plan stratégique intégré d`amnesty international 2010-2016
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plan stratégique intégré d`amnesty international 2010-2016
PLAN STRATÉGIQUE INTÉGRÉ D'AMNESTY INTERNATIONAL 2010-2016 Index AI : POL 50/002/2010 Date : 29 avril 2010 Document public RÉSUMÉ Ce document présente le Plan stratégique intégré qui orientera l'activité d'Amnesty International de 2010 à 2016. Ce plan a été adopté par le Conseil international de l'organisation qui s'est tenu du 9 au 14 août 2009. INTRODUCTION Amnesty International est un mouvement mondial réunissant des personnes qui œuvrent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. Révoltés par les atteintes aux droits humains et animés par l'espoir d'un monde meilleur, nous nous mobilisons en organisant des campagnes qui en appellent à la solidarité internationale afin d'améliorer la situation en matière de droits humains. Notre but : un monde où tous les êtres humains puissent vivre dans la dignité et le respect de leurs droits, où personne, dans quelque pays que ce soit, ne subisse d'atteinte à ses droits, où personne ne soit pénalisé en raison, notamment, de ses idées, sa religion, son genre ou son lieu de naissance. Amnesty International est une organisation fondée sur l'action de bénévoles du monde entier et se compose d'organisations nationales (appelées sections ou structures), de réseaux internationaux, de groupes affiliés et de membres à titre individuel. Au fil des ans, le nombre de membres n'a cessé de croître. Aujourd'hui, Amnesty International rassemble plus de 2,8 millions de personnes et est présente dans 150 pays, ce qui en fait la plus importante organisation de défense et de promotion des droits humains. Les principes qui ont présidé à sa fondation continuent à être respectés : impartiale et indépendante, elle est n'est financée que par des dons d'organisations philanthropiques et les cotisations de ses membres, et reste libre de toute attache politique, religieuse ou économique. Aux termes de l'article 4 des statuts d'Amnesty International, l'organisation « conduit son action en fonction d'un plan stratégique intégré couvrant une période de six ans ». Le Plan stratégique intégré (PSI) de l'organisation pour 2010-2016 a été adopté par le Conseil international d'Amnesty International en août 2009. Il couvre la période allant du 1er avril 2010 à fin mars 2016. L'objectif de la stratégie d'Amnesty International pour cette période est de donner aux personnes dont les droits sont menacés les moyens d'agir par eux-mêmes et de renforcer l'ensemble du mouvement de défense des droits humains. Le plan stratégique fixe des priorités pour toutes les entités au sein d'Amnesty International – le Secrétariat international comme les sections et structures du mouvement. Le • • • PSI d'Amnesty International se présente sous la forme d'une carte stratégique qui : énonce les engagements d'Amnesty International sur les actions à entreprendre ; fixe des objectifs, ce qui permet ensuite de mesurer les résultats obtenus ; fournit un point de départ aux plans stratégiques des entités nationales et du Secrétariat International ; • établit le cadre budgétaire du travail d'Amnesty International ; • fournit des éléments qui permettent d'évaluer les progrès accomplis, notamment en ce qui concerne la transparence. Élaboration et adoption du PSI Le PSI a été élaboré à partir de l'analyse des tendances extérieures au mouvement ainsi que des forces et faiblesses de celui-ci. Ont été mises à contribution les données les plus significatives fournies par des sources variées ainsi que les souhaits exprimés par l'ensemble du mouvement et les parties intéressées à notre action. Il a été élaboré au fil des mois, en 2008-2009, et s'est enrichi des apports des membres permanents ainsi que des bénévoles d'Amnesty International, d'experts extérieurs au mouvement, des parties intéressées et de personnes intervenant à titre individuel. Certaines entités d'AI ont organisé des consultations approfondies, notamment de nos partenaires extérieurs. En mai, nous avons lancé une enquête en ligne afin d'obtenir l'avis de ceux qui s'intéressent à Amnesty International mais ne sont pas forcément engagés activement en son sein ; plus de 6 300 personnes de 165 pays/territoires différents y ont participé. Le PSI a été au cœur des délibérations du Conseil international d'Amnesty de 2009. Il a fait l'objet de discussions et de débats avant d'être finalement adopté. Le Conseil international est l'organe suprême d'AI. C'est lui qui décide de ses orientations politiques, financières et organisationnelles pour les années à venir. Le Conseil élit également les membres du Comité exécutif international (CEI), qui est chargé de conduire les affaires du mouvement entre deux réunions du Conseil international ainsi que d'autres comités Le PSI d'Amnesty International adopté par le Conseil international a été diffusé au mouvement et sa mise en œuvre a commencé en avril 2010. Modifier la situation en matière de droits humains Renforcer le pouvoir d'action des personnes vivant dans la pauvreté (C1) Idées-forces Les personnes qui vivent dans la pauvreté, parmi lesquelles figurent de plus en plus de femmes et d'enfants, sont confrontées à la misère, à l'exclusion, à l'insécurité et à l'impossibilité de faire entendre leur voix : autant de problèmes liés entre eux qui ne font qu'aggraver leur impuissance. Ce cercle vicieux de la pauvreté, qui découle des politiques et des actions d'agents gouvernementaux1 et non gouvernementaux, doit être combattu au moyen du cercle vertueux des droits humains. Par conséquent, Amnesty International va travailler sur les thèmes suivants aux niveaux local et national, en particulier dans les parties du monde les plus pauvres, ainsi qu'au niveau international : • la liberté, la transparence et l'information, afin que la voix des pauvres soit entendue et produise des effets, notamment en veillant à ce qu'ils aient le droit de s'organiser ; • la non-discrimination et l'intégration, par la loi et d'autres moyens, afin de briser les liens entre la violence (notamment la violence liée au genre2, la violence contre les enfants et l'exploitation des enfants), la discrimination et la pauvreté ; • la protection contre les graves atteintes aux droits humains qui appauvrissent les gens, comme la corruption3 et les autres atteintes commises par les agents gouvernementaux et les acteurs économiques ; Signes de réussite • • • • • Intégration du respect des droits humains et d'une plus grande exigence d'action et d'obligation de rendre des comptes dans les Objectifs du millénaire pour le développement ou dans tout autre programme leur succédant. Progression des droits à l'information et à la transparence. Renforcement des droits des personnes vivant dans la pauvreté sur le plan national et international, notamment par une reconnaissance juridique des droits économiques, sociaux et culturels. Mise en place de normes internationales contraignantes et de mécanismes efficaces en matière de responsabilité des entreprises. Multiplication des initiatives de renforcement des pouvoirs d'action juridique en faveur des personnes vivant dans la Dans ce document, les organisations intergouvernementales (OIG) sont considérées comme des agents gouvernementaux. La campagne Halte à la violence contre les femmes touchant à sa fin, nous allons intégrer les questions de genre dans la campagne pour la dignité, par exemple la question de l'insécurité physique des femmes dans les bidonvilles, où la violence est source d'exclusion et où les victimes ne peuvent rien attendre du système judiciaire. 3 La corruption a des conséquences sur la capacité d'un État à mettre en œuvre les droits économiques, sociaux et culturels « au maximum de ses ressources disponibles » et affaiblit donc les droits humains. 1 2 • • l'investissement de moyens humains et financiers dans les droits à la santé, au logement, à un moyen de subsistance décent et à • l'éducation ; le renforcement du pouvoir d'action des personnes vivant dans la pauvreté, y compris des populations autochtones, afin qu'elles connaissent et revendiquent leurs droits, et l'obligation des agents • gouvernementaux et non gouvernementaux de rendre des comptes. pauvreté. Revendication plus libre et plus active de leurs droits par les personnes vivant dans la pauvreté et ceux qui les représentent, aux niveaux national et international. Arrêt de l'exploitation des populations autochtones et respect des normes relatives au consentement préalable libre et éclairé de ces populations dans tout accord concernant leurs terres. Modifier la situation en matière de droits humains Défendre les personnes en déplacement non protégées (C2) Idées-forces Signes de réussite Un nombre croissant de migrants, de demandeurs d'asile non reconnus, de réfugiés, • de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et de victimes de la traite se retrouvent privés de statut juridique ou de protection dans leur propre pays ou dans leur pays d'accueil. Ils sont exploités par des employeurs peu scrupuleux, traités comme des criminels par les États et parfois renvoyés dans des pays où leur vie est menacée. En situation irrégulière, ils sont dans l'incapacité d'obtenir des réparations ou une protection de la loi. Alors que les conflits, la pauvreté, l'insécurité et la dégradation de l'environnement entraînent une multiplication des déplacements à l'intérieur des pays et entre les pays, les États durcissent les conditions d'accueil, • souvent avec le soutien du grand public. Par conséquent, Amnesty International va œuvrer pour : Ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille par les États d'origine et les États où ces travailleurs sont employés, et intégration de ses dispositions dans les droits nationaux. Reconnaissance par les États de leur responsabilité de protéger les droits humains de toutes les personnes se trouvant sur leur territoire, quelle que soit leur nationalité d'origine ou leur situation au regard de la législation sur l'immigration. • améliorer la protection juridique et physique, ainsi que l'accès à justice, des migrants en situation irrégulière, des demandeurs d'asile non reconnus, des réfugiés, des personnes déplacées et des victimes de la traite ; • veiller à ce que ces personnes ne soient pas privées de leurs droits à l'éducation, à la santé et au logement ; • Adoption et mise en application par les États de lois interdisant la discrimination liée à la nationalité d'origine. • dénoncer la discrimination dont elles sont victimes et travailler avec elles pour • obtenir la reconnaissance de leur droit d'être entendues et de s'organiser ; • veiller à ce que les migrants, les demandeurs d'asile non reconnus et les victimes Possibilité pour les victimes de la traite de demander réparation devant les tribunaux du pays de destination. de la traite puissent bénéficier de procédures juridiques équitables leur • permettant de régulariser leur situation4 ou de contester leur renvoi dans des pays où leur vie risquerait d'être menacée ; • dénoncer la pratique courante qui consiste à incarcérer les gens uniquement parce qu'ils n'ont pas de statut juridique reconnu ou de papiers, y compris • l'incarcération des demandeurs d'asile en attendant que leur dossier soit examiné. • Protection des migrants contre la violence et l'exploitation par des agents gouvernementaux et non gouvernementaux. Existence de procédures équitables pour les demandeurs d'asile et d'une protection contre le renvoi dans des territoires où leur vie serait menacée. Prise de conscience par les médias et l'opinion publique de la dimension relative aux droits humains de la migration et de la traite. 4 En effet, Amnesty International est préoccupée par le fait que de nombreux demandeurs d'asile, migrants et victimes de la traite n'ont pas la possibilité de saisir la justice pour contester les irrégularités dans les procédures d'asile, alors qu'ils ont des arguments juridiques solides qui devraient leur permettre d'être régularisés ou au moins d'éviter le renvoi dans un pays où ils risquent la torture et les mauvais traitements. Modifier la situation en matière de droits humains Protéger les gens de la violence commise par les États et les groupes armés (C3) Idées-forces La violence des États et des groupes armés a des effets dévastateurs sur les droits humains5. • Dans les conflits, les civils, en particulier les femmes et les enfants, sont délibérément pris pour cible par des agents gouvernementaux comme par des groupes armés. Alors que la course aux ressources, la prolifération des armes et la faiblesse des États aggravent les conflits, on ne peut ignorer les conséquences des conflits armés sur les populations civiles. Plus les conflits durent, plus il est difficile pour les civils de survivre et de se remettre des conséquences des hostilités. Dans les sociétés d'après-conflit, les vies restent dévastées par les traumatismes, la • violence, l'incertitude économique et le manque de justice, notamment de réparations. Même dans les pays plus stables, les préoccupations croissantes à propos du terrorisme et de la criminalité amènent les gouvernements à adopter des politiques sécuritaires très strictes qui restreignent les droits humains, diabolisent les pauvres et les groupes minoritaires et renforcent le soutien en faveur de la peine de mort et des lourdes peines. Par conséquent, Amnesty International va œuvrer : • • pour la protection et le renforcement du pouvoir d'action des civils, en particulier des femmes et des enfants, pendant les conflits ; • en faveur de solutions efficaces pour protéger les civils et exhorter la communauté internationale à résoudre les conflits « oubliés » ; • en faveur de stratégies destinées à dénoncer à la violence des groupes armés et à demander des comptes à leurs membres ; • pour l'intégration des préoccupations relatives aux droits humains dans la prévention et la résolution des conflits, ainsi que dans la reconstruction après les conflits, en particulier en demandant le contrôle des armes, l'instauration (ou la réinstauration) de systèmes Signes de réussite Mise en place rapide d'opérations internationales de maintien de la paix efficaces comportant un volet solide consacré aux droits humains. Adoption et mise en application du Traité international sur le commerce des armes pour contrôler les armes légères ou de petit calibre. Ratification universelle du Statut de la Cour pénale internationale, adoption de lois nationales efficaces sur la compétence universelle, codification du crime de torture dans tous les codes pénaux nationaux et ratification universelle du Protocole facultatif à la Amnesty International s'intéresse particulièrement aux violations des droits humains et du droit humanitaire dans le cadre des conflits armés. Elle reconnaît toutefois que certains États adoptent un comportement particulièrement répressif sous prétexte qu'il existe un risque de conflit, et elle admet que cette question est étroitement liée au travail sur les conflits armés. Par exemple, au Sri Lanka, le gouvernement prend pour prétexte le conflit dans le nord du pays pour s'en prendre aux journalistes et aux défenseurs des droits humains dans le sud du pays. 5 • • • • judiciaires et relatifs aux droits humains efficaces, et l'obligation pour les acteurs économiques de rendre des comptes ; • en faveur du renforcement de la justice internationale et nationale et de l'amélioration des réparations pour les victimes, y compris les victimes de violence liée au genre ; pour donner plus de poids à la voix des femmes dans les processus de paix ; contre l'érosion des droits humains au nom de la sécurité, notamment sous la forme d'arrestations arbitraires et de procès inéquitables, et en faveur du respect de l'interdiction absolue de la torture et des autres formes de mauvais traitements ; pour l'abolition de la peine de mort. • • • • Convention contre la torture. Engagement de poursuites aux niveaux national et international contre les États et les groupes armés coupables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et d'autres graves atteintes aux droits humains. Adoption de normes sur l'obligation pour les entreprises de rendre des comptes pour leur complicité dans les atteintes aux droits humains commises en période de conflit armé. Implication accrue des femmes dans les processus de prévention et de résolution des conflits. Réaffirmation de l'interdiction de la torture et des autres formes de mauvais traitements, de la détention arbitraire et des procès inéquitables. Abolition universelle de la peine de mort. Modifier la situation en matière de droits humains Protéger le droit à l'identité et le droit d'exprimer des opinions divergentes (C4) Idées-forces Les préoccupations relatives à l'économie, à la migration, à l'identité culturelle et à la sécurité nationale amènent les gouvernements à réprimer les formes légitimes d'opposition, et à restreindre les droits à l'information et à la liberté d'expression, de réunion et d'association. Les technologies de l'information offrent aux gens davantage de possibilités de jouir de leurs libertés, mais elles sont aussi utilisées par les États, parfois avec la complicité des entreprises, pour restreindre la vie privée, renforcer la censure et étendre la surveillance. Dans ce contexte, la xénophobie, le racisme, la discrimination religieuse et les autres formes de discrimination liée à l'identité augmentent. On constate une tendance croissante, souvent encouragée par l'État, à la surveillance par les agents non gouvernementaux – voire à la diabolisation – de tous ceux qui n'ont pas les mêmes idées ou la même identité que les dirigeants au pouvoir. Les défenseurs des droits humains et les autres militants qui contestent ces pratiques sont à leur tour attaqués et dénigrés6. Par conséquent, Amnesty International va : • exiger la libération des prisonniers d'opinion ; • protéger les défenseurs des droits humains, les militants et les autres personnes menacées, et renforcer leur pouvoir d'action ; • œuvrer en faveur de l'élimination de la violence et de la discrimination liées au genre ; des persécutions et de la discrimination fondées sur la race, l'appartenance ethnique ou la religion ; des persécutions et de la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre ; • appeler les agents gouvernementaux et non gouvernementaux à respecter le droit d'avoir des opinions divergentes et les libertés fondamentales qui y sont liées ; • faire campagne en faveur d'un renforcement de l'action des États contre la discrimination Signes de réussite • • • • Libération des prisonniers d'opinion et protection et renforcement du pouvoir d'action des défenseurs des droits humains et des autres militants afin qu'ils puissent mener à bien leur travail. Adoption et mise en application par les États de lois protégeant fermement la liberté d'expression, y compris dans les médias émergents. Intégration, dans les normes internationales et les lois nationales sur la responsabilité des entreprises, de la notion de complicité dans les restrictions de l'usage d'Internet portant atteinte aux droits humains. Reconnaissance et application par les États de la diligence requise contre la discrimination commise par des agents non gouvernementaux, y compris par Par exemple, dans le mouvement de défense des droits des femmes, de plus en plus de militantes sont dénigrées pour des motifs sexuels afin d'affaiblir leurs revendications en faveur de l'égalité entre les genres et des droits sexuels et reproductifs et contre la violence à l'égard des femmes. 6 • et l'exclusion fondées sur l'identité ou les croyances, y compris par des agents non gouvernementaux ; promouvoir les normes juridiques contraignantes sur la responsabilité des entreprises dans • les atteintes aux droits humains. • des porte-parole de communautés7. Mobilisation de l'opinion publique contre l'affaiblissement des normes relatives aux droits humains et la criminalisation de l'opposition. Condamnation par les agents gouvernementaux et non gouvernementaux de l'utilisation d'arguments « culturels » pour justifier les actes de violence contre les femmes et les filles. Les chefs de communautés jouent souvent un grand rôle dans la défense de pratiques telles que les mutilations génitales féminines ou les meurtres pour des questions d'honneur, au point parfois d'attaquer les militants qui remettent en cause ces pratiques. 7 Améliorer nos partenariats Développer8 le mouvement mondial de défense des droits humains (P1) Idées-forces Le développement de la société civile est à la fois source de perspectives et de défis pour Amnesty International. D'un côté, les inégalités sociales, les divisions culturelles, l'individualisme économique et la répression politique réduisent le sens de la communauté ; de l'autre les technologies ouvrent de nouvelles possibilités de réseaux, et de nombreux mouvements voient le jour dans des domaines tels que l'environnement, le développement et la défense des femmes et des enfants. Les droits humains constituent un ensemble de valeurs communes pour tous les groupes de la société civile. Ce contexte offre aussi à Amnesty International, en tant que mouvement mondial composé de membres engagés, une occasion unique d'entrer en contact avec d'autres personnes engagées dans la société civile et de travailler avec elles pour constituer un mouvement mondial renforcé et diversifié de défense des droits humains. Par conséquent, Amnesty International va : • travailler avec et pour les personnes afin de protéger leur liberté d'agir en faveur des droits humains ; • investir9 dans le développement du mouvement de défense des droits humains là où il est le plus faible, en particulier dans les pays du Sud et les économies émergentes ; • exploiter les ressources de ses propres militants et établir des liens avec celles de ses partenaires et chercher des contacts avec d'autres mouvements de la société civile afin de bâtir un mouvement de défense des droits humains vaste et solide ; • utiliser, entre autres, l'éducation et la formation aux droits humains, la sensibilisation Signes de réussite • • • • Existence d'un mouvement mondial de défense des droits humains qui soit réellement composé de personnes issues de diverses disciplines, régions, cultures et classes socio-économiques, et qui soit perçu comme tel. Reconnaissance des défenseurs des droits humains et des militants de la société civile comme des voix légitimes de changement social dans le monde. Existence d'une communauté solide et diversifiée de défenseurs des droits humains et d'organisations dans les pays du Sud stratégiquement importants, notamment dans les puissances émergentes. Fonctionnement d'Amnesty 8 Nous utilisons le terme « développer » intentionnellement. Nous espérons en effet que, par sa contribution au mouvement mondial de défense des droits humains, Amnesty International va inciter davantage de gens à s'engager activement en faveur de ces droits, que ce soit en tant que membres ou sympathisants d'Amnesty International ou d'autres organisations ou mouvements locaux de défense des droits humains. Cependant, le « développement » n'est pas ici seulement une question de quantité ; il comprend également les efforts destinés à renforcer le mouvement mondial de défense des droits humains. 9 Le terme « investir » couvre ici différentes formes d'investissement telles que le travail en solidarité avec d'autres, les transferts de compétences, la formation, le travail en réseau, les actions de soutien mutuel et l'aide financière. et le renforcement des capacités d'action juridique pour développer un mouvement mondial de défense des droits humains éclairé et actif. • International avec un ensemble de membres variés issus de toutes les parties du monde et de tous les secteurs de la société, pleinement intégrés au mouvement mondial de défense des droits humains tant dans les pays du Sud que du Nord. Reconnaissance par d'autres membres du mouvement mondial de défense des droits humains de l'utilité des contributions d'Amnesty International en matière d'éducation aux droits humains et de formation dans le renforcement de leurs capacités. Améliorer nos partenariats Être un partenaire de choix10 (P2) Idées-forces Signes de réussite Les interconnexions croissantes entre les thèmes, les priorités et les fonctions nous amènent à établir des partenariats stratégiques dépassant les divisions et les disciplines (par exemple entre organisations, entre secteurs, entre thèmes et entre régions). Seuls des partenariats11 nous permettront de rassembler les ressources et les compétences nécessaires pour créer les moyens de pression dont nous avons besoin pour être efficaces. Par conséquent, Amnesty International va : • établir avec d'autres des relations mutuellement bénéfiques, axées sur les résultats et en adéquation avec les changements que nous voulons obtenir dans le domaine des droits humains ; • travailler de manière volontariste et avec sensibilité avec les détenteurs de droits et leurs représentants et avec des groupes locaux, en les considérant comme des partenaires à part entière, ainsi qu'avec des ONG nationales, régionales et internationales – et s'associer volontiers aux initiatives lancées par ces partenaires ; • chercher à entretenir des relations constructives et efficaces entre partenaires multiples avec un vaste éventail d'interlocuteurs, comme les gouvernements, les OIG (dont les Nations Unies) et les entreprises, afin de défendre son programme relatif aux droits humains. • • • • • Mise en place, de façon durable, d'un grand nombre et d'une grande variété de partenariats aux niveaux mondial et local, permettant une collaboration véritablement utile sans compromettre nos valeurs fondamentales. Formation de partenariats efficaces dans les pays du Sud, dans les puissantes émergentes et dans les pays où Amnesty International est bien implantée. Promotion de notre programme relatif aux droits humains par le biais, entre autres, d'initiatives multilatérales et de coalitions avec plusieurs partenaires. Contribution directe de nos partenaires et des détenteurs de droits à la planification, la prise de décision, l'établissement des priorités, la mise en œuvre et l'évaluation de notre travail en faveur des droits humains. Évaluation des répercussions du travail mené par Amnesty International avec des partenaires et développement de la capacité du mouvement à évaluer et à apprendre des autres. Pour une réflexion plus approfondie sur le travail avec des partenaires, voir la circulaire n° 22 (POL 50/008/2009). À propos de ce que cela implique de prendre en compte les voix des partenaires et des détenteurs de droits dans les processus de prise de décision d'Amnesty International, voir les propositions du CEI sur la gouvernance dans les circulaires n° 9 (ORG 50/002/2009) et n° 21 (ORG 50/007/2009). 11 Le terme « partenariats » désigne les partenariats avec tout un éventail d'acteurs – voir la circulaire du CI à ce sujet. 10 Améliorer nos partenariats Chercher des possibilités et créer des solutions collectives (P3) Idées-forces De plus en plus, les gouvernements et les autres acteurs cherchent des propositions • concrètes et des possibilités de changement. Nous devons non seulement utiliser les droits humains comme outil d'analyse pour évaluer l'inacceptable (dénoncer les violations des droits humains), mais aussi développer leur utilisation comme cadre pour apporter l'essentiel (trouver des solutions). • Par conséquent, Amnesty International va : • ajouter des méthodes axées sur les solutions à son éventail de méthodes de recherche, de plaidoyer et de campagne ; • associer ses compétences en matière de dénonciation des atteintes aux droits • humains à des compétences en termes d'analyse multidisciplinaire des problèmes et d'engagement des parties intéressées, notamment en renforçant leurs capacités, afin de mieux résoudre les problèmes relatifs aux droits • humains ; • utiliser ses compétences et son expertise en tant que mouvement mondial et local, et établir des relations avec d'autres, pour chercher à obtenir des changements dans le domaine des droits humains par des approches multidimensionnelles et à différents niveaux ; • investir dans la mesure de l'impact et l'évaluation des stratégies et des tactiques • relatives aux droits humains afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles en matière de droits humains. Signes de réussite Meilleure prise en compte du contexte entourant les problèmes relatifs aux droits humains et du point de vue de ceux dont les droits sont affectés. Réalisation d'un travail de recherche fondé sur des analyses rigoureuses et apportant des recommandations de solutions concrètes, sans pour autant perdre notre rôle d'acteur non partisan. Mise en œuvre d'une approche solide de notre travail, axée sur les résultats et participative. Reconnaissance par les détenteurs de droits, par nos partenaires et par les autres militants des droits humains de l'efficacité de notre travail de campagne et de plaidoyer en termes de changements obtenus. Évaluation des répercussions du travail d'Amnesty International sur ceux dont les droits sont menacés, et développement de la capacité d'évaluation et d'apprentissage auprès des autres à l'échelle du mouvement. Questions d'excellence Promouvoir la participation active des membres et des sympathisants (E1) Idées-forces Pour qu'Amnesty International puisse mettre en œuvre les changements qu'elle souhaite pour et avec les détenteurs de droits, il faut que ses membres et • sympathisants soient engagés et prêts à poursuivre les activités militantes habituelles lorsqu'elles sont efficaces, mais aussi à adopter de nouvelles démarches lorsque nécessaire. En fonction des membres et des sympathisants, et tout au long du chemin parcouru par chacun avec Amnesty International, la participation active peut prendre différentes formes, parmi lesquelles le soutien financier. Ces contributions sont les pierres angulaires d'Amnesty International et doivent être encouragées et appréciées dans leur diversité. Par conséquent, Amnesty International va : • • investir13 dans ses membres et ses sympathisants, en les orientant à l'extérieur du mouvement, en les mettant en contact avec nos partenaires, les détenteurs de droits et d'autres interlocuteurs, et en harmonisant leur action militante avec les priorités d'Amnesty International en matière de droits • humains ; • valoriser les différentes formes de contribution à Amnesty International et de militantisme en faveur des droits humains, et les développer encore • davantage ; • élargir l'ampleur et les possibilités de participation des membres et des sympathisants à notre travail, en éliminant les obstacles à l'engagement actif. Signes de réussite12 Participation accrue des membres et des sympathisants d'Amnesty International à de nouvelles formes gratifiantes d'action militante en faveur des droits humains et avec des partenaires dans le cadre du mouvement plus large de défense des droits humains, en plus des moyens plus traditionnels de participation, comme les groupes locaux. Fonctionnement d'Amnesty International sous la forme d'un mouvement accessible, accueillant et ouvert à diverses formes d'engagement par différents publics. Élargissement et redéfinition de la notion de membre afin de faire d'Amnesty International un mouvement plus diversifié et plus réactif. Valorisation par Amnesty International de formes de contribution variées afin de toucher un public plus large. Les suggestions d'autres signes de réussite sont les bienvenues. L'investissement comprend tout un éventail d'activités allant de la formation à l'élaboration de nouvelles formes de militantisme en passant par la facilitation des échanges entre les militants d'Amnesty International et le mouvement global de défense des droits humains. 12 13 Questions d'excellence Relier le local et le mondial (E2) Idées-forces En tant qu'organisation mondiale de défense des droits humains composée de membres locaux, Amnesty International a la capacité unique d'obtenir des changements à plusieurs • niveaux en même temps : sur le plan mondial, international, régional, national et individuel. La synergie entre le travail de campagne mondial et le militantisme local peut être très puissante à condition que les processus et les structures des deux niveaux soient bien harmonisés. Par ailleurs, lorsque la réactivité, la pertinence et l'innovation sont bonnes localement, il est souvent possible et réalisable d'obtenir des changements presque immédiatement. Cependant, la présence locale d'Amnesty International doit être élargie en termes de géographie, de démographie et de diversité, afin d'améliorer la • capacité de l'organisation à mobiliser efficacement l'opinion publique pour défendre son programme relatif aux droits humains partout dans le monde. Par conséquent, Amnesty International va : • bâtir des partenariats stratégiques entre ses membres et d'autres militants des droits humains dans les pays du Sud, afin de donner une nouvelle signification et une • nouvelle vitalité à la solidarité mondiale ; • investir de manière créative dans le développement de sa présence et de son militantisme locaux, par exemple par des partenariats et des coalitions, afin de soutenir le travail d'Amnesty International sur le plan local et mondial, notamment dans les économies émergentes ; • harmoniser ses actions locales et ses objectifs mondiaux afin de créer des moyens de pression efficaces en faveur des droits humains. Signes de réussite Création, dans le cadre des campagnes, recherches et actions mondiales, de nouvelles formes prometteuses d'action militante et de présence locales pour Amnesty International et ses partenaires. Mise en place de réseaux de militants de différentes régions du monde travaillant ensemble pour obtenir des changements dans le domaine des droits humains aux niveaux mondial et local. Renforcement du militantisme local et des capacités locales d'action en faveur des droits humains par des partenariats entre les militants d'Amnesty International dans le Nord et leurs collègues ou partenaires du Sud14. Les définitions du Sud et du Nord peuvent varier ; cependant, dans tous les documents du PSI, nous entendons par Sud tous les pays de l'Est et du Sud, et par Nord tous les pays du Nord et de l'Ouest. Ces partenariats peuvent comprendre des contacts directs entre militants de différents pays. Le travail de ce type devra être coordonné au niveau international par des procédures validées. 14 Questions d'excellence Répondre aux défis et aux occasions qui se présentent (E3) Idées-forces Signes de réussite • Le changement climatique, les évolutions géopolitiques, les transformations économiques, les progrès techniques et scientifiques, ainsi que les conflits et les mouvements sociaux, entraînent à la fois des conséquences violentes, graves et imprévisibles et des occasions importantes et inattendues pour les droits humains. L'émergence de nouveaux acteurs mondiaux comme l'Inde, la Chine, la Russie et d'autres ajoute une nouvelle dimension à l'ordre du jour • international relatif aux droits humains. Par conséquent, Amnesty International va : • développer et maintenir sa capacité stratégique à examiner le monde avec attention et à analyser les nouvelles menaces et les occasions qui se présentent15 ; • répondre efficacement et rapidement aux graves problèmes qui se dessinent, en s'appuyant sur l'ensemble du mouvement et sur ses • partenaires, et en adaptant ses plans, ses priorités et ses ressources en conséquence ; • jouer, de manière volontariste et stratégique, un rôle moteur dans l'engagement de la communauté de défense des droits humains à propos des préoccupations et des acteurs mondiaux émergents. • 15 L'ampleur de cette capacité sera définie au niveau opérationnel. Intégration des droits humains dans les réponses nationales et internationales aux préoccupations politiques, économiques, sociales et environnementales mondiales, notamment le changement climatique, la mondialisation économique, les sciences et les technologies, les catastrophes humanitaires et les conflits armés. Travail d'Amnesty International en direction des nouvelles puissances mondiales, en particulier l'Inde, la Chine et la Russie, ainsi que des organisations régionales et internationales, anciennes ou nouvelles, afin de trouver des solutions aux problèmes relatifs aux droits humains. Reconnaissance du rôle moteur d'Amnesty International dans les débats de la société civile sur les moyens d'apporter, en temps voulu et de manière efficace et stratégique, des réponses relevant des droits humains aux défis et aux occasions qui se présentent. Acquisition par Amnesty International des compétences, des capacités et de la cohérence nécessaires pour contribuer efficacement et à un haut niveau au travail dans ce domaine. Questions d'excellence Communiquer efficacement (E4) Idées-forces La capacité d'Amnesty International à communiquer, convaincre et inciter les gens • à agir est essentielle pour la réalisation de son programme en faveur des droits humains. Nous devons pouvoir dire de manière compréhensible, accessible, claire et cohérente à ceux dont les droits sont menacés, à nos partenaires et à nos • membres et sympathisants quelles sont nos préoccupations en matière de droits humains, qui nous sommes et ce que nous défendons. Par conséquent, Amnesty International va : • • communiquer mondialement et localement, à des publics variés parlant différentes langues, une vision convaincante et une invitation motivante à l'action militante ; • • exploiter les technologies de l'information innovantes pour faire passer ses messages à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement, en utilisant des voies de communication accessibles aux groupes visés ; • veiller à ce que les messages et la voix de ceux avec qui et pour qui nous travaillons – les détenteurs de droits et les partenaires locaux – soient entendus par nous-mêmes et par les autres ; • • utiliser son 50e anniversaire comme tremplin pour communiquer avec une nouvelle génération de militants des droits humains16. Signes de réussite Bonne notoriété d'Amnesty International en tant que défenseur des droits humains crédible, pertinent et incontournable. Bonne compréhension de l'identité d'Amnesty International en tant que mouvement de militants des droits humains travaillant avec les détenteurs de droits et d'autres militants. Contribution mesurable de la communication d'Amnesty International à la réalisation des objectifs en matière de droits humains. Communication rapide, mondiale et locale, à propos des préoccupations d'Amnesty International, dans un éventail stratégique de médias et de langues, en tenant compte des préoccupations des détenteurs de droits et des partenaires locaux. Élargissement du public d'Amnesty International, en particulier parmi les jeunes, afin de recruter une nouvelle génération de militants et de sympathisants. Nous mettons en avant le 50e anniversaire en raison de l'occasion sans précédent qu'il nous donne de faire passer au monde un message fondé sur l'expérience d'un demi-siècle de défense des droits humains. Les détails de ce travail seront élaborés au niveau opérationnel. 16 Investir dans l'apprentissage et le développement Investir dans les bénévoles, le personnel, la direction et les systèmes (L1) Idées-forces La réalisation des aspirations d'Amnesty International en matière de droits humains repose sur de nombreux facteurs, mais avant tout sur les gens. • Cependant, sur le plan interne, notre approche de ce facteur humain est disparate et fragmentée – avec des membres, des bénévoles et du personnel qui réfléchissent et agissent en « groupes d'intérêt » plutôt que du point de vue du mouvement dans son ensemble. Or, les défis mondiaux obligent Amnesty • International à développer les savoir-faire, les connaissances et les compétences de ceux qui la composent afin de disposer d'une base plus solide pour mettre en œuvre ses priorités. L'un des principaux aspects de cette évolution est la mise en place d'une force de travail plus souple, plus mobile et plus diversifiée, soutenue par des systèmes et des processus qui assurent une bonne harmonie • entre les différentes composantes d'Amnesty International afin qu'elle fonctionne efficacement. Par conséquent, Amnesty International va : • investir dans la formation et le renforcement des capacités de ses membres, dirigeants, bénévoles et personnels afin de leur donner le pouvoir et la capacité de dépasser les frontières de la géographie, de la culture, des • centres d'intérêt et des fonctions et responsabilités ; • investir dans les politiques, les systèmes et les procédures afin de créer une culture de l'organisation et de susciter un engagement à travailler dans le sens du projet « Amnesty, un seul mouvement ». Signes de réussite Harmonisation entre nos priorités stratégiques et les compétences, les personnes, les systèmes et les structures de toutes les entités d'Amnesty International. Instauration à l'échelle du mouvement d'une culture de l'organisation qui promeuve l'excellence dans le travail de ses dirigeants, de son personnel et de ses bénévoles. Fort engagement des personnes qui composent Amnesty International dans la collégialité, la coopération, le respect et l'obligation de rendre des comptes les uns aux autres et à nos partenaires, en cherchant des solutions locales lorsque c'est adapté et des solutions à l'échelle du mouvement lorsque c'est nécessaire. Existence de systèmes et de processus soutenant le travail mondial, avec notamment une force de travail mobile, adaptable et orientée vers la performance. Investir dans l'apprentissage et le développement Diriger efficacement (L2) Idées-forces Amnesty International n'est pas simplement une organisation mondiale de défense des • droits humains : elle est aussi un mouvement démocratique composé de militants des droits humains engagés, bénévoles ou salariés, qui travaillent ensemble avec de nombreux partenaires et sympathisants aux niveaux local, national et international. Des millions de personnes dans le monde jouent un rôle actif ou sont « parties prenantes » dans l'organisation et dans son avenir. L'enjeu consiste à diriger Amnesty International pour qu'elle soit un mouvement mondial de militants diversifié, pertinent et réactif soutenu par une direction durable, crédible, compétente et tenue de rendre des comptes. Pour y parvenir efficacement, l'organisation doit donner à ses dirigeants, en particulier au niveau de la gouvernance, le pouvoir de mettre en œuvre ses priorités et d'en rendre compte, et notamment celui de faire d'« Amnesty, un seul mouvement » une réalité quotidienne, tant sur le plan mondial que local. • Par conséquent, Amnesty International va : • améliorer l'obligation de rendre des comptes à l'égard des parties concernées à l'intérieur comme à l'extérieur du mouvement, et tenir compte de leurs points de vue, de leurs perspectives et de leurs préoccupations dans ses processus de prise de décision, en particulier en cherchant à cet effet des contacts avec les détenteurs de droits et les partenaires ; • • faire en sorte que ses organes de gouvernance et ses responsables assurent, aux niveaux mondial et local, une direction fondée sur des principes et des compétences, en veillant à ce qu'ils aient la capacité, le pouvoir, le soutien et les compétences nécessaires pour tenir compte des intérêts et des préoccupations des parties concernées à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement, ainsi que pour réaliser aux Signes de réussite Présence à la tête d'Amnesty International de dirigeants qui inspirent confiance aux niveaux local et mondial, suscitant un soutien pour ses priorités dans le mouvement plus large de défense des droits humains et au sein même de l'organisation, tout en communiquant clairement les objectifs et les priorités d'Amnesty International à ces partenaires internes et extérieurs. Existence, au sein des systèmes de gouvernance d'Amnesty International, de mécanismes garantissant la prise en compte des détenteurs de droits et des partenaires et l'obligation de leur rendre des comptes17. Responsabilité et obligation de rendre des comptes à la fois conjointes et séparées des dirigeants mondiaux et des exécutifs des sections et structures dans la mise en œuvre des priorités d'Amnesty Pour savoir quels pourraient être les moyens concrets d'appliquer ce principe d'intégration des détenteurs de droits et des partenaires et d'obligation de leur rendre des comptes, veuillez consulter les propositions du CEI sur la gouvernance dans les circulaires n° 9 (ORG 50/002/2009) et n° 21 (ORG 50/007/2009) du CI. 17 • mieux leurs tâches organisationnelles et honorer la confiance placée en eux, notamment en termes de gestion des risques ; orienter ses systèmes de gouvernance vers le suivi et l'évaluation efficaces des • activités par rapport aux plans adoptés, en en tirant les conséquences nécessaires lorsque les priorités du mouvement ne sont pas entièrement mises en œuvre. • International aux niveaux mondial et local. Amélioration du vivier de dirigeants actuels et futurs d'Amnesty International sur la base des compétences et par des systèmes d'identification, de recrutement, de soutien et de conseils efficaces. Gestion efficace et stratégique des risques par les dirigeants d'Amnesty International, en veillant à ce que les conséquences en cas de nonréalisation des objectifs soient connues et acceptées. Investir dans l'apprentissage et le développement Faire de la diversité et de l'intégration de la dimension de genre une réalité (L3) Idées-forces En tant qu'organisation mondiale de défense des droits humains, Amnesty International doit avoir une portée, une pertinence, une identité et une • perspective réellement mondiales. Elle doit veiller à ce que l'universalité des droits humains se reflète dans l'éventail et la diversité des gens avec qui elle travaille – sur le plan interne et externe. C'est en effet un facteur essentiel pour parvenir à une plus grande efficacité dans le domaine des droits humains et • pour créer un mouvement de défense de ces droits plus dynamique, plus complet et réellement mondial. • Par conséquent, Amnesty International va : • mettre en place des politiques, des processus et des systèmes garantissant que ses fonctions centrales (comme ses méthodes de recherche, de pression et de campagne, ses stratégies de croissance et ses processus de communication et de prise de décision) tiennent compte des questions de • points de vue, de représentation, d'identité, de différences et de perspectives – y compris des politiques garantissant l'intégration de la dimension de genre ; • • utiliser des mesures précises et ciblées pour instaurer de manière durable une véritable diversité en termes d'identité, de géographie et de culture parmi ses membres et son personnel dans toutes les composantes du mouvement. Signes de réussite Augmentation du nombre de membres dans les pays du Sud et de membres issus de groupes sous-représentés dans les pays du Nord. Présence de membres, personnels et dirigeants reflétant la diversité des sociétés dans lesquelles ils travaillent. Encouragement et soutien à la variété des contributions, perspectives et expériences au sein d'Amnesty International et parmi nos partenaires et autres parties extérieures concernées. Soutien et maintien du militantisme et de partenariats solides, sains et efficaces dans les pays du Sud. Traitement équitable, avec dignité et respect et sans discrimination, du personnel, des bénévoles, des dirigeants et des partenaires d'Amnesty International. Investir dans l'apprentissage et le développement Exploiter les technologies pour favoriser le changement (L4) Idées-forces Les technologies de l'information et de la communication tissent à une • vitesse croissante un réseau sans frontières de connexions et de relations entre les gens dans le monde entier, comblant les inégalités traditionnelles en termes d'accès à l'information et effaçant de plus en • plus la « fracture numérique ». L'information est vitale pour Amnesty International car elle fournit aux gens ce dont ils ont besoin pour agir • efficacement, à l'intérieur comme à l'extérieur du mouvement. Il est indispensable que nous investissions dans les technologies pour mener à bien notre mission, soutenir une action efficace et parvenir à la croissance et à la diversité nécessaires. Par conséquent, Amnesty International va : • • mieux exploiter le potentiel des technologies afin de : o générer une communication interne et externe efficace servant ses priorités, o renforcer la capacité d'agir des détenteurs de droits et faire entendre leur voix18 ; • investir dans les technologies afin de renforcer son efficacité de fonctionnement en tant que mouvement, en cherchant à améliorer notre performance et à réduire les activités redondantes et le • gaspillage ; • adopter une approche planifiée et systématique du stockage, de la Signes de réussite Renforcement de la gestion des connaissances au sein des entités d'Amnesty International, entre celles-ci et entre elles et nos partenaires. Création de tribunes permettant aux détenteurs de droits de faire entendre leur voix efficacement. Utilisation des technologies de l'information et de la communication pour mettre en oeuvre les priorités stratégiques d'Amnesty International et protéger l'intégrité et la sécurité de ses informations. Mise en place par Amnesty International de structures et de systèmes organisationnels pour les technologies de l'information et de la communication qui soient rentables, permettent des échanges de services et, le cas échéant, offrent des infrastructures communes tout en permettant une bonne intégration dans le fonctionnement de l'organisation19. Sensibilisation d'un public plus large aux droits humains par la création de communautés en ligne. 18 Bien entendu, les détenteurs de droits doivent s'exprimer eux-mêmes, mais Amnesty International peut les aider à donner une plus grande portée à leur voix et contribuer à créer des tribunes leur permettant de mieux faire entendre leurs préoccupations. 19 Par exemple, par la fourniture à l'échelle du mouvement de matériel et de logiciels essentiels dans le domaine des technologies de l'information. recherche et de la disponibilité des informations afin de permettre aux gens d'agir efficacement. Du point de vue des ressources Toucher de nouveaux publics et renouveler20 les membres (R1) Idées-forces Signes de réussite • Le plus grand espoir pour les droits humains est que, partout dans le monde, les gens s'identifient au mouvement mondial de défense des droits humains et utilisent leurs propres droits pour défendre et protéger ceux des autres. Les gens sont l'énergie vitale du mouvement • de défense des droits humains dans son ensemble, jouent un rôle central au sein d'Amnesty International et sont notre plus grand atout. Nous devons investir en eux mondialement, en entretenant, renouvelant et développant la base de soutien à Amnesty International et, plus largement, au militantisme en faveur des droits humains. Par conséquent, Amnesty International va : • • aider le mouvement global de défense des droits humains à utiliser toute une palette d'outils pour entrer en contact avec les gens et les inciter à s'identifier aux droits humains ; • établir des contacts avec un vaste éventail de personnes et les inciter activement à nous rejoindre par la consultation, le dialogue et l'échange, ainsi qu'en tenant compte de leurs points de vue, de leurs préoccupations et de leurs expériences ; • • se renouveler en recrutant parmi toutes les tranches d'âges et en particulier des jeunes, tout en conservant la participation et la valeur des générations actives actuelles. 20 Établissement de contacts avec les personnes qui sont actives dans les mouvements de justice sociale, en particulier les militants des droits humains et les sympathisants des pays du Sud. Renouvellement de l'engagement des personnes déjà actives au sein d'Amnesty International, en veillant à ce que la valeur des membres, bénévoles, activités, donateurs et personnels actuels soit reconnue et que ceux-ci jouent à leur tour un rôle créatif dans la valorisation et l'accueil des nouveaux venus au sein de l'organisation. Réalisation ou dépassement des objectifs d'Amnesty International en ce qui concerne l'établissement d'une base de sympathisants plus représentative et plus diversifiée partout où l'organisation est présente localement, en suscitant l'engagement actif et créatif des jeunes et, plus particulièrement, de la « génération Internet ». Utilisation de méthodes innovantes pour présenter Amnesty International, accueillir et valoriser les nouveaux participants et adapter les méthodes de l'organisation afin qu'elles répondent mieux aux besoins et aux centres d'intérêt des nouveaux publics. Le terme « renouveler » signifie ici augmenter le nombre de membres, mais aussi renforcer nos membres. Du point de vue des ressources Augmenter le nombre de donateurs et accroître nos ressources (R2) Idées-forces Amnesty International a augmenté le nombre de ses sympathisants sur les principaux « marchés » d'où elle tire ses revenus, mais ces mêmes « marchés » arrivent à maturité et, même si nous avons rencontré quelques succès sur de nouveaux « marchés de collecte de fonds », nos efforts n'ont pas été en adéquation avec notre programme relatif aux droits humains et à la société civile. Parallèlement, l'instabilité de l'économie mondiale constitue un réel défi pour la sécurité de nos revenus et pose de nouveaux problèmes en termes d'investissements et de dépenses. En particulier, les dons des particuliers sont une source incomparable de stabilité et d'indépendance, et ouvrent une porte essentielle vers d'autres formes de militantisme en faveur des droits humains. Par conséquent, Amnesty International va : • utiliser son nom, sa réputation et sa portée mondialement et localement pour démontrer que les dons à Amnesty International sont un moyen apprécié et gratifiant de militer en faveur des droits humains ; • renouveler, diversifier et étendre ses sources de revenu en menant un travail de collaboration dans l'ensemble du mouvement afin de l'inciter à « voir grand » en termes de croissance financière et à réaliser cette croissance ; • harmoniser et intégrer ses messages de campagne et de collecte de fonds, en développant des relations de qualité avec les donateurs et en améliorant la fidélisation et l'engagement des sympathisants ; Signes de réussite • • • • • Augmentation du revenu et du nombre de sympathisants d'Amnesty International dans les « marchés » traditionnels comme dans les nouveaux conformément aux objectifs de croissance mondiaux et locaux établis à partir de données concrètes. Prise en compte des dons à Amnesty International comme une forme de militantisme en faveur des droits humains appréciée à sa juste valeur, et comme un pas décisif dans la fidélisation des sympathisants. Investissements en vue d'améliorer la sensibilisation aux droits humains et la connaissance d'Amnesty International dans les lieux où celle-ci n'est pas très présente localement (par exemple dans des pays comme l'Inde et le Brésil)21. Augmentation des dons par habitant à Amnesty International, aussi bien dans nos « marchés de collecte de fonds » traditionnels que dans les nouveaux. Comparaison de la « rentabilité » de la collecte L'investissement en vue de se développer dans de nouveaux lieux s'appuiera sur une planification soigneuse, prévoyant notamment de tirer les leçons de l'expérience d'autres ONG internationales et d'évaluer les initiatives de croissance du PSI actuel. 21 • • se fixer des objectifs de croissance ambitieux mais réalisables sur le plan mondial et local, suivre ces objectifs et rendre compte de leur réalisation ; investir dans de « nouveaux marchés » offrant des possibilités de résultats en matière de droits humains, d'engagement de la société civile et de recrutement de membres ou de sympathisants pour Amnesty • International. de fonds au sein d'Amnesty International et de la « valeur sur une vie entière » de ses sympathisants, et constatation du fait que cellesci s'apparentent aux meilleures pratiques. Gestion mondiale et locale efficace des risques auxquels Amnesty International est confrontée. Du point de vue des ressources Distribuer les ressources de manière stratégique22 (R3) Idées-forces Les chargés de campagne et les organisateurs qui réussissent le • mieux sont ceux qui alignent leurs ressources sur leur stratégie, veillant ainsi à ce que leurs résultats soient cohérents avec leurs objectifs. En tant qu'organisation militante, nous devons faire en sorte que l'investissement, la distribution, la gestion et la • gouvernance de nos ressources financières, ainsi que l'obligation de rendre des comptes à propos de ces ressources, soient au service de la stratégie qui guide la mise en œuvre de notre mission et de notre vision. Pour mieux remplir ses engagements en matière de droits • humains, Amnesty International doit veiller à ce que ses ressources aillent là où sont ses priorités, et ne restent pas bloquées par le simple fait du hasard à l'endroit où elles ont été collectées. Par conséquent, Amnesty International va : • distribuer ses ressources de sorte qu'elles soutiennent ses priorités mondiales et locales, en mettant l'accent sur les investissements destinés à obtenir des résultats en matière de droits humains, tout en garantissant le bon fonctionnement de l'organisation ; • accroître de manière significative ses investissements dans le développement du mouvement de défense des droits humains en général, et d'Amnesty International en particulier, dans les Signes de réussite Acceptation de l'idée selon laquelle les sommes collectées au nom d'Amnesty International appartiennent à l'organisation dans son ensemble et non à l'entité qui les a collectées. Utilisation des ressources pour mettre en œuvre nos priorités aux niveaux mondial et local, et augmentation de la présence et de la pertinence d'Amnesty International, en particulier dans les pays du Sud. Mise en place d'une approche cohérente de la prise de décision et de l'obligation de rendre des comptes dans le domaine financier à travers le mouvement afin de réduire la concurrence malsaine et d'améliorer la confiance, en veillant à ce que : o dans la mesure du possible, les décisions financières soient prises localement, conformément au principe de subsidiarité23, o chaque fois que cela est essentiel, la prise de décision finale soit prise par et pour le mouvement dans son ensemble, comme doit le faire toute organisation mondiale unifiée, o quand cela s'avère nécessaire pour garantir une Pour obtenir de plus amples informations sur les systèmes et processus proposés qui seront élaborés pour favoriser la distribution stratégique des ressources, voir la circulaire n° 21 du CI (ORG 50/007/2009). 23 Principe selon lequel les décisions ne doivent être prises à l'échelon supérieur d'une organisation que si elles ne peuvent pas l'être efficacement à l'échelon inférieur. 22 • • • pays du Sud ; appuyer ses décisions financières sur des analyses empiriques et techniquement fiables ; investir dans des systèmes destinés à permettre la planification • et les comptes rendus intégrés des activités et des finances sur le plan mondial, de matière stratégique et rationnelle ; veiller à être en mesure de rendre compte publiquement et avec précision et exhaustivité de l'argent qu'elle reçoit, de la manière • dont elle le dépense et des résultats qu'elle obtient. coordination efficace, assurer la qualité de la décision et veiller à ce qu'elle soit suivie partout dans le monde, la prise de décision financière soit centralisée. Occupation des postes de responsables financiers par des personnes (bénévoles ou salariées) dont les talents soient à la mesure de leurs responsabilités en termes d'échelle et de complexité, et reposent sur des compétences professionnelles et techniques de qualité. Classement d'Amnesty International au premier rang des organisations à but non lucratif en termes de transparence, de rapports financiers et d'obligation de rendre des comptes à propos de ses ressources et de ses résultats en matière de droits humains.