La pédagogie de l`Alternance à Grenoble Ecole de
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La pédagogie de l`Alternance à Grenoble Ecole de
LA PEDAGOGIE DE L’ALTERNANCE A GRENOBLE ECOLE DE MANAGEMENT Par Catherine Ferrier Ranchoup Responsable Pédagogique des programmes alternés GRENOBLE ECOLE DE MANAGEMENT 12, rue Pierre Sémard - BP 127 - 38003 Grenoble Cedex 01 Tél. : +33 4 76 70 65 87 La montée en puissance de l’alternance dans notre école, et le souci d’en faire un parcours phare, a conduit Grenoble Ecole de Management à renforcer ses équipes pédagogiques et à créer une cellule exclusivement dédiée à une réflexion approfondie sur la pédagogie des programmes alternés et à la conception de solutions pédagogiques pour l’alternance. L’objectif de notre école et celui vers lequel doit- ou devrait- tendre tout enseignant quand il construit son cours, est de préparer et d’optimiser l’employabilité de nos étudiants lorsqu’ils arriveront sur le marché du travail : que nos formations académiques et que les divers parcours professionnalisant tout au long de la scolarité de nos élèves (stages, alternance, césure, expériences associatives) répondent au mieux aux besoins des entreprises pour favoriser le recrutement des jeunes diplômés. Que les étudiants acquièrent une culture générale, un niveau académique mais aussi des compétences professionnelles directement « utilisables » par un recruteur. L’INGENIERIE STRATEGIQUE DE LA CELLULE PEDAGOGIQUES A ETE MULTIPLE : Offrir toujours plus de formations mieux adaptées aux besoins des entreprises car sans le soutien du monde économique aucune formation en alternance ne peut être mise en place. La principale caractéristique de la formation en alternance est d’être une formation tripartite construite autour d’un partenariat entre l’école, son étudiant et l’entreprise utilisatrice. Sans le soutien de l’entreprise qui recrute l’étudiant, souvent pour un ou deux ans, il n’y a pas d’alternance possible. C’est la raison pour laquelle nos formations doivent impérativement répondre aux besoins de l’entreprise et pas seulement à un « instant T ». L’anticipation de leurs besoins futurs est indispensable. Finalement c’est comprendre leur gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pour adapter nos formations, les mettre régulièrement à jour, les faire vivre tout simplement. Multiplier les liens avec le monde économique est donc finalement devenu indispensable. Faire entrer encore plus l’entreprise dans l’école, la faire participer à la réflexion pédagogique, faire en sorte qu’elle soit partie prenante à l’évaluation de son alternant, la faire rentrer dans nos salles de cours c’est l’impliquer encore plus. L’entreprise accordera d’autant plus d’attention à nos étudiants que nous la faisons participer à sa scolarité. Déceler les nouveaux besoins de formation grâce aux différents contacts que nous entretenons avec le monde économique, personnaliser au mieux les parcours car chaque entreprise, chaque étudiant, chaque mission sont uniques. Cela veut dire former des jeunes « débutants-expérimentés » même si ces deux termes semblent à priori opposés, car finalement c’est là toute la difficulté mais aussi l’intérêt de notre travail : que ces jeunes, riches d’une formation académique de haut niveau, soient immédiatement opérationnels-au moins sur une partie de leur poste- quand ils sont recrutés. Cette double compétence-académique et professionnelle- est déterminante et peut être décisive lors d’un recrutement. Evaluer, reconnaître et mémoriser les compétences professionnelles acquises par nos étudiants a aussi été un de nos objectifs majeurs. Car pour que l’étudiant puisse valoriser sa double compétence (académique et professionnelle) devant un futur recruteur, encore faut il qu’on lui donne les moyens de le faire. Les compétences académiques sont facilement identifiables dans le diplôme que l’étudiant reçoit à la fin de son cursus. Mais pour les compétences professionnelles notre souci a été de définir qui, quand et comment nous pouvions les valider. LA CONSTRUCTION DE NOS PARCOURS DE FORMATION D’office notre démarche a été de bâtir une alternance pédagogique : faire cohabiter l’école et l’entreprise, travailler ensemble, déceler les besoins et y répondre. Interagir, échanger avec l’entreprise a été notre objectif. La cellule a en fait été un lien entre l’enseignant chercheur responsable de son programme et l’entreprise et ses impératifs pour la mise à jour de nos formations ou la construction de nouveaux cours. De nouveaux projets pédagogiques ont ainsi été mis en place. Tout d’abord nous avons créé des enseignements construits non pas autour d’exemples et de cas extérieurs, mais autour des problématiques apportées par l’alternant directement de son entreprise. La formation académique est alors bâtie autour de l’apprenti lui-même qui apporte la « matière » au cours. L’entreprise peut d’ailleurs être sollicitée soit pour discuter avec l’étudiant de la problématique sur laquelle il souhaite travailler, soit en intervenant directement au cours pour témoigner. Cela va à l’encontre de l’enseignement traditionnel car si d’habitude l’enseignant a le temps de construire et illustrer son cours en fonction d’un objectif pédagogique prédéfini, dans le cas de « cours opérationnels » il doit être plus réactif et doit bâtir son enseignement à partir de la problématique apportée par l’étudiant. C’est assez déstabilisant au départ et demande une forte capacité d’adaptation de la part de l’enseignant. Toujours soucieux que nos formations académiques aident et facilitent la bonne marche de l’apprentissage, nous avons créé dans chaque spécialité un parcours à la carte où c’est l’étudiant qui choisit ses modules en fonction de ses affinités et bien sûr de ce qu’il fait en entreprise. Par exemple celui qui occupe une fonction RH dans l’entreprise et gère les relations sociales optera certainement, entre autres, pour le module « droit du travail et relations sociales ». Alors que celui qui travaille sur le SIRH pourra suivre le module qui lui est consacré. C’est toute la force de cette formation : faire que chaque étudiant adapte sa formation à son besoin. Pour répondre au besoin croissant de l’entreprise de populations internationales nous avons réfléchi à la façon dont nous pouvions développer de tels projets pour les populations alternantes qui ont pour caractéristiques d’être peu mobiles puisqu’elles alternent entrepriseécole, en France pour la plupart d’entre elles, à un rythme annuel très chargé. Finalement nous avons choisi de développer l’apprentissage de l’anglais en plus des heures de langues classiques. Un nombre important de documents en langue anglaise sont aujourd’hui distribués aux étudiants qui prennent ainsi l’habitude, comme en entreprise, de travailler sur des documents techniques en langue anglaise. Des cours distribués intégralement en langue anglaise ont été aussi développés pour parfaire leur aisance orale. Et nous travaillons actuellement avec les entreprises pour expatrier nos étudiants sur des filiales étrangères pendant leur mission en entreprise. Pour cela il a fallu libérer du « temps entreprise » et adapter les emplois du temps tout en respectant le nombre d’heures de cours à distribuer. Finalement, pour vérifier nos données de base et valider nos décisions, nous avons mené une enquête pédagogique auprès de toutes les entreprises qui emploient actuellement nos étudiants alternés. 78% d’entres elles nous réclament plus d’informations sur le contenu de la formation académique suivi par leur alterné mais dans un même temps 85% nous confirment que nos formations sont adaptées à leur besoin. L’envie de participer à nos cours, soit en les construisant avec l’enseignant, soit en intervenant dans les salles de cours est fort : 65% des entreprises interrogées sont en demande. Plus de 60% d’entre elles se disent intéressées et prêtes à expatrier l’étudiant sur une filiale étrangère. Enfin, pour plus de 60% des entreprises l’alternance reste un acte de pré-recrutement, c’est dire l’importance que l’école doit attacher au bon déroulement de ces cursus qui sont en fait un vrai tremplin vers l’embauche des jeunes diplômés.