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70 ■ Paysage
naturel / Météo
ATELIER 4 PHOTOGRAPHIER PAR
TRÈS MAUVAIS TEMPS
ANALYSE DE LA SITUATION
Le mauvais temps offre des possibilités photographiques
que le débutant ne soupçonne pas : les situations
extrêmes de pluie, de vent, de tempête sont
particulièrement riches pour celui qui ose les affronter.
La principale difficulté est de savoir différencier les
conditions météo propices à la photographie de celles qui
ne laissent aucune chance au photographe. L’expérience
de ce dernier est son meilleur atout. Ce chapitre vous
donne les clés pour tirer le meilleur parti de la situation et
pour trouver des idées de photos par mauvais temps.
Il est parfois difficile de
reconnaître les conditions
météo favorables à la
prise de vue : cette scène
de Laponie a été prise
lors d’une journée sans
précipitation. Pour autant,
le ciel couvert ne donne
pas de bonnes conditions
de lumière.
Les outils de l’atelier
• Pour prévoir au mieux la météo, voir page 19.
• Pour utiliser son trépied, voir « Le trépied » page 22.
• Pour maîtriser les techniques d’exposition, voir
« Comprendre et maîtriser l’exposition » page 39.
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Cette photo a été prise
en Écosse en pleine
journée. L’absence
spectaculaire de
lumière et une pluie
battante ininterrompue
laissent peu de chance
au photographe. Ces
conditions extrêmes
méritaient bien une
photo souvenir !
COMMENT PROCÉDER ?
Préparation et planification
Tenir compte de la météo sur le terrain. Même si le photographe recherche les ciels
perturbés, il est parfois contraint d’adapter son itinéraire pour éviter le très mauvais temps
et pour rechercher des opportunités photo.
Consultez les prévisions météo de un à trois jours, cela vous permettra de vous adapter
à la situation si le temps qu’il fait n’est pas celui dont vous rêviez et si les prévisions ne
permettent pas d’escompter une amélioration rapide :
• Si possible, déplacez-vous de 50 ou 100 km, cela peut être suffisant pour échapper à une
dépression et trouver des conditions de lumière plus favorables.
• Profitez des microclimats existant en bord de mer ou sur les îles (ou évitez-les).
• Préparez un départ matinal si des conditions favorables à un lever de soleil spectaculaire
ou à l’apparition de brume matinale sont prévues.
• Si vous êtes en montagne, prenez de l’altitude pour dominer la couverture nuageuse
(comme en avion) : grand soleil et vue spectaculaire garantis. Pensez également à
changer de vallée : les microclimats sont fréquents en montagne.
La formation de la brume et du brouillard. La brume se forme quand l’humidité
présente dans l’air ambiant se condense.
La brume apparaît au-dessus d’un lac, de la mer, d’une rivière ou d’un marais (ou audessus d’un paysage rendu humide par la pluie) après une journée chaude suivie d’une nuit
froide et claire. L’eau qui s’est évaporée durant le jour se condense dans la nuit ; au matin,
on assiste au phénomène.
Demandez-vous si les conditions sont réunies et préparez-vous à un départ matinal ; la
brume disparaît rapidement après l’apparition du soleil et du vent.
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naturel / Météo
Matériel
• Le boîtier. Un boîtier muni de joints anti-ruissellement (appareils professionnels et semiprofessionnels) est évidemment un plus et vous évitera les mauvaises surprises si vous
devez photographier sous la pluie. D’autres solutions (voir plus bas) sont heureusement
possibles.
• Le trépied et ses accessoires. Les conditions de basse lumière peuvent nécessiter
l’usage d’un trépied et de ses accessoires. En plein jour, un monopode est le bienvenu
pour limiter les risques de bougé.
• Les objectifs. Un objectif lumineux permet de compenser la faible lumière. À l’inverse,
les téléobjectifs sont difficiles à utiliser en basse lumière, car les risques de flou de bougé
sans importants. Un objectif transtandard (35 à 80 mm) est pertinent pour les scènes
de rue, tandis que l’objectif macro vous permettra de photographier d’autres sujets. Un
stabilisateur d’image est le bienvenu pour la photo à main levée.
• Le pare-soleil. Il est indispensable, car il protège la lentille frontale de l’objectif des
intempéries.
• Les filtres dégradés neutres. Ils permettent de donner un peu de consistance à un ciel
uniformément gris et d’accentuer l’effet dramatique d’un ciel orageux. Le filtre polarisant
n’est pas utile : pas de ciel bleu à rendre plus foncé, peu de reflets à éliminer.
• Le flash. Il est utile pour compenser l’absence de lumière et jouer avec les intempéries.
La protection du matériel
Paradoxalement, on protège son matériel contre l’humidité, l’eau et la poussière à peu
près de la même façon :
• Ne sortez votre appareil qu’au moment de la prise de vue et ne l’exposez pas
inutilement.
• Protégez les joints du boîtier et des objectifs avec du gaffer.
• Un sac en plastique dans lequel est ménagée une ouverture pour l’objectif et scellé
avec un élastique offre une protection rapide, efficace et peu coûteuse !
• Un vêtement imperméable, une protection contre la pluie ou un sac étanche pour la
plongée sous-marine peuvent être utilisés dans les cas extrêmes (tempête en mer ou
dans le désert).
• Utilisez la capuche imperméable de votre sac photo s’il en possède une.
• Gardez votre sac à l’abri sous un vêtement imperméable, idéalement un poncho.
Point technique
Exposition
Si vous décidez de photographier par mauvais temps, sachez que l’exposition est plutôt
facile, car l’absence de soleil (c’est-à-dire de lumière directe) élimine la présence de
contre-jour et modère le contraste des scènes, du sujet et de son environnement. Le
mode matriciel convient parfaitement et saura tirer parti de l’essentiel des situations.
Il en va autrement des scènes urbaines utilisant l’éclairage public, les néons ou autres
sources de lumière artificielle : quand la source lumineuse est incluse dans le cadre, une
correction de +1 IL est conseillée. Une mémoire d’exposition ou une mesure Spot ad hoc
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peut s’avérer nécessaire en cas de contre-jour, quand la source de lumière est importante
et si vous en faites le sujet principal de l’image.
Exposer pour la brume
La blancheur des paysages brumeux peut tromper la cellule de l’appareil photo et
conduire à une sous-exposition, exactement comme un paysage enneigé. Surexposer la
scène de 1 IL permet de compenser cette faiblesse.
Une photo de brume possède un contraste faible car les noirs et les valeurs sombres sont
affectés d’un voile blanc. L’histogramme d’une photo de brume est par conséquent très
« centré », mais abstenez-vous de trop resserrer les niveaux, car vous feriez disparaître
le voile brumeux.
Il ne faisait pas
bon se baigner ce
jour là sur cette
plage de Norvège.
En revanche, il ne
fallait pas rater
l’occasion photo.
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Cette photo a été prise dans le port de Galway, dans l’Ouest de l’Irlande. Les conditions qui
favorisent l’apparition de la brume en Irlande sont rares, cette image n’en a que plus de
valeur.
Durée de l’exposition
Le manque relatif de lumière rend la photo à main levée risquée. Vous devrez choisir
entre une grande ouverture (c’est là que l’objectif lumineux est utile) ou un réglage ISO
élevé, au-delà de 400 ISO pour éviter le flou de bougé. Un dispositif de stabilité comme
un monopode et le stabilisateur d’image de l’objectif ou du capteur sur certaines marques
permettent de reculer les limites du flou.
L’apparition des parapluies
dès les premières gouttes
crée des opportunités
photo qui illustrent
parfaitement le mauvais
temps. Si vous arrivez à
créer un flou de bougé en
suivant le déplacement du
sujet, vous aurez réussi
à suggérer le sentiment
d’urgence, bravo !
(© SVLuma)
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Un grand classique de la photo par mauvais temps : la flaque d’eau. Il est amusant de
retourner l’image : cela ajoute de la confusion et trompe le spectateur pendant quelques
secondes. (© Mikhail Levit)
Profiter des temps morts
Une fois sur le terrain, votre production photographique est votre priorité : consacrez les
heures les plus favorables à la prise de vue et réservez le mauvais temps ou le milieu de
journée à la logistique et à d’autres activités, comme :
• Le repérage des lieux. Un bon repérage permet de trouver des sujets à
photographier (essayez d’imaginer le paysage avec une belle lumière), de choisir le
point de vue et le cadrage avec soin. Il permet également de vérifier les conditions
d’accès aux différents lieux. Notez le temps qu’il faut pour vous y rendre.
• Le nettoyage du matériel et l’archivage. Videz vos cartes mémoire et sauvegardez
vos photos.
• L’expérimentation. Essayez le « zooming » (prise de vue en vitesse lente pendant
que vous zoomez), testez la prise de vue au flash, etc.
• Le repos. Comme vous vous levez tôt, une sieste en milieu de journée vous permettra
de récupérer.
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VARIANTES
Variante 1 : la pluie sur
le pare-brise
Quand le temps est vraiment trop
mauvais, il est tentant de rester
enfermé chez soi ou dans son véhicule
et d’attendre qu’il fasse meilleur. Et
c’est souvent la meilleure chose à faire,
le photographe ayant toujours de quoi
s’occuper (entretien du matériel, posttraitement…)
Ce paysage d’Écosse est comme
transcendé par la pluie qui inonde le parebrise. Sans cette espèce de filtre, la photo
prise de l’extérieur de la voiture n’aurait
pas eu beaucoup d’intérêt.
Pensez cependant à saisir les scènes qui
s’offrent à vous alors que vous êtes bien
au sec, et en particulier ce qui se passe
sur les vitres d’une fenêtre ou le parebrise d’un véhicule : le résultat peut être
étonnant. Faites la mise au point sur les
gouttes d’eau (comme sur l’image cicontre) ou sur le paysage en arrière-plan
du vitrage : flouté par endroit par les
gouttes de pluie, il sera particulièrement
esthétique.
Variante 2 : la pluie qui
tombe (photographiée
avec le flash)
Photographier la pluie qui tombe n’est pas
chose aisée. Les gouttes d’eau chutent
en effet trop vite pour être saisies par
le capteur de l’appareil photo dans les
conditions habituelles de prise de vue.
Une fois de plus, les meilleurs résultats
sont obtenus grâce à la combinaison
d’intempéries et de lumière. Ne soyez
donc pas découragé s’il pleut, les
possibilités créatives sont immenses.
(© Galyna Andrushko)
En revanche, si une éclaircie survient ou
si vous disposez d’un éclairage d’appoint,
il est possible de réaliser le type d’image
ci-dessous : choisissez une vitesse
d’obturation de l’ordre de 1/20 s, faites
en sorte que l’arrière-plan soit assez
sombre et d’aspect uniforme (une faible
profondeur de champ permet de créer
un flou harmonieux) et choisissez un
sujet esthétique que vous pouvez isoler
en utilisant un téléobjectif ou un objectif
macro.
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Variante 3 : les gouttes d’eau
Il s’agit une fois encore de photographier les gouttes d’eau, non plus sur une surface
vitrée ni au cours d’une averse, mais lorsqu’elles sont sur le point de tomber. Vous
pouvez positionner une fleur en arrière-plan : elle sera visible entièrement dans la goutte
d’eau.
Un objectif macro permet d’obtenir le rapport de grossissement adéquat et le flou
d’arrière-plan nécessaire à l’esthétique de l’image.
Atelier 5
W
Vous pouvez obtenir ce genre de résultat sans attendre la pluie : déposez quelques
gouttes d’eau sur une plante, à la main ou en pulvérisant suffisamment d’eau avec un
brumisateur. (© Brandon Elliot)
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