussi importante que son prédécesseur. Jean CAYLA disparut dans les Alpes en mai 1996 à 70 ans, à bord d’un planeur, ayant accroché en vol un câble de transport d’explosifs qui n’était pas balisé et qui aurait dû l’être… Il a été président de la Commission Aviation légère de notre association. Michel de la BURGADE Président de la Commission Aviation légère LA LETTRE AAAF Éditeur : Association Aéronautique et Astronautique de France, AAAF 61, av. du Château - 78480 Verneuil/Seine Tél : 01 39 79 75 15 • Fax : 01 39 79 75 27 [email protected] • www.aaaf.asso.fr Directeur de la publication : Michel SCHELLER Rédacteur en chef : Khoa DANG-TRAN Comité de rédaction : Michel de la BURGADE, Shirley COMPARD, Claude HANTZ, Jacques HAUVETTE, Philippe JUNG, Georges MEAUZE Rédaction : Tél : 01 46 73 37 80 ; Fax : 01 46 73 41 72 ; E-mail : [email protected] Ont notamment collaboré à ce numéro : Denis JEANDEL, Philippe JUNG, Gérard LARUELLE, Jean LIZON-TATI, Jean-François QUILICI, Harmut SANGER, Michel SCHELLER, A.D. SZAMES, Jean-Claude THEVENIN, Bernard VIVIER Crédits Photos : Airbus, Harmut SANGER. Conception : Khoa DANG-TRAN, Sophie BOUGNON Réalisation : Sophie BOUGNON Imprimerie : Imprimerie CLAUDEL Dépôt légal : 2ème trimestre 2004 ISSN 1767-0675 Droits de reproduction, texte et illustrations réservés pour tous pays