Pologne – Rebond vigoureux confirmé en 2015
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Pologne – Rebond vigoureux confirmé en 2015
Apériodique – n°15/223 – 8 juillet 2015 Pologne – Rebond vigoureux confirmé en 2015 La croissance du PIB de la Pologne devrait rebondir à 3,8% en 2015 et ce après les performances déjà bonnes de l’année 2014 à +3,3%. La plupart des indicateurs sont orientés favorablement : reprise de la consommation des ménages, hausse des investissements et regain d’exportations, déflation relativement contenue, et enfin chômage en légère baisse. L’environnement externe est favorable (soutien financier massif de la BCE, baisse de l’euro, énergie moins chère) et devrait plus que compenser les événements négatifs (impact de la réévaluation du franc suisse sur les emprunteurs et les banques, poursuite de la crise Ukraine-Russie, crise en Grèce et dans la zone euro). Leur impact macro-économique devrait rester contenu et ne pas affecter la perspective de croissance. Des signaux très favorables… L’activité est soutenue La croissance économique reste très résistante en Pologne depuis le début de la crise de 2008. Cette résistance s’est transformée en redressement et le PIB a progressé de 3,3% l’année passée, et ce grâce au regain de la consommation interne. En 2015, les indicateurs de confiance des ménages et des entreprises plaident pour le maintien d’une activité vigoureuse. Après un premier trimestre à +3,6%, le PIB devrait progresser de 3,8% sur l’ensemble de l’année. Les autres moteurs du rebond sont les investissements et les exportations qui devraient croître respectivement de 11% et de 5% en 2015. Études Économiques Groupe http://etudes-economiques.credit-agricole.com Chômage en baisse et salaires et hausse Les hausses salariales ont été assez fortes en 2014, année de reprise de la croissance. Le chômage, après avoir atteint un pic à 14,3% début 2013 s’est contracté à 11,5% fin 2014. Une baisse plus modérée en 2015 à environ 11% est probable, compte tenu des prévisions de croissance. Finances publiques : baisse de l’endettement En nationalisant une partie des fonds de retraite du secteur privé en 2014, le gouvernement a réduit la dette publique de 57% à 50% du PIB entre 2013 et fin 2014. Il évite ainsi de prolonger des mesures d’austérité. Le hors-bilan de l’État, récemment publié par Eurostat, atteint 33% du PIB. Sa composition n’est pas très risquée pour un pays d’Europe centrale. Le déficit budgétaire 2015 ne devrait pas dépasser les 3% du PIB, ce qui contribuera à stabiliser, voire légèrement réduire le ratio de dette publique sur PIB. Le gouvernement dispose désormais d’une marge de manœuvre éventuelle en cas de choc. Environnement externe globalement favorable Trois événements favorables se conjuguent en 2015 : l’assouplissement quantitatif de la BCE qui soutient la croissance européenne, la baisse de l’euro qui rend les exportations hors zone euro plus compétitives et la chute du prix du pétrole. Cette combinaison favorable devrait plus que compenser les effets négatifs, mais contenus, de la crise Ukraine-Russie, de la chute du rouble sur les exportations, ainsi que de l’impact de la réévaluation du franc suisse sur les emprunteurs et les banques. Enfin, la Pologne est très isolée de la crise en Grèce et de ses conséquences dans la zone euro (sauf contagion à l’Europe du sud). Les derniers événements n’ont pas eu d’impact majeur Pologne : Rebond vigoureux confirmé en 2015 Olivier LE CABELLEC [email protected] sur les variables de marché (bourse, taux, change). … et des risques qui perdurent Balance des paiements en redressement Le régime de change est celui d’un change flottant avec l’euro comme référence et de rares interventions de la Banque centrale (NBP). Le zloty est bien positionné dans une fourchette de fluctuation entre 4 et 4,4 par euro. Peut-être un peu surévalué, une chute brutale n’est toutefois pas envisagée à court terme. De plus, la NBP a annoncé qu’elle interviendrait pour stabiliser le zloty, en cas d’attaque spéculative liée à la crise en Grèce. Enfin la ligne filet du FMI (de 34 Mds USD), qui joue le rôle d’assurance en cas de fortes tensions de change, a été renouvelée début 2015. Le risque de change est donc limité dans ce pays. Les balances commerciale et des paiements se sont redressées depuis la crise, par un double mouvement de regain des exportations et de décélération des importations. La balance courante est restée déficitaire de 1,4% du PIB en 2014, mais ce déficit est peu préoccupant, compte tenu de la croissance du PIB à 3,3%. En 2015, les soldes commercial et courant pourraient finir à l’équilibre grâce à la vigueur des exports et aux transferts de l’UE. Les aides de la PAC ont généré de forts excédents courants au premier trimestre. Les IDE et les investissements de portefeuille ont toutefois beaucoup chuté en 2014 et 2015 et les besoins de financements externes restent élevés, compte tenu de la dette accumulée dans le passé. … Malgré des incertitudes… Prix : une baisse plus longue qu’anticipée L’épisode de légère baisse des prix dure plus longtemps que prévu (le plancher cible de la NBP est de 1%). Une sortie de la déflation est néanmoins envisageable au quatrième trimestre 2015. La Banque centrale mène une politique monétaire orthodoxe, réactive, articulée et lisible. Les taux ont baissé à 1,5% en mars 2015 et sont restés inchangés depuis cette date. C’est sans doute un taux plancher. Les taux d’intérêt réels sont d’un niveau relativement modéré (2,5%) et donc assez peu pénalisants pour l’activité. Politique : l’incertitude des élections de 2015 L’élection présidentielle de mai 2015 a porté 1 Andrzej Duda , le jeune candidat du parti d’opposition de droite « Droit et Justice » (PiS) à la présidence de la République. Le parti est en campagne pour les législatives d’octobre et pourrait bénéficier de la popularité déclinante du parti Plate-forme civique (centre-gauche) pour accéder au pouvoir. Il se prépare à gouverner (en écartant, par exemple, Jaroslav Kaczynski dont la personnalité est controversée), mais il aura sans doute besoin de former une coalition avec un parti minoritaire. Les promesses électorales du PiS sont assez généreuses et méritent attention. Les enjeux économiques devraient néanmoins rester modérés, car un consensus national assez large existe sur les grandes questions de politique économique. 1 Change : stabilité avant tout Dette externe trop forte et épargne trop faible La dette externe s’élève à 155% des exportations de biens et services à fin 2014, ce qui reste un peu élevé. Elle est maintenue à ce niveau par une ancienne bulle de crédit en devises qui n’a pas totalement dégonflé. De plus, l’épargne des ménages est beaucoup trop basse à 3% de leurs ressources (pour 10% en Europe centrale) et cette faiblesse rend le pays dépendant de forts besoins de financement à l’étranger et empêche la dette externe de diminuer plus rapidement. Secteurs et entreprises : des contrastes Le secteur de la construction se redresse. Il pourrait bénéficier de la relance des investissements publics. Les difficultés des entreprises et le nombre de faillites s’atténuent grâce au rebond économique. Les entreprises exportatrices vers la Russie ou implantées en Ukraine (celles du secteur agricole) vont continuer à souffrir de l’environnement difficile en 2015, surtout depuis la forte chute du rouble qui renchérit le coût des exportations. Les mesures d’embargo russe devraient continuer à produire des effets négatifs, mais un peu atténués par rapport à 2014. Pour plus d’information, consultez notre publication du 8 juin 2015 : Pologne – Qu'attendre de l'élection de Duda ? N° 15/223 – 8 juillet 2015 -2 - Pologne : Rebond vigoureux confirmé en 2015 Olivier LE CABELLEC [email protected] Pologne : croissance du PIB et production industrielle a/a, % Pologne : inflation et taux 6 16 a/a, % 8 12 6 8 4 4 2 0 0 2 -4 -2 1 -8 -4 0 -12 -6 -1 -8 -2 juil.-10 Prévisions -16 Production industrielle PIB (éch. dr.) Le rebond se confirme en 2015. Après une croissance du PIB de 3,3% en 2014 et un T1 2015 solide à 3,6%, elle devrait rester vigoureuse à +3,8% en 2015 sous l’effet de la consommation interne, des investissements et de l’environnement. 60 % PIB 4 3 juil.-11 juil.-12 juil.-13 juil.-14 juil.-15 Taux d'intervention sur le marché monétaire Inflation Sources : Eurostat, NBP, Crédit Agricole SA Sources : Eurostat, Crédit Agricole S.A. Pologne - Finances publiques : dette et déficit % 5 La période de déflation est plus longue que prévu, mais ne devrait pas trop perdurer en 2015. La NBP mène une politique de ciblage orthodoxe et lisible, et appréciée des marchés. Les taux sont au plus bas à 1,5% depuis mars. Pologne : réserves de change 90 Mds € -10,0 % PIB Mois 7 -7,5 80 -5,0 70 6 55 50 5 4 -2,5 60 3 0,0 45 2,5 40 5,0 Dette publique Source : Eurostat, CA S.A. Solde budgétaire (éch dr.) hors réforme retraites 8 2 50 1 40 juil.-10 juil.-11 juil.-12 juil.-13 juil.-14 0 juil.-15 Réserves de change (Mds €) Réserves en mois d'import (12 mois gliss., dr.) Sources : NBP, Eurostat, Crédit Agricole SA La dette publique a chuté de 57% du PIB en 2013 à 50% en 2014 après la nationalisation des fonds de retraite privés. Le hors-bilan publié est acceptable à 33% du PIB fin 2013. Les déficits budgétaires sont contenus à moins de 3% du PIB. Les réserves de change sont stables et d’un niveau correct à cinq mois d’importations. Elles progressent début 2015 grâce au solde courant excédentaire. Le pays bénéficie d’une ligne FMI en cas de tensions sur le change. Pologne : balance des paiements Pologne : prime de risque et cours du zloty 5 0% 900 0 -1% -5 -2% -10 -3% -15 -4% -20 -25 Cumul 1 an, Mds € % PIB -5% T1 12 T3 12 T1 13 T3 13 T1 14 T3 14 T1 15 Balance courante (dr.) Balance courante Sources : NBP, Balance commerciale Crédit Agricole S.A. La balance des paiements se redresse depuis 2012. En 2015, le solde courant pourrait être à l’équilibre. La chute des investissements et des IDE est forte depuis 2014. 800 pts 3,50 3,75 700 4,00 600 4,25 500 4,50 400 4,75 300 5,00 200 5,25 100 5,50 0 juil.-12 juil.-13 Sources : Morgan Stanley, Reuters, CA SA 5,75 juil.-14 juil.-15 Indice EMBI Europe Emerg. Indice EMBI Pologne Cours zloty / euro (dr.) Le zloty est plus stable car la NBP est plus interventionniste. La Pologne bénéfice d’une bonne image sur les marchés et les spreads sont nettement inférieurs à la moyenne de l’Europe émergente. N° 15/223 – 8 juillet 2015 -3 - Olivier LE CABELLEC [email protected] Pologne : Rebond vigoureux confirmé en 2015 Données et prévisions 2014 2013 2014 2015p 2016p Population (millions) 38,1 PIB (en volume, variation) 1,7 3,5 3,8 2,9 PIB (USD milliards) 548 Inflation (moyenne annuelle, %) 1,1 0,0 -0,6 1,5 Solde courant (% PIB) -1,3 -1,3 0,3 -2,2 Solde budgétaire (% PIB) -2,5 5,0 -2,9 -1,9 49 49 48 47 4,3 4,1 4,1 4,1 PIB/habitant (USD, PPA) Taux d'épargne (% PIB) 24 900 6 IDH (2012)* 39 Dette publique (% PIB) Gouvernance (2012)** 51 Change (€, moyenne) *indicateur de developpement humain (186 pays) **moyenne Banque Mondiale (indicateurs 3 à 6) de 0 (min) à 100 (max) Crédit Agricole S.A. — Direction des Études Économiques 12 place des États-Unis – 92127 Montrouge Cedex Directeur de la Publication : Isabelle Job-Bazille Rédacteur en chef : Jean-Louis Martin Documentation : Dominique Petit - Statistiques : Robin Mourier Secrétariat de rédaction : Fabienne Pesty Contact: [email protected] Consultez les Études Économiques et abonnez-vous gratuitement à nos publications sur : Internet : http://etudes-economiques.credit-agricole.com iPad : application Etudes ECO disponible sur App store Android : application Etudes ECO disponible sur Google Play Cette publication reflète l’opinion de Crédit Agricole S.A. à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informatif. Ni l’information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole S.A. ou de l’une de ses filiales ou d’une Caisse Régionale. Crédit Agricole S.A. ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité de ces opinions comme des sources d’informations à partir desquelles elles ont été obtenues, bien que ces sources d’informations soient réputées fiables. Ni Crédit Agricole S.A., ni une de ses filiales ou une Caisse Régionale, ne sauraient donc engager sa responsabilité au titre de la divulgation ou de l’utilisation des informations contenues dans cette publication. N° 15/223 – 8 juillet 2015 -4 -