La production des brasseries ardennaises

Transcription

La production des brasseries ardennaises
la chronologie
Une boisson
venue de l’Antiquité
Au Moyen Age, les moines cambiers sont chargés de la
fabrication de la bière dans la “camba” ou “brassine”.
- 1128 : la bière des Prémontrés de Laval-Dieu.
- 1137 : la bière des Chartreux du Mont-Dieu. L’existence
de la brasserie est attestée entre 1630 et 1688.
- 1147 : la bière de l’Abbaye d’Orval.
- XIIIe siècle : le houblon est incorporé dans la cervoise,
étymologiquement “le vin d’orge” ou “le vin de
Cérès” (déesse des moissons). Ensuite, dans la cervoise,
plus de houblon, mais des plantes aromatiques amères
incorporées : gentiane, coriandre, absinthe, sauge, lavande...
En Espagne, on dit toujours « cerveza » aujourd’hui.
- Fin XIII e s. : G(C)ambrinus diffuse la bière hors
d’Allemagne. “La bierre” = un breuvage houblonné.
La bière vient du latin “biber” (= boisson).
- XIVe siècle : naissance de corporations de brasseurs
laïcs. Les moines se retranchent dans la viticulture.
- 1388 : brassage de la queute à Mézières.
- Début XV e siècle : les patronymes “Brasseur” ou
“Lebrasseur” apparaissent.
D.R.
“Bières saintes”
D.R.
- La bière est la plus ancienne boisson alcoolisée connue.
Elle fit son apparition dès l’invention du pain.
- La bière est connue en Mésopotamie (- 6000 ans). En
Egypte antique, l’on apprécie “le vin de Péluse” ou “la
pélusienne” (infusion et fermentation de céréales avec
du miel et des dattes).
- De l’Egypte, la bière passe en Grèce, puis en Gaule et
Germanie.
- En Gaule, étaient fabriquées “la corma” (froment +
miel), la “celia”, la “cerevisia” (orge).
Louis Pasteur et sa maison natale de Dôle
La bière remplace la cervoise
- 1er avril 1435, ordonnance officielle de Jean II le Bon :
première référence de la bière.
- 1871 : à Clermont-Ferrand, début de l’étude de Pasteur
sur la bière et ses problèmes de conservation.
- 1477 : première taxe ordonnée par le prince Robert de
La Marck sur les bières de Mouzon.
- 1873 : Louis Pasteur préconise de détruire les germes
contenus dans la bière par élévation de la température.
Pasteur vient étudier la fabrication de la bière chez
Lefèvre, brasserie de Tassigny à Reims. Pasteur publie
ses “Etudes sur la Bière” en 1876.
- Février 1495 : une ordonnance prescrit l’emploi du houblon dans la bière.
- XVIe siècle : en concurrence “la bière des Pères” et “la bière des Couvents” (religieuses), moins alcoolisée. Les
moines trappistes sont les religieux cisterciens de la règle de Notre-Dame de la Trappe, monastère fondé en
1140, proche de la règle de Clairvaux.
- 1890 : création du Syndicat des Brasseurs ardennais regroupant 131 artisans.
- 1893 : création des Ecoles de Brasserie de Nancy et
Douai.
- XVIIe siècle : un impôt sur la bière. Supprimé au début
de la Révolution.
- 1908 : décret-loi sur la qualité et la composition de la bière.
- Révolution française : la suppression des corporations provoque une baisse durable de la qualité de la
bière.
- Vers 1936 : la bière, de boisson régionale, devient une
boisson nationale. Elle s’industrialise (terminé l’artisanbrasseur !).
- 1856 : Jean-Louis Baudelot, né en 1797 à Vendresse, invente le refroidisseur de moût qui permet de fabriquer de
la bière toute l’année.
Cette date marque, aussi, l’irrémédiable déclin d’enseignes familiales détentrices de savoir-faire ancestral.
- 1860-1870 : passage de la fermentation haute à la fermentation basse. Bières basses, blanches, de garde. La bière haute est facile à fabriquer, mais ne se conserve pas,
ne peut pas voyager, elle “tourne” vite...
Saints patrons des brasseurs
Saint Médard et saint Arnould sont les patrons vénérés par les brasseurs.
- Ils célèbrent le 8 juin, Médard, l’évêque de Noyon, décédé en Vermandois vers 560.
- Les brasseurs de Belgique et du nord de la France optent pour saint Arnould de
Tieghem...
- Les brasseurs de Lorraine vénèrent saint Arnould de Metz, ancêtre de
Charlemagne...
Le roi Gambrinus
Synthèse de 2 rois bien réels Jean Primus, duc de Brabant et Jean sans
Peur, fondateur de l’Ordre du Houblon.
D.R.
Coll. Loiselet-Buisset
- 1868 : production des premières machines frigorifiques.
la fabrication
Fermentation alcoolique d’un moût (jus) composé :
- d’eau d’excellente qualité (il faut 6 à 10 litres d’eau pour fabriquer 1 litre de bière)
- de malt d’orge
- de houblon
L’orge : céréale à paille cultivée en Champagne, surtout dans la Marne et le sud des
Ardennes. Se récolte vers le 15 juillet. Ensuite, il faut la laisser reposer 1 mois.
Coll. Michel Blaise
Coll. Michel Blaise
Le houblon : plante plutôt rare donc chère, est cultivé sur les sols profonds et perméables : loess d’Alsace et sols argilo-calcaires de Bourgogne.
Espèce d’ombre dans sa phase végétative, mais nettement héliophile à partir de la floraison.
Récolte en août-septembre.
La fabrication
Attention, chaque brasseur possède sa recette secrète !
0- Approvisionnement en orge et eau. L’orge est récoltée vers le 15 juillet et doit sécher pendant plus d’un
mois. Dormance.
1- Maltage : trempage (la trempe) de l’orge et début
de germination (germage). 2-3 jours. 10-12°c. sans lumière, ni air. Puis, germination (8-10-20 jours).
2- Touraillage et séchage (torréfaction sur des grilles
à 50-85°c).
3- Dégermage : les grains sont tamisés. Enlèvement des
radicelles.
4- Brassage dans les bassins : le malt, séché puis moulu
en farine, est brassé à haute température avec de l’eau.
maische = malt + eau (cuve-matière ou cuve-filtre,
75° c, de 2 à 5 heures, l’amidon se transforme en sucre, la
saccharification). Moût = malt + eau + sucre + céréales (autres que l’orge). Les déchets de moût (drêches)
servent à la fabrication d’aliments pour le bétail.
5- Filtrage (2 h 40).
6- Le moût mélangé avec des extraits de houblon
(plante femelle) est mis à bouillir durant 2 heures. Dans
une chaudière à moût, stérilisation (100° c).
7- Réfrigération avec les baudelots (remplaçant les
bacs-refroidissoirs) : 8°c. = fermentation haute, 0°c. =
fermentation basse. Grâce aux baudelots, le refroidissement passe de 1 nuit à un peu plus d’1 heure. Les déchets
de houblon sont utilisés comme engrais.
8- Fermentation principale. Le moût fermente sous
l’action de levures, dans la cuve-guilloire ou guille.
9- Réfrigération. En hiver, la glace était récoltée sur la
Meuse et conservée ensuite dans une glacière souterraine comme à La Tour à Glaire, à Tournes, ou à Flize, dans
la “rue de la Glacière”.
10- Mise en bouteilles, fûts et foudres de garde.
Autrefois : maltage l’hiver, brassage l’été.
Les différentes étapes du brassage
Malt
et
Eau
Houblon
Levure
Fer mentation
Secondaire
Cuve
Matière
Cuve à
Bouillir
Refroidisseur
Fer mentation
Pr incipale
Tonneau
de gar de
Filtr ation
Coll. Michel Blaise
Cuve de
Bière ver te
Bar ils
Il existe 2 types de bières :
Bières de fermentation haute :
- fermentation principale à haute température (de 15° à 20° c.).
- avec des levures caractéristiques (Saccharomyces cerevisiae).
- en Belgique et Angleterre (Lambic, Louvain... Ale, Scotch-Ale, Stout, Porter...)
- plutôt dans les campagnes.
- fermentation à basse température (8°-12° c.).
- orge de Bohême-Moravie.
- avec des levures de fermentation basse (Pilsen, Dortmund, Munich...).
- plutôt dans les villes.
- plus stable, claire, gazeuse, mousseuse...
e
hel Blais
Coll. Mic
Bières de fermentation basse
Conditionnement
Pasteur isation
Bouteilles
Tir age à main
architecture
la chronologie
et matériel
Description de quelques brasseries
1882 : Brasserie Fissiau
à Givet
“Grande brasserie, en pleine activité, montée au système
bavarois, pour une fabrication de 10.000 hectolitres, avec
machine à vapeur, chaudières en cuivre rouge, refroidisseurs, réfrigérants, important matériel consistant en tonneaux, camions, bacs...”
1887 : Brasserie
Peltier-Rivet de Renwez
“Dans ce bâtiment, se trouvent les ustensiles de brasserie,
comprenant notamment : une cuve matière de 100 hectolitres, trois chaudières, un concasseur, une touraille, un refroidissoir, cuves Guillon, machine à laver les tonneaux, et
autres objets et matériel servant à la brasserie...”
Coll. Jean Beneux
1889 : Brasserie CharlesLambert à La Tour à Glaire
“Grande et belle brasserie, système bavarois et bien achalandée ; matériel complet et en très bon état ; caves et germoirs dans le roc, favorables à la fermentation basse.
Fabrication : environ 6.000 hectolitres, susceptibles de
grande augmentation...”
1834 : Brasserie Desmazi
à Poix-Terron
1890 : Brasserie Capitaine
au Petit-Moulin de Nouzon
(Nouzonville)
“Cette brasserie consiste en un corps de bâtiment composé,
au rez-de-chaussée, de trois places à feu et cellier ; au premier étage, deux places, un cabinet et un grenier ; plus un autre grenier formant le comble de la maison. La brasserie,
construite tout à neuf, tient au corps de logis, elle est grande
et vaste, avec deux chaudières dont l’une contient 56
hectolitres et l’autre 32. A la suite, une superbe entonnerie, une pompe en cuivre et deux autres en plomb pour le service de la brasserie, deux greniers à foin, fournil et remise à
bois...”
“ Ensemble tout le matériel de brasserie et autres objets réputés immeubles par destination et notamment deux chaudières d’une capacité chacune d’environ 40 hectolitres,
deux cuves à tremper en tôle galvanisée, un moulin concasseur, une cuve à mâcher en bois avec vagueur en fonte, une
pompe aspirante et foulante en cuivre, un réfrigérant avec
tuyaux en cuivre et bacs en zinc, une brouette à sacs, une bascule avec poids en fonte, un treuil, une touraille, un camion
suspendu sur ressorts, un tombereau, un cheval hongre âgé
de six ans et une jument hors d’âge, chaudrons en cuivre, cuves, cuvelettes, tonneaux de capacités diverses, fûts à pression, grande roue hydraulique d’un diamètre de neuf
mètres avec courroie et engrenage actionnant le matériel de la brasserie...”
“Une belle et grande brasserie située à côté du château, avec
ses chaudières, dont une contenant 60 hectolitres, ses cuves,
l’une desquelles contient 70 hectolitres, ses refroidissoirs et
tourailles, quatre pompes, plus de 400 tonneaux, et tous
les ustensiles nécessaires à son exploitation, le tout en très
bon état...”
1835 : Brasserie Pouillard
à Attigny
“Cette brasserie se compose de deux chaudières en cuivre
rouge, dont l’une contient 26 hectolitres, et l’autre 14
hectolitres ; d’une cuve à mâcher, d’une à tremper,
d’un refroidissoir, d’une touraille, de deux pompes,
de chaudrons, bacs, tonneaux et généralement de tous
les ustensiles nécessaires à un établissement de ce genre...”
1849 : Brasserie de la rue
de la Comédie à Mézières
(rue de Jaubert)
“Vaste brasserie, tout le matériel nécessaire à son exploitation, avec deux chaudières, l’une contenant 54 hectolitres, et l’autre 28 hectolitres. Caves et caveaux, à l’abri
des inondations, régnant sous la maison d’habitation, et
pouvant contenir plus de 150 hectolitres de liquide, sans être gerbés...”
Coll. Jean Beneux
1834 : Brasserie
de Clavy-Warby
1852 : Brasserie de la
rue de la Prison à
Mézières (rue des
Liégeois)
“Cette brasserie a entrée rue de la Prison, et se
compose de deux espaces de bâtiments neufs,
avec premier et second étages, construits en pierres, couverts en ardoises, avec le matériel et les
ustensiles servant à l’exploitation comprenant : deux tourailles de grande dimension,
deux grandes cuves en bois, servant l’une pour
l’entonnement et l’autre pour mâcher, deux
cuves à tremper en pierres, deux chaudières
montées au plus nouveau système, deux refroidissoirs avec serpentin à eau courante, deux entonneries avec huit bacs en
bois neuf. Vastes caves en dépendant...”
Coll. G.D.P.
contrôle de la qualité
La formation
Les brasseurs,
voleurs d’eau
et de grains
Ouvrage de Charles Bruneau
Au XVIIIe siècle, le Corps de Ville (la
municipalité) accuse périodiquement
les brasseurs de prélever trop d’eau,
d’épuiser les fontaines publiques,
comme en 1741 : “Le bien public devant être préféré au particulier, il a
toujours été d’usage de fixer le gros calibre des robins des maisons particulières, même celles des brasseurs, à une
ligne et demie, sinon qu’il est permis
aux brasseurs dans le même temps de
leur travail de faire couler leurs fontaines par un robin plus gros, ce qui néanmoins, n’ôte point l’eau aux fontaines
publiques, où il est d’usage d’en confirmer le plus qu’il est possible dans les
bassins et cuves pour secourir aux incendies qui peuvent arriver”
(Archives Municipales, Sedan, BB
06). Le 7 juillet 1750, le Corps de Ville
précise que les brasseurs devront munir leurs fontaines de robins à clef et
“qu’ils seront tenus de fermer aussitôt
qu’ils en auront tiré en suffisance pour
leur brasserie” (BB 07). Un règlement municipal précise le 19 juin
1779 que “les brasseurs n’étant
point surveillés par l’adjudicataire
des fontaines comme ils devraient
l’être, aux termes du règlement de
police du 24 mai 1764, la plupart
d’entre eux ont à leurs fontaines
des robins d’un diamètre excessif,
les tiennent continuellement ouverts et dissipent les eaux sans nécessité” (BB 14) [Se reporter à Gérald
Dardart, mémoire de maîtrise,
Université de Paris-Sorbonne, 1993].
Au XVe siècle, la présence de brasseurs est
attestée au faubourg d’Arches à
Mézières : André le Brasseur, vers 1464 et
Jean le Brasseur, en décembre 1489
(Chartes du Comté de Rethel).
Dès le XVI e siècle, vers 1527, des “eswards”, ou règlements, sont rédigés à
Mézières afin de protéger la qualité des bières et veiller à leur fabrication. A Sedan,
seront conçus des “esgards”.
Le 1er août 1588, la princesse Charlotte de
La Marck prescrit, par ordonnance, de
respecter le prix de la bière, fixé officiellement. Le 15 mars 1592, un règlement de
brasserie sedanaise est rendu public ; 8
maîtres brasseurs exercent alors à
Sedan : Philippe de Lessau, Gilles
Laurent,
Henri
l’Egyptien,
Guillaume Blanchot, Pierre de La
Rue, Pierre Belienne, Walerand Beda,
Jean Dehé [Source : Pierre Congar].
En 1597, sous Henri de La Tour
d’Auvergne, les brasseurs de la principauté souveraine de Sedan sont érigés en
maîtrise et en jurande. Il est alors défendu
d’exercer la profession avant d’avoir réussi son chef-d’oeuvre. Deux jurés sont
institués, leur tâche consiste à surveiller
le corps de la brasserie et la fabrication de
la bière. Les 13 brasseurs du XVIIe siècle
produisent jusqu’à 18.000 pièces de bière
par an. Des ordonnances d’Henri de
La Tour d’Auvergne réglementent la
brasserie sedanaise, en 1600, 1609,
1614, 1618 et 1620.
En 1624-1625, il est fait défense aux
brasseurs d’Yvois “d’amener et fournir
de la bière à la ville de Sedan”. Le motif de
cette injonction “bière trop chauffante et
enivrante”... Un faux prétexte pour limiter et éliminer la concurrence.
En 1646, à Charleville, le maître tonnelier Claude Certellet est nommé
pour contrôler les tonneaux des brasseurs et les jauger.
En 1667, Onésime Trussy, capitaine
du quartier Saint-François à Charleville,
est nommé inspecteur des tonneaux de
brasseurs.
En juin 1709, il est défendu aux brasseurs
carolopolitains de fabriquer de la bière.
A Raucourt, quatre brasseries sont répertoriées dès le XVII e siècle : celles de
Jacques Le Mariot dès 1629, de Vermont,
vers 1650, Lallement, vers 1670, Michel,
avant 1685. Nous retrouverons plus tard
les Vermont, à Sedan, et les Lallement, à
Douzy.
Par ailleurs, les brasseurs, comme les
boulangers, ne peuvent acheter de
grains sur le marché qu’en début d’après-midi, afin de permettre aux petits
consommateurs de s’approvisionner
le matin, avant la “razzia” de ces artisans. Un certain nombre de règlements municipaux vont dans ce sens
dès 1740 et jusqu’à 1835.
A la suite de la Révocation de l’Edit de
Nantes en 1685, sur 9 maîtres-brasseurs
calvinistes, 4 décident de s’exiler et
avec eux, d’emporter leur savoir-faire.
Un groupe de pression
Syndicat des Brasseurs
de l’Arrondissement de Sedan
créé en 1879 devient le...
Syndicat des Brasseurs Ardennais
Fondé en 1890
Premier président :
Charles DOCQUIN (1890-1919)
Le bureau en juillet 1890 :
Président :
Charles Docquin de Torcy-Sedan
Vice-président :
Charles Herbulot de Mézières
Secrétaire :
H. Canton de Charleville
Trésorier : Joseph de Charleville
Assesseurs :
Ricard de Lonny
Thomassin de Rethel
Ed. Raulin de Rethel
Baudelot de Haraucourt
Guilmin de Vireux-Molhain
Valin de Rimogne
En 1895, il regroupe 131 brasseurs
sur 227 !
1924 : il fusionne avec le Syndicat des
Brasseurs du Nord.
1925-1936 : Gillet-Rollin de Vrigne-auxBois, président. Le siège social se tient au
Buffet de la Gare de Charleville.
Mars 1929 : décès, à Sedan, de Charles
Docquin, ancien président.
Ecole Professionnelle
de Brasserie de Balan
Fondée en 1868
44 élèves en sortent en 1878.
Ecole de Brasserie de Nancy
Fondée par PETIT en 1893
Existe en 1904
Ecole de Brasserie de Douai
1893
La presse
Le journal “Le Brasseur”
Célestin Rahon, imprimeur, issu d’une
famille de brasseurs et de maîtres de
forges douzynois, imprime, sur la place Nassau, l’hebdomadaire dominical
“Le Brasseur” (1865-1882), en partie
rédigé à Namur.
Une corporation
victime
de la Terreur
En mars 1789, les brasseurs de Torcy
(Bon et Hannotel) font inscrire dans
les cahiers de doléances pour les Etats
Généraux la suppression des taxes sur
la bière “qui est la boisson du pays”
(sic).
Jalousés, critiqués, quelques brasseurs ardennais sont internés au
Mont-Dieu durant la Terreur, en
1794, sous le règne de l’Incorruptible
Robespierre :
Jean-Baptiste Maury de Vouziers,
Hubert de Charleville, Jean-François
Desse de Carignan...
Le 15 prairial an II, c’est-à-dire le 3
juin 1794, le brasseur Pierre GibouVermon, né le 30 mars 1741, est envoyé à l’échafaud par l’accusateur
public Fouquier-Tinville, avec 27 de
ses anciens collègues de la municipalité de Sedan.
Coll. Michel Blaise
Contrôle de la qualité
dès le XVIe siècle
évolution quantitative
Nombre de brasseries
dans les Ardennes
Nombre de br asser ies en 1897
Nombre de br asser ies en 1905
1857 : 135
1869 : 210
1875 : 236
● Répartition par arrondissements des 236 brasseries :
1- Arrondissement de Mézières : 80
2- Arrondissement de Sedan : 66
3- Arrondissement de Rocroi : 55
4- Arrondissement de Rethel : 18
5- Arrondissement de Vouziers : 17
Dispar ition dur ant la pér iode
Nouvelle cr éation dur ant la pér iode
1880 : 220
1887 : 227 brasseries = 508 ouvriers
1890 : 227
1895 : 222
1897 : 220
1900 : 224
1905 : 226
(moins de brasseries dans le Sud du département, en revanche, davantage dans le Sedanais et
dans la région de Signy-le-Petit).
1913 : 186
● Répartition par arrondissements
des 186 brasseries :
1- Arrondissement de Mézières : 67 (-13)
2- Arrondissement de Sedan : 46 (-20)
3- Arrondissement de Rocroi : 46 (-9)
4- Arrondissement de Rethel : 13 (-5)
5- Arrondissement de Vouziers : 14 (-3)
1914 : 182
1921 : 101
● Répartition par arrondissements des 101 brasseries :
1- Arrondissement de Mézières : 45 (-22)
2- Arrondissement de Sedan : 24 (-22)
3- Arrondissement de Rocroi : 22 (-24)
4- Arrondissement de Rethel : 3 (-10)
5- Arrondissement de Vouziers : 7 (-7)
1926 : 83 (contre 8 dans la Marne)
1929 : 62 (210.000 hl)
1939 : 47
1946 : 26
1950 : 19
1965 : 6
Dans les Ardennes, la crise brassicole survient à partir de 1901, alors
que l’érosion est contenue de 1870 à 1900. Toutefois, Mézières et sa région restent la première concentration de brasseries du département.
La Section des Brasseurs des Ardennes (Syndicat des brasseurs de
l’Est) a pour siège la Chambre de Commerce de Charleville (en 1946).
Les bourgs
brassicoles
en 1913, au-dessus de 4 brasseries
Balan 4
Carignan 5
Charleville 9
Dom-le-Mesnil 6
Fumay 4
Gespunsart 4
Juniville 4
Machault 4
Mézières 4
Monthermé 4
Nouzonville 4
Rethel 4
Revin 7
Rocroi 4
Sedan 7
Thilay 4
Nombre de brasseries à Charleville
1834 : 6 maîtres brasseurs + 5 marchands brasseurs à Charleville
1840 : 12 maîtres et marchands brasseurs
1849 : 6 maîtres brasseurs
1872 : 14
1885 : 11
1890 : 12 (9 à Sedan)
1900 : 11 (7 à Sedan)
1921 : 6
Durant la période 1830-1850, les brasseurs les plus prospères sont : à Mézières, Renaudin, né en
1799, Hénon-Tessier, né en 1799, L. Gendarme, né en 1810... à Charleville, Th. Chaffoureaux, né
en 1798, Désiré Lambert-Lagard, né en 1797, Ch. Gailly-Taurines, né en 1790, Durant fils, né en
1799, Cannepin-Féquant, né en 1787... Certains d’entre eux entrent dans les Conseils municipaux. Ainsi, en 1833, à Mézières, Renaudin, Coulbault, Daux ; à Charleville, Gailly-Taurines et
Collardeau.
Vers 1890 :
Coll. Jean-Pol Mathieu
Nombre d’employés en moyenne : 508
Salaire moyen quotidien : de 1,50 F. à 3,50 F.
Temps de travail moyen : 12 heures par jour.
Production annuelle moyenne : entre 1.000
et 10.000 hl.
Le seuil de rentabilité en 1919 est de 30.000 hl.
production et consommation
La production
des brasseries
ardennaises
1913 : 608.836 hectolitres de bière essentiellement de
fermentation haute (contre 388.135 hl dans la Marne).
1914 : 700.000 hl
1924 : 200.000 hl
1936 : 520.000 hl
1937 : 532.000 hl
A la veille de la Grande Guerre, une brasserie ardennaise
de taille moyenne produit 3.900 hectolitres par an.
La production
des brasseries
des arrondissements
de Mézières et Rocroi
1910 : 416.000 hl
1911 : 445.000 hl
1912 : 366.000 hl
1929 : 210.000 hl
Les 100 brasseries de Mézières-Charleville, de la Vallée et
du Plateau produisent environ 400.000 hl au début du
XXe siècle. La productivité de ces brasseries est légèrement supérieure à la productivité des autres maisons du
département.
La consommation
carolopolitaine de bière
[chiffres de l’octroi de Charleville] :
1900 : 44.932 hectolitres 1901 : 41.685 hl
1902 : 39.778 hl
1903 : 42.233 hl
1905 : 41.465 hl
1906 : 44.889 hl
1907 : 44.180 hl
1908 : 43.560 hl
1909 : 39.000 hl
A titre de comparaison, l’on boit à Charleville en 1909 :
19.000 hl de vin et 2.000 hl de cidre. La part du vin
augmente dans la consommation carolopolitaine au détriment de la bière : 15.906 hl en 1906, 17.906 hl en 1907,
18.000 hl en 1908, 19.000 en 1909... Les brasseries sont
obligées de fusionner, ou bien, elles disparaissent.
A Revin, l’on boit, avant guerre, en moyenne 16.300 hl de
bière par an.
Consommation
ardennaise
En moyenne 139 litres par habitant et par an vers 1900.
Par habitant, en 1904, 241 litres à Fumay et 986 litres à
Revin. Contre 45 litres dans la Marne.
Coll. Michel Blaise
Coll. J. Jeanteur
Un nombre important
de dépôts
Les brasseries ardennaises ne réussissent pas à satisfaire la consommation locale.
En 1906, les brasseries de Charleville produisent
43.000 hl, dont près de 2.000 hl sont commandés à
l’extérieur de la ville. En 1914, Charleville achète près
de 7 % de la production départementale.
Ainsi, des brasseries extérieures ouvrent des succursales et dépôts pour concurrencer les brasseries implantées localement.
En 1893, la Grande Brasserie de la Meuse de Bar-leDuc crée un entrepôt chez le brasseur M. Renot, rue
Saint-Barthélémy à Charleville.
La Grande Brasserie Ardennaise (G.B.A., trust de
Torcy-Sedan, fondé en juillet 1921) organise un point
de vente dans la brasserie J. Lampson, rue Noël à
Charleville (1926), puis dans la brasserie DewéPeltier de Mohon en janvier 1929.
La brasserie de la Meuse de Bar-le-Duc et Sèvres aménage 9 dépôts dont un stock chez Bernier, 38, avenue
Gustave-Gailly à Charleville (1925).
Quant à Henri Masse, “la Brasserie des Ardennes”, 6,
rue d’Aubilly, il accueille les caisses de la brasserie du
Coq Ardennais, appartenant à A. Ebling à Vireux
(1936).
Résultat :
La bière de Jarny est partout, dès 1914 (un entrepôt à
Sedan, 2, rue des Fausses-Braies).
La bière de Vézelise est vendue dans toutes les
Ardennes, dès 1919. Ainsi que la bière de
Champigneulles.
Coll. privée
Articles - marronniers du Petit Ardennais
vantant les mérites de la bière
7 mars 1884 : “Causerie scientifique : la bière” [“ ...La goutte, le rhumatisme, la gravelle,
les maladies du coeur sont avantageusement modifiées par l’usage de cette boisson (sic)...”]
16 janvier 1890 :“La bière : son histoire”.
19 février 1890 : “La ruine des brasseurs bavarois”.
26 juin 1893 : “La fabrication de la bière en Europe”.
8 février 1929 : “La bière dans les Ardennes : évolution actuelle du goût des consommateurs
fermentation haute - fermentation basse”.
12 juillet 1929 : “La bière est la plus hygiénique des boissons”.
20 juillet 1929 : “La bière et la fièvre typhoïde”.
1er août 1929 : “Les vitamines de la bière”.
26 novembre 1929 : “Contre la fièvre typhoïde : la bière”.
28 décembre 1929 : “Les boissons de ménage ne remplacent pas la bière”.
24 mars 1931 : “Hygiène de la table. Une boisson saine entre toutes : la bière”.
7 novembre 1931 : “Hygiène d’hiver, la bière”. “Riche en vitamine B”.
eaux
Coll. Y Hur
recto
verso
la crise
(1993)
Exerçant un métier pénible - et parfois dangereux -,
l’artisan brasseur ardennais a été, par ailleurs,
victime de plusieurs crises :
Crises du secteur
brassicole
1880 : arrivée des premières bouteilles.
Début du déclin de la production des tonneaux.
1890 : développement des magasins à
succursales multiples et des centrales d’achat.
1900-1905 (1890-1910) : concurrence
du vin bon marché.
1914 : changement de consommation
des hommes engagés sur le front. Les populations évacuées goûtent à la bière de
fermentation basse.
1914-1918 : le cuivre et les métaux sont
réquisitionnés par l’occupant. De nombreux brasseurs sont morts durant le
conflit.
1919 : la bière est chère.
8 février 1925 : Le Petit Ardennais titre
“Evolution actuelle du goût des
consommateurs - Fermentation haute - Fermentation basse”.
1938 et 1939 : mobilisations des brasseurs.
1939 : rupture, à cause du conflit, de l’approvisionnement en houblon de Bohème.
1940-1944 : interdiction de transporter
du malt.
1948 : Jean Philippoteaux écrit le 21 janvier 1948 : “L’industrie de la brasserie
française connaît le plus grand marasme”. Problème d’approvisionnement en
matières premières. Importation de bières étrangères de meilleure densité.
1950 : vive concurrence entre les grands
groupes, “La Comète” contre la “G.B.A.”.
1998 : la renaissance
Développement des microbrasseries de
pubs, bars et cafés. Par exemple, la P.B.A.
de Charleville-Mézières et la Brasserie du
Château de Sedan.
Coll. G.D.P.
Bière de ménage et autobrasseurs
Il était possible d’obtenir dans les pharmacies, épiceries et graineteries des sachets,
paquets ou flacons pour produire à la maison sa propre bière. Les autobrasseurs devaient être déclarés.
- L’Autobrasseur vendu par l’épicier de Charleville, Paruit, 1927.
- L’Autobrasseur de Willay-Lefebvre de Lens, 1929.
- Les flacons de la Pharmacie régionale du Nord-Est à Reims vendus chez CaniauxPierrot, bandagiste, 30, rue Bourbon à Charleville.
Inflation sur le
prix de vente
public de la bière
vers 1927-1929
Coll. G.D.P.
Des articles dans Le Petit Ardennais dès
mai 1919 sur “la cherté de la bière” (18
mai 1919).
Un métier pénible et dangereux
Le brasseur est soumis à des différences importantes de température, doit porter de
fortes charges, sa chaudière peut exploser...
Le 7 décembre 1934, une chaudière de la brasserie Moreau (rachetée par
Robert Fournier) à Carignan explose, elle est projetée à 200 mètres, les bâtiments
s’écroulent, le propriétaire est gravement blessé et trois ouvriers sont tués :
M. Chénot de Floing, chaudronnier, ancien Poilu, et deux couvreurs, Isidore Millet
d’Amblimont, Jules Lhuillier de Mouzon.
LOISEL-ET-LECERT à la Neuville-auxJoûtes - 1953
JEANNELLE à Saulces-Monclin - 1956
AGON à Floing - 1957
BLAISE à Gespunsart - 1963
EBLING à Vireux - 1973
MATHIEU à Gespunsart - 1984
SAINT-REMI, Gespunsart - 1990-1992.
La seule brasserie intacte dans la région !
Coll. Loiselet-Buisset
Coll. Bohn-Fournier
Les dernières
brasseries
un secteur moteur
De nombreux métiers vivent des commandes de la brasserie :
Les marchands
de houblon
En 1855-1856, l’ingénieur et brasseur
Jean-Louis Baudelot, né le 19 mars
1797 à Vendresse, fils du directeur des
hauts-fourneaux Fort de Haraucourt,
met au point le premier réfrigérant tubulaire pour refroidir le moût. L’appareil est
breveté le 22 février 1856. L’appareil sera
produit à Gaulier-Floing aux établissements Pierre-Vauché de 1860 à 1930.
Pierre Vauché est décédé en mars 1908.
Emile Baudelot, petit-fils de Jean-Louis,
brasseur à Haraucourt, est l’un des principaux fondateurs de la G.B.A., en 19191921.
- FAUCILLON à Signy-l’Abbaye, 1900.
- DUBOIS à Balan, 1900.
Dubois, torcyon, né en 1796, vend du
houblon en gros aux brasseurs de Sedan,
vers 1844-1846. Vers 1847, Lefèbre, né
en 1791, et Demazy-Pommery, né en
1807, font de même.
Coll. Mic
hel
.
Coll. G.D.P
En 1881, A. Crespin fabrique des machines frigorifiques pour le refroidissement de la bière. A la même période, le
constructeur macérien de machines
Castelin-David propose des pompes à bière. En août 1893, le sieur François dit
Georges Péron, négociant en articles de
brasserie, exerce au 4, rue des Ecoles à
Charleville. En 1908, L. Hermand, 13,
rue Saint-Louis à Mézières, vend de très
jolies pompes à bière. Au Faubourg-dePierre à Mézières, L. Hermand succède
à E. Roulière et produit, dès 1884, des machines pour les brasseurs.
Blaise
L’industrie
mécanique
Les tonneliers
11 tonneliers en 1905.
A Sedan : 3
CARDOT au faubourg du Ménil.
PIERRARD, rue du Rivage.
GEOFFROY, 16, rue de Paris.
La fabrication des tonneaux en bois de
chêne s’effondre après 1919. Elle est
concurrencée par les bouteilles consignées des épiceries à succursales multiples (les Docks Ardennais).
Les faïenciers
et fabricants
de gobeaux
et cafards
L’eau très pure
(gobeaux noirs)
Il est possible d’acheter de l’eau respectant certains critères chimiques, teneur
en calcium, en potassium...
29 fabricants de faïences et porcelaines
dans les Ardennes en 1897.
- La Bière du Coq Ardennais de A.
EBLING à Vireux-Wallerand met en
avant dans ses réclames (1938) la qualité
de ses eaux pures et de ses orges ardennaises.
- A Charleville, les brasseries sont
concentrées près des sources de
Montjoly.
Les marchands
d’orge : tous les
cultivateurs du sud
du département.
Braux (broies ou braies)
et drêches (ou drèches)
Les résidus de malt sont vendus aux aviculteurs pour nourrir leurs poules, canards
et lapins.
Par ailleurs, ils sont achetés par les maraîchers et cultivateurs afin d’amender les
sols.
Ceux-ci se montrent friands de : touraillons - radicelles qui se détachent de l’orge
germée, quand on la dessèche sur les tourailles -, les marcs de drêche - malt épuisé -,
les marcs de houblon - houblon épuisé -.
Les éleveurs sont très demandeurs de drêches pour leurs vaches allaitantes et animaux à engraisser.
Des drêches sont vendues par le brasseur Lefèbvre-Lallement de Warnécourt le 21
février 1884, par Drubigny-Raulin de Dom-le-Mesnil le 12 juin 1884... En janvier
1909, la brasserie Grunenberger propose ses drêches dans Le Petit Ardennais.
Les marchands de
malt (malteries
A Sedan, la bière se boit dans des gobeaux, chopes de faïence, bleues, blanches ou noires. Les gobeaux noirs sont
nommés les cafards. Les faïenciers et potiers tentent de répondre à la demande,
tels les Sedanais Bertrand, Dénizet et
Denis (vers 1900).
Les poteries de Jandun sont prospères au
XIXe siècle, à l’instar de celles de Debruge
et Gibon.
Les verreries
Telle celle de FOURNIER et C ie, au
Moulinet, à Charleville. La fabrication
des bouteilles se développe après 1880,
surtout pour la bière basse.
Les charretiers,
entrepreneurs
de transports
non intégrées)
En 1872, les frères Latour, installés sur la
Place Ducale à Charleville, vendent des
articles de brasserie, du malt et des houblons.
Au nombre de 9 en 1897. Dont Casal, place du Rivage à Sedan.
En 1896-1900, deux producteurs fournissent du malt : Ricard à Sedan (une des
12 premières de France, fondée en 1893)
et Cremers à Tournes.
Mais, les maisons de brasseurs ont souvent leur propre voiture. Par exemple,
Docquin à Sedan.
Coll. Michel Blaise
un passé prestigieux
Quelques grandes marques
ardennaises
Brasserie de Margut (Lhote)
En vente en février-juillet 1922.
Brasserie de Mouzon
La brasserie et cidrerie JACOB
de Mouzon
JACOB, créée en 1813
Coll. René Jacob
Les JACOB sont, à l'origine, brasseurs à Bazeilles et Neufchâteau (Belgique). Leur
famille est apparentée avec les grandes familles de brasseurs des Ardennes : Girres de
Rethel, Lamotte de Mohon, Robert de Douzy, Carignan et Monthermé, Moreau de
Carignan, Colson de Mouzon, Girardin de Vendresse, Lacroix de Bazeilles... La brasserie a été détruite par deux fois, en 1914 et 1940. En 1919, Henri Jacob (1879-1979)
achète la brasserie Marée de Mouzon. Henri Jacob refuse d'intégrer le groupe industriel de la G.B.A.. La bière profitait d'un goût particulier grâce à l’ajout de coriandre.
Le houblon, extrêmement onéreux, était acheté en Bohême. Il n'y avait pas de malterie chez les Jacob. En 1932, Henri Jacob fonde, avec l'aide de son fils Robert, une cidrerie, la plus importante et la plus moderne des Ardennes. Le cidre, suivant un
procédé tout récent à l'époque était stabilisé, glacé, filtré et mis en bouteilles automatiquement, à l’instar de la bière. Par wagons entiers, les pommes provenaient de
Normandie et de la Sarthe. Le cidre était vendu jusqu'en Lorraine, à Nancy et à Metz.
Charles JACOB
Elise
épouse de Charles
Henri
La brasserie-cidrerie est tenue successivement par :
- Jean-Joseph JACOB de 1813 à 1849
- Auguste JACOB de 1849 à 1872
- Charles JACOB de 1872 à 1906
- Henri JACOB de 1906 à 1940
Coll. René Jacob
La moyenne annuelle de fabrication du cidre était de 5.000 hectolitres. La moyenne
de vente de bière était, quant à elle, de 8.655 hectolitres. La brasserie produisait, par
ailleurs, près de 2.000 hectolitres de limonades et sodas (à la mandarine, à la framboise...). 7 camions desservaient 132 villages et dépôts. En 1939, l’entreprise emploie 22
personnes. La brasserie cesse son activité en mai 1940. Après la guerre, Etienne
JACOB assumera une activité de commerce de vins et spiritueux.
Gérald DARDART
(renseignements fournis le 25 juillet 2005
par Henri Jacob, né le 4 octobre 1916, responsable de la brasserie en 1935-36,)
Brasserie du Coq Ardennais
A. EBLING
Existe en 1902 et 1936
Brasserie de Torcy
Coll. Michel Blaise
Anciens Etablissements Philippoteaux
14, rue Jean-Jaurès (ou Chaussée de Wadelincourt).
S.A. au capital de 2.000.000 F. après la guerre, en 1948.
Jean PHILIPPOTEAUX est né le 29 août 1898 à Sedan (Ardennes)
et est décédé le 20 janvier 1974 à Reims. Il est le fils du brasseur
Charles-Joseph PHILIPPOTEAUX.
Brasserie Jacob-Laval
129, rue du Fond-de-Givonne
Camille-Léonce JACOB-LAVAL
Fonds donné à son fils Xavier le 30 juin 1954
Radié du registre du commerce le 24 septembre 1954
Coll. G.D.P.
les brasseurs macériens
Les maîtres brasseurs
de Charleville, Mézières et Mohon
1914
1921
CHARLEVILLE
Lefevre-Lionne et Cie, 23,
rue Baron-Quinart
(existe déjà en 1900)
Brasseries de l’Espérance,
22, rue Baron-Quinart
Coll. Philippe Majewski
Coll. G.D.P.
Brasserie du Fort-Carré,
32, rue Forest
(originaire de Saint-Dizier)
E. Dupas, 6, rue de Montjoly
(existe déjà en 1872)
Dupas, 12, rue de Montjoly
Maurice Dewé, 11, rue Noël
(existe déjà en 1875)
J. Lampson, 11, rue Noël
(Ancienne brasserie-malterie
M. Dewé)
Loos, 21, avenue de Flandre
(existe déjà en 1900)
Loos, 21, avenue de Flandre
Masse, Brasserie des Ardennes,
6, rue d’Aubilly
Masse, Brasserie des Ardennes,
6, rue d’Aubilly
Fischer, 45, rue Baron-Quinart
Veuve Joseph, 6, rue de Gonzague
(existe déjà en 1885)
MEZIERES
Blaise-Henrot, 22, rue Colette
Blaise-Henrot, 22, rue Colette
Jacob, 2, rue du Port
Jacob, 2, rue du Port
Chevalier, 40, faubourg-de-Pierre
Peltier, 40, rue Jaubert
(existe déjà en 1885)
MOHON
Lamotte-Dewé
(Lamotte existe déjà en 1875)
Dewé-Peltier
(réouvert en août 1920)
Lamotte
PRIX-LES-MEZIERES
Hénin (existe déjà en 1875)
Hénin
Brasserie de Montjoly à Charleville (photo G.D.P.)
Sedan, centre brassicole
Coll. G.D.P.
Coll. G.D.P.
L’âge d’or de la brasserie sedanaise :
1848
A la veille de la deuxième République, les brasseries
se multiplient dans le pays sedanais. Jugez-en !
Vers 1834-1848, à Balan, les brasseurs sont Eugène
Branchu, né le 8 janvier 1813, Mathieu, né en 1814,
Jean-Baptiste Laval, né en 1810, Ponsignon-Delsolle.
A Bazeilles, François Henriet, né en 1795, Vermont,
né en 1814, Payon, né en 1781, Malaizy-Parent, né en
1804, Charles Jacob-Renaux, Jacob-Dagand, né en
1800...
A Floing, Watelet-Maillot, né en 1781 et Day, né en
1791.
A Donchery, Herbulot, né en 1790, Gerbaux, né en
1779, Bourdon, né en 1799, proposent leurs bières,
ils seront quatre en 1874.
A Glaire-et-Villette, Lambert, né en 1792, et
Pellereaux-Herbulot, né en 1811, sont les brasseurs
de la localité.
A Cheveuges, le brasseur réputé reste AlexandreGerbaux, né en 1811.
En 1868, une école professionnelle de brasserie
est fondée à Balan.
Du XVIe au milieu du XIXe siècle, le nombre de brasseries sedanaises croît régulièrement, à partir de la fin du XIXe siècle, elles ont tendance à disparaître :
1545 : 4
1576 : 10
1592 : 8
1774 : 12
1780 : 14
1840 : 11
1870 : 8
1940 : 3
1978 : 1
1979 : 0.
G.D.P.
G.D.P.
A Douzy, c’est la famille Lallement qui tient la brasserie durant des décennies.
En 1890, les brasseurs sedanais sont alors :
Deffaux,
1bis, place Nassau
Docquin,
3, chaussée de Wadelincourt
Docquin,
19, rue des Francs-Bourgeois
Fay,
55, faubourg du Ménil
Henry,
14, chaussée de Wadelincourt
Larue,
11, rue de Fleuranges
Laval,
129, Fond-de-Givonne
Letellier,
6, rue de Bayle
Vautelet,
1, faubourg de la Cassine
En 1896, l’on dénombre :
6 brasseurs à Sedan
3 à Floing
(Denis, Isaert, Liénard)
5 à Balan
(Courtois, Géry, Lecerf, Oudet, Thomassin)
4 à Bazeilles
(Chevriaux, Grosmaire, Henriet, Robert)
1 à Donchery
(Liénard Veuve)
2 à Glaire
(Fossier et Vigreux).
D.R.
les brasseurs sedanais
- Anselme ALMA (ou HALMA), 1774-1783
- BACOT (ou BACAULT), 1783-1789
A
B
- Félicie FARAMON, 1875-1880
- Familles :
- LAVAL-TINANT, 1870
- LAVAL-JURION, 1870
- David ESTIENNE, 1740,
- FAUCHERON, 1740
- Frédéric BARTHELEMY, 1774-1780,
Quartier de la rue du Ménil
- FAUCHERON, 1774
- Walgrand BIDA, 1592
- Edmond FAY, 1880-1890, 55, faubourg du Ménil
- Jean BLANCHET, 1592,
- FEARS, rue Saint-Michel, 1821
- Pierre BLIDUNE, 1592,
- Jean BLOCTEUR, 1704
- Jean-Nicolas GERARD, 1780-1794. Père d’une nombreuse G
famille, il s’est beaucoup appauvri lors de la Révolution.
- BOIREFILS (ou BOIRE Fils), 1789
- Quelques GIBOU résident au Fond-de-Givonne, vers 1683.
- Henri L’EGYPTIEN, 1592-1597
- Nicolas GILMAIRE-BOIRE, 1794, 26 ans,
officier municipal, interné au Mont-Dieu sous la Terreur.
- GIBOU, au n°100, 1780-1783, quartier de la rue du Ménil
- LEJAY, 11, rue de Fleuranges, 1893-1911.
- GIBOU-VERMON, 2bis, rue d’En-Bas, 1774-1794,
- LE MOINE, (ou LEMOINE) Faubourg du Rivage, 1780-1783
- Jean-François BON, syndic de Torcy,
député aux Etats Généraux de 1789.
- GILLET-GODET, né en 1800, 1836-1847
- Abraham LESOIN, 1740
- Nicolas BON, en 1789
- Edouard BON-PARENT, Torcy, né en 1804, 1839-1848
- A Douzy, un dénommé Eugène BON tient une brasserie
(1840-55)
- JACOB-LAVAL, 1870
- LECLERC (ou LECLERE), 1789
- LECLERE-CHAYAUX, 1794
- LECLERC, 1834
- LEFEVRE, né en 1764, 1840-1841
- GILLET, 6, rue de Bayle, vers 1897-1905
- Charles LETELLIER, 1875-1890, 6, rue de Bayle
- Henry-Vincent GODFRIN, interné au Mont-Dieu, en 1794
- Les LYENARD sont Sedanais dès 1583.
- GROSYEUX, 1783
- Colinet-Jean-Baptiste LIENARD, 1848
- HALMA, 1774-1783
H
- LIENARD, à Givonne et à Floing, 1896
- La brasserie BON-PHILIPPOTEAUX, 16, chaussée de
Wadelincourt (rue Jean-Jaurès), en 1870
- Evrard HANOTEL (avec un seul “n”) à Torcy
(brasseur ?), vers 1789.
- MANEQUERIN, 1740
- Jean-Hubert BOURGUIN (Bourgain), 1780-1794,
quartier de la rue du Ménil
- Jean-Baptiste HANNOTEL-LEFORT, né en 1793,
brasseur à Torcy, 1834-1893
- Jean-Baptiste MATHIEU, 1855
- CHANTEUR, 1789
C
- HANNOTEL-LEFORT, 1855-1875
- CHAYAUX-MAROTTE, 1794
- HENON-DESROUSSEAUX, né en 1797, 1838-1845
- Veuve CHEVALIER, 1772
- Joachim HENRY, 1875-1890,
14, chaussée de Wadelincourt
- Pierre DAVID, rue de Bayle - “A la Charrue” vers 1689
D
- François DAVID, vers 1700-1719
- MASSON, 6, rue de Bayle, 1911
- Henry MESMER, 1774-1783 (N°19, faubourg du Ménil)
- Gustave HANNOTEL, brasseur au Fond-de-Givonne
- CHAYAUX-CAILLOU, 1789
- MOTEL-CHARTON, 1848-1855
- Charles NOËL, 1875
- PAYON Fils, 1794
- Jean PETIT, marchand brasseur, 1733-1740-1771
- HUSSON, 1774-1780
I
J
- Des JACOB vivent à Sedan dès 1718
- Pierre DELAIRIE, 1592,
- PHILIPPOTEAUX, 14, Chaussée de Wadelincourt, 1897
- POUPART, 1774
- JACOB, Légion d’Honneur, à Balan, en 1811
- François QUINART (QUINARD), 1783-1794
- Robert JACOB, Faubourg du Ménil, 1819-1826.
- ROBERT-THIERY, né en 1782, 1834-1848
- Il existe un JACOB, marchand-brasseur à Bazeilles en 1834.
- Louis THIERCELIN-DODET, né en 1798, 1843-1849
- Il existe des DO(C)QUIN à Floing, vers 1683-1744.
- Il existe des brasseurs JACOB à Mouzon
et à Francheval vers 1896
- VAUTELET-FARAMON, 1875-1878
- DOCQUIN, né en 1785, 1834—1847
- Adolphe KNY, 1848
- Louis et Charles DOCQUIN, 1875-1890,
3, Chaussée de Wadelincourt.
Brasserie reprise par DEMOUZON, 1905-1911.
- Jean LABAUCHE, marié à Germaine DROUIN, 1789
- Jean DOZE, 1592,
- Gilles LAURENT, 1592-1597
- Paul DROUIN, 1740,
- LAVAL-PIERRARD, né en 1781, 1840-1851,
- DUPONT, 1774
- LAVAL-PIERRARD, né en 1788
- Jean-Baptiste-Victor WAHARTE-GILMAIRE, 1851,
né en 1794
- Henry LAVAL, 1850
- WILMET à Raucourt de 1705 au début du XIXe siècle.
- Edouard LAVAL, 1875-1911, 129, Fond-de-Givonne
- WILMET, 1, rue Sainte-Barbe, 1897-1911
- Philippe DELEDSSAIT, 1592,
- DESROUSSEAUX, né en 1799, 1836-1845.
- DESROUSSEAUX-NOIZET, brasseur à Givonne, en 1847.
- Paul FARAMOND
(ou PHARAMON(D)-MARTIN), né en 1796, 1834-1848
- LARUE, 11, rue de Fleuranges, 1890
F
N
P
- Jean-Nicolas PAYON, 1848
- IBERT (ou Hibert ?), 1783-1789
- DEFAUT-HENON, 1875-1882, 1, rue du Petit-Pont
M
Q
R
T
V
- Paul VAUTELET, 1, faubourg de la Cassine, 1880-1890
K
L
- Les VERMONT, brasseurs à Haraucourt, vers 1650.
- Louis VERMONT, 1772
- Jean-Baptiste WAHARTE-GILMAIRE, né le 8.XII.1794,
1834-1851
Dessin Olivier Gobé
W
la G.B.A.
Les différents types de bière
de la G.B.A.
La Bock Familial (1924)
La Bière de Ménage
La Bière Conserve (1924, 1929)
La Grande Conserve (blonde) (1926, 1938)
La Bière Familiale (B.F.) (1929, 1938)
La Bière Export Brune (1927, 1929)
La Super Cervisia (brune et blonde, pur malte orge et houblon de
Bohème) (1929, 1934, 1938)
La Super Maltose (1934)
La Prince’s Stout (très foncée) (1949)
La Prince’s Scotch (ambrée) (1955)
La Prince’s Beer (blonde) (1957)
La Bière Bock Supérieure
Coll. G.D.P.
Chronologie
21 novembre 1919 : 35 brasseurs des Ardennes et du nord de la
Meuse se réunissent à la Grande Taverne à Charleville.
11 juillet 1921 : CREATION DE LA S.A.
Maurice JASSON, né le 20 octobre 1881 à Nancy
Diplômé de l’Ecole de Brasserie de Nancy (1898), ancien directeur
général de la Brasserie de Vaucouleurs.
Le premier conseil d’administration est composé de : Louis MOREAU, président ; Maurice JASSON, directeur général ; Paul
MOREAU, Emile BAUDELOT, Léon GROSSIN, Henri
LEBONDIDIER et André RICARD. Origine des membres du
conseil : Louis MOREAU, Brasserie de Vézelise ; Maurice JASSON,
Brasserie de Vaucouleurs ; Paul MOREAU, Brasserie Saint-Nicolasdu-Port ; Emile BAUDELOT, Brasserie de Haraucourt ; Léon
GROSSIN, Brasserie de Le Chesne ; Henri LEBONDIDIER,
Brasserie de Chauvency-le-Château et André RICARD, Malterie de
Torcy.
16 brasseries (dont 3 meusiennes) et 1 malterie fondent la G.B.A.
Elles bénéficient des fameux DOMMAGES DE GUERRE.
1921 : capital fort de 200.000 F. Vente des bières lorraines (Vézelise
et Saint-Nicolas).
9-16 novembre 1921 : Pierre-André RIQUARD fait apport de sa
malterie de Torcy.
1923 : capital fort de 2.000.000 F.
1924 : entrepôt chez le brasseur carolopolitain J. LAMPSON.
25 novembre 1924 : début de la PRODUCTION.
9-10 février 1925 : inauguration de l’usine, véritable palais moderne dédié à la bière, pouvant produire dans un premier temps
50.000 hl de bière. A côté des VOIES DE LA COMPAGNIE DE L’EST.
1928 : point de vente à Paris, 48bis, rue Riquet. Capital de 4.000.000
F. ; puis, Couderc, 55, rue Gutemberg à Paris.
8 décembre 1928 : Georges-Célestin-Léon PELTIER apporte à la
G.B.A. sa brasserie de MOHON. Le capital augmente de 350.000 F. La
brasserie de Mohon va devenir la CIDRERIE et LIMONADERIE de
la G.B.A..
Fin 1928 : capital fort de 4.350.000 F.
1932 : capital fort de 5.000.000 F. Les approvisionnements et expéditions ne se font plus que par CAMIONS. M. GONTHIER est chef de fabrication.
1933 : la G.B.A. expédie jusqu’en Tunisie.
1934 : la G.B.A. expédie à Paris. Présente à la foire
de Paris.
1935 : capital fort de 5.000.000 F. Production :
100.000 hl.
1938 : la production chute à 80.000 hl.
1939 : marque “FAVOR”, jus de fruit naturel
(ananas, orange, pamplemousse), pour concurrencer “Orangina” (1936).
1940 : Maurice JASSON, président du Conseil.
Mai 1940 - 1941 : cessation.
1942-1957 : commerce de vins.
1942 : 57.000 hl.
1947 : nouvelle canetterie.
1952 : exportation vers l’Afrique, grâce à la société SOBORO (Tunisie et Indochine).
1956 : le soda “Kok”.
1957 : achat d’AGON à Floing par la G.B.A.
GUERRE ENTRE LA COMETE DE CHÂLONS
(1882) et LA G.B.A..
1961 : fin des tonneaux en bois. Le directeur technique
est Jean NIEDERMEYER.
1969 : groupe ARTOIS (Stella Artois).
“Les Brasseries Lorraines” = Sedan + Vézelise + Saint-Nicolas.
1971 : 250.000 hl. 230 salariés.
29 juin 1971 : fusion avec les brasseries de Vézelise
et de Saint-Nicolas.
3 janvier 1979 : suppression de 79 emplois.
7 mars 1979 : dernier brassin.
les lieux de convivialité
Les frères Jean-Baptiste et Auguste
Mercier sont les compositeurs du “P’tit
trou de la mère Chauderlot”. La famille
Mercier vécut au n°6 de la rue d’En-Haut
(aujourd’hui rue du Château). JeanBaptiste décède en 1866, Auguste en
1868. Ce dernier fut le président du club
de la mère Chauderlot, concurrent du
club des “Chopistes” de Charles Pranard.
Par ailleurs, les frères Mercier sont les
principaux compositeurs de la chanson
“Les Vieux Gobeaux”.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle,
le petit peuple fréquente des cabarets où
l’on aime faire la fête : la “Charrue d’Or” à
la Porte de Balan, le “Canon d’Or”, route
de Paris à Torcy, les “Six-Fesses” au faubourg du Mesnil - établissement appelé
ainsi parce que tenu par trois soeurs -, le
café Mistriss et la “Mère Chauderlot” en
haut de la rue du Rivage, où l’on buvait la
bière dans des gobeaux de faïence.
Le p’tit trou de la mèr’ Chauderlot
Coll. E. Mathieu-Poncelet
Les cabarets
Les Vieux Gobeaux
Un savetier dont le nez écarlate,
Comme un fanal enluminait les traits,
En réparant un jour une savate
Avec douleur exhalait ses regrets :
Ah ! disait-il, essuyant sa paupière,
A moins que d’être un Rothschild, un
Crésus,
On ne peut plus se régaler de bière,
Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus !
(bis)
En haut de la rue du Rivage,
Il existe une simple maison
Qui ne porte pour étalage
Ni riche enseigne ni bouchon ;
On y chante à perdre haleine,
Amis dans ce joyeux tripot :
Vous avez reconnu sans peine
Le p’tit trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis)
Que nous importe la dorure
Les glaces et les riches lambris ;
Le vrai bonheur, je vous le jure,
C’est pour l’homme lorsqu’il est gris,
Et que rond comme une futaille
En soufflant comme un cachalot,
Il rentre, en tenant la muraille,
Au p’ trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis)
Coll. G.D.P.
Dans cette modeste cambuse,
Qui n’a pas cinq mètr’ de long,
On y boit et l’on s’y amuse
Mieux que dans un riche salon...
La gaieté que l’on y respire
Nous rend tous joyeux et dispos,
Et chacun est forcé de rire,
Au p’tit trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis)
Jamais la sonnette insipide
N’y a fait vibrer son drelin,
Mais du gobeau, lorsqu’il est vide,
Vous entendez le rin tin tin
Sur une table ruisselante,
On voit la bièr’ couler à flot ;
On boit tant qu’il y a de la pente
Au p’tit trou de la mèr’ Chauderlot. (bis)
On n’y admet pas la romance
Au ton fade, sentimental ;
On y tolèr’ la dissonance
Du chant grivois ou national,
Mais si d’une rime trop plate,
Au loin vous envoyez l’écho,
Vite on voit jouer la savate
Au p’tit trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis)
Quand l’débitant n’brûlait que d’ la
chandelle,
Pour son quibus on avait d’la boisson;
Mais à présent que le gaz étincelle
L’or et le marbre ont fait irruption.
Le mastroquet, ce vampir’ qui nous suce,
Prend un plateau pour mettr’ not’ chop’
dessus :
Dans le liquide, on n’noierait pas une
puce,
Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus !
(bis)
Quand sous l’ prétext’ rend’ les chop’s
plus coquettes
On rogn’ on r’ serr’ leur taille de plus en
plus,
Bientôt pour boir’ ceux qui n’ont pas
d’lunettes
Pourront s’vanter d’avoir les yeux
d’Argus.
J’ souris d’ pitié, quand partout l’on répète:
On fourrait l’ poing dans l’ guindal de
Chapus;
Chez l’ père Godron l’on y fourrait la tête,
Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus !
(bis)
J’ suis sur le point d’ mourir de la pépie.
A moins que l’eau n’ déshonor’ mon bocal
depuis qu’ la chop’ tous les jours raccourcie
A détrôné le gobeau national !...
Sur l’estomac quand j’avais une douzaine
D’ces vieux amis souvent j’ n’ campais
plus ;
Mais maintenant, il m’en faut une centaine,
Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus !
(bis)
Coll. G.D.P.
Coll. G.D.P.
A la Belle Epoque, les Sedanais aiment à fréquenter “Le Café de l’Univers”, place de la Halle (café d’Emile Corneille),
“Le Chariot d’Or” à Torcy (propriété de Herbulot-Bourgerie puis de François Lemasson), “Le Café des Soquettes”...
Coll. G.D.P.