Maladie de Newcastle, Maladie de Gumboro et bronchite infectieuse
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Maladie de Newcastle, Maladie de Gumboro et bronchite infectieuse
ARTICLE ORIGINAL Maladie de Newcastle, Maladie de Gumboro et bronchite infectieuse aviaire au Viet Nam Intérêt médical et économique d’un programme de vaccination mis en place dans la région d’Ho Chi Minh Ville* ° BUI TRAN ANH DAO, °° A. TRIPODI, °°° M. CARLES et °°°° G. BODIN ° Faculté d’Élevage et de Médecine Vétérinaire, Université d’Agriculture de Hanoi, Viet Nam °° Strenghtening of Veterinary Services in Viet Nam-Project, Department of Animal Health, Phuong Mai, Dong Da, Hanoi, Viet Nam °°° Nutriway, 69 Ba Trieu, Hanoi, Viet Nam °°°° École Nationale Vétérinaire de Toulouse. 23, Chemin des Capelles, F-31076 Toulouse Cedex 03. (auteur assurant la correspondance) RÉSUMÉ SUMMARY 4997 poulets de chair (4 lots) ont été vaccinés par 2 programmes de vaccination contre la maladie de Newcastle, la maladie de Gumboro et la bronchite infectieuse (programme 1 : vaccins à virus vivants, programme 2 : vaccins associés à virus vivants et inactivés contre la maladie de Newcastle) et ont été nourris par 2 aliments : aliment industriel et artisanal, dans la région d'Ho Chi Minh Ville (Viet Nam). Le meilleur résultat (taux de mortalité le plus faible, taux le plus élevé en anticorps, meilleur gain de poids et rentabilité supérieure) a été obtenu avec le programme 2 (vaccins associés) et l'aliment industriel. Newcastle disease, Gumboro disease and avian infectious bronchitis in Viet Nam. Medical and economic interest of the one vaccinal program applied in Ho Chi Minh City. By BUI TRAN ANH DAO, A. TRIPODI, M. CARLES and G. BODIN. MOTS-CLÉS : vaccination - Newcastle - Gumboro - bronchite infectieuse - Viet Nam. KEY-WORDS : vaccination - Newcastle disease Gumboro disease - infectious bronchitis - Vietnam. Introduction transmission de maladies virales comme la maladie de Newcastle, la maladie de Gumboro et la bronchite infectieuse qui entraînent de graves pertes économiques pour les éleveurs [9, 21, 22]. Le remplacement progressif, de l’élevage traditionnel des animaux de basse-cour par un élevage intensif de poulets de chair, dans la région d’Ho Chi Minh Ville, est la réponse à une demande croissante des consommateurs dans la zone urbaine et périurbaine. L’élevage intensif de races importées et l’augmentation de la densité des volailles dans les élevages, sont des facteurs prédisposants pour l’apparition et la * Ce travail a été réalisé avec l’aide financière de Mérial Viet Nam que nous remercions. Revue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 Two programs of the vaccination against Newcastle disease, Gumboro disease and Infectious bronchitis were applied to 4997 chickens divided into 4 groups and fed on 2 types of the food (one industrial (1) and one nonindustrial (2)), in one of the fowl-houses in Ho Chi Minh City (Vietnam). First program of the vaccination : attenuated vaccine, and second program : attenuated vaccine associated with inactivated vaccine against Newcastle disease. The best result (lowest mortality, highest title of the antibodies, best growth and performance) was obtained by second program of vaccination. Brefs rappels sur les principales maladies virales des poulets de chair au Viet Nam Ces maladies sont au nombre de trois : la maladie de Newcastle, la maladie de Gumboro et la bronchite infectieuse. 240 1) LA MALADIE DE NEWCASTLE Cette maladie est infectieuse et très contagieuse. Elle affecte les oiseaux et particulièrement les gallinacés. Elle est provoquée par des virus appartenant à la famille des Paramyxoviridae, à la sous-famille des Paramyxovirinae, au genre Rubulavirus, en général responsables d’infections respiratoires. Ces virus sont appelés couramment : Paramyxovirus aviaires de type 1 (PMV1) [1, 2, 7]. Au Viet Nam, la maladie de Newcastle est présente depuis longtemps mais ce n’est qu’en 1949 que Jacotot et Le Louet [16] ont prouvé l’existence du virus à Nha Trang par inoculation expérimentale de poulets et d’œufs embryonnés, test d’hémagglutination (HA) et d’inhibition de l’hémagglutination (IHA). En 1956, NGUYEN LUONG et TRAN QUANG NHIEN [16] ont montré que cette maladie était présente dans plusieurs régions du Viet Nam. Dans les années 1955 1957, de très nombreuses études ont été faites dans le nord du Viet Nam sur plus de 189 échantillons provenant de 20 provinces et ont révélé 98 résultats positifs vis-à-vis de la maladie de Newcastle mais aucun positif vis-à-vis de la peste aviaire ce qui concordait avec les prévisions de l’OIE [16]. Selon NGUYEN BA HUE et NGUYEN THU HONG (1976) [18], une épizootie de Newcastle s’est produite à l’entreprise de An Khanh en 1970 et de nombreuses pertes ont été enregistrées, en 1974, dans des élevages situés à Ha Noi, Dong Anh et Hai Phong. A l’heure actuelle, cette maladie cause toujours de lourdes pertes, notamment dans les élevages industriels. Plusieurs programmes de vaccination contre la maladie de Newcastle sont mis en œuvre dans les fermes privées ou d’État. En général, il est effectué 2 à 3 vaccinations avec des vaccins à agents modifiés qui sont des souches lentogènes de virus : par exemple les souches Lasota, HB1, F, VG/GA. Le respect du calendrier de vaccination, le choix des vaccins et de la voie d’administration, changent beaucoup d’un élevage à l’autre, en fonction de la compétence des éleveurs qui est très variable. C’est la raison pour laquelle la maladie de Newcastle fait encore autant de ravages. 2) LA MALADIE DE GUMBORO La maladie de Gumboro ou bursite infectieuse est due à un virus de la famille des Birnaviridae et du genre Birnavirus, caractérisé par un ARN bicaténaire segmenté. Ces virus provoquent, sur des poulets de 3 à 5 semaines, de l’anorexie, de la diarrhée, des tremblements et causent 20 à 30 % de mortalité. Le virus se réplique dans la bourse de Fabricius causant oédème, hémorragies et nécrose. Ces lésions sont responsables d’une importante immunodépression [22]. Dans les années 1970, NGUYEN TIEN DUNG [11], suspecte un épisode de cette maladie mais les vétérinaires mal informés ont, à l’époque considéré qu’il s’agissait de maladie de Newcastle. En septembre et octobre 1981, dans une ferme militaire de la province de Da Nang, 6460 poulets meurent sur un effectif de 23310, soit 27 %. Aucun diagnostic n’est effectué mais l’épidémiologie, la description des symptômes et des lésions permettent de suspecter la maladie de Gumboro. En 1982, dans la province de Ha Son Binh, BUI TRAN ANH DAO ET COLLABORATEURS cette maladie tue 34 % de poulettes de 21 à 30 jours [13]. La symptomatologie et la prévalence sont les mêmes que dans les premières descriptions faites par des auteurs étrangers [3]. De nombreuses études réalisées en 1986 [19] et 1988 [10] montrent l’existence de cette maladie dans les élevages autour de Ha Noi, avec une mortalité voisine de 25 %. En 1992, LE THANH HOA [8] rapporte que de 1987 à 1989, grâce à la technique de précipitation en milieu gélifié, des anticorps dirigés contre le virus de Gumboro ont été détectés avec une prévalence de 30 à 40 %. D’après les statistiques du Département National Vétérinaire du Viet Nam, la maladie de Gumboro a été rencontrée dans la plupart des provinces du pays au cours des années 1987 - 1996. [19]. Cette maladie se propage encore actuellement et provoque de grandes pertes, notamment autour de Ho Chi Minh Ville, malgré les vaccinations avec des vaccins à agents vivants ou inactivés. La vaccination contre la maladie de Gumboro est généralement réalisée en deux fois avec des vaccins à agents modifiés contenant l’une des souches suivantes : Lukert, S706, Winterfield 2512 (17). Les remarques concernant la mise en oeuvre de la vaccination contre la maladie de Newcastle sont, hélas, valables dans ce contexte. 3) LA BRONCHITE INFECTIEUSE Cette maladie est due à un virus de la famille des Coronaviridae, du genre Coronavirus. Il s’agit d’une maladie respiratoire très contagieuse, d’allure explosive entraînant des chutes de ponte avec des œufs mous et mal formés. Actuellement, peu de documents sont consacrés à l’étude de la bronchite infectieuse au Viet Nam. Selon TRAN THANH PHONG [17] quelques cas seulement ont été suspectés et d’après PHAN VAN LUC, du Centre de Recherches sur les volailles [12], la bronchite infectieuse n’est présente au Viet Nam que depuis ces dernières années. La vaccination contre la bronchite infectieuse n’est réalisée que dans un petit nombre de fermes car il s’agit d’une maladie relativement récente au Viet Nam et les éleveurs ne saisissent pas très bien l’intérêt de la vaccination. Dans les fermes où la vaccination est réalisée, les poussins de moins de cinq jours sont vaccinés par voie oculaire ou par nébulisation avec la souche modifiée : Massassuchets H120. Dans ce contexte, il est apparu tout à fait indispensable de mettre en place un suivi de programmes de vaccination dans une ferme, aux alentours de Ho Chi Minh Ville, afin de pouvoir proposer une prophylaxie médicale, efficace contre ces trois maladies virales et applicable dans les élevages vietnamiens. Mise en place du programme des vaccinations MATÉRIEL ET MÉTHODES 1) Choix de l’élevage Le suivi a été réalisé dans une ferme privée dans la zone périurbaine de Ho Chi Minh Ville. La ferme est typique de la Revue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 MALADIE DE NEWCASTLE, MALADIE DE GUMBORO ET BRONCHITE INFECTIEUSE AVIAIRE AU VIET NAM zone : les trois bâtiments ouverts sont couverts d’un toit en feuillage. Le sol, en ciment, est couvert d’une litière à base de balle de riz. Les deux bandes précédentes avaient été atteintes par la maladie de Newcastle entraînant une mortalité de plus de 50 %. 2) Prophylaxie sanitaire Les bâtiments ont été vidés et nettoyés. La désinfection a été réalisée avec du formol à 5 % et un produit du commerce à base d’ammoniums quaternaires. Un vide sanitaire de 15 jours a été respecté. Avant l’arrivée de la nouvelle bande, la litière a été répartie sur le sol et désinfectée avec les désinfectants mentionnés plus haut. 3) Animaux L’expérience a porté sur 4997 poussins de race Hubbard issus d’un couvoir qui vaccine les reproducteurs contre plusieurs maladies dont la maladie de Newcastle, de Gumboro et la bronchite infectieuse. Les animaux ont été suivis depuis leur arrivée à la ferme, à l’âge de un jour, jusqu’à la vente à l’âge de 52 à 55 jours. Contrairement aux pratiques habituelles de l’éleveur, les poulets ont été élevés selon le procédé de la bande unique constituée d’animaux de même âge. 4) Programmes de vaccination Deux protocoles de vaccination ont été mis en place : le programme 1 réalisé uniquement avec des vaccins à agents modifiés et le programme 2 utilisant un vaccin à agents inactivés contre la maladie de Newcastle (ND inactivé) (tableau I). Pour vacciner les poulets contre la maladie de Newcastle c’est la souche VG/GA qui a été choisie car elle possède un tropisme intestinal et une pathogénicité inférieure aux souches HB1 et La Sota qui entraînent des réactions respiratoires post vaccinales.[14, 18]. La vaccination contre la maladie de Gumboro utilise la souche S706 qui est mésogène et qui peut échapper aux anticorps maternels pour atteindre la bourse de Fabricius et provoquer une réponse immunitaire. Comme il a été dit plus haut, les poulets sont vaccinés contre la bronchite infectieuse avec la souche Massassuchets H120, par voie oculaire. En effet, DAVELAT et KOUWENHOVEN [4] pensent que par cette voie, la concurrence entre les anticorps d’origine maternelle et les virus vaccinaux qui se multiplient dans la glande de Harder, ne gène pas la réussite de la prise vaccinale. Bien que la vaccination soit faite en une seule fois, il n’a été observé ni poulet atteint par la maladie ni lésions lors d’autopsie de poulets morts. 5) Régimes alimentaires Pour satisfaire à la demande de l’éleveur, deux aliments différents ont été distribués, dont un de type industriel et l’autre de type artisanal (produit sur la ferme). 6) Constitution des lots de poulets Pour suivre deux programmes de vaccination en utilisant deux aliments différents, il a fallu répartir les animaux de la bande en quatre lots (tableau II). Le nombre d’animaux par lot a du être adapté à la capacité d’accueil des bâtiments. 7) Suivi clinique et zootechnique Pour le suivi pondéral, vingt poulets ont été choisis par tirage aléatoire et marqués à l’aile. Les animaux ont été observés quotidiennement. Les signes cliniques ont été relevés et des autopsies pratiquées sur les animaux morts. Les animaux marqués ont été pesés au jour 50, juste avant la vente. Pour chacun des lots, le taux de mortalité et l’indice de consommation ont été calculés et transformés en indice de performance selon l’équation suivante : (100-taux de mortalité)x poids vif moyen (en kg) Indice de performance = 100 x ---------------------------------------------------------Indice de consommation x âge à la vente (en jours) 8) Suivi sérologique Des prises de sang ont été effectuées sur vingt animaux marqués dans les lots, aux jours 21, 30 et 50. Les sérums mis (GO = goutte dans l’œil ; SC = sous cutané ; WW = wing web = transfixion alaire ; EB = eau de boisson) TABLEAU I. — Programmes de vaccination. Revue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 241 242 BUI TRAN ANH DAO ET COLLABORATEURS TABLEAU II. — Mise en place des lots. Programme de vaccination 1 : vaccins à agents modifiés Programme de vaccination 2 : vaccins associés : à agents modifiés + inactivés en tubes Eppendorff ont été placés à - 20°C jusqu’à l’analyse. Les méthodes utilisées pour la recherche des anticorps ont été : l’inhibition de l’hémagglutination (IHA), réalisée à la Clinique Vétérinaire de l’Université de Thu Duc, pour la maladie de Newcastle et la méthode ELISA, réalisée par le laboratoire Cargill ltd. Viet Nam, pour la maladie de Gumboro et la bronchite infectieuse. 9) Analyse économique Le chiffre d’affaire, les dépenses et le bénéfice ont été calculés pour chaque lot. 10) Analyse statistique Les données expérimentales recueillies ont été traitées par le logiciel de statistiques Statgraf (7.0) et le logiciel Excel (7.0). Le test χ2 (avec une hypothèse nulle H0 et l’égalité de comparaison) a été utilisé pour l’analyse des indices quantitatifs selon la formule : χ2 = ∑ (ni - fi)2 / fi ni = fréquence d’observation, fi = fréquence théorique Résultats 1) RÉSULTATS CLINIQUES Après la vaccination, aucun signe respiratoire n’a été remarqué. Les lésions trouvées lors de l’autopsie des animaux morts étaient dues à des omphalites chez les poussins (0,16 %) et à des infections à forme septicémique par Escherichia coli dans 55 ,6 % des cas. Le taux de mortalité, dans les quatre lots, pour la période totale de l’élevage a varié de 3,78 à 6,16 % avec une moyenne de 5,54 %. 3) RÉSULTATS SÉROLOGIQUES * Anticorps contre la maladie de Newcastle Les résultats des titrages des anticorps par le test d’inhibition de l’hémagglutination sont consignés dans le tableau V. A 21 jours, il existe une différence significative (P < 0,05) des titres en Ac entre les lots vaccinés avec les vaccins à agents modifiés ( lots 1 et 3). A J 30, il en va de même et il faut remarquer qu’il n’y a pas de différence significative entre les lots recevant le même programme de vaccination, nourris différemment (lots 1 et 3, lots 2 et 4). Mais à J 30, les titres en Ac des lots recevant le vaccin à agents vivants (programme de vaccination 1) sont nettement plus faibles que les titres des mêmes lots de volailles à J 21. A J 50, il n’existe pas de différence significative entre les quatre lots d’animaux, quel que soit l’aliment distribué. A ce stade, les titres en Ac sont nettement plus élevés qu’aux périodes antérieures. * Anticorps contre la maladie de Gumboro Les anticorps ont été dosés par la méthode ELISA, les résultats sont consignés dans le tableau VI. Le taux d’anticorps augmente régulièrement de J 21 à J 50 pour tous les lots. Il apparaît nettement une absence de différence entre les quatre lots (P < 0,05). Tous les lots évoluent de la même manière, quel que soit le programme de vaccination et le régime alimentaire. Le poids moyen des lots à J50 varie de 2,06 à 2,36 kg, avec une moyenne de 2,22 kg pour l’ensemble de la bande. * Anticorps contre la bronchite infectieuse La cinétique des anticorps contre le virus de la bronchite infectieuse au cours des deux programmes de vaccination apparaît dans le tableau VII. Le traitement statistique ne montre pas de différence significative entre les lots à J 21 et à J 50 (P < 0,05). Par contre, à J 30 il existe une différence significative entre les lots 1 et 2, 3 et 4, 1 et 4, 3 et 2. Il est à noter un phénomène identique à celui enregistré avec les vaccins contre la maladie de Newcastle, à savoir une baisse du taux des anticorps à J 30 par rapport à J 21, pour les lots : 1 et 3. Pour les autres lots la croissance du taux d’anticorps est lente de J 21 à J 30. L’indice de consommation globale a été de 2,09, avec des valeurs allant de 1,96 à 2,24. 4) RÉSULTATS ÉCONOMIQUES 2) RÉSULTATS ZOOTECHNIQUES L’indice de performance a été calculé pour toutes les bandes et varie de 163,93 à 211,34. Les résultats obtenus dans chaque lot figurent dans le tableau III. La dépense totale pour la bande est de 92163FF (1 FF = 2000 Dongs Vietnam). Le chiffre d’affaire est de 77 344 FF, d’où un bénéfice de 14 819 FF. Le bilan comptable apparaît dans le tableau IV. Les dépenses de vaccination pour les difRevue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 MALADIE DE NEWCASTLE, MALADIE DE GUMBORO ET BRONCHITE INFECTIEUSE AVIAIRE AU VIET NAM IC = Indice de consommation ; EPI = Indice de performance TABLEAU III. — Résultats zootechniques des lots. TABLEAU IV. — Bilan économique pour les 4 lots (calculé pour 1000 animaux par lot). TABLEAU V. — Cinétique des titres en anticorps (log2) contre le virus de Newcastle dans les différents lots à J21, J30 et J50 (test d’inhibition de l’hémagglutination). TABLEAU VI. — Cinétique des titres en anticorps (log2) contre le virus de Gumboro dans les différents lots à J21, J30 et J50 (test ELISA). Revue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 243 244 BUI TRAN ANH DAO ET COLLABORATEURS TABLEAU VII. — Cinétique des titres en anticorps (log2) contre le virus de la bronchite dans les différents lots à J21, J30 et J50 (test ELISA). férents lots représentent de 1,65 à 2,20 % de la dépense totale. Le chapitre le plus lourd est celui de l’alimentation. Discussion Il faut tout d’abord remarquer que ce suivi de vaccinations est un essai terrain chez un éleveur privé. Nous avions donc le devoir de respecter certaines de ses priorités. C’est, en particulier, la raison pour laquelle il n’a pas été possible de mettre en place un lot témoin qui nous aurait permis de connaître le statut immunitaire des poulets, en dehors de toute vaccination. 1) SUR LES TITRES EN ANTICORPS CONTRE LE VIRUS DE NEWCASTLE Les titres en anticorps des différents lots ne montrent pas de différence significative à J 21. L’hétérogénéité des valeurs, dans les lots eux-mêmes, peut être expliquée par d’importantes variations individuelles dans la réponse immunitaire post vaccinale ou post infectieuse [15] ; Les lots vaccinés avec le programme associé (programme 2) ont des titres d’anticorps plus homogènes que ceux des lots vaccinés uniquement avec des vaccins à agents modifiés, vivants. Ceci concorde avec la théorie selon laquelle, lors de vaccination avec un vaccin à agents inactivés et adjuvé, les antigènes sont stockés dans la zone d’injection et libérés progressivement dans l’organisme avec un effet immunostimulant. Les anticorps sont produits plus tardivement que lors de la vaccination avec les vaccins à agents modifiés mais à des taux plus élevés.[9, 18]. La baisse significative des titres en anticorps à J 30 des lots “programme vivant, 1” par rapport aux lots “programme associé, 2” et l’augmentation des valeurs à J 50, est comparable aux résultats publiés par Rhône Mérieux en 1992 [5, 14] et qui montrent, chez les poulets, une baisse des anticorps maternels vers l’âge de trois semaines, suivie d’une augmentation après un rappel de vaccination avec un vaccin à agents modifiés, à 20 jours. Dans ces conditions, le poussin n’a plus d’anticorps maternels et pas encore suffisamment d’anticorps vaccinaux, il serait donc plus sensible aux virus sauvages pendant cette période. L’utilisation précoce d’un vaccin à agents inactivés, en plus du vaccin à agents modifiés, vivants, peut sensiblement réduire l’importance de ce creux immunitaire [14, 15, 18]. Ainsi, dans ce type d’expérimentation, pour cerner cor- rectement ce point important, il faudrait doser les anticorps maternels dans les œufs et sur les poussins d’un lot témoin non vacciné. Il faut noter, cependant, que le dosage des anticorps ne permet qu’une investigation partielle de l’immunité puisque, selon MEULEMANS, l’immunité locale et cellulaire jouent un grand rôle dans la protection de l’organisme contre la maladie de Newcastle [9]. Dans cette expérimentation, les vaccins à agents modifiés ont été administrés par voie oculaire chez les poussins de 1 et de 14 jours. En effet, la main d’œuvre, au Viet Nam n’est pas un facteur limitant. Cette voie d’inoculation permet le développement d’une immunité locale rapide par les cellules immunocompétentes de la glande de Harder et du système immunitaire local des voies respiratoires supérieures. Cette immunité locale précède la production des anticorps sériques et se met en place malgré un titre élevé d’anticorps maternels [15]. Les virus virulents de Newcastle seraient ainsi bloqués par les anticorps locaux et l’immunité cellulaire, aux premières portes d’entrée [1, 2]. Enfin, MEULEMANS [9] signale qu’il est préférable d’associer des vaccins à virus vivants administrés par voie oculaire avec des vaccins à virus inactivés adjuvés par voie sous cutanée chez le poussin d’un jour car les titres en anticorps sont plus élevés, plus stables et ils confèrent une protection aux poulets jusqu’à l’âge de 11 semaines. Le programme de vaccination appliqué au cours de cette expérimentation s’est montré efficace. 2) SUR LES TITRES EN ANTICORPS CONTRE LE VIRUS DE GUMBORO La souche vaccinale S706 injectée, gagne la bourse de Fabricius, s’y multiplie et empêche la pénétration des virus sauvages par un phénomène d’interférence [12]. La primovaccination a été effectuée à J 1, par voie oculaire, en même temps que la vaccination contre la maladie de Newcastle, le rappel a eu lieu à J 17 et la prise de sang à J 21, soit 4 jours après. C’est pourquoi les titres en anticorps ne sont pas très élevés. De plus, la persistance d’anticorps d’origine maternelle limite, sans doute, la production des anticorps vaccinaux. A J 30, soit 9 jours après le rappel, les titres en anticorps sont beaucoup plus élevés, en conséquence, il faudrait faire un rappel avant le 17ème jour pour obtenir des titres en anticorps plus élevés à J 21 et J 30. Des essais supplémentaires seraient nécessaires pour tirer vraiment au clair ce point. Enfin, les titres sériques obtenus avec les deux proRevue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 MALADIE DE NEWCASTLE, MALADIE DE GUMBORO ET BRONCHITE INFECTIEUSE AVIAIRE AU VIET NAM grammes de vaccination contre la maladie de Gumboro montrent que la réponse immunitaire contre cette maladie est indépendante de celle dirigée contre la maladie de Newcastle. Ce résultat confirme les recherches de NGUYEN TIEN DUNG [11]. 3) SUR LES TITRES EN ANTICORPS CONTRE LA BRONCHITE INFECTIEUSE VENNE et SILIM [21], montrent que la défense contre le virus de la bronchite infectieuse est le résultat de l’action des anticorps dont des IgA qui empêchent l’attachement du virus sur les cellules, d’une réponse à médiation cellulaire, dirigée contre la protéine S et révélée par le test de transformation lymphoblastique et le test de cytotoxicité dépendante des anticorps. C’est pourquoi il est possible de vacciner les poussins, très tôt, malgré la présence d’anticorps d’origine maternelle. Les titres en anticorps, après la vaccination à J 3, sont encore assez faibles à J 21 et commencent à augmenter après J 30 et jusqu’à l’abattage. Il faut noter l’absence de troubles et de lésions à la suite de cette vaccination. L’un des buts de notre travail était d’expliquer des échecs de vaccination contre les maladies de Newcastle, de Gumboro et contre la bronchite infectieuse dans des fermes d’Ho Chi Minh Ville. Plusieurs raisons peuvent permettre d’expliquer ces échecs : soit la vaccination est faite trop tardivement alors que la situation épidémiologique est très complexe, soit les éleveurs ne respectent pas le programme de vaccination soit le mode de vaccination est inadapté ou inefficace soit enfin le mode de conservation des vaccins n’est pas satisfaisant dans ce pays au climat chaud. Notre expérimentation montre que, ni la qualité des vaccins ni leur mode d’administration ni les programmes de vaccination ne peuvent être mis en cause. 4) SUR LES ASPECTS CLINIQUES, ZOOTECHNIQUES ET ALIMENTAIRES. La mortalité dans les différents lots a essentiellement été causée par des infections à Escherichia coli et aucun signe des maladies étudiées n’a été remarqué. La mortalité de 3,78 à 6,16 %, dans les lots ayant reçu l’aliment artisanal et l’aliment industriel est un résultat satisfaisant si l’on considère la forte pression microbienne et les températures élevées, en saison sèche, au Viet Nam. La comparaison des deux aliments montre que les lots nourris avec l’aliment produit à la ferme ont un taux de mortalité plus bas mais le poids atteint par les poulets, au jour de la vente, est inférieur par rapport aux lots ayant reçu l’aliment industriel. Cette observation est conforme aux résultats publiés par TREMBLAY et coll. [20], selon lesquels, une vitesse de croissance plus rapide est corrélée avec une mortalité accrue. En conclusion, le meilleur résultat, avec le taux de mortalité le plus faible, le taux le plus élevé en anticorps, le meilleur gain de poids et une rentabilité supérieure, a été obtenu avec le programme de vaccination 2 (vaccins associés) et l’aliment industriel. Revue Méd. Vét., 2001, 152, 3, 239-246 245 Pour l’éleveur, le bénéfice réalisé sur une bande de poulets, est le signe le plus important de la réussite de son élevage. Or cette réussite est liée à plusieurs facteurs qui sont bien apparus dans cette expérimentation : la qualité de l’aliment, tout d’abord ; car si la mortalité dans les lots nourris avec l’aliment artisanal a été inférieure à celle des autres lots, le calcul des indices de conversion alimentaires et des indices de performance ont montré que les résultats zootechniques des lots nourris par un aliment industriel étaient nettement supérieurs. Le deuxième facteur est représenté par la vaccination qui, lorsqu’elle est faite dans de bonnes conditions et selon un programme rigoureux, bien suivi, a une influence favorable sur le bénéfice final, comme celui réalisé au cours de notre expérimentation. Bibliographie 1. — ALEXANDER D.J. : Newcastle disease and other avian paramyxoviridae infections. In : B.W. CALNEK : Diseases of poultry, 10 th edition, Mosby - Wolfe, Iowa, 1997, 541-569. 2. — ALEXANDER D.J. : Newcastle disease virus and other avian paramyxoviruses. In : A laboratory manual for the isolation and identification of avian pathogens. The American Association of Avian pathologists, Florida, 1998, 156-163. 3. — BITAYZOLTON, TRAN MINH CHAU et DUONG CONG THUAN. : Détection de la maladie de Gumboro chez les poulets industriels. Résultats des études scientifiques et techniques vétérinaires, 1979 1984. NXB Nong nghiep (Edition d'Agriculture), Hanoi, 1986, 28-31. 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