claudel n2 film - Acf-Vlb

Transcription

claudel n2 film - Acf-Vlb
1, 2, 3… Claudel
Petit journal de « Lacan lecteur de Claudel »
L’HOMME ET SON DESIR
2
Voir Claudel, écouter
Lacan par Pierre-Gilles
Guéguen*
EDITO
Partage de…
Claudel
Sur les traces d’une vie et d’une
œuvre tout en paradoxes…
- Mystique et comique
- Illuminations et conversion
[…] Pour les lecteurs de Lacan,
L’Otage, c'est le "Non" de Sygne de
Coûfontaine. Il fait écho à un autre
"non" que signale Jacques Madaule
dans son introduction au théâtre de
Claudel, citant les propos de
l’auteur dans Mémoires improvisés :
« Après que j’eus été reçu oblat au
monastère de Ligugé, mes
supérieurs, probablement pour
m’éprouver davantage, ont jugé
que je devais revenir en Chine. Ç’a
été un grand déchirement pour
moi, parce qu'un sacrifice comme
celui que j’avais fait, ne se refait pas
deux fois dans l’existence. Je me
rappelle qu’à ce moment-là, je suis
monté dans la chapelle des novices,
à Ligugé, et que je suis resté là en
grande perplexité, pour savoir ce
que je devais faire. Alors j’ai reçu
une réponse très nette, très
catégorique, et parfaitement simple
: non. »1
On se reportera aux chapitres XIX,
et XXI du Séminaire Le transfert
[…], diversion apparente dans le
propos de Lacan, […] dictés par
une urgence […]. Cette « tragédie
contemporaine »2 comme Lacan la
nomme fait en effet apercevoir la
montée sur la scène politique, mais
bien au-delà, sur l’Autre scène ellemême, du cynisme lié à la
progression sourde de l'utilitarisme
et de l’abandon au sacrifice de soi.
Quand on songe que la première
guerre mondiale fut la première
XX
guerre technologique et en même
temps un appel cynique au sacrifice
pour la patrie, qui a causé la
boucherie dont on ose seulement
depuis peu apercevoir l'étendue, on
voit pourquoi Lacan insère dans
son Séminaire cette pièce, difficile,
mais tout entière consacrée à la
remise en question de la croyance
en l'Autre.
*
Extraits
publiés
avec
l’autorisation de l’auteur. On peut
lire ce texte dans son intégralité
dans la LM n° 330
1 Claudel P., Théâtre, Tome II, Paris,
Gallimard,
1948,
p.
15.
2 Lacan J., Le Séminaire, livre VIII,
Le transfert, Paris, Seuil, 2001, p.
327.
- Rimbaud et la foi
- Poète et fonctionnaire
CITATIONS
- Coûfontaine et Turelure
- Ours et papillon
Deux vocations
Le comité d’organisation :
P.-G. Gueguen, Jean Luc
Monnier, Anne-Marie Le Mercier,
Jeanne Joucla, Guilaine
Guilaumé, Cécile Wojnarowski
Le cartel :
Gwenaëlle Le Péchoux, Yvon
Bernicot, Jean-Noël Donnart,
Jeanne Joucla, Cécile
Wojnarowski
Conception / Réalisation :
Charles Cullard
« Pour L’Otage il s’agit de ce grand drame d’un
changement de versant de l’humanité, de l’humanité
nouvelle qui réclame ses droits et de l’humanité
ancienne qui cherche en vain un terrain
d’accommodement vers l’autre, avec celle […] qui
réclame sa place au soleil. […] c’est un drame auquel
je suis étroitement mêlé […] je porte en moi les deux
races, les deux vocations […] par la violence de
certains instincts je me suis beaucoup plus rapproché
de Toussaint Turelure que du représentant des
dernières grandes familles… »
« Claudel s’explique sur la trilogie ». Entretiens de
Jean Amrouche avec Paul Claudel, L’avant-scène n°
356.
Pour s’inscrire / Renseignements : [email protected]
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1, 2, 3… Claudel
Petit journal de « Lacan lecteur de Claudel »
CONNAISSANCE DE CLAUDEL
Ours et papillon
Vous dites « Claudel », et,
immédiatement,
les
clichés
déferlent : dogmatique, épais,
pétrifié, pétainiste, papiste, couvert
d’honneurs, imposteur, poète
reconnu donc maudit, cul béni,
homophobe, sexophobe, tank de la
réaction, — l’horreur. La haine que
suscite Claudel est, à la limite,
presque plus intéressante que lui.
Mais être ainsi constamment
attaqué de partout, depuis un siècle,
veut sans doute dire qu’on occupe
une place centrale, surtout si le
siècle en question s’est surpassé
dans le mensonge, l’abjection, la
terreur. Le problème est donc le
suivant : que ne veut-on pas savoir
de Claudel ? Pourquoi cette rapidité
à se laisser piéger par ses masques ?
Et d’ailleurs qu’a-t-il voulu luimême cacher ou protéger ? […] Il
est invisible du dehors, Claudel. Il
veut dissimuler un trésor.
[…] Claudel, papillon chinois
enfermé dans un ours : étonnante
plaisanterie de la nature. Mais l’ours
danse comme personne, il a surtout
une oreille très fine. Il est délicat et
sûr dans ses goûts, même s’il
n’aime pas particulièrement faire le
beau devant les dames ou les
éphèbes qui, les imbéciles, se
Claudel mystique,
Claudel comique
moquent de son apparence. Ses
fréquentations à lui, dans la
montagne, ont pour nom Lao-tseu
ou Isaïe, saint Jean ou Eschyle. […]
Il écoute, il scrute, il lit, il voit dans
le noir. Il meurt en disant « laissezmoi, je n’ai pas peur ». Il a grogné,
mais c’était aussi pour rire, puisqu’à
chaque détour un humour énorme
est en lui. Dans une photo
saisissante, Cartier-Bresson l’a
surpris un jour en train de regarder
passer un corbillard. C’est
quelqu’un d’autre qui s’en va en
terre, pas lui. « Ce qui n’est pour vous
que mots et cendres, est pour moi chair,
pain, vin, eau, lait, miel, huile, pulpe de
fruit. »
Extraits de Philippe Sollers,
Le Monde du 18.12.98 (repris
dans Eloge de l’infini).
CITATIONS
« Personne n'a jamais écrit une aussi
belle œuvre sur l'amour, le discours
mystique est passionnant, la parole
politique immense et on a
redécouvert le Claudel comique.
Certains ont cru que j'avais rajouté
du texte. Mais non. Nous avons été
très scrupuleux. Claudel rêvait
d'aborder tous les registres du
théâtre, y compris celui de l'humour
potache. Dans Le Soulier de satin, il y
a des scènes de comédies
hilarantes. »
« C'est à Rimbaud que je dois
humainement mon retour à la foi »
Olivier Py (à propos de sa mise en
scène du Soulier de Satin)
(lettre à Paterne Berrichon du 20 novembre 1911).
John Arnold et Jean-François Périer dans
Le soulier de satin mise en scène par Olivier Py
Pour s’inscrire / Renseignements : [email protected]
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1, 2, 3… Claudel
Petit journal de « Lacan lecteur de Claudel »
INTERVIEW SUR L’OTAGE
Le metteur en scène
Le spectacle
par Jacques Roch
Cette mise en scène de l’Otage a
pour origine une demande de
Pierre-Gilles Guéguen et de l’ACFVLB dans le cadre d’un projet qui
conjuguerait
lecture
et
représentation : un Lacan lecteur de
Claudel suivi d’un volet de la trilogie
des Coûfontaine. Ce spectacle
pourrait ensuite être joué dans
d’autres ACF concernées par ce
projet.
J’ai choisi L’Otage, premier volet de
la saga des Coûfontaine, de leur
chute et de la venue des Turelure,
les nouveaux maîtres. Le spectacle
commence, deux enfants se
tiennent par la main et regarde
tomber les têtes de leurs parents,
tout un monde s’écroule. Reste le
verbe qui les saisit le temps de la
représentation et nous saisit,
spectateurs, dès qu’il est incarné
par des acteurs.
L’Otage, c’est aussi parce que j’ai
pensé à deux acteurs, je voulais
travailler avec eux parce que j’aime
leur présence, leur authenticité,
l’humour de Valentin et la présence
poétique de ma fille Louise car c’est
elle qui va jouer le magnifique rôle
de Sygne. L’événement pour nous
sera de mêler père et fille car j’ai
renoué pour l’occasion avec la
scène, et c’est donc moi qui jouerai
le sinistre et jovial Turelure.
Nous avons conçu une version de
L’Otage de 90 minutes. L’original
d’une durée de 3 heures n’est pas
irreprésentable mais les coupes
allègent de l’inessentiel et d’une
certaine rhétorique dont Claudel
lui-même voulait se défaire. Les
coupes ont un impact sur l’action
dramatique.
Enfin, nous avons travaillé avec
des finances modestes mais seul
importe le dire, la langue de Claudel
vitale, énergique, directe.
INFO PRATIQUES
Samedi 13 septembre 2014
A 15h
Photos des répétitions prises par Cécile
Wojnarowski le 18 juillet dernier.
Jacques Roch inaugure sa politique
de création avec Georges Dandin de
Molière, qualifié de « mémorable »
par Le Monde. Puis avec L’Homme
au sable, d’après le conte
d’Hoffman, il s’attache à son
étrangeté, le fantastique venant
d’un constant va-et-vient entre le
réel et l’imaginaire.
« Un théâtre aujourd’hui politique
est un théâtre qui se risque dans sa
forme même ». C’est ainsi qu’il se
tourne vers un théâtre-texte. La
ligne de partage, écrit par Geneviève
Schwoebel fonctionne à l’égal de
celui de Duras, comme un prétexte pour chaque comédien, pour
une partition Homme-femme.
Ensemble, ils présentent May
Bartram, adapté de la nouvelle
d’Henry James, La bête dans la jungle,
texte-théâtre écrit dans une langue
magnifique et dont le désir féminin
oblige. Avec Phèdre de Racine, c’est
le désir encore, jouer Phèdre
aujourd’hui dans une maison, pas
un palais du XVIIe mais une
architecture bizarre, des portes, des
escaliers, un balcon, et là, derrière
la baie vitrée, non… pas la
Méditerranée, mais les arbres, la
forêt. Le dedans et le dehors,
infranchissable,
avec
Phèdre
découvrir le lieu de notre
mythologie personnelle.
"Lacan lecteur de Claudel"
suivi à 17h d'une
représentation de L'Otage
Salle Le Ponant
12, bd Dumaine de la
josserie
35740 Pacé
Pour s’inscrire / Renseignements : [email protected]
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