La fiscalité allemande des stock-options
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La fiscalité allemande des stock-options
N° 2 1 La fiscalité allemande des stock-options 1. Régime fiscal des stock-options 2 a) Principe de l’imposition 2 b) Montant de l’impôt 2 c) Règle du cinquième (Fünftelregelung) 2 d) Imposition de la plus-value de cession ultérieure des actions 3 2. Prise en charge de l’impôt par l’employeur 3 3. Changement de domicile en cours de portage 3 4. Obligation de retenue à la source pour l’employeur 3 5. Contributions sociales en Allemagne 4 DOSSIER ALLEMAGNE n° 2 à jour au 15 Mars 2005 2 1. Régime fiscal des stock-options c) a) En l’absence de règles particulières, dans le cas d’un salarié ayant un salaire de base faible ou moyen (par exemple, de l’ordre de 30.000 € annuels), l’application des règles susmentionnées aurait pour effet de faire converger très rapidement le taux d’imposition moyen du salarié concerné vers le taux marginal de 42%. Ce serait le cas par exemple lorsque ce salarié réalise une plus-value d’acquisition de 100.000 €, ayant pour effet de porter l’ensemble de ses revenus imposables à 130.000 €. Principe de l’imposition L’Allemagne impose les stock-options, le cas échéant, au moment de la levée de l’option et non pas au moment de leur octroi. Il n’y a pas, en Allemagne, d’imposition du rabais, contrairement à ce que prévoit la fiscalité française. Le fait générateur de l’imposition est la plus-value d’acquisition qui correspond, en droit fiscal allemand, à la différence entre la valeur réelle de l’action au moment de l’exercice de l’option (par exemple : 80 € par action) et le prix de souscription de l’action (par exemple : 50 € par action). Dans cet exemple, la plus-value d’acquisition est égale à 30. Le droit fiscal allemand considère que la plus-value d’acquisition est un complément de salaire et qu’elle est donc imposable comme tel. Ce régime fiscal s’applique également lorsque les stock-options sont accordées par une maison mère étrangère, alors que le salarié bénéficie d’un contrat de travail local, comme l’ont confirmé deux arrêts de la Cour fédérale des finances (Bundesfinanzhof l’équivalent du Conseil d’État en Allemagne) du 24.1.2001 (I R 100/98 et I R 119/98). b) Montant de l’impôt L’Allemagne n’impose pas la plus-value d’acquisition à un taux spécifique comme le fait la France mais au taux général de l’impôt sur le revenu qui est progressif. Le taux maximum de l’impôt sur le revenu a été abaissé à 42% en 2005. S’y ajoute la surtaxe de solidarité au taux de 5,5% qui est calculée sur le montant de l’impôt sur le revenu. La charge effective maximale, pour les plus hauts salaires, est donc de 44,31%. Le taux marginal ne s’applique qu’aux revenus dépassant 52.152 € pour une personne célibataire ou mariée déclarant séparément ses revenus. Le taux marginal s’applique aux revenus dépassant 104.304 € pour les couples mariés déclarant leurs revenus conjointement. Règle du cinquième (Fünftelregelung) En raison du caractère exceptionnel du revenu tiré de la plus-value d’acquisition, le législateur allemand a adopté une règle qui minimise l’impact du revenu exceptionnel sur l’ensemble des revenus (proche de la règle du quotient en France). Cette règle dite « du cinquième » (Fünftelregelung) entraîne en principe une baisse sensible du taux effectif de l’impôt appliqué aux revenus exceptionnels (article 34 EStG). Par contre, lorsque le salarié en question a des revenus de base importants qui dépassent déjà le seuil d’application du taux marginal, la règle du cinquième n’a aucune incidence positive pour le salarié. Toutefois, dans certaines situations spécifiques, cette règle permet néanmoins une optimisation fiscale substantielle : • Lorsque le salarié quitte l’entreprise ou part à la retraite. Dans cette hypothèse, il s’arrangera pour lever ses stock-options l’année suivant son départ lorsqu’il est prévisible que ses autres revenus diminueront fortement. La règle du cinquième peut alors permettre de faire un gain d’impôt substantiel. • Pour un expatrié qui rentrerait en France, il pourrait être judicieux de lever ses actions l’année suivant son retour en France. Certes, la plus-value d’acquisition resterait imposable en Allemagne mais il n’aurait plus d’autres revenus de source allemande et la règle pourrait aboutir à une économie fiscale substantielle. DOSSIER ALLEMAGNE n° 2 à jour au 15 Mars 2005 3 Hormis ces hypothèses, il faut considérer qu’un salarié ayant un revenu de base imposable supérieur à 50.000 € annuels sera imposé au taux de 44,31% au titre de sa plusvalue d’acquisition. d) Imposition de la plus-value de cession ultérieure des actions La plus-value réalisée au moment de la cession des actions fait l’objet, le cas échéant, d’une imposition spécifique pour le salarié. Rappelons que la plus-value de cession (Veräußerungsgewinn) est égale à la différence entre la valeur de l’action au moment de la levée de l’option et la valeur de l’action au moment de sa revente. Le régime des plus-values de cession des actions est différent selon que la participation du salarié dans le capital de la société est supérieure ou inférieure à 1 % du capital. Dans le cas d’un salarié détenant dans son patrimoine privé (non professionnel) moins de 1 % du capital de la société, la plus-value de cession est exonérée si la cession est réalisée après le délai de portage d’un an suivant l’obtention des actions, conformément à l’art. 23, al. 1, n° 2 EStG relatif aux cessions de participations détenues dans un patrimoine non professionnel. En revanche, lorsque le salarié revend ses actions au cours du délai d’un an suivant leur obtention, la plus-value est imposée pour la moitié de sa valeur (après déduction des moins-values sur titres), au taux ordinaire du barème progressif, conformément à l’art. 3 n° 40 j EStG. L’autre moitié est donc exonérée. Il s’agit là de l’application de la méthode dite du demi-revenu (Halbeinkünfteverfahren), introduite par la réforme fiscale de l’année 2000. 2. Prise en charge de l’impôt par l’employeur La prise en charge par l’employeur de l’impôt, en tout ou en partie, constitue un avantage en nature imposable aux conditions de droit commun. 3. Changement de cours de portage domicile en La Cour fédérale des finances (BFH) constate dans les deux arrêts précités du 24.1.2001 que les stock-options sont accordées, en général, afin d’encourager le salarié à obtenir un certain résultat futur (c’està-dire postérieur à l’octroi des stock-options) indépendamment du travail réalisé pour l’employeur dans la période précédant leur octroi. La Cour en déduit, dans le cas d’un salarié qui a travaillé successivement dans plusieurs pays entre la date de l’octroi et celle de la levée des stock-options, que la plusvalue d’acquisition réalisée doit être répartie entre les différents pays d’activité au prorata du temps passé dans chacun d’eux. Cela conduit, le cas échéant, à une exonération proratisée en Allemagne. Une autre conséquence de l’application de cette jurisprudence est que l’Allemagne reste fondée à réclamer le paiement de l’impôt au prorata temporis même lorsque la levée de l’option a lieu après le retour du salarié dans son pays d’origine (à la fin de la période de détachement par exemple). 4. Obligation de retenue source pour l’employeur à la Afin de préciser les obligations de l’employeur en matière de retenue à la source sur les salaires versés, il est utile de préciser au préalable que l’employeur a l’obligation, en droit fiscal allemand, de prélever une retenue à la source sur les salaires qu’il verse à son salarié et de la reverser au centre des impôts compétent. Cette retenue à la source est une avance faite au centre des impôts, pour le compte du salarié, sur l’impôt sur le revenu de celui-ci (article 38 EStG). Lorsque l’employeur est informé de la levée des stock-options par le salarié, il a l’obligation de prélever une retenue à la source supplémentaire au titre du complément de salaire perçu par le salarié. DOSSIER ALLEMAGNE n° 2 à jour au 15 Mars 2005 4 Lorsque les stock-options sont accordées par la maison mère, même étrangère, et que la filiale (employeur local) en a connaissance, l’obligation de retenue à la source subsiste pour la filiale et s’étend au complément de salaire perçu lors de la levée des stock-options (instructions fiscales 2005 relatives à l’impôt sur les salaires - Lohnsteuerrichtlinien 2005 ; BFH, arrêts du 24.1.2001 précités). Lorsque le montant du salaire mensuel ne suffit pas pour couvrir la retenue à la source due, l’employé a l’obligation de mettre le montant de la retenue à la source manquant à la disposition de son employeur afin que ce dernier la reverse au centre des impôts. L’employeur a pareillement l’obligation de retenir la somme de toute autre rémunération qu’il doit au salarié. En l’absence de telles circonstances, l’employeur a l’obligation d’en informer le centre des impôts (article 38 alinéa 4 EStG). A défaut d’information du centre des impôts, il pourra être tenu coresponsable avec le salarié de l’impôt sur le revenu dû par ce dernier au titre des avantages en nature perçus (voir article 38 de la loi allemande sur l’impôt sur le revenu et instruction fiscale n° R-106 LStR du 21.10.2004 entrée en vigueur au 01.01.2005). 5. Contributions Allemagne sociales en Dès lors que l’Allemagne considère l’avantage résultant des stock-options comme un avantage salarial, il est soumis aux charges sociales en Allemagne dont le taux est de 41,8%, toutes branches confondues, supportées à égalité par l’employeur et le salarié. Les cotisations de sécurité sociale sont toutefois calculées dans la limite des deux plafonds annuels de sécurité sociale de 62.400 € (assurances vieillesse et chômage) et de 42.300 € (assurances maladie et dépendance). Lorsque les revenus du salarié dépassent ces plafonds, plus aucune cotisation n’est due pour la partie dépassant le plafond, aussi bien pour l’employeur que pour le salarié. Étant donné que les stock-options sont octroyées en général aux cadres supérieurs dont les salaires se situent au-delà des plafonds de sécurité sociale, la soumission du complément de salaire aux charges sociales locales reste, en général, sans incidences pratiques. Avertissement légal Ce dossier diffuse des informations juridiques et fiscales à caractère général destinées à aider les entreprises françaises et francophones sur le marché allemand. Nous nous efforçons de présenter des informations correctes et corrigerons, le cas échéant, les éventuelles erreurs qui pourraient nous être signalées. 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