Traitement de la toux et de la rhinite chez la femme enceinte

Transcription

Traitement de la toux et de la rhinite chez la femme enceinte
L
E S
I N F O R M A T I O N S
D U
C R A T
Traitement de la toux et de la rhinite chez la femme enceinte
● Drs M.P. Cournot, F. Assari, C. Vauzelle, E. Elefant
TRAITEMENT DE LA TOUX CHEZ LA FEMME ENCEINTE
L
e choix d’un antitussif en cours de grossesse peut
être assez complexe : 155 spécialités répondent à
cette indication...
Voici quelques principes simples pour faciliter le choix :
• Préférer les spécialités ne contenant qu’une seule molécule.
• Éviter, d’une façon générale, les spécialités contenant des
plantes. Elles sont peu évaluées chez la femme enceinte et
dépourvues, le plus souvent, d’études de tératogenèse chez
l’animal. Par mesure de précaution, il est donc préférable de ne
pas les utiliser en cours de grossesse.
• Préférer, parmi les antitussifs opiacés, le dextrométorphane qui
représente le traitement de premier choix au premier trimestre. La
codéine peut également être utilisée, bien que quelques études
rétrospectives aient soulevé la possibilité d’une faible sur-représentation des malformations cardiaques sans toutefois augmenter
le risque global de malformations.
Pour la suite de la grossesse, le dextrométorphane et la codéine
peuvent être utilisés moyennant quelques précaution en fin de
grossesse. En effet, compte tenu des propriétés morphinomimétiques de ces molécules, il existe un risque théorique de sevrage
en cas de prise prolongée en fin de grossesse. Il convient donc
d’éviter les posologies élevées ou les durées de prise prolongées
en fin de grossesse.
• Si l’on souhaite utiliser un antihistaminique H1, il est préférable d’avoir recours aux spécialités ne contenant qu’une seule
molécule. Au premier trimestre de la grossesse, la préférence
ira à la doxylamine (Donormyl®) puis à la dexchlorphéniramine (Polaramine®) et à la fexofénadine (Telfast®).
Pour la suite de la grossesse et pour améliorer le confort maternel et diminuer la survenue d’effets indésirables fœtaux et néonatals, on choisira une molécule ayant un effet sédatif et atropinique faible. Il s’agit, entre autres spécialités, par exemple de
la cétirizine (Zyrtec® et Virlix®), de la loratadine (Clarytine®,
Aerius®) ou de la féxofénadine (Telfast®)...
• Toutes les autres substances présentes dans les associations
antitussives sont à éviter par mesure de prudence et en particulier les associations non justifiées comme celles d’un antitussif
et d’un expectorant ainsi que les spécialités contenant des
plantes.
• La gamme des fluidifiants est aussi vaste que celle des antitussifs, puisque 145 spécialités sont disponibles par voie
orale...
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La Lettre du Gynécologue - n° 306 - novembre 2005
Les molécules les mieux évaluées chez la femme enceinte sont
les cystéines (acétylcystéine ou carbocystéine). Les autres sont
à éviter par manque de données mais ne justifient pas d’inquiétude chez une femme qui en aurait pris. Deux fluidifiants, la
dornase alpha et le mesna, indiqués dans des situations particulières (mucoviscidose et trachéotomie), peuvent être utilisés du
fait de leur bénéfice thérapeutique.
TRAITEMENT DE LA RHINITE CHEZ LA FEMME ENCEINTE
Nous n’envisageons ici que les situations où la rhinite nécessite un traitement du fait de l’inconfort quelle entraîne. Par
ailleurs, nous ne ferons pas allusion à la rhinite infectieuse, car
les antibiotiques feront l’objet d’une autre publication.
• Tous les vasoconstricteurs par voie orale (phényléphrine et
pseudoéphédrine), seuls ou associés à un antihistaminique
et/ou à un antipyrétique, sont déconseillés tout au long de la
grossesse en raison de leur puissant effet vasoconstricteur.
• Le passage systémique des vasoconstricteurs administrés
par voie nasale n’est pas négligeable, et cette thérapeutique ne
doit pas être banalisée en cours de grossesse. Dans certains
cas, l’éphédrine (Rhinamide® et Rhino-Sulfuryl®) et la phényléphrine (Humoxal®) peuvent être utilisées, en respectant soigneusement les posologies et une durée de traitement courte.
• Le recul clinique est à ce jour très important pour les corticoïdes, et leur utilisation en cours de grossesse ne soulève
aucune inquiétude du point de vue malformatif, quelle que
soit la voie d’administration. Les données les plus importantes pour la voie locale concernent la béclomethasone
(Béclo-Rhino® et Béconase®) et le budésonide (Rhinocort®),
mais aucun élément inquiétant n’apparaît pour les autres corticoïdes. Bien sûr, les spécialités à base d’un seul principe actif
seront préférées.
• L’acide cromoglicique (Lomusol®) peut être utilisé chez la
femme enceinte en raison d’un recul clinique important.
• L’ipratropium bromure (Atrovent®) est peu absorbé par
voie nasale et bénéficie d’un recul clinique relativement
important. Il peut donc être prescrit chez la femme enceinte.
• Pour le seul anti-H1 actuellement disponible par voie nasale,
l’azélastine (Allergodil®), le recul clinique est peu important
chez la femme enceinte, et compte tenu des données animales, il
est préférable, par mesure de prudence, d’éviter de le prescrire. ■
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