journal gratuit du théâtre de cavaillon
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janvier-février 2002 journal gratuit du théâtre de cavaillon - scène nationale n°3 2 Assis sur des noyaux de pêche… Au spectacle d’une création d’aujourd’hui, qui n’a pas été perturbé, dévissé de ses gonds, parfois ravi de ce transport, porté sur un petit nuage, ou, au contraire, furibard du dérangement, assis, quatre vingt dix interminables minutes, sur des noyaux de pêche ? C’est le risque. Le risque, tenez, dont furent émerveillés de l’avoir pris les Berlioz, Delacroix, Chateaubriand, lors de la création de la pièce de Victor Hugo : “Hernani”. Mais, dès les premiers vers, la salle n’était plus qu’un champ de bataille. Les spectateurs s'expliquaient à coups d’injures et de gnons. Le rentier d’alors rougissait d’aise quand sa maîtresse lui susurrait :”mon petit lapin”. Mais sûrement pas, quel ridicule : “vous êtes mon lion superbe et généreux ! ”. Il y eut aussi un géant, un confrère, un ami à qui l’horreur d'”Hernani” eut inoculé l’érysipèle. Eh oui, Honoré de Balzac. Qui fulmine, voyez comme : ”tous les ressorts de cette pièce sont usés, le sujet inadmissible, les caractères faux.” Et Vlan ! Moralité : les bourdes sont à portée de tous. Par ailleurs, Balzac (et chacun de nous) a le droit de détester ce que d’autres applaudissent. Et de le dire. Et de siffler si ça lui chante. Le théâtre est un territoire de liberté. Brave Balzac, ce sera pire pour lui quand des imbéciles décréteront qu’il écrivait mal… Pour ses deux cents ans (“ce siècle avait deux ans”…, vous connaissez), demeurons deux minutes encore avec le grand Victor. Il n’avait pas fini d’être accusé, ce mauvais sujet, d’un penchant pervers pour “les sujets inadmissibles”, comme aurait dit le gros Honoré. Ainsi, mais, cette fois, c’est un illustre médiocre, le comte de Salvandy qui morigène l’élève, Hugo Victor, en accueillant (si l’on peut dire) ce voyou, ce casseur à l’Académie française. Tout y passe : ses mauvaises fréquentations : toutes sortes d’écrivains étrangers, anglais, allemands… Et sa manie de traîner dans la rue. Ce que le comte stigmatise dans son blabla plat : “ vous avez négligé les intérêts et les problèmes littéraires au bénéfice des idées de la vie publique.” “intérêts”, “bénéfices”… ce qu’il y a sous ses platitudes de coffre-fort, ce qu’ils vomiront, tous les Landry de la sorte, c’est chez Hugo, l’irruption du peuple réel et de sa langue dans la littérature, la hantise de la vie concrète, charnelle, épreuves et rêves, bontés et oppressions des hommes et du monde qu’ils font ou défont… Le plus haut Théâtre n’a pas d’autres obsessions. Depuis quand ? Depuis le jour de sa naissance. Depuis ces temps reculés du sixième-cinquième siècles avant notre ère, en Grèce. Pourquoi tout change brusquement, difficile à savoir, aujourd’hui encore. Exemple : la scène. Qui habite la scène ? Les dieux. Le récitant, le chœur chantent et dansent les faits et les méfaits des dieux. Qui tiennent et agitent dans leurs mains invisibles tous les fils des mystères et des destinées. Les hommes, au fond, étaient assez peinards dans l’insouciance de la fatalité, confiant leur impuissance aux puissances omnipotentes, tutélaires de l’Olympe. Et soudain, tout bascule, cul par dessus tête, tout l’équilibre est rompu. Soudain, exactement à cette charnière des sixième - cinquième siècle avant Jésus Christ, une explosion, une révolution : l’homme se risque à marcher tout seul sur sa terre. Ici, à ce moment de la Grèce, c’est à dire, en regard de la planète, sur un mouchoir de poche, tout s’invente de ce que nous allons vivre. L’homme, sans appui, ne se veut plus désormais jouet, sujet des forces obscures. Face au monde, il revendique d’avoir une conscience libre, donc en constant péril. D’être, dans sa cité, un citoyen. De faire son Histoire, qui est la lutte interminable contre les fatalités. Alors, sur la scène, enfant naturel, apparaît le théâtre tragique. Avec des personnages. Nos semblables. Alors, tous les arts affluent, confluent. Les hommes sont pressés, fiévreux de parler, puisque les dieu x ont été réduits au silence. C’est une sorgue torrentielle et tumultueuse où surgissent l’idée de la démocratie, la philosophie avec Platon, avec Aristote, l’histoire avec Hérodote, le Parthénon de Phidias… A cet âge d’or, à cette apogée de la liberté créatrice, voici les sourciers, les maîtres sublimes du grand théâtre à travers les générations : Eschyle, Sophocle, Euripide, qui donnent à jamais des nouvelles de l’homme. Depuis le renvoi des dieux dans leur Olympe inaccessible, tout l’espace retentit des combats, questions, passions, abominations et désirs des hommes rendus à leur infinie solitude, avec pour seul arme, fragile et redoutable : leur liberté. Francis Mayor Président du Théâtre de Cavaillon-scène nationale P.S. : J’ai lu avec profit là-dessus un bel article de J.A Grisoni dans “la Vie” du 3 Janvier. Et on a la chance de pouvoir fréquenter les œuvres de ces tragiques grecs dans l’édition toute récente de la collection “Bouquins”. Deux volumes de 27,30 € chacun. 3 Différences… Un lecteur de Télérama nous rappelait il y a peu que le 11 septembre 2001, tout comme le 10 septembre, le 12, le 13, le 14…, 35615 enfants sont morts. De faim. Comme tous les jours de l'année. En silence. Les émissions télé ne se sont pas arrêtées et la radio n'en a rien dit. Il n'y a eu aucun message du président de la République. Il n'y a pas eu de minute de silence, et l'armée n'interviendra pas plus aujourd'hui que demain. Une lectrice de Libération nous affirmait que lorsqu'elle était dans le ventre de sa maman, elle voulait naître, même aveugle : aujourd'hui, elle ne sait peutêtre pas ce que c'est que voir, mais elle sait ce qu'est aimer, être aimée, jouer du piano, aller écouter son chanteur préféré en concert, travailler, mais aussi voyager, jouer avec ses frères et sœurs, lire des histoires (en braille) à ses neveux pour les endormir, réunir des amis pour fêter son anniversaire… JM contre JM ? Quelques jours avant le 11 septembre, J6M (Moi, Monsieur JeanMarie-Messier-le-Maître-du-Monde) avait choisi d'installer sa résidence principale à New York. Quelques semaines plus tard, et peu après un nouveau coup de son monopoly planétaire, il nous présentait son programme officiel de suppression de l'exception culturelle. Message reçu. Sans doute pourra-t-il racheter bientôt ce quotidien de notre région qui écrivait l'été dernier, sans autocritique ni regrets, que le public des Estivales de Carpentras n'aurait jamais un artiste comme Fellag (qu'on aime beaucoup), parce que "trop typé"… Alors colère ! Mais aussi espoir, mais aussi raisons d'un engagement, mais aussi tous nos vœux pour de nouvelles prises de conscience. Les artistes sont là pour dire, pour mettre en lumière, pour souligner le fait social, voire l'anticiper : ce 11 septembre toujours, le groupe de rock Noir Désir (qu'on aime trétréfort aussi) publiait son dernier album "Des Visages des Figures" enregistré quelques mois auparavant. Extraits de la plage 2 "Le grand incendie" : Monsieur Francis Mayor, président du Théâtre de Cavaillon-Scène nationale, Jean-Michel Gremillet, directeur, et son équipe vous présentent leurs meilleurs vœux pour l'année 2002 Soleils Sur notre territoire, les semaines à venir témoigneront de l'engagement de ces artistes : la diva égyptienne Oum Kalsoum, Yannick Jaulin et la mort dont on peut même rire, les Faits d'artifice des Dupuy, les différentes métamorphoses d'Ilka Schönbein, le Pénazar sans âge de Cervantes, le Suerte d'un Claude Lucas "délivré" par le prometteur Julien Bouffier, les rêves éveillés de Catherine Zambon, d'Amélie Grand, de Jean Autrand, de Norbert Aboudarham, enfin, la lumière de nouveaux soleils d'aujourd'hui dans les très vieilles pierres de la Chartreuse. Cher J6M, savais-tu qu'il y a 2500 ans, les grecs ont inventé à peu près en même temps la démocratie, et le théâtre ? Alors, qu'en penses-tu, toi qui ne crois pas ni ne laisse rien au hasard ? Jean-Michel Gremillet Directeur du Théâtre de Cavaillon - scène nationale Ça y est, le grand incendie, “ Y'a l'feu partout, Emergency, Babylone, Paris s'écroulent, New York City, (…) Hommage à l'art pompier, T'entends les sirènes, Elle sortent la grande échelle, Vas-y, Go (…) Y' a plus de programme, y' a même plus d'heure, A vous l'antenne, C'est l'incendie, le grand incendie… ” 4 Une auteure vous est contée… Catherine Zambon Entre et le Théâtre de Cavaillon-scène nationale, les premiers pas d’un compagnonnage qui traversera plusieurs saisons viennent d’être foulés. Sa nouvelle pièce, Les Balancelles, sera présente dans la prochaine programmation. Nous vous invitons à suivre son cheminement d’artiste. Je suis saisie par la pauvreté, la marginalité. Au fond de moi, il y a la fille de prolo italien qui braille encore. J’ai envie d’offrir ma poésie intérieure à toutes les petites gens qui me sont chères. C’est important pour moi de mettre au monde des petits bouts d’humanité et de mon- Le 14 décembre dernier, lecture publique des Balancelles à Cucuron : Les auditeurs accompagnent l’énorme Lalue, le Prince Enfeu, Waterproof, la Duègne et Léna dans leur quête d’amour sur le toit d’un opéra. D’emblée se pose la question : comment ces personnages insolites et bigarrées viennentils à la vie et nous touchent-ils si intensément ? Ils viennent me chanter leur chanson, répond Catherine, un personnage, c’est avant tout une présence charnelle. Ce n’est pas une enveloppe que j’anime, c’est d’abord une masse que je sculpte. Dans un personnage, Il y a quelqu’un qui veut parler. Il y a quelqu’un qui vient taper à la porte. C’est douloureux de ne pas donner la parole à un personnage qui s’impose, qui veut absolument venir. Alors, j’entre en écriture en sa compagnie. Certains personnages me harcèlent. Dans mes textes, il y a souvent de grandes femmes qui grognent, qui sont en colère ; de jeunes hommes malhabiles qui apprennent la vie… Ce qu’on dépose dans un texte est déjà la promesse de ce qu’il y aura dans le suivant. C’est une fièvre de la parole, une fièvre de la relation qui habitent Catherine. A travers le théâtre, elle s’engage dans la vie de la cité. Elle clame l’urgence de la parole, de la parole qui fait lien : il vaut mieux parler que de se laisser mourir, dès que tu prends parole, tu es debout et tu vois les autres… Prendre parole c’est affirmer sa différence, c’est affirmer son état d’être, c’est aussi prendre parole pour des gens qui n’osent pas. trer ainsi que nous sommes tous liés dans une grande histoire. Le théâtre, c’est montrer le monde dans sa complexité. Le droit d’aimer librement Catherine revendique avec force sa féminité : comme c’est l’usage au Québec, elle écrit volontiers une auteure. C’est important de signifier le féminin de ce mot, j’en suis très fière, même s’il ne s’agit pas d’être féministe à tout crin. Certains pensent qu’il y a une écriture féminine. Je m’en méfie. Cela crée un sous- genre. Moi, je me sens plutôt dans le “trans-genre”. Les Balancelles joue avec le masculin-féminin. C’est une pièce qui parle d’amour, terriblement, tous les personnages vont se reconnaître dans leurs différences. On a le droit d’être gros, on a le droit d’être homosexuel… Ce sont des personnages qui n’ont pas trouvé dans les conceptions d’amour traditionnelles de quoi alimenter leurs rêves. Ils sont fébriles. C’est une pièce sur le droit d’aimer. Salir ses brouillons : un atelier d’écriture avec Catherine Zambon L’enjeu, pour moi, c’est de mettre les gens en état de confiance, de détente et d’amusement pour qu’ils laissent venir l’imaginaire, qu’ils s’amusent à rêver. L’écriture est tellement liée à l’enseignement, à la sanction scolaire, qu’il faut retrouver son délice, s’en amuser comme avec de la pâte à modeler, il faut salir ses brouillons, retrouver le plaisir des mots. Ecrire pour le théâtre, c’est avoir les pieds dans “sa terre”. Etre ouvert au monde. Aller de l’intime à l’universel. Quand je conduis un atelier, j’ai l’impression de mettre ma main sur une épaule pour accompagner les écrivants. Ecrire pour la jeunesse En 1995, à l’invitation de France Culture et de Nelly Lenormand, Catherine Zambon écrit quatre dramatiques pour la jeunesse dans le cadre de l’émission “Le PinceOreille”. J’ai compris qu’on n’écrit pas pour l’enfance, on écrit avec son enfance. Des bouts de chiffons, sur une scène éclairée, continuent d’émerveiller les gamins même s’ils sont habitués à des cascades d’effets spéciaux. 5 La Chartreuse Centre National des Écritures du Spectacle LES CONTEMPORAINES 8 RENCONTRES PROFESSIONNELLES (RÉSERVÉES AUX PROFESSIONNELS) LES 25, 26, 27 JANVIER 2002 ÈME VENDREDI 25 JANVIER 16h30 : Jean-Marc Lanteri “L’œil du jour” mise en scène Cécile Marmouget I8h : Jean-René Lemoine “L’Adoration” mise en scène Jean-René Lemoine 21h15 : David Lescot “L’Association” mise en scène David Lescot SAMEDI 26 JANVIER 10h : Patrick Lerch “Le Dire troublé des choses” mise en scène Pierre Barayre 11h30 : Pascal Rambert “Le Début de L’A” mise en scène Julien Bouffier 15h : Sophie Lannefranque “Encore merci”, mise en scène Dominique Lardenois 17h : Patrick Rétali “La Mécanique de la tangente” mise en scène Serge Tranvouez 18h30 : Claudine Galea “Je reviens de loin” mise en scène Cécile Backès 21h15 : Christophe Tarkos, Olivier Cadiot, Valère Novarina… “Réserve d’acteurs” mise en scène Solange Oswald et Joël Fesel DIMANCHE 27 JANVIER 10h : Carole Fréchette “Le Collier d'Hélène” mise en scène Anne Courel (Compagnie Ariadne) et mise en scène Nabil El Azan (Compagnie La Barraca) 11h3O : Marion Aubert “Les Pousse-Pions” mise en scène Philippe Demarle 15h : Serge Valletti “Gens d'ici Gens d'ailleurs ” Mise en scène Christian Mazzuchini Centre culturel de rencontre installé dans un mouvement historique ouvert toute l’année, le CNES est un lieu de recherche, de création et de séjour pour les auteurs dramatiques. Les résidences sont le point de départ d’un ensemble d’activités qui visent à défendre et promouvoir l’écriture dramatique contemporaine auprès des relais du public amateur de théâtre. À la Chartreuse vous trouverez… Une bibliothèque (6300 ouvrages) : On y trouve des textes édités, des manuscrits inédits et des ouvrages de référence. Une librairie (11000 ouvrages) : elle propose des ouvrages de référence sur le théâtre contemporain et les arts du spectacle en général, ainsi qu’une sélection de livres sur le patrimoine et le Moyen-Âge. Une niche, un terrier… Pour écrire, il faut parfois se cloîtrer, entrer en claustration… La Chartreuse est un lieu majeur pour la création du théâtre contemporain. Elle est un “refuge” pour les auteurs en résidence. C’est un lieu déterminant pour mon travail d’écriture, c’est une niche, un terrier. Là-bas, chacun est attentif et bienveillant à l’égard des auteurs, et leur offre ainsi une dynamique tendre et porteuse. Françoise Villaume et Daniel Girard sont à l’écoute de notre travail. La Chartreuse, est un lieu d’une grande sobriété, de pierres et de solitude. Et pourtant, on y rencontre aussi la grande famille des auteurs. Avant, j’étais seule dans ma bauge… Catherine Zambon Des publications : La Lettre de la Chartreuse présente le programme trimestriel des activités. La Chartreuse édite deux collections : Les Cahiers de Prospero, sont un outil de réflexion théorique sur l’écriture dramatique, chaque numéro est conduit par un auteur. L’Itinéraire d’auteur est destiné à faire connaître le parcours d’un écrivain, sous forme d’interview par un auteur ami et complice. l’ouvrage propose aussi de larges extraits caractéristiques de l’ensemble de l’œuvre, ainsi qu’une bibliographie complète. Chaque parution de L’Itinéraire d’auteur donne lieu à une manifestation itinérante dans une vingtaine de petites bibliothèques de la région. Par des lectures, des comédiens font découvrir au public l’univers d’écriture de l’auteur. et aussi des formations et des stages… Un répertoire des auteurs dramatique français contemporains : C’est à terme le recensement de tous les auteurs dramatiques français contemporains ayant été au moins une fois édités ou créés par une compagnie professionnelle, depuis les années cinquante. 2700 pièces de théâtre que vous pouvez retrouver par nombre de personnages thèmes, genres, maisons d’édition, lieux de création… Pendant la résidence, Les Rendez-vous invitent le public à rencontrer les auteurs pour des lectures. Les Rendez-vous Janvier - Février du 7 janvier au 9 février Itinéraire d’auteur Suzanne Lebeau Lectures dans les bibliothèques du Gard, du Vaucluse et des Bouches du Rhône Entrée libre Samedi 9 février à 15h Itinéraire d’auteur Suzanne Lebeau Lectures des pièces lues pendant l’Itinéraire - Boulangerie de la Chartreuse - Entrée libre du 15 février au 1er avril Exposition : Les Oléades - Journées mondiales de l’olivier - L’olivier conteur Inauguration les vendredi 15, samedi 16 et dimanche 17 février Lundi 25 février à 18h30 Présentation de la résidence Ecrire du théâtre pour jeunes publics Boulangerie de la Chartreuse Entrée libre Centre National des Ecritures du Spectacle - C.I.R.C.A. La Chartreuse - B.P. 30 30404 Villeneuve lez Avignon cedex Tél : 04 90 15 24 24 [email protected] www.chartreuse.org 6 Oum Kalsoum, divine diva, déesse d’Orient… mercredi 23 janvier et jeudi 24 janvier 20h30 SOIRÉES NOMADES Tinel de la Chartreuse Villeneuve-lez-Avignon Création - Théâtre et Musique Les Amis du Théâtre Populaire d’Avignon en compagnie du Théâtre de Cavaillon-scène nationale Compagnie Naravas Oum Texte de Adel Hakim librement inspiré de Oum de Sélim Nassib (Éditions Balland) avec Malika Bireche Rachid Benbouchta Valérie Druguet Radhouane El Meddeb Abbès Faraoun Karim Qayouh Mahmoud Saïd Aïcha Sif Mise en scène Lotfi Achour Assistant à la mise en scène Radhouane El Meddeb Conseiller musical Anouard Brahem Scénographie Yves Cassagne musiciens Afaf Reda, chant Taoufik Zghonda, qanoûn (cythare) Lumière Manuel Bernard Son André Serré COPRODUCTION : CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DES ALPES / GRENOBLE - ETABLISSEMENT PUBLIC DE LA GRANDE HALLE DE LA VILLETTE / PARIS - CENTRE NATIONAL DES ÉCRITURES DU SPECTACLE LA CHARTREUSE / VILLENEUVE LEZ AVIGNON FÉDÉRATION DES AMIS DU THÉÂTRE POPULAIRE - COMPAGNIE NAVARAS - THÉÂTRE LE RIO / GRENOBLE AVEC LE SOUTIEN DE LA DRAC RHÔNES ALPES, LA VILLE DE GRENOBLE, LE CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE. AVEC L’AIDE À LA CRÉATION DE THÉCIF - RÉGION ILE DE FRANCE, DE LA FONDATION BEAUMARCHAIS ET DE LA SACEM RÉSIDENCE À LA CHARTREUSE DE VILLENEUVE LEZ AVIGNON DU 3 DÉCEMBRE 2001 AU 22 JANVIER 2002 CHARGÉ DE PRODUCTION : BÉATRICE HORN - LELABO / PARIS Durée : 1h30 Première chanteuse en Egypte, première en Orient, sa voix continue de dominer le monde arabe. Oum Kalsoum traverse toutes les périodes (roi Fouad, roi Farouk, Nasser, Sadate), toujours au sommet. Le sentiment qui I'habite, elle le passe à 100 millions d'arabes. Elle est le sentiment même de ce monde. Si on comprend ce qui se passe entre cette voix et son public, on comprend le monde arabe. Née dans un village du delta du Nil en 1902, Oum Kalsoum arrive au Caire en 1923, un an après que l'Egypte ait arraché son indépendance aux anglais. Toute une génération croit alors que la libération est là, le pays va enfin pouvoir s'ouvrir au progrès. Le milieu musical, lui aussi, rêve de trouver une expression qui marierait tradition et modernité, Orient et Occident. Oum Kalsoum et son rival Mohammad Abdel-Wahab sont les deux figures de cet espoir… Le spectacle ne prétend pas retracer une fidèle biographie d'Oum Kalsoum. II s'agit plutôt d'une histoire racontée par un poète égyptien, Ahmad Rami qui en 1924, rencontre une jeune chanteuse prodigieusement douée. Il fait son éducation, devient son principal parolier. II I'aime éperdument, elle le repousse. La relation privée (et névrotique) entre le poète et la chanteuse devient le message, le modèle pour le monde arabe. Cette femme reste une énigme vivante. Issue d'un milieu paysan très traditionnel, Oum Kalsoum s'est affranchie, parle d'amour, se fait désirer comme une mère intouchable par des millions d'hommes. Elle est tyrannique, croyante, dominatrice, possédée par son don. On la soupçonne d'homosexualité. C'est aussi une communion entre amis, entre compagnons d'aventures mentales. C’est une écoute, une vibration, un mélange de contemplation et d'émerveillement actifs, l'appréhension d'une ivresse. Écouter Oum Kalsoum chanter, c'est un mazaag que d'abord I'Egypte puis le monde arabe ont pu éprouver au fil de plus d'un demi-siècle, un monde déchiré, pétri de fierté et accablé d'humiliations, rempli d'ambitions et confronté à toutes sortes de tourmentes. Oum Kalsoum ne se coupe jamais des réalités politiques et sociales de son pays. Héritière des kouttab, les exégètes du Coran, elle réussit à allier la poésie la plus pure et un sens exceptionnel du concret que seule pouvait posséder une paysanne. Elle devient I'incarnation, l’ambassadrice de tout I'Orient. Mystérieuse et contradictoire. II y a un mot égyptien qui se dit mazaag. Avoir du mazaag, c'est éprouver un sentiment de plaisir et de sérénité. On sort du temps pour entrer dans un infini éternel et… II s'agit avant tout d'un spectacle fédérateur qui devrait rassembler des publics qui ont peu I'habitude de se mélanger. Il plonge dans un univers où, porté par la musique, les chansons, les images, le temps finira par n'avoir plus guère d'importance. Il ne sera pas question de folkloriser la tradition arabe. On traite de la sensualité de I'épique, pas des paillettes de I'histoire. L'histoire justement, est omni présente. Petit "h" pour cette incroyable histoire d'amour entre Ahmad Rami, mais aussi, grand "H" parce que seule la compréhension de I'Histoire de l'Egypte de Nasser permet une lecture pertinente du monde arabe d'aujourd'hui. Le spectacle est un voyage dans la mémoire, une traversée musicale de chansons arabes, des années vingt aux années soixantedix. Une épopée poétique et sociale. Un rendez-vous avec I'histoire contemporaine de I'Egypte et du monde arabe, une interrogation sur le désastre de ce monde et de son échec dans ses tentatives d'accéder à la modernité. 7 Programme des A.T.P d’Avignon 47ème saison 2001 - 2002 A.T.P. Compagnie Naravas L’important de l’apport des , c’est le choix… Nous avons ainsi découvert un nouveau public, un public averti, exigeant et fidèle. Combien de spectacles ont vu le jour grâce à l’action conjuguée de l’O.N.D.A. et des associations de spectateurs ? Si elles venaient à disparaître, elles mettraient encore plus à nu la fragilité dans laquelle nous évoluons, nous les artistes. Je crois que l’une des grandes révolutions des A.T.P., c’est que ce sont des spectateurs qui ont pris leur destin en main. Et cela, c’est essentiel. Philippe Avron Aux lendemains de la “bataille de Chaillot”, qui voit se grouper les Amis du T.N.P. en 1952, les Amis du Théâtre Populaire se constituent en association à Paris en 1953, et quelques mois plus tard, c’est la fondation des A.T.P. d’Avignon pour mener la “bataille d’Avignon”, qui aboutit au maintien de Jean Vilar à la tête du festival. On peut ainsi dire qu’à Avignon autant qu’à Paris, les A.T.P. sont nés d’un combat. Chargés à partir de 1954, de la création et de l’organisation des manifestations annexes du festival au Verger d’Urbain V, de l’accueil du public et de l’hébergement des spectateurs, les A.T.P. d’Avignon prennent dès 1955 la responsabilité d’une première saison théâtrale dans leur ville, avec l’appui de la municipalité. Le succès leur permet de poursuivre chaque année cette expérience, qui va susciter dans diverses régions de France, la création de multiples associations, dont l’objectif sera la réalisation d’un projet semblable. En 1966, une Fédération des A.T.P. se constitue à l’initiative des A.T.P. d’Avignon, Aix-en Provence, Nîmes, de l’ACTA de Grenoble et des A.T.A. de Villefranche-sur-Saône. Son siège est fixé au Palais des Papes à Avignon. Il s’agit d’abord de mettre en commun des informations, de coordonner les calendriers et itinéraires des tournées, de réduire les coûts de production, d’éditer un matériel de documentation de large diffusion, d’échanger des expériences, d’aider à la création de nouvelles associations, tout en conservant une totale autonomie dans la programmation. Oum de Adel Hakim, librement inspiré du roman Oum de Sélim Nassib (Editions Balland), mise en scène : Lotfi Achour direction musicale : Anouar Brahem avec 8 comédiens et 4 musiciens Coproduction Fédération Amis du Théâtre Populaire d’Avignon - La Chartreuse Au Tinel de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon Mercredi 23 et jeudi 24 janvier à 20h30 (Abonnés : le 24) Compagnie Lézards qui bougent La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, mise en scène : Kristian Fredric, avec Denis Lavant Salle Benoit XII - Avignon Mardi 19 février à 20h30 Théâtre de l’Aquarium Conversation en Sicile de Elio Vittorini, mise en scène : JeanLouis Benoit, avec Jean-Marie Frin et Ninon Brétecher Salle Benoit XII - Avignon Mardi 26 février à 20h30 La Fabrique Imaginaire Du vent… des fantômes C’est ainsi qu’en 1977, les A.T.P. d’Alès créent un Festival du jeune théâtre axé sur la recherche. La Fédération des A.T.P. franchit en 1987 une nouvelle étape en décidant de soutenir une jeune compagnie dans la création d’une œuvre originale que chaque association s’engagera à diffuser en l’intégrant à son programme. Enfin, depuis 1993, la Fédération, reconnue par la Direction du Théâtre du Ministère de la Culture, intervient chaque année, aux côtés du Centre National des Ecritures du Spectacle (La Chartreuse), dans la coproduction d’une œuvre théâtrale contemporaine, qu’elle choisit par ses représentants. La F.A.T.P. s’enrichit périodiquement de nouvelles adhésions qui prouvent sa vitalité. Jean Autrand de et avec Eve Bonfanti et Yves Hunstad Au Théâtre de Cavaillon Scène nationale Mardi 5 mars à 19h et mercredi 6 mars à 20h30 (Abonnés : le 5 ou 6) par les Nouveaux Nez Mad ou Nomad Mise en scène : André Riot-Sarcey Salle Benoit XII - Avignon Mardi 26 mars à 20h30 Pour les abonnements, adhésions, location : • Librairie La Mémoire du Monde, 36, rue Carnot, Avignon • Centre Culturel I.S.T.S., 8 bis rue de Mons à Avignon Tél : 04 90 27 66 50 Pour les spectacles donnés au Tinel seulement : • Chartreuse de Villeneuvelès-Avignon Tél : 04 90 15 24 24 Pour les abonnements, adhésions, réservations des groupes à l’avance par correspondance à : •Secrétariat des A.T.P., 17 place du Palais des Papes à Avignon 8 Yannick Jaulin ressuscite la mort Sa dernière création, J’ai pas fermé l’œil de la nuit… traite, entre rires et larmes, avec une rare justesse du thème de la mort, sans tabou ni complaisance mais avec la tendre dérision qui habite chaque instant de sa samedi 2 février 20h30 au Théâtre de Cavaillon Yannick Jaulin J’ai pas fermé l’œil de la nuit… Tous ceux sans qui… écrit et interprété par Yannick Jaulin mis au monde avec Wajdi Mouawad, Michel Geslin, Titus avec la complicité initiale de Joseph Racaille direction d’acteur Frédéric Faye conception lumières François Austerlitz, Dominique Grignon costumes Pascale Robin régie son Michel Grignon musique Camille Rocailleux Coproduction : Compagnie le Beau Monde / Théâtre d’Angoulême-Scène nationale / Astérios Productions Le spectacle a été créé en Février 2000 au Théâtre d’Angoulême-Scène nationale Durée : 1h30 vie. Souriez ! C’est un conte !… Oui, souriez, c'est un conte ! Car Yannick Jaulin est un conteur dont le destin est d'aller farfouiller dans les profondeurs ténébreuses de la mémoire de I'humanité pour, dans un même geste, ramener au jour ce qu'il y découvre et le donner en spectacle, dans la lumière des projecteurs et les rires des spectateurs. Conteur doué de cette parole qui lui confère l’étrange pouvoir d’être à la fois là-bas, sur la route, avec ces habitants qui tirent derrière eux leur village pour l’emmener vers un avenir de progrès et de bonheur, et de les regarder passer, avec l’œil du sage, ou l’œil du fou, qu’il partage complice avec le public. Oui, les villageois ont tout emporté, leurs maisons, la place du village, jusqu’à la rivière, sauf leur cimetière, peut-être parce qu’il est difficile d’emmener des trous ! Bien-sûr, toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé n’est surtout pas pure coïncidence… Seul dans le cimetière, il observe, il écoute, il ouvre les tombes. Visite guidée d’un cimetière du fin fond de la Gâtine. Le décor est planté. Yannick Jaulin peut se lancer avec sa verve et sa gouaille, dans cette pittoresque galeries de portraits : il y rencontre les morts, les morts fâchés, les enterrés debouts, ceux qui sont partis sans avoir réalisé leurs rêves, ceux qu'on a enterrés à côté de leurs pires ennemis, ceux qui n'ont pas eu leur comptant d'amour, ceux qui ont encore des comptes à régler, les veuves, joyeuses ou inconsolables, les suicidés et les exécutés, les pendus et les fusillés, les noyés et les assassinés, les morts pour la patrie, les morts pour leurs idées, les morts en exil, les victimes, leurs bourreaux… Derrière toutes ces histoires, on sent le poids de la vie, et ce n’est pas là le moindre paradoxe d’un spectacle sur la mort. Ce spectacle est basé sur du collectage. Toutes les histoires racontées ne sont pas vraies mais tous les personnages cités ont vraiment existé : il y a le mâcheur, un mystique qu’est mort fâché ; Gaby qui, à défaut de tarte aux prunes, a eu le plus bel enterrement du village… Dieu et la mort sont même là aussi, affublés de l’accent de la Gâtine. Sans oublier les enfants de salauds : Roger, un patron de café qui n’aiment ni les “bougnoules” ni les chats parce que “la nuit, ils sont gris”… Et tant d’autres personnages encore ! Yannick Jaulin reconstruit le passé bien vivant du village disparu, faisant du cimetière un joyeux pandémonium où les chers disparus se retrouvent, se souviennent, papotent, rigolent, disent du mal de leurs voisins, se désirent toujours, s'affrontent et se vengent encore. Yannick Jaulin rit de la mort, retournant nos angoisses comme de vieilles chaussettes, pour ne nous laisser, à la fin du spectacle, qu'une formidable envie de vivre. d’après Bernard Prouteau “ Funambule allant et venant en équilibre sur le fil qu'il a tendu entre le monde des morts et celui des vivants, Yannick Jaulin devient le passeur. Passeur de mémoire. Passeur de parole… ” 9 10 Tic tac, tic tac, etc. "A 70 ans, après des années en solitaire, entreprendre une pièce pour 15 danseurs, est-ce rédiger son testament ? (rires) Serait-ce alors faire une sorte de manifeste, un condensé de conceptions singulières, une sorte de théorie de la danse contemporaine? (rires encore) n'est-ce pas la métaphore de l'impuissance dans laquelle nous sommes toujours de savoir où est la danse, sauf à tenter de la faire surgir encore et encore et d'en prendre le risque." Dominique Dupuy mardi 12 février 20h30 L'invitation à la transmission au Théâtre de Cavaillon C'est à l'initiative de Régine En compagnie des Hivernales d’Avignon Faits d’artifice Ballet Atlantique / Régine Chopinot Ballet national contemporain de création et du répertoire Pièce chorégraphique pour quinze danseurs Conception et réalisation Françoise et Dominique Dupuy Partition sonore Patrick Roudier Scénographie Jean-Pierre Schneider Assistant à la dramaturgie Giuseppe Frigeni Interprètes John Bateman, Géraldine Blanchard, Daniel Scott Bodiford, Régine Chopinot, Philippe Ducou, Françoise et Dominique Dupuy, Virginie Garcia, Alexandre Isely, Franck Journo, Sophie Lessard, Anne Moulin, Claire Servant, Marie Tempère, Duke Wilburn Costumes Carmen Mateos Maquillage Suzanne Pisteur Lumières Régis Montambaux Direction technique Luc Corazza Son Michel Creïs Régie générale Xavier Carré Régie son François Chaussebourg Remerciements à Alexandre Del Perugia COPRODUCTION : BALLET ATLANTIQUE / RÉGINE CHOPINO, LA COURSIVE SCÈNE NATIONALE LA ROCHELLE CRÉATION 3,4,5,6 MARS 2001 À LA CHAPELLE FROMENTIN, LA ROCHELLE Durée : 1h15 Chopinot, danseuse et chorégraphe, directrice depuis bientôt 17 ans du Centre Chorégraphique National de La Rochelle qu'ont été invités Françoise et Dominique Dupuy, danseurs et chorégraphes depuis 50 ans. Aujourd'hui "Faits d'Artifice", spectacle chorégraphié par eux deux, salue, à sa manière, l'entrée de la danse dans le XXIè siècle. Parmi les 13 danseurs du Ballet, les chorégraphes euxmêmes qui, à plus de 70 ans, font un sacré pied de nez au destin supposé du danseur : celui de disparaître de scène vers 30 ans, 40 ans au mieux… Tic tac, tic tac : l'horloge tourne, la danse contemporaine change de siècle avec bonheur et espièglerie. Bonheur et espièglerie qui courent aussi dans les mots d'Amélie Grand, l'organisatrice des Hivernales depuis 24 ans, avec qui nous nous sommes entretenus. Q- Pourquoi avoir choisi ce ballet comme particulièrement exemplaire du thème des Hivernales cette année, celui du temps ? R- Il y a de nombreuses raisons. Le thème du temps, c'est on ne peut plus vrai puisque Françoise et Dominique Dupuy ont tous les deux passé 70 ans et qu'ils avaient participé à l'aventure de la première Semaine de la Danse en 1979 (première manifestation à l'origine des Hivernales). Puis, il y a eu quelque chose d'assez merveilleux, c'est qu'à partir de leur 70 ans, le Centre Chorégraphique de La Rochelle les a invités comme artistes associés pendant 3 ans. Après "La Danse du Temps", ballet chorégraphié par Régine Chopinot l'an dernier, elle leur a demandé de créer une chorégraphie et c'est "Faits d'Artifice", dont ils sont aujourd'hui les interprètes parmi les 13 danseurs de la compagnie. Q- Quel est pour vous, le sujet de ce ballet ? R- "Faits d'Artifice" c'est un peu une traversée de toute leur danse à eux, cette danse des pionniers qui a marqué en France les débuts de la danse contemporaine, et qui était très peu connue, avant qu'on découvre les américains, Cunningham, puis, bien plus tard, Pina Bausch, les japonais, le Buto. Et ce qu'on a appelé "la jeune danse française", celle qui a rayonné dans les années 80, avec entre autres Chopinot et Decouflé comme chevilles ouvrières, ignorait totalement le travail des pionniers qui les avait précédés. Donc, c'est un joli retour de la part de Régine Chopinot de vouloir connaître, et faire connaître, cette histoire et cette expérience de la danse qu'ont les Dupuy depuis plus de 50 ans. Dans cet esprit, Dominique Dupuy montre aussi pendant Les Hivernales "Passeur de solitudes", spectacle où il a transmis ses propres solos à de jeunes danseurs. Personnellement, j'aime beaucoup les vieux danseurs parce qu'ils on énormément de choses à dire et qu'il ne s'agit plus d'une exhibition de virtuosité, c'est toute leur vie qui passe dans le spectacle. Je suis très contente qu'ils soient là tous les deux, maigres, la boule à zéro, bien hein! en pleine forme ! Jeux de cache-cache Q- Dominique Dupuy dit, à propos de ce spectacle, que : " les artifices, les travestissements, jeux de guise et fabuleuses affabulations, même s'ils cherchent à masquer, à maquiller, sont souvent révélateurs au plus profond, de l'invu, de l'insu, de l'intime. Ils font émerger un mouvement de l'être et son excentricité." R- Oui, parce que se déguiser, se cacher pour se mettre à nu, c'est tout le sens de ce spectacle : on est sur scène pour s'amuser à jouer. Donc ils s'amusent eux avec leur passé, avec des ballets qu'ils ont eux-mêmes créés quand ils avaient 25 ans et ils s'amusent vraiment, c'est ça qui est merveilleux. Ils jouent avec le parcours qu'ils ont fait, ils jouent avec ce qu'ils sont. Et dans leur duo, à la fin, c'est complètement fou, le jeu qu'ils ont, parce qu'ils sont quand même un couple dans la vie, et c'est ahurissant. Elle, elle joue la vedette, lui, la regarde avec détachement et là, ils jouent encore. Toujours. Même la gravité, ils la jouent avec un regard amusé sur ce qu'ils ont été. Mais ce n'est pas la citation sur leur propre vie qui compte essentiellement, c'est surtout ce qu'ils ont réussi à faire jouer aux 13 autres danseurs. Ces mascarades, ces acrobaties, ces jeux incroyables et incongrus avec les objets qui nous font passer de surprise en surprise… 11 Si tu joues pas dans la vie… Q- L'artifice, dans les faits, c'est cette manipulation quasimagique des accessoires, ce jeu des corps confrontés aux nombreux objets utilisés sur scène : table ovale qui se métamorphose en pont en gondole et pour finir en miroir, tonneau transparent, jeux de baguettes et de raquettes, miroirs, boule, monocle… les danseurs sont mis devant les objets comme devant un parcours d'obstacles et doivent en quelque sorte les dominer, les surmonter, jouer avec leur indépendance, leur autonomie. Mais est-ce que tout ce déploiement d'objets n'est pas aussi une façon d'accumuler des citations, de faire des clins d'œil aux seuls connaisseurs de la danse contemporaine ? Par exemple la référence à "La Table verte" de Kurt Jooss ? R- Oui, bien sûr, c'est un spectacle plein de clins d'œil à l'histoire de la danse, mais la référence à la limite, on s'en fout. Cette table, elle est magnifique, ils en font un objet qui devient un balancier, un objet en équilibre, ils s'amusent avec cet équilibre, et c'est ça qui compte, l'amusement. Oui, si tu joues pas dans la vie…c'est morne, c'est mort. Ici, le jeu c'est de falsifier, de tromper, de faire illusion, c'est avec tout ça ouvrir un imaginaire sur la vie. Et cette ouverture sur l'imaginaire, c'est la nécessité de la danse. La nécessité de danser, on la sent très forte dans ce spectacle et c'est finalement, je crois, l'essentiel. Françoise et Dominique Dupuy Biographie en quelques pas chassés… 1947 : danseurs l'un et l'autre, ils se rencontrent chez Jean Weidt, leur premier maître. Années 50 : Passage au music-hall pour cause de survie. 1951 : Premier récital au Théâtre de Babylone au moment où Roger Blin y crée "En attendant Godot". Années 60 : Création du Festival des Baux, en Provence. 1964 : Ils programment Merce Cunningham pour la première fois en France. Ils militent pour la préfiguration d'un "Centre Chorégraphique National". On leur rit au nez ! Années 70 : Ils font entrer la danse dans les toutes récentes Maisons de la Culture et créent "les soirées de la Danse" à l'ARC, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Ils ouvrent "le Jardin de la Danse" à Avignon, première intrusion de la danse dans le Festival Off. Années 90 : Ils créent le Mas de la Danse à Fontvieille, centre d'études et de recherche en danse contemporaine et continuent à bagarrer pour la prise en compte de la pédagogie et de la recherche en ce domaine. Toutes ces années : danseurs-interprètes, chorégraphes, défenseurs des jeunes créateurs, enseignants, ils restent curieux de tout ce qui peut ensemencer leur art, et traversent au fil des ans de nombreux champs artistiques, le théâtre (Charles Dullin, Roger Blin), le mime (Etienne Decroux, Marcel Marceau), l'acrobatie (André Guichot), les différentes formes de danse -classique, populaire, jazz- les différents courants de la danse américaine, ainsi que les disciplines corporelles -Pilates, Feldenkraïs- mais restent fondamentalement attachés à la danse allemande qu'ils ont connue très jeunes. 12 Ilka Schönbein, funambule entre sérénité et insolence jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 février SOIRÉES NOMADES 20h30 au Vélo Théâtre - Apt Le jeudi 14 février à 19h30 / Bus gratuit Départ / retour Théâtre de Cavaillon b En compagnie du Vélo Théâtre Theater Meschugge Métamorphoses des Métamorphoses Auteur, Metteur en scène, Marionnettes, costumes et décors Ilka Schönbein Née à Darmstadt, d’une mère enseignante et d’un père musicien, cette rousse fragile, comédienne, danseuse, mime et marionnettiste, s’installe à Hambourg à 19 ans. Là, durant quatre ans, elle s’initie à l’eurythmie, un style de danse qui la rapproche inconsciemment de Pina Baush, et même des gymnastes slaves ou chinoises. Puis, elle va à Stuttgart parfaire sa formation, auprès du célèbre marionnettiste Albrecht Roser. De l’eurythmie à l’anthroposophie de Rudolf Steiner - un système de pensée qui relie l’être humain au cosmos - très répandu en Allemagne, il n’y a qu’un pas. L’art d’Ilka Schönbein puise dans cet ésotérisme : végétarienne, mystique, voyageant en buscaravane, l’actrice aime la nature et les gens. Interprètes Ilka Schönbein, Mô Bunte Régisseur Lumières Thomas Wittstock Régisseur Son Kirsten Heinrich Régisseur Plateau Simone Decloedt Photographies Marinette Delanné Production Theater Meschugge Durée : 1h15 environ La Compagnie a reçu le Prix de la Critique au Festival Mimos de Périgueux. Dans une sorte de comédie humaine en version express, Ilka Schönbein se métamorphose en mendiante, en jeune mariée, en animal… Les événements de la Seconde Guerre mondiale ont alourdi mon âme, je m'intéresse donc au comportement des gens qui se retrouvent dans des situations limites… Taraudée par ce passé, elle appelle son Théâtre “Meschugge” - “fou”, “cinglé” en yiddish. Théâtre itinérant né dans la rue, il est visuel, gestuel, universel et l’a menée spontanément vers la musique juive d’Europe de l’Est, grâce aux “Klezmers” ou à la bouleversante version de Sophie Tucker interprétant “A yiddisché mamé”. Cette découverte influencera ses créations : Jusque là, je n’avais pas établi de lien entre mon intérêt pour l’histoire allemande, la culture juive, et mon travail théâtral. J’étais comme paralysée par le poids de la Shoah. Ilka Schönbein n’est pas juive mais la Shoah est au cœur de son spectacle, tout comme des scènes de la Bible et de sa propre vie… La bande musicale, clarinette et accordéon, est faite de chants et de mélodies yiddishs. Tantôt gais, tantôt poignants, ils résonnent dans son théâtre sans paroles. Des fils de fer barbelés tendus, des oripeaux, une malle, des marionnettes, des masques tordus de souffrances, aux yeux parfois hallucinés. Un rai de lumière suit la comédienne dans ses pantomimes dansées, comme des incantations offertes à chacun des personnages qui vont naître de ces riens qui portent un tout : les facéties de l’humanité. Une vieille entame le spectacle : elle semble avoir traversé la mer Rouge, a dû connaître Moïse… Puis, tour à tour, Ilka Schönbein convoque de noires bestioles : un rat outrageusement membré, trois vautours, une araignée, un corbeau… Elle est aussi une mère juive consolant l’enfant du ghetto… Elle étreint la mort, dans une danse voluptueuse, puis, avec une infinie douceur, sort un bébé fripé de ses entrailles. Vêtue de guenilles, entourée d’objets déglingués, Ilka Schönbein, plonge le spectateur dans un monde de chimères où l’illusionniste est bouleversante. Son visage ne semble marquer que la frayeur et l’étonnement comme dans les films expressionnistes allemands. 13 le vélo théâtre vélo théâtre pépinière d’entreprises, route de Buoux, 84400 Apt - Tél. 04 90 04 85 25 14 Les frères Grimm magnifiquement grimés par Ilka Schönbein Theater Meschugge famille 7 de ans à partir -y lez en mardi 19 février 19h au Théâtre de Cavaillon Le Roi Grenouille al Adaptation, Mise en scène, Marionnettes, costumes et décors Ilka Schönbein Interprètes Ilka Schönbein, Mô Bunte Régisseur Lumières Thomas Wittstock Régisseur Son Kirsten Heinrich Régisseur Plateau Simone Decloedt Photographies Marinette Delanné Production Théâtre d’Ivry-Antoine Vitez et du Conseil Général du Val de Marne Durée : 1h15 environ Séances scolaires CE1, CE2, CM1, CM2 Mardi 19 février à 14h30 jeudi 21 février à 14h30 vendredi 22 février à 14h30 réservations ouvertes Ces actrices mirobolantes font surgir sur scène une foule de personnages, dans un tourbillon de mimes, de masques et de marionnettes. Elles jouent des mains, des pieds, de la voix, et même du derrière ! Mais le plus émouvant, à l’heure d’un monde Disney, c’est la façon dont Ilka Schönbein recrée l'imaginaire poétique d’un conte avec trois bouts de guenilles. Un simple parapluie devient une toile d’araignée où danse sa main gracile… Un sacré hommage aux petits princes en culottes courtes ! Une initiation aux valeurs de l’amitié et de l’amour… Elle ne l’aimera jamais. Il est trop laid. Il restera crapaud dans son puits, toute sa vie. Mais ce batracien visqueux et repoussant qui dégoûte tant la princesse n’est autre, bien-sûr, qu’un séduisant prince. Le malheureux garçon a été transformé en crapaud pour s’être baigné dans une fontaine magique, dans la forêt, près du château. La méchante sorcière le sait bien, elle qui attend le moment fatidique des douze coups de minuit, où le prince restera pour toujours un crapaud, à moins qu’il ne reçoive à temps le baiser salvateur de la jeune fille… …Dans une grande et sombre forêt, il y avait une fontaine, une fontaine magique et pour s’y être baigné, un prince est devenu grenouille ! Tout près de cette forêt, il y avait un château dans lequel vivaient un roi et ses filles. La plus jeune des princesses (qui était aussi la plus belle) avait eu comme cadeau de son père une magnifique balle en or qu’elle ne quittait jamais, même quand elle allait se promener dans la forêt. Or, il arriva qu’un jour la princesse perdit sa balle dans la fontaine… Mais chut ! La sorcière pourrait entendre… Quand on a peur c’est pas pour de faux mais qu’est-ce que c’est amusant ! L’histoire est archiconnue mais l’adaptation d’Ilka Schönbein est époustouflante d’originalité, de finesse et de poésie. Cette grande comédienne allemande, tout aussi bien danseuse, mime transformiste et marionnettiste invente de toutes pièces un univers bouleversant, délirant, inquiétant, cocasse, aérien. Un monde onirique peuplé d’être bizarres, créés à partir d’un fatras de vieux chiffons et d’oripeaux au rebut. Les extravagantes créatures fleurissent comme par enchantement du bout des doigts d’Ilka Schönbein. Douées de la vie qui leur insuffle son talent, les marionnettes deviennent parfois de véritables doubles d’elle-même, troublants de vérité. De précieux instants de grâce absolue, et une véritable fin de conte de fées quand le prince…. 15 Mô Bunte : un voyage vers Ilka Elle est née en 1942 en Allemagne. Entre 1968 et 1972, elle est actrice au Théâtre de Dortmund, puis au fameux Théâtre de Schaubühne de Berlin. En 1978, elle suit une formation de marionnettiste à Bochum. En même temps, elle participe à plusieurs ateliers de masques, en partticulier ceux dirigés par Guy de Frèche en France et Béatrice Camargo en Colombie… Pendant une dizaine d’années, entre 1988 et 1999, elle produit son propre spectacle sous le nom de Theater Motte, travaille à la télévision, joue dans les rues en Pologne et entreprend desq tournées en Allemagne et à l’étranger. Depuis 1990, elle joue seule et, par ailleurs, fait des mises en scènes de spectacles de marionnettes et de masques. C’est en 1999 qu’elle devient membre du Théâtre Meschugge et joue dans les deux spectacles Métamorphoses des métamorphoses et Le Roi Grenouille, entièrement remaniés. 16 Pénazar, ou le voyage d’un siècle à l’autre Les légendes seraient peut-être nées, fondamentalement, de notre questionnement sur le sens de la vie. En quoi est-ce que j'appartiens à ce siècle-ci plutôt qu'à un autre ? D'où le voyage, celui de Pénazar. Jeudi 21, vendredi 22 et samedi 23 février 20h30 SOIRÉES NOMADES au Théâtre de l’Escalier Naissance de l'image des Doms - Avignon Sur la scène presque nue, un coffre, Le jeudi 21 février à 19h30 / Bus gratuit Départ / retour Théâtre de Cavaillon b Compagnie L’Entreprise Le voyage de Pénazar Texte et mise en scène François Cervantes avec Catherine Germain Lumières Didier Girard Musique Philippe Foch Costume Catherine Lefebvre, assistée de Annette Six Décors Anne Legroux, assistée de Lucie Mourier Régie Claire Debar, Philippe Lebras Production : Compagnie l’Entreprise Coproduction La Filature-Scène Nationale de Mulhouse Les 7 collines (Théâtre Missionné de Tulle) avec l’aide de l’espace culturel de Saint Valéry en Caux Contact diffusion : Agnès Libbra Administration : Christophe Lamperiere Le Voyage de Pénazar a été créé le 9 mars 2000 à la Filature-Scène Nationale de Mulhouse L’Entreprise est une compagnie indépendante, conventionnée par le Ministère de la Culture, soutenue par la DRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, Saison 13 et la Ville de Marseille. Durée : 1h30 une lumière rousse et mystérieuse. Un être apparaît par magie dans un lourd costume oriental, pris d'une verve inépuisable, rieuse, légère et inquiète d'avoir déboulé ici ce soir, dans ce théâtre. Cet être se nomme Pénazar, et lui qui vit de raconter des histoires, nous dira toutes celles de son voyage à travers les siècles. Ses mots en disent long sur la question de l'errance et de l'existence, mais aussi, les mains qui, gantées de blanc, parlent toutes seules, comme pour nous conter une autre histoire. Une autre histoire encore, celle que cache ce visage à demi-masqué dont les yeux et la bouche, laissés à leur pétillance, nous intriguent comme un vivant mystère. Laissonsnous porter par cette voix unique, grave et rieuse à la fois, c'est la voie du voyage… Le spectacle de l'intranquilité Auteur du texte et metteur en scène du spectacle, François Cervantes nous indique le chemin de sa réflexion : "L'homme n'arrête pas de mourir, mais il ne l'accepte pas. Il n'est pas tranquille. Il veut savoir pourquoi il est sur terre. Les hippopotames restent des hippopotames, du matin au soir, avec patience et satisfaction ; l'homme les regarde avec envie. Dans cette douleur, il lui vient une vision. Voilà. Nous sommes mortels, mais faits d'un tas de choses immortelles, qui sont à la fois en nous et hors de nous. Ainsi est né Pénazar, personnage né au treizième siècle, dans un grande histoire orientale. Toute sa vie serviteur du prince de Gelgel, il est, à la mort de son maître, emporté comme une âme errante, changeant de corps comme on change de trottoir. Sans cesse il meurt et sans cesse il renaît. Il traverse la salle des spectateurs comme une boule d'orage, comme un sentiment ou une couleur. Il passe comme une comète. Il nous rappelle que l'éternel n'est pas durable et que le monde des légendes cherche à entrer en contact avec nous pour nous dire quelque chose ". Nous avons interrogé Catherine Germain, elle qui sur scène incarne la légende. Oser le rire avec la philosophie Q - "Je suis parti de Java au treizième siècle. Vous allez me croire ou vous allez vous fendre la gueule ?" C'est une des premières phrase de Pénazar et qui donne tout de suite le ton du spectacle : il s'agit complètement d'une légende et en même temps d'une adresse très franche au spectateur contemporain; pour vérifier sa présence, pour le provoquer ? R- Je m'adresse directement au spectateur, mais il n'est jamais provoqué directement. Je l'invite, essentiellement à rentrer dans la légende : Le voyage de Pénazar est celui d'un être qui s'est perdu dans les siècles, d'un fantôme (?) qui ne cesse de poser la question du temps. Q- Ce qui caractérise Pénazar, c'est sa fidélité au prince de Gelgel. Fidélité à quoi, à qui? Quelqu'un de perdu qui se cherche un maître à travers les siècles ? R- Oui, ce voyage, dans le fond, ce n'est pas lui qui l'a voulu, on l'a mis dans une boîte à épices et il ressort un siècle plus tard devant des gens qui le regardent comme un zombie et il se demande vraiment ce qu'il fait là. Il dit : "je suis catastrophé, catastrophé de me rendre compte que je suis une âme errante". Il n'a pas voulu une seconde devenir un fantôme, mais on est fantôme malgré soi. Sa fidélité à son maître, sa constance avec lui, sa soumission était pour lui sa manière d'exister, et au moment de la mort du maître, il est terrassé, comme amputé de son existence et probablement il meurt “Il m’est impossible de témoigner d’une démarche, de partager mon écriture et de montrer comment elle a accompagné une vie de compagnie et un travail d’acteur. Je pourrai donc choisir quelques textes et commencer, avec le groupe, le chemin qui va du livre au plateau” François Cervantes Le Centre Culturel Cucuron Vaugines, a accueilli le jeudi 10 janvier à 20h30 à la bibliothèque de Cadenet, François Cervantes dans le cycle de ses “soirées curieuses”. N’hésitez pas à demander le programme des prochaines rencontres au 04 90 77 28 31 Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur le vingtième siècle ? Dites-moi franchement : est-ce qu'un type comme moi peut s'en sortir ? Il a ouvert la bouche. Je regardais dedans, et les mots sont arrivés. Il faut que vous sachiez deux ou trois choses. Tout peut arriver. lui aussi à ce moment-là. Mais, à travers les époques, c'est sans doute ce lien là qui continue et se poursuit. Plus que ce personnage, ce qui voyage c'est peut-être un sentiment, ce sentiment d'appartenir tellement à quelqu'un que ce lien-là est éternel. Et il y a comme ça une vraie permanence du monde. C'est ce que nous représentons avec la forme du masque, cette sorte d'immortalité du lien. Qu'est-ce que c'est Pénazar au fond ? Un réincarnation ? Il y a toujours dans son récit ce sentiment d'être coupé de quelqu'un d'autre, ce sentiment du lien à l'autre qui perdure, et le réveille tout le temps. Pénazar, c'est peut-être un sentiment qui voyage ou une pensée. François Cervantes animera deux stages de théâtre, Du livre au plateau. Au Théâtre de Cavaillon réservé aux enseignants du lundi 25 au jeudi 28 février de 9h à 12h et de 13h à 16h À l’ancienne école de la Motte d’Aigues ouvert au public (amateur) samedi 9 et dimanche 10 février de 10h à 13h et de14h à 18h plein tarif 46 €, et tarif réduit 31 € "Changer de corps comme on change de trottoir" Q - Vous êtes Pénazar, vous êtes aussi d'autres personnages du récit derrière votre masque : dans le corps, dans la voix vous êtes un homme, puis, coup de théâtre au milieu du spectacle : Pénazar disparaît momentanément et une femme, un actrice vient boire le thé sur scène. Estce lui, est-ce une autre ? Que se passe t-il ? Le théâtre serait-il l'art du travestissement jusque dans la capacité de changer de sexe en direct ? R - Oui, à ce premier coup de théâtre, beaucoup de gens ne font pas le rapprochement et croient encore qu'on est deux. Ce n'est qu'à la fin, quand j'ôte le masque devant le public que le doute n'est plus possible. Mais effectivement, pour le public, deux êtres se sont succédés. Pour moi aussi d'ailleurs : avec Pénazar, c'est ou lui ou moi. Quand il est là, la comédienne n'y est plus : c'est un homme on ne la voit plus, mais c'est à ce prix là qu'on peut tendre vers un personnage, s'en approcher. La force du théâtre c'est de toucher à cette sorcellerie-là, ce travestissement qui permet l'élan pour aller vers un personnage. Et en se prêtant totalement, physiquement à ce jeu-là, il se passe des choses troublantes en effet. Mais, c'est très facile d'en revenir, heureusement ! Disparaître pour apparaître autrement Q - Cette incroyable capacité que vous avez à vous métamorphoser complètement jusqu'au bout des ongles, ou plutôt des gants, et aussi bien physiquement que vocalement, cela relève de plusieurs techniques, celles du mime, du masque, de la danse… R - Quand j'ai découvert le masque, il y a sept ans, ça a été pour moi une véritable révélation. C'était un masque de guerrier. Je n'avais jamais été dans cette violence-là, et imaginé vocalement que ma voix pouvait changer à ce point. Et ce jour-là, le déclic s'est produit de comprendre par le masque, qu'avec le personnage, il ne s'agissait absolument plus de soi mais immédiatement de quelqu'un d'autre. Cela correspond peut-être chez moi à cette aisance, à cette capacité profonde de disparaître que j'ai, de disparaître pour apparaître autrement, pour changer. C'est une nécessité proche de ce plaisir que prennent les enfants à jouer qu'ils sont quelqu'un d'autre. Après, bien sûr, il y a le travail technique qui vient parfaire tout ça, et le travail du masque oriente celui de la voix. Q - Quel est votre plus grand plaisir de comédienne dans ce spectacle ? R - Je voyage vraiment avec le texte, avec les mots. Je trouve que ce qu'a écrit François est vraiment une invitation à chevaucher un monde. Pour moi, c'est ce texte qui permet de faire vivre cette petit tête en bois qu'est le masque, c'est lui qui me donne l'attachement charnel au personnage. Je suis seule sur scène, sans décor, sans partenaire, le texte est vraiment ma matière d'exister. Pour moi, c'est ce texte qui permet de faire vivre cette petit tête en bois qu'est le masque, c'est lui qui me donne l'attachement charnel au personnage. Je suis seule sur scène, sans décor, sans partenaire, le texte est vraiment ma matière d'exister. 18 Choisir la prison comme un sort jeudi 28 février, vendredi 1er et samedi 2 mars 20h30 SOIRÉES NOMADES à la Salle des fêtes Isle sur la Sorgue Le jeudi 28 février à 19h30 / Bus gratuit Départ / retour Théâtre de Cavaillon b En compagnie de la Ville de l’Isle sur la Sorgue Suerte Texte Claude Lucas Adaptation et mise en scène Julien Bouffier avec Marc Baylet, Jean-Marc Bourg Collaboration artistique Jean-Michel Vivès Scénographie Emmanuelle Debeusscher & Julien Bouffier Création de l’univers sonore Pascal Arnold Création des lumières Frédéric Laborie Régie Lumière Maurice Fouilhé Régie Son Pascal Arnold Régie Plateau Emmanuelle Debeusscher Production/Diffusion Cécile Mangin Julien Bouffier est artiste associé à la Scène nationale de Sète - Compagnie en convention avec la DRAC Languedoc-Roussillon, subventionnée par le Conseil Général de l’Hérault, la Mairie de Montpellier Suerte a été coproduit par la compagnie “Adesso e sempre” et par les Scènes de l’Hérault Durée : 1h15 Prix de la création et de la Jeune critique du Festival du Jeune Théâtre d’Alès 1997 m'approche du mur de la cellule, riant toujours “(ouJesanglotant ?), et je plaque mes mains sur le béton. Qu'il est dur ! Qu'il est solide ! Qu'il est vrai ! Je pose ma joue sur sa surface tiède. C'est dense, c'est impénétrable, c'est impitoyable. Je l'embrasse à présent, frissonnant de fièvre, j'y applique ma bouche, j'y frotte mes lèvres entr'ouvertes encore, encore, encore, encore et encore. Enfin du sang. Il y a du sang sur le béton gris, du beau sang rouge. Je vis donc. Je saigne, donc je suis… ” Dans Suerte, roman autobiographique de son "exclusion volontaire", Claude Lucas témoigne de son sort : celui qui lui est fait, celui qu'il a choisi de se faire : 20 ans, il est condamné à cinq ans de prison pour mort d'un proxénète. 23 ans, il est condamné à cinq ans encore pour le casse d'une joaillerie. 37 ans, il est condamné à huit ans pour hold-up. Libéré à 42 ans, il est à nouveau arrêté à 45 ans… Sa vie s'écoule de cellule en cellule, tout comme si au dehors, la vie n'offrait pas de porte de sortie. Il n'y a bien qu'au dedans, entre ces murs de béton-là qu'on peut chercher à s'évader. Questions à Julien Bouffier, metteur en scène. Q- Comment vous est venue la nécessité de ce spectacle ? R- Tout est parti de ma rencontre avec ce livre de Claude Lucas. Après cette lecture qui m'avait bouleversé, je lui ai proposé d'adapter lui-même ce texte pour le théâtre, mais il ne l'a pas souhaité et m'a laissé libre de m'en emparer. Je savais déjà ce qui dans ce récit de vie de prisonnier m'intéressait le plus. Non pas tout l'aspect disons "polar" des cavales, des tentatives d'évasion, de la préparation des braquages, des holdup. J'ai d'une certaine manière mis tout ça de côté pour m'attacher essentiellement à la parole intime sur l'incarcération. Alors l'évidence du monologue et de la mise en abîme d'un même personnage me sont apparues : sur scène, un prisonnier seul, Christian. Paul, à qui il s'adresse quelquefois n'est que son double imaginaire, Christian n'étant lui-même que le double imaginaire de Claude Lucas. Q- Il n'y a donc qu'un seul personnage sur scène et pourtant deux comédiens dans la distribution ? R- Oui, Suerte est un double spectacle qui se joue complètement sur deux représentations: à chaque représentation, un comédien différent. Les spectateurs sont donc idéalement conviés à voir les deux représentations. Deux spectacles différents : deux musiques, deux jeux de lumière, deux interprétations. Ce qui reste inchangé, c'est le dispositif scénique. Et même si le texte est majoritairement similaire, Christian Lhorme est chaque soir, un autre ; un soir, il penche du côté de "l'Abbé", surnom ironique que lui a attribué l'un de ses compagnons de cellule pour ironiser sur ses attitudes de penseur et d'introverti, un autre soir, il penche du côté du dandy, figure plus provocante et extravertie dans sa relation aux femmes, au plaisir, à l'art de "voler pour refuser la médiocrité". Par cette proposition sur deux soirs et dans ce même "peep-show", j'ai voulu que le spectateur puisse se faire happer complètement par son propre voyeurisme. La pièce n'est pas en ce sens réaliste, ce n'est pas un taulard qui parle enfermé dans sa cellule. Il est en costard et il parle aux murs qui sont des miroirs, de l'enfermement. Les spectateurs eux, répartis par dix dans les cabines du peep-show, deviennent en quelque sorte les otages de leur propre regard. 19 Notre prison est un peep-show Q- Comment vous est venue cette idée du peep-show comme métaphore de la prison ? R- C'est un espace qui permet de faire saisir l'enfermement de manière évidente et parfaitement concrète : enfermement du personnage dans sa "cellule" murée de miroirs sans tain, enfermement des spectateurs, placés dans des cabines exiguës, qui à la fois, voient et se voient dans le miroir. D'entrée il y a comme un malaise de se trouver physiquement si proches les uns des autres et visibles. On fait semblant de ne pas se voir et en même temps on ne peut pas s'ignorer. Q- Le spectateur est donc, comme impliqué, enfermé dans la mise en scène ? R- Oui, le voyeur vu est concrètement enfermé dans son regard sur l'acteur. L'acteur est son seul repère possible, et c'est cela qui m'intéresse beaucoup, dans ce spectacle, comme dans la question du spectateur en général. Comment on regarde? c'est ma question principale, mon cheval de bataille. Au théâtre, en général, le spectateur est passif et a tout le loisir de s'ennuyer beaucoup s'il reste au bord du quai, si on l'y laisse, s'il n'es pas impliqué. Au cinéma, il est happé par l'image, le son : il rentre immédiatement dans un monde. C'est cette intensité du regard que j'ai voulu recréer : l'œil capturé à la fois par l'image extrêmement rapprochée du comédien seul dans un cadre, et la lumière coupée au couteau qui met en abîme tous les reflets de l'image dans les miroirs, l'oreille envahie par la présence sonore continue, celle de la voix du comédien au micro comme celle de la musique, qui nous arrive en retour par des enceintes Dolbystéréo. Tout se passe comme si le choix d'un plan serré et fixe de cinéma ouvrait à une nouvelle perception, une autre perspective du regard du spectateur, et, du coup, du théâtre lui-même. En tout cas, c'est la tentative proposée… Q- Pourquoi cette histoire de braqueur multirécidiviste qui passe pratiquement toute sa vie en tôle vous a t-elle intéressée ? R- D'abord par pure curiosité pour un monde parfaitement inconnu de moi, comme l'est d'ailleurs celui du peep-show. Plus fondamentalement, ce que j'ai voulu débrouiller c'est ce qu'il y a à la fois, d'obscur et de malsain dans notre fascinatin pour une telle histoire. J'ai tenté de traduire ce sentiment de mise en abîme qu'un tel témoignage provoque chez nous, en tentant d'assumer les deux : le réel de cette histoire et sa fiction. Q- Qu'avez-vous choisi de privilégier théâtralement à partir du roman d'origine ? R- De montrer simplement quelqu'un en face de son narcissisme, de son impudeur, de son dévoilement. Il n'a que ça, ne possède que ça : sa propre parole, sa réflexion intime comme repère avec le béton, les murs, avec les autres, ceux qui sont dedans et dehors. En suivant sa parole, comme spectateur, on oublie les miroirs, on en fait des murs. Mais, comme ça n'est pas un espace réaliste, on s'imagine l'extérieur : les scènes de procès, les permissions… jusqu'au moment où on comprend que la prison, c'est sa tête. Il se perd dans sa tête et il tombe petit à petit dans sa propre image jusqu'à s'y noyer. Mais je ne vous dévoilerai pas le coup de théâtre de cette vraie noyade ! Q- Vous aimez à citer cette parole de Claude Lucas qui dit : "la prison est un lieu métaphysique, ce qui la distingue du Zoo." Assumez-vous cette pièce comme un pièce métaphysique ? R- Oui, j'assume complètement (rire) si quand on entend le mot "métaphysique" on ne l'associe pas immédiatement à l'ennui et à la pesanteur. Ce que j'ai tenté, c'est de relancer sans cesse la tension et l'attention, sur la question même de la métaphysique pour moi : celle de notre rapport d'individu "enfermé dans une société fragmentée. Les questions de l'image de soi, de la déchéance, de l'insertion sont ici vraiment données à entendre, à voir, à toucher de près. J'espère du moins les avoir rendues inévitables. 20 Chères spectatrices, chers spectateurs, et tous les autres… Emmanuelle Laborit Pour un Oui ou Pour un Non Sylvain Maurice Macbeth Yann Tiersen et Natacha Regnier rencontre entre des élèves et Sylvain Maurice L’année 2001 s’est achevée. Il nous semble intéressant de faire à ce jour “un petit bilan” sur la première partie de la saison, sur la période allant d’octobre à décembre. Tout d’abord, il vous informera de la “santé”, de la fréquentation de la Scène nationale et nous permettra, à nous, de tirer tous les enseignements nécessaires pour continuer notre mission et surtout pour l’améliorer. Mais, notre mission, quelle est-elle ? Une mission de service public. Elle est de vous rassembler. De vous étonner en vous faisant découvrir différentes expressions artistiques du spectacle vivant que nous défendons jour après jour, soit par sa diffusion, soit par sa création. De plus, il est riche de sentir vos premières réactions sur une programmation différente qui a tenu, malgré tout, à garder un lien solide avec les précédentes. Le théâtre et la danse sont toujours présents, mais d’autres formes artistiques qui, hier n’avaient pas été oubliées, ont été consolidées. La musique, les spectacles hors des murs du Théâtre, par exemple. Il s’agit-là d’un réelle volonté d’ouverture, tant sur la diversité des spectacles proposés, que sur le désir de partir à la rencontre du public, là où le plus souvent, il ne nous attendait pas, dans des lieux comme les cafés, les restaurants, les prisons… Nous avons continuellement ce désir, presqu’une obsession : élargir le public, en étant davantage à son écoute : 92 % des gens hésitent encore à pousser la porte d’un théâtre… Challenge considérable, certes, mais réalisable. Voilà pourquoi, de nombreux partenariats ont été noués avec des structures culturelles de Cavaillon, des municipalités du Vaucluse et des Bouches du Rhône. Nous avons également continué une politique tarifaire volontariste, politique qui avait été précédemment engagée. Pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi, il était possible d’assister au concert de Yann Tiersen pour la somme de 8 euro, soit 52,48 francs la place. Du reste, plus de deux mille personnes se sont retrouvées au Théâtre, les 30 novembre et 1er décembre. Ce fut une folie. Une folie comme on l’aime. Nous sommes heureux de vous apprendre que pendant cette période (octobre-décembre), la fréquentation de la Scène nationale a été de 82,99 %, sur 33 représentations (toutes formes confondues), nous pouvions accueillir 6789 personnes, 5634 nous ont accompagné dans notre projet. Il ne s’agit pas là de faire acte de complaisance, surtout pas, mais de vous informer et de vous remercier de votre curiosité, de l’encourager et de ne pas la décevoir. Et, qu’on se le dise, nous continuerons à travailler dans ce sens, nous prendrons notre bâton de pèlerin pour vous convaincre que l’Art, dans toutes ces expressions, est essentiel pour mieux connaître l’autre, ses peurs, ses bonheurs, ses rêves… Nous ferons pousser ce théâtre populaire qui nous est si cher où chacun pourra trouver l’émotion et ressortira de la salle pas tout à fait le même, différent, quoi ! La différence, ça ne vous dit pas quelquechose ? 21 merci patrons ! Il fait nuit sur Arles. La représentation de Soifs ! vient tout juste de s’achever. Charlotte et Laurent, les comédiens, se démaquillent et reviennent à eux-même. Des spectateurs restent là, s’accrochant au zinc, n’osant plus sortir de peur de laisser derrière eux cette émotion que les comédiens leurs ont offerte sur un plateau… sur un air de Java… Trois bergers entrent dans le bar. Ils arrivent de Savoie et ont accompagné leurs bêtes jusque dans la plaine de la Crau où elles vont passer l’hiver… Ça commence comme un conte, me direz-vous ! C’est un conte. L’un de ces contes qui nous est parfois offert, comme ça, à l’improviste, et qui révèle toute sa beauté si l’on veut bien y prêter attention… Les trois jeunes bergers se mettent à chanter une chanson d’amour Les Amants de Saint-Jean. Les gens tout autour ne se font pas prier et les accompagnent, reprenant en chœur le refrain. Quel drôle de hasard ? La pièce Soifs ! parlait justement d’amour. De cet amour qu’on attend toute une vie, qui tarde parfois un peu, mais qui arrive un jour ou l’autre quand on veut bien y prêter attention. Ce fut un moment où chacun fut un bel acteur. Un moment de simplicité et de communion inoubliable. Quand je vous disais que c’était un conte ! Au cours de la tournée, dans différents bars, trois générations se sont croisées : une jeune fille, ses parents puis ses grands parents. Et ils se sont écrits sur le livre d’or que la compagnie avait laissé pour que chacun, s’il le désirait, s’avoue d’un coup de plume. Ailleurs, les patrons sortaient spontanément pâtés, rillettes et fromages, sans oublier le vin, pour “faire durer” le partage d’un moment délicieux entre des gens dont certains n’avaient pas imaginé une seconde que le théâtre puissent rassembler et donner de pareils espoirs. Des patrons de bars, ils n’ont pu la dissimuler complètement, éprouvaient une certaine fierté même à revenir derrière leur zinc, après que les comédiens, Charlotte Malmanche et Laurent Provots (et non pas Provost !) l’aient emprunté et lui aient donné une autre rôle, le temps d’un soir. Le théâtre, ces soirs-là, était l’invité des bars, rien ne fut bouleversé, les éclairages étaient ceux du lieu, les enseignes clignotaient comme à leur habitude et les flippers infatigables chantaient leur rengaine Insert a coin, thank you ! Il ne restait que le jeu pur, sans artifices particuliers, la beauté de deux textes sachant parler de l’intimité des hommes. Le premier soir, à Cavaillon, autre merveille : l’un des auteurs Serge Valletti, était venu découvrir ce spectacle et réentendre son texte qu’il avait tant joué en solitaire au Festival off d’Avignon, quelques années auparavant. Et finalement, que croyez-vous qu’il arriva ? Il tomba sous le charme et la puissance du texte d’Ernesto Caballero qu’il découvrait et fut tout aussi ému qu’un spectateur qui était entré dans le bar parce qu’il avait vu de la lumière et des gens réunis. Soifs ! ce fut tout cela et tant d’autres aventures encore… Pour tous ces souvenirs, le Théâtre de Cavaillon-scène nationale et la Compagnie Moitié raison-Moitié Folie tiennent à remercier les bars et restaurants qui ont accueilli ce spectacle. Les patrons ont eu le talent de recevoir, le public a eu le talent d’écouter et de se laisser porter vaille que vaille, les artistes le talent de s’offrir en tournée : ensemble vous avez fait vivre ce qu’il y a de plus beau dans le théâtre : sa générosité… quand les hommes parlent enfin aux hommes ! Le Théâtre de Cavaillon-scène nationale est heureux d’avoir été au bout de cette audace et ne s’arrêtera pas de en si beau chemin ! 22 Norbert Aboudarham de la physique au théâtre… Je suis un physicien qui a mal tourné, très mal : je fais du théâtre. Mes deux camarades de promotion sont directeur de camping et contrebassiste. La physique mène donc à tout. Mais, à y réfléchir de plus près, la physique et le théâtre n’ont-ils pas le même objectif ? Celui de donner… une représentation du monde ? Norbert Aboudarham a présenté… l’Omelette au Lard •au Lycée agricole de Serres le jeudi 10 janvier de 15h30 à 16h30 et •au Collège d’Apt le vendredi 25 janvier de 17h30 à 18h30 Petites histoires du désordre •à la Maison d’arrêt d’Avignon le mardi 8 janvier •au Lycée René Char à Avignon le mercredi 9 janvier de 13h à 14h •au Lycée Henri Fabre à Carpentras le mercredi 9 janvier de 16h à 17h •au Lycée Ismaël Dauphin à Cavaillon le jeudi 10 janvier de 11h à 12h •et en appartements à Cheval Blanc et Le Mourre Oppède Norbert Aboudarham animera également deux stages pour amateurs Stage Burlesque à la Gare de Bonnieux samedi 12 et dimanche 13 janvier de 10h à 18h Norbert Aboudarham Autour de la création du Chat de Schrödinger le 19 mars à 19h au Théâtre de Cavaillon, Norbert Aboudarham a accepté de réaliser un important programme "périphérique" d'actions artistiques. …et animera Stage Comique à la Gare de Bonnieux samedi 26 et dimanche 27 janvier de 10h à 13h et de 14h à 18h plein tarif : 46 € soit 301,74 f tarif réduit (moins de 26 ans et demandeurs d’emploi) : 31 € soit 203,35 f l’ironie dramatique de Charlie Chaplin The kid Le comique qui nous intéresse est celui qui est indissociable de la vie, de la tragédie de l’existence et de son absurdité. Le comique repose sur une dramaturgie précise et sur une grande rigeur du jeu liée au rythme et au temps. Sciences frontières Norbert Aboudarham sera également un invité un peu spécial du festival Science Frontières qui se déroule à Cavaillon, principalement dans notre théâtre, du 22 au 26 janvier. Le thème de cette année, "2002, l'odyssée de l'espèce", permettra de réunir de nombreux invités, tant médiatiques que compétents, parmi lesquels Yves Coppens, José Bové, Boris Cyrulnik, Jean-Marie Pelt, Jacques Testart, Rémy Chauvin, ou encore l'écrivain Didier Van Cauwelaert et… Mireille Dumas. www.sciencefrontieres.com hommage Cette manifestation est l'une de celles, nombreuses, que se doit d'accueillir le théâtre en l'absence d'une salle des fêtes à Cavaillon. Ainsi, chaque année, les trois dernières semaines de juin sont traditionnellement réservées aux manifestations de fin de saison de différentes associations telles que la MJC, l'Ecole de Musique, Artists, En K danse, etc. Plus tard, ce sera le tour de "Melon en fête" ou de la "Saint-Gilles", des arbres de Noël du personnel communal ou de grandes entreprises cavaillonnaises. Tout au long de l'année, une "autre" activité, peut-être moins "visible" que celle de la Scène Nationale, se déroule donc dans nos murs, assurant ainsi à notre plateau, à nos gradins, et à nos matériels, un taux d'utilisation insoupçonné ! C'est très bien, mais cela représente aussi beaucoup d'heures de travail pour les équipes, notamment techniques, afin que se réalisent au mieux les désirs de chacun. 23 Chut… brèves… Entre le 3 et 8 décembre, Pascale Houbin a fait de très belles rencontres avec des artisans de la région (cordonnier, sculpteur, chef cuisinier…). Elle a engrangé de nombreux et très riches témoignages autour de leur métier, témoignages parlés et gestes mimés avouant tout l’amour de l’artisan pour son savoir-faire. Pascale poursuit sa recherche. A cette occasion, le Cinéma La Cigale à Cavaillon, dans le cycle Cinémotion, a présenté le film Profils paysans : l’approche, de Raymond Depardon le dimanche 13 janvier à 18h30 et le lundi 14 janvier à 21h. tarifs & abonnements l’Abonnement de 4 à 9 spectacles 11€ la place, soit 72,16 f de 10 à 19 spectacles 9€ la place, soit 59,03 f à partir de 20 spectacles 7€ la place, soit 45,92 f l’Abonnement -26 ans de 4 à 9 spectacles 6€ la place, soit 39,36 f Pascale Houbin sera au Vélo Théâtre à Apt, en résidence, pour collecter des gestes, dans la région du 4 au 9 mars et présentera un spectacle de danse : Extraits de Récital le vendredi 8 mars à 20h30 au Vélo Théâtre à partir de 10 spectacles 5€ la place, soit 32,80 f plein tarif 16€ la place, soit 104,95 f -26 ans, demandeurs d'emploi La représentation Le chat de Schrödinger aura lieu au Théâtre de Cavaillon à 19h. Elle sera suivie d’un Bal clandestin (gratuit) sous le chapiteau, place du Clos à Cavaillon. Le spectacle Charlotte etc est gratuit mais la réservation est indispensable. Le concert de Daniel Mille au Grenier à sons à Cavaillon commencera à 21h30 et non à 22h30 comme annoncé. Dans le prochain numéro de Chut… sera détaillée toute la tournée de Johnny Perpète dans une dizaine de bars du Vaucluse et des Bouches du Rhône. 8€ la place, soit 52,48 f groupes (10 personnes et + ) et adhérents partenaires 12€ la place, soit 78,71 f allez-y en famille 5€ la place, soit 32,80 f représentations scolaires est édité par Association Théâtre de Cavaillon Scène nationale, B.P.205, rue du Languedoc 84306 Cavaillon Cédex [email protected] Directeur de publication : Jean-Michel Gremillet On peut réserver ses places par correspondance pour tous les spectacles, en utilisant le bulletin imprimé dans la brochure de saison, ou en le photocopiant. C’est également aussi simple par téléphone au 04 90 78 64 64, du lundi au vendredi de 11h à 18h, surtout que le paiement par carte bancaire est possible. Les places réservées sont à retirer au guichet ou à confirmer par l’envoi du règlement au plus tard 3 jours après votre appel. Les réservations non réglées dans les 3 jours sont annulées et remises en vente. L’internet est aussi un nouveau moyen bien pratique : [email protected] depuis novembre réservations FNAC, Carrefour, France-Billet, 0892 68 36 22 *, www.fnac.com 3615 billetel**, * (0,99f/min) * *(2,23f/min) Le Théâtre de Cavaillon - Scène nationale est subventionné par : La Ville de Cavaillon, Le Ministère de la Culture et de la Communication Direction Régionale des Affaires Culturelles de la Région Provence Alpes - Côte d’Azur Le Conseil général de Vaucluse Le Conseil régional Provence Alpes-Côte d’Azur Il reçoit l’aide de l’ONDA (Office National de la Diffusion Artistique) Et si vous préférez nous rendre visite au théâtre (du lundi au vendredi de 11h à 18h), cela nous permettra même de bavarder un peu ! design saluces.com 4€ la place, soit 26,24 f Les soirs de spectacle, le bar est ouvert dès 19h (18h le mardi) et propose généralement une petite restauration. ont participé à la rédaction de ce numéro : Frédérique Mérie, Jean-Michel Gremillet, Bertrand Perret Jean-Claude Herbette Image de couverture : Lisa Sartorio Crédits photo : Vincent Schnerb, José Vincentelli, Florence Dogowson, DR, Elkoury/Rapho, Franck Courtes, Tristan Valès, Arthur Pequin, Marinette Delanné, Vélo Théâtre, Agnès Libbra, Ludovic Guet, Jean-Christophe Nguyen, “L’Agence” Imprimé par ROTOSUD, B.P 50, Z.I. des Iscles 13834 - Chateaurenard Cédex tiré à 21.000 exemplaires ISSN 1629-9450 dépôt légal à parution janvier Ouverture de saison Emma la clown Quartet Michel Macias Oum n°3M avril 3 petits chantiers MERCREDI 23 ET JEUDI 24 MARDI 16 février Johnny… perpète octobre J’ai pas fermé l’œil de la nuit L’envol du pingouin Les règles du savoir-vivre dans la société moderne Faits d’artifice SAMEDI 29 SAMEDI 2 MARDI 12 VENDREDI 12 Métamorphoses des Métamorphoses Parole VENDREDI 19 DU JEUDI 14 AU SAMEDI 16 Expo photo Le Roi grenouille Il signent RICHARD BRUSTON DU MARDI 16 AU MARDI 30 SAMEDI 20 Pfft fft fft DU MARDI 23 AU MARDI 30 Prophètes sans dieu MARDI 23 Chinese Bastard VENDREDI 26 MARDI 19 mai Le voyage de Pénazar Si c’est un homme DU JEUDI 21 AU SAMEDI 23 SAMEDI 4 Suerte La grande illusion JEUDI 28 MARDI 7 Soifs ! mars Expo photo MERCREDI 24 Suerte Histoire de la petite fille Qui… QUENTIN BERTOUX Pierre, pour mémoire VENDREDI 1ER ET SAMEDI 2 DU MARDI 7 AU VENDREDI 17 DU JEUDI 25 AU SAMEDI 27 Du vent… des fantômes Mito / Mito MARDI 5 ET MERCREDI 6 MARDI 14 Au bord de l’eau Rwanda 1994 SAMEDI 9 SAMEDI 18 VENDREDI 2 Les aventures de sœur Solange Zigmund follies Soifs ! VENDREDI 15 DU VENDREDI 19 OCTOBRE AU SAMEDI 3 NOVEMBRE A la gare du coucou suisse MARDI 23 novembre Pour un oui ou pour un non DU LUNDI 5 AU VENDREDI 30 Expo Louis Chedid JEUDI 30 ET VENDREDI 31 juin Zigmund follies VENDREDI 9 Accordéons JEANNOT PERRET “Drop it !” DU VENDREDI 15 AU DIMANCHE 24 Prémices VENDREDI 16 Cirque Lili DU LUNDI 3 AU VENDREDI 7 Macbeth DU VENDREDI 15 AU DIMANCHE 17 EMBOUTEILLAGE VENDREDI 23 SAMEDI 8 ET DIMANCHE 9 Yann Tiersen Les Ogres de Barback + Scott Taylor VENDREDI 30 SAMEDI 16 Jean-Marc Marroni & Jean Corti décembre LUNDI 18 Le chat de Schrödinger + Bal clandestin Soifs ! Ignatus SAMEDI 1ER Alain Chamfort & Marie-France VENDREDI 7 Shakespeare - Perrault MARDI 11 LA BOÎTE À FRISSONS DU SAMEDI 1ER AU SAMEDI 8 MARDI 19 Charlotte etc MERCREDI 20 Boni’s Family + Suites JEUDI 21 Voyages VENDREDI 22 Daniel Mille VENDREDI 22 Boukovo invite Neno Koytchev VENDREDI 22 Grand bal SAMEDI 23 Bell œil + Claude Delrieu SAMEDI 23 Castafiore Bazooka Jean Wiener DIMANCHE 24 L’éveil du Printemps VENDREDI 29 SAMEDI 1ER www.theatredecavaillon.com septembre Théâtre de Cavaillon - Scène nationale rue du Languedoc - B.P 205 84306 Cavaillon cedex Renseignements Réservations 04 90 78 64 64 télécopie 04 90 76 22 67 [email protected]