Grand prix des stratéGies médias
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Grand prix des stratéGies médias
au cœur de toutes les stratégies N° 1818-1819 - 18 juiN 2015 - 9,50¤ - 9,50 E - RD M 06323 - 1818S F: Grand prix des stratéGies médias 3’:HIKQNC=XU^ZUU:?b@h@t@e@k"; ISSN 0180-6424 Adserver RTB Mobile Vidéo Rich Media Premium (Direct + Programmatique) Reporting & Analytics = RTB+ Editeurs : pilotez dans une solution unique 100% de vos inventaires et maximisez vos revenus. Annonceurs : accédez à l’inventaire le plus premium en programmatique. Gardez le contrôle ! Pour en savoir plus sur nos solutions, contactez-nous au 01 53 57 79 65 ou sur smartadserver.com Numéro double, bouchées doubles agences. Vincent Leclabart réélu à la présidence de l’AACC p.4 communication. Une seule voix pour les agences d’événementiel ? p.6 la semaine vue par… Jean-Baptiste Danet (Dragon rouge) p.8 Grand prix publicité. Ubisoft : des assassins intégrés et très participatifs annonceur de l’année. Ubisoft prix des annonceurs. Meetic rencontre l’adhésion des annonceurs stratégies médias. Milka Biscuit, la saga qui se pique au jeu(ne) © Thomas Cogny en bref p.10 p.14 p.16 p.18 business Les JUrés frAnçAis prêts poUr Les CAnnes Lions sommaire vie des budgets. Marcel roule pour Uber france publicité. BBDo paris, du neuf sans new design. Lonsdale bâtit son village global audiovisuel. numéro 23, le casse-tête du CsA presse. Chérie, j’ai rétréci le journal étude. Joue-là comme shiva culture tech. entremetteur musical prix stratéGies des jeunes créatifs Les noMinés 2015 p.22 p.26 p.28 p.29 p.30 p.32 p.33 p.34 p.37 inspirations international. Damien Bellon (BetC) : « Les Anglais ont l’intelligence d’accorder plus d’importance à l’idée » techno. La bonne pub qualité filtre palmarès grAnD prix De LA pUBLiCité grAnD prix Des strAtégies MéDiAs manaGement p.50 p.54 pour faire le plein d’innovations digital manager. Angélique Zettor (genymobile), participe présent p.80 prospective. Voyage dans le futur création de valeur. Les 5 « magics » du growth-hacking relation client. Valoriser son capital client : les leçons de l’épicier de quartier internet. Mary a tout dit l’humeur de murat. Über-lobbying @omongeau 10 p.55 p.71 p.78 p.79 opinions 18/06/2015 OLIVIER MONGEAU, rédacteur en chef Le teAM CréAtif se réinVente mouvements. nominations et promotions ressources humaines. « Disruption rH », La rédaction de Stratégies s’est mise en quatre pour vous préparer ce numéro spécial de 92 pages. Attention, double dose de créativité pour ce 3e épisode de notre série « Juin créatif » ! À commencer par le Grand Prix de la publicité et des stratégies médias 2015 (page 10). Les jurés ont bien travaillé, récompensant Sid Lee Paris pour Ubisoft « Assassin’s Creed Unity » (publicité), Carat et Brand Station pour l’appli Milka Biscuit Saga (stratégies médias), Buzzman pour Meetic « Love your imperfections » (prix des annonceurs). Sans oublier le prix de l’annonceur de l’année attribué par la rédaction à Ubisoft. Cette édition témoigne du niveau que peut atteindre la communication publicitaire française. Nos lauréats ne dépareraient pas dans la base de données qui nourrit The Ad Filter, ce plug-in qui bloque les pré-roll et les remplace par des publicités primées au festival anglais D & AD (page 54). D’aucuns diront que la production moyenne n’égale pas encore celle de nos voisins britanniques. Question de talent ? De méthode ? De culture ? Débat récurrent dans lequel il convient de faire la part des choses. Nous avons demandé son avis à l’un des rares créatifs français à avoir travaillé des deux côtés de la Manche (page 50). Les Cannes Lions qui s’annoncent permettront aussi d’y voir plus clair (page 22). Ou pas ! Combien de campagnes primées dans l’édition 2015 du Grand Prix ont été réalisées par un binôme concepteur-rédacteur/directeur artistique ? Moins qu’il y a cinq ans, assurément. Le « team » historique est en train de muter ; certains directeurs de création ont déjà signé son acte de décès. C’est l’objet du troisième volet de notre enquête sur les créatifs (page 78). Mais c’est bien un duo qui remportera encore le Prix Stratégies des jeunes créatifs ! Les lauréats seront révélés dans notre numéro du 2 juillet. Sans attendre, nous vous présentons cette semaine les dix teams sélectionnés par la rédaction (page 37). Vive la créativité d’aujourd’hui et de demain ! 14 p.81 18 p.84 16 p.85 p.86 p.88 p.90 3 STRATÉGIES N° 1818-1819 DÈS CET L’AUTOMNE AVEC IOS 9, enbref les développeurs auront la possibilité de créer des extensions pour le navigateur d’apple safari, afin de bloquer certains contenus sur les pages internet, et donc les publicités. L’information, repérée par Le Figaro dans la liste des améliorations de safari, n’a pas été évoquée au cours de la conférence d’apple le 8 juin. © Stephen Morris/Getty Images Les bloqueurs de pub bientôt sur Iphone big data MÉFIANTS ET IMPRUDENTS La seconde édition de L’étude ipsos pour Elia Consulting sur « les Français et leurs données personnelles », réalisée du 29 avril au 4 mai, montre que les Français « ont de plus en plus conscience des enjeux liés à la transmission et l’utilisation de leurs données personnelles ». Une prise de conscience doublée d’une méfiance : 88 % d’entre eux n’ont pas confiance dans les réseaux sociaux pour protéger leurs données, 68 % concernant les moteurs de recherche. Ces résultats sont différents du sondage précédent, effectué en 2013, avant les révélations d’Edward Snowden et des scandales d’espionnage massif. Il apparaît que si la défiance est croissante, « les usages restent inchangés et peu prudents »… agences VINCENT LECLABART RÉÉLU À LA PRÉSIDENCE DE L’AACC STRATÉGIES N° 1818-1819 © Christophe Boulze LE PRÉSIDENT DU GROUPE AUSTRALIE a été réélu pour un second mandat de deux ans à la présidence de l’Association des agences-conseils en communication. Il était le seul candidat à se présenter. « Nous allons poursuivre nos efforts d’abord sur le volet “influence”, afin de remettre notre industrie au centre du jeu économique – déjà les pouvoirs publics viennent davantage nous solliciter –, ensuite sur le volet “gouvernance”, notamment en nous ouvrant à d’autres associations, à commencer par l’Udecam [Union des entreprises de conseil et d’achat média], pour être plus forts », a déclaré Vincent Leclabart à Stratégies. Dans la foulée, l’AACC a élu deux nouveaux administrateurs : JeanRené Buisson (Sopexa) et Grégory Pascal (Extrême Sensio), et réélu onze autres : Agathe Bousquet (Havas Paris), Jean-Paul Brunier (Leo Burnett), François Garcia (X-Prime), Laurent Habib (Babel), Patrick Lara (Publicis Conseil), Vincent Leclabart (Australie), 4 Pierre Le Gouvello (DDB), Mathieu Morgensztern (Digitas-LBI), Sophie Po (Parties prenantes), Natalie Rastoin (Ogilvy) et Anne Vincent (TBWA Paris). 18/06/2015 HELLO, ON S’APPELLE by ET ON FAIT DES CAMPAGNES 100% VIDÉO DIGITALE (DONC POUR CE PRINT, ON A FAIT COMME ON A PU) Scratch to Win McDonald’s Don’t Skip the Ad NRj Mobile Time Walk Palladium Fan de Barbecue LiDL IDÉES, TALENTS, TECHNOLOGIES advertising.dailymotion.com/fr/nroll @dailymotionroll [email protected] le chiffre 25 C’est, en millions, le nombre de smartphones et de tablettes qui devraient être vendus en France cette année, selon le dernier baromètre MMA France-GFK. le tweet Test & learn Epitech @Epitech – 13/06/2015 « Faites les choses à fond ! Plantez-vous. Quand on se plante, on apprend de belles choses. » @netmad Epitech2014 communication UNE SEULE VOIX POUR L’ÉVÉNEMENTIEL ? La FiLiÈRe de La coMMunication paR L’éVéneMent est en réflexion. Les trois associations de la profession, AACC Event (10 agences), Anaé (60 agences) et Le Raffut (13 agences), planchent sur un rapprochement afin de donner naissance à une nouvelle structure à même de représenter d’une seule voix les intérêts de leurs adhérents. Et notamment de porter une vision commune du métier auprès de toutes les parties prenantes et de le valoriser uniformément. L’événementiel regroupe en effet des domaines d’activité différents entre le corporate, le grand public, le tourisme événementiel, etc. Pour l’heure, les modalités de cette nouvelle structure – et notamment ses liens avec l’Association des agences conseils en communication – ne sont pas définies. en bref # © GettyImages Carlson Wagonlit Travel avale Ormès top Attias, Lazard et WPP font offre commune LA BANQUE LAZARD, le groupe WPP et l’entreprise de Richard Attias (photo), Richard Attias & Associates, s’associent pour développer une offre d’organisation de cycles de conférences économiques internationales. Le but est d’offrir à des pays « clients » l’opportunité d’augmenter leur visibilité et d’attirer des investisseurs. flop Tribord fait boire la tasse aux plaisanciers pour que l’appel au port du gilet de sauvetage ne soit plus seulement une bouteille à la mer. STRATÉGIES N° 1818-1819 LE GROUPE Carlson Wagonlit Travel (CWT), via sa filiale CWT Meetings & Events, s’est offert l’agence Ormès, spécialisée dans l’événementiel d’entreprise. Le nouvel ensemble devient leader français des événements et séminaires d’entreprise. Ormès est présente à Paris, Lyon, Nice et Toulouse. Quand un juré de patinage artistique préfère écouter son ventre plutôt que noter deux sportifs, la pub Vico fait un bide. Pepsi se met au foot ALORS QUE SON CONCURRENT COCA-COLA est sponsor de l’Euro 2016 en France, le groupe Pepsico a signé un partenariat pour trois saisons (2015-2018) avec l’UEFA comme sponsor de la Ligue des champions. Il communiquera autour de ses marques Lay’s, Gatorade et Pepsi Max. 6 18/06/2015 La Semaine vue par le mouvement Yann Bonnet « La loi Macron, ça reste des demi-mesures » secrétaire général du CNN © A.Martin Rapporteur général du Conseil national du numérique depuis mars 2013, en charge du pilotage de la concertation nationale sur le numérique lancée par Matignon, il est nommé secrétaire général de l’instance, en remplacement de Jean-Baptiste Soufron. le livre Réussir son référencement web Vous n’avez pas encore lu la bible d’Olivier Andrieu, l’un des meilleurs spécialistes du référencement et des moteurs de recherche sur internet ? L’édition 2015 est pour vous. Vous saurez tout des « stratégies et techniques SEO » (éditions Eyrolles, 660 pages, 35 euros). Jean-BaptiSte Danet directeur général du groupe Dragon rouge et vice-président de Croissance plus La loi Macron examinée en seconde lecture à l’assemblée nationale. En tant que viceprésident de Croissance plus, je pense que cette loi de simplification de l’économie est essentielle pour l’entreprise, que les annonces faites sont encourageantes... mais restent des demi-mesures. L’encadrement des indemnités aux prud’hommes ne va pas assez loin, tandis que nous estimons que le volet de la loi Hamon sur le droit d’information préalable des salariés en cas de cession d’entreprise aurait dû être purement et simplement supprimé. L’arrivée d’Uber à Marseille, Strasbourg et nantes. L’anti-Uber devient un combat d’arrière-garde. S’il existe des services comme Uber Pop, dont le législateur pourrait sans doute retarder la marche, pour le reste, l’« uberisation » me semble inarrêtable. Les annonces d’apple à la Worldwide Developers Conference. Le futur système d’exploitation IOS 9, qui va intégrer les nouvelles applications Apple Pay et Apple Music, pèserait moins de la moitié du précédent système et permettrait d’économiser la batterie, ce qui n’est pas négligeable. Ce nouvel OS permettra aussi de bloquer les publicités… Cela ne me choque pas plus que cela : moi aussi, il m’arrive d’être exaspéré par les vidéos publicitaires. Mais je trouve cela assez naïf. Certains modèles économiques, notamment l’information gratuite, fonctionnent grâce à la publicité… L’offre commune de Lazard, Wpp et Richard attias pour un cycle de conférences économiques et internationales. Ces conférences offrent de nouvelles formes d’investissements. L’économie mondiale a besoin de nouveaux investisseurs. Et, au-delà d’une offre économique attirante, la démarche est également intéressante du point de vue culturel. Le CSa saisi après la diffusion des images de Vincent Lambert à la télévision. Ce qui s’est passé est ignoble. Aller filmer cet homme sur son lit d’hôpital, c’est bafouer le corps médical, dénier le droit à la vie privée et faire fi des souffrances de la famille. Propos recueillis par DELPHINE LE GOFF en bref une semaine sur stratéGies en liGne* STRATÉGIES N° 1818-1819 Comment une marque peut-elle réutiliser les photos des réseaux sociaux ? Samsung va ouvrir en France un centre R & D sur les objets connectés You Tube sort le grand jeu... vidéo L’Humanité reste le quotidien le plus aidé par l’État en 2014 L’industrie pharmarceutique se donne un visage Secret des affaires: mobilisation contre un projet de directive 8 Facebook lance une appli de partage de photos *Semaine du 10/06 au 16/06/2015 18/06/2015 l'éVénement Grand Prix des assassins intégrés et trÈs participatiFs PUBLICITÉ Pour le lancement d’Assassin’s Creed Unity, Sid Lee Paris a imaginé une campagne TV-cinéma réalisée de manière collaborative avec les fans du jeu d’Ubisoft. Ce mariage entre film classique et dispositif intégré a séduit le jury du Grand Prix Stratégies de la publicité. OCÉANE REDON En partenariat avec Avec le soutien de : STRATÉGIES N° 1818-1819 @Oceane_Redon À première vue, le trailer animé du jeu Assassin’s Creed Unity, déjà primé à de nombreux festivals (D & AD, Eurobest, Club des directeurs artistiques…) et qui remporte le Grand Prix Stratégies de la publicité 2015, est relativement simple. Au milieu de la crasse et de la pauvreté du Paris pré-révolutionnaire, alors que le peuple peine à survivre, surgissent des héros : les fameux « assassins ». Mi-Robin des bois mi-Zorro, ces justiciers luttent contre la tyrannie et l’oppression, envahissent les palais, s’élèvent contre les gardes armés et entraînent tous les opprimés dans leur combat contre la royauté. Diffusé en octobre 2014 sur les chaînes de télévision et dans les cinémas du monde entier (sauf aux États-Unis), ce film publicitaire signé Sid Lee Paris (agence médias : Mindshare pour la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne) immerge les spectateurs dans l’univers temporel et spatial de ce jeu d’Ubisoft, septième opus de la série Assassin’s Creed, sorti en novembre 2014. Mais derrière le classicisme apparent du trailer se cache une toute autre histoire : tous les « assassins » révolu- 10 tionnaires et avides de justice qui y apparaissent ne sont pas le fruit d’un logiciel ou d’un seul et même créatif. Ils ont été dessinés par les fans du jeu eux-mêmes, qui ont ainsi pu participer activement à la création de la publicité. engagement spectaculaire. « Nous avons d’abord travaillé deux mois sur une première piste avec un film et une opération digitale, raconte Sylvain Thirache, directeur de création exécutif et fondateur associé de Sid Lee Paris. Puis, de débrief en débrief, nous avons revu la copie et nous nous sommes finalement inspirés du mode “coop” du jeu [pour la première fois dans la licence Assassin’s Creed, les joueurs peuvent jouer en coopération afin d’unir leurs forces dans un but commun] pour réaliser un trailer sur la même idée participative. » « Cette campagne est directement reliée à notre produit », renchérit Guillaume Carmona, di- 18/06/2015 recteur marketing d’Ubisoft pour la région Europe, Moyen-Orient, Afrique. Pour rendre cette idée possible, l’agence et la société de production Iconoclast ont créé un site internet, Acunity-unite.com, sur lequel les internautes pouvaient, à l’aide de… 5 millions d’options, créer, habiller et armer leur personnage selon leurs goûts. Au moment du tournage du « case study » de l’opération, fin 2014, plus de 2 millions de visiteurs avaient été enregistrés sur le site, pour un temps moyen de visite supérieur à six minutes. « Le jeu bénéficie d’une grande communauté de fans qui cherchent toutes les informations possibles sur internet. Trouver des internautes pour participer à l’opération a été facile », glisse Sylvain Thirache. « En termes d’engagement, les résultats ont été 20 à 30 % supérieurs à nos campagnes précédentes », se félicite Guillaume Carmona, qui ajoute : « C’est la première fois qu’on réussit une campagne intégrée sur autant de temps [de juin à octobre 2014] et avec autant de personnes. » Au final, 200 000 personnages customisés ont été créés virtuellement. À la suite d’un vote en ligne, les 18/06/2015 1 430 plus appréciés ont été intégrés un par un au trailer réalisé par le réputé Joseph Kosinski (Tron, l’héritage et Oblivion). Pour relever ce challenge créatif, l’agence a travaillé avec Blur, un studio d’animation de Los Angeles. Outre la version classique diffusée à la télévision et au cinéma, une version interactive a été mise en ligne. Les internautes pouvaient l’arrêter à tout moment pour zoomer et chercher leur avatar. Pour arriver à un tel degré de précision et de netteté, les équipes de Sid Lee Paris, d’Iconoclast et de Blur ont créé un Giga Pan (photos panoramiques composites à haute résolution) permettant d’entrer dans le film. Là encore, le succès semble avoir été au rendez-vous puisque cette vidéo interactive a déjà été partagée plus de 300 000 fois sur les réseaux sociaux. Dans cette campagne intégrée et collaborative, dont le budget de production était légèrement supérieur au million secteur : loisirs, jeux – réalisation : « Assassin’s Creed Unity » – annonceur : Ubisoft – responsable annonceur : Guillaume Carmona – agence : Sid Lee Paris – responsable agence : Johan Delpuech – directeur de création exécutif : Sylvain Thirache – sortie : 1er juillet 2014. Six ans de collaboration entre Ubisoft et Sid Lee Paris Le Grand Prix Stratégies de la publicité 2015 couronne six années de collaboration entre Ubisoft et Sid Lee Paris. L’agence, qui travaille depuis sa création en 2009 avec ce client, a réalisé des campagnes pour Les Lapins crétins (« Go Home », en 2009) et Ruse (« Don’t believe what you see », en 2010) mais surtout pour la licence Assassin’s Creed (Assassin’s Creed 3-Rise, en 2012 ; Assassin’s Creed IV-Black Flag, en 2013 ; Assassin’s Creed IV-Defy History, en 2014 ; Assassin’s Creed Unity, en 2014). Précisons qu’Ubisoft a décidé il y a peu de centraliser sa communication EMEA chez BETC. 11 STRATÉGIES N° 1818-1819 l'éVénement / Grand Prix d’euros, « le film ne pouvait se passer du digital, et inversement », résume Sylvain Thirache. Sans oublier que les fans du jeu étaient aussi alpagués dans la rue. En effet, à Londres, Barcelone, Paris, Stockholm ou encore Amsterdam, des affiches digitales mettaient en avant des avatars réalisés par des internautes habitant ces villes. « Une opération complète et pertinente qui a bien pris en compte les envies et les prérogatives des amateurs de jeux vidéo. » Alexandre Hervé, président du jury l’intégration, tendance À la mode ? Après Marcel et « Les Fruits et légumes moches » d’Intermarché, c’est donc la deuxième année consécutive que le jury du Grand Prix Stratégies de la publicité récompense une campagne intégrée. Une tendance ? « C’est conjoncturel, assure le président du jury Alexandre Hervé, vice-président et directeur de la création de l’agence DDB Paris (devenu depuis directeur de la création de Romance). C’est ce que recherchent les marques, mais nous n’avons pas fait de racisme antipublicité classique. » D’ailleurs, si Marcel était à nouveau cette année dans le carré final pour son client Intermarché avec une nouvelle campagne intégrée, « Le Jus le plus frais », s’y trouvaient également des campagnes plus traditionnelles comme les affiches « Objets » du Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux (DDB Paris) et la saga télévisée « Electric » d’EDF (Havas Paris). Mais, finalement, le jury a été séduit par « une opération complète et pertinente qui a bien pris en compte les envies et les prérogatives des amateurs de jeux vidéo, tout en restant discrète et agréable à regarder » pour les néophytes, résume Alexandre Hervé. Le directeur marketing d’Ubisoft, Guillaume Carmona, y voit « en quelque sorte une reconnaissance de notre créativité [qui] nous permet de sortir du monde du jeu vidéo pour devenir un produit culturel grand public ». ◊ dix Ans de grAnd prix Année Annonceur Agence 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 Ubisoft Intermarché Louis Vuitton Canal + Monoprix Canal + Tiji Oui FM INPES Canal + Sid Lee Paris Marcel Ogilvy France BETC Havas City BETC DDB Paris Leg Draft-FCB BETC LE JURY DU GRAND PRIX STRATÉGIES DE LA PUBLICITÉ AlexAndre Hervé olivier lefebvre codirecteur de la création de Fred & Farid paris olivier AltmAnn pAul kreitmAnn xAvier beAuregArd sylvAin tHirACHe cofondateur d’altmann + pacreau directeur de création chez Ogilvy paris olivier Apers Anne de mAupeou directeur de création intégrée de BetC directrice de la création de marcel ClAire rAvut jeAn-frAnCois goize © Photographies : Régis Grman vice-président et directeur de la création de ddB paris CHristopHe Coffre président et directeur de la création d’Havas paris STRATÉGIES N° 1818-1819 mAttHieu elkAim directeur de la création de BBdO paris Vp et directeur de la création directeur de création exécutif de Leo Burnett France et cofondateur de sid Lee paris 12 codirectrice de la création d’australie directeur de création chez tBWa paris 18/06/2015 149 heures de vidéo regardées par an 39 sites internet masculins dans ses favoris 59 minutes d’écoute radio en dehors de chez soi chaque jour LA CONNAISSANCE DE TOUS LES COMPORTEMENTS MÉDIAS ET MULTIMÉDIAS Pour tout renseignement : w w w. m e d i a m e t r i e . f r Grand prix / Grand prix Ubisoft, annonceur de l’année COMMUNICATION L’éditeur français de jeux vidéo, Grand Prix de la publicité 2015 pour Assassin’s Creed Unity, a par ailleurs été élu annonceur de l’année par la rédaction de Stratégies. OCÉANE REDON @Oceane_Redon analyser la personnalité des joueurs en fonction de leurs choix. « Cette campagne était immersive, à l’image du jeu dont le côté systémique donne l’impression de jouer dans un monde vivant », détaille Guillaume Carmona. 1 c haque année, Ubisoft commercialise une dizaine de jeux vidéo, et 2014 n’a pas dérogé à la règle, pour le plus grand bonheur des gamers. Ceux-ci ont pu tester les dernières sagas d’Assassin’s Creed et de Far Cry, mais aussi des nouveautés comme Watch Dogs, The Crew ou, dans un tout autre registre, Just Dance (photo 1). Face à cette multiplicité de jeux, Ubisoft adapte bien évidemment sa communication publicitaire à chaque produit. Mais avec une constante : chercher à impliquer les joueurs en leur proposant des expériences intégrées et divertissantes le plus tôt possible « pour créer une attente afin d’événementialiser la sortie du jeu », explique Guillaume Carmona, directeur marketing Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) d’Ubisoft. Résultat ? « Les campagnes que nous développons peuvent donner l’impression d’être assez loin du jeu, car ce ne sont pas de pures démonstrations produit. Ce sont davantage des expériences qui nourrissent la notoriété du jeu et augmentent l’engagement des joueurs. » Pour la plus grande majorité de ses licences, Ubisoft se doit donc d’engager très tôt ses consommateurs dans des expériences qui correspondent à la vision créative du jeu. Une stratégie de communication qu’illustre parfaitement la campagne d’Assassin’s Creed Unity (Sid Lee Paris), pour laquelle les internautes ont été invités à créer leur avatar personnalisé sur un site dès juin 2014, alors que le jeu n’était lancé qu’en octobre (lire p.10). Autre exemple, la campagne digitale « What are you made of ? » (photo 2), de l’agence Grey Paris, pour le jeu de tir en vue subjective Far Cry 4, sorti en novembre 2014, proposait aux internautes des tests sous forme de « rites de passage » pour STRATÉGIES N° 1818-1819 « Nos campagnes ne sont pas des démonstrations produit, mais des expériences qui augmentent l’engagement des joueurs. » Guillaume Carmona, directeur marketing EMEA d’Ubisoft À l’écoute permanente des Joueurs. Dans la même optique d’impliquer les joueurs (très) en amont de la commercialisation, Ubisoft n’hésite pas à faire tester le jeu dans sa phase de développement. « Nous venons de terminer une phase alpha [photo 4] pour le jeu de tir Tom Clancy’s Rainbow VI : Siege [sortie prévue en octobre 2015], afin d’avoir les retours et les avis des utilisateurs. Nous devons en permanence écouter les gamers pour répondre à leurs besoins et attentes », glisse Guillaume Carmona. Mais, comme bien souvent, une exception vient confirmer la règle. Il s’agit en l’occurence de Just Dance, à la cible plus féminine et familiale. Pour ce jeu, Ubisoft a adopté des communications courtes, proches du lancement, et accompagnées d’un film publicitaire télévisé. Pour gagner en crédibilité et toucher toujours plus de consommateurs, Ubisoft s’efforce aussi, tant dans ses jeux que dans ses communications, d’être pertinent socialement parlant. « Le jeu Watch Dogs [sorti en mai 2014] érige la figure du hacker en élément du contre-pouvoir. Du coup, nous avons communiqué en amont de sa sortie avec un jeu baptisé We are data [photo 3] et nous avons aussi, avec BETC, réalisé un stunt qui tournait autour de la figure du hacker », illustre Guillaume Carmona. Le but d’Ubisoft, dans ce cas précis, a été de « faire prendre conscience à un maximum de personnes de la trace digitale qu’on laisse sur les réseaux sociaux ». centralisation. L’inventivité et la puissance de la communication d’Ubisoft ont conduit la rédaction de Stratégies à désigner la marque comme annonceur de l’année. Pour aller encore plus loin dans 14 18/06/2015 Grand prix / Grand prix 2 3 audacieux et créatif qui n’hésite pas à créer de nouveaux jeux, de nouveaux mondes et de nouvelles histoires », Stéphane Xiberras, coprésident et directeur de la création de BETC Paris (par ailleurs gros joueur lui-même) se donne pour objectif de « défendre la culture du jeu vidéo ». « Nous allons faire la promotion de la qualité et du soin apporté à la production des jeux d’Ubisoft, comme nous le faisons pour un autre acteur du secteur culturel, Canal + [autre client de BETC] », continue-t-il. Les prochains gros lancements d’Ubisoft, Assassin’s Creed Syndicate (octobre 2015), Tom Clancy’s Rainbow VI : Siege et Tom Clancy’s The Division (début 2016) seront ainsi assurés par BETC. Pour lancer la communication autour d’Assassin’s Creed Syndicate, BETC et Ubisoft lancent une opération innovante. « Pour la première fois de l’histoire des Assassin’s Creed, nous avons permis à notre communauté d’y jouer en même temps que les professionnels de l’industrie, regroupés à l’E3 [le salon international du jeu vidéo à Los Angeles]. Cette opération événementielle s’est déroulée dans huit pays, dont la France », conclut Guillaume Carmona. Cela s’est passé du 16 au 18 juin… juste avant le Grand Prix Stratégies. ◊ cette voie, l’éditeur de jeux vidéo a décidé, fin 2014, de centraliser sa communication chez BETC. « Jusqu’alors, nous travaillions avec différentes agences pour la zone EMEA [pour ne citer que les françaises : BETC, Sid Lee Paris et Grey Paris]. Fin 2014, nous avons confié l’ensemble de notre communication à BETC pour passer moins de temps à faire des appels d’offres et plus sur les campagnes, explique Guillaume Carmona. Nous avions besoin d’une structure qui soit capable d’encaisser une charge de travail dense et de travailler avec une équipe qui connaît bien le milieu des jeux vidéo. » Toujours dans cette optique de centralisation, Ubisoft a également lancé un appel d’offres portant sur l’achat médias afin de trouver un seul et même réseau pour chapeauter toute la zone EMEA. Concrètement, chez BETC, une équipe composée d’une petite trentaine de personnes œuvrera à temps plein pour Ubisoft. Ravi de travailler pour « un annonceur 18/06/2015 4 15 STRATÉGIES N° 1818-1819 Grand prix / Grand prix Meetic rencontre l’adhésion des annonceurs PRIX DES ANNONCEURS Réuni en marge du jury du Grand Prix de la publicité, un panel de directeurs de la communication et du marketing ont distingué la campagne « Love your imperfections » de l’agence Buzzman pour Meetic. OLIVIER MONGEAU @omongeau p Christelle Policard, directrice de la communication corporate de la Compagnie des Alpes, a souligné le caractère « très décomplexant » d’une campagne dans laquelle « tout le monde peut se projeter ». « C’est une réelle différenciation, Meetic creuse un vrai sillon avec de vraies gens », a aussi relevé Catherine Spindler, directrice du marketing de Vente-privée.com. ersonne n’est parfait, mais il arrive parfois qu’on s’approche du zéro défaut. L’insight au cœur de la campagne Meetic « Love your imperfections » (agence Buzzman) –nos petits défauts font notre charme– a ainsi séduit sans trop de débats le jury d’annonceurs que Stratégies a réuni, pour la deuxième année consécutive, dans le cadre du Grand Prix de la publicité. Cette année, huit responsables de la marque, du marketing et de la communication ainsi qu’un dirigeant de l’Union des annonceurs (UDA) ont été appelés à se prononcer sur la base des prix attribués, quelques jours plus tôt, par le jury du Grand Prix. Dans un marché très concurrentiel, Meetic, pionnier de la rencontre en ligne, numéro un en France et en Europe, a su échapper à la surenchère des promesses et des idéaux de la séduction. Le jury des annonceurs y a été sensible, comme il a apprécié la plateforme stratégique de la marque. STRATÉGIES N° 1818-1819 Alexandre Lubot, CEO de Meetic Europe LE JURY DU PRIX DES ANNONCEURS © Régis Grman pour Stratégies QuÊte d’authenticité. « Avec cette campagne, Meetic reprend son rôle de leader en redéfinissant ce que doit être un site de rencontres : permettre aux vraies gens de rencontrer d’autres vraies gens, les inviter à assumer leurs petits défauts pour en faire des points de saillance, de séduction, résume Alexandra Mauraisin, directrice de la publicité et des médias du groupe La Poste. Ce qui devient important, c’est alors l’authenticité des personnes que l’on rencontre sur Meetic, et cela vient précisément casser les codes de la séduction. » « Ce qui a renforcé notre choix, ajoute-t-elle, c’est le fait de faire vivre l’expérience “Love your imperfections”. Meetic va au-delà de la proclamation publicitaire et invite sa communauté à jouer le jeu, à être authentique en affichant et en assumant ses défauts dans son profil sur le site. » « Meetic ne promet pas l’amour à ses membres, mais les meilleures conditions. » insight et empoWerment. Du petit lait pour Alexandre Lubot ! Très impliqué dans le marketing et la communication, le CEO de Meetic Europe est à l’origine de la plateforme de marque qu’ont parfaitement comprise et appréciée les jurés annonceurs réunis par Stratégies. Testée en France, au Royaume-Uni et en Suède avant sa diffusion fin 2014, cette campagne européenne « met de la cohérence entre la promesse projetée et la réalité vécue par les gens », souligne-t-il. « C’est typiquement un discours d’empowerment, un discours de vérité qui prend le contrepied de la communication de la concurrence, poursuit-il. C’est une campagne libératrice pour les gens. » Et « l’insight est universel : personne n’est parfait, ce sont même nos petits défauts qui font notre charme ». « Insight », « empowerment » : deux termes qui reviennent souvent dans la bouche d’Alexandre Lubot, ancien proctérien recruté par Match.com en 2011 pour diriger son marketing en Europe (deux ans plus tard, il était nommé CEO). Il s’emploie alors à repositionner la marque: «Meetic n’est pas là pour promettre l’amour, mais pour mettre ses membres dans les meilleures conditions d’état d’esprit et de moyens.» DIDIER BEAUCLAIR SYLVIE DUBOIS directeur médias et relations agences de l’Union des annonceurs responsable médias de Bnp paribas 16 ALEXANDRA MAURAISIN directrice de la publicité et des médias du groupe La poste SOPHIE NICOULEAUD responsable médias de la macif 18/06/2015 Grand prix / Grand prix De site de rencontres, Meetic se transforme en une société de services de rencontres et développe ses « événements », qui sont devenus l’un des éléments de différenciation le plus fort de la marque. Depuis deux ans, quelque 200 000 personnes y ont participé dans les plus grandes villes d’Europe. On trouve de tout, du cours de français au séjour de ski en passant par la session d’œnologie avec Marie Claire (Jean-Paul Lubot, directeur général du groupe de presse, est cousin d’Alexandre). Pour Alexandre Lubot, cette « promesse de moyens, pas de fin » repose sur trois piliers : l’authenticité, la variété de services et l’empowerment (à l’instar des Dove, Nike et Pampers, pour reprendre les exemples qu’il cite). Cette plateforme de marque a, par exemple, donné le film « Statistiques » de l’agence DDB Paris à la toute fin de l’année 2011, puis « Les gens n’attendent que vous» de Buzzman, en juillet 2014. chiffres clés 1 MilliON de couples formés en France, 5 millions en europe. 150 événements organisés chaque mois en europe. Plus De 200 000 participations à un « event meetic » en europe. + 19 % d’inscriptions depuis le lancement de « Love your imperfections ». Près De 300 salariés à paris, siège européen de meetic. une agence pour toute l’europe. L’étape suivante, en termes de communication, a été le choix d’une seule agence pour toute la communication en Europe. Buzz- Jessica NOT directrice pôle publicité, rp, digital d’Yves rocher 18/06/2015 chrisTelle POlicarD responsable de la communication corporate de la Compagnie des alpes aNNe-laure POuTeau responsable communication opérationnelle et publicité de l’association max Havelaar France 17 man, qui avait succédé à DDB en France à partir de septembre 2013, remporte le budget face à BETC, Marcel et la londonienne Mother, qui travaillait pour Meetic outre-Manche. En décembre dernier, l’agence présidée par Georges Mohammed-Chérif signe donc la première campagne européenne de Meetic – et la première du secteur du « dating ». Celle-ci est diffusée en France, Royaume-Uni, Suède, Norvège, Espagne, et tout récemment aux Pays-Bas. Portée par la signature « Si vous n’aimez pas vos imperfections, quelqu’un les aimera pour vous », cette campagne plurimédia et intégrée est aussi déclinée dans les produits et services proposés par Meetic. Une section a ainsi été ajoutée sur le site et l’application pour se définir… par ses imperfections. ◊ caTheriNe sPiNDler directrice marketing et communication de Vente-privée.com KrysTèle VeNDOMe responsable publicité chez mma STRATÉGIES N° 1818-1819 l'éVénement Grand Prix la saga se piQue au Jeu(ne) STRATÉGIES MÉDIAS Avec un plan médias innovant doublé de prouesses technologiques liées à une appli, l’opération « Milka Biscuit Saga », signée Carat et Brand Station, décroche le Grand Prix des stratégies médias. @ManuGavard © ©opyright EMMANUEL GAVARD En partenariat avec Avec le soutien de : m ilka Biscuit est une marque jeune, lancée en 2013 par Mondelèz International, mais qui a grandi très vite. Avec 75 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014, elle est déjà la troisième marque du groupe alimentaire en France. Soutenir son développement est une priorité pour celui-ci. Du haut de ses 78 % de notoriété assistée, la marque jouit certes de la célébrité de sa grande sœur chocolatée, mais doit améliorer sa pénétration, notamment auprès des plus jeunes, et faire connaître l’étendue de sa gamme (neuf produits) sans minorer les valeurs qu’elle porte : la tendresse et le partage. Tel était donc le brief donné aux agences Brand Station en janvier 2014, un an avant la sortie de l’appli, et Carat France en avril 2014. L’opération « Milka Biscuit Saga », lancée fin janvier 2015, a été récompensée par le Grand Prix Stratégies des stratégies médias 2015. Le jury a distingué une stratégie de moyens très inspirée au service d’innovations technologiques bluffantes. « Nous n’étions pas partis sur une solution technologique, raconte Matthieu Guignard, marketing manager de Milka Biscuit. Mais quand Brand Station nous a proposé cette idée de faire une application de marque – ce qui est toujours un risque –, nous l’avons vraiment pris pour un défi. Et cela nous a plutôt plu ! » Le cœur de l’application est la possibilité pour plusieurs mobinautes (jusqu’à neuf) de jouer en STRATÉGIES N° 1818-1819 18 même temps. Une prouesse technique de développement réalisée par la société Playsoft et déclinée pour neuf jeux au total, soit autant de scénarios et de joueurs que de produits de la gamme Milka Biscuit. « Ce n’était pas un énième jeu de marque. Il y avait une vraie innovation technologique, en ligne avec nos valeurs – le partage – et qui visait le cœur de cible que nous voulions atteindre », ajoute-t-il. du sur-mesure pour les 15-35 ans. « L’opération restait pourtant risquée », analyse Matthieu Guignard. Faire une bonne application, c’est une chose, mais la sortir des bas-fonds de l’Appstore ou de Playstore en est une autre… « Il nous fallait un plan médias à la hauteur, en rupture et innovant », ajoute-t-il. Une demande courante de la part des marques, certes, qui sera en l’occurence amplement satisfaite par l’agence Carat, et c’est justement ce que le jury a récompensé. « Nous avons dû travailler dans l’inconnu, car nous n’avions pas l’application entre les mains pendant le travail. Il fallait convaincre les partenaires médias, en faisant confiance à Playsoft », indique 26/03/2015 Pauline Lamandé, consultante senior chez Carat France. Pour cibler les jeunes, il faut bien sûr être présent sur le mobile. Compte tenu de l’aspect innovant de l’appli, des journalistes et blogueurs ont été contactés, dans l’alimentaire comme dans le high-tech. Et le plan médias a été renforcé sur le smartphone. « L’arbitrage entre ordinateur et mobile a largement penché en faveur du mobile, et c’est une première pour le groupe », décrit Matthieu Guignard. Avec un dispositif construit sur mesure pour les 15-35 ans, avec du search, de la vidéo en ligne (par Amnet) sur Facebook, You Tube et Twitter, du social (« push » via des posts sur Facebook et Twitter) et du contenu grâce à un partenariat avec Minute Buzz. Mais l’objectif de Milka Biscuit était aussi d’augmenter sa pénétration dans toutes les cibles, notamment les familles. « Nous sommes donc allés chercher une visibilité autre que le mobile », explique Laurent Douard, directeur général adjoint de Carat France. En plus des opérations sur ordinateur, l’agence a conçu des campagnes TV invitant à télécharger l’application. « Avec une pression plutôt faible par rapport à nos standards sur la catégorie : 350 GRP », détaille Matthieu Guignard. L’innovation a résidé dans un partenariat avec TF1, qui a permis à la marque d’être intégrée dans une série. À cet égard, pour placer l’appli dans un programme grand public permettant de mettre en avant la convivialité et le partage, quoi de mieux que Nos chers voisins ? La série humoristique narre les aventures des habitants 26/03/2015 secteur : alimentation – réalisation : « Milka Biscuit Saga » – annonceur : Mondelèz International –responsables annonceur : Matthieu Guignard et Dominique Kirmann – agence médias : Carat France – responsable agence médias : Laurent Douard –agence : Brand Station – responsable agence et directeur de la création : Loïc Chauveau – sortie : 20 janvier 2015. d’un immeuble et rassemble régulièrement des millions de téléspectateurs, avec un record d’audience à plus de 8 millions en avril 2014. « La série n’avait encore jamais fait de partenariat », souligne Pauline Lamandé. En outre, plus avantageux que le simple placement de produit, Carat a obtenu la licence de la série. L’agence a ainsi pu réaliser un épisode spécifique, avec les comédiens de l’émission qui l’ont accepté. « Les scénaristes des trois épisodes brandés Milka Biscuit étaient les auteurs de Nos chers voisins », détaille Laurent Douard. La licence a aussi permis de placer le logo de la marque, une opération qui a été le fruit de longues discussions… « Quand vous montez un tel projet, il y a un curseur à trouver entre la visibilité de la marque Entretien « Nous voulons entretenir et nourrir la relation avec nos clients » matthieu guignard, marketing manager de Milka Biscuit, revient sur les attentes de la marque pour cette opération et les perspectives qu’elle suscite. au vu des résultats habituels d’un lancement d’application de marque, n’avez-vous jamais douté ? matthieu guignard. Il est certain que c’était un vrai défi de réussir à en faire quelque chose. Mais l’application proposée par Brand Station, si elle faisait réellement ce qu’elle prétendait offrir, était une vraie aubaine. C’était un risque à courir, mais nous étions rassurés par la totale cohérence du projet avec nos problématiques : la cible que nous voulions, le « plus » technologique qui n’en faisait pas seulement une application… Et nous avions un plan médias à la hauteur. La France est le premier pays à avoir mis en œuvre ce projet. Des réflexions sont en cours dans d’autres pays pour savoir quoi en faire en 2016. 19 verra-t-on d’autres versions ? m.g. Bien sûr, car ce n’était qu’une phase ! Le succès du projet entraîne une nouvelle dynamique. À long terme, l’application nous permet de récolter des données, de faire du retargeting. Il faut l’entretenir. Nous avons travaillé à améliorer l’expérience utilisateur. L’appli devient un outil pour nos lancements. Nous allons passer à 16 jeux, car nous avons de nouveaux produits. Des jeux qui utilisent de nouvelles fonctions, par exemple le gyroscope du téléphone ou son micro, dans lequel il faut souffler. Tout cela doit apporter de la valeur à l’application, pour entretenir et nourrir la relation que nous avons instaurée avec nos clients. Ce n’est pas une nouvelle plateforme de publicité, les clients viennent pour le jeu. STRATÉGIES N° 1818-1819 l’éVénement / Grand Prix 24 millions de parties jouées entre janvier et début juin 2015, dont 6 millions à plusieurs joueurs. et l’esprit de la série sur laquelle vous vous appuyez », explique le directeur général adjoint de Carat. « On ne peut pas parler à des auteurs de la même manière qu’à des agences », renchérit Pauline Lamandé. Au total, de l’idée jusqu’à la validation finale par l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), les trois versions du spot ont dû être montées en un mois et demi. Puis vint le grand soir où le mini-épisode « Goût chocolat » a été projeté à l’antenne, avant et après Nos chers voisins. À chaque diffusion, on constate des pics de téléchargement, et rapidement Milka Biscuit Saga se place en tête des boutiques d’applications. Suffisant ? Pas assez pour la marque, qui voulait à tout prix ne pas se contenter d’un simple « coup ». innovations et sYnchronisation. Sur les réseaux sociaux, Carat a également innové à travers, cette fois, un partenariat avec Carrefour Média. Ce département du distributeur est connecté à une base Facebook qui lui permet de trouver, dans ses données CRM, les comptes associés sur le réseau social, et ainsi de diffuser du contenu en lien avec les comportements pierre Conte AgnÈs Aubert guillAume CHArles jeAn-pHilippe CHevret floriAn Combres responsable médias d’auchan France présidente et CeO France de starcom mediavest Group, membre de l’Udecam nAtHAlie gouAdAin stépHAne guerry isAbelle sCHlumberger dominiQue kirmAnn frédériC obAlA responsable média HpC d’Unilever, membre de l’Uda directeur général adjoint de m6 publicité directeur général de neo at Ogilvy, membre de l’Udecam Anne-sopHie CruQue © Régis Grman pour Stratégies CeO de Group m France, membre de l’Udecam d’achat des consommateurs. En passant par la date de naissance et l’adresse e-mail des cartes de fidélité, notamment, Facebook propose les comptes nominatifs associés. « Nous avons pu diffuser des posts sponsorisés sur Facebook à des personnes qui avaient déjà acheté la marque concurrente, ou à des cibles potentielles qui n’avaient jamais acheté Milka Biscuit. Ce type de partenariat est très intéressant car il permet de se concentrer sur les bonnes cibles », souligne Pauline Lamandé, de Carat France. Les posts ne concernaient pas seulement l’application, mais proposaient également des coupons de réduction valables dans les magasins. Ces deux innovations, combinées à des vagues télévisées synchronisées avec des achats « search », ont dynamisé la visibilité de l’appli et de la marque. Début juin 2015, Milka Biscuit Saga comptait plus de 1,3 million de téléchargements et totalisait quelque 24 millions de parties jouées, dont 6 millions à plusieurs joueurs. « En moyenne, les mobinautes ont passé quatre minutes par jour en contact avec la marque, analyse Matthieu Guignard. C’est finalement une qualité de relation que peu de campagnes peuvent vous apporter. » Côté ventes, le « fond de rayon » (c’est-à-dire toutes les ventes hors promotions) a grimpé de 17 %. Grâce à quoi ? Difficile de décorréler un levier par rapport aux autres dans un plan médias aussi large. Une chose est sûre, par sa globalité et ses innovations, l’opération restera comme un cas d’école. ◊ stépHAne gorre cofondateur et directeur associé d’agence 79, membre de l’Udecam STRATÉGIES N° 1818-1819 responsable de la publicité retail France de société générale directeur général d’arena media (Havas), membre de l’Udecam directrice générale commerce et développement de JC decaux France 20 directrice médias France et Benelux de mondelèz international directeur général de solocal network 18/06/2015 p la rpendr aro e le éme rge e r c in a v con ver artager o p inn r MARQUES, PRENEZ LE POUVOIR AVEC JCDecaux Dans un environnement media complexe en mutation permanente, JCDecaux est le media qui (re)donne du pouvoir aux marques pour déployer pleinement leur communication et atteindre leurs objectifs. POWER BRAND REVIEW À TÉLÉCHARGER SUR WWW.JCDECAUX.FR/POWER-ATTITUDE business Actualité les Jurés FranÇais prÊts pour les cannes lions CréAtion Alors que la 62e édition du Festival international de la créativité commence lundi, Stratégies donne la parole au treize Français qui participeront aux différents jurys. propos reCueillis pAr oCéAne redon U STRATÉGIES N° 1818-1819 outdoor valérie Chidlovsky conceptrice-rédactrice chez BETC « Être jurée du prix Outdoor me permettra de faire un tour du monde mental en échangeant de manière prolongée avec des créatifs d’autres pays. Je trouve que cette catégorie est de moins en moins classique et de plus en plus technologique. De manière générale, depuis quelques années, j’ai remarqué que les publicités étaient souvent live. On rentre en contact avec les gens, virtuellement sur internet et réellement avec l’explosion des stunts. C’est drôle, très expérimental, en fait. Ce sont des performances un peu arty. Mais j’adore toujours autant l’affiche traditionnelle. » ◊ press pierrette diaz vice-présidente en charge de la création de Young & Rubicam Paris « À Cannes, on mesure bien l’évolution de notre profession. Depuis quelques années, on assiste à un éclatement des catégories, qui sont de plus en plus nombreuses, pointues, précises. En catégorie Press, les idées ont tendance à se répéter, c’est donc difficile de se renouveler. On exploite tous les genres, il n’y a pas qu’une manière de faire, on se lâche beaucoup plus. Les idées sont très riches. On observe un retour à la rédaction, à l’illustration, au minimalisme, à l’exploit photographique. Dans cette catégorie, je pense que la Grande-Bretagne, et de manière générale les pays européens, sont les plus forts. » ◊ 22 © Photos : DR n mois après le Festival du film, Cannes rouvre son Palais des festivals du 19 au 27 juin pour accueillir la 62e édition des Cannes Lions et la 2e des Health Lions. Deux nouveautés font leur apparition cette année : la catégorie Glass, récompensant les campagnes qui « bousculent les préjugés sexistes et brisent les images stéréotypées ancrées dans les messages publicitaires et marketing » et les Lions Innovation Festival (25 et 26 juin). Ce dernier mettra en avant la manière dont la data et la technologie peuvent être des catalyseurs de créativité. Pendant six jours, les jurés (dont 13 Français) seront chargés de commenter, d’évaluer et de noter 37 426 campagnes, classées dans 17 catégories. Un successeur aura peut-être été trouvé à Harvey Nichols et sa campagne « Sorry, I spent it on myself » (Adam & Eve DDB London), multiprimée en 2014. De nouvelles agences françaises monteront sur le podium, certaines – espérons-le – au plus haut niveau comme, l’an dernier, Iconoclast avec le Grand Prix Cyber pour le site 24 Hours of Happy de Pharrell Williams, ou comme Marcel (« Fruits et Légumes moches »/Intermarché) et Leo Burnett (« Ne serait-ce qu’une seconde » / Fondation Mimi). En attendant, toutes pourront se retrouver au French Camp Cannes de l’AACC. ◊ Oceane_Redon 18/06/2015 direct Anne de maupeou directrice de la création de Marcel « C’est le festival des paradoxes, à la fois le plus critiqué et le plus incontournable. Celui qu’on fantasme souvent de zapper et auquel on participe religieusement tous les ans. Celui qui doit encourager la création, la liberté de ton, le risque et en même temps obéit à des enjeux financiers de plus en plus importants qui amènent à une forme d’académisme et de prudence dans les travaux présentés. Par ailleurs, je trouve qu’il y a de plus en plus (voire trop) de catégories. C’est normal qu’il y en ait davantage qu’à l’époque TV/print/outdoor. Mais il y a tellement de sous-catégories que certaines agences gagnent plus de Lions que d’autres uniquement parce qu’elles ont bien épluché le règlement, qui doit faire dans les 800 pages. Nous faisons quasiment tous des réunions dont le thème est “A-t-on inscrit les travaux au bon endroit ?” » ◊ promo & activation mark forgan directeur de création chez Rosapark « De mon point de vue, l’Australie et la NouvelleZélande se sont toujours distinguées depuis la création de la catégorie Promo & Activation. Parce que les budgets sont plus petits, ces pays se doivent de toujours trouver des idées innovantes pour créer de l’impact. Maintenant, au-delà de ces deux nations, nous attendrons beaucoup cette année de l’Angleterre et des États-Unis, la promo occupant une large part de leur culture publicitaire. Depuis un an ou deux, ce secteur décolle en France avec des cas aussi célèbres qu’Intermarché. Je m’attends à voir plus d’entrées et surtout plus de succès français dans cette catégorie. J’ai déjà vu quelques grands cas promo sortir cette année sur Burger King et Transavia, et encore plein d’autres qui n’attendent qu’une chose : être jetés aux Lions ! » ◊ Cédric guéret codirecteur de la création de Publicis Conseil « Si les Cannes Lions restent la référence, à titre personnel, je préfère avoir un D & AD qu’un Lion. Toutefois, c’est un honneur d’y être juré, surtout dans une catégorie qui représente l’avenir de la réclame. Être juré dans cette catégorie me permettra de voir ce que les autres pays font en termes de brand content et brand entertainement. Car si en France, on sait faire du brand content, ce n’est pas vraiment le cas en brand entertainment, contrairement aux Américains. Par exemple, au Superbowl, les publicités comme celles de Skittles font partie intégrante du programme. » ◊ Film jasmine loignon directrice de création chez BETC « Cannes Lions est un rituel, une référence et un symbole. Y aller aiguise toujours ma curiosité, car on en revient souvent inspiré et encore plus exigeant. Depuis quelques années, j’ai remarqué l’intégration grandissante, l’expérience de plus en plus cruciale, et la complexité, dans le bon sens du terme. J’espère que cette année nous allons récompenser des créations différentes, courageuses. C’est le rôle d’un tel festival : montrer de nouvelles écritures, révéler des talents. C’est une chance d’être jurée à Cannes afin de pouvoir juger des travaux de qualité, de détecter ceux qui deviendront peut-être des références du secteur. » ◊ 18/06/2015 branded content & entertainment 23 STRATÉGIES N° 1818-1819 business / actualité Film craFt design Pierre Marcus président & CEO de Prodigious France Béatrice Mariotti vice-présidente et directrice de la création de Carré noir « Comme mon père [Claude Marcus, neveu de Marcel Bleustein-Blanchet] était viceprésident de Publicis, j’allais déjà à ce festival lorsque j’avais 5 ou 6 ans. Ça fait donc plus de quarante ans que j’y vais ! La grande différence, c’est que jusque dans les années 1980, il n’y avait qu’une catégorie, Film. Avoir un Lion d’or, c’était un événement mondial. Aujourd’hui, avec la multiplication des catégories, même s’il y a plus de compétiteurs, c’est plus facile de remporter de l’or. Mais le festival reste quand même les Jeux olympiques de la publicité. Cette année, c’est la première fois que j’y suis juré. Je ne vais pas regarder un pays en particulier, si ce n’est, avec un œil amoureux, la France. Mais je connais ce qui se fait en France, je n’aurai donc pas de surprise. En craft, nous tenons le haut du pavé. C’est la catégorie où nous devons exceller et être à la hauteur. » ◊ « A lors q u’h istor iq uement, les Cannes Lions n’étaient tournés que vers les campagnes publicitaires, ils se sont ouverts il y a quelques années à nos métiers du brand design et de l’identité visuelle [création des catégories Design en 2008 et Product Design en 2014]. J’espère que cette édition, à laquelle je participe pour la première fois en tant que jurée, sera la confirmation de cette reconnaissance. En effet, les premières sessions étaient assez floues. Mais, depuis l’an dernier, la catégorie Design a gagné en épaisseur et en maturité. Avec l’intégration du digital dans le brand design, le travail des agences de design ne se résume plus à la création d’un logo et d’un univers de marque, mais comprend plus largement la mise en forme de la relation virtuelle et physique entre les marques et leurs publics. J’espère retrouver cette cohérence dans la catégorie Design. » ◊ cYber Christophe Martin directeur de la création de Dagobert « Dans la catégorie Cyber, il y a une tendance des agences à essayer de devenir des cabinets de conseil, d’innovation, de fonctionner comme des start-up ou des médias. Dans le digital en particulier, il faudra cette année encore rester pragmatique vis-àvis des tendances : le calendrier nous a démontré que “la bonne appli du moment” sera éclipsée par une autre l’année prochaine, ou bien avant. Idem pour une bonne partie des buzzwords du métier. La principale tendance est, me semble-t-il, une recherche de sens de la part des agences et des annonceurs. Au-delà de la “simple” opération de communication, tout le monde cherche de la valeur ajoutée à la fois pour le consommateur et pour la marque. » ◊ LES CHIFFRES pour briller en terrasse À cannes 1954 Année du premier Lions Festival, à Venise 1992 Création des catégories Press et Outdoor (et fin de la solitude de la catégorie Film) 1984 Le festival s’installe à Cannes STRATÉGIES N° 1818-1819 17 catégories 40133 13000 accréditations dossiers reçus en 2015 (dont Cannes Lions : 37 426, Lions Health : 1 862, Lions Innovation : 845) 24 18/06/2015 business / actualité glass media Catherine Emprin directrice générale de BETC Laurent Foisset directeur général d’IPG Mediabrands « Dans cette toute nouvelle catégorie [contre les stéréotypes sexistes], j’espère voir une renaissance du féminisme car il en a besoin. J’espère voir des campagnes et travaux porteurs d’un renouveau, d’un élan non victimaire qui engage tout le monde, hommes et femmes, et qui laisse exister leurs différences. Sinon, ce que je préfère à Cannes, c’est m’enfermer dans une salle et être exposée à tous ces morceaux de bravoure, y reconnaître les différences de culture, et parfois, avec certaines copies, voir au contraire qu’elles parviennent à les transcender et à saisir quelque chose d’universel. » ◊ « Cannes Lions est le Mondial de la publicité. Mais contrairement au Mondial de football ou aux Jeux olympiques, il a lieu tous les ans, avec du beau jeu, du suspense, des pays qui émergent, qui surprennent, des stars et tout le folklore autour ! Être à Cannes c’est bien, être juré c’est la position idéale pour prendre le pouls de l’industrie, les meilleures campagnes, les tendances émergentes… Dans la catégorie Media, il faut garder à l’œil des pays comme les États-Unis ou l’Australie ! » ◊ creative eFFectiveness pr Isabelle Wolf fondatrice et dirigeante de Kingcom Luc Wise fondateur d’Hérézie « Je suis bluffée par la qualité de la production mondiale PR, qui est extraordinaire. Dans cette catégorie, je remarque l’audace de certaines marques qui n’hésitent pas à s’engager sur des causes ou des partenariats assez éloignés de leur coeur de métier en parvenant à créer de véritables plateformes de contenus qui font sens. Les PR pilotent désormais des opérations globales intégrant publicité ou promotion et stratégies digitales, ce qui change la donne (et démontre bien qu’en matière de stratégie de contenu, les RP sont les plus légitimes à porter le conseil et orchestrer le déploiement global). Cette année, j’ai trouvé que le Japon, les pays d’Amérique du Sud, le Liban étaient particulièrement fertiles. Quant à la France, elle doit montrer sa capacité à mener des campagnes de dimension internationale ou glocales [“global & local ”], apporter une french touch et savoir faire rayonner ses idées créatives. » ◊ « Depuis quelques années, de plus en plus d’annonceurs participent à Cannes. C’est une excellente chose car cela favorise les p a r t a g e s d ’e x p é riences. À titre d’exemple, cette année, je suis juré pour la catégorie Creative Effectiveness qui regroupe annonceurs (Coca-Cola, Volvo Trucks, Mars…) et agences (AMV BBDO, Ogilvy, Droga 5 ou Herezie). Cette ouverture culturelle et ce décloisonnement des mentalités me paraissent essentiels, pour le festival comme pour notre industrie au sens large. D’ailleurs, le fait que je sois juré sans être directeur de création montre que le festival s’est ouvert à de nouvelles interrogations, de nouvelles méthodes, de nouveaux métiers. » ◊ 21,9 millions d’euros de chiffre d’affaires estimé sur les seules inscriptions 366 jurés 94 1989 5% 1991 2% 2014 3 % sur les Cannes Lions et 3,7 % sur les Lions Health (1) nombre de Lions/nombre de campagnes inscrites pays présents 18/06/2015 Quelles cHances de GaGner? (1) 25 STRATÉGIES N° 1818-1819 business / La vie des budgets marcel roule pour uber france trAnsports La célèbre société de VTC s’adjoint les services de l’agence de publicité Marcel pour réaliser une campagne de marque. Une première en France, dans un contexte souvent tendu. oCéAne redon @Oceane_Redon e n avril dernier, le directeur général d’Uber France Thibaud Simphal assurait dans Stratégies qu’« Uber n’a jamais fait de publicité », préférant s’appuyer « sur la viralité ». Un mois plus tard, la société de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) lançait une compétition portant sur son budget publicitaire… « Pour nous, c’est révolutionnaire. Nou s collaborons avec DGM Conseil pour les relations presse et Apco pour le lobbying, mais c’est la première fois que nous allons travailler avec une agence de publicité », explique Thomas Meister, directeur de la communication Europe de l’Ouest d’Uber. Depuis sa création en 2009, la société américaine conçoit en effet ses publicités (essentiellement digitales, donc) en interne. « La majeure partie des publicités Facebook sont gérées par le siège à San Francisco. Nous nous chargeons localement de leur coordination », confirme Joséphine Lipp, marketing manager chez Uber France. Quant aux stunts réalisés sur le sol français, comme ceux récemment mis en place à Bordeaux avec « Ubervigneron » (un service de dégustation de vin à domicile) ou à Cannes avec « Ubercopter » (pour relier l’aéroport de Nice au dernier Festival de Cannes), ils sont également conçus en interne. sortie À la rentrée. Opposée à plusieurs agences dont TBWA Paris et Buzzman, Marcel (Publicis Groupe) a finalement été choisie car « c’est une agence jeune, tournée vers le numérique et qui a l’habitude de dispositifs publicitaires originaux et disruptifs, STRATÉGIES N° 1818-1819 comme nous », continue Thomas Meister. Pour l’instant, le contrat ne porte que sur une seule campagne. «Nous sommes encore une start-up, rappelle-t-il. Nous n’avons pas envie de nous engager sur plusieurs années. » Marcel est donc chargée d’imaginer une campagne de marque multisupport qui devrait sortir à la rentrée. L’achat d’espace sera réalisé par Zenith-Optimedia (Publicis Groupe). « Nous allons faire une campagne générique sur le service, assez directe, pour expliquer le périmètre et les bénéfices d’Uber. Elle s’adressera aux deux cibles de la marque : les utilisateurs et les chauffeurs », précise Olivier Sebag, directeur général de Marcel. En communiquant massivement auprès du grand public, Uber France souhaite atteindre des objectifs commerciaux immédiats. Avec actuellement un million d’utilisateurs actifs, la compagnie implantée en France depuis 2012 espère en convaincre toujours plus 26 (sans dévoiler d’objectifs chiffrés) en développant ce qu’elle appelle le « réflexe Uber ». 9 nombre de villes françaises où uber est présent 1million d’utilisateurs actifs en france 46 salariés en france dispositiF didactiQue. Mais Uber France veut aussi réaliser « un travail sur son image de marque avec une publicité qui montrera ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons et comment nous le faisons », continue Thomas Meister. En effet, entre la grogne des taxis, particulièrement virulente par rapport au service de transport rémunéré entre particuliers Uber Pop, et la prochaine décision de la cour d’appel de Paris (attendue pour septembre) concernant la légalité de ce même Uber Pop, la start-up fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois. « Beaucoup de bêtises ont été écrites sur Uber. Si la campagne n’est pas conçue en réponse à ce contexte, il est important de faire comprendre qu’Uber comble un besoin de mobilité tout en créant des emplois en France », conclut Thomas Meister. ◊ 18/06/2015 business / La vie des budgets les consultations annonceur mission agences consultées agence sortante Ademe Aéroports de Paris Agence de la biomédecine AMF BMW France Bose Brico Dépôt Gestion des médias sociaux Stratégie de marque et déploiement Communication digitale Veille médias Publicité Conseil médias et achat d’espace Publicité Appel d’offres en cours Babel, Ogilvy Paris/Brand Union et W (Pitchville) Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Dufresne Corrigan Scarlett et JWT Appel d’offres en cours (Ebiquity) Havas 360, Leo Burnett, Les Gros Mots et Publicis Shopper (VT Scan) Elan-Edelman, Meanings, Profile PR et Publicis Consultants Appel d’offres en cours – W – – JWT – Havas 360 Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours Dentsu Aegis Media et Starcom Mediavest – DDB Paris – – – – – Dentsu Aegis Media, Madison (Inde), PHD (Royaume-Uni) et Starcom Mediavest – – Publicis Conseil – Centre commercial du Forum des Halles Relations presse et influence Cité du design Defacto INPES INPES Interbev La Poste La Poste Mairie de Bordeaux Mondelèz International Conseil médias et achat d’espace pour la Biennale internationale de design de Saint-Étienne 2015 Communication Publicité tabac Publicité santé sexuelle Conseil médias et achat d’espace Digital Relations presse Relations presse Conseil médias et achat d’espace monde Musée du Quai Branly Opéra national de Paris RATP Sécurité routière Publicité Conseil médias et achat d’espace Publicité Stratégie digitale Appel d’offres en cours Appel d’offres en cours BETC, Fred & Farid et Havas Paris (Pitchville) BETC Digital, Fullsix et Razorfish/Madame Bovary Sécurité routière Communication médias et hors médias La Chose/Anatome/La Netscouade, Lowe Stratéus et Razorfish/Madame Bovary Sephora Tisséo SMTC BETC Digital, MRM, Ogilvy One et Sid Lee (VT Scan) Appel d’offres en cours Unicancer Relation client en Europe Stratégie, optimisation et achat d’espace publicitaire Étude de notoriété Vin et Société Publicité sur la consommation responsable Novatest, Quali Strat/Sémiosine, TNS Sofres et Viavoice/Public Voice (Gibory) Appel d’offres en cours Carré final – Publicis Consultants, Dufresne Corrigan Scarlett pour le volet Île-de-France Rapp – – – en italiques et en gras = nouveaux budgets en consultation. les transFerts annonceur mission nouvelle agence ancienne agence Fondation BNP Paribas Stratégie social media Ledouze – Futurol Hello Bank Mister Auto Mutuelle nationale des hospitaliers Prada Parfums Prévention routière Prévention routière Prévention routière SEB France SNCF UbER RP Gestion des données Déploiement stratégique et opérationnel Communication image et marketing Digital Création publicitaire Conseil médias et achat d’espace Écosystème digital Relations médias et influenceurs Communication digitale Publicité Thomas Marko & Associés Netbooster BETC/Havas Media Insight Mazarine Entre nous soit dit Mediacom Smart Agence Kingcom Publicis Modem Marcel – – – – – – – – – Razorfish – 18/06/2015 27 STRATÉGIES N° 1818-1819 © Christophe Boulze pour Stratégies business / actualité vAlérie ACCAry et olivier rippe, respectivement présidente et Ceo de bbdo paris : « Notre projet est de créer toujours plus de synergies. » bbdo paris, du neuf sans new publiCité Six mois après le rapprochement entre la digitale Proximity BBDO et la créative CLM BBDO, cette dernière fusionne avec sa petite sœur New BBDO. oCéAne redon A @Oceane_Redon près u ne prem ière étape marquée par le rapprochement organisationnel de Proximity BBDO et CLM BBDO sous le label BBDO Paris fin 2014, la filiale française d’Omnicom enclenche une seconde phase avec la fusion de New BBDO et CLM BBDO. Désormais, il n’y aura donc plus que la digitale Proximity (200 personnes) et la créative CLM (140 personnes). « Notre projet est de faire travailler nos équipes ensemble et de créer toujours plus de synergies », rappelle Olivier Rippe, CEO de BBDO Paris. C’était déjà le cas entre New BBDO et CLM, qui « travaillaient ensemble sur plusieurs clients c omm un s », c om me EDF ou l’INPES, précise-t-il. De même, la compétition sur les véhicules utilitaires de Mercedes a été gagnée conjointement par les deux agences. « Sur nos projets communs, CLM BBDO apportait la “big idea” publicitaire tandis que New BBDO assurait la qualité des contenus », commente Valérie Accary, présidente de BBDO Paris. De plus, les équipes des deux agences avaient déjà été regroupées début avril lorsque New BBDO STRATÉGIES N° 1818-1819 Historiquement forte en communication éditoriale (New BBDO est née de la fusion de Robinson, agence B to B, et de Créapress, agence de communication éditoriale), la seconde enseigne publiexperte en éditorial. L’élément citaire du groupe était également déclencheur de cette fusion est très présente sur les sujets institusans budgets le départ du directeur général de tionnels et corporate. « Leur souci concurrents, New BBDO, Renaud Gassin, ré- du détail et leur justesse dans la plus rien cemment nommé conseiller au- tonalité de marque nous donnent n’empêchait près de la ministre de la Culture du potentiel sur les sujets instituet de la Communication Fleur Pel- tionnels, qui passent beaucoup par cette union. lerin. En outre, les deux agences les réseaux sociaux », continue Olin’ayant plus de budgets concur- vier Rippe. rents depuis la perte de Proc- D’ailleurs, si quelques salariés de ter & Gamble par CLM BBDO (New New BBDO ont quitté le groupe BBDO travaille en effet avec SC (comme la directrice du new busiJohnson), plus rien n’empêchait ness Chloé Larmurier), la grande majorité des équipes reste (envicette union. ron 35, sur 40 personnes). Nicolas Fabre, directeur général adjoint, conserve son poste chez CLM-Proximity, premier bilan CLM BBDO, tout comme Jeanne Six mois après le rapprochement opérationnel de Proximity BBDO Delbard, directrice-conseil de et CLM BBDO, Olivier Rippe et Valérie Accary se disent satisfaits. New BBDO promue directrice des « Nous avons créé de la valeur. Alors que nous sommes à la moitié activités corporate de CLM BBDO. de l’année, nous avons déjà rempli les objectifs que nous nous étions fixés pour fin 2015 », soulignent-ils. Au total, « 2 millions de new business Sarah Thomine-Desmazures, directrice du planning stratégique a été engrangé depuis janvier et nous avons doublé la part de New BBDO, rejoint quant à elle des projets partagés entre les deux agences », comme Foot Locker, les équipes de Loïc Mercier, direcTropicana ou plus récemment Bacardi. À l’instar de Matthieu Elkaim teur du planning stratégique de à la direction de la création des deux entités, un directeur BBDO Paris. ◊ de la production est attendu pour septembre. avait quitté ses locaux du centre de Paris pour rejoindre ceux de Boulogne-Billancourt, où Proximity BBDO et CLM BBDO avaient emménagé l’an dernier. 28 18/06/2015 business / actualité Lonsdale bâtit son village global DESIGN Le groupe indépendant de design se rapproche d’un autre acteur indépendant, Open D, qui lui permet de mettre le pied à l’international et de se développer sur les « beautiful brands » et le merchandising. DELPHINE LE GOFF @DelphineLeGoff 1 © Cécile Gabriel Éga lement da ns la corbei l le d’Open D, Retail Access, agence spécialisée dans l’architecture commerciale à Paris et à Genève. l es abords de la rue Pasquier, à deux pas de la gare Saint-Lazare, devraient dans les mois qui viennent devenir un village. On connaissait Havas Village, voici le « village Lonsdale », né des dernières acquisitions du groupe de design indépendant présidé par Frédéric Messian, à savoir les activités européennes du réseau i ndépenda nt Open D Group, fondé à Dubai en 2002, avec lequel Lonsdale à également conclu une alliance commerciale internationale. « L’internationalisation devenait une demande impérieuse de nos clients », explique Frédéric Messian. Open D, quant à lui, avait mandaté la banque Rothschild pour chercher un partenaire. « Nous connaissions les agences du réseau pour avoir déjà pitché contre elles », raconte Frédéric Messian. L’affinité naturelle avec les fondateurs du groupe, Laurent 18/06/2015 Caucé et Martin Mirmand, fait le reste : « Lorsque je suis arrivé chez Lonsdale en 2007, je me suis promis de ne plus jamais travailler avec des gens qui ne me paraissaient pas sympathiques », s’amuse Frédéric Messian. Plus rationnellement, « il n’existait aucun doublon entre nos deux structures ». double acQuisition. Dans le cadre de ce rapprochement, Lonsdale acquiert la majorité du capital de Sparkle, agence de design spécialisée dans les marques premium à Paris. L’opération permet à Lonsdale de se renforcer sur les « beautiful brands » (luxe, spiritueux, tabac). « Le secteur va continuer à se développer en volume, et permet des marges beaucoup plus importantes, à l’heure où les marques de grande consommation exercent une pression sur les prix depuis des années », souligne Frédéric Messian. 29 Frédéric messian, président de Lonsdale, et laurent caucé, cofondateur d’Open D. en terrain connu. Le groupe Lonsdale réalise la moitié de son activité sur le consumer, le brand packaging et le shopper marketing, un tiers sur le retail et le reste sur le corporate. « Notre principal actif, c’est notre marque, insiste Frédéric Messian. Nous nous devons d’être rassurants, de ne pas nous lancer dans des métiers que nous ne maîtrisons pas. C’est pourquoi, ces dernières années, nous avons réalisé de nombreuses acquisitions : Western Design en retail (2012), Peter Pen pour le contenu (2013), Sitecom (ex-McCann, 2014) pour le shopper marketing, Steaw pour le digital (2014). » Les deux nouvelles entités, sises à Levallois-Perret, rejoindront les locaux parisiens de Lonsdale, qui est à la recherche d’une annexe. Hors de l’Europe, Open D Group coordonnera l’activité commune des deux nouveaux partenaires dans les autres régions où le réseau est présent (Moyen-Orient, Asie et États-Unis). L’ouverture de nouveaux bureaux pourrait intervenir en 2016, en Europe ou en Amérique latine. Village Lonsdale, village mondial ? ◊ DATES ET CHIFFRES clés 1961. Création de Lonsdale. 21 MILLIONS D’EUROS. Chiffre d’affaires de Lonsdale, pour 18 millions d’euros de marge brute. 150. Nombre de collaborateurs de Lonsdale. 2002. Création d’Open D Group. 19,5 MILLIONS D’EUROS. Chiffre d’affaires d’Open D Group. STRATÉGIES N° 1818-1819 business / actualité Numéro 23, le casse-tête du CSA TÉLÉVISION La revente par Pascal Houzelot de « la chaîne de la diversité » à Next Radio TV pour une valeur de 88,3 millions d’euros, dont 40 millions en obligations convertibles en actions, doit encore recevoir l’agrément du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Pas gagné. AMAURY DE ROCHEGONDE @derochegonde eFFet divers. Pascal Houzelot peut arguer que « Numéro 23 s’est appliquée à rendre compte de la diversité sous toutes ses formes avec une approche systématiquement positive et constructive », comme l’affirme un rapport du CSA de juillet portant sur 2013. Y sont bien mentionnés quelques man- STRATÉGIES N° 1818-1819 © CSA © Manuelle Toussaint/Starface p ascal Houzelot, le propriétaire de la chaîne Nu méro 23, va-t-i l déchante r ? Olivier Schrameck, le président du CSA, semble décidé à ne pas donner à cet homme de réseaux un blanc-seing face à ce qui s’apparente au mieux à une juteuse opération financière, au pire à un trafic de fréquences. « C’est la première fois que le CSA peut donner un agrément, rappellet-il, et il ne peut y avoir en droit de spoliation. » Une façon de dire que l’instance va s’attacher à déterminer s’il n’y pas juridiquement matière à faire capoter cette vente à 88 millions d’euros, si toutefois il est avéré que l’État a été floué d’un bien public avec une fausse promesse dans le seul but de servir des intérêts financiers. Depuis la loi du 15 novembre 2013, il est vrai, les rachats de fréquences ne sont plus une formalité : le CSA ne se contente plus de donner un avis, il doit agréer par une « décision motivée » toute modification du contrôle d’une chaîne. La loi précise que « l’agrément est précédé d’une étude d’impact, notamment économique ». Le 24 avril, cette étude a été décidée. Elle prévoit l’audition des éditeurs de la TNT gratuite, des organisations d’auteurs et de producteurs, et des associations œuvrant pour la diversité dans les médias. quements dans les quotas de cinéma et d’œuvres européennes… Mais s’agissant de la diversité, rien n’est reproché à cette chaîne qui déclare que 70 % de sa grille « reflète ces valeurs à heure de grande écoute ». Pascal Houzelot peut aussi exhiber une tribune publiée en mai dans Libé ration et signée par « cinquante acteur s de la diversité en France », notamment Amirouche Laïdi (Averroes), Yamina Benguigu i ou Mercedes Erra. On peut y lire : « Il n’y a pas d’autres chaînes dont 100 % des animateurs sont issus de la diversité. Pas d’autres chaînes qui confient 30 LA VENTE de Numéro 23 par Pascal Houzelot (à g.), fait l’objet d’une attention particulière de la part d’Olivier Schrameck, président du CSA (à dr.). Enjeu : savoir si l’État a été spolié. à un présentateur en fauteuil roulant l’animation d’un talk-show hebdomadaire. » appartement témoin. Un soutien qui fait rire aux éclats Rachid Arhab, ex-membre du CSA et qui avait voté contre Numéro 23, avec Francoise Laborde. « Houzelot a actionné ses réseaux. Si quelqu’un regarde la chaîne, il ne peut pas écrire que son but est la diversité. C’est plutôt un robinet à soaps. » Les programmes mis en avant sur le site s’appellent X Factor UK, Animal Extractors, Défis mécaniques, Phénomène paranormal, Face off… Lors de son audition en mars 2012, 18/06/2015 business / actualité Pascal Houzelot entendait privilégier « la diversité française dans toutes ses composantes ». « Ça m’a paru gros comme une maison : c’était une fréquence destinée à être revendue dans un temps court, raconte Rachid Arhab. Je ne croyais pas au format – la diversité n’a pas à être ghettoïsée – et j’avais l’impression de visiter un appartement témoin avec beaucoup de déclarations d’intention. Cela sentait l’opération financière à plein nez. Aujourd’hui, si vous regardez la chaîne, vous devenez un spécialiste du tatouage… à ce niveau-là, c’est de la flibuste. » combine. L’audition des éditeurs de TNT et des sociétés d’auteurs risque de gripper la machine. TF1, M6 et Canal + ont en effet envoyé une lettre au CSA pour dénoncer une « fraude » ou « une opération de spéculation sur les fréquences qui font partie du domaine public ». La SACD, la Scam et la Sacem ont, elles, déposé une plainte pour nonrespect des droits d’auteur, réclamant près d’1 million d’euros. « Tout le monde savait que cette affaire ne durerait pas, s’insurge Pascal Rogard, directeur de la Société des auteurs compositeurs dramatiques. C’est une combine lamentable, minable. Il faut interdire ce genre de spéculation. Ils ont eu des conditions extrêmement favorables et aucun engagement, avec cinq salariés seulement. » La convention, en juillet 2012, montre que Numéro 23, dont Pascal Houzelot est alors actionnaire Paris Première, écartée au nom de Numéro 23 Le rapporteur public du Conseil d’État a critiqué la décision du CSA de ne pas retenir Paris Première en gratuit en émettant « un doute sérieux » sur son étude d’impact. Le CSA avait considéré en juillet 2014 que la gratuité de Paris Première pourrait « affecter la viabilité économique et financière de chaînes de la TNT gratuite offrant un format et s’adressant à un auditoire présentant des analogies ». Numéro 23, compte tenu de sa dimension culturelle proclamée, était visée. à 85 %, a en effet bénéficié d’une disposition législative taillée sur mesure : l’interdiction de la revente d’une chaîne de la TNT dans les deux ans et demi, quand le CSA voulait un délai de cinq ans. L’entregent de Pascal Houzelot a fait merveille. Il peut revendre à ce terme alors qu’a été remisé le 11 juin dernier un amendement sénatorial portant de 5 à 20 % la taxe sur la revente de fréquences. Il a aussi bénéficié d’une « convention assez large », selon les termes d’Alain Weill, pour son format. Mais a-t-il mis les fonds annoncés dans sa chaîne ? Urb TV, qui s’était associée à sa candidature, a vite compris que l’argent manquait dans cette société au capital de 11 765 euros. « Houzelot avait un tour de table brillantissime [Niel, Pinault, Naour i, Pigasse…] mais déclaratif. Il n’y avait pas de lettres fermes et définitives mais de l’esbrouffe et un flou entretenu », assène Rachid Arhab. ◊ CRÉEZ, DÉPLOYEZ ET PILOTEZ VOTRE PARC D’OBJETS DE COMMUNICATION Entre impression 3D et technologies connectées, designons l’objet de communication autrement. [email protected] www.sn-3d.fr 02 52 600 300 18/06/2015 31 STRATÉGIES N° 1818-1819 business / Veille médias Chérie, j’ai rétréci le journal Presse À l’instar de L’Équipe, qui vient de tester le format tabloïd, quotidiens et magazines sont de plus en plus nombreux à réduire leur taille. Une source d’économies qui peut avoir des conséquences publicitaires. DelPhine soulas-Gesson @DelphineSoulas l l’édition test au format tabloïd a permis à L’Équipe de dégager l’un des plus gros chiffres d’affaires au numéro depuis le début de l’année. ’Équipe restera-t-il le plus grand quotidien français ? En projet depu is sept ans, l’abandon du format broadsheet, typique du quotidien sportif, pour le format tabloïd a fait l’objet d’un test grandeur nature le 10 juin. Commercialisé auprès des annonc eu r s au t a r i f l e pl u s c he r (L’Équipe propose trois tarifs selon les numéros), cette édition test a permis de dégager l’un des plus gros chiffres d’affaires au numéro depuis le début de l’année, équivalent à un lendemain de finale de Roland-Garros, indique la régie Amaury Médias. STRATÉGIES N° 1818-1819 © Joël Saget/AFP enraYer le repli. Mar ie-Od i le Amaury serait favorable à un changement de format ; Cyril Linette, le nouveau patron du quotidien sportif, plutôt réservé. Les retours lecteurs consécutifs au test du 10 juin devraient permettre de trancher. « C’est du marketing. L’Équipe n’est pas un journal qui a beaucoup d’abonnés, il doit donc parier sur son taux de circulation. En ce sens, le format tabloïd s’abîme moins que le grand format, et il est plus adapté à la mobilité. Une telle décision pourrait peutêtre enrayer le repli de la diffusion de L’Équipe [– 9,8 % en 2014, à 219 810 exemplaires selon l’OJD, + 1,1 % sur janvier-avril 2015] », estime Pierre Conte, président de Group M. L’Équipe n’est pas le premier titre à être tenté par le tabloïd. Depuis dix ans, nombre de quotidiens ont troqué leur grand format pour un modèle réduit, praticité oblige. Parmi les derniers exemples en date, Le Journal du dimanche, qui franchissait le pas début 2011. En craindre une baisse des prix en raison d’un impact moindre sur les lecteurs d’une page de publicité plus petite. « Il y a deux écoles. Je pense que la surface n’a rien à voir avec le prix. Certes, le tabloïd a moins cette fonction d’effet “waouh”, surtout vrai pour des doubles pages de pub. Mais il y a de toute façon moins de doubles pages en presse quotidienne qu’avant, et le fait d’avoir un poster qui se déplie en milieu de journal peut être une façon intelligente de retrouver cet effet», estime Pierre Conte. presse magazine, les féminins ont également multiplié ces dernières années les éditions pocket, histoire de toucher une cible additionnelle plus jeune et plus urbaine. « Le principal avantage d’un changement de format est de montrer qu’un dynamisme existe encore dans le secteur de la presse. C’est un outil de communication », souligne Hervé Ribaud, directeur du département presse chez Havas Media France. Quelles conséquences sur le plan publicitaire ? Certains pourraient 32 « L’équipe doit parier sur son taux de circulation, qu’améliore le tabloïd. » extralarge. « La réduction de la taille d’un journal permet surtout de faire 20 à 30 % d’économies sur l’achat de papier et donc sur la rentabilité du titre. Le format n’a pas d’impact sur le prix de la publicité. Celui-ci dépend de la prise en main, pas de la surface», ajoute Hervé Ribaud. Reste que le format broadsheet permet à L’Équipe de proposer aux annonceurs tout un arsenal de formats « extralarges », entourant par exemple tout ou partie d’une page, et qui seraient remis en cause par un passage au tabloïd. « Pour les marques qui sont intéressées par les jeunes mâles, le format tabloïd ne changera rien à l’intérêt du support qu’est L’Équipe. Ce qui est surtout vital pour ce journal, c’est de trouver ce qui correspond le mieux à l’usage de ses consommateurs », conclut Pierre Conte. ◊ 18/06/2015 BUSINESS / Veille médias Joue-la comme shiva régie NrJ GlOBal vient de publier les résultats de sa première étude « Glob Shopper » sur le pouvoir des points de contact dans l’acte d’achat, réalisée avec Kantar Worldpanel. Parmi les 22 types de points de contact passés au crible auprès d’un panel de 4 000 individus, les médias arrivent en tête (53 % des actes d’achat déclenchés par un point de contact le sont par les investissements médias), devant la promotion (45 %) et la publicité sur le lieu de vente (2 %). Parmi les médias, la télévision, avec 28 %, devance la radio (26 %), la presse (14 %), internet (14 %), le cinéma (10 %) et l’affichage (8 %). ÉTuDe Chaque jour, trois Français sur quatre consomment plusieurs médias simultanément. Une pratique passée au crible dans l’étude « Tous multitaskers » de Dentsu Aegis Network, que Stratégies publie en exclusivité. DelPhiNe sOulas-GessON @DelphineSoulas site © Frank van Delft/Getty Images l’usiNe DiGiTale, site créé par l’hebdomadaire L’Usine nouvelle en 2013 et consacré à la transformation numérique, change de design. Objectif de cette refonte : mieux rendre compte de l’évolution éditoriale du site, dont l’objet est notamment d’identifier les grands enjeux de la digitalisation de l’économie et de comprendre les nouveaux modèles économiques des géants du web. Également au sommaire, un annuaire des start-up qui comptent. 18/06/2015 simultané ou successiF. « Tout le monde pratique le multitasking aujourd’hui, pour faire des choses différentes. En termes de médiaplanning, il ne s’agit plus d’activer un média après l’autre mais d’actionner deux médias en couplage », insiste Isabelle Vignon. Reste que le multitasking ne se résume pas à un usage simultané : 45 % des Français ont déjà effectué une activité en « multitasking successif ». C’est notamment le cas de la télévision de rattrapage, utilisée par 18 % des téléspectateurs. « Ils “switchent” de la TV à la tablette ou au mobile quasi immédiatement, tandis que le rattrapage de leur programme sur ordinateur se fera les jours suivants », note Céline Pan, consultante études chez Dentsu Aegis Network France. ◊ 33 « il ne s’agit plus d’activer un média après l’autre mais deux médias en couplage. » télévision la TV eN DirecT reste le mode d’écoute privilégié des téléspectateurs. Selon une étude réalisée par Scholè Marketing et Vivaki Advance, 74 % des interviewés affirment avoir regardé un programme en direct la veille, contre 22 % pour une émission en rattrapage ou une vidéo en ligne. Toutefois, 32 % des personnes indiquent aussi utiliser un autre média pendant qu’ils regardent un programme à la télé en direct, contre 23 % lors d’un visionnage en rattrapage et 21 % en streaming. L’enquête révèle aussi que l’attention à la publicité est plus forte lors d’une écoute en direct d’un programme que lors d’un autre usage. © Fotolia Lorsque les Français sont devant ces médias, leur smartphone n’est jamais loin : 33 % des auditeurs de radio consultent au même moment leur mobile, 14 % des lecteurs de presse et 23 % des personnes qui regardent un panneau d’affichage. © Ch. Lartige/CL2P/FTV r egarder la télé tout en pia not a nt su r son smartphone ou écouter la radio en lisant un journal ou sa tablette : chaque jour, 77% des Français consomment plusieurs médias en même temps, selon l’étude « Tous multitaskers », réalisée par Dentsu Aegis Network France. Un taux qui grimpe à 83 % chez les femmes et les 15-24 ans, et à 96 % chez les étudiants. Premier média consommé en simultané : la TV, que 70 % des Français regardent tout en faisant une autre activité – 44 % des téléspectateurs sont en même temps devant leur ordinateur, 33 % consultent leur mobile, 19 % leur tablette, 16 % lisent la presse et 6 % écoutent la radio. « 88 % des activités sur smartphone sont sans lien avec le contenu télévisé », pointe Isabelle Vignon, directrice des études médias et nouveaux médias chez Dentsu Aegis Network. Parmi les autres médias, la radio est utilisée en multitasking par 54 % des Français, la presse par 48 %, tout comme l’affichage. PersONNe N’esT ParfaiT, selon Cyril Feraud. L’animateur présente cet été un nouveau jeu sur France 3 où des candidats doivent deviner les réponses à des questions posées préalablement à un panel de 100 personnes. Seules les réponses les moins citées seront gagnantes. CHAÎNE : france 3. DIFFUSION : samedi et dimanche vers 17 h 10. COÛT D’UN PARTENARIAT : 41500 euros pour 9 semaines. DISPOSITIF : 8 secondes dans les génériques et les bandes-annonces. RÉGIE : france Télévisions Publicité. STRATÉGIES N° 1818-1819 business / Culture tech entremetteur musical SPOTIFY AFFRONTE APPLE NuMÉriQue La start-up Unique Sound met en relation compositeurs et agences ou marques. « Incubée » par le prestigieux Techstars à New York, elle vient d’être primée au Midem. caPuciNe cOusiN @Capucine_Cousin t rouver u n compositeur qui propose un morceau sur mesure, le sélectionner sur une place de marché en ligne : le rêve de toute marque, qui n’a pas forcément les moyens de s’offrir les droits d’exploitation du dernier tube de Daft Punk ou de Woodkid. C’est l’idée qu’a eue la start-up Unique Sound, lancée en octobre 2014. L’entreprise vient d’être récompensée au Midem, salon de l’industrie musicale qui se tenait à Cannes du 5 au 8 juin, dans le cadre de la Midem Lab Start-up Competition. Le concept : « Nous permettons aux marques, agences et producteurs d ’a c c é d e r d i rec t e m e nt a u x compositeurs de musique », précise Romain Cochet, CEO et cofondateur. L’homme est en terrain connu : il avait créé cinq ans plus tôt une agence de marketing musical, Seen. Sur le site Unique Sound, les compositeurs ont chacun leur page web : des CV musicaux, avec spots et morceaux en ligne, influences musicales, secteurs économiques, clients pour lesquels ils ont travaillé, récompenses obtenues pour les plus avertis… Actuellement, le site compte une base de 650 compositeurs, issus pour 60 % de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis. sur mesure. « Soit le client commande un morceau qu’il a trouvé sur le site, sur la page du compositeur, soit il commande un morceau sur mesure », précise Romain Cochet. La start-up se rémunère par une commission « de 20 % à 35 % » du montant touché par le compositeur. Parmi les dernières STRATÉGIES N° 1818-1819 marques clientes figurent Samsung pour illustrer le spot web du Galaxy A7 en Inde, ou Longchamp pour le spot web de sa dernière collection de sacs à main… L’agence TBWA collabore régulièrement, et « des agences de marketing musical regardent fréquemment notre catalogue », sourit Romain Cochet. coup d’accélérateur. Les choses sont allées vite pour les trois cofondateurs de la jeune pousse : « incubés » durant quatre mois par Le Camping à Paris, ils sont choisis en janvier pour intégrer la nouvelle promotion de 12 entreprises de Techstars, prestigieux accélérateur basé à New York. Sur place, ils bénéficient des conseils de quelques mentors stars, tel Jessy Hertzberg, ex-CEO d’Etsy, et de l’accès direct à des investisseurs potentiels… Unique Sound a bénéficié d’une bourse de 18 000 dollars, contre une prise de participation au capital de 6 %. Lors de son dernier passage en France, Romain Cochet était convié par la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire pour « un débrief » sur Techstars ! ◊ 34 le site compte une base de 650 compositeurs, issus pour 60 % de la france, du royaumeuni et des États-unis. VALORISÉ 8,53 MILLIARDS DE DOLLARS, Spotify a levé 526 millions de dollars deux jours après le lancement d’Apple Music. Cette annonce coïncide avec la volonté du leader suédois du streaming musical de se développer à l’international et dans la vidéo, les podcasts, les émissions musicales ou les webséries. Spotify, disponible dans 58 pays, a révélé compter 75 millions d’utilisateurs actifs par mois, dont 20 millions d’abonnés payants. Son challenger, le français Deezer, qui vient de recruter Alexis de Gémini comme directeur général France, a lui aussi répliqué à Apple en dévoilant opportunément une offre promotionnelle de trois mois de musique illimitée pour 0,99 euro, contre trois mois d’essai gratuit pour Apple Music. Le bas débit en hausse QOWisiO a levé 10 millions d’euros pour lancer en France son premier réseau public bas débit « dirigées par des femmes ou par des représentants de minorités ». Oculus en joue Oculus Vr, filiale de Facebook spécialisée en réalité virtuelle, visera clairement les amateurs de jeux vidéo lors de la sortie de son casque, début 2016, pour laquelle et longue portée, consacré aux objets connectés. La start-up, concurrente de Sigfox, devrait réaliser un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros en 2015. Mineurs de fonds iNTel caPiTal lance un nouveau fonds d’investissement, Intel Capital Diversity Fund, de 125 millions de dollars. Ces fonds seront investis dans des start-up elle s’est alliée à Microsoft, créateur de la X Box. La version grand public du casque Oculus Rift a été montrée pour la première fois jeudi 11 juin, ainsi que des jeux qui seront prêts pour son lancement. 18/06/2015 VISEZ PLUS HAUT. ADOPTEZ LES NOUVEAUX CODES. PENSEZ DATA. Ciblez des populations rares et influentes grâce à nos segments uniques, alliant la richesse de notre base de données au pouvoir du comportemental. 7 millions COMEX TRADERS Top managers des entreprises de plus de 100 salariés Spielers* qui recherchent des gains à court terme LUXE SMALL BUSINESS High income attirés par les marques de luxe Decision Makers exerçant dans les entreprises de moins de 100 salariés * Joueurs de profils qualifiés un mois sous le signe de la créativité jusqu’au 2 juillet en accès gratuit enquêtes, interviews, portraits, playlists vidéo coming next : cannes lions 2015 du 21 au 27 juin en partenariat avec le 18 juin grand prix stratégies de la publicité le 19 juin numéro double spécial création tous les jours à 13h, l’émission « cannes lions la quotidienne » le 2 juillet 17e prix stratégies des jeunes créatifs l’info en direct sur strategies.fr pAges réAlisées pAr oCéAne redon d Marchal, ou d’autres comme Pierre Dupaquier et Clément Durou, les futurs We are from LA. Quel sera le team gagnant cette année, pour la dix-septième édition du Prix ? Réponse dans Stratégies le 2 juillet. En attendant, découvrez dans les pages qui suivent les dix nominés sélectionnés par la rédaction. ◊ étecter et récompenser les futurs talents de la création publicitaire, c’est l’objectif du Prix Stratégies des jeunes créatifs. Au fil des années, la rédaction est fière d’avoir accompagné des créatifs devenus des directeurs de création reconnus, comme Alexandre Hervé, Xavier Beauregard, Baptiste Clinet et Benjamin 18/06/2015 @Oceane_Redon 37 STRATÉGIES N° 1818-1819 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Joachim Lesne et Simon Ohayon (Altmann + Pacreau) À l’origine de plusieurs opérations digitales et print, ce très jeune team créatif, 23 ans chacun, a sorti en début d’année chez Altmann + Pacreau son premier film publicitaire pour le site Jechange.fr. a près s’être côtoyés à Sup de pub, le directeur artistique Joach i m Lesne et le concepteu r-rédacteu r Si mon Ohayon ont été stagiaires, respectivement chez DDB et Pu bl icis Conseil. Ils ont ensuite testé leur aptitude à travailler ensemble lors d’un stage à BETC, avant de rejoindre Altmann +Pacreau en 2014. Aujourd’hui âgés de 23 ans, ils sont heureux de travailler ensemble aux côtés d’Olivier Altmann. « Avec lui, on apprend ce qu’est la rigueur créative. Il faut lui présenter des idées carrées. Dans une grosse structure, ce serait dur de faire sa place et on ne travaillerait pas souvent avec les directeurs de la création », glisse Simon Ohayon. Si, lors de leur stage chez BETC, ils ont travaillé sur des opérations digitales et ont participé à la BETC Academy, chez Altmann + Pacreau, ils ont principalement signé des prints. Notamment pour Stihl, dont ils ont toujours aimé les publicités. « Nous apprécions les publicités simples, avec de bonnes accroches, où un détail fait toute la différence», assume Joachim Lesne. Son binôme prend le relais pour citer en exemples « Litany » du quotidien The Independent ou « Le Passage » d’Air France. S’ils auraient aimé réaliser ces publicités, ils apprécieraient aussi travailler pour des marques à l’ADN créatif, « comme Canal+, Netflix ou IBM ». Pour autant, conscients de leur jeune âge (même s’ils ont déjà signé leur premier film pour le comparateur Jechange.fr), ils ne se focalisent pas sur des annonceurs particuliers. La tête sur les épaules, le duo veut simplement réaliser de belles campagnes pour remporter des prix : « Nous raisonnons au mérite. » ◊ « Sorti en février 2015, ce spot pour jechange.fr met en scène un couple qui trouve des solutions extrêmes pour réduire ses factures alors qu’il en existe une plus simple. c’est notre premier film ensemble. si nous nous sommes rendu compte de notre manque d’expérience à la préproduction, la réalisation s’est très bien déroulée. » STRATÉGIES N° 1818-1819 38 « CeS printS SortiS en marS 2015 pour Viking (stihl) reflètent notre patte créative et ce que nous aimons faire : être simple sans l’être. pour vendre une tondeuse, nous avons choisi de ne pas en montrer une, mais de mettre dans le visuel un élément qui détonne, à savoir de l’herbe sur un siège d’avion ou d’opéra. intrigués, les spectateurs doivent lire l’accroche pour comprendre de quoi il retourne. » « C’eSt diffiCile de trouver une idée fraîChe pour stihl car de grands créatifs ont déjà travaillé sur cette marque. mais pour leur carte de vœux 2015, nous avons eu une idée qui n’avait jamais été faite, à savoir montrer un couple s’embrassant sous un gui… encore accroché à l’arbre. » 18/06/2015 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Mathilde Fallot et Gullit Baku (BETC) Depuis presque quatre ans, la directrice artistique et le concepteur-rédacteur travaillent ensemble au sein de l’agence BETC sur de grandes marques françaises comme Décathlon, Aigle et Evian. a près l’Esag Penninghen et Intuit Lab, Mathilde Fallot, 30 ans, est embauchée comme directrice artistique chez Ogilvy&Mather Paris en 2008. Elle rejoint fin 2010 Fred&Farid, où elle rencontre Gullit Baku, aujourd’hui âgé de 26 ans, qui y fait un stage comme concepteur-rédacteur après un DUT en techniques de commercialisation et une école d’art en Angleterre. Tous deux sur le budget Société générale, ils se mettent en team « sur un coup de tête» et se rendent compte que ça fonctionne plutôt bien. C’est donc ensemble qu’ils rejoignent BETC fin 2011, où ils travaillent beaucoup sur Aigle, Evian ou Petit Bateau. team miXte. « Nous nous complétons bien car nous avons des références différentes », expliquentils en chœur. Si l’univers de Gullit Baku est musical en général, hiphop en particulier, celui de Mathilde Fallot est davantage visuel, notamment cinématographique. Outre cette double culture, ils assument leurs sensibilités différentes. « Il est plus à l’aise sur un brief football, mais je peux apporter des choses auxquelles il n’aurait pas pensé. Et vice-versa pour un sujet Petit Bateau », ajoute Mathilde Fallot. Leur façon de travailler est en revanche similaire. « On fait tout à deux, autant les mots que la direction artistique », glisse Gullit Baku. Ils apprécient aussi d’être impliqués dans la vente de leurs campagnes auprès des clients et, à l’avenir, veulent réaliser plus de campagnes intégrées pour « s’amuser tout en divertissant le public». ◊ 18/06/2015 « aveC “le Cadeau de noËl” de déCathlon (déCemBre 2014), l’objectif était de rappeler que les cadeaux sportifs pouvaient faire de beaux cadeaux. Nous avons imaginé un film humoristique, où un joueur de rugby sabote un match car il pense que le ballon qu’on lui envoie, c’est son cadeau de Noël. avec ce film, nous nous sommes émancipés des codes de Noël comme le rouge, le vert ou le sapin. c’était la première fois que nous réalisions une comédie et que nous travaillions sur Décathlon. » « aiGle Souhaitait devenir une marQue pluS mode, tout en gardant son héritage et son lien avec la nature. le challenge était de trouver un concept autre que juste une belle image et des modèles. ainsi, la campagne “it’s wild out there” sortie en septembre 2014 montrait par exemple un hipster qui se déchausse pour être en contact avec la nature alors qu’il est dans un parc parisien ! Nous sommes fiers de cette campagne. aigle est notre plus gros budget en ce moment. » « nouS n’avonS paS réaliSé “BaBY & me 2” (mai 2014), le film publicitaire issu de la collaboration entre spiderman et evian, mais nous avons conçu plusieurs choses autour du spot, comme ce teaser à la manière d’une bande-annonce de blockbuster américain, mais aussi des rP, du digital ou de l’événementiel. c’était l’une des premières campagnes 360 à laquelle nous participions et c’était notre premier sujet evian. » 39 STRATÉGIES N° 1818-1819 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Charles Dessaux et émile Martin (CLM BBDO) Très à l’aise dans le digital, ce duo de directeurs artistiques a signé la « Sortie en mer » de Guy Cotten et ambitionne désormais de travailler sur des briefs plus globaux. a près Sup de pub Paris puis Sup de création à Rou bai x pou r C h a r l e s D e s s au x , 25 ans, et Créa Genève pour le Suisse Émile Martin, 26 ans, ils sont arrivés la même année (2012) chez CLM BBDO. Mais c’est en 2013 que ces deux directeurs artistiques ont commencé à travailler ensemble, par tageant les mêmes objectifs : « Travailler beaucoup pour faire de belles campagnes, afin de se faire un nom et percer dans le monde de la pub », résume Charles Dessaux. Très exigeants sur la direction artistique, mais aussi sur les mots, ils n’ont pas changé leur façon de travailler après le succès de l’opération Guy Cotten. « On a même mis les bouchées doubles pour montrer qu’on pouvait faire du travail de qualité sur d’autres campagnes », se rappelle Émile Martin. S’ils avouent une certaine prédilection pour le digital, de par leur compréhension des réseaux sociaux, ils aimeraient travailler davantage sur des briefs plus globaux. Si possible pour des marques comme Mercedes (à laquelle ils se consacrent déjà), Nike ou Coca-Cola, soit « des marques qui ont un territoire et qui veulent garder le même message tout en changeant les manières d’exprimer ce positionnement ». Toujours en quête d’évolution, Émile Martin estime que « ce métier nous pousse à aller plus haut et plus loin » tandis que Charles Dessaux, qui compte bien continuer encore dans la publicité, se dirigerait bien à terme vers la photographie et la réalisation. ◊ STRATÉGIES N° 1818-1819 « Sortie en avril 2014, cette campagne Guy cotten, qui veut sensibiliser au port du gilet de sauvetage, permet à tous les internautes de vivre l’expérience de leur propre noyade. À l’origine, nous avions eu cette idée pour un autre client, mais ça ne s’est pas fait. finalement, nous avons eu l’opportunité de la réaliser pour l’équipementier marin. Du fait de sa visibilité, cette publicité a lancé notre carrière. Nous avons récolté plusieurs prix avec cette opération digitale, parmi lesquels cinq lions, dont un Gold en Mobile. » « l’idée était de montrer que la nouvelle basket sortie par foot locker avec adidas pouvait être portée toute une journée par tout le monde. À l’origine, nous voulions réaliser une expérience interactive, mais finalement, ça s’est transformé en film digital (sorti en avril 2015) où l’on suit Theo Walcott, un joueur de foot, qui porte ces nouvelles baskets. » « pour le lanCement de la nouvelle merCedeS Gt, la marque a lancé un brief mondial auprès de toutes ses agences. Nous avons eu l’idée de créer la première vidéo you Tube où sont comptées les vues réelles et non virtuelles. concrètement, nous avons fait circuler la voiture dans Paris, et des caméras embarquées filmaient à chaque fois qu’une personne la regardait. sur un site, les internautes peuvent faire défiler le film, avancer ou reculer, changer de caméra. en bas de la vidéo défilent les vues réelles. Pour l’instant, ce projet a été réalisé mais n’est pas encore sorti. » 40 18/06/2015 Ellicible, l’outil marketing BtoB Prospectez avec les bonnes données Faites du comptage en temps réel Evaluez les risques sur vos clients et fournisseurs La clé du développement d’un business rentable et durable www.ellicible.fr 0 825 123 456 (0,15 € TTC/minute) [email protected] Ellicible est une offre d’Ellisphere, une entreprise de Natixis www.ellisphere.com Lille - Lyon - Marseille - Nanterre - Nantes - Strasbourg - Toulouse - Tours Siège social : Immeuble Via Verde - 55 place Nelson Mandela - 92000 NANTERRE SA au capital de 2 500 002 euros - 482755741 RCS Nanterre DBDM/8.24.1/05.2015 © piai - Fotolia.com Ciblez selon vos propres critères prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Mélanie Pennec et Jean Weessa (DDB Paris) Ces deux directeurs artistiques de 28 ans se sont rencontrés chez Publicis Conseil avant de rejoindre V, puis DDB Paris, où ils comptent bien rester pour se stabiliser. e n passant son diplôme de l’école Olivier-deSerres, Mélanie Pennec se fait remarquer par un créatif de Publicis Conseil qui l’embauche comme assistante directrice artistique en 2010. Elle y rencontre Jean Weessa qui, après E-artsup Paris, a rejoint l’agence comme assistant directeur artistique en 2008. soirs et WeeK-ends. Ils commencent alors à travailler ensemble, mais de manière officieuse, en s’entraînant soirs et week-ends sur des briefs. Ils constituent leur book qu’ils présentent à V en 2012, notamment « pour Christian Vince ». Ce dernier les embauche en tant que team. « À la base, nous avions un profil digital. Mais V a été une super école et nous a appris à toucher à tous les supports», se rappelle Jean Weessa. En 2013, lors de la fusion de l’agence V et de DDB Paris, ils re- joignent les équipes créatives d’Alexandre Hervé, avant de tenter l’aventure courant 2014 chez Altmann + Pacreau. « Olivier Altmann nous a contactés. C’était une opportunité incroyable, et nous avons accepté », explique Mélanie Pennec. Mais rapidement, le duo réalise qu’il doit « muscler sa créativité » avant de rejoindre une jeune agence en recherche de budgets. Retour donc chez DDB Paris en mars 2015. « Nous avons trouvé la bonne maison. Nous voudrions y rester quelques années », explique Mélanie Pennec. Bien qu’ayant des centre d’intérêt « complètement opposés » (l’une se définit comme vraie Parisienne parfois un peu trop intello tandis que l’autre aime le foot et les voitures), les deux jeunes directeurs artistiques de 28 ans veulent désormais se stabiliser pour atteindre leur objectif : signer de belles campagnes. ◊ « pour lA réouVerture de lA mAison de lA rAdio Au public en décembre 2014, nous devions imaginer quelque chose pour attirer un nouveau public et proposer une image plus moderne. nous avons créé l’opération événementielle sound fighter, permettant de jouer au jeu vidéo street fighter à l’aide non pas d’une console mais d’un piano. le but, c’était de montrer que la musique peut être un jeu et, ainsi, d’attirer des audiences jeunes. » « À l’occasion d’un match psg-om À l’automne 2014, nous avons imaginé un supplément pour L’Équipe, “la petite Équipe”, écrit par des enfants pour des enfants. nous avons sélectionné sur concours trois enfants, qui ont dû vivre comme des journalistes. c’était intéressant car nous avons dû travailler avec les rédacteurs en chef du journal. » « si nous avons commencé dans le digital, notre profil s’est finalement “élargi” et nous signons maintenant des films comme “oui, mais non”, cette campagne de Volkswagen sur les idées reçues et la confiance qu’on accorde aux propriétaires d’une Volkswagen. nous sommes contents car le film reste la catégorie reine. en plus, cette campagne grand public est passée à la télévision, ce qui fait toujours plaisir ! » STRATÉGIES N° 1818-1819 42 18/06/2015 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Mehdi Benkaci et Vicken Adjemian (Grey Paris) Ces deux directeurs artistiques ont commencé à travailler officieusement ensemble chez Fred & Farid, avant de rejoindre Grey Paris en tant que team créatif. a près l’Inseec, Mehdi Benkaci, 28 ans, a rejoi nt Fre d & Fa r id comme stagiaire, puis assistant directeur artistique en 2011. La même année, à peine sorti de l’École de communication visuelle et d’Intuit Lab, Vicken Adjemian, 27 ans, rejoint également Fred & Farid en tant qu’assistant directeur artistique. Ils commencent à travailler ensemble avant d’intégrer Grey Paris comme team créatif à part entière en 2013, sous la houlette de Thierry Astier. « Nous voulions rejoindre une grande agence internationale pour nous ouvrir des perspectives et échanger avec d’autres agences du groupe », explique Vicken Adjemian. plaisir d’écrire. Tous deux directeurs artistiques, ils ont découvert qu’ils aimaient aussi l’écriture. « Nous nous sentons créatifs au sens large du terme », glisse Mehdi Benkaci. Ce dernier aime travailler avec des photographes. Son binôme privilégie quant à lui l’édition (typographie, design, mise en page…). « Nous nous complétons assez bien », résument-ils. Dans un avenir proche, ils veulent continuer à travailler sur des projets à 360 degrés. « Nous avons commencé sur de la publicité traditionnelle. Aujourd’hui, quand on nous propose un brief pour du print, nous essayons de le développer sur plusieurs supports », détaille Vicken Adjemian. Dans l’optique « de délivrer un message intéressant qui suscitera l’intérêt du plus grand nombre », ajoute Mehdi Benkaci. ◊ 18/06/2015 « dÈs Que nous sommes arrivés cheZ greY paris, nous avons commencé à travailler sur ce projet. il s’agissait de promouvoir le jeu Far Cry 4 d’ubisoft. Nous avons alors eu l’idée de proposer une expérience interactive permettant de mettre un pied dans l’univers du jeu avant d’y jouer. À savoir, une plateforme digitale sur laquelle les internautes pouvaient découvrir leur personnalité. un jeu avant le jeu, en quelque sorte. sortie en octobre 2014, cette campagne a eu beaucoup de succès et a déjà reçu plusieurs prix. » « pour alimenter la page FacebooK de lego, nous avons imaginé “surprenant de créativité ”, une expérience filmée à la manière de ce que fait Dove. Nous avons convié des mères et leurs enfants, qui pouvaient jouer avec des lego. un illustrateur, qui était caché, essayait de dessiner le cheminement créatif de l’enfant. À la fin, la mère découvrait le dessin. c’était émouvant, d’autant plus que ce n’étaient pas des acteurs. » « pour chupa chups, nous avons signé la campagne “For adults onlY” qui vient tout juste de sortir. il s’agit d’une campagne d’affichage qui reprend les enseignes lumineuses du monde de la nuit pour vendre une toute nouvelle sucette au goût de menthe, qui cible les adultes. Nous avons donc travaillé avec un illustrateur indépendant [Benoît Berger] pour sortir l’enseigne la plus sexy et la plus homogène qui soit, tout en prenant soin à ne pas basculer dans la vulgarité. cette campagne a un petit côté audacieux, subversif, irrévérencieux comme nous le souhaitions et ça la fait sortir du lot par rapport à ce qui se fait habituellement. On est dans la pop culture. Par la suite, nous pourrions la sortir de l’affichage traditionnel pour en faire de l’affichage plus dynamique, digital, si ce n’est de véritables installations néon ! Puis, pourquoi pas, un film. » 43 STRATÉGIES N° 1818-1819 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Aurélie Casimiri et Margaux Castanier (Gyro Ailleurs exactement) La conceptrice-rédactrice et la directrice artistique forment le seul team féminin en lice parmi les dix nominés du Prix Stratégies des jeunes créatifs 2015. Chez Gyro Ailleurs exactement, les deux jeunes femmes s’appuient sur leurs différences et leur complémentarité pour s’affirmer. m argaux Castanier rejoint Gyro Ailleurs exactement en tant que conceptrice-rédactrice début 2014, après des études à l’ESG Management School (dont une année à Londres) et un MBA en e-business. Elle y rencontre alors Aurélie Casimiri, qui a rejoint l’agence comme directrice artistique deux ans plus tôt, après l’école Duperré (dont une année à Barcelone) et un cursus en arts plastiques à Paris VIII. « Nous avons des tempéraments différents mais qui se complètent dans notre manière de travailler. Mon caractère est spontané et direct », explique Aurélie Casimiri, 27 ans. Margaux Castanier, 24 ans, est plus dans l’observation. intérÊtS StimuléS. Leurs centres d’intérêt varient aussi. Aurélie Casimiri est passionnée de sports extrêmes, de voyages, d’aventures et se verrait bien travailler pour des marques de sport (elle admire la campagne « This Girl Can » pour Sport England de FCB Inferno Londres), tandis que Margaux Castanier affectionne les publicités pour des marques alimentaires : « J’adore les campagnes poétiques de Wieden + Kennedy pour le beurre Lurpak. » Si, pour l’instant, elles n’ont réalisé qu’un film télévisé, elles voudraient renouveler l’expérience, mais également faire du digital. Passionnées par ce métier « stimulant », elles restent très sereines et positives quant à leur avenir et espèrent gagner un Lion d’or à Cannes, « un jour ». ◊ STRATÉGIES N° 1818-1819 « À l’oCCaSion du Salon eXport franCe qui a eu lieu à la Villette en octobre 2014, nous avons imaginé le projet “la voix des PMe à l’international” pour montrer que fedex n’est pas réservé aux grosses entreprises. sur le stand fedex, des interprètes aidaient les patrons à enregistrer une vidéo de présentation de leur PMe dans la langue de leur choix. c’était une très belle opération et une belle aventure humaine. Nous avons reçu deux prix pour « la maiSon de la preSSe voulait communiquer pour montrer qu’elle se diversifiait pour devenir un magasin de proximité vendant autre chose que de la presse. Nous avons donc conçu un spot télévisé de 8 secondes, sorti en mars 2015. fait uniquement en motion design, il montrait ce qu’était le plaisir d’offrir, de partager et de s’informer avec la Maison de la presse. » « pour montrer Que fedeX était fiable et respectait les délais de livraison, nous avons conçu une opération de mailing opérationnel l’an dernier, qui consistait à envoyer à des chefs d’entreprise des colis thermo-réfrigérés renfermant des boules de neige. Malheureusement, ce projet n’a pas été retenu par le client car trop compliqué à réaliser. » 44 18/06/2015 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Ouriel Ferencz et Marie Donnedieu (Les Gaulois) Être efficace tout en cogitant dans la bonne humeur, tel est le credo de ce team qui travaille ensemble depuis cinq ans au sein de l’agence Les Gaulois et qui s’est illustré notamment sur Transavia et Citroën. a près un passage en écoles de commerce (Istec et Inseec), Ouriel Ferencz entre en 2010 à l’agence H comme stagiaire commercial sur le budget Transavia. Alors qu’il s’amuse à réaliser des accroches pour la compagnie aérienne, il se fait repérer par le directeur de la création Gilbert Scher, qui lui propose un stage de concepteur-rédacteur, avant de l’embaucher. Il rejoint alors Marie Donnedieu qui, après des études à l’École professionnelle supérieure d’arts graphiques de la ville de Paris, a rejoint l’agence la même année, d’abord en stage puis comme directrice artistique. Depuis cinq ans, Marie Donnedieu et Ouriel Ferencz, âgés de 28 ans, travaillent donc ensemble chez H, devenue Les Gaulois après la fusion avec Leg. « Nous avons la même façon de travailler. Nous voulons à la fois que ce soit efficace, mais tout en gardant notre bonne humeur », résume Marie Donnedieu. Sept lionS en 2014. Une technique qui semble fonctionner puisque l’an dernier, le duo s’est illustré aux Cannes Lions en remportant sept distinctions grâce à ses travaux pour Transavia et Citroën. « Nous avons beaucoup travaillé pour Citroën. Nous pouvons dire que nous nous sommes formés sur le secteur automobile », explique Ouriel Ferencz, avant de glisser qu’il se verrait bien travailler sur une marque comme Oasis, « pour les jeux de mots ». En attendant, peu importent les secteurs tant qu’ils peuvent proposer des choses différentes. En revanche, ils aimeraient bien travailler davantage sur le print, afin de « synthétiser et simplifier une idée en un visuel ». ◊ « Cette CampaGne 360 pour transavia est sortie en janvier 2014 pour montrer qu’il est possible de voyager pour pas cher, d’où l’idée d’un partenariat avec ebay pour convertir des objets inutiles en billets d’avion. elle nous a rapporté plusieurs prix, et notamment cinq lions à cannes en 2014, dont un gold, alors que nous pensions que c’était une récompense inaccessible. » « C’eSt CompliQué de travailler Sur le SeCteur automoBile, car des milliers de films ont déjà été faits. cette campagne pour la citroën c4 picasso, sortie en mars 2014, nous a demandé beaucoup de travail. la majorité de nos propositions avaient déjà été traitées. l’idée du père, qui arrive à se faire plaisir malgré ses trois enfants, nous est venue la veille de la présentation client, après une charrette. “papa” nous a fait gagner un lion ! » « nouS SommeS ContentS du film “dog stretching” pour la citroën c3, car c’est exactement le résultat que nous imaginions. la campagne, sortie en septembre 2014, sera présentée à cannes cette année. » 18/06/2015 45 STRATÉGIES N° 1818-1819 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Hélène Pinault et Maxime Gastal (Lowe Stratéus) Chez Lowe Stratéus, ce team créatif composé de deux concepteurs-rédacteurs travaille ensemble depuis une petite année, principalement pour la marque de fast-food KFC. « “la Bande-Son” (marS 2015) est un autre film conçu « Sorti en déCemBre 2014, “tel père, tel fils” est le premier film abouti signé ensemble, et notre premier film pour Kfc. il s’agit d’un spot narratif qui raconte une histoire sur un format très court, mettant en avant la complicité entre un père et son fils. » a près un BTS en communication, Hélène Pinault, 24 ans, a fait Sup de pub. De son côté, Maxime Gastal, 25 ans, est diplômé d’un DUT en informationcommunication. Tous deux ont enchaîné plusieurs stages (TBWA, Marcel et Fullsix pour elle ; Y & R, CLM BBDO et Leg pour lui) avant d’intégrer Lowe Stratéus, où ils travaillent en duo depuis l’été 2014. « Nous sommes assez différents, puisque je suis plus dans l’absurde et l’argumentaire, tandis qu’Hélène est plus dans l’émotion et la narration. Une différence qui nous permet d’avoir davantage de propositions, tout en tombant souvent sur les mêmes idées à la fin », développe Maxime Gastal. Tous deux concepteurs-rédacteurs, ils assurent qu’« au moment STRATÉGIES N° 1818-1819 de la conception, c’est plutôt enrichissant ». Cette originalité les incite d’ailleurs à développer leur regard artistique et à apprendre de nouvelles choses, « comme contrôler l’image et le cadrage pendant un tournage ». Même s’ils doivent parfois faire appel à un directeur artistique pour certains projets visuels, « notamment pour des prints, où il faut maîtriser des logiciels de traitement de l’image comme Photoshop ». Heureux de travailler sous la direction d’Éric Holden et de Rémi Noël, directeurs de la création de l’agence, surtout pour « leur côté humain et pédagogue », le team créatif se concentre sur le présent afin de concevoir des idées « dont ils peuvent être fiers » selon Hélène Pinault et « qui sont populaires », ajoute Maxime Gastal. ◊ 46 pour Kfc. mais cette fois, le registre est moins narratif et plus absurde. pour illustrer le fait que le Kfc American burger a un goût tellement prononcé qu’il fait voyager aux états-unis, nous avons joué sur les contrastes entre des scènes de vie françaises et des sons typiquement américains, comme des camions de pompier ou des bruits de métro. » « nouS avonS réaliSé Cette CampaGne film et print baptisée “intervenez” avec le directeur artistique lucas skornicki. À l’occasion de la rentrée 2014 de france inter, nous devions trouver une idée pour présenter les animateurs et les émissions tout en mettant en avant l’esprit de la radio. ce qui est difficile, c’est d’arriver à se renouveler, car l’état d’esprit de la radio ne change pas radicalement chaque année. nous avons donc décidé de jouer sur le logo “inter” en faisant des jeux de mots, comme “sans interdit” pour l’émission de pascale clark. » 18/06/2015 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Olivier Le Lostec et Clara Noguier (Ogilvy & Mather) Ce duo de curieux, qui vient de signer le nouveau film pour Perrier, travaille ensemble depuis un an et demi chez Ogilvy & Mather Paris. Les deux jeunes gens se verraient bien, dans quelques années, continuer l’aventure en team outre-Atlantique. a près l’Iscom Paris pour elle et un BTS Communication et Sup de pub pour lui, la directrice artistique Clara Noguier et le concepteur-rédacteur Olivier Le Lostec ont intégré Ogilvy & Mather en 2013, avant de commencer à travailler ensemble début 2014. « Nous sommes plus que des collègues, nous nous entendons très bien même en dehors du travail. Nous aimons faire les mêmes expositions et voir les mêmes films », commence Clara Noguier. « Notre point commun le plus fort, c’est notre curiosité », continue Olivier Le Lostec. culture geeK. S’ils se définissent tous deux comme « geeks », ils évoluent toutefois dans des univers différents. « Je propose souvent des choses colorées et expressives. Je m’intéresse aux détails et aux belles images », détaille la jeune directrice artistique de 22 ans. « Pour ma part, j’aime bien les nouvelles technologies et les derniers gadgets », ajoute son concepteurrédacteur, âgé de 25 ans. Ce duo, qui se connaît au point que l’un finit les phrases de l’autre, adorerait travailler pour une marque de sport ou d’entertainment. S’ils pensaient réaliser des opérations digitales quand ils ont débuté, ils travaillent finalement surtout sur des films et aimeraient réaliser une « très belle campagne outdoor, très simple et à la fois iconique ». À court terme, ils souhaitent rester chez Ogilvy & Mather, mais se verraient bien travailler à l’étranger, « pourquoi pas chez Droga 5 à New York ou chez Ogilvy São Paulo ». ◊ 18/06/2015 « pour célébrer les 100 ans de la bouteille en verre de coca-cola, nous avons signé le film “Tale of contour” (février 2015) qui met en image la création de cette bouteille à travers plusieurs pays et cultures. ce film n’est pas sorti en europe, mais aux États-unis, en amérique latine, en chine, en corée, en russie… il s’agit de notre première grosse production. Travailler sur ce projet pendant plus d’une année nous a bien formés à l’écriture. et c’est un honneur de s’inscrire dans l’univers très fort des publicités coca-cola. » « nous avons réalisé un Film pour perrier, qui vient de sortir. Pour parler de cette eau pétillante, qui se caractérise par ses grosses bulles qui remontent à la surface quand on ouvre la bouteille, nous avons mis en scène une course de montgolfières qui s’élancent vers le ciel. ce film veut rappeler les anciennes publicités de la marque et fait notamment un clin d’œil au film “la lionne”, réalisé par Jean-Paul Goude en 1991. » « nous avons aussi conÇu une campagne événementielle pour promouvoir un service d’allianz, promettant de remplacer un véhicule en moins d’une heure en cas d’accident ou de panne. sortie en septembre 2014, la sculpture “carswap” a été disposée sur plusieurs routes de france, avec un panneau expliquant le service, avant d’être présentée au Mondial de l’auto l’automne dernier. » 47 STRATÉGIES N° 1818-1819 prix stratéGies des jeunes créatifs / nominés Thomas Bernard et Méric Settembre (Publicis Conseil) Tous deux originaires de Gap (Hautes-Alpes), ils se sont rencontrés à Sup de pub Paris avant de se mettre en team courant 2013 chez Publicis Conseil où ils ont principalement travaillé sur le budget Orange. m éric Settembre, 25 ans, avoue, à moitié en plaisantant, que c’est la série Friends et la reconversion du personnage de Chandler dans la publicité qui lui a donné envie de se lancer dans ce milieu. Après un passage par Sup de pub Paris, puis une année en Australie, il intègre Publicis Conseil comme concepteur-rédacteur stagiaire, avant d’être embauché en 2013. Thomas Bernard, 26 ans, a toujours été attiré par la communication en général et les prises de paroles créatives de certaines marques en particulier. Après un DUT en techniques de commercialisation et une année en Angleterre, il intègre donc Sup de pub Paris, puis Publicis Conseil comme directeur artistique en 2013. S’ils se sont rencontrés à Sup de pub, c’est à Publicis Conseil qu’ils décident de travailler ensemble. « Nous sommes attirés par tout ce qui est nouvelles technologies, mais aussi design et créativité. De manière plus globale, nous venons tous les deux de Gap [HautesAlpes], nous regardons les mêmes séries, comme Walking Dead, et écoutons la même musique, comme Jungle », complète Méric Settembre. Pour l’instant, ils ont principalement travaillé pour Orange, mais se disent inspirés par des marques comme Audi, Apple, Mercedes ou Milka, « qui se démarquent par des communications puissantes et des prises de parole impactantes », explique Thomas Bernard. Et se verraient bien, d’ici à quelques années, travailler à l’étranger, « dans des agences comme AKQA Amsterdam, Droga 5 ou BBH Londres », conclut Méric Settembre. ◊ « déBut 2014, CoCa-Cola voulait un nouveau film international plus dynamique pour le coca Zero. nous avons proposé une idée de campagne (film et prints) plus onéreuse que ce que prévoyait le budget initial, mais coca-cola a aimé notre pitch et a triplé ou quadruplé son budget pour qu’on le réalise. il s’agit de la campagne “Voyez plus grand, ajoutez un zéro”. c’était un projet de grande envergure qui nous a apporté la reconnaissance de notre agence. » « pour CéléBrer leS 20 anS d’oranGe en septembre « oranGe voulait une opération diGitale autour de l’idée que les voyages à l’étranger sont plein de surprises, mais pas la facture de téléphone. nous avons décidé de créer une chasse au trésor sur internet en utilisant des photos de madrid, londres et paris en gigapixels et d’y cacher des surprises, comme des licornes ou des nains. cette campagne, sortie en juin 2014, a eu plus de succès à l’international qu’en france. par la suite, ce principe a été repris par plusieurs marques, dont google. » STRATÉGIES N° 1818-1819 48 2014, plutôt que de parler du passé et de faire une rétrospective, nous avons préféré tourner la marque vers l’avenir. nous avons donc imaginé un site sur lequels les internautes pouvaient générer leur propre avatar vieilli pour parler avec leur moi du futur. des réponses génériques avaient été préalablement enregistrées. cette opération digitale a été primée dans plusieurs festivals et est présentée aux cannes lions cette année. » 18/06/2015 DO YOU #CANCAN ? Les acteurs français de la communication créent le premier pavillon France aux Cannes Lions avec le parrainage du ministère de la Culture et de la Communication ! Du 22 au 26 juin 2015, vous êtes invités au French Camp Cannes, un point unique de rencontres et d’échanges, Plage Goéland. French Camp Cannes est né d’une volonté partagée de rassembler créatifs, dirigeants d’agences, annonceurs, médias, startups, producteurs, journalistes et l’ensemble de la communauté francophone pour célébrer la création et l’innovation française. French Camp Cannes est une occasion de manifester brillamment et collectivement l’importance de la France dans l’industrie internationale de la communication. Retrouvez l’actualité du festival, les jurés français, le programme du French Camp Cannes sur www.canneslions.fr inspirations International « Les Anglais ont l’intelligence d’accorder plus d’importance à l’idée » CRÉATION Entre fantasme et réalité, les créatifs français nourrissent une relation complexe avec la publicité anglaise. Damien Bellon fait partie de ces rares « Frenchies » à avoir travaillé des deux côtés de la Manche. Il nous livre son expérience. après quinze ans dans la publicité à paris chez RSCG, tBWa puis BDDp & Fils, vous êtes parti en 2005 travailler à Londres pendant cinq ans, avant de revenir à paris chez BetC où vous êtes directeur artistique et directeur de création depuis 2011. Qu’est-ce qui vous a motivé à partir là-bas ? DaMien BeLLon. À Paris, je commençais à tourner en rond et à moins aimer mon métier. J’avais un dossier et un niveau d’anglais exportables, partir pour Londres était un vieux rêve… C’était le moment ou jamais. C’est un drôle de truc, après quinze ans de métier, d’arriver sur un marché où personne ne vous connaît. C’est un vrai coup de pied au cul. Ma femme et mes deux enfants étaient restés Paris, je rentrais presque tous les week-ends en Eurostar. Ma femme a assuré pendant cinq ans, y compris sa propre carrière. Chapeau ! Cela a été un rythme assez intense pour ma famille et moi, mais c’est au final très enrichissant de faire ce dont on ne se croit pas toujours capable. Quelles sont les principales différences entre les agences parisiennes et londoniennes ? D.B. Quel que soit le pays, chaque agence a sa propre culture mais, dans les grandes lignes, les agences londoniennes sont plus organisées. Surtout, il y a deux différences fondamentales. D’abord, les Anglais sont d’un tempérament optimiste et efficace. Les Français sont plus latins, ils racontent plus volontiers leur vie dans un meeting, rejettent STRATÉGIES N° 1818-1819 @omongeau © BETC PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER MONGEAU DaMien BeLLon: «À Londres, la création est au cœur des préoccupations d’une agence, et ce n’est pas un simple discours. » plus facilement une demande et intellectualisent parfois le lancement d’un yaourt comme s’il s’agissait de celui d’une fusée sur Uranus. Ensuite, les Anglais n’ont souvent pas peur des idées simples, ils s’intéressent plutôt à « comment les réaliser pour que ce soit incroyable ». Du coup, ils sont plus souvent précurseurs car ils trouvent des choses étonnantes au moment du processus de fabrication. À Londres, il n’y 50 a ni recette miracle ni méthode secrète. Il y a une culture simple qui consiste à mettre la création au cœur des préoccupations d’une agence, et ce n’est pas un simple discours. Les directeurs de création sont souvent plus écoutés qu’en France (ou ailleurs) et personne au commerce n’y affirme détenir les clés d’une marque. Les créatifs à Londres sont en moyenne plus « entourés » par les services de produc- 18/06/2015 tion. Les Anglais ont l’intelligence d’accorder plus d’importance à « l’idée » qu’aux intrigues pouvant venir du client, du commerce, de la production TV ou de l’achat d’art. Enfin, je reviens inlassablement sur le « crafting ». Les Anglais ont des « head of art » dans leurs agences, ce qui permet aux directeurs de création qui ne sont pas très visuels de ne pas trop se planter. Il y a aussi de vrais graphistes intégrés, qui ne cherchent pas à devenir directeurs artistiques, car les Anglais savent créer l’espace nécessaire pour eux. Ils sont une vraie force de frappe lors des présentations et finalisations des campagnes. et dans le travail au quotidien, quelles sont les différences notables ? D.B. Première différence : le temps. Il n’est souvent pas tout à fait utilisé de la même façon qu’à Paris. Les journées démarrent plus tôt, les réunions commencent plus souvent à l’heure et sont plus courtes. Autre différence : les formats. À Londres, travailler sur un film qui fait 60 secondes ou une affiche qui fait deux fois la longueur d’une 4x3 parisienne permet de mettre plus facilement d’accord le client et l’agence, car l’espace consacré au produit est proportionnellement moins problématique. Tout le monde s’y retrouve. Enfin, de 18/06/2015 qu’ils sont hypocrites, mais la réalité, c’est que bien souvent il s’agit de politesse. Quand je suis rentré à Paris, j’ai été surpris de voir des réunions où les gens se coupaient franchement la parole, où l’on parlait à plusieurs et où chacun empiétait sur le métier de l’autre. J’avais perdu l’habitude, je trouvais secrètement les gens plutôt grossiers. Je dis ça, et, en même temps, je trouve le bordel des Latins très charmant. manière plus générale, l’industrie publicitaire est un milieu qui se fréquente beaucoup plus à Londres qu’à Paris. Soho est un vrai village. Les gens s’y croisent, vont boire une bière, se tiennent au courant, etc. Quels sont les « plus » des anglais ? D.B. Ce sont des gens courageux, ils possèdent un optimisme à toute épreuve, sont plutôt perfectionnistes, organisés et intransigeants. Ils savent aussi se marrer et surtout laisser leur statut au vestiaire quand ils vont au pub ou font la fête. Ce sont des gens qui font souvent attention aux autres : vous verrez facilement un patron aller servir un thé à l’un de ses employés. C’est naturel, c’est un vrai savoirvivre. Le cliché dit des Anglais 51 « À LONDRES, travailler sur un film de 60 secondes ou une affiche de deux fois la longueur d’un 4x3 permet de mettre plus facilement d’accord le client et l’agence, car l’espace consacré au produit est proportionnellement moins problématique [ici, print pour le FT et film pour Coca-Cola]. » et leurs « moins » ? D.B. Pour le plaisir de me contredire, je dirais que les Anglais savent parfois jouer des règles de politesse pour être hypocrites… Aussi, ils sont durs en affaires là où les Français sont souvent plus arrangeants. Par ailleurs, les Anglais sont assez nationalistes, même s’ils savent parfois laisser sa chance à un gars sorti de nulle part. Il y a aussi « The English Dinner », qui consiste à ne se nourrir que de bière et de minipaquets de chips au pub… Chez qui avez-vous travaillé à Londres ? D.B. Je suis parti pour Londres avec mon rédacteur Thierry Albert [aujourd’hui DC global d’Heineken chez Wieden & Kennedy Amsterdam]. Notre première agence fut DDB, l’une des meilleures de Londres. Je suis venu de Paris à STRATÉGIES N° 1818-1819 inspirations / international moto, un vrai baptême puisqu’il a plu tout le trajet. Sur place, il a fallu se remonter les manches pour assimiler les briefs en anglais. Les subtilités culturelles demandent beaucoup de concentration. La première année a été dure car rien ne passait en production. Puis, tout d’un coup, la vanne s’est ouverte et on n’a plus arrêté de produire : Harvey Nichols, Marmite, Financial Times… Quand vous commencez à monter en costard chercher un award pour une agence anglaise, les tracasseries administratives et les kilomètres sous la flotte s’évaporent comme par magie. Après DDB, nous avons été recrutés par Mother. C’était très différent. DDB était une agence de bosseurs fêtards aux méthodes un peu « old school » alors que Mother était une agence plus froide et branchée qui entretenait une forme de chaos. Nous sommes pas- STRATÉGIES N° 1818-1819 « LA PREMIÈRE ANNÉE a été dure car rien ne passait en production. Puis, tout d’un coup, la vanne s’est ouverte et on n’a plus arrêté de produire : Harvey Nichols [en haut], Marmite [page de droite]… » En bas, « The Big Leap » pour Lacoste (conçu avec Gabrielle Attia). sés d’un grand bureau fermé à un open space avec très peu d’espace privatif et de la musique en continu. Nous devions alors trouver les campagnes, mais aussi les présenter et les vendre nous-mêmes aux clients. Un changement total d’ambiance et de méthodes, une nouvelle et bonne épreuve d’adaptation. En sortant de Mother, je me suis senti capable de bosser sur des briefs en japonais, à poil dans un igloo en écoutant du David Guetta ! l’agence mother est réputée pour ne pas avoir du tout de commerciaux. comment ça marche au quotidien ? d.b. Passé une certaine taille, une agence sans commerce est un fantasme. Il faut bien que quelqu’un assure les présentations et soit suffisamment convaincant pour encourager un client à surmonter ses doutes ou à bousculer ses mauvaises habitudes ! Chez Mother, ce sont les créatifs et les planneurs stratégiques qui se partagent ce travail difficile. Les « stratégistes » assurent le lien quotidien avec le client, aidés par des productrices trafic que l’agence appelle des « mothers », dont le job ressemble à celui des productrices que j’ai connues chez RSCG à Issy-les-Moulineaux dans les années 1990. Le seul véritable avantage de ce système, c’est que ça limite un peu les 52 luttes de pouvoir qui viennent parfois s’interposer entre une bonne création et un annonceur, et que les créatifs ont le débrief « straight from the horse’s mouth ». Mais, encore une fois, le job existe, il est simplement fait par les autres. une anecdote mémorable ? d.b. Il y a celle du mec déguisé en Robin des bois aux British Academy Television Awards que je raconte sur le site « C’est qui les créa ». Mais puisqu’on parle de Mother, je n’oublierai jamais cette séance pour Yell.com, les Pages jaunes locales. Une médiatrice est venue très sérieusement nous demander de faire tourner avec l’esprit des trombones attachés au bout d’un long fil. Il y avait les deux clients, et Robert Saville [cofondateur de Mother] debout à côté de moi, hyperconcentré pour réussir à faire bouger ces foutus trombones… La situation était complètement surréaliste. Les trombones bougeaient vaguement grâce à un léger courant d’air venant des escaliers. Je vanne mais Robert Saville, Mark Waits [autre cofondateur de Mother] et Steven Butler [directeur de création, aujourd’hui patron créatif de TBWA Chiat Day] m’ont aussi appris pas mal de choses, des méthodes de pitch, des façons de se servir de la musique, du design, de briefer et bosser avec les réalisateurs… 18/06/2015 © Mother inspirations / international Revenons aux « plus » et aux « moins » des agences. Votre regard sur les agences françaises ? D.B. Les Français sont des gens qui savent en général mieux profiter de la vie et de la famille. Plus spécifiquement, les publicitaires ici ont le grand avantage d’être les challengers européens des Anglais. Challenger, c’est une excellente place. Les créatifs français ont surtout à envier aux Anglais la taille de leur marché et la concurrence plus rude à Londres, qui force les agences et les annonceurs à se remettre en question plus souvent. Les créatifs français ont du talent, mais produisent trop peu et avec souvent des moyens trop courts pour se payer les cadors des réalisations qui feront la différence. Les talents sont-ils plus nombreux à Londres qu’à paris ? D.B. Oui, car Londres est une platefor me plus i nter nat ionale. La concurrence est plus vive, les sièges sociaux des grandes marques, les meilleures agences et réalisateurs s’y installent… Détail qui a son importance : les charges sociales sont plus faibles, il n’y a pas de surprotection du statut du salarié, ce qui favorise l’embauche et le brassage des talents. Proportionnellement, Paris se défend bien, mais doit devenir plus inter- 18/06/2015 national, à l’instar d’Amsterdam, pour enfin partager plus équitablement le marché. Nous sommes la seconde plus grosse ville après Londres et seulement 2 h 15 de train nous séparent. Les directeurs artistiques français ont plutôt une bonne réputation à Londres, or il n’y a pas assez de créatifs français à l’étranger. Partir pour mieux revenir enrichi d’un nouveau regard… Paris est une ville tellement plus belle quand elle vous a manqué ! nous avons beaucoup parlé des publicitaires. et les clients ? Quelles sont les différences ? D.B. Le marché étant plus grand et plus concurrentiel à Londres, la différence, c’est qu’un client va devoir proportionnellement prendre plus de risques pour se faire remarquer, sinon il va rapidement se faire débarquer. La réalité du business ne laisse pas beaucoup de place à la médiocrité (même s’il y en a aussi) ni aux petits arrangements. Souvent, les pitchs se gagnent avec la meilleure solution créative, pas uniquement avec le meilleur carnet d’adresses. Si vous aviez une jolie offre à Londres, y retourneriez-vous ? D.B. Oui, mais en famille cette fois, comme l’a fait avec beaucoup de courage Frédéric Raillard en allant 53 « EN SORTANT DE MOTHER, [ici, ses locaux à londres], je me suis senti capable de bosser sur des briefs en japonais, à poil dans un igloo en écoutant du David Guetta !» monter Fred & Farid à Shanghai, et pas si cela venait à contrarier les projets de ma famille. J’ai eu une jolie offre d’Amsterdam cette année pour devenir « creative partner », mais le timing n’était pas le bon et, surtout, ce que je construis avec l’équipe de BETC me correspond bien. J’encourage franchement tous ceux qui veulent sortir le meilleur d’eux-mêmes à partir bosser à l’étranger, où que ce soit, car ils rapporteront des méthodes qui les rendront plus forts. Et ils auront au moins quelques conneries à raconter et quelques amis exotiques à recevoir avant de finir au frais au pied d’un cyprès. ◊ Ses dix conseils aux jeunes créatifs 1. Ne faites pas ce métier si vous n’êtes pas passionné. 2. Même si c’est inexact, partez du principe qu’il n’y a pas de mauvais brief. 3. Soyez idéaliste. Ne renoncez jamais. 4. La qualité et l’originalité de votre travail est votre seule planche de salut. Entretenez au moins une fois par an votre dossier. 5. Rencontrez les clients. Comprenez les marques pour lesquelles vous travaillez. 6. Si vous partez à l’étranger, pensez à vos vieux jours et continuez à cotiser pour votre retraite en France (si possible par un système de capitalisation). 7. Optimisez votre anglais. Écoutez la BBC. 8. Si votre dossier est suffisamment solide, négociez un package de déménagement de vos affaires à l’étranger. 9. Si besoin, faites appel au service d’un chasseur de têtes sur place. 10. Renseignez-vous bien sur les agences : parfois les plus cools ne sont plus les plus cools. STRATÉGIES N° 1818-1819 inspirations /techno La bonne pub qualité filtre CréAtion L’agence BETC a développé The Ad Filter, un plug-in qui bloque les pré-roll et les remplace par des publicités primées au festival D & AD, la crème de la création mondiale. olivier mongeAu @omongeau c ’est un signe, en plein « juin créatif » de Stratégies: il est désormais possible de remplacer les publicités le plus souvent très mauvaises qui précèdent les contenus vidéo sur internet (les « pré-roll ») par de la publicité garantie top niveau. Ce plaisant tour de passepasse est proposé par le D & AD, l’équivalent anglais du Club des directeurs artistiques, et l’agence BETC Paris, qui a créé et développé un plug-in à installer sur son navigateur web (1). The Ad Filter – c’est le nom de cette extension – fonctionne en deux temps : il bloque le « pré-roll » (et toutes les bannières) et le remplace automatiquement par une publicité récompensée par le D & AD, choisie selon un mode aléatoire parmi les travaux récompensés ces dernières années. bloQuer les bloQueurs. Il ne s’agit nullement d’un gadget mais d’une réponse intelligente et créative à la montée en puissance des bloqueurs de publicité. « Google a adoré l’idée », glisse Olivier Apers, directeur de création chez BETC et maître d’œuvre du projet. Normal : les Adblock et autres sont devenus un phénomène de société qui remet en cause le financement du web. À titre d’exemple, rapportait récemment The Economist, le groupe médias allemand Pro Sieben Sat 1 affirme avoir perdu l’an dernier par ce biais 20 % de son chiffre d’affaires en ligne. Selon les sources, entre 200 et 300 millions de personnes ont choisi d’utiliser un bloqueur de pub. Olivier Apers a depuis longtemps rejoint cette immense cohorte, fatigué de devoir sans arrêt attendre avant de pouvoir accéder STRATÉGIES N° 1818-1819 « le plug-in qui ne montre que les meilleures pubs » a été téléchargé 13 000 fois les premières 24 heures. « Notre seule arme, c’est ne pas prendre les gens pour des imbéciles. » au contenu qu’il recherche et affligé du spectacle proposé. Comme tous les publicitaires, mais aussi comme énormément de monde, il passe une grande partie de ses journées devant son ordinateur (pour travailler, hein !). Quand, après avoir fait plancher ses équipes, il a proposé l’idée aux responsables du D & AD, en décembre dernier, ceux-ci l’ont rapidement acceptée, raconte le créatif. Audelà du joli coup de pub pour le D & AD et pour BETC (5 000 tweets et 3 500 partages Facebook en 24 heures), The Ad Filter a une vertu éducative puisqu’il donne libre accès à une base de données ultraqualitative (les fiches techniques sont réservées aux membres du D & AD) et incontestée. Ce qui n’est pas toujours le cas – au hasard – des Cannes Lions par exemple. Téléchargé 13 000 fois les premières 24 heures et 30 000 fois au 10 juin, « le plug-in qui ne montre 54 que les meilleures pubs » (c’est la « punchline » du communiqué de presse de BETC) s’inscrit dans le prolongement de la défense et illustration de la bonne publicité développée par l’agence parisienne et qui avait pris un tour joliment absurde avec la création, en 2011, par Stéphane Xiberras, directeur de la création de BETC, de « CAI » (Creative Artificial Intelligence), le robot à fabriquer de la publicité médiocre. « La publicité doit comprendre qu’elle est en concurrence avec tous les contenus du web, rappelle Olivier Apers. Notre seule arme, c’est la créativité, c’est ne pas prendre les gens pour des imbéciles. » Les jurés des Cannes Lions, qui s’apprêtent à plancher et auront à juger de cet Ad Filter, devraient en toute logique être sensibles à cet argument. Le D & AD primé à Cannes ? L’hommage du vice à la vertu ! ◊ (1) http://www.dandad.org/en/ad-filter/ 18/06/2015 Avec le soutien de : 18/06/2015 En partenariat avec : 55 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix ALIMENTATION prix ex aeQUO TBWA PARIS POUR MCDONALD’S Malgré son statut de leader du marché de la restauration rapide en France, mais sur fond d’une concurrence renouvelée, McDonald’s continue régulièrement de mettre à l’épreuve la relation entre ses consommateurs et ses produits. En 2014, son agence TBWA Paris a mis en scène six produits iconiques de la marque sous forme de pictogrammes dans une campagne (presque) dépourvue de logo et de signature, dans le droit fil de la campagne « No Logo ». Pari réussi puisque l’attribution à McDonald’s atteint 96 %. secteur : restauration – réalisation : « Picto 2014 » – annonceur : McDonald’s – responsable annonceur : Xavier Royaux – agence : TBWA Paris – responsable agence : Luc Bourgery – directeur de création : Jean-François Goize – sortie : 2 juin 2014. prix ex aeQUO BUZZMAN POUR BURGER KING Depuis son retour en France fin 2013, Burger King mise sur les réseaux sociaux pour cibler les emplacements idéaux de ses futurs implantations. Son agence Buzzman a notamment développé deux opérations : sur Facebook, la chaîne de restauration rapide promettait à la dernière personne à avoir commenté un post d’ouvrir un restaurant dans sa ville (« Last Comment »), tandis que les tweets de consommateurs impatients ont recouvert les bâches des chantiers des futurs restaurants (« Angry Tweet »). secteur : restauration – réalisations : « Angry Tweet » et « Last Comment » – annonceur : Burger King – agence : Buzzman – responsables agence : Georges Mohammed-Cherif, Thomas Granger, Julien Levilain, Pierre Guengant, Loïc Coelho et Pauline Bouvet – directeur de la création : Georges Mohammed-Cherif – créatifs : Mickael Krikorian, Victor Sidoroff, Pierre-Olivier Dezeque, Gabriel Palut, Yohan Benazzouz, Pierre Cognard et Ugo Guillermo – responsables social media : Julien Scaglione, Thomas Schmitt, Loris Bernardini et Élodie Schalk – sortie : juin 2014. STRATÉGIES N° 1818-1819 56 18/06/2015 palmarès / Grand prix Boissons non alcoolisées prix YOUNG & RUBICAM PARIS POUR VOLVIC À l’aube de ses cinquante ans, Volvic renoue avec ses racines volcaniques dans un film spectaculaire et à l’esthétique léchée, signé Young & Rubicam Paris et titré « Le Géant ». Sur une musique de Woodkid, l’agence retrace sous la forme d’un voyage épique, du big bang à aujourd’hui, l’histoire de ce « géant » – le volcan – sans qui l’eau de la marque du groupe Danone ne serait pas dans nos linéaires. secteur : boissons – réalisation : « Le Géant » – annonceur : Volvic (Danone Waters) – responsable annonceur : Emmanuelle Prandi – agence : Young & Rubicam Paris – responsable agence : Julie Régis – directrice de la création : Pierrette Diaz – sortie : 20 septembre 2014. mention BETC POUR EVIAN Les éternels bébés d’Evian reviennent à l’occasion de la sortie en salles du film The Amazing Spiderman 2. La marque et son agence BETC accouchent d’un deuxième film « Baby & Me » dans lequel l’homme-araignée se trouve confronté à son mini-reflet face à une fenêtre d’un immeuble new-yorkais. secteur : boissons – réalisation : « The Amazing Baby & Me 2 » – annonceur : Evian – responsables annonceur : Laurent Houel, Elsa de Guzman, Laurence Foucher et Florence Pin – agence : BETC – responsables agence : Marielle Durandet, Dominique Vérot, Gaëlle Gicqueau, Charlotte Bals et Alix de Luze – directeurs de création : Rémi Babinet et Filip Nilsson – sortie : 1er avril 2014. 18/06/2015 57 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix Produits d’entretien prix LEO BURNETT POUR SOPALIN Titrée « Oh ! My Lord », cette campagne de Leo Burnett pour Sopalin (Delipapier) se moque de la proverbiale force d’inertie masculine en montrant un homme qui, après avoir renversé son café sur la table, néglige de la nettoyer. Sa compagne feint ensuite de trouver le rouleau d’essuie-tout trop lourd, et même impossible à soulever. Un stratagème pour que le paresseux, n’écoutant que son esprit chevaleresque, vienne l’aider. Ce spot signé « Le pouvoir est entre vos mains » marque le retour en communication de Sopalin après trente ans d’absence. secteur : entretien – réalisation : « Oh ! My Lord » – annonceur : Sopalin (Delipapier) – responsable annonceur : Christophe Brosius – agence : Leo Burnett – responsable agence et directeur de la création : Xavier Beauregard – sortie : 10 septembre 2014. Jeux, jouets, équipements sportifs prix SID LEE PARIS POUR UBISOFT Le dernier volet du jeu Assassin’s Creed Unity, commercialisé par Ubisoft en octobre 2014, proposait un mode coopératif unique. Pour illustrer cette particularité, l’agence Sid Lee Paris a fait appel aux amateurs du jeu. Ils ont été deux millions à y répondre pour créer leur profil d’« assassin ». Les plus likés de ces profils ont même intégré le trailer signé Joseph Kosinski (réalisateur des films Tron, l’héritage et Oblivion) et disponible en version interactive sur le site. secteur : loisirs, jeux – réalisation : « Assassin’s Creed Unity » – annonceur : Ubisoft – responsable annonceur : Guillaume Carmona – agence : Sid Lee Paris – responsable agence : Johan Delpuech – directeur de création exécutif : Sylvain Thirache – sortie : 1er juillet 2014. STRATÉGIES N° 1818-1819 58 18/06/2015 EAU V U NO est sur Stratégies Créations • une base de plus de 13 000 créations publicitaires • Les dernières créations • Les making-of www.dailymotion.com/strategies-creations Stratégies • Les interviews et reportages de la rédaction • Les événements professionnels : Mip, Cannes Lions, Grands Prix Stratégies • Le Management • Les archives des émissions www.dailymotion.com/strategies ABONNEZ-VOUS DÈS MAINTENANT ! palmarès / Grand prix Jeux, jouets, Équipements sportifs (suite) mention BETC POUR UBISOFT Nouveau venu dans le monde des jeux vidéo en 2014, Watch Dogs, d’Ubisoft, aborde un sujet particulier et inhabituel dans cet univers : le hacking des données personnelles. BETC plonge des passants au cœur de cette problématique dans une fausse caméra cachée, en les confrontant à un téléphone au pouvoir dangereux. secteur : loisirs, jeux – réalisation : « Watch Dogs Amazing Street Hack » – annonceur : Ubisoft – responsable annonceur : Guillaume Carmona – agence : BETC – responsable agence : Jean-Charles Caboche – directeur de la création : Stéphane Xiberras – sortie : 16 mai 2014. Équipement de la maison et du bureau mention HEREZIE POUR MIYABI Les fines lames de la cuisine prisent les outils tranchants particulièrement affûtés. La campagne presse d’Herezie pour la marque de coutellerie japonaise Miyabi, de Zwilling JA Henckels, est pensée comme une démonstration produit tout en exprimant ses valeurs premium : transparence, élégance, épure et précision. secteur : équipement de la maison – réalisation : « The Beauty of Sharpness » – annonceur : Miyabi (Zwilling JA Henckels) – responsable annonceur : Nathalie Chabert – agence : Herezie – responsable agence et directeur de la création : Andrea Stillacci – directeurs artistiques : Jacques Denain et Nicolas Dumenil – concepteurs-rédacteurs : Jacques Denain, Nicolas Dumenil et Alexander van Walsum – directeur des stratégies : Luc Wise – achat d’art : Johanna Warlus – sortie : 28 avril 2014. Automobile, deux-roues prix DDB PARIS POUR VOLKSWAGEN Le coup de vent qui fige une grimace sur le visage, les haricots verts qui sont en fait des frites d’une couleur inhabituelle, quel parent n’a jamais raconté un pieux mensonge à son enfant pour le convaincre ? Ces gentils bobards, DDB Paris les met en scène dans un film destiné à promouvoir le label occasion du groupe Volkswagen, Das Welt Auto. Histoire de rappeler qu’il est toujours plus sûr d’acheter une voiture d’occasion chez les concessionnaires VW que de faire confiance à n’importe qui. secteur : automobile – réalisation : « Kids » – annonceur : Volkswagen – responsables annonceur : Jean-Baptiste Gendrot, Vincent Fialon et Sébastien Daudier – agence : DDB Paris – responsables agence : Alban Callet, Stéphanie Leray, Pierre Schmitt et Delphine Rigaud – directeur de la création : Alexandre Hervé – directeur artistique : Raphaël Ghisalberti – conceptrice-rédactrice : Constance Godard – sortie : 25 mars 2015. STRATÉGIES N° 1818-1819 60 18/06/2015 palmarès / Grand prix mention ex aeQUO DDB PARIS POUR VOLKSWAGEN Conduire est un plaisir. Alors, quand l’agence DDB Paris met en scène pour Volkswagen le neveu d’un inventeur incompris, qui a notamment conçu une machine de téléportation rendant la voiture obsolète, c’est tout naturellement que celui-là préfère détruire son héritage plutôt que de perdre le plaisir de prendre le volant. secteur : automobile – réalisation : « Choice » – annonceur : Volkswagen – responsables annonceur : Arnaud Barral, Marc Meurer, Sophie Barlois et Stephanie Baron – agence : DDB Paris – responsables agence : Alban Callet, Stéphanie Leray, Pierre Schmitt et Delphine Rigaud – directeur de la création : Alexandre Hervé – concepteur-rédacteur : Élie Sachs – sortie : 31 mars 2015. mention ex aeQUO BETC POUR PEUGEOT BETC fait du neuf avec du vieux pour le constructeur Peugeot en reprenant son spot mythique des années 1980 sur la 205 GTI pour promouvoir sa 208 GTI. Making of, scène bonus, affiches, la campagne reprend les codes des blockbusters pour présenter sa voiture, baptisée Coupe franche. secteur : automobile – réalisation : « Peugeot 208 GTI » – annonceur : Peugeot – responsables annonceur : Guillaume Couzy, Stéphane Levi, Nathalie Le Maître et Joanna Boutté – agence : BETC – responsables agence : Henri Tripard, Julien Grimaldi, Thomas Boutte et Fabien Idoux – directeur de la création : Rémi Babinet – directeur de création : Vincent Behaeghel – sortie : 30 septembre 2014. DISTRIBUTION prix MARCEL POUR INTERMARCHÉ Si mentionner la date et l’heure de fabrication d’un produit est une contrainte pour les acteurs de la grande distribution, l’agence Marcel l’a transformée en plus-produit pour son client Intermarché (lauréat du Grand Prix 2014) en créant l’opération « Le Jus le plus frais ». Chaque bouteille de jus d’orange porte l’heure à laquelle son contenu a été pressé afin d’en démontrer la fraîcheur. Soit au total 1 440 potentiels noms de marque différents, dont les bouteilles ont été vendues dans le magasin d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). secteur : distribution – réalisation : « Le Jus le plus frais » – annonceur : Intermarché – responsables annonceur : Patricia Chatelain, Sylvie Colé, Mathieu Delcourt et Marie Dos Santos – agence : Marcel – responsables agence : Pascal Nessim, Charles Georges-Picot, Blandine Mercier, Matthieu Morteau et Barbara Cruchet – directeurs de création : Anne de Maupeou, Dimitri Guerassimov, Fabien Teichner et Julien Benmoussa –créatifs : Damien Lebreuilly, Jonathan Wawer, Ali Qamari, Pierre Delort et Guillaume Delattre – sortie : 27 mars 2015. 18/06/2015 61 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix DiStriBUtion (SUite) mention BDDP UNLIMITED POUR MAISONS DU MONDE « Soyez fous, soyez vous » enjoint la campagne de BBDP Unlimited pour Maisons du monde. Le film imaginé par l’agence revendique le parti pris multistyle de l’enseigne en faisant l’apologie de la liberté de goûts et de styles, invitant chacun à échapper au mimétisme et à assumer ses choix sans complexe. secteur : décoration, ameublement – réalisation : « Soyez fous, soyez vous » – annonceur : Maisons du monde – responsable annonceur : Marjorie Courtet – agence : BDDP Unlimited – responsables agence : Laurence Pétolat-Vivares, Aurélie Bouvart et Mathilde Lebourgeois – directeur de la création : Olivier Moine – production tv : Evelyne Le Bervet, Sanae Belkouri et Sarra Kherrat – post-production : Erika Lausmann – production son : Else – direction artistique, conception-rédaction et interprète : Les Golgoths – réalisatrice : Mary Clerté – maison de production : Partizan – sortie : 17 octobre 2014. ServiceS en et horS ligne prix, prix ecs et prix du JurY des annonceurs BUZZMAN POUR MEETIC Meetic a lancé sa première campagne européenne avec Buzzman, à rebours des codes habituels de la séduction. « Si vous n’aimez pas vos imperfections, quelqu’un les aimera pour vous », tel est le message du film, sur le morceau See you All de Koudlam. Les inscrits étaient encouragés à exposer leurs imperfections dans leurs profils sur les réseaux sociaux, via le hashtag LoveYourImperfections, mais aussi lors d’événements « réels ». # secteur : services – réalisation : « Love your imperfections » – annonceur : Meetic – responsables annonceur : Astrid Fockens-Lassagne, Alexandre Lubot, Karl Gregory, Jérôme Bourgade et Jessica Delpirou – agence : Buzzman – responsables agence : Georges Mohammed-Chérif, Thomas Granger et Julien Levilain – directeurs de création et concepteurs-rédacteurs : Tristan Daltroff et Louis Audard – producteurs : Vanessa Barbel, Ayman Jaroudi et Pauline Couten – responsables social media : Julien Scaglione, Loris Bernardini et Mickaël Mougenot – photographe : Alexis Armanet – production : Les Télécréateurs – production son : The – réalisateur : Vincent Lobelle – sortie : décembre 2014. mention ex aeQUO MARCEL POUR MARC DORCEL La campagne « Sans les mains » de l’agence Marcel pour Marc Dorcel jouait sur un principe paradoxal : visionner un film pornographique en ne pouvant pas se servir de ses mains comme on l’entend ! Le film proposé sur le site de Dorcel ne démarre que si l’on appuie simultanément sur les touches ASPL du clavier. La distance entre les touches oblige à utiliser ses deux mains… secteur : loisirs, jeux – réalisation : « Sans les mains » – annonceur : Marc Dorcel – responsables annonceur : Gregory Dorcel et Ghislain Faribeault – agence : Marcel – responsables agence : Pascal Nessim, Benjamin Taïeb, Audrey Tato et Noëlla Neffati – directrice de la création : Anne de Maupeou – directeur de création : Jérémie Bottiau – créatifs : Xavier Le Boullenger et Guillaume Leclerc – responsable technique : Christophe Serret – sortie : 29 janvier 2015. STRATÉGIES N° 1818-1819 62 18/06/2015 palmarès / Grand prix BanQUe, assURance prix OGILVY PARIS POUR ALLIANZ Il n’est pas toujours évident de percevoir l’intérêt concret d’une assurance. Pour nous y aider, l’agence Ogilvy Paris ancre les services d’Allianz dans la « vraie vie » grâce à des instants insolites immortalisés par Google Street View, à l’instar d’une chute dans un égout. Sur la plateforme interactive Allianz Real Life, l’assureur associe à chaque incident le produit correspondant. Les internautes sont également invités à y partager leurs trouvailles sur le service de photographie de Google. secteur : banque, assurance – réalisation : « Allianz Real Life » – annonceur : Allianz – responsable annonceur : Lydie Hippon-Darde – agence : Ogilvy Paris – responsable agence : Natalie Rastoin – directeur de la création : Baptiste Clinet – sortie : 27 mars 2014. éneRGie prix HAVAS PARIS POUR EDF Pour l’énergéticien, l’agence Havas Paris a confié à l’humoriste Éric Judor une websérie en sept épisodes. L’ex du duo Éric et Ramzy est pour l’occasion à la fois auteur, réalisateur et acteur des épisodes. La saga « Electric » d’EDF exploite l’univers d’Éric Judor, développé dans la série Platane, et a su séduire le grand public : 26 millions de vues en ligne, 1,1 million de visiteurs sur le site Electric.edf.fr, 88 % d’interviewés déclarant aimer la saga et les deux tiers des personnes interrogées souhaitant en voir la suite. secteur : énergie – réalisation : « Electric, une saga d’Éric Judor pour EDF » – annonceur : EDF – responsables annonceur : Catherine Lescure, Anne-Laure Meynial-Coumaros et Virginie Maillebuau – agence : Havas Paris – responsables agence : Jean-Marc Huleux, Aurélien Pernot et Audrey Petit – directeur de création : Christophe Coffre – sortie : 18 juin 2014. 18/06/2015 63 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix Télécoms, internet prix MARCEL POUR ORANGE Que les amoureux se rassurent, si la mairie de Paris donnait le coup d’envoi le 1er juin à l’enlèvement des célèbres cadenas du pont des Arts, en prévention d’un effondrement de l’édifice, Orange l’avait anticipé en numérisant un à un ces symboles de la passion amoureuse. Ce sont quelque 40 000 « love locks », et autant d’histoires, dont certaines racontées en vidéo, qui ont été sauvegardées grâce au travail d’un jeune photographe et au cloud de l’entreprise de télécommunications, épaulée par l’agence Marcel. secteur : télécoms – réalisation : « Relock Love » – annonceur : Orange – responsables annonceur : Fabienne Dulac, Quentin Delobelle, Annabel Salesa et Séverin Cassan – agence : Marcel – responsables agence : Pascal Nessim, Nicolas Lévy, Philippe Franc et Jeanne Neuschwander – directrice de la création : Anne de Maupeou – directeurs de création : Fabien Teichner, Dimitri Guerassimov et Lionel Bui – créatifs : Damien Veillet et Vincent Boursaud – sortie : 13 février 2014. édition, culture, communication prix ex aeQUO DDB PARIS POUR LE MUSÉE DE LA GRANDE GUERRE DU PAYS DE MEAUX À l’heure où plus de 20 millions de Français racontent quotidiennement leur vie sur Facebook, DDB Paris a imaginé ce que ces mêmes internautes, subitement plongés dans le fracas du XXe siècle, auraient eu à raconter si le réseau social avait existé en 1914. C’est le principe de l’opération « Facebook 1914 » pour le Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux, multiprimée ces dernières années. Le jury du Grand Prix de la publicité 2015 a été sensible à ces visuels print qui poursuivent et amplifient cette communication. secteur : culture – réalisation : « Objets » – annonceur : Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux – responsables annonceur : Michel Rouger et Lyse Hautecœur – agence : DDB Paris – responsables agence : Marlène Bertranine, Caroline Bertheuil et Jean-Luc Bravi – directeur de la création : Alexandre Hervé – directeurs artistiques : Emmanuel Courteau et Alice Labau – concepteur-rédacteur : Jean-François Bouchet – sortie : 22 décembre 2014. STRATÉGIES N° 1818-1819 64 18/06/2015 palmarès / Grand prix prix ex aeQUO BETC POUR CANAL + À l’occasion du Festival du cinéma de Cannes 2014, l’agence BETC a joué sur le signe « + », emblématique de la chaîne dans un esprit minimaliste. Il se trouve ainsi au cœur des différentes affiches liées à la programmation de la chaîne et suggère, par un jeu graphique, des films qui ont fait l’actualité, comme La Vie d’Adèle, Fast and Furious, Django, Yves Saint Laurent, Gravity… Une campagne conçue par le directeur artistique Jordan Lemarchand et le concepteur-rédacteur Julien Deschamps, lauréats du 15e Prix Stratégies des jeunes créatifs en 2013. secteur : information, médias – réalisation : « Les + » – annonceur : Canal + – responsables annonceur : Alice Holzman et Coline André – agence : BETC responsables agence : Bertille Tolédano, Guillaume Espinet et Elsa Magadoux – directeur de la création : Stéphane Xiberras – sortie : 28 janvier 2015. mention BETC POUR CANAL + Dans ce film à grand spectacle, Canal + et son agence BETC répondent à une question brûlante : pourquoi les licornes ont-elles disparu ? Sur fond de déluge et d’arche de Noé, la réponse, des plus… couillues, a de quoi surprendre. Une manière pour la chaîne cryptée d’annoncer ses cinq nouvelles séries « Créations originales », à voir sur la chaîne en 2015. secteur : information, médias – réalisation : « Les Licornes » – annonceur : Canal + – responsables annonceur : Alice Holzman et Coline André – agence : BETC – responsables agence : Bertille Tolédano, Guillaume Espinet et Elsa Magadoux – directeur de la création : Stéphane Xiberras – sortie : 28 janvier 2015. 18/06/2015 65 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix INTéRÊT GéNéRAL, GRANDES CAUSES prix ex aeQUO CLM BBDO POUR GUY COTTEN Chaque année, lors de loisirs nautiques, trop de personnes se noient encore faute de porter un gilet de sauvetage. Pour faire prendre conscience au public de son importance, CLM BBDO, Wanda et Grouek ont conçu l’expérience interactive « Sortie en mer » pour la marque d’équipement marin Guy Cotten, faisant vivre, en vue subjective, une noyade, qui peut être évitée seulement par le scroll continu de la page web. Quelque 7 millions d’internautes ont tenté de se sauver de la noyade, en vain. secteur : équipementier marin – réalisation : « Sortie en mer » – annonceur : Guy Cotten – responsable annonceur : Marie Jacq – agence : CLM BBDO – responsables agence : Romain Bruneau et Andéolé Vu Dinh Ba – directeurs de la création : Matthieu Elkaim, Benjamin Marchal et Olivier Lefebvre – directeur de création : Éric Pierre – créatifs : Charles Dessaux, Émile Martin et Cécile Pimont – sortie : 22 avril 2014. prix ex aeQUO DDB PARIS POUR L’INPES Première cause de mortalité prématurée évitable en France, le fléau du tabac reste cependant mésestimé par ses consommateurs. Pour amener à une prise de conscience et à une mobilisation du grand public sur le sujet, l’INPES, via Tabac Info Service, a fait appel à DDB Paris. Dans deux spots aux lumières sombres et au silence pesant, hormis une voix-off, l’INPES s’adresse à « ceux qui restent », les proches des personnes décédées de la consommation de tabac, à travers des messages d’adieu des défunts. secteur : intérêt général – réalisation : « Message d’amour » – annonceur : INPES – responsables annonceur : Isabelle Dolivet, David Heard et Caroline Lutz – agence : DDB Paris – responsables agence : Vincent Léorat, Nicolas Kabassakalis et Camille Passot – directeur de la création : Alexandre Hervé – directeur artistique et concepteur-rédacteur : Fabien Teichner – sortie : 23 septembre 2014. STRATÉGIES N° 1818-1819 66 18/06/2015 palmarès / Grand prix INSTITUTIONS PUBLIQUES, ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES, SYNDICATS mention BDDP UNLIMITED POUR LA CCI MARSEILLE-PROVENCE Pour promouvoir le monde économique marseillais et, au-delà, Marseille, BDDP Unlimited a détourné les clichés liés à la cité phocéenne à travers la signature un rien narquoise « Si vous saviez tout ce qui se passe ici », dans une campagne composée d’un spot télévisé et d’annonces presse sous forme de publirédactionnels. réalisation : « Si vous saviez tout ce qui se passe ici » – annonceur : CCI Marseille-Provence – responsables annonceur : Jacques Favre et Laurent Carenzo – agence : BDDP Unlimited – responsables agence : Marco de la Fuente, Charles de Beistegui, Aurélie Bouvart, Lara Maître et Marine Chatelot-Müller – directeur de la création : Olivier Moine – directeurs artistiques : Arnaud Ibanez et Carine Patureau – concepteurs-rédacteurs : Aurélien Ung et Barbara Georget – prod. print : Marie d’Ovidio – prod. tv : Evelyne Lebervet – post-production : Sarra Kherrat – réalisateur : Gautier Billotte – maison de production : Blue – sortie : 10 octobre2014. CAMPAGNES D’AUTOPROMOTION prix SID LEE PARIS (EN INTERNE) Sid Lee Paris invente la data autopromotionnelle avec la campagne « Dashboard », qui donne, via un site internet, tous les détails de la vie de l’agence : nombre de cafés bus, de chasses d’eau tirées, de fois où la porte principale s’est ouverte, d’impressions papier, de postes à pourvoir, de fax reçus (aucun depuis octobre 2013)… secteur : communication – réalisation : « Dashboard Sid Lee » – annonceur : Sid Lee Paris – responsable annonceur : Sylvain Thirache – agence : Sid Lee Paris – responsable agence : Johan Delpuech – directeur de création exécutif : Sylvain Thirache – sortie : 1er février 2015. 18/06/2015 67 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix CAMPAGNES INTéGRéES prix et grand prix SID LEE PARIS POUR UBISOFT Pour illustrer le mode coopératif, particularité du dernier volet (Unity) du jeu vidéo Assassin’s Creed, l’agence Sid Lee Paris a mis les joueurs-internautes à contribution dans une campagne cross-canal pour accompagner le lancement du jeu d’Ubisoft en novembre 2014. Deux millions d’entre eux ont créé leur profil de joueur, les « assassins », sur le site ad hoc. Les 1 430 ayant reçu le plus de voix ont été mis en scène dans un trailer interactif, réalisé par Joseph Kosinski (réalisateurs des filmsTron, l’héritage et Oblivion) et diffusé sur le site, à la télévision et au cinéma. secteur : loisirs, jeux – réalisation : « Assassin’s Creed Unity » – annonceur : Ubisoft – responsable annonceur : Guillaume Carmona – agence : Sid Lee Paris – responsable agence : Johan Delpuech – directeur de création exécutif : Sylvain Thirache – sortie : 1er juillet 2014. NI PRIX NI MENTION - Boissons alcoolisées - Hygiène, beauté, soins, produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques - textile, habillement, accessoires - Luxe - équipement informatique et mobile - Loisirs, tourisme - transports - Campagnes internationales trophée FacebooK « hacK For good » JEAN WEESSA ET MÉLANIE PENNEC, DDB PARIS C’est une idée toute simple mais très astucieuse qui vaut aux deux créatifs Jean Weessa et Mélanie Pennec, de l’agence DDB Paris, de remporter le premier Trophée Facebook « Hack for Good ». On ne vous en dit pas davantage : leur création, qui bénéficiera d’un plan d’envergure sur le réseau social, ne sera révélée qu’en septembre… Avec la Licra et Stratégies, Facebook organisait le 3 juin un hackathon créatif mettant aux prises huit teams créatifs (agences 5ème Gauche, BETC, DDB Paris, Digitas-LBI, Fred & Farid, La Chose, Publicis Conseil et We are social) sur le brief suivant : mobiliser les jeunes sur les réseaux sociaux autour de l’antiracisme, au moment où cette parole est de plus en plus rendue inaudible par l’offensive de la parole raciste. Le jury rassemblait Olivier Altmann (Altmann + Pacreau), Matthieu Elkaim (BBDO Paris), Alain Jakubowicz (Licra), Olivier Mongeau (Stratégies), Laurent Solly (Facebook) et Stéphane Soussan (Sid Lee Paris). STRATÉGIES N° 1818-1819 68 18/06/2015 4e ÉDITION GRAND PRIX STRATÉGIES DU BRAND CONTENT 2015 Présentez vos meilleurs contenus de marque Date limite de remise des dossiers : le 3 juillet 2015 Contact : Ancella Gbaguidi 01 46 29 47 16 - [email protected] EN PARTENARIAT AVEC : AVEC LE SOUTIEN DE : Avec le soutien de : 18/06/2015 En partenariat avec : 71 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix MEILLEURE UTILISATION D’UN MÉDIA ON ET OFFLINE prix et grand prix CARAT FRANCE ET BRAND STATION POUR MONDELÈZ INTERNATIONAL Pour soutenir le lancement de Milka Biscuit Saga, la première application mobile pouvant connecter jusqu’à neuf téléphones créée par l’agence Brand Station, Carat France a déployé un plan médias axé sur le mobile, le digital et la tV. intégration du jeu dans la série tF1 Mes chers voisins, vidéo tutorielle en pré-roll sur You tube ou encore native advertising sur le site Minute Buzz auront permis à l’application d’être téléchargée 1,1 million de fois, mais aussi d’augmenter les ventes de Milka Biscuit de 17 % par rapport au mois précédent. secteur : alimentation – réalisation : « Milka Biscuit Saga » – annonceur : Mondelèz international – responsables annonceur : Matthieu guignard et Dominique Kirmann – agence médias : Carat France – responsable agence médias : Laurent Douard –agence : Brand Station – responsable agence et directeur de la création : Loïc Chauveau – sortie : 20 janvier 2015. nominés Havas Media pour L’équipe - Starcom pour La Poste StratégieS N° 1818-1819 72 18/06/2015 palmarès / Grand prix MEILLEURE OPÉRATION DE SPONSORING, DE MÉCÉNAT OU DE PARTENARIAT prix BLUE 449 ET NEW CAST POUR FERRERO Ferrero Rocher tient sa promesse de rendre les fêtes de fin d’année « infiniment plus belles » en s’associant à la patinoire éphémère abritée sous la verrière du Grand Palais parisien. Le partenariat conclu par Blue 449 et Newcast avec l’événement qui a accueilli plus de 200 000 visiteurs en trois semaines a apporté une forte visibilité à la marque, soutenue entre autres par une campagne print, des dégustations des confiseries et des jeux sur les réseaux sociaux. secteur : alimentation – réalisation : « Grand Palais des glaces Ferrero Rocher » – annonceur : Ferrero – responsables annonceur : Giacomo Maria Pilia et Marie Zajdman – agence médias : Blue 449 – responsables agence médias : Pascal Crifo, Laetitia Barbolosi et Justine Odoux – agence événementielle : Newcast – responsables agence : Jean-Marc Orhan, Anne-Laure Padrines et Boris Vey – sortie : 14 décembre 2014. nominés KR Media et Movie pour Oasis - Havas Media pour Orange - Havas Media pour Axa France 18/06/2015 73 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix MEILLEURE STRATÉGIE DE PLACEMENT DE PRODUIT prix MARQUES & FILMS POUR SODASTREAM Pour installer l’appareil de gazéification de boissons Sodastream comme une nouvelle habitude de consommation face à des concurrents sodas et eaux pétillantes puissants, l’agence Marques & Films a conclu une opération de placement de produit de grande envergure. Clem, Joséphine ange gardien, Peps… en un peu plus d’une année, la machine est apparue dans 21 prime-times des feuilletons les plus plébiscités par la cible, installant Sodastream comme un rendez-vous. secteur : équipement de la maison – réalisation : « Sodastream dans les fictions de tF1 » – annonceur : Sodastream – responsables annonceur : Philippe Chancelier et Céline Becam – agence : Marques & Films – responsable agence : Olivier Bouthillier – directeur de la création : guillaume Pierrard – sortie : du 3 février 2014 au 30 mars 2015. nominés Place to be Media et groupr telfrance pour La Mie câline - Hill Valley pour Conforama MEILLEURE STRATÉGIE ÉVÉNEMENTIELLE prix HAVAS MEDIA ET INTERVALLES POUR INTERPARFUMS « De l’art de la danse à l’art du parfum, il n’y a qu’un pas… » La marque repetto a choisi de le franchir en lançant son eau de parfum, épaulée par Havas Media France. L’agence a conçu une boîte à musique géante qui se transforme en scène éphémère itinérante sur laquelle évoluent huit danseurs et une ballerine au son de musiciens. Cette opération a bénéficié d’une couverture médias principalement assurée par le partenariat avec My Little Paris (newsletter, bannières et réseaux sociaux). secteur : parfums – réalisation : « Boîte à musique repetto » – annonceur : interparfums – responsable annonceur : Natalie Oorreel – agence médias : Havas Media – responsable agence médias : raphaël de andréis – agence : intervalles – responsable agence : Laurent Couraudon – sortie : 5 juillet 2014. StratégieS N° 1818-1819 74 18/06/2015 palmarès / Grand prix mention DDB PARIS POUR RADIO FRANCE Lors de sa réouverture après cinq ans de travaux, la Maison de la radio a souhaité attirer un public plus jeune que celui des fidèles de ses antennes. Grâce à un dispositif permettant de jouer au jeu vidéo de combat Street Fighter sur un piano, DDB Paris a rendu la musique classique plus ludique dans une « battle » largement relayée. secteur : média – réalisation : « Sound Fighter » – annonceur : Radio France – responsables annonceur : Monique Denoix, Sylvie Berranger et Camille Waldschmidt – agence : DDB Paris – responsables agence : Jean-Luc Bravi, Marine Hakim et Charlotte Drago – directeur de la création : Alexandre Hervé – créatifs : Mélanie Pennec et Jean Weessa – sortie : novembre 2014. nominés Ubi Bene pour Adidas - BDDP & Fils pour Les Échos MEILLEURE STRATÉGIE SOCIALE prix BUZZMAN POUR BURGER KING Pour faire patienter les fans de Burger King et décider où implanter de nouveaux restaurants, Buzzman a imaginé trois façons d’interagir avec les internautes sur Facebook et Twitter. En promettant d’ouvrir un restaurant dans la ville du dernier commentaire (« The Last Comment »), en offrant un menu gratuit au seul commentaire sans like (« No Like Battle »), et en répondant aux tweets impatients de découvrir ses futurs restaurants (« Angry Tweet »), Burger King mise résolument sur la viralité. secteur : restauration – réalisations : « Angry Tweet », « Last Comment » et « No Like Battle » – annonceur : Burger King – responsables annonceur : Jocelyn Olive, Bérénice Charles et Carole Rousseau – agence : Buzzman – responsables agence : Pierre Guengant, Loïc Coelho et Pauline Bouvet – directeur de la création : Georges Mohammed-Cherif – sortie : début 2014. nominés Windsor Paris pour Discovery Channel – Starcom pour Fanta MEILLEURE STRATÉGIE DE CIBLAGE ORIGINAL mention ex aeQuo IESA MULTIMÉDIA (EN INTERNE) Pour sensibiliser les jeunes à la question de l’isolement des personnes âgées, dix étudiants de l’Institut d’études supérieures des arts (IESA) multimédia ont imaginé la campagne choc « Plume un vieux ». Un faux service d’escroquerie des seniors sur mesure au ton cynique qui a rapidement rendu le sujet viral, et ce sans aucun budget. secteur : grandes causes – réalisation : « Plume un vieux » – annonceur : IESA Multimédia – responsables annonceur : Pierre-Édouard Schmitt et Mathieu Juglet – directeur artistique : Matthieu Teyssandier – concepteursrédacteurs : Christa Valtcheva et Amandine Le Roy – sortie : 16 novembre 2014. 18/06/2015 75 STRATÉGIES N° 1818-1819 palmarès / Grand prix Meilleure stratégie de ciblage original (suite) mention ex aeQuo HAVAS MEDIA, HAVAS MEDIA NATIVE ET PRISMA MÉDIA SOLUTIONS POUR ACCOR afin de promouvoir la carte ibis Business auprès de la cible exigeante des hommes d’affaires, Havas Media, Havas Media Native et Prisma Média Solutions ont travaillé avec le mensuel économique Capital (édité par Prisma) pour mettre au point une fausse couverture accompagnée d’une carte nominative factice offrant six mois de souscription. secteur : tourisme – réalisation : « Carte ibis Business smart data » – annonceur : accor – responsable annonceur : Lara Faguais – agence médias : Havas Media – responsable agence médias : Nathalie Charpigny – agences : Havas Media Native et Prisma Media Solutions – responsables agences : Caroline Chicard (Havas Media Native), géraldine Pangrazzi et amélie Philouze (Prisma Media Solutions) – directeur de la création : Judith Major – sortie : 2 octobre 2014. nominé Ubi Bene pour adidas Meilleure stratégie intégrée prix DDB PARIS ET BUSINESS POUR FLEURY MICHON Dans un contexte de crises alimentaires successives, le surimi cristallise la défiance des consommateurs. après cinq années de travail pour rendre ce produit irréprochable, Fleury Michon entend le prouver aux consommateurs avec DDB Paris et Business. « Venez vérifier » fait vivre le message à dix journalistes, blogueurs et consommateurs invités à venir en alaska suivre par eux-mêmes tout le processus de fabrication. Une opération soutenue par une campagne print, vidéo et web. secteur : alimentation – réalisation : « Venezvérifier » – annonceur : Fleury Michon – responsables annonceur : David garbous et Nathalie Sicard – agence médias : Business – responsable agence médias : gilles Meurgey – agence : DDB Paris – responsables agence : Vincent Léorat, Marie-Laure Dangeon et Capucine Mistral – directeur de la création : Christian Vince – créatifs : Sophie Montfort, gwen Vatin et greg Fleur – sortie : 6 avril 2014. StratégieS N° 1818-1819 76 18/06/2015 palmarès / Grand prix prix SPÉCIAL DU JURY DDB PARIS ET HAVAS MEDIA POUR L’ÉQUIPE Le classico PSg/OM ou le premier match de l’équipe de France à la Coupe du monde de football font partie des événements sportifs sur lesquel le quotidien L’Équipe peut capitaliser pour affirmer sa position de leader. Pour le premier, DDB Paris a laissé la parole aux enfants afin qu’ils conçoivent La Petite Équipe, un journal destiné aux jeunes. Pour le second, c’est Havas Media France qui a imprimé à l’intérieur du quotidien un maillot des Bleus, à l’époque en rupture de stock, grandeur nature. Les lecteurs étaient invités à se photographier avec ce maillot de papier. secteur : média – réalisation : « La Petite équipe » – annonceur : L’équipe – responsables annonceur : Béatrice roux, Damien Darroman et amaury Kergoet – agence médias : Havas Media France – responsable agence médias : Fabrice Ménaché – agence : DDB Paris – responsables agence : Fabien Donnay et Olivier Massanella – directeur de la création : alexandre Hervé – créatifs : Mélanie Pennec et Jean Weessa – sortie : 16 octobre 2014. secteur : média – réalisation : «Mon selfie pour L’Équipe » – annonceur : L’Équipe – responsables annonceur : Béatrice roux et Damien Darroman – agence : Havas Media France – responsable agence : Fabrice Ménaché – directeurs de création : Kevin Nugeron et Maxime trenton – sortie : 14 juin 2014. MENTION EX AEQUO HAVAS MEDIA INTERNATIONAL ET BETC POUR LACOSTE Pour installer la nouvelle plateforme de marque « Life is a beautiful sport » imaginée par l’agence BetC, Havas Media international a déployé une campagne médias monde de grande ampleur, inhabituelle pour un acteur de « casual wear premium », avec six médias au total (télévision, cinéma, affichage, presse, digital et social). secteur : habillement – réalisation : « Life is a beautiful sport » – annonceur : Lacoste – responsables annonceur : Laetitia Laplace, Mylène atlan et Christine renaud – agence médias : Havas Media international – responsable agence médias : Véronique Marcellin-roldan – agence : BetC – responsable agence : Brune Failliot – directeur de création : antoine Choque – sortie : 3 février 2014. MENTION EX AEQUO STARCOM ET BETC POUR LA POSTE Les activités de La Poste ne se résument pas à la distribution du courrier. Pour mettre en avant ses offres dématérialisées, Starcom et BetC ont misé sur une campagne touchant chaque point de contact de façon innovante : spot en real-time advertising, habillage de la une du Figaro, synchro-screen tV-digital… secteur : services – réalisation : « Campagne marque La Poste » – annonceur : La Poste – responsable annonceur : alexandra Mauraisin – agence médias : Starcom – responsables agence médias : Dimitri ait Kaci, Marion Bridot, estelle Basto et angelika Serwanska – agence : BetC – responsables agence : agathe Bousquet (Havas) tiphaine du Plessis et Clémence Korber (BetC) – directeur de la création : rémi Babinet (BetC) et Christophe Coffre (Havas) – sortie : 3 octobre 2014. 18/06/2015 77 StratégieS N° 1818-1819 manaGement actualité le team créatiF se réinvente ORGANISATION À l’heure de la famille recomposée, le couple traditionnel de la pub va bien au-delà du simple duo directeur artistique/concepteur-rédacteur. Troisième volet de notre enquête sur les créatifs. l e team créatif, pilier de l’agence de publicité, serait-il en train de vaciller ? « Il n’y a plus de notion de team créatif indéboulonnable comme il y a vingt ans », affirme Olivier Apers, directeur de la création de BETC. Certaines agences n’hésitent plus à renoncer à ce symbole pour installer de nouveaux modes d’organisation. « Il faut dire que le binôme directeur artistique/concepteur-rédacteur n’avait pas évolué depuis les années 1950 », rappelle Andrea Stillacci, président de la délégation publicité de l’Association des agences-conseils en communication, président et directeur de la création d’Herezie. Pour s’adapter à l’injonction contradictoire «multiplication des points de contact et baisse des budgets », les agences sont obligées de repenser leur modèle. Une refonte plus ou moins radicale selon les structures. Le team créatif est-il en sursis ? Ou la famille CR/DA est-elle simplement en train de s’agrandir, en accueillant des nouveaux membres comme le creative technologist ? le team est mort, vive le team. « La cause est entendue : le team créatif est mort, en grande partie, estime Baptiste Clinet, directeur de la création d’Ogilvy. Parmi mes 70 créatifs, j’ai beaucoup d’équipes qui ne travaillent pas par deux. Sur certains projets, il n’y a qu’un créatif, sur d’autres jusqu’à cinq. » Même constat chez Herezie : « Aujourd’hui quand nous planchons sur un brief, il y a beaucoup plus de participants autour de la table que StratégieS N° 1818-1819 GILLES WYBO « Nous créons désormais des équipes moléculaires, qui évoluent en fonction des briefs. » @gilles Wybo le CR et le DA : des créatifs médias, mobiles…, constate Andrea Stillacci. Cette nouvelle flexibilité fait qu’une campagne peut être aussi bien signée par 6 ou 7 créatifs que par un seul. » Autre phénomène qui met en danger le team créatif classique : la montée en puissance du visuel dans le digital, au détriment du texte. « Nous avons de plus en plus besoin de directeurs artistiques, et moins de concepteurs-rédacteurs, relève Pascal Grégoire, coprésident de La Chose. Un rédacteur peut bosser avec trois directeurs artistiques. » Bien sûr, cela ne restreint pas pour autant la place des créatifs classiques dans l’agence : ils restent le cœur du réacteur de toute agence de publicité. Georges Mohammed-Chérif, président de Buzzman, croit à une évolution de la définition du team créatif : « Cela reste un team créatif dans le sens “ équipe”. Simplement, ces teams intègrent bien souvent, en sus, un planneur, un creative technologist, un spécialiste social media-RP, etc. » Un Meccano créatif qui se recompose en fonction des budgets : « Cela nous oblige à opter pour des méthodes plus risquées qu’il y a quinze ans, en mariant de nouvelles expertises : faire travailler un channel planner avec un creative technologist, par exemple, raconte Christophe Perruchas, vice-président en charge de la création de Change. Il y a tellement de nouvelles expertises que, dans l’agence idéale, je devrais embaucher quinze profils différents. Comme c’est impossible, nous sommes obligés d’être agiles, de picorer des compétences dans un écosystème élargi : agences, free-lances… » les bons mécanos. Ogilvy, qui gère le budget Netflix, réinvente aussi l’organisation de l’agence autour de ce gros client : « Nous allons par exemple embaucher un screenwriter [scénariste] pour travailler sur l’écriture pour Netflix, détaille Baptiste Clinet. Et nos créatifs s’appuient également sur un creative lab (composé d’ingénieurs, spécialistes du packaging…) qui a pour vocation de les aider à trouver des idées différentes. » Même les teams classiques travaillent différemment : ainsi, pour son client Netflix qui leur fournit beaucoup de données, Ogilvy a fait plancher ses équipes de création des journées entières avec À Londres, des pros plus encadrés qu’en France De l’autre côté de la Manche, le créatif débarque plutôt à l’agence dès potron-minet, selon Julie Jeantet, directrice du cabinet Hanson Search : « Les créatifs arrivent tôt le matin, ont des journées très denses, déjeunent au bureau et ne restent pas tard le soir, sinon ils sont considérés comme mal organisés. » autre différence, d’après la recruteuse : les agences 78 londoniennes, souvent plus grosses, ont davantage de niveaux hiérarchiques. «DA ou CR, puis lead créatifs, puis associate creative director, puis creative director, puis executive creative director », liste Julie Jeantet. Dans les plus grosses agences, les directeurs de création anglo-saxons ont une approche plus business (rentabilité des projets…), en plus de la marque. 18/06/2015 mouvements AveC betC. bao tu-ngoc rejoint l’agence en tant que responsable de la production digitale et intégrée. deezer recrute Alexis de gemini comme directeur général France. fCb (interpubliC). susan Credle, ex-Leo Burnett états-Unis, rejoint le réseau en qualité de directrice de la création monde. elle succède à jonathan Harries, nommé chairman. fullsix. laetitia menesguen est © Les ensaders/Lezilus pour Stratégies nommée directrice du développement. lAnCel. Christophe mayer est le nouveau directeur de communication et entre au comité exécutif. des analystes datas. Un changement important dans la posture des agences : « La stratégie des moyens devient aussi importante que la stratégie de marque, explique Christophe Perruchas, de Change. Ce qui est intéressant, c’est de trouver les bons mécanos, d’organiser les compétences de façon créative. » Un glissement aussi en termes de posture RH : il ne faut plus penser « fonction » mais « rôle » de chacun dans un projet. intime créatiF. Le président de Brand Station, Loïc Chauveau, a la même approche : «Nous créons des équipes moléculaires qui évoluent en fonction des briefs. On peut imaginer que le team de demain sera composé d’un CR, d’un DA et d’un planneur stratégique, auquel se greffera au coup par coup un creative technologist. » Enfin, à chaque brief, la question centrale pour le directeur de la 18/06/2015 création est : « quelles compétences vais-je activer » ? Un phénomène comparable à ce que vivent les g randes ent repr ises : les agences sont en train de casser les silos. Enfin, ce peut être une préfiguration de l’évolution des métiers : «Il y a beaucoup d’écoles de publicité qui apprennent aux créatif s les deux métiers : le rédacteur se mêle de l’image et le directeur artistique des mots et du son », observe Sophie Gratacos, responsable trafic de BETC. ◊ Les nouveaux créatifs, plus difficiles à manager ? « Notre mode de management ressemble à la façon dont nous gérons les marques : en temps réel et à flux tendu, note Anne de Maupeou, directrice de la création de Marcel. En revanche, les créatifs sont beaucoup moins difficiles à manager qu’il y a dix ou quinze ans, car le métier s’est professionnalisé, et il y a moins de stars avec des ego démesurés. » Pour obtenir le meilleur de ces talents, il faut savoir les caresser dans le sens du poil. Un mode de management exigeant. Bien sûr, le type de brief joue un rôle déterminant dans la motivation des créatifs : « Total ou Intermarché, ce sont des budgets qui peuvent sembler difficiles sur le papier. Mon boulot, c’est de les rendre le plus sexy possible pour les créatifs, explique anne de Maupeou. Avec Intermarché, nous avons ainsi créé la campagne “Fruits et Légumes moches”. » autre défi : faire grandir le talent de ses créatifs. « J’ai eu des créatifs plus forts que moi ! Je n’ai jamais eu peur de les faire grandir, ils m’ont poussée vers le haut, conclut anne de Maupeou. Il faut les faire briller, ne pas les étouffer. » 79 mCdonAld’s. robert gibbs, ex-porte-parole de la maison-Blanche, va devenir vice-président et responsable mondial de la communication. pAtHé films. sébastien Careil est nommé directeur du marketing. tWitter. dick Costolo quitte ses fonctions de directeur général. jack dorsey le remplace provisoirement. uber frAnCe. grégoire kopp, ex-conseiller en communication du secrétaire d’état chargé des transports, est nommé directeur de la communication sur twitter. pour diffuser mA nominAtion: [email protected] StratégieS N° 1818-1819 manaGement / actualité faire le plein d’innovations ressourCes HumAines Pour la cinquième année, Stratégies organisait le 9 juin, avec Aquent, une conférence sur le thème de la disruption RH. Des pistes pour dynamiter les pratiques dans les ressources humaines et la formation. gilles Wybo @GillesWybo séQuence immersion. Selon Delphine Asseraf, d’Allianz, il s’agit à la fois de création de nouveaux jobs et d’évolution : « La relation client, par exemple, est passée du courrier papier aux réseaux sociaux, mais cela reste de la relation client. » Le digital oblige aussi les RH à révolutionner leurs pratiques de formation. « Afin d’être à l’affût des nouvelles tendances, nous organisons des “learning expeditions” pour le comité de direc- STRATÉGIES N° 1818-1819 © Régis Grman pour Stratégies u ne DRH sans bureau fixe chez Australie, des formations nouvelle génération chez TF1 ou encore des chartes de bonne conduite pour limiter l’hyperconnexion chez Allianz… Le 9 juin, à l’Open Mind Kfé, Alexandra Gaudin, DRH de l’agence Australie, Jean-Pierre Cerles, directeur de la formation du groupe TF1, et Delphine Asseraf, directrice du digital d’Allianz France, sont venus présenter leurs pratiques innovantes à la conférence « Disruption RH », organisée avec Aquent. Premier défi posé aux DRH : anticiper l’évolution des métiers. Chez Australie, Alexandra Gaudin, qui installe son bureau tous les mois à un endroit différent dans l’agence, a ainsi commencé par dresser un état des lieux des compétences de chaque métier, avec une dimension prospective : « Comment ce métier évoluera-t-il ? Quelles seront les nouvelles compétences nécessaires ? Pour les commerciaux, nous avons fait évoluer les métiers vers des compétences transverses, afin qu’ils sachent gérer un projet digital de A à Z. Nous allons aussi mener ce travail pour les créatifs. » tion, indique Jean-Pierre Cerles. Je reviens justement d’un voyage d’études à Séoul et Tel Aviv. » Le manager, qui a créé l’université TF1 en octobre dernier, a lancé des masterclass thématiques de deux heures : « Mobilité et télévision », « Formats de production »… JeanPierre Cerles n’hésite pas non plus à immerger ses responsables formation dans un service pendant quelques semaines, pour mieux cerner les besoins et y répondre plus efficacement. Allianz a lancé un « E-campus » et une digital academy. « Chaque mois, nous diffusons de petites vidéos de 2 minutes sur la communication digitale, les réseaux sociaux…, relate Delphine Asseraf. 80 les conFérences avaient lieu dans l’open mind kfé, espace consacré aux réunions collaboratives. L’objectif est d’encourager la formation permanente, de faire de la pédagogie. Aujourd’hui, 40 % des collaborateurs vont sur le site. » Chez Australie, la DRH a mis en place des Sooc (social online open course), des formations vidéo avec un animateur qui répond aux questions des salariés sur le forum. Tous les collaborateurs peuvent aussi bénéficier de coaching individuel sur la gestion des émotions, la prise de parole, etc. Enfin, pour que le digital ne devienne pas une plaie en interne, Allianz a adopté une charte e-mail : sauf cas d’urgence, ses salariés ne doivent pas envoyer de messages en semaine entre 21 h et 7 h du matin. Et rien non plus le week-end. ◊ 18/06/2015 manaGement / Digital manager participe présent HigH-teCH Impliquant les collaborateurs dans toutes les décisions de l’entreprise, Angélique Zettor, cofondatrice de la start-up Genymobile, prône un management participatif. Et le lien à distance. AnAÏs riCHArdin, AveC mégAne gensous @A_Richardin et @Megoustastou c ressemblance invisible. Angélique Zettor, 29 ans, a créé une entreprise qui entend valoriser chacun des individus y travaillant et privilégie la « ressemblance invisible et l’identité des candidats », plutôt que leurs CV. Elle dit même inspirer de grands comptes qui font appel à elle pour « discuter de notre culture, et se retrouver moins démunis face à la nouvelle génération. » Quatre ans après la création de la société dans une chambre de bonne avec son associé Arnaud Dupuis, et après une levée de fonds de 2 millions d’euros en juillet dernier, les effectifs ne cessent de croître. Avec pour clients Facebook, Soundcloud, La Poste ou encore Blablacar, Geny compte déjà 18/06/2015 angéliQue Zettor veille au sentiment d’appartenance et à l’apport de tous à l’entreprise : « Les managers n’ont pas le monopole des bonnes idées. » treprise motive même à effectuer des tâches qui ne sont pas directement dans le “scope” de notre poste », assure-t-il. Florent Noël, ingénieur développeur, se sent du coup « acteur de l’entreprise ». Sans horaires fixes et avec une hiérarchie peu marquée, ce modèle se révèle selon lui assez attractif. « C’est ce qui fait que je me lève le matin. Mais il profite aux personnes entreprenantes. Les habitués du management plus classique peuvent se sentir perdus. » © Thomas Gogny pour Stratégies ’est dans les anciens locaux de l’agence Les Gaulois, boulevard de Sébastopol à Paris, que la start-up Genymobile – spécialisée dans la personnalisation du système d’exploitation Android pour les entreprises –, a posé ses cartons il y a deux ans. Les têtes de cerf ont été remplacées par des représentations de Bugdroid, la mascotte du système d’exploitation open source. Et dans les bibliothèques du premier étage, livres et bibelots ont laissé place à une galerie de « Geny-me », des avatars attribués à chaque nouvel employé. Toute nouvelle embauche est célébrée par un paquet de bienvenue contenant mug personnalisé, teeshirt, etc. Tout l’esprit start-up encapsulé dans une petite boîte verte, « pour développer le sentiment d’appartenance à l’entreprise », explique Angélique Zettor, cofondatrice de Genymobile, qui avoue s’inspirer du modèle managérial de Spotify. 50 employés et prévoit 20 embauches d’ici à la fin de l’année. parcours 2011. Cofonde Genymobile avec arnaud dupuis et Cédric ravalec. 2013. prix du Jeune entrepreneur de La Tribune. 2014. prix ivy des jeunes dirigeants du secteur technologique. hors piste. « Notre société a grossi très vite, observe la jeune dirigeante, mais nous essayons de rester fidèle à notre esprit. Les managers n’ont pas le monopole des bonnes idées, nous prônons donc le management participatif. » Jérémy Vagnet, premier employé de la société, aujourd’hui directeur technique, y voit une forme d’encouragement à s’aventurer au-delà de ses limites. « L’implication dans les décisions de l’en- 81 À la maison. Chacun peut s’exprimer via l’outil de collaboration Slack, auquel tous les collaborateurs sont connectés. De grands écrans permettent aussi aux trois bureaux de Paris, Lyon et San Francisco d’organiser des réunions régulières sous divers formats. Comme les « daily » : « Tous les jours, à 17 h 30, nous nous connectons à notre Google Hangout pour faire un tour d’horizon de ce que l’on a fait la journée. C’est important de garder le lien », confie la fondatrice qui passe son temps entre Paris et San Francisco, où elle est actuellement à la recherche d’une grande maison pour pouvoir accueillir les collaborateurs qui souhaiteraient s’immerger pour un temps dans la culture américaine. « On appelle ça le “Geny boarding pass”. L’idée est de leur permettre de venir travailler aux États-Unis mais aussi de faciliter les déplacements à Lyon, deuxième bureau français de Genymobile. » ◊ STRATÉGIES N° 1818-1819 prestataires publicité par l’objet studio de création ® Retrouvez les création et production graphique pub - édition - design graphique - web prestataires notre book sur : ma-tribu.net tèl. : 01 43 98 14 39 - [email protected] sur publicité par l'objet création et production de PaperToys personnalisés, (sans ciseaux, ni colle) L’ Ense mble , cons truiso ns l’u sine de de main ER G IE LA DE EUR IT É CO TI V AU PÉ TI EL LE M C O U ST RI D IN ÉN tèl. : 01 43 98 14 39 ma-tribu.net Renseignements et réservation : Mariama Sow au 01 46 29 23 11 ou [email protected] StratégieS N° 1818-1819 82 18/06/2015 carrières Formation Baptiste CLINET EXECUTIVE CREATIVE DIRECTOR Ogilvy & Mather France ISCOM | Promotion 2007 #WeAreISCOM | Une communauté au cœur de la stratégie de communication, du design de marque, du digital et des tendances. ISCOM | INSTITUT SUPÉRIEUR DE COMMUNICATION ET PUBLICITÉ 4, Cité de Londres - 75009 PARIS | www.iscom.fr | [email protected] | @iscom ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR TECHNIQUE PRIVÉ 18/06/2015 83 StratégieS N° 1818-1819 opinions tribunes VOYAGE DANS LE FUTUR prospective Une journée de Léa, 20 ans, tradeuse pour une start-up spécialisée dans le textile. Entre connexion au monde et amélioration de soi. cécile villain-michaud © Suedhang/Getty Images planneuse stratégique chez Havas Media l éa émerge tout doucement du sommeil. La lumière s’est progressivement répandue dans sa chambre grâce à son appli Iwaku, programmée pour la réveiller au meilleur moment de son « sleep cycle ». Son Iphone 18 à hologrammes, connecté à ses draps tactiles, l’informe que sa nuit s’est bien passée et que son indice de repos est de 84, ce qui devrait lui assurer une bonne journée. Néanmoins, compte tenu de son agenda du jour, l’appli recommande un complément vitaminique qu’elle trouvera dans son réfrigérateur intelligent. Programmé pour toute la semaine, celui-ci lui calcule ses apports caloriques pour son petit déjeuner, elle n’a plus qu’à peser les ingrédients sur la balance connectée. Tout en grignotant ses biscuits aux lentilles avec de la confiture de chou, Léa s’interroge sur sa tenue du jour. Un tee-shirt à messages, qui s’adaptera à ses différents rendez-vous fera l’affaire. Elle choisit des stilettos à podomètre intégré. Une tasse de chicorée vintage à la main, elle consulte les messages reçus dans la nuit. Tradeuse pour une start-up spécialisée dans le textile, Léa ne s’arrête jamais. Le décalage horaire a complètement disparu, son générateur de réponses automatiques a bien bossé. La filiale de Lagos est en train de devenir la plus dynamique, elle voit que son avatar a augmenté les commandes de 5 %. La Coopérative des femmes nigérianes est en pleine explosion, leur production concurrence sérieusement celle de la Chine. Léa allume l’écran situé au-dessus de la table de STRATÉGIES N° 1818-1819 84 la cuisine, sa conf call avec la filiale de Shaoxing démarre. C’est l’avatar de son interlocuteur qui lui répond, chacun parle dans sa langue, immédiatement traduite à l’écran. L’affaire est rapidement conclue. Feuilletant distraitement l’e-magazine Stylist, Léa remplit un panier virtuel de vêtements qu’elle n’achètera jamais. Elle sait qu’elle sera retargetée avec les mêmes produits, moins chers. Bientôt la Journée de la femme, les youtubeuses s’en donnent à cœur joie. La Conasse fête les cinq ans de ses triplés, c’est pas triste. Son téléphone soupire. Ce soir, elle a rendezvous avec un garçon casté la veille sur Happn, après l’avoir furtivement croisé dans un bar à tatouages. L’algorithme a tourné, ils sont compatibles, elle peut y aller, de toute façon, elle a actionné la fonction Zérorateau. Elle est prête : avant de claquer la porte, elle met son appartement en mode closed : automatiquement, l’aspirateur, le lave-vaisselle et le lavelinge se déclencheront dès qu’elle aura tourné les talons. Elle songe à le mettre sur Airbnb 1.0, la version single du célèbre site. Un petit revenu d’appoint serait le bienvenu. D’ailleurs, elle a oublié de rembourser Lucas hier au bar, l’appli Pumpkin lui permet d’envoyer les 48 bitcoins (le prix du verre de vin qu’elle a bu) qu’elle lui doit. Sa voiture électrique Huey Wei démarre sans un bruit. Grâce à son GPS Siri, elle arrive sans encombre chez la styliste, tout en passant quelques coups de fil. L’interdiction de téléphoner en voiture a été abolie lorsque les pare-brise intelli- 18/06/2015 tribunes gents sont devenus obligatoires. Ces écrans de contrôle calculent les trajectoires et analysent l’activité oculaire, ce qui permet de repérer les moments d’inattention. Les accidents liés au mobile ont donc quasiment disparu. Arrivée dans le quartier de la Bastille, Léa se gare dans la place qu’elle a réservée en partant. Il est désormais impossible de démarrer une voiture si on n’a pas réservé sa place de parking, c’est une mesure prise par la maire de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet. Grâce à cela, la ville s’est considérablement désengorgée, le parc de nouveaux Vélib, légers et connectés, a été multiplié par cinq, et les métros à double étage commencent à circuler. Léa passe la matinée à travailler, son écran à hologrammes lui permettant presque de toucher les matières qu’elle négocie. Sa styliste in- siste sur le retour du gris en 2023, dans le cadre du grand retour des années 2000. Léa ne s’en souvient plus, elle était une petite fille habillée en taupe et bordeaux, comme tout le monde à l’époque. Ses parents, des bobos pur jus, l’ont élevée dans le culte du bio et du self improvement. Elle n’a pas connu le monde sans internet, et la télévision ne fait pas partie de sa vie. Son téléphone vibre : son estomac est vide, il lui faut des calories. Elle lance la commande d’un panier gourmand chez Monop, qu’elle compose avec soin, et qui sera prêt dans sept minutes. Son après-midi est libre, elle part lécher les vitrines connectées des Galeries Lafayette. La mode s’affiche en 3D, la cosmétique tactile la transforme en créature, le mobilier connecté murmure. Elle se sent bien, elle a 20 ans et rendez-vous ce soir. ◊ Les 5 « magics » du growth-hacking création de valeur Autrefois apanage des ingénieurs, l’innovation dans l’entreprise est devenue collaborative. Les équipes techniques et marketing doivent travailler de concert et recruter une communauté d’utilisateurs pour les tests. Alternant les périodes de croissance et de stagnation, le growth-hacking, utilisé de manière optimale, permet la bonne prise de décision. L e philosophe Bernard Stiegler le souligne sur le site de Télérama : « ll n’y a pas d’innovation sans invention, mais il existe beaucoup d’inventions qui ne produisent aucune innovation. L’innovation consiste à socialiser des inventions technologiques, elles-mêmes issues de découvertes scientifiques. » Et de citer en exemple France Télécom contribuant à la mise en place de la norme GSM alors que Nokia l’a socialisée avec ses portables. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’innovation est désormais transverse et n’est plus l’apanage des ingénieurs. Alors, comment les start-up innovent-elles désormais avec leurs utilisateurs ? Selon une étude PWC de 2013 («Breakthrough innovation and growth »), 93 % des décideurs estiment que la croissance de l’entreprise s’effectuerait grâce à l’innovation. Pourtant, la création de valeur ne se fait pas uniquement sur une avancée ou 18/06/2015 une rupture technologique, elle passe également par des processus collaboratifs. Désormais, l’équipe de R & D enfermée dans son laboratoire n’a plus lieu d’être. Nombre de grandes entreprises l’ont déjà compris depuis des années en adoptant l’open innovation comme processus de recherche. Aujourd’hui, le modèle collaboratif est poussé à son paroxysme. En effet, avoir une idée novatrice ne suffit pas pour développer sa start-up, il faut qu’elle corresponde à un réel besoin des futurs utilisateurs ou qu’elle soit rapidement intégrée/socialisée comme un nouvel usage. Dans cette perspective, le créateur et son équipe technique doivent travailler de concert avec l’équipe marketing. Cette dernière pourra étudier les attentes et les désirs des consommateurs, voire les créer. Dans ce contexte, la croissance pourra passer par l’amélioration d’un service ou produit déjà existant et non par l’invention nicolas galand cofondateur de Zeduki 85 du « next big thing ». Steve Job n’était-il pas un grand expert en marketing et non un ingénieur ? le bon moment. L’équipe marketing joue un rôle de premier plan en recueillant les retours des premiers utilisateurs, détectant ainsi les leviers de croissance possibles. Une bonne idée doit toujours être testée dans la pratique pour être développée avec tout son potentiel et mise sur le marché au bon moment. L’équipe marketing sera les yeux et les oreilles de l’entreprise sur son marché et auprès de ses clients. Son travail consistera à engager de manière pérenne une communauté qui testera l’application, produit ou service, qui donnera ses impressions mais surtout ses recommandations. Pour cela, il faudra recruter des utilisateurs – bêta testeurs – pertinents, ceux qui apporteront de réelles suggestions et feront la promotion STRATÉGIES N° 1818-1819 tribunes de l’outil. Le growth-hacking [accélérateur de croissance] s’avère une technique intéressante pour recruter ces premiers utilisateurs qui donnent de leur temps et de leur savoir. Selon la légende, les fondateurs de Hotmail ont lancé de manière empirique la première expérience de growth-hacking. En 1996, le premier service d’emails par internet ne décolle pas. Les fondateurs constatent que 80 % des inscriptions se font sur recommandation et c’est alors que Tim Draper, un des investisseurs, écrit à la fin de chaque e-mail : « P.S. I love you. Get your free email at Hotmail.» Six mois plus tard, en décembre 1996, Hotmail compte un million d’utilisateurs. opinions « earlY adopters ». De par sa logique intrinsèque, le growthhacking alterne périodes de croissance très importante et stagnation. Le growth-hacking nécessite de faire se succéder différentes opérations de marketing/hack afin de convertir les futurs utilisateurs avec des phases d’analyse et de segmentation. Afin d’assurer que la stratégie et les actions marketing soient efficaces, il convient de construire des métriques communes. Cela permettra une meilleure prise de décision et une utilisation optimale du growth-hacking. Les cinq étapes pour orienter les actions marketing et l’adoption du produit sont : 1. L’acquisition. Cette première étape consiste à générer du trafic sur son site en déployant des techniques d’inboud ou outbound marketing, tels que l’emailing, les relations presse… 2. L’activation. Il s’agit d’inciter l’internaute à devenir un utilisateur en mettant en avant la valeur ajoutée du produit/ service tout en simplifiant au maximum le processus d’inscription à une newsletter ou à la création d’un compte. 3. La rétention. Le « growthhacker » doit déployer toutes les actions permettant de retenir l’attention de l’utilisateur et le maintenir comme utilisateur actif en le faisant revenir régulièrement via des mises à jour, l’ajout de fonctionnalités, etc. 4. Les revenus. Le service convient parfaitement aux besoins des utilisateurs ciblés. Ces derniers paient pour y avoir accès ou l’utiliser. 5. Les référents. Seuls quelques utilisateurs se transformeront en ambassadeurs, il faut pour cela leur donner très tôt des outils les incitant à partager leur expérience sur les réseaux sociaux ou à inviter leur carnet d’adresses par e-mail. Ces éléments devront aider la start-up dans sa stratégie de croissance d’utilisateurs. Les métriques ainsi récoltées serviront à estimer les résultats des actions menées. Mais avant de se lancer, une étude de marché ainsi qu’un positionnement clair est indispensable. Trop de start-up se lancent sur une idée sans analyse préalable des besoins. Néanmoins, l’une des clés du succès n’est pas de vouloir tout « tracker » dès le lancement, mais se concentrer sur l’acquisition et la rétention. Privilégier une stratégie d’early adopter avant d’activer les leviers de growth-hacking. ◊ Valoriser son capital client, la leçon de l’épicier de quartier relation client La valeur d’une entreprise réside de plus en plus dans sa capacité à séduire et fidéliser ses clients. Pour profiter à plein de cette composante de ses « actifs », fondamentale dans une économie globalisée et digitalisée, il lui faut construire un système d’indicateurs centré sur la valeur client. i l sait tout ou presque de vous : votre marque de céréales préférée, le prénom de votre petit dernier, et même vos déboires avec votre banquier. Lui, c’est votre épicier. Comme la plupart des commerçants de quartier, il sait reconnaître les bons clients et les choyer par nombre de petites attentions : un accueil souriant, des bonbons pour les enfants, la dégustation d’un produit… STRATÉGIES N° 1818-1819 Un échange qui va bien au-delà du simple acte d’achat. En revanche, comme la plupart des gens, vous avez sûrement vécu la frustration d’être traité comme un inconnu, voire un malpropre, dans un grand magasin que, pourtant, vous fréquentez depuis des années, et dans lequel vous avez beaucoup dépensé… Quand cela arrive, on peut être tenté de changer de crèmerie, quitte à paolo pagani, associé chez Iéna Digital 86 marcher quelques minutes de plus ou à dépenser davantage pour un même produit. Chaque jour, des grandes marques perdent ainsi de bons clients, faute d’avoir su les reconnaître. Autrefois, la valeur d’une entreprise industrielle dépendait de sa capacité de production. Elle était évaluée sur la base du cash-flow généré par ses actifs matériels (immobilisations, stocks, etc.). À aucun moment, 18/06/2015 Tribunes de bénéfices dans le temps et qu’elle orientera vers d’autres produits complémentaires ou des produits premium. Elle pourra également évaluer le bon niveau de promotion de ses produits ou services (le coût d’acquisition ne devant pas dépasser la valeur client) ou encore qualifier les sources d’acquisition en identifiant les canaux, médias et campagnes qui génèrent les clients les plus profitables. L’estimation de la CLV lui permettra enfin de mieux allouer ses budgets marketing en choisissant le bon mix entre actions d’acquisition et stratégies de fidélisation. « bons clients ». Aujourd’hui, la valeur d’une entreprise réside de plus en plus dans sa capacité à séduire et fidéliser les meilleurs clients. Dans un contexte de concurrence rude, l’optimisation de la performance marketing est déterminante. L’érosion des marges conduit les entreprises à s’interroger sur leur stratégie d’acquisition, de rétention et de fidélisation des clients. Quelle somme doiventelles allouer à l’acquisition de nouveaux clients ? A contrario, combien doivent-elles dépenser pour fidéliser leurs clients actuels ? Et, question encore plus cruciale, ont-elles recruté les « bons clients » ? Revenons à votre épicier de quartier. Vous êtes un client fidèle et, en bon commerçant, il sait vous chouchouter. Comment ? En mettant de côté le produit que vous n’aurez pas le temps de venir chercher, en vous accordant une petite remise de temps en temps, et même en jouant les relais-colis quand votre emploi du temps est surchargé. Autant de petits gestes qui ne lui coûtent rien ou presque, mais qui lui permettent de préserver son « capital client ». L’évolution des techniques de « customer intelligence » permet aujourd’hui aux grandes entreprises d’accéder collectivement à l’intelligence du petit épicier de quartier, d’apprendre à identifier et reconnaître les clients qu’il ne faut surtout pas perdre, de mettre en œuvre des actions marketing personnalisées pour les recruter et, ensuite, les fidéliser. 18/06/2015 © Hybrid Images/Getty Images le bilan comptable n’intégrait la dimension pourtant essentielle à l’entreprise : la valeur client. Néanmoins, les entreprises ont toujours dû se battre pour conquérir des marchés. Avec la globalisation et la digitalisation de l’économie, cela s’est intensifié. « l’évolution des techniques de “ customer intelligence ” permet aujourd’hui aux grandes entreprises d’accéder collectivement à l’intelligence du petit épicier de quartier. » La clé de voûte de cet édifice est le capital client ou « customer equity ». modÈles prédictiFs. En adoptant cette stratégie, l’entreprise considère sa base de clients comme une composante fondamentale de ses « actifs ». Mais comment peut-elle estimer au plus près la valeur de ces actifs alors qu’elle ne connaît pas à priori les revenus générés par chaque client ? Pour cela, elle peut recourir à des modèles prédictifs lui permettant d’estimer la valeur de chaque client ou « customer lifetime value » (CLV). C’est en effet grâce aux informations données par ces indicateurs que l’entreprise pourra optimiser sa performance marketing et commerciale. Cela lui permettra d’identifier les « bons profils », à savoir les clients générant le plus 87 optimisation de la perFormance. Cette approche qui consiste à partir de la valeur financière de la base client pour élaborer la stratégie marketing est en soi une petite révolution. On ne se concentre désormais plus seulement sur l’accroissement du volume des ventes, mais sur l’évolution de la profitabilité de sa base clients dans le temps. Les plans et actions marketing sont alignés avec la stratégie et les objectifs financiers de l’entreprise : les arbitrages sont réalisés à partir de données factuelles, de bases rationnelles. La construction de ce système d’indicateurs centré sur la valeur client et partagé par l’ensemble des directions – marketing, commerciale et financière– favorise les échanges collaboratifs internes. Chacun peut enrichir les tableaux de bord par des informations concrètes afin de donner du contexte aux données. L’association du « Return on marketing investment » (retour sur investissement marketing) et de la CLV permet ainsi de réconcilier les départements marketing et finance en créant un langage commun orienté vers un seul objectif : l’optimisation de la performance de l’entreprise. ◊ STRATÉGIES N° 1818-1819 cHroniQues internet MARY A TOUT DIT l e milieu du numérique n’est pas plus innovant que ses prédécesseurs quand il s’agit de faire de la place aux femmes. Entrepreneurs, dirigeants, chercheurs, pères des grandes lois (Moore, Metcalfe, Godwin…) sont surtout, pour ne pas dire exclusivement, des « old white males ». C’est la raison pour laquelle Mary Meeker, avant de parler de ses qualités, fait exception. Transfuge de Morgan Stanley où elle était l’analyste star des fabricants informatiques et des éditeurs de logiciels, c’est elle qui a orchestré la mère de toutes les introductions en Bourse de l’ère numérique, celle de Netscape en 1995. stéphane distinguin président de Fabernovel auJourd’hui, Mary Meeker est « venture capitalist » pour un fonds que certains considèrent comme le plus puissant de la Silicon Valley : Kleiner Perkins Caufield and Byers. Vous savez, le petit fonds qui a investi dans Sun Microsystems, Compaq, Electronic Arts, AOL, Netscape, Amazon, Google, Twitter, Spotify, Uber, Snapchat, Slack… et qui emploie Al Gore et Colin Powell. Mais ce qui fait la réputation de Mary Meeker, c’est surtout son « Internet Trends Report », attendu chaque année comme le discours sur l’état de l’Union du président des États-Unis. Celu i de 2015 est sorti en fin de semaine dernière. Qu’y apprend-on ? D’abord, Mary Meeker revient sur l’épopée de vingt ans d’usages numériques depuis 1995. De 35 millions, soit 0,6 % de la population mondiale, à 2,8 milliards et 39 % connectés à internet, et de 80 millions, soit 1 %, à 5,2 milliards soit 77 % d’utilisateurs de téléphone mobile. Cela peut vous sembler évident – les arbres ne montent toujours pas au ciel –, mais cette croissance, encore solide, se tasse. opinions les proFessionnels sont de plus en plus connectés – le bouleversement majeur est sans doute la connexion 24/7 – et de moins en moins salariés : les free-lances sont désormais 53 millions, soit 34 % de la population active aux États-Unis. Uber emploie 1 million de chauffeurs, plus de 60 % ont un emploi « à côté ». Et la tendance s’amplifie à tel point que 25 % des travailleurs « uberisés » sont présents sur plusieurs plateformes. De quoi donner raison à mon amie Robin Chase : « La génération de nos parents n’aura connu qu’un employeur dans sa vie. Nous en connaîtrons 6. Nos enfants auront 6 emplois et employeurs en même temps. » Évidemment, quand Wall Street rejoint la Silicon Valley, Mary Meeker fait un plaidoyer pro domo et sur Powerpoint pour que la réglementation suive et s’adapte à une société et une économie toujours plus connectées. trois points clés À retenir : davantage que par le nombre d’utilisateurs, la croissance se fait dorénavant sur les usages et donc le volume de données générées (portées par le mobile et la vidéo), et la croissance en termes d’utilisateurs se trouve quant à elle dans des pays à pouvoir d’achat et d’investissement en infrastructures bien plus faibles. La conjonction des deux va donc mettre sous tension les modèles économiques et les infrastructures. La publicité, qui reste la clé de voûte de l’industrie numérique, n’a pas encore fait son « rattrapage » sur le mobile. Le marché, en forte croissance, y reste très sous-estimé si on considère le temps que les utilisateurs y passent. Mauvaise nouvelle pour la STRATÉGIES N° 1718-1719 presse : cette distorsion est accablante si on la compare au marché « print ». Mais son plus long développement, Mary Meeker le réserve à l’évolution de l’emploi et des frictions avec la réglementation. L’occasion d’apprendre qu’à New York, désormais, 72 % des habitants comptent sur Airbnb pour payer leur loyer. Depuis 2000, la population américaine grandit 2,4 fois plus vite que la création d’emplois, alors que de 1948 à 2000 c’était l’inverse : la création d’emplois augmentait 1,7 fois plus vite que la population… Ajoutons que les offres d’emploi se font de plus en plus à des niveaux de qualification élevés. Et puis socialement, tout bouge : trois fois moins de syndiqués en proportion qu’il y a cinquante ans, un État de plus en plus présent dans les systèmes de retraite et de santé. En 2015, pour la première fois, la génération la plus représentée dans les entreprises est la fameuse génération Y, ou millennials, celle qui valorise plus que les autres la formation, le développement personnel et la flexibilité plutôt que le salaire. merci marY meeKer de nous donner l’occasion de prendre du recul et de saisir ce qui forme une tendance, décrit des phénomènes et nourrit une doctrine, celle qui permet justement à la tendance de s’épanouir jusqu’à son remplacement par la suivante. Une économie dans laquelle Fortune s’apprête à nous annoncer que 57 % des entreprises de son prochain classement du « Fortune 500 » n’en faisaient pas partie il y a seulement vingt ans. ◊ 88 18/06/2015 NESTLE • P&G • VERBAUDET • TAG HEUER • VOLKSWAGEN • EDF • HOTEL MARTINEZ • GO VOYAGES • AUCHAN • LE FIGARO • BOUYGUES TELECOM • AIRBUS • SWISS LIFE • LEROY MERLIN • EURONEWS • GALERIES LAFAYETTE… EN MARS, CES MARQUES RECEVRONT TOUTES LE GUIDE AGENCES… …VOS NOUVEAUX BUDGETS POUR 2016 ? 65%* des lecteurs ont déjà travaillé avec une société contactée grâce à leur présence dans les guides stratégies * Selon l’étude lecteurs guides – Stratégies février 2013 BOUCLAGE DES RÉSERVATIONS LE 9 OCTOBRE 2015 Réservez dès à présent votre espace Nadia Ben Moussa - [email protected] - 01 46 29 47 62 la rédac a de se mesurer aux pointeurs et tireurs amateurs à Cannes le 26 juin, à partir de 17 heures, lors du tournoi de pétanque que Stratégies organise sur la plage Le Goéland, dans le cadre de son partenariat avec French Camp Cannes, le « pavillon français » installé par l’Association des agences-conseils en communication (AACC) cette année aux Cannes Lions. Toute la semaine, à partir du lundi 22 juin, se dérouleront de nombreux événements animés par les différents partenaires, parmi lesquels JC Decaux, TF1 Publicité, Adstream France, l’ARPP, le SRI, le Club des DA et la presse spécialisée. opinions … apprécié que le hors- … interrogé Denis série de l’hebdomadaire Politis (5 euros) consacré à l’avenir de la presse propose un entretien revigorant entre Franck Annese et Éric Fottorino, respectivement fondateurs de Society et du Un, deux innovations intéressantes. « Pour capter l’attention, il faut miser sur l’offre, résume le premier. Une offre réellement pertinente et originale. » … trouvé malin le livre Rugby et publicité sur le terrain de la créativité, publié par la régie Amaury Médias à quelques mois de la Coupe du monde de rugby. D’un côté, l’actualité de l’Ovalie incarnée par de grandes unes du quotidien L’Équipe, en face des publicités qui y font écho, comme cette campagne « On est vert » d’Heineken au lendemain de la défaite du XV de France en finale de la Coupe du monde de 2011 face aux (All) Blacks. 52, rue Camille-Desmoulins, 92 448 Issyles-Moulineaux Cedex. standard général : 01.46.29.46.29. Pour joindre vos correspondants, composer le 01.46.29 suivi de leur ligne directe. éditrice : Sandrine Matichard. rédaction. Fax : 01.46.29.46.09. Rédacteur en chef : Olivier Mongeau (4669). Rédacteurs en chef adjoints : Alain Delcayre (4667), Amaury de Rochegonde (4715). Rédactrice en chef adjointe déléguée aux produits spéciaux : Delphine Masson (4624). Rédactrice en chef adjointe en charge de l’édition : Annaïck Le Moigne (4626). Grand reporter : Cathy Leitus (4670). Rédacteurs : Capucine Cousin (4676), Cécilia Di Quinzio (2394), Bruno Fraioli (4651), Emmanuel Gavard (4673), Delphine Le Goff (4666), Océane Redon (4675), Anaïs Richardin (6811), Delphine Soulas-Gesson (4622) et Gilles Wybo (4671). Éditrice images : Ingrid Zerbib (4616). Ont collaboré à ce numéro : Paul Garlot et Megane Gensous. rédaction techniQue. Éditrice déléguée et rédactrice en chef technique : Rosine Bondon. Directeur artistique et STRATÉGIES N° 1818-1819 Olivennes, PDG de Lagardère Active, sur la présence de sa compagne Ines de La Fressange en couverture d’Elle le 22 mai. « Je n’interviens pas, je ne m’en mêle pas », assure-t-il, rappelant qu’elle fait la une de l’hebdo au moins une fois par an depuis dix ans (comme de M Le Magazine, L’Express ou La Repubblica), qu’elle est l’égérie de L’Oréal Paris et associée aux marques Allianz et Uniqlo. « Si elle était has been, ils ne la prendraient pas », lâche-t-il, en signalant des ventes pour ce numéro à + 12 % en un an et à + 15 % depuis le début de l’année. Son seul interdit : « Que le groupe fasse du business avec elle. » CHAQUE SAMEDI, À 8 H 20, RETROUVEZ LA CHRONIQUE MÉDIAS D’AMAURY DE ROCHEGONDE (89 FM à Paris) conception graphique : Julien Josset. Secrétaires de rédaction-maquettistes : Patrick Bled, Philippe Bohn et Xavier Gélard. Chef de studio : Sandrine Przybyla. Maquettiste : Léonard Soriano. Responsable iconographe : Laurent Rutigliano. Iconographe : Margaux Quesnel. diFFusion. Chefs de produits : Sarah Castel et Céline Giffaut. abonnements. France Métropolitaine : Formule Premium 1 an : le magazine version papier et numérique + Stratégies Newsletter + le site en illimité + l’appli + 2 hors-séries Transitions + 2 guides = 331 €. Formule 100 % digitale 1 an : le magazine version numérique + Stratégies Newsletter + le site en illimité + l’appli = 210 €. Outre-mer/Étranger : nous consulter. Tél : 02 37 29 69 30. Fax : 02 37 29 69 35. vente au numero : Stratégies, Service librairie, CS 70011 — 28409 Nogent-le-Rotrou Cedex. Tél. : 02 37 29 69 30. Sur place : Stratégies, Issy-les-Moulineaux, de 9 h à 18 h. base de données. Responsable : Audray Billault. direction commerciale. publicité. Directrice de publicité : Ludivine Saint-Yves (4635). Chefs de publicité : Marion Dessus (3112), Marjorie Lecoq (4690) et Gwenola de Villeblanche … retrouvé David Jones. DR © Getty Images … l’intention L’ancien CEO Global d’Havas vient de lever 350 millions de dollars et se prépare à investir dans le secteur technologique et marketing. Le véhicule de ces investissements est You & Mr Jones, société qui ambitionne de « combler le fossé entre les marques et la technologie ». David Jones, épaulé par Jean-Marc Antoni, jusqu’alors directeur financier d’Havas, s’est offert la société de crowdsourcing Mo Film, et a investi dans le site Mashable et la société de marketing visuel Pixlee. L’humeur de Murat ÜBER-LOBBYING l’inFo n’est pas passée inaperçue. Le 11 juin, Grégoire Kopp annonçait sur Twitter être nommé directeur de la communication chez Uber. Il était jusqu’alors conseiller en communication… du secrétaire d’État aux Transports. Un beau coup pour Uber France, en plein bras de fer avec l’État pour imposer son service de voitures avec chauffeur qui concurrence les taxis, et est accusé de contourner le droit du travail. Bien vu : avocat spécialisé dans la concurrence, passé par l’UFC-Que choisir, Grégoire Kopp a un CV sur mesure. Mais voilà que sitôt sa nomination connue, la twittosphère a ressorti ses tweets anti-Uber de 2014 et 2015. Exemple : « Très malin d’avoir créé #Uberpop, sciemment illégal, pour focaliser le mécontentement & mieux faire accepter #Uber. » Réplique en 118 caractères : « J’assume ces tweets et Uber m’a recruté en connaissance de cause. Uber Pop n’a pas de cadre légal, tout est à écrire. » Un über-communicant, ce Kopp. (2314). Assistante : Patricia Demuynck (4742). Planning et trafic : Sophie Wrzesinski. guides. Directrice de publicité : Nadia Ben Moussa (4762). Chefs de publicité : Babacar Lo (4658) et Salima Eddich (4712). service annonces clas- sées, oFFres d’emploi, demandes d’emploi, Free-lance et Formations. Directrice de clientèle : Mariama Sow (2311). marKeting régie. Directeur marketing du pôle médias : Nicolas Conigliano. Responsable : Lyndia de Campos. opérations et services régie. Directrice : Sabrine Karmaoui. communication et événements. Directrice : Sophie Bédé- Carroué. Coordinatrice promotion : Cécile Rubben (4660). Chargée de promotion : Negar Moshrefi (6892). Organisation événementielle : Julie Beytout (4613). Responsable partenariats : Céline Reine (4778). achats, Fabrication et Finance. Directeur : Stéphane Barus. Contrôle de gestion : Zakaria Elalaouy. Comptabilité : Éric Dessolle. Directrice du service fabrication : Pasquale Spadari. Directeur : Bernard Verger. Imprimé en France par l’Imprimerie de Compiègne (groupe Morault), avenue Berthelot, 60205 Compiègne. res- 90 sources humaines. Directrice : Aurélie Sornat. Responsable : Sophie Pierron. dépÔt légal : juin 2015. ISSN 0180-6424. N° de commission paritaire : 0715 T 79914. STRATÉGIES est édité par la division Presse d’Intescia, SAS au capital de 4 099168 €. Président et directeur de la publication : Alexandre Sidommo. RC Nanterre B339611956. Directrice de la division Presse : Anne Thomas. L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, de détérioration ou de non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes… est faite sans aucun but publicitaire et ne signifie en aucun cas que les procédés soient tombés dans le domaine public. Ce numéro contient une Z-Card et un encart « Formation » jetés sur la diffusion abonnés. Stratégies est imprimé sur du Novapress Silk 80 g de la gamme Press Selection Stora Enso 18/06/2015 ABONNEZ-VOUS À LA FORMULE INTÉGRALE DE LE SITE STRATÉGIES LA STRATÉGIESNEWSLETTER • Contenus exclusifs • Interviews vidéo • Base de données des créations • Archives depuis 2002 Le rendez-vous des abonnés, tous les matins avant 7h : les exclusivités, les indiscrets, les événements…. 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