Synthèse Etude Finistère 2016
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Synthèse Etude Finistère 2016
ÉTUDE ACTION Décembre 2015 Synthèse du rapport d’étude ACCOMPAGNER LES PARCOURS PROFESSIONNELS DANS LE FINISTÈRE Septembre 2016 2 2 I Accompagner les parcours professionnels dans le Finistère 1 Comment accompagner le travail temporaire dans la gestion des compétences dans les territoires ? L’intérim et les prestations des entreprises de travail temporaire (recrutement, formation de salariés intérimaires, formation de salariés permanents des entreprises clientes, etc.) apportent une réponse à forte valeur ajoutée à plusieurs défis du marché du travail : identification des profils, recrutements difficiles, structuration des processus de recrutement. En étoffant leurs offres de services, les entreprises de travail temporaire (ETT) contribuent à la gestion des compétences dans les territoires ; en développant leur accompagnement des différents secteurs d’activité, elles créent de nouveaux parcours professionnels, d’un métier et d’un secteur à l’autre. Elles doivent dès lors répondre à de nouvelles questions : quelles évolutions professionnelles proposer aux intérimaires en réponse aux mutations du tissu économique ? Avec quels parcours faciliter ces mobilités ? Comment convaincre les professionnels (salariés et employeurs) de l’intérêt de ces évolutions ? Le Finistère présente des caractéristiques intéressantes pour ouvrir une telle réflexion à une échelle territoriale : une base industrielle forte mais soumise à des effets de cycle (construction navale) et à des mutations stratégiques importantes (agroalimentaire), une réelle culture du recours à l’intérim dans certains secteurs mais aussi des espaces de développement à explorer (tertiaire). Le FAF.TT et la DIRECCTE Bretagne (UT 29) ont engagé une étude visant à faire l’état des lieux du marché du travail temporaire, identifier les opportunités d’emploi et analyser les besoins de compétences. Cette étude a été réalisée par le cabinet ID-Act entre décembre 2015 et mai 2016. Elle a été envisagée comme une succession de temps de recueil et d’analyse de l’information par les consultants et de confrontation, d’enrichissement et de validation de cette information par les entreprises de travail temporaire. ETAPE 1 : CADRAGE • Analyse et traitement des données statistiques (données Acoss, DARES, FAF.TT) • Analyse et synthèse de l'information documentaire disponible • Présentation et discussion des travaux ETAPE 2 : CONSULTATION DES ACTEURS • Entretiens avec 14 entreprises de travail temporaire sur Brest, Quimper et Quimperlé • Entretiens avec les OPCA, branches, partenaires locaux de l'emploi au niveau départemental ou régional • Analyse de l'information et préconisations • Présentation et discussion des résultats 2 L’intérim dans le Finistère, un secteur bien présent mais une reprise tardive Majoritairement concentrée sur Brest et Quimper, l’activité des ETT finistériennes a employé en moyenne sur l’année 2015, 6 409 intérimaires en équivalent temps plein (source Dares nov. 2014 à oct. 2015). Au regard des données Acoss (effectif de la NAF 7820Z – activités des agences de travail temporaire), l’effectif salarié des ETT a progressé de 5% entre 2009 et 2014 dans le Finistère. Comme en région ou au niveau national, l’emploi intérimaire a connu un repli important entre 2011 et 2012 avant de repartir en 2013 (source Acoss). Dans le Finistère, la reprise a été plus tardive et reste encore inférieure à la croissance régionale. L’intérim pèse en moyenne 3,7% de l’effectif salarié départemental. Ce taux est plus élevé dans les secteurs de l’industrie, de la construction et de l’entreposage où l’intérim est très présent. A l’inverse, il est beaucoup plus faible dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, de l’hôtellerie-restauration et du commerce où le taux de pénétration de l’intérim reste inférieur à 1%. Les emplois intérimaires se concentrent dans le Finistère (comme dans le reste de la Bretagne) dans l’industrie et l’agroalimentaire (53% des effectifs salariés intérimaires), la construction (19%), le commerce (9%) et le transport-logistique (6%). 3|Accompagner les parcours professionnels dans le Finistère La très grande majorité des postes proposés sont des postes d’ouvriers (source Dares). Ces derniers représentent en effet 83% des postes intérimaires (source Dares) et seulement 24% des emplois du département (source : Insee, recensement). Enfin, au sein du département, c’est dans le Pays de Quimperlé que le poids de l’intérim est le plus élevé et que la progression de l’emploi intérimaire a été la plus dynamique (source Acoss). Poids des effectifs de la NAF 7820Z (activités des agences de travail temporaire) dans l’effectif salarié du territoire Territoires ZE de Brest ZE de Carhaix-Plouguer ZE de Morlaix ZE de Quimper ZE de Lorient partie finistérienne (Quimperlé) Finistère Bretagne France Etablissements 102 8 13 76 16 Effectif* 3 117 272 316 2 853 985 215 871 15 299 7 543 31 392 580 511 Poids de l’intérim dans l’effectif salarié 3,0% 3,4% 2,3% 4,0% 10,3% 3,7% 4,1% 3,3% Source : Acoss 2014 – NAF 7820Z1 les effectifs intègrent les intérimaires et les permanents des ETT. 3 Une offre de services qui s’étoffe et monte en valeur ajoutée Parmi les prestations proposées par les ETT, le travail intérimaire prédomine, a fortiori pour les plus petites agences. Cependant, tous les réseaux rencontrés développent des services complémentaires et s’efforcent ainsi d’enrichir la valeur apportée aux entreprises clientes. Les entretiens avec les responsables d’agences montrent que cette mutation n’est pas achevée. Le développement des prestations de recrutement et de formation apparaît comme un axe important qui permet aux agences de s’ouvrir à de nouveaux secteurs d’activités ou de nouveaux métiers. Les agences s’appuient sur les outils mis à disposition par leur groupe ou maison-mère : tests d’évaluation, veille juridique et RH, organisme de formation, etc. L’évaluation des compétences des salariés et l’analyse des mobilités envisageables reposent sur l’expérience accumulée par les salariés permanents des agences d’emploi. Par ailleurs, les ETT travaillent en partenariat avec les acteurs de terrain au sein du service public de l’emploi mais pourraient être davantage intégrées dans des démarches de gestion territoriale des emplois et des compétences. 4 Les opportunités d’emploi dans le Finistère Plusieurs secteurs d’activité ont fait l’objet d’analyses approfondies. D’autres, présentant des potentiels de développement significatifs ont été écartés en raison de leur poids économique encore limité ou de la spécificité de leurs besoins de compétences (énergies marines renouvelables, biosciences, numérique, navigation maritime, secteur public). L’industrie, et en particulier dans le Finistère l’industrie agroalimentaire et l’industrie navale, se maintient et reste un utilisateur majeur de l’intérim malgré les difficultés qui ont pu être rencontrées et les effets de cycle. 1 Effectifs de la NAF 7820Z - activités des agences de travail temporaire rapportés aux effectifs salariés du secteur privé (source Acoss) 2 4 I Accompagner les parcours professionnels dans le Finistère Sur ce marché, les enjeux sont liés à : • L’automatisation et la montée en compétences. Cette tendance déjà à l’œuvre va remettre en cause les postes les moins qualifiés (qui représentent aujourd’hui la majorité des postes délégués) au profit de postes sur la conduite et la maintenance d’équipements industriels déjà recherchés et difficiles à pourvoir. • La réponse aux difficultés de recrutement. Les métiers de la conduite et de la maintenance d’équipements industriels mais également de nombreux métiers liés à la métallurgie (chaudronnier, tuyauteur, plieur) sont aujourd’hui confrontés à un déficit de candidats. Le recrutement sur les postes d’opérateurs de production peut également s’avérer difficile. A la frontière de l’industrie, le secteur de la mécanique (automobile, poids lourds, agricole) offre des opportunités d’emplois intéressantes sur des postes de mécaniciens. Le secteur de la construction, qui a été très impacté par la crise, semble enfin repartir d’après les données produites par la Cellule Économique de Bretagne. Malgré le manque d’activité, certains postes nécessitant des compétences techniques (par exemple, maçon coffreur; grutier; mécanicien d’engins TP; chauffeurs « toupie ») restent difficiles à pourvoir. Des difficultés qui vont être accentuées sur certains métiers en raison des nombreux départs à la retraite prévus dans les années à venir (chez les maçons par exemple). Comme dans de nombreux secteurs, les métiers de la construction évoluent. Aujourd’hui, les compétences liées à la performance énergétique des bâtiments (isolation par l’extérieur notamment) et la vision globale des chantiers sont de plus en plus attendues par les entreprises. Le secteur du transport-logistique et plus particulièrement de l’entreposage est moins développé dans le Finistère que dans de nombreux autres territoires. Néanmoins, le métier de chauffeur s’est révélé être un métier de plus en plus difficile à pourvoir et se trouve confronté à un enjeu de renouvellement important. Dans le secteur tertiaire présent de manière diffuse dans le portefeuille des agences, un besoin croissant sur les métiers de la relation commerciale a été identifié (dans le commerce mais aussi dans le secteur banqueassurance). Le secteur santé-social et l’hôtellerie-restauration malgré leur poids économique et leurs perspectives de croissance restent des marchés de niche pour l’intérim. La culture spécifique de ces secteurs et les modèles économiques constituent toujours des freins pour le travail temporaire. Enfin, les besoins de compétences sont partagés par les ETT. Il s’agit pour l’essentiel de compétences techniques dans les secteurs des industries et, à un degré moindre, du BTP. Dans l’industrie, les métiers les plus recherchés aujourd’hui sont ceux liés à l’automatisation. Dix-neuf métiers répartis en trois groupes sont apparus comme des métiers à enjeux, à la fois pour le territoire et pour les ETT. Ces dix-neuf métiers sont énumérés ci-après. 5|Accompagner les parcours professionnels dans le Finistère MÉTALLURGIE •Conducteur de ligne automatisée •Conducteur de ligne de conditionnement •Technicien de maintenance industrielle •Pilote de système de production automatisée •Technicien électronicien •Automaticien •Monteur (mécanique) •Monteur-câbleur •Mécanicien poids lourds •Mécanicien automobile •Mécanicien engins agricoles et de chantier INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE •Agent de production agroalimentaire •Conducteur de machine IAA •Conducteur de ligne de production ou de conditionnement •Technicien qualité RELATION CLIENT •Vendeur en commerce de détail •Télévendeur •Commercial B to B •Technico-commercial industriel Ces dix-neuf métiers ont fait l’objet d’une analyse approfondie (référentiels de compétences, mobilités envisageables). Celle-ci a montré que les métiers partagent souvent de nombreuses compétences communes, au point que les différences entre certains métiers sont ténues (ou ne portent que sur le niveau de maîtrise des compétences, comme par exemple entre les métiers d’automaticien et de technicien électronique). De ce fait, les évolutions d’un métier fragilisé vers un autre porteurs mais en tension sont envisageables, bien au-delà des représentations que les responsables RH se font eux-mêmes de leurs marges de manœuvre réelles en terme de recrutement d’autres profils. Ces travaux ont également permis de faire émerger plusieurs grands types de besoins de formation et d’accompagnement pour favoriser les mobilités autour : • Du comportement et de la confiance en soi : endurance, expression orale, coopération, culture client, autonomie, initiative. • De la connaissance des univers techniques (métallurgie, plasturgie, agroalimentaire, télécommunications), pour faciliter le passage d’un secteur à un autre : processus de production et maîtrise des compétences techniques propres au métier ; maîtrise du processus industriel global. • De la maîtrise des outils numériques. • De la levée des freins périphérique à l’accès à l’emploi ; ce qui suppose une articulation étroite avec les acteurs publics de l’emploi et de l’insertion. Malgré la proximité constatée entre certains métiers, les formations sont souvent nécessaires et presque toujours utiles dans ces mobilités. En outre, la mise en place de parcours de formation nécessite un accompagnement des responsables RH pour les convaincre de leurs effets sur le recrutement et la fidélisation des collaborateurs. Les salariés eux-mêmes doivent également être conseillés et rassurés sur la pertinence des évolutions professionnelles proposées, tant au regard de leurs compétences déjà maîtrisées qu’au regard du marché du travail local et des métiers porteurs. 2 6 I Accompagner les parcours professionnels dans le Finistère Le tableau suivant est une illustration des écarts de compétences existants et des aptitudes requises entre les métiers d’origine ou «métiers-sources» et les «métiers-cibles». Métier cible : conducteur d’équipements industriels Métiers-sources : Compétences à renforcer Opérateur Connaissance précise du process industriel: équipements, séquencement; transformations Titulaire de CACES Contrôle de production Interface numérique Electromécanique Conducteurs en crise (ind.graphiques, PSE IAA, télécoms) Connaissance précise du process industriel Spécificités de l'interface numérique Aptitudes (filtrage) Autonomie Le cas échéant, travail posté DEUX GRANDS AXES DE TRAVAIL SE DÉGAGENT DE L’ÉTUDE • Construire des ingénieries de parcours partagées (ETT, FAF .TT, OPCA de branches, acteurs de l’emploi, entreprises) pour faire accéder les intérimaires aux opportunités d’emploi du Finistère. • Valoriser l’expertise sur le marché du travail local des entreprises de travail temporaire pour mieux accompagner les entreprises et les finistériens face aux mutations de l’emploi.