avril 2007 - Guts Of Darkness
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avril 2007 - Guts Of Darkness
Guts Of Darkness Les archives du sombre et de l'expérimental avril 2007 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2008 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/149 Les interviews Page 3/149 RAMP Au delà des ténèbres - (interview réalisée par Phaedream) Quelles sont les racines de 'ramp? Comment 'ramp fut formé? : Ramp : La 1ière mouture a eu lieue lors d’une série de sessions avec Lambert Ringlage et Stephen Parsick en 1997, qui allait donner le CD Trancesession. Au printemps 96, je me suis joint à eux et nous avons fait des sessions dans un local de l’Université d'Essen, qui allait donner naissance à 'ramp.Nous étions tous les trois, fortement influencé par le Berlin School. Et, mis à par le son familier des rythmes séquentiels, nous nous sommes surpris à improviser de la pure musique ambiante depuis le début. Une autre session plus tard dans l’année, nous avons compris que la musique ambiante et expérimentale serait notre créneau, conduisant Lambert à quitter notre triangle. RAMP fut officiellement fondé au début 1997 et plus tard nous avons changé pour 'ramp, le mot Hollandais pour signifier catastrophe. Quelles sont les principales influences, inspirations de 'ramp? : Ramp : Tout ce qui gravite autour de nous. Nous n’avons aucune idole. Les influences viennent de tous les styles, comme musique du monde, tribale, classique ou du gros rock. Le son de 'ramp n’est électronique que par définition. Ce n’est que le langage musical que nous avons appris. Donc nos influences peuvent provenir de Ligeti à Tool, de Schulze à Throbbing Gristle. De la nature aux industries et la vie en général. Si quelque chose nous touche, il y a de bonnes chances que ça laisse des empreintes sur notre musique. Séparément, votre musique n’a pas le côté sombre, ni industriel de 'ramp. Comment expliquer cela? : Ramp : Vous pouvez avoir cette impression si vous écoutez tout notre matériel solo, mais je ne crois pas que ça soit vrai. Le problème est que notre développement musical, depuis les dernières années, est documenté par les réalisations exclusives à 'ramp. Nos albums solos sont très vieux, dans la plupart des cas. En fait Stephen a déjà prouvé son attachement au côté sombre avec ses nouveaux cd. Quand à moi, je prépare un nouveau projet ; The Speed of Dark qui devrait paraître plus tard cette année. The Speed of Dark est aussi une récolte d’ambiant sombre et d’effets sonores spatiaux et noirs. Donc, nous sommes peints en noir….même au niveau personnel  Disons que je ne connais pas 'ramp. Vous êtes à la radio et je vous demande comment définir votre musique? : Ramp : Indéfinissable. Nous créons la musique de vos rêves et vous ne pouvez pas imaginer à quel point vos rêves sont noirs. Quel est l’album qui définit le mieux l’esprit de 'ramp? : Ramp : Le prochain Comment les gens ont réagis de Frozen Radios à Doombient.One? Après tout, il y a eu 2 ans de silence entre les deux, ainsi qu’une bonne différence dans les structures atmosphériques? : Ramp : Nous avons divisé notre auditoire entre les amateurs à l’étroitesse d’esprit, les démodés, et ceux qui sont assez ouvert d’esprit. Quelques uns furent frustrés, parce qu’on a tout fait, sauf rencontrer leurs exigences, d’autres nous ont aimé à cause de ça. Ils ont découvert que nous avions d’autres choses à dire, à créer que la MÉ traditionnelle Allemande. C’est la même chose avec Ceasing to Exist, notre dernier opus; c’est une pure expérience ambiante. Quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant. Le problème avec certains auditeurs est que notre musique fait partie de nous, et non d’eux! Frozen Radios, paru en 2004, est le dernier opus de 'ramp en studio, les 4 suivants ont été enregistrés en concert. Est-ce que 'ramp est plus confortable en concert qu’en studio? : Ramp :Il est plus facile de maintenir le focus en concert qu’en studio, où la pression est totalement différente. Quand tu ne peux vivre de ta musique, ta vraie vie mange tout ton temps. Ce qui fait que nous n’avons pas eu le temps, ni l’énergie, de faire de grosses sessions de studio l’an dernier. Nous devons tout mettre à point lors d’un concert à venir. Cela pourrait changer dans le futur, comme ça l’était avant. Notre dernier album est un travail de studio, mais fait à partir d’enregistrements passés. La musique de 'ramp est sombre et pour la plupart, ambiante, avec des bruits industriels et des effets sonores assez étranges. Comment le contact se fait avec un public (lors de Festival) qui ne connaît pas 'ramp? Ça doit être assez spécial! Page 4/149 : Ramp :Oh que oui!! Ça n’attire pas les gens qui consomment de la musique FM à la journée longue. En faisant ce genre de musique, il faut savoir que ça plaira à une poignée de gens. Sur que c’est gênant, mais s’attendre à plus est stupide. Nous sommes très loin d’un courant musical ‘’muzak’’.Pour plusieurs, c’est la confusion, c’est même épeurant et la réaction est parfois offensante. Quelques uns sont intéressés mais ne peuvent supporter le style et c’est correct. D’autres par contre aiment ça et c’est à ce public que nous nous adressons. Les gens qui sont confrontés à notre musique, pour une 1ière fois, doivent savoir dans quelles catégories ils sont. C’est si facile… Pouvez-vous expliquer ce qui c’est passé au Festival EMIL? Concert qui a donné Doombient Two A Declaration of War. : Ramp :Expliquer tout ce qui c’est passé finirait en un livre. Pour faire court : Stephen et moi étions de mauvais poil à cause de problèmes personnels dans nos vies respectives et le fait qu’il y avait un peu de dépresse en cette veille de guerre du Golf. Nous avons décidé de botter quelques derrières et avons préparé un spectacle assez rude. L’organisation du Festival étant catastrophique, ça nous a amené à un point d’ébullition supplémentaire qui a explosé en un chaos sonore de 15 minutes au début de notre ouverture, qui s’est calmé et progressé en un des plus ambiants et sombres mouvement que nous avons créé. Une soirée intéressante… Slow Deaths, de ce concert, est l’une des plus rude et violente démonstration atmosphérique que j’ai entendu. Était-ce voulu ou la colère a aidé? : Ramp : Slow Deaths provient d’une monstrueuse séquence originalement enregistrée par Mark Shreeve, lors d’une session avec Stephen. Nous l’utilisions pour une 3ième fois ce soir-là et oui, la colère en a fait une version vraiment épeurante. De ce que j’ai entendu concernant vos problèmes en concert, vos délais d’enregistrement et autres genres de problèmes, avez-vous déjà pensé que 'ramp serait maudit? : Ramp :Intéressante observation, mais je ne crois pas. Toutes médailles a deux côtés. Mais nous avons aussi nos raisons d’avoir intitulé notre album marquant notre 10ième anniversaire ‘’Looking back in Anger’’. Tout autour de 'ramp est sombre, a un côté noir. Est-ce que cette noirceur, pas seulement en musique mais dans tout son sens, a une influence sur la vision de la vie pour 'ramp? : Ramp :La musique est un aspect de nos vies, donc on ne peut nier ce fait, non? Mais nous n’avons pas une vision négative et obscure de la vie. C’est juste que lorsque vient le temps de créer et d’imaginer, nous nous sentons plus près du corbeau que de la colombe. Ceasing to Exist est un titre étrange pour un 7ième opus. Y a-t-il une signification? Est-ce le dernier album de 'ramp? : Ramp :C’est à espérer que non! Il ne faut pas prendre le titre au pied de la lettre. Stephen est arrivé avec ce titre sans raisons particulières et nous avons trouvé qu’il allait fort bien avec l’esprit de l’album. Pensons à un état d’esprit comateux. Qu’arrive-t-il si on devient conscient lors de cette étape? Ne pas être mort, ni vivant. On peut sentir la peur froide ou l’évanouissement…cesser d’exister. Où avez-vous rencontrez Markus Reuter? Comment s’est effectuée l’approche? : Ramp :La collaboration fut toujours un point important derrière le concept 'ramp. Jens Peschke et Lambert Ringlage ont collaboré sur Frozen Radios, notre 2ième album. Nous discutions pour d’autres noms, pour le prochain album et Stephen a pensé à Markus. Nous connaissions son travail avec Ian Boddy et avons décidé de le contacter. Nous l’avons rencontré au Festival d’Alfa Centauri en 2000, où nous lui avons présenté cet album pour une 1ière fois. Et les étincelles ont allumées entre vous 3? : Ramp :Eh bien, nous avons eu de bons échanges et il était intéressé. Malheureusement, il n’avait aucune disponibilité. Donc nous avons décidé de faire une expérience et d’échanger les structures des titres, comme base de collaboration. ¨ca fonctionné assez bien. J’ai l’impression qu’il s’agit bien plus d’un album de Markus Reuter que de 'ramp. C’est plus doux, toujours sombre mais plus léger. En fait, c’est l’un des albums les plus doux de 'ramp, ne trouvez-vous pas? : Ramp :Comparé à nos autres opus, il est plus fragile, mystérieux et moins direct. Mais c’est sans surprise Page 5/149 qu’artiste aussi talentueux que Markus laisse ses empreintes. Ça serait une honte, dans le cas contraire. L’autre raison qui explique la sonorité différente est la façon que l’album fut construit. Nous n’avons jamais été réellement avec Markus tout au long du processus. Comment travaillez-vous? Je vous dire qui part avec l’idée, l’écriture? Prenons Ceasing to Exist par exemple. : Ramp :Habituellement, nous travaillons nos idées de bases chacun de notre côté et nous les partageons lors d’une session ou d’une répétition. Ensuite les résultats, que se soit en session d’enregistrements ou en concerts, font leurs chemins jusqu’à la production finale. En ce qui a trait à Ceasing to Exist, Markus nous a envoyé un cd-r avec du matériel pour cet album. Stephen et moi l’avons fait jouer, lors d’une session, pour simuler la présence de Markus, tout en y apportant nos idées. Nous avons retourné ses prises à Markus et vice versa. Le résultat final résulte en une vraie collaboration, même si personne ne peut indiquer la teneur du matériel. Une autre collaboration en vue? : Ramp :Pas à propos de 'ramp. Je travaille sur mon projet solo, mais Stephen a joué avec Phelios, un artiste Allemand de grande réputation qui fait de la musique ambiante très obscure. Il se pourrait qu’il retravaille avec Mark Shreeve. Comment aimez-vous la progression de 'ramp? : Ramp : 'ramp est toujours en évolution, nous aimons cet aspect. Ça fait un bon bout de chemin depuis le Berlin School au royaume de l’obscurité comme notre style actuel. Le futur est incertain, mais il sera différent d’aujourd’hui. De cela, on peut en être certain. Y-a-t’il une chance de voir réapparaître vos 2 premiers opus; Nodular et Frozen Radios? : Ramp :Non. Pas de la façon dont ils ont été réalisés. Il n’y a rien de planifier, mais on ne peut dire jamais. Peut-être qu’un jour nous les reproduirons, mais ça sera dans un nouveau contexte. Et un autre album en 2007? Aucun concert ou festival en vue? : Ramp :Il n’y a rien de vraiment planifié, donc nous allons nous concentrer sur nos projets en solo pour les prochains mois. Mais c’est certain que Ceasing to Exist…ne sera pas le dernier signe de vie pour 'ramp. Il n’y a pas de concert prévu non plus, mais ça peut changer assez vite. Frank Makowski, un gros merci de la part des lecteurs de Guts Of Darkness. : Ramp :Merci pour les questions, c’était un plaisir. Les meilleurs souhaits de l’Allemagne à GOD et ses lecteurs. DISCOGRAPHIE DE RAMP Nodular1998Frozen radios 2000 Doombient 1: Verbrannte Erde 2002 Oughtibridge 2005 Doombient Two A Declaration of War 2006 Looking Back 2006 Ceasing to Exist 2007 SITE WEB http://www.doombient.com/start.htm Page 6/149 Les chroniques de concerts Page 7/149 Festival Rock In Opposition, 13, 14 & 15 Avril, Le Garric (Tarn) : tival Rock In Opposition, 13, 14 & 15 Avril, Le Garric (Tarn) - (concert chroniqué par dariev stands) Alors voilà, on a été écouter. Et on témoigne. C’est notre profession à nous de témoigner. Et nos témoignages, c’est pas de la daube. J’vais t’en donner, moi du biscuit sur le R.I.O. pour ta feuille de chou ! VENDREDI 13 Salle Gaveau Zao Nous arrivons donc sur le site (une ancienne exploitation minière, au milieu de nulle part) en ce Vendredi 13 Avril, pour assister à une première journée peu prolifique… Deux groupes seulement : les Japonais de Salle Gaveau, et les Français de Zao ! On aurait tendance à inverser les nationalités, vu leur patronyme, mais qu’on ne s’y trompe pas : ce sont bien les japs qui font du tango argentin, et les français qui pratiquent un zeuhl tendance jazz débridé !Les premiers surprendront tout le monde, avec leur mixture explosive de tango pour musique de chambre et de free jazz… On est jamais à l’abri d’une ruade dans les brancards avec ces japs. Et pour cause : deux d’entre eux sont des rescapés de feu Bondage Fruit, groupe de Zeuhl japonais ! Tout s’explique. Compos sublimes, maîtrise totale de leurs instruments, cohésion mirifique… tout y est. L’anti Gotan Project, en somme… Un groupe a faire découvrir au plus grand nombre ! Assurément la découverte de ce festival, et l’un des plus gros coup de cœurs de ces 3 jours pour ma part. Bientôt une chronique. Le constat est hélas un brin plus amer pour Zao, formation culte de Zeuhl bien française cette fois-ci, puisqu’ils sont les représentants les plus connus de « l’école de Paris », une ramification du zeuhl d’origine qui comprend improvisations et cuivres, deux éléments à l’origine présents dans Magma et qui disparurent au cours de l’évolution du groupe. Un concert un chouïa décevant donc, puisqu’il manquait la chanteuse, Cynthia Saint-Ville, hospitalisée pour des problèmes de voix… On se raccroche donc au saxophone, mais on sent bien qu’il manque quelque chose. Du Zeuhl sans chant c’est un peu comme du Death sans growl. Trêve de plaisanteries, lorsque le violoniste de Salle Gaveau rejoint la scène pour accompagner le groupe lors du dernier morceau, c’est comme si la pièce manquante du puzzle venait d’être retrouvée ! Une alchimie improbable prend alors forme sous nos yeux. Malheureusement, tout virtuose qu’il est, Naoki Kita n’a pu apprendre qu’un seul morceau du groupe, et c’est déjà bien, vu la performance délivrée…Mentionnons quand même le batteur, qui sans raison apparente se fend soudain d’un solo passionné et fulgurant, très loin des clichés du genre, avec un passage purement groovy et régressif en plein milieu, qui fera s’élever quelques « whouhou » de bon aloi dans l’audience. SAMEDI 14 NeBeLNeST Present (acoustique) Peter Blegvad Trio Page 8/149 Faust Un deuxième jour déjà plus consistant que le premier… On peut d’ailleurs en profiter pour remarquer la curieuse répartition de la programmation du festival. Un premier jour sans réelle tête d’affiche, peu de monde, seulement deux concerts (l’effet vendredi 13 ?), un deuxième avec une seule tête d’affiche, Faust (j’oublie volontairement Present car ils étaient aussi là le 3eme jour, et en formation « complete »), donc un peu plus de monde ; et enfin un troisième jour en forme de bouquet final, avec Mats & Morgan et Magma le même jour, ce qui a failli déclencher des crises cardiaques chez certains (j’en connais). La salle était pleine à craquer bien entendu. On imagine bien que les organisateurs n’ont pas voulu ce déséquilibre, mais on espère surtout que cela n’a pas nui aux entrées… Puisqu’on parle déjà de reconduire le festival en 2008 (alléluïa !).Commençons donc par le premier concert de cette deuxième journée, Nebelnest. Groupe français instrumental manquant cruellement de saveur à notre goût… Fades, peu accrocheuses, les trop longues compos certes très bien jouées de ce quatuor n’ont pas suffi à dégager une identité, ni une cohérence de l’ensemble. Bref, sans être un groupe lambda (on en a pas vu dans le coin), ils ont livré un concert rapidement ennuyeux.Heureusement, Roger Trigaux et son groupe Present étaient là pour nous réveiller, avec une formation inédite : 2 pianos, percussions et voix. Le tout est impressionnant sur la scène… et on avait encore rien vu. Dire que Present a convaincu est un euphémisme. Donnant à leurs compositions infernales des couleurs de musique contemporaine, cette prestation aurai suffi pour traumatiser le public, mais c’est qu’ils ont rajouté une couche le lendemain… Difficile à retranscrire, comme expérience. L’impression d’une menace, noire et imposante, sous nos yeux, comme ces deux pianos à queue emboîtés l’un dans l’autre au milieu de la scène… Dans lesquels Roger Trigaux finira par balancer des balles de ping pong, directement sur les cordes, faisant déraper le final vers la dissonance. Et que dire de cette escapade dans le public (ça deviendra une habitude) du violoncelliste pour le monologue de « Souls for Sale » (si je ne me trompe pas) ? Tel un messager funeste, l’homme a commencé à arpenter les allées de la salle en hurlant son soliloque, avant de s’élancer entre deux ranger de sièges en bousculant au sens propre un auditoire déjà bien secoué au sens figuré, et de s’asseoir juste à côté de notre confrère Sgt. Buck pour continuer sa tirade !! « La punition ! Elle arrive ! ». Je peux vous garantir qu’il n’est pas près d’oublier, et moi non plus. J’oublierai presque, en revanche, de vous parler du Peter Blegvad trio, si je n’avais jeté un coup d’œil furtif à l’affiche de cette seconde journée. Il faut dire que la discrète pop lennonienne du trio a plus fait office d’intermède de calme et de mélodie dans un monde d’expérimental sauvage qu’autre chose… Composé d’anciens membres de Henry Cow (Peter Blegvad étant également l’un des fondateurs de Slapp Happy), le groupe a su captiver le public malgré sa position délicate dans la prog : coincé entre le rock in opposition sévère et flippant de Present et la très redoutée prestation des dingues notoires de Faust. Une fois encore, c’est l’apport d’un musicien extérieur au groupe qui complètera l’alchimie : le guitariste Bob Drake, ex-5uu’s, ex-leader du groupe Thinking Plague, venu au festival en tant que spectateur (on a pu croiser l’homme à maintes reprises sur le site au cours de ces 3 jours, mais en fait c’est le cas de tous les musiciens). Il rejoint le trio pour les dernières chansons, apportant son jeu singulier et décalé, ainsi que sa nonchalance… Ce qui allait bien de pair avec le jeu de batterie incroyable de souplesse de l’hyperactif Chris Cutler – aussi étonnant que Vander, dans un style opposé – l’un des principaux instigateurs du mouvement RIO, et l’indispensable élément boostant de ce concert. Citons également John Greaves, magistral a la basse fretless. Au final, le seul groupe de ce festival a être porté sur le format « chanson » n’avait pas la singularité que peuvent avoir les autres groupes dans leur giron instrumental. Il paraît que les lyrics de Peter Blegvad sont composés de jeux de mots subtils et sarcastiques… Hélas, sans avoir les paroles sous les yeux, n’étant des bilingues à 100%, nous n’avons pu apprécier cet aspect de la musique. Dernier concert du jour : FAUST. Une étrange ambiance s’instaure alors que nous revenons dans la salle. « C’est quoi, cette batterie montée à la verticale ? Et ce grand portique en fer au dessus ? Ce fût rouillé, aux avant-postes de la scène ? Et, la bétonneuse, là, pourquoi elle est là ? Pourquoi y’a un micro devant ? », voilà le genre de questions qui ont du traverser l’esprit des spectateurs avant que Faust ne débarque sur scène. Et les réponses n’ont pas tardé à fuser : tout cet arsenal, c’est pour foutre le feu, bien entendu. L’indus ? Connais Page 9/149 pas. Là, on parle d’une musique qui n’a jamais été catégorisable, depuis 71. Jamais avares d’une connerie, les Faust passeront deux heures à s’amuser comme des gamins devant nous, public pétrifié, tout en maintenant un groove permanent, un bon vieux beat répétitif qui leur colle aux basques depuis leurs premiers enregistrements… Ce qui constitue un quelque sorte un aboutissement : une musique extrême, souvent bruitiste, mais quasi dansable, heureuse dans sa marginalité (‘ N’attendez rien de nous, nous n’attendons rien de vous’ lancera JH en guise de préambule). Il n’y avait qu’à voir la mine hilare de Jean Hervé Péron, le trublion en chef. L’air débraillé, prompt à la déconnade, il ne manquera pas de s’adonner au lancer de bassine en fer sur son guitariste, Amaury Cambuzat, qui pourtant assurera un formidable « drone » fait de wah-wah et de stridences, tout au long du show. Des stridences qui accompagnent les escapades de JH, qui commence à inquiéter au bout de 2 ou 3 chansons, s’accompagnant à la perceuse, avant que Zappi (batterie) ne le rejoigne à la disqueuse ou bien aux barres de fer… Pour ne pas verser dans la noise pure et dure, le groupe a recours a des boucles, et enregistre un rythme ou un riff avant de quitter ses instruments « classiques » pour d’autres plus inhabituels. Les projections de videos s’arrêtent, et les frontières entre les différents morceaux se font de plus en plus floues. Une chose est sure : c’était le concert le plus accessible de tout le festival. Intense, visuel, drôle, swinguant… Faust, c’est l’antidote à tous les grands cons sérieux des musiques « extrêmes ». Proche de l’esprit Zappa mais en même temps européen en diable. D’ailleurs c’est bien ce que suggère le festival : mettre en exergue une certaine « musique européenne continentale » en réaction au modèle anglo-saxon… Dont on a un peu vite fait un mètre étalon. Et aujourd’hui à l’heure ou ce fameux modèle n’en finit plus de pourrir, la musique des groupes comme Faust ou Magma, toujours en chantier (hé hé), se révèle bien plus influente que les soi-disant monstres sacrés, et gagne une nouvelle popularité. « Le Rock Choucroute ! ». Et les voilà qui se lancent dans « Krautrock », le morceau. Jouissif… Egalement pas mal d’extraits des « Faust Tapes »… Et puis il y a Zappi. Un grand type taciturne, a peine visible derrière sa batterie cyberpunk, martelant sans relâche avec un son énorme, un t shirt « industrial terrorist » sur les épaules, comme pour dire qu’on ne rigole pas, et un short 100% made in germany, comme pour dire que en fait si. Et le tout finira en capharnaüm, la bétonneuse pleine d’objets solides produisant un boucan pas possible, JH empoignant sa tronçonneuse avant de galoper avec dans le public comme un forcené en liberté, le nuage de poussière révélé au dessus de nous alors que les lumières se rallument…Aïe aïe aïe… Et dire qu’il faut tendre l’autre joue maintenant, le troisième jour approche… DIMANCHE 15 Guapo Mats/Morgan Present Magma Grosse journée. Ça commence sur les chapeaux de roue avec Guapo... Un groupe avec lequel Progmonster n’a jamais été tendre. Et il est vrai qu’en studio, c’est pas forcément palpitant. Guapo pratique un Zeuhl à tendance noisy assez intéressant, syncopé, et aux guitares rugissantes, ce qui n’est pas de coutume dans ce genre de musique, reconnaissons-le...Et le résultat en live est étourdissant. Précisons que le groupe a été rejoint par un nouveau bassiste et un nouveau guitariste, issu des Cardiacs. On entre dans la salle, les musiciens sont déjà debout, fixant le public. Et sans prévenir, c’est un mur de son qu’ils font s’abattre sur nos têtes… D’emblée. Le son est puissant, large, électrique... Rien à voir avec le Guapo de studio. Des extraits de « Five Suns » et de « Black Oni » sont bien sur joués, mais personnellement, je n’ai rien reconnu. On a vraiment l’impression que ces 4 types jouent ensemble depuis 10 ans ! Guapo, c’est un bloc. Cohésion, puissance, originalité (et oui), tout y est. Sans conteste la surprise de cette troisième journée. Le claviériste et le gratteux envahiront eux aussi le Page 10/149 public (encore !), mais cette fois ci armé d’un tambourin et d’un petit gong… Comme pour annoncer l’apocalypse. Et ça ne loupera pas, la fin du concert sera très très intense, voyant le groupe s’exciter à l’unisson sur leurs instruments, jusqu’à atteindre le stade de bruit blanc. On pense à Sonic Youth, et on pense surtout que ces types ont la classe… Lookés comme des vampires, absorbés par leurs instruments, ils ne se regardent même pas de tout le concert. Du lourd, et je ne suis pas le seul à l’avoir ressenti…Après avoir tapé un brin la discute avec le gratteux, très ouvert et content de discuter, et après avoir digressé un peu sur son t-shirt evangelion (des hommes de goût, vous dis-je), nous réintégrons la salle pour assister au tant attendu concert de Mats et Morgan. Je n’écris pas « Mats/Morgan Band » volontairement car la paire n’était accompagnée que par un bassiste, bien en forme au demeurant. Si la maestria du sieur Morgan impressionne d’emblée – son jeu est tel qu’il s’impose au dessus du lot dès les premières secondes – le résultat n’en est pas forcément génial musicalement. Bien sur, c’est encore mieux qu’en studio. Bien sur, ça speede plus que n’importe quel assaut breakcore ou drill’n’bass. Bien sur, Mats est impressionnant aussi et assure le show à lui tout seul malgré sa cécité – s’octroyant même un petit bout d’Univers Zero à l’harmonica. Mais niveau présence sur scène, pour les autres, c’est vrai qu’on repassera. Ce show de Mats/Morgan s’écoute plus comme du Zappa un peu trop clean et néanmoins 10 fois plus fou et frénétique (paradoxe !) que comme une réelle expérimentation. En fait, ces types assurent tellement que rien ne parait risqué. Peut-être que la claque de la technicité est si forte dès le départ que la suite n’en est parue que moins forte… C’est en tout cas à voir une fois dans sa vie, cette communion exclusive entre ce batteur dingue et ce claviériste qui finit par sauter en rythme et tourner sur lui-même à la fin… Une impression de trop plein, de pluie de glaçons aiguisés sur nos oreilles, et en même temps, un arrière goût étrange de légère déception. Vient le moment des tant attendus Present. Je ne serai pas long sur ce concert. Et ce pour plusieurs raisons. Déjà, il sortira en dvd, accompagné de la prestation inédite de la veille. Achetez-le. Ensuite, c’est peut-être la musique la plus difficile à « expliquer » ou a retranscrire que j’ai écouté. Present dérange. Pas seulement ceux que la musique rebute, non, tout le monde. Roger Trigaux l’a sûrement voulu ainsi quelque part. Que nous soyons tous mal à l’aise. Et pourtant je peux vous dire que les sièges étaient confortables, mais rien n’y fait. Présent en formation complète, c’est une colère méticuleusement canalisée, calculée, agencée pour ne pas en perdre une miette… Une machine sans pilote. Mélange de classique, de rock in opposition, de jazz, de… théâtre aussi. Personnellement, j’ai préféré le concert en acoustique. Mais une chose est sure, ce concert électrique n’a laissé personne indifférent. La plupart des gens étaient stupéfaits, tantôt émus tantôt déstabilisés. Nous savions à quoi nous attendre, mais encore une fois, c’est la fin du concert qui nous a coupé le souffle. Aussi éprouvant pour nous que pour le groupe, à priori. Je ne me sens pas coupable de ne pas le raconter ce concert-là, puisque tout le monde pourra le voir. Bien sur, le mieux reste d’aller les voir jouer, si on peux. Je n’ai pas fini de digérer les séquelles de ce concert (comment une musique instrumentale peut à ce point porter à réflexion ?), et je reste pour l’instant sur ce que j’ai pensé sur le coup, pendant ce « Promenade… » final : Present fait la musique qu’on entendrait si l’industrie musicale n’était pas cloisonnée, une musique libérée des carcans, c’est certain. Cependant, si ces carcans et ce blackout culturel imposé n’existaient pas, qui serait bien assez fou, ou en colère, pour composer pareille musique ? Dans un monde culturellement « libéré », la musique de Present serait bien plus possible, et pourtant, elle n’aurai plus, en quelque sorte, de raison d’être. C’est un peu le cercle vicieux de la phrase « ils ne se révolteront que lorsqu’ils seront conscients, et ne seront conscients que lorsqu’ils se révolteront », brisé ici par le collectif. Au final ce n’est que mon interprétation, bien simpliste je m’en rend compte.Quant à Magma… Magma, après cela, c’était le souffle salvateur, une bouffée de vie. Un concert d’autant plus enjoué que Vander a conclu par une ballade chantée en solo, de sa fameuse voix d’acrobate. « Hamataï !! » lance-t-il avant d’attaquer un Kohntarkosz royal malgré des problèmes de son assez gênants… Le final est toujours aussi foudroyant. Ementret-Ré, le morceau suivant, constitue l’intégralité du prochain album. ¾ d’heure de bonheur. Une des pièces les plus « joyeuses » du répertoire du groupe ! Beaucoup de chant de Vander, et un passage saccadé d’ores et déjà culte, à faire tomber tous les cheveux de n’importe quel fan de Meshuggah en quelques coups de caisse claire. Histoire de rappeler que Kobaïa, c’est quand même une autre planète. A priori ce 3eme mouvement de la trilogie « Kohntarkosz » (toujours composé dans les 70’s) racontera la vie d’Ementret-Re, et comportera les morceaux « Zombies » et « Hhaï », qui est une sorte de monologue d’Ementret-Re chanté par Vander. Je peux que vous conseiller de vous rendre là pour en savoir plus : http://tubulamarok.free.fr/magma/magma.htmOu bien lisez le livre d’Antoine de Caunes consacré Page 11/149 au sujet ! Quant au concert, on restera un brin déçu tout de même par l’absence de rappel, mais sans en vouloir le moins du monde au groupe… Christian Vander étant ce qu’on peut appeler un homme dévoué à son instrument, bien qu’il soit de très loin le batteur au jeu le plus violent et dur de ce festival...Un vrai festival de batteurs, justement. On a pu apercevoir un cd nommé « la batterie est la meilleure amie du musicien » sur un des stands des labels. Ce sera la morale de cette première édition, définitivement. Bref, un festival a ne surtout pas rater lors de sa prochaine édition. Si on veut faire un geste en direction de la vraie musique, si on veut toucher du doigt un des derniers bastions de résistance garanti 100% irrécupérable par l’establishment, c’est là qu’il faut aller ! Ou bien alors en Free Party, mais c’est une autre forme d’enfermement. Vous n’avez jamais vu ça, un festival ou les musiciens déambulent tous parmi le public sans aucune séparation, ni meme aucune cohue, aucun accès de « fan-attitude » débile à receler… Il fallait y être pour se rappeler que les musiciens ne sont que des humains, que la musique n’a pas besoin d’une quelconque aura « sulfureuse » ou d’un piédestal particulier pour être appréciée. L’inverse du monde surfait des idoles et de la musique pop, en quelque sorte. Deux mecs en tout et pour tout pour assurer la sécurité… Pas de gorilles devant la scène, rien n’empêchait le public d’envahir la scène si il l’avait voulu. Et pourtant, c’est bien la SCENE qui a envahi le public, à 3 reprises ! Le monde à l’envers, on vous dit. Ou plutôt à l’endroit. Rendez-vous l’an prochain, sans doute même endroit… Comme disait Chirac, « c’est loin, mais c’est beau ». Il disait aussi « plus c’est gros plus ça passe » , d’où la taille de l’article. Tant pis ! Ici, on ne ménage pas de temps de cerveau disponible. Page 12/149 SUICIDAL TENDENCIES + Arsenic 33 + LRB à l'Espace Malraux à Six-Fours, le Jeudi 26 Avril 2007 : CIDAL TENDENCIES + Arsenic 33 + LRB à l'Espace Malraux à Six-Fours, le Jeudi 26 Avril 2007 - (concert chroniqué par dariev stands) Surtout quand les premières parties font elles aussi office de nettoyage de printemps des oreilles par les décibels, balancés en règle dans cette nouvelle salle andré malraux, qui, on l'éspère, acceuillera des Wampas qui nous ont bien manqués l'an dernier... Une nouvelle salle bien sympathique donc, quoique l'absence de buvette se fasse ressentir crûment par certains...En tout cas, une chose est sure, faire une salle de concert sans même la possibilité d'acheter de l'EAU, c'est là concept assez rédhibitoire, messieurs les organisateurs.On se rabattra donc sur la bouteille de pastis de M. (merci à toi si tu me lis)...Première partie de première partie vers 21h30, alors que la salle se remplit doucement : LRB. "LRB c'est quoi ?" me direz vous. Eh bien LRB, ce n'est ni "La Rage au Bide" ni "Ligue Royal-Bayrou" ni "Los Ramouchos Banditos" et encore moins "Le Reverend Bizarre" (quoique ça j'aurais bien aimé !), LRB c'est "Les Rois Bite", un groupe local dopé aux premiers groupes punk anglais millésimés 77 genre The Adverts ou Sham 69. Ce qui ne les empêche pas de reprendre avec talent les Beastie Boys (période hxc bien sur) mais pas ce soir. Ce soir Les Rois Bite enchaînent une dizaine de compos en 20 minutes chrono, sans souffler, et en assurant le spectacle. Leur spécialité restant les entrées en scène garnies en adrénaline. Aux antipodes des groupes mou du genou genre Naast, les Rois Bite sont plus proches de l'esprit moqueur et déluré de la scène punk marseillaise, tout en ayant leur propre style... Ce sont aussi des skateurs patentés, d'où l'énergie communicative du chanteur, qui ne tient pas en place, à notre grand ravissement.Même si niveau originalité, ils ne sont pas forcément au pinnacle. C'est sur que comparé avec les barges qui vont suivre...Reste que ce bon vieux punk "3 accords/D-I-Y" survitaminé fait plaisir à voir, (comme quoi les skateurs ne font pas que du Suicidal ou du punk mélodique vilain) quitte à dénoter sévèrement avec le reste de la soirée : car Arsenic 33 et Suicidal, à coté, c'était du metal.Normal : le son de gratte des artistes catalogués "punk" aujourd'hui aurait fait rougir n'importe quel guitariste metal dans les années 80. C'est donc une boucherie sonore.Là ou LRB tient plus du garage band qui fout la patate et transmet au public leur bonheur évident d'être sur scène, Arsenic 33, groupe québécois, tend vers l'agression pure et simple. Ces malades déboulent en justaucorps à capuche mauve comme les "Foot Clan", les méchants des tortues ninja, avant de se déchaîner pendant près de 3/4 d'heure en beuglant avec un accent digne de Jean Leloup !Le son est rugueux, les deux saxophones (!) hurlent à la mort, on pense à Devo, voire à Mr Bungle, comparaison un brin hative il faut l'admettre, qui vient instantanément à l'esprit quand on est confronté aux rares musiciens qui osent encore foutre des cuivre dans le metal.Une chose est sure, c'était un assaut sonore en règle, auquel il était dur de succéder. Tiens, voici d'ailleurs que le hargneux en chef des Suicidal vient s'échauffer en épaulant Arsenic 33 sur une cover de "Ace Of Spades". Et puis c'est les Tendencies qui débarquent. Grosse artillerie, son au maximum, guitares qui ronflent limite façon stoner par moment, slaps de basse (le bassiste black avait un son de basse strident, dur à imaginer), un show bien rodé en somme. On remercira en tout cas le groupe de faire une tournée française. Si les Beastie Boys pouvaient en faire autant cet été, au lieu d'éviter notre pays (ils suivent les elections ou quoi ? hum, ça doit etre ça). On pense d'ailleurs pas mal au hip hop quand on voit les Tendencies sur scène : Ils ressemblent pas mal à Cypress Hill, ils "représentent" à la manière des gros bras du rap us, ils fédèrent un public habillé en sweat de hockey XXXXXL, et ils ont un son bien martial assez similaire, finalement.Le quintette entame les hostilités avec un "Can't Bring Me Down" remonté à bloc, avant d'enchaîner sur un repertoire certes monotone, mais efficace en diable ! On notera le primaire "S.T." repris par le public, qui fera penser à une réunion de fachistes par certains !! Encore une fois, on y verra plus une pose bourrue proche du hip-hop ricain (scander des sigles, si c'est pas hip-hop ça), qu'autre chose. Reste un concert compact (à l'image du groupe qui semble composé exclusivement de videurs à la retraite), abrasif, qui laissera partir tout le monde les oreilles propres, et ravis devant un tel deferlement d'énergie. La foi intacte après tant d'années de pillages... Bravo. Page 13/149 Voilà, les "ST" sont repartis dans leur gargantuesque tour-bus noir (c'est comme le monolithe, mais le toucher ne rendra pas plus intelligent), et les Rois Bite dans leur Van customisé... Quant au Arsenic 33, si quelqu'un les a vus, il sera prié d'avertir les autorités... Page 14/149 Les chroniques Page 15/149 BLOOD TSUNAMI : Thrash Metal Chronique réalisée par Powaviolenza Blood Tsunami. Groupe de thrash-metal norvégien. Principal argument de vente : présence de légende vivante aka Faust (ex-Emperor, faut-il encore le préciser) derrière les fûts. Donne le ton dès le titre de l'album : Blood Tsunami fait du THRASH-METAL. Point barre. Maintenant que dire... Mhhh. C'est basique. Très basique. Toupa-toupa, mid tempos. Voix hurlée aiguë. Léger arrière-goût metalcore vendeur dans certains riffs, mais riffs généralement traditionnels, inspirés de groupes généralement traditionnels. Certains riffs vraiment efficaces pour relever l'attention à des endroits $tratégiques de l'album. Production gigantesque et aseptisée. Le seul vrai avantage de cette galette est qu'on sait à quoi s'attendre quand on l'achète : du thrash bateau de base. Certes efficace, mais d'une chiantitude à toute épreuve. Rien d'original, rien de personnel, rien de VRAI en somme. Zzzz.... Note : 2/6 Page 16/149 LENG TCH'E : Marasmus Chronique réalisée par Powaviolenza Je dois avouer que la musique de ces belges ne m'a jamais vraiment touché : certes c'est efficace, ça va vite, mais c'est bateau et même pas haineux - trop surproduit pour procurer une once de hargne. Certains trouvent du plaisir à écouter ce genre de groupes plastiques, aux riffs allant et venant au gré des modes - hop un petit coup de sludge par ci - par là, hop un breakdown metalcore pour le plaisir... Personnellement, je vois plus ça comme une perte de temps qu'autre chose. Des groupes comme Discordance Axis, Gride ou Pig Destroyer me font plus yoper que ce genre de truc tout aspeptisé... En fait, je trouve même pas ça mauvais, je m'ennuie juste à mort. Pourtant, les riffs varient plus qu'autrefois : plus de mid tempos, plus de variations (y'a même un minisolo sur "Confluence of Consumers"), et Sven est toujours aussi bon à la batterie, blastant toujours aussi vite et précis tout en variant plus les plaisirs, mais aucun morceau ne se détache de la masse. La voix gruntée / hurlée en medium est tout ce qu'il y a de plus commune (ressemblant d'ailleurs la plupart du temps à celle de Sven dans Aborted, son autre groupe aseptisé assommant), tout comme l'est la prod, identique à 90% des sorties (pourquoi dépenser autant de thunes si c'est pour sonner comme n'importe quel autre groupe?). Ce disque serait sorti y'a 5 ans, il aurait sûrement eu pas mal d'effet : mais là... Bin c'est juste un disque dans la moyenne, ni au dessus, ni en dessous, dont rien ne se détache réellement du lot (à part quelques rares compos, comme "The Divine"). Pour les metalleux pas trop exigeants sur la marchandise, ou bien qui ont du temps à perdre... Note : 3/6 Page 17/149 ESCARRES / GREENWALD : Sturm Und Drang Act. I Chronique réalisée par Powaviolenza Voici un split-cd réunissant deux jeunes groupes français, Escarres, du nord, et Greenwald, de la normandie. Deux groupes plutôt différents dans l'approche : Escarres pratique un hardcore new-school chaotique bien taré, et Greenwald un metal extrême moderne assez ambiancé à l’arrière-goût de post-hardcore. Tout dans le contraste donc, comme nous l'indique le titre de cette galette, "Sturm Und Drang" (tempête et élan, qui n'a d'ailleurs rien à voir avec du Forbidden Site de près ou de loin), premier acte d'une série de split-cd sur Bent Records. Escarres est définitivement du côté de la tempête, alliant une folie venant tout droit de Sikth et Dillinger Escape Plan avec une bonne grosse prod bien puissante - le son est très très bon. Ca n'invente rien, les gimmicks à la Dillinger sont présents, et les clichés aussi ; on se fait parfois un peu chier à cause du manque de nouveauté, mais c'est bien efficace, particulièrement groovy et rock'n'roll. La basse est bien présente et virevolte gaiement, les riffs ont la classe, c'est déstructuré et joyeux ; bref, c'est chouette, léger, visiblement plein d’humour et ça doit bien latter en concert... Rien de nouveau en somme, pas d'étincelle, mais l'intention est bonne et c'est réellement sympa. Premier contraste avec l'arrivée de Greenwald : la prod est bien moins puissante sur deux des quatre morceaux, dont celui d'introduction (peut-être volontaire, peut-être aussi un problème de mastering). Par contre Greenwald montre une personnalité bien plus forte, avec des riffs aux harmonies vraiment bien trouvées qui font vraiment la force de ces quatres compos, même si on sent que le groupe se cherche encore un peu – pour information, Greenwald donnaient avant dans un deathcore assez brutal : on est ici en présence d’une musique plus post-hardcore (tout en étant assez burnée et metal), leur évolution n’est donc pas finie, j’imagine. En tous cas, l'absence de basse ne choque pas vraiment, et malgré la prod la puissance de feu est là, en particulier sur "The Herd", un des deux morceaux avec la voix hurlée de Cyril – alternée avec des passages chantés pas dégueus du tout. Assez déstructuré rythmiquement (le groupe se réclamant d’ailleurs de groupes comme Meshuggah, mais on sent aussi la forte influence de Gojira, sans toutefois que Greenwald ne pompent ces derniers) les rouennais évitent en général et malgré tout les clichés chugga-chugga où les plupart des groupes actuels se vautrent lamentablement, et je suis bien curieux de voir ce que donnera leur premier album. En bref, sans casser trois pattes à un canard pour autant, voilà donc un bon split-cd de deux groupes effectivement plein d'avenir – on le leur souhaite en tous cas, Escarres ayant la puissance et la folie, Greenwald la personnalité. Sans se révéler indispensable ou tellement au dessus de la moyenne, on passe quand même un bon moment : ce n’est juste pas le genre de disque que l’on se passe en boucle. 3,5/6 Note : 3/6 Page 18/149 GORYPTIC : From Blast To Collapse Chronique réalisée par Powaviolenza Voici donc le premier album du plus ricain des groupes de brutal death du nord de la France, j'ai nommé Goryptic. Après la bonne claque que ce groupe m'avait mise en concert, j'attendais de voir le résultat studio pour me faire un jugement définitif. Autant en live un groupe de brutal death a souvent une puissance de feu absolument énorme; autant en studio, un album complet peut s'avérer chiant pour les non die-hards du genre comme moi. "From Blast To Collapse" ne déroge malheureusement pas à la règle et je m'emmerde vite en l'écoutant. Goryptic ont tendance à en foutre partout et à partir dans tous les sens : du genre 20 riffs par compos, très techniques, gorgés à rabord de sweepings et autres joyeusetés guitaristiques (certes ces riffs sont excellents la plupart du temps, suffisamment dissonants et classes pour garder l'attention, mais aux réelles trouvailles trop rares). Si l'exercice peut s'avérer efficace quand il sert une ambiance, tous les incessants changements de rythmes et alternances blasts / mosh / blast / breakdown s'avèrent ici assez lassants sur la durée - justement à cause d'une certaine absence générale d'ambiance. Par contre, sur un morceau ou deux, ça fait son effet : faut juste consommer avec modération pour ne pas s'en écœurer. Le gros avantage de Goryptic, en studio comme en live, est sa forte propension au groove. A l'instar de groupes comme Beheaded, le brutal death de Goryptic donne envie de foncer dans le mosh pit et de mouliner en kiffant la vibe avec son mec. De plus, le niveau rythmique est très bon : le batteur est vraiment impressionnant, gravity-blastant avec aisance, et donnant un sentiment général de maîtrise vraiment classe - la grande force de Goryptic à n'en pas douter, avec leur gratteux. Par contre, à l'inverse de groupes comme Suffocation, il n'arrive pas à être incisif ET captivant, même si certains titres sortent du lot, tel que "Eight Shitty Hours & A Happy Slaughter". Et ce n'est pas l'inutile mais néanmoins sympathique remix de "Malformed Pig Fetus" qui relève le niveau. Au final, on se trouve avec un album de brutal death d'obédience américaine de très bonne facture, au niveau technique très élevé et à la prod ultra-clean (faite par le gratteux d'ailleurs, chapeau bas pour cet excellent travail), mais n'arrivant malheureusement pas à sortir du lot à cause de son manque d'ambiance et de personnalité. 3.5/6 Note : 3/6 Page 19/149 APOCRYPHAL VOICE : Stilltrapped Chronique réalisée par Powaviolenza Difficile de faire suite à l'excellent "The Sickening". Les finlandais tarés d'Apocryphal Voice relèvent ici le défi, ayant attiré l'oreille avisée de monsieur Appease Me et bénéficiant donc d'une distribution Candlelight. Là où le mini-cd était taré et imprévisible, "Stilltrapped" nous présente un Apocryphal Voice changé. Toujours aussi fou, voire plus, mais bien plus vicieux, moins direct dans son approche. Toujours inspiré par les riffs de Vicotnik et de Czral, mais développant quelque chose de moins déstructuré dans l'approche : la dissonance se fait toujours aussi malsaine, mais est utilisée de façon lancinante et sournoise. Sournois… Oui, "Stilltrapped" est définitivement sournois. Bien plus difficile d'accès dans l'ambiance, mais bien plus facile d'accès dans la structure des morceaux, cet album est gris et visqueux, s'insinuant dans vos tripes et vous plombant votre journée. Pas déprimant : ce serait trop facile. C'est juste pesant et lourd au possible, comme un ciel blanc-gris opaque d'hiver au réveil, ou encore à l'image de la pochette : profondément moche... Le génie et la personnalité sont donc bien présents, et ce disque fait très mal au mental, mais se perd malheureusement dans des méandres labyrinthiques parfois fort chiants. La force de "The Sickening" était sa cohérence et sa durée. C'est ici la faiblesse d'Apocryphal Voice : c'est trop long, trop lourd, à vous en coller la gerbe. Les riffs arpégés, la basse présente et claquante, la voix glauquissime (toujours déclamée comme un poivrot psychotique mais moins souvent hurlée), la prod bizarre : tout les ingrédients sont présents pour nous ravir, mais si la sauce prenait sur vingt minutes, elle a beaucoup moins d'effet sur une heure. Ca ne captive pas ; l'ambiance est là, mais la cohérence non. Trop de passages inutiles, le génial côtoie le beaucoup moins bon sans parvenir à le faire passer. Ca reste un excellent disque, profondément oppressant, traumatisant (et traumatisé – il suffit d’écouter ces interludes pour s’en apercevoir), unique et bien au dessus de la masse : mais commencez plutôt par "The Sickening" pour débuter l'aventure Apocryphal Voice. 4,5/6 Note : 4/6 Page 20/149 APOCRYPHAL VOICE : The Sickening Chronique réalisée par Powaviolenza Première galette de ce duo finlandais, "The Sickening" n'a assurément pas reçu l'accueil qu'il méritait malgré sa promotion Rage Of Achilles (sous-label d'Earache) et sa qualité. Trois titres complexes de black metal bizarre à l'ambiance franchement malsaine et psychotique, extrêmement inspirés par Ved Buens Ende. Trop, diront certains; bien heureusement, Apocryphal Voice sait varier les plaisirs, et surtout rendre ces vingt-et-une minutes captivantes et cohérentes de bout en bout. C'est ce qui fait la force de "The Sickening" qui frôle la perfection, et ceci malgré les évidentes et omniprésentes influences du duo Victonik / Czral. Que ce soit vocalement, guitaristiquement, ou rythmiquement, et à l'instar d'un groupe comme Rex transcrivant ces mêmes héritages à peu près de la même façon, Apocryphal Voice montre malgré tout une personnalité évidente, que ce soit au niveau de la production (totalement distordue mais ultra-claire), ou de l'ambiance réellement tangible, bien éloignée de celle de VBE. Ici, pas de psychédélique, pas de planant, pas de triste, pas de beau. Juste du tordu, de l'étouffant, du technique, du poisseux. De la classe et de la crasse. La voix est spécialement malsaine, parfois rampante et déclamée (sans être vraiment chantée), parfois hurlée (à la folie rappelant même un certain Aldrahn), toujours avec personnalité. Cela ravira assurément tous les amateurs de bizarreries norvégiennes, ou les curieux cherchant le black metal le plus aliéné possible - Apocryphal Voice pourra leur apporter les mêmes sensations qu'un Axis Of Perdition ou qu'un Silencer. Avec le recul, "The Sickening" se révèle d'ailleurs supérieur à l'album sorti récemment sur Appease Me / Candlelight de par sa cohérence et sa variation sûrement aussi de par sa courte durée, car cette folie omniprésente se révèle vite oppressante, mais sait heureusement s'arrêter au bon moment, contrairement au full-lenght. Totalement excellent. Note : 5/6 Page 21/149 LYDIA LASKA : White Thrash Attack Chronique réalisée par Powaviolenza A part la nationalité, Lydia Laska n'ont à première vue rien à voir avec Aura Noir : évoquant eux-mêmes les Stooges, Velvet Underground ou encore Bowie dans leurs principales influences, on se demande comment ce groupe de rock, norvégien ou pas, peut avoir un quelconque rapport avec le cultissime "Black Thrash Attack". Puis on regarde le label (Duplicate Records, géré par le batteur d'Infernö / Virus) et le nom des morçals, et on finit par écouter. Puis on comprend. Lydia Laska, partant d'une base que l'on pourrait qualifier de power-pop / rock mélodique et burnée, au son clean, à la voix assez claire, a la batterie plutôt basique, n'hésitent pas à agrémenter leurs morceaux d'influences metal noiresques : la voix déraille parfois jusqu'au déchirement, la rythmique se toupatoupa-ise, les riffs se font froids et tristes, tous droits sortis d'un album de Khold. Le tout étant très naturellement fait - on ne se dit jamais "ha, là c'est un passage pop" ou bien "ho, là c'est un passage metal noir". Lydia Laska ne sont d'ailleurs ni l'un ni l'autre; on pourrait croire à un nouveau genre de crossover contre-nature mais on n'y serait pas non plus : Lydia Laska sonnent tout simplement comme du Lydia Laska. Rafraîchissants / noisy / remuants / bandants / décalés / déjantés (à l'image du clip, gracieusement fourni dans la galette). Tout comme leurs compatriotes d'Arabrot, au final, rien n'est foncièrement nouveau, mais ça passe tout seul, c'est simple / efficace et on a l'impression de nouveauté. "White Thrash Attack" et "Black Metal Robot Club" sont deux putains de tubes, ça hante, ça tourne en boucle - les mélodies sont simples mais jamais faciles harmoniquement, belles mais toujours menaçantes. Ca suinte le rock'n'roll et ça dégouline la classe. Ces 15 minutes passent malheureusement beaucoup trop vite, mais c'est plus que prometteur pour la suite... 4,5/6, à cause de la durée. "Lydia Laska plays True Norwegian Black'n'roll Pop exclusively!" : à bon entendeur... Note : 4/6 Page 22/149 LUDICRA : Another Great Love Song Chronique réalisée par Powaviolenza Seul groupe de black signé chez Alternative Tentacles (qui est, est-il nécessaire de le rappeller, le label de Jello Biafra des Dead Kennedys), on sait dès les premières notes de "The Only Cure, The Only Remedy" qu'on a ici affaire à un disque totalement exceptionnel. Ici, l'ambiance n'est pas noire, pas malsaine; en fait, à part la voix hurlée et maladive de Laurie Sue, l'intensité générale rythmique et riffistique rappelle plutôt un bon gros groupe de d-beat. Beau à pleurer et massif comme du Remains Of The Day, mais gris comme du Enslaved. Grosse baffe dans la gueule - sept minutes quinze de pur bonheur, ce morceau est parfait. La prod' colle aussi une sacrée mandale, made in Billy Anderson (Melvins, Brutal Truth, Ratos de Porao, blablablablabla), c'est organique et sale comme du crust, tout en étant assez fin pour faire passer toutes les subtilités riffistiques. "Let Thirst The Soil" arrive : la claque continue. Chant clair, tristesse quasi-Ved Buens Endienne, batterie tribale. On se demande comment on a pu passer à côté de cet album aussi longtemps. Puis c'est au tour de "One Thousand Wolves", au riff Darkthronien et lancinant. Les titres s'enchaînent les uns après les autres avec passion, des blasts arrivent ici et là, c'est rock'n'roll - on sent le passé punk du batteur (au sein de Hickey), la basse est présente (tenue par le quatre-cordiste de Impaled). Le riffing est mélodique, quasiment heavy harmoniquement de temps à autres, et parfois un peu niais, mais toujours tellement beau et accrocheur... Enfin, "Aging Ghost", l'apothéose de ce disque. Aussi beau et intense que "The Only Cure, The Only Remedy" tout en étant triste comme "Let Thirst The Soil". Le meilleur titre de l'album, ça serre les tripes, ça fait se dresser le moindre petit poil du corps. C'est juste gigantesque - le final chaotique fait vraiment un effet monstrueux. On ne ressort pas de ce disque totalement indemne, et on finit par comprendre pourquoi Jello Biafra a signé ce groupe de black d'obédience norvégienne : Ludicra marient à la perfection black mélodique ultra triste et raw avec crust ultra-entrainant et léger. Bien sûr, tout n'est pas parfait : si "The Only Cure...", "Let Thirst The Soil" et "Aging Ghost" se détachent largement du lot, les autres titres sont excellents mais moins parfaits - disons qu'ils s'oublient un peu plus vite. Il n'empêche que l'album accroche du début à la fin, bourré d'émotions, d'ambiance et de moments de grâce. Le chef-d’œuvre de Ludicra... jusqu'à présent. 5,5/6 Note : 5/6 Page 23/149 LUDICRA : Fex Urbis Lex Orbis Chronique réalisée par Powaviolenza Faisant suite au dantesque "Another Great Love Song", voici donc le dernier Ludicra en date, "Fex Urbis Lex Orbis". Premier constat : exit Billy Anderson de la prod, le son est beaucoup moins crade mais ça reste absolument énorme soniquement parlant, juste moins personnel et un peu plus commun. Deuxième constat : l'intensité exceptionnelle qui caractérisait "Another Great Love Song" a globalement baissé, le côté crust épique est toujours là mais bien moins présent. La musique de Ludicra n'a pas tellement changé, elle est juste beaucoup plus metallique et polie, et donc un peu moins charmante. Heureusement pour nos petites oreilles, les éléments principaux sont toujours là : les riffs sont toujours aussi uniques, les harmonies toujours aussi belles, la batterie a toujours ces chouettes relents punk tout en restant assez complexe, Laurie Sue est toujours aussi triste et hurle avec un désespoir toujours aussi poignant ses paroles urbaines. La classe est toujours bel et bien là. Les compos sont longues et mélancoliques, et comportent toutes des riffs ultimes qui restent dans la tête : par exemple, "In Fever" et sa fin tournoyante tout droit sortie d'un album de Impaled, "Collapse" et son riff d'intro rappelant "Aging Ghost" de l'album précédent, "Veils" et son leitmotiv tristissime et Ved Buens Endien, suivi de "Only A Moment" qui renoue avec la rage d-beatienne de l'album précédent - sans toutefois l'égaler. Là où celui ci nous retournait la tête avec passion et beauté, "Fex Urbis Lex Orbis" est définitivement plus posé, peut-être moins spontané mais aussi et paradoxalement plus difficile d'accès de par cette apparente calmitude. Inférieur à "Another Great Love Song"? Définitivement, oui. Mais cela reste un excellent album de black metal urbain et unique en son genre, d'apparence classique mais regorgeant de petits trucs qui font la différence, et qui vous feront peu à peu tomber amoureux de ces Américains, lentement mais sûrement - croyez en mon expérience. 4,5/6 Note : 4/6 Page 24/149 FLEURETY : Department Of Apocalyptic Affairs Chronique réalisée par Powaviolenza Après avoir fait ses débuts avec "Min Tid Skal Komme", album de black assez bizarroïde mais pas exceptionnel, puis après avoir développé encore plus cet aspect avant-gardiste dans l’excellent MCD qui suivra, "Last Minute Lies", Fleurety nous livre ici son chef-d’œuvre incontestable. Continuant son évolution constante vers quelque chose de toujours plus expérimental, la musique d’Alexander Nordgaren (ex-Mayhem) et de Svein Egil Hatlevik (plus connu sous le nom de Zweizz, et officiant encore à l'époque dans Dodheimsgard) n’a plus rien de black metal, exception faite de la guest-list ultra impressionnante et des riffs dissonants de Nordgaren, s’inscrivant dans la lignée de leurs contemporains avant-gardistes norvégiens (Arcturus, VBE et compagnie) : complexes, Voivodiens, frissonnants, aphrodisiaques. D’ailleurs, impossible de vraiment coller une étiquette bien précise sur le style de "Department of Apocalyptic Affairs" : nous placerons donc ça dans le très utilisé et fourre-tout metal avant-gardiste – le terme n’est ici pas usurpé, tant cette galette est unique et folle. Là où certains n’y verront qu’un collage informe de titres n’ayant rien à voir les uns avec les autres, d’autres prendront leur courage à deux mains, essaieront d’appréhender l’album dans sa globalité, et s’apercevront qu’à l’instar d’un "Disco Volante", cette masse bouillonnante a un véritable fil conducteur et provoque très vite une délicieuse addiction. D’ailleurs ils n’auront pas à beaucoup se forcer, car malgré son indéniable complexité, "Department…" sait rester accrocheur, comme nous le prouve d’entrée de jeu "Exterminators", titre jazzy à l’ambiance légère presque fun et à la section rythmique dantesque – basse fretless virevoltante et Hellhammer derrière les fûts. Ou encore "Shotgun Blast", ultra entêtant et industriel, avec un Maniac au chant commençant ici les (légères) expérimentations vocalistiques que nous retrouverons plus tard dans "Grand Declaration Of War" de Mayhem ; "Facets 2.0", remaniement du titre au même nom de l’EP précédent avec le grandiose Carl-Michael Eide à la batterie ; "Last Minute Lies", lancinant, électronique, dissonant, avec l’apparition de Garm au micro… Il serait long et inutile de décrire un album aussi riche : de plus, cela vous gâcherait le plaisir de la découverte. Chaque titre (à l’exception faite du dernier, inutile remaniement de "Face In A Fever") est une expérience unique en son genre. L’ambiance générale se fait vraiment légère, presque enivrante, et assez méditative, ceci étant accentué par la sublime et très présente voix claire de Karianne Horn (à son apogée sur le trip-hop et jazzy "Barb Wire Smile") et les arrangements électroniques de Svein Egil Hatlevik, très différents de ce qu’il pourra proposer par la suite dans "666 International" de DHG ou dans son projet solo Zweizz – rien de furieux, rien de malsain : juste de l’acide, du jazzy, du planant, même si son style reste largement reconnaissable (on retrouve une certaine prédisposition pour le gros beat et le piano Erik Satien, par exemple). Conclusion : album majeur et indispensable de toute cette scène avant-gardiste norvégienne, harmoniquement divin, extrêmement ambitieux et décousu tout en étant paradoxalement et néanmoins totalement réussi et captivant. Note : 6/6 Page 25/149 EVANGELINE : Coming back to your senses Chronique réalisée par Nicko Bon allez, j'vais être gentil avec Saïmone, je vais alléger son boulot de chronique de bouses... Evangeline nous vient d'Italie et contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne s'agit de la gagnate du concours popstars local. Non, Evangeline, c'est un groupe de quatre gars qui nous jouent du punk/rock bien ficelé qui plaira aux fans de AFI, Blink 182, Sum41 et Bad Religion. C'est pas pourri, c'est juste super banale avec des vocaux qui me pètent les couilles, des rythmiques entendues mille fois. Mais bon, les kids peuvent y trouver leur compte. Voilà, je pense que vous avez une bonne idée du truc. Note : 2/6 Page 26/149 SHOWSTRIPSILENCE : Monsters and humans horrorific and all new ! Chronique réalisée par Nicko Au milieu de tout le flot de merdes qu'on peut recevoir, certains trucs passent mieux. Je dis pas qu'on atteint le haut niveau (quoi que parfois on peut tomber sur une pépite d'or), mais bon, des trucs écoutables. Je sais pas, je suis p'tit de bon poil cet après-midi, mais ce Showstripsilence (quel nom de merde par contre) m'a un peu interpelé. J'ai d'abord trouvé qu'il y avait un p'tit côté Alice Cooper, et puis, finalement non. Il s'agit de rock bien pêchu avec un chant clair (hélas) un peu trop commun et nu-nuche (un peu années 80 aussi), avec aussi un chanteur gueulard qui s'en sort un peu mieux. C'est pas super recherché, mais il y a de l'énergie, ça tient à peu près la route. C'est pas suffisant pour réellement décoller et sortir de la masse, mais ça a au moins le mérite de ne pas être pourri... Et puis la pochette est bien kitsch ! :-) Note : 3/6 Page 27/149 NINEFOLD : Superstar Chronique réalisée par Nicko Ouh la la, quelle merde ça va être ce truc... Voilà ma première réaction à la vue de ce promo. Je mets le CD dans la chaine, et là, surprise, "oh... c'est pourri ! Mais pas autant que ça !" ah ah ah ! Non, je déconne, honnêtement, musicalement, c'est même pas mal du tout, de la pop/rock à la Queens Of The Stone Age, un peu stoner. Franchement, me v'la limite à aimer ce promo. Et puis voilà qu'il y a un chanteur qui s'amène et patatra, tout s'effondre. Une voix de merde pour midinettes avec derrière du plus "gros" son rock. Mais quand il s'arrête de chanter, ça va beaucoup mieux, il y a du groove, même des p'tites parties limites latino originales et une guitare bien inspirée. Comme quoi, tout peut arriver, même un promo inconnu qui se révèle avois des qualités. Tout n'est pas parfait (putain, mais virez ce chanteur tout pourri !), mais ça s'écoute bien. Pour la peine, je fais péter le 4 ! Note : 4/6 Page 28/149 BLAME : Life is not like a porn Chronique réalisée par Nicko Le voilà, l'archétype du promo de merde. Rien qu'à l'artwork et à la pochette, tout est clair. Du néo-metal sans âme ni originalité avec un chant gueulé pré-pubert sans puissance, du chant clair (forcément) pour la mélodie, des riffs saccadés (sans blague ??) et une bonnasse sur la pochette avant et arrière. Voilà, tout est dit ! Note : 1/6 Page 29/149 COLLECTION D'ARNELL-ANDREA : Au val des roses Chronique réalisée par Twilight Au Val des Roses je me suis assis, l'âme fatiguée...Cette tristesse me serrait le coeur et je pouvais à peine respirer mais Collection D'Arnell-Andrea m'a montré que cette peine pouvait être belle, que la nostalgie loin de meurtir pouvait aussi apaiser. Mêlant des restes de cold wave, notamment dans la rythmique (boîte à rythmes et basse), et de néoclassique (le violoncelle est l'instrument à l'honneur tout au long de l'album), les Français franchissent un pas supplémentaire dans l'affirmation de leur style. 'Au Val des Roses' est un album baigné d'une mélancolie déchirante où les pièces s'écrivent sur des rythmes répétitifs, des nappes de clavier et des plaintes de violoncelle sur lesquelles la voix de Chloe St Liphard évoque la nostalgie, les doutes face aux temps qui passe, les errances de l'âme face au miroir de la nature. Les détracteurs de Collection D'Arnell-Andrea trouveront celà kitsch et dégoulinant, ceux qui comme moi apprécient le style du groupe se laisseront prendre à cette langoureuse tristesse, tantôt rythmée tantôt plus lente, aux parfums certes un brin surannés mais tellement envoûtants ('Aux cordes éternelles', 'Un parc, une tonnelle', 'Un tiède reposoir'...). Note : 5/6 Page 30/149 DAEMONIA NYMPHE : The Bacchic dance of the Nymphs- Tyrvasia Chronique réalisée par Twilight Les groupes grecs figurant dans ma collection oeuvraient plutôt dans le gothic rock; il était donc intéressant d'en découvrir un s'inspirant plus directement des racines de son pays. Prikosnovénie a eu l'excellente idée après avoir sorti un premier album de Daemonia Nymphe de rééditer d'anciens enregistrements. Le premier, 'Bacchic dance of the Nymphs' nous emmène dans une atmosphère étrange et mystique inspirée des anciennes légendes de la mythologie. Le groupe y mêle guitare sèche, flûte et autres instruments traditionnels dont j'ignore le nom, sans oublier les percussions et quelques sons évoquant la nature. Parfois les pièces sont apaisées ('Calling the twelve gods') mais le ton se fait aussi plus mystique, étrange, à la limite de l'inquiétant, notamment dans les passages de danse rituelle ou les récitations en Grec ('Summoning Pan', 'The calling of Naiades'...). Les atmosphères sont prenantes et parfaitement maîtrisées.'Tyrvasia' enregistré un peu plus tard dégage ce même sentiment, une musique héritée de la terre et des esprits anciens comprises par des musiciens soucieux d'en respecter l'esprit originel tout en la faisant revire à l'époque contemporain; dans ce cas présent, c'est une véritable bacchanale qui est ici recrée. Le résultat ? Un excellent dark folk rituel à la fois original, profond et intense que je conseille très fortement aux amateurs du genre. Note : 5/6 Page 31/149 HORRIFIED : Animal Chronique réalisée par pokemonslaughter Peu-être vous l'ignorie encore, mais Horrified fait partie de ces très très rares découvertes "coup de coeur" que j'ai pu faire grâce aux cds promos... Quelle claque fut ce "Deus diabolus inversus", à l'heure actuelle encore, cet album me file ncore des frissons dans son style dark/death horrifique.. C'est donc naturellement que je me suis à acquérir leur discographie. Ce "Animal" est donc leur deuxième album, beaucoup plus proche de "Deus.." que de "Gardens..". On oublie les expérimentations classiques, on ne conserve que quelques parties de flûtes étranges, on jarte les compos longues et torurées, et on s'attache plutôt à pondre des morceaux plus catchy et porté sur les arrangements. Et en cela "Animal" est rudement bien foutu. Gros son, cohérence des morceaux, chant varié, expérimentations "maisons" ("Funny man" qui part complètement en couilles...)... Oui mais, "Animal" ne possède ni l'originalité de "Gardens", ni l'obscurité de "Deus". Le groupe est moins inspiré, parfois trop conventionnel, on sent l'orientation vers quelque chose de plus lancinant, de plus insidieux, de plus porté sur les atmosphères de cirque démoniaque. Malheureusement, passé le premier morceau "Forbidden knowledge" super accrocheur et dégageant une bonne ambiance, le groupe se perd un peu dans des ambiances mignonettes, des mélodies peu efficaces ("Empty moment"), ou des riffs qui laissent froid ("Evol morena" par exemple avec son côté arabisant assez raté)... Pour autant le groupe maîtrise déjà nettement l'art des harmonies et des arrangements multiples : pianos, claviers, guitares acoustiques, flûtes... Oui mais quand on connaît la suite, on ne peut que rester sur sa faim. Définitivement déçu pour ma part, car "Deus diabolus inversus" lui est cent fois supérieur tant en termes d'efficacité que d'atmosphères à couper au couteau. A voir cependant si vous cherchez des faces B du groupe héhé... Note : 3/6 Page 32/149 INFERNÖ : Downtown hades Chronique réalisée par pokemonslaughter "Hell man, tu me passes ta bière ? Hell guyz ! Yeah bien sûr, je t'emmène faire un ride sur ma harley, on doit jouer avec Infernö ce soir ! Ah bon t'as un groupe ? Hell yeah ! Bah ouais c'est vite fait, tu prends des bières, tu mets du Motorhead à fond, tu boostes les grattes à fond, tu mélanges ça à du bon vieux thrash evil des eighties et le tour est joué, trois répètes et c'est bon ! Hell yeah ! Et toi tu fais quoi ? Bah je chante dedans, c'est pas compliqué, je dois juste me bourrer la gueule avant et hurler "heeeeeelllllll" du début à la fin. Ah putain ça doit tuer ton groupe, attends je ramène des copines à gros seins et mes chaînes à clous, on va tout déchirer." Ce dialogue, certes purement fictif, se révèle ceci dit tout à fait adéquat pour décrire ce disque d'Infernö. Parce que putain de bordel de chienne en chaleur, COMMENT CA FOUT LA PATATE CE TRUC ! C'est débile à souhait, les rythmiques sont les mêmes du début à la fin, une sorte de Loudpipes plus thrash, un gros hommage à des formations comme Bulldozzer ou Venom, mais hell yeah, ce que c'est bon ! En plus ça dure même pas une demi heure et c'est tant mieux, ce serait devenu chiant après. Et en plus le son est super bon... Mitawl jusqu'au bout des ongles, Infernö se veut l'archange du headbang, le roi de tous les metalleux bourrus et bourrés que l'on croise en concert. Bref, "Downtown hades" c'est clair, ça pète pas plus haut que son cul, c'est juste là pour boire des bières et niquer des gonzesses tout en remuant le cou machinalement sur leurs rythmiques jouissivement boeufs. Hell yeah ! Note : 4/6 Page 33/149 WRIGHT (David) : Deeper Chronique réalisée par Phaedream David Wright est l’un des rares artistes à se mouler librement au style de ses poésies musicales. De léger à ténébreux, il aime jouer avec les structures, tout en insistant sur l’aspect mélodieux. Son dernier album, Continuum, était une œuvre sombre pour un public qui avait encore en mémoire son œuvre ultime, Wlaking with Ghosts (2002). Deeper est le point de convergence, l’union entre Wlaking with Ghosts et Continuum. Un lointain bourdonnement intensifie la structure atmosphérique de Nomad. Hésitantes et tressaillantes, les notes voltigent sur des strates qui prennent forme alors qu’une avalanche de percussions manuelles explosent un mouvement tribal. Nomad est un superbe titre qui croise de riches structures rythmiques claniques à un synthé orchestral, dont les strates valsent à contre courant. Une splendide ouverture, au rythme endiablé et aux longs solos dérapants, sur un synthé aux thèmes mélodieux. Chaque album de David Wright comprend un moment magique, un coup de cœur comme on dit. Sur Deeper, ce moment survient avec la 2ièmepièce avec The Sound of Waves. Un titre d’un réalisme étonnant, qui nous fait entendre les clapotis des eaux qui scintillent sous les couleurs irisées d’un arc-en-ciel. Un superbe titre d’un romantisme éloquent. Si The Sound of Light tombe dans une complaisance mélodieuse, Deeper est une petite mélodie à la flûte suave qui augmente le tempo. Comme un boléro agressif, ceinturé d’une séquence hachurée qui ondule un rythme saccadé. Bamboo est un titre léger aux saveurs tropicales. De belles percussions locales sur un tempo à trémousser des hanches. Un titre qui cadre bien dans l’atmosphère de Deeper. Sea of Dreams est une longue épopée en 5 segments, totalisant près de 35 minutes de musique intense, aux variantes rebondissantes. Un lourd vent se métamorphose en plaintes affamées, alors que les premiers giclements séquentiels se font entendre sur la 2ièmepartie. Le tempo est hachuré et transposé par de fines percussions séquencées, sur un synthé aux strates violonées à l’effet mélancolique. Une douce harmonie s’infiltre pour introduire un mouvement lourd et puissant, nourri par un synthé intempestif, aux tornades mélodieuses et accrochantes. La partie 3 nous replonge dans les atmosphères tempérées, avant que les cendres de la partie 2 se reforment tel un Phoenix des mers, pour reprendre un rythme puissant et dramatique que les strates aux violons grinchant envoûtent sur la mélodie thématique, qui a pris naissance sur le segment 2. Et, de façon tout à fait inattendue, David Wright plonge dans les ambiances survoltées d’un techno aux strates mouvantes et denses, libres de toute contenance. David Wright est l’artiste contemporain qui définit le mieux la quiétude des atmosphères. Sur Deeper, il surpasse les contrariétés de son évolution en tissant un lien étroit entre les rythmes mélodieux et les sombres excursions des territoires virtuelles qui sont sources de ses inspirations. Un superbe album où la tendresse épouse les épreuves des âges. Note : 5/6 Page 34/149 BODDY & REUTER : Pure Chronique réalisée par Phaedream Ian Boddy est l’un des musiciens les plus avant-gardistes qui soit. Pionnier de la MÉ Anglaise, il a produit sa 1ière œuvre au début des années 1980 avec The Climb. Toujours attiré par des frontières plus progressives de la MÉ, il créa son propre label, DiN Records, afin d’acquérir une plus grande indépendance artistique. Depuis, son label a produit des albums très expérimentaux. Son union avec Markus Reuter n’a donc rien d’étonnant. Markus Reuter est ce guitariste Allemand que l’on a découvert dernièrement avec son dernier album solo Trepanation et son étonnante collaboration avec Ramp, qui joue de la guitare Warr. Une étrange guitare où l’on frappe les cordes, au lieu de les pincer. Il s’agit d’une 2ième collaboration, pour ce duo très avant-gardiste, qui avait produit Distant Rituals en 2003. Un album que les critiques jugeaient très éthéré. Sur Pure, le côté céleste est presque absent. Nous flottons plutôt dans un monde de verre. Un univers de cristal qui nous encercle de légers mouvements flottants et atoniques. Un sitar brumeux libère des notes feutrées et des accords incertains pour ouvrir Prescence. Un titre aux mouvances délicates qui ressemble à une berceuse irréelle, tant la cristallinité des notes et des accords poussent vers un sommeil aux carillons harmonieux. Et c’est ce qui frappe sur Pure. La pureté des sons, des liens et des accords nous transpose dans un monde d’artifices, où les sonorités voltigent telle des cristaux gelés, dont la musique se crée par leurs frottements, leurs contacts furtifs, mus par des vents qui concordent les danses et les mouvements. Tout au long de l’opus Boddy/Reuter mélange les tempos, les atmosphères sur des notes au cristal pur qui émettent de superbes sonorités, d’une limpidité halieutique, autant sur des titres mouvementés comme The History et This Life, que les titres plus doux. L’intro de Glisten filtre un superbe serpentin aux notes carillonnées sur un synthé et une sonorité au crescendo angoissant. Immersion et Clearing viennent changer les ambiances. Flottant, Immersion débute sur des notes claires, comme un xylophone électronique qui flotte dans une ambiance ouaté. Une guitare vient étendre ses courts solos segmentés, avec un synthé qui camoufle les chœurs, pour embraser un long mouvement éthéré, comme sur Distant Rituals. Clearing est purement expérimental. Atonique, son charme réside dans la mutation des effets sonores sur les serpentins cristallins qui réussissent à maintenir un effet d’harmonie. Le voyage de cristal se poursuit jusqu’à Pure. Ian Boddy et Markus Reuter sont des recherchistes sonores. Deux musiciens qui explorent des territoires interdits, versant dans une forme d’anti-musique qui se veut tout de même harmonieuse, par instant mélodieuse. Si The Level nous amène sur un côté un peu plus progressif avec sa guitare acoustique, les autres pièces sont aussi douces qu’étranges sur une limpidité à faire tinter l’ouïe. Il suffit de dire que Pure conclut sur une note tendre, tout en étant plus cristallin. Un titre aux belles modulations et aux belles notes limpides qui serpentent cet étrange univers, se demandant qui du pur ou de l’impur serait le meilleur compagnon pour s’épanouir. DISPONIBLE SUR : http://www.din.org.uk/ et SMD Page 35/149 Note : 4/6 Page 36/149 MERGENER (Peter) : Instinctive Traveller Chronique réalisée par Phaedream Comme ça, une fois de temps en temps, j’aime sortir de millénaire pour vous faire découvrir des artistes moins contemporains, qui ont bâti les racines de la M.É. . Peter Mergener est un artiste aussi influent que Tangerine Dream et Klaus Schulze, il a juste été plus discret. Pour Peter Mergener, Instinctive Traveller est un 3ièmedépart. Après l’aventure Software, avec Michael Weisser, il entreprend une carrière solo chez Cue, où il réalise 6 albums, et en 1997 il accepte un contrat de distribution chez Prudence. À chaque mouvance, à chaque changement, Peter Mergener s’est fait un devoir de transposer l’univers électronique très délicat et froid de ses aventures avec Software. Un son unique, si près du cosmos, que c’en est attirant. Son 1ier album chez Prudence est l’album live, Instinctive Traveller son 21ième. Enregistré lors du Festival de MÉ de KLEM DAG à Nijmegen, Pays-Bas en 1996. Un spectacle que Peter Mergener arrose de titres inédits, pour le plus grand plaisir des fans. Electronic Movements débute sur une intro atmosphériques aux effets cosmiques qui sont coutumiers aux fans de Software. Doux, le synthé dépose ses cousins qui maintiennent une onde de réverbération qui moule une structure de basse. De ses strates se manifeste une belle guitare acoustique qui équilibre la mélodie du clavier. Le synthé est juteux et fuse de beaux segments mélodieux aux richesses d’antan, accompagné d’une guitare imperturbable qui ajoute une dimension à l’approche dramatique des claviers. Deux petites séquences dansent en arrière plan, avant de prendre le rythme qui s’anime sur une pulsation accélérante. Une vraie structure de Berlin School qui laisse tout la possibilité d’ajouter aux structures et, fort de son expérience, Peter Mergener tapisse une structure sonore riche et harmonieuse qui s’introduit furtivement dans les atmosphères de High Places. Touch the Guitar introduit la guitare électronique de Achim Elsen. Dans une ambiance lancinante, la guitare incruste ses solos sur un synthé passif. Une belle union qui verse sur une guitare furieuse aux thématiques mélodieuses qui accrochent, comme les refrains qui traînent dans nos mémoires. Histoire de transposer 2 atmosphères, Peter Mergener aime bien utilisé de courtes pièces comme Under the Sun. Wild Thrills in Jungle est une superbe pièce à faire rêver les vieux fans de Software; des notes suspendues sur un synthé mellotronné, avec un beau passage mélodieux qu’une flûte souffle, au gré d’une spirale ascendante, un vent virtuel. Le titre s’anime sur un bon séquenceur, des notes de claviers fermes et une guitare agressive qui hurle comme une bête. Toujours comme un carrousel à vitesse variable, Wild Thrills in Jungle ramasse toutes les accords pour insuffler une jungle à la paranoïa légère, sur un doux rythme circulaire. Two Hands Two Sticks nous présente un furieux solo de percussions électroniques, un fait rare lors d’un concert. Pourtant, l’effet est spectaculaire sur de bons hauts parleurs. Rain in Australia reprend la spirale mélodieuse de Wild Thrills. Une superbe mélodie rotative avec de tendres accords spiralés sur un violon virtuel déchirant. Tout le contraire de Voices of Africa avec son rythme imposé par des séquences percussives échotiques et un solide jeu de percussions. La guitare transperce les ambres d’un synthé discret, avec des solos perçants démontrant la maturité de Mergener qui n’as pas peur de laisser le Page 37/149 plancher à ses musiciens. Ainsi, le duel guitare/synthé est des plus créatifs et moulants. En guise de rappel, Peter Mergener nous livre la pièce titre en 2 fragments, totalisant 15 minutes d’une musique torrentielle où guitare et synthé s’arrache l’espace sur des séquences lourdes et sautillantes. Un gros Berlin School cimenté, structuré sur des séquences qui frappent avec dureté et qui se moulent à des percussions solides. Un titre aux solos juteux, qui tente de régulariser un rythme que des séquences multiplient avec une indiscipline savoureuse. L’union entre les 2 parties se fait dans une atmosphère flottante, pour revenir à un tempo séquentiel en forme de cascade. Un rythme souple qui monte et descend, arquant une superbe mélodie que l’on attendait plus. Peter Mergener est un incontournable dans le monde de la MÉ. Artiste discret, il réussit à tous les coups à créer des œuvres puissantes. Des œuvres sorties de nulle part, que personne n’attendait, qui nous ensorcellent, qui nous enchantent. Instinctive Traveller est ce genre d’œuvre; une fusion des séquenceurs avec de vrais percussions, une fusion guitare/synthé sur des mouvements mélodieux en constantes modulations et permutations rythmiques. Il faut découvrir Peter Mergener, c’est une nécessité pour tout amateur de MÉ. Et ça devrait débuter avec Instinctive Traveller, qui est tout à fait excellent. Note : 5/6 Page 38/149 SADUS : Chemical exposure Chronique réalisée par pokemonslaughter Vous voulez du survolté ? Du sans concessions, du thrash'till'death jusqu'au bout des ongles ? Sadus est là pour vous rassasier bande de grosses brutes. Ce groupe, plutôt boudé en son temps, dans l'ombre de sténors du genre, profite actuellement de son statut culte dû à son âge pour refaire parler de lui via une réédition judicieuse de metal mind records (en fait roadrunner pologne). Bien leur en prend. "Chemical exposure" est de ce genre de disque véritable concentré d'énergie, absolument explosif et sans temps mort. Sadus pousse le concept thrash jusqu'à ses extrêmes limites, fleurtant bien souvant avec le death voire le grind sur certains passages ("Hands of fate" argh). D'une base typiquement thrash - je ne vais pas vous faire l'affront d'en rappeler les us et coutumes - , Sadus ajoute une hargne sans pareil, des rythmiques ultra rapide, on est souvent proche du blast, quand on n'y tombe pas tout simplement, le chant ultra énervé façon Mille Petrozza de la grande époque part parfois dans des hurlements carrément malades, les riffs sont tous joués à 2000 à l'heure, bon sang qu'est ce que c'est boeuf ! Et c'est le sourire béat que l'on se prend tout cela dans la gueule. Avec ces solos qui partent dans tous les sens, ces riffs presque black metal par moment, se manger cette galette, c'est prendre un instantané de toute la violence qui animait ces gars-là en 88. Et bon sang, voilà une belle leçon à faire à tous les groupes dit "brutaux" que l'on entend actuellement. Le disque de thrash qui allait plus loin, celui qui en faisait plus, encore plus, sans jamais verser dans l'excès car conservant à l'esprit ce qui fait la force du groupe : l'efficacité (la moyenne des morceaux est inférieure à 3 minutes), l'impact, la brutalité. Et le pire, c'est que ces gars-là parviennet souvent à surprendre, par des rythmiques en contre-temps, ces breaks inattendus, des gros hits ("Certain death", "Twisted face", "Hands of fate", "Fight or die" bon à hurler dans son appart'... Et j'en passe), et surtout... Ce morceau final carrément funeral doom, ultra réverbéré et glauque. Un grand disque, brutal as hell ! Note : 5/6 Page 39/149 KREATOR : Renewal Chronique réalisée par pokemonslaughter Boarf quelle déception que ce "Renewal" après l'éclatant (dans tous les sens du terme) "coma of souls"). Je comprend tout à fait le besoin qu'avait le groupe de se mettre au goût du jour et d'explorer de nouveaux aspects, mais le constat est à faire : "renewal" est un disque plutôt raté. Tout commence avec un "Winter martyrium" des plus horripilants". Le ton est lancé, Kreator se veut plus sombre, la prod sonne moderne, les grattes n'ont plus le poids d'antan, Mille chante presque hardcore. Ma foi, cela pourrait bien sonner, mais non, on se fait grave chier. Riffs pas inspirés, rythmiques originales mais peu efficaces, on n'accroche pas... En fait ce disque c'est un vrai concentré d'idées mal exploitées. "Renewal" avait tout pour être un excellent disque, il restera finalement une erreur dans la carrière du groupe. Pourtant un morceau comme "Karmic wheel" parvient à atteindre le but souhaité sur cet album, avec ses ambiances angoissantes, ce break en son clair froid comme l'acier. Ventor se montre très inventif ici, la prod' lui donne d'ailleurs une place avantageuse dans le mix, mais rien n'y fait, hormis le doublé "Europe after the rain/Depression unrest" très réussirappelant l'ancien Kreator en version plus froide, je m'ennuie vite... Méfiez vous des premières écoutes qui peuvent paraître aguicheuses, le disque s'essoufle vite, bien trop vite malgré ses qualités évidentes... Et ce ne sont pas ces samples pseudos indus qui vont relever le niveau. Et puis surtout qu'est ce qui a pris Mille de chanter comme ça, c'est carrément insupportable ! Le disque du changement, comme son nom l'indique, mais un changement plutot éphémère pour le groupe, tant la suite "Cause for conflict" va remettre les pendules à l'heure bien vite. Note : 3/6 Page 40/149 ADRIAN (Rudy) : Twilight Atmospheric Works Vol. 2 Chronique réalisée par Phaedream Twilight est le 2ième opus du synthésiste de la Nouvelle-Zélande, Rudy Adrian. Une collection d’œuvres atmosphériques, de musique de paysages et de natures, comprenant 10 titres, dont 2 qui feraient rougir d’envie les synthésistes qui aiment les séquences lourdes et rondes. Derrière des tonnerres, un beau synthé aux nappes riches et basses laissent un sillon résonnant dans une nuit à la fois mystique et brumeuse. Eclipse s’éveille à ce monde sur un chant clanique. Une oraison tribale se moule aux fines modulations d’un synthé qui coule, comme les paroles du bédouin. Après une entrée aussi ambiante, la séquence frénétique de Towards the White Mountains nous prend par surprise. Fluides, des solos peu convaincants laissent toute l’emprise à une solide structure de basse qui s’acoquine d’une autre séquence qui fait penser à un mouvement de Froese en solo sur Stuntman. Volages et éparses, les percussions supportent ce rythme qui s’éteint sur les chants d’oiseaux. Un très bon mouvement séquentiel qui s’étend jusqu’aux petites heures de Enveloping Mists, dont les effets sonores aux percussions qui s’étirent en cliquetis de billes, infiltrent une quiétude atmosphérique sur de belles nappes statiques et un synthé atonique qui traverse un champs de bourdonnements carillonnés. Une vibration s’amplifie, sur un roulement séquentiel puissant. Une belle séquence lourde et ondulante, que de vrais percussions viennent défroquer encore plus, sur un rythme lourd et une séquence magique, que j’ai entendu que très rarement. Un superbe morceau qui laisse l’impression que toute une tribu vivait sur cette séquence et ses superbes modulations, qui changent le cours de Summa Cum Laude. Tout simplement superbe. Avec Return to the Fire Island, les oeuvres atmosphériques se suivent en cascade, avec un beau potentiel mélodieux. Sur ce titre, la flûte est enchanteresse et nous guide au piano de Disturbed Reflections qui se répercute doucement dans les échos et les vibrations de ses accords. Passing Through Familiar Hills reprend les souffles flûtés aux essences plus tribales. Sombres, de sombres mélodies s’ajoutent à cette collection de Rudy Adrian. Très à l’aise et peu importe les directions sonores, Rudy Adrian contrôle les humeurs des esprits tribaux, qui cognent leur mécontentement sur les sols de Watery Moon, le titre le plus lourd d’émotion sur cette 2ième collection d’œuvres atmosphériques. Twilight est un bel album. Un beau mélange des genres où le synthésiste est définitivement à l’aise; autant en mode ambiant atmosphérique, que tribal aux sonorités des paysages, que flottant aux dimensions cosmiques et en Berlin School. Une étonnante collection qui vaut définitivement son acquisition. DISPONIBLE AU : http://members.lycos.co.uk/atmospheres/ Note : 4/6 Page 41/149 CREATE : Kindred Spirits Chronique réalisée par Phaedream Un nouvel album de Create suscite autant de curiosité qu’un nouvel album de Redshift ou de Gert Emmens. C’est vous dire à quel point Stephen Humphries a atteint un statut d’artistes incontournables en si peu de temps. Kindred Spirits est un album qui se démarque de ses prédécesseurs par sa vélocité et sa rage. Create est tout simplement en feu et nous balance un album extrêmement puissant. Présenté lors du Festival E-Live de Eindhoven, aux Pays-Bas, le 15 Octobre 2005, Kindred Spirits est un titre épique, divisé en 7 segments. Un faible bourdonnement s’amplifie sur un synthé qui se moule d’une façon introspective, parmi des effets sonores cosmiques et de belles nappes statiques qui rehaussent une richesse sonore déjà en place. Tout au long de ce superbe morceau, Create multipliera l’apparition de ses lourdes nappes riches et spongieuses. Elles se mouleront aux multiples modulations, et saisiront les rythmes d’une lourdeur suave et sensuelle. Comme celui qui suit cette intro. Un beat énorme, lent comme un gros rock heavy qui tourne lascivement, dans une gestuelle étonnante pour un morceau de MÉ. Un mellotron flûté se colle aux mouvements qui varient les intensités et les rythmes, suivant inlassablement son escalade cadencée. À chaque intervention éthérée, s’ensuit un mouvement animé qui monte d’intensité. Donnant un effet d’amplification qui montera jusqu’à un rythme soft techno vers la fin de Kindred Spirits. Mais de la 13ième minute, le tempo et la structure ne sont déjà plus les mêmes. Sous des solos virulents et des modulations brusques, Stephen Humphries dompte les rythmes et les modulations aux travers ses strates intenses et ses superbes souffles mellotronnés qui allient des structures rudes à des moments atmosphériques. Un titre génial aux séquences et pulsations dynamiques, voire voraces, qui nous réserve des surprises, dont une succulente séquence hypnotique, qui prend forme vers la 31ième minute. Kindred Spirits est définitivement le plus gros morceau que Create ait écrit à date. Comme son titre l’indique, Biospherical Remixed Imagery est une version ré usinée et plus courte, de Biospherical Imagery, écrite en 2004 et qui figurait sur l’album du même nom l’année dernière. Version interprétée en concert, Create a misé plus sur le côté rythmique qu’atmosphérique, plongeant encore plus Kindred Spirits dans un univers très séquencé et cadencé. Secret Place termine ce dernier opus sur une note plus éthérée, plus sereine. Enregistré dans le Backroom Studio, il s’agissait de la pièce désignée pour ouvrir la performance de Create au festival E-Live. Effectivement que cela aurait été une ouverture très efficace au survolté Kindred Spirits. Que d’évolutions depuis la parution de Reflections From The Inner Light en 2004. Stephen Humphries fait un pas de géant qui le sépare de la génération montante de la MÉ. Il fait parti de l’élite qui influencera ceux qui cherchent à marquer l’histoire de la MÉ avec un album phare, comme Kindred Spirits. Rarement j’ai entendu autant de rythmes dans un titre aussi long que la pièce titre. Un monument musical qui deviendra une référence. En ce moment il est certainement le meilleur album de 2007. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais il est excellent. Les 50 premières copies vendues par son site seront numérotées et autographiées par Mr.Create. DISPONIBLE AU : http://www.create-em.co.uk/ Page 42/149 Note : 6/6 Page 43/149 RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Burned & Frozen Chronique réalisée par Phaedream Radio Massacre International (RMI) est un groupe extrêmement prolifique. Depuis que le groupe ait réalisé Frozen North, en 1995, 26 CD ont été produit. Du côté des fans, plus de 15 bootlegs, en 12 ans, ont été clandestinement mis sur le marché. Une productivité qui équivaut à celle de TD et de Klaus Schulze. Dans cette discographie, RMI a produit des CD-R en quantité limitée pour finaliser des titres, ou des concepts, incomplets faute d’espace sur le CD original ou pour choyer ses fans. C’est le cas avec Burned & Frozen.Un CD-R de 73 minutes, pour clore les sessions d’enregistrements de Frozen North, le premier et très TD tendance album de RMI en 1995. Les intros de RMI ne sont plus un secret; effets sonores sur un synthé vaporeux où flûtes, accords de guitares s’accordent dans des atmosphères lourdes et flottantes, c’est selon. Pour Armistice, l’intro est dans la norme des 6 minutes, avant que le séquenceur se mette en mode attaque. Une des premiers titres écrits par RMI, les rythmes sont souples et plus envoûtants qu’explosifs. Un tempo qui évolue comme un long crescendo sur des synthés aux sonorités très symphoniques, qui se pavanent sur une séquence sèche et ondulante aux mesures à la fois frivoles et parfois sévère. Un bon titre qui est plus hypnotique que sauvage, malgré les courtes impulsions de la guitare qui cherchent à mordre les atmosphères. Burned & Frozen (Frozen North Part III) est un titre colossal. L’intro nous présente un synthé au souffle chaud, flottant et moulant à la recherche d’une structure. Un doux mouvement, rêveur qui accentue aisément sa mesure sur une nappe synthétique déviante aux pulsations angoissantes. Un beau moment planant aux fines modulations qu’une basse fait résonner jusqu’aux assises d’un synthé secoué, dont la mesure change de direction, comme un cours d’eau en débâcle suite à un dégel rapide. Une série de percussions volages et claquantes circulent dans une atmosphère alourdie par la multiplication des réverbérations métalliques et des nappes moulantes. Vers la 12ième minute, le séquenceur multiplie ses gammes et le rythme galope sur une nappe moulante. Percussions échotique au résonnement feutré, séquence sautillante sur un tempo nerveux et un gros synthé aux nappes menaçantes, dont les effets sonores peuvent être l’équivalent de cris d’oiseaux Sasquash. Sublime, la séquence est lourde et enclumée sur des chœurs spectraux aux percussions surexcitées qui roulent sur leurs échos. Un mouvement intense avec des frappes métalliques ahurissantes. RMI à son meilleur. Un croisement avec Ramp n’aurait pas donné mieux. Et ça ne lâche pas. Dès qu’il y a détournement de séquence où mesures, l’évolution rattrape vite l’impulsion qui grimpe d’un cran. Mais toute cette belle ébullition doit cesser et vers la 33ième minute, Burned & Frozen s’assagit pour éteindre les dernières mesures restantes dans un contexte plus serein, sauf un court soubresaut agressif vers la 40ième minute, pour tenter de récupérer le rythme. Je suis très étonné par la qualité d’une pièce comme Frozen North Part III. Moi qui avais trouvé le CD 2 de Frozen North trop ambiant, cette pièce est tout à fait le contraire. J’en déduis que Frozen North est une somptueuse symphonie électronique où posséder toutes les parties est de mise. La partie 2 se retrouve sur Knutsford in May. Burned and Frozen est un très bon CD-R. Un titre que tout amateur de RMI et de MÉ, style Berlin School ne peut laisser passer. Page 44/149 DISPONIBLE AU : http://www.users.dircon.co.uk/~rmi/ Note : 5/6 Page 45/149 PHAZM : Antebellum death 'n' roll Chronique réalisée par Nicko Après une série de promos inintéressants au possible, voici une autre série de chroniques qui, je l'espère, vous interpellera un peu plus... En effet, je m'apprête à vous parler de 3 disques sortis récemment sur le label Osmose Productions. Je pense qu'il n'y a pas besoin de présentation tant ce label a sorti des albums devenus incontournables (rappelons qu'ils ont eu dans leur rang Immortal, Impaled Nazarene, Marduk, Enslaved, Angelcorpse et plus récemment Impiety, Arkhon Infaustus, Antaeus, Melechesh...). Bref, du lourd ! Je commence là avec le deuxième album des français de Phazm. Déjà, avoir signé un groupe pareil à l'époque était risqué. Le groupe n'avait rien sorti et il ne s'agissait que d'un side-project de 3 membres de Scarve. Et bien que leur premier album, "Hate at first seed", ait été bon (même excellent !), ça ressemblait plus à un CD défouloir avec beaucoup de fun, d'humour macabre et de second degré, je me demandais bien ce qu'un tel groupe pourrait donner sur le long terme. Eh bien, dès le deuxième album on a un début de réponse. Ce qu'on peut dire tout de suite, c'est que Phazm n'est pas un simple side-project "jetable" pour le fun, c'est un réel groupe. L'album est beaucoup plus recherché, moins direct, mais qui reste diablement efficace. L'humour morbide est toujours présent avec un artwork (typé comics) et un concept basé sur la nécrophilie. Et je dois dire que musicalement, ça pue la Mort avec un chant purulent et des guitares crasseuses, le tout étant soutenu par une rythmique de plomb et des solos bien sympas. Alors bien qu'on ait affaire à du black/death bien encré dans l'extrême, il y a plus que jamais cette ambiance rock n' roll pied au plancher si chère à Pierrick, l'instigateur du groupe. Non, vraiment, ce deuxième album est une véritable réussite (et une surprise !) à la fois inspirée et possédant une ambiance macabre imparable. Et puis un groupe de metal extrême qui met dans ses influences Motörhead, Lynyrd Skynyrd et Black Label Society (Zakk rules !) ne peut pas être foncièrement mauvais (fallait bien que je la sorte celle-là !). Oui, il y a même un p'tit côté seventies !! Vraiment tout pour me plaire ce disque, y'a pas à dire ! A noter que l'album est présenté enversion DualDisc avec une deuxième couche DVD proposant un concert de plus de trois quarts d'heure à Nancy où l'on peut déjà voir que Phazm est un excellent groupe de scène, avec un incroyable feeling. Les titres de ce deuxième album prennent une autre dimension et passent même mieux l'épreuve de la scène que ceux du premier album ! Et tout ça vendu pour le prix d'un simple album. Je ne sais pas trop quoi vous dire de plus si ce n'est que l'achat est indispensable ! Note : 5/6 Page 46/149 VEHEMENTER NOS : Vehementer Nos Chronique réalisée par Nicko Mais où vont-ils les trouver ? Là encore, niveau prise de risque, Osmose n'y est pas allé de main morte avec un groupe totalement inconnu, qui n'avait rien sorti avant ce premier album. Une petite présentation s'impose. Vehementer Nos est un duo français qui a choisi de jouer du black metal relativement complexe, recherché et diversifié. Ce qui est fort chez eux, c'est leur capacité à sortir des riffs amples typiques du black suédois à la Dark Funeral, très efficaces et faciles à assimiler et, d'un autre côté, à avoir des structures de morceaux très travaillées et variées (donc rien à voir avec la bande à Ahriman) avec différents types de chants, des parties symphoniques et atmosphériques faisant directement référence au travail du suisse se cachant derrière Mirrorthrone (dont c'est, je pense, le groupe qui se rapproche le plus de Vehementer Nos). De plus, au lieu d'utiliser comme la plupart des groupes de vulgaires synthés en guise de violons, nos compères ont choisi de "vrais" instruments, ce qui ajoute une réelle profondeur à l'ensemble ainsi qu'une p'tit côté baroque assez sympathique ! Les tempos sont très variés et changeant, on passe de parties doom à des blasts destructeurs. D'ailleurs, les parties plus atmosphériques ressemblent un peu à ce que peuvent faire les roumains de Negura Bunget. Là, franchement, on tient un album superbe, maitrisé et original, proche de la perfection tant tout est limpide et inspiré. C'est ce qu'on peut appeler une véritable découverte, LA sensation de ce début d'année pour moi. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maitre. Chapeau bas Messieurs. Note : 5/6 Page 47/149 GOAT SEMEN / ANAL VOMIT : Devotos del diablo Chronique réalisée par Nicko En voilà un split culte ! Goat Semen et Anal Vomit, ou comment mettre en musique l'attaque péruvienne sur le monde !!! Tout commence avec Goat Semen dont la partie représente leur mythique première démo (ré-édité à maintes reprises sous divers formats), du "Southamerican Terrorist Death Black Destructive Metal Mayhem" comme ils disent... En langage plus commun, je vais dire que Goat Semen, c'est du black/death/thrash directement influencé par Impiety. Ca ne s'arrête jamais, ça t'explose à la gueule en moins de deux avec des rythmes effrennés, des cris bestiaux et des changements de tempos de folie. Le batteur est quasiment toujours dans le rouge à se décrocher les bras ! En plus, la production est tout à fait correcte (faut pas oublier que ça a été enregistré à Lima au Pérou, c'est pas l'Abyss Studio...), assez puissante de toute manière pour t'arracher la nuque ! J'aurais juste à reprocher un léger manque de variété, mais putain, quelle pêche et quelle énergie !! Concernant Anal Vomit, on a une démo de 1997 ainsi que 4 morceaux tirés de cette démo, amis en version répèt' de 1999. Le style est relativement proche de celui de Goat Semen, mais en version death metal. Il est clair qu'on a droit à quelques riffs bien inspirés, mais il faut reconnaitre qu'il manque cette folie et surtout cette explosion et cette énergie qu'il y a chez leurs compatriotes. De plus, la production est un peu brouillonne, ce qui handicape un peu leur partie du split. Limite je préfère même les versions de répétitions, avec un son vraiment brut de décoffrage, bien bestial ! Au final, on a quand même un split de furieux vraiment excellent, brutal et énergique à souhait. A noter que ce split vient d'être ré-édité par Osmose Productions avec des titres live et de répétitions en bonus, ce qui va enfin permettre à ce CD d'être disponible bien plus facilement. Vous n'allez plus avoir d'excuses, d'autant plus qu'il est indispensable (au minimum pour Goat Seemen). Note : 5/6 Page 48/149 SAMLA MAMMAS MANNA : S/t Chronique réalisée par Progmonster Il est temps de s'attaquer à la légende - que dis-je ? - au mythe Samla Mammas Manna, groupe suédois influent et original qui n'entraîna aucune descendance officielle mais qui se déclinera en différentes entités au gré de sa longue carrière, de ses changements de personnel et des différentes optiques ainsi adoptées. Les quarante minutes de leur tout premier album renferme déjà en lui les promesses d'un univers sans pareil qui ne demande qu'à s'épanouir. La folie légère qui très vite fera leur réputation s'entend à peine (excepté sur l'ambitieux "Circus Apparatha", sans doute la plage la plus représentative de leur style), mais on devine presque sans efforts toutes les caractéristiques sous-jacentes qui font de Samla Mammas Manna un groupe hors normes ; à commencer par de généreuses plages instrumentales qui ne cherchent pas à cacher leur nature sûrement improvisée ("Vidgat Läge", "Manna Jamma" à la restitution sonore pas toujours exemplaire), mélodique et harmonieux à la fois, et qui s'inspirent pour la plupart du folklore traditionnel. Résolument coloré, à l'opposé donc du brumeux "Lord of The Rings" de Bo Hansson, la position dominante exercée par les claviers les différencie alors de leurs compatriotes de Made in Sweden avec lesquels ils partagaient pourtant à la même époque cette même approche fusion ("E`Pop Tai" ; du kozmigroov' sans trompette ?) et dont le dénominateur commun serait une forme de jazz décomplexé et festif, pas loin du Trinity de Brian Auger... C'est donc cet aspect spontané qui prévaut sur leur album éponyme, une succession de titres groovy qui machinalement nous incitent à taper du pied mais dont on ressort sans souvenir indélébile. Reste ça et là quelques petits délires bien sentis ("Fittravisan" ou encore le final aux cuivres tordus de "At-One-Ment") sans parler bien sûr des chants schtroupmfement grotesques de la plage d'ouverture, leur véritable marque de fabrique. Comme pour tout premier disque, Samla Mammas Manna se découvre plus qu'il ne se révèle. Note : 3/6 Page 49/149 SAMLA MAMMAS MANNA : Måltid Chronique réalisée par Progmonster "Måltid" affirme avec autorité la forte personnalité de ce groupe suédois purement inclassable. Avec ce sens de la dérision unique, l'aspect le plus communément rock en moins (bien que la guitare de Coste Apetrea commence à sortir ses griffes), Samla Mammas Manna arbore de plus en plus en de nombreux endroits des airs de Mothers of Invention européen, période "Waka/Jawaka" qui plus est... Prenez "Dundrets Fröjder" par exemple ; un niveau de jeu exceptionnel, une série de thèmes plus palpitants les uns que les autres, une complexité rythmique affichée mais pas prédominante, une diversité d'approche étonnante qui englobe des tas d'aspects différents, renvoyant dos à dos - et en cherchant bien, si, si ! - les meilleurs passages de Genesis ou Gentle Giant dans le plus pur style symphonique à des élucubrations dignes des formations zeuhl ou rock in opposition, réfugiés derrière des onomatopées qui font office de chant ; un peu comme si le personnage de La Linea avait convié toute sa famille à se joindre à l'orchestre (pour s'en convaincre, écoutez aussi "Syster System")... Ces nombreux points forts, on les retrouve éparpillés un peu partout sur le disque, "Måltid" possédant un aplomb, une force de conviction et un pouvoir de séduction quasi instantané auprès des amateurs avoués d'objets musicaux non identifiables, choses dont était encore dépourvu leur premier effort. Nageant dans des eaux troubles où psychédélisme, progressif, jazz fusion et délire faussement éthylique font bon ménage, il n'y a rien d'étonnant à ce que Samla Mammas Manna ait été pendant très longtemps observé comme une véritable curiosité défiant toute tentative de catégorisation. La production et les arrangements ont également fait un énorme bond en avant avec plus de soin apporté à chaque élément, le clavier n'étant désormais plus le seul électron libre de ce cirque déluré. Bien que beaucoup plus concentré sur des aspects purement techniques, les canadiens de Miriodor doivent beaucoup au groupe de Lars Hollmer. Et, par extension, Mr.Bungle lui-même. Note : 4/6 Page 50/149 SAMLA MAMMAS MANNA : Klossa knapitatet Chronique réalisée par Progmonster Le troisième album des Samla Mammas Manna n'a rien de rebutant, bien au contraire, et pourtant... ; avec le recul, il n'est pas bien difficile de comprendre pourquoi entrer dans leur univers peut paraître si difficile au premier abord. À l'opposé d'autres formations de la mouvance progressive de l'âge d'or, le malin plaisir que prend le groupe suédois à se disperser sans crier gare surprend, étonne, déstabilise et peut au final, dans certains cas, laisser de marbre. On ne peut raisonnablement pas prétendre faire le tour de leur carrière en un survol désintéressé et sommaire. Bien souvent, la beauté de ces musiques, on la trouve dans l'espace qu'elle laisse à l'auditeur pour se forger son opinion et s'imprégner des émotions qu'elle véhicule. La musique des Samla Mammas Manna est de celle qui interpelle, de celle qui émeut. Mais c'est aussi un langage qu'il est nécessaire de connaître sous peine de passer complètement à côté des choses merveilleuses qui nous sont proposées. Encore plus complexe que "Måltid" en terme d'écriture et d'interprétation, "Klossa Knapitatet" déploie un parterre d'harmonies et de plans sans queue ni tête au travers de transitions à rebrousse-poil complètement inattendues. Leur lyrisme exacerbé, enjoué et purement communicatif nous ramène une fois de plus aux exactions de Frank Zappa (la séquence de Yoddeling loufoque sur "Långt Ner i Ett Kannihål" ou encore le délire portnawak de "Kom Lite Närmare" entre Albert Marcoeur et le Primus de "Hail Santa") mais les plans jazz fusion se multiplient au point de redéfinir leur approche ; de "Liten Dialektik" à "Musmjölkningmaskinen", les assauts guitaristiques de Coste Appetrea laissent sous-entendre que le Mahavishnu Orchestra est passé par là. Plus loin, "Influenser" ressemble à un croisement improbable entre le Miles de "Jack Johnson" et le premier Henry Cow. Bref, les oreilles vierges de toute influence soumises à cette musique qui ne se prend pas au sérieux bien qu'executée le plus sérieusement du monde se demanderont sur quoi ils sont tombés. À raison. Note : 4/6 Page 51/149 SAMLA MAMMAS MANNA : Snorungarnas symfoni Chronique réalisée par Progmonster Le dernier album de Samla Mammas Manna est un élégant exercice de style articulé autour des seules compositions de Gregory Allan-Fitzpatrick. Mais qui est donc ce Allan-Fitzpatrick me demanderez-vous, l'air hagard ? Tout simplement, un américain expatrié en Suède en qui le groupe avait semble-t-il suffisamment confiance que pour interpréter et enregistrer son matériel sur un album complet ; "Snorungarnas Symfoni", au titre éloquent. Car de tous les albums enregistrés jusqu'ici par le groupe de Lars Hollmer, c'est en effet celui qui se rapproche le plus de l'idiome progressif tel qu'il a été défini pour la postérité : quatre longues plages qui heureusement ne possèdent ni l'arrogance d'un "Brain Salad Surgery", ni la prétention d'un "Tales from Topographic Oceans". Est-ce donc vraiment un album de Samla Mammas Manna me demanderez-vous encore, inquiets, si seulement ce sujet vous intéressait vraiment ? Eh bien oui vous répondrais-je, même s'il est difficile de savoir de quelle manière s'est équilibrée cette collaboration, et qui a apporté quoi tant leurs styles respectifs donnent l'impression de parfaitement s'imbriquer. Parce que si effectivement l'absence des loufoqueries a tendance à conférer à l'ensemble un côté plus posé et sérieux qu'on ne leur connaissait pas, l'interprétation qui est donné de ces compositions font honneur à la versatilité du groupe, multipliant les timbres et les couleurs grâce à une instrumentation insolite incluant trompette, saxophone, percussions diverses, accordéon et même, même, du mellotron (mais juste un peu). "Första Satsen", la première pièce, est sans doute la plus riche du lot en ce sens. Dans de telles circonstances, la juxtaposition de thèmes enjoués à d'autres plus poignants (comme sur "Fjärde Satsen" à la mélodie certes un peu facile) nous ramènent plus que jamais à l'orchestre du Grand Wazoo. Dans tous les cas, "Snorungarnas Symfoni" n'est certes pas dépourvu de qualité mais ne pourrait que vous induire en erreur si vous cherchez à percer le mystère Samla Mammas Manna. Un disque à part. Note : 3/6 Page 52/149 ZAMLA MAMMAZ MANNA : Schlagerns mystik Chronique réalisée par Progmonster Quand Samla Mammas Manna réapparaît deux ans plus tard, c'est avec un nouveau nom et une nouvelle direction musicale qui idéalement devrait pouvoir s'expliquer par un léger changement de personnel (Eino Haapala remplaçant Coste Apetrea à la guitare). En réalité, l'entité nouvelle qui s'appelle désormais Zamla Mammaz Manna a rejoint le mouvement Rock In Opposition initié par Chris Cutler (batteur de Henry Cow), une identité qui leur va finalement comme un gant et à laquelle ils vont s'employer à se rattacher plus encore. Ce côté folklorique - dans tous les sens du terme - qu'ils défendent bec et ongles trouve un écho dans le manifeste de ce mouvement qui cherche à mettre en valeur les spécificités propres à chaque groupe. Il ne manquait finalement plus qu'à Lars Hollmer et aux siens de s'abandonner à une grammaire musicale encore plus abstraite dans la forme, plus expérimentale en somme, et c'est à partir d'ici que ce qui était jusqu'à présent, au mieux, intrigant va devenir réellement passionnant... Comme entrée en matière, le groupe n'y va pas par quatre chemins en nous proposant d'emblée un double album ; "Schlagerns Mystik / För Äldre Nybegynnare" ! Dans cette chronique, j'ai décidé de vous parler du premier. "Schlagerns Mystik" se veut fidèle à cet aspect folklore dont on parlait plus haut, avec une touche acoustique marquée (guitare acoustique, accordéon, xylophone). Une série d'instantanés touchants où le grotesque (les voix ridicules de "Buttonless") côtoie le mélancolique avec un à propos toujours aussi déconcertant ("Seasonsong") dont les seules limites sont celles imposées par leur propre imagination ("Little Karin", à la machine à écrire). Zamla Mammaz Manna bâtit donc autour de lui un monde irréel aux confins du poétique et du féérique et qui au final doit bien plus à Lewis Carroll que le Genesis de "Nursery Cryme" et "Foxtrot" réunis. Reste le monumental et dramatique "The Fate" qui établit de manière définitive l'exigence dans laquelle le groupe s'épanouit désormais pleinement en affinant son propos, laissant entrevoir ce futur proche qui va guider le reste de sa destinée. Note : 4/6 Page 53/149 ZAMLA MAMMAZ MANNA : För äldre nybegynnare Chronique réalisée par Progmonster Dans le soucis d'être le plus clair possible, j'ai tenu à distinguer "För Äldre Nybegynnare" de "Schlagerns Mystik" bien que les deux aient été publiés en même temps sous forme de double album. Pourquoi ? Tout simplement parce que chacun possède son identité propre, jusqu'à sa pochette... "För Äldre Nybegynnare" n'a en somme rien à voir avec le premier volet que nous proposait Zamla Mammaz Manna. C'est une facette complètement différente qui s'offre à nous ; un plongeon au coeur même du processus créatif grâce à un montage studio compilant une série d'improvisations issues de prestations récoltées sur les routes de Suède entre 1976 et 1977, un procédé qui n'est pas sans rappeler le King Crimson le plus noir (les improvisations du coffret "The Great Deceiver", pour le son et l'approche, mais pas construit du tout ou si peu). Si délire il y a encore, les choses ne prêtent plus vraiment à rire. On s'approche ici de la musique concrète, quelque chose d'obscur et d'indéfinissable, à la fois abstrait et inquiétant. Une manière de procéder finalement en tout point conforme à la grammaire RIO telle qu'on la connaît (on songe encore au "Unrest" de Henry Cow, mais en moins cérébral). Cette tendance indissociable de leur seconde partie de carrière, elle ne s'exprime qu'en concert le plus souvent (écoutez à ce sujet le "1983" de Von Zamla) même si on en retrouvera des traces ça et là dans des compositions et des albums ultérieurs ; "Temporal You Are" aura même droit à un relifting complet, troquant sa boîte à rythme et ses vocalises angoissantes pour un rendu aux angles bien plus arrondis. Mais on retiendra avant tout que ce qui fait l'intérêt premier du projet "Schlagerns Mystik / För Äldre Nybegynnare", dont l'étrangeté et la longueur confinerait presque à l'hermétisme, c'est que ces deux albums réunis restituent ainsi l'image déformante d'un groupe qui met un point d'honneur à rester indéfinissable par essence. Et aujourd'hui plus que jamais. Note : 3/6 Page 54/149 ZAMLA MAMMAZ MANNA : Familjesprickor Chronique réalisée par Progmonster Si l'on fait abstraction du live "För Äldre Nybegynnare" qui concluait leur imposant double set, le titre "Five Single Combats" qui ouvre ce nouveau volet des aventures de nos suédois délurés extrapole ce que nous avions déjà pu entendre sur "The Fate", plus modeste dans son exposé mais pas nécessairement dans son contenu. Dans un format plus ramassé, les titres de "Familjesprickor" possèdent toutes les caractéristiques propres à une musique progressive, d'avant garde qui plus est. Plus de doute désormais ; Zamla Mammaz Manna a bel et bien trouvé sa famille même s'il ne s'agit en aucun cas d'une pâle copie de qui que ce soit ! Zamla Mammaz Manna reste une expérience musicale tout à fait singulière que de lentes mutations ont amené peu à peu à pratiquer une musique hybride. L'écoute de "Ventilation Calculation" trahit l'influence dispensable mais pourtant indiscutable d'un jazz fusion digne du Holdsworth ampoulé de U.K. ou Bruford. Ailleurs, heureusement, l'inventivité débordante de Lars Hollmer nous invite à pénétrer dans un univers de toute évidence plus que jamais fasciné par les bizarreries et autres étrangetés (le simili-indus "The Forge" ou encore "The Thrall", pièce improvisée qui aurait pu figurer sur "För Äldre Nybegynnare"), centre de toute leur attention. Éloigné des formulations contemporaines d'Art Zoyd ou Univers Zero, Zamla Mammaz Manna exploite pour la première fois avec insistance les possibilités d'une écriture qui s'appuie avant tout sur l'échafaudage de structures rythmiques complexes (le très zeuhlien "Kernel in Short and Long Castling") qui finiront par faire des émules (grosse influence sur le duo Mats/Morgan comme on peut l'entendre notamment sur "The Farmhand"). En résumé, cet album condense ce que "Schlagerns Mystik / För Äldre Nybegynnare" abordait en deux disques. Cette réussite éclatante qu'est "Familjesprickor" mettra paradoxalement un terme à l'épisode Zamla Mammaz Manna. Parvenu en quelque sorte à une forme d'aboutissement, Hollmer et Haapala, seuls rescapés, vont cependant inscrire un nouveau chapitre de la saga Samla Mammas Manna avec Von Zamla, sa suite logique. Note : 5/6 Page 55/149 VON ZAMLA : Zamlaranamma Chronique réalisée par Progmonster La famille Samla s'agrandit et s'internationalise en ouvrant les portes d'abord à Denis Brély, qu'on avait déjà pu entendre aux côtés d'Albert Marcoeur dès son second disque, sur "Zamlaranamma" en 1982, puis à Michel Berckmans, résident permanent d'Univers Zero, sur le toujours inédit en cd "No Make Up!". Était-il utile de changer de patronyme alors que ce disque se veut dans le strict prolongement de ce que le groupe avait accompli jusqu'ici ? Sous le nom de Zamla Mammaz Manna, Holmer et Haapala n'ont jamais publié que deux albums ; il est donc bien difficile de juger. Sans verser dans l'excès, on oscille encore et toujours entre expérimentation abrupte sur temps composés à se fendre le crâne contre le mur ("Doppler", "Antsong") et mélodies naïves totalement désarmantes ("Harujänta", très Albert Marcoeur pour le coup). Les sonorités électroniques des années quatre-vingt naissantes sont bien là et si, par endroits, elles choquent quelque peu quand leur tête dépasse de la mêlée, dans la plupart des cas, elles se fondent parfaitement à l'ensemble pour créer un magma sonore unique en son genre. Proche de ce que pouvait faire à la même époque Etron Fou Leloublan, Von Zamla a cependant ingéré un nombre d'influences si divers et si conséquent que sa musique ouvre une brèche béante vers des rencontres improbables et jouissives où se bousculent des références éparses qui vont aussi bien du tardif Weather Report, pour ses mélodies inspirées du folklore mondial ("Original 13/11" entre autres) à Tangerine Dream pour ces traitements électroniques ("Temporal You Are"), en passant par un nombre incalculable d'autres, et notamment Aksak Maboul, Telex, King Crimson - même si c'est sporadique, j'avoue - et encore et toujours Frank Zappa bien sûr, ne serait-ce que pour l'esprit d'ouverture... Sans avoir fait de vagues, Zamla Mammaz Manna et, dans son prolongement, Von Zamla auront été de ces groupes obscurs à avoir déblayé le terrain pour les 5UU's et autres Volapük à venir. Note : 5/6 Page 56/149 VON ZAMLA : No make up! Chronique réalisée par Progmonster Lars Hollmer n'est décidement pas genre à s'éterniser. Les circonstances jouent pour lui ; démarche respectable que la sienne qui constitue à saborder un projet quand il a déjà donné le meilleur de lui-même. Certains devraient en prendre de la graine, c'est moi qui vous le dit... Au final, Von Zamla n'aura pas fait long feu lui non plus - deux albums juste - mais quels albums aussi ! Compagnon de "Zamlaranamma", "No Make Up!" jouit donc de la présence de Michel Berckmans qui y va de sa contribution personnelle, ce qui ne donne pas pour autant - et comme on aurait pu s'y attendre - une collection de titres au profil typé "musique de chambre" (quoique...). Néanmoins, on retrouve ce côté indéniablement dramatique à certaines des compositions de l'album au point d'orienter l'écoute globale de l'oeuvre ("Soon Series", "Gilmit"). Le dernier manifeste studio de Von Zamla s'offre de plus quelques relectures de son propre répertoire, "The Forge" débouchant sur un "Forge Etude" plus succint mais pas déméritant pour autant, "Endango" inspiré de "Ten Tango" et "Piece of Antsong" qui, comme son titre l'indique, n'explore que sommairement un aspect de "Antsong", le plus expérimental, on s'en serait douté. Mais les apparences sont trompeuses ; là où certains pourraient interpréter la démarche comme du pur remplissage, il faut voir une relecture réfléchie d'un répertoire qui, à l'instar du groupe, ne souhaite pas se figer dans des postures définitives qui auraient valeur de mesure étalon. Aujourd'hui, la rareté du disque lui confère une aura supplémentaire même s'il faut bien reconnaître qu'après écoute prolongée il n'atteint pas les mêmes hauteurs que son prédécesseur en terme d'idées fortes. Von Zamla a depuis longtemps trouvé son style. Sur "No Make Up!", on le voit remettre la main à la patte, le coeur à l'ouvrage, manipulant encore et encore cette terre glaise qu'il est le seul à maîtriser et qui prendra mille formes avant d'épouser celle qui est la sienne en finalité. Note : 4/6 Page 57/149 VON ZAMLA : 1983 Chronique réalisée par Progmonster Souvenez-vous ; grâce à son deal avec Radio Bremen, le label américain Cuneiform Records nous avait déjà fait découvrir des prestations inédites de formations phares comme le Brotherhood of Breath de Chris McGregor, Nucleus ou Soft Machine (et apparemment on est encore loin d'en avoir fait le tour pour ces derniers). Oh chance, les gars de la radio allemande eurent l'idée lumineuse d'enregistrer les performances de Von Zamla lors de leur passage en Allemagne à la fin de l'hiver 1983. Un bon millésime faut-il croire puisque cette année est donc devenu le titre de cet album live posthume qui fait du bien par où il passe et qui rétablit comme il peut l'ordre des choses en réparant une injustice. Par le biais d'un réseau de distribution pour le moins étendu, c'est en effet là une occasion unique de se familiariser avec le répertoire de ce qu'était alors l'entité Von Zamla, "No Make Up!" n'ayant jamais été réédité en cd à ce jour alors que "Zamlaranamma" reste, lui, difficile à se procurer (et encore, je ne parle pas du prix). Sept titres du dernier cité, deux titres de l'autre, une portion de "The Forge" ("Ödet") et une flopée de courtes improvisations, voilà ce dont est constitué ce "1983" de haute facture jouissant, qui plus est, d'une restitution sonore impeccable au point de faire de l'ombre aux parutions studio ! C'est le line-up de "No Make Up!" qui est sur scène alors que le groupe n'a pas encore enregistré ce qui deviendra son dernier album. Bien qu'écrites sur papier millimétrées, les compositions ne sont pas cadenacées par principe. C'est d'autant plus vrai que les chansons enregistrées à quatre dans "Zamlaranamma" disposent ici de quatre bras supplémentaires, de quoi en donner une interprétation a fortiori plus dense. Contexte oblige, les interventions vocales réapparaissent comme un souvenir inaliénable, sur les improvisations vocales bien sûr ("Akarondo", "Dancing Madras") mais aussi sur des titres qui au départ n'en disposaient pas ("Harujänta"). Une façon honorable de refermer la boucle... Ou d'entamer un nouveau paragraphe ? Note : 4/6 Page 58/149 ROACH (Steve) : Now & Traveller Chronique réalisée par Phaedream Now et Traveller. Les 2 premiers opus de Steve Roach, sur le même CD. Auparavant, le synthésiste Californien avait réalisé un album avec un groupe Américain, Moebius, qui se spécialisait avec une musique électronique, comme au début de Kraftwerk. Mais le plus étonnant avec Now, c’est qu’on n’a pas l’impression qu’il s’agit d’un premier album. Déjà, Roach semble avoir défini son style et ses structures. En plus d’être atmosphérique et séquencé, Roach flirte déjà avec la musique de paysage; style ‘’landscapes’’. Growth Sequence ouvre avec une séquence xylophonique tout à fait superbe. Une belle nappe synthétique recouvre le titre pour y insuffler une chaleur, alors que des percussions et séquences se moulent à un tempo carillonné où le rythme est coincé dans un état minimalisme. Roach multiplie les solos très inspirés, tout en s’appuyant sur des percussions complexes et nourries d’effets sonores concordant aux frappes. Un beau titre, avec un synthé enveloppant et un tempo déviant qui casse l’effet hypnotique. Cloud Motion est le 1ier titre atmosphérique de Roach à croiser mes oreilles, alors que The Ritual Continues est le 1ier titre tribal. En fait, Now devient une sorte d’introduction au monde du synthésiste Américain. Puisque Comeback nous présente son style abstrait qui se moule et s’agrippe à toutes modulations pour créer des effets échotiques sombres. Inquest termine Now avec un long mouvement bourdonnant qui se moule aux lentes modulations d’un synthé aux accords magnétiques, laissant un arc de réverbération sur son passage. Un titre angoissant, aux limites d’une paranoïa alimentée par un synthé claustrophobe et des percussions qui épousent le pouls avec ses cymbales aux‘’titschuss’’ envoûtants. Now est un pur bijou d’un monde électronique underground où Steve Roach passe au dessus des balises et des styles modelés par les musiciens Européens. Un album visionnaire, ce qui intrigue grandement, des œuvres futures de Roach. Comme si Steve Roach venait du futur pour tracer le passé musical de notre génération. Worlds débute le 2ième album, Traveller, avec un rythme serpentin névrosé. Les accords se bousculent de façon désordonnée, sur un rythme trop lourd pour leurs agilités, créant un parallélisme attrayant, voire hypnotisant. Mysteries Continue nous propose un tempo plus intime. Un lounge sensuel pour éveiller les sens, sur une belle basse et de bonnes percussions qui moulent ce titre sensuel d’une solitude tranquille. Light Sound est une belle petite ambiante, tout comme Canyon Sound et son synthé pénétrant. Snow Canon est une pièce tout à fait géniale. On ferme les yeux et nous sommes en plein hiver où la neige tombe, frivole et tourbillonnante sur une pulsation échotique qui traîne à la pointe des pieds. Un beau boléro hivernal sculpté à même une superbe, mais superbe, mélodie. Un titre qui a joué souvent à cette époque et qui joue encore, depuis l’écriture de cette chronique. C’est le genre de composition qui sort du cerveau d’un génie. Après cette merveille, Roach nous balance 2 titres superbement séquencés en Traveller et T.B.C. De grosses séquences bouclées sur des percussions qui roulent et un synthé flottant sur la ligne d’horizon mélodieuse. Un mélange de JMJarre, Schulze et TD, notamment pour Traveller, en raison de sa finale lourde aux modulations lancinantes et angoissantes. Enjouée, Time for Time est une belle mélodie qui ressemble à un duel pour machine à écrire. Reflector clôture sur une belle marche aux mesures harmonieuses, sur un synthé limpide Page 59/149 dont les accords s’enroulent sur un tempo captif. Un tourbillon qui prend sa force en progressant. Je considère Traveller supérieur à Now, surtout à cause d’une utilisation accrue des séquences, mon point faible en MÉ. Mais nous avons les deux pour le prix d’un. Une belle initiative où Roach démontre qu’il souhaite bien plus étaler sa musique que de la vendre une 3ième fois à ses fans (Cassette, LP et CD). Au-delà de ce constat, c’est un album qui démontre les racines de Steve Roach. On sent déjà son appétit, son envie pour les textures sonores différentes. Écrit et produit en 1982 et 1983, le son a assez bien vieilli, même qu’il y a des pièces qui font encore sursauter, signe incontestable que Roach était très en avant sur son époque. À se procurer sans hésiter, il y en a pour tous les goûts. Note : 4/6 Page 60/149 ROACH (Steve) : Empetus Chronique réalisée par Phaedream Voici l’album de MÉ le plus puissant et le plus percutant que j’ai entendu. Empetus est un chef d’œuvre de séquences et de rythmes séquentiels. Du rythme, à tour d’horizon sur des séquences endiablées où séquenceurs et synthétiseurs moulent des mélodies qu’on remarquent à peine, devant une telle envolée synthétique furieuse. Un voyage infernal au coeur de la bête synthétique. Tel est l’unique façon de décrire ce joyau d’un monde synthétisé où l’analogue est prince et le séquenceur roi. Des séquences absolument furieuses comme dans Arrival qui nourrit l’entité électronique avec une percussion séquencée très enragée, à la TD sur Poland. Comme des percussions métalliques dont chaque frappe multiplie son écho par 2, donnant une texture sonore indéfinissable. Si le tempo est minimalisme, les stries synthétiques s’entrecroisent sur de gros grognements gutturaux qui nous plongent dans un monde métallique, où la dernière frappe résonne jusqu’à la fin. Il fallait bien que Steve Roach réveille son monde après le merveilleux, mais combien doux, Structures From Silence. Produit par Michael Stearns, un petit génie de la recherche sonore, Empetus est un album sauvage où les séquences mordent et tourbillonnent, comme dans Seekings, et son rythme plus léger et volage, tel des papillons qui voltigent dans une plaine aride. Conquest est farouche avec un séquenceur rude et des percussions qui martèlent avec force. Le synthé se moule à cette férocité séquentielle, avec de belles nappes flottantes qui dégorgent une voix éthérée. Une nuée de chœurs sur des accords frivoles et nerveux ouvrent Empowerment. Un titre statique où la séquence s’anime avec frénésie sur un synthé flottant. Un mouvement aux antipodes qui agace et que l’on voudrait explosif à chaque explosion et rotation analogue, à la JMJarre. Twilight Heat est le seul titre avec une approche mélodieuse, quoique que les vibrations qui filtrent de partout lui donnent un air menaçant. Après ce titre mélodieux, un long serpentin carillonné nous passe entre les oreilles avec le mystique Merge. Les modulations sculptent ce titre hypnotique qui devient un long couloir séquentiel où la même frappe se répercute sur un mouvement minimalisme, entrecoupé de siffles et de chœurs qui semblent en manque d’Oxygène. Nous sommes à l’endroit où les séquences se suivent et, l’impact à tout le moins, se ressemblent, car Urge apporte une séquence à la Merge mais plus pondérée. Le rythme gruge de la profondeur avec un superbe jeu de percussions qui étonne, autant pour l’effet que l’idée. Courte, mais dévastatrice, la séquence de Distance is Near rammasse tout ce qui traîne; percussions, carillons, strates et chœurs pour offrir un tourbillon d’une violence que Roach n’avait pas encore atteint sur Empetus. Un morceau démentiel. Cette orgie sonore devait bien se terminer, sinon les tympans perdraient goût et ouïe. Et The Memory dévoile cette douceur. Un titre ambiant, qui flotte de ces belles nappes mouvantes aux modulations subtiles, histoire de donner un signe de vie à ce passage obligé, vers la tranquillité. Un prélude à Quiet Music, édité quelques mois plus tard. Empetus est une leçon de séquenceurs et de rythmes infernaux en matière de MÉ. Roach multiplie la preuve par 8, qu’un album de MÉ n’a pas besoin d’air pour pousser des mouvements puissants, intenses et vrillants. Mise à part The Memory, ça frappe de partout sur des modulations différentes, amenant des rythmes variés, qui Page 61/149 se ressemblent parfois, sur des mélodies que l’on ne remarque même plus. Note : 5/6 Page 62/149 WEHRMACHT : Shark attack Chronique réalisée par pokemonslaughter Alors là j'en tiens des bons, des vrais, des bourrés à la bière comme il faut, et qui ne s'en cache pas, bien au contraire. En fait Wehrmacht, c'est un peu même leur message : la bière c'est la vie. Et ils n'ont que ça à la bouche (héhéhé) ! Rien de nazi là-dedans donc, juste un groupe provoc' et débile à souhait qui nous balance une sorte de thrash/punk absolument SURVOLTE, d'une vitesse rare. Sur ce premier album, subtilement nommé "Shark attack", la recette Wehrmacht qui apparaîtra sur leurs deux albums et déjà présente, et vite résumé d'ailleurs : du riff thrash joué plus vite que tout le monde, un batteur qui bourre dans tous les sens avec une moyenne de 180 bpm (en gros largement plus vite que tous les autres groupes de l'époque), un chanteur carrément punk, et bourré de surcroît, des compos qui partent dans tous les sens... Mais qu'est ce que c'est bourrin ! Dans le sens où le groupe bastonne aveuglément sans forcément chercher à être violent, cf l'imagerie du groupe. Voilà ce ce que c'est Wehrmacht finalement : du grand n'importe quoi. On frôle le grind par moment, le chant est parfois abominable (quelques mots éructés par un vieux bourré exténué avant même d'avoir parlé, une ghost track où l'on a droit à un des gars du groupe en train de gerber, le tout avec un son outrageusement réaliste), les solos partent en vrille façon old Kreator, et pourtant le disque s'écoute, on est quelque part assez captivé par l'intensité de l'ensemble et par ces petites trouvailles de ci de là. Un break qui tue ici, des mélodies (oui oui ! "Fretboard gymnastics") super bien trouvée, et puis quelques "vrais" morceaux construits comme cet énorme "Napalm shower" qui remet vite les choses en place : Wehrmacht ce n'est pas qu'une grosse blague, ils savent aussi y faire lorsqu'il faut composer quelque chose de plus abouti, violent et vicieux... Si sur cet album, le niveau est encore assez inconstant, la prod étant franchement pas carrée du tout, la suite va passer ce petit cap qui va tout transformer. Note : 3/6 Page 63/149 WEHRMACHT : Biermacht Chronique réalisée par pokemonslaughter Avec ce second album, j'aurai aimé pouvoir dire que Wehrmacht était devenu sérieux, qu'ils s'étaient achét un cerveau et avaient décidé de ne plus bourriner à tout va comme sur 3shark attack". Ben merde, c'est vraiment pas le cas. Et putain de bordel de chiottes : tant mieux !!! Car "Biermacht" tue ! Le groupe se pose réellement dans son style absolument sur-sur-sur excité, on dirait que les gars ont prix un electrochoc tellement ça joue vite (bon je suspecte une accélération discrète des bandes en studio, le son fait pas naturel). Mais surtout, le niveau des riffs s'est considérablement amélioré. On sent les guitaristes profondément ancrés dans la scène thrash américaine, mais nhsitant pas à transformer leurs riffs avec leurs influences hardcore et punk. Les morceaux sont beaucoup plus riches, conservant leur côté débile : rythmiques parfois ska, départ façon "slow de lover", refrains débilissimes (Bier ! Macht ! Bier ! Macht !), et surtout une intensité absolument saisissante... On se demande parfois comment ils font pour jouer carré sur ce disque, et surtout si ils tiennent le niveau sur live, mais ça malheureusement, personne ne le saura... Wehrmacht joue avec le style thrash et y appose ses influences punks de ci et là (le chant, un morceau come "suck my dick"..), proposant un album ultra boeuf mais inspiré, n'hésitant d'ailleurs pas à poser carrément un morceau bien sombre : "Night of pain". Voilà le genre de morceau qui met tout le monde d'accord, mélodie sombre et accrocheuse, développement sur-brutal, chant hystérique (tout le long de l'album d'ailleurs), ce morceau a d'ailleurs été repris par Napalm Death sur son album de reprises, le genre de morceau qui vous convaint d'un achat sans difficultés. Pour le reste, "Biermacht" demeure tout simplement un disque unique, comme une bière au piment mexicain, c'est bon mais qu'est ce que ça arrache... A ranger dans le rayon des ovnis thrash à écouter absolument. Note : 5/6 Page 64/149 STEARNS (Michael) : Chronos Chronique réalisée par Phaedream Vous surprendrais-je si je vous disais que, moi un amateur de musique séquencée, j’admire ce chef d’œuvre? En fait, Chronos de Michael Stearns fait partie de ma liste des 10 albums qui me suivraient partout? Que je vais vous présentez, oui oui, mon album de MÉ préféré, de tous les temps? Rarement je n’en sentis autant d’émotions qu’en écoutant Chronos. Michael Stearns est plus ingénieur sonore que compositeur de musique. Ce technicien en son a pourtant tenté sa chance dans des groupes rock et psychédélique des années 60. Mais ses recherches sonores ont pris le dessus sur sa passion et il s’est finalement mis à écrire de la musique de films, de documentaires ou pour la télévision. Sa musique se fraye un chemin dans le domaine des documentaires, grâce à la sonorité unique du synthétiseur modulaire Serge. Au cours des années 80, il créera de superbes chefs d’œuvres de musique intemporelle d’une tranquillité inouïe, qui semblaient impénétrables. C’est de cette façon que Ron Fricke a découvert l’homme et sa musique et qu’est né ce chef d’œuvre de musique totalement cosmique qu’est Chronos. C’est plus de 40 minutes d’une musique planante, aux modulations spatiales et aux subtils morcellements des sonorités qui se découvrent d’écoute en écoute, apportant constamment une nouvelle vision auditive. On ne peut pas être plus près du cosmos qu’en écoutant Chronos. Avec l’arrivée du DVD, produit par IMAX, la trame sonore a connu traitement digital, amplifié qui y donne toute une profondeur. Et il y a les images aussi. Le montage avec les images de Ron Fricke est tout à fait sublime et surtout admirablement réussi. Chaque notes, modulations, bourdonnements; chaque mouvement, séquence, percussion, morsure de basse et descende, comme ascension spiralée sont merveilleusement retransmis. Aucune bande sonore n’est si en étroit contact avec ce qu’il représente. L’espace terrestre et aérien, les longues plaines, le cosmos, les grandes villes et le tracé des lumières spirituelles et corporelles qui suivent comme des auras audacieuses chaque mouvement, comme Stearns moule chaque souffle de la pellicule. Un étonnant voyage qui n’en finit d’éblouir avec la précision des éléments physiques et sonores. Cet album de Michael Stearns a quelque peut changer ma perception sur la MÉ. C’est avec cet album que j’ai compris qu’une musique aussi froide pouvait avoir une âme. Les douceurs de Voices resteront ancrées dans ma mémoire jusqu’à ce qu’elle se souvienne. Déjà pas banal sans images, le métrage choisi ne déborde pas de cette beauté, mais l’intention est proche. Par contre, la flûte dans portrait est splendidement à l’opposé des froideurs architecturales qu’on nous y présente, mais nous qui connaissons la fin, n’y voyons que l’opportunité de victoire de la tranquillité sur le monde fou et imprévisible quoi nous accueille tous les matins. La finale est arrache cœur, arrache émotion sur une explosion analogue stupéfiante. La seule finale qui rend justice à une œuvre de cette envergure. Chronos est une œuvre complète et extrêmement poignante qui a la structure de sa puissance et qui file à fond la caisse. Il s’écoute seul, pour mieux rêver. Avec le DVD c’est l’occasion unique de voir un excellent DVD IMAX aux lumières qui foncent à des vitesses éclair sur une musique aux modulations magiques. Une musique tout à Page 65/149 fait géniale. L’occasion rêvée de rencontrer de la MÉ. Mon album préféré d’entre tous. Note : 6/6 Page 66/149 KISTENMACHER (Bernd) : Un Viaggio Attraverso L'Italia Chronique réalisée par Phaedream Bernd Kistenmacher est un autre pionnier inconnu de la MÉ, de style Berlin School. Celui qui fut considéré comme l’alternative à choisir pour entendre du Schulze nouveau genre, lorsque ce dernier s’empara des collages symphoniques et d’opéras. Sauf que contrairement à Schulze, Kistenmacher est aussi silencieux qu’un barreau de chaise qui traîne dans le fond de la planète. Son dernier album, Un Viaggio Attraverso L'Italia, remonte à 2001. Un peu comme tous les artistes, Kistenmacher cherchait à ‘’insipidier’’, de ce fait, la pochette démontrait cette détermination à prendre une direction plus humaine. Sauf que le contenu ne va pas avec le contenant. Si la pochette est blanche, la musique y est sombre. Mais une obscurité où les mélodies et les harmonies se fusionnent sur une complexité rarement égalée, pour un titre qui recherchait avant tout la simplicité du Nouvel Age. Kistenmacher a visé à côté de sa cible pour nous offrir un superbe Berlin School. Cette pochette pure qui dessine les beautés de la Bologne, semble être un conte de fée dans une marre poisseuse où les moments de tendresse cachent autre chose. La partie I s’invite sur un beau souffle aux harmonies lentes et aux coussins flottants intrigants. Sombre et lourd, les sonorités orchestrales transcendent un air de méfiance, même si la beauté en flotte. De fines modulations qu’un cello éventre de son lourd archet pour insuffler le souffle des ombres. Pourtant, la journée s’annonçait belle, n’est-ce pas? Belle comme cette séquence qui enterre toute suspicion menaçante et qui coordonne une spirale éthérée vers la 4ième minute. Une séquence au dédoublement sonore ravissant qui annonce une divergence dans les rythmes. Déjà, les chœurs synthétisés arquent les réverbérations célestes qui se trament à chaque coup d’archet. Une œuvre minimalisme qui transpire l’angoisse tout en remettant son tempo à un piano rebelle, dure aux accords explosifs et secs, mais tout autant harmonieux. Un Berlin School acoustique sur un splendide piano aux modulations toujours angoissantes. Un peu comme dans un rêve où la course de panique folle longe les couloirs obscurcis par des mains sanguinolentes qui cherchent sa proie. Du piano, à la guitare acoustique, le magnétisme minimalisme se poursuit inlassablement. Une superbe 1ère partie. Dreaming Of B est une belle romance de piano. Mélancolique et rêveuse, elle s’appuie sur un beau synthé au souffle opaque. Journey To Italy Part II débute lentement, avec des chœurs, carillons comme un dimanche Pascale. Un beau moment flottant, mais extrêmement dense avec de sublimes modulations qui viennent chercher les émotions. Kistenmacher étonne par ses modulations qui donnent une impression de voyager dans le rythme, à vitesse réduite. Mais le rythme vient. Près de 25 minutes de rythme continu sur un mouvement très près du minimalisme. Le piano domine constamment avec un style jazzy, sur une structure rythmique imposante; une bonne basse, des percussions solides et une séquence à pulsations graves de 6 coups la rotation, comme Pyramid Peak aime bien exploiter. Le synthé remplace le piano avec des solos aux sonorités magnétiques. Des solos qui deviennent plus vicieux sur un tempo qui maintient le cap, ne diminuant que vers la toute fin. Driving Home, conclut ce dernier opus de Bernd Kistenmacher avec une touché légère et enjouée, comme JMJarre aimait bien fignoler ses finales. C’est avec Un Viaggio Attraverso L'Italia que Bernd Kistenmacher a tourné les talons à la MÉ. Il y a eu des rumeurs de retour, mais vraiment rien de bien concret. C’est dommage car c’était le seul artiste à jouer sur les structures complexes des scénarios musicaux à la Schulze, tout en y maintenant un intérêt harmonieux. Page 67/149 Exactement ce que l’on retrouve sur son dernier opus. Note : 4/6 Page 68/149 BANDE ORIGINALE DE FILM : Lost in translation Chronique réalisée par dariev stands Sofia Coppola soigne ses films. Un tous les 2 ou 3 ans, pas plus. Sofia Coppola soigne ses B.O.. La musique, elle en fait une affaire personnelle. Déjà, pour son premier long métrage, elle avait fait appel à deux jeunes français auteurs d’un album fort acclamé de par le monde. Cela a donné la réussite que l’on sait, un chef d’œuvre qui a permis a Air d’acquérir une crédibilité indéfectible qui leur faisait défaut jusqu’alors, catalogués qu’ils étaient au rang de bourgeois bohèmes mélancoliques. Ça tombe bien, la môme Coppola est pile poil dans la même catégorie. Attendue au tournant, tout comme les versaillais, il était tout naturel qu’elle refasse appel à eux après le coup de poker Virgin Suicides. D’autant plus que le film se déroule au Japon, pays ou la musique d’Air a toujours été couronnée de succès (comme tout ce qui est français et un tant soi peu romantique). Seulement voilà, depuis le succès de la précédente B.O., les Air sont devenus des gens très demandés. En pleine préparation de « Talkie Walkie », leur 5 eme album, ils envoient à Sofia un inédit, destiné à clore leur nouvel opus, justement. Histoire de se faire pardonner. Et Sofia de se retrouver avec un seul morceau, ce languide « Alone in Kyoto », qui laisserait penser que Kyoto est au bord de la mer, avec ses bruits de vagues. Il faut donc trouver un autre artiste pour assurer la B.O.. Sofia fait appel à une autre personnalité « tendance » de la musique, mais plus oubliée, paradoxalement : Kevin Shields. Le leader de feu My Bloody Valentine ! L’homme qui a coulé Creation ! Le voilà promu DJ de la B.O. de Lost in Translation. Eh oui, car on obtient pas comme ça un album entier de musique d’un type qui fait maronner ses fans depuis 10 ans avec le soi-disant successeur de Loveless. C’est donc une selection sans faute que l’irlandais nous livre ici, sur le thème « spleen urbain éthéré ambient/noisy ». Très précieux, certes, mais qu’est ce que c’est bon. On trouve donc du Death In Vegas (morceau qui colle à l’ambiance sans souci) et Squarepusher pour les valeurs sures, et du Air et Sebastien Tellier (signé par Air, pas cherché bien loin ! superbe morceau intimiste) pour les inédits. Sans oublier une maigre pincée de magie « Bloody Valentienne » : un morceau de Loveless, deux courts inédits ambient de Shields en solo, et le single, le beau à mourir « City Girl ». Beau à mourir, mais pompé sur « Evergreen » du Brian Jonestown Massacre. Ah, ces génies déchus. En tout cas, Sofia Coppola s’en est bien sortie, voilà encore une B.O. parfaite. Seul le génial morceau soft disco de Phoenix dénote dans l’ambiance, mais bon il fallait bien placer encore plus de versaillais hein. Ils ont tant galéré pour se faire connaître. Je plaisante, détendez-vous. Même la sucrerie japonaise d’Happy End est une tuerie… Quand aux plages ambient de Brian Reitzell, batteur de Air et superviseur du projet, qu’en dire ? On regrettera juste qu’il n’ait pas osé mettre certains morceaux du film : Fuck the Pain Away de Peaches, ou bien la scène de karaoké en entier… On aurait aimé avoir droit à Scarlett Johansson faisant Brass In Pocket ou mieux, les japs massacrant God Save The Queen ! Reste que sans même avoir vu le film, ce disque projette une certaine ambiance dans nos oreilles : Jetlags, décalages horaires, hilton somptueux, appels longue distance… Scarlett Johansson. Et « Just Like Honey » prend un nouveau sens… Comme si ce n’était pas assez chargé emotionellement. Note : 4/6 Page 69/149 COLLECTION D'ARNELL-ANDREA : Exposition, eaux-fortes et méandres Chronique réalisée par Twilight 'Exposition' où quand les arts se rencontrent...Pour leur nouvel opus, c'est vers la peinture que les Collection d'Arnell-Andrea se sont tournés, chaque morceau étant inspiré d'un tableau. Magie des mots qui rendent hommage aux couleurs, poésie des sons qui suggèrent les ressentis et incitent à la rêverie pour un nouveau cycle...Musicalement en tous cas, le groupe confirme son retour à l'approche cold wave/gothique que 'Bower of despair' avait démontrée. Certes, le violoncelle est toujours présent mais il accompagne et les pointes vocales un brin plus dures de Chloe par moments ('I can't see your face') ainsi que le côté torturé des guitares évoquent plus des formations comme Siouxsie and the Banshees ou Dead Souls rising que Dead can dance. Celà ne signifie nullement que Collection d'Arnell-Andrea a renié son identité, bien au contraire...On retrouve dans 'Exposition' cette mélancolie évocatrice et belle si chère à nos Français, une expression intime à la fois pudique, simple, sincère et profonde. Rythmiquement, peu de breaks, les beats s'écoulent en continu, d'où un sentiment hypnotique agréable qui porte les pensées, même si à la longue, on peut y déplorer une légère linéarité. 'Exposition' ou un album en forme de gallerie, témoin de la sensibilité d'un groupe fidèle à lui-même mais qui n'hésite jamais à se remettre en question.4,5/6 Note : 4/6 Page 70/149 AHAB : The call of the wretched sea Chronique réalisée par Yog Sothoth Faire un bon disque de Doom, ça tient quand même à pas grand-chose. Dans le cas des allemands d’Ahab par exemple, tout tient dans un seul et unique élément : le concept « Nautic Funeral Doom », comme ils l’appellent. A savoir un Funeral Doom moderne fortement inspiré de groupes comme Tyranny ou Evoken, qui s’escrimerait à capturer l’ambiance cétacéenne et torturée du fameux roman de Melville « Moby Dick » (Ahab étant le nom du capitaine lancé à la poursuite de la baleine dans la version originale du roman, et également un des rois païens d’Israël). Le pari était osé, d’autant que d’autres se sont déjà essayé à la même émarche auparavant – on se souvient notamment de Mastodon et son Leviathan, en demi teinte -, le résultat dépasse de loin toutes les espérances. S’ouvrant une mélodie inquiétante, «The call of the wretched sea» frappe tout d’abord par sa production, d’une profondeur et d’une clarté rare dans ce style. Les amateurs de sons vomitifs à la Skepticism en seront pour leur frais cette fois ci, le groupe a mis les moyens en œuvre pour doter sa musique d’une production abyssale d’autant plus impressionnante que le disque a été enregistré et produit par les musiciens eux-mêmes. Musicalement, Ahab se place dans la lignée des groupes précités, son Funeral Doom alternant les atmosphères suffocantes et malsaines du genre avec des parties plus mélancoliques incluant des parties de guitares et de claviers plus éthérées, sans jamais se départir du coté oppressant qui caractérise ce disque, où chaque morceau rivalise avec le précédent pour le titre de moment de bravoure - mention spéciale à « Old thunder » pour son coté épique et son final apocalyptique, particulièrement marquant, ainsi qu’au très pesant « The sermon ». Au final, ce premier effort longue durée se place facilement au somment des meilleures productions Funeral Doom de l’année passée, au coté du Wormphlegm et du Asunder. Autant dire que le groupe est repéré… Note : 5/6 Page 71/149 HELL NIÑO : Sound movie experience Chronique réalisée par Progmonster Les trois nantais de Hell Niño sont des musiciens expérimentés. Ils le clament, et ça s'entend. Non pas que le groupe soit du genre démonstratif, non, bien au contraire ; une réelle cohésion se dégage de la musique gravée sur ce jeune EP de quinze minutes à peine et qui a pour but de nous proposer, je cite, "un savant mélange post rock et dub". La filiation n'est pas usurpée puisque on y retrouve en effet le côté hautement cinématique de l'un, et la sensation d'engourdissement propre à l'autre, grâce notamment à une basse bien présente. La production absolument nickel est pour beaucoup dans la forte impression que peut laisser l'écoute de ces quatre courtes plages instrumentales. Beaucoup d'interventions vocales (en français comme en anglais) extraites de films divers ponctuent le déroulement des titres, un procédé devenu tellement courant de nos jours que le meilleur moyen de se démarquer serait peut-être de ne plus jamais y avoir recours... Néanmoins, si leur utilisation n'est pas judicieuse, elle est au moins réfléchie, en accord avec le développement des morceaux qui semblent s'articuler autour du thème de l'errance. Du coup, même si Hell Niño cite en exemple Mogwai ou Godspeed You Black Emperor!, on est en fait fort proche des hollandais de Kong, la gouaille en moins... Un travail décent et honnête, hautement respectable mais pas franchement original. Note : 3/6 Page 72/149 AM : J't'entends sourire... Chronique réalisée par Progmonster Hou la la la la, les enfants, mais ça ne va pas du tout ça... Après on va dire que je suis un salaud et que je prends un malin plaisir à descendre des groupes, comme ça, juste pour la gueule... Rien n'est plus faux. En tout cas, certainement pas pour les jeunes groupes ! Car Am est un jeune groupe. Beaucoup trop jeune sans doute. Entendez par là ; victime d'un manque cruel d'expérience et de recul. Autrement dit, un manque de travail évident. C'est terriblement gênant comme situation. Si Sarah, François, Thomas et Romain nous ont envoyé leur demo cinq titres c'est pour récolter un avis. Et donc, cet avis, je le donne ; c'est très mauvais. La voix de Sarah est surmixée. Mais cela ne se limite pas à un simple problème technique : le chant sonne faux la plupart du temps et fluctue sans qu'on sache trop pourquoi. Dans de telles conditions, difficile de se sentir concerné par les paroles. D'ailleurs, c'est bien le reproche numéro un à formuler à l'encontre de "J't'entends sourire..." (le titre est-il ironique ?) ; on n'a pas vraiment l'impression que le groupe lui-même se sente impliqué, concerné par ce qu'ils jouent. Et rythmiquement, ça ne tient pas du tout en place. Jouer avec un métronome, ce n'est pas dégradant. C'est essentiel, surtout quand, de toute évidence, on n'a pas le sens du rythme. Comme quoi, même faire du "pop/rock de base", ce n'est pas donné à tout le monde... Allez, courage ! On oublie tout ça, et on recommence. Note : 1/6 Page 73/149 NOWAK (Artur) : Guitar granulizer Chronique réalisée par Progmonster "Guitar Granulizer"... Tout un poème ! Si un titre comme celui-là ne vous interpelle pas, je rends mon tablier... Moi, il m'a interpellé, et j'ai eu raison de me laisser tenter même s'il me paraît évident qu'il s'agit là une fois de plus d'une production à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Mais après tout, ne sommes-nous pas sensés traîter des musiques sombres et expérimentales ? Par le biais de cette production, l'occasion m'a été donnée de faire connaissance avec le label polonais Emd.Pl/Records qui se révèle palpitant en bien des points. Dédié aux musiques improvisées qui jouent avec les extrêmes, le label possède déjà à son actif une dizaine de titres à son catalogue, tous habillés dans un emballage aussi soigné et hors norme que la musique qu'ils sont sensés contenir. Le travail de Artur Nowak - ne nous le cachons pas - s'inscrit dans le strict sillage de Fennesz. Il nous propose ici cinquante courtes improvisations d'une minute à la guitare électrique, retravaillées et remontées ensuite via traîtement informatique, constituant ainsi une carte sensorielle inédite, à la fois tactile et auditive, où l'artiste "tente d'établir un pont entre Anthony Braxton, Derek Bailey, Fred Frith, Merzbow, Charles Ives et Curtis Roads", comme indiqué fort à propos dans le dossier promo qui l'accompagne. Agressif, voire carrément crispant selon les sonorités qu'il utilise, Nowak se montre surtout d'une rare qualité introspective, où l'angoissant côtoie l'étrange, où les ombres chassent la lumière. "Guitar Granulizer" vous invite donc à une plongée en apnée pour le moins risquée, riche en émotions fortes. À écouter en mode aléatoire pour prolonger le plaisir que l'on éprouve à se faire peur. Note : 4/6 Page 74/149 CHARLES (Xavier) / PIOTROWICZ (Robert) : /// Chronique réalisée par Progmonster "Après une symphonie de Mozart, le silence qui la suit est encore du Mozart". Mais qu'en est-il du bruit ? Xavier Charles et Robert Piotrowicz nous poussent à nous poser cette question cruciale qui sous-tend toutes les autres en nous crachant à la gueule un disque noise d'improvisation pure et violente à bord d'un bateau faisant escale au port de Szczecin. Vous me direz ; ce détail est purement anecdotique. Et j'abonde dans votre sens. Sauf que c'est assez symptomatique de la démonstration qui nous est faite ici ; la faculté du présent a être dépassé au moment où il agit. Nous sommes en pleine conceptualisation, c'est l'évidence même ; accordons au moins à ces prises de tête souvent verbeuses le mérite de nous distraire quelque peu et de nous sortir des routes toutes tracées pour nous repositionner face à la place et au rôle de l'art, tel que le questionnait déjà Marcel Duchamp. Un happening sonore qui n'est rien autre qu'une glorification de l'instant, dans ce qu'il peut avoir de plus perturbateur et de plus imprévisible. Armés d'une guitare et d'un synthétiseur analogique, Robert Piotrowicz fusionne avec Xavier Charles, aux manettes d'un seul lecteur cd et de surfaces diverses dont il s'amuse à amplifier les mouvements. Impossible de dire qui fait quoi, ni de dire ce que l'on entend réellement. Du bruit, rien que du bruit, orchestré, dirigé, guidé par la volonté de deux hommes et leur besoin viscéral de se prendre pour Dieu. Idéal pour tester la résistance des tweeters de vos enceintes, ce viol auditif agira comme un poppers sur les adultes consentants. Note : 3/6 Page 75/149 MENCHE (Daniel) : Animality Chronique réalisée par Progmonster Daniel Menche n'est pas un novice. Cet activiste de la scène noise a déjà commis une vingtaine de méfaits sur des tas de labels différents, et avec des tas d'autres allumés dans son genre tout aussi respectables, mais sans doute bien plus connus (comme par exemple Merzbow ou K.K.Null, excusez du peu...). Aussi, le voir débarquer sur le label polonais Emd.Pl/Records ne fait que confirmer tout le bienfondé de l'entreprise. Car "Animality" est un enivrant exercice de style autour des percussions. De tous types. De toutes tailles. De toutes origines. Et plus particulièrement des amérindiens. "Animality", longue pièce d'une heure aux rythmes entêtants martelés sans discontinuer, démarre d'ailleurs sur un pattern solennel et profond tout ce qu'il y a de plus basique, pour vite déboucher sur une série d'effets qui vont dédoubler, déformer, et donc reconstruire l'architecture de l'espace sonore qui se déploie devant nous, sous l'effet possible d'un puissant psychotrope aux vertus chamaniques. Le mot est lâché ! Bien que pur produit de son époque, "Animality" a ce quelque chose de rituel qui le rend aussi insaisissable que fascinant. Aux moments d'accalmie succèdent les incantations vaudoux dans un flot continu qui ne se laisse jamais déborder par les évènements, comme reliques du voyage intérieur effectué à travers les yeux du grand sage. On aura vite fait de cataloguer ce nouveau travail de Daniel Menche en noise, en indus ou en illbient, en raison de son approche, de son origine ou de son modus operandi. Mais s'il y a bien un adjectif, un seul, qui doit définir "Animality", c'est tribal. Note : 5/6 Page 76/149 2KILOS & MORE : 8floors lower Chronique réalisée par Progmonster "Fear The Windows" avait été une des excellentes surprises de dernière minute du millésime 2005. C'est donc en confiance que l'on retrouve Somekilos (aka Hugues Villette) dans son nouveau projet, 2Kilos & More, où il fait cette fois équipe avec Séverine Krouch, ex-guitariste de Ba[j]ka. Après avoir multiplié les dates au cours de l'année 2006 (dates centralisées sur la France mais qui les ont amenés à se produire en Allemagne pendant tout l'été), le duo débarque avec un premier album chez Jeans Records. Concrètement, "8Floors Lower" apparaît comme beaucoup moins revêche que ne l'était l'essai réussi du projet [1]Kilo of Black Bondage. Les aspirations rock - toutes proportions gardées - sont bien plus présentes ici, magnifiées par de simples mélodies dessinées à la guitare qui donnent un contour plus humain à ce post rock déguisé derrière un masque de robot (conferatur le long, épique et poignant "After May June, and Before Berlin"). Les arrangements électroniques sont légions mais servent bien souvent à délimiter le cadre de leurs activités ; les tapis ambient installent comme il se doit des atmosphères onctueusement obscures (l'autre grosse montée en puissance qu'est "I Was Now Able to Stand Upright"), mais celles-ci restent trop inquiètes que pour êtres pleinement rêveuses. La portion purement abstraite reste finalement circonscrite à quelques effets épars qui jouent aux trublions pour égayer - façon de parler - des morceaux qui, sans cela, auraient pu souffrir d'une trop grande linéarité. Le tout confère au premier essai de notre duo une couleur électro-acoustique pas déplaisante, ouvrant ainsi la voie à des écoutes répétées pour celles et ceux qu'un langage trop biscornu aurait d'emblée découragé. Parce que "8Floors Lower" nous offre quelques (très) beaux moments, on dira de ce disque qu'il a tout pour être agréable, mais pas déterminant. Note : 4/6 Page 77/149 IGORRR : Poisson soluble Chronique réalisée par Progmonster Un amas de membres humains recomposés façon Richard D.James. Un titre dont la hargne parodique renvoit aux formations métal les plus extrêmes. Un cadre sur papier peint couleur chiasse qui sent le second degré à plein tube. Des titres aux intitulés les plus extravagants les uns que les autres... Cette collision des genres traduit parfaitement l'esprit de la seconde autoproduction de sieur Gautier Serre, enfant de l'ère informatique, qui a bouffé du skeud comme on engraisse les oies à leur en faire exploser la rate. "Poisson Soluble" est un de ces albums collage/montage portnawak qui mettront presqu'instantanément en transe les admirateurs de Carnival in Coal. Le gros travail d'arrangeur et de producteur accompli ici permet à Igorrr de passer au travers des critiques acerbes que je n'aurais pas manqué de lui décocher s'il n'avait su donner une vie à des portions de musique dont il n'est pas le géniteur. Depuis Moby, la formule toute simple qui consiste à s'emparer d'un répertoire plus que centenaire pour se mettre définitivement à l'abri de toute question de droits d'auteur a fait des émules. Je laisserais donc les auditeurs seuls juges face à la chirurgie à coeur ouvert executée sur l'oeuvre de Jean-Sebastien Bach... Ce n'est pas tout d'être iconoclaste, encore faut-il pouvoir le faire avec délicatesse, en souplesse, et doigté. Ce n'est hélas pas toujours le cas sur "Poisson Soluble" où Igorrr n'évite pas les écueils faciles. Mais l'album regorge de suffisamment d'idées intéressantes, de détours inopinés et de calembours mal placés que pour espérer écouter un jour prochain Gautier Serre s'adonner à l'automutilation de ses propres compositions sur toute la durée d'un album, et ce avec toujours la même application et le même entrain. Mais pour cela, il lui faudra d'abord apprendre à se détacher de ses maîtres et à se passer de ses modèles pour peut-être se révéler tel qu'en lui-même, affrontant ses propres démons. Note : 4/6 Page 78/149 LAIR OF THE MINOTAUR : Carnage Chronique réalisée par Yog Sothoth Issu du vivier Southern lord, Lair of the minotaur est un projet étonnant à plus d’un point. Formé de 2 membres 7000 dying rats (Grindcore barré – pour la petite anecdote, il y a une reprise marrante de « Paranoïd » sur leur Myspace) et du batteur de Pelican (Post Rock), le groupe a été fondé dans le but de rendre hommage au Metal des années 80, avec un petit coté … hum… bas du front. « Carnage », c’est un peu la rencontre entre Motorhead, Celtic frost et Electric wizard sous testostérone, dans un esprit premier degré à rendre les mecs d’Hammerfall verts de jalousie. Du début à la fin du disque, ça tabasse, ça riffe ultra gras, ça braille comme un mammouth enragé, et ça larsen dans tous les sens, avec la finesse d’une charge de rhinocéros dans une maison de retraite. Lair of the minotaur, à l’image d’un High on fire, pousse l’esprit Metal pousse dans ses derniers retranchements, teigneux, brutal et sans concessions, si bien que les morceaux se suivent et se ressemblent tout au long des 40 minutes de l’album, sans que cela ne se révèle rédhibitoire. Petite particularité, le leader et parolier Steven Rathbone a développé un concept autour des paroles de son groupe qui traitent uniquement des créatures issues de la mythologie grecque (dont évidemment le Minotaure du labyrinthe, sur « Carnage fucking carnage »), le sujet étant abordé suivant l’angle le plus barbare, bien entendu. Finalement, si ce disque ne fait certainement pas figure d’incontournable, son aspect jusqu’au boutiste lui confère un coté accrocheur, et je me reprend régulièrement à le faire vomir à travers mes enceintes, au même titre qu’un bon petit Aura noir ou Warhammer, avec lequel il partage cette affection pour le bête et méchant. Note : 4/6 Page 79/149 KULT : Winds of war Chronique réalisée par Iormungand Thrazar Voici le premier album du groupe italien Kult intitulé « Winds of war ». D’italien, le groupe n’en a que la nationalité puisque le tout est très typé black metal nordique. Je dirais même parfois un peu trop. L’ensemble est très bien joué avec une bonne production, aucun doute sur la capacité instrumentale du groupe. L’album contient de fort bons morceaux, comme par exemple « Il crepuscolo » et son break dantesque. « Seven blades » fleure le Darkthrone à plein nez. En fait ce qui est gênant avec cet album je trouve, c’est le poids des influences sur les compositions. On a l’impression d’entendre un mélange entre Darkthrone et Taake période « Nattestid », notamment sur des morceaux comme « Enstrangement » ou « Winds of war ». Cependant, l’album étant bien réalisé, on ne peut s’empêcher d’apprécier l’initiative mais j’espère que Kult développera quelque chose de plus personnel au niveau du style à l’avenir pour vraiment s’annoncer comme convaincant. Globalement, Kult devrait prendre plus de risques. « Winds of war » est un album solide, agréable à écouter, il ne restera juste pas dans les annales, comme beaucoup d’albums bien entendu. Un résultat mitigé finalement : des compositions efficaces, des bons musiciens mais une personnalité trop inhibée pour réellement marquer l’auditeur. A surveiller prochainement tout de même… Un bon gros 3 bien dodu : au-dessus de moyen mais trop influencé pour obtenir la note du bon album. Note : 3/6 Page 80/149 FORGOTTEN WOODS : As the wolves gather Chronique réalisée par Iormungand Thrazar Pas de chronique de Forgotten Woods ? Réparons cette infamie et commençons par le commencement avec le premier album, « As the wolves gather ». Forgotten Woods est un groupe norvégien formé en 1991 et dont le premier opus paraît en 1994 sur le label allemand No Colours Records. On a souvent qualifié Forgotten Woods de simple ersatz de Burzum, à tort je crois. Il est vrai que certains plans y font directement penser, mais déjà chez FW, ça joue mieux quand même. Puis l’ensemble me paraît plus inspiré, ce qui n’est en aucun cas une insulte aux albums de Burzum que j’apprécie énormément mais qui tourne parfois peut-être un peu en rond. La particularité de FW au niveau des voix est cet écho marqué d’un effet excellent. Deuxième très bon point : des riffs inspirés, plutôt nostalgiques, propices au rêve, à la contemplation, au voyage. Ce premier album de FW n’a pas un point faible à mes yeux : le son roots typé old school est fort appréciable ainsi que le rythme très mid-tempo, les voix sont excellentes et le jeu de guitare est émotionnel au possible, sans oublier la basse qui se fait entendre assez facilement. Forgotten Woods fait dans les longs morceaux qui leur permettent de développer une ambiance glaciale réussie ainsi qu’un côté hypnotique séduisant. Il est réellement difficile de mettre un seul morceau en avant au détriment des autres, beaucoup doivent avoir leur petit préférée j’imagine tant la qualité est présente d’un bout à l’autre du disque. Disons que « Grip of frost » me fait toujours un effet particulier : un mélange d’onirisme, de ténèbres et de haine. « As the wolves gather » est réellement une pierre angulaire du black metal que l’on cite trop peu souvent aujourd’hui. Un album indispensable qui trône fièrement aux côtés des opus de Darkthrone, Burzum, Mayhem, Arckanum et compagnie. Note : 6/6 Page 81/149 LETZTE INSTANZ : Wir sind gold Chronique réalisée par Nicko Le Rammstein du pauvre ! (Comment ça, cette chronique est sous copyright ???) Note : 2/6 Page 82/149 GRAVES (Milford) / ZORN (John) : Duo - 50th birthday celebration volume two Chronique réalisée par Nicko Y'a des fois des choses bizarres. Déjà, je vous préviens, je ne suis fan ni de jazz, ni de free jazz, et pourtant, j'adore ce disque ! Il s'agit d'un des nombreux CD enregistrés lors du mois de septembre 2003 célébrant les 50 ans de John Zorn. Ce duo représente le deuxième de la série et nous propose un live entre le saxo alto de John Zorn et la batterie de Milford Graves. N'étant pas spécialiste de cette scène, je ne connais pas ce dernier. Donc pour plus d'infos, vous pouvez déjà jeter un coup d'oeil à la chronique d'un de ses disques par notre Proggy ! Toujours est-il que ce live, il bastonne comme un furieux, ça bouge, ça swingue, il y a de l'énergie, de l'intensité et quelques pauses. La batterie et le saxo partent alternativement en live (des fois, en même temps !) et se complètent à merveille. Les morceaux sont assez longs (6-10 minutes) et permettent à chacun de bien se mettre en place pour que nos deux compères puissent se défouler pour notre plus grand bonheur. Ce qui est bon, c'est que ce n'est pas tout le temps du bourrinage en puissance sans arrêt, il y a des parties plus douces qui permettent de se préparer à la prochaine déferlante de saxo dans le plus pur style zornien de l'égorgeage de porc (ce qui doit être méchamment jouissif de la part d'un juif !!!). Les rythmes de Graves sont très rapides, limite tribaux, et même quand l'atmosphère est calme, les percus sont omniprésentes, à enchainer divers patterns utilisant toutes les possibilités de sonorités qu'offre son kit. On entend même par moments le batteur pousser la chansonnette ! Mais, je ne sais pas trop, je ne saurai l'expliquer, je trouve que sur ce CD, l'osmose entre les deux hommes est parfaite, l'intensité est intacte du début à la fin avec notamment un Zorn déchainé donnant l'impression lors du final de ne pas vouloir quitter la scène avec des envolées de saxo tout bonnement bluffante dont il a le secret ! Un live très fort. Et autant je trouve le live du duo avec Frith absolument imbuvable, autant je trouve ce duo-là époustoufflant ! Allez comprendre... Note : 5/6 Page 83/149 BLACK LABEL SOCIETY : Mafia Chronique réalisée par Nicko Comme tous les ans, on a droit à notre nouvel album de Black Label Society. Après le semi-acoustique et excellent "hangover music vol. VI", voici l'artillerie lourde de retour avec "Mafia". Au programme, rien de super-original, du gros heavy-metal rock typiquement américain... et la guitare de Zakk Wylde. Et c'est bien lui qui sauve l'album (faut aussi dire que c'est un peu SON à lui). Les compos n'ont rien de particulier, elles sont assez proches d'ailleurs des derniers travaux d'Ozzy, mais voilà, la touche Zakk Wylde fait encire mouche et il faut bien admettre que ce nouvel album se laisse bien écouter. On a bien sûr droit à la jolie ballade de circonstance, "In this river", en hommage à Dimebag Darrell, de Pantera, assassinné sur scène quelques mois avant la sortie de l'album. Sinon, du gros metal de bucheron, qui tâche, accrocheur comme on l'aime... Par contre, à ce rythme, et sans changement d'orientation, à sortir un album par an, la lassitude pourrait poindre le bout de son nez... N'empêche, ce "Mafia" reste une valeur sûre de la bande à Zakk ! Note : 4/6 Page 84/149 FANGER & SCHONWALDER : Analog Overdose II Chronique réalisée par Phaedream Après l’énorme succès de Analog Overdose, le nouveau duo de la MÉ, Fanger et Schonwalder, nous propose une suite, Analog Overdose II. Cette fois-ci, il s’agit d’un album double, qui nous présente le côté séquencé et le côté ambiant de Thomas Fanger et Mario Schonwalder. Enregistré en studio, le CD1 nous offre un long titre aux rythmes séquencés en The Art of Sequencing. La partie I ouvre avec des petits tintements qui voltigent dans un néant strié de passages flûtés. Une ouverture délicate, sur un fond cosmique où une ligne scintillante se démarque dans un univers flûté. Pour cette longue épopée musicale, le duo Allemand va aux confins des sonorités de la Berlin School pour moduler 2 superbes parties avec les attraits des mellotrons d’antan, ainsi que de lourdes et longues nappes synthétiques qui se moulent aux mouvements, telles des ventouses scintillantes. La délicate ligne cristalline mue en séquence plus ronde, sur de belles modulations synthétisées qui flottent dans une harmonie secondaire, en parallèle avec le mouvement séquentiel. Minimaliste, la séquence devient plus animée, sur un mouvement ondulant, en effet cascade. Toujours enveloppé de strates moulantes, le tempo accélère à l’aide d’une basse pulsative et de strates volantes qui flottent au dessus des chœurs célestes. Flûtes ou solos, les sonorités du synthé s’entrecroisent dans une lenteur harmonieuse, alors que la séquence tombe sur un 2 temps délicat, la basse ayant pris les guides instantanément, sur les solos spectraux. Un court embrouillement, puisque le rythme redevient plus mordant avec l’effet cascade accentué du séquenceur. Mais le tout dans une jungle sonore où flûtes, chœurs et nappes voltigent toujours à la recherche d’une modulation à accrocher. Ce tourbillon d’indécision décrit le pâturage florissant des chemins à prendre. Fanger et Schonwalder y vont pour le rythme hachuré par un séquenceur aux réverbérations magnétiques avec une cadence accentuée par l’effet funky des accords séquencés en cascades. Zwischenton débute sur des gargouillis de baleines venant au-delà du réel. Un mouvement linéaire aux multiples effets sonores, mélangeant cosmos/terrestre sur de superbes modulations synthétiques, jumelées à un piano nostalgique. Un titre à la fois magique et reposant. Un prélude aux gros grondements magnétiques et corrosifs qui ouvrent The Art of Sequencing Part 1I. Qui hurle ne mords, ce grondement s’éteint dans les souffles d’un piano aux notes hésitantes qui couche son harmonie sur un lit au multiple cliquetis de billes. Et là je cherche où se situe notre duo Allemand. Dans cette jungle virtuelle où un câble est une liane, les pulsations grondent et deviennent un fuseau rotatif à pulsations symétriques. Il en sort une séquence fluide, à la mouvance ondulante et rapide, accompagnée d’un mellotron flûté. Minimaliste, cette procession séquencée coule avec de fines modulations, amenant de faibles cassures dans le tempo, dans un décor sonore enchanteur; effets sonores, voix aux multiples intonations, solos aux formes inimaginables et on sait tous que Fanger & Schonwalder débordent d’imagination, flûtes, mellotron, modulations enclumées, percussions xylophoniques aux séquences doublées, voix de sirènes traînantes et envoûtantes. Toute forme de sonorités synthétiques y passe, trompant même l’ouïe, pour orner cette 2ième partie d’une structure mélodieuse et hypnotique de haut niveau. Selon moi, il s’agit du meilleur titre sur ce double album. Le 2ième cd est un superbe rendez-vous pour les amateurs de musique planante, de musique flottante, surtout pour la portion du fameux spectacle au Liquidrom de Berlin, Liquidrom Tape I est un long mouvement atonique Page 85/149 aux multiples effets vocaux et sonores des fonds marins. De fines boucles modulaires infiltrent cette 1ière partie, où des chœurs ténébreux se moulent à des solos fragmentés et aigus. Une plongée où chaque secteur est couvert par un garde musical. Après la visite des carillons, on plane profondément dans un territoire dense où tintements et voix plus célestes nous attirent, comme des sirènes sous-marines, sur un voile violoné hésitant. Tout aussi belle et nébuleuse, grâce à une superbe flûte enchantée, la 2ième partie est un mélange de beauté angoissante. Les lourdes nappes aux sonorités sombres, qui bourdonnent constamment, apportent une teinte obscure. Alors qu’au-delà des frappes enclumées, les vois célestes apportent de soyeuses raies qui croisent une turbulence des fluides. Within a Real Dream apporte un mouvement plus séquencé. L’intro est superbe avec ses longues nappes qui se fondent dans un décor obscure, tout en moulant un rythme lent. Vers la 8ième minute, une séquence roule à fond de train, entouré d’un beau mellotron flûté. Lourde, la séquence ondule avec force sur des nappes et chœurs aux lourdes ondulations. Un mouvement intense qui rappelle les folies improvisées du Dream, surtout la séquence et la flûte, des années 70. Mais plus le morceau avance, plus ça ressemble à du RMI avec la guitare tranchante de Ed Kurtz et les séquences sautillantes qui donnent une illusion échotique. Un titre lourd qui roule sur une superbe vague séquencée, encerclée de solos et de chœurs fragmentés. Un autre excellent album, signé Fanger Schonwalder. Analog Overdose II, c’est plus de 3 heures de musique électronique pure, qui voyage entre les séquences et les atmosphères. Tantôt violent (Within a Real Dream), tantôt mélodieux, voire même nostalgique (Zwischenton), le duo Allemand étonne par l’étoffe de son imagination et la complicité grandissante qui unit 2 excellents musiciens, pour notre plus grand plaisir. Note : 5/6 Page 86/149 LOVE LOST BUT NOT FORGOTTEN : Upon The Night I Saw A New Misery Chronique réalisée par Powaviolenza Voilà donc l'épitaphe de l'un des plus grands groupes de screamo ricains. Love Lost But Not Forgotten doivent ici faire suite à un premier album anthologique et inoubliable : ma foi, c'est largement réussi, et ce "Upon The Night I Saw A New Misery" est à son tour traumatisant et sublime. Même si la production se fait bien moins sale et que les voix se font hurlées moins aiguës (finis les hennissements et le vomi), la passion est toujours définitivement présente. Le malaise aussi. Le tout est également bien moins déstructuré et moins blast-beatant ; toujours screamo-violent mais bien plus maitrisé et efficace, juste un peu moins spontané. Les "tubes" sont bel et bien là ("Happy To Be Alive", "Calm And Secure"), la technique et les harmonies fatales aussi. En bref, que vous soyez amateur du style ou non, "Upon The Night" est juste un putain de monument du style comme a pu l'être son prédécesseur, et pour peu que vous fassiez preuve d'un minimum d'ouverture d'esprit, vous rentrerez sûrement dans le screamo powerviolent unique de ces américains ; en tous cas, je ne peux que vous le souhaiter... A bon entendeur... Note : 5/6 Page 87/149 CAVE IN : Beyond Hypotermia Chronique réalisée par Powaviolenza Approximatif. Frais. Coup de poing. Sublime. Comment pleinement décrire ce premier album de Cave In? Album qui n'en est d'ailleurs pas réellement un - nous avons affaire à une compilation de splits et de 7" plus qu'autre chose. Pourtant la cohérence est là, que ce soit au niveau des compos ou au niveau du son. Et même si elle n'était réellement présente... ON S'EN FOUT ! Car ce Cave In, aux côtés de "Petitionning The Empty Sky" de Converge ou de "To Reduce The Choir To One Soloist" de ACME, est un monument ultime de ce qu'à pu être le hardcore new-school des années 90. Transpirant le thrash metal, le noise et l'emo avec une fraîcheur adolescente presque insolente. Maîtrisé sans réellement l'être, où même les approximations techniques sont charmantes - tout comme cette voix, hurlée jusqu'au bout, parfois (mal) chantée. Plein à craquer de riffs simples mais beaux à mourir au feeling définitivement oublié par les groupes modernes, aux harmonies magnifiques et personnelles tout en étant pourtant tellement naïves, préfigurant parfois ce que le groupe développera par le futur dans les ultimes "Until Your Heart Stops" et "Jupiter"... Une alchimie vraiment unique et perdue transpire par tous les pores sales et gras de cette galette, et la rend tout simplement aussi essentielle que les deux albums pré-cités. Rien que pour le duo "Stoic" / "Programmed Behind", l'achat se fait obligatoire ou au moins le téléchargement pour les sceptiques. Car oui, les Cave In n'avaient même pas 20 ans à l'époque, mais putain, je préfère 1000 fois ce "Beyond Hypotermia" plein d'acné que n'importe quel "Perfect Pitch Black", hahaha... Et 1000 fois cette production Kurt Ballou d'obédience brêmoise au son gras aseptisé et puissant Alan Douchebag de n'importe quel groupe de hardcore moderne... 1000 fois le riff principal de "Flypaper" à n'importe quel riff post-hardcore impuissant de n'importe quelle production Relapse 2007... Même le medley Metallica de la fin pue la classe. INDISPENSABLE. Note : 6/6 Page 88/149 THE CLASH : Sandinista ! Chronique réalisée par Twilight Après le monument que constituait 'London calling', les Clash se trouvent avec un défi de taille: comment faire mieux ou du moins ne pas régresser ? Qui plus est, leur contrat stipule qu'ils doivent encore trois albums à leur maison de disque. Le groupe va alors tenter de résoudre tous ses problèmes d'un coup. Il se lance dans une gigantesque série d'enregistrements où il expérimente à tout va: dub, country, rockabilly, rap, pop, folk...et publier l'intégralité de ces sessions sur 'Sandinista !', un monument de trois LPs...Pas de bol, à la relecture, le contrat stipule en réalité trois albums différents ! Et de nous retrouver avec cet objet ambitieux mais daubesque entre les mains...Pour ma part, 'Sandinista !' a tout d'un suicide artistique; certes, il a toujours été de notoriété publique que les membres adoraient le reggae, la musique noire et ils avaient prouvé avec brio qu'ils pouvaient intégrer ces éléments dans leurs compositions et en sortir quelque chose de bon. Mais là...pondre une daube pareille ! Tout ce que le Clash est capable de commettre de pire est ici réuni: une atroce version avec voix d'enfants de 'Career opportunities', l'infect reggae mollasson de 'Washington bullets', sans parler de 'Rebel waltz', valse peu inspirée, d'un 'Let's go crazy' frisant le zouk ou 'Hitsville U.K' aux beats gâchés par des choeurs féminins et des sons de xylophone...A se demander quel était l'état d'esprit des musiciens tant l'ensemble sonne mou, plat (tant vocalement que musicalement), peu inspiré, sans parler d'une production commerciale et légère réellement atroce. Seuls quelques rares pièces sauvent ce disque du foirage total: 'The call up' un bon morceau pop tel que savent aussi les écrire les Clash, 'Police on my back' et ses miettes punky, éventuellement 'The magnificent seven' malgré son phrasé un peu rap, 'Someone got murdered'...Alors certes, c'est expérimental, Joe Strummer et sa bande sont allés aussi loin qu'ils le pouvaient dans l'exercice...pour rien ! Ce disque est un supplice pour les oreilles ou alors c'est moi qui n'en capte pas l'esprit; je n'ai pourtant qu'un conseil à donner: 'Auditeur, passe ton chemin !' Note : 2/6 Page 89/149 UK DECAY : Death, so fatal Chronique réalisée par Twilight UK Decay...l'un des, à défaut d'être LE (bien entendu, personne n'est jamais réellement d'accord sur ce genre de question d'ailleurs bien vaine) premier groupe goth britannique...Une énergie héritée du punk mais une gravité dans le propos, un son torturé, des vocaux possédés et sombres et surtout des thématiques différentes ont vite démontré que ce combo-là n'était pas simplement punk...En réalité, ils représentent à merveille ce que l'on en est venu à qualifier de 'post punk goth': rythmique roulante, guitares grinçantes, chant grave et passionné...En attendant une réédition (qui tarde un peu) de leur opus 'For madmen only', cette compilation disponible uniquement via leur site permettra aux fans de patienter en découvrant nombre d'inédits sous forme de démos, pièces live, extraits de Peel Sessions, ainsi que des morceaux de la reformation de 1993. L'intérêt d'un tel disque n'est donc pas à prouver, que de succulentes choses noires, torturées, rageuses à se glisser dans les oreilles. Les amateurs de formations comme Killing Joke, Southern Death Cult et autres Ausgang les apprécieront à leur juste valeur. Note : 5/6 Page 90/149 PINS AND NEEDLES : Pins and needles Chronique réalisée par Twilight Les Pins and Needles nous viennent des USA...Waow ?!? La patrie du deathrock, de l'horror punk, du gothabilly...Certes, certes mais le gothic rock traditionnel y compte aussi ses afficionados et les influences principales du groupe sonneraient plutôt britanniques, quelque part entre un gothic rock qui doit tant aux imitateurs de la seconde génération comme Nosferatu, Rosetta Stone qu'au post-punk à la Play Dead. En effet, si les lignes des compos descendent du gothic rock à l'anglaise, les Pins and Neddles ont privilégié un son sale et torturé, ainsi que des passages rythmiques clairement hérités du post punk goth (notamment au niveau des roulement de batterie) qui n'ont rien à voir avec la froideur glacée des Sisters of Mercy. Qui plus est, le chant passionné (presque rageur parfois) évoque volontiers des relents de formations comme UK Decay, Play Dead, mais avec un son un brin plus contemporain. Quelques touches de clavier (notamment sur le bon 'Time') viennent compléter l'efficacité mélodique de cet album aux influences certes facilement indentifiables mais dont il est nettement plus difficile de parler tant elles sont toutes assemblées en quelque chose d'efficace. Pour faire plus simple, je pourrais dire que Pins and Needles est un savant melting-pot de post punk goth, de gothic rock avec des touches deathrock et cold wave. Ce qui est certain, c'est que des chansons comme 'Specimen', 'Asylum', 'Time' ou 'Control' ont le potentiel nécessaire pour séduire les amateurs du genre et puis, tout de même, l'enregistrement s'est déroulé sous la houlette de Bari-Bari...un gage de qualité, non ? 4,5/6 Note : 4/6 Page 91/149 JESUS ON EXTASY : Holy beauty Chronique réalisée par Twilight Un nom tel que Jesus on Extasy sonne tellement cliché (rien de tel qu'une bonne provoc' à deux balles quand on a rien à exprimer) que je me suis demandé si j'avais eu raison de prendre cette promo. Typiquement le genre de groupes qu'on va enfiler sans problème à la nouvelle génération gogoth (c'est cool d'être un vieux con) parce qu'ils sont maquillés et proposent une imagerie mystico-cyber...C'est bien ça, prévisible de loin, des beats technoides, quelques guitares bien appuyées, des influences pompées chez Marilyn Manson, KMFDM...Justement, KMFDM signent ici un remix, ne serait-ce pas un indice de qualité ? A dire vrai, si Jesus on Ektasy a tous les ingrédiens du produit jetable à faire shaker les dark booties qui pensent que le goth c'est trooop fashion, après écoute, force est quand même d'admettre que nos Allemands se donnent du mal pour éviter la facilité et cherchent réellement à faire cohabiter cyber et rock de manière cohérente. Qui plus est, le chanteur a une voix plutôt sympa entre Marilyn Manson et des accents plus défoncés à la Sheep on drugs, ce qui donne du corps aux morceaux, eux-mêmes pas si mal au final. Le groupe cherche à varier ses atmosphères en glissant de moments planants (le clavier est judicieusement employé) à des touches plus rythmées, voir musclées ('Neochrome' et sa touche vagument Ministry), équilibrant éléctronique et éléctrique sans tomber dans la lourdeur...Vraiment rien de révolutionnaire mais dans le genre, on a vraiment vu pire; si vous appréciez Punish yourself, KMFDM, jetez une oreille sur cette galette, elle pourrait bien vous plaire. Note : 3/6 Page 92/149 CRISANTEMO DEL CARRIONE : Fiore di passione Chronique réalisée par Twilight J'aimerais vous convier à vous arrêter un instant sur ce pont, à laisser la nuit vous bercer, à écouter couler le fleuve Carrione...il charrie en ses flancs tant d'histoires anciennes sur la ville de Carrara que la tradition orale a tenté de préserver des ravages du temps. S'inspirant des travaux du professeur Gemigami qui a passé sa vie à collecter un maximum de documents concernant ces histoires et légendes, les Italiens de Crisantemo del Carrione nous proposent une rencontre poignante entre tradition et modernité, mariant rock gothique, cold wave avec des touches d'instruments traditionnels un peu à la manière de And also the trees ou des Roumains de Arc Gotic. Usant de la langue italienne et française, le groupe nous promène dans des atmosphères nocturnes et baignées de tristesse, une sorte de cabaret tragique battant le pavé. La voix profonde de Alessandro Cucurina contribue certes à l'efficacité des climats mais ce serait nier l'instrumentation parfaitement équilibrée qui l'épaule (le clavier de 'Le noir du boulevard' est amer à souhait, l'accordéon de 'Crisantemo del carrione' parfaitement mêler au feeling cold wave de la chanson et que dire de l'inquiétant violon de 'Marmi a Venezia'...). Pour peu que l'on se prête au jeu, ce sont bien les spectres d'une autre époque qui semblent se couler le long des chapelles, laisser leur regard se perdre sur la lagune de Venise sous une lune d'argent. Personnellement, j'ai été totalement séduit par ce théâtre d'ombres, ces représentations romantiques et tragiques menées au coeur de la nuit...magie de l'Italie ? Note : 6/6 Page 93/149 ENGELSSTAUB : Malleus Maleficarum Chronique réalisée par Twilight Dire que Engelsstaub est un side-project de membres de Madre del vizio pourrait être trompeur, ils n'officient pas dans un registre deathrock; d'un autre côté, si vous le prenez pour un gage de qualité, vous avez tout à fait raison. Très inspiré par le mystique, le groupe propose une forme de mélange très efficace entre gothique, dark folk et ésotérisme. Un soin tout particulier a été porté sur les atmosphères (presque cinématographiques par moment) bien plus que sur le rythme, certes présent mais qui n'est de loin pas le point central de la démarche. On pourrait se dire que les claviers datent un brin, ce qui n'est pas faux mais leur aspect froid et synthétique participe également au feeling d'un album qui bien qu'usant de constructions dark folk se base sur des thématiques chrétiennes (le bien et le mal surtout) et non païennes. Visiblement le trio a du potentiel ('Fallen angel', le titre le plus directement inspiré du gothique, 'Kissed by God' plus darkfolk...) mais ne peut empêcher quelques longueurs, notamment sur les passages ambient. Ces quelques faiblesses sont heureusement compensées par la qualité des mélodies ainsi que quelques trouvailles, notamment les incantations en polonais ('Modlitewnik II') assez malsaines. Ce cd n'est donc pas le meilleur de Engelsstaub mais il en expose néanmoins les thématiques et se révèle plus glauque et profond qu'il n'y paraît. Note : 4/6 Page 94/149 MISERY LOVES CO. : S/t Chronique réalisée par pokemonslaughter Profitant de ces quelques jours de vacances, et de fait, de retour au bercail, me voilà ainsi face à toute ma discothèque, songeant à quel disque je pourrai bien vous parler. Fébrilement, dans un désir de hasard le plus total, je fermai les yeux et choisis un disque au hasard. Ah putain c'est vrai qu'il est vachement bon ce Misery Loves co ! Se le réécouter c'est comme une bouffée d'air frais (aussi paradoxal que ce soit avec ses ambiances quasi indus), de l'énergie en concentré 12 ans après sa sortie, un style novateur et original, et surtout une inspiration sans faille qui ne leur fera jamais défaut tout au long de leurs trois albums. Cet album éponyme est donc le premier d'une trilogie qui se terminera avec le déprimant "your vision...". C'est aussi celui qui pose les bases du style MLC : un metal indus qui joue avec les styles, se fie des genres. Il y a du Ministry ici, mais aussi du Fear Factory, des influences pops, du thrash et j'en passe. MLC c'est du moderne à tout point de vue, qui na d'aileurs pas pris une ride, merci à cette prod' monstrueuse qui a bien su mettre en avant le poids des guitares par rapport aux machines, et qui parvient tout de même à dégager une ambiance de fin du monde tout à fait appropriée. Dès le début de "My mind still speaks" on comprend ntout de suite : riff thrashy, chant super énervé pour le couplet, chant clair désabusé pour le couplet (quelques "singles" trainent oui...), ambiance de désespoir. Et puis "Kiss your boots" arrive, revirement beaucoup plus indus, les machines reprennent les devants, que du bonheur tous ces beats qui se mélangent avec ces grosse sgrattes... Et ce sera de même tout du long de cet album : un enchevêtrement de mélanges divers... Et ce "Need another one" ! Aaaah quel bonheur, cette partie claire réellement touchante littéralement CASSEE par ce refrain complètement boeuf : du bonheur je vous le dis. Le disque est d'un très bon niveau tout du long, avec bien-entendu ses surprises ("The only way" c'est du death/thrash/indus, "Kiss your boots", "Need another one") bien qu'on notera quelques baisses de régimes ("Sonic attack", "Private hell"...). On remarquera par ailleurs déjà que le groupe se montre particulièrement percutant dans les parties mélancoliques, préfigurant déjà de la suite. Pour le reste, voilà un disque à acquérir les yeux fermés, douze ans après, il se montre finalement toujours autant d'actualité. si ça c'est pas une marque de qualité. Note : 5/6 Page 95/149 KREATOR : Cause for conflict Chronique réalisée par pokemonslaughter Voilà ce qui s'appelle redresser la barre. Pas que "Renewal" fussent une véritable erreur, disons plutôt qu'il s'agissait d'un album qui n'allait pas au bout de ses idées. D'ailleurs, les réactions des fans à l'égard de cet album furent cinglantes : fustigé, conspué, renié, "REnewal" restera définitivement un disque mal-aimé. Comment lui donner une suite alors et regagner une crédibilité qui semblait avoir été entâchée ? Mille a choisi alors de faire un petit pas en arrière et de revenir à quelque chose d'à la fois beaucoup plus conventionnel, mais aussi plus moderne, façon de dire que l'album précédent n'a pas été complètement inutile. Et bon sang, "Cause for conflict" si ça c'est pas de la tuerie ! Cet album fait à coup sûr partie du Top 3 de Kreator aux côtés de "Pleasure to kill" et "Coma of souls". Il y a d'abord ce son, épais, moderne, percutant, tranchant, un modèle de production qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle du 3ème Demolition Hammer sorti peu avant. Il y a aussi le jeu de Joe Cangelosi, qui se pose en gros maître du jeu thrash : patterns accrocheurs, roulements hallucinants ("Progressive proletarians" !, "Catholic despots"), ce disque lui doit beaucoup, et bon sang qu'est ce qu'il fait mal ! Et puis il y a les compos, toute sur-brutales, peut-être même les plus brutales du groupe. Tout n'est qu'agression, le groupe donne même dans les brûlots quasi death d'une minute trente que sont "Bomb threat" ou "Dogmatic", au milieu de cette galette remplis de tueries se détachent quelques perles ("Catholic despots" en tête, mas "Prevail" se défend), et lorsque le groupe lache la pédale en fin de disque, c'est pour poser des atmosphères sombres, quasi depressives, aux influences indus nettes, confirmant les idées apportées par "Renewal (l'excellent "Isolation"). Et puis il y a les riffs Kreator, et ça c'est indescriptible, Mille est toujours un dieu du riff, plus saccadé cette fois, mais tout en conservant ce côté old school qui caractérise le groupe... "Cause for conflict", un disque qui porte bien son nom : c'est la guerre et vous n'en reviendrez pas. Note : 5/6 Page 96/149 EVOKEN : Embrace the emptiness Chronique réalisée par pokemonslaughter Premier véritable album d'Evoke, "Embrace the emptiness" est un disque qui ne peut laisser de marbre. Peut-être est-ce parce que le disque lui même s'apparente à un énorme bloc de marbre, sorte de gros monolithe d'obscurité, pénétrant dans l'espace comme la nuit dans une grotte oubliée. Ou bien tout simplement parce qu'Evoken en 96 débarque avec cet album dans un genre peu convoité et que l'atmosphère qui s'en dégage a permis d'attirer l'attention sur eux. Quoi qu'il en soit, "Embrace the emptiness" est une perle de noirceur comme on en fait rarement. Le style Evoken se pose enfin, mélodies sinistres toute en opposition guitares claires/rythmiques, claviers désolés en support d'un chant death quasiment soufflé sur les enceintes. Evoken se pose en maître de l'ambiance obscure, épaisse à couper au couteau, quasi spatiale par moment, mais toujours pesante et etouffante. Les influences Disembowelment ne sont que souvenirs, le groupe se rapproche de formations comme Esoteric pour le côté ambient. Il n'y a en effet plus beaucoup d'accélérations ou de véritables riffs, je vous l'ai dit, pour ce premier album, Evoken se pose comme un titan désespéré... Mais comme tout premier album, ce disque a ses défauts, son principal étant clairement sa monotonie et sa répétitivité. Dès l'intro, le type d'harmonie est donné, et cela va être la même chose durant les 70 minutes de cet album... Etant gros fan de doom, cela ne m'a pas gêné outre-mesure, mais il faut bien avouer que s'écouter l'album d'une traite est difficile. Très peu de variations, une ambiance homogène.. tout cela ne contribue pas à la surprise. Mais qui s'en soucie ? Ce disque est un monument de désespoir, se noyant dans ses propres regrets, rampant comme un cadavre. Bien sûr, l'album suivant poussera le concept encore plus loin, mais rien que pour ses mélodies "grottales" cet album vaut le détour. Angoissant, aérien tout en étant poisseux, le vide s'offre à vous. Note : 4/6 Page 97/149 ENGELSSTAUB : Ignis Fatuus: Irrlichter Chronique réalisée par Twilight Et si la nuit était cette porte qui permettrait enfin à ma conscience de découvrir le sens de ces visions qui torturent mon âme ? 'Ignis Fatuus: Irrlichter' est un disque nocturne au sens ésotérique du terme. Evitant les quelques longueurs de son prédécesseur, il poursuit dans une optique mêlant gothique et dark folk tout en améliorant la tournure mélodique des chansons. On pourrait croire de prime abord que le feeling est plus léger mais il n'en est rien, le climat général reste pesant et inquiétant ('Per Aspera ad astra', sans parler de 'Prologue'), de par l'usage de percussions lourdes et l'alternance de nappes sombres et d'instruments comme la flûte. Si la démarche pourrait parfois évoquer les échos les plus glauques de Ordo Equitum Solis, voir certaines pièces des débuts de Sol Invictus, on sent que ce sont des goths qui sont à la base du projet: les thématiques sont clairment influencées par une imagerie chrétienne. C'est d'ailleurs un aspect intéressant de mêler ce feeling purement gothique avec des orchestrations plus rituelles. Est également incluse la fameuse marche 'Victime of love' qui a grandement contribué à faire connaître le groupe, typique du potentiel mélodique de Engelsstaub. Les quelques interventions vocales de Lilith ('Phantasmagoria') contribuent également à la richesse d'un opus sans temps mort. Note : 5/6 Page 98/149 ENGELSSTAUB : Akashic recordings Chronique réalisée par Twilight Sorti tardivement, 'Akashic recordings' compile les débuts de Engelsstaub ou pour être plus précis trace son parcours car avant d'être un trio, le groupe était un quatuor baptisé Les Fleurs du Mal. On trouve donc d'abord les cinq chansons de leur split avec Madre del Vizio (on reste en famille) qui montre que le groupe cherche à développer une forme de gothique plus ouvertement atmosphérique et occulte, loin des schémas post-punk, d'où un travail développé des claviers et un ralentissement des rythmes, sans parler de l'inclusion de nombres de samples; l'élément dark folk est encore très discret par contre. Plutôt sombre et efficace. D'ailleurs 'Kissed by God' sera reprise sour le nom de Engelsstaub. Les autres morceaux sont extraits du split 'In Amoris Mortisque' avec Ataraxia ou de diverses compilations auxquelles le trio a participé. Cette fois, on y retrouve ce mélange de dark folk, voir d'éléments presque médiévaux ('The return') et de gothique typique de Engelsstaub, d'ailleurs '1226 A.D.' malgré ses percussions programmées est inspirée d'un air traditionnel. C'est donc une drôle de surprise de voir se conclure cette compilation par une reprise synthie pop de 'Damned don't cry' de Visage qui gâche un peu le tout par son feeling trop fashion, même si elle n'est pas désagréable. Qu'à celà ne tienne, voilà une précieuse collection d'archives qu'il eût été dommage de laisser prendre la poussière, d'autant que Engelsstaub n'a sorti que trois albums. Note : 4/6 Page 99/149 T-BONE FULVIO : R'n'R Machine 2000 Chronique réalisée par Twilight Fulvio, les amateurs de deathrock le savent bien, n'est autre que le chanteur de Madre del vizio, celui qui donne cette touche si spéciale de vocaux en italien pour un groupe allemand. Quant à savoir d'où lui est venue l'idée de ce disque...mystère ! Visiblement, notre homme a voulu se faire plaisir, se lâcher à quelque chose de plus rock en travaillant avec nombre d'invités. On passe donc d'un rock italien limite variétoche ('Bambina sola') à quelque chose de plus made in USA ('Ricordami' avec son harmonica, R'n'r machine'), sans parler de restes deathrock ('Overdrive', 'Intermezzo 2099 astro') ou de tentations plus garage ('Rave on'). Fulvio aime visiblement les Ramones, les Stooges et il a voulu leur rendre hommage sans se prendre la tête, avec une certaine forme d'humour. Deux morceaux ('Merda' et 'No !!!') sont plus anciens, 1988 pour être précis, et là, le ton est nettement plus glauque et torturé: boîtes à rythmes minmales, guitares meurtries, chant déséspéré...on navigue dans des climats troubles entre post punk et deathrock. Et notre Fulvio de brouiller les pistes avec un 'Fantasma' quasi dark folk sur lit de violon et de guitare sèche avant de conclure sur un mix de samples. Que penser de ce disque ? Pas désagréable et intéressant pour découvrir les aspects moins connus du personnage mais vu la diversité des climats et la qualité variable de la production, il est difficile de l'écouter autrement que comme une répète entre potes qui se font plaisir. Mais peut-être était-ce le but ? Note : 3/6 Page 100/149 ETERNAL OATH : Wither Chronique réalisée par pokemonslaughter Pfff va être vite faite cette chro. Dire qu'Eternal Oath jouait à l'époque un super gothic death qui ne faisait pas honte à Amorphis, et que maintenant ils donnent dans du sous gothic metal bien mélodico-sirupeux et faussement méchant. C'en est quasiment écoeurant. Pourtant globalement la recette n'a pas vraiment changé. Pourtant tout y est désormais convenu, téléphoné, pas inspiré. Le premier morceau "Behind tomorrow" fait pourtant encore illusion avec son refrain tristounet, et la bonne voix death (malheureusement sous-mixé -normal-). Mais tout le reste est réellement sans intérêt : rythmes up tempos, riffs pseudo heavy/death déjà milles fois entendus, arrangements claviers kitsch,refrains en chants clairs, mais où est passé le feeling et la mélancolie passée ? Si "Wither" conserve malgré tout un petit côté tristounet, ça reste du niveau d'un Lacuna Coil... Bref, un dique qui possède bien evidemment en contrepartie une prod' énorme, mais qui comme tous ses comparses du genre a oublié tout ce qu'il y a autour. Allez hop, dehors. Note : 2/6 Page 101/149 EPIDEMIC : Exit paradise Chronique réalisée par pokemonslaughter Bon et si je vous parlai à nouveau de petits groupes de la grande époque ? De ces petits trésors des 90's que tout le monde semble avoir oublié, trop occupé à vénérer les sorties récentes qui ne font que piller ce qui a déjà été fait. Bon, vous me dites quand je suis lourd avec mn discours de vieux hein. Et puis trésor hein, j'exagère un peu concernant ce troisième album d'Epidemic. disons juste que lorsque l'on entend ce groupe, qu'on se dit que c'est sorti en 94, on regarde différemment toutes les formations thrash/death actuelles. Car ce "Exit paradise" c'est du thrash moderne avec 6 ans d'avance. Bon certes, certains groupes commencaient déjà à incorporer des influences core dans leur metal, rapellez vous Machine Head à l'époque, mais ce disque pose réellement son thrash comme il s epratique aujourd'hui. Prod' énorme, tout est millimétré (quel batteur !), riffs décochés à 200 à l'heure tout en power chords, mélange d'accélérations death, de riffs thrash et de rythmiques parfois core, soutenu par un chant entre death et hardcore. Je vous l'avais dit, rien d'original... Pour maintenant. Mais nous sommes en 94, et ce disque qui n'a pas fait autant de bruit qu'esperé avait pourtant des atouts. Un sens du "break qui casse" vraiment développé (putain le doublé "Deaden", "Lament" c'est ultime, à se décrocher la tête du corps !), des compos bien ficelées, riches et catchy, cette prod' exemplaire... Mais le groupe se perd parfois dans des morceaux plus lents, faussement sombres, peu accrocheurs, juste chiants, certains morceaux ne sont pas très efficaces aussi, le disque est d'un niveau fluctuant. Pourtant le premier tiers est vraiment de qualité, il faut bien l'avouer. il y a du Obituary ici, du Morgoth aussi, voire du Banished lorsque cela saccade, mais rarement le groupe ne parvient réellement à leur niveau. Dommage, si vous tombez dessus, n'hésitez pas trop tout de même, il y a de quoi se défouler, surtout en bagnole bien à fond : testé et recommandé par Poky pour cet usage ! En dehors de cela disons que sa durée de vie est limitée... Note : 4/6 Page 102/149 BETHLEHEM : Profane fetmilch lenzt elf krank Chronique réalisée par pokemonslaughter Bethlehem, tout le monde connaît pour ses trois mythiques premiers albums, mais finalement passé "Suizid" le groupe a peu à peu diversifié et "mainstream-isé" sa musique, ce qui n'a pas toujours été du meileur goût. "Profane..." marque le début de cette nouvelle orientation. Ce petit maxi de seulement deux titres présentent une évolution importante pour le groupe. Adieu les vocalises hurlées, le chant donne dans quelque chose de plus classique, bien que conservant son côté décalé (le premier titre). Les riffs sont beaucoup moins inspirés également, beaucoup plus mélodiques, quasi sautillants par moments, on a du mal à voir où veut en venir le groupe. Heureusement, ils auront la bonne idée d'inclure un break façon "musique de manège" au milieu du morceau suivi d'un arpège typique, histoire de rapeler que c'est bien Bethlehem qui joue mais rien n'y fera, je reste perplexe. Les deux morceaux s'écoutent et on ne retient rien. La prod' toute douce, les riffs peu percutants, la perte de l'aura morbide passée, quelque chose ne marche pas ici. Sympa sans plus, le style Bethlehem est toujours là mais l'inspiration n'y est pas... Allez ça fera beau dans la disco. Note : 2/6 Page 103/149 THERION : Of darkness... Chronique réalisée par pokemonslaughter Ah il avait tout pour me plaire cet album ! Pensez donc, les débuts death metal bien "necro" d'un groupe reconnu qui oeuvre désormais dans un tout autre genre. En général c'est de qualité : Amorphis, Sentenced, Anathema et j'en passe, mais dans le cas de Therion, ce premier album, bien que loin d'être mauvais, ne casse vraiment pas trois briques. Voilà c'est dit, vous pouvez partir. Bon pour les deux lourds au fond qui veulent en savoir plus (j'aime imaginer que des amateurs de death metal me lisent, on peut toujours rêver), "Of darkness" prend les choses là où des groupes comme Carnage, Entomed ou Dismember les ont laissés. Ajoutez-y un petit côté bien sombre façon Demigod, premier Amorphis et.. bah non vous n'avez pas cet album parce que sinon il déchirerait tout. Nan en fait, si sur la forme ce disque a tout pour plaire aux amateurs d'old school comme moi : son bien roots, ambiance necro, death "à l'ancienne", ce sont les compos qui pêchent. Sans queue ni têtes, sans riffs qui tuent vraiment, les gars s'évertuent à répéter ce qu'ils ont docilement appris, et le recrache bêtement. Si l'esprit est là, le fond se révèle bien lisse : les breaks tombent n'importe quoi (les blasts sont placés n'importe comment), les riffs s'enchaînent sans logiques, très répétitifs... Alors certes le côté très brutal de la chose (je pense souvent au "Symphonies of sockness" de Carcass cf "Morbid reality") se voit renforcé, mais la cohérence n'est pas là... "Of darkness..." se montre ainsi comme un disque de fan de death old school, spontané et brutal as hell, mais qui n'atteint nullement la cheville de ses influences, trop dispersé qu'il est. 3/6 tout de même pour cette ambiance super sombre qui s'en dégage, merci le chant de christoffer jonsson et la prod "made in Sunlight". A suivre... Note : 3/6 Page 104/149 EMMENS & HEIJ : Journey Chronique réalisée par Phaedream Une belle séquence se dessine, sur les réverbérations d’une intro spatiale au bruit arcadien. Dès les premiers souffles de Journey, nous sommes enveloppé de l’aura cosmique du duo Hollandais qui nous offre un 3ième opus, tout aussi harmonieux que ses prédécesseurs. Des chœurs synthétiques ajoutent une profondeur chaleureuse à un synthé qui épouse ce mouvement circulaire et ondulant, comme une cascade aux intonations graves. Fluides, les synthés coulent sous la forme de beaux solos aux sonorités typiques de Emmens & Heij. The Endless Running Messenger présente une intro plus prolongée où les ambiances flottantes croisent les effets sonores cosmiques. Sous les gouttes d’eau métalliques, un synthé valse avec le néant provoquant une nappe onctueuse d’où une séquence rotative apparaît, à l’ombre des chœurs célestes aux timbres graves. Cette séquence s’anime sur une riche texture sonore ainsi qu’un synthé aux harmonies souples, sur un mouvement qui suit une courbe ascendante. Le rythme est lent et unidimensionnel, arrosé de solos stridents qui s’évente dans une atmosphère lourde. Hypnotique, le mouvement séquentiel de A City Awakens est sautillant avec une tonalité carillonnée. Le synthé est enveloppant et danse à contretemps sur une séquence agressive qui multiplie les boucles avec une fluidité harmonieuse. Quoique linéaire, le mouvement prend son charme sur la profondeur des synthés et des solos qui s’en échappent, ainsi que des effets sonores qui glanent un peu partout. Si vous aimez les gros séquenceurs pesants, Rolling Thunder in the Mountains of Hope à de quoi satisfaire vos attentes. Un titre puissant, sur un rythme modéré, avec de superbes nappes coulantes et enveloppantes, qui moulent un tempo suave et lancinant sur un séquenceur débridé. Un mélange de Redshift et Tangerine Dream, avec un excellent solo de synthé. Après un titre aussi pesant, qui fait lever les tuiles de plancher, Red Clouds over a Misty Swamp est un moment de détente atmosphérique. Les synthés forment une nébuleuse spatiale, aux multiples modulations fondantes. Un titre planant qui nous amènent à l’intro spatiale et bariolée, au style très TD des années analogues, Regaining Breath in the Eye of the Storm. Une belle nappe cosmique et flottante nous guide sur un séquenceur moulant, dont les courbes s’apparentent à celles que l’on retrouve sur The Endless Running Messenger. Exquises, les modulations se lovent sur un synthé aux siffles harmonieux, créant une structure aux mouvements complexes tout en maintenant un synthé décalant aux odes mélodieuses. Journey est un splendide album. Un opus inspiré aux séquences agressives et aux synthés onctueux. Gert Emmens et Ruud Heij nous en mettent plein les oreilles, et l’imagination, sur des structures évolutives aux dénouements parfois inattendus. Il n’y a pas de moments faibles, ni de pannes d’inspirations. Il y a quelques juteux clins d’œil aux prouesses analogues de Tangerine Dream sur des coups de séquenceurs pesants, à la Redshift. Bref, un album créatif, puissant et extrêmement plaisant. Note : 5/6 Page 105/149 ASHRA : Sauce Hollandaise Chronique réalisée par Phaedream Il s’est passé une longue période d’absence et de silence dans le camp d’Ashra, au cours des 9 dernières années. Années durant lesquelles Manuel Göttsching a fait un ménage pour regrouper et remixer les vieilleries d’Ashra, tout en participant à différents projets musicaux, dont In Blue avec Klaus Schulze, un de mes meilleurs cd. Il n’y a pas eu de nouveau matériel, si ce n’est un coffret, excellent d’ailleurs, qui s’intitule Private Tapes disparu peu de temps après sa mise en vente. De leurs côtés Harald Grosskopf connaît une bonne carrière solo, alors que Lutz Ulbrich participe à plusieurs projets en tant que producteurs et musiciens. Ashra est invité au Festival de KLEMDAG, en Hollande le 11 Octobre 1997. Pour ce concert et depuis la mini tournée japonaise, Steve Baltes se joint à Ashra en tant que bassiste, échantillonneur et opérateur de la boîte à rythmes. D’emblée, on sent que l’approche de ce spectacle sera costaude, car l’univers musical d’Ashra était principalement fondé sur la guitare et le synthé de Lutz Ulbrich et Manuel Göttsching et une fois de temps en temps, Grosskopf venait rouler ses peaux avec toute la nuance qu’il a appris en côtoyant Schulze, qui n’était pas un vilain batteur. Parallèlement, à l’absence d’Ashra, sa musique connaît une évolution. Des DJ ne se gênent pas pour moderniser les titres de Göttsching en apportant des brillants mixes, qui allument les planchers de danse. Et, nous ne sommes qu’à la pointe du Iceberg. Chez les fêtards, dj et danseurs/danseuses, le mouvement prend de l’ampleur et Ashra dévie sur du soft techno ‘’ambiant‘’. Nouveau genre qui module les idées de Göttsching. Oui, mais le concert? J’y arrive. Echo Waves, est la pièce désignée pour ouvrir le concert. Tirée de l’album solo de Manuel Göttsching Inventions For Electric Guitar en 1975, le titre évolue avec timidité, bien que gonflé d’effets sonores hétéroclites. Les boucles sont souples et les‘’tschitt tschitt‘’sont assez sobres. Ce qui plait est l’environnement, l’impression de flotter avec les boucles est réelle, tant les modulations sont fluides et se moulent à un doux mouvement des hanches. Le titre évolue lentement, suivant sa marche hypnotique d’origine avec de bonnes percussions, une basse spectrale et les effets sonores de la six-cordes à Göttsching qui verse dans de beaux solos, aux apparences souples. Une belle interprétation que j’ai trouvé quelque peu longue, sa durée étant augmentée de 14 minutes. Mais la finale est très bonne avec la batterie de Harald. Comme l’original, Twelve Samples connait un départ assez lent, Les cris sont irréels, tant la lenteur du mouvement marque le temps. Mais on y entend la guitare gémir sous des mellotrons onctueux et des effets sonores créateurs. Tranquillement le titre s’agite sur de bonnes batteries aux martèlements secs et de superbes mellotrons qui envahissent un espace sonore dense. Ces mellotrons insèrent un léger moment atmosphérique avec une abondance de nappes moulantes, dont les accords flottent au dessus des collages de voix qui poussent un dialecte inconnu, avant que le titre n'explose de plus belle. Harald Grosskopf fait sienne l’intro de Niemand lacht Rückwärts, écrite en 1979 et qui apparaît sur Private Tapes 3. Mini solo de percussions sur des accords et des notes bigarrés, dans un désordre de garage-band qui ajuste ses instruments. Un synthé laisse tomber son rideau sur un mouvement flottant, laissant entendre la cavalerie sonore qui vient dévaster les champs d’oreilles. Les percussions métalliques, un synthé agressif qui crache son hésitation sur de lourdes strates qui s’accrochent à un mouvement dense et statique. Une longue Page 106/149 intro qui décolle avec force sur les batteries déchaînées de Grosskopf, qui a date est vraiment la bougie d’allumage du cd. Tant que le son de sa batterie est clair et limpide. Ses frappes sont précises parmi les solos de synthé. Sur cette pièce le batteur Allemand est déchaîné et nous livre une performance explosive qui domine les strates, les mellotrons et les guitares. Son solo de batterie est l’apothéose d’un spectacle qui se conclue sur des envolées sommaires des guitares qui sont noyées dans le flux incessant des batteries et percussions d’Harald Grosskopf. Avec Sauce Hollandaise, j’ai l’impression qu’Ashra est malaisé. Doit-il se retenir ou exploser dans le courroux des rythmes techno minimalismes qui coulent si bien ? Ce qui manque à Sauce Hollandaise, Ashra le retrouvera sur @shra. J’aime bien Sauce Hollandaise, c’est une variation sur un autre thème qui percute et qui a drôlement sa place. Note : 4/6 Page 107/149 KREATOR : Outcast Chronique réalisée par pokemonslaughter Ouarf deuxième fois que Mille veut nous servir du sombre, deuxième fois qu'il se croûte. après un "Cause for conflict" super carton, brutal à souhait, Kreator décide de lever le pied et de se concentrer sur quelque chose de plus mainstream et accessible. Pourquoi pas me direz-vous ? Sauf que le changement est assez.. brutal, et le résultat assez... mou. On se retrouve avec du gros metal à l'allemande : rythmiques binaire mid tempos, chant de Mile plus franchement très agressif, mélodies simplettes et vaguement sombres, dynamique quasiment absente, structures "single"... Alors certes sur certains morceaux comme "Enemy unseen", "Phobia" (le morceau phare de l'album, classique du groupe perdu au milieu de morceaux anecdotiques) ou "Stronger than before" (bon refrain !) la sauce prend, et on se retrouve avec un gros single de metal vaguement thrashisant, tout à fait sympathique mais à la durée de vie limitée... On a en fait un peu l'impression que le groupe a voulu faire son "Black album" avec ce disque, mais l'inspiration n'est définitivement pas là... Bon sang "Against the rest" sonne comme du mauvais Pain, "A better tomorrow" est niaise au possible, "Outcast" est d'un chiant sans précédent... Pas vraiment la peine de s'étaler, si vous voulez entendre du Kreator mou du genou cet album est pour vous... Mais comme vous avez bon goût, faites comme moi et ignorez cet album... Note : 2/6 Page 108/149 MIND OVER MATTER : Avatar Chronique réalisée par Phaedream Mind Over Matter, ou Klaus Hoffmann-Hoock, est sans aucun doute l’un des artistes les plus fascinants de la MÉ. On ne sait jamais trop à quoi s’attendre du guitariste spatial, qui puise ses idées, ses histoires au travers ses nombreux voyages et expériences en Asie. Dans la religion Hindoue, un Avatar est un être humain envoyé par Dieu. Il apparaît sur Terre, lorsque la création Divine est menacée par le fanatisme, l’injustice et la déception. Klaus Hoffmann-Hoock a déjà vu des photos et représentations d’Avatars, qui l’ont inspirés dans l’écriture de cet album. Du psychédélique au progressif, en passant par ses superbes mellotrons investis d’un fluide électronique, KHH défie le temps et les styles, tout en restant fidèle aux racines Hindoues qui l’habitent et font de lui un être si spécial. Avatar est purement à l’image du personnage; un titre aux compositions complexes, aux évolutions à la fois harmonieuses et troublantes, qui finissent dans un air de fête. Thunderchild débute avec fracas. Tonnerres et éclairs introduisent une grosse orgue d’église qui crache des accords violents, style Fantôme de L’Opéra. Les réverbérations de ses accords laissent une empreinte que KHH module avec subtilité pour en faire un refrain qui s’accouple avec un superbe mellotron flûté. Un souffle serein qui se laisse bercer par des bongos tribaux, une bonne structure de basse et des percussions qui accompagnent la chanteuse Dagi Daydream-Hoffmann. Faisant contrepoids à la violence de Thunderchild, un concert de criquets accueille Magic Garden. Caresser par un mellotron flottant, qui étend ses ailes mélodieuses au travers de denses nappes synthétiques, l’intro progresse lentement sur un mouvement de basse circulaire et les bongos. Tranquillement, Magic Garden se métamorphose en un rituel hypnotique, sur des chants tribaux délirants, supporté par une séquence lourde aux pulsations cascadées. Freak Street fait parti des classiques de MOM. Après l’énumération d’un menu, une batterie genre militaire souffle un rythme léger, sur une belle basse ondulante. La batterie marque un tempo plus soutenu et le mellotron souffle une superbe mélodie thématique qui colle instantanément et qui reste prise entre les 2 oreilles pour fort longtemps. Un titre de fêtes et de liberté, gonflé par un superbe mellotron et un furieux solo de guitare. Avatar´s Dream est lent, comme un rêve où tout tourne au ralenti. Les percussions résonnent, sans rythme, dans un tourbillon statique où sitar et synthé forment un étrange duo, sur un mellotron flottant. Le délire pousse aussi haut que les harmonies flûtées, sur les incantations des sages cosmiques. Avec la pièce titre, nous pénétrons l’univers complexe de MOM. Somptueux, synthé et mellotron nous encerclent de nébulosité croissante où les chœurs soufflent de légères modulations astrales qui forment des spirales bouclées, aspirées par de puissantes pulsations magnétiques. Le ton est lourd et les martèlements séquencés s’intensifient dans un tourbillon intense aux étreintes acérées. Et tout bascule. Les accords de guitare coordonnent des riffs sur un rythme infernal qui s’agite sous un ressort de basse qui galope comme une cavalerie électronique, drapé d’un épais mellotron tout droit sorti des pénombres de ‘’Ramp’’; dont Stephen Parsick fait parti. Un titre qui augmente d’intensité, même si on pense qu’il ne peut aller plus loin. Solos de synthés stridents et ondulants sur un séquenceur lourd qui marque, aux sons, tout ce qu’il touche. Un titre d’une violence égale à sa lourdeur, qui se termine dans les bras de Morphé. Après un Beyond léger, guidé par des percussions manuelles douces Page 109/149 et un synthé geignard, Thunderchild (la version radio) vient nous mordre les tympans et les sens, avec un titre aussi fort, pesant et lugubre, que son orgue chthonien. Avatar est purement impressionnant. Je ne me rappelle pas d’avoir entendu une telle musique violente et passionnée, concentrée dans un même album. Klaus Hoffmann-Hoock a creusé aussi profondément qu’il a pu pour offrir une des oeuvres des plus étonnants en MÉ. Un mélange indirect de progressif, tribal et de EM pour atteindre le même but ; protégez la terre contre le fanatisme, l'injustice et la déception. Un mythe? Possible! Mais pas l’album, qui est tout à fait génial! Le meilleur de MOM? Certes, mais il en reste tellement à écouter… Note : 5/6 Page 110/149 ENGELSSTAUB : Andreswelt Chronique réalisée par Twilight Il fallait bien que ça arrive, Engelsstaub a fini par nous pondre son meilleur album...En réalité, c'est un changement en profondeur qui s'est opéré et pas seulement par l'abandon de leurs pseudos par les membres du trio; les structures d'écriture se sont modifiées pour des climats moins glauques, plus heavenly. Exit l'aspect incantatoire, une place nettement plus importante a été accordée au chant fémin, le rythme et les influences médiévalo-païennes dominent, les sons sont plus travillés...Par ricochet, la mélodie prend encore plus de poids par rapport aux atmosphères, ce qui débouche sur de petits chefs-d'oeuvre tels que 'Faerieland' et ses sonorités de vielle sur fond de tambours, 'The kingdom of blindness' plus dark folk dans ses lignes, entre Death in June et In my Rosary, ou encore 'L'appel de l'ange' inspiré par le 'Ophélie' de Rimbaud couplé avec des incantations. La programmation et les samples ont perdu tout aspect cheap ce qui renforce la qualité de pièce plus atmosphériques comme 'Namiros'. Mystique, 'Anderswelt' l'est totalement mais il dégage quelque chose de plus organique et triste mais également d'apaisé par rapport aux précédents opus encore marqués d'une noirceur gothique. Faut-il y voir l'aboutissement d'une démarche ? C'est bien possible, le trio n'ayant plus produit d'album depuis. Quoiqu'il en soit, ce disque est un bel hommage aux autres mondes que nous côtoyons sans toujours les percevoir pleinement. Note : 6/6 Page 111/149 CROWN OF JESUS : Immaculate Chronique réalisée par Twilight J'ai retrouvé ce mini dans ma collection l'autre jour. Plus d'une année que je ne l'avais pas écouté et le plaisir n'en a été que plus grand. J'apprécie toujours de me replonger dans la dark wave allemande du début des 90's quand l'attitude goth prédominait chez les groupes même s'ils utilisaient résolument des technologies modernes. Certes, le duo de Crown of Jesus n'a pas le talent de Das Ich mais il se débrouille bien tout de même. Qu'on écoute les samples incantatoires de 'Immaculate' couplés avec le rythme, les roulements de percussions et les synthés pesants de 'Sailor' ou encore 'Push' et sa touche plus directe et froide et l'on comprendra pourquoi. Qui plus est, le chant sombre, légèrement ironique colle à merveille avec ces atmosphères mariant froideurs électroniques et noirceur gothique. Note : 4/6 Page 112/149 NOCTULE SORIX : Nonsense Chronique réalisée par Twilight Après la noirceur intimiste du beau 'Zygène de la Filipendule', les Noctule Sorix ont voulu renouer avec une écriture plus directe, quelque chose de plus rythmé. Pari plus que réussi avec ce 'Nonsense', effectivement plus pêchu mais toujours aussi soigné dans la composition. C'est du côté des Cure et de Clan of Xymox qu'on y trouve les influences mais une fois de plus, les Français y ajoutent leur touche personnelle. Je note un travail efficace quant à la programmation qui sait se faire discrète tout en soutenant la structure des chansons. Niveau guitare, elles oscillent entre tentations cold wave et quelques attaques un brin plus lourdes d'où mon allusion à une forme de gothic rock à la Clan of Xymox ('Look at you !'). C'est pourtant plutôt l'ombre des Cure qui plane non loin de la dimension Noctule Sorix et curieusment on retrouve dans la voix de Zok, pourtant bien différente de celle de Robert Smith, un feeling particulier proche de l'excentrique Anglais (particulièrement notable sur la reprise de 'In your house' mais pas uniquement). Ces comparaisons ne diminuent en rien le potentiel du groupe qui semble décidément, quelque que soit l'orientation choisie, détenir cette facilité à trouver les mélodies et les arrangements qui tuent (écoutez donc la guitare de 'Your empty brain'), le tout mixé avec leur forme d'humour si particulier. Ca devient une habitude mais je vous tire mon chapeau, Messieurs. Note : 5/6 Page 113/149 BOOKOVSKY : Book of Sky Chronique réalisée par Phaedream Ne vous fiez pas à la douceur relative de la pochette pour juger ce dernier opus du synthésiste Polonais Bookovsky. Car Book Of Sky n’est pas le genre d’album qui nous emballe à la 1ière écoute. Déroutant et plus cacophonique que mélodieux, il laisse par contre une bonne empreinte sonore qui nous pousse à ré écouter et ré écouter encore. Un signal indiquant que nos oreilles ont perçues quelque chose d’inaccoutumé. Et c’est un fait! Nous avons affaire à un album qui se démarque, avec une sonorité électroclassique et des structures très variées sur de courtes modulations. Book Of Sky est le 4ième album solo du synthésiste Polonais qui avoue subir les influences de Tangerine Dream, Klaus Schulze, Robert Schroeder, Vangelis, Adiemus & Paul Haslinger. Donc un mélange de Berlin School, de classique et de musique du monde. Un lourd éventail pour un album si court, mais qui effectivement recoupe ces styles. Les premiers accords de Book of Sky I saisissent par leurs sonorités classiques. Sans grandes structures rythmiques, le titre frise le confort d’une atonie où les cordes de violions sont délicatement pincées, dans un mouvement symphonique assumé par un piano qui ne cessent de croître sa personnalité angoissante. Une avalanche de strates violonées enrubanne l’atmosphère dans un tissu trop serré pour qu’il en exalte les mélodies. Frivoles, les strates virevoltent sous une avalanche d’instruments à cordes, qui annoncent un titre lourd, mais efficace qui alterne les effets dramatiques et les passages émouvants, dans un contexte toujours lourd, comme une symphonie pour schizophrène léger. Ultra rapide, avec un séquenceur tout à fait coordonné, la partie II martèle une intro avec un rythme soutenu, quoique désordonné sur des solos nuancés. Maintenant sa course effrénée, le séquenceur multiplie les percussions échotiques aux effets sonores cosmiques sur un séquenceur circulaire. Un titre extrêmement puissant qui utilise des effets sonores percutants ainsi que des percussions magnétiques qui réverbérèrent les sonorités en multi ondes, filtrant des arcs sonores riches qui s’entremêlent entre elles. Un superbe mouvement que l’on retrouve un peu partout sur Book of Sky. Après une douce intro sur un piano mélancolique et austère, un séquenceur ondulant coupe l’harmonie pour donner naissance à une partie III qui restructure ses assises continuellement avant d’épouser un rythme soutenu avec une thématique mélodieuse. Ce changement d’orientation structurel fera les choux gras de Book of Sky. Pour chacune des intros subséquentes, Bookovsky en coupera les liens harmonieux pour embrasser des structures tout à fait à l’opposé, toujours inspiré par une approche électroclassique. L’intro de la partie IV en est l’exemple le plus frappant, quoique plus fluide, cette partie s’imbibe d’une saveur classique des années vampires, mais avec une dose de folie et d’audace que l’on attend tout simplement pas. Donc, c’est toujours sur le qui vive que nous avançons au travers une odyssée aux neurones teintées d’une psychose psychédélique fort mouvementé. Et ce, sur des séquenceurs hachurés, soutenus par des synthés aux chœurs délirants, mais parfois solidement attachant, et des strates violonées intenses, comme modérées. De l’audace et de l’imagination sur des structures aux rythmes variés. Tel est ce que nous réserve ce dernier opus de Bookovsky. Un album très difficile à cerner, mais qui vaut amplement le détour, car c’est un faune sonore aux milles attraits qui nous entaille les oreilles avec des portions d’harmonies et de mélodies qui sortent du néant et frappent comme une tonne de briques. Pour audacieux et amants de sonorités inattendues. Page 114/149 Note : 4/6 Page 115/149 ISOLE : Forevermore Chronique réalisée par pokemonslaughter Certains en doutaient, mais le constat est bien à faire : le doom metal est un genre qui commence réelement à s'exposer au public. La scène se développe à vitesse grand V et quelques pointures commencent à émerger sérieusement. Isole en fait définitivement partie. Dans son style très typé épic doom, que des maîtres comme Candlemass et Solitude Aeturnus, voire Saint Vitus ont porté aux nues, ces suèdois font du neuf avec du vieux en proposant une musqiue lourde, heavy à la mélancolie sous-jacente terriblement communicative. Dès le premier morceau "The watcher", il est difficile de ne pas penser au premier Solitude Aeturnus, comparaison qui reviendra souvent mais à laquelle Isole saura faire pencher la balance en sa faveur. Rythmiques alternants entre mid tempos et ralentissements carrément funeral, riffs en doubles leads très expressifs, chant désespéré... Il s'agit d'ailleurs sur ce dernier point de la grande force de cet album : le chant. Des vocalises simples, allongées, parfois carrément incantatoires, mais toujours dans le ton et offrant une dynamique terriblement désespérante et ethérée à l'ensemble, assurément la partie la plus réussie de ce disque. Autre point notable, la qualité du songwriting : les compos sont riches, leur déroulement se montre des plus naturels, que cela se fasse sur un mode résolument lourd ("Age of darkness"), plus agressif ("Deceiver" petite perle, au démarrage bien agressif, amenant une partie "spleenesque" au possible), ou carrément progressif (la très réussie et poignante "Forevermore", entre clarté des parties claires et désespoir des moments electriques)... Le groupe maîtrise définitivement son sujet, et les quelques titres sus-cités sont il faut bien l'avouer de vrais petits bijoux absolument intemporels (et j'oubliai "Beyond the black", dix minutes de spleen absolu, porté par une voix quasi ecclesiastique par moments, entre obscurité totale et désespoir envahissant, mon coup de coeur de l'album). Malheureusement, l'album perd un peu de son impact à mon sens lorsqu'il se perd dans du riffing alambiqué peu efficace ("Premonitions") ou des chansons à tiroirs sans vrais cohérences ("Moonstone" et son passage pseudo brutal, finalement peu convaincant passé la surprise, on dirait du In Flames). Ne me faites pas cependant dire ce que je n'ai pas dit concernant ces morceaux, leur niveau est tout à fait acceptable et certains riffs font vraiment mouche, mais force est d'avouer que le groupe est bien plus convaincant lorsqu'il se lance dans des riffs très épiques et désolés, portant des lignes de chant simples et épurées plutôt que dans du Cathedral Worship... Un disque qui ne laisse en tout cas pas indifférent, et même si je lui préfère son successeur, il faut bien reconnaître en ce premier album un incontournable du doom épique. Le genre de disque "chaud", attachant et définitivement beau, qui laisse rêveur tout simplement. Note : 5/6 Page 116/149 CEMETARY : Last confessions Chronique réalisée par pokemonslaughter Ce qu'il y a de bon quand je rentre au bercail, en plus du soleil, c'est de retrouver ma bonne vieille discothèque. Quel bonheur d'admirer ces nombreuses étagères remplies à craquer de cds en tout genres. Certains n'ont pas été mis depuis longtemps, et bien qu'on les connaisse tous bien comme il faut, il arrive qu'on en redécouvre certains que l'on croyait avoir sucé jusqu'à la dernière goutte... Et puis il y a les oubliés, genre ce Cemetary. Une vieille etiquette Cash Converters dessus, un boitier tout pêté. Bizarre ce disque ne me dit rien. Et effectivement il a pas du beaucoup tourner, et je comprend pourquoi. Vous vous souvenez les chroniques expéditives "le Rammstein du pauvre". Et bah ca serait la même chose pour Paradise Lost ici. dire qu'à la base Cemetary donnait dans le death bien nécro... En gros ce disque, déjà c'est un "album" de 28 minutes, contenant 8 titres ultra formaté de metal vaguement sombre. Chant à la Nick holmes, couplet/refrains classqiues, rythmiques up-tempos, quelques passages quand même sympas à la Entombed "Wolverine blues" quand même, une influence new wave assez palpable... Le disque boff quoi. Ca s'écoute mais on se fait vite chier, pas de refrains qui tuent, un "1213 transcendance" horrible avec ses clap de mains, un feeling "cold" que l'on aurait aimé plus poussé, car ici le groupe est à la limite entre quelque chose d'intéressant et la grosse soupe "goth metal" qu'on entend parfois... L'inspiration n'est tout simplement pas là. Trop simple, trop bateau, trop épurée peut-être, "Last confession" n'est donc pas intéressant du tout mais n'est pas asez mauvais pour complètement dégouter du groupe. A noter un dernier morceau vraiment plus sympa et triste, qui semble tiré d'anciennes sessions. C'est toujours ça de gagné, il donne envie de se pencher sur le reste. Tout n'est pas perdu. Note : 2/6 Page 117/149 TANGERINE DREAM : Springtime in Nagasaki Chronique réalisée par Phaedream S’agit-il d’une autre légende Tangerine Dreamienne? Toujours est-il que l’histoire entourant la parution de Springtime in Nagasaki aura de quoi faire jaser et fabuler les fans de TD pour la prochaine décennie. Selon le guide de presse; un richissime homme d’affaires Japonais aurait contacté Edgar Froese afin qu’il compose une œuvre divisée en 5 actes, pour commémorer les 2 villes Japonaises qui ont reçues une bombe atomique en 1945, Nagasaki et Hiroshima. Chaque Opus doit avoir une durée maximale de 54 minutes et être en édition limitée. Le mystérieux mécène aurait étudié dans ses 2 villes et serait résident d’Hiroshima lors du bombardement. Le printemps et l’été, il habite à Nagasaki. Alors que l’automne et l’hiver, il réside à Hiroshima. À 83 ans, cet étrange personnage rêve d’une 5ième saison qui serait éternelle. Vrai ou pas, c’est un excellent prélude à un 1ier opus fort intelligent et intéressant offert par Edgar depuis des lunes. C’est avec un fracas à saveur symphonique, truffé de percussions intermittentes que débute cette 1ière partie de Springtime in Nagasaki. Navel of Light explore un côté plus atmosphérique avec un rythme lent qui progresse sur des séquences douces et légères. Le synthé est suave et onctueux, projetant de belles strates violonées qui exploitent une sonorité spectrale sur une belle ligne de basse. Une faune sonore dense et atonique aux percussions asymétriques qui s’enroulent autour d’un mouvement ondulant, alimenté de frappes orchestrales comme on retrouve sur Purgatorio. La 2ième partie offre une thématique mélodieuse sur un koto virtuel, aux accords pensifs et nostalgiques, bercé par un synthé nébuleux aux chœurs rauques, comme sur Madcap's Flaming Duty. Un beau séquenceur remue cette oisiveté astrale, épandant un tempo d’une douceur syncopée, nourri par les lamentations éraillées et des chœurs plus affriolants. La 3ième partie renoue avec une ambiance flottante, où des notes cristallines remue les modulations sur une douce séquence ondulante et un flamboyant jeu de percussions. Des percussions étonnantes et d’autres séquencées, avec une basse en cascade et des voix célestes, sur un rythme progressif mais léger. Une séquence sautillante, nourrie de percussions et d’effets sonores tout aussi volage, ouvre Persistence Of Memory. Fluide, le tempo est hachuré sur un mouvement aux courbes insidieuses où un sax nasillard, (ou est-ce une harmonica?), croise des chœurs incertains, entremêlés d’accords de guitares échotiques et éparses, créant une cacophonie mélodieuse. Un titre étrange, sur une structure incertaine mais qui capte l’attention. Par moments, on dirait un thème de James Bond acidé. Aussi étonnant que délicieux, elle se fond sur une 2ième partie, inondée d’un synthé aux strates flottantes et enveloppantes. Des belles voix célestes se hissent au dessus de cette densité synthétique aux rythmex et sonorités incertains. Un titre lourd, aux modulations statiques où l’on croise des portions de Vivaldi sur des lamentations hybrides. Il y a un travail de montage énorme dans cette pièce, qui se calme sur un beau piano mélodieux, transporté par une sonorité nasillarde mélancolique au plus profond d’une caverne aux mille et une gouttes d’eau qui résonnent comme les notes agressives d’un piano qui se moule aux réverbérations d’une guitare aux sonorités saxophonées. Une étrange nuance qui allume les passions et qui meurt sur les cordes d’une guitare enrhumée, avant de renaître sur un rythme endiablé, torturé de magnifiques solos de synthé et de solides percussions qui martèlent un rythme galopant, à peine strobofié, sous une avalanche d’ondes synthétiques furieuses. Une 3ième partie infernale, Page 118/149 trop courte qui s’éteint dans une grotte humide. Springtime in Nagasaki est l’œuvre que l’on attendait, et que l’on attendait plus, depuis fort longtemps de Tangerine Dream. Ce n’est pas une suite à quoi que ce soit. Il n’y a aucun rapport avec les œuvres antérieures. Edgar a coupé le cordon, on le sait. Sauf que là il étonne et pas à peu près. Un superbe album aux mouvements ambivalents sur des structures étranges, où le rythme croise l’atonie, voire la cacophonie, avec une profondeur insoupçonnée. Le jeu des percussions et effets sonores est sublime, alors que l’avalanche sonore de Persistence Of Memory est d’une attraction qui n’a d’égal que son originalité. Il n’y a pas un fan qui peut être déçu. C’est l’œuvre que l’on attendait plus. Reste juste à savoir si il restera assez de copies pour tous. Note : 5/6 Page 119/149 SUNNO))) : White 1 Chronique réalisée par Yog Sothoth Deux ans après un Flight of the Behemoth qui témoignait déjà de la volonté du duo de s’éloigner du son typiquement Earth2-ien de ses premiers méfaits, Sunn0))) réitère l’expérience Drone + guests en conviant cette fois ci deux vocalistes à se joindre à la messe. White 1 s’ouvre donc sur « My wall », aux allures de longue complainte apocalyptique (25 minutes au compteur), où le chant prophétique et halluciné de Julian Cope (Head Heritage et Teardrop Explodes) rivalise durant toute la première moitié avec les guitares menaçantes, dont la montée en puissance progressive amène jusqu’à l’explosion sismique de la seconde partie du titre. A l’heure actuelle, ce morceau et son ambiance dévastée restent à mes yeux la plus grosse réussite du groupe, combinant à la perfection la tradition Drone et l’émancipation vers des paysages sonores plus noisy et expérimentaux. Le second titre voit l’entrée en scène de Runhild Gammelsaeter, anciennement vocaliste de Thorr’s hammer et actuellement chez Khlyst aux cotés de James Plotkin (le monde est petit…). Dans la lignée de ce que la demoiselle pratiquait déjà en 1995, sa participation, relativement anecdotique, consiste en un chant traditionnel norvégien passé à la moulinette noise juste avant que le groupe n’amorce une série de riffs d’infra basse proprement dévastateurs. Relativement rapide pour du Sunn0))), et doté d’un son d’une profondeur abyssale, « The gates of Ballard » préfigure assez bien de ce que pourrait donner une tentative de concevoir un tube de l’été pour Grands Anciens en vacances entre deux plaques tectoniques… sympathique. Le dernier titre, et le seul à être dépourvu de vocaux, emmène de nouveau le groupe dans des espaces plus aérés, voir même limite Ambient. Sunn0))) joue ici beaucoup plus sur la dissonance et un coté faussement calme, développant un aspect inquiétant qui conclut parfaitement l’album, tout en ouvrant la voie vers son successeur enregistré simultanément. Au final, les trois titres qui composent ce disque permettent au groupe de développer de nouvelles atmosphères, grâce à ces incursions inattendues vers d’autres styles, et constituent à ce jour le meilleur album du groupe. Une démarche remarquable pour un résultat qui l’est tout autant, la note s’impose d’elle-même… Note : 6/6 Page 120/149 THE CREATURES : A bestiary of Chronique réalisée par Twilight En 1981, Siouxsie and the Banshees enregistrent l'album 'Ju Ju'. Partant d'un rythme non utilisé, la diva décide de former avec son batteur de (futur)mari un projet principalement axé sur la batterie et s'inspirant d'éléments et de structures tribales. The Creatures sont nés. Un premier mini de cinq morceaux sort en septembre de cette année-là qui inclut notamment une reprise de 'Wild thing' entièrement écrite sur la voix et les batterie. Bugie s'en donne à coeur joie: roulements tribaux, usage d'un large panel de percussions, rythmes fouillés...Deux ans plus tard, le duo va plus loin en sortant le LP 'Feast' où il s'inspire des percussions hawaïennes. L'aspect mystique, presque vaudou de leur musique éclate totalement; en prêtresse de la cérémonie, Siouxsie excelle et charme par son chant envoûtant. Un single, 'Right now', sera encore produit fin 1983. Le projet sommeillera jusqu'en 1989 où The Creatures enregistreront leur album 'Boomerang' où ils intégreront quelques cuivres. Cette tendance à intégrer d'autres éléments va se préciser, The Creatures devenant le projet principal de Siouxsie et Budgie, la carrière des Banshees arrivant en fin de course. Cette compilation réunit l'esprit original de The Creatures soit les pièces capturées entre 1981 et 1983; une belle occasion de découvrir la genèse de ce projet original qui confirme si besoin est la place à part de ces deux musiciens dans la scène underground british.4,5/6 Note : 4/6 Page 121/149 WRIGHT (David) : Walking with Ghosts Chronique réalisée par Phaedream Pour quelques soit disants connaisseurs, la musique de David Wright n’est que du New Age. Comme quoi il serait impossible, voire impensable de faire de la musique harmonieuse et mélodieuse sans se faire étiqueter de ‘’Nouvel Agiste’’. Des œuvres aussi émouvantes que Voices et The Songs Of Distant Earth ont été, à tort, cataloguer comme étant du New Age, alors que ce sont tout simplement des bijoux de tendresse. Walking with Ghosts fait partie de ses œuvres mythiques qui surpasseront l’usure du temps. Un authentique classique de l’ère moderne. Un synthé strident ouvre Going Down, dont les réverbérations s’étirent en boucles fines, inondant des voix à peine audibles dans une atmosphère lourde. Une intro ténébreuse qui est fortement secoué par les vives percussions de A Certain Malaise, qui ouvrent les valves d’un rythme plus intense. Les 5 premiers titres forment une pièce à saveur western galactique sur la superbe guitare de Bil Kibby, des percussions claquantes et un synthé aux strates onctueuses, qui flottent à contretemps. Une guitare nasillarde se fond sur un séquenceur stroboscopique dans Road To Nowhere, où la guitare d’Andy Lobban reprend la thématique mélodieuse, sur des percussions aux sonorités glaciales qui se répercutent en écho sur un rythme galopant, un synthé spectral et séquenceur syncopé, doublé d’une ligne synthétisée. Midnight in the Shadow of Temptation and Delight ralenti la cadence avec une atmosphère flottante et une guitare ‘’bluesy’’. De belles nappes planantes berce les cris d’une guitare solitaire, croisée d’une basse progressive qui revampe le rythme pour Return Of The Nomad Un titre nettement plus intense, avec de furieux solos de guitares sur des belles strates flottantes et des percussions délirantes. Une entrée percutante où les 17 minutes roulent à un train d’enfer. Beyond Paradise et Night Moves sont 2 titres d’un magnétisme suprême. Une superbe mélodie sur un synthé aux souffles harmonieux qui multiplie les boucles valsantes sur un thème arrache cœur, à fendre l’âme. Les nappes mellotronnées soulèvent l’épine dorsale et nous arrache les soupirs des faibles, tout en nous picotant le bout du nez. Si vous avez le cafard, c’est le genre de douceur à vous faire verser les larmes. On croit avoir atteint le paroxysme de la sensibilité, lorsque qu’un saxophone nous balance un souffle spectral à faire ravaler nos soupirs. Même mon caniche en crève. Une ballade qui vous virent à l’envers. Absolument sublime. Après ce passage déchirant d’émotions, nous entrons dans la phase atmosphérique de Walking with Ghosts, avec Darklands. Un beau piano, enveloppé d’un synthé aux strates violonées, nous sert de guide. Mélodieux et minimalisme, il percute doucement des effets sonores étranges, comme si un monde parallèle suivrait cette marche nostalgique. Les soupirs synthétiques embrassent une invisible liaison où le violon fantomatique de Ciona Lee croise la guitare d’Andy Lobban sur Flame Sky. Un titre très atmosphérique aux étranges percussions orientales sur un tempo absent. Une guitare soporifique nous accueille sur No More Angels. Un titre lent qui se dandine sur des strates violonées avant de s’évaporer sur un suave mellotron, qui se berce sur un piano dubitatif et un sax solitaire, qui terrent leurs solitudes sur le retour des strates indécises. Too late now! conclut cette portion dans un nuage de nébulosité croissante, ouvrant la porte à Walking With Ghosts, la pièce titre. Des cris d’oiseau et des cloches d’église pavent la voie à un piano mélodieux qui enchante par sa netteté et sa sonorité classique. Tissé à l’ombre d’un synthé aux sombres sonorités, cette superbe sérénade musicale coule Page 122/149 avec une délicate harmonie aux chœurs célestes et angéliques. Le rêve s’arrête brusquement pour embrasser une séquence syncopée où les orchestrations s’enroulent sur une guitare aux allures Mexicaines et une basse ondulante. Un rythme mouvementé qui s’épuise sur les cordes usées d’une guitare anorexique et une ondée qui croise la divinité du piano mélancolique à la mélodie rosée qui nous introduisait à cette marche auprès des fantômes. Nous les entendons, se lamenter sous les faibles réverbérations du piano qui s’effrite dans les bras d’une harpe serpentine. Un passage obligé pour atteindre une douce finale qui nous arrache de notre rêverie sur un tempo animé. Une finale aux grosses orchestrations qui fait de cette marche avec les fantômes, la plus belle des promenades. Et si, en lisant cette chronique, vous n’avez pas compris que mes oreilles ont croisées un pur chef d’œuvre, vous n’avez rien compris. Note : 6/6 Page 123/149 DODHEIMSGARD : Supervillain Outcast Chronique réalisée par Powaviolenza Dire que j'attendais "Supervillain Outcast" avec impatience serait un doux euphémisme... Les écoutes de "Satanic Art" et "666 International" s'était avérées plus que traumatisantes - le genre d'expérience sonore dont on ne revient pas vraiment indemne. C'est après huit longues années d'absence que DHG sort cet album dont j'attendais énormément, avec l'espoir de me reprendre une baffe aussi grosse qu'avec leur deux précédents chef-d’œuvres. Autant le dire tout de suite : sur ce point de vue, c'est raté. Pourtant, les multiples previews m'avaient franchement donné envie : les énormes "Vendetta Assassin" et "All Is Not Self" laissaient espérer quelque chose de vraiment énorme (normal : ce sont parmi les deux meilleurs titres de l'album), et la rehearsal qui tournait sur internet était absolument terrible - peut-être mes oreilles s'y sont-elles d'ailleurs trop accoutumées, car maintenant je préfère presque son écoute à celle de l'album final... C'est dire. Car entre les versions instrumentales sales et hargneuses de la rehearsal et "Supervillain", il faut croire que Vicotnik a fait une cure de javel. Ce disque sonne gros, formaté, homogène : le son est absolument énorme, calibré au poil pour cartonner du début à la fin. Putain, cette batterie plastique, cette voix en avant... On dirait presque du Zyklon, ça donne un côté très death froid et carton, au détriment de la folie moderne de "666 International" et de la crasse de "Satanic Art"... Mais DHG n'est pas un groupe qui stagne : il était inutile d'attendre une quelconque redite. Ici, le line-up a perdu deux de ses principaux atouts : Zweizz et Aldrahn, remplacés par l'inconnu Mort et l'anglais Kvhost (Void / Code). Le son DHG s'en trouve donc logiquement changé : à l'image du mix, "Supervillain Outcast" est un album très metal ; froid, propre, efficace. Je dois dire que même si la personnalité de Mr Svein Egil n'est plus là (adieu les magnifiques interludes de piano Erik Satien, adieu les traitements sonores industriels qui faisaient la spécificité et l’immense charme de "666 International"), l'électronique a perdu au change mais ne s'en sort malgré tout pas trop mal, tout en orientalisme et en classe - avec discrétion, peut-être trop. Pour ce qui est du chant, Aldrahn avait lui aussi une personnalité énorme : Kvhost n'a sûrement pas sa carrure mais s'en sort relativement bien dans le même registre, tout en rajoutant son chant clair Codesque ici et là ("The Snuff Dreams Are Made Of", "All Is Not Self", les interludes acapella classieux). Malheureusement, il passe plus de temps à imiter son illustre prédécesseur qu'autre chose (qui l'épaule d'ailleurs discrètement sur "Foe X Foe" et l'énorme "Ghostforce Soul Constrictor"), sans pour autant faire preuve de la même folie : le mimétisme avec Aldrahn se fait même souvent franchement agaçant. Pour ce qui est de la partie instrumentale, Czral nous livre ici sa dernière performance à la batterie avant sa paralysie : fidèle à lui même, ultra-brutal (les blasts sont vraiment rapides) et précis mais tout en finesse. Quand aux harmonies de Vicotnik, elles n'ont rien perdu de leur personnalité, toujours distillées avec classe sous formes d’arpèges bandants / riffs qui n'en finissent plus. L'alchimie si spéciale du duo Czral / Vicotnik est donc heureusement bel et bien présente en filigrane, mais cela ne fait pas tout ; si "Supervillain Outcast" est indéniablement un album bien au dessus de toute la masse des sorties, il n'en reste pas moins que c'est un album vraiment moyen de DHG à mes yeux. En perdant la folie des deux précédents albums pour se concentrer sur un (black) metal plus puissant et accessible, DHG ont pondu des morceaux aux riffs pas forcément inoubliables au feeling niais rockisant et dansant ("Foe X Foe", "Unaltered Beast" / "Apocalypticism" ou encore l'outro ridicule "21st Century Devil") qui me gâchent inévitablement le plaisir de l'écoute, et au final, me taper ce disque en entier m'agace. Le cynisme et l'excentricité laissent trop souvent place à la niaiserie, la sauvagerie Page 124/149 malsaine à la brutalité froide et calculatrice, et mon plaisir d'écoute pur au scepticisme et à la critique. Comme dit plus haut, certains morceaux sont vraiment terribles, mais seulement la moitié de l'heure m'accroche réellement, sans pour autant me faire juter as fukk. Ce que l'entité DHG gagne en homogénéité et en efficacité, elle le perd en impact final : "Supervillain Outcast" ne fourmille pas de détails bandants comme a pu le faire "666 International", album parfait, varié mais sans aucun temps mort. J'en attendais sûrement trop, et nul doute que ce disque plaira aux gens plus objectifs que moi qui sauront faire abstraction du passé, et à tous ceux qui découvriront DHG avec cet album. Mais celui-ci ne me laissera définitivement pas un souvenir inoubliable. Un groupe aussi traumatisant que DHG n'avait tout simplement pas le droit à l'erreur, et "Supervillain Outcast" n'est un disque qu'à moitié réussi, et à l'arrière-goût tenace d'aseptisé. Note : 4/6 Page 125/149 PLAYING ENEMY : I Was Your City Chronique réalisée par Powaviolenza Ce n'est pas cet album des Playing Enemy qui va faire baisser mon taux de bonnes notes... Formé par des ex-Kiss It Goodbye, Rorschach et Deadguy, ce groupe troue littéralement le cul. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'écouter leur premier album, mais "I Was Your City" est absolument exceptionnel en tous points techniquement et émotionnellement parlant. Playing Enemy, c'est une batterie épileptique et complexe sans être tape-à-l’œil, puissante et jazzy. C'est aussi une basse virevoltante omniprésente pleine de feeling couplée à des riffs dissonnants / noisy totalement jouissifs qui pourront vous évoquer Today Is The Day, Virus / Ved Buens Ende, Voivod, Slint, Tusk, Dazzling Killmen ou encore Botch, surplombés par la voix écorchée vive semi-hurlée parfois chantée de Demian Johnson. C'est des morceaux passionnants et hantés bourrés de feeling, tels que les géniaux "Skoda" ou "Angels In A Trailer", mais tout est bon dans "I Was Your City", véritable masse sonore sans réel point mort ou morceau moins bon que les autres – torturée mais malgré tout rock’n’roll et entrainante. C'est aussi et surtout une ambiance tangible, suffocante et poisseuse au possible digne d'un Gorguts (la ressemblance s'arrête là), tout en étant suffisamment belle et triste pour ne pas être que bêtement malsaine. Conclusion : "I Was Your City" est un album exceptionnel et unique à la production parfaite de Matt Bayles (Isis, Mastodon, Botch, Pearl Jam, blablablabla…) d'obédience années 90 que je ne peux qu'ardemment conseiller à tous les amateurs de hardcore complexe et subtil harmoniquement, de metal différent d'obédience Voivod-esque et de noise-rock crade qui seraient passés à côté en 2005 comme j'ai pu bêtement le faire, les loupant alors qu'ils jouaient à soixante ridicules petites bornes de chez moi. Je ne sais pas ce qui me retient de coller un 6/6 à cet album, si ce n'est que je n'ai pas encore pu appréhender le reste de leur discographie - comment savoir si "I Was Your City" est réellement leur chef-d’œuvre? En tous cas, ils viennent visiblement de sortir un nouvel album, que je vais m'empresser d'écouter. 5,5/6, peut-être temporaire. Note : 5/6 Page 126/149 REMY : Different Shades of Dust Chronique réalisée par Phaedream Je sais un autre 5, mais que voulez-vous? Quand c'est bon, c'est bon et quand c'est pas bon j'écoute pas. Mais je vous promet de me taper un navet prochainement. Voici tout un album pour amateurs de Klaus Schulze, des années 1990 à 2000, Remy Stroomer est un artiste à investiguer. Different Shades of Dust est un monument musical qui s’inspire des rythmes à la fois groovy et ambiant de Schulze, mais avec une folie incandescente, que l’on ne retrouve sur aucune œuvre de l’inspiration de Remy. Contrairement à Schulze, Remy ne perd pas de temps et initie une superbe séquence aux accords exigus, formant un contretemps échotique. Une fine ligne de basse se moule au mouvement qui prend de l’ampleur sur un léger synthé carillonné. Habilement, le synthésiste Hollandais joue avec sa structure, modifiant sa courbe par de belles nuances modulaires qui s’harmonisent sur des changements de tonalités et d’accords, à l’ombre d’un synthé discret qui s’implante de plus en plus. Les percussions s’amènent, modifiant la sensualité cadencée par des frappes secs et pesantes, sur des accords staccato qui s’enroulent autour des frappes percutantes et résonnantes. Un superbe morceau, au-delà des bons moments de Klaus Schulze. Tout simplement divin. L’intro de Shades in Darkness épouse un mouvement hard techno sur des synthés souples, aux souffles cristallins. Les solos sont sinueux et s’enroulent autour d’un mouvement séquentiel harnaché par des percussions vives. Vers la 10ième minute, le tempo modifie sa course sur un mouvement linéaire, guidé par une structure de basse et des percussions aux balans hypnotiques. La basse grenouille sur des percussions styles claquettes où un sombre mellotron tapisse un univers dense inondé de fins solos. La dernière portion est sublime avec ses strates violonées, sur un beat hypno techno, qui frappe avec force et résonance, sous une tempête magnétique teintée de solos audacieux. Une marche synthétique lente, aux pas hésitant, ouvre Moving through Dust, un titre à mi chemin entre la pièce d’ouverture et Shades in Darkness. Les chœurs mellotronnés couvrent cette douce procession qui progresse sur une séquence basse aux accords tortueux, avec des notes qui s’étirent sur un synthé onctueux, mi groovy mi ambiant. Une intro pleine d’atmosphère où le tempo s’active et gagne en puissance sur un synthé sinueux, aux solos vrillants, et des percussions aux martèlements secs. Les solos sont pénétrants, violents sur des frappes démentielles alors que le mouvement s’active et déborde sur un rythme infernal. Une virée synthétique démentielle rejointe par les cordes amères d’un cello inattendu. Shades in Darkness se calme sur des poussières synthétiques, avant de répandre un tempo infernal, pour renouer avec la finesse d’un synthé aux sonorités astrales qui s’éteint sans vraiment vouloir connaître sa fin. Klaus Schulze revu et corrigé? C’est un peu ce que nous offre Remy Stroomer. Different Shades of Dust est plus qu’une copie de Schulze. C’est une œuvre hallucinante que le maître Allemand n’a jamais osé offrir. Des rythmes violents, assommants sur des solos hautement corrosif qui gruge les tympans avec une force inouïe. Un album purement électronique d’une vitalité incroyable qui nous laisse bouche bée devant une tornade musicale démentielle où la mélodie est remplacée par l’audace. Un album à posséder absolument. Note : 5/6 Page 127/149 SAEL : Océan Chronique réalisée par Iormungand Thrazar « Océan » est le premier mini cd du groupe français Sael, sorti sur un jeune label français Pictonian Records. Nous avions connu Sael à travers leur démo « Moonlit mutialtion » et un split ep avec le groupe finlandais Azaghal paru en 2004 et il était temps pour le groupe de nous proposer un enregistrement plus conséquent. D’une durée légèrement supérieure à trente minutes, ce mini cd comporte quatre titres pour un black metal à plusieurs facettes. Sael alterne sans difficulté entre passages rapides avec blasts et moments plus mid-tempo où une véritable atmosphère se met en place. A ce titre, le premier morceau du disque, « Océan », représente bien la capacité de Sael à varier les mouvements et à proposer un matériel de qualité, à la fois mélodique (avec un passage acoustique et des chœurs efficaces également), violent et enlevé. La production est bonne, l’interprétation instrumentale l’est tout autant. Violent et chaotique, le début de « Ivresse de lune » l’est sans conteste, le batteur martèle ses fûts à ne plus savoir où il habite. Cependant, la suite du morceau, bien que toujours aussi enlevée au niveau du tempo, présente quelques riffs bien efficaces, ne perdant rien de l’aspect mélodique que le groupe met en avant à travers ces quatre compositions. Le troisième morceau instrumental m’a tout de suite fait penser à du Satyricon époque « Nemesis divina » de par ses riffs, l’introduction notamment. Le solo qui met un terme au morceau est de qualité. « Un cri dans l’éternité » clôt le disque, on remarque une très bonne ligne de basse et une section rythmique dans sa globalité très à l’aise d’ailleurs. Une bonne surprise que ce premier mini cd de Sael donc. Le groupe était plus ou moins tombé dans les oubliettes du fait du temps qui s’est écoulé entre le dernier split ep et cet enregistrement mais cet écart fut salutaire dans la mesure où « Océan » est un bon disque, solide, travaillé et fier. Hâte d’entendre la suite… Note : 4/6 Page 128/149 FORGOTTEN WOODS : The curse of mankind Chronique réalisée par Iormungand Thrazar Deuxième album de Forgotten Woods, successeur du mini cd « Sjel av natten », « The curse of mankind » paraît en 1996, toujours chez No Colours Records. Le groupe norvégien nous propose cette fois-ci six titres très longs dépassant allègrement les dix minutes, mis à part l’instrumental «With swans I’ll share my thirst » qui compte plus de quatre minutes au compteur, seulement, je serais tenté de dire. Le groupe continue dans la lignée de « As the wolves gather », c’est à dire un black d’obédience mid-tempo, très mélodique, avec un chant criard qui a perdu un peu de son écho si particulier du premier album. Cependant, Forgotten Woods pousse l’ensemble à son paroxysme avec « The curse of mankind ». L’album est plus varié, plus dense, plus riche en textures . On ressent bien l’expérience acquise par la formation, l’opus sonne moins basique que «As the wolves gather ». A ce titre prenons par exemple « My Scars Hold Your Dreams », véritable chef d’oeuvre de plus de treize minutes : après une introduction en douceur, le groupe accélère le tempo pendant quelques instants avant un superbe break dans lequel la basse annonce son omniprésence dans l’album. Ce titre est vraiment représentatif de la qualité du groupe : les tempos sont variés avec des transitions remarquablement bien amenées, tous les instruments sont en avant, la voix est à son top. Que dire également de « The Starlit Waters / I, The Mountain » qui frôle les vingt minutes, tout simplement dantesque. Le break acoustique est superbe, les choeurs le sont également. Afin de faire respirer ces longs titres, Forgotten Woods nous offre un break d’une qualité tout aussi excellente avec « With Swans I'll Share My Thirst » : un titre instrumental très rock et planant, inspiré, diaboliquement efficace. L’harmonica à la fin amène un plus indéniable au morceau, vraiment une réussite pourtant c’était risqué. « Den ansiktslose » débute par un riff glacial puis se transforme en hymne à la noirceur avec encore une fois la présence primordiale de la basse et des vocaux superbes. « The velvet room » conclut ce deuxième opus du groupe norvégien. Il n’y a pas une faute de goût sur cet album énormément travaillé, mature et efficace. L’atmosphère est superbe et s’installe au fil des écoutes puis finit par vous coller à la peau. Il est indispensable au même titre que « As the wolves gather », possiblement encore plus d’ailleurs. Disons que cet album est moins primitif et basique dans sa conception que le premier album (qui n’en reste pas moins superbe) et qu’il nous permet d’entrevoir la quintessence de Forgotten Woods. Tout simplement magnifique, un chef d’oeuvre intemporel qui n’a pas pris une ride en dix ans. Note : 6/6 Page 129/149 VENETIAN SNARES : 2370894 Chronique réalisée par dariev stands Déstructuré, voilà le maître mot qui s’impose à l’écoute de cet album ! Sans dessus dessous ? C’est encore un euphémisme pour décrire ce tas de ferraille entremêlée, cet amas de détritus multicolores et déchiquetés. A l’image de la toujours aussi glauque pochette, ce disque semble avoir été trouvé dans une décharge, d’où son aspect défectueux et puant. Regardez au verso et vous comprendrez mieux le malaise induit par ce téléphone « fondu » par la chaleur. Cauchemar d’enfant ou bien au contraire délire de gamin sadique ? Aaron Funk est-il un esprit candide et torturé à la Aphex Twin ou bien un sale gosse cruel ravi de sa blague ? Car après le sadisme des marteau-piqueurs gabber, c’est dans une informe chambre d’enfant que nous invite le Canadien, histoire de trébucher parmi les jouets éparpillés d’une anarchique façon, ce qui n’est pas moins impitoyable. Ici un saxo, ici la ligne de basse de Stand by me, ici un bout de dub, et partout un conglomérat incommensurables de beats fragmentés, recollés à la hâte dans le désordre le plus total. 2370894 ressemble vraiment à un album balancé comme ça pour le fun. Et pourtant, il est le deuxième volet d’une trilogie qui commence avec « Higgins Ultra Low Track Glue Funk Hits 1972-2006 » et s’achève avec « Winter in the Belly of a Snake ». « Twisting Ligneous », le sommet du disque est décrit par Funk comme « Lee Perry forçant Stockhausen et Squarepusher à faire des choses en leur administrant des lavements au fioul ». Les titres de morceaux révèlent souvent l’humeur du canadien au moment de les composer : « 2 Dollars » est un fascinant succédané de désuétude et de nausée, avec son piano dissonant et ses samples free jazz, qui donnent l’impression d’écouter un pilier de bar nous raconter ses déboires dans une ambiance indescriptible. Autre morceau génial, « British IDM Preset … » une parodie d’electronica anglaise, comme son nom l’indique… Quant à « Fuck Toronto Jungle »… Reste quelques écarts stylistiques qui dévoilent l’incohérence de cet album : le depressif « Nobody Really Understands Anything » (encore un titre éloquent), qui reprend le « Please let me get what I want » des Smiths dans un contexte breakcore, l’interlude noise/metal « Sybian Rock » ou encore le bien cinématographique « Stamina » avec Cex ( autre légende de l’électro outre-atlantique, fou lui aussi), qui n’aurait pas dépareillé sur « Rossz… » Note : 3/6 Page 130/149 FANGER & SCHONWALDER : Analog Overdose 3 Chronique réalisée par Phaedream Enregistré au Satzvey Castle en 2003, ce 3ème volet de la série des Analog Overdose est un rendez-vous musical inaccoutumé. Une fusion entre les rythmes hypnotiques et ‘’groovy’’ de Fanger & Schonwalder et les structures psychédélico progressives de Klaus Hoffmann-Hoock. Un mélange savoureux au résultat étonnant. Au travers les percussions éparses, un synthé au bourdonnement lourd et flottant étale ses strates intenses pour ouvrir Hall of the Bourbon Lillies Part I. Une belle ligne de basse percute les couches flottantes, formant un beat moulant, qui se mute en percussions séquencées, appuyées de cymbales volages à l’esprit errant. Une intro de percussion qui anime un tempo sautillant et nerveux, percé de stries synthétiques, aux solos bouclés. Pas vraiment atonique, ni très rythmé, Hall of the Bourbon Lillies Part I prend une ampleur plus musclée vers la 11ième minute. Les percussions sont plus incisives et massives et un séquenceur hachuré maximise cette pression de coups percutants, sous forme d’une percussion séquencée qui roule comme des billes dans un boulier, créant un effet échotique fort attrayant. Le tout est nappé de superbes solos. Hall of the Bourbon Lillies Part II épouse un mouvement funky jazzy, avec des notes grasses et un fin rythme disco en arrière plan. Des accords sautillants gambadent sur cette structure, qui trouve une équilibre sur de soyeuses nappes synthétiques flottantes. Un beau titre plutôt ‘’lounge’’. La 3ième partie présente un mouvement fluide, dribblé de notes sautillantes. Une belle couche de mellotron et un synthé/guitare survolent ce départ, que l’on sent et que l’on sait frénétique. Les percussions allument un rythme qui devient de plus en plus enflammé, dans un désordre cacophonique strié de sonorités aigues de la six cordes de Klaus Hoffmann-Hoock et une séquence minimalisme. Tout un moment où l’on assiste à un croisement entre Mind Over Matter, Manuel Göttsching (sur E2-E4) et Fanger Schonwalder. Les superbes solos bouclés défilent avec ardeur, avant de tomber dans une atmosphère planante, où les lamentations de la guitare électronique se fondent avec tendresse sur les notes suspendues d’un synthé soporifique. Bar Liquid continue sur l’approche très progressive de Klaus Hoffmann-Hoock sur les rythmes et séquences minimalismes de Fanger Schonwalder. L’intro est plutôt hypnotique avec de belles percussions manuelles, style bongo, sur des solos qui s’entrecoupent et s’entremêlent, dans un univers très électronique. L’union est sublime et graduellement les solos de KHH sont plus mordants et roulent sous de belles nappes mellotronnées, ainsi qu’un synthé sifflotant. Un titre qui se replie sur ses accords, sans vraiment exploser. Avec Analog Overdose 3, le duo berlinois continue d’étonner en laissant une énorme place à la créativité de leur invité. La présence de Klaus Hoffmann-Hoock amène un côté rebelle et désordonné, unique à Mind Over Matter, qui complète à merveille la fluidité électronique de Thomas Fanger et Mario Schonwalder. Deux artistes qui n’ont pas peur d’aller là où d’autres refusent même d’y penser. Note : 4/6 Page 131/149 I KILLED THE PROM QUEEN : Music For The Recently Deceased Chronique réalisée par Powaviolenza Pour cette 60ème chronique, on va fêter ça en s'occupant de l'album de I Killed The Prom Queen, youpi ! Sous ce nom de merde se cache... un groupe de metalcore de merde, des petits merdeux australiens avec des gueules de minets de merde plein de mascara de merde et de tatouages de merde. Le son est énorme (made in Fredman), la technique est cool (avec des solos, deux trois petits blasts, bref rien de bien méchant), mais tout le reste : c'est de la... merde ! Riffs téléphonés merdiques entendus 401924 fois inspirés At The Gates (un peu) / Dark Tranquillity (surtout) mixés avec de la merde emo / mosh / cliché comme on en a entendu à la pelle ces trois dernières années. Tout ça a du faire mouiller bien des ficelles, surtout que c'est sponsorisé par VAN'S (super non?). HEUREUSEMENT, la mode est passée, I Killed The Prom Queen ont splitté et je crois que c'est un des derniers promos de metalcore de merde que je vais devoir me taper ! ET LA MERDE CA FINIT OU? Aux toilettes, ou à la poubelle. Hop ! 40 minutes de pur bonheur... Note : 1/6 Page 132/149 THE DEVIL WEARS PRADA : Dear Love : A Beautiful Discord Chronique réalisée par Powaviolenza Suite et fin des promos Golf Records ! I Killed The Prom Queen était de la merde : The Devil Wears Prada a l'apparence de la merde, le goût de la merde, l'odeur de la merde... Mais ce n'est pas de la merde à 100% : tout n'est pas totalement à chier dans cette galette. Si I Killed The Prom Queen faisait vraiment dans le cliché le plus total et le plus éhonté, The Devil Wears Prada le fait aussi mais avec un tout petit peu plus de recherche. Déjà : il y a des claviers, oohhh... Ensuite : ils sont chrétiens, ouais super (je cite les remerciements : "First and foremost we would like to thank God, for all the talents and abilities he has blessed us with." : mouhahahaha) : j'ai rien contre ça (rappellez vous, j'avais kiffé le dernier Zao), mais les paroles sont vraiment hilarantes. Bon musicalement aussi, c'est un peu moins "metal de base" : y'a pas mal de riffs (parfois pas trop catastrophiques), c'est un p'tit peu destructuré, à l'image de groupes comme A Black Rose Burial... Ce qui ne sauve ce skeud en rien : ça ne suffit pas à faire oublier les clichés omniprésents, de la voix ridiculissime (qu'elle soit claire ou hurlée) aux harmonies aseptisées (SAUF "Who Speaks Spanish, Colon Quesadilla", qui sous son nom pourri cache la meilleure compo du skeud). Chugga-chuggas & molesse sont au rendez-vous : à moins que vous ne possédiez l'intégrale de Bleeding Through et toutes les raretés de Funeral For A Friend, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait attirer le lectorat Gutsien chez The Devil Wears Prada... Allez, 1,5/6, je suis sympa non? Note : 1/6 Page 133/149 BAK XIII : Vae Victis Chronique réalisée par Twilight Franchement ça me fait plaisir, ce troisième album de Bak XIII est une nouvelle réussite. Opus après opus, le duo suisse affirme sa patte, à savoir être capable de manier avec brio tous les genres d'électro sombre. Sur 'Morituri te salutant', le duo avait osé l'émotion, c'est à nouveau le cas ici alors que paradoxalement, il semble avoir insisté sur l'aspect clinique du chant et la froideur du son. Les influences de la deutsche Welle, des déclinaisons les plus froides de la new wave et l'aspect psychotique de l'EBM belge sont sans cesse présentes sans passéisme mal venu, les sons étant résolument contemporains. A la touche glaciale de l'éléctronique se greffe la colère de la guitare sur certains titres, notamment 'Brother of the coast' qui se détache nettement de par son côté lourd, rageur, presque indus. Sinon la programmation de 'Welcome to the void' m'évoque une version épurée et médicale de Das ich, 'Lady Strange' a une touche synthie pop sympa, 'Media control' mêle beat glacé à la DAF avec des touches plus agressives et Bak XIII s'autorise même des échappées vers une forme de techno intelligente et planante ('Spiegeltanz' remixé par Plastique de rêve). 'Vae Victis' n'a pourtant rien d'un disque décousu, ceux qui connaissent les travaux du groupe savent qu'il a toujours refusé de se limiter à un style et qu'il a suffisamment de talent pour se permettre une telle démarche.4,5/6 Note : 4/6 Page 134/149 CARPATHIAN : Nothing To Lose Chronique réalisée par Powaviolenza Quelle feinte ! Hé non, The Devil Wears Prada n'était pas le dernier promo Golf Records dans ma petite besace Golf Records qui m'a l'air d'avoir exclusivement le pire du hardcore moderne dans ses groupes signés, et au site dont le design me rappelle étrangement celui de Candlelight : les deux labels semblent étrangement liés, outre la distribution Plastichead... Glauque, non? Passer de Emperor à Drop Dead Gorgeous... Bref. Carpathian donc, Australiens tout comme leurs petits camarades merdeux de I Killed The Prom Queen. Ici, le metalcore proposé est toujours aussi bateau, mais plus hardcore que metal : on navigue ici entre une sorte de Hatebreed impuissant croisé avec un Walls Of Jericho tout mou et un positivisme punkoïde sous-jascent tout droit sorti de Comeback Kid, sans la classe. C'est efficace mais mou, vu et revu, bref on s'ennuie à mourir et ça ne s'emballe jamais : heureusement ça ne dure que 25 petites minutes. Le genre de truc super moshant qui marche à tous les coups en concert (et encore...), mais qui passe super mal une fois gravé sur skeud... Bref, le gros son, la grosse voix, les grosses couilles et les gros muscles ne font pas tout, messieurs : un peu d'originalité dans le schmilblick ne pourrait pas vous faire de mal, un peu d'ambiance aussi... Coupez MTV, quittez Golf Records, réenregistrez nous un skeud un peu moins formaté qui méritera un peu plus que 2/6 et je suis sûr que Carpathian pourrait devenir agréable à l'écoute ! Note : 2/6 Page 135/149 IT PREVAILS : The Inspiration Chronique réalisée par Powaviolenza Le metalcore, chez Golf Records, quand y'en a plus... Y'en a encore ! En fait, It Prevails utilise presque la même formule que Carpathian, en moins bateau / chugga-chugga / 50 breakdowns par morceaux. On assiste ici une fois de plus à un accouplement Comeback Kid / Hatebreed / Shai Hulud / emo des familles, plus ou moins réussi, bien produit et joué. Très vite chiant aussi, toute cette positive attitude riffistique écoeure rapidement. La voix à la Jamey Jasta ultra-monocorde aussi. Tout comme I Killed The Prom Queen et Carpathian, aucun morceau ne sort réellement du lot, c'est trop peu entrainant, les clichés fusent, et on se demande comment Golf Records trouve le courage de dépenser autant de thunes pour des groupes aussi communs qui sont déjà tous passés de mode en 2007. Zzzz... Note : 2/6 Page 136/149 TRESPASS : Symptoms of reality Chronique réalisée par Twilight Trespass est un groupe qui progresse sans cesse; déjà leur démo 'Death wave' qui en incluait en réalité deux nous montrait une formation digérant progressivement ses influences, affirmant sa maturité et son style au fil des compositions (et des changements de line-up). 'Symptoms of reality' enfonce le clou définitivement, à croire que le (désormais) duo n'a gardé que ses meilleures chansons pour les travailler jusqu'à obtenir le bon son. Les éléments qui se révèlent d'emblée sont la qualité des mélodies et les arrangements; Trespass parvient à obtenir cette touche mélodique soignée que l'on trouve chez London after Midnight (comparaison renforcée par l'excellent travail des claviers et le feeling général). Le son des guitares pioche du côté d'un deathrock soft, presque mélancolique, qui se place en parfaite adéquation avec les nappes de synthés (écoutez donc 'Toxic flows' ou 'To the seventh sky'); vocalement, on oscille ente une sorte de sensualité grave et une forme de tristesse déséspérée selon les chansons. C'est là sans doute la clef de cette atmosphère à la fois sombre et planante, triste et passionnée, qui sert de fil conducteur au long de ces onze plages. Avec un tel disque, le duo français s'affirme comme un espoir sérieux de la scène gothique française, qui plus est dans un registre peu courant dans l'Hexagone. Note : 5/6 Page 137/149 MEDIAVOLO : A secret sound Chronique réalisée par Twilight D'après mes sources, 'A secret sound' serait déjà le troisième opus des Brestois de Mediavolo, c'est dire si nul n'est prophète en son pays...Toujours est-il que voilà un bel album qui réveille le spectre des 80's à coup de guitares planantes, de sonorités aériennes mais également de touches plus appuyées rythmiquement ('Human and live', 'Misunderstanding') évoquant des échos de Slowdive, un monde au croisement de la pop et d'une cold wave soft fortement influencé par les Cocteau Twins, Dark Orange ou Love Spiral Downwards. La réussite du duo est selon moi d'avoir su conserver une forme d'immédiateté dans sa musique évitant de s'engluer dans des méandres trop heavenly, pareil pour le chant de Géraldine qui sait se faire envoûtant sans perdre un certain charme pop. L'univers de Mediavolo est résolûment féérique et pétillant mais avec un regard grave qui explique probablement le feeling de tristesse qui se dégage parfois ('Hollow of you', 'Dripping mind'). Il faut aussi préciser que le groupe n'est pas né de la dernière pluie et qu'il connaît son affaire d'où cette maturité adulte qui sait éviter avec talent l'écueil de la copie et du mièvre...et puis, cette pochette est adorable !4,5/6 Note : 4/6 Page 138/149 NUMAN (Gary) : Exile Chronique réalisée par Twilight Pour la première fois, on ne voit pas sa tête sur la pochette, juste ses yeux cerclés de noir...A lire les titres ainsi que le nom du disque, on comprend vite que Gary revient de loin. Notre homme s'est en effet accroché comme un beau diable pour conserver une popularité qu'il n'a cessé de perdre au cours des 90's. Pourtant, comme chacun le sait, c'est dans la chute que se révèlent les grands personnages et notre Anglais en est un. Ayant compris que plus jamais il ne regagnerait sa place dans les hit-parades, il décide donc de se lâcher, de ne faire plus que la musique qu'il aime, de laisser éclater totalement la part de noirceur qui a sans cesse baigné son oeuvre et ainsi naquit 'Exile', un disque organique, intime et obscur, bien loin de la froideur clinique des débuts et du punch de la période 80's. Les lignes sont lourdes, pesantes, sur lit de beats mid-tempo, de guitares rampantes, de sonorités nocturnes. On songe parfois à Depeche Mode ('Innocence bleeding', 'Absolution', 'An alien cure') en plus menaçant mais le propos dégage souvent une touche musicale faussement agressive ('The angel wars', 'Dominion day'...). Un autre point intéressant est le chant; il a quelque chose de profondément triste, une sorte de douceur fatiguée presque effrayante (' The angels wars'). Gary Numan exorcise ses démons, se met à nu, sans réelle violence, comme s'il s'agissait d'une fatalité, ce qui est presque pire. Le résultat est tout simplement bouleversant, 'Exile' se présente comme son meilleur album depuis le début des 80's; double bonne pioche puisque des artistes comme Fear Factory, Marilyn Manson se mettent soudain à clamer leur admiration pour lui, à reprendre ses chansons...un jeune public redécouvre son oeuvre et au moment où il pensait ne plus jamais se retrouver sous les feux de l'actualité, Gary voit sa popularité exploser dans les mileiux underground. Sans renier pourtant sa philosophie, il va donc continuer à produire des disques personnels, emplis de noirceur...'Exile' ? 'Resurrection' plutôt... Note : 5/6 Page 139/149 DORIAN : Industrial Love Chronique réalisée par Phaedream La musique électronique est en pleine évolution. De plus en plus, on découvre des artistes qui allient les grandes lignes de la Berlin School pour les accoupler sur des rythmes ou des modulations qui s’approchent d’un r soft techno. Ce 2ième opus de Dorian est une révélation dans ce nouveau créneau. C’est teinté d’une atmosphère aux amplitudes étranges que débute Industrial Love. Un vent pénétrant sombre et inquiétant flotte au dessus d’Alternative World où d’étranges sonorités gutturales, ponctuent un firmament sombre. Toujours aussi ténébreux, Dark Tunnel reflète son titre sur des pulsations ventousées. Pourtant, la mélodie est belle et flotte dans un monde sidéral industriel aux modulations aciérées. J’aime les mouvances du synthé qui ondule, tel un serpent prêt à mordre. Mais cette atmosphère sombre est rapidement diluée avec Cold Win. Un beau titre soft techno avec une belle thématique mélodieuse, à la fois jazzy et ‘’lounge’’, un peu à la Jean Michel Jarre, mais qui fait une coupure trop tranchante après un début très intrigant. C’est avec Moving Lights que l’on constate le plus la fusion des 2 genres. Si l’entrée est un vrai Berlin School, avec son intro séquencée en boucle sur un fond d’écho et une belle ligne de basse sautillante, le rythme explose vers la 3ième minute, sur un tempo technoïde aux cymbales ‘’tschitt tschitt‘’ sur un synthé aux larges boucles et aux superbes solos sinueux. Un titre très électronique à saveur analogue, aux tempos modulés et un beau passage atmosphérique truffé d’effets sonores cosmiques. Emerals Lake est le titre le plus ambiant sur Industrial Love. Un doux synthé à la sonorité flûtée s’étend dans une atmosphère halieutique où des chœurs astraux se moulent aux modulations synthétiques. Past Life est un titre suave, lancinant et plein de sensualité. Les percussions sont molles sur un synthé langoureux avec des nuances très suggestives sur les modulations. Un titre qui possède une sonorité équivalente à Cold Win. Soit un soft techno très lent, mais d’une lenteur aguichante, aux superbes percussions qui nous rentre dans la peau. Far Away est dans le même moule, quoique moins sensuel, mais les solos sont superbes tout comme les percussions. Toujours sous le charme de Past Life, Place of Dream intrigue avec son intro bourdonnante où une voix féminine forge une incantation ethnique, de légères percussions staccato réveillent un rythme qui devient martelant sur un synthé clanique. Place of Dream est un titre hallucinant aux solides percussions et un étrange synthé qui exploite les voix ethniques. Un truc que je n’avais jamais entendu auparavant et qui fait tout son effet. À mi chemin entre le techno et l’électronique acidé de Delirium, Place of Dream possède un tempo placardé sur des chœurs et synthés orchestraux. C’est le genre de titre qui fait dire ‘’Ayoye’’. Très impressionnant. Industrial Love clôture ce 2ième effort de Dorian, avec une intro magnétique et poussiéreuse où les notes éclates dans un schéma de réverbérations, diffusant leurs ondes en multi cercles. Le rythme s’allume sur un tempo langoureux, aux fines stries métalliques qui flirtent avec d’étranges voix de sirènes industrielles. Un titre aux tempos nuancés et aux synthés brumeux, qui enveloppent un univers hétéroclite que Dorian semble maîtriser à merveille. Industrial Love est une collection de 9 titres aux orientations diverses qui se concentrent sur un croisement Page 140/149 entre la Berlin School et le soft techno. Il y a des coups de génies un peu partout qui laissent entrevoir un avenir fort prometteur pour Dorian Przystalski. Un très bon cd, meilleur et plus audacieux que Antimatter. Note : 5/6 Page 141/149 CANOVAS (Javi) : Strange Vision Chronique réalisée par Phaedream Que se cache-t-il sous ce sombrero à 3 faisceaux lumineux? Des Mexicains machiavéliques qui veulent envahir un champ de maïs? Ou est-ce juste un tape à l’œil pour faire croire à un album aux effluves cosmiques? Ce 3ième opus de Javi Canovas n’arrive, malheureusement pas, à accoter les présomptions de sa pochette. Le synthésiste Espagnol tente de trouver sa niche dans un créneau musical aux vastes possibilités. Supporté par la machine de SMD, Javi Canovas lève moins haut que ses chapeaux. Forty Years Ago ouvre sur un séquenceur sautillant au contour rotatif en cascade. De stries synthétiques percent cette séquence avec une sonorité plus dense, près des ondes symphoniques. Un long parcours minimaliste où seul les solos change de modulations, d’inclinaisons sonores. Vers la 4ième minute, la séquence s’échauffe sur une modulation nuancée par des frappes plus martelantes, mais le mouvement est très similaire pour capter la déviance de son tempo. Tzu-Jan est un titre alerte sur un beau jeu de percussion et aux solos ciselés sur le même moule. Bon, mais ordinaire. Prelude offre un mouvement très staccato où les notes tombent en cascade sur un mouvement séquentiel, nappé d’un synthé amorphe. Le tempo est minimalisme avec de courtes modulations qui reviennent sous la séquence initiale. Une intro flottante ouvre Skyjacker. De longs solos bouclés aux effets magnétiques suivent, traçant la voie à une séquence sautillante aux percussions sèches et éparses. Fidèle à son habitude, le synthésiste Espagnol saupoudre les moments suivants de longs solos coulants et stridents. Par contre, il joue avec son séquenceur, modifiant son mouvement par un beau jeu de percussions, avec des séquences percussives et des pulsations migratoires aux beaux effets séquencés. Un titre aux mouvements nomades bien construit et bien aéré. Missing Autumn connaît un départ triste avec un piano mélancolique drapé d’un synthé mellotronné, augmentant encore plus l’effet de grisaille. Vers la 5ième minute, une fine séquence cristalline s’amène soufflant un tendre mouvement hypnotique, cadencé par des percussions basses sur une belle flûte mellotronnée et des solos rauques. Une belle pièce Un peu comme sur Prelude, Skywatcher ouvre sur un séquenceur rapide aux accords carillonnés. Un mouvement très animé sur un séquenceur tiquant aux boucles amples, mais avec une froideur détachée. Comme si Javi Canovas recherchait la beauté et la subtilité sur des tempos hypernerveux. Last Journey est un titre plus réussi. Un rythme lent sur des percussions pesantes et un synthé aux sonorités d’orgues anémique, dont les tonalités passent de graves à légères sans nuances. Un synthé serpentin se love sur ce mouvement lourd et langoureux, où les segments harmonieux pullulent sur des percussions assommantes. Le genre de mouvement que Canovas aurait intérêt à poursuivre, lui qui perd de sa chaleur à chaque fois qu’il étale ses séquences hyper actives et ses innombrables solos qui sont forts démodés. Note : 3/6 Page 142/149 RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Borrowed Atoms Chronique réalisée par Phaedream Les premières œuvres de Radio Massacre International transcendaient les frontières d’un Berlin School aux fins éclats métalliques sur les ondes tapageuses d’un mouvement psychédélique très spatial. Loin des racines du Krautrock, RMI aimait improviser pour se recoudre sur les mêmes moules. Le 1ier opus de Borrowed Atoms reflètent ce courant musical aléatoire. Froide et métallique, l’intro de Plastered In Paris est d’une acidité inconfortable, sur des stridences percutantes aux milles scintillements carillonnés. Après cette intro syncrétique, Plastered In Paris poursuit sa marche abstraite sur des voix d’astronautes en perdition. Un tintement inlassable anime le mouvement d’un faible pouls hypnotique, guidant les boucles échotiques d’une guitare plus sereine et d’un synthé plus harmonieux de ses souffles flûtés. La beauté du trio Anglais est sa capacité à diluer se atmosphères éclectiques et cacophoniques, pour les fondre en doux passage séquentiel échotiques où les flûtes et mellotron s’y lovent avec une tendresse insoupçonnée. Et c’est ce qui se produit, par courtes mouvances intermittentes, avant de goûter à une superbe séquence xylophonique, vers la 10ième minute, qui sera enterrée par des guitares et synthés très corrosif. Un début industriel entre deux vagues qui étonne, comme si les Atomes Empruntées avaient d’ores et déjà explosé. Et c’est sans grande conviction que le roulement guttural d’une atmosphère aux tapages et effets sonores industrialisés, secoue Rite of Spring. Une fine ligne séquentielle émerge des bas fonds, claironnant comme les synthés symphoniques à la TD, sur un rythme staccato. La pièce titre possède une séquence plus soutenue, sur des synthés mellotronnés. Une belle fusion qui balaye les corridors sonores du début, qui semblent être dégagés de tout obstacle et c’est avec fluidité que synthé et séquenceur coulent sous se superbes strates enveloppantes et bienfaitrices. Après une intro magnétique, aux effets ventousés, Horizon étend son calme parmi des stries inoffensives qui garnissent un mouvement aux modulations agressantes. Un passage ambiant s’insère, précédé d’un mouvement séquentiel, afltûter d’une belle ligne de basse ondulante et d’une guitare aux solos percutants sur des séquences évolutives. Le CD 2 est plus doux et mélodieux sur des effluves très Berlin School, comme Build; selon moi c’est meilleur sur ce double cd. Très flottante, l’intro évolue sur un synthé aux fines modulations, traçant le passage à des chœurs astraux, aux souffles moroses. Vers la 9ième minute, une fine séquence sautillante allume le rythme qui graduellement prend une forme plus limpide, lorsqu’une autre séquence l’entrecroise. Souples, elles dansent sur un tempo de plus en plus agile, au mouvement minimalisme. La palette musicale est assez large pour y mouler à un dense mellotron qui filtre les libertins solos de guitares, appuyées par de solides percussions. Un authentique Berlin School qui épouse toutes les phases de l’hallucination auditive, notamment avec une guitare très Ashra. Blakey Ridge est un long mouvement linéaire sans vie, avec des strates synthétiques et de guitares angoissantes aux souffles hantés dont la chute des accords sombrent dans des profondeurs ténébreuses. Un titre fort en atmosphère qui précède 30 Years, le titre préféré du groupe. Après une intro toute aussi caverneuse, le rythme s’éveille avec les balais qui secouent les cymbales et une belle ligne serpentine au colorie limpide. Un beau mouvement progressif et agressif, riche en mellotron et en tempo sautillant, qu’une basse vient alourdir sur des séquences cristallines staccato, aux chœurs grégoriens. Un titre puissant aux solos intense, aux séquences changeantes et sur une structure de basse puissante. Page 143/149 Borrowed Atoms nous présente le côté acidé et improviste de RMI, comme son côté plus structuré dans un décor ambiant. Les deux justifient l’écoute, car si vous ne filez pas pour de l’industriel aux stries percutantes et stridentes, il vous reste le CD 2 qui est plus mélodieux mais pas plus facile pour autant. Un très bon titre qui mérite sa place dans toute discographie éclectique. Note : 4/6 Page 144/149 Informations Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com. © 2000 - 2008 Page 145/149 Table des matières Les interviews............................................................................................................................................................................. 3 RAMP Au delà des ténèbres - (interview réalisée par Phaedream) ................................................................................... 4 Les chroniques de concerts ....................................................................................................................................................... 7 Festival Rock In Opposition, 13, 14 & 15 Avril, Le Garric (Tarn) : tival Rock In Opposition, 13, 14 & 15 Avril, Le Garric 8 (Tarn) SUICIDAL TENDENCIES + Arsenic 33 + LRB à l'Espace Malraux à Six-Fours, le Jeudi 26 Avril 2007 : CIDAL TENDENCIE 13 Les chroniques ......................................................................................................................................................................... 15 BLOOD TSUNAMI : Thrash Metal ................................................................................................................................ 16 LENG TCH'E : Marasmus ............................................................................................................................................... 17 ESCARRES / GREENWALD : Sturm Und Drang Act. I ............................................................................................... 18 GORYPTIC : From Blast To Collapse............................................................................................................................. 19 APOCRYPHAL VOICE : Stilltrapped ............................................................................................................................ 20 APOCRYPHAL VOICE : The Sickening........................................................................................................................ 21 LYDIA LASKA : White Thrash Attack........................................................................................................................... 22 LUDICRA : Another Great Love Song............................................................................................................................ 23 LUDICRA : Fex Urbis Lex Orbis .................................................................................................................................... 24 FLEURETY : Department Of Apocalyptic Affairs ......................................................................................................... 25 EVANGELINE : Coming back to your senses ................................................................................................................ 26 SHOWSTRIPSILENCE : Monsters and humans horrorific and all new !....................................................................... 27 NINEFOLD : Superstar.................................................................................................................................................... 28 BLAME : Life is not like a porn ...................................................................................................................................... 29 COLLECTION D'ARNELL-ANDREA : Au val des roses ............................................................................................. 30 DAEMONIA NYMPHE : The Bacchic dance of the Nymphs- Tyrvasia........................................................................ 31 HORRIFIED : Animal...................................................................................................................................................... 32 INFERNÖ : Downtown hades.......................................................................................................................................... 33 WRIGHT (David) : Deeper.............................................................................................................................................. 34 BODDY & REUTER : Pure............................................................................................................................................. 35 MERGENER (Peter) : Instinctive Traveller .................................................................................................................... 37 SADUS : Chemical exposure ........................................................................................................................................... 39 KREATOR : Renewal ...................................................................................................................................................... 40 ADRIAN (Rudy) : Twilight Atmospheric Works Vol. 2................................................................................................. 41 CREATE : Kindred Spirits............................................................................................................................................... 42 RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Burned & Frozen ...................................................................................... 44 PHAZM : Antebellum death 'n' roll ................................................................................................................................. 46 Page 146/149 VEHEMENTER NOS : Vehementer Nos........................................................................................................................ 47 GOAT SEMEN / ANAL VOMIT : Devotos del diablo................................................................................................... 48 SAMLA MAMMAS MANNA : S/t................................................................................................................................. 49 SAMLA MAMMAS MANNA : Måltid .......................................................................................................................... 50 SAMLA MAMMAS MANNA : Klossa knapitatet ......................................................................................................... 51 SAMLA MAMMAS MANNA : Snorungarnas symfoni ................................................................................................. 52 ZAMLA MAMMAZ MANNA : Schlagerns mystik ....................................................................................................... 53 ZAMLA MAMMAZ MANNA : För äldre nybegynnare ................................................................................................ 54 ZAMLA MAMMAZ MANNA : Familjesprickor ........................................................................................................... 55 VON ZAMLA : Zamlaranamma...................................................................................................................................... 56 VON ZAMLA : No make up! .......................................................................................................................................... 57 VON ZAMLA : 1983 ....................................................................................................................................................... 58 ROACH (Steve) : Now & Traveller................................................................................................................................. 59 ROACH (Steve) : Empetus .............................................................................................................................................. 61 WEHRMACHT : Shark attack......................................................................................................................................... 63 WEHRMACHT : Biermacht ............................................................................................................................................ 64 STEARNS (Michael) : Chronos....................................................................................................................................... 65 KISTENMACHER (Bernd) : Un Viaggio Attraverso L'Italia ......................................................................................... 67 BANDE ORIGINALE DE FILM : Lost in translation .................................................................................................... 69 COLLECTION D'ARNELL-ANDREA : Exposition, eaux-fortes et méandres.............................................................. 70 AHAB : The call of the wretched sea............................................................................................................................... 71 HELL NIÑO : Sound movie experience .......................................................................................................................... 72 AM : J't'entends sourire... ................................................................................................................................................. 73 NOWAK (Artur) : Guitar granulizer................................................................................................................................ 74 CHARLES (Xavier) / PIOTROWICZ (Robert) : /// ........................................................................................................ 75 MENCHE (Daniel) : Animality ....................................................................................................................................... 76 2KILOS & MORE : 8floors lower ................................................................................................................................... 77 IGORRR : Poisson soluble............................................................................................................................................... 78 LAIR OF THE MINOTAUR : Carnage........................................................................................................................... 79 KULT : Winds of war ...................................................................................................................................................... 80 FORGOTTEN WOODS : As the wolves gather.............................................................................................................. 81 LETZTE INSTANZ : Wir sind gold ................................................................................................................................ 82 GRAVES (Milford) / ZORN (John) : Duo - 50th birthday celebration volume two ....................................................... 83 BLACK LABEL SOCIETY : Mafia ................................................................................................................................ 84 FANGER & SCHONWALDER : Analog Overdose II ................................................................................................... 85 Page 147/149 LOVE LOST BUT NOT FORGOTTEN : Upon The Night I Saw A New Misery ......................................................... 87 CAVE IN : Beyond Hypotermia ...................................................................................................................................... 88 THE CLASH : Sandinista ! .............................................................................................................................................. 89 UK DECAY : Death, so fatal ........................................................................................................................................... 90 PINS AND NEEDLES : Pins and needles ....................................................................................................................... 91 JESUS ON EXTASY : Holy beauty ................................................................................................................................ 92 CRISANTEMO DEL CARRIONE : Fiore di passione ................................................................................................... 93 ENGELSSTAUB : Malleus Maleficarum........................................................................................................................ 94 MISERY LOVES CO. : S/t.............................................................................................................................................. 95 KREATOR : Cause for conflict ....................................................................................................................................... 96 EVOKEN : Embrace the emptiness ................................................................................................................................. 97 ENGELSSTAUB : Ignis Fatuus: Irrlichter ...................................................................................................................... 98 ENGELSSTAUB : Akashic recordings ........................................................................................................................... 99 T-BONE FULVIO : R'n'R Machine 2000...................................................................................................................... 100 ETERNAL OATH : Wither ........................................................................................................................................... 101 EPIDEMIC : Exit paradise ............................................................................................................................................. 102 BETHLEHEM : Profane fetmilch lenzt elf krank.......................................................................................................... 103 THERION : Of darkness... ............................................................................................................................................. 104 EMMENS & HEIJ : Journey.......................................................................................................................................... 105 ASHRA : Sauce Hollandaise.......................................................................................................................................... 106 KREATOR : Outcast...................................................................................................................................................... 108 MIND OVER MATTER : Avatar .................................................................................................................................. 109 ENGELSSTAUB : Andreswelt ...................................................................................................................................... 111 CROWN OF JESUS : Immaculate................................................................................................................................. 112 NOCTULE SORIX : Nonsense...................................................................................................................................... 113 BOOKOVSKY : Book of Sky........................................................................................................................................ 114 ISOLE : Forevermore..................................................................................................................................................... 116 CEMETARY : Last confessions .................................................................................................................................... 117 TANGERINE DREAM : Springtime in Nagasaki......................................................................................................... 118 SUNNO))) : White 1 ...................................................................................................................................................... 120 THE CREATURES : A bestiary of................................................................................................................................ 121 WRIGHT (David) : Walking with Ghosts ..................................................................................................................... 122 DODHEIMSGARD : Supervillain Outcast.................................................................................................................... 124 PLAYING ENEMY : I Was Your City.......................................................................................................................... 126 REMY : Different Shades of Dust ................................................................................................................................. 127 Page 148/149 SAEL : Océan................................................................................................................................................................. 128 FORGOTTEN WOODS : The curse of mankind .......................................................................................................... 129 VENETIAN SNARES : 2370894 .................................................................................................................................. 130 FANGER & SCHONWALDER : Analog Overdose 3 .................................................................................................. 131 I KILLED THE PROM QUEEN : Music For The Recently Deceased ......................................................................... 132 THE DEVIL WEARS PRADA : Dear Love : A Beautiful Discord .............................................................................. 133 BAK XIII : Vae Victis.................................................................................................................................................... 134 CARPATHIAN : Nothing To Lose................................................................................................................................ 135 IT PREVAILS : The Inspiration .................................................................................................................................... 136 TRESPASS : Symptoms of reality................................................................................................................................. 137 MEDIAVOLO : A secret sound..................................................................................................................................... 138 NUMAN (Gary) : Exile.................................................................................................................................................. 139 DORIAN : Industrial Love............................................................................................................................................. 140 CANOVAS (Javi) : Strange Vision................................................................................................................................ 142 RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Borrowed Atoms..................................................................................... 143 Page 149/149