Tombes à armes et auxiliaires gaulois aux IIe et Ier siècles avant
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Tombes à armes et auxiliaires gaulois aux IIe et Ier siècles avant
Résumé Mots clés : Armement celtique, Armement romain républicain, La Tène finale, Age du Fer, Archéologie des Gaules, Archéologie funéraire, Histoire militaire et sociale. Cet ouvrage propose une vision exhaustive et renouvelée de la question des auxiliaires gaulois à la fin de l’époque républicaine. L’étude se fonde prioritairement sur l’analyse des sources archéologiques, sans toutefois négliger les textes ni les représentations figurées. Elle couvre toutes les Gaules : Transpadane, Transalpine, Celtique et Belgique, ainsi que l’aire alpine. Le corpus archéologique est composé de 450 tombes de guerriers provenant de 145 sites répartis entre l’Italie du Nord, la Slovénie, la Suisse, la France, le Luxembourg et l’ouest de l’Allemagne, datables entre le IIe et le Ier siècle av. J.-C. 29 sites de bataille ou d’habitat et 9 sanctuaires, sur lesquels de l’armement a été mis en évidence, s’ajoutent à cet ensemble. Tous font l’objet d’une analyse détaillée à l’échelle du site, déclinée ensuite dans des synthèses régionales. L’étude rassemble ainsi un corpus actuellement très disparate, publié ou encore inédit. Un point fort de cette recherche est l’étude renouvelée d’ensembles souvent découverts anciennement et dont les publications ne répondent plus aujourd’hui aux critères de la recherche archéologique. Le rafraîchissement de cette documentation permet ainsi de reprendre l’analyse de l’armement gaulois de la fin de l’âge du Fer et de proposer des classements nouveaux (épées, glaives, casques, boucliers et lances). La partie consacrée à la typologie des armes revient notamment sur la question des casques en bronze de type Coolus-Mannheim ou celle des glaives républicains. La mise en parallèle ce corpus archéologique avec les informations données par les sources antiques permet d’ébaucher une histoire des auxiliaires gaulois à la période tardo-républicaine en mettant en lumière leur rôle dans l’évolution de la République vers l’Empire. Le travail commence avec un certain nombre de questions relatives aux auxiliaires gaulois dans l’armée romaine aux IIe et Ier siècles av. J.-C. (chap. 1) et un retour sur l’histoire de la recherche et ses évolutions (chap. 2). La question abordée dans ce travail est la suivante : étudier la manière dont les Gaulois se sont positionnés par rapport à un occupant potentiel, la République romaine. Le choix, universel, se résume en deux mots : coopération ou résistance et il incombe à l’élite de la société, les aristocrates, précisément ceux qui ont laissé les traces interprétées. Celles-ci sont archéologiques (essentiellement des sépultures) et écrites (discours, récits de protagonistes, histoires, tous rédigés par des historiens grecs ou romains). Les combattants qui suivent leurs chefs dans la coopération deviennent alors des mercenaires ou des auxiliaires. Le but est de proposer un modèle explicatif pour des découvertes archéologiques et des textes qui soulèvent nombre de questions. La construction de ce modèle permettra de discuter la nature des relations entre les guerriers gaulois dont il reste les vestiges et l’armée pour laquelle ils se sont battus afin de déterminer s’ils ont coopéré avec l’occupant ou au contraire résisté à celui-ci. Pour cela, nous avons commencé par poser des jalons sur le contexte général dans lequel évoluent ces combattants (chap. 3) : les origines du phénomène avec un retour sur la question du mercenariat gaulois, leur statut juridique en tant que peuples soumis ou amis de Rome et la typologie des différents auxiliaires à l’époque républicaine (fig. 6) qui dépend du contexte historique et du statut de chaque peuple aux périodes considérées. Les sources mises à profit ici concernent toutes les Gaules, de la Transpadane à la Belgique, prenant ainsi en compte une réalité « gauloise » alpine et sud-alpine souvent oubliée dans les travaux de recherche en langue française (voir chap. 4 et 6 pour la critique des sources). Le corpus de 145 sites est constitué essentiellement de sépultures, ensembles clos par excellence. S’y trouvent aussi des sites de bataille, des sanctuaires et de l’habitat. Une des difficultés rencontrées est de faire la différence au sein des sépultures retenues entre la part d’armement de tradition gauloise et celle de tradition romaine, pour alimenter le débat sur le statut du combattant. Pour ce faire, deux longs chapitres de typologie ont été élaborés, un consacré uniquement à l’armement romain (chap. 5) et l’autre à l’armement retrouvé en Gaule (chap. 7), dont la tradition n’est pas toujours évidente à déterminer. L’approche typologique des chapitres 5 et 7 met en évidence des traditions de fabrication de l’armement (gauloise, romaine et germanique) indépendantes de l’identité de leurs utilisateurs. Si cette distinction est importante, c’est aussi une des limites de ce travail, car pour déterminer cette identité, il faut s’appuyer sur d’autres éléments que l’armement seul. Pour les tombes, nous avons utilisé des critères tels que le rituel funéraire, la nature des dépôts, la datation et la situation de la sépulture. Pour les sanctuaires, les champs de bataille et les habitats, cette question est beaucoup plus délicate (présence de légionnaires ou d’indigènes équipés à la romaine ?) et reste souvent sans réponse (à ce titre les cas du site d’Alésia ou des casques de type Coolus-Mannheim sont emblématiques). Ce travail évite cependant l’écueil de la confusion entre ces deux aspects qui conduit souvent à des raisonnements erronés sur les auxiliaires. L’analyse porte ensuite sur les différentes régions des Gaules (la Transpadane, la Narbonnaise, les Alpes, la Celtique et la Belgique) (chap. 8). Pour chacune, sont rappelés les éléments connus de leur histoire et les rapports de leurs principaux peuples avec Rome entre 200 av. J.-C. et l’époque augustéenne. La présence d’auxiliaires a été retenue pour 81 sites, ce qui représente environ 300 sépultures de combattants. Sur le plan chronologique, il a été montré qu’en Transpadane les tombes de guerriers auxiliaires se répartissaient entre LT C2 et LT D2. Pour la Narbonnaise le pic se situe à LT D1 puis leur nombre diminue pendant LT D2 et aucune n’est attestée à l’époque augustéenne. Dans les Alpes, les tombes se répartissent entre LT D et l’époque julio-claudienne. La Gaule Celtique et la Belgique suivent une évolution similaire avec quelques tombes à LT D2b, puis quasiment le triple à l’époque julio-claudienne. Dans ces trois dernières régions, les tombes se font rares après le milieu du Ier siècle apr. J.-C. Toutes ces données ont ensuite été replacées dans une perspective plus large, tant chronologique que géographique (chap. 9.1). Elle brosse une histoire générale des guerriers celtiques dans leurs rapports aux armées étrangères. Des mercenaires des IVe-IIIe siècles av. J.-C., les Celtes deviennent au IIe, puis au Ier siècle av. J.-C., des auxiliaires romains et enfin, des citoyens à part entière. Ces rapports, qu’ils s’établissent avant la Conquête (chap. 9.1 b) pendant celle-ci (chap. 9.1 c) ou après (chap. 9.1 d), sont révélés par certains dépôts funéraires de guerriers qui peuvent être corrélés avec les informations fournies par les sources antiques sur la présence de Gaulois dans les armées romaines. Cette étude aura permis de constituer un important corpus d’armement de La Tène finale. La liste des sites et les tombes présentées (certaines parfois totalement oubliées) ont fait l’objet d’une recherche bibliographique minutieuse qui permet aux lecteurs de retrouver rapidement les références des ensembles qui les intéressent (catalogue des sources archéologiques) et de prendre connaissance du degré d’intégrité de ceux-ci et d’une datation révisée. Cette approche mène ainsi à une image renouvelée et extrêmement diversifiée de l’auxiliaire gaulois d’époque tardo-républicaine, loin d’une image partisane qu’une certaine historiographie a voulu en donner.