La production des brasseries ardennaises
Transcription
La production des brasseries ardennaises
la chronologie Une boisson venue de l’Antiquité Au Moyen Age, les moines cambiers sont chargés de la fabrication de la bière dans la “camba” ou “brassine”. - 1128 : la bière des Prémontrés de Laval-Dieu. - 1137 : la bière des Chartreux du Mont-Dieu. L’existence de la brasserie est attestée entre 1630 et 1688. - 1147 : la bière de l’Abbaye d’Orval. - XIIIe siècle : le houblon est incorporé dans la cervoise, étymologiquement “le vin d’orge” ou “le vin de Cérès” (déesse des moissons). Ensuite, dans la cervoise, plus de houblon, mais des plantes aromatiques amères incorporées : gentiane, coriandre, absinthe, sauge, lavande... En Espagne, on dit toujours « cerveza » aujourd’hui. - Fin XIII e s. : G(C)ambrinus diffuse la bière hors d’Allemagne. “La bierre” = un breuvage houblonné. La bière vient du latin “biber” (= boisson). - XIVe siècle : naissance de corporations de brasseurs laïcs. Les moines se retranchent dans la viticulture. - 1388 : brassage de la queute à Mézières. - Début XV e siècle : les patronymes “Brasseur” ou “Lebrasseur” apparaissent. D.R. “Bières saintes” D.R. - La bière est la plus ancienne boisson alcoolisée connue. Elle fit son apparition dès l’invention du pain. - La bière est connue en Mésopotamie (- 6000 ans). En Egypte antique, l’on apprécie “le vin de Péluse” ou “la pélusienne” (infusion et fermentation de céréales avec du miel et des dattes). - De l’Egypte, la bière passe en Grèce, puis en Gaule et Germanie. - En Gaule, étaient fabriquées “la corma” (froment + miel), la “celia”, la “cerevisia” (orge). Louis Pasteur et sa maison natale de Dôle La bière remplace la cervoise - 1er avril 1435, ordonnance officielle de Jean II le Bon : première référence de la bière. - 1871 : à Clermont-Ferrand, début de l’étude de Pasteur sur la bière et ses problèmes de conservation. - 1477 : première taxe ordonnée par le prince Robert de La Marck sur les bières de Mouzon. - 1873 : Louis Pasteur préconise de détruire les germes contenus dans la bière par élévation de la température. Pasteur vient étudier la fabrication de la bière chez Lefèvre, brasserie de Tassigny à Reims. Pasteur publie ses “Etudes sur la Bière” en 1876. - Février 1495 : une ordonnance prescrit l’emploi du houblon dans la bière. - XVIe siècle : en concurrence “la bière des Pères” et “la bière des Couvents” (religieuses), moins alcoolisée. Les moines trappistes sont les religieux cisterciens de la règle de Notre-Dame de la Trappe, monastère fondé en 1140, proche de la règle de Clairvaux. - 1890 : création du Syndicat des Brasseurs ardennais regroupant 131 artisans. - 1893 : création des Ecoles de Brasserie de Nancy et Douai. - XVIIe siècle : un impôt sur la bière. Supprimé au début de la Révolution. - 1908 : décret-loi sur la qualité et la composition de la bière. - Révolution française : la suppression des corporations provoque une baisse durable de la qualité de la bière. - Vers 1936 : la bière, de boisson régionale, devient une boisson nationale. Elle s’industrialise (terminé l’artisanbrasseur !). - 1856 : Jean-Louis Baudelot, né en 1797 à Vendresse, invente le refroidisseur de moût qui permet de fabriquer de la bière toute l’année. Cette date marque, aussi, l’irrémédiable déclin d’enseignes familiales détentrices de savoir-faire ancestral. - 1860-1870 : passage de la fermentation haute à la fermentation basse. Bières basses, blanches, de garde. La bière haute est facile à fabriquer, mais ne se conserve pas, ne peut pas voyager, elle “tourne” vite... Saints patrons des brasseurs Saint Médard et saint Arnould sont les patrons vénérés par les brasseurs. - Ils célèbrent le 8 juin, Médard, l’évêque de Noyon, décédé en Vermandois vers 560. - Les brasseurs de Belgique et du nord de la France optent pour saint Arnould de Tieghem... - Les brasseurs de Lorraine vénèrent saint Arnould de Metz, ancêtre de Charlemagne... Le roi Gambrinus Synthèse de 2 rois bien réels Jean Primus, duc de Brabant et Jean sans Peur, fondateur de l’Ordre du Houblon. D.R. Coll. Loiselet-Buisset - 1868 : production des premières machines frigorifiques. la fabrication Fermentation alcoolique d’un moût (jus) composé : - d’eau d’excellente qualité (il faut 6 à 10 litres d’eau pour fabriquer 1 litre de bière) - de malt d’orge - de houblon L’orge : céréale à paille cultivée en Champagne, surtout dans la Marne et le sud des Ardennes. Se récolte vers le 15 juillet. Ensuite, il faut la laisser reposer 1 mois. Coll. Michel Blaise Coll. Michel Blaise Le houblon : plante plutôt rare donc chère, est cultivé sur les sols profonds et perméables : loess d’Alsace et sols argilo-calcaires de Bourgogne. Espèce d’ombre dans sa phase végétative, mais nettement héliophile à partir de la floraison. Récolte en août-septembre. La fabrication Attention, chaque brasseur possède sa recette secrète ! 0- Approvisionnement en orge et eau. L’orge est récoltée vers le 15 juillet et doit sécher pendant plus d’un mois. Dormance. 1- Maltage : trempage (la trempe) de l’orge et début de germination (germage). 2-3 jours. 10-12°c. sans lumière, ni air. Puis, germination (8-10-20 jours). 2- Touraillage et séchage (torréfaction sur des grilles à 50-85°c). 3- Dégermage : les grains sont tamisés. Enlèvement des radicelles. 4- Brassage dans les bassins : le malt, séché puis moulu en farine, est brassé à haute température avec de l’eau. maische = malt + eau (cuve-matière ou cuve-filtre, 75° c, de 2 à 5 heures, l’amidon se transforme en sucre, la saccharification). Moût = malt + eau + sucre + céréales (autres que l’orge). Les déchets de moût (drêches) servent à la fabrication d’aliments pour le bétail. 5- Filtrage (2 h 40). 6- Le moût mélangé avec des extraits de houblon (plante femelle) est mis à bouillir durant 2 heures. Dans une chaudière à moût, stérilisation (100° c). 7- Réfrigération avec les baudelots (remplaçant les bacs-refroidissoirs) : 8°c. = fermentation haute, 0°c. = fermentation basse. Grâce aux baudelots, le refroidissement passe de 1 nuit à un peu plus d’1 heure. Les déchets de houblon sont utilisés comme engrais. 8- Fermentation principale. Le moût fermente sous l’action de levures, dans la cuve-guilloire ou guille. 9- Réfrigération. En hiver, la glace était récoltée sur la Meuse et conservée ensuite dans une glacière souterraine comme à La Tour à Glaire, à Tournes, ou à Flize, dans la “rue de la Glacière”. 10- Mise en bouteilles, fûts et foudres de garde. Autrefois : maltage l’hiver, brassage l’été. Les différentes étapes du brassage Malt et Eau Houblon Levure Fer mentation Secondaire Cuve Matière Cuve à Bouillir Refroidisseur Fer mentation Pr incipale Tonneau de gar de Filtr ation Coll. Michel Blaise Cuve de Bière ver te Bar ils Il existe 2 types de bières : Bières de fermentation haute : - fermentation principale à haute température (de 15° à 20° c.). - avec des levures caractéristiques (Saccharomyces cerevisiae). - en Belgique et Angleterre (Lambic, Louvain... Ale, Scotch-Ale, Stout, Porter...) - plutôt dans les campagnes. - fermentation à basse température (8°-12° c.). - orge de Bohême-Moravie. - avec des levures de fermentation basse (Pilsen, Dortmund, Munich...). - plutôt dans les villes. - plus stable, claire, gazeuse, mousseuse... e hel Blais Coll. Mic Bières de fermentation basse Conditionnement Pasteur isation Bouteilles Tir age à main architecture la chronologie et matériel Description de quelques brasseries 1882 : Brasserie Fissiau à Givet “Grande brasserie, en pleine activité, montée au système bavarois, pour une fabrication de 10.000 hectolitres, avec machine à vapeur, chaudières en cuivre rouge, refroidisseurs, réfrigérants, important matériel consistant en tonneaux, camions, bacs...” 1887 : Brasserie Peltier-Rivet de Renwez “Dans ce bâtiment, se trouvent les ustensiles de brasserie, comprenant notamment : une cuve matière de 100 hectolitres, trois chaudières, un concasseur, une touraille, un refroidissoir, cuves Guillon, machine à laver les tonneaux, et autres objets et matériel servant à la brasserie...” Coll. Jean Beneux 1889 : Brasserie CharlesLambert à La Tour à Glaire “Grande et belle brasserie, système bavarois et bien achalandée ; matériel complet et en très bon état ; caves et germoirs dans le roc, favorables à la fermentation basse. Fabrication : environ 6.000 hectolitres, susceptibles de grande augmentation...” 1834 : Brasserie Desmazi à Poix-Terron 1890 : Brasserie Capitaine au Petit-Moulin de Nouzon (Nouzonville) “Cette brasserie consiste en un corps de bâtiment composé, au rez-de-chaussée, de trois places à feu et cellier ; au premier étage, deux places, un cabinet et un grenier ; plus un autre grenier formant le comble de la maison. La brasserie, construite tout à neuf, tient au corps de logis, elle est grande et vaste, avec deux chaudières dont l’une contient 56 hectolitres et l’autre 32. A la suite, une superbe entonnerie, une pompe en cuivre et deux autres en plomb pour le service de la brasserie, deux greniers à foin, fournil et remise à bois...” “ Ensemble tout le matériel de brasserie et autres objets réputés immeubles par destination et notamment deux chaudières d’une capacité chacune d’environ 40 hectolitres, deux cuves à tremper en tôle galvanisée, un moulin concasseur, une cuve à mâcher en bois avec vagueur en fonte, une pompe aspirante et foulante en cuivre, un réfrigérant avec tuyaux en cuivre et bacs en zinc, une brouette à sacs, une bascule avec poids en fonte, un treuil, une touraille, un camion suspendu sur ressorts, un tombereau, un cheval hongre âgé de six ans et une jument hors d’âge, chaudrons en cuivre, cuves, cuvelettes, tonneaux de capacités diverses, fûts à pression, grande roue hydraulique d’un diamètre de neuf mètres avec courroie et engrenage actionnant le matériel de la brasserie...” “Une belle et grande brasserie située à côté du château, avec ses chaudières, dont une contenant 60 hectolitres, ses cuves, l’une desquelles contient 70 hectolitres, ses refroidissoirs et tourailles, quatre pompes, plus de 400 tonneaux, et tous les ustensiles nécessaires à son exploitation, le tout en très bon état...” 1835 : Brasserie Pouillard à Attigny “Cette brasserie se compose de deux chaudières en cuivre rouge, dont l’une contient 26 hectolitres, et l’autre 14 hectolitres ; d’une cuve à mâcher, d’une à tremper, d’un refroidissoir, d’une touraille, de deux pompes, de chaudrons, bacs, tonneaux et généralement de tous les ustensiles nécessaires à un établissement de ce genre...” 1849 : Brasserie de la rue de la Comédie à Mézières (rue de Jaubert) “Vaste brasserie, tout le matériel nécessaire à son exploitation, avec deux chaudières, l’une contenant 54 hectolitres, et l’autre 28 hectolitres. Caves et caveaux, à l’abri des inondations, régnant sous la maison d’habitation, et pouvant contenir plus de 150 hectolitres de liquide, sans être gerbés...” Coll. Jean Beneux 1834 : Brasserie de Clavy-Warby 1852 : Brasserie de la rue de la Prison à Mézières (rue des Liégeois) “Cette brasserie a entrée rue de la Prison, et se compose de deux espaces de bâtiments neufs, avec premier et second étages, construits en pierres, couverts en ardoises, avec le matériel et les ustensiles servant à l’exploitation comprenant : deux tourailles de grande dimension, deux grandes cuves en bois, servant l’une pour l’entonnement et l’autre pour mâcher, deux cuves à tremper en pierres, deux chaudières montées au plus nouveau système, deux refroidissoirs avec serpentin à eau courante, deux entonneries avec huit bacs en bois neuf. Vastes caves en dépendant...” Coll. G.D.P. contrôle de la qualité La formation Les brasseurs, voleurs d’eau et de grains Ouvrage de Charles Bruneau Au XVIIIe siècle, le Corps de Ville (la municipalité) accuse périodiquement les brasseurs de prélever trop d’eau, d’épuiser les fontaines publiques, comme en 1741 : “Le bien public devant être préféré au particulier, il a toujours été d’usage de fixer le gros calibre des robins des maisons particulières, même celles des brasseurs, à une ligne et demie, sinon qu’il est permis aux brasseurs dans le même temps de leur travail de faire couler leurs fontaines par un robin plus gros, ce qui néanmoins, n’ôte point l’eau aux fontaines publiques, où il est d’usage d’en confirmer le plus qu’il est possible dans les bassins et cuves pour secourir aux incendies qui peuvent arriver” (Archives Municipales, Sedan, BB 06). Le 7 juillet 1750, le Corps de Ville précise que les brasseurs devront munir leurs fontaines de robins à clef et “qu’ils seront tenus de fermer aussitôt qu’ils en auront tiré en suffisance pour leur brasserie” (BB 07). Un règlement municipal précise le 19 juin 1779 que “les brasseurs n’étant point surveillés par l’adjudicataire des fontaines comme ils devraient l’être, aux termes du règlement de police du 24 mai 1764, la plupart d’entre eux ont à leurs fontaines des robins d’un diamètre excessif, les tiennent continuellement ouverts et dissipent les eaux sans nécessité” (BB 14) [Se reporter à Gérald Dardart, mémoire de maîtrise, Université de Paris-Sorbonne, 1993]. Au XVe siècle, la présence de brasseurs est attestée au faubourg d’Arches à Mézières : André le Brasseur, vers 1464 et Jean le Brasseur, en décembre 1489 (Chartes du Comté de Rethel). Dès le XVI e siècle, vers 1527, des “eswards”, ou règlements, sont rédigés à Mézières afin de protéger la qualité des bières et veiller à leur fabrication. A Sedan, seront conçus des “esgards”. Le 1er août 1588, la princesse Charlotte de La Marck prescrit, par ordonnance, de respecter le prix de la bière, fixé officiellement. Le 15 mars 1592, un règlement de brasserie sedanaise est rendu public ; 8 maîtres brasseurs exercent alors à Sedan : Philippe de Lessau, Gilles Laurent, Henri l’Egyptien, Guillaume Blanchot, Pierre de La Rue, Pierre Belienne, Walerand Beda, Jean Dehé [Source : Pierre Congar]. En 1597, sous Henri de La Tour d’Auvergne, les brasseurs de la principauté souveraine de Sedan sont érigés en maîtrise et en jurande. Il est alors défendu d’exercer la profession avant d’avoir réussi son chef-d’oeuvre. Deux jurés sont institués, leur tâche consiste à surveiller le corps de la brasserie et la fabrication de la bière. Les 13 brasseurs du XVIIe siècle produisent jusqu’à 18.000 pièces de bière par an. Des ordonnances d’Henri de La Tour d’Auvergne réglementent la brasserie sedanaise, en 1600, 1609, 1614, 1618 et 1620. En 1624-1625, il est fait défense aux brasseurs d’Yvois “d’amener et fournir de la bière à la ville de Sedan”. Le motif de cette injonction “bière trop chauffante et enivrante”... Un faux prétexte pour limiter et éliminer la concurrence. En 1646, à Charleville, le maître tonnelier Claude Certellet est nommé pour contrôler les tonneaux des brasseurs et les jauger. En 1667, Onésime Trussy, capitaine du quartier Saint-François à Charleville, est nommé inspecteur des tonneaux de brasseurs. En juin 1709, il est défendu aux brasseurs carolopolitains de fabriquer de la bière. A Raucourt, quatre brasseries sont répertoriées dès le XVII e siècle : celles de Jacques Le Mariot dès 1629, de Vermont, vers 1650, Lallement, vers 1670, Michel, avant 1685. Nous retrouverons plus tard les Vermont, à Sedan, et les Lallement, à Douzy. Par ailleurs, les brasseurs, comme les boulangers, ne peuvent acheter de grains sur le marché qu’en début d’après-midi, afin de permettre aux petits consommateurs de s’approvisionner le matin, avant la “razzia” de ces artisans. Un certain nombre de règlements municipaux vont dans ce sens dès 1740 et jusqu’à 1835. A la suite de la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685, sur 9 maîtres-brasseurs calvinistes, 4 décident de s’exiler et avec eux, d’emporter leur savoir-faire. Un groupe de pression Syndicat des Brasseurs de l’Arrondissement de Sedan créé en 1879 devient le... Syndicat des Brasseurs Ardennais Fondé en 1890 Premier président : Charles DOCQUIN (1890-1919) Le bureau en juillet 1890 : Président : Charles Docquin de Torcy-Sedan Vice-président : Charles Herbulot de Mézières Secrétaire : H. Canton de Charleville Trésorier : Joseph de Charleville Assesseurs : Ricard de Lonny Thomassin de Rethel Ed. Raulin de Rethel Baudelot de Haraucourt Guilmin de Vireux-Molhain Valin de Rimogne En 1895, il regroupe 131 brasseurs sur 227 ! 1924 : il fusionne avec le Syndicat des Brasseurs du Nord. 1925-1936 : Gillet-Rollin de Vrigne-auxBois, président. Le siège social se tient au Buffet de la Gare de Charleville. Mars 1929 : décès, à Sedan, de Charles Docquin, ancien président. Ecole Professionnelle de Brasserie de Balan Fondée en 1868 44 élèves en sortent en 1878. Ecole de Brasserie de Nancy Fondée par PETIT en 1893 Existe en 1904 Ecole de Brasserie de Douai 1893 La presse Le journal “Le Brasseur” Célestin Rahon, imprimeur, issu d’une famille de brasseurs et de maîtres de forges douzynois, imprime, sur la place Nassau, l’hebdomadaire dominical “Le Brasseur” (1865-1882), en partie rédigé à Namur. Une corporation victime de la Terreur En mars 1789, les brasseurs de Torcy (Bon et Hannotel) font inscrire dans les cahiers de doléances pour les Etats Généraux la suppression des taxes sur la bière “qui est la boisson du pays” (sic). Jalousés, critiqués, quelques brasseurs ardennais sont internés au Mont-Dieu durant la Terreur, en 1794, sous le règne de l’Incorruptible Robespierre : Jean-Baptiste Maury de Vouziers, Hubert de Charleville, Jean-François Desse de Carignan... Le 15 prairial an II, c’est-à-dire le 3 juin 1794, le brasseur Pierre GibouVermon, né le 30 mars 1741, est envoyé à l’échafaud par l’accusateur public Fouquier-Tinville, avec 27 de ses anciens collègues de la municipalité de Sedan. Coll. Michel Blaise Contrôle de la qualité dès le XVIe siècle évolution quantitative Nombre de brasseries dans les Ardennes Nombre de br asser ies en 1897 Nombre de br asser ies en 1905 1857 : 135 1869 : 210 1875 : 236 ● Répartition par arrondissements des 236 brasseries : 1- Arrondissement de Mézières : 80 2- Arrondissement de Sedan : 66 3- Arrondissement de Rocroi : 55 4- Arrondissement de Rethel : 18 5- Arrondissement de Vouziers : 17 Dispar ition dur ant la pér iode Nouvelle cr éation dur ant la pér iode 1880 : 220 1887 : 227 brasseries = 508 ouvriers 1890 : 227 1895 : 222 1897 : 220 1900 : 224 1905 : 226 (moins de brasseries dans le Sud du département, en revanche, davantage dans le Sedanais et dans la région de Signy-le-Petit). 1913 : 186 ● Répartition par arrondissements des 186 brasseries : 1- Arrondissement de Mézières : 67 (-13) 2- Arrondissement de Sedan : 46 (-20) 3- Arrondissement de Rocroi : 46 (-9) 4- Arrondissement de Rethel : 13 (-5) 5- Arrondissement de Vouziers : 14 (-3) 1914 : 182 1921 : 101 ● Répartition par arrondissements des 101 brasseries : 1- Arrondissement de Mézières : 45 (-22) 2- Arrondissement de Sedan : 24 (-22) 3- Arrondissement de Rocroi : 22 (-24) 4- Arrondissement de Rethel : 3 (-10) 5- Arrondissement de Vouziers : 7 (-7) 1926 : 83 (contre 8 dans la Marne) 1929 : 62 (210.000 hl) 1939 : 47 1946 : 26 1950 : 19 1965 : 6 Dans les Ardennes, la crise brassicole survient à partir de 1901, alors que l’érosion est contenue de 1870 à 1900. Toutefois, Mézières et sa région restent la première concentration de brasseries du département. La Section des Brasseurs des Ardennes (Syndicat des brasseurs de l’Est) a pour siège la Chambre de Commerce de Charleville (en 1946). Les bourgs brassicoles en 1913, au-dessus de 4 brasseries Balan 4 Carignan 5 Charleville 9 Dom-le-Mesnil 6 Fumay 4 Gespunsart 4 Juniville 4 Machault 4 Mézières 4 Monthermé 4 Nouzonville 4 Rethel 4 Revin 7 Rocroi 4 Sedan 7 Thilay 4 Nombre de brasseries à Charleville 1834 : 6 maîtres brasseurs + 5 marchands brasseurs à Charleville 1840 : 12 maîtres et marchands brasseurs 1849 : 6 maîtres brasseurs 1872 : 14 1885 : 11 1890 : 12 (9 à Sedan) 1900 : 11 (7 à Sedan) 1921 : 6 Durant la période 1830-1850, les brasseurs les plus prospères sont : à Mézières, Renaudin, né en 1799, Hénon-Tessier, né en 1799, L. Gendarme, né en 1810... à Charleville, Th. Chaffoureaux, né en 1798, Désiré Lambert-Lagard, né en 1797, Ch. Gailly-Taurines, né en 1790, Durant fils, né en 1799, Cannepin-Féquant, né en 1787... Certains d’entre eux entrent dans les Conseils municipaux. Ainsi, en 1833, à Mézières, Renaudin, Coulbault, Daux ; à Charleville, Gailly-Taurines et Collardeau. Vers 1890 : Coll. Jean-Pol Mathieu Nombre d’employés en moyenne : 508 Salaire moyen quotidien : de 1,50 F. à 3,50 F. Temps de travail moyen : 12 heures par jour. Production annuelle moyenne : entre 1.000 et 10.000 hl. Le seuil de rentabilité en 1919 est de 30.000 hl. production et consommation La production des brasseries ardennaises 1913 : 608.836 hectolitres de bière essentiellement de fermentation haute (contre 388.135 hl dans la Marne). 1914 : 700.000 hl 1924 : 200.000 hl 1936 : 520.000 hl 1937 : 532.000 hl A la veille de la Grande Guerre, une brasserie ardennaise de taille moyenne produit 3.900 hectolitres par an. La production des brasseries des arrondissements de Mézières et Rocroi 1910 : 416.000 hl 1911 : 445.000 hl 1912 : 366.000 hl 1929 : 210.000 hl Les 100 brasseries de Mézières-Charleville, de la Vallée et du Plateau produisent environ 400.000 hl au début du XXe siècle. La productivité de ces brasseries est légèrement supérieure à la productivité des autres maisons du département. La consommation carolopolitaine de bière [chiffres de l’octroi de Charleville] : 1900 : 44.932 hectolitres 1901 : 41.685 hl 1902 : 39.778 hl 1903 : 42.233 hl 1905 : 41.465 hl 1906 : 44.889 hl 1907 : 44.180 hl 1908 : 43.560 hl 1909 : 39.000 hl A titre de comparaison, l’on boit à Charleville en 1909 : 19.000 hl de vin et 2.000 hl de cidre. La part du vin augmente dans la consommation carolopolitaine au détriment de la bière : 15.906 hl en 1906, 17.906 hl en 1907, 18.000 hl en 1908, 19.000 en 1909... Les brasseries sont obligées de fusionner, ou bien, elles disparaissent. A Revin, l’on boit, avant guerre, en moyenne 16.300 hl de bière par an. Consommation ardennaise En moyenne 139 litres par habitant et par an vers 1900. Par habitant, en 1904, 241 litres à Fumay et 986 litres à Revin. Contre 45 litres dans la Marne. Coll. Michel Blaise Coll. J. Jeanteur Un nombre important de dépôts Les brasseries ardennaises ne réussissent pas à satisfaire la consommation locale. En 1906, les brasseries de Charleville produisent 43.000 hl, dont près de 2.000 hl sont commandés à l’extérieur de la ville. En 1914, Charleville achète près de 7 % de la production départementale. Ainsi, des brasseries extérieures ouvrent des succursales et dépôts pour concurrencer les brasseries implantées localement. En 1893, la Grande Brasserie de la Meuse de Bar-leDuc crée un entrepôt chez le brasseur M. Renot, rue Saint-Barthélémy à Charleville. La Grande Brasserie Ardennaise (G.B.A., trust de Torcy-Sedan, fondé en juillet 1921) organise un point de vente dans la brasserie J. Lampson, rue Noël à Charleville (1926), puis dans la brasserie DewéPeltier de Mohon en janvier 1929. La brasserie de la Meuse de Bar-le-Duc et Sèvres aménage 9 dépôts dont un stock chez Bernier, 38, avenue Gustave-Gailly à Charleville (1925). Quant à Henri Masse, “la Brasserie des Ardennes”, 6, rue d’Aubilly, il accueille les caisses de la brasserie du Coq Ardennais, appartenant à A. Ebling à Vireux (1936). Résultat : La bière de Jarny est partout, dès 1914 (un entrepôt à Sedan, 2, rue des Fausses-Braies). La bière de Vézelise est vendue dans toutes les Ardennes, dès 1919. Ainsi que la bière de Champigneulles. Coll. privée Articles - marronniers du Petit Ardennais vantant les mérites de la bière 7 mars 1884 : “Causerie scientifique : la bière” [“ ...La goutte, le rhumatisme, la gravelle, les maladies du coeur sont avantageusement modifiées par l’usage de cette boisson (sic)...”] 16 janvier 1890 :“La bière : son histoire”. 19 février 1890 : “La ruine des brasseurs bavarois”. 26 juin 1893 : “La fabrication de la bière en Europe”. 8 février 1929 : “La bière dans les Ardennes : évolution actuelle du goût des consommateurs fermentation haute - fermentation basse”. 12 juillet 1929 : “La bière est la plus hygiénique des boissons”. 20 juillet 1929 : “La bière et la fièvre typhoïde”. 1er août 1929 : “Les vitamines de la bière”. 26 novembre 1929 : “Contre la fièvre typhoïde : la bière”. 28 décembre 1929 : “Les boissons de ménage ne remplacent pas la bière”. 24 mars 1931 : “Hygiène de la table. Une boisson saine entre toutes : la bière”. 7 novembre 1931 : “Hygiène d’hiver, la bière”. “Riche en vitamine B”. eaux Coll. Y Hur recto verso la crise (1993) Exerçant un métier pénible - et parfois dangereux -, l’artisan brasseur ardennais a été, par ailleurs, victime de plusieurs crises : Crises du secteur brassicole 1880 : arrivée des premières bouteilles. Début du déclin de la production des tonneaux. 1890 : développement des magasins à succursales multiples et des centrales d’achat. 1900-1905 (1890-1910) : concurrence du vin bon marché. 1914 : changement de consommation des hommes engagés sur le front. Les populations évacuées goûtent à la bière de fermentation basse. 1914-1918 : le cuivre et les métaux sont réquisitionnés par l’occupant. De nombreux brasseurs sont morts durant le conflit. 1919 : la bière est chère. 8 février 1925 : Le Petit Ardennais titre “Evolution actuelle du goût des consommateurs - Fermentation haute - Fermentation basse”. 1938 et 1939 : mobilisations des brasseurs. 1939 : rupture, à cause du conflit, de l’approvisionnement en houblon de Bohème. 1940-1944 : interdiction de transporter du malt. 1948 : Jean Philippoteaux écrit le 21 janvier 1948 : “L’industrie de la brasserie française connaît le plus grand marasme”. Problème d’approvisionnement en matières premières. Importation de bières étrangères de meilleure densité. 1950 : vive concurrence entre les grands groupes, “La Comète” contre la “G.B.A.”. 1998 : la renaissance Développement des microbrasseries de pubs, bars et cafés. Par exemple, la P.B.A. de Charleville-Mézières et la Brasserie du Château de Sedan. Coll. G.D.P. Bière de ménage et autobrasseurs Il était possible d’obtenir dans les pharmacies, épiceries et graineteries des sachets, paquets ou flacons pour produire à la maison sa propre bière. Les autobrasseurs devaient être déclarés. - L’Autobrasseur vendu par l’épicier de Charleville, Paruit, 1927. - L’Autobrasseur de Willay-Lefebvre de Lens, 1929. - Les flacons de la Pharmacie régionale du Nord-Est à Reims vendus chez CaniauxPierrot, bandagiste, 30, rue Bourbon à Charleville. Inflation sur le prix de vente public de la bière vers 1927-1929 Coll. G.D.P. Des articles dans Le Petit Ardennais dès mai 1919 sur “la cherté de la bière” (18 mai 1919). Un métier pénible et dangereux Le brasseur est soumis à des différences importantes de température, doit porter de fortes charges, sa chaudière peut exploser... Le 7 décembre 1934, une chaudière de la brasserie Moreau (rachetée par Robert Fournier) à Carignan explose, elle est projetée à 200 mètres, les bâtiments s’écroulent, le propriétaire est gravement blessé et trois ouvriers sont tués : M. Chénot de Floing, chaudronnier, ancien Poilu, et deux couvreurs, Isidore Millet d’Amblimont, Jules Lhuillier de Mouzon. LOISEL-ET-LECERT à la Neuville-auxJoûtes - 1953 JEANNELLE à Saulces-Monclin - 1956 AGON à Floing - 1957 BLAISE à Gespunsart - 1963 EBLING à Vireux - 1973 MATHIEU à Gespunsart - 1984 SAINT-REMI, Gespunsart - 1990-1992. La seule brasserie intacte dans la région ! Coll. Loiselet-Buisset Coll. Bohn-Fournier Les dernières brasseries un secteur moteur De nombreux métiers vivent des commandes de la brasserie : Les marchands de houblon En 1855-1856, l’ingénieur et brasseur Jean-Louis Baudelot, né le 19 mars 1797 à Vendresse, fils du directeur des hauts-fourneaux Fort de Haraucourt, met au point le premier réfrigérant tubulaire pour refroidir le moût. L’appareil est breveté le 22 février 1856. L’appareil sera produit à Gaulier-Floing aux établissements Pierre-Vauché de 1860 à 1930. Pierre Vauché est décédé en mars 1908. Emile Baudelot, petit-fils de Jean-Louis, brasseur à Haraucourt, est l’un des principaux fondateurs de la G.B.A., en 19191921. - FAUCILLON à Signy-l’Abbaye, 1900. - DUBOIS à Balan, 1900. Dubois, torcyon, né en 1796, vend du houblon en gros aux brasseurs de Sedan, vers 1844-1846. Vers 1847, Lefèbre, né en 1791, et Demazy-Pommery, né en 1807, font de même. Coll. Mic hel . Coll. G.D.P En 1881, A. Crespin fabrique des machines frigorifiques pour le refroidissement de la bière. A la même période, le constructeur macérien de machines Castelin-David propose des pompes à bière. En août 1893, le sieur François dit Georges Péron, négociant en articles de brasserie, exerce au 4, rue des Ecoles à Charleville. En 1908, L. Hermand, 13, rue Saint-Louis à Mézières, vend de très jolies pompes à bière. Au Faubourg-dePierre à Mézières, L. Hermand succède à E. Roulière et produit, dès 1884, des machines pour les brasseurs. Blaise L’industrie mécanique Les tonneliers 11 tonneliers en 1905. A Sedan : 3 CARDOT au faubourg du Ménil. PIERRARD, rue du Rivage. GEOFFROY, 16, rue de Paris. La fabrication des tonneaux en bois de chêne s’effondre après 1919. Elle est concurrencée par les bouteilles consignées des épiceries à succursales multiples (les Docks Ardennais). Les faïenciers et fabricants de gobeaux et cafards L’eau très pure (gobeaux noirs) Il est possible d’acheter de l’eau respectant certains critères chimiques, teneur en calcium, en potassium... 29 fabricants de faïences et porcelaines dans les Ardennes en 1897. - La Bière du Coq Ardennais de A. EBLING à Vireux-Wallerand met en avant dans ses réclames (1938) la qualité de ses eaux pures et de ses orges ardennaises. - A Charleville, les brasseries sont concentrées près des sources de Montjoly. Les marchands d’orge : tous les cultivateurs du sud du département. Braux (broies ou braies) et drêches (ou drèches) Les résidus de malt sont vendus aux aviculteurs pour nourrir leurs poules, canards et lapins. Par ailleurs, ils sont achetés par les maraîchers et cultivateurs afin d’amender les sols. Ceux-ci se montrent friands de : touraillons - radicelles qui se détachent de l’orge germée, quand on la dessèche sur les tourailles -, les marcs de drêche - malt épuisé -, les marcs de houblon - houblon épuisé -. Les éleveurs sont très demandeurs de drêches pour leurs vaches allaitantes et animaux à engraisser. Des drêches sont vendues par le brasseur Lefèbvre-Lallement de Warnécourt le 21 février 1884, par Drubigny-Raulin de Dom-le-Mesnil le 12 juin 1884... En janvier 1909, la brasserie Grunenberger propose ses drêches dans Le Petit Ardennais. Les marchands de malt (malteries A Sedan, la bière se boit dans des gobeaux, chopes de faïence, bleues, blanches ou noires. Les gobeaux noirs sont nommés les cafards. Les faïenciers et potiers tentent de répondre à la demande, tels les Sedanais Bertrand, Dénizet et Denis (vers 1900). Les poteries de Jandun sont prospères au XIXe siècle, à l’instar de celles de Debruge et Gibon. Les verreries Telle celle de FOURNIER et C ie, au Moulinet, à Charleville. La fabrication des bouteilles se développe après 1880, surtout pour la bière basse. Les charretiers, entrepreneurs de transports non intégrées) En 1872, les frères Latour, installés sur la Place Ducale à Charleville, vendent des articles de brasserie, du malt et des houblons. Au nombre de 9 en 1897. Dont Casal, place du Rivage à Sedan. En 1896-1900, deux producteurs fournissent du malt : Ricard à Sedan (une des 12 premières de France, fondée en 1893) et Cremers à Tournes. Mais, les maisons de brasseurs ont souvent leur propre voiture. Par exemple, Docquin à Sedan. Coll. Michel Blaise un passé prestigieux Quelques grandes marques ardennaises Brasserie de Margut (Lhote) En vente en février-juillet 1922. Brasserie de Mouzon La brasserie et cidrerie JACOB de Mouzon JACOB, créée en 1813 Coll. René Jacob Les JACOB sont, à l'origine, brasseurs à Bazeilles et Neufchâteau (Belgique). Leur famille est apparentée avec les grandes familles de brasseurs des Ardennes : Girres de Rethel, Lamotte de Mohon, Robert de Douzy, Carignan et Monthermé, Moreau de Carignan, Colson de Mouzon, Girardin de Vendresse, Lacroix de Bazeilles... La brasserie a été détruite par deux fois, en 1914 et 1940. En 1919, Henri Jacob (1879-1979) achète la brasserie Marée de Mouzon. Henri Jacob refuse d'intégrer le groupe industriel de la G.B.A.. La bière profitait d'un goût particulier grâce à l’ajout de coriandre. Le houblon, extrêmement onéreux, était acheté en Bohême. Il n'y avait pas de malterie chez les Jacob. En 1932, Henri Jacob fonde, avec l'aide de son fils Robert, une cidrerie, la plus importante et la plus moderne des Ardennes. Le cidre, suivant un procédé tout récent à l'époque était stabilisé, glacé, filtré et mis en bouteilles automatiquement, à l’instar de la bière. Par wagons entiers, les pommes provenaient de Normandie et de la Sarthe. Le cidre était vendu jusqu'en Lorraine, à Nancy et à Metz. Charles JACOB Elise épouse de Charles Henri La brasserie-cidrerie est tenue successivement par : - Jean-Joseph JACOB de 1813 à 1849 - Auguste JACOB de 1849 à 1872 - Charles JACOB de 1872 à 1906 - Henri JACOB de 1906 à 1940 Coll. René Jacob La moyenne annuelle de fabrication du cidre était de 5.000 hectolitres. La moyenne de vente de bière était, quant à elle, de 8.655 hectolitres. La brasserie produisait, par ailleurs, près de 2.000 hectolitres de limonades et sodas (à la mandarine, à la framboise...). 7 camions desservaient 132 villages et dépôts. En 1939, l’entreprise emploie 22 personnes. La brasserie cesse son activité en mai 1940. Après la guerre, Etienne JACOB assumera une activité de commerce de vins et spiritueux. Gérald DARDART (renseignements fournis le 25 juillet 2005 par Henri Jacob, né le 4 octobre 1916, responsable de la brasserie en 1935-36,) Brasserie du Coq Ardennais A. EBLING Existe en 1902 et 1936 Brasserie de Torcy Coll. Michel Blaise Anciens Etablissements Philippoteaux 14, rue Jean-Jaurès (ou Chaussée de Wadelincourt). S.A. au capital de 2.000.000 F. après la guerre, en 1948. Jean PHILIPPOTEAUX est né le 29 août 1898 à Sedan (Ardennes) et est décédé le 20 janvier 1974 à Reims. Il est le fils du brasseur Charles-Joseph PHILIPPOTEAUX. Brasserie Jacob-Laval 129, rue du Fond-de-Givonne Camille-Léonce JACOB-LAVAL Fonds donné à son fils Xavier le 30 juin 1954 Radié du registre du commerce le 24 septembre 1954 Coll. G.D.P. les brasseurs macériens Les maîtres brasseurs de Charleville, Mézières et Mohon 1914 1921 CHARLEVILLE Lefevre-Lionne et Cie, 23, rue Baron-Quinart (existe déjà en 1900) Brasseries de l’Espérance, 22, rue Baron-Quinart Coll. Philippe Majewski Coll. G.D.P. Brasserie du Fort-Carré, 32, rue Forest (originaire de Saint-Dizier) E. Dupas, 6, rue de Montjoly (existe déjà en 1872) Dupas, 12, rue de Montjoly Maurice Dewé, 11, rue Noël (existe déjà en 1875) J. Lampson, 11, rue Noël (Ancienne brasserie-malterie M. Dewé) Loos, 21, avenue de Flandre (existe déjà en 1900) Loos, 21, avenue de Flandre Masse, Brasserie des Ardennes, 6, rue d’Aubilly Masse, Brasserie des Ardennes, 6, rue d’Aubilly Fischer, 45, rue Baron-Quinart Veuve Joseph, 6, rue de Gonzague (existe déjà en 1885) MEZIERES Blaise-Henrot, 22, rue Colette Blaise-Henrot, 22, rue Colette Jacob, 2, rue du Port Jacob, 2, rue du Port Chevalier, 40, faubourg-de-Pierre Peltier, 40, rue Jaubert (existe déjà en 1885) MOHON Lamotte-Dewé (Lamotte existe déjà en 1875) Dewé-Peltier (réouvert en août 1920) Lamotte PRIX-LES-MEZIERES Hénin (existe déjà en 1875) Hénin Brasserie de Montjoly à Charleville (photo G.D.P.) Sedan, centre brassicole Coll. G.D.P. Coll. G.D.P. L’âge d’or de la brasserie sedanaise : 1848 A la veille de la deuxième République, les brasseries se multiplient dans le pays sedanais. Jugez-en ! Vers 1834-1848, à Balan, les brasseurs sont Eugène Branchu, né le 8 janvier 1813, Mathieu, né en 1814, Jean-Baptiste Laval, né en 1810, Ponsignon-Delsolle. A Bazeilles, François Henriet, né en 1795, Vermont, né en 1814, Payon, né en 1781, Malaizy-Parent, né en 1804, Charles Jacob-Renaux, Jacob-Dagand, né en 1800... A Floing, Watelet-Maillot, né en 1781 et Day, né en 1791. A Donchery, Herbulot, né en 1790, Gerbaux, né en 1779, Bourdon, né en 1799, proposent leurs bières, ils seront quatre en 1874. A Glaire-et-Villette, Lambert, né en 1792, et Pellereaux-Herbulot, né en 1811, sont les brasseurs de la localité. A Cheveuges, le brasseur réputé reste AlexandreGerbaux, né en 1811. En 1868, une école professionnelle de brasserie est fondée à Balan. Du XVIe au milieu du XIXe siècle, le nombre de brasseries sedanaises croît régulièrement, à partir de la fin du XIXe siècle, elles ont tendance à disparaître : 1545 : 4 1576 : 10 1592 : 8 1774 : 12 1780 : 14 1840 : 11 1870 : 8 1940 : 3 1978 : 1 1979 : 0. G.D.P. G.D.P. A Douzy, c’est la famille Lallement qui tient la brasserie durant des décennies. En 1890, les brasseurs sedanais sont alors : Deffaux, 1bis, place Nassau Docquin, 3, chaussée de Wadelincourt Docquin, 19, rue des Francs-Bourgeois Fay, 55, faubourg du Ménil Henry, 14, chaussée de Wadelincourt Larue, 11, rue de Fleuranges Laval, 129, Fond-de-Givonne Letellier, 6, rue de Bayle Vautelet, 1, faubourg de la Cassine En 1896, l’on dénombre : 6 brasseurs à Sedan 3 à Floing (Denis, Isaert, Liénard) 5 à Balan (Courtois, Géry, Lecerf, Oudet, Thomassin) 4 à Bazeilles (Chevriaux, Grosmaire, Henriet, Robert) 1 à Donchery (Liénard Veuve) 2 à Glaire (Fossier et Vigreux). D.R. les brasseurs sedanais - Anselme ALMA (ou HALMA), 1774-1783 - BACOT (ou BACAULT), 1783-1789 A B - Félicie FARAMON, 1875-1880 - Familles : - LAVAL-TINANT, 1870 - LAVAL-JURION, 1870 - David ESTIENNE, 1740, - FAUCHERON, 1740 - Frédéric BARTHELEMY, 1774-1780, Quartier de la rue du Ménil - FAUCHERON, 1774 - Walgrand BIDA, 1592 - Edmond FAY, 1880-1890, 55, faubourg du Ménil - Jean BLANCHET, 1592, - FEARS, rue Saint-Michel, 1821 - Pierre BLIDUNE, 1592, - Jean BLOCTEUR, 1704 - Jean-Nicolas GERARD, 1780-1794. Père d’une nombreuse G famille, il s’est beaucoup appauvri lors de la Révolution. - BOIREFILS (ou BOIRE Fils), 1789 - Quelques GIBOU résident au Fond-de-Givonne, vers 1683. - Henri L’EGYPTIEN, 1592-1597 - Nicolas GILMAIRE-BOIRE, 1794, 26 ans, officier municipal, interné au Mont-Dieu sous la Terreur. - GIBOU, au n°100, 1780-1783, quartier de la rue du Ménil - LEJAY, 11, rue de Fleuranges, 1893-1911. - GIBOU-VERMON, 2bis, rue d’En-Bas, 1774-1794, - LE MOINE, (ou LEMOINE) Faubourg du Rivage, 1780-1783 - Jean-François BON, syndic de Torcy, député aux Etats Généraux de 1789. - GILLET-GODET, né en 1800, 1836-1847 - Abraham LESOIN, 1740 - Nicolas BON, en 1789 - Edouard BON-PARENT, Torcy, né en 1804, 1839-1848 - A Douzy, un dénommé Eugène BON tient une brasserie (1840-55) - JACOB-LAVAL, 1870 - LECLERC (ou LECLERE), 1789 - LECLERE-CHAYAUX, 1794 - LECLERC, 1834 - LEFEVRE, né en 1764, 1840-1841 - GILLET, 6, rue de Bayle, vers 1897-1905 - Charles LETELLIER, 1875-1890, 6, rue de Bayle - Henry-Vincent GODFRIN, interné au Mont-Dieu, en 1794 - Les LYENARD sont Sedanais dès 1583. - GROSYEUX, 1783 - Colinet-Jean-Baptiste LIENARD, 1848 - HALMA, 1774-1783 H - LIENARD, à Givonne et à Floing, 1896 - La brasserie BON-PHILIPPOTEAUX, 16, chaussée de Wadelincourt (rue Jean-Jaurès), en 1870 - Evrard HANOTEL (avec un seul “n”) à Torcy (brasseur ?), vers 1789. - MANEQUERIN, 1740 - Jean-Hubert BOURGUIN (Bourgain), 1780-1794, quartier de la rue du Ménil - Jean-Baptiste HANNOTEL-LEFORT, né en 1793, brasseur à Torcy, 1834-1893 - Jean-Baptiste MATHIEU, 1855 - CHANTEUR, 1789 C - HANNOTEL-LEFORT, 1855-1875 - CHAYAUX-MAROTTE, 1794 - HENON-DESROUSSEAUX, né en 1797, 1838-1845 - Veuve CHEVALIER, 1772 - Joachim HENRY, 1875-1890, 14, chaussée de Wadelincourt - Pierre DAVID, rue de Bayle - “A la Charrue” vers 1689 D - François DAVID, vers 1700-1719 - MASSON, 6, rue de Bayle, 1911 - Henry MESMER, 1774-1783 (N°19, faubourg du Ménil) - Gustave HANNOTEL, brasseur au Fond-de-Givonne - CHAYAUX-CAILLOU, 1789 - MOTEL-CHARTON, 1848-1855 - Charles NOËL, 1875 - PAYON Fils, 1794 - Jean PETIT, marchand brasseur, 1733-1740-1771 - HUSSON, 1774-1780 I J - Des JACOB vivent à Sedan dès 1718 - Pierre DELAIRIE, 1592, - PHILIPPOTEAUX, 14, Chaussée de Wadelincourt, 1897 - POUPART, 1774 - JACOB, Légion d’Honneur, à Balan, en 1811 - François QUINART (QUINARD), 1783-1794 - Robert JACOB, Faubourg du Ménil, 1819-1826. - ROBERT-THIERY, né en 1782, 1834-1848 - Il existe un JACOB, marchand-brasseur à Bazeilles en 1834. - Louis THIERCELIN-DODET, né en 1798, 1843-1849 - Il existe des DO(C)QUIN à Floing, vers 1683-1744. - Il existe des brasseurs JACOB à Mouzon et à Francheval vers 1896 - VAUTELET-FARAMON, 1875-1878 - DOCQUIN, né en 1785, 1834—1847 - Adolphe KNY, 1848 - Louis et Charles DOCQUIN, 1875-1890, 3, Chaussée de Wadelincourt. Brasserie reprise par DEMOUZON, 1905-1911. - Jean LABAUCHE, marié à Germaine DROUIN, 1789 - Jean DOZE, 1592, - Gilles LAURENT, 1592-1597 - Paul DROUIN, 1740, - LAVAL-PIERRARD, né en 1781, 1840-1851, - DUPONT, 1774 - LAVAL-PIERRARD, né en 1788 - Jean-Baptiste-Victor WAHARTE-GILMAIRE, 1851, né en 1794 - Henry LAVAL, 1850 - WILMET à Raucourt de 1705 au début du XIXe siècle. - Edouard LAVAL, 1875-1911, 129, Fond-de-Givonne - WILMET, 1, rue Sainte-Barbe, 1897-1911 - Philippe DELEDSSAIT, 1592, - DESROUSSEAUX, né en 1799, 1836-1845. - DESROUSSEAUX-NOIZET, brasseur à Givonne, en 1847. - Paul FARAMOND (ou PHARAMON(D)-MARTIN), né en 1796, 1834-1848 - LARUE, 11, rue de Fleuranges, 1890 F N P - Jean-Nicolas PAYON, 1848 - IBERT (ou Hibert ?), 1783-1789 - DEFAUT-HENON, 1875-1882, 1, rue du Petit-Pont M Q R T V - Paul VAUTELET, 1, faubourg de la Cassine, 1880-1890 K L - Les VERMONT, brasseurs à Haraucourt, vers 1650. - Louis VERMONT, 1772 - Jean-Baptiste WAHARTE-GILMAIRE, né le 8.XII.1794, 1834-1851 Dessin Olivier Gobé W la G.B.A. Les différents types de bière de la G.B.A. La Bock Familial (1924) La Bière de Ménage La Bière Conserve (1924, 1929) La Grande Conserve (blonde) (1926, 1938) La Bière Familiale (B.F.) (1929, 1938) La Bière Export Brune (1927, 1929) La Super Cervisia (brune et blonde, pur malte orge et houblon de Bohème) (1929, 1934, 1938) La Super Maltose (1934) La Prince’s Stout (très foncée) (1949) La Prince’s Scotch (ambrée) (1955) La Prince’s Beer (blonde) (1957) La Bière Bock Supérieure Coll. G.D.P. Chronologie 21 novembre 1919 : 35 brasseurs des Ardennes et du nord de la Meuse se réunissent à la Grande Taverne à Charleville. 11 juillet 1921 : CREATION DE LA S.A. Maurice JASSON, né le 20 octobre 1881 à Nancy Diplômé de l’Ecole de Brasserie de Nancy (1898), ancien directeur général de la Brasserie de Vaucouleurs. Le premier conseil d’administration est composé de : Louis MOREAU, président ; Maurice JASSON, directeur général ; Paul MOREAU, Emile BAUDELOT, Léon GROSSIN, Henri LEBONDIDIER et André RICARD. Origine des membres du conseil : Louis MOREAU, Brasserie de Vézelise ; Maurice JASSON, Brasserie de Vaucouleurs ; Paul MOREAU, Brasserie Saint-Nicolasdu-Port ; Emile BAUDELOT, Brasserie de Haraucourt ; Léon GROSSIN, Brasserie de Le Chesne ; Henri LEBONDIDIER, Brasserie de Chauvency-le-Château et André RICARD, Malterie de Torcy. 16 brasseries (dont 3 meusiennes) et 1 malterie fondent la G.B.A. Elles bénéficient des fameux DOMMAGES DE GUERRE. 1921 : capital fort de 200.000 F. Vente des bières lorraines (Vézelise et Saint-Nicolas). 9-16 novembre 1921 : Pierre-André RIQUARD fait apport de sa malterie de Torcy. 1923 : capital fort de 2.000.000 F. 1924 : entrepôt chez le brasseur carolopolitain J. LAMPSON. 25 novembre 1924 : début de la PRODUCTION. 9-10 février 1925 : inauguration de l’usine, véritable palais moderne dédié à la bière, pouvant produire dans un premier temps 50.000 hl de bière. A côté des VOIES DE LA COMPAGNIE DE L’EST. 1928 : point de vente à Paris, 48bis, rue Riquet. Capital de 4.000.000 F. ; puis, Couderc, 55, rue Gutemberg à Paris. 8 décembre 1928 : Georges-Célestin-Léon PELTIER apporte à la G.B.A. sa brasserie de MOHON. Le capital augmente de 350.000 F. La brasserie de Mohon va devenir la CIDRERIE et LIMONADERIE de la G.B.A.. Fin 1928 : capital fort de 4.350.000 F. 1932 : capital fort de 5.000.000 F. Les approvisionnements et expéditions ne se font plus que par CAMIONS. M. GONTHIER est chef de fabrication. 1933 : la G.B.A. expédie jusqu’en Tunisie. 1934 : la G.B.A. expédie à Paris. Présente à la foire de Paris. 1935 : capital fort de 5.000.000 F. Production : 100.000 hl. 1938 : la production chute à 80.000 hl. 1939 : marque “FAVOR”, jus de fruit naturel (ananas, orange, pamplemousse), pour concurrencer “Orangina” (1936). 1940 : Maurice JASSON, président du Conseil. Mai 1940 - 1941 : cessation. 1942-1957 : commerce de vins. 1942 : 57.000 hl. 1947 : nouvelle canetterie. 1952 : exportation vers l’Afrique, grâce à la société SOBORO (Tunisie et Indochine). 1956 : le soda “Kok”. 1957 : achat d’AGON à Floing par la G.B.A. GUERRE ENTRE LA COMETE DE CHÂLONS (1882) et LA G.B.A.. 1961 : fin des tonneaux en bois. Le directeur technique est Jean NIEDERMEYER. 1969 : groupe ARTOIS (Stella Artois). “Les Brasseries Lorraines” = Sedan + Vézelise + Saint-Nicolas. 1971 : 250.000 hl. 230 salariés. 29 juin 1971 : fusion avec les brasseries de Vézelise et de Saint-Nicolas. 3 janvier 1979 : suppression de 79 emplois. 7 mars 1979 : dernier brassin. les lieux de convivialité Les frères Jean-Baptiste et Auguste Mercier sont les compositeurs du “P’tit trou de la mère Chauderlot”. La famille Mercier vécut au n°6 de la rue d’En-Haut (aujourd’hui rue du Château). JeanBaptiste décède en 1866, Auguste en 1868. Ce dernier fut le président du club de la mère Chauderlot, concurrent du club des “Chopistes” de Charles Pranard. Par ailleurs, les frères Mercier sont les principaux compositeurs de la chanson “Les Vieux Gobeaux”. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le petit peuple fréquente des cabarets où l’on aime faire la fête : la “Charrue d’Or” à la Porte de Balan, le “Canon d’Or”, route de Paris à Torcy, les “Six-Fesses” au faubourg du Mesnil - établissement appelé ainsi parce que tenu par trois soeurs -, le café Mistriss et la “Mère Chauderlot” en haut de la rue du Rivage, où l’on buvait la bière dans des gobeaux de faïence. Le p’tit trou de la mèr’ Chauderlot Coll. E. Mathieu-Poncelet Les cabarets Les Vieux Gobeaux Un savetier dont le nez écarlate, Comme un fanal enluminait les traits, En réparant un jour une savate Avec douleur exhalait ses regrets : Ah ! disait-il, essuyant sa paupière, A moins que d’être un Rothschild, un Crésus, On ne peut plus se régaler de bière, Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus ! (bis) En haut de la rue du Rivage, Il existe une simple maison Qui ne porte pour étalage Ni riche enseigne ni bouchon ; On y chante à perdre haleine, Amis dans ce joyeux tripot : Vous avez reconnu sans peine Le p’tit trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis) Que nous importe la dorure Les glaces et les riches lambris ; Le vrai bonheur, je vous le jure, C’est pour l’homme lorsqu’il est gris, Et que rond comme une futaille En soufflant comme un cachalot, Il rentre, en tenant la muraille, Au p’ trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis) Coll. G.D.P. Dans cette modeste cambuse, Qui n’a pas cinq mètr’ de long, On y boit et l’on s’y amuse Mieux que dans un riche salon... La gaieté que l’on y respire Nous rend tous joyeux et dispos, Et chacun est forcé de rire, Au p’tit trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis) Jamais la sonnette insipide N’y a fait vibrer son drelin, Mais du gobeau, lorsqu’il est vide, Vous entendez le rin tin tin Sur une table ruisselante, On voit la bièr’ couler à flot ; On boit tant qu’il y a de la pente Au p’tit trou de la mèr’ Chauderlot. (bis) On n’y admet pas la romance Au ton fade, sentimental ; On y tolèr’ la dissonance Du chant grivois ou national, Mais si d’une rime trop plate, Au loin vous envoyez l’écho, Vite on voit jouer la savate Au p’tit trou d’ la mèr’ Chauderlot. (bis) Quand l’débitant n’brûlait que d’ la chandelle, Pour son quibus on avait d’la boisson; Mais à présent que le gaz étincelle L’or et le marbre ont fait irruption. Le mastroquet, ce vampir’ qui nous suce, Prend un plateau pour mettr’ not’ chop’ dessus : Dans le liquide, on n’noierait pas une puce, Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus ! (bis) Quand sous l’ prétext’ rend’ les chop’s plus coquettes On rogn’ on r’ serr’ leur taille de plus en plus, Bientôt pour boir’ ceux qui n’ont pas d’lunettes Pourront s’vanter d’avoir les yeux d’Argus. J’ souris d’ pitié, quand partout l’on répète: On fourrait l’ poing dans l’ guindal de Chapus; Chez l’ père Godron l’on y fourrait la tête, Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus ! (bis) J’ suis sur le point d’ mourir de la pépie. A moins que l’eau n’ déshonor’ mon bocal depuis qu’ la chop’ tous les jours raccourcie A détrôné le gobeau national !... Sur l’estomac quand j’avais une douzaine D’ces vieux amis souvent j’ n’ campais plus ; Mais maintenant, il m’en faut une centaine, Mes vieux gobeaux qu’êtes-vous devenus ! (bis) Coll. G.D.P. Coll. G.D.P. A la Belle Epoque, les Sedanais aiment à fréquenter “Le Café de l’Univers”, place de la Halle (café d’Emile Corneille), “Le Chariot d’Or” à Torcy (propriété de Herbulot-Bourgerie puis de François Lemasson), “Le Café des Soquettes”... Coll. G.D.P.