Espèces en Péril

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Espèces en Péril
20 — Espèces en péril
Renseignements de base sur les espèces en péril
Une espèce en péril est une espèce en voie de disparition, ou en danger de disparaître dans un
proche avenir. La liste peut inclure des plantes, des animaux, des lichens et d’autres sortes
d’organismes. Bien que la disparition d’espèces fasse partie normale de l’évolution, on croit que
le taux actuel de disparition des espèces est 1000 fois plus élevé qu’il ne l’était il y a à peine
quelques centaines d’années. Au Canada seulement, on sait qu’au moins 12 espèces ont disparu
au cours des 200 dernières années. Ces espèces ont disparu à jamais. Depuis 2002, près de 400
espèces sont inscrits à la liste des êtres en péril à différent niveaux. À chaque année, la liste
change et s’allonge. Pour vérifier les listes les plus récentes, visitez les sites Web indiqués à la page
suivante.
Il est difficile de prédire de façon précise les conséquences de la disparition d’une espèce. Une
espèce peut jouer un rôle vital dans le maintien de l’intégrité de son écosystème, et son
élimination risque de nuire sérieusement à d’autres espèces. Étant donné qu’on ne connaît pas le
rôle de chaque espèce, il est sage de conserver toutes les espèces. Une espèce qui est en difficulté
peut être naturellement rare, ou elle peut avoir été commune par le passé et avoir subi des
déclins récemment. Plusieurs parmi ces espèces peuvent indiquer qu’il y a eu perturbation de
certains aspects d’un habitat donné. Puisque la solution à la protection d’une espèce suppose le
plus souvent qu’il faut protéger son habitat, ce premier signal sert non seulement à protéger
l’espèce en question, mais aussi toute la variété d’espèces qui dépendent de cet habitat.
Les humains sont responsables des principales menaces qui pèsent sur les espèces en péril et leurs
habitats. La plupart des disparitions observées aujourd’hui sont le résultat de la croissance des
industries et des populations, et des contraintes toujours plus grandes imposées à
l’environnement. La plupart des extinctions qui surviennent aujourd’hui sont le résultat de
l’activité humaine. Le but des efforts de protection vis-à-vis les espèces en péril est de prévenir
leur extinction du aux activités humaines. Il y a quatre facteurs qui constituent une menace pour
les espèces sauvages :
La perte et la dégradation de l’habitat
La dégradation et la perte d’habitat sont les principaux dangers qui menacent les espèces en péril
presque partout au Canada. L’expansion urbaine tentaculaire, la foresterie, l’exploitation minière,
l’agriculture et la construction de routes, tout cela a des effets sur la vie sauvage. Sans les
ressources et l’espace nécessaires, une espèce ne peut survivre. Le Pluvier siffleur est un exemple
d’une espèce menacée par le développement côtier et l’activité humaine sur les plages.
La Pollution
De plus en plus, les produits toxiques s’infiltrent dans les habitats aquatiques et terrestres.
L’introduction de toxines dans l’environnement peut nuire directement ou indirectement à une
espèce, en la tuant directement ou en réduisant sa capacité à se reproduire. Le Faucon pèlerin est
un exemple d’une espèce en péril qui a subi les effets néfastes du pesticide DDT.
La surexploitation
La récolte excessive (trop de chasse, de trappage, de pêche ou de cueillette) peut également
représenter un danger pour la vie sauvage. Au cours de l’histoire, la surexploitation a laissé
plusieurs espèces vulnérables à d’autres facteurs qui risquent de limiter leurs nombres. La chasse
a été un facteur important dans la disparition de la Tourte voyageuse, quoique d’autres facteurs y
ont sans doute également contribué.
Espèces en péril — 21
L’introduction d’espèces exotiques
Les espèces exotiques sont des espèces qui ne sont pas natives (indigènes) d’une région donnée,
mais qui y ont été introduites par les humains, par accident ou intentionnellement. Les colons
européens, par exemple, ont parfois apporté en Amérique du Nord des espèces potagères
préférées qui se sont répandues hors des jardins pour devenir communes dans les champs et le
long des rivières. Aussi, par le passé, le ballast des navires qui était déchargé en Amérique du
Nord contenait souvent des graines de plantes qui n’étaient pas indigènes de la région en
question, ni même du continent. L’introduction d’espèces étrangères continue encore de nos
jours à la faveur des déplacements et des échanges commerciaux sur de longues distances.
Certaines espèces exotiques sont parfois capables de s’épanouir dans leur nouvel habitat et de
faire si forte concurrence aux espèces indigènes que cela leur nuit de manière désastreuse.
Certaines espèces introduites causent même des dommages directs aux espèces indigènes. La
maladie hollandaise de l’orme est un champignon identifié à l’origine par un savant hollandais.
Bien que la maladie soit peut-être d’origine asiatique, elle a été accidentellement introduite en
Europe et en Amérique du Nord où elle a causé de sérieux dommages aux ormes.
La Loi sur les espèces menacées d’extinction du Nouveau-Brunswick et le COSEPAC
Au Nouveau-Brunswick, nous et protégeons les espèces qui sont en voie de disparition dans la
province. En 2003, on a désigné 16 espèces, 8 plantes et 8 animaux, comme étant en voie de
disparition au Nouveau-Brunswick. Cette liste est sujette à des changements au fil du temps
quand certaines espèces commencent à remonter la pente et que d’autres qui n’étaient pas encore
sur la liste le deviennent. Pour une mise à jour de cette liste, veuillez consulter les Règlements
sur les espèces en péril au http://www.gnb.ca/0062/regs/e-9-101reg.htm
Faune
Flore
1. La Tortue luth de l’Atlantique
1. L’Aster d’Anticosti
2. Le Couguar
2. L’Aster subulé
3. L’Arlequin plongeur
3. La Pédiculaire de Furbish
4. Le Satyre fauve des Maritimes
4. L’Aster du golfe Saint-Laurent
5. Le Faucon pèlerin
5. L’Eriocaulon de Parker
6. Le Pluvier siffleur
6. Le Ptérospore andromède
7. Le Pygargue à tête blanche
7. L’Isoète prototype
8. Le Lynx du Canada
8. La Listère australe
Au Canada, il existe un comité d’experts sur la vie sauvage qui évalue la situation des espèces au
niveau national. On l’appelle le Comité sur la situation des espèces menacées de disparition au
Canada (ou le COSEPAC). Si le COSEPAC juge qu’une espèce est menacée de disparition, il la
classe dans l’une des quatre catégories, selon la gravité du niveau de danger de disparition. La
plus récente liste des espèces menacées du Nouveau-Brunswick établie par le COSEPAC se
trouve à l’Annexe 4. Pour obtenir la liste la plus récente, consultez le site Web du COSEPAC
à : www.cosewic.gc.ca
22 — Espèces en péril
Voici les catégories de risques utilisées par le COSEPAC :
Espèce disparue :
Une espèce que l’on trouvait auparavant au Canada et qui n’existe
plus nulle part.
Espèce disparue du Canada : Une espèce n’existant plus à l’état sauvage au Canada, mais qui se
trouve ailleurs.
En voie de disparition :
Une espèce exposée à une disparition imminente ou à une
extinction imminente au Canada.
Menacée :
Une espèce susceptible de devenir en voie de disparition au Canada,
si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas inversés.
Préoccupante :
Une espèce préoccupante à cause des caractéristiques qui la rendent
particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains
phénomènes naturels.
Il est important de comprendre les différences entre la liste du COSEPAC et la liste du
Nouveau-Brunswick. Le COSEPAC dresse une liste du statut des espèces au niveau national et
selon une perspective nationale. Le Nouveau-Brunswick ainsi que d’autres provinces inscrivent
parfois dans cette liste les espèces qui sont en difficulté au niveau national, mais surtout des
espèces qui sont en danger de disparaître de la province. Par exemple, l’Aster du golfe SaintLaurent est inscrit dans la liste « En voie de disparition au Nouveau-Brunswick » parce qu’on
le trouve en très peu d’endroits dans la province. Cependant, au national, on ne croit pas qu’il
soit en sérieuse difficulté parce qu’on le trouve dans trois provinces (Québec, NouveauBrunswick et Île-du-Prince-Édouard). C’est pourquoi le COSEPAC l’a inscrit dans la liste des
espèces préoccupantes, et non dans la liste « En voie de disparition ». En d’autres mots, il est
fort probable que l’Aster du golfe Saint-Laurent disparaîtra du Nouveau-Brunswick, mais moins
probable qu’il disparaîtra des trois provinces où il se trouve au Canada.
Il peut également y avoir plusieurs espèces qui sont inscrites par le COSEPAC, mais que la
province n’a pas encore inscrites ou protégées. Il faut se rappeler que ces deux listes sont
changeantes et qu’on y apporte des changements à mesure que de nouveaux renseignements sont
disponibles et qu’on réévalue la situation des espèces.
Il y a également des différences dans les catégories qu’utilisent les provinces et le COSEPAC. Ces
différences s’estomperont probablement au fil des années. À l’heure actuelle, la Loi sur les
espèces menacées d’extinction du Nouveau-Brunswick a une catégorie intitulée « menacée
d’extinction », mais elle n’a pas encore de catégories « menacée » ou « préoccupante ».
Tout comme le gouvernement fédéral, qui s’efforce de protéger les espèces en péril, le
gouvernement provincial offre des programmes et appuie des projets qui visent la conservation
de ces espèces. La trousse que vous utilisez en ce moment en est un bel exemple.
La notion de la rareté
Il est important de distinguer entre une espèce « rare » et une espèce « en péril ». Le mot « rare »
est relatif et pourrait vouloir dire plusieurs choses par rapport à une espèce :
• elle est peu abondante, mais existe sur une grande étendue géographique
• elle se trouve dans un nombre très limité d’endroits
• elle a une petite population séparée de son territoire principal, ou se trouve aux limites de
son territoire
• elle était autrefois abondante
Espèces en péril — 23
Une espèce considérée rare n’est pas nécessairement menacée ou en voie de disparition; elle peut
être rare naturellement. Lorsqu’une espèce abondante ou commune devient rare, ou lorsque les
quelques sites d’une espèce rare sont menacés, cela devient une préoccupation spéciale et donc,
une espèce « préoccupante ». Les espèces rares du Nouveau-Brunswick et qui ne sont pas
considérées en voie de disparition, vivent souvent dans des habitats rares qui ne sont pas
actuellement en danger sérieux. En voici des exemples : le Scirpe de Clinton, une plante qui est
généralement limitée aux corniches calcaires et aux rivages rocheux calcaires; le Porte-queue du
chêne, un papillon dont la limite nordique est dans cette province, mais qui a une population
plus importante au sud du Nouveau-Brunswick.
Espèces en péril au Nouveau-Brunswick
Cette section examine plus en profondeur les 16 espèces de fleurs et d’animaux qui sont
désignées « en péril » au Nouveau-Brunswick depuis 2002. Vous y trouverez :
• des fiches de renseignements sur chacune des espèces inscrites en vertu de la Loi sur les
espèces menacées d’extinction du Nouveau-Brunswick;
• des activités portant sur quatre espèces sélectionnées : le Satyre fauve des Maritimes, la
Pédiculaire de Furbish, le Faucon pèlerin et le Pluvier siffleur;
• une section intitulée « Ce qu’on peut faire pour protéger la vie sauvage et ses habitats ».
Il faut noter que ce ne sont pas toutes les espèces qui font l’objet d’une fiche de renseignements
qui continueront d’être inscrites dans la liste. On débat beaucoup, par exemple, de la question de
savoir s’il y a vraiment eu une population résidante de Couguars, ou si les observations
rapportées n’ étaient peut-être que des animaux qui s’étaient échappés d’animaleries dans le sud,
ou qui ne se trouvaient dans la région que pour une courte période de temps. Aussi, des
recherches plus poussées pourraient déterminer que certaines plantes sont plus abondantes qu’on
ne le croyait. Par contre, d’autres espèces pourraient s’ajouter à la liste « en péril» pour le
Nouveau-Brunswick. Le COSEPAC a inscrit dans sa liste le Saumon de l’Atlantique de
l’intérieur de la baie de Fundy, et le gouvernement du Nouveau-Brunswick pourrait en faire
autant plus tard.
Les fiches de renseignements ci-incluses complètent quelques-unes des activités de la Trousse
pédagogique sur les espèces en péril. Elles présentent d’importants détails sur chacune des 16
espèces protégées en vertu de la Loi sur les espèces menacées d’extinction du NouveauBrunswick. Elles présentent de l’information sur les menaces, sur les efforts de rétablissement,
sur la description générale et sur le territoire de l’espèce à l’intérieur de la province. Vous pouvez
à loisir photocopier ces fiches et les distribuer aux élèves. Les huit espèces végétales (flore) sont
présentées en ordre alphabétique, suivies des huit espèces animales (faune).
Espèces extirpées ou disparues du Nouveau-Brunswick
L’extirpation ou la disparition d’une espèce n’est pas le résultat d’un incident dramatique isolé.
Cela se fait habituellement de façon graduelle et les humains peuvent observer le déclin de la
population. À l’heure actuelle, on connaît cinq espèces qui sont extirpées du NouveauBrunswick : le Loup gris, le Caribou des forêts, le Morse de l’Atlantique, le Carcajou et
l’Alasmidonte naine. Trois de ces espèces existent ailleurs au Canada, mais elles n’existent plus au
Nouveau-Brunswick. L’Alasmidonte naine existait au Nouveau-Brunswick seulement. Son
extirpation de la province signifie qu’elle est également extirpée du Canada. On ne comprend
pas facilement les raisons de ces disparitions qui s’expliquent probablement par une combinaison
24 — Espèces en péril
de facteurs. Il est certain que des changements dans les paysages forestiers et côtiers ont eu
d’importantes répercussions sur plusieurs espèces, ce qui a favorisé certaines espèces (p. ex. le
coyote) au détriment d’autres espèces (p. ex. le saumon). Dans certains cas, ce sont peut-être le
piégeage (trappage) et la chasse excessive qui ont contribué au problème.
Il y a (au moins) cinq espèces connues au Nouveau-Brunswick et ailleurs qui sont maintenant
éteintes : la Tourte voyageuse, l’Eider du Labrador, la Patelle des zostères, le Grand Pingouin et
le Vison de mer. Personne ne verra plus jamais ces espèces disparues. Non seulement ont-elles
disparu du Nouveau-Brunswick, mais elles ont également disparu à tout jamais de la surface de
la terre. En apprenant de nos erreurs, nous pouvons faire beaucoup pour prévenir, dans l’avenir,
l’extirpation et la disparition des espèces.
Eider du Labrador (photo : Michel Gosselin)
Grand Pingouin (photo : Arister Midl)
Espèces disparues du N.-B.
Espèces disparues
Le Loup gris
La Tourte voyageuse
Le Caribou des forêts
L’Eider du Labrador
Le Morse de l’Atlantique
La Patelle des zostères
L’Alasmidonte naine
Le Grand Pingouin
Le Carcajou*
Le Vison de mer
*Il est incertain si le Carcajou était présent ou non dans la province à un moment donné.
Le peu de preuves disponible suggère toutefois qu’il y était, mais en nombre limité.