LES FORGERONS ET LE MATÉRIEL DE CULTURE ATTELÉE
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LES FORGERONS ET LE MATÉRIEL DE CULTURE ATTELÉE
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES 1 ETUDES ET DOCUMENTS LES FORGERONS ET LE MATÉRIEL DE CULTURE ATTELÉE Matar GAYE ISSN 08504933 Vol 4 N”2 1991 ISRA Institut Sénégalais de Recherches Agricoles Rue Thiong x Valmy BP. 3120 DAKAR, Sénégal m 2124251211913 Telex - 61117 SG TLC 22 34 13 Document réaliié par la Direction des Recherches sur les Systbmes Agraires et I’Economle Route du Front de Terre B.P. 2057 Dakar - Hann Agricole Fi? 3 2 0 4 4 2 Matar GAYE, Ingénieur agronome, Economiste Chercheur à I%RA Kaolack Cette publication a été réalisée grâce à une subvention du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), Ottawa, Canada 0 c 1SKA 1991 Conception et rEalisalion UNIVAL-ISK.4 LES FORGERONS ET LE MATÉRIEL DE CULTURE ATTELÉE ISRA - ETUDES ET DOCUMENTS -Vol. 4 - W 2 - 1991 LES FORGERONS ET LE MATÉRIEL DE CULTURE A’ITELÉE w M. GAYE, Chercheur de I’ISRA Direction &s Recherches sur les Systèmes Agraires et I’Economie Agricole RÉSUMÉ Depuis la mise en veilleuse du crédit agricole à partir de 1979-80, le monde rural n’a pratiquement pas été alimente en matériel neuf pour la culture attelee. Le maintien en activité du parc existant et la satisfaction des besoins nouveaux constituent un problème préoccupant. A ce propos, les artisans et plus particulièrement les forgerons jouent un rôle de premier plan. Ils sont au centre d’un véritable marché qui s’organise autour du matériel agricole. Les services de réparation, les pièces détachées et le recyclage de machines vétustes sont les principaux domaines d’intervention des forgerons. Ils permettent dans une large mesure de résoudre le premier aspect du problème c’est-à-dire le maintien du parc en état de fonctionnement. Leurs potentialités sont plutôt limitées quand il s’agit de satisfaire une demande nouvelle. Les principales contraintes se situent au niveau de l’outillage des forges et de l’approvisiomrement en matière d’onrvre. (1) Cene publication a été réalisée grâce à une subvention du Centre de Recherches pour le Développement International, Ottawa. Canada. 2 ABSTR.ACT Since agricultural credit was suspended in 1979-80, rural markets have pratically not been supplied with new equipment for animal traction. Facing up to maintainance problerns and new needs is now a serious challenge. With respect to such a situation, craftsmen and paricularly blacksmiths play a major role. A mal maket is taking form around their activites centred on farm machmery. Interventions are focussed on repear services, spear parts and recycling of womout machines. Actual performances are quite encouraging for the aspects of the problem which deal with maintenance. However, potentials seen rather limited when new ne& have to be satisfied. The main constraints are related to technicaf equipments at the workshop level and to provision of raw material. INTRODUCTION CONTEXTE ET JUSTIFICATIFS DE L?ÉTCJDE Cette etude s’inscrit dans un programme plus étendu et visant à appréhender les enjeux de la politique agricole sous l’angle des nouvelles orientations. Celles-ci entendent promouvoir le rôle du secteur privé au sein de l’économie rurale. Cela suppose au préalable une bonne connaissance des intervenants et de leurs différents domaines d’interventions. A cet égard, les artisans forgerons constituent une catégorie d’agents économiques diiectement impliqués. Leur domaine d’intervention, en l’occurrence le matériel agricole constitue actuellement un sujet préoccupant. En effet, depuis la suspension du Programme Agricole à partir de 1979430, on peut pratiquement dire qu’aucun matériel neuf n’a été distribué aux paysans. La maintenance du parc et son renouvellement suscitent quelques inquiétudes. A ce propos, une analyse globale du secteur agricole souligne que le seul maintien du capital machine introduit en milieu rural requiert un minimum de services qui ne sont plus fournis par les structures officielles traditionnellement chargées d’approvisionner les agriculteurs en facteurs de productions (3). Tandis que des voix s’élèvent pour le rétablissement du Programme Agricole qui permettait aux paysans d’acquérir des équipements neufs à crédit, d’autres expriment leur optimisme quant aux potentialités de l’artisanat. Le septième Plan de Développement Economique et Social (198590) retient dans ses actions dites prioritaires la relance d’un ancien programme d’encadrement de forgerons en vue de faire face au problème. La question se pose de savoir s’il faut en faire une simple solution de crise ou une option à consolider. Des enquêtes menées dans les départements de Nioro et Fatick (2) ont mis en évidence le rôle des forgerons dans la maintenance du matériel agricole devenu vétuste et en dégradation croissante. Cependant, pour mieux cerner la situation, il convient de prolonger ces études techniques et de les élargir à d’autres disciplines. OBJECTIFS DE L’ÉTUDE Les études techniques ont notamment porte sur l’évaluation qualitative du parc et sur l’analyse des possibilités de sa maintenance. Il s’agit ici de prendre le relais en vue d’examiner plus particulièrement quelques aspects économiques du problème. Notre principale hypothèse de travail est qu’avec la suspension du Programme Agricole depuis 1980, un important marché informel se développe autour du matériel de culture attelée. L’objectif global de l’étude est d’appréhender les caractéristiques de ce marche centre sur l’artisanat et d’en tirer les implications sur le plan de la politique en matière d’équipements agricoles. Les objectifs spécifiques peuvent se résumer en trois points a savoir : 4 0 présenter une vue d’ensemble du secteur artisanal par une description des principaux acteurs et de leurs conditions de travail; 0 déterminer l’importance relative du matériel agricole dans l’activité des forgerons; 8 cerner les besoins actuels, l’évolution des disponibilités et les transactions concernant l’équipement des exploitations depuis la mise en veilleuse du Programme Agricole. M ÉT H O D O L O GI E Pour avoir un cadre d’échantillonnage, nous sommes partis de 240 exploitations agricoles suivies depuis 1986 et réparties sur 78 villages, La zone géographique est composée par l’ensemble des régions de Fatick et de Kaolack. Chaque exploitant devait préciser le nom et le lieu de travail du forgeron le plus sollicité d’une part pour les réparations jugées sérieuses et d’autres part pour les pannes légères. Dans un quart des cas, les répondants s’adressaient à des forgerons différents selon la gravité du problème. Cela suppose une certaine hétérogénéité dans les qualifications ou dans les outillages disponibles au niveau de ces artisans. Les premières reconnaissances ont permis de constater que beaucoup de forgerons ne sont que de petits tâcherons qui n’ont pour ainsi dire pas de forge. Cette constatation nous a amené à ne retenir que les artisans indiqués en ce qui concerne les réparations « sérieuses », le terme étant subjectif. Au total, 96 individus ont été identifiés dont 6 résident dans les régions de Diourbel et de lhiès et les 90 autres dans les régions de Fatick et Kaolack. Le questionnaire s’adresse au propriétaire de la forge qui n’est pas nécessairement celui dont le nom a été mentionné auparavant. Les informations recueillies se regroupent en cinq grandes parties. Il y a tout d’abord les renseignements généraux portant en particulier sur les activités pratiquées, la place du travail d’artisan par rapport aux autres occupations, l’importance relative des différents domaines d’activités de la forge, la formation rque, l’appartenance à diverses organisations etc... La seconde partie concerne uniquement l’activité dans le domaine du matériel agricole. Les principales questions portent sur les fabrications de pièces détachées et de machines destinées à la vente. La troisième partie a trait au financement des activités de forgeron. L’accent est mis sur le mode d’acquisition des moyens de travail, l’accès au crédit, les priorités dans son utilisation et le potentiel de garantie. La quatrième partie s’intéresse à l’approvisionnement des forges en matière d’ceuvre. L’attention a notamment porte sur les problèmes d’ordre logistique et sur l’achat de vieilles machines agricoles destinées soit à servir de ferraille soit à être réinjectées dans le circuit après remise en état. 5 La cinquième et demiere partie concerne l’écoulement des outils fabriques sur le marché. Xl va sans dire que la r&rlité ne peut être cernée dans son ensemble si l’investigation ne se prolonge pas jusqu’à l’utilisateur du matériel c’est-à-dire le paysan. Ainsi, l’enquête s’est poursuivie au niveau des 240 exploitations à partir desquelles les forgerons ont été identifi&. Les informations recueillies portent essentiellement sur les besoins et disponibilités en matériel agricole, la composition du parc selon l’origine industrielle ou artisanale des machines, les acquisitions depuis la suspension du Programme Agricole, les ventes rt!alisées pour diverses raisons, l’approvisionnement en pièces de rechange, l’accès aux services de réparation et l’incidence des pannes. Enfin, des releds de prix ont également été réalises auprès de quelques marchands distributeurs. VUE D’ENSEMBLE SUR LES FORGERONS ANCIENNETÉ ET MODE D’INSTALLATION L’âge des répondants varie entre 23 et 68 ans avec une moyenne située autour de 42 ans. Environ la moitié d’entre eux ont leur propre forge depuis plus de 15 ans. Les moyens de travail au depart ont été obtenus selon les modalités suivantes : autofinancement : 53 % héritage : 41% don : 5% emprunt d’outils : 1 % On constate qu’aucun forgeron n’a obtenu un crédit pour les besoins de son installation. L’autofinancement qui constitue la modalité dominante est réalisé grâce à des revenus provenant d’autres activités et notamment de l’agriculture. La forte proportion de ceux qui ont obtenu leur forge par héritage reflète une dimension sociologique de ce métier qui se transmet de père en fils. Cela confère à l’exploitation de la forge un caractère familial et lui assure une certaine continuité. Une telle réalité n’est pas sans intérêt quand il s’agit d’octroyer aux forgerons des crédits à moyen terme. LIEUX D’IMl%ANTATION L’echantillon est gtographiquement réparti sur un ensemble de 54 localités à travers les régions de Fatick et de Kaolack. La répartition des 90 forges selon l’importance administrative du lieu d’implantation est la suivante : communes urbaines chefs-lieux d’arrondissement 29 % : 19 % chefs-lieux de communauté rurale : 20 % villages simples 32 % 6 On peut a priori deduirc de cette répartition que le milieu rural est relativement bien desservi en forges. La moitie des forges est située dans des localités dotées de marchés hebdomadaires. Ces marchés sont des pôles d’attraction pour les paysans qui en profitent pour régler cn même temps plusieurs problèmes dont ceux relatifs au matériel agricole. DOMAINES D’ACTIVITÉ Un point commun à l’ensemble des forgerons interrogés est le fait de travailler sur le matCrie agricole. Cela va de soi compte tenu de la manière dont ils ont été identifiés. Au total, 85 forgerons sur les 90 dCclarent exercer lc metier à titre d’activité principale. Dans l’enscmblc, 60% des répondants ont l’agriculture comme activité secondaire tandis que le quart d’entre eux ne sont que forgerons. Plus de trois quarts des forges travaillent principalement dans le domaine du matériel agricole et 17% n’ont pas de spécialité dominante. Les « menuiseries métalliques » ont une gamme d’activités plus diversifiée. Certaines d’entre elles sont de véritables entreprises scmi-industrielles et on les rencontre surtout en milieu urbain. FORMATION ET STRUCTURES ASSOCIATIVES Ceux qui ont fait l’École française sont au nombre de 16, soit 18% avec un niveau moyen dc scolarisation égal à 3 ans. Sur le plan professionnel, le quart des forgerons a benéficié de formations autres que l’apprentissage traditionnel. Il s’agit notamment de qualifications acquises dans lc cadre de projets encadrés (SODEVA, BIT etc...). Pour ce qui concerne les structures associatives, on note que sur les 90 forgerons, 52 sont membres de sections villageoises, 43 ont adhéré à la chambre des métiers et 9 participent à des associations informelles regroupant des artisans. Ceux qui n’appartiennent à aucune de ces trois formes d’organisation représentent 14% de l’échantillon. Le croisement des variables éducation (école française) et suivi d’une formation professionnelle spéciale donne une distribution aléatoire. Il en est de même quand on croise éducation et participation à des associations d’artisans. Par contre, le fait d’avoir bénéficié dc formation spéciale et l’appartenance à des groupements d’artisans sont en relation statistiquement significative. Le test de FISIIER donne une probabilité de l’ordre de 5%. Sur le plan technique, la presque totalité des forgerons (84 sur 90) déclarent qu’ils sont obligés de confier certains travaux spécifiques à d’autres forgerons. Il s’agit en gCnéral de tâches mkessitant un outillage qui n’est pas à portée de main. DISPONIRILITÉ D’ÉQUIPEMENTS DE SOUDURE La répartition des 90 forges en fonction de la disponibilité d’équipements de soudure au moment des enquêtes se présente comme suit : équipement complet fonctionnel : 22 % 7 équipement complet noir fonctionnel : 7% équipement incomplet : 49% aucun 6quipement : 22% La proportion de forges disposant d’équipement de soudure incomplet s’avère assez élevée. Une telle situation serait liée au fait que le matériel est assez cher et son acquisition ne peut être que progressive en l’absence de crédit. Un seul forgeron disposant d’un équipement complet de soudure estime que son investissement n’a pas été rentable surtout à cause de fréquentes pannes. Avec l’expérience de la SODEVA, certains forgerons équipés et encadrés sont par la suite partis avec leur matkiel dans des localités plus peuplées. Ainsi, M de nos soucis était de savoir dans quelle mesure la possibilité de rentabiliser un poste de soudure était fonction du lieu d’implantation. Tous nos interlocuteurs, à l’exception d’un seul, soutiennent qu’ils peuvent rentabiliser un tel investissement sans être obligés de déménager leur forge. Cependant, nous avons observé des cas où le matériel de soudure est installé sur charrette de façon quasi permanente pour suivre les marchés hebdomadaires. En règle générale, les postes sédentaires appartiennent à des forgerons installés en zone urbaine tandis que l’exploitation itinérante caractérise surtout ceux qui ont implanté leur forge dans des localités moins importantes. SAISONNALITÉ DU TRAVAIL La saisonnalité du travail est fonction du degré et du domaine de spécialisation. Pour la plupart des forges qui travaillent essentiellement sur le matériel agricole, la période de pointe correspond à la veille de l’hivernage. L’essentiel est de noter que la demande est moins forte au moment où elle est supposée être plus solvable (traite). Cette situation peut expliquer le fait que dans bien des cas, les forgerons travaillant sur le matériel agricole sont payés en nature (2). Ceci aurait contribué aux difficultés de remboursement des crédits que certains forgerons avaient obtenus de la SODEVA. PROBLÈMES GÉNÉRAUX A la question de savoir à quel niveau se situe le principal problème rencontré par chaque répondant dans ses activités de forgeron en général, la distribution des 90 réponses se présente comme suit (fréquences absolues) : équipement 79 matières premieres : 8 infrastructures : 2 vente des produits : 1 Chaque type de contrainte et en particulier les deux premiers, représente une catégorie générale qu’il conviendrait de détailler. 8 Le problème d’équipement constitue sans équivoque le souci majeur des forgerons dont les produits et services semblent trouver une bonne place sur le marché. LE MATÉRIEL AGRICOLE DANS LES EXPLOITATIONS DISPONIEHLItiS Pour le matériel de culture atte&, les emprunts et locations totalisent environ 2% des disponibilités. Les exploitations n’ayant pas d’équipements leur appartenant se répartissent comme suit : pas de houe : 1,6 % pas de semoir : 3,3 % pas de charrette : 31,6 % pas : 81,6 % pas de charrue : 97s % pas de polyculteur : 99,0 % d’arara Dans l’ensemble, 1,25% des exploitations ne disposent d’aucun matériel de culture attelée. Le nombre d’unités jugées inutilisables reprksente 2,7% du parc total. On observe que les houes et en particulier les houes-sines constituent le type de matériel le plus répandu. La densité est d’une machine pour 6,5 hectares (toutes cultures confondues) si l’on considère l’hivernage 1987. Il y a donc un sous-équipement assez significatif par rapport aux normes d’une houe pour 3 à 4 hectares préconisées pour la zonecentre. Quant aux semoirs, on obtient environ une machine pour 3,7 hectares d’arachide en 1987. Cette densité est donc plus ou moins adéquate sur le plan quantitatif car la norme est de 3 hectares d’arachide par semoir. Si l’on compare la situation actuelle à celle de la dernière année du Programme Agricole, la variation des disponibilités d’équipements fonctionnels se résume comme suit : houes : +20 % charrettes équines : +12 % .. +9 % semoirs charrettes bovines : 0% charrues 0% araras 0% charrettes asines : -70 % En terme global, le nombre d’unités fonctionnelles disponibles s’est accru de 11% pour l’ensemble du matériel de culture attelée. 9 Tandis que le parc de houes a augmenté de manière conséquente, les charrettes asines tendent plutôt à disparaître. Celles-ci semblent se drainer vers Kaolack où elles sont utilis6e.s par les vendeurs d’eau douce et aussi comme pousse-pousse. On peut constater que la progression quantitative du niveau d’équipement ne s’explique pas à 100% par l’acquisition de matériel artisanal. Même dans le domaine des houes où l’artisanat semble plus impliqué, les unités considérées comme intégralement artisanales ne représentent que 4% des disponibilités. Il existerait donc un flux de machines venant d’autres zones pour alimenter le marché de l’occasion. BESOIN EN MA!I’ÉRIEL Si l’on exclut les emprunts et locations, les besoins exprimés à l’échelle des exploitations sont satisfaits dans les proportions suivantes : houes occidentales : 89 % semoirs .- 71% houes-sines : 66% araras : 59% autres houes : 58% charrettes équines : 57 % charrettes bovines : 43 % charrues : 30% charrettes asines : 22% polyculteurs : 25 % En examinant ces chiffres, il y a lieu de garder à l’esprit que le taux de satisfaction des besoins ne constitue pas un bon indice d’appréciation de la demande potentielle. Lc pourcentage des exploitations ayant des besoins non satisfaits et le nombre d’unités additionnelles correspondantes sont plus significatifs. On constate à cet égard que malgr6 le faible niveau de satisfaction des besoins en charrettes asines, polyculteurs et charrues, la demande potentielle n’est pas importante puisque seulement 5 à 10% des exploitations sont concernées. Par contre, pour les semoirs, les houes-sines et les charrettes cquincs, on a une situation inverse et environ 60% des exploitations sont concernées. L’idée ccntralc ici est que chaque exploitation n’éprouve pas le besoin de posséder chaque type dc matSric1. Sur cette base, la priorité revient aux semoirs, houes-sines et charrettes équines qui rCpondent mieux aux besoins des paysans. Les autres types de matcric som classCs nettement plus bas. A titre d’exemple, 73% des exploitations déclarent n’avoir pas besoin de houes occidentales dans leur parc. Le pourcentage est encore plus élevé pour les araras, les charrettes asincs ct bovines, les charrues et les polyculteurs. 10 ACFIATS ET VENTES D’ltQUIPEMENTS Depuis la suspension du Programme Agricole, le nombre de machines et charrettes achetées est presque le double du nombre vendu sur la même période. Cela se traduit par une balance nettement positive qui equivaut a 13% de l’ensemble du parc actuellement en fonction. Si l’on considere uniquement les achats, le nombre d’unités se repartit comme suit : houes : 3 9 % ’ semoirs : 33 % charrettes : 26 % araras : 2% L’ensemble de ces achats a été réalisé seulement par 40% des exploitations. Il reste à savoir s’il s’agit de renouvellement, de premières installations ou d’expansion. La dernière hypothèse traduirait une tendance vers une plus grande concentration de l’agriculture car il s’agirait d’une croissance n’impliquant pas la majorité des exploitations. Quant aux ventes de matériel réalisées depuis la mise en veilleuse pour ne pas dire la fin du Programme Agricole, elles ont concerné les semoirs (43%), les charrettes (33%), les houes (20%) et les araras (4%). Pour le matkiel de culture attelée et les animaux de trait, la répartition des ventes selon la raison principale est la suivante : achat de vivres : 31% cérémonies familiales : 29 % achat de semences : 8 % défaut besoins divers 3% : 29 % Toutes les ventes ont été réalisées par 20% des exploitations. Parmi celles ayant désinvesti, 80% n’ont procédé à aucune acquisition de machine ou charrette sur la même période. Le plus grand nombre de ventes est enregistré au moment de la soudure. Les semoirs ont la particularité de n’être utilises qu’en début de saison, ce qui les prédispose davantage à la vente en cas de besoin. Par contre, les araras et houes-sines sont mieux préservés dans la mesure où les paysans en ont grand besoin pour le soulevage de l’arachide qui a lieu après la période de soudure. FAClLItiS DE MAINTENANCE La maintenance du matériel dépend de la disponibilité de pièces de rechange et de l’accès aux services de réparation. Pour les machines, la moitié des chefs d’exploitation 11 affirment ne pas connaître d’endroit où les pièces d’origine sont en vente. Pour les autres répondants, les distances indiquées varient de 0 à 56 km avec une moyenne d’environ 15 km. S’agissant des pièces de fabrication artisanale, elles sont géographiquement plus accessibles, le rayon moyen indique étant de 6 km. Les plus proches réparateurs sont trouvés sur une distance à peu près équivalente. Dans le cas des réparations nécessitant une soudure, le parcours a effectuer est légèrement plus long et se situe dans l’ordre de 8 km. Pour certaines zones moins bien desservies, les plus proches postes de soudure ne sont pas à moins de 35 km. LE MATÉRIEL AGRICOLE DANS L’ACTIVITÉ DES FORGERONS IMPORTANCE RELATIVE Comme nous l’avons souligné auparavant, environ trois quarts des forgerons admettent que le matériel agricole constitue leur principal domaine d’activité. Selon les estimations moyennes pour l’ensemble de l’échantillon, les revenus provenant du travail de forgeron se répartissent comme suit : réparations de matériel agricole : 39% ventes de pieces détachées : 21% ventes de machines agricoles : 15% travaux non liés au matériel agricole : 19 % Etant donné l’absence quasi-générale de comptabilité (seuls 7 forgerons sur 90 enquêtes tiennent des comptes), ces estimations ne peuvent être qu’approximatives. Les réparations de materiel agricole (prestations de services) et les ventes de pièces detachées dominent nettement les autres rubriques. La vente de machines fabriquées ou simplement remises en Ctat constitue une activité plus restreinte. RkPARATION DE MACHINES Nous pouvons distinguer d’une part les réparations effectuées pour des clients qui paient le service et d’autre part celles portant sur des machines obtenues d’occasion et destinées à être vendues après remise en état. Ici nous ne discuterons pas du second volet, il constitue un point commun a l’ensemble des forgerons. Compte tenu des travaux de HAVARD à ce sujet, nous nous contenterons de quelques observations. Sur les 90 forgerons, 32 op&rent de façon itinérante. Ils suivent les marchés hebdomadaires avec leurs outils pour effectuer divers travaux à la demande. Si l’on considère le plus éloigné des marchés fréquentes par chacun d’eux, le rayon autour du lieu d’implantation de la forge est de 24 km en moyenne avec un maximum dépassant 80 km. Cette fluidité de l’offre est B l’avantage des paysans qui peuvent bénéficier d’une certaine concurrence sur le marche des services de réparation. La quasi-totalité des forgerons affirment que la demande de services est nettement plus forte au moment des prcparatifs de l’hivernage. Cela fait penser que les problèmes ponctuels survenus en cours d’utilisation des machines pendant 12 l’hivernage ont une incidence moins grande. Toutefois, Kaolack offre à ce sujet un spectacle intéressant qu’il faut méditer. En effet, on peut observer chaque jour un véritable défile de machines sur toutes sortes de véhicules quittant la ville à la veille de l’hivernage. Au lendemain de la Premiere pluie utile, l’attention ne pouvait manquer d’être frappée par le fait que de nombreux semoirs charges sur des charrettes notamment, font le voyage dans le sens inverse et tous les indices montrent qu’ils viennent des champs. La question reste de savoir jusqu’à quand ces machines devenues trop vétustes peuvent être maintenues en activité grâce aux services de l’artisanat. FABRICATION DE PIkCES DÉTACH&ES La fabrication de pièces détachées va souvent de pair avec les services de réparation. Nous nous intéressons uniquement à la confection de pièces en lots destinées à être vendues sur le marché. Les forgerons de l’échantillon à l’exception de quatre s’adonnent à cette pratique presque depuis leur installation. Les plus anciens ont commencé il y a une trentaine d’années, c’est-à-dire au début du Programme Agricole (1958). La distance moyenne entre la forge et le plus proche endroit où on peut trouver des pièces détachées de fabrication industrielle en vente est d’environ 16 km. Si ces pièces concurrentes étaient disponibles dans chaque communauté rurale, seuls deux fabricants pensent que la compétition leur porterait préjudice. L’optimisme des autres est fondé sur le fait que leurs prix sont nettement plus abordables. Les stocks existants au moment des enquêtes sont essentiellement composés de lames sarcleuses, de rasettes, de bottes, d’étriers et de disques. FABRICATION DE MACHINES A propos des machines, la notion de fabrication est plus nuancée dans la mesure où le travail consiste parfois à retaper de vieilles carcasses. Si l’on exclut ces cas, 30% des forgerons de l’échantillon n’ont jamais fabriqué de machine. La fabrication artisanale concerne particulièrement les houes-sines qui semblent plus prisées en raison de leur polyvalenie. Si les semoirs ne sont pas entièrement forgés, c’est surtout parce que certaines de leurs parties sont assez complexes. Cependant, quelques artisans se disent capables de les réaliser. Le fait de récup&er de vieilles machines pour les mettre en état de fonctionnement constitue une activité plus largement pratiquée. Elle concerne environ 85% des forgerons interrogés. Le travail de restauration porte notamment sur les semoirs qui sont ensuite réinjectés dans le circuit pour alimenter le marche des machines d’occasion. Comme dans le tas des pièces de rechange, la quasi-totalité des forgerons impliques dans la fabrication ou la restauration de ‘machines destinées à la vente ne craignent pas la concurrence. Ils estiment qu’un retour des équipements neufs dans les coop&atives ne constitue pas pour eux une menace sérieuse et cela à cause des différences de prix. 13 MARCHÉ DU MATÉRIEL AJXTI&il%iL MODES D’kCOULEMENT DES PRODUITS La vente au détail a la forge constitue la formule la plus générale aussi bien pour les pièces détachées que pour les machines. Certains forgerons écoulent la plus grande partie de leurs produits a partir d’etalages situés en dehors de leur forge. La fabrication sur commande est plus largement pratiquée dans le cas des machines. Cependant, la question se pose de savoir si pour l’essentiel les commandes émanent des paysans euxmêmes ou de quelques distributeurs spécialisés. La seconde éventualité traduirait un début de structuration du marché. RÉSEAU DE DISTRIBUTION Environ un quart des fabricants de matériel agricole ont en dehors de leur forge des points de ventes plus ou moins permanents. Au total, 76 points de vente extérieurs sont ainsi polarises par 25 forges sur les 90 que compte l’échantillon. En règle générale, ces points sont localisés dans des marchés hebdomadaires et le nombre par fabricant concerné varie de 1 à 7. Si l’on considère dans chaque cas le plus Cloigné des points polarisés, la distance moyenne à la forge est de l’ordre de 25 km. 11 n’est pas établi que le réseau tentaculaire caractérise un type particulier de forge ou de forgeron. Son existence semble reposer davantage sur un tissu de relations sociales plutôt que sur une simple stratégie commerciale. SAISONNALJTÉ DE LA DEMANDE Les machines et pièces détachées correspondent à des investissements non comparables. Les premières nécessitent des sommes relativement plus importantes. Par conséquent, on peut penser que la demande s’exprime surtout au moment où les paysans ont plus d’argent c’est-à-dire pendant la campagne de commercialisation agricole. Les données ne confirment pas une telle hypothèse, tout au moins au niveau du secteur artisanal. Environ 90% des forgerons vendeurs de machines situent la période de pointe au moment des préparatifs de l’hivernage comme c’est le cas aussi avec les pièces détachées. Cette concentration de la demande sur une période précise ne favorise pas la spécialisation exclusive dans le domaine du matériel agricole ni sur le plan de la fabrication ni sur celui de la distribution. NIVEAU DES PRIX Les prix de détail ont été relevés auprès des forgerons et chez quelques vendeurs au marché de Kaolack. A l’exception des disques plus ou moins standardises, on constate des variations de prix assez sensibles pour chaque type d’article. Au niveau des marchands, les pièces neuves d’origine industrielle sont en moyenne deux fois plus cheres que celles de fabrication artisanale. La question se pose de savoir si une telle différence de prix suffit pour infléchir le choix des paysans en faveur des articles plus abordables même si leur qualite est jugée moins bonne. 14 Pour ce qui concerne les machines, les prix pratiqués en 1988-89 (Tableau 1) dans le cadre des interventions de la Caisse Nationale de Crédit Agricole nous servent d’elléments de comparaison. Tableau 1 : Prix comparés (en FCFA) des machines selon leur origine artisanale ou industrielle Type de machine Artisanale (Pl) Neuve (P2) WP1 Houe-sine 17.000 5 1.720 330 Houe occidentale 10.000 28.400 23 Arara 16.000 67.380 4,2 . Semoir 20.000 84.780 494 Source : Enquêtes ISRA, Programme Economie de la Production, Kaolack. Au niveau de notre échantillon de forgerons, nous n’avons note aucune fabrication de semoir au sens propre du terme. On peut douter que ceux qui sont considérés par les marchands comme artisanaux à 100% le sont réellement. Aucune machine neuve de fabrication industrielle n’a été signalée chez les marchands. Pour le matériel d’origine artisanale, les prix indiqués s’appliquent à la vente au comptant dans le marché de Kaolack. Quant aux machines neuves, il s’agit des prix de la Caisse Nationale de Crédit Agricole sans tenir compte des intérêts. En moyenne, les machines neuves coûtent presque quatre fois plus cher que celles fabriquees par les forgerons. La différence de prix est relativement moins grande dans le cas des pièces détachées où le marché est plus concurrentiel. L’idée que la plupart des paysans se font du prix des équipements neufs est en général sans commune mesure avec la réalité. Les plafonds jugés acceptables sont de l’ordre de un tiers des prix actuels. PERFORMANCES DU SECTEUR ARTISANAL Les performances du secteur artisanal sur le marché du matériel agricole peuvent s’évaluer de deux manières. 11 s’agit d’estimer pour une période donnée les quantités vendues par rapport à celles qui ont été mises sur le marché ou de déterminer la part du secteur au niveau de la demande satisfaite. Si l’on considère l’intervalle de temps compris entre janvier et le moment des enquêtes, soit 7 à 9 mois, les rapports entre stocks restant à vendre et quantités mises en place sont les suivants : 15 houes-sines : 11% houes occidentales : 8% araras : 11% semoirs : 1% Notons que le secteur artisanal n’était pratiquement pas concurrencé dans le domaine des machines depuis la mise en veilleuse du Programme Agricole. L’intervalle de temps que nous avons consideré comporte la pkiode de plus forte demande. En règle générale, on peut retenir que la vente des machines sur le marché ne pose pas de problèmes majeurs aux forgerons. Pour ce qui concerne les pièces de rechange, une situation chiffrée n’a pu être obtenue. Les flux sont plus difficiles à appréhender sur un certain laps de temps en raison des quantités relativement importantes et de l’absence d’écritures. Cependant, la part revenant au secteur artisanal dans la demande satisfaite a été saisie au niveau de nos 240 exploitations agricoles. Pour la campagne 1988-89, la répartition des achats de pièces détachées selon leur origine artisanale ou industrielle se présente comme indiqué dans le tableau 2. Tableau 2 : Répartition des achats de piéces détachees nale Ou industrielle Type de pièce selon leur origine artisa- Origine industrielle Origine artisanale Bottes 0% 100% Rascttes 3% 97 % Disques 23 % 67 % Lames 3% 97 % Autres 0% 100% Source : Enquête ISRA, Programme Economie de la Production, Kaolack. Le marché des pièces de rechange est nettement dominé par l’artisanat. La part qui lui revient dans la demande satisfaite est de 96,5% en terme de volume global et 92% en valeur. Les outils fabriqués par les forgerons ont l’avantage d’être plus accessibles aussi bien sur le plan financier que du point de vue géographique. 16 APPROVISIONNEMENT DES FORGES ET FINANCEMlWl DES ACTES CONDITIONS D’APPROVISIONNEMENT EN A&TM., L’approvisionnement en matière d’œuvre constitue une sérieuse contrainte dans l’exploitation des forges (3). Au niveau de notre échantillon, le métal utilise est pour l’essentiel acheté soit chez les marchands soit chez d’autres forgerons. La distance entre la forge et le principal lieu d’approvisionnement varie entre 0 et 350 km avec une moyenne de l’ordre de 44 km. Au niveau de chaque forge, le nombre mensuel de voyages effectués en dehors du lieu d’implantation a des fins d’approvisionnement en métal est de 2 à 3. La dépense moyenne par voyage est de l’ordre de 25.000 FCFA et les frais de transport representent environ 10% des coûts de revient. Les multiples déplacements s’expliquent par le fait que les quantités ramenées a chaque fois ne permettent de fonctionner que pendant quelques jours (deux semaines environ). Les stocks existant au moment des enquêtes correspondaient à peu près aux besoins pour quatre jours, ce qui est une contrainte non négligeable. En essayant de situer dans chaaue cas le principal problème rencontre au niveau de l’approvisionnement en métal, la distribution des 90 réponses se présente comme suit : p&uuies fréquentes aux sources : 43 % manque de moyens financiers : 21 % prix élevés : 18% éloignement des sources : 15% mauvaise qualit du métal : 2 % pas de problème : 1% Les contraintes au niveau de l’approvisionnement en métal sont donc assez diversifiées. Le fait que la plus importante (pénuries fréquentes aux sources) soit de nature exogène mérite d’être retenu. Si l’on reste dans le domaine du matériel agricole, la récupération de vieilles machines constitue un aspect non négligeable de l’approvisionnement en matière d’ceuvre. RECYCLAGE DE VIEUX MATÉRIEL Comme nous l’avons souligné auparavant, les forgerons récupèrent de vieilles machines soit pour les utiliser comme ferraille soit pour les retaper et ensuite les mettre en vente Sur la période de 7 à 9 mois écoulée entre janvier et le moment des enquêtes, les machines récup&es par les forgerons se répartissent comme indiqué dans le tableau 3. 17 Tableau 3 : Répartition des machines de récupération selon le type et la destination Type de machine Nombre Restauration Ferraille Semoirs 290 81 % 19 % Houes-sines 156 90 % 10 % Houes occident. 123 80 % 20 % Araras 29 86 % 14 % Total 598 83 % 17 % Source : Enquête ISRA, Programme Economie de la Production, Kaolack Il apparaît ainsi que les semoirs occupent une place prépondérante dans la récupération de machines par les forgerons. On est tenté d’en déduire que leur maintenance pose plus de problème aux paysans souvent obligés de les réformer. Cependant, l’examen des motifs de vente a montré qu’en règle générale, les transactions ne se situent pas dans un cadre de simple réforme. Le plus souvent, ce sont les paysans qui viennent proposer leurs marchandises. Quelques forgerons font le tour des concessions tandis que d’autres s’approvisionnent dans les marchés hebdomadaires. ACCÈS AU CRÉDIT Nous avons mentionné en introduction que l’autofinancement et l’héritage constituent les principaux modes d’installation des forgerons. Aucun d’entre eux n’a bénéficié de crédit à cet effet. Cela ne veut toutefois pas dire que le crédit a été totalement absent en cours d’exploitation. C’est ainsi que 41 forgerons (soit 45% de l’échantillon) en ont obtenu au moins une fois dans le cadre de leurs activités d’artisans. Si l’on considère le plus important crédit reçu par chaque bénéficiaire, la répartition entre les différents types de créanciers est la suivante : parents et amis : 71% SODEVA : 15 % commerçants : 14 % Le premier constat qui s’impose est l’absence totale d’intervention bancaire. Les crédits accordés par des parents et amis s’échelonnent entre 3.000 et 500.000 FCFA, la moyenne étant de 67.000 FCFA environ. Pour la même catégorie de créancier, un seul cas de prêt avec un intérêt a étk relate avec un taux annuel de 50%. 18 Au total, 6 forgerons sur les 90 ont béneficie des opkations d’encadrement de la SODEVA qui fournissait un cr&lit destiné surtout à l’équipement de soudure. Pour 6 autres forgerons, le plus important crkdit obtenu est de nature commerciale avec des taux d’intérêt variant entre 50 et 75%. Dans l’ensemble, la repartition des cas de dettes informelles selon la destination principale est la suivante : matières premières : 71% équipements 29 % Les ,délais de remboursement sont très variables, allant de 3 jours à un an avec une moyenne de un mois et demi dans le cas des matières premières. S’agissant des équipements, les credits sont à moins court terme et le délai moyen est de cinq mois environ. Seuls les prêts accordés par la SODEVA ont été assortis de garanties. Au total, 4 forgerons sur les 90 estiment que leur potentiel de garantie est pratiquement nul. Pour les autres, les valeurs estimées se situent en moyenne autour de 1.000.000 FCFA. Dans la plupart des cas, les chiffres avances rksultent d’une addition de plusieurs éléments. Les biens fonciers sans titre de propriété, les animaux domestiques, les charrettes et l’outillage des forges sont plus fréquemment mentionnés. Pour les institutions de crédit, la nature de ces biens se prête mal à la garantie de créances, ce qui limite les possibilités d’endettement individuel en dehors du secteur informel. BESOINS DE FINANCEMENT La tentative de quantifier les besoins de financement des forges a été abandonnée après le premier test du questionnaire. Cela fait suite à des difficultés dans la valorisation des investissements additionnels souhaites. Nous nous sommes limités à la question de savoir si le crédit était disponible, quelle serait la première priorité dans son utilisation. Les réponses obtenues ont été : équipement de soudure : 49 % autres équipements : 25 % infrastructures 14 % matières premières : 12 % Le matériel de soudure occupe de loin la première place dans les besoins de financement exprimés par les forgerons. Si l’on compare ces chiffres à ceux concernant l’utilisation effective des crklits informels obtenus, la position relative des matières premières et des 6quipement.s ne semble pas consistante. Cela résulte sans doute du fait que pour les forgerons, le crédit institutionnel devrait porter en particulier sur les investissements durables. Ceux-ci sont trop lourds par rapport aux potentialids qu’offrent les cr&nciers du secteur informel. 19 CONCLUSION L’outillage agricole constitue une importante branche d’activité chez les forgerons. Les conditions d’approvisionnement du monde rural en matériel neuf auraient donc une certaine incidence sur leur métier. Cependant, même si l’on admet que l’absence prolongée de materie neuf au niveau des coopératives a favorisé le développement du secteur artisanal autour des forgerons, ces derniers intervenaient bien avant dans le domaine du machinisme. S’agissant de la fabrication artisanale d’outils pour la culture attelée, le premier facteur d’impulsion a été l’existence de modèles imitables fournis par le biais du Programme Agricole. L’opportunité de combler le vide consécutif à la suspension de ce programme n’a été qu’un élément secondaire. A présent, l’emprise des forgerons sur le marché des pièces détachées est indiscutable. Leurs produits se caractérisent par une forte variabilité des prix, ce qui peut résulter de la non standardisation. En règle générale, les articles sont nettement plus abordables que ceux de fabrication industrielle. L’artisanat constitue à cet égard une base d’élargissement de la mécanisation agricole dans la mesure où il permet d’atteindre des cibles à revenus moins élevés. Cependant, la contre partie est une baisse de qualité par rapport au matériel d’origine. Sur le plan technique, on observe que les plus sérieuses difficultés concernent les semoirs. Pour ce type de machine, les possibilités qu’offrent les forgerons sont relativement plus limitées. Au niveau du secteur artisanat, la fonction de distribution finale reste encore largement assurée par les fabricants eux-mêmes. Malgré le nombre limite d’intermédiaires commerciaux, les produits sont assez facilement accessibles sur le plan géographique. En plus de la mobilité des forgerons, la répartition territoriale des ateliers assure déjà une bonne couverture du milieu rural. Cependant, le manque d’outillage adéquat constitue une contrainte à la pleine valorisation des potentialités. Les collaborations informelles permettent de réduire l’incidence des goulots d’étranglement. Cela fait penser que certains investissements peuvent être envisagés sur une base collective. La condition de proximité des éventuels associés est réalisable dans la mesure où la plupart des marchés hebdo- madaires sont des lieux de concentration. Si un nouveau programme d’équipement et d’encadrement de forgerons doit eue mis en œuvre, il faudra mieux tenir compte des réalités du marché. Le caractère saisonnier des activités ne permet pas une spécialisation très poussée dans lc domaine du matériel agricole. Par ailleurs, l’exploitation itinérante de certains équipements fait penser que la rentabilité peut être incompatible avec la sédentarité dans certains milieux. Un tel phenomène implique en outre que le marché polarise par un forgeron équipe et encadré ne dépend pas nécessairement des lieux d’implantation de ses pairs les plus proches. Le degré de mobilité et par conséquent la possession d’un moyen de transport (charrette) peut faire une difference. 20 Avec l’intervention de la Caisse Nationale de Crédit Agricole, les paysans ont de nouveau la possibilité d’acquérir des équipements neufs par le biais du crédit coopératif. Cela ne manque pas de soulever un certain nombre d’interrogations. On peut se demander si la réinjection de matériel neuf en milieu rural ne gênera pas le secteur artisanal ou plutôt si ce dernier n’est pas devenu un vrai obstacle à la mise en place d’un nouveau Programme Agricole basé sur les équipements de fabrication industrielle. A ce sujet, la grande différence de prix serait susceptible d’infléchir les choix des paysans en faveur du plus abordable malgré une qualité jugée moins bonne. Sur un autre plan, il y a lieu de souligner que le secteur artisanal ne b&&cie pas d’un système de cn5dit organise comme c’est le cas avec le matériel neuf. La question se pose de savoir dans quelle mesure les potentialités des forgerons peuvent être développées par l’intégration du matériel qu’ils fabriquent dans le système du crédit coopératif. Cela nécessiterait une certaine organisation qui n’est pas facilement réalisable dans l’immédiat. Il s’y ajoute que la fabrication artisanale de matériel pour la culture attelée est, si l’on ose dire, bas& sur la contre-façon. Pour formaliser et développer une concurrence à grande échelle, un obstacle juridique est à craindre notamment avec la privatisation de l’industrie. BlBLIOGR.APHlE 1 HAVARD M. 1987. Le parc de matériels de culture attelée et les possibilites de sa maintenance dans le Département de Fatick. Résultats d’enquêtes. 2 HAVARD M.1987. Rapport de synthèse 1986 et rappel des principaux résultats acquis. Programme : Recherches d’appui à 1’Equipe Systèmes de Kaolack. Opération : Le matériel agricole de culture attelée. 3 MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL, 1986. Etude du Secteur Agricole. Intrants Agricoles. 4 SODEVA, DELEGATION DU SALOUM, 1982. Bilan Annuel : Campagne 1982-83 Dans le cadre de la troisieme tranche du projet d’amelioration de l’Information scientifique et technique du monde rural mené par le Ministére du Developpement Rural et de I’Hydraulique au niveau de son centre de documentation et financé par le Centre de Recherches pour le Developpement International (CRDI), l’unite d’Information et de Valorisation (UNIVAL) de l’Institut Sénegalais de Recherches Agricoles (ISRA), a ete chargée de realiser, à travers ses propres collections, des publications destinees au monde rural et à son encadrement. Ce document se veut un support d’information et de vulgarisation, il a Até rédigé par les chercheurs de I’ISRA. Isra bp 3120 D‘akar Sénégal O0cumcnt:ltion et 6tlitions 3 sçicntilïqucs ngron&~iiqucs