Bascule, texte de Yuichi Kimura, illustrations de Koshiro Hata

Transcription

Bascule, texte de Yuichi Kimura, illustrations de Koshiro Hata
Bascule, texte de Yuichi Kimura, illustrations de Koshiro Hata,
Traduction de Nicole Coulom, adaptation de Claire Lanaspre.
Texte de 2003, Didier Jeunesse, Paris, 2005.
Biographie de KIMURA YUICHI
Yuichi Kimura est né à Tokyo et a fait ses études à la Tama Art University. Après avoir été professeur d’arts plastique
et avoir travaillé pour la télévision comme concepteur d’émissions pour la jeunesse, il devient auteur d’albums et de
contes pour enfants. Il a écrit beaucoup d’albums et a reçu de nombreuses récompenses dans son pays. En 2005, son
album Comme une tempête a même été adapté en film d’animation.
(Article complet à l’adresse suivante :
http://www.didierjeunesse.com/artistes/auteurs?view=auteur&lettre=K&id=184).
Il est l’auteur notamment de 998 têtards, de Maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
1ère et 4ème de couverture
1ère et 2ème pages
3ème et 4ème pages
5ème et 6ème pages
7ème et 8ème pages
9ème et 10ème pages
11ème et 12ème pages
13ème et 14ème pages
15ème et 16ème pages
17ème et 18ème pages
19ème et 20ème pages
21ème et 22ème pages
23ème et 24ème pages
25ème et 26ème pages
27ème et 28ème pages
29ème et 30ème pages
31ème et 32ème pages
33ème et 34ème pages
35ème et 36ème pages
« Tapuscrit » de l’album
Il avait beaucoup plu. Pendant plusieurs jours, il avait plu. Un matin, la pluie s’était enfin arrêtée. Mais le petit pont
de bois sur la rivière, ça l’avait abimé, ça l’avait réduit à trois fois rien : une simple planche.
Un lapin, poursuivi par un renard, courait à perdre haleine. En deux bonds, le voilà sur le pont. « Je traverse
cette rivière, je fais tomber cette pauvre planche et PFT ! bien débarrassé… » Mais le renard est rapide :
« je le rattrape et je l’attrape ! » se dit-il.
Sous le poids du renard, la planche commence à bouger et les pierres de la berge se mettent à dégringoler.
– Outch ! dit le lapin qui manque de tomber.
Le renard, tout sourire, se rapproche du lapin. Il se lèche les babines : – Lapin, je te tiens !
Mais VLAN ! la planche bascule.
– STOP ! crie le lapin. – OH ! OH ! Le renard sent le danger. Il suspend son pas.
Puis le renard fait marche arrière. Et VLAN ! La planche bascule de l’autre côté.
Au moindre pas du renard, la planche oscille comme une balançoire. Ça y est ! Le pont est en équilibre. Il s’agit de ne
plus bouger maintenant…
Le renard se cale sur la planche et regarde le lapin juste en face de lui : « Un si bon repas sous la main et pas
moyen de se le mettre sous la dent ! » Le lapin le nargue : - Eh ! Renard, te voilà coincé ! Seulement, moi,
mes copains, ils vont venir me délivrer et ils te jetteront dans la rivière ! - Eh bien moi, Lapin, avec
mes copains, on va te manger comme chair à pâté !
Et tous deux de hurler à tue-tête dans le soleil couchant. – OHÉ ! Y’a quelqu’un ? – HÉ ! OH ! À l’aaaaide !
CROÂ ! CROÂ ! CROÂ ! – Qui a besoin d’aide ? Des corneilles pêlemêle se posent sur la planche, qui de
nouveau bascule.
– On ne vous a pas sonnées, vous ! dit le renard. – Bas les pattes ! On va chavirer ! continue le lapin.
La nuit tombe et, dans un bruissement d’ailes, les corneilles s’éloignent. Le lapin et le renard poussent un soupir de
soulagement.
– Quelles bécasses ! dit le renard. – OUPS ! dit le lapin, j’ai bien cru que ça allait mal tourner.
Le temps passe, silencieux, et, maintenant, la nuit les enveloppe tout à fait. – BRRR ! dit le renard. Dire qu’il va
falloir passer la nuit ici. – J’ai l’impression qu’il y a des fantômes… murmure le lapin.
– BRRR ! Dis pas des choses pareilles ! – Ah ? Tu es froussard, toi ? – Regarde, là, dans l’arbre, il y a un
visage ! – Mais nooon ! Il n’y a personne.
Coincés sur leur branche, le renard et le lapin ne peuvent que parler et ils parlent. – Moi, quand j’ai peur, j’ai tout
de suite envie de faire pipi, dit le renard. – Moi, quand j’ai peur, je crie, dit le lapin. Oubliant qu’ils sont
ennemis, ils poursuivent leur bavardage, parlant de leurs frères, du froid, de l’hiver, de leurs joies…
Soudain, le lapin ne répond plus. Le renard tend l’oreille : il entend le souffle régulier du lapin endormi. – HÉ !
Lapin, fais attention, réveille-toi ! Si tu dors, tu vas tomber et tu vas mourir !
Le lapin se réveille en sursaut. – Merci Renard ! – Bon, bon… si j’étais tombé, euh… moi aussi, je serais
tombé !
Au petit matin, le vent se met à souffler. Hou, hou, hou ! De plus en plus fort ! Et la planche se met à tournoyer.
Trrrch ! De plus en plus vite ! – Eh ! Lapin, accrooooooche-toi !
– Eh ! Renard, ne lââââââââââche pas ! Et, de toutes leurs forces, ils se cramponnent à la planche.
– On est perdus ! On va tomber ! Tous deux glissent de plus en plus quand soudain…
SCRATCH ! Les pattes du renard s’agrippent aux broussailles de la berge. – Hé ! Lapin, vas-y vite, traverse !
HOP ! HOP ! Le lapin s’élance sur le dos du renard. Le voilà enfin sur la berge. – Tiens bon ! dit-il au renard.
Le renard se saisit des pattes du lapin et se hisse à son tour. Tout en bas, dans la rivière, splatch, la planche se
fracasse. – Ouf ! On l’a échappé belle, dit le lapin. – On est sauvés, dit le renard. Un court instant, ils se
réjouissent…
… mais bientôt le renard se souvient du lapin et de sa faim. Son œil brille. - OH ! - OH ! Le lapin, lui, sent venir sa
fin, et zou, prend ses jambes à son cou.
Le renard part à sa poursuite… puis s’arrête aussitôt : il a eu si peur… …qu’il se met à faire pipi. Et encore pipi.
PSSSS. – Eh ! Lapin, attends-moi, promis, je ne te mangerai pas !
Mais le lapin est déjà bien loin… Et de notre histoire, voici la fin !