Édifier et dynamiser les collectivités rurales par le biais des arts et

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Édifier et dynamiser les collectivités rurales par le biais des arts et
Édifier et dynamiser les collectivités rurales
par le biais des arts et de la créativité :
Une analyse documentaire
Nancy Duxbury, Ph. D et Heather Campbell
Le Centre for Policy Research on Culture and Communities
Université Simon Fraser
Rédigé à l’intention du Réseau des villes créatives du Canada, mars 2009
Le Ross Creek Centre for the Arts, Canning, Nouvelle-Écosse
Photo sur la page couverture : Le Ross Creek Centre for the Arts, Canning, Nouvelle-Écosse
The Ross Creek Centre for the Arts is a research and development centre for the arts of all disciplines and
cultures. Located on 186 acres of farm and forest overlooking the Bay of Fundy, the Centre offers programs and
facilities for artists and students of the visual arts, performing arts, literary arts, architecture, film, and fine craft.
The Centre has two performances spaces, two galleries, three visual arts studios, and an outdoor stage, and
offers professional artist residencies at the Centre’s multi-disciplinary artist colony.
© Les auteurs, le Réseau des villes créatives du Canada ainsi que l’Alberta Recreation and Parks Association
2009.
Cet article fait partie du projet intitulé « Édifier et dynamiser les collectivités rurales par le biais des arts et de la
créativité », à l’intention du Réseau des villes créatives du Canada, mars 2009. Le projet est une commande du
Réseau des villes créatives du Canada, qui tient à souligner l’appui du ministère du Patrimoine canadien, ainsi
que du Rural Alberta’s Development Fund, par l’entremise de l’Alberta Recreation and Parks Association.
Le projet a été mené par le Centre for Policy Studies on Culture and Communities de l’Université Simon Fraser
à Vancouver, en C.-B.
Les manuscrits des projets sont disponibles sur le site Web du Réseau des villes créatives du Canada à :
www.creativecity.ca
Résumé
Cet article présente une vue d’ensemble de la littérature issue de la recherche universitaire de
langue anglaise et d’études portant sur les politiques en matière de développement culturel au
sein des collectivités rurales. L’article comporte quatre sections :
1. L’état de l’activité culturelle et artistique au sein des collectivités rurales, élabore sur
les quatre thèmes principaux dont fait état la documentation : (1) l’état de l’activité
artistique au sein des collectivités rurales; (2) les festivals, en tant que pratiques pour
l’édification d’une communauté; (3) les activités de tournées; ainsi que (4) le rôle des
technologies informatiques et de l’information. Les pratiques culturelles mises de l’avant
par les autochtones et les Premières nations y sont également abordées.
2. Le contexte communautaire propice à l’épanouissement et à la vitalité du secteur
des arts, se penche sur : (1) les composantes essentielles à l’édification de communautés
activement engagées dans la pratique artistique, (2) la possibilité d’une destruction
créative, ainsi que (3) le recours aux arts à l’intention du renouveau communautaire.
3. Le rôle des arts dans la diversification et la relance de l’économie, met en lumière
(1) deux cadres conceptuels qui font le point sur : les plateformes propres au
développement régional (ou rural) et les ressources culturelles, dans une perspective
économique, ainsi que (2) des thèmes clés et des mises en garde concernant la portée du
secteur des arts sur l’essor économique au sein des collectivités rurales.
4. Les stratégies et les projets de gouvernance, font état de thèmes récurrents au sein des
projets de politiques et des recommandations visant à soutenir et à appuyer le
développement culturel en milieu rural.
Cet article compte également des exemples issus d’études de cas, qui témoignent des diverses
façons dont le développement des arts, de la culture et de la créativité sont mis à profit de la
relance des collectivités rurales canadiennes (Annexe A – en anglais seulement).
Abstract
This paper provides an overview of English-language academic research literature and policyrelated studies with respect to cultural development in rural communities. The paper is
organized into four sections:
1. The nature of arts and cultural activity in rural communities, which discusses four
key themes in the literature: (1) the nature of arts activity in rural communities;
(2) festivals as community-building practices; (3) touring activity; and (4) the role of
information and computer technologies. Aboriginal/First Nations cultural practices are
also noted.
2. The community context for the arts development and vitality, which considers:
(1) critical ingredients for building arts-active communities, (2) the potential for creative
destruction, and (3) community reinvention using the arts.
3. The role of the arts in economic diversification and revitalization, which outlines
(1) two informing conceptual frames: regional (or rural) development platforms, and an
economic perspective on cultural resources, and (2) key themes and cautions regarding
economic development roles for the arts in rural communities.
4. Governance strategies and initiatives, which outlines some of the reoccurring themes
among policy efforts and recommendations to support and sustain rural cultural
development.
A set of case study examples accompanies this paper to illustrate the variety of ways arts and
cultural/creative development is being pursued in the revitalization of Canadian rural
communities (Annex A).
Table des matières
Introduction ..................................................................................................................................... 1
1. L’état de l’activité culturelle et artistique au sein des collectivités rurales .......................... 6
1.1. L’état de l’activité artistique au sein des collectivités rurales
1.2. Les festivals, en tant que pratiques pour l’édification d’une communauté
1.3. Les activités de tournées
1.4. Le rôle des technologies informatiques et de l’information
2. Le contexte communautaire propice à l’épanouissement et à la vitalité
du secteur des arts .................................................................................................................. 16
2.1. Les composantes nécessaires à l’édification de communautés activement
engagées dans la pratique artistique
2.2. La possibilité d’une destruction créative
2.3. Le renouveau communautaire par l’entremise des arts, ou comment attirer
le « contre-urbanisme artistique »
3. Le rôle des arts dans la diversification et la relance de l’économie .................................... 29
3.1. Deux cadres conceptuels de l’économie
3.2. Thèmes clés concernant le rôle de l’art à l’égard du développement
économique des collectivités rurales
4. Les stratégies et les projets de gouvernance ........................................................................ 38
Remerciements ............................................................................................................................. 43
Annexe A. Profils des collectivités au Canada (en anglais) ...................................................... 44
Biographies des auteurs .............................................................................................................. 65
Liste des tableaux
Tableau 1. Les complexités inhérentes aux arts : Une compilation préliminaire
des dimensions et caractéristiques des activités artistiques dans
les communautés rurales ...................................................................................... 8
Tableau 2. Comment les arts ont des répercussions sur les communautés .......................... 17
Tableau 3. Modèle logique : Ce qui fait prospérer les arts dans les petites villes rurales?
Liens hypothétiques ........................................................................................... 20
Tableau 4. Le modèle révisé de la destruction créative en six étapes .................................. 25
Tableau 5. Préférences d’emplacements chez les artistes métropolitains et
non-métropolitains aux États-Unis ..................................................................... 28
Tableau 6. Principaux thèmes récurrents dans le cadre des recommandations
relatives à l’étude portant sur les politiques ............................................... 41 - 42
Liste des schémas
Schéma 1. Des perspectives changeantes : La mobilisation des jeunes,
la conservation et les arts ..................................................................................... 2
Schéma 2. Modèle de développement du tourisme rural et culturel en quatre étapes ........ 35
Édifier et dynamiser les collectivités rurales par le biais
des arts et de la créativité :
Une analyse documentaire
Nancy Duxbury, Ph. D et Heather Campbell
Le Centre for Policy Research on Culture and Communities
Université Simon Fraser
Rédigé à l’intention du Réseau des villes créatives du Canada, mars 2009
Terroir culturel – Un lieu qui se nourrit de ce qui est cultivé localement … qui
s’alimente de la mise en commun de l’histoire humaine et naturelle… du travail des
écrivains, des artistes, des interprètes, des universitaires et celui des meneurs qui
contribuent à une culture vivante et diversifiée.1
Introduction
Les régions rurales du Canada vivent une période de transition. Parmi les enjeux auxquels les
collectivités rurales au Canada font face, notons le déclin et le vieillissement des populations,
les problèmes liés à la rétention des jeunes, des occasions économiques et sociales limitées
pour les résidents, l’appauvrissement des ressources naturelles, la perte de services locaux,
ainsi qu’une hausse du coût de la vie (Nicholls, 2005). Une situation semblable existe au sein
des collectivités rurales dans d’autres pays (consultez les articles complémentaires de Patrick
Overton, Ph. D, Kim Murphy et Lidia Varbanova, Ph. D). Alors que les collectivités rurales
se repositionnent et conçoivent une nouvelle vision d’elles-mêmes, elles cherchent à
dynamiser et à diversifier leur économie, à rehausser leur qualité de vie et à se réinventer pour
assumer de nouvelles fonctions et un nouveau rôle. La littérature concernant les arts et l’essor
des industries créatives au sein des collectivités rurales s’inscrit principalement dans ce
contexte.
Les enjeux propres à la nature changeante des collectivités rurales sont abordés dans nombre
de conférences, de forums et de publications où il est question de renouveau rural,
d’entreprise sociale, du renforcement des capacités de la communauté, ainsi que
d’« investissements dans le capital créatif et culturel des collectivités rurales ». (Smiles, 2006,
p. 3). Certains auteurs affirment que favoriser la mise en place de programmes artistiques et
culturels contribuera à « endiguer la vague d’exode chez les jeunes et la diminution de la
qualité de vie » dans les régions rurales (Brotman, 2007, tel que cité dans Nolte, 2007, p. 4;
consultez également Foundation for Rural Living, 2004; Nicholls, 2005). Par ailleurs,
d’autres auteurs soulignent des enjeux, des dynamiques et des stratégies spécifiques ayant
une incidence sur l’essor et la vitalité de l’activité artistique dans les collectivités rurales
1
Terme élaboré par des artistes et des agriculteurs dans le cadre du projet The Wormfarm, au Wisconsin (dans
Gard Ewell, 2006).
Canada
1
Schéma 1.
Des perspectives changeantes : La mobilisation des jeunes,
la conservation et les arts
Les points de vue fondés sur la société relativement au rôle qu’occupent les arts dans les
collectivités rurales se sont diversifiés au cours des dernières années, et sont de plus en plus
associés à des idées portant sur des occasions d’« économie créative ». Les projets visant à
aborder la rétention et la mobilisation des jeunes dans les collectivités rurales sont perçus comme
un microcosme de ces changements plus vastes.
Traditionnellement, les recommandations relatives à la rétention et à la mobilisation des jeunes
dans les collectivités rurales comprenaient fréquemment des références à des projets récréatifs et
culturels, ainsi qu’à un renforcement des possibilités économiques et des perspectives de carrière,
mais ces éléments ont été traités séparément et rarement jumelés dans le cadre d’une stratégie.
Les projets concernant les arts pour la mobilisation des jeunes privilégient en règle générale le
développement des relations sociales, de l’estime de soi et des connaissances de la communauté.
D’un point de vue qui tient compte des « possibilités récréatives et culturelles », on a misé sur la
création d’occasions visant à « augmenter la participation et la cohésion de la communauté, à
développer le bénévolat et les compétences en leadership, et à engager les jeunes à rester et à
bâtir leur vie au sein de leur communauté » (gouvernement du Canada, Rural Communities as the
Cornerstone, 2003, p. 6). Par exemple, le projet Mobilisation of Young Rural Developers
(Mobilisation des jeunes développeurs ruraux) au Québec a encouragé les jeunes à « participer au
développement de projets artistiques qui symbolisent leur communauté afin de les aider à
développer leur estime de soi, leur sentiment d’appartenance et leur intérêt à l’égard de leur
communauté ». Par ailleurs, il comportait des partenariats avec des résidences pour personnes
âgées et d’autres organisations pour illustrer la vie sociale, le patrimoine vivant, l’histoire et
d’autres aspects de leurs communautés (Nicholls, 2005, p. 15).
Bien que ces aspects sociaux et communautaires de l’engagement culturel significatif soient
encore très importants, les nouvelles recommandations et les nouveaux projets indiquent que ces
points de vue traditionnels sur les contributions des activités artistiques se diversifient pour intégrer
des idées au sujet de l’emploi et des entreprises à caractère culturel et créatif. Par exemple, on
note parmi les recommandations récentes sur la rétention des jeunes pour le Prince Edward
County, en Ontario, qui est confronté à un enjeu constant concernant l’exode des jeunes, la
participation des jeunes au gouvernement municipal, la promotion de l’entrepreneuriat chez les
jeunes et une « économie rurale créative, » ainsi que la création de partenariats avec les
établissements postsecondaires avoisinants (Donald, 2008, p. 17, accentuation ajoutée). Au
Royaume-Uni, le East Midlands Rural Creative Industries Regional Report indique que la présence
de galeries, de studios, de musiciens, de lieux de représentation et de compagnies de spectacles
peut « souvent fournir des emplois ambitieux et des exemples d’entrepreneuriat qui sont
particulièrement attrayants pour les jeunes (et aident à la rétention de cette clientèle)” (Burns &
Kirkpatrick, 2008, p. 34). Les petites entreprises œuvrant dans les industries créatives de cette
région se sont également dites intéressés à offrir des stages pour les étudiants et à recruter des
employés formés localement.
En Australie régionale, on fait la promotion des industries créatives comme un moyen pour retenir
les jeunes et offrir des possibilités d’emploi. Gibson (2008) affirme que les jeunes développent
souvent naturellement les compétences nécessaires aux industries créatives (compétences en
musique et en informatique); par conséquent, à titre de projet d’emploi, il s’agit d’une
correspondance naturelle. Cependant, une incompatibilité existe encore entre les études de
recherche sur l’exode des jeunes et la croissance des industries créatives dans les secteurs
régionaux – les deux éléments pourraient être jumelés dans le but d’élaborer des stratégies de
rétention de la population – tout en tenant compte des enjeux d’identité (Gibson & Argent, 2008).
2
Duxbury et Campbell
(p. ex. : Shifferd, 2005; Rodning Bash, 2006). Les occasions liées à l’« économie créative »
ont été intégrées aux perspectives traditionnelles en matière de développement social et
communautaire concernant le rôle de l’art au sein d’une collectivité (p. ex. : Wojan, Lambert
& McGranahan, 2007b), ainsi qu’à celles concernant la rétention et l’intégration des jeunes
(consultez le Schéma 1).
Qu’est-ce que la ruralité? La recherche nationale au Canada fait état d’au moins six
définitions de ruralité, mettant chacune l’accent sur des critères géographiques particuliers,
tels l’importance de la population, sa densité, le contexte du marché du travail ou celui de
l’établissement de localités. Dans son document de travail intitulé Définitions of « rural »,
Statistique Canada recommande comme point de départ la définition de « région rurale ou
petite ville » soit : « la population habitant dans les villes et les municipalités à l’extérieur de
la zone de déplacement quotidien vers les grands centres urbains (c.-à-d., à l’extérieur des
zones de déplacement des centres dont la population est de 10 000 habitants ou plus) »
(du Plessis & Clemenson, 2002, p. 1). Dans le présent article, nous avons tenu compte de
cette définition ad hoc, tout en étant conscients que les définitions de ruralité énoncées par les
spécialistes peuvent être différentes et, en général, plus flexibles en ce qui concerne cette
définition.
L’art au sein des collectivités rurales regroupe un large éventail d’activités, notamment des
activités informelles, la pratique d’artistes professionnels, ainsi que celles des entreprises
commerciales de création (habituellement petites). Selon les données recensées par Statistique
Canada en 2001, il y avait 22 100 artistes professionnels résidant dans 264 petites
municipalités rurales au Canada2, représentant 17 % des 130 700 artistes établis au Canada.
(Hill Stratégies Recherche, données de recensement 2006 et 2001). Entre 1998-1999 et 20002001, le Conseil des Arts du Canada a soutenu des projets dans 825 collectivités; dont 351
(43 %) ont été réalisés dans des collectivités de moins de 5 000 habitants (Conseil des Arts du
Canada, 2001). Par ailleurs, l’emploi rural dans le secteur culturel a connu une croissance
plus rapide que l’emploi total en milieu rural pendant la période de 1996 à 2003
(Singh, 2006). Une analyse récente menée par Statistique Canada concernant l’emploi dans le
domaine culturel au Canada, révèle la présence de grappes géographiques dans nombre de
régions rurales (Schimpf & Sereda, 2007). Parmi les constats de l’étude, notons que « dans les
régions rurales où l’emploi dans le secteur culturel est important, il existe une main-d’œuvre
culturelle hautement spécialisée » comparativement à celle qui se trouve dans les villes où les
emplois culturels sont plus diversifiés (p. 7).
En règle générale, l’envergure du travail culturel et créatif au sein des collectivités rurales
tend à être sous-estimée et peu reconnue. Cela s’explique, en partie, par le fait que la
recherche traditionnelle met habituellement l’accent sur les artistes et les travailleurs culturels
en milieu urbain où « l’économie symbolique » est hautement documentée, et par le fait qu’il
est difficile de comptabiliser l’emploi à temps partiel, si caractéristique du secteur culturel au
sein des collectivités rurales (Singh, 2006). De la même façon, il est difficile de comptabiliser
la présence d’emplois simultanés dans le cadre de sondages statistiques standard. Par ailleurs,
2
Analyse fondée sur les données de Statistique Canada. Le terme « artistes » englobe (1) les acteurs; (2) les
artisans et les artistes des métiers d’art; (3) les chefs d’orchestre, les compositeurs et les arrangeurs; (4) les
danseurs; (5) les musiciens et les chanteurs; (6) d’autres artistes (tels que les artistes de cirque et les
marionnettistes); (7) les peintres, les sculpteurs et les autres visualistes; (8) les producteurs, les directeurs, les
chorégraphes et les autres professions connexes; ainsi que (9) les écrivains. Les petites municipalités rurales
comprises ici sont celles comptant moins de 50 000 résidents à l’intérieur des limites municipales de 2001, avec
des données fiables (comportant 40 artistes et plus).
Canada
3
la capacité des sondages actuels à recenser les activités artistiques et de tournées informelles
est aussi un problème.
Vue d’ensemble de la littérature
L’attention que porte la recherche au développement culturel au sein des collectivités rurales
se manifeste également dans les contextes universitaires et politiques, intégrant une vaste
gamme de disciplines et d’approches. Tel qu’en témoigne cet article, cette documentation
comporte diverses facettes et donne lieu à des discussions sous divers « angles ». Dès lors, il
n’est pas aisé de bien saisir toute l’ampleur de la littérature. Habituellement, les spécialistes
cherchent à mieux comprendre la notion de culture et son évolution au sein des régions
rurales, tout en s’intéressant au rôle que joue la culture dans un contexte plus vaste et, qui
tient compte des enjeux liés à l’évolution et à l’adaptation des régions rurales.
En ce qui concerne le domaine des politiques publiques, un large éventail de recherches ont
été menées dans le but d’informer et d’orienter l’élaboration de politiques, de stratégies ou
d’investissements dans le domaine des arts (ou de la culture en général) au sein des régions
rurales. Selon Smiles (2006)3, les thèmes principaux dont fait état la littérature incluent : le
financement des arts et les investissements dans les arts, l’accès à de nouveaux marchés à
l’intention des produits artistiques, les partenariats d’appui aux arts, la hausse des occasions
d’emploi et de travail pour les gens vivant en milieu rural ou en régions éloignées et,
l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être culturel et social des collectivités rurales et
des régions. Par ailleurs, nombre de ces rapports soulèvent des aspects intéressants concernant
les enjeux auxquels font face les collectivités rurales, et ils énumèrent diverses
recommandations pour améliorer les conditions et les capacités locales dans le but de soutenir
et d’édifier les activités artistiques.
La recherche universitaire en général se situe à la croisée des chemins entre le « tournant
culturel », dont font état les études rurales4, et la « dimension rurale » dont font état les études
culturelles; deux domaines interdisciplinaires. Un nouveau champ d’études portant sur les
Études culturelles rurales – « issu du croisement de l’histoire culturelle et de la géographie
culturelle, jumelé aux développements récents dans des domaines interdisciplinaires voisins,
notamment l’étude des médias, les études culturelles et de l’environnement, ainsi que les
études portant sur l’Australie » – a fait l’objet d’une édition spéciale de la Australian
Humanities Review (no 45, 2008) (Carter, Darian-smith & Gorman-Murray, 2008, p. 27).
Bien que l’on reconnaisse que les études culturelles rurales « sont encore un phénomène
récent, tant dans le cas des études culturelles que rurales » (p. 27), ce champ d’études apporte
un correctif nécessaire à la partialité dont fait preuve la recherche envers les cultures
3
Smiles (2006) analyse brièvement les principales dimensions d’une vérification d’envergure internationale
concernant la recherche et l’information sur les occasions favorables au développement durable d’industries
créatives et culturelles dans les régions rurales et éloignées et les obstacles associés à ce développement.
Cette documentation (en grande partie en anglais) a été compilée grâce à la Fédération internationale de
conseils des arts et d’agences culturelles (FICAAC), et la majorité des études traitées dans le présent rapport
ont pour but d’orienter les politiques à l’échelle nationale ou régionale en matière d’activités artistiques et
culturelles dans les régions rurales et éloignées.
4
Dans le manuel Handbook of Rural Studies, la recherche rurale contemporaine se caractérise par des études
portant sur la représentation, l’état, la durabilité, les nouvelles économies, la puissance, le nouveau
consumérisme, l’identité et l’exclusion en matière de culture (Cloke, Mardsen, & Mooney, 2006). À titre
d’exemple, le projet de recherche intitulé « Negotiating the Cultural Politics and Poetics of Identity within the
Creative Industries of South West Britain » mené à l’University of Exeter, en Angleterre, examinera comment
les liens entre le lieu et l’identité sont négociés par les créateurs et les organismes du secteur des arts.
4
Duxbury et Campbell
populaires urbaines. En outre, ce nouveau champ d’études aborde les enjeux ruraux en
matière de culture sans être biaisé par des normes urbaines qui tendent à décrire les régions
urbaines par leur « absence de… » ou encore, par leur « éloignement de ». Il cherche
également à répondre à l’absence notoire de reconnaissance des dynamiques de la culture au
sein de la recherche portant sur les collectivités rurales. Dans l’ensemble, il revendique
« l’importance de la dimension culturelle – et ses multiples facettes – pour comprendre les
questions clés liées au changement démographique, à la productivité économique, à la crise
environnementale et climatique, aux relations entre les autochtones et les non-autochtones et
à la question de propriété des terres, ainsi qu’à la portée de facteurs ‘culturels’ sur la relance,
ou relance potentielle des villes et des collectivités. » (p. 27)
Les grandes lignes
Cet article présente une vue d’ensemble de la littérature issue de la recherche universitaire de
langue anglaise et d’études portant sur les politiques en matière de développement culturel au
sein des collectivités rurales.5 Il fait la synthèse des enjeux et des thèmes dominants au sein
de la littérature, en mettant l’accent sur ces aspects qui abordent le plus directement les
questions directrices de ce projet, soit :
1. Quels sont les occasions favorables au développement durable des entreprises
culturelles et créatives dans les régions rurales et, les obstacles à ce type de
développement?
2. Existe-t-il des facteurs clés ou des thèmes communs et essentiels à l’édification de la
vitalité de l’art, à long terme, dans les collectivités rurales?
3. Quelles sont les « bonnes pratiques » en matière de projets, de programmes, de
partenariats et de stratégies, qui connaissent du succès dans les régions rurales ou
éloignées?
Nous avons tenté de brosser un portrait global de la littérature et de quelques-uns de ses
constats, tout en étant conscients qu’une telle vue d’ensemble ne peut pas rendre justice à
l’étendue et à la profondeur de la recherche dont cet article témoigne. Dès lors, nous
considérons le présent article comme un premier pas permettant de repérer de nouvelles
avenues pour d’éventuelles recherches.
L’article comporte quatre sections :
1. L’état de l’activité culturelle et artistique au sein des collectivités rurales, élabore
sur les quatre thèmes principaux dont fait état la littérature : (1) l’état de l’activité
artistique au sein des collectivités rurales; (2) les festivals, en tant que pratiques pour
l’édification d’une communauté; (3) les activités de tournées; ainsi que (4) le rôle des
technologies informatiques et de l’information. Les pratiques culturelles mises de
l’avant par les autochtones et les Premières nations y sont également abordées.
5
Nous avons inclus quelques articles en français dans la bibliographie commentée pour ce projet et avons fait
ressortir le Répertoire d’actions culturelles en milieu rural développé par Les Arts et la Ville dans la compilation
d’études de cas canadiens qui accompagne ce document. Un examen complet de la documentation en français
n’a pas été possible dans le cadre du document actuel. Nous recommandons un examen parallèle de la
documentation en français sur le sujet de la revitalisation rurale par le biais des arts pour compléter le projet
actuel.
Canada
5
2. Le contexte communautaire propice à l’épanouissement et à la vitalité du secteur
des arts, se penche sur : (1) les composantes nécessaires à l’édification de
communautés activement engagées dans la pratique artistique, (2) la possibilité d’une
destruction créative, ainsi que (3) le recours aux arts à l’intention du renouveau
communautaire.
3. Le rôle des arts dans la diversification et la relance de l’économie, met en lumière
(1) deux cadres conceptuels qui font le point sur : les plateformes propres au
développement régional (ou rural) et les ressources culturelles, dans une perspective
économique, ainsi que (2) des thèmes clés et des mises en garde concernant la portée
du secteur des arts sur l’essor économique au sein des collectivités rurales.
4. Les stratégies et les projets de gouvernance, font état de thèmes récurrents au sein
des projets de politiques et des recommandations visant à soutenir et à appuyer le
développement culturel en milieu rural.
Ces catégories générales nous ont permis de structurer la documentation. Il faut toutefois
noter que nombre d’ouvrages chevauchent plusieurs catégories et que certains thèmes
récurrents y ont été remarqués. Une série d’exemples issus d’études de cas est présentée en
annexe de cet article, pour illustrer les diverses façons dont les arts et le développement
culturel et créatif sont mis de l’avant au profit du renouveau des collectivités rurales
canadiennes (consultez également les études de cas qui sont présentées dans Brooks-Joiner &
McKay, 2008).
1.
L’état de l’activité culturelle et artistique au sein
des collectivités rurales
La perception selon laquelle l’art qui se trouve dans les petites collectivités rurales
est différent de celui qui existe dans les collectivités urbaines et métropolitaines, m’a
toujours fait sourire. … Les arts, sous toutes leurs formes, s’épanouissent tout autant
dans les petites villes que dans les communautés rurales car il y a des artistes et des
adeptes des arts qui y vivent. …. Dans les communautés rurales, les gens se
rassemblent pour présenter leur art à des gens qu’ils connaissent et pour appuyer des
artistes qu’ils connaissent. .... Les arts font partie du tissu social des petites villes
parce qu’ils sont intrinsèques aux traditions de la collectivité. …
(Janet Brown, 2002)
L’époque où le terme « art rural » évoquait des stéréotypes bucoliques, devrait être
révolue. Pourtant, la qualité et la diversité des arts qui se démarquent en région sont
encore méconnues.
(Arts Council England, 2005, p. 7)
La nature de l’activité artistique au sein des collectivités rurales – ses dynamiques, ses assises
et ses acquis culturels sous-jacents – façonne et oriente le genre d’initiatives économiques et
communautaires avec lesquelles les arts interagissent. La littérature concernant les activités
6
Duxbury et Campbell
artistiques dans les collectivités rurales a tendance à mettre l’accent sur trois aspects : la
nature des activités artistiques mises en œuvre localement au sein des communautés, les
festivals, ainsi que les répercussions des activités de tournées. Un thème commun recoupe ces
trois dimensions, soit la question de l’auditoire – sa composition et les façons de l’augmenter
et de le diversifier – tant pour les activités locales que celles de tournées (Smiles, 2006;
p. ex. : Hamilton & Scullion, 2004; Andersen, 2005; Scollent, 2007).6 La portée des
technologies de l’information et de l’informatique (particulièrement à large bande) sur la
création, le maillage et le développement de nouveaux publics et de nouveaux marchés est
aussi un thème commun.
Les circonstances spécifiques au développement et à l’activité culturels des communautés
autochtones et des Premières nations sont également un thème majeur dans la littérature,
particulièrement en ce qui concerne l’Australie et le Canada. Au Canada, le jumelage de
(a) projets communautaires et d’envergure plus globale, qui visent à édifier et à affirmer
l’identité communautaire, en s’appuyant sur la fierté et le dynamisme culturels, et de
(b) l’essor de stratégies et de projets de tourisme liés à la culture autochtone, soulignent
l’importance grandissante de ces interventions pour ces collectivités et pour l’avenir de
projets de coopération et de partenariats entre les communautés des Premières nations, et les
autres. La documentation concernant la culture des Premières nations et des groupes
autochtones aborde, en partie, des questions portant sur : des mesures visant à encourager et à
appuyer la pérennité des traditions culturelles et leur évolution; la nécessité de mieux situer
les pratiques culturelles autochtones par rapport aux autres traditions artistiques et culturelles;
et la conception de méthodes et de mécanismes pertinents visant à faire rayonner la culture
autochtone auprès d’un public plus vaste. La portée et l’importance de cette question
dépassent largement les limites du présent article mais nous en soulignons ici la présence afin
qu’elle fasse l’objet d’une recherche plus exhaustive.
1.1.
L’état de l’activité artistique au sein des collectivités rurales
La littérature faisant état de l’activité artistique locale au sein des collectivités rurales peut
être plus ou moins divisée, selon deux catégories : (1) la nature et la portée de l’activité
artistique rurale et, (2) la question du contenu, notamment (a) les récits locaux versus ceux
qui proviennent de l’extérieur et, (b) la création personnelle versus celle à l’intention du
marché touristique. (La recherche portant sur le « secteur créatif » ou sur les entreprises
créatives est abordée à la section 3.)
Aucun diagramme détaillé illustrant des catégories d’activités artistiques n’a été repéré dans
le cadre de cette recherche. Cependant, à la lumière de la documentation consultée, il est
évident que l’activité artistique au sein des collectivités rurales englobe de nombreuses
facettes et caractéristiques. Par ailleurs, ces caractéristiques se révèlent davantage par leurs
nuances que par leurs contrastes et leurs qualités distinctes. Une liste sommaire et
préliminaire de certaines d’entre elles est présentée au Tableau 1 et ce, dans le but de
souligner la complexité inhérente à toute discussion entourant l’activité artistique.
6
Une grande partie de cette recherche concerne les études portant sur le profil des auditoires pour des régions
géographiques et locales particulières; ce thème n’est donc pas examiné ici.
Canada
7
Commerciales et
expérimentales / l’art pour l’art
Collaboration
sur le site
8
Duxbury et Campbell
Visite avec l’engagement
de la communauté
(pourrait être une
résidence d’artistes avec
la communauté)
Professionnel(s) +
communauté en général
Population locale* et visiteurs (touristes)
Avec participation
Uniques et mixtes
Sporadique
Commerciales et expérimentales / l’art pour l’art*
Grand public et avant-garde
Saisonnier et
toute l’année
Enfants, jeunes, adultes et personnes âgées
Exportation
Avec
participation et
en solo
Nouvelle création, mentorat possible, co-apprentissage
Résidence
d’artistes
Professionnel + professionnel
Sur place + Invité combinés
* En caractères gras – la caractéristique a tendance à être pondérée ici.
** Bien d’autres catégories relatives à la composition de l’auditoire pourraient être ajoutées.
Références et
caractéristiques
culturelles
Saisonnier et toute l’année
Avec participation et en solo
Avec
participation
ou en solo
Calendrier
Nouvelle création et présentation
de l’œuvre existante / traditions
Nouvelles ou
existantes
Population locale et visiteurs
(touristes) / Exportation
Activités informelles et formelles
Quoi
Amateur / « communauté en
général, »
semi-professionnel et professionnel
Sur place
Commerciales* et
expérimentales /
l’art pour l’art
Régulier et sporadique
Population locale* et
visiteurs (touristes)
En règle générale, sans
participation
Présentation de l’œuvre
existante / traditions
Tournée de type « escale »
Amateur et professionnel*
Invité
Les complexités inhérentes aux arts : Une compilation préliminaire des dimensions et caractéristiques des activités artistiques
dans les communautés rurales
Principal auditoire**
Nature
des
activités
Qui
Tableau 1.
Les discussions qui portent sur l’activité artistique en milieu rural mettent habituellement
l’accent sur l’art rural. Gard Ewell (2006) décrit l’art rural comme une activité holistique et
rassembleuse, où convergent des gens de toutes les classes sociales, en précisant qu’il ne
s’agit pas simplement d’une version à petite échelle des programmes artistiques en milieu
urbain. En outre, Brotman (2007) remarqua, lors d’un atelier portant sur les arts et le
patrimoine dans les communautés rurales, présenté par l’Observatoire culturel canadien :
… L’art rural diffère de l’art urbain, mais de façon inattendue. Nous sommes portés,
d’emblée, à considérer les arts comme une version à petite échelle de l’activité
artistique dans les localités et les grandes villes, ou qui n’est pas de calibre
professionnel, à tout le moins dans la perspective du courant dominant. Or, l’art rural
s’est avéré être d’une richesse et d’une complexité en harmonie avec tout ce qui se
fait dans les centres plus importants, en plus de posséder des caractéristiques
distinctes qui sont justement issues d’activités propres à un milieu rural ou
communautaire particulier.
Pour leur part, les auteurs Brooks-Joiner & McKay (2008) ont remarqué que la qualité de la
participation citoyenne dans les régions rurales et éloignées diffère de celle que l’on retrouve
dans les centres plus importants. Bien que les artistes professionnels et les travailleurs
culturels soient des acteurs de leur milieu dans toutes les collectivités recensées, il reste que la
« pierre angulaire de la capacité culturelle », dans toutes ces collectivités est « le bénévolat et
la participation communautaire » (p. 5). Mais encore, la « distinction entre les artistes
amateurs et professionnels » n’a pas semblé être aussi prononcée qu’en milieu urbain (p. 5).
On associe l’art rural au renforcement des capacités, à l’affranchissement, à la collaboration, à
des occasions de mise en réseau élargies, et à l’épanouissement individuel et communautaire.
Les projets artistiques les plus fructueux en milieu rural, sont ceux qui permettent à la
communauté de sentir qu’elle acquiert de nouvelles habiletés, tout en « concevant de
nouvelles structures sociales qui lui permettent de témoigner de sa vie intérieure et
spirituelle » (Brotman, tel qu’il est cité par l’Observatoire culturel canadien, 2007).
Un intérêt grandissant pour l’art participatif, sommairement décrit comme une synthèse de
l’art communautaire et de l’art professionnel, enrichit davantage l’épanouissement potentiel
lié à cette forme d’activité. Cela correspond au processus artistique de collaboration entre des
artistes et la communauté, tel qu’il est décrit par le Conseil des Arts du Canada, c’est-à-dire,
« un processus artistique qui engage activement dans des relations de collaboration et de
création des artistes professionnels et des membres de communautés autres qu’artistiques, » et
pouvant comporter des projets qui font appel aux jeunes et à l’éducation artistique
(McGauley, 2006, p. 4).7
Le Littoral Arts Trust en Angleterre a tracé les premières grandes lignes de ce qu’il décrit
comme la tradition émergente du « Nouvel Art Rural ». Celui-ci comporte : une diversité
culturelle urbaine et rurale menée par l’art, ainsi que des partenariats d’affaires créatifs;
l’appui du secteur artistique à l’égard d’organismes de la santé et de projets de la santé en
milieu rural; des projets de création auprès des enfants et des jeunes en milieu rural; la
promotion d’un meilleur accès aux arts pour les personnes souffrant de handicaps ainsi que
pour les femmes et les aînés en milieu rural » (Hunter, 2006, p. 2). D’autres avenues possibles
7
Vous trouverez un bon aperçu de la pensée actuelle au sujet de ces pratiques dans McGauley (2006).
Canada
9
incluent les arts numériques et les nouveaux médias, ainsi que le développement des
industries créatives rurales (consultez Hunter, 2003-2005).
En outre, on a souligné l’importance d’édifier la culture locale en y intégrant des forces
externes, notamment par la présence d’artistes professionnels locaux ou étrangers, au sein
d’activités communautaires locales (Brotman, 2007; Nolte, 2007). Du reste, les artistes
professionnels et les bénévoles qui vivent en régions rurales se sentent éloignés des grands
centres du monde de la culture, et l’apport d’influences externes « contribue grandement à
minimiser [cette] solitude » (Brotman, 2007). En ce qui concerne les artistes en visite, ceux-ci
se heurtent aux « spécificités de chaque région et de ses habitants, ainsi qu’à son écologie
culturelle, sociale, économique et politique » et leurs attentes sont modelées par l’expérience
interactive, ce qui peut servir à renouer la confiance perdue au cours d’une collaboration
auprès d’un artiste professionnel (Nolte, 2007, p. 3).
Deux questions de contenu se dégagent de l’ensemble de la littérature concernant les arts
dans les petites collectivités rurales. Ces questions se rapportent aux choix que font les
diffuseurs locaux en matière de création et de présentation et, à la nécessité de maintenir un
équilibre entre la tendance à vouloir ce qui est « original », et la réceptivité de l’auditoire, ses
attentes et sa survie économique :
Pièces de théâtre étrangères / Récits locaux. Dans le cadre de ses travaux de recherche
actuels, James Hoffman, de la Thompson Rivers University à Kamloops, en C.-B., s’intéresse
au lien entre les compagnies de théâtre résidant dans les petites villes de la ColombieBritannique et leur communauté. La recherche aborde notamment la question de la
responsabilité des théâtres professionnels à l’égard de leurs communautés, la nature et la
compréhension de « l’engagement communautaire » ainsi que la portée et les attentes de
l’auditoire local. Les compagnies de théâtre professionnelles peuvent avoir tendance à
percevoir leur rôle comme étant celui d’importer, par le biais de productions, les pièces les
plus branchées des grands centres urbains et, de ce fait, d’offrir à leur communauté ce qu’il y
a de meilleur. Or, lorsqu’un théâtre professionnel local est « l’unique attraction » d’une petite
ville, quelle responsabilité a-t-il à l’égard de la diffusion des récits locaux et du témoignage
d’enjeux locaux, comparativement à celle de n’être qu’une voie d’accès pour les productions
en provenance des centres (urbains) de l’extérieur?
À qui la création locale s’adresse-t-elle? Bien que le phénomène ne soit pas exclusivement
celui des collectivités rurales, une question découle néanmoins de la popularité grandissante
du tourisme culturel (consultez la section 3); celle de la création d’œuvres à l’intention du
marché touristique, comparativement à la création de « l’art pour l’art ». Dans le cadre d’une
série d’entrevues menées dans la région de Prince Edward County, en Ontario, Hracks (2005)
explique que la commercialisation de l’art donne lieu à des artistes qui alternent entre une
création artistique à l’intention des touristes et une autre pour eux-mêmes. De la même façon,
dans les entrevues menées à Parry Sound, en Ontario, Mitchell et coll. (2004) s’intéressent à
la prédisposition des artistes envers la création d’œuvres d’art visuel, en vue d’un marché
touristique qui s’intéresse avant tout aux paysages naturels et marins.8 Cependant, la
8
Un artiste cité dans l’article explique : « Je peins des paysages dans la région parce que je descends chaque
semaine en bordure des quais à Parry Sound… Si vous voulez vivre de l’art que vous créez, vous voudrez
évidemment avoir un marché… même si j’aime peindre de l’art abstrait, si je veux vendre mes œuvres ici, à
Parry Sound, aux touristes qui visitent la région, je dois évidemment peindre quelques scènes locales ou des
paysages et des paysages marins locaux, sinon, je ne vendrai pas mes œuvres » (Mitchell et coll., 2004,
p. 159).
10
Duxbury et Campbell
propension à ne produire que pour les touristes est une tendance qui divise la communauté
artistique, alors que certains artistes sont d’avis que « la création de l’art pour l’art est rongée
par la présence d’artistes à vocation strictement commerciale. » (Hracs, 2005, p. 70; consultez
également Mitchell et coll., 2004).
1.2.
Les festivals, en tant que pratiques pour l’édification
d’une communauté
Les festivals ruraux prennent habituellement racine dans la période des récoltes, des
équinoxes et des fêtes religieuses, et ils sont étroitement liés au mode de vie rural. Les
festivals ruraux s’inscrivent dans un large éventail de pratiques et d’activités culturelles, et
sont typiques d’une expression culturelle élargie qui témoigne de l’appartenance au lieu et
enrichit celle-ci. En tant qu’événements où « l’identité rurale s’affirme et se répète » (Gibson
& Walmsley, 2007, p. 14), les festivals peuvent également servir à favoriser l’identité
collective et le sentiment d’appartenance (Gorman-Murray, Waitt & Gibson, 2008). Au cours
de la dernière décennie environ, « le tourisme, les festivals et d’autres événements culturels
semblables sont devenus le soutien économique principal pour nombre de collectivités en
région, en particulier dans le contexte des changements démographiques et industriels »
(Gorman-Murray, Waitt & Gibson, 2008, p. 176). La place qu’occupent les festivals au sein
du renouveau culturel rural – ainsi que les dimensions sociales et économiques de ce
processus – fait l’objet d’une recherche approfondie, en Australie.9
De plus en plus, les festivals évoluent et débordent de leurs origines populaires, et sont
utilisés à des fins autres, telles que l’essor économique et la création d’une marque locale
distinctive. À mesure que les festivals connaissent du succès, et sont ainsi aptes à diminuer
l’ampleur des responsabilités organisationnelles assignées aux bénévoles locaux, certains
avantages sociaux dont bénéficiaient ordinairement la communauté, tels l’engagement
communautaire et l’acquisition de compétences, sont menacés (Davies, 2007).10 Les
commandites et le financement gouvernemental, tout comme la participation d’organismes
professionnels, favorisent cette évolution et peuvent même ajouter une connotation et une
valeur commerciales aux festivals (Connell & Waitt, 2007).
En Australie, on a explicitement recours aux festivals ruraux à thèmes comme un outil de
relance (Davies, 2007). Comparativement aux festivals ruraux traditionnels, organisés
généralement autour de foires agricoles, ces « nouveaux » festivals mettent davantage
l’accent sur les retombées économiques, les commandites et leur capacité à rejoindre un
bassin géographique plus vaste (Davies, 2007). De tels festivals peuvent être perçus comme
des « imposteurs » par leur communauté s’ils n’ont pas de liens organiques avec l’identité du
lieu (Brennan-Horley, Connell & Gibson, 2007). Ces festivals sont souvent le fruit d’une
9
Un projet triennal de festivals du conseil australien sur la recherche (Australian Research Council Festivals
Project), intitulé « Reinventing Rural Places: The Extent and Impact of Rural Festivals in Australia, » a cherché
à documenter la portée et l’importance des festivals pour les collectivités et les économies rurales. Ce projet a
tenté de mesurer l’envergure du phénomène des festivals culturels et communautaires dans l’Australie rurale,
et comment cela a contribué à réorienter les économies et les collectivités rurales vers un avenir « postproductiviste » (au delà de l’agriculture). En 2007, le réseau de recherche du conseil australien sur la recherche
(ARC Cultural Research Network) a tenu un colloque sur les « Festival Places: Revitalising Rural Australia » qui
mettait en évidence 21 présentations portant sur le rôle des festivals dans la revitalisation culturelle rurale.
Celles-ci seront publiées dans un livre (en cours).
10
Un autre point de vue sur ce déplacement de la base populaire au profit du personnel, pourrait donner lieu à
un développement stable des compétences locales. Néanmoins, la nature de l’engagement communautaire
serait changée qualitativement.
Canada
11
stratégie de tourisme et, lorsqu’ils ont du succès, ils peuvent servir à dynamiser une
communauté et à façonner de nouvelles identités locales.
Avec plus de 2 800 festivals ruraux en Australie11, le recours à un thème « kitsch », dans ce
cas « Elvis » (consultez Brennan-Horley, Connell & Gibson, 2007), permet à un festival ou à
une parade régionale de se distinguer des autres.
Étonnamment, une autre étude révèle que les festivals régionaux en Australie, bien que
financés par les conseils municipaux locaux, sont rarement intégrés formellement aux
stratégies de développement économique local. En fait, les auteurs Gibson & Walmsley
(2007) sont d’avis qu’une telle contradiction entre la portée locale et l’« invisibilité au sein
des politiques » illustre bien pourquoi nombre de festivals régionaux sont mal perçus ou
incompris par les spécialistes en planification.
1.3.
Les activités de tournées
Les tournées sont un moyen d’accéder à des productions professionnelles de haute qualité,
elles élargissent le marché du travail au sein des collectivités rurales et sont source
d’expériences enrichissantes pour les diffuseurs et l’auditoire :
Les tournées en régions rurales ne sont pas un piètre substitut au genre d’expérience
qu’il est possible de vivre dans une salle de concert en milieu urbain. La différence
est qualitative et se manifeste à plusieurs égards. Les installations ne sont peut être
pas d’aussi bonne qualité, mais l’intimité du lieu, l’occasion de rencontrer les
artistes, et le fait que la plupart des membres de l’auditoire se connaissent – confèrent
aux prestations présentées dans une salle de village un avantage indéniable. À n’en
pas douter, ces attributs sont aptes à enrichir l’expérience de l’auditoire, qui se
déplace parfois pour des raisons qui n’ont rien à voir avec un intérêt pour les arts, et
celle des interprètes, qui ne peuvent pas s’attendre à ce que le public connaisse leur
répertoire. Dès lors, les artistes et le public estiment invariablement que ces
prestations sont captivantes, mémorables et imbues d’un attribut particulier qui leur
confère une valeur unique. (Matarasso et coll., 2004, p. 7)
Une large part de la littérature portant sur les tournées aborde la question de leurs retombées
(p. ex. : Matarasso et coll., 2004; Hamilton & Scullion, 2004) ou procède à l’évaluation des
programmes de tournées tout en formulant des recommandations concernant les bonnes
pratiques de tournées en milieu rural (p. ex. : O’Leary, 2006). Par ailleurs, les rapports émis
par les bailleurs de fonds mettent plutôt l’accent sur l’importance des activités de tournées en
matière d’accès élargi et de développement de nouveaux publics dans le contexte de
productions artistiques et culturelles professionnelles et de qualité, dans les régions rurales
(p. ex. : Conseil des Arts du Canada, 2001, 2008; Hunter, 2006).
Dans le cadre d’une étude à grande échelle portant sur les tournées en milieu rural en
Angleterre et au Pays de Galles, François Matarasso et coll. (2004) décrivent comment les
« dispositifs de tournées » occupent une place privilégiée au sein de l’écosystème artistique
11
Plus de 2 800 festivals figurent dans la base de données de festivals « Reinventing Rural Places » en
Australie rurale.
12
Duxbury et Campbell
rural, en partie à cause de l’importance de leurs partenariats avec les promoteurs locaux.12
L’auteur note « une hausse évidente de l’activité artistique en milieu rural, particulièrement
celle qui s’inscrit dans des projets autonomes reliant des artistes professionnels et des
communautés », et considère les tournées rurales comme une composante de ce phénomène
(p. 5). En outre, cette étude a démontré que « les tournées en milieu rural pourraient avoir une
incidence sur la cohésion communautaire en offrant un espace commun et confortable, où les
membres des collectivités rurales peuvent se retrouver et discuter. Il a été constaté que les
tournées en milieu rural ont un impact important sur le développement communautaire dans
ces régions car les tournées ont donné lieu à de nouvelles orientations qui permettent de
concevoir de nouveaux projets et de nouvelles organisations communautaires. Par ailleurs,
cette étude fait [également] état d’un certain nombre d’enjeux propres aux tournées en région,
notamment le bénévolat et le financement » (tel qu’il est cité dans Smiles, 2006, p. 13).
Quoique la plupart de la documentation concernant les retombées des activités de tournées
mette l’accent sur la communauté, certaines études se penchent également sur l’incidence de
cette activité sur ceux qui « prennent la route ». Par exemple, le projet de recherche intitulé
Rural Virtues s’intéresse à la portée et au rôle des tournées artistiques professionnelles dans
les régions rurales en Écosse (Hamilton & Scullion, 2004). L’étude était divisée en trois
sections : (1) un rappel historique de quatre ou cinq compagnies et l’expérience vécue par
leurs membres lors de tournées en région, (2) une étude axée sur les cadres stratégiques et de
financement afin d’évaluer la disposition et les politiques des agences connexes, et rendre
compte de la diversité des bailleurs de fonds qui appuient les activités de tournées en milieu
rural, et (3) des études de cas réalisées par Dumfries et Galloway, et portant sur l’incidence
des tournées artistiques sur les collectivités rurales. Parmi les constats, le rapport souligne « la
problématique à laquelle font face les agents de tournées installés en région, qui tentent de
contribuer à la diète culturelle grâce à l’essor de talents locaux. »13
Pour sa part, O’Leary (2006) souligne l’importance d’affranchir les collectivités locales en les
incitant à prendre contrôle de leur environnement culturel. En Irlande, cette approche a été
facilitée par la création et l’appui de réseaux artistiques locaux dans ces régions. Par ailleurs,
la Regional Arts Australia (2005a) souligne également l’importance de contrôler les activités
de tournées et d’y participer localement. Cette agence a par ailleurs constaté que si les régions
éloignées apprécient les expériences artistiques venues de l’extérieur, il est néanmoins
« crucial que ces programmations importées soient mises de l’avant par la communauté plutôt
que par une ‘gestion externe’ » (p. 12).
1.4.
Le rôle des technologies informatiques et de l’information
Les capacités, le potentiel et l’incidence des technologies de l’information et informatiques –
surtout l’accès à large bande – sont des thèmes récurrents dans l’ensemble de la littérature
portant sur les collectivités rurales.
Or, jusqu’à maintenant, cette documentation ne s’est pas particulièrement intéressée à la
façon dont cela pourrait avoir une incidence sur la production culturelle ou le développement
12
Le rapport indique que les projets touristiques, qui mettent en contact des promoteurs bénévoles avec des
artistes professionnels, ont été actifs en Grande-Bretagne rurale pendant près de 25 ans. En 2003, au moins
40 projets touristiques étaient actifs en Angleterre et au Pays de Galles.
13
Une description du rapport figure sur le site Web de la FICAAC à :
http://www.ifacca.org/publications/2004/01/01/the-same-but-different-rural-arts/
Canada
13
de nouveaux auditoires.14 Pourtant, trois tendances incitent à se préoccuper des facettes
culturelles et créatives de ces technologies : (1) le souhait grandissant d’attirer une « classe
créative » de travailleurs au sein des collectivités de toutes tailles, (2) l’importance et la
tendance courante des pratiques de création et du partage de l’information sur Internet,
particulièrement chez les jeunes, où la fonctionnalité d’usage dans Internet revêt une
dimension beaucoup plus sociale qu’auparavant et, (3) l’intégration du réseau Internet, en tant
qu’outil de marketing visant à accéder à un public plus important et à élargir les marchés de
produits artistiques et de services dérivés (ce sujet est abordé plus en détail à la section 3).
Le désir des collectivités d’attirer une « classe créative » de travailleurs rend plus évidente
l’importance de la technologie à large bande, qui permet le télétravail et offre aux travailleurs
la possibilité de se relocaliser en région rurale, tout en préservant leurs moyens d’existence
actuels. Cela signifie également que le travail de création commence à faire partie de la notion
de « développement économique ». Par exemple, Donald (2008) affirme que le dispositif
d’accès à large bande sur Internet est l’un des facteurs déterminants qui permet d’attirer des
industries créatives dans la région de Prince Edward County, en Ontario. Par ailleurs,
l’absence d’un tel accès représente « un obstacle important à la créativité (ainsi qu’à la
promotion et à la mise en marché de la créativité) », et une entrave à la capacité de réaliser
complètement le potentiel créatif lié à l’économie de la région de PEC » (p. 24).
Des constats semblables ont été énoncés au Royaume-Uni : le East Midlands Rural Creative
Industries Regional Report a conclu que « les nouvelles technologies, notamment celle de la
large bande sont des moyens déterminants pour ‘lancer’ les nouvelles entreprises et permettre
une croissance mesurable chez celles qui sont déjà établies. Par ailleurs, ces technologies se
sont avérées cruciales pour toutes les entreprises et les ministères interrogés dans le cadre de
ce rapport. Là où la technologie à large bande n’est pas encore disponible, ce manque a eu
une incidence majeure sur l’efficience » (Burns & Kirkpatrick, 2008b, p. 30). Dans cette
région, un haut pourcentage des entreprises créatives sont parvenues à « opérer à partir de
n’importe quel endroit où l’accès Internet est facile ». Après avoir réglé cette question, les
entreprises ont réalisé que « l’attrait de coûts moindres et d’une meilleure qualité de vie en
milieu rural » était des considérations significatives (p. 43). En outre, l’étude a révélé la
présence croissante d’entreprises électroniques qui font leur démarchage par l’entremise du
publipostage direct à partir des bases de données de leurs clients.
Cette dimension du développement économique a été liée (informellement) à des notions
élargies du développement communautaire. Par exemple : un grand nombre d’anciens
résidents des milieux urbains se lancent dans l’entreprenariat au sein de leur nouvelle région
rurale (Labrianidis, 2004), et nombre des nouveaux travailleurs culturels qui s’installent en
milieu rural ont tendance à être des citoyens actifs et ils sont souvent les chefs de file de
nouvelles productions culturelles et de nouveaux projets communautaires
(Jones, 2004; Cuesta, Gillespie & Lillis, 2005).
14
L’approche générale est reflétée, par exemple, dans Rural Communities as the Cornerstone, où le potentiel
de la large bande est décrit en termes de fonctionnalités de base sans référence aux utilisations telles que le
développement culturel et créatif ou l’augmentation de l’identité et de la promotion communautaires : « La large
bande joue un rôle important dans les collectivités rurales et éloignées du Nord, sur le plan de leur connectivité
à l’échange d’information à l’échelle mondiale et de leur capacité à faire concurrence au marché mondial
croissant. En outre, l’accès à large bande est également perçu comme une exigence essentielle en matière
d’infrastructure pour les collectivités rurales, en ce qui a trait à leur durabilité et à leur viabilité à long terme, à
leur accès aux services tels que les services bancaires, les soins de santé et la formation à distance, et à leur
capacité à créer des réseaux et des connexions entre les collectivités » (Partenariat rural canadien, 2003, p. 4).
14
Duxbury et Campbell
En ce qui concerne le processus de création, les technologies informatiques et de
l’information sont de plus en plus intégrées en tant qu’outils de création, dans le but de relier
des producteurs culturels entre eux et de favoriser la cocréation. Par ailleurs, la diffusion
universelle et immédiate du contenu local et mondial par Internet, change la nature même de
l’inspiration artistique, de sa visibilité et de sa portée. Elle peut également modifier la
perception du lieu et transformer le sentiment « d’isolement » en un « nœud » interactif, au
sein de ces réseaux de connectivité.
Avec l’évolution rapide, depuis quelques années, des capacités de partage de contenu et de
cocréation par l’entremise de ressources disponibles sur Internet, la dimension socioculturelle
des communications par Internet et celle du partage de contenu, sont désormais aussi
importantes que celle des fonctions plus administratives liées à ces technologies. Dans les
deux cas cependant, le terme clé est celui de branchement – tant dans une perspective
socioculturelle, comme outil servant à briser le sentiment d’isolement, que dans celle de
compétences fonctionnelles dans les domaines économique/commercial/administratif, en tant
qu’outil favorisant l’essor et la réinvention économiques.
Bowles (2008) décrit l’importance du rôle de ces technologies au sein du mode de vie rural,
qu’il décrit comme une sorte de système d’appui aux modes de vie ruraux revitalisés :
Les jeunes utilisateurs de médias qui vivent dans des localités à la campagne, sont
maintenant intégrés à un réseau social national et mondial, plutôt que d’être confinés
aux sous-cultures qui sont présentes dans ces lieux. Les parents, autrefois isolés en
milieu rural, peuvent maintenant obtenir des conseils et consulter la communauté par
Internet; et les propriétaires d’entreprises ou même les travailleurs autonomes de la
mouvance tree-changing15 (changement intérieur) qui œuvrent dans le domaine de la
culture, peuvent aisément rencontrer leurs clients et payer leurs factures à partir
d’une multitude d’endroits. (p. 94)
15
En Australie, la majorité de la migration urbano–rurale a été qualifiée de sea-change (vague de changement).
Depuis peu, sa version à l’intérieur des terres est connue sous le terme de tree change (changement intérieur) :
« De telles expressions évoquent principalement des images de couples retraités ou semi-retraités qui
s’installent dans des régions côtières et intérieures agréables en raison du mode de vie qu’elles privilégient et,
un mouvement que l’on qualifie ailleurs de contre-urbanisation ou d’embourgeoisement rural » (Australia
Humanities Review, 2008, p. 55).
Canada
15
2.
Le contexte communautaire propice à l’épanouissement et
à la vitalité du secteur des arts
Les arts ont toujours été le ciment qui unit les communautés rurales. Qu’il s’agisse de
répétitions de concerts d’opéra amateur, le jeudi soir, ou de tournées réalisées par des
compagnies de théâtre professionnel, tel le Wales’ Theatr Bara Caws, qui a recours à
des bénévoles pour présenter ses spectacles dans les salles communautaires, les arts
font partie du tissu social des sociétés rurales. Mais, il ne s’agit pas que de
divertissement puisque, sans les avantages importants liés aux arts, la vie en région
serait une expérience beaucoup moins riche, moins heureuse et davantage marquée
par l’isolement.
(Voluntary Arts Network, 2006, p. 2)
Un des thèmes phares de ce rapport est celui du lien étroit entre les arts – sous toutes
ses formes – et la vitalité d’une communauté. Une participation accrue dans les arts
peut servir à attirer de nouveaux résidents et de nouvelles entreprises, à mousser
l’engagement civique, à créer de nouveaux espaces de rencontres, et à jeter des ponts
entre les classes sociales et ethniques – contribuant ainsi à renforcer les collectivités.
Les arts peuvent non seulement avoir un profond effet sur la capacité d’une localité à
survivre, mais également, avec le temps, à prospérer. … [Or] pour qu’il y ait progrès,
les idées de relance ne peuvent pas que provenir des artistes ou être à leur seul
avantage.
(Cuesta, Carlo et associés, 2005, Forward, p. 70)
L’incidence de l’activité artistique sur la vitalité communautaire, sur ses participants directs et
ceux qui sont passifs, est documentée dans plusieurs études. Par exemple, Guetzkow (2002)
en examine plusieurs dans le but d’illustrer comment la revitalisation communautaire est
favorisée par la participation à des activités organisées (consultez le tableau 2). Le document
intitulé Use or Ornament? fait état d’un vaste ensemble de retombées découlant d’une
participation directe dans des activités artistiques (Matarasso, 1997). Par ailleurs, une analyse
de la littérature menée dans le cadre de l’étude Shifferd (2005) démontre qu’il existe « de
solides preuves empiriques selon lesquelles la présence d’artistes, d’activités artistiques
informelles et d’organismes artistiques dans une collectivité contribuent de bien des façons à
la qualité de vie communautaire », et confirme que « l’activité créatrice dépasse largement les
limites de l’activité artistique organisée et formelle » (p. 6).
À mesure que les collectivités rurales décident de s’engager dans la voie du renouveau ou du
développement par l’entremise d’une démarche artistique, de quelle façon la documentation
de recherche peut-elle jeter un éclairage nouveau sur ces décisions et ces stratégies? De quelle
façon les biens culturels peuvent-ils être rehaussés et utilisés afin de maximiser leurs
avantages? Quelles sont les étapes de développement propres à ces situations? Quels en
seront les choix? Trois thèmes sont particulièrement pertinents à cet égard : (1) les
composantes déterminantes de l’édification de collectivités artistiquement actives, (2) la
destruction créative potentielle et, (3) le renouveau identitaire d’une collectivité par
l’entremise des arts.
16
Duxbury et Campbell
Augmente la
possibilité et la
propension qu’un
individu s’implique
dans les arts.
Libère le stress.
Augmente les
occasions de
satisfaction.
Réduit la délinquance
chez les jeunes à
risque élevé.
Augmente les
occasions
d’extériorisation et de
satisfaction.
Crée des relations
interpersonnelles et
promeut le bénévolat,
ce qui améliore la
santé.
Matériel / Santé
Augmente la
performance scolaire.
Augmente le
raisonnement visuospatial (l’effet Mozart).
Augmente le capital
culturel.
Améliore le capital
humain : les
compétences et les
aptitudes créatives.
Améliore le sentiment
d’appartenance ou
d’attachement d’un
individu envers une
communauté.
Accroît le sentiment
d’efficacité
individuelle et
d’estime de soi.
Cognitif / Psych.
Individu
Accroît la tolérance
envers autrui.
Augmente la
capacité de
travailler avec
autrui et de
communiquer des
idées.
Crée des réseaux
sociaux individuels.
Interpersonnel
Économique
Plus forte probabilité de revitalisation.
Favorise un « milieu créatif » qui
stimule la croissance économique au
sein des industries créatives.
Augmente l’attrait de la région chez
les touristes, les entreprises, les gens
(particulièrement les travailleurs
hautement spécialisés) et favorise les
investissements.
Augmente la propension à participer
aux arts chez les membres de la
communauté.
Améliore l’image et
le statut de la
communauté.
Conduit à des
normes
communautaires
positives telles que
la diversité, la
tolérance et
l’expression libre.
Édifie l’identité et la
fierté
communautaires.
Accroît le sentiment
d’identité et
d’efficacité
collectives.
Culturel
Communauté
Les gens (particulièrement les
touristes et les visiteurs) consacrent
de l’argent pour assister à des
événements artistiques et au profit des
entreprises locales. De plus, les
dépenses locales engagées par ces
lieux d’arts et les entreprises
fréquentées ont des effets
multiplicateurs indirects.
Salaires à verser aux employés
rémunérés.
Comment les arts ont des répercussions sur les communautés
Ce tableau approfondit une typologie proposée par Kevin McCarthy (2002). Source : Guetzkow (2002)
Présence
d’artistes et
d’organismes
et d’établissements voués
aux arts
Participation
de l’auditoire
Participation
directe
Tableau 2.
Canada
17
Réduit le crime et la
délinquance dans les
quartiers.
Promeut la diversité
culturelle dans les
quartiers.
Les gens qui,
autrement, ne
seraient pas entré
mutuellement en
relation, se
rassemblent.
Crée du capital social
en faisant participer
les gens, en reliant
les organisations
entre elles et en
offrant aux
participants de
l’expérience en
matière d’organisation
et de travail avec
l’administration
municipale et les
organismes sans but
lucratif.
Social
2.1.
Les composantes essentielles à l’édification de communautés
activement engagées dans la pratique artistique
Existe-t-il des composantes essentielles ou des thèmes communs nécessaires à l’édification de
la vitalité des arts à long terme, en milieu rural et dans les banlieues « en périphérie »? À la
fin de l’année 2004, le Metropolitan Regional Arts Council commandait une étude portant sur
dix petites collectivités du Minnesota, dans le but de se pencher sur cette question et d’y
répondre. Cette étude s’inscrivait dans une analyse de la littérature et dans l’élaboration d’un
modèle logique issu du secteur du développement communautaire par les arts.
L’analyse de la littérature dont fait état cette étude, révèle qu’il existe peu ou pas de
documents déjà publiés qui abordent ce même sujet. Plus précisément : Sous quelles
conditions le secteur des arts au sein des petites collectivités rurales et des banlieues en
périphérie parvient-il à s’épanouir et à prospérer? Et, quel est le processus lié au
développement artistique dans ces communautés? (Shifferd, 2005). De ce fait, Shifferd (2005)
et Rodning Bash (2006) élaborent ou déterminent, par l’entremise de leur étude :
1. un modèle conceptuel de développement communautaire en milieu rural en trois
étapes;
2. des facteurs environnementaux à l’appui du développement culturel au sein de
collectivités faisant preuve d’une présence artistique émergente;
3. des caractéristiques et des attributs propres aux collectivités artistiquement
dynamiques (c.-à.-d. ayant atteint un seuil de développement viable); et
4. des ingrédients clés pour édifier une collectivité artistiquement engagée.
Shifferd (2005) considère l’écologie culturelle des collectivités selon un continuum – « de
l’état embryonnaire, éphémère et marqué par l’isolement, à un état où l’activité est hautement
intégrée et soutenue, mettant à profit un nombre important d’acteurs » (p. 8). En outre, le
contexte au sein duquel l’activité créatrice s’exerce, englobe une vaste gamme de facettes,
allant du « personnel et de l’informel », au « structuré et à l’institutionnalisé ». Dans cette
étude, toutes les composantes sont jugées essentielles à l’environnement culturel d’une
communauté saine et elles sont considérées comme étant d’égale importance.
Trois étapes de développement artistique ont été déterminées parallèlement à ce continuum,
soit : le développement émergent, le développement durable et le développement mature
(consultez le tableau 3). Le développement émergent se caractérise par l’organisation du
leadership (c.-à.-d. par la coalescence d’un groupe d’instigateurs) et par la présence d’un
ensemble d’activités artistiques informelles et partagées, auxquelles les gens peuvent
participer. Le développement durable est marqué par l’élargissement de réseaux et de
collaborations, par la participation à des activités artistiques régulières et dans diverses
disciplines, par l’engagement civique, par la présence d’une « masse critique » d’artistes,
ainsi que par la présence d’un groupe d’intervention établi, dans le domaine des arts. Le
développement mature, quant à lui, se définit par la place centrale qu’occupent les arts au sein
du développement communautaire, par la présence d’une infrastructure organisationnelle,
comportant une ou plusieurs installations, ainsi que par la présence d’artistes établis et
d’entreprises liées aux arts. Un exemple de la phase du développement mature est celui d’une
communauté devenue une destination artistique (Rodning Bash, 2006).
18
Duxbury et Campbell
Le modèle illustre également, intercalés entre ces étapes, des aspects de la collectivité élargie
qui sont nécessaires pour parvenir à « intégrer graduellement les arts dans les grandes
structures de la vie communautaire », notamment les attitudes de base et les valeurs jugées
essentielles à « l’épanouissement fertile du secteur artistique » (p. 9). Le modèle est présenté
selon une structure logique et propose une mise en contexte permettant de mieux saisir un
processus. Il ne s’agit donc pas d’un modèle de causalité du développement culturel.
Dans le cas des collectivités faisant preuve d’une présence artistique émergente (c.-à.-d.
les collectivités plus actives), il a été constaté que quatre facteurs environnementaux
fondamentaux servent à soutenir le développement culturel. Ces collectivités :
a.
se distinguent par l’importance accrue qu’elles accordent à l’histoire et à
l’appartenance au lieu; …
b. démontrent une approche œcuménique à l’égard des diverses croyances religieuses et
elles font preuve d’une ouverture sur la diversité culturelle [c’est un constat
provisoire]; …
c.
accueillent une variété d’activités artistiques informelles présentées dans divers
lieux; elles mettent l’accent sur les projets de participation;
d. font preuve d’un leadership apte à regrouper les défenseurs des arts. (Shifferd, p. 37)
Les collectivités artistiquement actives (celles ayant atteint l’étape du développement
durable) étaient des localités situées dans des emplacements géographiques bien définis, au
sein desquelles « un pourcentage important de citoyens prennent part à l’activité créative, que
ce soit en tant que membre de l’auditoire, ou comme apprenant, mentor ou créateur et, où ces
initiatives créatives donnent régulièrement lieu à des interactions sociales et, où l’activité
culturelle et artistique est largement reconnue comme un élément déterminant de la cohésion
communautaire et du capital social » (Shifferd, 2005, p. 8, italiques ajoutées).
En règle générale, les collectivités les plus artistiquement actives dénotent les caractéristiques
ou les qualités suivantes :
1. les meneurs et les partisans sont liés à de vastes réseaux communautaires;
2. une masse critique de meneurs et de partisans est atteinte, il ne s’agit pas seulement
de un ou deux individus;
3. les meneurs forment des coalitions avec d’autres groupes communautaires;
4. un groupe de défenseurs et de responsables des arts est établi et s’exprime;
5. les arts sont perçus, par des meneurs clés à l’extérieur du domaine des arts, comme
étant essentiels au bien-être communautaire;
6. la participation aux activités artistiques est délibérément inclusive : de toutes les
générations et de tous les groupes sociaux;
7. les festivals communautaires les plus importants comportent des activités artistiques;
Canada
19
Organisation du leadership
• Groupes ou lieux
communautaires qui
comprennent une activité
artistique : école, église,
etc.
• Gens qui font de l’art de
façon informelle :
communauté, théâtre,
groupe de musique,
chorale, visualistes,
guildes de « métiers »
Activité artistique
• L’émergence d’un groupe
consultatif sur les arts,
peut-être dans le cadre
d’un autre lieu de
rassemblement
communautaire
• Chaque meneur attire ou
crée un réseau aux fins
d’organisation et de
défense des intérêts
Coalescence d’un groupe
d’« instigateurs » des arts
Source : Shifferd (2005). Légèrement adapté pour ce document.
• Une intervention planifiée
• Une représentation,
exposition ou célébration
spéciale qui suscite
l’intérêt et la motivation
Événements catalytiques
• Connaissance de la
localité et liens au cœur
de celle-ci
• Passion pour l’art
• Expérience de vie avec un
ou plusieurs types d’arts;
formation (officielle/
informelle), participation,
encouragement des
parents.
Une personne « incitative »
(Champion/Meneur)
• Expression artistique au
sein de la vie spirituelle de
la communauté
• Une tradition, peut-être
ethnique, d’une activité
artistique p. ex., groupe de
musique municipal,
« objets d’artisanat »
fabriqués par des femmes
• Valoriser l’histoire, le sens
d’un lieu en faisant appel
à une partie importante de
la population locale
• Valoriser les arts destinés
aux jeunes
Attitudes et valeurs
Conditions qui peuvent
faciliter l’activité
artistique
Phase du
DÉVELOPPEMENT
ÉMERGENT
• Changement économique
(à la hausse ou à la baisse)
qui pousse à prendre en
considération les arts comme
solution
• Lieux où la création artistique
s’effectue au cœur de la
communauté : école,
bibliothèque, parc, galerie,
rue principale, musée
• Couverture médiatique qui
fait connaître les activités
artistiques
• Réseau élargi de soutien
envers d’autres secteurs
d’influence communautaire
• Reconnaissance
communautaire de la valeur
des arts
• Ressources et financement
externes
Reconnaissance et
croissance
Autres facteurs :
Phase 2 du Développement
émergent
• Un sens accru de
l’engagement civique dans
les arts, y compris les
politiques et les projets
• Réseautage et
collaboration entre les
groupes et les artistes
œuvrant dans le domaine
des arts
• Accroître la participation
entre les catégories
démographiques
• Un groupe d’intervention
et d’organisation établi,
p. ex., un conseil des arts
• Une masse critique
d’artistes, peut-être nonprofessionnels
• Représentations dans
divers lieux de
présentation
• Activité artistique régulière
dans plus d’une discipline;
p. ex., concerts dans les
écoles/ expositions,
groupes de poètes et
d’écrivains, expositions
d’arts visuels, groupe de
musique, chorale, pièces
de théâtre
Phase du
DÉVELOPPEMENT
DURABLE
Modèle logique : Ce qui fait prospérer les arts dans les petites villes rurales? Liens hypothétiques
Facteurs contextuels :
Tableau 3.
• un investissement
important dans les
installations et
le marketing.
• un environnement naturel
ou culturel propice au
tourisme;
Dans quelques cas, l’ajout
des éléments suivants :
• Information et
formation
• Investissement
important en temps et
en argent fait par des
particuliers locaux; un
ou plusieurs « anges »
du domaine des arts
• Un lieu physique
destiné à l’activité
artistique; rue
principale achalandée
• Reconnaissance
apportée par des
bailleurs de fonds et
des partisans locaux
supplémentaires dans
le domaine des arts
• Soutien monétaire et
organisationnel de la
part du gouvernement
et du milieu des
affaires
Autres facteurs :
Intégration du secteur
des arts
Canada
20
La communauté devient
une destination
artistique
• Une forte infrastructure
organisationnelle et
d’intervention, y
compris la diffusion de
l’information et la
formation
• Une ou plusieurs
installations; théâtre,
centre des arts
d’interprétation ou
centre des arts visuels
• Les arts sont perçus
comme étant au cœur
du développement
communautaire; des
projets correspondent
à cette idée
• Entreprises liées aux
arts
• Les artistes peuvent
vivre à l’aise et
travailler sans difficulté
• Les artistes servent
d’aimant pour d’autres
artistes,
professionnalisation de
la communauté
artistique
Phase du
DÉVELOPPEMENT
MATURE
8. toutes les formes d’expression artistique sont reconnues, qu’elles soient formelles ou
informelles;
9. la participation est encouragée;
10. une minorité de ces collectivités considère également les arts comme une commodité
pouvant attirer les visiteurs. (Rodning Bash, 2006, p. 13)
Dans sa synthèse des constats issus de l’étude des collectivités du Minnesota,
Rodning Bash (2006) a déterminé cinq composantes clés pour l’édification d’une
collectivité artistiquement active. Celles-ci se retrouvent également dans d’autres
documentations, et elles sont notées ici.
1.
Le contexte social sous-jacent : des attitudes et des valeurs orientées vers
l’acceptation des différences, un accueil ouvert et un profond sentiment
d’appartenance au lieu
Brown (2002) fait valoir que la vitalité de l’art au sein des petites villes rurales est
alimentée par la « véritable passion » des artistes locaux et des amoureux de l’art,
mais que le défi est de trouver des ressources humaines suffisantes pour continuer à
mener les activités. Pour sa part, Shifferd (2005) confirme ces observations et il
ajoute : « l’expérience de la participation aux arts dans les petites villes est issue de
l’engagement des gens à l’égard de la valeur de la créativité et du défi que représente
la création d’une œuvre de beauté, et elle renforce cet engagement. » (p 39).
De la même façon, l’investissement local (ou interne) et l’appui des petites
entreprises locales ont été déterminants pour les régions rurales des East Midlands.
Les auteurs Burns & Kirkpatrick (2008b) ont souligné la nécessité de privilégier
l’innovation créative locale, en misant sur la substitution des importations, lorsque
les produits créés localement remplacent ceux qui auraient été rapportés à l’occasion
de déplacements dans des villes et des localités de l’extérieur. Cette fierté
d’appartenance au lieu – et envers les entreprises qui y sont installées– renforce le
taux de réussite des petites entreprises et des autres organismes.
2.
Les arts informels : Valoriser les arts dans la vie de tous les jours
Le travail qui sert à valider et à édifier les arts informels contribue à élargir les
assises de la participation aux arts. De plus, la tenue d’un événement artistique
spécial peut servir à stimuler davantage l’innovation et le développement au sein de
ce secteur (Rodning Bash, 2006). Dans ce contexte, des « interventions de la part des
bailleurs de fonds », qui sont planifiées et bien structurées peuvent être des sources
d’appui extrêmement importantes pour les groupes d’art locaux et leurs défenseurs.
(p. 17)
3.
Un leadership à la vision élargie du développement culturel et d’une approche
favorisant l’autonomisation
Shifferd (2005) a constaté, dans son étude, un certain nombre de particularités liées
au leadership artistique, qui sont importantes pour le développement culturel :
Canada
21
a.
Les meneurs doivent être aptes à attirer un groupe, une masse critique, de
partisans afin de partager les tâches liées à la programmation et aux
interventions. Ils doivent être bien intégrés aux structures d’influence
communautaire plus importantes. Dans cette étude, les meneurs les plus
efficaces étaient des résidents établis de longue date et respectés par les
résidents de leur localité. Il faut cependant noter qu’il est assurément
possible pour un individu d’apprendre à tisser les liens nécessaires à un
leadership efficace. Par ailleurs, il n’est pas absolument nécessaire d’être
résident de « longue date » d’une communauté pour être un meneur des arts
efficace.
b. Le groupe de meneurs doit établir des coalitions et des collaborations avec
d’autres regroupements civiques afin que le secteur des arts soit bien intégré
à l’ensemble des projets et des plans de développement communautaire
(Rodning Bash, 2006, p. 19).
4.
Les réseaux sociaux : Leur intégration aux structures élargies de la vie
communautaire
Différents membres de la communauté apprécieront les arts pour différentes raisons,
qu’il s’agisse de raisons extrinsèques (c.-à.-d. que les arts sont un attrait pour les
visiteurs, et contribuent ainsi à la vitalité économique de la localité), ou intrinsèques
(c.-à.-d. « pour le plaisir de vivre des expériences plus riches grâce aux arts, et pour
rehausser la qualité de vie en général »), ou encore, pour les avantages qui découlent
des arts et de leur capacité à rassembler les gens, à rehausser le sentiment
d’appartenance au lieu, à renforcer la cohésion sociale, à surmonter les différences, et
à « favoriser la réconciliation, là où il y a des conflits » (Rodning Bash, 2006, p. 20).
Les collaborations et les partenariats sont importants pour le développement de
l’écosystème artistique d’une communauté et il est possible d’appuyer l’acquisition
des compétences qui s’y rattachent.
5.
Soutien au développement de l’infrastructure
L’infrastructure comporte les lieux et les espaces créatifs, ainsi que l’infrastructure
organisationnelle, tels les organismes à but non lucratif et les réseaux sociaux; les
écoles et particulièrement, les programmes parascolaires; ainsi que l’appui de la
municipalité, des entreprises commerciales et des autres investisseurs. Rodning
Bash (2006) souligne que la création d’un groupe d’appui communautaire formel,
responsable des interventions et de la coordination en matière de culture, a été
particulièrement importante pour les communautés citées dans l’étude Minnesota.
Dans le même esprit, Burns & Kirkpatrick (2008b) exhortent à la « création de
réseaux plus solides au sein du secteur culturel » et à une « meilleure coordination
des organismes du secteur public afin d’appuyer les industries créatives en milieu
rural » (p. 33). L’étude des East Midlands incite également à « une meilleure
concertation entre les industries créatives et culturelles, les secteurs du tourisme et du
patrimoine, et les programmes axés sur le placemaking (édification de la qualité du
lieu) », ainsi qu’à « un maillage et à une coordination plus efficaces en matière
d’acquisition des compétences, en général, et d’une éducation complémentaire et
supérieure, en particulier » (p. 33).
22
Duxbury et Campbell
Dans l’ensemble, la littérature met l’accent sur l’importance d’un soutien élargi à l’endroit
des projets artistiques communautaires, car celui-ci est essentiel à leur succès et il en
maximise les avantages. C’est là une dimension dont fait état un large éventail de rapports
et d’études, notamment les trois études du Minnesota (Cuesta, Carlo et associés, 2005;
Shifferd, 2005; et Rodning Bash, 2006), la stratégie artistique rurale pluriannuelle
Littoral Arts Trust, en Angleterre (2001-2002; Hunter, 2003-2005, 2006 et 2008), ainsi
que la recherche canadienne dans la région de Prince Edward County, en Ontario
(p. ex. : Baeker, 2008; Donald, 2008).
2.2.
La possibilité d’une destruction créative
Alors que Shifferd (2005) et Rodning Bash (2006) terminent l’élaboration de leur modèle
illustrant le potentiel de certaines collectivités artistiquement actives à devenir une
« destination artistique » et une attraction touristique importante, Kebir & Crevoisier (2008),
Mitchell (1998) et Mitchell & de Waal (2008) abordent quelques-unes des retombées
négatives qui peuvent se manifester lorsque la culture et le patrimoine d’une collectivité font
l’objet d’une marchandisation à l’excès, et qu’ils sont victimes de leur propre succès, menant
ainsi à une « destruction créative ». Les deux séries de documentation servent donc à
contrebalancer le propos et s’inscrivent dans la continuité du développement potentiel.
Pour leur part, Kebir & Crevoisier (2008) expliquent que si le legs, le patrimoine et la culture
contemporaine communautaire sont à même de devenir des ressources économiques
importantes, la marchandisation de certaines composantes culturelles peut également
transformer une collectivité en « spectacle folklorique : une transformation du style
Disneyland ou encore, celui d’un musée vivant » (p. 67). Si ces forces sont prédominantes, la
collectivité risque « de perdre pied et de perdre sa dynamique propre » (p. 67). Cependant, les
auteurs se disent optimistes que « certaines collectivités dynamiques trouveront également la
force de tirer avantage de leurs ressources culturelles et de continuellement en inventer de
nouvelles, tout en préservant leurs revenus et leur spécificité » (p. 68).
Le modèle de « destruction créative » proposé par Mitchell (1998) présente une courbe de
développement s’appuyant sur le lien qui existe entre trois variables : l’investissement
entrepreneurial, la consommation de marchandises liées au patrimoine et, la fin de l’idylle
rurale. S’inspirant de la « région étudiée » de St. Jacobs, en Ontario, Mitchell fait valoir que
la destruction créative peut survenir lorsque les symboles propres au patrimoine d’une région
sont exploités comme des marchandises et ce, dans le cadre de stratégies de relance rurale et
de tourisme (consultez également Mitchell & Coghill, 2000, une étude qui s’intéresse à la
ville d’Elora, en Ontario). Si cette approche est apte à générer un capital accru pour les
collectivités, elle peut également contribuer à la destruction de l’image même du patrimoine
rural qu’elle vise à reproduire. Par exemple, la marchandisation axée sur l’engouement pour
les régions rurales peut amener à remplacer des sites originaux pour y bâtir des centres
commerciaux et des sites patrimoniaux reconstitués – ce qu’on appelle une consommation de
l’esthétisme.
Dix ans plus tard, Mitchell & de Waal (2008) sont revenus dans la région et ont constaté que
la destruction créative s’y était poursuivie. Ils évaluèrent alors l’orientation de cette évolution,
à la lumière de la littérature récente la plus pertinente en matière de transformation de
l’espace rural. Les auteurs en conclurent que « pour vraiment comprendre le processus de
transformation, il faut savoir mesurer les demandes qu’exercent la myriade de sous-cultures,
Canada
23
dont les relations sociales, les idéologies et les actions qui contribueront au développement
d’un paysage de consommation contesté » (p. 156). Cela amena les auteurs à apporter des
ajouts et des modifications à leur modèle conceptuel original, notamment l’évolution de
« paysage patrimonial » (c.-à.-d. les centres commerciaux à thème patrimonial) à celui de
« paysage ludique », c’est-à-dire un environnement qui met d’abord l’accent sur la capacité à
générer des revenus, sans qu’il n’y ait de liens véritables avec le patrimoine. Le tableau 4
illustre ce processus de destruction créative dont il est question dans l’article de 2008.
2.3.
Le renouveau communautaire par l’entremise des arts ou
attirer le « contre-urbanisme artistique »
La revitalisation communautaire et la capacité à se « réinventer » sont habituellement ancrées
dans deux situations interreliées. La première aborde la question du maintien ou de la
croissance de la population d’une collectivité par l’entremise d’actions visant à retenir les
résidents actuels, ou à en attirer de nouveaux. Ce sont-là des démarches déterminantes pour la
vitalité, voire la continuité de nombreuses collectivités. La deuxième est relative à la
transformation des fondements économiques des collectivités, où le rôle économique
traditionnel des communautés rurales n’est plus viable ou adéquat, et où ces collectivités
cherchent maintenant à se réinventer et à se repositionner pour répondre aux fonctions et aux
besoins actuels. Le renouveau des collectivités visant à attirer de nouveaux résidents et de
nouvelles entreprises est lié au mouvement des populations, à contre-courant de
l’urbanisation, à l’embourgeoisement rural, ainsi qu’à l’arrivée d’immigrants dans les
collectivités rurales.
Or, de nombreux exemples ont été documentés, où les perspectives essentielles axées sur ces
efforts se font rares. La Ville de Chemainus, dans l’île de Vancouver, est un exemple
classique de réinvention, dans ce cas-ci précipitée par la fermeture de la scierie locale au
début des années 1980, privilégiant le tourisme en ayant recours aux arts comme outil de
relance. Connue principalement pour sa grande variété de murales extérieures, la ville abrite
également un théâtre, des métiers d’art et diverses activités artistiques. En Ontario, les efforts
ciblés de promotion investis par la région de Prince Edward County dans le but d’attirer de
nouveaux résidents à la retraite ou en pré retraite (Donald, 2008), et ses efforts de
planification en matière « d’économie créative en milieu rural » est un autre exemple d’une
collectivité qui se redéfinit, se réinvente et se repositionne.
D’autres collectivités ont évolué de façon plus organique, en misant sur les arts. À titre
d’exemple, la Ville d’Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse, reconnue pour ses biens
patrimoniaux importants, est également l’hôte d’un nombre important d’artistes et se fait
dorénavant connaître en tant que « lieu privilégié des artistes en arts visuels, des artisans, des
interprètes et des écrivains » (Brooks-Joiner & McKay, 2008, p. 34). Si la dominante
touristique prime dans la localité, l’apport social et économique des arts commence également
à être reconnu.
Au Minnesota, nombre de collectivités rurales se réinventent pour pouvoir faire face aux défis
économiques et au déclin de leurs populations. Pour nombre d’entre elles, les arts et les
artistes constituent des outils de renouveau (Cuesta, Gillespie & Lillis, 2005). Le rapport
intitulé Bright Stars: Charting the Impact of the Arts in Rural Minnesota constate que les arts
sont des « outils de communication précieux et des moteurs économiques qui permettent de
tisser des liens culturels vitaux avec l’ensemble du Minnesota, la nation et le reste du
monde »; qu’ils jouent un rôle crucial dans le « maintien de la vitalité rurale traditionnelle au
24
Duxbury et Campbell
Tableau 4.
Le modèle révisé de la destruction créative en six étapes
Étape
Activités des meneurs : profiteurs,
préservateurs et promoteurs
Consommateu
rs (hôtes et
invité)
Attitudes envers le
tourisme
Paysage
dominant
Avant la
marchandisation
Inactive
Peu
En grande partie positives.
Productiviste
Marchandisation
initiale
Un investissement du secteur privé dans
la marchandisation peut être amorcé.
L’activité associée aux préservateurs
peut être amorcée.
Quelques
chercheurs en
patrimoine
Une certaine prise de
conscience des implications
négatives entre les ruralités.
Nombre
croissant de
chercheurs en
patrimoine
Sensibilisation accrue aux
implications négatives entre
les ruralités.
Les chercheurs
en patrimoine
sont
accompagnés
de post-touristes
Beaucoup de sensibilisation
par rapport aux implications
négatives entre les ruralités.
Les posttouristes font
partie de la
majorité.
La majorité des ruralités font
des commentaires négatifs;
un exode de cette cohorte
peut se produire.
Le nombre de
prospecteurs en
patrimoine est
très faible.
L’attitude globale dans la
communauté devrait être
positive, puisqu’il reste moins
de ruralités. Ces ruralités qui
choisissent de rester
garderont leur attitude
négative ou en exprimeront
une de résignation.
Une politique favorisant le développement peut être mise en œuvre.
Le secteur privé investit activement dans
la marchandisation. Les activités de
préservations peuvent être entreprises;
certains peuvent s’opposer à des
investissements sans valeur
patrimoniale.
Marchandisation
avancée
Paysage
patrimonial
correspondant
à la période
postproductiviste16
Les politiques du secteur public et les
mesures favorisant le développement
peuvent être mises en œuvre ou
continuer.
Un investissement très actif du secteur
privé. Certains s’écarteront du thème
patrimonial.
Destruction
initiale
Les préservateurs peuvent s’opposer
activement aux investissements sans
valeur patrimoniale (souvent sans
succès).
Les politiques du secteur public et les
mesures favorisant le développement
peuvent être mises en œuvre ou
continuer.
L’envergure de l’investissement du
secteur privé augmente (p. ex. hôtel),
alors qu’on observe une grande déviation
du thème patrimonial.
Destruction
avancée
Les préservateurs peuvent s’opposer
activement aux investissements sans
valeur patrimoniale (souvent sans
succès).
Les politiques et les mesures favorables
au développement peuvent être mises en
œuvre ou continuer.
Les investissements du secteur privé
sans valeur patrimoniale dominent.
Après la
destruction
L’activité associée aux préservateurs
peut être diminuée. Les politiques
favorables au développement peuvent
être en place.
Paysage
ludique
correspondant
à la période
néoproductiviste17
Source : Mitchell & de Waal, 2008
16
Le paysage patrimonial se définit comme un « village spécialisé dans les achats patrimoniaux » (p. 163). La
transformation d’un état productiviste à un état post-productiviste se définit comme une « transformation d’un espace
rural conçu pour produire un étalage limité de marchandises pour un gain économique, à celle dont la fonctionnalité est
issue, en grande partie, d’un discours de préservation, plutôt que d’un profit excédentaire. » (p. 165)
17
Le néo-productiviste se définit comme « un type particulier de paysage post-industriel d’accumulation; un paysage
qui reflète les fonctions multiples de l’espace rural, mais qui est dicté en grande partie par le profit (et, dans certains
cas, la promotion), plutôt que par la préservation. » (p. 165)
Canada
25
Minnesota »; et que « le développement des programmes artistiques peut faire toute la
différence entre une petite ville qui survit et une qui prospère » (Smiles, 2006, p. 7). Les
citoyens de ces collectivités savent que « les régions de Montevideo et de l’ouest du
Minnesota ont besoin d’aide – et ils sont d’avis que les artistes locaux et l’art qu’ils créent
peuvent contribuer à façonner une identité distincte pour ces régions » (Cuesta, Gillespie &
Lillis, 2005, p. 45).
La question de ce qui motive les immigrants à s’installer en région rurale représente l’envers
de la médaille en ce qui concerne le renouveau communautaire axé sur l’arrivée
d’immigrants. La recherche australienne en matière de contre-urbanisation- un terme
parapluie pour décrire globalement « une classe moyenne relativement aisée, qui délaisse le
milieu urbain pour entreprendre une nouvelle vie en région » (McManus & Connell, 2008,
p. 54) – met l’accent sur la migration à sens unique, c’est-à-dire du milieu urbain vers la
région rurale, occasionnée par les coûts d’habitation, une préoccupation à l’égard de la qualité
de vie, le début de la retraite ou l’intention de fonder une famille. Par ailleurs, la littérature se
penche sur ce qui motive les citadins à déménager en région, notamment à cause d’un style de
vie agréable, où il est quand même possible de retrouver nombre des commodités propres à la
ville, y compris des événements culturels (et des soins de santé18).
Pour leur part, Bunting & Mitchell (2001) proposent cinq facteurs clés qui pourraient
expliquer la présence importante des arts visuels, littéraires, et des arts d’interprétation au sein
de certaines villes et localités canadiennes : l’accès à un (marché) urbain; l’attrait du paysage;
les contraintes économiques (sources d’emplois locaux); la présence d’une culture autochtone
(c.-à.-d. la présence d’une culture traditionnelle capable de donner lieu à ses propres
regroupements artistiques sur place); et des économies propres aux agglomérations
(favorisées par la taille de la collectivité ou la présence d’un organisme qui agit comme
catalyseur, telle une université). Les auteurs font remarquer qu’un certain stéréotype
britannique ou nord-américain de l’artiste vivant en milieu rural, le représentant dans un décor
bucolique, est en fait confirmé par des données de sondage (Bunting & Mitchell, 2001). Mais
encore, il existe des artistes de la fin du vingtième siècle qui profitent de l’accès accru des
touristes aux régions éloignées pour y pratiquer leur art (Bunting & Mitchell, 2001).
De même, les auteurs Mitchell, Bunting & Piccioni (2004) s’intéressent aux artistes qui
choisissent de vivre dans les petites collectivités canadiennes. Leur étude démontre que les
artistes de la tendance « contre-urbaine » ne constituent pas un groupe homogène, mais
diffèrent selon leur type d’emploi et les raisons qui les ont amenés dans les régions rurales.
Par ailleurs, le sentiment d’attachement est très important chez les artistes qui ont été
interviewés dans le cadre de cette étude, tout comme le sont les incitatifs pragmatiques tels un
coût de la vie moins élevé et une certaine flexibilité permettant de travailler dans un lieu non
urbain. Hracs (2005) a constaté que les artistes vivant dans la région de Prince Edward
County, en Ontario, décidaient de migrer vers les régions rurales pour des raisons telles que :
le paysage campagnard et la présence de ce matériel naturel à l’état brut qui inspire leur
production artistique (visuelle), un coût de la vie moins élevé en région, des frais plus
abordables pour y installer leur entreprise artistique, ainsi qu’une occasion de vivre et de
travailler au même endroit.
18
Le comté de Prince Edward est confronté à des enjeux importants visant à fournir des services de santé à
une population vieillissante – le résultat de la migration d’entrée. On se préoccupe grandement d’attirer les
médecins vers la région rurale pour desservir la population vieillissante d’anciens citadins, qui s’attendent au
même niveau de services dans leur nouvelle communauté que celui dont ils ont bénéficié dans leur lieu
d’habitation précédent (Donald, 2008).
26
Duxbury et Campbell
En examinant les comtés situés à l’extérieur des régions métropolitaines aux États-Unis,
McGranahan & Wojan (2007a) ont établi « un lien important entre les installations naturelles
et récréatives, et la proportion d’occupations hautement créatives au sein de la main-d’œuvre
locale, ». Ce sont-là deux caractéristiques qui pourraient avoir été des facteurs dans le choix
d’un lieu par les artistes de ces régions (tel qu’il est cité dans Wojan, Lambert &
McGrahahan, 2007b, p. 718). Les auteurs ont également déterminé que « la classe rurale
créative est plus âgée, et qu’il est plus probable qu’elle soit mariée, comparativement à ses
pairs en milieu urbain. Cela pourrait être révélateur des choix liés aux différents cycles de vie
des artistes ciblés au cours de témoignages anecdotiques » (p. 178). Mais encore, Markusen &
Johnson (2006) avancent l’idée selon laquelle « le coût de la vie plus abordable, jumelé à une
qualité de vie supérieure au sein d’une région rurale riche en commodités, pourraient être
attrayants pour les artistes dont la réputation s’est déjà confirmée dans les marchés artistiques
urbains » (tel qu’il est cité dans Wojan, Lambert & McGranahan, 2007b, p. 178). En outre,
Hracs (2005) décrit la classe rurale créative comme étant constituée « d’individus plus âgés et
mieux établis, qui préfèreraient jouir d’un style de vie créatif plutôt que de mener la nouvelle
économie » (p. 33).
Dans le cadre d’un test statistique concernant la corrélation entre les artistes et divers facteurs
d’emplacement au sein des collectivités sur tout le territoire des États-Unis (régions
métropolitaines et autres), Wojan, Lambert & McGranahan (2007b) ont constaté la présence
de similitudes marquées entre les préférences des artistes en région métropolitaine et non
métropolitaine, mais notent toutefois quelques différences importantes (consultez le
tableau 5).
Un sondage détaillé mené en 2006-2007 dans la région des East Midlands, en Angleterre a
mis l’accent, en partie, sur les raisons qui incitent les entreprises créatives à se relocaliser
dans les régions rurales. La majorité des entreprises créatives recensées ont indiqué qu’elles
avaient choisi une région rurale « pour des raisons intéressées ou associées au mode de vie,
plutôt que pour des raisons stratégiques – l’argument de la « qualité de vie » fut souvent
entendu. Une seule compagnie déménagea en milieu rural parce qu’elle y trouva les
installations qu’elle recherchait » (Burns & Kirkpatrick, 2008b, p. 27). Le sondage démontra
aussi la présence de quelques « retours » et quelques cas rares de « citadins sans attaches
locales préexistantes » qui démarrèrent une entreprise en région rurale (p. 27). Parmi les
principaux attraits cités par les entreprises de la région des East Midlands, notons la présence
d’un réseau professionnel ou d’un carrefour de réseautage et des lieux physiques pour se
rencontrer (une galerie d’art ou une installation culturelle); des liens créés avec les bureaux
locaux d’information touristique; des coûts d’installations plus abordables (particulièrement
pertinent dans le secteur du design industriel); ainsi que la présence d’initiatives stratégiques,
telles que des mesures incitatives mises de l’avant par l’administration rurale à l’intention du
secteur artistique, pour la réutilisation de certains édifices
(Burns & Kirkpatrick, 2008b, p. 28).
La documentation fait état également d’une tendance où les artistes quittent les centres
urbains afin d’éviter des loyers élevés, et parce qu’ils sont souvent sensibles à la notion de
« qualité de lieu/qualité de vie » mise de l’avant dans les stratégies de marketing à l’intention
des touristes (Baeker, 2008). Quoi qu’il en soit, ces deux groupes ont des attentes similaires
en ce qui concerne les commodités auxquelles ils ont accès en milieu urbain. Il n’est
d’ailleurs pas rare qu’ils prennent soin de transférer ou d’aménager ces services dans leur
nouvelle résidence ou lieu de vacances (Gibson, 2004). Ce genre de transition souligne
l’importance de l’uniformisation des avantages pour tous les citoyens (Foundation for Rural
Canada
27
Living, 2004), et la nécessité de reconnaître qu’une division pourrait éventuellement se créer
entre les résidents ruraux de souche et les citadins nouvellement installés (Hracs, 2005).
Le processus de renouveau communautaire et la portée des dynamiques qui y sont liées
continuent d’évoluer avec le temps. Au fur et à mesure que les artistes déménagent et
continuent d’implanter leur art dans les marchés ruraux, l’essor des industries créatives
florissantes et des festivals qui attirent les touristes pourrait mener à une hausse des loyers et
du coût de la vie dans les régions rurales, et rendre la vie des artisans ruraux plus difficile à
long terme (Gibson, 2004).
Tableau 5.
Préférences d’emplacements chez les artistes métropolitains et
non-métropolitains aux États-Unis
Similitudes entre les artistes métropolitains et
non-métropolitains
Différences entre les artistes métropolitains et
non-métropolitains
Les villes collégiales et universitaires sont de
puissants attraits.
À l’extérieur des régions urbaines, on associe plus
étroitement les attraits naturels tels que les
montagnes, les hivers secs (ensoleillés) et une
combinaison de forêt et d’espace ouvert, avec un
emplacement destiné aux artistes.
Spécialisation dans les services aux entreprises.
La présence d’une population cultivée.
Effet négatif des grands points de vente au détail, qui
peuvent se rapporter à une planification axée sur une
dépendance à l’automobile (dont les conclusions
laissent entrevoir une tendance à repousser les
artistes).
Diversité des choix de logements.
La croissance de la population au cours de la
décennie précédente (de 1980 à 1990) a été associée
à une plus grande part du secteur des arts à
l’extérieur des régions urbaines, mais n’est pas
associée à la part qu’occupe le secteur des arts dans
une région métropolitaine. « Cela est en harmonie
avec les artistes s’installant dans des régions rurales
riches en attraits et qui affichent également une
croissance de population importante, et les artistes
qui n’affluent pas vers les comtés métropolitains
connaissant la croissance la plus rapide » (p. 727).
Une densité de population modérée (à tout le moins,
relativement à d’autres régions métropolitaines) dans
les comtés métropolitains a été associée à
l’emplacement des artistes.
La part de la population au sein des ménages sans
enfant a eu un effet positif sur la part qu’occupe
l’emploi dans le secteur des arts dans les comtés non
métropolitains, mais non dans les comtés
métropolitains. (Cette variable sert d’approximation à
l’indice gai de la Floride.)
Les artistes métropolitains étaient plus enclins à
demeurer dans des villes plus chaudes.
Extrait de Wojan, Lambert & McGranahan (2007)
28
Duxbury et Campbell
3.
Le rôle des arts dans la diversification et la relance
de l’économie
Malgré une affinité au milieu urbain, la classe créative – possiblement plus
apte et davantage en mesure que les autres classes au sein de la main-d’œuvre
à choisir où habiter, en fonction de facteurs liés à la qualité de vie – peut être
courtisée hors des villes afin qu’elle s’établisse dans des emplacements ruraux
comportant un niveau élevé de commodités. Leurs activités, en revanche,
semblent générer de nouveaux emplois et une croissance locale. Les régions
rurales manquent de services commerciaux et de services de consommation à
l’intention des entreprises et des résidents des milieux urbains, mais elles ont
tendance à avoir le dessus sur le paysage, ce qui peut satisfaire le tempérament
créatif.
(McGranahan & Wojan, 2007b)
Une des faiblesses de l’économie du Nord est son caractère fluctuant. Les gens
arrivent, ils font beaucoup d’argent et ils partent… Nous pensons à l’économie
en termes d’emplois, de projets et d’éléments semblables, mais je pense qu’il
existe une économie moins rigide qui implique que les gens restent et
construisent près de l’endroit où ils veulent être… J’ai toujours affirmé que
des arts et une culture salutaires étaient la clé à cela.
(Rob Budde, auteur, Prince George, C.-B., tel qu’il est cité par Follett, 2008)
Étant aux prises avec le changement structurel à long terme, à l’écart de l’industrie agricole et
d’autres industries primaires, les collectivités repensent et diversifient les moyens de
subsistance en milieu rural tout en considérant les possibilités des technologies de
l’information et de communication pour accéder à des marchés éloignés. L’influence
omniprésente des petites entreprises et des micro-entreprises conditionne la croissance
économique dans les régions rurales. Par ailleurs, la recherche se concentre surtout sur la
capacité entrepreneuriale de la population locale et sur la création d’une masse critique de
cette capacité (Labrianidis, 2004).
Bien que les centres urbains continuent à dominer les industries créatives19, bon nombre de
stratégies visant la régénération rurale et le développement économique pour « exploiter la
créativité » sont axées sur des approches qui tirent profit des projets en réseau et de créneaux
de moindre envergure (Gibson, 2004, p. 1). Gibson explique que les arts – dans un contexte
de développement à plus petite échelle de l’industrie de créneaux basée sur l’innovation –
font l’objet de la majorité du développement économique en Australie, au fur et à mesure que
les stratégies se démarquent des projets locaux de grande envergure. Des données récentes
19
Il a été démontré que cela est attribuable en partie au statut de « ville globale » de grands centres et à l’attrait
de ce statut chez les industries créatives, principalement l’enregistrement sonore, l’industrie cinématographique
et la télévision. Par exemple, les sièges nationaux de plusieurs entreprises de divertissement sont situés à
Sydney, en Australie, et les incitatifs fiscaux sont offerts aux équipes de tournage. La masse critique de centres
urbains signifie qu’il y a un auditoire possible plus vaste pour l’art expérimental, davantage de clients pour la
mode et la décoration, et davantage de collectivités d’appui à la création qui sont organisées (Gibson, 2004).
Canada
29
recueillies en Australie « font état de la mesure selon laquelle la créativité, les activités
culturelles et les arts, avec leurs réseaux de travailleurs, de micro-entreprises et de soustraitants interreliés plus intensément, génèrent un ‘rendement par dollar investi’ plus
important que celui des grands projets pilotes de développement à l’échelle régionale,
notamment les mines, les projets de construction d’édifices ou les grandes installations
d’usines pour le secteur manufacturier » (p. 2). Cependant, les mécanismes standards associés
aux politiques d’urbanisme tels que les incubateurs, les incitatifs fiscaux, la promotion de
regroupements de services ou de centres d’activités, et ainsi de suite, peuvent ne pas être
appropriés ou suffisants pour que les secteurs régionaux ou les régions rurales relèvent le défi
des capitales artistiques bien ancrées dans l’économie et celui de l’envergure, où les artisans
et les artistes ruraux font face à des marchés plus petits.
3.1.
Deux cadres conceptuels de l’économie
La pensée actuelle sur le développement régional (rural) est axée sur les plateformes de
développement régional (ou rural), dans une perspective de formation post-sectorielle ou
post-regroupement : « L’industrie de l’ère contemporaine se conçoit comme proposant des
plateformes flexibles et convaincantes, autour desquelles de nombreuses créations de
nouveaux produits et de nouvelles restructurations peuvent se réaliser en mettant à profit des
synergies intersectorielles » (Cooke & Lazzeretti, 2008, p. 6). Plusieurs auteurs explorent la
notion de « plateformes culturelles agro-alimentaires et créatives en milieu rural » (p. 5).
Cette approche émet l’hypothèse que le développement régional contemporain est « une
question interactive, intégrée et relationnelle visant à déterminer les atouts régionaux et
ruraux-urbains et à ‘exploiter l’avantage régional’… de manière à exprimer le facteur clé au
sein de l’économie du savoir, c’est-à-dire, la notion que les nouveaux produits découlent d’un
investissement public dans la recherche et d’un investissement privé dans l’innovation »
(p. 6).
Une étude de l’état actuel de la littérature pertinente sur ce sujet, synthétisée dans l’ouvrage
de Cooke & Lazzeretti (2008), révèle trois dimensions :
1. Une approche liée aux mondes de production à l’égard du développement régional,
dans laquelle « différentes formes d’organisation de la production sont cohérentes à
l’interne, sur le plan de leurs institutions directrices, de leurs interactions avec les
réseaux et de leurs conventions » (p. 6-7). Cela résout les quatre tensions entre les
éléments suivants : standardisé (production de masse) par rapport à spécifique
(personnalisé pour répondre à certaines exigences de créneaux), et spécialisé (produit
générique fabriqué de façon spécialisée) par rapport à générique (processus spécialisé
utilisé pour des produits standardisés). L’approche fonctionne mieux dans les
industries agro-alimentaires et touristiques.
2. Une approche liée au concept de variété connexe de la géographie économique
évolutionnaire. Il s’agit principalement d’un concept de nature latérale, donnant lieu
à l’idée de capacité d’absorption latérale, de telle sorte que les retombées liées à la
connaissance complémentaire au sein des industries ou des activités commerciales
avoisinantes pourraient permettre l’application d’un nouveau procédé ou la création
de nouveaux produits, et leur diffusion rapide au sein des entreprises ou des
industries. Cela est particulièrement intéressant en ce qui concerne le tourisme dans
les régions rurales ayant un contact appréciable avec les marchés urbains.
30
Duxbury et Campbell
3. Une approche liée aux systèmes régionaux d’innovation envers l’utilisation des
connaissances, souligne l’importance de deux sous-systèmes : un sous-système
régional d’exploration des connaissances et, pour interagir avec celui-ci, un soussystème d’exploitation des connaissances axé sur l’innovation commerciale (p. ex. :
les entreprises et les intermédiaires). Cette approche, toutefois, est rarement utilisée
dans les milieux urbains, ni en ce qui touche « l’industrie culturelle ou créative plus
traditionnelle » (elle se concentre généralement sur l’exploration et l’exploitation des
connaissances scientifiques et technologiques) (p. 11).
Un deuxième ensemble de documentation économique sur les ressources est également
instructif. Une approche économique constructiviste présente les ressources comme des
produits édifiés, relatifs et « évolutifs » de l’ingéniosité humaine (Kebir & Crevoisier, 2008,
p. 50). Les ressources sont définies et développées grâce à une intention entrepreneuriale, et
comprises comme un processus relationnel entre un objet et un système de production. Le lien
(la ressource) est créé lorsqu’un acteur (p. ex., un entrepreneur) a l’intention d’utiliser un
objet dans un processus de production.
Bien que les objets culturels soient le résultat de logiques sociétales qui sont en grande partie
extra-économiques, telles que les logiques politiques, sociales, culturelles, naturelles, etc., les
ressources culturelles sont définies, dans ce contexte économique, comme étant « tous les
éléments de nature culturelle qui pourraient servir à un usage, ou être utiles, dans un
processus de production. Cela signifie tous les objets culturels désignés comme étant intégrés
au sein d’un processus de production d’un bien ou d’un service » (p. 52-53).
De plus, les échanges économiques sont également considérés comme des échanges sociaux
et une forme de communication culturelle. Par ailleurs, le volet culturel des produits fait
partie explicitement de la création de valeur :
En devenant une ressource économique, un « objet » culturel se voit intégré aux
relations commerciales. … Le système de production et ses clients ont une incidence
sur ces objets et, en revanche, sur leur propre reproduction. Un lien est établi entre
une collectivité locale qui réussit à arrimer ses ressources culturelles à un système de
production et à ses marchés/clients. Le lien n’est plus simplement de nature
commerciale, fonctionnelle ou technologique; mais il est également – dans une
mesure pratiquement complète – une forme de communication culturelle. (p. 48, 49)
Une ressource n’est pas établie une fois pour toutes. Plutôt, elle est le fruit d’un ajustement
continu et d’une reformulation de la relation entre un objet et un système de production en
évolution. Ce lien est caractérisé par son instabilité, au fur et à mesure que les objets et les
systèmes de production interagissent ou évoluent conjointement (Kebir & Crevoisier, 2008;
Norgaard, 1994). Les objets choisis « adoptés à titre de ressource » entrent dans une action
réciproque de perceptions entretenues au sein de la collectivité et des clients/marchés
concernés. La nature réductrice de cette communication, qui devient de plus en plus
stéréotypée, est renforcée par la normalisation au sein de la production et par l’expansion des
débouchés relatifs à la consommation (Kebir & Crevoisier, 2008).
Canada
31
3.2.
Thèmes clés concernant le rôle de l’art à l’égard du
développement économique des collectivités rurales
De nombreux rapports énoncent clairement les rôles et le potentiel des industries artistiques et
créatives, en tant que secteurs économiques stratégiques dans les régions rurales. Dans le
cadre de cette littérature, trois thèmes clés se dégagent : (1) les industries artistiques et
créatives – inédites ou celles qui évoluent à partir d’industries traditionnelles – en qualité
d’intervenants importants au sein des économies régionales et rurales; (2) l’emploi créatif,
en tant que stimulant de la dynamisation plus étendue de l’économie; et (3) les occasions
culturelles associées au tourisme. À la lumière de ces notions de base, deux thèmes très
importants se dégagent également : (1) l’attraction d’artistes ou de la « classe créative » vers
les collectivités rurales et, (2) l’applicabilité d’approches urbaines dans les milieux ruraux.
Il faut également rester prudent lorsqu’on utilise un cadre de développement économique
destiné au développement culturel.
Alors qu’une partie de cette littérature documente les retombées économiques de l’activité
artistique dans un secteur géographique (consultez les listes figurant dans l’ouvrage de
Smiles, 2006), d’autres travaux sont axés sur la reconnaissance et la croissance d’industries
et de projets existants. On compte parmi eux, une façon de penser pragmatique à l’égard des
stratégies et des enjeux commerciaux concernant l’accès aux marchés et le développement de
nouveaux marchés (en faisant appel, notamment, aux technologies informatiques et de
l’information), ainsi que des enjeux liés au développement durable des entreprises (p. ex.,
Barringer et coll., 2004; Burns & Kirkpatrick, 2008b).
À titre d’exemple, la Highlands and Islands Enterprise Creative Industries Study effectuée en
Écosse, en 2007, s’est penchée sur l’accès à de nouveaux marchés et réseaux, ainsi que sur le
soutien opérationnel et les projets de stages pratiques. Par ailleurs, l’étude intitulée Financing
Creativity s’est intéressée à l’offre et la demande de services financiers à l’intention du
secteur créatif en Angleterre du Nord-Ouest (New Media Partners & Culture Finance North
West, 2004). Les auteurs Markusen (2007), Hracs (2005) et Burns & Kirkpatrick (2008b)
observent tous, quant à eux, que les pratiques de substitution des importations développent et
soutiennent les marchés locaux destinés aux produits culturels (p. ex., la faïencerie utilisée
dans les restaurants locaux, qui encourage les visiteurs à acheter des articles semblables).
Pour leur part, les auteurs Burns & Kirkpatrick (2008b) ont découvert que le secteur de
l’industrie créative dans les régions rurales des East Midlands, en Angleterre, différait de ce
qui se retrouve fréquemment dans les régions urbaines, où l’on compte « moins de jeunes
entreprises et d’entreprises en démarrage, et plus d’entreprises ayant des marchés établis »
(p. 4). Ils ont également découvert une relation complémentaire entre les secteurs des
industries créatives en milieu urbain et rural. Notons parmi les facteurs de croissance, la
proximité d’un centre urbain, les services de transport intra-régionaux, l’ouverture à une
migration intérieure, un nombre élevé de démarrages d’entreprises (lié à l’attraction de
nouveaux arrivants), et la rétention de travailleurs qualifiés.
D’autres études sont axées sur l’attraction et le développement de nouvelles industries
créatives et de nouveaux projets. Par exemple, un rapport important réalisé par le Littoral
Arts Trust, à l’intention du Arts Council England, décrit sommairement de nombreux projets
que le gouvernement a fait valoir pour les collectivités rurales, et qui sont rattachés
principalement au développement de nouvelles entreprises :
32
Duxbury et Campbell
développer les industries créatives en milieu rural, explorer de nouvelles interfaces
culturelles avec les entreprises agricoles et les agro-entreprises, développer le rôle
des nouveaux médias, des TIC et des télécommunications avancées en régions
rurales, promouvoir les solutions créatives et artistiques pour la diversification
agricole et, embaucher des concepteurs, des artistes et des architectes chevronnés
pour inventer de nouvelles applications et, des démarches créatrices ‘à valeur
ajoutée’ destinées aux projets de plantes à fibres non alimentaires, aux projets
renouvelables et d’utilisation plus rationnelle des terres. (Hunter, 2003-05, p. 7)
En Australie, on a fait des recherches sur les possibilités de développer de nouvelles
industries créatives dans les régions rurales et éloignées en s’appuyant sur la technologie,
grâce à des études telles que le Regional Development of Screen Industries in the Digital Era
de la Nouvelle Galles du Sud, en Australie (Henkel, 2006).
En Nouvelle-Écosse, de nombreux projets exploratoires en art numérique ont été élaborés en
milieu rural à l’Acadia University, soulignant l’importance de tels établissements comme
générateurs et incubateurs possibles d’idées novatrices. Par exemple, le projet intitulé Ideas in
Residence/Creative Dislocations, s’est penché sur la façon dont les technologies du
numérique peuvent encourager les gens à s’intéresser à l’environnement naturel de
l’écosystème de la baie de Fundy, et nous aider à accroître nos connaissances sur les
expériences vivantes d’environnements, à la fois naturels et bâtis (l’artiste Gair Dunlop). En
outre, le projet intitulé New Technologies/Creative Practices in Music, Audio and
Multimedia: From Theory to the Marketplace a évalué les répercussions des nouvelles
technologies sur la création et la diffusion de la musique et d’autres formes d’images sonores
(Janet Marontate, Ph. D. et Christoph Both). Par ailleurs, le projet de recherche et de
commercialisation MusicPath, actuellement en cours, représente un système et une méthode
permettant d’offrir un enseignement de haute qualité avec des instruments de musique, et de
donner une représentation sur Internet en temps réel.
Les arts se sont aussi positionnés à titre de stimulant de la créativité pour d’autres
industries ou de composante principale d’un processus de transformation plus général.
Les perspectives de la recherche à cet égard varient grandement. Par exemple, Bright Stars
(Cuesta, Gillespie & Lillis, 2005) décrit la croissance et le développement itératifs découlant
de projets culturels, et propose un point de vue « organique » sur la revitalisation, l’attraction,
la vitalité et le changement progressifs au sein de la communauté. La recherche actuelle
portant sur une dissertation effectuée par Jane Andrew et intitulée Towards an Understanding
of the Relationship between Creative Capital and Regional Economic and Employment
Development, examine la mesure selon laquelle « les indices de créativité » accroissent nos
connaissances sur le rôle et l’apport du capital culturel et des industries créatives,
relativement à la croissance économique et de l’emploi dans un cadre régional (tel qu’il est
cité par Smiles, 2006).
De leur côté, les auteurs Wojan, Lambert & McGranahan (2007b) évaluent, d’après des
statistiques, l’hypothèse selon laquelle « les mêmes facteurs non observables qui attirent une
abondance relative de bohémiens influencent positivement le dynamisme économique local »
(p. 712). Les résultats de cette étude américaine confirment que les environnements non
métropolitains générateurs d’activité artistique ont tendance également à promouvoir
des taux de croissance plus rapides. L’étude fait état de l’effet positif d’une proportion plus
importante de l’emploi de la classe créative sur la migration nette, la croissance de l’emploi et
l’augmentation nette du nombre d’établissements commerciaux. L’apport principal de l’étude
Canada
33
est « une confirmation empirique indiquant qu’un surplus relatif de bohémiens est susceptible
de révéler un milieu créatif vivant »; toutefois, elle « ne permet pas de conclure qu’une
stratégie particulière visant à promouvoir les arts accroîtra le dynamisme économique »
(p. 734). Les résultats inhérents aux environnements non métropolitains « démontrent un
apport véritable du lieu en faveur du dynamisme économique… notre explication du
rendement régional ne se fonde pas sur l’emplacement de quantités particulières dans un lieu
(p. ex., le capital humain, les dépenses de recherche et développement, l’infrastructure de
transport), mais sur l’approximation d’une qualité particulière de lieu » (p. 734).
Dans le cadre de la diversification de leur base économique, particulièrement celles qui sont
traditionnellement des industries de transformation des produits agricoles ou des sites
d’entreprises d’exploitation, bon nombre de collectivités rurales sont également passées aux
métiers du tourisme. Le tourisme rural est apparu comme un sous-ensemble de l’industrie
touristique, mettant en jeu le marketing de la culture rurale à titre de destination, y compris les
aspects du patrimoine ainsi que les paysages naturels.20 Le tourisme culturel est reconnu
comme le segment de l’industrie du tourisme ayant connu la croissance la plus rapide (BC
Arts Council, tel qu’il est cité par Follett, 2008). Indéniablement, l’intérêt croissant à l’égard
du secteur du tourisme culturel (y compris le tourisme patrimonial et créatif) et du tourisme
rural peut offrir des possibilités importantes pour le renouveau économique et celui de la
collectivité.21 Cependant, comme l’ont constaté les auteurs Brooks-Joiner & McKay (2008),
on se préoccupe également du fait que les enjeux liés à la capacité locale soient reconnus et
abordés antérieurement ou parallèlement à toute stratégie de développement du tourisme
culturel.
Dans la littérature, on met l’accent sur le tourisme en tant que stratégie de remplacement dans
une collectivité lorsque les économies traditionnelles échouent (p. ex., Hracs, 2005;
MacDonald & Jolliffe, 2003). Les auteurs MacDonald & Jolliffe (2003) observent que la
culture et le patrimoine sont souvent bien préservés dans les régions rurales et, en temps de
recul, les populations rurales ont tendance à adhérer à ces traditions, et à s’en servir à titre de
moteurs de développement socioéconomique. Or, certains experts dans le domaine du
tourisme préviennent qu’« il est improbable que le tourisme soit un choix de développement
durable sur lequel il est souhaitable de fonder une économie rurale faible, mais qu’il serait
utilisé à meilleur escient dans le but de compléter une économie locale déjà prospère » (Butler
& Clark, 1992, tel qu’il est cité par Richards, 2007, p. 72).
Par ailleurs, dans un article qui examine le développement du tourisme culturel dans la région
d’Évangéline à l’Île-du-Prince-Édouard, les auteurs MacDonald & Jolliffe (2003) décrivent
un modèle de développement du tourisme culturel en quatre étapes (consultez le schéma 2).
20
Dans le cadre du projet d’innovation concernant la recherche sur le tourisme (Tourism Research Innovation
Project) de la Vancouver Island University, à Nanaimo, on a élaboré une bibliographie importante sur le
tourisme rural. Elle est disponible à : www.trip-project.ca/resources.php?page=rt
21
En Angleterre, Jones (2004) a découvert que les activités artistiques sont une mesure de relance majeure
pour le tourisme rural et, que les artistes et les activités artistiques communautaires contribuent à la
régénération des communautés qui s’effondrent. Le Voluntary Arts Network (2006) observe que lorsque les
régions campagnardes anglaises ont cessé toute activité pendant huit mois en raison de la fièvre aphteuse,
« 7 milliards de livres sterling ont été perdues en revenus touristiques – dont la plus grande partie est liée à la
culture » (p. 1). Le « U.S. National Governors Association Center for Best Practices » quant à lui, souligne la
présence du « tourisme et des destinations culturelles florissants » qui sont « issus de ressources artistiques et
culturelles jadis latentes et, qui contribuent à la durabilité économique au sein des collectivités et des régions
rurales » (p. 3).
34
Duxbury et Campbell
Schéma 2.
Étape 1.
Modèle de développement du tourisme rural et culturel en quatre étapes
Quelques résidents reconnaissent les occasions et intègrent les ressources
touristiques à la planification socioéconomique
Le processus semble commencer lentement, lorsque des touristes arrivent dans la
communauté et que quelques résidents y voient une occasion. Cette étape comprend
davantage d’offres individuelles.
Étape 2.
Les groupes communautaires planifient et mettent en œuvre des stratégies sur le
tourisme dans le cadre du développement économique
Il s’agit de l’étape servant à planifier et à mettre en œuvre des stratégies qui
commencent à profiter à la région entière. Ces stratégies se métamorphoseront en
plans plus officiels fondés sur la coopération entre les résidents, les organisations et les
entreprises de la communauté. Dans les régions rurales, cela pourrait donner lieu à des
partenariats entre les groupes locaux et régionaux, les organismes nationaux et les
divers ordres de gouvernement. À cette étape, on peut citer à titre d’exemples, les
festivals et les événements culturels spéciaux, visant à attirer davantage de touristes
dans une région.
Étape 3.
Développer des partenariats communautaires et créer un organisme de tourisme
officiel pour aider à convertir les plans en attractions durables
[Cette étape met en jeu] le développement des plans en offres touristiques rurales et
culturelles officielles plus élaborées qui profitent à la communauté à court terme et
conservent les ressources à long terme. C’est à cette étape qu’on assiste à une
efficience accrue et au développement efficace d’attractions, d’activités et de
programmes éducatifs plus permanents concernant l’environnement naturel, les sites
historiques et les expériences culturelles. Un organisme de tourisme pour la région
prend également le contrôle du processus pour assurer un marketing plus cohérent et
plus intégré de la région.
Étape 4.
Planification à long terme entièrement centralisée et coopérative et présence du
marketing touristique
À cette étape, la planification devrait être responsable, pertinente et durable en ce qui a
trait aux avantages à court terme et à long terme pour la communauté, tout en
préservant aussi ses ressources. C’est à cette quatrième étape que les cinq principes
proposés par la US National Trust jouent un rôle pour aider à guider la préservation du
tourisme rural et culturel à long terme. Ces principes comprennent l’authenticité et la
qualité, l’éducation et l’interprétation, la préservation et la protection, les priorités et la
capacité locale, ainsi que les partenariats (Prohaska, 1995).
Source : MacDonald & Jolliffe (2008, p. 309-310)
Canada
35
Le tourisme rural est lié étroitement aux discussions portant sur le marketing du lieu.
Les techniques de création ou de marquage de l’identité ont eu recours, traditionnellement,
au marketing de l’art populaire ou de l’art transitionnel pour développer une identité
communautaire (et celle des festivals, tel qu’ils ont été décrits précédemment).
Alternativement, comme le constatent les auteurs Burns & Kirkpatrick (2008b), la présence
de galeries d’art, de studios, de musiciens, de lieux de spectacles, et d’entreprises peuvent
« influencer de nouvelles formations d’identité culturelle » et « présenter des notions plus
contemporaines de valeur expressive et de mode de vie » aux collectivités (p. 34).
À l’échelle régionale, les « routes culturelles » ou les circuits culturels fondés sur une
industrie locale telle que la vinification ou sur les studios d’art, sont également des outils de
marketing importants basés sur le lieu (Richards, 2007) et des moyens efficaces pour attirer et
faire circuler des visiteurs dans l’ensemble d’une région rurale.22 Une pratique clé dans ce
domaine est celle de « HandMade in America », un organisme sans but lucratif situé dans la
région rurale à l’ouest de la Caroline du Nord, qui promeut les métiers d’art et les objets faits
à la main pour soutenir le développement communautaire et économique (NGA Center for
Best Practices, 2001). Dans le cadre de ses activités, il a développé le « Small Towns
Program », un programme de « mentorat, d’assistance technique, d’autoassistance et
d’apprentissage entre les collectivités et à l’aide des collectivités avoisinantes » auquel
quiconque est invité à participer – « du nouvel amateur aux artisans professionnels spécialisés
dans la création unique et travaillant à temps plein » (Brotman, 2007).
Certaines stratégies de marketing peuvent néanmoins conduire à une rupture de liens entre les
résidents et les promoteurs, puisqu’il faut répondre à des demandes exagérées en matière de
tourisme, et que les investissements liés à l’élaboration d’arguments promotionnels peuvent
ne pas mener à un rendement ou à un profit suffisant pour les résidents (Gibson & Davidson,
2004; Richards, 2007). Alternativement, la commercialisation fructueuse du patrimoine ou
d’autres biens culturels peut conduire aux processus de destruction créative, tels qu’ils ont été
décrits précédemment. La documentation de la recherche poussée aborde les enjeux liés à la
durabilité du patrimoine fragile et des ressources culturelles, aux répercussions du tourisme
sur les cultures locales, ainsi que les enjeux connexes à l’activité touristique.
L’attraction d’artistes ou de la « classe créative » vers les collectivités rurales, permise
par l’accès à large bande dans Internet, est perçue par bien des communautés comme une
occasion essentielle à la diversification économique. Aux États-Unis, les travaux de
D.A. McGranahan, T.R. Wojan et D.M. Lambert présentent une preuve statistique pour
expliquer la présence et la croissance de populations d’artistes dans certaines régions rurales,
et la corrélation entre la présence de ces personnes et la croissance de l’emploi dans les
régions rurales, entre 1990 et 2004 : « les comtés dont la proportion de résidents de classe
créative est élevée avaient en règle générale des taux de croissance de l’emploi qui étaient
deux fois plus élevés que les comtés dont la présence de la classe créative était moindre »
(McGranahan & Wojan, 2007b). Alors que les commodités qui ont attiré la classe créative
22
Par exemple, le Corridor culturel de l’Okanagan, avec ses vignobles, ses hôtels et d’autres entreprises
touristiques, réunit un grand nombre de studios d’arts et d’attractions culturelles. En Nouvelle-Écosse, la carte
Studio Rally guide les visiteurs vers des studios d’arts et des boutiques d’artisanat partout dans la province. De
la même façon, le Alberta Muse Cruise propose un guide de voyage pour accompagner les visites chez les
« conteurs visuels » de l’Alberta et dans leurs studios. Au Nouveau-Mexique, une série de visites guidées à
thèmes ont été élaborées, y compris des circuits axés notamment sur les artistes-peintres en textile, les
céramistes et les femmes artistes.
36
Duxbury et Campbell
sont peut-être responsables de cette croissance de l’emploi, la seule présence de la classe
créative peut également servir à créer des commodités (McGranahan & Wojan, 2007b).
Certains chercheurs mettent en garde contre la possibilité d’introduire un cadre inapproprié
pour les projets culturels en milieu rural. Par exemple, essayer d’appliquer un « index de
créativité » générique (p. ex., Florida, 2002) à toutes les régions rurales peut ne pas être
adéquat. Dès lors, les chercheurs et les collectivités rurales devraient être soucieux de la façon
dont un index pourrait discréditer d’autres visions communes concernant la créativité et la
culture (Gibson & Klocker, 2005). Les industries et les populations locales colorent
l’expression culturelle des collectivités rurales, et cette réalité ne se retrouve peut-être pas
dans les mesures nationales ou l’élaboration des politiques nationales, telles que les
expressions culturelles propres au lieu (Luckman & Gibson, sous presse). Pour des raisons
semblables, certains chercheurs font des mises en garde contre l’adoption exclusive d’une
approche économique à l’égard du développement culturel. Par exemple, les auteurs Gibson
& Klocker (2005) soulignent que seulement certains types d’activités « cadrent » mieux avec
cette approche, et les possibilités d’utiliser le « tournant culturel » dans le domaine de la
politique économique au profit des régions rurales, peuvent limiter les activités artistiques de
« remplacement » qui se trouvent dans les régions rurales et qui ne correspondent pas au
profil d’investissement économique.
On remet également en question l’idée de transférer les politiques concernant l’économie
créative « centrée sur l’urbanisme » dans des emplacements ruraux. Les petites communautés
peuvent ne pas cadrer avec le même modèle, même si le développement créatif peut faire
partie de leur planification économique globale (McCool & Moisey, 2001). Le travail créatif
qui n’a pas un effet visible immédiat sur les systèmes économiques – tel que le
développement de l’art dans le cadre d’un stage expérimental en « recherche et
développement » – peut ne pas avoir de rendements économiques mesurables et il est possible
que son intervention essentielle dans l’économie créative globale ne soit pas reconnue dans
les petits milieux culturels (Luckman & Gibson, sous presse).
Pour sa part, Chris Gibson (2004) fait valoir que « l’univers de la production créative est plus
compliqué que l’image d’une simple ‘division entre une ville et un comté’ ». Par ailleurs, il
souligne l’« importance de penser au-delà des espaces urbains et ruraux comme étant des
entités limitées et distinctes » (p. 5, 6). Dans les emplacements non urbains, les « réseaux et
les flux » de personnes, l’information et la production créative sont très importants. Les
réseaux interrégionaux appuient les producteurs créatifs dans le but de maximiser les
occasions, de chercher des marchés plus vastes, d’« ouvrir l’accès à des contrôleurs plus
compatissants au sein d’industries clés, » tout en éliminant les perceptions relatives à une
« division entre une ville et un comté » (p. 8). Le rôle des incubateurs et des nœuds dans les
réseaux dispersés de producteurs culturels est également vital, permettant des économies
créatives plus raffinées et intensément réseautées (Gibson, 2004; consultez également Burns
& Kirkpatrick, 2008b).
Canada
37
4.
Les stratégies et les projets en matière de gouvernance
L’analyse de cette littérature a révélé un certain nombre d’études majeures en matière de
politiques abordant des enjeux liés au développement des arts dans les collectivités rurales, et
qui proposent des pistes possibles s’y rattachant. Un complément précieux à la recherche
contemporaine serait un aperçu du cadre stratégique et de gestion des programmes concernant
l’art dans les collectivités rurales, notamment un examen détaillé de la longue série de
recommandations et de sous-recommandations présentées dans les études en matière de
politiques.
En général, la gouvernance des arts et de la culture, dans un contexte rural, se situe
simultanément dans (a) un ensemble élargi de politiques culturelles et artistiques et, (b) des
projets stratégiques de politiques rurales et agricoles. Le secteur des arts peut aussi être
intégré à d’autres politiques pan-nationales telles que l’éducation, l’environnement, la
durabilité, les industries, le développement des capacités communautaires, les initiatives
propres au secteur bénévole, et ainsi de suite. Bien que les recommandations soient
habituellement présentées à un ministère ou à un organisme gouvernemental précis, ces
derniers en considèrent généralement la mise en œuvre dans un contexte de gouvernance,
orientée vers la collaboration ou la coopération à multiples échelons, où chacun des ordres de
gouvernement – de pair avec les collectivités – est nécessaire pour assurer la mise en œuvre
efficace des recommandations liées aux projets de relance culturelle. Une structure spécialisée
de gestion et des politiques ciblées à l’intention de cette perspective semblent rares.
Le Regional Arts Australia est l’approche la plus institutionnalisée en matière d’arts en milieu
rural dont fait état cette étude. Il s’agit d’un organisme qui représente un réseau d’organismes
artistiques et de programmes régionaux (d’État), à la grandeur de l’Australie. Le Regional
Arts Australia reçoit l’appui financier du gouvernement de l’Australie, par l’entremise du
Regional Arts Fund. En 2005, le Regional Arts Australia entreprit une vaste consultation
auprès de résidents des régions rurales concernant « la nature des défis et des occasions liés à
leur travail dans les arts, ainsi qu’à leurs aspirations concernant les arts au sein de leurs
communautés et localités, ». Puis, il fixa des priorités en matière de réponses futures et
stratégiques (Regional Arts Australia, 2005a, p. 8). (Consultez également l’article
d’accompagnement, de Kim Dunphy)
Au Royaume-Uni, la Rural Strategy23 (stratégie rurale) mise de l’avant par le gouvernement
national en 2004 – « une réflexion en profondeur concernant ses liens avec les régions » –
marqua le point de départ d’un certain nombre d’initiatives visant à énoncer une réponse
concertée du secteur des arts et de la culture à l’endroit de ce nouveau cadre de gestion (Arts
Council England, 2005, p. 3). En 2004, le Arts Council England lança une vaste consultation
dans le but de confirmer que ses « politiques, programmes et orientations d’investissements…
répondaient bel et bien aux besoins du secteur des arts dans les régions rurales ». En 2005, il
publia sa liste de priorités pour l’avenir des arts dans les régions rurales en Angleterre
(2005, p. 5). Par la suite, le conseil des arts octroya des fonds à la réalisation d’une étude de
23
Depuis, le gouvernement a adopté le Rural Development Programme for England (2007/2008 – 2013)
(Hunter, 2008). La mise en œuvre de cette stratégie s’inscrit dans le contexte des règlements du deuxième
pilier de la réforme de la PAC au sein de l’Union européenne et à l’intention du développement rural (Hunter,
2003-2006).
38
Duxbury et Campbell
deux ans menée par le Littoral Arts Trust (2001-2003) et qui donna lieu à un projet intitulé
Cultural Strategy for Rural England, et au Rural Cultural Forum (une stratégie culturelle et la
tenue d’un forum culturel à l’intention des régions rurales en Angleterre), pour ne nommer
que ceux-là. Le rapport, présenté en 2003, par le Littoral Arts Trust (puis révisé en 2006),
propose l’élaboration d’une nouvelle stratégie de développement entre les politiques rurales et
agricoles intitulée la « New Rural Arts ». Ce projet s’inscrit dans le cadre « d’un
réengagement élargi vis-à-vis le secteur culturel, et fait état d’un discours ‘double’ concernant
l’agriculture et la durabilité environnementale » (p. 90). Les efforts de revendication pour
qu’une stratégie concertée de la culture rurale en Angleterre soit mise en œuvre se poursuit
(consultez par exemple : Hunter, 2008).
En considérant ces notions dans le contexte européen élargi, le Rural Cultural Forum
(Hunter, 2008) remarque que des idées semblables ont été mises de l’avant au sein d’autres
pays membres de l’Union européenne : « les ministères responsables du développement
culturel, agricole et rural en Italie, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas élaborent
actuellement des partenariats en matière d’investissements novateurs entre les médias, les arts
et la culture au sein des collectivités rurales, et les industries fermières et agricoles qui s’y
trouvent » (p. 2; le rapport comporte des renseignements plus détaillés à ce sujet). En général,
ces activités semblent être « en cours de développement » (consultez également l’article
d’accompagnement, de Lidia Varbanova, Ph. D.).
Aux États-Unis, l’attention accordée aux arts en milieu rural se situe principalement à
l’échelon des États, tel que le révèlent un certain nombre d’études de l’État du Minnesota
(Shifferd, 2005; Rodning Bash, 2005), le rapport économique de l’État du Maine (p. ex. :
Barringer et coll., 2004), ainsi que dans divers articles portant sur la « Wisconsin Idea »
(p. ex. : Gard Ewell, 2006). Par ailleurs, on s’attend à trouver des perspectives différentes au
sein d’autres États et régions (consultez également l’article d’accompagnement, de Patrick
Overton, Ph. D.).
Au Canada, l’intérêt des gouvernements pour les arts en milieu rural a été documenté dans un
petit nombre d’études nationales, telles que celles issues de rapports émis par Statistique
Canada (p. ex. : Schimpf & Sereda, 2007), dans divers rapports comportant des données
concernant l’allocation de fonds et la répartition d’activités (p. ex. : le Conseil des Arts du
Canada, 2001), ainsi que celles qui sont présentées dans un article de In Focus (En vue), de
l’Observatoire culturel canadien (2007). Or, il faut noter l’absence d’un cadre stratégique
universel au sein de ces études. En outre, un intérêt particulier pour des questions de politique
et de planification locales a été remarqué dans certaines études visant des régions ou des
collectivités spécifiques, telles que celle de la région de Prince Edward County, en Ontario
(p. ex. : Donald, 2008). Un petit nombre de rapports régionaux et provinciaux ont été
consultés dans le cadre de la présente étude, mais sans qu’aucune idée ou donnée spécifique
n’y soit notée. Une attention accrue au contexte rural semble évidente lorsque l’on considère
certaines politiques culturelles détaillées à l’échelon provincial et territorial ou encore, dans
certains rapports plus généraux concernant « l’état des arts » (c.-à.-d. en prévision d’une
éventuelle révision du cadre stratégique).
Bien qu’une analyse détaillée des initiatives stratégiques dépasse l’envergure de la présente
révision, un survol des recommandations clés révèle néanmoins la récurrence de six
catégories :
Canada
39
1. l’appartenance et la prise en charge locales;
2. l’engagement des jeunes;
3. l’édification du leadership;
4. le financement;
5. l’éducation et les partenariats, notamment les partenariats entre les organismes
culturels et l’ensemble de la communauté, ainsi que ceux entre les organismes privés
et sans but lucratif; et
6. la mise en œuvre d’études additionnelles.
Le tableau 6 illustre quelques exemples de recommandations et des énoncés de priorités issus
de la littérature. Ceux-ci sont divisés selon six catégories. Les lecteurs doivent noter que cette
documentation comporte des listes de recommandations et de sous-recommandations
détaillées (en anglais seulement). Par ailleurs, une révision plus exhaustive se devrait
d’aborder un ensemble de thèmes plus vastes (par exemple, le développement d’installations
artistiques, dont fait état le Regional Arts Australia, 2005a, ainsi que les études portant sur les
tournées au Royaume-Uni). Enfin, ces six catégories récurrentes sont avant tout un point de
départ pratique qui servira à exploiter l’ensemble des idées et des recommandations énoncée
40
Duxbury et Campbell
Integrate heritage into
community life
-
Encourage a more adventurous
economic climate – can be fostered
by supporting entrepreneurial
leadership
Visionary leadership needed
Recognize resources, assets,
and values that are embedded
in the community
-
Développer le
leadership
Sense of urgency about a way
of life that is being lost
-
Greater efforts should be undertaken
to address the perception of both
youth and others that youth who stay
in their rural communities rather than
leave to acquire different
experiences, lack ambition and
knowledge to make valuable
contributions
Promote a more socially inclusive,
grassroots and culturally diverse
definition of the arts in rural
communities
Community buy-in
-
Support capacity building through
programs; provide support for
frontline organizations
The lack of young entrepreneurs may
itself be significant, suggesting that
support for young entrepreneurs may
be insufficiently focused on rural
opportunities, and that universities
are insufficiently geared up to support
and incubate new enterprise for their
graduates in the rural hinterlands of
the cities in which they operate
Construct the new cultural narratives
for agriculture: Develop new
aesthetic, ethical and theoretical
coordinates required to tackle the
complexities of farming and
agriculture
Map new practices, contexts and
partnerships: Learn how to work with
farming communities
Royaume-Uni
Key factors in building and sustaining
community engagement in rural
municipalities:
Canada
Include arts activities in key
community festivals
Pursue extensive media coverage
-
41
Local government can provide
important leadership in valuing the
arts
Develop a critical mass of leadership,
connected into the larger community,
establishing coalitions with other
community groups
Canada
Value the professional artists in the
community and celebrate their
achievements
Investigate the creation of a youth
element in funding programs
Show how the arts can contribute to
more fulfilling lives for regional
youth
Strengthen regional centres:
How can the arts respond to current
issues, the need for strong identity,
and social cohesion in regional
centres large and small?
Community capacity building:
How can the arts be better
recognized and equipped as an
effective medium for developing
more sustainable communities?
Local identity and ownership of the
arts and culture is priority #1 for the
future
Australie
Identify and cultivate leadership:
Leaders motivate communities to
engage in the creative economy
Include arts activity that is intentionally
inclusive of all ages and socio-cultural
groups
Encourage the strengthening of sense
of place and history through the arts
Establish group for arts advocacy
and planning
-
Encourage and support local
community actors to:
The arts valued by non-arts leaders as
essential to community well-being
Grow awareness and pride in artists
and art work in the community
États-Unis
Exemples d’énoncés figurant dans les rapports
Principaux thèmes récurrents dans le cadre des recommandations relatives à l’étude portant sur les politiques
Mobiliser les
jeunes
Appui de la
communauté et
prise en charge
locale
Tableau 6.
42
Leadership development, systems,
and structures to support volunteers
are lacking
Networking, processes, and
infrastructure are areas in which rural
voluntary organizations must improve
There are concerns that the needs of
rural-based artists very rarely
correspond to the eligibility criteria of
national programs
The financial situation of arts
councils/boards in rural areas is very
fragile
Bigger is often considered better in
terms of having a critical mass to
justify the need for recreational and
cultural services and the costeffectiveness of programs in rural,
remote, and northern communities
Duxbury et Campbell
Mise en œuvre
et complément
de l’étude
Éducation et
partenariats
Financement
Canada
The arts sector should review its
hitherto (mainly) urban priorities and
bias in the light of proposed rural
proofing guidelines
Develop a national arts and
agriculture research, development,
and pedagogy program; and possible
agency, national initiative, or regional
pilot for research and training
Prepare the workforce: Increase
educational opportunities to learn skills
used by the art and culture industries
Develop the connection between
urban creative industries and rural
post-agriculture economy
Develop and implement strategies:
A range of policies to support and
sustain the creative economy must be
formulated
Provide marketing and collaboration
workshops for and encourage
networking among artists
Establish or extend a training institute
to support the long-term growth of
community cultural development
leadership in rural/suburban
communities
“Fund the foundation of the pyramid”
Provide direct support to the
development of the local arts
infrastructure
Funding agencies should coordinate
funding strategies
Develop an investment regimen that is
flexible and adaptive
Consider funding strategies that can
respond directly and appropriately to
specific community ideas, needs,
situations, and opportunities
États-Unis
Explore new experimental, creative,
and cultural interfaces capable of
reconnecting the urban consumer
arts and cultural institutions with the
new agricultural and rural agendas
Inner city communities and urban
economic regeneration schemes
have benefited significantly from
strategically directed and generously
funded arts and cultural investment
program, as should rural schemes
There should be a formal
commitment on the part of Arts
Council England in support of the
new Rural Arts Strategy, funded at a
level equivalent to that provided by
the Arts Council for other similar
strategic national partnerships
Develop appropriate coordination,
funding, and implementation
mechanisms
Royaume-Uni
Exemples d’énoncés figurant dans les rapports
There is an urgent need for robust
statistics that can be used in media
campaigns
Governments should insist on the
arts being part of the core
curriculum, for all students.
Support the development of cultural
tourism: How can the arts contribute
to greater economic growth and
diversity through tourism?
A desire for small grants with
flexible criteria, which involved a
minimal amount of paperwork, as
well as funding that is ongoing,
subject to a performance
agreement, rather than applied for
on an annual basis
Local control over funding decisions
is seen as a rural priority, as well as
knowledge of who is involved in
making jury or other funding
decisions
Australie
Remerciements
Cette étude a été commandée par le Réseau des villes créatives du Canada, qui reconnaît
l’appui du ministère du Patrimoine canadien et du Rural Alberta Development Fund, par
l’entremise de l’Alberta Recreation and Parks Association.
Les auteurs tiennent à remercier leurs collègues et à exprimer toute leur reconnaissance pour
leurs conseils judicieux lors de la réalisation de ce projet : Kim Dunphy, Cultural
Development Network, Melbourne, Australie; Patrick Overton, Ph. D., Front Porch Institute,
Astoria, Oregon, É.-U.; et Lidia Varbanova, Ph. D., Center for Intercultural and Social
Development, Montréal.
Nous tenons également à remercier tous ceux que nous avons contactés dans le cadre de la
rédaction de cet article et de celle des études d’accompagnement, notamment :
Sylvie Chartrand, Agriculture Canada; Joelle Mader, ministère du Patrimoine canadien;
Francesco Manganiello, Sécurité publique Canada, gouvernement du Canada;
M. Sharon Jeannotte, Université d’Ottawa; Sheryl McGraw et Rebekah Mahaffey, 2010
LegaciesNow; Jan Marontate, School of Communication, Université Simon Fraser;
Craig Campbell, Ville de Saint John; Patricia Summers, ministry of Community
Development, gouvernement de la Colombie-Britannique; Brandon Hughes, Partenariat rural
du Canada/Service Canada; Greg Goodwin, Rural BC Secretariat; Nicole Chaland,
Paul Chamberlain, David Daughton, Mike Toye, Lydia Giles et Janielle Brooks-Smith,
Réseau canadien de DÉC; Brenda Herchmer, Alberta Recreation and Parks Association;
Alain Comeau, ministère du Patrimoine canadien; Miranda Post, Affaires indiennes et du
Nord Canada, région de C.-B., Robert Burrows, Alberta University; Joanna Maratta, BC
Touring Council; Keith McPhail, N.-É.; Sue Stewart, Sask.; Robert Greenwood, Ph. D. et
Ivan Emke, Ph. D., Memorial University of Newfoundland, T.-N.-L.; David Bruce, Mount
Alison University, N.-B.; Will Garrett-Petts, Ph. D. et James Hoffman, Thompson Rivers
University, C.-B.; Lori Ellis, Ville de Summerside, Î.-P.-É.; Greg Nielsen, Metropolitan
Regional Arts Council, Minnesota; Bill Flood, Portland, Oregon; Greg Richards, Ph. D.,
Tram Research, Barcelone; Pr Henry Buller, David Harvey, Ph. D., Nicola Thomas, Ph. D.,
Harriet Hawkins, Ph. D. et Joanie Willett, University of Exeter, R.-U.; Daniel Carpenter,
Voluntary Arts Network, R.-U.; Ruth Smiles, Regional Arts Australia; Christopher Madden,
Australian Council for the Arts; Sarah Gardner et Natasha Eves, La Fédération internationale
de conseils des arts et d’agences culturelles; Chris Gibson, Ph. D., Rural Cultural Research
Program, University of Wollongong; et la Pre Kate Darian-Smith, University of Melbourne.
Canada
43
Annexe A.
Profils des collectivités au Canada (en anglais)
These community profiles draw on examples across the country and are, of course, not
exhaustive. Some are profiles of towns that have used arts and creativity as a staple of their
community planning, while others are profiles of individual projects that have aided in
revitalizing the area.
All populations are approximate.
Liste des profils des collectivités :
Dawson City, Yukon
Osoyoos, British Columbia
Alert Bay, British Columbia
Skidegate, British Columbia
Hazelton, British Columbia
Chemanius, British Columbia
Nelson, British Columbia
Rosebud, Alberta
Strathcona County, Alberta
Assiniboia, Saskatchewan
Val Marie, Saskatchewan
Prince Edward County, Ontario
Grand Argenteuil, Quebec (en français)
Amqui, Quebec (en français)
Bouctouche, New Brunswick
Cape Breton Island, Nova Scotia
Canning, Nova Scotia
Bear River, Nova Scotia
Briefs:
Elora, Ontario
Eastend, Saskatchewan
Claybank, Saskatchewan
Kensington, Prince Edward Island
Norris Point, Woody Point, and Rocky Harbour, Newfoundland
Répertoire d’actions culturelles en milieu rural :
Liste des profils dressée par Les Arts et la Ville (en français)
44
Duxbury et Campbell
Dawson City, Yukon
Population 2,000-3,500 (seasonal)
Overview
According to the Klondike Institute of Arts and Culture, Canada’s Yukon Territory has
perhaps the highest per capita population of artists, at every level in every discipline, in the
country. As the Klondike Institute of Arts and Culture states, many artists came for two
weeks – 20 years ago – and fell for the unique landscape and quality of life offered in the
small city. With a combination of natural beauty, colourful history, festivals and arts
institutions, the small city of Dawson has supported and produced many widely recognized
artists.
Main Players
Dawson’s cultural institutions and organizations, including Pierre Berton House, Dawson
City Art Society, Dawson City Music Festival, Klondike Institute of Arts and Culture,
Dawson City Museum, and Dänojà Zho (Long Ago House) Cultural Centre
Key Results
Dawson promotes a certain mystique in its appeal: “There is something special about this
land” reads the Klondike Institute of Arts and Culture website, “Why is it often said by
writers-in-residence completing their Pierre Berton House residency program: ‘I won’t leave
unless I can come back’?”. The town also promotes the timelessness in the appeal of its art,
including that rooted in the history of the 1890s gold rush that made the city famous.
There are key groups in Dawson that form an infrastructure around the arts. The Dawson City
Art Society (DCAS), formed in 1998, is a community organization created to enrich the
quality of life through enhancement of art, culture, and the economy in the Yukon. Formed by
local artists, the Society purchased the neglected, historic Odd Fellows Hall in Dawson City,
and refurbished the building. To fulfill their mandate, the DCAS created the School of Visual
Art, operated by the Klondike Institute of Arts and Culture, the operating arm of DCAS.
The school is located in a 7,800 square foot historic building in downtown Dawson City,
custom designed specifically for the needs of the program with workspaces for each student,
common studio facilities, a lecture room, a media lab, indoor/outdoor common areas, a
sculpture shop, a library/resource centre, a student gallery and an art supplies store. Storage
areas for student projects and supplies are provided throughout the building, and wireless is
available throughout the facility.
Festivals in Dawson draw on its history, including the famous gold rush. The word authentic
is used with some pride, as historical accuracy is included in all heritage events. Dawson
hosts an annual short film festival, arts festival, and several artist residencies.
More Information
http://www.kiac.org/
Canada
45
Osoyoos, British Columbia
Overview
NK’MIP Desert Cultural Centre was opened in September 2002. Located in Osoyoos, BC,
the Centre celebrates the history and culture of the Okanagan First Nation and the desert lands
that they have lived on for thousands of years. The Nk’Mip Desert lands are one of Canada’s
three most endangered ecosystems and are home to many rare plant and animal species. The
Centre provides visitors an opportunity to experience the rich Okanagan culture and desert
environments, with guided walks, a traditional Okanagan village, and desert reptile programs.
The mission of the NK’MIP Desert Cultural Centre is to provide visitors with an authentic
and unique experience that promotes respect and understanding of the living culture of the
Okanagan People and the desert lands that sustained them.
Key Players
The Osoyoos Indian Band Development Corporation manages businesses with annual
budgets in excess of $17 million dollars and administers its own health, social, educational
and municipal services. Situated in one of Canada’s premier agricultural and tourism regions,
the Band’s 32,000 acres offer opportunities in agriculture, eco-tourism, commercial,
industrial, and residential developments. Through leases and joint ventures the community
has built meaningful business relationships that have created social and employment
opportunities for both natives and non-natives in the South Okanagan.
Lessons Learned
Economic development, and Native control over this development, seem to be key.
"We are very focused on the future, and we realize that we create this future by our actions.
The single most important key to First Nation self-reliance is economic development."
– Chief Clarence Louie
More Information
http://www.oib.ca/profile.asp
http://www.cultureandcommunities.ca/resources/cultural-facility-profiles/cultural-spacescommunity-impacts/nkmip-desert-cultural-centre.html
Alert Bay, British Columbia
Overview
Alert Bay is the home of the U’mista Cultural Centre and home to the Kwakwaka’wakw
people. The mandate of the U’mista Cultural Society is to ensure the survival of all aspects of
the cultural heritage of the Kwakwaka’wakw. U’mista Cultural Centre is one of the longestoperating and most successful First Nations cultural facilities in BC, founded in 1980 as a
ground breaking project to house potlatch artifacts which had been seized by government
during an earlier period of cultural repression. The return of the potlatch artifacts not only
provided U’mista’s name (“the return of something important”) and sparked a general trend
toward repatriation of First Nations and cultural artifacts, it caused the creation of a physical
facility and human resources infrastructure which have been successfully operated for over
two decades. U’mista now operates a modern museum and cultural education facility in Alert
46
Duxbury et Campbell
Bay. Their operations include the museum, an extensive art gallery and gift shop, group tours,
and presentations by dance troupes. The facility also hosts international scholars, and supports
researchers in a range of disciplines.
Key players
The ʼWiʼlaʼmola Project is the business arm of the U’mista Cultural Society, a non-profit
organization which holds the mandate to represent the cultural values and property of the
Kwakwakaʼwakw First Nation (KFN). The ʼWiʼlaʼmola project serves both the KFN and the
non-native population as a whole, with U’mista overseeing any cultural components of the
business activity developments. The ʼWiʼlaʼmola Project respectfully explores opportunities to
use Kwakwaka’wakw culture to create employment, business development and economic
benefits for the community. This initiative of the Kwakwakaʼwakw First Nation is to nurture
and steward the cultural heritage of the Kwakʼwala-speaking people through education of both
visitors and the community, is put into practice through the activities of the ʼWiʼlaʼmola
project.
More information
http://www.umista.org/home/index.php
Skidegate, Haida Gwaii, British Columbia
Overview
The Kaay Llnagaay Heritage Centre located at Kaay Llnagaay (Sea Lion Town), Skidegate,
is a multi-million dollar cultural project. When completed, the Kaay Llnagaay Heritage
Centre will present an integrated complex of learning, working and performance facilities.
The centre aims to be “a place for nurturing Haida culture and sharing it with the rest of the
world. A learning place to discover the cultural worlds within us, the natural and supernatural
world around us and the connections between us all. A sacred place to honour our ancestors,
the generations gone by. A teaching place to convey knowledge and skills, old and new, to
the coming generations.”
The Centre includes teaching centres, a large performance area, an expanded museum, and a
lodge for visitors.
Main Players
Skidegate Band Council
Funding provided by: the Province of British Columbia; Indian and Northern Affairs Canada;
Parks Canada; Western Economic Diversification Canada; Canadian Heritage – Museum
Assistance Program; Gwaii Trust Society, Haida Gwaii; Vancouver Foundation; and Skeena
Native Development Society.
Key Results
In this area, commercial fishing and logging were once the main sources of employment but
as natural resources have been depleted these industries have declined in importance. Haida
art is world-renowned, and the Heritage Centre will be able to both provide local employment
as well as showcase this art to the world. In this way, the museum is a well-crafted
transitional opportunity for employment, driven by the local population.
Canada
47
More Information
http://www.haidaheritagecentre.com/
Hazelton, British Columbia
Population 1,350
Overview
The ‘Ksan Historical Village and Museum is located near Hazelton in northern BC. As a
replicated ancient village, ‘Ksan illustrates many features of a historic Gitxsan village, such
as the houses that form a single line with each building facing the river, with the decorated
fronts and totem poles visible from the water. The Village’s role is to illustrate the richness of
Gitxsan culture and history and also provide economic opportunities for First Nations people
of the Upper Skeena River region. The collection of cultural objects is housed in what is
called a treasure house, as the word museum implies “lifeless and unused items.”
Work began in the 1950s, as the Hazelton Mayor and the Library Association believed that
the economic and social problems of Hazelton would diminish if all people, both First
Nations and non-First Nations, understood the stature, richness, and sophistication of Gitxsan
society and culture. In the beginning financial support for the project was limited and
progress was slow. Hazelton, a low-income area, had a limited tax base with a small
population of 450 at this time. During this period, the members of the association began
researching museum administration and operation, as well as Gitxsan history and culture.
The association had no thought of buying artifacts, but to obtain them on loan from their
owners with the understanding that they could remove them from the proposed museum at
any time when they were needed for use.
The ‘Ksan Performing Arts Group has worked with ‘Ksan Historical Village and Museum
for over 28 years and continues to be a fundamental component of this institution. The ‘Ksan
Performing Arts Group are cultural ambassadors for the Gitxsan people. They have
performed throughout the province, across Canada, and around the world.
Main Players
Agricultural and Rural Development Agency
Province of British Columbia
Hazelton Library Association
Hazelton Mayor Margaret Sargent
Key Lessons
The partnerships between the City, the Library, and the Band were key to coordinating
funding efforts. As this was a project with a distinct regeneration goal, this partnership was
essential to a sustainable regeneration of the whole community.
More Information
http://www.ksan.org/html/arts.htm
48
Duxbury et Campbell
Chemainus, British Columbia
Population 5,000
Overview
Chemainus, on Vancouver Island’s east shore, is an isolated town between a mountain range
and the ocean, with a river cutting it off from the south and a major highway to the north.
Mining, fishing, and forestry were the original industries, but similar to many small BC
towns, these industries were not sustainable. As a mill town, Chemanius was dependent on
the success of the mill, and in 1981 a recession in BC hit the resource sector very hard.
When the Chemanius mill closed in 1983, 650 workers were laid off. The mill reopened two
years later but with a major change in technology, which meant that only 145 workers were
re-hired. But the town had already moved into a new industry – tourism. Artists stepped in to
redefine the town.
During the time leading up to the mill closure, Chemainus was faced with the very real
possibility of becoming the next BC ghost town. The fact that the town was off the main
highway made it more vulnerable. Under the BC government of Bill Van der Zalm,
community initiative grants were being developed to aid towns in revitalization projects.
The City’s then Mayor, Graham Bruce, presented the concept of a tourism strategy based
on an outdoor mural project to the community. Chemanius was to be the first community to
complete a revitalization, and also to become a world-famous example of how even a small
town can create substantial change for survival. Known now as a “mural town,” Chemanius
has inspired many other small towns internationally to use arts and culture as a regenerative
tool.
The Chemainus Theatre Festival began in 1993, as another key arts event in the town.
This festival is a sister-organization to the Rosebud Theatre and School of the Arts, discussed
below.
Key Players
BC Premier Bill Van der Zalm
Chemanius Mayor Graham Bruce
Lessons Learned
The actual creation of the murals was the “easy, fun … and often the least expensive” part of
this project, and needed to be incorporated into a complete economic development strategy
for tourism. The overall strategy took considerable planning, research, and a dedicated group
of people to initiate. The community used murals as a springboard for long-term commitment
to tourism. Chemanius found it important to invest in a unique, creative product that became a
partnership to serve and include the entire community. Chemainus remains one of the most
successful projects of its kind, some 25 years later.
The Chemainus Murals have become a model for communities around the world to develop a
culture-based economic development model that engages the community by exploring its
history, its beauty, and its talents. While mural painting is not a new concept even in North
America (Los Angeles is another example), as an economic development strategy it makes
this small town’s mural project unique, and the standard by which many communities
followed suit.
Canada
49
More Information
http://www.chemainus.com/
Nelson, BC and area
Population approx 10,000
Overview
Nelson has earned a reputation as the #1 small arts town in Canada. Businesses throughout
the city display art year-round in support of local artists, and the summer months feature a
special festival to partner arts and business owners to turn local shops into galleries. Each
month during the summer there is a show opening open to the public, with food, drinks, and
live music. Other activities and attractions include both local and imported performances at
the heritage Capitol Theatre, as well as at smaller venues in bars and restaurants. Artwalk
rotates the work of 65-70 artists though 17 restaurants and shops, with a walking tour through
downtown Nelson that draws thousands each year.
Also in Nelson, the Kootenay School of the Arts at Selkirk College (KSA) offers a two-year
diploma in Art, Craft, and Design. Kootenay School of the Arts is dedicated to graduating
students who can make a living through their professions in these media. In support of this
goal, the school’s curriculum emphasizes studio work and the faculty is made up of
individuals who are, first and foremost, practicing artists and craftspeople.
The area around Nelson is also known for cultural activity. The annual Kaslo Jazz Festival is
nearby, and the Shambhala rave in nearby Salmo River attracts 10,000 people each summer.
Main Players
Kootenay School of the Arts
Nelson and District Arts Council
Heritage Capitol Theatre
Nelson Visitor Centre
Rosebud, Alberta
Population 100-300 (seasonal)
Overview
Rosebud is a rural community located 100 km northeast of Calgary and 35 km southwest of
Drumheller. The town literally supports one industry: a performing arts school and theatre.
The Rosebud Theatre and Rosebud School of the Arts employs the entire population in one
capacity or the other, from teachers to tech staff to performers to the tourism industry.
Rosebud is visited by over 40,000 people every year.
European settlers began homesteading in Rosebud in 1883, laying the foundation for a strong
farming and ranching community. The hamlet flourished in the early 1900s, reaching a
population of 300 in the 1920s. By the early 1970s, however, the population dropped to less
than 30, and abandoned buildings awaited demolition. But in 1973, LaVerne Erickson, a
music and art teacher in Calgary, started Rosebud Camp of the Arts as a summer outreach
50
Duxbury et Campbell
program for Calgary youth. This led directly to the founding in 1977 of the Rosebud Fine
Arts High School. The school combined academics, arts, and work experience.
The school created an artistic hub in Rosebud. In 1986, Rosebud School of the Arts launched
its post-secondary apprenticeship programme focused on theatre, music, and creative arts
ministry training. In 1988, the Alberta Legislature passed the Rosebud School of the Arts Act,
creating a Christian arts guild school. In 1998, the Canadian Badlands Performing Arts
Summer School also began. In 2002-03, over 70 students from Alberta, British Columbia,
Saskatchewan, Manitoba, Ontario, the United States, and the Netherlands participated in the
secondary and post-secondary programmes offered by Rosebud School of the Arts. The
theater expanded in the 1990s with renovations to the main Opera House. Seating changed
from “150 packed in on old church pews to 220 lounging in tiered-theatre seats.” A heating
and air-conditioning system replaced the need to bring blankets in the winter and fans in the
summer. Actors were given a larger stage with a full dressing room, and patrons were treated
to a lobby complete with washrooms, running water, and a concession area.
In 1993, a sister organization, Chemainus Theatre Festival, opened on Vancouver Island.
Much of the first staff as well as the first two shows came from Rosebud. It has now grown to
the largest professional theatre on the Island, attracting over 60,000 people per year. RSA still
oversees the Chemainus Internship Programme, also known as the Young Company.
Lessons Learned
For this community, one arts-based industry was enough to literally save the town.
Community participation and a unique institution created a sustainable core regeneration
project.
More information
http://www.rosebudschoolofthearts.com/
http://www.rosebudtheatre.com/Default.aspx
Strathcona County, Alberta
County population 71,986
Overview
Strathcona County is constructing a new community centre, opening in 2010. It will contain a
new library on two floors, flexible indoor and outdoor spaces to accommodate a wide range
of community activities, expanded and accessible space for Family and Community Services,
new municipal space including meeting rooms and offices, and underground parking. Serving
all Strathcona County residents, the Community Centre will become a year-round hub for
community events, cultural activity, and learning. Its design and programming will reflect the
communities’ mix of urban and rural character. The community is currently looking at having
residents become involved in creating a “legacy art piece” to be included in the building.
The Centre is dedicated to bringing arts, culture, and heritage groups together to voice longterm space requirements and advocate for a facility to meet these needs. The first objective
realized was a display area for culture at the Sherwood Park Mall. Exhibits in this display,
located in the Library’s upper lobby, showcased the County’s rich cultural heritage for mall
shoppers. Having envisioned a major cultural hub for the County, the Culture and Heritage
Canada
51
Association is pleased to see construction underway for the Community Centre as part of
Centre in the Park, which will include a new home for the Library and also space for art.
The County also has an Arts, Culture and Heritage Community Investment Program, with
granting programs for events, arts development, and community arts organizations. The
County’s Arts Acquisition program develops and maintains the County’s permanent art
collection. The Art Society of Strathcona County operates the Loft Gallery for member
exhibitions and coordinates a community mural project.
Main Players
Strathcona County Library
Strathcona Art Society
Alberta Lottery Funding
Lessons Learned
As the community centre project is in progress lessons are not immediately evident.
Assiniboia, Saskatchewan
Population 2,300
Overview
The Shurniak Art Gallery houses founder Bill Shurniak’s private collection of original
paintings, sculptures, and artifacts from around the world. Opened in July 2005, the 8,000
square foot gallery has a landscaped courtyard and grounds featuring sculptures by Canadian
artists Robert Davidson and Joe Fafard. With the opening of Shurniak Art Gallery on July 30,
2005, Assiniboia left its former unsophisticated small town image behind. The gallery became
the most important tourist attraction in the area, attracting art lovers internationally and
making the town an art mecca on the map of southern Saskatchewan.
The gallery features the works of A.J. Casson, A.Y. Jackson, Lawren Harris, Arthur Lismer,
and Allen Sapp, among others. Contemporary Canadian and Saskatchewan artists are featured
as part of rotating exhibits. The Assiniboia and District Arts Council has an office in the
gallery building.
Although the art gallery has a high profile, Assiniboia still considers agriculture its main
industry. The arts do not feature on the town’s main website.
Main players
Founder Bill Shurniak
Key Results
In this community, it took one man’s passion for art to create a completely new arts-oriented
focal point for the town. The relatively small town of Assiniboia in rural Saskatchewan has
suddenly become very important in the world of Canadian art.
52
Duxbury et Campbell
Val Marie, Saskatchewan
Population 140
Overview
In August 1994, Val Marie hosted Grasslands — Where Heaven Meets Earth, a multidisciplinary arts experience that drew upon the experiences and materials provided by local
residents. This community-wide events is an example of how one event can bring together
outsiders and locals, as well as cross-discipline performers and stimulate an revival of
aesthetic and community awareness.
Main Players
The project involved support and participation by Common Weal Community Arts, the Art
Gallery of Swift Current, the Swift Current Allied Arts Council, Grasslands National Park,
Friends of the Grasslands, as well as choreographer Bill Coleman, visual artist Edward
Poitras, musician Gordon Monahan, and dancers Margie Gillis, David Earle, Robin Poitras,
Johanna Bundon, Katherine Oledski, Krista Solheim, Jennifer Dahl, Peter Trotzmer, Carol
Prieur, and Laurence Lemieux. The event was supported by the Inter-Arts Office and the
Dance Section of the Canada Council.
Coleman-Lemieux & Compagnie’s Dance in the Community projects are specifically
designed to bring professional artists into rural communities. The Val Marie project included
much more than the final performance: the community saw contemporary music and dance
workshops in Val Marie and Shaunavon; kite-making in the schools, coordinated by the Art
Gallery of Swift Current; the creation of banners by 12 visual artists throughout southwest
Saskatchewan; collaborative quilting production and the recording of quilters’ stories for an
art exhibit in the Prairie Wind & Silver Sage Museum; the construction of corral-style fencing
along the main street of Val Marie as a symbol of a community drawn together in farming
life; and children’s finger-painting on salt-lick tubs decorated with local plant life.
The final performance was in the protected heritage site of Grasslands National Park. Around
600 audience members gathered at the entrance of the park, and followed a set route to the
“venue.” Along the way, dancers moved in and out of the landscape, and at the site, the
audience found well-known Canadian dancer Margie Gillis standing in the doorway of an
abandoned farmhouse. The dancers, audience, and landscape all had an equal role in the final
performance.
Key Results
The former Mayor of Val Marie wrote this letter to the artists following the performance:
“…It seemed to have affected the consciousness of the local population – people are still
awed at the event and now, 3 months later, it is still a major topic of conversation. Although it
seemed a bit high-brow for us at the beginning, it turned out to be an event that made many
people appreciate dance. Also, on a more practical level, our business (The Convent Country
Inn) has been constantly busy since the dance, which will make it the best business year in the
last seven years. I spoke with the owner of the local grocery store, Whitemud Grocery, and
their business has been much busier than usual since the dance. We believe that it has
somehow made people more community minded. The town itself, with the props that were
left, is much more aesthetically pleasing and many of the local people have felt an intense
pride in their village being picked for this event. It is very difficult to put a finger on what
Canada
53
exactly happened – maybe it was the energy that the dancers brought to the village – this may
sound a bit off the wall, but something happened that has changed this town for the better…”
Prince Edward County, Ontario
Overview
Prince Edward County (PEC) is a rural municipality of 25,000 located south of Belleville,
approximately midway between Toronto and Montreal. At the turn of the 21st century, a
“creative economy” model took over from a resource and farming based economy. A formal
cultural planning process took place in 2005, resulting in a municipal cultural plan. Creative
industries are a major part of population retention and attraction (see buildanewlife.ca). A key
strategy in PEC economic development is promoting The County as an “artistic haven” which
will help to attract other “creatives” and will in turn generate economic growth.
Main Players
P.E.L.A. Institute for Rural Development
PEC Economic Development Office
Key Results
PEC is the focus of a series of “creative class” studies tracking the efforts of the county to use
the “creative rural economy” strategy for revitalization.
Measured results from the Cultural Plan include: $45 million in wine industry investment
over seven years; 12 new wineries – 750 acres of grapes (from zero eight years ago); $18
million per annum in wine sales (from zero eight years ago); $50-$85 million in projected
wine sales five to seven years out – potentially doubling the agricultural GDP; building
permits up 300% over seven years; $150 million in incremental investment; a booming
construction industry; tourism visits from 1999 to 2004 up 74% (225,000 to 500,000); a
168% increase in tourism spending, from $25 million spent in 1999, to $65 million in 2004,
and expected to reach $100 million by 2009; property assessment up $750 million; $20-30
million investment in downtown revitalization in Picton (population 3,000) over the last few
years with major condominium, commercial, and retail developments, a new boutique hotel
with culinary and Jazz Bar, new housing, and waterfront development; from a declining
population (1996 – 2001 census) to a 2% rise (2001 – 2006); and currently over a half billion
dollars in qualified investment leads (Baeker, 2008, p. 11).
A major study undertaken in 2008 for the Prince Edward/Lennox and Addington Community
Future Development Corporation, Growing the Creative Rural Economy in Prince Edward
County, addressed issues of human capitol, innovation, and tourism in the context of the
region’s large growth in these areas. The study includes many recommendations for further
development focusing on ecological and community-based sustainability.
An earlier study published in 2005 by Brain Hracs addresses many similar trends. Culture in
the Countryside: A Study of Economic Development and Social Change in Prince Edward
County, Ontario addresses culture-based community economic development, the issues
evident in Prince Edward County’s development, and the model’s potential for use as a case
study by other communities.
54
Duxbury et Campbell
Lessons Learned
Picton’s Regent theatre – a 1919 heritage theatre with 1,100 seats – faced a major crisis in
2004. Toronto’s Passe Murraille theatre company was putting on their second summer season
and sales did not go well. Accordingly, the summer session was cancelled, and the theatre
was forced to lay off its permanent staff. This “crisis” became a focal point for a community
that depended on the economic spin-offs of the theatre, such as dinners out and pre-show
shopping, but did not themselves buy tickets. This led to substantial community discussion
about the role of the theatre, the role of programming, and the theatre’s responsiveness to its
local audience. The crisis also revealed that theatre also had not received much municipal
support compared to other infrastructure projects, and faced huge operating costs. The
community rallied for fundraisers and vocally voiced their support of the theatre, but stressed
the need to provide programming not simply aimed at tourists, but at the local population.
Grand Argenteuil Quebec
Regional population 30,000
Résumé
La Route des Arts du grand Argenteuil est un projet géré par les artistes avec très peu de
soutien externe. En 2003, le projet a même été presque autofinancé. Sur une période de quatre
ans, ce groupe d’artistes est parvenu à plus que doubler le nombre d’ateliers ouverts au
public, tripler le nombre des visites des ateliers et à englober la totalité de la région
d’Argenteuil et de ses environs (distance du trajet augmenté de 250 km à presque 500 km).
Selon les organisateurs, c’est particulièrement impressionnant puisque la région n’est pas
reconnue particulièrement pour son offre culturelle. Nul doute que les citoyens sont de plus
en plus attirés par la Route des Arts puisque la fréquentation des ateliers ne cesse
d’augmenter. De plus, les citoyens apprécient le concours organisé par la Route des Arts. Les
visiteurs sont invités à remplir un coupon de tirage dans chacun des ateliers. Les prix sont
offerts par les marchands de la région. Par exemple, en 2003, une fin de semaine de deux
jours pour six personnes dans un chalet au Domaine de la Nouvelle France à Wentworth Nord
a été offerte.
La Route des Arts a permis une concertation entre les artistes, les municipalités et les
institutions régionales. Ces dernières soutiennent la Route des arts par leurs connaissances
professionnelles et leurs propres réseaux. Les organisateurs de la Route des Arts ont établi de
bons contacts avec les musées locaux, l’Association touristique des Laurentides, la MRC
Argenteuil, le CLD de la MRC Argenteuil, le CRD des Laurentides et le Conseil de la culture
des Laurentides, ainsi qu’avec les municipalités de la région. La promotion d’Argenteuil
comme destination touristique à caractère culturel s’inscrit à 100 % dans la démarche de
promotion économique de la région. Les organisateurs ont constaté que le retour de la Route
des arts comme activité annuelle a eu un impact important sur l’industrie touristique locale,
soit sur les visiteurs ponctuels ou les vacanciers. Selon les artistes responsables de la Routes
des Arts, ceux-ci contribuent au développement du tourisme régional, pas seulement dans une
seule ville mais à travers une grande région, celle d’Argenteuil et de ses environs. En dépit
des conditions défavorables, et de la concurrence féroce par rapport à d’autres projets
populaires qui ont lieu pendant la même période, la Route des Arts a considérablement
contribué au développement touristique de la région, d’autant plus que l’achalandage
augmente d’année en année.
Canada
55
Résultats
Pour le milieu artistique, la Route des Arts est un succès stimulant. La fréquence des visites
dans les ateliers a augmenté. La circulation des visiteurs dans tous les studios s’est élargie.
La visibilité de l’événement dans les médias a été améliorée de beaucoup grâce aux journaux
locaux.
Plus d’information
http://www.artsville.org/index.php?page=repertoire_dactions_culturelles_en_milieu_rural_fr&lang=fr
Amqui, Quebec
Population 5,000
Souper-gala Artquimédia – Résumé
Artquimédia est d’abord un concours ouvert à tous les artistes du territoire de la MRC La
Matapédia dans les catégories arts visuels, arts littéraires et arts d’interprétation et ce, pour les
artistes en formation, les artistes amateurs, les artistes professionnels et les groupes d’artistes.
Ce concours se termine par la remise des prix à l’occasion du souper-gala annuel. Au cours de
cette soirée, tous les artistes inscrits sont presents et font partie intégrante de la
programmation de la soirée. Les artistes en arts visuels participent à l’exposition alors que les
artistes en arts d’interprétation et en littérature font partie du spectacle. Cette activité se veut
également une levée de fonds pour la Fondation Artquimédia vouée à la promotion et à
l’éducation artistiques sur l’ensemble du territoire de la MRC La Matapédia. Le concours se
tient du mois d’août au mois d’octobre et la soirée a lieu en novembre.
Le facteur déterminant qui a donné naissance au projet Artquimédia est l’éloignement de la
région par rapport aux grands centres urbains et le peu de ressources disponibles pour
favoriser le développement des arts et le soutien aux artistes. En région, il est plus difficile
d’avoir accès à des musées, centres d’art, écoles de formation en musique, en danse, en
théâtre, etc. Toutefois, dans la région de La Matapédia comme partout ailleurs, il y a de
nombreuses personnes talentueuses qui ont besoin d’être encouragées à poursuivre leur
démarche artistique.
Financier par entreprises privées et commerces, Ville d’Amqui, ministère de la Culture et des
Communications, député, centre local de développement (CLD).
Résultats
Pour les artistes, les retombées sont nombreuses. D’abord, ils se font connaître participation
au souper-gala Artquimédia, ils sont souvent invités à participer spectacles et d’autres
activités culturelles. L’encouragement d’Artquimédia poursuivre leur démarche artistique et
incite les jeunes à s’inscrire à des cours spécialisées dans le domaine des arts. Certains artistes
ont même été découverts l’occasion d’un souper-gala (par exemple : Geneviève Charest,
Alexandre Valade, Par ailleurs, le souper-gala Artquimédia permet à l’ensemble de la
population d’assister qualité. Chaque année, l’événement fait salle comble (450 personnes) et,
selon les présenté dans une salle plus grande, le souper-gala réunirait une assistance plus
personne seulement, on propose, lors de cette soirée, une exposition des artistes inscrits
visuels, un souper gastronomique de cinq services, un spectacle des artistes inscrits et en
littérature ainsi que la remise des bourses et des agates aux récipiendaires. Il s’agit également
56
Duxbury et Campbell
d’une belle visibilité pour la municipalité. Amqui a la reputation règne une vie culturelle très
intéressante, une ville vivante où il fait bon vivre.
Plus d’information
http://www.artsville.org/index.php?page=repertoire_dactions_culturelles_en_milieu_rural_fr&lang=fr
Bouctouche, New Brunswick
Population 2,380
Overview
Located on a small island in the town of Bouctouche, New Brunswick, Le Pays de la
Sagouine is a reproduction mid-century Acadian village inspired by the town’s famous
novelist, Antonine Maillet, and her most celebrated character, La Sagouine. The village
features summer programs of theatre, music, comedy, and dance, allowing visitors to discover
not only the tales of the Acadian heroine, La Sagouine, but also the unique Acadian culture of
the region.
Maillet, who was awarded the prestigious Prix Goncourt in 1979, was approached in the
1980s for permission to create a tourist attraction based on her book. Federal, provincial, and
municipal negotiation was needed but finally the site was selected and Le Pays de la Sagouine
opened in 1992. The site accommodates eight to ten professional actors, as well as several
house bands and a popular dinner theatre featuring authentic Acadian cuisine.
Originally, there was local skepticism about the project. The character of La Sagouine is
portrayed as poor and uneducated, which locals thought would reflect badly on their culture.
The development of a cultural facility in an isolated community was questioned, as was the
need for another restaurant in the area, which was seen as competition by existing businesses.
Main Players
Le Pays de la Sagouine was a municipally driven project, developed originally as a tourism
initiative. Prior to its development, explains Executive Director Paul LeBlanc, the cultural
scene in Bouctouche was virtually non-existent, and the town’s most popular attraction was
the local bingo hall. Since its inception, however, the site has not only given an identity to the
community, but has also provided a source of entertainment for local residents. It was in part
because of local needs – local residents wanted to see new additions to the program – that the
facility began to include several more actors.
Key Results
According to LeBlanc, the site has developed into much more than just a tourist attraction:
“Now we are as much a community attraction, with locals buying season passes and coming
to the site dozens of times per season. And let’s not forget that the facility has become a very
important economic engine in the region.” The development of Le Pays de la Sagouine has
had a profound impact on the community of Bouctouche and the province of New Brunswick.
A recent economic impact study found that, as one of the most prominent tourist attractions in
the province, the site has contributed significantly to the economic growth of the entire
region. “Everything in the town has come to revolve around La Sagouine,” says LeBlanc.
Before Le Pays de la Sagouine was built, there were perhaps a handful of bed and breakfasts
Canada
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in the entire town, but now there are dozens. Other significant tourist attractions have also
opened in the region. Business owners, who were initially concerned over the construction of
a competing business area, now credit the site for their increased success.
More information
http://www.sagouine.com/
http://www.cultureandcommunities.ca/resources/cultural-facility-profiles/cultural-spacescommunity-impacts/le-pays-de-la-sagouine.html
Cape Breton, Nova Scotia
Island population 147,454
Overview
The Celtic Colours International Festival is a major event for communities in Cape Breton,
set apart from other festivals as it incorporates locations across the island. Communities
around Cape Breton Island host concerts and workshops at a time when the fall leaves are at
their most brilliant and travelling around the island offers stunning views. The 200-year-old
heritage of the communities provides context for a celebration of living Celtic culture.
In many of these communities, the local fire hall, parish hall, or community centre has hosted
musical events for generations, in some cases literally moving the fire trucks out of the hall to
accommodate a dance. Venues for Celtic Colours are all prominent community gathering
places, and vary from an 18th century reconstructed French Chapel to brand new performance
facilities to community halls.
A major area of growth for the Festival in 2008 was in education programming and
community events with more than 265 events being offered in addition to the 47 concerts.
Educational programming ranged from workshops and lectures to square dances and
community suppers, reflecting many aspects of the local culture. Festival organizers worked
with over 70 non-profit community groups. More than 10,000 people, both locals and visitors,
attended these events.
Main Players
The Festival is supported by local business sponsorships, municipal, provincial, national, and
international government agencies, and media and businesses partnerships. It is run by a
board of directors.
Key Results
The 12th annual festival (2008) created a great season for local businesses, generating an
economic impact of $4.5 million. In spite of a decline in tourism across the country, the
festival sold 18,600 tickets, which is comparable to sales over the past few years. “Last year
was a banner year and we almost reached 20,000 tickets, but 18-19,000 is our normal range
so we’re delighted to be holding our own when so many events are experiencing major
declines,” said Dr. Jacquelyn Scott, Chair of the Board of Directors. The audience was 50%
local, 50% visitors, which indicates a long-term vitality for the festival.
More Information
http://www.celtic-colours.com/index.php
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Duxbury et Campbell
Canning, Nova Scotia
Population 859
Overview
The Ross Creek Centre for the Arts is a unique institution in Canada, bringing together the
best in arts education for youth with community and professional artist programs. The Centre
is a research and development centre for the arts of all disciplines and cultures and is proud to
help facilitate the development of new art from around the world in wonderful facilities on a
picturesque farm in rural Nova Scotia.
On 186 acres of farm and forest overlooking the Bay of Fundy, the Centre offers programs
and facilities for artists and students of the visual arts (painting, sculpture, ceramics, textiles,
multi-media, and new media), performing arts (music, dance, theatre, opera), literary arts
(fiction, non-fiction, poetry, journalism), architecture, film (fiction, journalism, documentary,
animation), and fine craft (jewellery, fabric, pottery, etc.). Classes for children through adults
are offered, at varying levels of experience. A program for aboriginal art, mainly Mi’kmaq,
includes community and youth programs. Ross Creek also has two performances spaces,
two galleries, three visual arts studios, and an outdoor stage, and offers professional artist
residencies at the Centre’s multi-disciplinary artist colony.
The founders of the Centre wanted to create the opportunity for Nova Scotia artists to return
or remain at home rather than leave for Montreal or Toronto to pursue their careers – as the
founders originally had to do. Modelled on the Banff Centre for the Arts, the provision of a
dedicated creation and residency space was needed in the area. “In the same way a scientist
needs appropriate facilities in which to do their research, I would say that artists need that as
well,” said co-founder Chris O’Neill.
Main players
Founders Chris O’Neill and Ken Schwartz
More Information
http://www.artscentre.ca/
Town of Bear River, Nova Scotia
Overview
Many Bear River residents are visiting artists who put down roots, resulting in a thriving
community of artists. Natural beauty, together with a peaceful setting, contributes to the
inspiration of the talented craftspeople who make up this village.
Heritage and artisan and sustainability initiatives characterize the town. Known as the
“village on stilts,” Bear River boasts a unique business district – the historic buildings
huddled in the downtown area have been constructed upon wooden stilts, suspending them
over parceled portions of the river’s edge. The shopping district is characterized by artisan
and craft shops.
Canada
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Development initiatives include eco-friendly development such as the existing solar aquatics
treatment plant, as well as a vineyard project. The preservation of wooden vessels is an
important part of the area heritage.
Approximately one mile from the heart of the village can be found the Bear River First
Nations Community Heritage and Cultural Centre, an interpretive centre depicting the native
Mi’kmaw culture.
More information
http://www.bearriver.ca/
Brief community initiative summaries
Elora, Ontario
Population 3,800
Elora is known as a historic village and artisan centre, with a strong tourism base. The Elora
Festival is widely known. The town has been called a “heritage shopping village” with such
a successful focus on heritage and artisan shopping centres that it tended to destroy the
authentic in favour of the tourist-friendly version of an artist’s community (Mitchell &
Coghill, 2000). Elora’s strengths lie in the conversion of major historical buildings into
modern tourist amenities, without sacrificing their historical qualities, as well as the
promotion of its arts, music, and literary festivals.
Eastend, Saskatchewan
Population 570
Since the discovery of “Scotty,” Canada’s most complete T.rex, thousands of tourists have
flocked to the Valley of Hidden Secrets to view the rare collection of ancient artifacts.
Eastend also features the site of Crazy Horses’ 1876 encampment, a historical N.W.M.P. post,
Chocolate Peak, historical Chimney Coulee, and the scenic viewpoint of Jones Peak. AGES
(Artisans Guild of Eastend and surrounding area) showcases artists in the southwest corner of
Saskatchewan, gives experience to starting artists, builds a collective arts community, holds
workshops, and features artists monthly.
Claybank, Saskatchewan
The Claybank Brick Plant is a national and provincial historic site. The plant operated from
1914 to 1989 and was known for producing firebricks from the rare refractory clay deposits
nearby. It also produced fine quality face bricks for several significant buildings including the
Bessborough Hotel in Saskatoon and the Château Frontenac in Quebec City. The large
complex features over 20 structures, including a visitor centre and gift shop in the former
bunkhouse. Co-operatively owned and managed by the Saskatchewan Heritage Foundation
and the Claybank Brick Plant Historical Society, the complex is open to the public annually
from mid-May to Labour Day and is a significant tourist draw.
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Duxbury et Campbell
Kensington, Prince Edward Island
Population 1,485
The annual Indian River Festival is a major tourist attraction for this area. In the 1970s and
1980s, the St. Mary’s Church, now home to the Indian River Festival, was in need of major
renovations. At that time, suggestions were made to tear down the church as the parish alone
could not afford the needed work. With the launch of the “Save St. Mary’s” campaign in
1987, area churches, businesses, individuals, families, and other groups raised enough
funding to complete the necessary renovations within 3 years. One of the campaign initiatives
was the Sundays in the Summer concert series, which has proved to be extremely popular and
a successful source of revenue. Originally run by a group of volunteers, in order to expand the
festival the Indian River Festival Association Inc. was formed in 1996 as a not-for-profit
organization. The Association’s mandate is to present fine music appropriate to the Church,
and to aid in the continuing upkeep and restoration of St. Mary’s. The festival is sponsored by
the PEI-NB Confederation Bridge.
Norris Point, Woody Point, and Rocky Harbour, Newfoundland
All three of these communities are located near Gros Morne National Park and the
Tablelands, a UNESCO World Heritage Site, and use the natural and heritage features of the
area to their advantage in tourism efforts. Gros Morne was established in 1972, giving these
former fishing towns a new major industry – tourism. Festivals and tourist attractions have
been developed since that time. Norris Point boasts the Trails, Tales and Tunes Festival,
while Woody Point hosted “Writers at Woody Point” in 2006, an event that was sold out and
featured major Atlantic authors such as Ann-Mare Macdonald and Wayne Johnson.
Historically, Woody Point was the main commercial hub of the region, surrounded by fishing
and logging settlements. Rocky Harbour is located in the heart of Gros Morne and is the
largest community in the park. Tourism is now the major focus of the community’s economy,
which was historically based in fishing and forestry, like the others in the area.
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Répertoire d’actions culturelles en milieu rural,
dressée par Les Arts et la Ville
This collection contains 74 profiles of cultural projects and initiatives in rural areas:
Intitulé de l’action culturelle
Municipalité
Maison de nos aïeux et Maison Drouin
Sainte-Famille
Animation Baie-Saint-Paul
Baie-Saint-Paul
Les Antichambres du livre
Baie-Comeau et ses environs
Centre d’archives régional de Portneuf
MRC de Portneuf
Route des Arts du grand Argenteuil
MRC Argenteuil
Artistes en fête
Sainte-Flavie
Souper-gala Artquimédia
Amqui
Semaine des arts du cirque
Îles-de-la-Madeleine
Automne en chansons et les Trésors de la
terre
Saint-Eugène-de-Grantham
Balades culturelles
MRC Beauharnois-Salaberry
De la bibliothèque à la maison de la culture
Esprit-Saint et Saint-Marcellin
Journées traditionnelles festival Blues Grass
New Richmond
Les Casseux d’veillées
Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac
Centre d’interprétation de la Côte-deBeaupré
Château-Richer
Circuit des arts Memphrémagog
MRC Memphrémagog
Circuits photo-découverte
MRC de Coaticook
Circuit patrimonial et fresque historique
Saint-Donat
Bibliothèque Françoise-Maurice
Coaticook
La créativité en héritage
MRC L’Île-d’Orléans
Symposium des arts de la rue de Danville
Danville
Découvertes de la chanson de Magog
Magog
École de musique du Témiscouata
Témiscouata
Symposium Une époque en art
Saint-Basile-le-Grand
Mouvement ESSARTS
Saint-Pie-de-Guire
Espace Félix-Leclerc
Saint-Pierre de l’île d’Orléans
Festival de théâtre amateur d’Esprit-Saint
Esprit-Saint
Festi Rock de Richmond
Richmond
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Duxbury et Campbell
Intitulé de l’action culturelle
Municipalité
Fête de la forêt, un modèle à suivre
Saint-Eugène-de-Ladrière
Gaspésie : Terre et mer d’accueil et de
culture
MRC Bonaventure, MRC La HauteGaspésie, MRC Avignon, MRC Le RocherPercé, MRC La Côte-de-Gaspé
La Grange à Dîme
Sainte-Flavie
Le Printemps des Artistes
MRC du Granit
Festival international Contes en Îles
Îles-de-la-Madeleine
Inventaire du patrimoine de la Côte-deBeaupré
MRC La Côte-de-Beaupré
Symposium Les ISLOMANES
Îles-de-la-Madeleine
Festival des Jardins sur la Baie
New Richmond
Jardins d’écriture au pays de Maria
Chapdelaine
Péribonka
Centre régional d’animation du patrimoine
oral de Lanaudière
Saint-Jean-de-Matha
Biennale internationale du lin de Portneuf
MRC de Portneuf
Société d’histoire et de généalogie de
Louiseville
Louiseville
Festival des artisans de Sainte-Marcelline
Sainte-Marcelline
Seigneurie Mauvide-Genest
Saint-Jean de l’Île d’Orléans
Mégashow en plein air
Sainte-Sabine
Concours Le Mérite architectural
Îles-de-la-Madeleine
Les productions Cour des miracles
Lachute
Moulin du Portage
Lotbinière
Les Murmures de la Ville
Mont-Joli
Les Muses, le printemps culturel à BaieSaint-Paul
Baie-Saint-Paul
Nos maisons, une histoire de vie
MRC Rimouski-Neigette
Festival Orford
Orford
Parc maritime de Saint-Laurent
Saint-Laurent de l’Île d’Orléans
Moulin du Petit-Pré
Château-Richer
Café-spectacle La Pierre Angulaire
Saint-Élie
Festival Saint-Zénon-de-Piopolis
Piopolis
Les Pique-niques chantants
New Richmond
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Intitulé de l’action culturelle
Municipalité
Centre d’interprétation du patrimoine de
Plaisance
Plaisance
Politique culturelle de la MRC de NicoletYamaska
MRC Nicolet-Yamaska
Tournée des ateliers d’artistes du Pontiac
MRC du Pontiac
Programme de restauration patrimoniale
Saint-Joseph de Beauce
Route de la Nouvelle-France
MRC La Côte-de-Beaupré
Ruralys, Centre d’expertise et d’animation en
patrimoine rural
La Pocatière
Chanson en fête de Saint-Ambroise
Saint-Ambroise
Centre culturel du Vieux Presbytère de
Sainte-Flavie
Sainte-Flavie
Salon des artisans
Saint-Basile-le-Grand
Service d’aide-conseil en rénovation
patrimoniale (SARP)
Saguenay – Lac-Saint-Jean
Salle de spectacle de Sept-Îles
Sept-Îles
Symposium de peinture de Saint-Germain de
Kamouraska
Saint-Germain de Kamouraska.
Symposium de peinture itinérant
MRC La Matapédia
Table sectorielle culture de la MRC de
Nicolet-Yamaska
MRC Nicolet-Yamaska
Festival de chanson et d’humour Le Tremplin
Dégelis
Maison Vézina
Boischatel
Village gaspésien de l’héritage britannique
New Richmond
Cap-à-l’Aigle, Village des Lilas et les Jardins
du cap à l’Aigle
La Malbaie
Concours Jeunes cinéastes
MRC Beauharnois-Salaberry
Comité consultatif d’urbanisme de
Kamouraska
Kamouraska
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Duxbury et Campbell
Nancy Duxbury, PhD
Nancy Duxbury is an Adjunct Professor in the School of Communication at Simon Fraser
University, Vancouver. From September 2005 to Fall 2008 she was the Executive Director of
the Centre of Expertise on Culture and Communities, a major research and networking
initiative on cultural infrastructure in Canadian cities and communities. Prior to that, she was
Director of Research of the Creative City Network of Canada and Cultural Planning Analyst
at the City of Vancouver’s Office of Cultural Affairs. She is a former member of Metro
Vancouver’s Regional Culture Committee, the Advisory Council of the Canadian Cultural
Observatory, and Statistics Canada’s National Advisory Committee on Culture Statistics.
She holds a doctorate in Communication from Simon Fraser University. Her research has
examined Canadian cultural policy, municipal involvement in cultural development, cultural
infrastructure, cultural indicators, and Canadian book publishing.
Heather Campbell
Heather Campbell grew up in New Brunswick, and lived and worked in Montreal and
Toronto before moving to Vancouver in September 2008. With a background in freelance
writing and public relations, she became immersed in the arts world as the Director of
Marketing, Development and Arts Education for the Canadian Children’s Dance Theatre in
Toronto. She is very happy to continue her work in the cultural community as the
administrator of the Dancer Transition Resource Centre – BC office, while attending Simon
Fraser University in a post-degree program in communications, and working as researcher
with the Centre for Policy Studies on Culture and Communities. Heather has a strong interest
in Canadian cultural policy and its effect on creativity, communication, and communities.
Canada
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