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Directeur général Laurent Bayle Cité de la musique Président du Conseil d’administration Jean-Philippe Billarant NOCTURES II Nuits Noires Du mardi 1er au dimanche 6 juin 2004 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert : www.cite-musique.fr 13 JEUDI 3 JUIN - 20H Gidon Kremer, violon SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg Michael Gielen, direction Nuits noires 2 18 VENDREDI 4 JUIN - 20H Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Solistes du Chamber Orchestra of Europe 26 SAMEDI 5 JUIN - 20H Liliana Nikiteanu, mezzo-soprano Chamber Orchestra of Europe Heinz Holliger, direction 34 DIMANCHE 6 JUIN - 20H Tabea Zimmermann, alto Chamber Orchestra of Europe Heinz Holliger, direction Les Nuits de Xenakis sont dédiées aux prisonniers politiques de tous les pays, tandis que dans ses Canti di prigionia (Chants de prison), composés entre 1938 et 1941, Luigi Dallapiccola a mis en musique les dernières lignes écrites par des détenus célèbres : Mary Stuart, le philosophe latin Boèce et le réformateur italien Girolamo Savonarole. La nuit, ici, désigne implicitement le fascisme. Le compositeur américain Charles Ives a souvent conçu ses œuvres par superposition de strates, afin d’évoquer des actions simultanées comme il s’en produit dans les grands espaces urbains ou naturels. Central Park in the Dark est ainsi une fresque sonore des bruits et de la musique de la ville, qui nuitamment se détachent sur l’arrière-plan des sonorités de la nature. C’est un Nocturne qui ouvre le Premier Concerto pour violon de Chostakovitch, composé en 1947-1948, alors que la censure, sous la forme de l’exigence d’un « réalisme socialiste », devenait manifeste en URSS. Dix ans plus tôt, Bartók réalisait ce que Messiaen considérait comme « la plus haute expression de son génie », la Musique pour cordes, percussion et célesta, dont le mouvement central est tout bruissant des sonorités de la nuit. Dans Nachtmusik I, Emmanuel Nunes a construit une singulière architecture sonore à partir de l’absence : celle de quatre notes – sol, sol dièse, mi, la. C’est de manière à la fois plus littérale et, selon ses propres termes, plus « impressionniste », que Henri Dutilleux peint « une sorte de vision nocturne » dans son quatuor à cordes Ainsi la nuit. 3 Marie-Josèphe Jude, Claire Désert, piano Le Chœur Contemporain Musicatreize Roland Hayrabedian, direction Avant-propos SOMMAIRE 6 MARDI 1ER JUIN - 20H Les Nocturnes, la Symphonie « Le Soir » de Haydn, Les Nuits d’été de Berlioz sont des « classiques » du répertoire où la nuit vient inscrire, dès les titres, la marque d’une atmosphère, le souvenir d’une sérénade ou simplement un caractère onirique. Cette lignée des musiques nocturnes, qui traverse les genres les plus divers, ne s’arrête pas avec le XIXe siècle, comme en témoigne la programmation de ce cycle. Quant à Schönberg, son sextuor à cordes La Nuit transfigurée est un commentaire sans paroles d’un poème de Richard Dehmel relatant un dialogue amoureux tourmenté. 5 Selon le biographe de Haydn, Albert Christoph Dies, le titre de la Symphonie n° 8 « Le Soir » aurait été suggéré par le prince Paul Anton Esterhazy, à la cour duquel le compositeur était employé. Ses Nocturnes ont été écrits quant à eux pour Ferdinand IV, roi de Naples. Il n’y a pas ici d’évocation pittoresque de la nuit ; il s’agit plutôt d’un genre qui – proche du divertimento ou de la sérénade – porte en lui-même un caractère vespéral, à l’instar de la célèbre Petite Musique de nuit de Mozart (à laquelle Dallapiccola fait allusion dans sa Piccola Musica notturna). Avant-propos Avant-propos 4 L’Ouverture de Genoveva de Schumann est une œuvre placée sous le signe d’un lyrisme empreint de nostalgie. On retrouve ces affects dans Les Nuits d’été de Berlioz, mais avec une orchestration qui réagit de manière presque épidermique aux moindres variations d’atmosphère. Mardi 1er juin - 20h Salle des concerts Luigi Dallapiccola (1904-1975) Canti di prigionia Prière de Mary Stuart Invocation de Boèce Adieu de Jérôme Savonarole 26’ Mardi 1 er juin - 20h Michel Géraud, contre-ténor Sylvie Moquet, viole de gambe Musicatreize Roland Hayrabedian, direction 7 8’ Marie-Josèphe Jude, Claire Désert, pianos Célia Perrard,Valérie Kafelnikov, harpes Christian Bini, Gisèle David, Richard Labus, Christian Hamouy, Fabien Héry, Georges Van Gucht, percussions Le Chœur Contemporain Musicatreize Roland Hayrabedian, direction Programme Maurice Ohana (1914-1992) Nuit de Pouchkine François-Bernard Mâche (1935) Heol Dall 15’ Marie-Josèphe Jude, Claire Désert, pianos Musicatreize Roland Hayrabedian, direction Iannis Xenakis (1922-2001) Nuits 11’ Musicatreize Roland Hayrabedian, direction entracte Durée du concert (entracte compris) : 1h35 Je suis éclairé par la lune Par une pâle main tendue Le cavalier de bronze me poursuit Sur son destrier au galop sonore Toute la nuit Sur le destrier au galop sonore Je ne sais quel désir me prend de mourir et de voir les lotus sous la rosée, aux rives de l’Achéron au loin elle nous crie de venir, et ce que nous savons bien, la nuit aux mille oreilles le chuchote par-delà la mer sans mentir je voudrais être morte Sappho Le cœur est las, l’univers est vide infinis et mystérieux de doux frissons affluent en nous les profondeurs lointaines renvoient un écho de notre deuil louée soit la nuit éternelle, loué soit l’éternel sommeil Novalis Au début et à la fin de la composition apparaissent les mots « Pouchkin notchiou » dont la traduction exacte est en fait « Pouchkine de nuit ». Max Noubel François-Bernard Mâche 9 François-Bernard J’ai donné à cette pièce un titre en langue bretonne, Mâche une langue presque totalement étrangère à la mienne, et Heol Dall pourtant proche comme un ancêtre oublié. C’est un des nombreux paradoxes que j’ai accumulés dans cette œuvre Composition : 2003. liée à l’universelle tentation d’explorer les frontières du Dédicace : « à Roland Hayrabedian et désir. En effet, jusque dans son nom de « soleil aveugle » l’ensemble Musicatreize ». elle évoque l’élan vers la mort comme une manifestation Commande de Musicatreize et de La essentielle du désir de vivre. Les textes chantés, lorsqu’il Filature de Mulhouse. ne s’agit pas de simples onomatopées, sont en partie Création : les 24 et 25 janvier 2004 empruntés à Sappho et à Novalis, qui incarnent deux à Marseille et Mulhouse par chemins opposés et convergents vers la Nuit. L’art des sons l’Ensemble Musicatreize, ne peut abolir le temps qu’en l’accueillant pour le direction Roland Hayrabedian, métamorphoser. C’est sur un tel fond commun Claire Désert et Marie-Josèphe Jude, éminemment paradoxal que se déploie cette musique, qui pianos. n’a rien de morbide ni d’accablé, mais qui, au contraire, Effectif : 2 pianos, 12 voix. s’affirme comme une ascension obstinée, et parfois jubilatoire, vers ce soleil qui ne se peut regarder fixement, selon le mot célèbre de La Rochefoucauld. Commentaires 8 Nuits noires Maurice Ohana Bien qu’une grande partie de son inspiration puise Nuit de Pouchkine dans les cultures ibériques – les sonorités rauques de l’espagnol lui étaient familières – Maurice Ohana n’en Création : le 16 novembre 1990 gardait pas moins une inclination pour le russe dont il à Leningrad. aimait la musicalité des allitérations. Un séjour en Russie Création française : en novembre 1990 avec l’ensemble Musicatreize, dans le en décembre 1990 à Aix-en-Provence. cadre d’un échange avec la Capella de Saint-Pétersbourg, Éditeur : Billaudot. fut une occasion inattendue de mettre en musique cette langue. Pour remplacer la Messe initialement prévue, Ohana accepta de composer dans l’urgence une nouvelle pièce. Après deux jours de travail intensif, il livra une œuvre qui utilisait « les moyens du bord », puisqu’à l’ensemble vocal furent adjoints une voix de haute-contre et une viole de gambe prévues pour les œuvres de musique ancienne également programmées aux concerts. Si la création russe n’utilisait que des onomatopées, la création française à Aix-en-Provence, un mois plus tard, présenta une nouvelle version. Elle utilisait cette fois un passage du long poème Le Cavalier de bronze de Pouchkine auquel le compositeur s’était intéressé avant son départ pour la Russie. Ohana ne mit en musique que quelques vers dont la musicalité des mots l’avait fasciné et dont les images suggestives s’accordaient au traitement musical. Luigi Dallapiccola L’officialisation de la campagne raciale par Mussolini Canti di prigionia le 1er septembre 1938 fut l’événement déclencheur du projet des Canti di Prigionia. L’œuvre allait témoigner Composition : 1938-1941. du sentiment de révolte de Dallapiccola contre un fascisme Création : le 11 décembre 1941 dévoilant chaque jour un peu plus son pouvoir répressif à Rome, direction F. Previtali. sur l’Italie. Face à ce régime totalitaire, seule la musique Éditeur : Carisch. pouvait, selon lui, exprimer l’indignation. Pour donner une portée symbolique à son œuvre, Dallapiccola s’appuya sur des textes d’hérétiques célèbres, « d’individus qui avaient combattu pour la liberté et pour le triomphe de la justice », qu’il confia à un chœur (formation privilégiée des œuvres les plus dramatiques de la maturité du compositeur) et à un ensemble instrumental composé de deux pianos, deux harpes, timbales, cloches et percussion. Il composa tout d’abord la Prière de Mary Stuart, dont il avait découvert le texte dans le Mary Stuart de Stefan Zweig. Bien que cette œuvre possède une intense force expressive, qui culmine dans le « cri » collectif du « libera me », Dallapiccola prit conscience de la nécessité de donner une plus grande ampleur à son message en formant une sorte de triptyque. Deux autres volets furent ainsi ajoutés : l’Invocation de Boèce, chantée uniquement par les voix de femmes, et composée sur un texte tiré de La Consolation de la philosophie, œuvre majeure écrite en prison avant l’exécution de l’auteur accusé de complot et de magie ; l’ Adieu de Savonarole, extrait de La Méditation de Ferrare sur le Psaume « In Te Domine speravi » (Mon espoir a reposé en Toi, Seigneur) qui ne put être achevée à cause de l’exécution du prédicateur par ses opposants. Le langage musical des Canti di prigionia repose sur une utilisation libre de séries dodécaphoniques associées de manière originale à des éléments diatoniques. Parmi ces derniers figure principalement le « Dies Irae », présent dès les premières mesures et qui parcourt l’ensemble du triptyque. M. N. 11 être un miroir. Il faut dépasser ce stade ». L’opinion de Milan Kundera sur la musique de Xenakis s’applique particulièrement bien à Nuits : « la beauté lavée de la saleté affective, dépourvue de la barbarie sentimentale ». Commentaires 10 Nuits noires Iannis Xenakis L’impact de Nuits dans le domaine de la musique pour Nuits ensemble vocal fut d’une importance considérable. Marcel Couraud n’hésita pas, à la création, à comparer Composition : 1967. sa modernité avec celle du Sacre du printemps. Nombre Commande : Fondation Gulbenkian. de pièces composées après 1968 seront redevables de la Création : le 7 avril 1968 au Festival révolution déclenchée par l’œuvre de Xenakis. L’exécution de Royan par les solistes de l’O.R.T.F. de Nuits nécessite une technique vocale éliminant tout sous la direction Marcel Couraud. vibrato afin de pouvoir réaliser une modulation sur des Éditeur : Salabert. quarts de ton. Le timbre des voix résulte de l’interaction savamment étudiée des composantes du son vocal : hauteur/tessiture, intensité, choix des voyelles et des phonèmes. Ainsi, par exemple, la voyelle « i », très fermée, traitée dans le registre aigu des sopranos dans la nuance triple forte (« à gorge déployée » comme le veut Xenakis), qui rappelle les chants de lamentations funèbres des îles grecques, donne un son particulièrement dur. À l’opposé, la voyelle « a », très ouverte, chantée par les hommes dans le grave et forte, se rapproche des psalmodies tibétaines. Dans Nuits, le texte, support traditionnel de la voix, a disparu. Il n’est plus ici le stimulant de l’imagination musicale. C’est dans cet extraordinaire éventail de phonèmes (plus de cent cinquante en tout), tous a-sémantiques, même s’ils sont parfois empruntés au sumérien, de bruitages vocaux de toutes natures, que Nuits trouve sa propre expression. L’unité se réalise par une sorte de « lallation » qui parcourt toute la tessiture des voix. Mais au-delà de l’absence de texte, Nuits apparaît comme une œuvre dénuée de toute intention descriptive, évocatrice, même si l’auditeur est en droit d’entendre une lamentation prolongeant la douleur et la compassion que renferme l’épigraphe : Pour vous, obscurs détenus politiques, Narcisso Julian (Espagne) depuis 1946, Costas Philinis (Grèce) depuis 1947, Eli Erythriadou (Grèce) depuis 1950, Joachim Amaro (Portugal) depuis 1952, et pour vous, milliers d’oubliés, dont les noms mêmes sont perdus. L’œuvre se tient à l’écart d’un esprit néo-romantique, et si l’émotion peut naître, elle ne le doit qu’à l’impact de la musique, non à ce qu’elle serait censée représenter. Xenakis s’en est expliqué lui-même : « Il y avait donc la dédicace. Et puis il y a le problème musical en soi. Car il ne faut pas croire que c’est une image réaliste d’une situation : que la chose construite doive Prière de Mary Stuart (à Paul Collaër) Ô Seigneur Dieu ! En Toi j’ai espéré Ô mon cher Jésus ! Libère-moi maintenant. Dans mes rudes chaînes, dans la peine et la misère, je Te désire, Languissante, gémissante, à genoux, Je T’adore, je T’implore, pour que Tu me libères. Jeudi 3 juin - 20h Salle des concerts Charles Ives (1874-1954) Central Park in the dark The Unanswered Question 6’ Dmitri Chostakovitch (1906-1975) Concerto n° 1 pour violon et orchestre en la mineur, op. 77 13 Franz Lang, co-direction Nocturne : Moderato Scherzo : Allegro Passacaglia : Andante – cadenza Burlesque : Allegro con brio Programme Adieu de Jérôme Savonarole (à Sandro et Luisa Materassi) Que le monde m’accable Que mes ennemis se dressent Je ne crains rien Car mon espoir est en Toi, Ô Seigneur, Car Tu es mon espoir Car Tu as établi Ton très haut refuge. 11’ Jeudi 3 juin - 20h Nuits noires 12 Invocation de Boèce (à Ernest Ansermet) Heureux celui qui put contempler La source lumineuse du Bien. Heureux celui qui put se libérer Des liens pesants de la terre. 34’ entracte Béla Bartók (1881-1945) Musique pour cordes, percussion et célesta Andante tranquillo Allegro Adagio Finale : Allegro molto 30’ Gidon Kremer, violon Christoph Grund, piano SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg Michael Gielen, direction Ce concert est enregistré par France Musiques, partenaire de la Cité de la musique, et sera diffusé le 17 juin à 20h. Durée du concert (entracte compris) : 1h50 à New York, direction T. Bloomfield. Éditeur : Peer International Corporation/Mobart Music Nuits noires 14 Publications. discontinus et intempestifs confiés aux autres groupes instrumentaux qui emploient des langages harmoniques inverses : la musique jouée par les vents dans The Unanswered Question est tonale tandis que celle de Central Park, où l’on peut entendre des bribes de musique populaire (fanfare, danse) est tonale. Ces deux « contemplations » qui présentent des conceptions originales du temps musical et de l’espace, ne furent créées que quarante ans après leur composition. Dmitri Chostakovitch La composition du Concerto pour violon n°1 est Concerto pour violon n° 1 indissociable de son créateur et dédicataire David Oïstrakh dont Chostakovitch admirait l’intelligence musicale et Composition : 1948. l’extraordinaire technique, à laquelle il pensait lorsqu’il Création : le 29 octobre 1955 par écrivit ces pages d’une redoutable difficulté. David Oïstrakh et l’Orchestre La collaboration semble cependant avoir été tout sauf Philharmonique de Leningrad, spontanée et enthousiaste de la part de l’interprète qui eut direction E. Mravinski. beaucoup de réticence à intégrer la singularité de l’œuvre Éditeur : Boosey & Hawkes. avant de se familiariser peu à peu avec elle et d’en devenir le plus fervent défenseur. Ce fut d’ailleurs grâce à la détermination et à la grande notoriété du violoniste que le Concerto pour violon put être créé, avec un succès considérable, mais seulement sept ans après sa composition. L’Édit de Jdanov avait en effet mis Chostakovitch (comme d’autres compositeurs célèbres) au ban de la nation pour « déviation formaliste, subjectivisme et refus du réalisme socialiste » et prononcé une condamnation sans appel de l’ensemble de son œuvre, rendant par là même impossible pendant des années toute audition d’œuvres nouvelles. Le Concerto se présente comme une ample symphonie pour violon et orchestre en quatre mouvements. Le Nocturne initial, lyrique et rêveur, présente dans son introduction l’ensemble du matériau thématique qui sera déployé et conduit à travers le mouvement par les longues cantilènes du soliste. Le Scherzo, de tempo très rapide, offre un contraste saisissant. Il adopte une forme sonate faite de deux thèmes violemment opposés dont la réexposition comprend un fugato élaboré. Le caractère à la fois 15 Composition : 1906. Création : le 11 mai 1946 The Unanswered Question et Central Park in the dark, composés en 1906, furent d’abord conçus comme deux volets complémentaires qui, à l’origine, portaient des titres différents : « Contemplation d’un sujet sérieux ou l’éternelle question demeurée sans réponse » pour le premier, et « Contemplation non sérieuse ou Central Park par un bon vieil été dans l’obscurité » pour le second. Comme très souvent dans ses œuvres, Ives a laissé un texte d’accompagnement : « Dans The Unanswered Question, le motif des cordes symbolise les druides, la trompette (jouée en coulisse) pose l’éternelle question de l’existence tandis que les flûtes essaient de trouver une réponse satisfaisante. Central Park in the dark présente tout au contraire un paysage bien terrestre en imaginant ce que les hommes entendront dans une trentaine d’années lorsqu’ils s’assiéront par une chaude nuit d’été dans Central Park ». Le programme de Central Park est étonnamment développé et témoigne de l’intarissable imagination qui inspire la musique de Ives. « Les cordes représentent les bruits de la nuit et l’obscurité silencieuse, interrompus par les échos qui provenaient du Casino au-delà du lac : des voix de chanteurs de rue qui montent du Circle en chantant les chansons de cette époque, un pauvre nigaud qui revient de Healy’s, en sifflotant la dernière marche chantée par les étudiants, un passant ivre, un cortège ou des noirs dansant au loin, des hommes qui crient, des pianos mécaniques qui scandent du ragtime (…) ; un tramway, un petit orchestre de rue s’unissent au chœur ; une autopompe, une charrette qui passe et qui s’éloigne (…), les passants murmurent ; de nouveau l’on perçoit l’obscurité ; un écho au-delà du lac et nous qui rentrons ». Les deux œuvres sont constituées d’un continuum sonore joué par les cordes. Celui de The Unanswered Question est atonal tandis que celui de Central Park, au contraire, est atonal. Toute sensation de pulsation régulière ou de temps mesuré est abolie par le traitement des durées aux cordes qui s’affranchit des contraintes de la barre de mesure, créant un temps non pulsé, étale, presque irréel. Sur ces arrière-plans de cordes chargés de mystère interviennent, dans les deux pièces, des éléments Commentaires Charles Ives Central Park in the dark The Unanswered Question Max Noubel 17 Béla Bartók La Musique pour cordes, percussion et célesta Musique pour cordes, occupe une place à part dans le répertoire orchestral percussion et célesta de la première moitié du XXe siècle, tant par l’originalité de sa nomenclature que par ses particularités formelles, Commande : Paul Sacher, Orchestre thématiques ou encore sonores. L’orchestre se compose de Chambre de Bâle. d’un double quintette à cordes, réuni seulement dans Composition : 1937. le premier mouvement, d’une harpe, de percussions Création : le 21 janvier 1937, (xylophone, deux tambours piccolo, deux jeux de cymbales, direction P. Sacher. tam-tam, grosse caisse, timbales) et d’un célesta. De cet Éditeur : Universal Edition. ensemble atypique, Bartók crée une extraordinaire palette de timbres et de dynamiques qui contribue à donner à chaque mouvement un caractère unique. Les cordes, à elles seules, utilisent une grande variété de modes de jeu : pizzicatos divers, jeu sur la touche, sur le chevalet, avec sourdine, en harmoniques, col legno… À l’opposé du piano, utilisé surtout pour son aspect percussif, et du xylophone, le célesta impose ses sonorités douces et cristallines dans des moments chargés de mystère. Le premier mouvement, Andante tranquillo, qui semble émerger du silence, est une fugue. Elle enfle lentement au cours de ses différents développements en déployant des lignes mélodiques chromatiques pour atteindre un climax. Puis elle décline progressivement en utilisant le renversement du thème et retourne dans le silence. Ce thème de la fugue, initialement exposé aux altos, reviendra dans les autres mouvements sous des formes variées, « nourrissant » ainsi l’ensemble de la composition. Le second mouvement, Allegro, de forme sonate, offre un contraste saisissant avec le premier par son énergie sauvage. Le thème vif et nerveux semble tiré d’une chanson populaire hongroise dont Bartók explore tout le potentiel rythmique. Le troisième mouvement, Adagio, appartient aux musiques nocturnes du compositeur. Les alliages de timbres produisent des sonorités qui, encore aujourd’hui, gardent toute leur magie. Entre les différents éléments thématiques reviennent des fragments du thème de la fugue. L’Allegro molto final, au caractère très percussif, d’inspiration folklorique, semble vouloir retrouver l’esprit des fêtes populaires. Vers la fin du mouvement, le thème de la fugue réapparaît, mais cette fois-ci sous une forme diatonique. Commentaires Nuits noires 16 grotesque et dérisoire montre l’attachement de Chostakovitch à Mahler. La Passacaglia, qui repose sur une mélodie empreinte de désespoir, trouve un sursaut d’énergie dans la cadence du soliste. Le Burlesque, énergique rondo où résonne l’esprit de la musique populaire russe, referme l’œuvre dans un climat joyeux. 32’ Vendredi 4 juin - 20h Solistes de l’Ensemble Intercontemporain Didier Pateau, cor anglais Alain Billard, clarinette basse Benny Sluchin, trombone Christophe Desjardins, alto Pierre Strauch, violoncelle entracte Henri Dutilleux (1916) Ainsi la nuit, pour quatuor à cordes * Nocturne Miroir d’espace Litanies Litanies 2 Constellations Nocturne 2 Temps suspendu 17’ Arnold Schönberg (1874-1951) Verklärte Nacht op. 4, pour sextuor à cordes (La Nuit transfigurée) 26’ Solistes du Chamber Orchestra of Europe Muriel Cantoreggi, violon * Kolbjorn Holthe, violon * Stewart Eaton, alto * Gert-Inge Andersson, alto William Conway, violoncelle * Kate Gould, violoncelle Coproduction Cité de la musique/Ensemble Intercontemporain Durée du concert (entracte compris) : 1h50 19 Emmanuel Nunes (1941) Nachtmusik I Emmanuel Nunes L’effectif inédit de Nachtmusik I réunit trois familles Nachtmusik I instrumentales disposées en arc de cercle : l’alto et le violoncelle font face au cor anglais et au trombone ; Composition : 1978. la clarinette basse est placée au centre. Il s’en dégage Commande : ministère de la Culture une sonorité très particulière, orientée vers le médium français. et le grave, même si l’alto joue souvent dans des positions Création : en 1978 à Bonn par L’Itinéraire, direction Peter Eötvös. aiguës assez inconfortables. Effectif : cor anglais, clarinette basse, D’un point de vue structurel, chaque section de Nachtmusik I trombone, alto, violoncelle. est fondée sur un intervalle dominant, qui joue le rôle Édition : Jobert. d’une teneur : il apparaît dans une tessiture fixe et dans une durée homogène (seul son timbre varie). Autour de cet intervalle se déploient des configurations harmoniques fortement articulées du point de vue du rythme et du timbre, ainsi que du point de vue des registres. Ces articulations créent un mouvement à l’intérieur d’une structure qui évolue relativement lentement. Rythmes, timbres et registres acquièrent ainsi une fonction quasi thématique, bien qu’ils ne débouchent pas sur des figures en tant que telles. Nunes s’est par ailleurs restreint à huit hauteurs différentes, éliminant les quatre sons principaux de ses œuvres précédentes : geste inaugural pour un nouveau cycle d’œuvres intitulé La Création. L’écoute, dans Nachtmusik I, est moins guidée par un dessin mélodique ou formel que focalisée sur l’activité très intense et très différenciée qui se joue à l’intérieur même du phénomène sonore ; les éléments mélodiques sont une résultante des processus mis en œuvre, et non leur point de départ. On peut voir là une influence du Stockhausen de Stimmung : mais alors que Stockhausen utilisait une structure harmonique unique et fixe, Nunes propose un parcours harmonique complexe et varié. La forme n’est pas réduite à des moments isolés, mais elle est composée dans un esprit beaucoup plus architectonique. La progression s’effectue par paliers, dans une continuité à grande échelle. L’importance accordée aux articulations internes du phénomène sonore impose par ailleurs des enchaînements non univoques, où les transitions Commentaires Vendredi 4 juin - 20h Amphithéâtre 21 manquante, un do joué à l’unisson par les cinq instruments. Tout le matériau des hauteurs est ainsi exposé. La dernière partie, en forme d’épilogue, commence avec un solo de cor anglais qui évoque celui du Tristan de Wagner, et toute l’œuvre semble a posteriori tendue vers ce moment que l’on ressent comme passage au-delà d’une limite. La fin est amenée par un enchaînement de cadences quasi tonales. Cette perspective historicisante dans laquelle la pièce s’achève est déjà présente dans le reste de l’œuvre : à travers l’usage des intervalles consonants (tierces ou sixtes majeures/mineures, quintes ou quartes justes), qui produisent des effets à la fois archaïques et nostalgiques, ou à travers le jeu de certaines articulations rythmiques (certains passages, avec leurs accents décalés, rappellent les hocquetus du Moyen Âge ou les polyphonies de l’Afrique centrale ; d’autres sonnent comme un clin d’œil au Sacre du printemps de Stravinski). Toute l’œuvre est adossée à un romantisme repensé, qu’induit son titre, et où les figures de Schubert et de Mahler, que Nunes avait explicitement citées dans sa pièce précédente, Ruf, jouent un rôle central. L’œuvre est ainsi tout autant un chemin de découverte qu’un chemin de mémoire. Elle s’inscrit dans un temps musical introspectif, fait de condensations, de juxtapositions et de fluctuations, autant que de sensations qui ne peuvent être réduites à des formes rationnelles. Du coup, la dimension spatiale, présente dans la structuration interne de l’écriture, prend une importance considérable. Les différents moments de l’œuvre sont presque systématiquement portés à une forme d’exacerbation, et ils sont autant de tentatives pour une percée décisive. C’est pourquoi ils ne sont pas reliés de façon traditionnelle, mais ressemblent à des saillies, à des élans toujours recommencés. Lorsque le cor anglais, vers la fin, émerge du halo harmonique, nous avons le sentiment que se lève une aube nouvelle, longuement désirée. Certains silences, certaines sonorités en étaient la promesse ; la cadence éclatante qui ponctue la pièce en est le salut. Toute l’œuvre Commentaires 20 Nuits noires constituent des moments critiques : elles ont souvent un caractère heurté, comme si l’on changeait brusquement de point de vue. Certains moments sont étirés, d’autres bousculés ; les tempi changent constamment : on va souvent des uns aux autres au gré d’accélérations ou de décélérations extrêmement rapides. Le passage d’un moment à l’autre résout les tensions accumulées. On ne peut guère parler ici de fluidité, mais plutôt d’un enchâssement de plans différents, comme si la musique se frayait un passage à travers la résistance du matériau. De même, on peut éprouver le sentiment d’être introduit à l’intérieur d’un labyrinthe, où des « images » similaires appartiennent à des « voies » différentes. Nachtmusik I vit de la tension entre micro et macro-structure, et exige une écoute capable de passer instantanément de l’intérieur du phénomène sonore, avec ses différenciations multiples et raffinées, à une position plus distanciée, qui permette de suivre la logique du discours musical ; en d’autres termes, l’auditeur est appelé à percevoir simultanément deux couches de temps musical antinomiques, l’une fondée sur un présent élargi, qu’on pourrait dire harmonique, l’autre fondée sur une progression dans un temps plurilinéaire. De même qu’il n’y a pas fusion entre les cinq instruments, mais un incessant travail de différenciation, une tension entre les timbres et les registres, de même les moments ne sont-ils pas subsumés sous le concept d’une forme globale, organisés selon un ordre immédiatement lisible. L’œuvre a beau être fondée sur de nombreuses répétitions locales, avec des gestes insistants qui lui confèrent une dimension quasi rituelle, les différents moments ne reviennent jamais, et ne laissent guère présager dans quelle direction la musique veut nous conduire. Nachtmusik I invente son chemin sans l’aide d’un schéma préconçu. Aux deux extrémités de l’œuvre, pourtant, se situent des parties aux fonctions bien définies. Les premières mesures ont un caractère évident d’introduction : un accord de sept sons, travaillé de l’intérieur, finit par se « résoudre » sur la note Henri Dutilleux Nocturne Ainsi la nuit Période statique d’où émergent des mouvements linéaires aux inflexions grégoriennes ou parfois l’écho des sons de la Composition : 1971-1977. nature. Création : le 6 janvier 1977 à Paris Nuits noires 22 par le Quatuor Parrenin. Commande de la Fondation Koussevitzky. Dédicace : « à la mémoire d’Ernest Sussman, en hommage à Olga Koussevitzky ». Miroir d’espace Écriture en éventail : le premier violon et le violoncelle opposent leurs registres extrêmes dans les lignes nues et calmes entrecoupées d’alarmes. Puis retour au point de départ (jeu de miroir ou mouvement rétrograde). Effectif : 2 violons, alto, violoncelle. Éditeur : Heugel. Litanies Dans un mouvement animé et tournoyant, réapparition de l’accord-pivot confié, dès le début de l’œuvre, au grave des cordes et repris ici, dans leurs sonorités les plus chaudes, avec violence et insistance (variations, forme rondo). Litanies 2 Chant modal basé sur quatre et bientôt cinq sons toujours semblables mais énoncés dans un ordre différent. De plus en plus éparpillés, ils se diluent finalement à l’intérieur d’une période libre du point de vue rythmique. Constellations Des événements sonores se nouent et s’accumulent autour d’un son central (le la) qui exerce intensément son attraction et s’impose avec force (importance des soli). Nocturne 2 Par opposition avec le statisme du premier nocturne, celui- Temps suspendu Nouvelle période étale, évoquant l’introduction. Une sorte de mouvement d’horlogerie s’installe progressivement sur un fond d’harmoniques de cloches lointaines. Le temps semble figé. Henri Dutilleux Arnold Schönberg Il est difficile aujourd’hui d’imaginer que La Nuit Verklärte Nacht transfigurée ait pu provoquer lors de sa création un véritable scandale. La société de concerts de Vienne en refusa même Composition : 1899. l’exécution à cause de certaines audaces harmoniques. À Création : le 18 mars 1902 à Vienne propos d’un passage de l’œuvre, Schönberg rapporte : (Kleiner Musikvereins-Saal) par le « L’avis général fut : “On dirait que des musiciens d’orchestre Quatuor Rosé, Franz Jelinek (alto) et Franz Schmidt (violoncelle). donnant Tristan et Isolde de Wagner ont tout à coup perdu le Effectif : 2 violons, 2 altos, fil de la partition et jouent chacun de leur côté” ». Avec La Nuit 2 violoncelles. transfigurée apparaît une forme d’incompréhension qui Éditeur : Universal Edition/Birnbach. accompagnera Schönberg tout au long de sa vie. Et ceux qui lui reprochent son langage d’alors seront sans doute ceux-là mêmes qui, au moment de son passage à l’atonalité, l’accuseront de n’avoir pas « continué de composer dans le même style ». Comme l’explique Schönberg lui-même, son œuvre doit pourtant à la double influence historique de Brahms et de Wagner, visiblement insuffisante « à calmer le public ou à le rassurer ». De Wagner, le compositeur retient d’abord le « traitement thématique d’une cellule, développée au-dessus d’une harmonie très changeante ». S’il s’inspire de Brahms pour la formation instrumentale et pour sa « technique de développement par variation », il s’en écarte cependant pour introduire dans l’univers « pur » de la musique de chambre l’esprit de la musique à programme. Placé en exergue à la partition, le poème de Richard Dehmel, tiré du recueil Weib und Welt (Femme et monde, 1896) irrigue de sa teneur émotionnelle toute la composition. 23 Philippe Albèra ci est d’une mobilité et d’une vivacité extrêmes, tout en se maintenant dans un climat de mystère. Commentaires est baignée de cette lumière intérieure qui reflète les images originelles vécues et les images qui ont été rêvées, provenant de l’illumination soudaine aussi bien que d’une pensée visionnaire. Nuits noires Nuit transfigurée Zwei Menschen gehn durch kahlen, kalten Hain; der Mond läuft mit, sie schaun hinein. Der Mond läuft über hohe Eichen Deux êtres traversent le bois nu et froid la lune les suit, ils la regardent. La lune fait son chemin au-dessus des chênes [hauts aucun nuage ne trouble la lueur du ciel où se perdent les sommets noirs des arbres. La voix d’une femme parle : kein Wölkchen trübt das Himmelslicht, in das die schwerzen Zacken reichen. Die Stimme eines Weibes spricht: Ich trag ein Kind, und nit von Dir ich geh in Sunde neben Dir. Ich hab mich schwer an mir vergangen. Ich glaubte nicht mehr an ein Glück und hatte doch ein schwer Verlangen nach Lehensinhalt, nach Mutterglück und Pflicht; da hab ich mich erfrecht, da liess ich schaudernd mein Geschlecht von einem fremden Mann umfangen, und hab mich noch dafür gesegnet. Num hat des Leben sich gerächt: nun bin ich Dir, o Dir begegnet. Je porte un enfant, et pas de toi je suis fautive auprès de toi. J’ai commis une faute atroce. Je ne croyais plus au bonheur et pourtant j’ai été poussée par le désir de donner la vie, d’éprouver le bonheur [maternel et de remplir un devoir ; j’ai eu l’impudence de me laisser embrasser par un étranger et je me suis sentie bénie. Mais maintenant la vie se venge : car je t’ai rencontré, toi. Sie geht mit ungelenkem Schritt. Sie schaut empor; der Mond läuft mit. Ihr dunkler Blick ertrinkt in Licht. Die Stimme eines Mannes spricht: Elle continue sa marche un peu raide. Elle regarde le ciel ; la lune l’accompagne. Son regard sombre plonge dans la lueur. La voix d’un homme parle : Das Kind, das Du empfangen hast, sei Deiner Seele keine Last, o sieh, wie klar des Weltall schimmert! Es ist ein Glanz um Alles her, Du treibst mit mir auf kaltem Meer, doch eine eigne Wärme flimmert von Dir in mich, von mir in Dich. Die wird das fremde Kind verklären Du wirst es mir, von mir gebären; Du hast den Glanz in mich gebracht, Du hast mich selbst zum Kind gemacht. Que l’enfant que tu as conçu ne soit pas un poids pour ton âme, regarde le rayonnement de l’univers ! La splendeur lumineuse tout autour. Tu avances avec moi au gré des flots froids, mais ta chaleur scintillante vibre en passant de toi en moi, de moi en toi. Elle transfigurera l’enfant étranger. Tu le mettras au monde pour moi, de moi ; Tu m’as apporté la lumière tu m’as rendu enfant moi-même. Er fasst sie um die starken Hüften. Ihr Atem küsst sich in den Lüften. Zwei Menschen gehn durch hohe, helle Nacht. Il enlace ses hanches. Leurs souffles se mêlent dans l’air. Deux êtres traversent le cœur de la nuit [lumineuse. Richard Dehmel Traduction : Renate Holz 25 24 Eurydice Jousse Verklärte Nacht Livret C’est, à la nuit tombée, le dialogue entre un homme et la femme qu’il aime, laquelle lui avoue attendre un enfant d’un autre. Au pardon de l’homme et au triomphe de l’amour correspond la transfiguration par le mode majeur du thème principal, exposé après l’introduction lente du début de l’œuvre dans la tonalité sombre de ré mineur. Samedi 5 juin - 20h Salle des concerts Franz Liszt (1811-1886) « Oh quand je dors » – transcription pour orchestre de Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) 4’ Deux Épisodes du Faust de Lenau La Procession nocturne La Danse à l’auberge du village (Mephisto-Valse n° 1) 20’ Robert Schumann (1806-1856) Genoveva, op. 81 Hector Berlioz (1803-1869) Les Nuits d’été, op. 7 Liliana Nikiteanu, mezzo-soprano Chamber Orchestra of Europe Heinz Holliger, direction 27 10’ Programme Ouverture Samedi 5 juin - 20h Villanelle Le Spectre de la rose Sur les lagunes L’Absence Au Cimetière (Clair de lune) L’Île inconnue 31’ entracte Charles Koechlin (1867-1950) Les Heures persanes, op. 65 – extraits I. Sieste, avant le départ II. La Caravane (rêve, pendant la sieste) III. L’Escalade obscure : Adagio VI. À travers les rues : Allegro vivo VIII. Clair de lune sur les terrasses : Andante moderato XII. Arabesques : Allegro (non troppo) XVI. Derviches dans la nuit – Variante – Clair de lune sur la place déserte 23’ Le Chamber Orchestra of Europe bénéficie du soutien de Aviva plc. Durée du concert (entracte compris) : 2h Robert Schumann Composée en 1847, créée en 1850 avant l’opéra, Ouverture de Genoveva l’ouverture de Genoveva en reste la part la mieux connue. Contrairement à la plupart de ses confrères, Schumann Composition : avril 1847. l’écrivit alors que le livret n’était pas encore terminé, et Création : le 25 juin 1850 à Leipzig, c’est de cette pièce de concert qu’il tira quelques unes des direction : Reitz. cellules essentielles de l’opéra. Le plan de la sonate y est étendu par l’ajout d’une introduction lente, proche d’un récitatif et contenant déjà les accords de neuvième propres au personnage de Golo (à la fois amoureux malheureux et traître) ainsi que l’ébauche du choral. Le parcours se fait des ténèbres d’ut mineur vers la lumière d’ut majeur, à travers deux éléments contrastés, le premier, plaintif, composé de demi-tons et d’appoggiatures, le second, lumineux appel des cors qui entraînera le basculement vers Hector Berlioz Contemporaines de l’opéra de Schumann, puisque la Les Nuits d’été version pour piano parut en 1841, Les Nuits d’été de Berlioz se situent dans une tout autre atmosphère, que leur Composition : février 1838-juin 1841 ; orchestration, réalisée entre 1843 et 1856, accentue encore. 1843-1856 pour l’orchestration. Si disert sur lui-même, Berlioz ne nous dit quasiment rien Dédicace : à Louise Bertin. de la genèse de ces mélodies dont les textes furent choisis parmi le recueil de Théophile Gautier La Comédie de la mort, mais il en précise la spécificité : « six morceaux de chant de divers caractères. C’est curieux, mais cela exige une bien grande délicatesse d’exécution. C’est pour petit orchestre, avec très peu d’instruments à vent. » Il s’agit d’un Berlioz intime, à l’opposé des forces gigantesques déployées dans le Requiem. Une apparente simplicité prévaut avec l’adoption de formes strophiques (Villanelle et Le Spectre de la rose), proches du rondo (Sur les lagunes, Absence et L’Île inconnue) ou du lied (Au Cimetière). Mais à chaque fois, les variations tant de la mélodie que de l’orchestration transforment cette fausse naïveté en un raffinement subtil. Échappant au domaine de la nuit, la dernière mélodie lance un pont vers un ailleurs inaccessible, oriental, où l’amour serait éternel, avec une touche de mélancolie teintée d’ironie. Charles Koechlin Les Heures persanes s’enchaînent presque naturellement Les Heures persanes aux Nuits d’été. Composées pour piano en 1913 d’après un texte de Pierre Loti, Vers Ispahan (1904), ce sont des Composition : 1913-1919 ; moments descriptifs retraçant deux jours et demi de 1921 pour l’orchestration. voyage, dont trois nuits, que Koechlin orchestra en 1921. Éditeur : Eschig. Les différentes heures du jour se succèdent, dont trois nocturnes : L’Escalade obscure, Clair de lune sur les terrasses et Derviches dans la nuit. Sans sacrifier à un orientalisme facile, Koechlin recrée cet univers lointain grâce à un 29 « Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir » : ce titre de Debussy, emprunté à Charles Baudelaire, dit à lui seul les enjeux de la nuit. La vue et la lumière oubliées, d’autres sens s’éveillent, et avec eux l’imagination d’où surgissent de multiples visions : poétiques, amoureuses, spatiales, morbides, fantastiques, diaboliques ou religieuses. Ainsi, les Nuits d’été de Berlioz et les Heures persanes de Koechlin, qui s’inspirent respectivement de pages de Théophile Gautier et Pierre Loti, semblent dédiées, les premières aux amours impossibles, les secondes à un Orient inaccessible. Dans les deux cas, le temps se trouve suspendu, étiré, l’espace immensément agrandi. Chez Liszt, la référence littéraire va à Lenau – et non à Goethe, comme si souvent lorsqu’il s’agit du mythe de Faust –, les contrastes inhérents à la nuit structurant un diptyque où le religieux le dispute au diabolique. Toutes ces visions musicales sont nées de la littérature, qu’elle soit poésie, récit ou théâtre, et ressortissent de la mélodie ou du poème symphonique, tandis que l’ouverture de Genoveva suggère l’univers de l’opéra. ut majeur. Si l’opéra Genoveva ne montre pas d’unité tonale, son ouverture en résume la trajectoire et préfigure la fin heureuse du drame amoureux. Commentaires Nuits noires 28 Visions nocturnes Lucie Kayas Villanelle Quand viendra la saison nouvelle, Quand auront disparu les froids, Tous les deux nous irons, ma belle, Pour cueillir le muguet aux bois ; Sous nos pieds égrenant les perles Que l’on voit au matin trembler, Nous irons écouter les merles Siffler. Le printemps est venu, ma belle, C’est le mois des amants béni ; Et l’oiseau satinant son aile, Dit ses vers au rebord du nid ; Oh ! Viens donc sur ce banc de mousse Pour parler de nos beaux amours, Et dis-moi de ta voix si douce : Toujours ! Loin, bien loin, égarant nos courses, Faisant fuir le lapin caché Et le daim au miroir des sources Admirant son grand bois penché ; Puis chez nous, tout heureux, tout aises, En paniers, enlaçant nos doigts, Revenons, rapportant des fraises, Des bois. Ô toi, qui de ma mort fus cause, Sans que tu puisses le chasser, Toutes les nuits mon spectre rose À ton chevet viendra danser ; Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe ni De Profundis. Ce léger parfum est mon âme, Et j’arrive, j’arrive du paradis. Mon destin fut digne d’envie, Et pour avoir un sort si beau Plus d’un aurait donné sa vie ; Car sur ton sein j’ai mon tombeau, Et sur l’albâtre où je repose Un poète avec un baiser Écrivit : « Ci-gît une rose, Que tous les rois vont jalouser. » Théophile Gautier Sur les lagunes Ma belle amie est morte. Je pleurerai toujours ; Sous la tombe elle emporte Mon âme et mes amours. Dans le ciel, sans m’attendre Elle s’en retourna ; L’ange qui l’emmena Ne voulut pas me prendre. Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour s’en aller sur la mer ! Théophile Gautier Le Spectre de la rose Soulève ta paupière close Qu’effleure un songe virginal ! Je suis le spectre d’une rose, Que tu portais hier au bal. Tu me pris encore emperlée Des pleurs d’argent de l’arrosoir, Et, parmi la fête étoilée, Tu me promenas tout le soir. 31 Franz Liszt Familier du thème de Faust illustré par la Faust Deux Épisodes du Faust Symphonie, Liszt y revient en 1859 pour un double poème de Lenau symphonique inspiré de la version beaucoup plus diabolique de Lenau : La Procession nocturne et La Danse Composition : 1859-1860. à l’auberge du village (Valse de Méphisto), inversant la Création : en 1860 à Weimar sous chronologie du poète. la direction du compositeur. La Procession suit le poème au point que Liszt inscrit les Éditeur : Schuberth. vers clés dans la partition, délimitant des sections aisément perceptibles qui pourraient s’intituler : « Faust chevauchant la nuit dans la forêt », « Voix de la nature », « Faust s’arrête », « Il entend un chant au lointain », « Passage de la procession », « Faust pleure un impossible remords chrétien ». Le ton d’ut dièse mineur suggère le sombre état d’âme de Faust auquel s’opposent à la fois les voix de la nature et celles de l’Église à travers le « Pange lingua gloriosi corpores mysterium » grégorien. La procession passée, les cordes à l’unisson prêtent leurs voix douloureuses à Faust. La Danse à l’auberge du village, version orchestrale de la célèbre Mephisto-Valse pour piano, oppose au repentir chrétien le triomphe diabolique de Méphisto jetant Faust dans les bras de Hännchen (la Marguerite de Lenau). À une première valse en la majeur, toute en superpositions de quintes grimaçantes, en succède une autre, page de séduction chromatique amoroso en ré bémol confiée au pouvoir élégiaque du violoncelle. D’épisode en épisode, ces deux éléments s’entremêlent et se superposent. Le mouvement s’interrompt pour une cadence de la flûte et de la harpe avant que, selon les mots de Lenau cités par Liszt pour la seconde fin de cette pièce, un océan de plaisir n’engloutisse le couple. Hector Berlioz Les Nuits d’été Livret Nuits noires 30 langage fait de modalité ou de polytonalité, à l’utilisation d’instruments solistes (flûte et violon) dans le registre de l’arabesque, ainsi qu’à des effets d’orchestration ou de suspension temporelle par emploi de l’ostinato. Page vive et colorée, À travers les rues apporte le contraste nécessaire à cette évocation onirique. La blanche créature Est couchée au cercueil ; Comme dans la nature Tout me paraît en deuil ! La colombe oubliée Pleure et songe à l’absent ; Mon âme pleure et sent Qu’elle est dépareillée. Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour s’en aller sur la mer ! Sur moi la nuit immense S’étend comme un linceul, Je chante ma romance Que le ciel entend seul. Ah ! comme elle était belle, Et comme je l’aimais ! Je n’aimerai jamais Une femme autant qu’elle. Que mon sort est amer ! Ah ! sans amour s’en aller sur la mer ! Au Cimetière (Clair de lune) L’Île inconnue Connaissez-vous la blanche tombe, Où flotte avec un son plaintif L’ombre d’un if ? Sur l’if une pale colombe Triste et seule au soleil couchant, Chante son chant : Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? La voile enfle son aile, La brise va souffler. Théophile Gautier Un air maladivement tendre, À la fois charmant et fatal, Qui vous fait mal Et qu’on voudrait toujours entendre ; Un air comme en soupire aux cieux L’ange amoureux. Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil. D’ici là-bas que de campagnes, Que de villes et de hameaux, Que de vallons et de montagnes, À lasser le pied des chevaux ! Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil. Théophile Gautier Sur les ailes de la musique On sent lentement revenir Un souvenir. Une ombre, une forme angélique, Passe dans un rayon tremblant, En voile blanc. Les belles de nuit demi-closes Jettent leur parfum faible et doux Autour de vous, Et le fantôme aux molles poses Murmure en vous tendant les bras : Tu reviendras ! Oh ! jamais plus, près de la tombe, Je n’irai, quand descend le soir Au manteau noir, Écouter la pale colombe Chanter sur la pointe de l’if Son chant plaintif. Théophile Gautier 33 Entre nos cœurs quelle distance ! Tant d’espace entre nos baisers ! Ô sort amer ! Ô dure absence ! Ô grands désirs inapaisés ! On dirait que l’âme éveillée Pleure sous terre à l’unisson De la chanson, Et du malheur d’être oubliée Se plaint dans un roucoulement Bien doucement. Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? La voile enfle son aile, La brise va souffler. Est-ce dans la Baltique ? Dans la mer Pacifique ? Dans l’île de Java ? Ou bien est-ce en Norvège, Cueillir la fleur de neige, Ou la fleur d’Angsoka ? Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? Menez-moi, dit la belle, À la rive fidèle Où l’on aime toujours ! Cette rive, ma chère, On ne la connaît guère, Au pays des amours. Où voulez-vous aller ? La brise va souffler. Théophile Gautier Livret 32 Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil. Nuits noires L’Absence L’aviron est d’ivoire, Le pavillon de moire, Le gouvernail d’or fin ; J’ai pour lest une orange, Pour voile une aile d’ange, Pour mousse un séraphin. Allegro moderato Adagio cantabile Finale : Presto 15’ Heinz Holliger (1939) Recicanto (2000-2001), pour alto et petit orchestre À la mémoire de Christiane Jaccottet Dimanche 6 juin - 16h30 25’ entracte Luigi Dallapiccola (1904-1975) Piccola Musica notturna – version pour petit ensemble de chambre 7’ Joseph Haydn (1904-1975) Symphonie n° 8 en sol majeur « Le Soir », Hob. I. 8 Allegro molto Andante Menuetto Presto : La Tempesta Marianne Frippiat 23’ Tabea Zimmermann, alto Chamber Orchestra of Europe Heinz Holliger, direction Heinz Holliger Un nouvel essai sur la capacité de langage, la capacité Recicanto de langage de la musique. Une sorte de « scène chantée », un immense « récitatif » accompagné, peut-être un autre Dédicace : écrit à la mémoire de « lamento d’alto », dont la voix plaintive et pleine de secret Christiane Jaccottet, dédié à Tabea résonne dans plusieurs de mes œuvres : le Trio (1960), Zimmermann. Come and go (1976), Trema (1981), Souvenirs trémaesques Création : en 2002 à Cologne par (2001), Trans-criptions-Machaut (2001). Tabea Zimmermann sous la direction Durée du concert (entracte compris) : 1h50 de Heinz Holliger. Heinz Holliger 35 Joseph Haydn (1732-1809) Notturno n° 7 en fa majeur, Hob. II. 28 Joseph Haydn Œuvres de la maturité de Haydn, les Nocturnes pour le Notturno n° 7 roi de Naples mettent en scène un instrument hybride qui connut un éphémère engouement autour de 1780, la lira Composition : 1789-1790. organizzata, sorte de vielle dont la caisse abrite un orgue Commande du roi Ferdinand IV miniature. La « vielle organisée » était l’instrument favori de Naples. du roi Ferdinand IV de Naples, qui commanda plusieurs Effectif : 2 lire organizzate œuvres pour deux lire à Haydn : c’est ainsi qu’ont vu le (flûte, hautbois), 2 cors, 2 violons, jour les cinq Concertos pour deux lire organizzate 2 altos, violoncelle, (contrebasse). Hob. VIIh.1-5 (1786-1787), et la série des huit Notturni Édition : Doblinger (Vienne). Hob. II. 25-32 (1789-1790). Les Nocturnes partagent avec les Concertos pour deux lire une même structure en trois mouvements vif-lent-vif, et une écriture de chambre où les parties de lire ne prédominent pas. Lors de sa première visite à Londres, en 1791-1792, Haydn révisa l’instrumentation de plusieurs Nocturnes (n° 3, 4, 5, 7, 8) pour leur exécution aux Concerts Salomon. Les deux lire et les deux clarinettes de l’effectif original furent remplacées par une flûte et un hautbois, et par deux violons ; la basse fut renforcée par une contrebasse. Probablement écrit d’emblée pour deux violons, le Notturno n° 7 (1790) fait se succéder trois formes sonate d’une écriture riche et intense, avec de belles surprises harmoniques. Commentaires Dimanche 6 juin - 16h30 Salle des concerts Nuits noires Luigi Dallapiccola La Piccola Musica notturna avait été commandée à Piccola Musica notturna Dallapiccola par Hermann Scherchen pour le neuvième Congrès de la Fédération Internationale des Jeunesses Dédicace : « Aux amis du Queens Musicales à Hanovre : « ... j’acceptai cette proposition qui College, ces sons nocturnes, évoqués m’offrait l’occasion de manifester au Maître ma gratitude pour avec nostalgie ». l’intérêt qu’il avait porté à ma musique depuis qu’il avait dirigé Création : le 7 juin 1954 à Hanovre, les Tre Laudi en 1937 » (Luigi Dallapiccola, notice du Festival Jeunesses Musicales, Festival de Venise, 1967). De même que la première direction Hjalmar Schatz. version, pour grand orchestre, celle-ci porte en épigraphe Effectif : flûte – hautbois, clarinette le poème Noche de Verano (Nuit d’été) du poète espagnol en si bémol, célesta, harpe, violon, Antonio Machado (1875-1939) auquel Luigi Dallapiccola alto, violoncelle. avait déjà eu recours dans ses Quattro Liriche di Antonio Éditeur : Schott/Ars Viva. Machado en 1948. Le titre de la pièce se réfère donc à cet univers sans que la musique ne revête un caractère directement illustratif. Nuit d’été C’est une belle nuit d’été. Les hautes maisons ont leurs fenêtres ouvertes sur la vaste place. Sur l’ample rectangle désert des bancs de pierre, des fusains et des acacias dessinent symétriquement leurs ombres noires sur le sable blanc. Au zénith, la lune et sur la tour la sphère de l’horloge illuminée. Moi dans ce vieux village déambulant tout seul, comme un fantôme. Antonio Machado (traduction de Sylvie Léger et Bernard Sesé, éditions Gallimard, NRF, 1973) Pierre Michel Joseph Haydn En 1761, Haydn entre au service des Esterházy à Symphonie n° 8 Eisenstadt ; nommé vice-maître de chapelle, il dispose d’un orchestre fraîchement réorganisé par le prince Paul Anton. Effectif : flûte, 2 hautbois, basson, Stimulé par sa nouvelle fonction et par l’ensemble d’une 2 cors, cordes. quinzaine de virtuoses qu’il dirige, il écrit trois symphonies Éditeur : Baerenreiter. où il démontre son talent et fait valoir ses musiciens, comme lui récemment engagés. Répondant au vœu du prince, la trilogie est associée aux heures du jour. Le Matin, Le Midi, Le Soir, où se cristallisent des procédés d’écriture qui deviendront caractéristiques de Haydn, frappent par leur alliance du passé baroque (sensible en particulier dans l’écriture concertante) et de traits modernes : moule en quatre mouvements dans Le Matin et Le Soir, finesse de la forme sonate, carrures régulières. Le Soir partage avec Le Midi une même référence à Gluck : l’Allegro molto cite intégralement l’air, alors célèbre, 37 36 Hector Berlioz, Traité d’orchestration, 1843 L’appartenance de cette œuvre au dodécaphonisme est à la fois réelle et distante : le compositeur s’attachait en ce début des années 1950 à résoudre certains problèmes structurels de la musique dodécaphonique (il avait choisi ici une série contenant tous les intervalles inférieurs à l’octave, comme l’ont parfois fait Berg et Nono entre autres), mais il maintenait dans la Piccola Musica notturna, plus que dans les Goethe Lieder (1953) par exemple, un lien avec des sonorités et des harmonies plutôt familières (quintes augmentées, sixtes, tierces). La dialectique de cette œuvre repose sur des contrastes entre contrepoint (souvent canonique) et « blocs » verticaux d’où émergent des repères thématiques, l’ensemble étant très raffiné sur le plan des timbres. En très peu de temps, et avec des moyens relativement simples, le compositeur déploie une perspective formelle laissée presque inachevée, dont les « échos » dépassent, dans notre imaginaire du moins, l’extinction de la dernière note... Commentaires « Il est aussi agile que les violons, le son de ses cordes graves a un mordant particulier, ses notes aiguës brillent par leur accent tristement passionné, et son timbre, en général, d’une mélancolie profonde, diffère essentiellement de celui des autres instruments. (…) Les chants des altos sur les cordes hautes font merveille dans les scènes d’un caractère religieux et antique. » M. F. 39 Commentaires 38 Nuits noires « Je n’aimais pas le tabac » de l’opéra-comique Le Diable à quatre. Le mouvement est une forme sonate monothématique, très inventive, ambiguë, qui puise tout son matériau dans cette chanson. Tripartite, avec une partie centrale plus dramatique, l’Andante est de caractère italien et joue de l’échange du thème entre deux groupes de solistes : deux violons concertants ; le violoncelle solo accompagné par le basson. Le menuet, sur un thème de ton populaire, tranche par son caractère « classique » et ses carrures régulières ; la contrebasse est soliste pendant tout le trio. Sous-titré Tempesta, le finale s’inscrit dans la lignée des concertos La Tempesta di mare de Vivaldi. Cette page tendue s’ouvre avec des notes répétées évoquant la pluie qui se met à tomber et fait apparaître des traits de flûte qu’on retrouvera associés à l’éclair dans l’Orage des Saisons (1801). François-Bernard Mâche François-Bernard Mâche est né en 1935 à Clermont-Ferrand. Il a effectué ses études musicales avec Émile Passani et Olivier Messiaen au Conservatoire National de Musique de Paris, où il a obtenu un Prix de philosophie de la musique en 1960. Il est membre fondateur du Groupe de Recherches Musicales de Pierre Schaeffer (1958-1963). Ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm (1955-1959), François-Bernard Mâche est diplômé d’archéologie grecque (1957), agrégé de Lettres (1958) et Docteur d’État en musicologie (1980). Compositeur et professeur invité dans de nombreux pays, il est l’auteur de nombreux articles théoriques et d’ouvrages tels que « Les mal entendus » (Revue Musicale n° 314-315, 1978), Musique, Mythe, Nature (Klincksieck, 1983, 1991 et Gordon & Breach, 1992), « Varèse, vingt ans après » (Revue Musicale n° 383-384-385), Entre l’observatoire et l’atelier (Kimé, 1998)… Il reçoit de nombreuses distinctions : Prix de la Biennale de Paris (1963), Prix Enesco de la Sacem (1964), Prix Italia (1977), Prix Chartier de l’Académie des Beaux- Arts (1984), Grand Prix National de la Musique (1988), Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres (1990). François-Bernard Mâche a élaboré une théorie et une méthode personnelles de composition, centrées autour des idées de modèle et d’archétype, et les a appliquées dans une part importante de son catalogue, qui compte plus de 80 titres. François-Bernard Mâche est Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Il a obtenu en 1998 le Prix Rossini de l’Académie des Beaux-Arts. Iannis Xenakis Compositeur, architecte, ingénieur civil, Iannis Xenakis est né le 29 mai 1922 à Braïla (Roumanie). Résistant de la Seconde Guerre Mondiale, il est condamné à mort ; réfugié politique en France depuis 1947, il acquiert la nationalité française en 1965. Iannis Xenakis se forme à l’Institut Polytechnique d’Athènes. Il fait ses études de composition musicale à Gravesano avec Hermann Scherchen et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec Olivier Messiaen. De 1947 à 1960, il collabore avec Le Corbusier comme ingénieur et architecte. Xenakis est l’inventeur des concepts de masses musicales, de musique stochastique et de musique symbolique par l’introduction du calcul des probabilités et de la théorie des ensembles dans la composition des musiques instrumentales, électroacoustique et par ordinateur. Il élabore plusieurs techniques compositionnelles constituant la « lingua franca » de l’avantgarde. Ses réalisations architecturales comprennent entre autres le Pavillon Philips (Exposition Universelle de Bruxelles, 1958) ou le Couvent de La Tourette (1955). Il a composé des Polytopes – spectacles sons et lumières – pour le Pavillon français (Exposition de Montréal 1967), pour le spectacle Persepolis (montagne et ruines de Persepolis, Iran, 1971), pour le Polytope de Cluny (Paris, 1972), pour le Polytope de Mycènes (ruines de Mycènes, Grèce, 1978), pour le Diatope (Inauguration du Centre Georges Pompidou, Paris, 1978). En 1965, il fonde le Centre d’études de Mathématique et Automatique Musicales (CEMAMu) à Paris, dont il est président. De 1967 à 1972, il est Associate Music Professor de l’Indiana University, Bloomington, et fondateur du Center for Mathematical and Automated Music (CMAM), à l’Indiana University. En 1970, il est nommé chercheur du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), en 1975 Gresham Professor of Music à la London City University. De 1972 à 1989, il est professeur à l’Université de Paris ISorbonne. Iannis Xenakis est décédé à Paris le 4 février 2001. Luigi Dallapiccola Né dans la péninsule d’Istrie (sur l’Adriatique), Luigi Dallapiccola vécut tout d’abord les problèmes liés à la fin de l’Empire austro-hongrois : son père, considéré comme un directeur de gymnase politiquement « suspect » , fut exilé avec sa famille à Graz pendant vingt mois en 1917-18. Étudiant la musique depuis 1912, Luigi Dallapiccola se rendit régulièrement à Trieste à partir de 1919 pour travailler l’harmonie et le piano, puis s’installa à Florence – sa ville d’adoption – en 1922. Il y termina ses études dix ans plus tard (ses maîtres au Conservatoire Luigi-Cherubini furent entre autres Ernesto Consolo pour le piano et Vito Frazzi pour l’harmonie, le contrepoint, la composition). Luigi Dallapiccola fut profondément marqué en tant que compositeur par différentes œuvres de la Seconde École de Vienne entendues dans les années 20 et 30 (particulièrement le Pierrot lunaire dirigé par Schönberg en 1924 à Florence). Si ses premières pièces – écrites à la fin des années 30 – portent encore l’empreinte de l’ancien madrigal italien, par exemple, le compositeur devait évoluer progressivement vers le dodécaphonisme et vers un certain humanisme musical provoqué par la tournure tragique des événements politiques. Il écrivit coup sur coup plusieurs pièces de protestation contre les dictatures (Canti di Prigionia, 1938-41 ; Il Prigioniero, 1944-48). Il s’imposa aussi comme l’un des compositeurs marquants par sa synthèse très personnelle entre le dodécaphonisme et un certain lyrisme mélodique que l’on peut percevoir dans ses trois opéras, ses nombreuses œuvres vocales ou chorales et même dans ses pièces instrumentales et orchestrales. Luigi Dallapiccola a enseigné le piano complémentaire au Conservatoire Cherubini de Florence de 1934 à 1967 (il eut Sylvano Bussotti parmi ses élèves) – il mena d’ailleurs parallèlement une carrière de pianiste en duo avec le violoniste Sandro Materassi – et la composition principalement aux États-Unis à l’occasion de plusieurs invitations, après 1950, du Berkshire Music Center de Tanglewood (où il eut Luciano Berio comme étudiant), du Queens College de Flushing (New York) et de l’Université de Californie (Berkeley). Dallapiccola fut membre de plusieurs académies artistiques (Berlin, Munich, New York, Londres) et remporta de nombreuses distinctions, dont le Prix Arthur-Honegger en 1972 à Paris. Sa musique, qu’il jouait ou dirigeait fréquemment luimême, a été et reste défendue dans le monde entier par les plus grands interprètes (Bruno Canino, Gaspar Cassado, Anssi Karttunen) et chefs d’orchestre (Hermann Scherchen, Bruno Maderna, Lorin Maazel, Leonard Bernstein, Pierre Boulez, Esa-Pekka Salonen, Claudio Abbado). Charles Ives Né en 1874 à Danburry (Connecticut), Charles Ives est mort en 1954 à New York. Il apprend la musique auprès de son père et est organiste de sa ville natale dès l’âge de 14 ans. Il étudie, entre 1894 et 1898, à l’université de Yale. En 1898, il décide d’entrer dans les affaires, et devient ainsi, en toute indépendance, un « musicien du dimanche » qui se consacre à la composition lors de ses weekends et de ses vacances. En 1907, il fonde, avec Julius Myrick, une compagnie d’assurances qui devient l’une des plus importantes des États-Unis. Une 41 Maurice Ohana Le 13 novembre 1992 s’éteignait à Paris le compositeur Maurice Ohana. Français d’origine hispano-andalouse, né à Casablanca le 12 juin 1914, il avait puisé son inspiration autant aux sources des musiques traditionnelles qu’à celles des musiques écrites et savantes. Enfant, sous l’impulsion de sa mère, il découvre le cante jondo espagnol et, dans les rues de Casablanca, les improvisations des musiciens berbères. Ces premiers contacts avec la musique le marquent définitivement. Après ses premières leçons de musique à Barcelone, entre 1927 et 1931, il fait l’essentiel de ses études à Paris. Se lançant tout d’abord dans l’architecture, il décide de se consacrer à la seule musique. Il travaille alors le piano avec Lazare Lévy et le contrepoint et l’harmonie avec Daniel-Lesur. Après la guerre, à laquelle il participe activement dans l’armée britannique lors des campagnes d’Afrique et d’Égypte, il est en 1944 à Rome, où il se lie avec le compositeur Alfredo Casella et la jeune école italienne au sein de l’Académie Sainte-Cécile. C’est sous leur influence qu’il compose ses premières partitions. De retour à Paris en 1946, Ohana participe à la fondation du groupe Zodiaque, qui entend défendre la liberté de langage contre les « tyrannies artistiques », visant plus particulièrement le dogme de la pensée sérielle. C’est dans cet esprit d’indépendance qu’il compose en 1950 l’une de ses œuvres majeures, Llanto por Ignacio Sánchez Mejías, marquée par Manuel de Falla et par le cante jondo. Il continue à forger son propre langage à l’aune du refus de tout intellectualisme et de la fidélité à la tradition, tant espagnole qu’africaine, particulièrement du point de vue rythmique, particularités qui gouvernent notamment les Cantigas (1953-54) et les Études chorégraphiques pour percussions (1955). Poursuivant son exploration de l’univers des sons, sa quête le conduit aux micro-intervalles (tiers et quarts de tons), qu’il utilise entre autres dans le Tombeau de Claude Debussy (1962). Parmi ses œuvres de la maturité, Cris pour chœur a cappella (1968), l’un des fruits de l’expérience de la musique électroacoustique, les Vingt-quatre Préludes pour piano, hommage à Chopin créé par Jean-Claude Pennetier en 1973, l’Anneau du Tamarit pour violoncelle et orchestre d’après Garcia Lorca (1976), Lys de madrigaux pour voix de femmes et ensemble, la Messe créée au festival d’Avignon en 1977, le Livre des Prodiges pour orchestre (1978-1979). Son opéra La Célestine (1982-1986) a été créé à l’Opéra de Paris en 1988, et son ultime partition, Avoaha, date de l’année même de sa mort. Biographies Biographies 40 Biographies des compositeurs Béla Bartók Compositeur hongrois, excellent pianiste, né en 1881 à Nagyszentmiklós, Béla Bartók commence l’étude du piano avec sa mère, puis avec László Erkel. Il poursuit ses études de musique à l’Académie Royale de Budapest auprès de István Thomán (piano) et János Koessler (composition). Il y séjourne en compagnie de son ami Ernö Dohnányi ; c’est à ce moment qu’il est mis en contact avec le mouvement nationaliste hongrois. Dès 1902, il écrit ses premières mélodies sur des textes hongrois et compose son poème symphonique Kossuth, à la gloire du héros national. En 1904, il entend pour la première fois une véritable chanson populaire hongroise et commence alors à enquêter de manière systématique sur le folklore hongrois avec son ami Zoltán Kodály. Parallèlement à son activité de compositeur, il pose ainsi les fondements de l’ethnomusicologie. En 1907, il est nommé professeur de piano à l’Académie de musique de Budapest, sa vie se partage désormais entre ces trois activités. Ses compositions sont alors très marquées par ses recherches dans le terroir folklorique : il y découvre, outre l’échelle pentatonique, des combinaisons polyrythmiques non symétriques qu’il utilise dans ses premières œuvres pour piano comme dans les Danses bulgares de Mikrokosmos. En 1908, il écrit un recueil de pièces pour piano, Pour les enfants, fournissant une contribution importante à la pédagogie musicale. Peu avant 1914, il donne de nombreuses pièces, dont l’Allegro barbaro (1911), où il traite le piano pour la première fois en instrument de percussion. Fort de ce succès, il poursuit sa lancée avec un opéra, Le Château de BarbeBleue (1914-1917), puis avec le ballet Le Mandarin merveilleux (1918-1919), où se révèle l’influence du Sacre du Printemps de Stravinski. Il composera des concertos – pour violon, pour piano et pour alto –, de la musique de chambre – sonates pour violon et piano, six Quatuors à cordes –, de la musique symphonique – Musique pour cordes, percussion et célesta (1936), où il met en œuvre de nombreuses textures et techniques de jeu… Parallèlement, il poursuit inlassablement son travail de recensement des musiques folkloriques de tous pays (y compris d’Afrique du Nord). Ce travail, qui lui permet de puiser dans un fonds d’inspiration très riche, lui tient particulièrement à cœur. Il déclare : « plus une chanson est primitive, plus son harmonisation et son accompagnement peuvent être singuliers. » L’influence de la musique populaire des villages sur la musique savante est au centre de son activité. À cela s’ajoute une carrière de concertiste en Europe et aux États-Unis où, en 1939, il se produit avec le violoniste Joseph Szigeti et le clarinettiste de jazz Benny Goodman, pour lesquels il a composé, un an plus tôt, Contrastes pour clarinette, violon et piano. Hostile au régime politique hongrois proche du nazisme, il choisit en 1940 d’émigrer aux États-Unis. Mais l’incompréhension, la gêne et la maladie hâtent sa fin ; en 1943, Béla Bartók achève son Concerto pour orchestre. Le succès que rencontre cette œuvre lui vaut de nombreuses commandes qui arrivent trop tard. Alors qu’il travaille à l’Université de Columbia, la leucémie le gagne et il meurt à New York le 26 septembre 1945. Ses cendres seront rapatriées en Hongrie en juillet 1988. Emmanuel Nunes Emmanuel Nunes est né le 31 août 1941 à Lisbonne. Il étudie l’harmonie et le contrepoint de 1959 à 1963 à l’Académie de Musique de cette ville avec Francine Benoît. De 1961 à 1963, il suit aussi des cours de philologie germanique et de philosophie grecque à l’Université de Lisbonne. Aux cours d’été de Darmstadt, qu’il suit de 1963 à 65, il est particulièrement marqué par les cours de composition de Henri Pousseur et de Pierre Boulez. Se fixant à Paris en 1964, il étudie seul dans le but d’aller travailler avec Karlheinz Stockhausen à Cologne, ce qu’il fait à partir de l’année suivante et pour deux ans (cours à la Rheinische Musikhochschule avec Stockhausen, mais aussi Pousseur pour la composition, Jaap Spek pour la musique électronique, Georg Heike pour la phonétique). L’analyse des Momente par Stockhausen luimême fut vécue par Nunes comme l’« étape la plus importante de sa première initiation à la composition ». Obtenant en 1971 un premier prix en esthétique musicale avec Marcel Beaufils au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il entreprend un travail de doctorat sur Webern qu’il abandonne finalement deux ans plus tard. Il est boursier du Ministère de l’Éducation Nationale du Portugal en 1973/74 et de la Fondation Gulbenkian en 1976/77. Il est invité par la D.A.A.D. de Berlin comme compositeur en résidence en 1978/79. Il obtient la Bourse de la création du Ministère français de la Culture en 1980. Il enseigne la composition, à partir de 1981, à la Fondation Gulbenkian, à Lisbonne, puis à la Musihochschule de Fribourgen-Brisgau de 1986 à 1992. Emmanuel Nunes est nommé professeur de composition au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1992. Il a également exercé des activités pédagogiques à l’université de Harvard, à l’Ircam, au Darmstädter Ferienkurse für Neue Musik, et à l’ICONS de Novara (Italie). Plusieurs de ses œuvres ont fait l’objet d’une commande de la Fondation Gulbenkian, de Radio France, du Ministère français de la Culture, et ont été jouées lors d’importants Festivals internationaux et retransmises par les grandes radios européennes. Elles sont éditées par Jobert et Ricordi, et abordent divers genres : du solo instrumental (Litanies du feu et de la mer I et II pour piano ; Aura pour flûte seule) aux grands ensembles (Quodlibet pour 28 instruments, six percussionnistes et orchestre ; Machina Mundi pour quatre instruments solistes, chœur, orchestre et bande magnétique). L’Ensemble Intercontemporain a enregistré les Lichtung I et II en 2001, parus en 2003 chez Accord. En 1999, Emmanuel Nunes obtient le Prix CIM – UNESCO. En décembre 2000, le ministère portugais de la Culture lui décerne le prestigieux Prix Pessoa. Henri Dutilleux C’est en 1933 que Henri Dutilleux est admis au Conservatoire de Paris, où il a pour maîtres Noël Gallon (contrepoint et fugue), Philippe Gaubert (direction d’orchestre) et Henri Busser (composition). Il en sort avec un premier prix d’harmonie, puis de contrepoint et de fugue, avant d’obtenir le Grand Prix de Rome de composition en 1938. Ses premières œuvres sont créées pendant la guerre (Quatre Mélodies pour chant et piano, en 1943, Geôle pour chant et orchestre, en 1944). Nommé en 1945 directeur du Service des illustrations musicales de la Radiodiffusion française (poste qu’il occupera jusqu’en 1963), il est en contact avec des musiciens de toutes les tendances, ce qui contribue énormément à enrichir sa propre expérience de compositeur : sa Première Symphonie est créée en 1951 par Roger Desormière et l’Orchestre National de France, le ballet Le Loup en 1953 par la compagnie Roland Petit… La Deuxième Symphonie « Le Double » (1959), créée par Charles Munch à Boston, puis les Métaboles (1965), une de ses œuvres les plus fréquemment jouées, enfin le Concerto pour violoncelle et orchestre « Tout un monde lointain », commandé par Mstislav Rostropovitch, lui assurent un succès qui ne se dément pas. Son quatuor à cordes Ainsi la nuit est bissé lors de sa première audition à Paris, fait exceptionnel pour une œuvre de musique contemporaine. Grand Prix national de la musique en 1967 43 Dmitri Chostakovitch Issu d’une famille russe cultivée, Dmitri Chostakovitch commence l’apprentissage du piano en 1915 avec sa mère, pianiste professionnelle. En 1919, il entre au Conservatoire de Pétrograd, dirigé par Alexandre Glazounov. Il étudie le piano avec Leonid Nikolaïev et la composition avec Maximilien Steinberg. Dès 1925 il écrit sa première grande œuvre, la Symphonie n° 1, l’une de ses compositions les plus populaires. En 1927, le gouvernement lui commande une seconde symphonie, pour commémorer l’anniversaire de la Révolution d’Octobre. Ce sera pour lui le début d’une étrange carrière de compositeur « officiel », caractérisée par une alternance de consécrations et de réprimandes : ainsi la condamnation par la Pravda de son opéra Lady Macbeth de Mtzensk en 1936, et sa consécration en 1941 grâce à sa Symphonie n° 7, qui célèbre la résistance de Leningrad contre l’invasion hitlérienne et pour laquelle il reçoit le prix Staline. En 1943, il s’installe à Moscou et enseigne au Conservatoire tout en composant intensément. Il reçoit de nombreuses distinctions dans son pays comme à l’étranger. En 1949, il se rend aux États-Unis comme délégué à la Conférence mondiale de la paix et, en 1966, il porte le titre de héros du travail socialiste. Il décède en 1975, à la suite de plusieurs attaques cardiaques. Son œuvre comporte 147 numéros d’opus dont quinze symphonies, quinze quatuors à cordes, six concertos, trois opéras, trois ballets, de très nombreuses œuvres de musique de chambre, de scènes et de films ainsi que des mélodies. La totalité de son œuvre se caractérise par un acte de foi personnel traduisant l’âme russe dans ses moindres replis. Influencé par Moussorgski, Mahler et Berlioz, le langage de Chostakovitch est résolument ancré dans le XXe siècle tout en restant très personnel. Biographies Biographies 42 déficience cardiaque le réduit en 1930 à un état de semiinvalidité. Son œuvre – qui a principalement été écrite entre 1900 et 1918 et qui comporte une centaine de mélodies, quatre symphonies, deux sonates pour piano, deux quatuors à cordes et un grand nombre de pièces instrumentales pour des formations diverses – n’a guère été jouée avant les années 1950. Charles Koechlin Issu de la grande bourgeoisie industrielle d’Alsace, Charles Koechlin se destine à une carrière militaire et entre à Polytechnique en 1887. À la suite d’une grave maladie, il se consacre à la musique et entre au Conservatoire de Paris en 1889. Il travaille avec Antoine Taudou (harmonie), Jules Massenet (composition et orchestration), Gabriel Fauré (composition) et André Gédalge (contrepoint et fugue). En 1909, il fonde avec Maurice Ravel et Florent Schmitt la Société Musicale Indépendante pour promouvoir la cause de la musique contemporaine. De 1910 à 1920, il entreprend une série de recherches architectoniques qu’il matérialise dans une quinzaine d’œuvres de musique de chambre (sonates pour différents instruments, quatuors et quintettes) ainsi que dans quelques compositions orchestrales : La Forêt païenne (1908), Les Saisons (1912), Trois Chorals pour orgue et orchestre et Cinq Chorals pour orchestre (1912-1920). Passionné de la nature, il composera notamment, La Forêt (1907), Le Printemps, l’Hiver, l’Été (1908-1916), la Symphonie d’hymnes (Prix Cressent 1936), Le Livre de la jungle (1939), Paysages et marines pour piano. En 1920, le compositeur fait partie du groupe Les Nouveaux Jeunes, précurseur du Groupe des Six. Koechlin compose également pour la voix, dans une écriture traditionnelle qui use librement des notes de passage et utilise les modes anciens : Vingt Chansons bretonnes pour cello ou piano et orchestre (1931), Fugue symphonique pour orchestre (1932), Cinq Chorals dans les modes du Moyen Âge pour orchestre (1932), Hymne pour ondes Martenot et orchestre (1932), Sonatine modale pour flûte et clarinette (1935), Chœurs monodiques de style modal pour l’Alceste d’Euripide (1938), Motets de style archaïque (1949). Il écrit des musiques de film et des partitions de concert en hommage à la beauté de certaines stars : L’Album de Lilian (1934), Sept Chansons pour Gladys (1935), Danses pour Ginger (1937), Épitaphe de Jean Harlow (1937) ; il compose également une grande fresque en sept parties, The Seven stars symphony (1933), qui évoque Douglas Fairbanks, Lilian Harvey, Greta Garbo, Clara Bow, Marlène Dietrich, Emil Jannings et Charlie Chaplin. Avec ses 225 numéros d’opus, Koechlin édifie l’une des œuvres les plus imposantes de sa génération. Il aborde également le poème symphonique avec Les Vendanges (1896-1906), La Nuit de Walpurgis classique (19011907), Chant funèbre à la mémoire des jeunes défuntes (1902-1907). Le compositeur ne délaisse pas non plus la musique de chambre : Sonate pour flûte et piano (1913), 4 Sonatines françaises pour piano à 4 mains (1919), Quintette avec piano (1921). Koechlin fût aussi professeur et ses traités font autorité : Études sur les notes de passage (1922), Traité de l’orchestration (1954-1959)... Francis Poulenc, Germaine Taillefer, Roger Désormière, Henri Sauguet firent partie de ses élèves. Heinz Holliger Né en 1939 à Langenthal, hautboïste, compositeur et chef d’orchestre, Heinz Holliger a fait ses études à Berne, Paris et Bâle auprès d’Emile Cassagnaud et Pierre Pierlot (hautbois), Sava Savoff et Yvonne Lefébure (piano) ainsi que Sándor Veress et Pierre Boulez (composition). Après avoir été lauréat des concours les plus prestigieux, Heinz Holliger débute une carrière internationale en tant que hautboïste et se fait un nom en tant que compositeur. Partagé entre l’interprétation et la création, il est constamment à la recherche de nouvelles techniques instrumentales et se consacre pleinement à la musique contemporaine. De nombreux prix lui sont décernés, entre autres le Prix Sonning (Copenhague), le Prix Musical de la Ville de Francfort, le Prix Ernst von Siemens, le Prix de Composition de l’Association suisse des musiciens. Plusieurs compositeurs importants lui dédient des œuvres. La création de son opéra Schneewittchen d’après des textes de Robert Walser à l’Opéra de Zurich en octobre 1998 a été particulièrement appréciée par le public et la presse. En septembre 2001, András Schiff a créé son œuvre Partita dans le cadre des Berliner Festwochen. Les créations du quatrième mouvement de son Concerto pour violon (Thomas Zehetmair) et de Puneigä d’après des poèmes d’Anna Maria Bacher (Juliane Banse) ont été données en novembre 2002 au festival Wien Modern. Ces dernières années ont vu le développement de ses activités de chef d’orchestre. Il dirige tous les grands orchestres suisses ainsi que des orchestres internationaux comme l’Orchestre Philharmonique de Berlin, l’Orchestre de Cleveland, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, l’English Chamber Orchestra, le Philharmonia Orchestra de Londres, l’Orchestre Philharmonique et l’Orchestre Symphonique de Vienne, etc. Il est chef invité permanent de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, de l’Orchestre du Festival de Budapest et de l’Orchestre Symphonique de la Radio SWR à Stuttgart. Avec le Chamber Orchestra of Europe, l’Ensemble Modern et la Deutsche Kammerphilharmonie, il a effectué des tournées et des enregistrements. Heinz Holliger a réalisé de nombreux enregistrements chez Teldec, Philips, Harmonia Mundi et ECM. Il est professeur au Conservatoire de Musique de Freiburg im Breisgau en Allemagne. Biographies des interprètes Concert du 1/06 - 20h Roland Hayrabedian Depuis la création du Chœur Contemporain en 1978, puis de Musicatreize, ensemble instrumental et vocal, en 1987, Roland Hayrabedian n’a jamais cessé d’aborder la création musicale. Très vite, il établit une relation privilégiée avec les compositeurs et s’attache à créer des liens entre les diverses créations qu’il suscite (comme Musiques, an 13 lors du treizième anniversaire de l’ensemble en 2000 ou Les Tentations, nouveau cycle de créations 2002-2005). Il aborde dans ses concerts, en France et à l’étranger, un répertoire qui mêle la création musicale d’aujourd’hui, les œuvres clés du XXe siècle et les œuvres classiques ou baroques. Il se fait particulièrement remarquer pour ses interprétations et ses enregistrements des œuvres de Maurice Ohana et obtient de nombreux prix discographiques. Formé à la direction d’orchestre, il consacre cependant une grande part de son énergie à la voix, dirigeant des formations a cappella ou avec orchestre. Chef invité de l’Orchestre du Festival de Spoleto en Italie, de la Capella de Leningrad, des chœurs de Radio France, de l’Orchestre Philharmonique des Pays de Loire, de l’Orchestre Philharmonique de Lorraine, de l’Orchestre d’Avignon (OLRAP), il collabore avec des ensembles comme les Percussions de Strasbourg, Musique Vivante, Musique Oblique, 2e2m, TM+ et divers ensembles étrangers ; il travaille également avec des solistes de renommée internationale comme les pianistes Jay Gottlieb, Marie-Josèphe Jude, Jean-Claude Pennetier, Alain 45 Arnold Schönberg Après ses premières leçons de violon et de violoncelle, il compose en s’inscrivant dans la lignée du chromatisme wagnérien et du symphonisme brahmsien, tandis que Zemlinsky l’initie aux règles du contrepoint : La Nuit transfigurée, Pelléas et Mélisande, Gurrelieder… De retour à Vienne où l’attendent Berg et Webern, après un premier séjour berlinois (1901-1903), il étudie la théorie musicale et commence à peindre : période de suspension de la tonalité et de maturation pantonale jalonnée par la Symphonie de chambre op. 9, le Quatuor à cordes op. 10, les Pièces pour piano op. 11, les Cinq pièces pour orchestre op. 16 avec leur Klangfarben-melodie… Nommé Privatdozent (chargé de cours) à l’Académie de musique de Vienne, il retourne à Berlin (1911-1914), où naît Pierrot lunaire, première partition à intégrer le Sprechgesang. II fonde en 1918 la Société d’exécutions musicales privées et parfait, dès 1923, sa technique du dodécaphonisme sériel : Sérénade op. 24, Variations pour orchestre op. 31, Moïse et Aaron… Succédant à Busoni à l’Académie des Arts de Berlin (1925-1933), il est contraint de quitter l’Allemagne pour Paris, puis pour Boston et New York. Installé à Los Angeles, où il donne des leçons à titre privé, il est nommé professeur à l’université de Los Angeles en 1936, avant d’ultimes conférences à Chicago et Princeton : Concerto pour piano, Trio à cordes, Un survivant de Varsovie. Auteur d’ouvrages théoriques fondamentaux, Arnold Schönberg s’est défini comme « un conservateur qu’on a forcé à devenir révolutionnaire ». Biographies Biographies 44 pour l’ensemble de son œuvre, il est nommé en 1970 professeur de composition au Conservatoire de Paris. Peu abondante mais d’une exceptionnelle qualité, l’œuvre de Dutilleux a toujours fait l’unanimité. Refusant tout systématisme, son langage, très personnel, se caractérise par une grande souplesse rythmique et mélodique, qui s’appuie sur une instrumentation subtile et raffinée. Reflet d’une profonde vérité intérieur, elle allie poésie et imagination à une recherche d’écriture dense et complexe. Heisser et Brahms dans l’enregistrement des Danses hongroises publié par Naïve (2001). Marie-Josèphe Jude enregistre en exclusivité chez Lyrinx. Claire Désert Claire Désert est née à Angoulême en 1967. Entrée à l’âge de 14 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, elle y obtient le Premier Prix de musique de chambre dans la classe de Jean Hubeau, ainsi que le Premier Prix de piano à l’unanimité du jury (Prix spécial du concours 1985), dans la classe de Vensislav Yankoff. Admise en cycle de perfectionnement de piano au cours de cette même année, le gouvernement français lui attribue une bourse pour une année d’études à Moscou dans la classe d’Evgeni Malinin au Conservatoire Tchaïkovski. À son retour, elle entre en cycle de perfectionnement de musique de chambre dans la classe de Roland Pidoux. Elle a été invitée par de nombreux festivals (Montpellier, La Roque-d’Anthéron, Festival Estival de Paris, Piano aux Jacobins... ) en récital ou avec orchestre (Orchestre de Paris, Orchestre National d’Île-deFrance, Orchestre Philharmonique de Radio France, Orchestre Symphonique de Québec, Orchestre Philharmonique de Strasbourg...). La musique de chambre représente également une part importante de son activité puisqu’elle fait partie du quatuor Kandinsky. Elle se produit fréquemment avec le pianiste Emmanuel Strosser, le violoniste Régis Pasquier, le quatuor Parisii... Le premier enregistrement de Claire Désert, paru chez Fnac Musique et consacré à Schumann, a obtenu le « 10 » de Répertoire. Fin 1995, sortent sous le même label l’enregistrement des concertos de Scriabine et de Dvorák avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg sous la direction de Théodor Guschlbauer, pour lequel elle obtient en 1997 une Victoire de la Musique, et un enregistrement à deux pianos consacré à Brahms avec le pianiste Emmanuel Strosser. Depuis, ses prestations en récital se multiplient, tant en France qu’à l’étranger (Italie, Europe Centrale, Amérique du Sud... ). Claire Désert participe au projet de René Martin qui consiste à donner dans de nombreuses villes et capitales l’intégrale des sonates de Beethoven avec cinq autres pianistes, dont Emmanuel Strosser. Le Chœur Contemporain Le Chœur Contemporain a été fondé en 1978 à Aix-enProvence par Roland Hayrabedian. Son effectif, de 40 à 80 choristes en fonction des années et des productions, est constitué d’amateurs passionnés qui partagent le même esprit d’ouverture au monde sonore, le même goût pour les musiques d’aujourd’hui et la même volonté d’investissement personnel dans une aventure commune au service d’un répertoire trop souvent méconnu et négligé. Son répertoire s’étend des « classiques » du XXe siècle aux créations les plus récentes. L’une des seules formations constituées d’amateurs en France à se consacrer prioritairement au répertoire des musiques d’aujourd’hui, le Chœur Contemporain représente un outil unique pour les compositeurs et de ce fait se voit confier de nombreuses créations. Ainsi, en mai 1998, sous l’impulsion des Polyphonies françaises en pays d’Aix, le Chœur Contemporain et trois autres chœurs aixois ont créé Les Sept Portes, de Lucien Guérinel, sur des poèmes d’Yves Namur. En 1997, à l’occasion du 16e centenaire de la mort de saint Martin, Félix Ibarrondo fut sollicité par l’entremise d’Henri Dutilleux pour écrire une œuvre musicale à la mémoire du Saint. Cette pièce pour chœur mixte, soprano, baryton solistes et récitant, fut créée par le Chœur Contemporain et l’Ensemble instrumental Musicatreize le 15 novembre 1997. En plus de vingt ans d’existence, bon nombre de festivals parmi les plus prestigieux (Festival d’Îlede-France, Festival d’Art sacré de Paris, Festival d’Avignon, Manca de Nice, Montpellier avec Radio France, Besançon, Saint-Jacques de Compostelle) et d’organisateurs de concerts parmi les plus grands (Fondation Royaumont, Arsenal de Metz) ont invité le Chœur Contemporain à se produire. Soucieux de la diffusion d’un répertoire peu joué et de fait encore mal connu du grand public, le Chœur Contemporain affiche une volonté marquée d’inscrire à son répertoire les œuvres qu’il crée afin de les donner plusieurs fois en concert, voire de les enregistrer. En 1989, le Chœur Contemporain, les Percussions de Strasbourg et la Compagnie Preljocaj ont créé la version scénographique des Noces de Stravinski, donnée des centaines fois en France et à l’étranger. Les 23 et 26 mars 2003, le Chœur Contemporain a rendu hommage à Maurice Ohana à Marseille et Paris en coproduisant les Cantigas avec l’ensemble instrumental Musicatreize. Le Chœur Contemporain reçoit le soutien de la Drac Provence-AlpesCôte d’Azur, du Conseil Général du département des Bouches-duRhône, de la Ville de Marseille, de la Sacem et de la SPEDIDAM dans le cadre d’un programme de formation permanente de jeunes chanteurs professionnels. Sopranos Anneliese Benoît Sabine Boukobza Bénédicte Pereira Anne Périssé Marion Schürr Véronique Van Lerberghe Altos Laurence Esquieu Marion Fribourg Aude Gérard Eva Moussiegt Marie Sarlin Madeleine Webb Ténors Florian Beaudrey Michel Carabœuf Pascal Denoyer Paul-Eric Labrosse Vincent Madignier Philippe Maury Emilien Moreau Basses Hervé Audoli Eric Chopin Christophe Gutton Philippe-Nicolas Martin Etienne Planel Jean-Michel Rippes 47 Marie-Josèphe Jude Née en 1968, Marie-Josèphe Jude dévoile très tôt ses affinités avec le piano sous le parrainage de György Cziffra et recueille plusieurs récompenses, dans un premier temps, et une reconnaissance unanime aujourd’hui. Elle fait ses classes dès l’âge de 13 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, qui la couronne trois ans plus tard des Premiers Prix de piano et de musique de chambre. Elle obtient également une licence de harpe à l’École Normale de Paris. De cette formation concentrée naissent des échanges, avec Aldo Ciccolini pour le piano, Jean Hubeau pour la musique de chambre, Jean-Claude Pennetier en troisième cycle. De nouvelles rencontres lui offriront par la suite l’occasion de perfectionner son approche du répertoire, contemporain avec le compositeur Maurice Ohana, classique et romantique avec Leon Fleisher, György Sebök, Maria João Pires et surtout Maria Curcio-Diamand, disciple d’Artur Schnabel. Ces années de quête vécues au piano de façon intense mais sans précipitation la mènent au rang de finaliste du Concours ClaraHaskil en 1989. Plus tard encore, les Victoires de la Musique la consacrent Nouveau Talent de l’année 1995. Seule ou accompagnée, elle est accueillie dans les salles et festivals du monde entier, de Montpellier à Bath, de La Roque-d’Anthéron à Kuhmo, de Bagatelle à Locarno... Sous la baguette d’Emmanuel Krivine, Frans Brüggen, Charles Dutoit, Klaus Weise, Jean-Yves Ossonce et Philippe Bender, elle est soliste de l’Orchestre de Paris, de l’Orchestre Philharmonique de Nice, de l’Orchestre National de Lyon et de l’Orchestre National de France ; à l’étranger, de l’Orchestre de l’Académie Chopin de Varsovie, du BBC Scottish Orchestra et de l’Orchestre Symphonique de Bâle. Si elle joue fréquemment avec Jean-François Heisser, Marie-Josèphe Jude aime également la complicité musicale de Laurent Korcia, Lluis Claret, Henri Demarquette, Sonia WiederAtherton, Jean-Jacques Kantorow, Xavier Phillips, Michel Portal ou encore Pascal Moraguès. En regard du concert, le disque lui permet de s’attarder sur son répertoire de prédilection : Dutilleux/Ohana (Harmonia Mundi, 1995, « Choc » du Monde de la musique), l’œuvre pour piano seul de Brahms en intégrale (Lyrinx, 1998, quatre disques parus à ce jour, ƒƒƒƒ de Télérama pour les volumes I et IV) et Mendelssohn (Lyrinx, 2000, « Choc » du Monde de la Musique, ƒƒƒƒ de Télérama et recommandé par Répertoire). Elle retrouve Jean-François Biographies Biographies 46 Planès, Georges Pludermacher ou Abdel Rahman El Bacha. Attiré par la musique de scène, le théâtre musical et le ballet, il collabore volontiers avec des metteurs en scène ou chorégraphes (Ariel Garcia Valdès, Pierre Barrat, Eric Ruf ou Angelin Preljocaj). Roland Hayrabedian aime se situer à l’endroit du passeur. Ce qui l’amène naturellement à exercer une activité de pédagogue. Depuis 2002, il est directeur musical de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Il enseigne également au Conservatoire National de Région de Marseille. Sopranos Kaoli Isshiki Elizabeth Grard Claire Gouton Altos Mireille Qercia Felicitas Bergmann Laura Gordiani Ténors Eric Raffard Jérôme Cottenceau Gilles Schneider Basses Patrice Balter Ioannis Idomeneos Hubert Deny Concert du 3/06 - 20h Gidon Kremer Gidon Kremer est né à Riga, en Lettonie, en 1947, de parents d’origine allemande. Après avoir reçu de ses parents sa première éducation musicale dès l’âge de 4 ans (son père et son grandpère étaient tous deux violonistes), il entre à l’École de musique de Riga puis, en 1965, au Conservatoire de Moscou dans la classe de David Oïstrakh. Il reçoit alors de nombreuses récompenses : Concours de Bruxelles en 1967, Concours Paganini de Gênes en 1969 et concours Tchaïkovski de Moscou en 1970. Après plusieurs tournées au sein de l’Union soviétique, il se produit de plus en plus à l’Ouest : il donne son premier concert en Allemagne en 1975, fait ses débuts au Festival de Salzbourg en 1976 et à New York en 1977. Parallèlement, il devient le directeur artistique du festival de musique Art Projekt’92 de Munich. En 1981, Gidon Kremer fonde le Festival international de musique de chambre de Lockenhaus en Australie. C’est là que se rencontrent de jeunes artistes qui présentent des concerts de musique de chambre innovants, qu’ils donnent par la suite en tournées. En 1992, ce festival prend le nom de Kremarata Musica. En 1996, Gidon Kremer fonde l’orchestre de chambre Kremerata Baltica pour encourager les remarquables jeunes musiciens des trois états Baltes. Il se produit régulièrement avec cet orchestre. Gidon Kremer est également le directeur musical de l’Été musical de Gstaad en Suisse, succédant à ce poste à Yehudi Menuhin. Son large répertoire s’étend du baroque aux œuvres de Henze ou Stockhausen. Grâce à lui, des compositeurs tels que Schnittke, Pärt, Goubaïdoulina ou Denisov ont rencontré un nouveau public à l’Ouest – certaines de leurs œuvres lui sont dédiées. Martha Argerich, Valery Afanassiev, Oleg Maisenberg et Vadim Sakharov comptent parmi ses partenaires préférés. Gidon Kremer a enregistré plus d’une centaine de CD : dans Happy Birthday, un de ses récents enregistrements avec les membres du Kremerata Baltica, il crée plusieurs nouvelles versions de l’air le plus chanté dans le monde, celui de « Joyeux anniversaire » ; citons aussi un album, After Mozart, où Gidon Kremer interprète des œuvres de Mozart, de son père et de trois compositeurs contemporains autour de pièces très populaires comme La Petite Musique de nuit ou la Symphonie des jouets. Gidon Kremer apprécie également les compositions du musicien argentin Astor Piazzolla auquel il a consacré plusieurs albums : Tracing Astor, Hommage à Piazzolla et El tango, où le quatuor Kremer’s Astor interprète plusieurs morceaux arrangés par Piazzolla luimême, et enfin Eight Seasons, où Gidon Kremer fait se rencontrer Vivaldi et Piazzolla. Gidon Kremer joue sur un violon Guarneri del Gesù daté de 1730. Michael Gielen Michael Gielen est né à Dresde en 1927, mais sa famille émigre en Argentine en 1940. Son père était un chef connu au Burgtheater de Vienne ; son oncle était le pianiste et compositeur Eduard Steuermann, étudiant de Busoni et Schönberg. À Buenos Aires, il étudie la philosophie, le piano, la théorie et la composition ; il commence sa carrière comme répétiteur du théâtre Colon. En 1949, toujours à Buenos Aires, il interprète l’intégrale de l’œuvre pour piano de Schönberg. En 1950, il devient répétiteur et chef de l’opéra d’État de Vienne et acquiert ainsi une renommée internationale. En 1960, Michael Gielen est nommé directeur de l’Opéra royal de Stockholm, puis chef de l’Orchestre National Belge en 1968. Plus tard, il dirige l’Opéra des Pays-Bas jusqu’en 1975. De 1978 à 1981, il est chef invité de l’Orchestre Symphonique de la BBC de Londres, tout en étant, depuis 1977, le chef d’orchestre de l’Opéra de Francfort et le directeur musical général pour la ville de Francfort. Au début des années 80, il est directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Cincinnati aux États-Unis. De 1987 à 1995, il dirige les masterclasses de l’académie musicale du Mozarteum de Salzbourg. C’est au début de la saison 1986/87 que Michael Gielen devient le chef de l’orchestre symphonique du Südwestrundfunk à BadenBaden et Fribourg. Le large éventail de son répertoire, de Bach à la musique contemporaine avant-gardiste, donne une dimension particulière aux concerts et aux enregistrements des symphonies de Beethoven ou Mahler. Sous sa direction, l’orchestre se produit au Festival de Salzbourg, au Festival d’Automne à Paris, au Festival International d’Édimbourg, au Festival de Berlin, au Carnegie Hall de New York ainsi que dans plusieurs salles célèbres du monde entier. Depuis 1999, il est le chef invité de l’orchestre symphonique du Südwestrundfunk à BadenBaden et Fribourg. En 2002, il reçoit le prix Cannes Classical Lifetime Achievment et, à l’occasion de son 75e anniversaire, il est nommé chef d’honneur à vie par l’orchestre Süd West Rundfunk de BadenBaden et Fribourg. Michael Gielen est également compositeur : Variations pour 40 instruments (1940), Ein Tag tritt hervor, cantate sur un poème de Pablo Neruda (1963), String Quartet (1983), un trio pour trois violoncelles, Rückblick (1989), et une sonate pour violoncelle seul (1991)… 49 fait entendre et découvrir des œuvres majeures de Xenakis, Stravinski, Ravel, Debussy, Messiaen, Chostakovitch… Roland Hayrabedian fait varier les formations (de 12 chanteurs a cappella au grand orchestre avec chœur jusqu’à l’opéra) au gré des cycles de commandes : une véritable émulation musicale. Impertinents parfois, inattendus souvent, les concerts de Musicatreize relèvent de l’aventure. Cette volonté d’engager dialogue et connivence avec les compositeurs et les spectateurs s’exprime lors de la saison de concerts que l’ensemble programme à Marseille, dans l’église Saint-Charles, et dans les « avant-goûts », manifestations offertes par Musicatreize à son public autour de sa programmation. SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg Cet orchestre est né le 1er février 1946. Heinrich Strobel, premier directeur musical de la nouvelle chaîne de radio Südwestfunk de la zone française avait pris des contacts pour animer rapidement la vie musicale de la chaîne. Il fit venir à Baden-Baden Hans Rosbaud, qui était le chef d’orchestre de la Philharmonie de Munich, personnage culte de la radio allemande. Sous son influence, l’ensemble s’est particulièrement intéressé à la musique contemporaine et a acquis une réputation dans les pays voisins par ses tournées à Bâle, Aix-en-Provence et Paris. Hans Rosbaud et Ernst Bour, son successeur, ont considéré comme une mission culturelle essentielle de présenter des œuvres nouvelles. L’orchestre est toujours apprécié aujourd’hui pour son répertoire étendu, son ouverture, son assiduité et sa qualité acoustique. En 1950, l’orchestre se lie avec la ville Donaueschingen, haut lieu Biographies 48 Biographies Musicatreize Roland Hayrabedian a pensé l’ensemble Musicatreize pour répondre, avec le plus de justesse possible, aux nécessités instrumentales et vocales les plus diverses. Depuis 1987, cet outil singulier dans le paysage musical français chemine à travers les siècles et les esthétiques, relie le passé et le présent le plus immédiat, entrecroise des œuvres devenues classiques et des compositions résolument contemporaines. Musicatreize s’adapte aux besoins de la partition, circule avec aisance dans le chant soliste ou le grand chœur, a cappella ou accompagné de formations instrumentales, et passe ainsi, sans difficulté apparente, de la scène de concert à la scène d’opéra, de la musique de chambre au théâtre musical. Depuis ses débuts il y a 15 ans, Musicatreize a développé sous la houlette de son chef, Roland Hayrabedian, une image forte et un projet artistique au service d’un répertoire centré sur la voix, allant du baroque au contemporain. Musicatreize n’hésite pas à relier des œuvres inscrites dans notre patrimoine à des pièces spécialement commandées à des compositeurs. Le répertoire de l’ensemble est construit sur la mise en relation d’œuvres suffisamment denses et riches pour résister aux frottements des sensibilités. Un rapprochement propice aux déclenchements d’émotions d’autant plus fortes qu’elles seront inédites. Roland Hayrabedian fonctionne autant à la fidélité durable qu’à l’intuition. Au fil des ans, il poursuit son compagnonnage artistique avec Maurice Ohana, Flûtes Dagmar Becker Carolin Fütterer Ursula Günther Natasa Maric Hautbois Alexander Ott Florian Hasel Stephan Rutz Clarinettes Frank Nebl Anton Hollich Yevgen Orkin Fagott Eckart Hübner Angela Bergmann Karsten Schmidt Cors Peter Bromig Benno Trautmann Marc Noetzel Pascal Arets Trompette Johannes Sondermann Trombone Reiner Schmidt Tuba Werner Götze Timbales Thomas Fink Percussions Franz Lang Jochen Schorer Markus Maier Harpe Ursula Eisert Clavier Christoph Grund Célesta Julia Vogelsänger Violons I Diego Pagin Haiganus Cutitaru-Gerten Vivica Percy Alexander Knaak Jürgen Colberg Wolfgang Wahl Ines Then-Bergh Martin Niestroj Wolfgang Greser Wolfgang Schwarzmüller Taru Erlich Johannes Blumenröther Dorothea Jügelt Hyung-Jung Kim Claudia Pfister Aleksander Maletic Violons II Gunnar Persicke Klaus-Hubert Richter Wolfgang Roccor Holger Schröter-Seebeck Margaret MacDuffie Borbala Birinyi Matthias Fischer Susanne Kaldor Michael Mayer-Freyholdt Harald E.Paul Katrin Melcher Martin Drausnik Roksana Labecka Dana Ransburg Altos Jean-Eric Soucy Joachim Lemme Christina Nicolai Elisabeth Kliegel Anton Singer Esther Przybylski Mitsuko Nakan Dorothea Funk Jean-Christophe Garzia Anna Krimm Violoncelles Martin Ostertag Anette Adorf-Brenner Ekkehard Opitz Gabriele Maiguashca Thomas Nicolai Dieter Wahl Dita Lammerse Markus Tillier Contrebasses Wolfgang Güttler France Beaudry-Wichmann Heiner Borsdorf Erik Erker Peter Hecking Zoltan Horvath Concert du 4/06 – 20h Didier Pateau Après avoir obtenu le Premier Prix de hautbois au Conservatoire de Paris en 1978, Didier Pateau entre comme soliste à l’Ensemble Intercontemporain. Son répertoire inclut des œuvres solistes du XXe siècle de Luciano Berio, Heinz Holliger, Gilbert Amy, Brian Ferneyhough entre autres. Il crée dans le cadre des concerts du XXe anniversaire de l’Ensemble Intercontemporain l’œuvre de Brian Ferneyhough Allgebrah pour hautbois solo et ensemble à cordes, sous la direction de David Robertson. Il enregistre, sous la direction de Peter Eötvös, l’œuvre de Michael Jarrell Congruences pour flûte, hautbois et petit ensemble, Five Distances pour quintette à vent de Harrison Birtwistle, Quatre nocturnes pour violon et hautbois de Nicolas Bacri et, avec le Quintette à vent Nielsen, un disque incluant des œuvres de Berio, Mozart, Reich et Bizet. Il donne des masterclasses à Oslo, Halifax et Santiago du Chili et participe à des rencontres avec des compositeurs, notamment à la Musikhochschule de Vienne, à l’invitation de Michael Jarrell. Alain Billard Né en 1971, Alain Billard commence ses études de clarinette dès l’âge de 5 ans avec Nino Chiarelli à l’École de musique de Chartres. Très rapidement, il intègre l’ensemble musical que dirigent ses parents. Le groupe de musiciens très divers qu’il fréquente inspireront sa carrière : il joue aussi bien de la clarinette, de la clarinette basse, du tuba, du saxophone que de la guitare basse. Il poursuit ses études au Conservatoire de Paris avec Richard Vieille. Il obtient la Médaille d’or en 1990 puis le Prix d’Excellence en 1992. En 1996, au Conservatoire de Lyon, il obtient le diplôme d’Études Supérieures dans la classe de Jacques Di Donato. Parallèlement, il rejoint le Quintette à vent Nocturne avec lequel il obtient un Premier Prix de musique de chambre au Conservatoire de Lyon et le Deuxième Prix du Concours international de l’ARD de Munich. En 1995, Alain Billard entre à l’Ensemble Intercontemporain. Parallèlement à sa carrière de musicien soliste, il participe aux actions pédagogiques de l’Ensemble en direction du jeune public et des futurs professionnels de la musique. Benny Sluchin Benny Sluchin effectue ses études musicales au Conservatoire de Tel Aviv, sa ville natale, et à l’Académie de musique de Jérusalem. Parallèlement à ses études de trombone, il étudie les mathématiques et la philosophie à l’Université de Tel Aviv et obtient un Master of Science avec mention. Il joue à l’Orchestre Philharmonique d’Israël pendant deux ans avant d’occuper, pendant quatre ans, le poste de co-soliste à l’Orchestre Symphonique de Jérusalem (Orchestre de la Radio). Une bourse du gouvernement allemand le mène à Cologne où il travaille avec Vinko Globokar et obtient son diplôme d’artiste avec mention. Depuis 1976, Benny Sluchin fait partie de l’Ensemble Intercontemporain, 51 Depuis 1959, il est un véritable ambassadeur musical lors de ses tournées au Festival d’Automne à Paris, au Festival de Salzbourg et à Vienne, Berlin, Édimbourg, Bruxelles, Lucerne, Strasbourg ou Francfort. En 1999, l’orchestre a donné en première audition Le Requiem pour un jeune poète de Bernd Alois Zimmermann au Carnegie Hall de New York. En 2000, il a contribué au succès magistral de la première représentation de l’opéra L’Amour de loin de Kaija Saariaho sous la direction de Kent Nagano au Festival de Salzbourg. C’est également là qu’il interprète Shir Hashirim de Hans Zender – œuvre qu’il jouera de nouveau au Festival de Berlin et à l’opéra de Francfort – et, en 2002, l’opéra de Helmut Lachenmann Das Mädchen mit den Schwefelhölzern. En avril 2002, c’est la création mondiale de Berlin : Sinfonie einer Grosstadt à l’Opéra Unter den Linden de Berlin. En 2003, un Messiaen Spécial est joué de Lisbonne à Graz via Porto et Vienne : durant un week-end, trois œuvres monumentales d’Olivier Messiaen sont jouées à la suite. En septembre 2003, l’orchestre était en résidence à la première triennale de la Ruhr avec, entre autres, l’opéra Saint François d’Assise. Biographies 50 Biographies de la musique moderne, où il a créé environ 400 compositions nouvelles. L’orchestre acquiert un rôle important dans l’histoire de la musique en intervenant pour des œuvres de Henze, Fortner, Zimmermann, Ligeti, Penderecki, Stockhausen, Berio, Messiaen, Rihm ou Lachenmann. Dans les années 50, Igor Stravinski l’a plusieurs fois dirigé dans ses propres œuvres. Pierre Boulez a commencé sa carrière internationale comme chef de l’orchestre de Baden-Baden. Des années d’exécution d’œuvres nouvelles ont forgé une souveraineté instrumentale bénéfique pour le répertoire traditionnel, que l’orchestre sert également. Il maintient une remarquable tradition dans Haydn et Mozart par exemple, tout en ayant joué Schreker et Mahler bien avant leur renaissance populaire. Michael Gielen a été le chef du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg de 1986 à 1999. Il a suivi les idées fondatrices de Rosbaud et Bour, désireux que l’art ne soit pas offert comme palliatif ou tranquillisant mais qu’il soit un défi lancé à un public en éveil pour trouver la vérité. Une gestion des traditions débarrassée des conventions, une ouverture à la nouveauté et une recherche de l’insolite : telles sont également les intérêts du nouveau directeur musical, Sylvain Cambreling ; avec son prédécesseur, Michael Gielen, et son chef invité permanent, Hans Zender, ils forment un triumvirat d’excellence dans le monde orchestral international. L’orchestre a démontré à ce jour que des exigences élevées mènent à la réussite. Il a enregistré plus de 300 œuvres. Christophe Desjardins Christophe Desjardins, altiste, est engagé avec constance et passion dans deux domaines complémentaires : la création, pour laquelle il est un interprète très recherché des compositeurs de renommée internationale, et la diffusion du répertoire de son instrument auprès du plus large public. Il a créé en soliste des œuvres de Berio, Boulez, Boesmans, Jarrell, Fedele, Pierre Strauch Né en 1958, élève de Jean Deplace, Pierre Strauch est lauréat du Concours Rostropovitch de La Rochelle en 1977. En 1978, il entre à l’Ensemble Intercontemporain. Son répertoire soliste comprend entre autres des œuvres de Zoltán Kodály, Bernd Alois Zimmermann et Iannis Xenakis. Il crée à Paris Time and Motion Study II de Brian Ferneyhough et Ritorno degli Snovidenia de Luciano Berio. Intéressé par la pédagogie et l’analyse musicale, Pierre Strauch est également compositeur. Il a notamment écrit La Folie de Jocelin, commande de l’Ensemble Intercontemporain (1983), Preludio imaginario (1988), Allende los mares (1989), une série de pièces solo pour violon, violoncelle, contrebasse, piano (1986-1992), Siete Poemas pour clarinette seule (1988), Faute d’un royaume pour violon et sept instruments (1998) et Trois Odes funèbres pour cinq instruments, commande de l’Ensemble Intercontemporain et du Conservatoire de Paris (2001). Muriel Cantoreggi Muriel Cantoreggi est née à Paris en 1971. Elle a étudié le violon au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Régis Pasquier. Elle a également suivi l’enseignement de Wiktor Liberman à l’École Supérieure des Arts d’Utrecht et de Christoph Poppen à la Hochschule Hanns Eisler de Berlin. En 1993, elle est lauréate du Concours Marguerite LongJacques Thibaud. De 1994 à 1996, elle est violon solo du Chamber Orchestra of Europe sous la direction de Carlo Maria Giulini, Vladimir Ashkenazy et Bernard Haitink. Depuis 1995, elle est violon solo de l’Orchestre de Chambre de München. Elle a été violon solo invitée de la Deutsche Kammerphilharmonie, du Chamber Orchestra of Europe, du London Philharmonic Orchestra et du Nederlands Philharmonisch Orkest. En marge de ces activités, elle se produit en musique de chambre avec des musiciens comme Heinz Holliger, Alexander Lonquich ou Aleksandar Madzar. Durant la saison 2000/01, elle a collaboré avec le compositeur Joerg Widmann et le pianiste Silke Avenhaus, de la philharmonie de Cologne, dans le cadre de la série Rising Stars, se produisant à Cologne, Vienne, Athènes, Bruxelles, Amsterdam et New York. Muriel Cantoreggi a été l’invitée de festivals comme les Berliner Festwochen, le Festival Young Artists in Concert de Davos, les Ittinger Pfingstkonzerten, le Festival de la Ville de Londres, le Festival de Lucerne et le Schwetzinger Festspiele. Kolbjørn Holthe Kolbjørn Holthe est l’un des jeunes musiciens norvégiens les plus en vue. Au cours de ses études, il a remporté de nombreux prix. Il a obtenu son Master à l’Académie Nationale de Musique de Norvège avec les plus hautes distinctions. Il s’est ensuite perfectionné durant deux ans après de Camilla Wicks à l’Université d’État de Louisiane. Il a été membre durant quinze ans de l’Orchestre Symphonique National des Jeunes de Norvège, dont il a été violon solo et coach des premiers violons les cinq dernières années. Au long de ses études, il a été membre de l’Orchestre de Chambre de l’Académie Nationale de Norvège. Dès le tout début de sa carrière, il a été membre de l’Orchestre de Chambre de Norvège, avec lequel il a fait des tournées en Europe, aux ÉtatsUnis et au Canada. Il s’est produit dans de nombreux festivals de musique de chambre à travers la Norvège, où il a eu l’occasion de jouer avec des musiciens comme Ana Chumachenco, Oscar Lysy, Lucas Hagen, Iris Juda et Yonty Solomon. Kolbjørn Holthe s’est produit comme soliste avec la plupart des orchestres professionnels de Norvège, dont le Philharmonique d’Oslo et l’Orchestre de Chambre de Norvège. Il a fait ses débuts en récital à Oslo en 1999 et a récemment interprété au Canada le Concerto de Sibelius avec le Symphony Nova Scotia. Il a régulièrement été violon solo invité de l’Orchestre Philharmonique de Bergen et occupé le poste de violon solo du Philharmonique d’Oslo. Actuellement, il est violon solo de l’Orchestre de l’Opéra National de Norvège et membre du Chamber Orchestra of Europe, où il occupe le poste de second violon principal. Au sein de cette formation, il s’est produit en Europe, au Japon et aux États-Unis, avec des chefs comme Claudio Abbado, Nikolaus Harnoncourt, Carlo Maria Giulini, Bernard Haitink, Myung-Whun Chung, Paavo Berglund, Murray Perahia et Leon Fleischer. Kolbjørn Holthe a récemment été nommé professeur associé à l’Académie Nationale de Musique de Norvège. Stewart Eaton Stewart Eaton est né à Aylesbury (Royaume-Uni). Il a étudié l’alto et le piano au Royal College of Music. Il a eu pour professeurs d’alto Frederick Riddle et Margaret Major, et a suivi les masterclasses de Hugh Bean et Yfrah Neaman. Stewart Eaton a poursuivi ses études en Allemagne avec Hariolf Schlichtig et Peter Schidlof et aux États-unis avec Michael Tree. De 1979 à 1981, il a été alto principal de l’Orchestre de la Scala de Milan, à l’invite de Claudio Abbado, et a régulièrement travaillé avec le Chamber Orchestra of Europe et l’Academy of Saint-Martinin-the-fields. En 1981, il a cofondé le Quatuor Auryn, dont il est toujours membre aujourd’hui. Stewart Eaton enseigne l’alto et la musique de chambre au Conservatoire Folkwang de Essen et est professeur de musique de chambre à la Hochschule für Musik de Detmold, en Allemagne. Gert-Inge Andersson Gert-Inge Andersson est né à Helsingborg, en Suède. Il a étudié avec Josef Kodousék à l’Académie Royale de Musique de Copenhague. Membre du Chamber Orchestra of Europe, il est également alto principal de l’Orchestre Royal Danois. Il a été membre du Quatuor Danois et joue actuellement au sein du Trio Gefion. En tant que chambriste, Gert-Inge Andersson s’est produit dans toute l’Europe. William Conway Né en Écosse, William Conway est chef d’orchestre et violoncelliste. Il est violoncelle principal du Chamber Orchestra of Europe et occupe depuis de nombreuses années le même poste au sein de l’Orchestre de Chambre d’Écosse. Il est également très demandé en musique de chambre et comme enseignant et a effectué de nombreux enregistrements. En tant que chef d’orchestre, il a été amené à collaborer avec de nombreuses formations, dont la plupart des orchestres écossais, le Northern Sinfonia, le Philharmonique de Sofia, les Philharmonies de Flandres et de Zagreb, l’Orchestre Symphonique de Phoenix. Il travaille régulièrement avec des orchestres de jeunes, dans son pays ou à l’étranger, dont l’Orchestre des Jeunes Gustav Mahler. En tant que co- 53 Nunes, Levinas, Harvey, Stroppa et Rihm. Il est membre de l’Ensemble Intercontemporain, après avoir été alto solo au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, et joue parallèlement en soliste avec des orchestres comme le Concertgebouw d’Amsterdam, le Südwestfunk Sinfonie-Orchester, l’Orchestre de la Fondation Toscanini, l’Orchestre National de Lyon et d’autres ensembles et orchestres en Europe. Dans sa discographie, citons Diadèmes de Marc-André Dalbavie sous la direction de Pierre Boulez, Surfing de Philippe Boesmans, Elettra d’Ivan Fedele pour alto et électronique, Assonance IV et … some leaves II… de Michael Jarrell, Les lettres enlacées II de Michaël Levinas et la Sequenza VI de Luciano Berio, enregistrée par Deutsche Grammophon. Pour faire découvrir et percevoir autrement la musique, il crée des spectacles avec d’autres arts, poésie, danse, vidéo : Il était une fois l’alto, Alto/Multiples, Quatre fragments pour Harold, Chansons d’altiste. Christophe Desjardins joue un alto de Capicchioni. Biographies 52 Biographies y joue les œuvres les plus représentatives du répertoire contemporain et participe à de nombreuses créations de pièces solistes (Iannis Xenakis, Vinko Globokar, Gérard Grisey, Pascal Dusapin, Frédérick Martin, Elliott Carter, Luca Francesconi, Marco Stroppa, James Wood…). Parallèlement, il prend part aux recherches acoustiques de l’Ircam et achève une thèse de Doctorat en mathématiques. Il est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages pédagogiques, notamment Contemporary Trombone Excerpts et Jeu et chant simultanés sur les cuivres (Éditions Musicales Européennes), pour lesquels il a reçu le prix de la Sacem 1996 de la réalisation pédagogique. En 2001, il publie avec Raymond Lapie Le trombone à travers les âges (Buchet Chastel). Professeur au Conservatoire de Levallois et enseignant au Conservatoire de Paris (Notation musicale assistée par ordinateur), Benny Sluchin donne des masterclasses et des conférences dans le monde entier. Parmi ses enregistrements : Le Trombone Contemporain, French Bel canto Trombone (Musidisc), Keren de Iannis Xenakis (Erato), Sequenze de Luciano Berio (DGG). Concert du 5/06 – 20h Liliana Nikiteanu La mezzo-soprano Liliana Nikiteanu est née en Roumanie. Elle commence ses études musicales par le piano et s’oriente très vite vers le chant avec son professeur Georgeta Stoleriu à l’Académie de Bucarest, où elle étudie plus particulièrement le lied et l’oratorio. Elle interprète alors les œuvres de Bach (Messe en si, Magnificat), Pergolèse, Brahms, Mozart et Mahler (Des Knaben Wunderhorn). Son talent d’interprétation la porte rapidement sur la scène : elle est engagée au Théâtre musical Galati, où elle se produira dans de nombreux opéras et opérettes. Depuis 1991, Liliana Nikiteanu est sous contrat avec l’opéra de Zürich, où elle a eu l’occasion d’enrichir son répertoire avec de grands rôles tels que Rosina dans Le Barbier de Séville, Octavian dans Der Rosenkavalier, Despina et Dorabella dans Così fan Tutte, Cecilio dans Lucio Silla sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, ou encore Zaïre dans Les Indes galantes. Liliana Nikiteanu s’est également produite dans de nombreux festivals et sur les plus grandes scènes lyriques : Bregenz Festival, festivals de Montpellier, Édimbourg, Aixen-Provence, Festival de Pâques et d’été de Salzbourg, Philharmonie de Berlin, Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles… Que ce soit lors de ses débuts dans le rôle d’Octavian à l’Opéra Bastille ou à Vienne, ou encore lorsqu’elle interprète Dorabella à l’Opéra de Bavière à Munich, le public l’accueille avec un grand enthousiasme. Récemment, c’est à nouveau dans le rôle d’Octavian à l’Opéra de Hambourg et de Dorabella à Dresde, puis avec Dulcinée dans Don Quichotte au Festival Klangbogen de Vienne, qu’elle est chaleureusement applaudie par le public et la presse. Sa carrière est jalonnée de plusieurs enregistrements avec la Radio de Dublin, de Stuttgart (Süddeutscher Rundfunk) et, sous la direction d’Alain Lombard, du Requiem de Mozart pour le label Forlane. Heinz Holliger Voir page 45. Chamber Orchestra of Europe Le Chamber Orchestra of Europe a été fondé en 1981 et est composé de cinquante musiciens issus de quinze pays, qui se produisent principalement en Europe continentale. Ces dernières années, trois des enregistrements de l’orchestre ont été couronnés d’un « Enregistrement de l’année » par Gramophon : Le Voyage à Reims de Rossini et le cycle des symphonies de Schubert avec Claudio Abbado, ainsi que le cycle des symphonies de Beethoven avec Nikolaus Harnoncourt, qui s’est vendu à près d’un million d’exemplaires. L’orchestre a enregistré une série de six émissions télévisées au Royaume-Uni et a fait l’ouverture du 75e Festival de Salzbourg avec Les Noces de Figaro de Mozart dirigées par Harnoncourt. En 2002, l’orchestre a fêté son 21e anniversaire lors d’un concert réunissant Claudio Abbado, Anne Sofie von Otter et Thomas Quasthoff, enregistré par Deutsche Grammophon et nommé « meilleure performance vocale de l’année » aux Grammy Awards 2003. Durant la saison 2003/04, outre ses concerts de janvier au festival Mozartwoche de Salzbourg avec Marc Albrecht, Philippe Jordan, Adam Fischer, Emmanuel Pahud, Christine Schaefer et Christian Tetzlaff, l’orchestre se produit en Europe et aux États-Unis avec PierreLaurent Aimard, Hélène Grimaud, Nikolaus Harnoncourt, Thomas Hengelbrock, Heinz Holliger, Sir Roger Norrington, Murray Perahia, Jukka-Pekka Saraste, Andras Schiff, Mitsuko Uchida, Thomas Zehetmair et Tabea Zimmermann. Le Chamber Orchestra of Europe bénéficie du soutien de Aviva plc. Flûtes Eline van Esch Magdalena Martinez Marco Piccolos Eline van Esch Magdalena Martinez Marco Stewart McIlwham Flûte alto Magdalena Martinez Marco Hautbois Francois Leleux Ruth Contractor Hautbois d’amour Francois Leleux Cor anglais Ruth Contractor Clarinettes Philippe Berrod Matthew Hunt Clarinettes basses Matthew Hunt Olivier Voize Clarinette contrebasse Olivier Voize Bassons Marco Postinghel Zarko Perisic Cors Jonathan Williams Elizabeth Randell Jan Harshagen Peter Richards Trompettes Nicholas Thompson Julian Poore 55 Kate Gould Kate Gould a étudié à l’Académie Royale de Musique de Londres avec David Strange et à la Hochschule der Künste de Berlin avec Wolfgang Boettcher. Depuis sa fondation en 1991, elle est membre du Trio à cordes Leopold, qui se produit dans les principales salles et festivals à travers le monde. En 2001, le Trio a représenté le Royaume-Uni dans le cadre de la série Rising Stars, se produisant à Carnegie Hall, au Musikverein de Vienne, au Concertgebouw d’Amsterdam, à la Cité de la musique à Paris, à la Philhamonie de Cologne… La même année, il est sélectionné par la BBC Radio 3, ce qui lui permet de réaliser de nombreux enregistrements. Le trio a également enregistré pour le label Hyperion. En 1998, leur premier disque, consacré aux trios à cordes de Beethoven, a été salué par les professionnels. Leurs deux disques suivants, dédiés à Mozart, ont reçu le même accueil. Leur enregistrement le plus récent réunit des œuvres de Schönberg, Dohnányi et Martinu. La saison dernière, le trio a effectué une tournée en Australie et Nouvelle-Zélande avec le pianiste Paul Lewis et a été résident au Festival de musique de chambre de Vancouver. Cette saison, les musiciens se produisent entre autres à Madrid, Bruxelles, aux festivals d’Édimbourg et Bath, ainsi qu’au Wigmore Hall de Londres. Kate Gould est devenue membre du Chamber Orchestra of Europe en 2000. Elle est également régulièrement invitée comme violoncelle principal par l’Orchestre de Chambre d’Écosse. Trombones Håkan Bjørkman Helen Vollam Trombone basse Nicholas Eastop Tuba Jens Bjørn Larsen Timbales Geoffrey Prentice Percussions Jeremy Cornes Peter Fry Sam Walton Harpe Bryn Lewis Piano/Célesta John Alley Célesta Franz Michel Clavecin Violaine Cochard Biographies Biographies 54 fondateur et directeur artistique de l’ensemble de chambre Hebrides, il se produit aussi bien comme instrumentiste que comme chef d’orchestre, et se dédie pleinement à la musique contemporaine – un engagement récompensé par la Société des Compositeurs. Cette année, William Conway interprète entre autres le Concerto pour violoncelle de Sir Peter Maxwell Davies avec l’Orchestre de Chambre d’Écosse, une œuvre qui a été composée pour lui et qu’il a enregistrée pour UnicornKanchana. Violoncelles William Conway Henrik Brendstrup Kate Gould Sally Jane Pendlebury Nadine Pierre Howard Penny Contrebasses Enno Senft Håkan Ehren Lutz Schumacher Tabea Zimmermann Tabea Zimmermann a étudié avec Ulrich Koch puis avec Sándor Végh. Elle a remporté les premiers Prix des Concours internationaux de Genève (1982), Paris où elle reçut l’alto Vatelot qu’elle joue aujourd’hui (1983) et Budapest (1984), et s’est fait un nom sur la scène internationale comme soliste et chambriste. Outre le répertoire classique de l’alto, Tabea Zimmermann affectionne tout particulièrement la musique contemporaine. György Ligeti lui dédie une sonate qu’elle a donnée en première mondiale au printemps 1994 et à Paris en création française pour le Festival d’Automne en novembre de la même année. En 2002, elle donne trois pièces en création mondiale : Recitanto pour alto et orchestre de Heinz Holliger, le Concerto pour alto de Sally Beamish et Tenebrae de Matthias Pintscher. Elle s’est produite dans de très nombreux festivals et dans toutes les grandes séries en Europe, Amérique, Japon et Israël. Elle a travaillé avec de nombreux orchestres sous la baguette de chefs de renom. Depuis 1999, elle est régulièrement invitée en France par l’Orchestre National de Lyon, l’Orchestre de Paris et la Cité de la musique. Ses partenaires favoris sont Christian Tetzlaff, Pamela Franck, Steven Isserlis, Christian Ivaldi, Hartmut Höll, Pierre-Laurent Aimard et Heinz Holliger. Tabea Zimmermann a reçu plusieurs distinctions telles que le Frankfurter Musikpreis et le prix international de l’Accademia Musicale Chigiana de Sienne. Elle a enregistré pour EMI, Deutsche Grammophon, Philips et Teldec. Chamber Orchestra of Europe Voir page 55. Heinz Holliger Voir page 45. 57 Altos Stewart Eaton Gert-Inge Andersson Ida Grøn Nimrod Guez Dorle Sommer Mechthild Sommer Concert du 6/06 - 16h30 Biographies Biographies 56 Violons Muriel Cantoreggi Fiona Brett Mia Cooper Christian Eisenberger Florian Geldsetzer Kolbjørn Holte Yuki Kasai Matilda Kaul Sylwia Konopka Fiona McCapra Fiona McNaught Stefano Mollo Peter Olofsson Joseph Rappaport Håkan Rudner Aki Sauliere Martin Walch Elizabeth Wexler Musique et nuit Livre publié par les Éditions Cité de la musique, 154 pages, 23 € Depuis son ouverture en 1995, la Cité de la musique a édité de nombreux ouvrages (collections pédagogiques, Musiques du monde, etc.). Elle souhaite développer encore sa politique éditoriale. En témoigne le lancement d’une collection dont le volume inaugural, Musique et nuit, fait écho à la série de concerts Nocturnes organisés du 29 avril au 12 juin. Une première partie de ce livre réunit des analyses musicales, la seconde des textes proprement littéraires. À un commentaire musicologique des Nocturnes de Chopin répond ainsi une méditation psychanalytique sur une expérience personnelle de la nuit. Avant-propos Dom Daniel Saulnier - Haec nox est Sandrine Blondet - Dichtung und Wahrheit Jean-Jacques Eigeldinger - Le piano nocturne, Chopin, Schumann Corinne Schneider - La symphonie nocturne de Tristan et Isolde Nicolas Donin - Blanches et transfigurées Didier Varrod - Retiens la nuit Pascal Anquetil - Jazz au bout de la nuit Yves Peyré - Travers de la nuit Catherine Millot - Rêve de réveil Gisèle Excoffon-Machayeki - Tonalités nocturnes dans la mystique chrétienne Françoise Benhamou - Retour vers l’obscurité, ou la gloire en-allée Pierre Chappuis - À pas de loup