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Lowe, Vaughan et al.(dir.), The United Nations Security Council and War – The Evolution of Thought and Practice since 1945, Oxford University Press, 2008. Alexandra NOVOSSELOFF ∗ Le livre dirigé par ces éminents professeurs en relations internationales et droit international de l’Université d’Oxford (et de Reading) est une somme. Une somme de près de 800 pages, publiée en 2008, et qui comprend 28 chapitres. C’est un livre de contributions qui réunit les meilleurs spécialistes anglophones (chercheurs et praticiens) des questions touchant aux Nations Unies. Il se veut un ouvrage réaliste, non polémique et ne prenant aucun parti autre que celui de l’analyse et du recours aux sources pour expliquer la réalité du Conseil de sécurité. Une somme d’informations et d’analyses sur les actions et les décisions dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales depuis 1945. Ses chapitres couvrent le champ complet des décisions et des actions du Conseil de sécurité (lutte contre le terrorisme, intervention humanitaire, administrations transitoires, sanctions, opérations de maintien de la paix) ainsi que les principales crises qu’il a eu à gérer (la guerre de Corée, la crise de Suez, le conflit israélo-arabe, les guerres indo-pakistanaises, la guerre Iran-Iraq, la crise au Timor oriental, les guerres de l’ex-Yougoslavie, Afghanistan, Afrique de l’Ouest, Iraq). Il traite également, et c’est une bonne chose, des relations du Conseil de sécurité avec d’autres institutions du système onusien (Assemblée générale et son rôle particulier joué dans la résolution « L’Union pour le maintien de la paix ») ou en dehors du système ∗ Chercheure-associée au Centre Thucydide de l’Université Paris-Panthéon-Assas (Paris 2). (organisations régionales – on pourra regretter ici que l’étude soit limitée à l’OTAN et ignore l’Union européenne comme l’Union africaine). Il traite aussi de phénomènes nouveaux pour le Conseil : le développement de l’usage « privé » de la force et la question des sociétés militaires privées, et la question de l’occupation militaire. Il est ainsi organisé en quatre parties : la création du Conseil lui-même et l’analyse des dispositions de la Charte qui lui confèrent un certain nombre de responsabilités ; l’examen des différents rôles joués par le Conseil ; l’analyse d’un certain nombre d’études de cas ; et les réponses données par le Conseil de sécurité au caractère changeant de la guerre. Et le livre peut se lire de manière désordonnée quand on souhaite un éclairage particulier sur une crise ou un thème transverse. Ceci explique pourquoi The UN Security Council and War est un livre incontournable pour tout étudiants s’intéressant à l’ONU, à l’action structurante du Conseil de sécurité, au maintien de la paix et de la sécurité internationales, bref au système de sécurité établi par la Charte des Nations Unies au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Après une analyse fine des mécanismes de la Charte et de ses limites (notamment dans le domaine de l’usage de la force), ce livre montre le caractère unique du Conseil de sécurité. Il démontre à quel point celui-ci s’est adapté au fil des années et des époques à son environnement international. Ainsi, le Conseil de sécurité « n’est pas un tribunal ; il n’est pas un organe législatif ; il n’est pas non plus une force ou comité de police ; c’est un forum pragmatique au sein duquel des Etats (…) décide comment traiter au mieux les menaces sérieuses à la paix et à la sécurité internationales » (p.34). Le Conseil de sécurité « n’est pas un policier du monde (« world policeman ») : c’est un processus institutionnel permettant de gérer les crises internationales » (p.37). Et il a été créé pour faire face à tous les événements afin que le Conseil reste pertinent dans le contexte sécuritaire contemporain comme il l’était en 1945. Le livre décrit et évalue la manière dont le Conseil de sécurité traite, ou parfois manque ou évite de traiter, le problème de la guerre et de l’usage de la force depuis 1945. Ce à quoi les différents auteurs s’emploient à démontrer est que le Conseil de sécurité n’a pas été créé pour être et n’a pas été en pratique un organe de sécurité collective ; qu’il a un statut unique sur la scène internationale en termes d’autorité et rapport avec ses Etats membres ; et que les arrangements faits au regard des dispositions de la Charte par les Etats membres ont parfois créé des désastres, mais aussi certaines innovations. Il en conclut qu’hier comme aujourd’hui, le Conseil de sécurité a toujours été non représentatif, non dépendant et ne rendant aucun compte (« undependable, unaccountable, and unrepresentative ») et aucune réforme ne pourra changer la nature profonde de l’environnement au sein duquel cette institution évolue : « un monde d’États nations souverains qui parfois en appelle à la volonté de chacun de trouver un terrain d’entente, mais qui rarement agissent dessus. Mais dans ces rares moments, et dans ceux où la communication entre des adversaires potentiels est facilitée, le Conseil de sécurité reste un endroit d’espoir, un endroit où engager de sérieuses négociations et un endroit où peu d’Etats membres pourraient faire sans, réforme ou non » (p.85). Table des matières Part I: The Framework 2: Edward C. Luck: A Council for All Seasons: The Creation of the Security Council and Its Relevance Today 3: Christine Gray: The Charter Limitations on the Use of Force: Theory and Practice 4: Adam Roberts: Proposals for UN Standing Forces: A Critical History Part II: The Roles of the Security Council 5: Nico Krisch: The Great Powers and the Security Council 6: Dominik Zaum: The Security Council, the General Assembly, and War: The Uniting for Peace Resolution 7: Mats Berdal: The Security Council and Peacekeeping 8: David Cortright, George Lopez, and Linda Gerber Stellingwerf: The Sanctions Era: Themes and Trends in UN Security Council Sanctions since 1990 9: Dan Sarooshi: The Authorization by the Security Council of Regional Arrangements to Use Force: The Case of NATO 10: Jeremy Greenstock: The Security Council in the Post-Cold War World Part III: Case Studies 11: William Stueck: The United Nations, the Security Council, and the Korean War 12: Roger Louis: The Suez Crisis and the British Dilemma at the United Nations 13: Bruce Jones: The Security Council and the Arab-Israeli Wars: Responsibility without Power 14: Rahul Roy-Chaudhury: The Security Council and the India-Pakistan Wars 15: Peter Carey with Pat Walsh: The Security Council and the Question of East Timor' 16: Charles Tripp: The Security Council and the Iran-Iraq War 17: James Cockayne and David Malone: The Security Council and the 1991 and 2003 Iraq Wars 18: Susan Woodward: The Security Council and the Wars in the former Yugoslavia 19: Rupert Smith: The Security Council and the Bosnia Conflict: A Practitioner's View 20: Gilles Dorronsoro: The Security Council and Afghanistan 21: Adekeye Adebajo: The Security Council and Three Wars in West Africa 22: J.P.D. Dunbabin: The Security Council in the Wings: Exploring the Non-Involvement of the Security Council in Wars Part IV: The Security Council and the Changing Character of War 23: Georg Nolte: The Different Functions of the Security Council with Respect to Humanitarian Law 24: Jennifer Welsh: The Security Council and Interventions with Humanitarian Purposes 25: Richard Caplan: The Security Council and International Administration of War-Torn and Contested Territories 26: David Scheffer: The Security Council and International Law on Military Occupations 27: Jane Boulden: The Security Council and Terrorism 28: Sarah Percy: The Security Council and the Use of Private Force