Chapitre 7: commerce international, croissance et développement

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Chapitre 7: commerce international, croissance et développement
Chapitre 8 : Commerce international, croissance et développement
Introduction :
Le commerce international a augmenté plus vite que le PIB :
Entre 1950 et 2005, le PIB mondial a été multiplié par 6. Sur la même période, entre 1950 et
2005, le commerce international a été multiplié par 18. On peut constater que le commerce
international depuis 1945 a augmenté 3 fois plus vite que la richesse mondiale.
Ce qui nous permet de conclure que l'on assiste à une ouverture constante des économies et
qu'il est probable que le commerce mondial a contribué au renforcement de la croissance
mondiale. Cela signifie également qu’une partie de la production nationale est destinée aux
exportations.
Une ouverture croissante des économies :
L'ouverture d'un pays et sa participation aux échanges internationaux se mesure
traditionnellement par le taux d'ouverture ((X + M) / 2)/PIB×100
Taux de couverture : il exprime le rapport entre le volume des exportations et le volume des
importations (X/M) x 100.
Taux d’exportation : il exprime le rapport entre le volume des exportations et le volume du
PIB sur une année (X/PIB x 100).
L’évolution de la structure du commerce mondial par produit :
- Une croissance généralisée des échanges de biens manufacturés.
- Une croissance plus lente des échanges pour les produits bruts ou agricoles.
- L'explosion des échanges de services. Les échanges de services s'expliquent par les
développements des NTIC et de la tertiarisation de l'économie, par la libre circulation des
hommes et des capitaux, par le tourisme.
- L’explosion des échanges de capitaux ; cela s'explique par la déréglementation, le
développement des multinationales, les nouvelles technologies qui ont conduit à une
explosion des IDE.
La Tripolarisation des échanges :
Le terme « Triade » (ou tripolarisation) désigne l’ensemble des trois pôles qui dominent le
commerce international : l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, et le Japon Asie. Ils
réalisent entre eux environ 80 % du commerce mondial (70 % de la production mondiale, 90
% des opérations financières et 80 % des nouvelles connaissances scientifiques).
Part des différentes régions dans les exportations mondiales de marchandises en 2005 (%) :
Union
ÀLENA
ÀSEAN
MERCOSUR
européenne
43
14.6
27.4
3.5
Source : OMC.
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Union européenne: Europe des quinze ; ALENA: États-Unis, Canada, Mexique ;
MERCOSUR : Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay.
La régionalisation des échanges et l’explosion des échanges intrafirmes :
42 % des échanges internationaux de l’Union européenne sont constitués des échanges
intrafirmes européennes.
Sur 100 exportations européennes, 61 sont des exportations intrarégionales.
Problématiques :
Le libre-échange est-il favorable à la croissance économique ?
Le protectionnisme est-il favorable à la croissance économique ?
Vous vous interrogerez sur la pertinence et l'efficacité d'un éventuel recours au
protectionnisme par les PDEM pour faire face à leurs difficultés économiques et sociales
actuelles.
Vous montrerez que les pays en développement peuvent retirer des avantages de leur insertion
dans le commerce international, puis vous mettrez en évidence les conditions nécessaires à
cette réussite.
Le libre-échange est-il favorable au développement des PED ?
Quel rôle jouent les firmes transnationales dans la division internationale du travail ?
Après avoir présenté les principales raisons des investissements directs à l'étranger, vous
analyserez leurs effets ?
Quels sont les effets positifs et négatifs de la DIT sur les PED et les PDEM ?
I) Commerce international et croissance :
A) Avantages absolus, comparatifs...
Angleterre
Portugal
Une unité de vin (100b) Une unité de drap (50m)
120h de T
100h de T
80h de T
90h de T
1) La loi des avantages absolus de Smith :
Les mercantilistes considèrent que le commerce international est un jeu à somme nulle : ce
qu'une nation gagne, une autre le perd. Smith défend une doctrine anti-mercantiliste.
Selon Smith, le libre-échange est facteur d'enrichissement pour les nations puisqu’il favorise
l’allocation optimale des ressources. Chaque pays doit se spécialiser dans la production pour
laquelle il dispose d’un avantage absolu c'est-à-dire un coût unitaire plus bas que les autres
pays en raison d'une productivité du travail plus élevée.
Selon A. Smith, un pays doit se spécialiser dans la production des biens pour lesquels il
dispose d'un avantage en termes de coûts sur les autres pays (avantage absolu). Dans le cas
présent, le Portugal détient un avantage absolu pour les deux productions (le vin et le blé) car
il a besoin de moins de travail que l'Angleterre (80h contre 120 pour le vin et 90h contre 100h
pour le drap) pour produire une unité de vin ou de drap (la productivité du travail au Portugal
est supérieure à celle de l'Angleterre).
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Par conséquent, pour A. Smith, le Portugal a intérêt à se spécialiser dans les deux productions
et l'Angleterre a intérêt à importer ces deux produits en provenance du Portugal.
Il résulte que l'échange entre deux pays est impossible si l’un dispose d’un avantage absolu
sur l'ensemble des produits susceptibles de s’échanger.
Les avantages de la spécialisation selon Smith :
- Le pays spécialisé va bénéficier d’un avantage absolu c'est-à-dire qu'il va produire à un coût
plus faible que les autres pays en raison d’une productivité du travail plus élevée. Il va donc
pouvoir baisser ses prix. La diminution des prix accroît le pouvoir d'achat des ménages, les
demandes intérieure et extérieure vont augmenter, les entreprises vont anticiper une demande
plus forte, elles vont investir et embaucher pour satisfaire cette demande supplémentaire afin
d'augmenter la production ce qui est synonyme de croissance.
Spécialisation => augmentation de la productivité => augmentation de la production et
diminution des coûts => amélioration de la compétitivité prix =>  prix =>  pouvoir d’achat
=>  D int et ext …
- Les autres pays ont intérêt à acquérir ce bien car le coût est plus faible, ce qui lui permettra
d'augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs. Ils pourront consacrer une partie de leur
pouvoir d'achat pour l'acquisition d'autres biens.
- La taille du marché est un déterminant essentiel de la compétitivité prix des entreprises. Plus
le marché est vaste, plus l'entreprise pourra augmenter sa production tout en utilisant une
même quantité ou une quantité inférieure de facteurs de production. Elle pourra ainsi réaliser
des économies d'échelle c'est-à-dire qu’au fur et à mesure que la production augmente, le coût
unitaire de production diminue, elle verra sa compétitivité prix s'améliorer et elle pourra alors
baisser ses prix.
2) La loi des avantages comparatifs ou relatifs de Ricardo :
a) Mise en évidence :
Il faut donc, selon A. Smith, pour participer à l’échange international, disposer d’un avantage
absolu, ce qui n’est pas le cas de tous les pays.
Pour Ricardo, le pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle son avantage
relatif est le plus grand comparativement à la production d’un autre pays et où son
désavantage relatif est le plus faible.
Ricardo résout la difficulté en montrant que l'échange est à la fois possible et bénéfique pour
les deux pays. Pour cela, il suffit que chaque pays se spécialise conformément à leurs
avantages comparatifs ou relatifs. Selon Ricardo, il faut que chaque pays se spécialise dans la
production du bien pour lequel il dispose du plus grand avantage absolu (production pour
laquelle ses coûts de production sont les plus faibles) ou dans la production du bien pour
lequel il dispose du moins grand désavantage absolu (= avantage relatif : production pour
laquelle l’écart en matière de coûts de production avec les autres pays est le plus faible).
Ainsi, le Portugal se spécialisera dans la production de vin car c'est pour cette production qu’il
dispose d'un plus grand avantage absolu et il importera du drap en provenance d'Angleterre,
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qui elle, de manière logique, se spécialisera dans la production de drap car c'est pour cette
production qu'elle dispose du moins grand désavantage absolu et elle importera du vin en
provenance du Portugal.
La spécialisation dans la fabrication d'un bien permet aux pays d'accroître la productivité du
travail, donc de diminuer les coûts et de baisser les prix.
b) Les explications : le théorème Hecksher, Ohlin, Samuelson (HOS)
D'après le théorème d’HOS, les avantages comparatifs reposent sur la différence de dotation
des facteurs de production. Un pays a des avantages comparatifs dans les activités utilisant
intensément le facteur dont il est le plus abondamment doté. Sur ces bases, le libre-échange
permet l'allocation optimale des facteurs de production.
Pour eux, c'est la dotation de facteur de production (capital, terre et travail) qui est source
d'avantages comparatifs.
Les pays doivent importer des produits contenant des facteurs relativement rares chez eux et,
exporter des produits contenant des facteurs qu’ils possèdent en relative abondance.
Exemple : les NPIA regorgent de main-d’œuvre et doivent se spécialiser dans les activités qui
font appel au facteur travail.
Étant donné que les PDEM sont riches en capital, ils vont se spécialiser dans les productions à
forte valeur ajoutée, le Nord est incité à produire des biens à haut contenu technologique et à
les exporter dans le Sud qui fabrique des biens basiques à faible valeur ajoutée et à faible
contenu technologique exportés ensuite dans le Nord.
Les secteurs du textile, des composants électroniques, des jouets, des meubles sont des
exemples évidents de production assurée par les PED.
Les États-Unis doivent se spécialiser dans les activités faisant appel au facteur capital.
Cependant, pour Léontieff (années 50) la situation des États-Unis est paradoxale : ils sont plus
riches en capital qu'en travail et pourtant, ils exportent des produits qui utilisent plus de
facteur travail que de facteur capital. C'est une limite au théorème d’HOS. Il résout ce
paradoxe en disant que le facteur travail n'est pas le même aux États-Unis qu'à l'étranger, en
effet, la productivité d’un travailleur américain est supérieure à celle d’un travailleur étranger.
B) Libre-échange et croissance :
Remarque préliminaire : le libre-échange est une doctrine économique prônant la liberté de
circulation de tous les biens, services et capitaux entre les pays.
Le 30 octobre 1947 a été signé à Genève l’accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce (Général Agreement On Tariffs and Trade). L’objectif du traité est de supprimer
progressivement tous les obstacles aux échanges entre les nations. Ses principes :
- La non-discrimination : l’avantage accordé à l’un des membres par un adhérent du GATT
doit être étendu à tous les autres.
- L’interdiction du dumping.
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- L'abolition des restrictions quantitatives : il s'agit de réduire les quotas et les
contingentements. Il existe trois exceptions à ce principe :
1- quand elles sont justifiées par un déficit grave de la balance des paiements ;
2- quand elles sont prises à titre de mesure d'urgence pour faire face à une brusque
augmentation des importations qui menacerait les producteurs nationaux ;
3- quand elles sont nécessaires à l'application des politiques agricoles pour maîtriser la
production et résorber les excédents.
Conçue en 1995, l’OMC englobe le commerce des biens, des services et les droits de la
propriété intellectuelle alors que le GATT ne s'appliquait qu’au commerce de marchandises.
L’OMC permet le règlement des différends entre les pays membres. Elle peut conduire une
nation a modifié sa législation nationale lorsqu'elle s'oppose aux règles communes.
Il apparaît facilement que plus les droits de douane baissent, en passant de 40 % en 1947 à
environ 4 % après l'Uruguay round en 1994, plus les échanges internationaux s'accroissent :
l'indice des échanges internationaux a été multiplié par 17 en 40 ans.
1) Le libre-échange est favorable à la croissance économique :
a) Les avantages absolus et comparatifs sont source de productivité :
Le pays d'après les lois des avantages absolus et comparatifs de Smith et Ricardo a intérêt à se
spécialiser dans la production pour laquelle il dispose d'un coût unitaire de production plus
faible en raison d'une productivité du travail plus élevée ou d'un avantage plus important.
Cette spécialisation doit lui permettre d'accroître la productivité du travail et de diminuer les
coûts de production.
b) Le libre-échange est favorable à l'amélioration du pouvoir
d'achat et du niveau de vie des ménages :
Étant donné que le pays spécialisé produit des biens à un coût unitaire plus faible par rapport à
un autre pays, ce dernier peut diminuer ses prix. Les ménages de ce pays ont recours aux
importations moins chères.
Spécialisation =>  production et  coûts de production =>  compétitivité/prix =>
importation de B et S moins chers =>  pouvoir d’achat
c) Les importations de biens d'équipement moins chères :
Les importations de biens de production par les entreprises permettent de se les procurer de
l'étranger lorsqu’ils y sont moins chers que sur le marché domestique. Ainsi, il est possible de
produire à moindre coût et de faire des raccourcis technologiques (utiliser les technologies
importées qui sont introuvables sur le marché national en raison d'un retard technologique).
Elles permettent un accroissement de la productivité qui est facteur de croissance
économique.
Importations de biens de production moins chers =>  coûts =>  compétitivité =>  prix
d) Le libre-échange permet d'améliorer la compétitivité des
entreprises :
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Le libre-échange oblige les entreprises à affronter leurs concurrents étrangers. Elles cherchent
donc à réaliser des économies d'échelle et à diminuer les coûts de production pour échapper à
la concurrence. La concurrence contribue à faire diminuer les coûts de production, ce qui
permet aux entreprises de diminuer les prix, le prix de revient du bien est plus faible ce qui
profite aux consommateurs.
Concurrence =>  coûts de production => prix de revient plus faible =>  compétitivité/prix
des entreprises
Exemple : Les NPI disposent d'un coût salarial plus faible par rapport aux PDEM. Cet
avantage comparatif leur permet de produire un bien à un prix de revient plus faible.
e) L'augmentation de la taille du marché est favorable à la
réduction des coûts de production et à la hausse de la demande
extérieure :
Plus le marché est vaste, plus l'entreprise pourra augmenter sa production en utilisant une
quantité de facteurs de production équivalente ou plus faible. Elle pourra ainsi réaliser des
économies d'échelle c'est-à-dire diminuer les coûts de production au fur et à mesure que la
production augmente. Elle pourra alors diminuer ses prix.
Plus le marché est vaste, plus l'entreprise pourra augmenter sa production, elle va anticiper
une demande plus forte, développer l'emploi et investir pour satisfaire cette demande
supplémentaire.
f) L’accumulation de devises est nécessaire pour importer des biens
et des services :
Les PED exportent des matières premières (café, sucre...) c'est-à-dire des biens et des services
à faible valeur ajoutée incorporant peu de progrès technique vers les PDEM. En contrepartie,
ils reçoivent des devises qui vont leur permettre d'importer des biens manufacturés à plus
forte valeur ajoutée.
Les PDEM exportent vers les PED des biens et des services à forte valeur ajoutée et à fort
contenu technologique. Ces exportations leur permettent de recevoir des devises
indispensables pour les importations de biens à faible valeur ajoutée.
g) Le libre-échange favorise l'innovation :
Le libre-échange permet à de nouvelles entreprises d'entrer sur le marché ce qui accentue la
concurrence, et entretient l'esprit d'innovation non seulement entre producteurs nationaux,
mais aussi entre les divers pays entraînant une amélioration des produits.
h) Le libre-échange permet de bénéficier d’une variété accrue de
produits et d'améliorer le niveau de vie :
Importations de biens et de services non produits sur le territoire national => satisfaction des
besoins => amélioration du niveau de vie
i) Le libre-échange permet d'éviter les risques de pénurie :
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Production des entreprises nationales insuffisante => importation de biens et de services
j) Le libre-échange permet de bénéficier des transferts de
technologie et des IDE (voir plus loin) :
-
Au niveau des PED :
IDE => installation d'une filiale à l'étranger => création d'emplois =>  chômage
IDE => installation d’une filiale à l'étranger => création d'emplois indirects =>  chômage
IDE => installation d'une filiale à l’étranger => création d'emplois => distribution de salaires
=>  demande...
Transferts de technologie (acquisition de biens d'équipement, de brevets, de licence, d'usines
clés en mains) dans les PED =>  production =>  croissance économique
-
Au niveau des PDEM :
IDE => installation d'une filiale en France => création d'emplois =>  chômage
IDE => installation d’une filiale en France => création d'emplois indirects =>  chômage
IDE => installation d'une filiale à l’étranger => création d'emplois => distribution de salaires
=>  demande...
2) L'exemple des NPI (Voir II):
C) Critique du libre-échange :
Remarque préliminaire : le protectionnisme est destiné à réduire l'ampleur de la concurrence
étrangère. C'est une pratique économique qui vise à protéger l'économie nationale de la
concurrence internationale au moyen de barrières tarifaires (droits de douane) ou non
tarifaires (réglementation, quotas, normes...).
1) Les instruments du protectionnisme :
Les barrières tarifaires : les droits de douane
Les droits de douane ont pour objectif d'augmenter le prix des produits importés de manière à
maintenir la compétitivité des entreprises nationales.
 Droits de douane =>  prix des importations => préférence pour l'achat de produits
nationaux =>  demande =>  emplois et investissements =>  production => croissance
économique
Les barrières non tarifaires :
- Les restrictions quantitatives sur les importations : quotas, contingentements…
L'objectif est de limiter l'accès au marché intérieur pour les produits étrangers.
Quotas => limitation des importations => préférence pour les produits nationaux => 
demande =>  emplois et investissements =>  production => croissance économique
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Quotas => limitation des importations => limitation de la concurrence sur le marché national
- Les mesures administratives : normes de qualité, normes sanitaires, de sécurité, antipollution
L'objectif affiché est de protéger le consommateur mais ces mesures ont également une visée
protectionniste car seuls les produits nationaux satisfont les normes.
Normes => limitation des importations => préférence pour les produits nationaux => 
demande =>  emplois et investissements =>  production => croissance économique
Normes => limitation des importations => limitation de la concurrence sur le marché national
- Les subventions :
Les subventions à l'exportation : lorsque l'État subventionne les exportations, cela permet aux
producteurs nationaux de baisser le prix de revient et d'être plus compétitif par rapport à la
concurrence.
Les subventions à la production : l'objectif recherché est la baisse du prix des produits
nationaux sur le marché intérieur comme sur les marchés étrangers.
Subventions =>  prix de revient =>  demande =>  emplois et investissements => 
production => croissance économique
2) Les différentes formes du protectionnisme :
a) Le protectionnisme offensif éducateur de List :
Le principe :
Il s'agit de protéger les nouvelles industries pour leur permettre, arrivées à maturité
d'affronter la concurrence internationale.
Les conditions :
- Un pays applique une protection s'il pense avoir un avantage comparatif potentiel dans une
industrie pas encore établie du fait de la jeunesse de l'industrie et de son manque d'expérience
(pas d'économies d'échelle).
- Il doit être utilisé qu'à titre temporaire : une fois la maturité industrielle atteinte, la protection
doit être annulée et la nation doit s'ouvrir au libre-échange.
Les facteurs explicatifs :
Selon List, les entreprises et les secteurs qui sont encore dans une phase de démarrage (le
stade de l'enfance) connaissent de multiples handicaps par rapport aux entreprises étrangères
déjà installées :
-
L’insuffisance d'économies d'échelle réalisées par rapport aux firmes déjà installées
Nouvelles activités => pas d'économies d'échelle => pas de réduction des coûts => pas de
baisse des prix => perte de compétitivité
194
-
L'absence d'une main-d’œuvre locale qualifiée permettant des gains de productivité
rapides
Main-d’œuvre peu qualifiée => faible productivité => faible compétitivité de l'entreprise
-
L'absence d'un tissu industriel solide, de sous-traitants
Absence de sous-traitants => obligation d'importer les biens d'équipement =>  des coûts =>
 prix => perte de compétitivité
-
La difficulté pour reconquérir une clientèle déjà acquise aux autres producteurs
étrangers
Absence de clientèle => pas de débouchés => pas d'économies d'échelle
b) La protection des industries vieillissantes : le protectionnisme défensif
Il s’agit de se préoccuper de la question des industries entrées dans leur phase de déclin et qui
doivent affronter une concurrence nouvelle des PED. Sans ce protectionnisme, les secteurs en
déclin n'ont aucune chance d'absorber le choc violent de l'ouverture de la concurrence.
Il s'agit de protéger l'emploi intérieur contre le travail étranger moins coûteux ou moins bien
protégé socialement. Le textile, mais aussi les chantiers navals, la sidérurgie correspondent à
des industries protégées par l'État.
Le coût salarial est plus faible dans les PED que dans les PDEM :
Un coût salarial plus faible permet aux PED d'obtenir un prix de revient plus faible par
rapport aux entreprises des pays développés où le coût salarial est plus élevé. Pour compenser
ce coût salarial plus élevé, les entreprises des PDEM sont contraintes d'augmenter leurs prix,
elles ne sont donc plus compétitives.
Coût salarial > dans les PDEM par rapport aux PED =>  prix => perte compétitivité => 
demande…
La protection sociale est inexistante ou faible dans les PED : c'est le dumping social
Absence de protection sociale dans les PED => charges sociales plus faibles par rapport à
celles des PDEM =>  prix dans les PDEM => perte compétitivité =>  demande…
Faible législation du travail =>  des heures de travail dans les PED => réalisation
d'économies d'échelle =>  coûts de production =>  prix => concurrence déloyale => perte
des parts de marché par les PDEM =>  demande…
Si aucune mesure protectionniste n’est appliquée pour protéger les industries en déclin, la
seule possibilité qui leur reste pour survivre est de délocaliser leur production vers les pays à
bas salaires.
Délocalisations => destruction d'emplois =>  chômage
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c) Le protectionnisme stratégique :
La politique stratégique proposée par P. Krugman (économiste américain), consiste, sans
avoir recours aux barrières douanières, à conseiller une assistance des États pour soutenir les
producteurs nationaux, afin de les rendre plus concurrentiels sur le marché mondial (soutien
apporté par les États européens à Airbus).
Les États peuvent construire leurs avantages comparatifs par une politique de subventions aux
entreprises les plus performantes. Les États disposent donc d’un ensemble de combinaisons
pour rendre compétitifs certains secteurs industriels considérés comme stratégiques pour le
développement du pays.
3) Le protectionnisme est favorable à la croissance :
a) Il permet de sauver des emplois dans les secteurs en difficulté face à la
concurrence :
L'augmentation des droits de douane permet de sauvegarder des emplois dans les secteurs en
difficulté. En effet, l'augmentation des droits de douane renchérit le prix des produits
importés, les consommateurs optent alors pour les produits nationaux moins chers. La
demande adressée aux entreprises reste soutenue, elles investissent et créent de emplois pour
satisfaire cette demande supplémentaire afin d'augmenter leur production ce qui est synonyme
de croissance économique.
 Droits de douane =>  prix des produits importés => préférence pour les produits nationaux
=>  D …
Le protectionnisme permet d'éviter les délocalisations.
b) Le protectionnisme permet aux entreprises en difficulté de disposer de temps
pour se restructurer et éventuellement se reconvertir dans d'autres domaines :
C'est d'ailleurs ce que les Européens ont essayé de faire lorsqu'ils ont imposé au Japon un
contingentement sur les exportations d'automobiles en direction du vieux continent (5 % des
immatriculations maximum).
Ce quota a finalement permis aux entreprises automobiles européennes de se restructurer
complètement, d’améliorer leur compétitivité prix et finalement de redevenir un acteur
incontournable de ce secteur.
 Droits de douane + quotas =>  prix des produits importés => préférence pour les produits
nationaux =>  production => économie d’échelle =>  compétitivité/prix
c) Le protectionnisme permet aux entreprises naissantes de disposer de temps pour
améliorer leur compétitivité afin d'affronter la concurrence internationale :
Les entreprises naissantes n'ont pas une maturité suffisante pour affronter la concurrence
internationale (l'insuffisance d'économies d'échelle, absence de main de qualifiée, clientèle
insuffisante, voire les raisons du protectionnisme offensif appelé également éducateur de
List).
196
 Droits de douane =>  prix des produits importés => préférence pour les produits nationaux
=>  production => économie d’échelle =>  compétitivité/prix
d) L'augmentation des droits de douane permet d'améliorer l'excédent commercial :
 Droits de douane =>  prix des M =>  M et maintien des X => excédent commercial
e) L'augmentation des droits de douane permet d'augmenter les recettes publiques
qui peuvent être utilisées pour financer la reconversion des industries en déclin :
 Droits de douane =>  taxes => recettes de l’État => subventions aux entreprises en déclin
f) La possibilité de réaliser une politique de relance sans contraintes :
Dans le cadre du libre-échange, les politiques de relance profitent à l'extérieur. En effet, elles
sont inflationnistes :
 Salaires => demande => demande de biens et services > offre de biens et services => 
prix par les entreprises => inflation
Étant donné que les politiques de relance sont source d'inflation, les ménages français vont
préférer acheter des produits étrangers moins chers ; la demande adressée aux entreprises va
diminuer, elles vont anticiper une demande plus faible, elles vont réduire leurs
investissements et l'emploi afin de diminuer la production. C'est ce que l'on appelle la
contrainte extérieure.
Le protectionnisme permettrait de réduire la contrainte extérieure. En effet, en augmentant les
droits de douane, les produits nationaux même après l'augmentation des prix resteraient
compétitifs par rapport aux produits étrangers ; les ménages français continueraient d'adresser
une demande suffisante aux entreprises nationales.
Protectionnisme => élimination de la contrainte extérieure => possibilité de pratiquer une
politique de relance
4) Les effets négatifs du protectionnisme sur la croissance économique :
a) Les effets négatifs du protectionnisme sur la demande et donc sur la croissance :
-
Le protectionnisme n'est pas favorable au pouvoir d'achat des ménages :
En effet, en l'absence de droits de douane les produits nationaux sont souvent plus chers par
rapport aux produits étrangers. Les consommateurs nationaux auraient pu acquérir des biens
et des services moins chers à l'étranger.
Achat de produits nationaux au lieu d'importer des biens moins chers => perte de pouvoir
d'achat =>  demande…
-
Ce pouvoir d'achat supplémentaire aurait pu bénéficier à l'achat d'autres biens
et services :
… perte de pouvoir d'achat => pas possibilité d'acheter d'autres biens =>  demande...
197
-
Le protectionnisme est source d'inflation :
En effet, en l'absence de droits de douane, les coûts de production nationaux sont souvent plus
élevés que les coûts de production étrangers. Pour compenser les coûts de production élevés,
les entreprises sont obligées d'augmenter leurs prix, ce qui est défavorable à la demande.
Coûts de production nationaux > coûts de production étrangers =>  prix par les entreprises
-
Le protectionnisme pratiqué par un pays peut faire l'objet de mesures de
rétorsion par les autres pays :
En effet, si un pays donné pratique des droits de douane élevés pour des produits en
provenance de l'étranger, les autres pays peuvent être tentés de monter également leurs droits
de douane pour l'ensemble des biens et des services du pays protectionniste.
 Droits de douane par les autres pays =>  exportations =>  demande extérieure…
Réduction des IDE entrants => pas de nouveaux emplois créés => pas de distribution de
revenus => pas d'augmentation de la demande…
Réduction des IDE entrants => pas de nouveaux emplois créés => pas  chômage
b) Les effets négatifs du protectionnisme sur l'offre et donc sur la croissance :
-
Le protectionnisme n'est pas favorable à l'innovation :
Lorsqu’un pays pratique des mesures protectionnistes (normes, quotas), il cherche à limiter
les entrées possibles de produits étrangers et donc il cherche à limiter la concurrence sur le
marché national. Faute de concurrence suffisante sur le marché, les entreprises ne sont pas
incitées à innover ce qui à long terme peut être source de déclin puisque l'absence
d'innovation de produit ne permet pas de renouveler la demande par exemple.
Protectionnisme => application de quotas => limitation de la concurrence => non incitation à
l'innovation => perte des parts de marché par l'entreprise
-
Le protectionnisme n'est pas favorable à la compétitivité des entreprises :
Lorsqu’un pays pratique des mesures protectionnistes, il cherche à limiter les entrées
possibles de produits étrangers et donc il cherche à limiter la concurrence sur le marché
national. Faute de concurrence suffisante sur le marché, les entreprises ne sont pas incitées à
réaliser des économies d'échelle et à réduire leurs coûts de production pour gagner des parts
de marché.
Protectionnisme => application de quotas => limitation de la concurrence => déséconomie
d’échelle => perte de compétitivité
-
Le protectionnisme d'un pays peut être accompagné de mesures de rétorsion
par les autres pays :
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Lorsqu'un pays pratique des mesures protectionnistes à l'égard des autres pays, ces derniers
peuvent être amenés à augmenter leurs droits de douane. Cette réduction de la taille du
marché et des débouchés ne permet pas aux entreprises de réaliser des économies d'échelle
c'est-à-dire de réduire leurs coûts de production au fur et à mesure que la production
augmente. Elles perdent ainsi leurs avantages comparatifs et leur compétitivité prix.
II) Le libre-échange est-il une solution pour le développement des PED ?
Remarque préliminaire :
La division internationale du travail coïncide à une répartition de la production des biens et
des services entre les pays qui se spécialisent dans une ou plusieurs productions.
Dans la DIT traditionnelle, les échanges s’effectuaient entre pays complémentaires : ceux du
Nord (produits manufacturés) et ceux du sud (produits bruts). L’ancienne DIT répondait alors
à une spécialisation interbranche, et donc à un commerce mondial fondé sur l’échange de
produits complémentaires.
Les PDEM se sont attribués la production de biens manufacturés laissant aux PED la
production de matières premières. Les prix des produits bruts sont bas car ils incorporent peu
de valeur ajoutée par rapport aux produits finis des PDEM qui incorporent beaucoup de valeur
ajoutée.
Dans la nouvelle DIT, les échanges s'effectuent de plus en plus entre pays de même
développement (commerce intrabranche), c'est-à-dire essentiellement entre les membres de la
Triade c'est-à-dire entre pays industrialisés.
A) Le libre-échange est favorable à la croissance des PED :
Remarque préliminaire : la thèse du retard
Selon Rostow, la situation des PED est analogue à celle des pays développés avant la
Révolution industrielle. C'est une thèse d'inspiration libérale qui démontre que le libreéchange est favorable au développement des PED. En effet, les PED peuvent brûler les étapes
de la croissance grâce aux transferts de technologie et à l’installation des FTN sur leur
territoire.
1) La stratégie de l'industrialisation par promotion des exportations des NPI :
a) Les NPI ont bénéficié d'un avantage comparatif :
Reprendre la théorie de Ricardo :
Le développement de la Corée du sud a été fondé sur l'existence d'un avantage comparatif
dans les industries de main-d’œuvre (facteur travail peu coûteux).
Selon le théorème d’HOS, le pays doit se spécialiser dans la production où le facteur de
production est le plus abondant.
Reprendre les arguments qui démontrent que le libre-échange est favorable à la croissance
économique :
199
Les NPI bénéficient d'un coût du travail plus faible par rapport aux PDEM. Cet avantage
comparatif leur a permis de produire des biens et des services à un coût de production plus
faible. Les entreprises d'Asie étaient donc plus compétitives que les entreprises étrangères.
Elles ont anticipé une demande suffisante et ont crée des emplois et ont investi pour
augmenter la production afin de satisfaire cette demande supplémentaire. Cette stratégie de
développement par promotion des exportations est un développement basé sur l’ouverture.
Spécialisation => amélioration de la compétitivité prix => demande extérieure => création
d'emplois =>  revenus
=>  revenus =>  épargne => investissements
Spécialisation => amélioration de la compétitivité prix =>  prix =>  demande => création
d'emplois =>  revenus
Spécialisation => amélioration de la compétitivité prix =>  prix =>  pouvoir d'achat => 
consommation =>  demande…
 Prélèvements obligatoires => recettes de l'État => dépenses publiques => politiques
d'éducation et de santé
…Main-d’œuvre qualifiée => innovation
b) Le développement des IDE :
Les FTN sont intéressées par les conditions de production avantageuses (coût salarial faible).
Elles réalisent donc des investissements directs à l'étranger qui représentent un financement
stable dans la mesure où les firmes qui s’implantent ont une politique de long terme.
IDE => installation d'une filiale à l'étranger => création d'emplois =>  chômage
IDE => installation d’une filiale à l'étranger => création d'emplois indirects =>  chômage
IDE => installation d'une filiale à l’étranger => création d'emplois => distribution de salaires
=>  demande...
IDE =>  production =>  croissance économique
Les IDE pour les PED apportent avant tout une source de financement de devises
indispensables puisque que tout IDE génère une entrée de capital qui profite aux producteurs
locaux, des rentrées fiscales supplémentaires.
IDE => accumulation de devises => possibilité d'importer
Les IDE favorisent les exportations surtout si le site de production devient ainsi charger
d'inonder le reste du continent à partir d'une base locale (Renault au Brésil)
Les IDE génèrent surtout des transferts de technologies plus ou moins importants avec
l'importation de machines, d'innovations, de procédé susceptibles de dynamiser l'économie
locale et la productivité.
Transferts de technologie (acquisition de biens d'équipement, de brevets, de licences, d'usines
clés en mains) dans les PED =>  productivité =>  croissance économique
200
c) Une remontée des filières :
Dans un premier temps, la Corée du sud s'est spécialisée dans les activités primaires puis par
une remontée des filières, elle s'est spécialisée dans les productions à plus forte valeur ajoutée
(la production de biens manufacturés).
Étant donné que l'État a développé une politique d’éducation, la main-d'oeuvre est qualifiée ;
par ailleurs l'augmentation des revenus a permis de dégager une épargne favorable à des
investissements en biens d'équipements.
La main-d'oeuvre qualifiée et les investissements en biens équipements ont permis à la Corée
du sud de développer un pôle industriel pour la fabrication de biens à fort contenu
technologique : informatique, électronique, industrie automobile...
2) Le rôle de l'État est indispensable :
- Investissements étatiques considérables : création d'infrastructures, stimulation de la
recherche (la Corée destine 2 % de son PIB au financement de la recherche et
développement).
- Investissements dans l'éducation : l'éducation permet d'améliorer la qualification de la maind'oeuvre et donc la productivité du travail et par voie de conséquence la compétitivité des
produits.
- Baisse des taux d'intérêt pour faciliter l'accès au crédit et à l'investissement.
- Création des zones franches pour faciliter l'installation de FTN.
- Sous-évaluation des taux de change pour rendre les produits plus compétitifs et développer
les exportations.
3) L’échec des stratégies autocentrées :
- La stratégie de substitution aux importations : un des problèmes des PED est le déficit de
leurs échanges extérieurs. La stratégie de substitution aux importations se fonde sur la
protection du marché intérieur qui entend remplacer des produits étrangers par des
productions nationales. Le principe en est le suivant : c'est la demande existante des couches
de la population à revenu élevé qui entraîne la production.
Échec de cette politique : étroitesse du marché qui ne permet pas d'écouler le surplus de la
production locale, pas de spécialisation puisque le pays essaie de produire l'ensemble des
biens et des services, inflation résultant d'une production locale trop chère par rapport à
l'extérieur.
- Les industries industrialisantes : le développement des industries lourdes crée des pôles
qui induisent l'apparition d'autres industries. Les industries lourdes ont des vertus
industrialisantes.
201
Cette politique est un échec : financement lourd des investissements, déséquilibre dans
l'évolution des secteurs productifs (oubli de l’agriculture), inadéquation entre le travail
demandé à forte contrainte industrielle et la main-d’œuvre d'origine rurale.
B) Le libre-échange est défavorable au développement des PED :
Remarque préliminaire : l'exploitation des PED par les PDEM
Selon l'analyse marxiste, les PED ne peuvent pas sortir du sous-développement car ils
souffriraient d'une exploitation et d'une domination de la part des PDEM.
- Domination au niveau de la production : spécialisation des PED dans les activités
primaires incorporant peu de valeur ajoutée (X de matières premières). Cette production subit
une détérioration des termes de l'échange car elle est dépendante des cours mondiaux et la
demande concernant ces produits est fluctuante.
Exportation par les PED (PMA) de B et S à faible VA => faible accumulation de devises =>
faibles importations => besoins humains non satisfaits
- Domination au niveau du commerce : les FTN qui s’installent dans les PED cherchent à
utiliser une main-d’œuvre bon marché. Ces dernières rémunèrent les salariés faiblement ne
permettant pas véritablement une augmentation du pouvoir d'achat de la population locale, un
accroissement de la consommation et de l'épargne indispensable au développement.
D'ailleurs, la production de FTN est destinée aux PDEM et non au marché local.
FTN => faibles rémunérations => faible pouvoir d’achat => faible consommation => faible
demande …
FTN => faible épargne => faible investissement => capital non renouvelé =>  compétitivité
- Domination au niveau de la consommation : les élites locales préfèrent consommer des
biens et des services occidentaux au lieu de privilégier le marché local.
Préférence pour la production des pays développés =>  de la production locale => faible
création d’emplois => faible consommation => faible demande => récession économique
Conséquence : désarticulation des économies des PED
Les économies des PED sont dualistes : il existe un secteur moderne à forte productivité et à
haut niveau technologique importé, où les filiales et les firmes multinationales sont présentes
et d'autre part, un secteur traditionnel à faible productivité dominée par des petites entreprises
familiales.
1) Toutes les spécialisations ne se valent pas :
La théorie de l'échange inégal :
Pour Emmanuel, l’échange entre pays riches (centre) et pays pauvres (périphérie) est inégal.
Le centre exploite la périphérie.
Le centre privilégie les échanges de produits à forte intensité capitalistique alors que les PED
privilégient les échanges de produits à faible intensité capitalistique.
202
Les spécialisations internationales gagnantes sont celles qui sont portées par la demande
internationale, c’est-à-dire les biens à forte valeur ajoutée.
Les spécialisations perdantes sont celles dont la demande mondiale augmente faiblement,
voire diminue, comme c’est le cas des biens à faible valeur ajoutée.
On parle de spécialisation impasses lorsque le pays s'est concentré sur des productions à faible
valeur ajoutée : cacao, café, banane...
2) La détérioration des termes de l'échange :
Les termes de l'échange correspondent au rapport entre l’indice du prix des exportations et
celui des importations :
Termes de l'échange = indice du prix des exportations / indice du prix des importations
Les termes de l’échange représentent le pouvoir d’achat des exportations d’un pays en termes
d’importations.
Si le résultat est supérieur à 100, on parle d'amélioration des termes de l'échange : cela se
traduit par une valorisation des exportations par rapport aux importations. Le pays dispose
d’un pouvoir d'achat d'importation généré par les exportations.
Si les termes les échanges se sont dégradés, on passe alors sous la valeur initiale de 100, ce
qui signifie que le prix des importations a augmenté plus vite que le prix des exportations (ou
pire encore, que le prix des exportations sur le marché mondial a baissé). Cela signifie que le
pays s'appauvrit de plus en plus par rapport au reste du monde et qu'il a de plus en plus de mal
à financer ses importations grâce à ses exportations.
L’indice des termes de l’échange est passé de l’indice 100 en 1980 à l’indice 85 pour 2004.
Ce qui fait une baisse de 15 %. Cela est essentiellement lié :
- à la nature des biens exportés (faible croissance de la valeur ajoutée des produits de base
exportés par rapport à celle des produits manufacturés importés, à fort contenu
technologique).
- à l'évolution des marchés : en effet, la demande pour les produits primaires diminue (cf. la
loi d'Engel) ; ceux sont des biens substituables c'est-à-dire par exemple que si le prix du café
augmente, les consommateurs porteront leur choix sur le thé.
Dégradation des termes de l'échange = Diminution du prix des Exportations et augmentation
du prix des importations
Dégradation des termes de l'échange =>  prix des exportations => moins de devises => 
importations
Dégradation des termes de l'échange =>  prix des exportations => moins de devises => 
importations => nécessité d'exporter davantage pour obtenir le même niveau d'importation
Dégradation des termes de l'échange =>  prix des exportations => moins de devises => 
importations => renoncement aux importations : pétrole, médicaments, produits alimentaires.
Dégradation des termes de l'échange =>  prix des exportations et  prix des importations =>
déficit commercial
203
3) L’impossibilité de s'insérer dans la DIT :
Si le PED adhère à l'OMC, il s'engage à respecter les règles fixées et notamment à réduire les
droits de douane et les barrières non tarifaires, à supprimer les restrictions aux IDE etc.
Les PED doivent également adhérer aux normes de sécurité et environnementales de
production fixées par les PDEM. Ce coût est estimé à 150 millions de dollars.
C'est autant de dépenses d'investissement en moins dans la sphère sanitaire (éducation,
hôpitaux...).
Par conséquent, l'adhésion conduit à renoncer à surprotéger certains secteurs qui se trouvent
très rapidement exposés à la concurrence.
4) Les PED subissent la concurrence déloyale des PDEM :
Les agricultures américaine et européenne sont subventionnées. Les subventions à
l'exportation et à la production constituent une concurrence déloyale vis à vis des PED.
Subventions =>  prix de revient =>  demande => mais perte de compétitivité des produits
agricoles des PED
Or ces produits agricoles constituent souvent la seule source de décollage pour les PED.
5) L'endettement des pays du Tiers-monde :
Exportations de biens primaires contre importations de biens manufacturés => déficit
commercial
Détérioration des termes de l'échange => déficit commercial
Transferts de technologie => endettement pour financer l'investissement.
6) Le rôle contestable du FMI et de la Banque mondiale :
Le rôle du FMI :
- Il doit contribuer à la stabilité des taux de change.
- Il doit aider et financer les membres connaissant des difficultés temporaires dans leur
balance des paiements.
- Il prend en charge les PED qui connaissent un endettement public important.
Les inconvénients de l'endettement pour les PED :
- Si l'endettement est excessif, l’Etat est dans l’impossibilité de rembourser sa dette.
- Impossibilité de développer une politique sociale.
- Crise financière entraînant une crise de confiance pouvant aboutir à des sorties massives de
capitaux.
Le FMI préconise un plan d'ajustement :
Les mesures :
204
-
Politique monétaire restrictive :  des taux d’intérêt
Politique budgétaire restrictive : baisse des dépenses publiques
Politique d'austérité salariale : gel des salaires
Dévaluation
Les résultats attendus :
 Taux d'intérêt =>  demande =>  importations = rétablissement de l'équilibre extérieur
Gel des salaires
 Dépenses publiques
Les résultats obtenus :
Les politiques d'austérité sont à l'origine d'une déprime de la demande. Les entreprises ont
anticipé une demande insuffisante, elles ont donc diminué l’investissement et l'emploi, mais
ce comportement est responsable d'une récession économique.
III) Les stratégies internationales des entreprises :
Remarque préliminaire :
Définition d’une firme transnationale :
Entreprise qui réalise des opérations de production à l'étranger ; elle est constituée d’une
société mère résidant dans un pays et d’au moins une filiale de production dans un autre
pays.
Définition de l'investissement direct à l'étranger :
Les IDE consistent en la création d'unités de production à l'étranger ou en l'acquisition
d'unités existantes, dans le but d'y exercer une influence significative et durable.
La participation au capital de l'entreprise étrangère doit être d’au moins 10 % pour que
l'investissement soit considéré comme direct.
Définition de l'investissement de portefeuille :
Placements financiers à l'étranger, principalement sous forme d'achat d'actions (prise de
participation inférieure à 10 % du capital de l'entreprise étrangère) ou d'obligations.
Distinction stratégies horizontales/ stratégies verticales :
La stratégie horizontale s'applique aux investissements dans les pays du Nord pour
contourner les droits de douane.
Afin d'améliorer leur compétitivité, les FTN s'implantent dans le pays pour avoir accès au
marché.
 Droits de douane =>  prix des exportations =>  compétitivité
205
Filiale => élimination des droits de douane =>  compétitivité prix de l'entreprise =>
demande...
Ce sont essentiellement des investissements réalisés entre les pays de la Triade (UEM,
ALENA).
La stratégie verticale s'applique aux investissements dans les pays du Sud pour réduire les
coûts de production.
Faible coût salarial =>  des coûts de production => compétitivité prix des entreprises => 
demande…
IDE
IDE
Nord/ Nord = stratégie horizontale
Nord/ sud = stratégie verticale
Une croissance exponentielle des IDE
Entre 1990 et 2001, les IDE ont été multipliés par 5, les exportations par 1,75, la production a
augmenté de 15 %.
Conclusion:
On peut parler d'une production internationale c'est-à-dire d’une production de biens et de
services contrôlée et gérée par des maisons mères se trouvant dans d'autres pays.
Augmentation des IDE = mondialisation de l'économie
A) Les quatre objectifs ou raisons des IDE :
1) La stratégie d'approvisionnement correspondant aux FTN primaires :
Celles-ci produisent des matières premières, des produits agricoles pour répondre aux
besoins des industries de transformations.
L'accès direct aux matières premières permet d'approvisionner la société mère au meilleur
coût et avec le maximum de garanties sur la qualité.
Filiales primaires => accès aux matières 1ère =>  coûts de production => …
Filiales primaires => accès aux matières 1ère de qualité => différenciation des produits =>
monopole => …
Exemple : les compagnies pétrolières comme Total illustrent bien la stratégie de contrôle des
approvisionnements (forte intégration verticale : de la recherche à la vente du produit fini).
2) La stratégie de marché répond à une logique commerciale (aussi appelée
stratégie commerciale) :
Elle est le fait des FTN qui produisent à l'étranger plutôt que d'y exporter (Toyota en France).
L'implantation sur un marché dynamique permet de maximiser les ventes (filiales relais) et de
contourner les barrières protectionnistes.
206
Filiales relais => élimination des droits de douane =>  coûts de production => …
La taille du marché est également un moyen pour les firmes de développer les économies
d'échelle.
Filiales relais =>  taille du marché =>  production et  coûts de production => économie
d’échelle => …
Exemple : Chine, le Brésil
3) La stratégie de rationalisation répond à une logique productive (aussi
appelée stratégie productive) :
Des FTN développent des stratégies de rationalisation destinées à abaisser les coûts de
production en implantant des filiales ateliers dans les pays à bas salaires : Nokia pour les
téléphones mobiles en Chine.
Faible coût salarial => installation d’une filiale atelier =>  coûts de production => …
4) L'organisation d'une décomposition internationale du processus de
production (DIPP) par des firmes multinationales globales :
La DIPP consiste à concevoir sa production en mobilisant différents sites de production dans
plusieurs pays. Ces sites ont en charge la fabrication d’une partie du produit.
La firme multinationale va installer des filiales en fonction de l'avantage comparatif.
Différents facteurs interviennent dans le choix de la localisation des filiales : les coûts de
fabrication, la taille du marché, les avantages fiscaux... Lorsque la stratégie de la firme est
avant tout une stratégie de minimisation des coûts, le critère du coût est le plus important.
C'est le cas des filiales ateliers installées dans les pays asiatiques. Lorsque la stratégie de la
firme est de marché, la taille du marché devient l'élément primordial. L'accélération par
exemple du flux des IDE au Portugal ou en Irlande pour entrer sur le marché européen.
Enfin, les PDEM ont la responsabilité de la recherche et développement, de la production de
biens à fort contenu technologique car ils disposent d'une main-d’œuvre qualifiée favorable à
l'effort d'innovation.
Exemple : la fabrication d'un ordinateur.
En effet, les composants électroniques sont fabriqués en Asie car le coût de la main-d'oeuvre
est faible et la recherche est assurée dans les pays développés car la main-d’œuvre est
qualifiée. Ensuite les produits semi-finis sont assemblés.
Cette DIPP croissante est à l'origine d'une explosion des échanges intrafirme car les produits
semi-finis font l'objet de réimportations et de réexportations.
B) Les effets des IDE sur la croissance :
On peut mesurer les IDE de deux manières :
207
- la mesure des IDE peut se faire à un instant précis ; c’est un stock.
- La mesure des IDE peut se faire pendant une certaine période : c’est un flux. Le flux
exprime une évolution entre deux dates.
Stock et flux sont liés : ainsi, si les flux d’investissements directs étrangers en France
s’amplifient, le stock d’investissements directs étrangers en France s’allongera.
1) Les effets positifs des IDE sur l’emploi :
a) Les effets d'une amélioration de la compétitivité des entreprises sur la
croissance :
Filiales primaires => accès aux matières 1ère =>  coûts de production => …
Filiales primaires => accès aux matières 1ère de qualité => différenciation des produits =>
monopole => …
Filiales relais => élimination des droits de douane =>  coûts de production => …
Filiales relais =>  taille du marché =>  production et  coûts de production => économie
d’échelle => …
Faible coût salarial => installation d’une filiale atelier =>  coûts de production => …
b) La spécialisation des activités :
Reprendre l'avantage comparatif de Ricardo.
c) Les IDE sont à l'origine d'emplois directs et indirects :
Les IDE sont favorables à l'emploi. Ils sont à l'origine de la création d'emplois directs et
indirects.
IDE => installation d'une filiale à l'étranger => création d'emplois =>  chômage
IDE => installation d’une filiale à l'étranger => création d'emplois indirects =>  chômage
IDE => installation d'une filiale à l’étranger => création d'emplois => distribution de salaires
=>  demande...
Transferts de technologie (acquisition de biens d'équipement, de brevets, de licences, d'usines
clés en mains) dans les PED =>  productivité =>  croissance économique
d) Les IDE favorisent les exportations :
Les IDE favorisent les exportations surtout si le site de production devient ainsi charger
d'inonder le reste du continent à partir d'une base locale (Renault au Brésil).
e) Les IDE apportent avant tout une source de financement de devises :
IDE => accumulation de devises => possibilité d'importer
f) Les IDE améliorent l'image de marque de l'entreprise:
208
Filiale => amélioration de l'image de marque =>  ventes =>  demande...
g) les IDE sont à l'origine d'une augmentation des investissements publics :
IDE => installation d'une filiale =>  recettes de l'État =>  dépenses publiques => 
investissements publics
h) les IDE sont favorables au développement des PED :
Au contraire, dans les pays en développement, les entrées d'IDE sont plus importantes que les
sorties (36 % des entrées et 24 % des sorties).
2) Les effets négatifs des IDE sur l’emploi :
a) Au niveau des PDEM :
Entrées d’IDE
1993-1998(1) 1999 2000 2001
A
63,8
77,7 81,2 72,2
B
34,6
21,3 18,1 26,4
C
1,6
1,0
0,6
1,4
%
Sorties d’IDE
1993-1998(1) 1999 2000 2001
A
85,9
91,8 88,2 89,1
B
13,8
8
11,5 10,6
C
0,3
0,2
0,3
0,4
%
2002 2003 2004
76,5 69,9 58,6
21,7 26,3 36,0
1,8
3,8
5,4
2002 2003 2004
92,0 93,6 87,3
7,3
4,7 11,4
0,7
1,7
1,3
A: Pays développés. B: Pays en développement. C: Europe du Sud-Est et Communauté d’États indépendants
(CEl).
(1) Moyenne annuelle.
Source : CNUCED
Entre 1993 et 2004, dans les pays développés et quelle que soit l'année considérée, les sorties
d'IDE sont supérieures aux entrées (en 2004, 58,6 % des IDE mondiaux entraient dans les
pays développés et 87,3 % en sortaient).
Globalement, les pays développés investissent plus à l'étranger qu'ils ne reçoivent d'IDE.
Cette situation risque d'avoir des conséquences négatives pour l'emploi et pour la croissance
dans les pays industrialisés.
-
Les délocalisations sont sources de chômage :
Délocalisation => destruction d’emplois peu qualifiés =>  chômage
-
L'arrivée d'un nouveau concurrent peut déstabiliser les producteurs locaux :
Installation d'une filiale => accentuation de la concurrence => perte des parts de marché par le
producteur local =>  demande...
Le pays d'origine a tendance à créer des emplois qualifiés pour faire face à la concurrence
déloyale des PED. Les salariés sont plus productifs ce qui permet de baisser les coûts de
production.
209
Une délocalisation peut présenter plusieurs atouts pour le pays d'origine :
- elle se traduit par une baisse des prix des produits désormais importés ce qui permet aux
consommateurs d'accroître leur pouvoir d'achat et de le reporter vers d'autres produits donc de
faire croître la demande adressée aux produits nationaux et de soutenir l'emploi national.
- Ce pouvoir d'achat supplémentaire peut être épargné et soutenir l'investissement et à son tour
la croissance.
Pour l'entreprise, l’implantation à l'étranger est souvent risquée : main-d'oeuvre locale non
qualifiée et donc peu productive, méconnaissance des conditions de production et de l'appareil
réglementaire national... C'est pourquoi, plusieurs entreprises ont décidé de revenir dans le
pays d'origine car les coûts d'implantation étaient trop élevés.
b) Au niveau des PED :
-
L’arrivée d'un nouveau concurrent peut déstabiliser les producteurs locaux
Installation d'une filiale => accentuation de la concurrence => perte des parts de marché par le
producteur local =>  demande...
-
Le coût et l'insuffisance de qualification de la main-d’œuvre concernant les transferts
de technologie
Transferts de technologie =>  dette
Insuffisance de la qualification de la main-d'œuvre => difficultés pour utiliser les transferts de
technologie
-
L'exploitation des PED par les FTN ne permet pas le développement :
Il s’agit ici de relativiser le propos. Les flux entrants d’IDE n’ont pas que des avantages pour
les PED. On peut prendre l’exemple de certaines FTN qui abusent de leur position dominante
dans un pays pour ne pas respecter le droit du travail (aussi bien le droit local que le droit du
travail de leur pays d’origine), ou se délocalisent pour éviter les contraintes
environnementales, exploiter les ressources naturelles voire les épuiser…
3) Le poids grandissant des firmes transnationales est à l'origine d’un accroissement
des inégalités entre les territoires :
Le poids grandissant des firmes transnationales est une des caractéristiques de la DIT :
Elles représentent un poids financier impressionnant. En 1998, le chiffre d'affaires de Général
Motors, première entreprise du monde était approximativement égal au PNB du Pakistan. De
même, le chiffre d'affaires de Daimler Chrysler (2ème entreprise industrielle mondiale) était
équivalent aux PNB du Danemark. La stratégie des FTN a une influence sur les recettes
fiscales des États et donc sur sa capacité financière à intervenir dans la vie économique et
sociale.
210
Moins d’IDE entrants => moins de recettes fiscales => moins de dépenses publiques =>
moins d’investissements publics
C'est pour cette raison que les États cherchent à attirer les firmes transnationales en rendant
leur territoire « attractif » par des mesures fiscales, par une réglementation adaptée, par des
infrastructures satisfaisantes, par une main-d’œuvre qualifiée…
La mondialisation est à l'origine de l'accroissement des inégalités :
La mondialisation est à l'origine d’un accroissement des inégalités entre les groupes sociaux ;
les travailleurs les moins qualifiés sont notamment exposés à la concurrence des pays à bas
salaires (importation de produits compétitifs des NPI, délocalisation de la production) d'où le
risque du chômage.
La mondialisation accentue la concurrence entre les territoires et les États caractérisés par des
niveaux très différents de développement :
L'absence de droits sociaux élémentaires dans les PED, permet à ces pays de disposer d’un
avantage compétitif important (qu’ils jugent légitime d’exploiter dans le cadre du libreéchange) et exercent une concurrence déloyale sur les pays développés où l'État providence
garantit un certain nombre de droits sociaux. Les pays développés sont donc moins
compétitifs car le coût salarial est plus élevé par rapport à celui des PED.
Cela oblige les PDEM à remettre en cause les missions traditionnelles de l'État providence au
nom d'un impératif de compétitivité. Les États cherchent à diminuer les prélèvements
obligatoires qui sont responsables d'un coût salarial trop élevé dans les PDEM entraînant les
délocalisations. Mais la remise en cause de l'État providence risque d'affaiblir la cohésion
sociale et la demande.
IV) Mondialisation et spécificités socioculturelles :
Problématique :
Assiste-t-on à un processus d'uniformisation culturelle au niveau du globe ?
Introduction :
La mondialisation désigne la situation dans laquelle un ensemble économique de plus en plus
intégré déborde les frontières des États. Par delà cette définition très générale on pourrait
retenir celle d'extension de l'économie de marché à l'ensemble de la planète.
Nous allons ici envisager l'aspect culturel et social de la mondialisation à travers la diffusion
des cultures planétaires et la convergence des modes de vie.
L'expression uniformisation culturelle recouvre deux aspects : la mondialisation imposerait
une convergence des modes de vie, des valeurs, des normes et une convergence du niveau de
vie qui serait identique pour chaque peuple, chaque individu.
La culture désigne l'ensemble des manières de penser, de sentir, d'agir propre à une société.
Assiste-t-on pour autant à un processus d'uniformisation culturelle au niveau du globe ?
Premièrement, nous verrons quels sont les signes de cette uniformisation avec la domination
culturelle américaine, les raisons, les acteurs et les conséquences de cette uniformisation.
211
Dans un deuxième temps, nous verrons que cette mondialisation culturelle se heurte à des
résistances et reste limitée.
I) Une homogénéisation culturelle apparente :
A) La standardisation mondiale des biens culturels…
1) Le constat : l'apparition d'une monoculture de masse :
La mondialisation de la culture désigne la mobilité des biens culturels au niveau du globe.
Industries culturelles = production, reproduction et diffusion de biens culturels.
Les intellectuels s'accordent pour parler d'une mondialisation de la culture : les images, la
musique, le cinéma, la production de support de musiques enregistrées (CD, cassettes)
l'édition de livres et de revues, les séries télévisées, les slogans publicitaires, l’urbanisme,
l'architecture, les cédéroms.
De plus, la démocratie et l'économie de marché sont admises par tous depuis la chute du bloc
soviétique.
Certains anthropologues annoncent même un effacement progressif et continu des cultures
nationales. Ils prévoient la disparition dans une vingtaine d'années d’une centaine de langues,
l'abandon de quelques productions locales...
2) La domination culturelle américaine :
Le cinéma :
Le cinéma américain occupe 78 % des parts de marché en Espagne, 82 % des parts de marché
au Royaume-Uni et 75 % des parts de marché en Allemagne.
Le cable New Network (CNN) :
On assiste depuis quelques années à une révolution de la communication avec le
développement des télécommunications par câbles et satellites et l’extension d’Internet.
Le CNN est le premier réseau d'information en continu mondial. Il permet de vivre en direct
des événements se déroulant à l'autre bout de la planète (guerre en Irak). On peut remarquer
que les événements exprime le point de vue américain.
Les mots d’origine anglaise : OK, stop…
Des pratiques vestimentaires : jeans, basket…
Les FTN américaines :
Les grandes marques sont produites par les FTN américaines (Coca, Nike, Levis'...). Vendre
les produits américains c'est vendre l'Amérique et participer à la domination culturelle
américaine.
212
Exemple : McDonald's c’est 45 millions de repas servis chaque jour dans le monde, 30.000
restaurants, 400.000 salariés dans 121 pays.
Les États-Unis sont déjà un laboratoire de la culture monde.
Les États-Unis étant un pays d'immigration, le marché intérieur américain reflète les cultures
du monde. C'est un marché qui est déjà mondial. Il y a domination culturelle lorsqu'une
culture s'impose à une autre. La juxtaposition des nombreuses cultures représenterait une
culture monde. Les modes alimentaires, les chaînes télévisées ethniques, les langues
pratiquées permettent aux firmes américaines de préparer des produits standardisés pour
l'ensemble de la planète.
B)... à l'uniformisation des modes de vie :
1) L’uniformisation repose sur deux hypothèses :
- L’uniformisation suppose la conception de biens mondiaux standardisés et diffusés sur un
grand nombre de marché, ce qui permet de réaliser des économies d'échelle.
- L’uniformisation suppose également des goûts et des habitudes de consommation identiques
à travers la planète.
2) Les acteurs de cette uniformisation culturelle :
- Les firmes multinationales participent à cette uniformisation culturelle en délocalisant leur
production dans le reste du monde. Elles tentent d'unifier les marchés en imposant des
productions standardisées.
Elles font des produits nationaux pour un consommateur mondial : convergence des pratiques
alimentaires, vestimentaires, musicales, sportives...
- Les moyens de communication : télévision, Internet, publicité, CNN, la baisse du coût des
transports.
Les NTIC sont surtout créées par les pays développés. En contrôlant largement Internet, en
particulier avec le moteur de recherche Google, les Etats-Unis influencent les informations,
mais aussi les idées qui y sont émises.
- L'immigration, le tourisme et les étudiants par leurs conduites vestimentaires et alimentaires
influencent les populations.
La formation d’une grande partie des scientifiques, des experts et futurs dirigeants par les
Etats-Unis contribue à l’uniformisation des cultures (les normes comptables).
- La bourgeoisie dans les PED : les élites dans les PED préfèrent consommer des biens et des
services occidentaux au lieu de privilégier la production locale. Elle participe ainsi à
l'uniformisation des modes de vie.
II) Les limites de la mondialisation culturelle :
213
A) L’Assimilation:
Assimilation : l'acculturation peut entraîner l'assimilation c'est-à-dire l'adoption de la
nouvelle culture.
B) Le rejet :
Remarque : L'acculturation :
On parle d’un processus d'acculturation pour désigner les modifications culturelles issues du
contact prolongé des cultures qui réagissent l'une par rapport à l'autre.
Au sens large, l'acculturation désigne les changements socioculturels entraînés par le contact
prolongé entre les groupes de sociétés de cultures différentes.
Au sens étroit, l'acculturation est le processus par lequel l'humain adopte les éléments en
abandonnant partiellement ou totalement ceux de sa propre culture.
L'acculturation est un processus dynamique se déroulant en plusieurs étapes :
1- dans un premier temps : défiance et opposition (rejet de la culture étrangère et
réaffirmation de l'identité nationale).
2- Dans un deuxième temps : sélection par le groupe dominé des éléments de la culture
étrangère.
3- Formation d'une culture nouvelle faite de compromis, d'interprétations.
1) La résistance française :
Contre acculturation : rejet de la culture dominante et repli sur la culture d'origine.
L’Etat français pour protéger les films nationaux subventionne les films français. Cette
intervention semble efficace car les films français occupent 37 % des parts de marché.
2) La socialisation est une entrave à la mondialisation culturelle :
Les FTN se heurtent à des différences culturelles. Elles cherchent à unifier le marché en
produisant des biens standardisés. Cette démarche est trop simpliste car elle ne tient pas
compte des particularités des marchés locaux. Les FTN doivent prendre en compte les
différences culturelles pour vendre leurs produits. Un McDonald's en Asie ne ressemble pas à
un McDonald's en Amérique. Un Japonais refuse de manger vite et profite des lieux.
La socialisation est marquée par l'apprentissage d'une identité nationale. Elle favorise le
maintien des spécificités culturelles.
Les habitudes alimentaires changent (hamburgers) mais l’attirance pour les plats régionaux
existe encore.
Ce rejet est dû à la socialisation de l'individu qui est l'apprentissage des normes et des valeurs
véhiculées par la société, par la famille. La socialisation est marquée entre autre par
l'apprentissage de l'identité nationale. Le Mc Donald's en France n’est pas déstructurant car le
repas reste très valorisé et ritualisé.
214
3) Le rôle de la religion :
La religion constitue un élément majeur de l'identité culturelle nationale. Le catholicisme
serait défavorable à cette uniformisation culturelle dans la mesure où il valorise les traditions.
4) Le rejet de l'occidentalisation :
- Le refus de la culture occidentale : repli identitaire (nationalisme et fondamentalisme
religieux).
Développement du nationalisme en Iran, mais également en Corée du Nord.
- Refus des valeurs marchandes : remise en cause de la mondialisation libérale par les
associations altermondialistes (OGM).
5) Une mondialisation culturelle inaccessible pour la plupart des individus :
Une grande partie de la population mondiale, principalement rurale, ne dispose ni des moyens
culturels (analphabétisme), ni des moyens matériels (TV) pour accéder aux biens et aux
services généralement associés à la mondialisation.
B) Le métissage culturel :
Métissage : combinaison de pratiques de cultures différentes (cultures hybrides).
1) Le syncrétisme :
Syncrétisme : naissance d'une nouvelle culture qui est la combinaison de deux cultures.
Le jazz et le raï représentent des musiques syncrétiques, faites d'emprunts et de recomposition
entre les cultures dominantes et la culture dominée.
Le raï = chants des Bédouines + musique espagnole.
Le jazz est une combinaison de la culture africaine et de la culture américaine.
2) Le multiculturalisme et l'hétérogénéité culturelle :
Multiculturalisme : coexistence au sein d'une même société de plusieurs pratiques culturelles
(langues, ethnies...).
La diversité linguistique est dominante. On assiste à un renouveau des langues régionales
dans les pays développés.
Révision des programmes incluant les références historiques, culturelles et religieuses propres
aux minorités culturelles.
Conclusion :
La mondialisation culturelle entraîne la création d'une société duale :
215
Il y a de fortes inégalités face aux moyens modernes de communication ; moins de 6 % de la
population mondiale utilise Internet dans le monde et n’a pas accès à la culture américaine. Ce
phénomène de mondialisation culturelle doit être relativisé.
V) Mondialisation et inégalités :
Problématique :
Après avoir présenté en quoi la mondialisation accentue les inégalités, vous montrerez que
des mesures peuvent être prises pour limiter ces effets.
A) Les effets pervers de la mondialisation :
1) La mondialisation accentue les inégalités :
Au niveau des PDEM :
a) Les peu qualifiés victimes de la mondialisation :
Le dumping est une forme de concurrence déloyale qui peut prendre deux aspects : un prix de
marché inférieur aux coûts de production, ou vendre un produit exporté à un prix inférieur à
celui pratiqué sur le marché national.
La mondialisation est à l'origine d’un accroissement des inégalités entre les groupes sociaux.
Les travailleurs les moins qualifiés sont notamment exposés à la concurrence des pays à bas
salaires.
Pour survivre, les entreprises des PDEM peuvent délocaliser leur production afin de
bénéficier d'un coût salarial plus faible dans l'objectif d'améliorer leur compétitivité prix et
d'affronter la concurrence.
Les entreprises des PDEM peuvent également réaliser des investissements de modernisation
destinés à accroître leur productivité permettant ainsi une baisse des prix et l'amélioration de
leur compétitivité prix dans l'objectif de faire face à la concurrence des pays à bas salaires.
b) Les qualifiés sont également victimes de la mondialisation :
Le marché du travail est aujourd'hui mondial. On assiste à une émigration massive des élites
du Tiers-monde vers les pays du Nord. La fuite des cerveaux aggrave les inégalités Nord-Sud
; les ingénieurs, les scientifiques indiens s'installent aux États-Unis. Cette main-d’œuvre
qualifiée est souvent moins bien rémunérée que le personnel qualifié américain.
Préférence pour l'emploi de scientifiques étrangers car les salaires sont moins élevés =>
chômage des personnes qualifiées dans les PDEM
Par ailleurs, les pays développés qui reçoivent cette main-d'oeuvre qualifiée n’ont pas eu à
financer la formation initiale.
216
c) Le système de protection sociale est mis à mal par la
mondialisation :
L'absence de droits sociaux élémentaires dans les PED permet à ces pays de disposer d'un
avantage compétitif important.
Absence de droits sociaux => coût salarial plus faible => amélioration de leur compétitivité
prix.
Cela oblige les pays développés à remettre en cause les acquis sociaux pour maintenir la
compétitivité de leurs entreprises. Les États développés cherchent à diminuer les
prélèvements obligatoires qui responsables d'un coût salarial trop élevé entraînant les
délocalisations.
d) Les pays développés luttent contre l'inflation par des politiques
d'austérité pour maintenir la compétitivité des entreprises :
En effet, pour maintenir la compétitivité des entreprises, les pays développés luttent contre
l'inflation qui est responsable de la perte de compétitivité de nos entreprises.
Inflation => prix => perte de compétitivité de nos entreprises
Pour réduire l’inflation, les pays développés ont pratiqué des politiques d'austérité :
-
politique salariale restrictive : compression des salaires réels.
Politique monétaire de rigueur : hausse des taux d’intérêt.
Cependant cette politique d'austérité qui a pour objectif de veiller à la stabilité des prix est
jugée responsable d'une augmentation du chômage et de la faible croissance économique
connue par l’Union européenne.
Compression des salaires réels =>  demande =>  production => récession économique
 Des taux d’intérêt =>  crédits =>  demande =>  production => récession économique
Au niveau des PED :
e) L'exploitation de la population du Sud par les PDEM :
- La fuite des cerveaux : les sportifs de haut niveau repérés dans les pays africains sont
achetés par les clubs des pays du Nord, les informaticiens venus de l'Inde s'installent en
Europe et aux États-Unis... ; cette fuite des cerveaux prive les PED d'une élite et d'une maind'oeuvre qualifiée indispensable pour l'innovation. Cette main-d'oeuvre pour les PDEM est
moins coûteuse et en plus ils n'ont pas eu à financer leur formation initiale.
- Les PDEM exploitent la main-d'oeuvre du Sud : 13 à 17 heures de travail par jour pour un
salaire inférieur à 2 dollars, 250 millions d'enfants de 5 à 14 ans travaillent dans le monde au
détriment de leur scolarité, faible rémunération.
- Les faibles rémunérations ne permettent pas aux PED de sortir de leur sous-développement :
217
Faibles rémunérations => faible demande => faibles créations d’emplois et faibles
investissements =>  production => récession économique
Faibles rémunérations => impossibilité d'épargner => insuffisance de l'investissement
- Rappel : la détérioration des termes de l'échange
- Rappel : la théorie du blocage et les différentes formes de domination
- Rappel : l'endettement des pays du Tiers-monde
2) La dégradation de l'environnement :
Reprendre les exemples donnés dans le chapitre 1
Les PDEM délocalisent les activités polluantes vers les PED pour contourner les normes
environnementales pratiquées dans les PDEM.
Reprendre les exemples donnés dans le chapitre 1.
B) La nécessité d'une régulation mondiale :
1) L’application des normes sociales :
Objectifs :
Condamner l'exploitation de la main-d’œuvre des pays pauvres et éviter la concurrence
déloyale qu'elle induit.
Normes sociales : règles concernant les conditions de travail (interdiction du travail des
enfants...).
-
Interdiction du travail des enfants.
Salaire minimum.
Législation sociale.
Droit syndical.
Adopter les principes du commerce équitable : il s'agit en fait de payer les producteurs
des PED au-dessus des cours mondiaux afin de favoriser le développement du pays.
Le prix des produits ne dépendrait pas des marchés mondiaux ; leur stabilité et leur
fixation permettraient aux producteurs de bénéficier de revenus.
revenus => profits => investissements
revenus => salaires => demande...
revenus => possibilité d'épargner => investissements
Les normes sociales et environnementales peuvent constituer des mesures protectionnistes
dans la mesure où les pays du Nord imposent aux PED des règles très contraignantes en
matière de droits social et environnemental. L’argument central est de dire que les PED
exportent des produits qui ne sont pas aux normes sociales et environnementales des PDEM.
218
Les pays du Nord peuvent trouver un intérêt à l'adoption de normes sociales en ce qu'elles
constitueraient un protectionnisme déguisé : empêcher les importations en provenance du Sud
et protéger leur production nationale.
2) L'application de normes environnementales :
Objectifs:
Préserver l'écosystème dans le cadre d'un développement durable.
Normes environnementales : critères de protection de l'environnement.
-
Normes antipollution.
Écotaxes.
Interdiction de l'usage des pesticides.
Limitation des émissions de gaz à effet de serre (protocole de Kyoto).
Promouvoir le développement durable.
Internalisation des coûts : appliquer le principe pollueur payeur.
3) L’application des normes financières :
Remarque préliminaire : le déroulement de la crise
La crise financière actuelle s'explique entre autres par le fait que les rendements financiers
demandés étaient trop élevés. Pour essayer de tenir cette promesse, le système financier et
notamment les banques ont tenté de se débarrasser des risques par la titrisation
(transformation d'une créance en un titre pouvant être vendu sur le marché financier). Les
prêts accordés aux ménages modestes américains ont été convertis en titre. Devant
l'emballement des marchés financiers, ils n'ont pas pu rembourser les échéances (endettement
des ménages et expulsion des logements).
Par la suite, les banques ont fermé la vanne du crédit car elles ne pouvaient plus se refinancer
sur le marché monétaire (crise de la liquidité). En effet, elles ne se faisaient plus confiance
dans la mesure où leur bilan pouvaient détenir des crédits ou des titres plus ou moins risqués
(crédits des subprimes : accorder un crédit sans vérifier les ressources du ménage.). La
fermeture du crédit est responsable de la chute de l'activité des entreprises dans la mesure où
elles n'ont pas pu financer leurs investissements. Par ailleurs, les ménages n'ont pas pu
emprunter ce qui a entraîné une déprime de la demande et à terme une récession économique.
Objectifs : réguler les marchés financiers.
Il est donc important de moraliser et de réglementer les marchés financiers :
Normes financières : réguler et réglementer le marché financier
- Mettre fin aux bonus et aux parachutes dorés (150 milliards de dollars de bonus ont été
versés dans les cinq plus grandes banques d'affaires américaines entre 2002 et 2007).
- Démantèlement des paradis fiscaux.
- Promouvoir l'indépendance des agences de notation et modifier les règles de notation.
- Contrôler publiquement la sphère financière.
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